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ECONOMIE NUMERIQUE

M. Lakhassane CISSE

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QU’EST-CE QUE L’ECONOMIE NUMERIQUE ?

Selon l’économiste Patrick Artus, la nouvelle économie c’est « un ensemble


d’évolutions et de mécanismes apparus dans les années 1990, tel que l’apparition de
nouvelles technologies (de l’information et de la communication notamment
internet), de nouveaux biens et services liés à ces technologies, de l’incorporation de
ces nouvelles technologies dans les processus de production de l’ensemble des biens
et services, y compris ceux de la «  vieille économie » (automobile, chimie,
transports), de la réorganisation des entreprises autour de formes plus flexibles, et
enfin, de la modification de la nature des rémunérations».

On  divise communément l’économie numérique en trois grandes filières, bien que
les entreprises aient de plus en plus tendance à s’implanter dans plusieurs secteurs à
la fois.

 Le E-commerce, lui même subdivisé en deux branches, celle du commerce


pur et celle de la communication.
 L’industrie électrique/ informatique qui couvre l’aspect technique de
l’économie numérique
 Les agences de conseil et de consultation en informatique, ingénierie
informatique qui correspond à des entreprises proposant des services de
l’informatique.

Le E-commerce ou commerce électronique : un nouveau commerce

Selon l’OCDE, le commerce électronique est « la vente ou l’achat de biens ou de


services effectué par une entreprise, un particulier, une administration ou toute autre
entité publique ou privée et réalisé au moyen d’un réseau électronique ». On
dénombre trois types de « e-commerce » :

 Le Business to Business (B to B), l’utilisation de supports électroniques dans


le cadre d’échanges d’informations entre entreprises.
 Le Business to Consumer (B to C), l’utilisation des supports électroniques
dans le cadre de relations commerciales entre entreprises et particuliers.
 Le Consumer to Consumer (C to C), l’utilisation des supports électroniques
dans le cadre de relations commerciales entre particuliers.

Aux Etats-Unis, le Business to Consumer a représenté pour l’année 2006 100


milliards de dollars contre 50 milliards en 2003.

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En 2006, 23% des Européens ont acheté sur internet au cours des trois derniers mois.

L’industrie informatique : la branche technique de la nouvelle économie

Les entreprises de l’industrie informatique se chargent de la conception (de logiciels


par exemple), de la programmation, de l’exploitation et de l’entretien du matériel
nécessaire à l’économie numérique. Ces entreprises couvrent l’aspect technique de
l’économie numérique.

Selon l’INSEE, en 2005, l’industrie informatique a réalisé un chiffre d’affaire de 44


milliards en France. L’importance de l’industrie informatique est aujourd’hui telle
qu’on la compare souvent à l’industrie automobile.

Les services en ingénierie informatique

Ces services sont assurés par des ingénieurs et des techniciens de haut niveau et
concernent tous les services liés à l’informatique. Les services en ingénierie
informatique se divisent en quatre grandes catégories :

 Le conseil : les services de conseils portent sur le choix d’outils comme les
réseaux Intranet ou Ethernet d’une société, les modes de communication, …
 L’intégration de système : les services d’intégration de système ont pour
objectif d’améliorer la collaboration entre les différents services de l’entreprise
et l’analyse de ces données.
 L’infogérance (ou externalisation) : les services d’infogérance ont pour
objectif la maintenance informatique.
 La formation

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CHAPITRE 1 : E-COMMERCE OU COMMERCE ELECTRONIQUE

I. E-COMMERCE 

 A) Présentation (définition)

Le « Commerce électronique » (ou e-Commerce) est l’utilisation d’un média


électronique pour la réalisation de transactions commerciales. Il s’agit généralement 
de la vente de produits à travers le réseau internet, mais le terme de e-Commerce
correspond également aux mécanismes d’achat par internet (pour le B-To-B).

Le concept de e-commerce a fait son apparition au moment des premières


transactions faites par des moyens électroniques. En France, le e-commerce est né
pendant les années 80, au moment des premières transactions par minitel. Dans les
années 90, internet fait son apparition dans les familles Françaises lorsque les
ordinateurs se commercialisent et se démocratisent. Les transactions entres
entreprises et particuliers  commencent alors apparaître. En 1997, le e-commerce se
démocratise enfin et les grandes entreprises du secteur informatique comme
Microsoft commencent à entrer dans le virtuel.

Le commerce électronique ou vente en ligne, désigne l’échange de biens et de


services entre deux entités sur les réseaux informatiques. Déjà dans les années 1960
les «Electronic Data Interchange » existait déjà et servait à transférer des documents
électroniques d’ordinateur à ordinateur.

C’est grâce à Michael Aldrich que les transactions en ligne ont été inventées en 1979.
Suite à ça, Citibank a lancé les premiers services bancaires en 1981, en même temps
que la première transaction B2B au Royaume-Uni.

Le fait que les TIC et internet se soient démocratiser dans les foyers a permis la
participation aux mutations du commerce. Cela a également permis la possibilité aux
entreprises de mieux comprendre leur client (grâce aux panels ou à la vente par
correspondance).

B) Historique

Les débuts et l’évolution du commerce électronique sont fortement liés avec


l’évolution et la démocratisation d’Internet. Depuis près d’une décennie, le secteur de

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l’Internet enregistre des chiffres de croissance impressionnants mais il est intéressant
de revenir au début du e-commerce.

Au tout début d’internet, l’absence de règles et d’autorité a beaucoup freiner les


activités commerciales car on craignait une anarchie. Puis après cette étape s’est
formé naturellement des règles et des autorités pour réguler et contrôler les
comportements des gens sur internet. Il y a également d’autres facteurs expliquant un
éventuel rejet du e-commerce (la langue principale d’internet à ses débuts était
l’anglais). Il y avait aussi le fait qu’internet était plutôt orienté vers le partage et la
gratuité, ce qui n’arrangeait pas les commerçants pour leurs activités. Même si l’idée
de gratuité de l’information est présente, l’accès aux réseaux grand public et à
internet a inversé ces facteurs qui ralentissaient la progression du e-commerce

Le développement et l’évolution de l’e-commerce sont liés à des progrès techniques


significatifs du réseau, au développement de la vente à distance et au fait que la
société se soit ouverte au réseau.

Vers la fin des années 90, les internautes sont peu nombreux à acheter sur internet.
Néanmoins, on sait qu’ils achètent surtout du matériel informatique. Cependant, les
acheteurs sont prudents en ce qui concerne le paiement en ligne.

Vers 1998, un groupe de travail est mené par Dominique Strauss-Kahn afin de
développer le cybercommerce. Au début, il essaye de stimuler les PME afin qu’elles
prennent conscience que le e-commerce est une opportunité pour les entreprises.

De 1997 à 2002, internet se concrétise, un foyer sur quatre (soit 25%) possède un
accès. Les nouveaux sites marchands se font connaître. Suite à ça, le commerce
électronique se développe de plus en plus.

Le e-commerce est directement lié à l’évolution du matériel informatique. C’est en


1980 que le e-commerce apparait grâce au minitel. Mais c’est en 2000 que le e-
commerce se développe réellement avec internet. Ensuite, les cyberconsommateurs
font de plus en plus confiance au e-commerce, leur achats sont plus fréquents, plus
varié et plus nombreux.

Les grandes étapes de l’histoire du commerce

Apparue dans les années 1930 aux Etats Unis, la grande distribution n’est arrivée en
France que beaucoup plus tard. On assiste simultanément à de nombreuses
évolutions: la diffusion de nouvelles technologies, l’exploitation de nouvelles
matières premières, la mise en place de nouvelles méthodes de production plus
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efficaces. Le Fordisme rend possible l’accroissement de la productivité et de la
production grâce à la parcellisation des tâches, la standardisation de la production et
l’apparition de lignes de montage. En ce qui concerne le commerce, nous pouvons
distinguer quatre étapes importantes dans son évolution et dans les différents points
de vente.

1.1 Les débuts de la vente par correspondance

Le système de vente par correspondance connaît un essor important dans la période


de l’entre-deux-guerres. A l’origine, ce système reposait sur un catalogue d’une
cinquantaine de pages détaillant de nombreux articles et donnant une information
tarifaire.  A partir de 1920, on assiste à la création des principales sociétés de vente
par correspondance « La Redoute », « La Blanche Porte » puis les « 3 Suisses » 10
ans plus tard.

1.2 La domination des industriels  dans les années 1950 – 1965

Economiquement parlant, la demande est supérieure à l’offre. De nouvelles méthodes


de production se mettent en place, la production se standardise, les circuits de
distributions se font par l’intermédiaire de nombreux points de vente de petite taille
implantés très largement sur le territoire français pour satisfaire la demande des
consommateurs.

1.3 L’essor d’une distribution organisée et active

De nouveaux circuits de distribution sont alors créés grâce au développement de la


consommation de masse. Les premières enseignes des supermarchés et hypermarchés
se font concurrence. La taille des points de vente augmente sans cesse pendant que
leur nombre diminue. La gestion de ces hypermarchés plus grands, proposant
davantage de produits, devient de plus en plus difficile à gérer.

On peut voir que de nos jours, tout les produits et services peuvent être vendus sur
internet (alimentation, vêtement, produit de beauté et même voyage). Sur les
statistiques, nous pouvons voir que les produits et les services les plus achetés en
ligne dernièrement par les internautes sont les voyages, avec près de 60%
d’internautes qui en ont acheté. On peut également constater que l’alimentation est le
produit et service le moins acheté en ligne par les internautes.

1.4 Un enjeu concurrentiel de plus en plus fort

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A partir des années 1980, la concurrence devient de plus en plus forte, a contrario, les
effets du choc pétrolier de 1973 et de la crise économique qui en découle ont des
conséquences sur la demande qui elle, est en baisse. Les ménages sont, pour la
plupart déjà équipés de biens durables qu’ils n’envisagent pas de renouveler de suite;
les emplois sont menacés, l’élan des 30 Glorieuses est bel et bien terminé. Industriels,
distributeurs et producteurs étaient déjà en conflit; l’apparition du Hard Discount
rend n’arrange rien. Les industriels et les distributeurs cherchent alors le moyen de
freiner ce ralentissement, ils commencent à s’intéresser au consommateur en tant que
personne et non en tant que « masse » afin d’adapter la production et la distribution.
Nous assistons alors aux prémices du marketing : le ciblage, la définition des besoins,
le positionnement de marque et les opérations commerciales sont au centre des
préoccupations dans l’espoir d’augmenter les ventes.

C) Evolution

Progression du chiffre d’affaire du commerce en ligne français :

Avec 51.1 milliard d’euros en 2012, le e-commerce en France continue de progresser


avec 13.5% de croissance.

Progression du nombre de sites marchands en France :

138 000 sites de vente en lignes sont actifs en 2013. On n’en comptait que 23 900 en
2006. On recense une augmentation de 17% par rapport à 2012 et en un nouveau site
se créé toute les 30 minutes en France. Plus de 33 millions de Français on acheté sur
internet, soit 6% de plus qu’en 2012.

Progression de la dépense moyenne annuelle de l’internaute Français :

A cause de la crise, la dépense moyenne annuelle de l’acheteur en ligne en France est


restée en suspend en 2013 avec 1 340 euros.

On constate que le marché du e-commerce en France n’a pas cessé d’augmenter


depuis l’année 2009. On est passé de 25 Milliards d’euros en 2009 à un peu plus de
50 Milliards d’euros en 2013 soit une augmentation de près de 25 Milliards d’euros
en 4 ans.

Dépenses moyennes par acheteur par an ligne (euros)

Les dépenses moyennes par acheteur par an en ligne ont augmentées, passant de 800
euros en 2007 à près de 1 500 euros en 2013. Soit une augmentation de près de 700
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euros par acheteur par an en ligne en six ans. Soit un total de plus de 100 euros de
dépenses en plus par acheteur chaque année.

Nombre de sites marchands actifs en France

Le nombre de sites marchands actifs en France a considérablement augmenté en six


ans, passant de moins de 40 000 sites marchands actifs en 2007 à près de 140 000 en
2013 soit une augmentation d’environ 17 000 sites marchands actifs en France de
plus chaque année. On voit bien que cette ascension est continue et linéaire, ce qui
veut dire que le e-commerce marche de plus en plus.

Top 5 des sites de e-commerce les plus visités en France (4e trimestre 2013)

Le top 5 des sites de e-commerce les plus visités en France dans le 4 ème trimestre de
l’année 2013 était constitué d’Amazon, du site de la Fnac, de CDiscount, de E-Bay et
de PriceMinister. D’après cette statistique Amazon était le plus visités des cinq sites
de e-commerce avec plus de 16 000 000 de visiteurs et PriceMinister était le moins
visité des cinq avec moins de 8 000 000  de visiteurs. Le site de la Fnac, de
CDiscount et de E-Bay se suivaient de très près avec plus ou moins 9 000 000  de
visiteurs tous les trois.

Les applications de « m-commerce » sont des applications sur le e-commerce


accessible sur mobile. D’après la source Médiamétrie/NetRatings, les cinq sites et
applications les plus visitées en France pendant les mois de Juillet, Août et Septembre
2013 étaient Amazon, Voyage-Sncf.com, C discount, Fnac et La Redoute. Là encore,
le plus visité était Amazon, avec 2 670 000 visiteurs uniques, soit 12% de la
population ayant un téléphone, soit 5.1% de la population Française entière.
Contrairement à la statistique précédente, ça n’est pas Price Minister le moins visité
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vu qu’il n’est pas dans le classement mais le site et l’application de La Redoute, avec
628 000 visiteurs, soit 2.7% de la population ayant un téléphone mobile, soit 1.2% de
la population Française.

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CHAPITRE 2 : COMMUNICATION NUMERIQUE

La communication de numérique est l’utilisation du web, des médias sociaux et des


terminaux mobiles, comme des canaux de diffusion, de partage et de création
d’informations.

2.1 Description

La communication numérique est une nouvelle discipline de la communication qui


désigne l’ensemble des actions visant à diffuser des messages par le biais d’un média
numérique, web, médias sociaux, application mobile ou autres. La communication
sur les médias numériques se distingue de la communication traditionnelle par son
évolution constante en termes d’usages et de technologies.

En 2014, plus de 40% de la population mondiale a accès à Internet, la communication


numérique est globale. Les spécificités culturelles locales demeurent, mais les
échanges individuelles comme les stratégies de communication des organisations
s'adaptent à une communication globalisée. Bien que la plupart des outils de
communication numérique soit développés à l'échelle de la planète, les cadres
réglementaires nationaux influent sur les pratiques. En avril 2014, le Brésil est le
premier pays à se doter d'une constitution Internet qui met en avant: protection des
données personnelles, neutralité du Net, impossibilité de bloquer un contenu sans
décision de justice…

Principales caractéristiques

La convergence des médias, de la télévision, du livre, de la radio, et du téléphone


mobile. La consommation de l'information numérique se fait de plus en plus hors des
supports d’origine (exemple : la radio s’écoute en podcast, les émissions de
télévisions se voient en VOD sur le net, etc.)

Les médias sociaux : ce sont les principaux outils de communications numériques, ils
sont susceptibles de toucher une audience importante. Dans la plupart des domaines
d'activités, les organisations ont développé leur présence sur les principaux médias
sociaux (Facebook, Twitter, YouTube...)

La mobilité : la communication mobile (smartphones, tablettes électroniques...) est un


aspect important de la communication numérique. Avec plus de 95 % de la
population mondiale équipé de téléphone mobile en 2014 [réf. souhaitée], la
communication numérique s'oriente de plus en plus vers la mobilité. Les

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fonctionnalités spécifiques de géo localisation et de personnalisation de l'information
mais aussi l'ergonomie sont des enjeux importants liés à la communication mobiles.
La communication numérique s'est démocratisée, elle peut être utilisée par : les
entreprises, les particuliers, les collectivités, les personnages publics etc.

2.2 Les usages

Depuis le développement des médias sociaux entre 2005 et 2010, les usages liés à la
communication numérique ou digitale sont en évolution rapide. Il est difficile de
dégager des constantes, mais l'ensemble de cette évolution s'inscrit dans le cadre
d'une connectivité de plus en plus importante. Le développement des communautés et
des réseaux liés à cette connectivité concerne aussi bien les individus que les
organisations et même les objets. Jean-François Fogel et Bruno Patino décrivent en
2013, une société de communication numérique en devenir: "Nous ne vivons pas
encore au sein d'une pure société de communication numérique et nous ne sommes
pas non plus les expérimentateurs d'un nouvel âge de l'information. Mais nous
sommes entrés, de plein gré, dans une époque neuve, et qui ne nous laisse aucun
répit : le temps de la connexion permanente.".

Plusieurs types d'usages existent :

- La création de contenus : vidéos, articles, photos, animations...


- La publicité : Achat de bannières, habillage de sites...
- Le web social : Création, animation, modération d'une communauté...

2.3 La mesure d'efficacité

La communication numérique permet le développement de nouveaux usages mais


aussi de nouveaux outils de mesure d'efficacité. Il est difficile de déterminer la
fiabilité de ces outils à court et moyen terme. Mais ils sont particulièrement utiles
dans une période ou le numérique apparait comme une source de gain de productivité
et d'innovation pour les entreprises et les organisations en général. La communication
numérique est souvent décrite comme l'une des facettes de la transformation des
organisations face à la révolution numérique. Un spécialiste de la communication
numérique, Hervé Kabla, explique: "Leur digitalisation concerne des milliers de
salariés: communication numérique, parcours client, services mobiles, le numérique
représente un gisement inestimable pour les plus audacieux..."

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Les outils de suivi

De nombreux outils ont été créés afin de cerner le profil des visiteurs ainsi que leurs
navigations sur les sites web (combien de temps restent-ils sur une page, quelles
pages consultent- ils etc.). Cela permet d'obtenir des statistiques et par la suite
d'adapter sa stratégie et son contenu aux usagers effectifs.

2.4 Les métiers

Les métiers de la communication ont considérablement changé depuis l'avènement du


Web 2.0 pour élaborer une stratégie de communication numérique, rédiger des
contenus percutants, construire des projets numériques, etc. De nouveaux métiers ont
également émergé pour utiliser de nouveaux canaux de communication, manager des
communautés en ligne, etc.

2.4.1 Le chef de projet web

Le chef de projet Web est un profil spécifique du métier de Chef de projet. Le chef de
projet ou chargé de projet est la personne chargée de mener un projet et de contrôler
son bon déroulement. De manière générale, il dirige ou anime une équipe pendant la
durée du ou des divers projets dont il a la charge.

Ce rôle fait appel à des compétences de gestion de projet, de bonnes capacités


relationnelles, ainsi que des connaissances techniques dans les domaines concernés.

Dans le domaine de la communication numérique, le chef de projet Web doit pouvoir


apporter un point de vue commercial et technique pour évaluer la faisabilité d'un
projet numérique et son adéquation avec la stratégie de communication numérique de
l'entreprise et avec sa stratégie de communication globale.

Pour se faire, il doit établir un budget prévisionnel, un cahier des charges, ainsi qu’un
planning de réalisation avec des délais à respecter.

De plus, le chef de projet web doit allier des capacités relationnelles et des
connaissances techniques pour collaborer avec les équipes de graphistes, de
rédacteurs et de programmeurs externes et/ou internes à l’entreprise. En chef
d'orchestre, il va encadrer le projet jusqu'à la réalisation finale.

Une fois la réalisation achevée, il restera au chef de projet à tester le produit fini et à
prévoir ses éventuelles évolutions futures.

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2.4.2 Le Community Manager

Le Community manager, aussi appelé animateur de communauté web ou gestionnaire


de communauté, est chargé de créer une communauté d’internautes, de la fédérer
autour d’intérêts communs et d’animer des échanges sur ces thèmes, pour le compte
d’une entreprise ou d’une marque. Il est son porte-parole sur les réseaux sociaux.

Ses principales missions sont les suivantes :

- Il crée la stratégie de présence digitale de la marque (identification des


objectifs, des cibles, des réseaux sociaux correspondants, création de la ligne
éditoriale...) et la met en place ;

- Il dynamise les échanges, invite à la discussion et favorise les débats.

- Il modère les échanges au sein de la communauté selon le respect de la charte


d’utilisation des réseaux sociaux. Il doit veiller au respect des bonnes règles de
conduite.

- Il surveille l’e-réputation de la marque en identifiant par exemple les médias


sociaux externes qui parlent de la marque pour participer au dialogue.
Dans le cadre de la stratégie, il identifie des indicateurs pour mesurer les
résultats.
Dans certains cas, le Community Manager peut aussi créer du contenu : vidéos,
textes, infographies etc.

Le Community manager peut exercer son activité en interne, au sein d’une entreprise,
ou en consultant externe, dans une agence web ou en freelance.

2.4.3 Le Social Commerce Manager

Sur un site de vente en ligne, son rôle est de mettre en place la prise de parole des
clients sur le site de la marque, de favoriser le "buzz" de la marque et de s'occuper de
la logistique.

2.4.4 Le Chargé de Référencement

Son but est augmenter l’apport de trafic ciblé et donc de qualité sur un site internet
pour une meilleure rentabilité. Il est chargé d'évaluer et de mettre en place des actions
techniques et éditoriales pour aider la bonne indexation du site. À voir Search Engine
Marketing et Optimisation pour les moteurs de recherche

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2.4.5 Le rédacteur web

Parce qu'un internaute ne va pas avoir le même schéma de lecture qu'un lecteur
lambda, le rédacteur web est un acteur indispensable de la stratégie de
communication numérique. Sur internet, les règles d'écriture diffèrent de celles de la
presse écrite. La rédaction doit être :
- plus concise,
- rapidement compréhensible
- et surtout dynamique

Le rôle du rédacteur web relève donc de la production de contenus adaptés au web.


Cette rédaction doit tenir compte des exigences des moteurs de recherche - nombre et
pertinence des mots clés, pertinences des liens hypertextes etc. - tout en prenant en
compte la dimension interactive grandissante du web. Comme tout bon rédacteur, il
doit faire faire preuve d'une maitrise parfaite de la langue d'expression mais aussi être
formé aux techniques de référencement (pour la rédaction des méta-données par
exemple) ou encore connaitre les secrets du langage HTML.

2.4.6 Le e-marketeur

L'E-marketeur s'occupe de la définition et la mise en œuvre de leur stratégie web. La


personne chargé du marketing web intervient sur les audits et les analyses
stratégiques (e-réputation, ergonomie du site, contraintes organisationnelles de
l’entreprise, compétences internes,…) Il s'occupe de la veille concurrentielle et
sectorielle (positionnement dans les moteurs de recherche, bonnes pratiques du
secteur, identification des niches de trafic,…) Il définit un plan d’action (media
planning online, identification et sélection des prestataires, réalisation d’une charte
éditoriale,…) Et s'occupe du suivi des indicateurs clés de performance (mise en place
d’outils statistiques, création de tableaux de bord,…) Son but étant d'optimiser le site
internet en fonction des clients potentiels pour améliorer les ventes. Il peut également
intervenir sur des problématiques web plus spécifiques : Conception de services et
d’outils et management d’équipes opérationnelles.

2.4.7 L'ergonome web

C’est une personne qui conçoit et améliore les environnements numériques. Il peut
agir dans des domaines et interfaces différents. Son objectif est de rendre l’espace
virtuel le plus adapté possible à la requête de l’homme. Il doit s’appuyer sur les
conventions du web: les standards techniques ( World Wide Web Consortium ), les
normes de navigation et de perception : les bonnes pratiques, afin de faciliter et
influencer le parcours de l'utilisateur.
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CHAPITRE 3 : INTRODUCTIONAL'INFORMATIQUE:HISTORIQUE

1. Définition de l'ordinateur et de l'informatique

Le mot informatique a été proposé par Philippe Dreyfus en 1962 ; c'est un mot-
valise, formé d'information et d'automatique. L'informatique c'est donc une
automatisation de l'information, plus exactement un traitement automatique de
l'information. L'information désigne ici tout ce qui peut être traité par l'ordinateur
(textes, nombres, images, sons, vidéos).
L'outil utilisé pour traiter l'information de manière automatique s'appelle un
ordinateur. Ce nom a été proposé par Jacques Perret (professeur de Latin à La
Sorbonne) en 1954. Ce mot était à l'origine un adjectif qui signifiait "qui met de
l'ordre", "qui arrange".
L'anglais, plus restrictif, utilise le terme de computer qui peut se traduire par
calculateur, machine à calculer.
L'informatique désigne donc un concept, une science, tandis que l'ordinateur est un
outil, une machine conçue pour réaliser des opérations informatiques.

2. Abrégé d’histoire de l'informatique

Par nature paresseux, l'homme a toujours cherché à déléguer les tâches fastidieuse à
d'autres (hommes, animaux, machines). Il a agit de même pour simplifier et améliorer
sa façon de calculer, à la fois pour limiter ses erreurs et gagner du temps.
 1500 av. J.C. (?) : Le Boulier. Il est toujours utilisé dans certains pays.
 en 1641 : La Pascaline : machine à calculer mécanique de Blaise PASCAL
 en 1806 : Métier à tisser à cartes perforées (Joseph-Marie JACQUARD)
 en 1812 : le mathématicien anglais Charles BABBAGE (1792-1871) imagine
une machine capable d'effectuer toute une série d'opérations en séquence. Son projet
est celui d'un visionnaire, mais la machine ne sera jamais terminée.
 en 1937 : le Mark I d'IBM permet de calculer 5 fois plus vite que l'homme. Il
est constitué de 3300 engrenages, 1400 commutateurs et 800 km de fil. Les
engrenages seront remplacés en 1947 par des composants électroniques.
 en 1943 : Colossus I : Composé de 1 500 lampes et d'un lecteur de bandes
capable de lire 5000 caractères à la seconde, ce calculateur électronique anglais a été
conçu pour décoder des messages chiffrés.

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 en 1946 : ENIAC : premier grand ordinateur universel. 30 tonnes. 18 000
tubes électroniques.
 en 1947 : invention du transistor qui va permettre de rendre les ordinateurs
moins encombrants et moins coûteux.
 en 1948 : UNIVAC (Universal Automatic Computer)

Il utilise des bandes magnétiques en remplacement des cartes perforées. Il est


composé de 5000 tubes, sa mémoire est de 1000 mots de 12 bits, il peut réaliser 8333
additions ou 555 multiplications par seconde. Sa superficie au sol est de 25m².
 en 1958 : mise au point du circuit intégré, qui permet de réduire encore la
taille et le coût des ordinateurs.
 en 1960 : l'IBM 7000, premier ordinateur à base de transistors.
 en 1971 : l'Intel 4004 le premier microprocesseur, voit le jour.
De la taille d'un ongle. Composé de 2 300 transistors. Puissance de calcul
comparable à celle de l'ENIAC !
 en 1978 : l'ordinateur familial (Oric, Sinclair, etc.)
 en 1980 : IBM-PC (Personal Computer)

Cet ordinateur est la réaction du n°1 mondial face à la micro-informatique. Le PC et


ses clones (produits de copiage asiatiques) vont rapidement devenir un standard. Les
modèles récents sont adaptés au multimédia. Ils sont de moins en moins coûteux.

 1984 : Macintosh d'APPLE

Le souci des concepteurs étant la convivialité et l’ergonomie, ce fut un grand succès


grâce à son interface graphique révolutionnaire comportant tous les attributs d’un SE
moderne (souris, menus déroulants, icônes, corbeille, etc.)
Aujourd'hui, les ordinateurs parlent, entendent, voient et se déplacent !
Et au XXIe siècle ... des ordinateurs qui pensent ?
A l'université Georgia Tech d'Atlanta aux Etats-Unis, le professeur William Ditto et
son équipe ont entrepris de fabriquer des ordinateurs qui réfléchissent par eux-
mêmes. Ils ont extrait des neurones de sangsues (facilement manipulables), les ont
plongés dans un bain nutritif, ont relié les neurones entre eux, les ont branchés sur
une puce électronique au silicium et les ont excités à l'aide de petites décharges
électriques !

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Les neurones font office de transmetteurs. Comme les neurones humains, ils sont
capables d'établir des connexions entre eux. La stimulation électrique revient à leur
donner des ordres.
Les chercheurs américains partent du principe que les ordinateurs actuels, même les
plus puissants, ne seront jamais aussi intelligents qu'un cerveau vivant. Il faut donc
inventer des ordinateurs capables de penser par eux-mêmes et plus seulement
d'exécuter un programme écrit par l'homme.

Des puces et des moineaux

En 1964, Gordon Moore, cofondateur d'Intel - leader de la fabrication de


microprocesseurs - observe que le nombre de transistors sur une puce de silicium
double tous les 18 mois. C'est ce que l'on a appelé la " Loi de Moore ". Elle ne se
dément pas : la puissance de calcul fournie par une puce double tous les un an et demi
pour le même prix.
Cette évolution devrait se poursuivre au moins jusque vers 2017. A cette date, on
devrait atteindre le seuil au-delà duquel les contraintes physiques empêcheront de
miniaturiser davantage les circuits au silicium. Mais de nouvelles techniques
pourraient apparaître d'ici là.
Selon certains spécialistes, comme l'inventeur américain Ray Kurzweil, si la
puissance de calcul continue d'augmenter à son rythme actuel, un ordinateur
personnel bon marché atteindra la vitesse et la capacité du cerveau humain d'ici à
vingt ans.
De son côté, Hugo de Garis, directeur d'une équipe à l'institut de recherche ATR,
laboratoire commun aux grandes sociétés de télécommunications, estime que d'ici à
cinquante ans des machines beaucoup plus puissantes et plus intelligentes que
l'homme accéderont à la conscience.
Il n'est pas évident que ces extrapolations purement quantitatives soient fondées.
Aucun ordinateur ne simule parfaitement le système visuel de la mouche, qui n'a "
que" 350 000 neurones. Et un moineau reconnaît sans peine un autre moineau, exploit
qu'aucune machine n'est capable d'approcher.

16
3. Standards de micro-ordinateurs

Le mini-ordinateur (ordinateur d'entreprise muni d'une unité centrale à laquelle


peuvent être connectés plusieurs écrans terminaux qui peuvent en être très éloignés) a
été très rapidement remplacé par les micro-ordinateurs dès qu'ils ont acquis de
grandes capacités mémorielles et la possibilité d'être connectés en réseau.
Le micro-ordinateur est un ordinateur personnel, un seul écran en général. Il peut être
portable (de dimensions de plus en plus réduites et de plus en plus performant) ou
non.
Il ne reste actuellement que deux grands standards de micro-ordinateurs :
Les PC compatibles (appelés ainsi pour leur compatibilité avec le standard IBM.
Très nombreuses marques (IBM, Compaq, Dell, etc.) et nombreux "clones" (copies
fabriquées le plus souvent dans le Sud-est Asiatique) encouragés par IBM pour
établir la suprématie de son standard.
Les ordinateurs Apple avec notamment la gamme des Macintosh, réputés pour la
puissance de leur interface graphique.
Ils sont capables de reconnaître et de lire des fichiers enregistrés au format PC, la
réciproque n'étant pas vraie, pour des raisons ouvertement commerciales.

4. Systèmes d'exploitation

Définition

C'est un logiciel constitué d'un ensemble de programmes destinés à faire fonctionner


l'ordinateur et ses périphériques et notamment à gérer les événements provenant du
clavier, de la souris, de l'imprimante, etc.
En français : SE en anglais : OS (operating system)

Exemples
 MS DOS ( Microsoft Disk Operating System) pour PC

 Microsoft Windows 95 - 98 - 2000 - XP pour PC, nettement plus convivial


que MS DOS

 Mac OS pour Macintosh : le plus convivial peut-être

 UNIX, LINUX

17
Les premiers Systèmes d'Exploitation sur PC étaient peu conviviaux et fonctionnaient
en mode texte, à la différence du Mac OS qui avait adopté dès 84 une interface
graphique.
Les interfaces graphiques se sont généralisées sur PC à partir de 1990 (Windows 2, 3,
3.1, 95, 98 etc.) Microsoft détient un quasi-monopole des systèmes d'exploitation sur
PC.
En octobre 2001 a été proposé la dernière version appelée Windows XP
(eXPerience).
Mais il existe aussi un système d'exploitation concurrent pour PC, appelé Linux,
développé, à l’origine, par un étudiant finlandais : Linus Torvalds.

5. Les logiciels d'application

Définition d'un logiciel

C'est un ensemble de programmes coopérant pour exécuter une tâche particulière.

Types et exemple de logiciels

Type de logiciel Définition Exemples


Edition de textes Saisie de textes simples, sans Bloc-notes (PC)
mise en page sophistiquée. SimpleText (MAC)
Traitement de Saisie de texte avec mise en page Word 97 et 2000 et XP sur PC
textes sophistiquée, insertion d'images version 98 et 2001 sur Mac
et de tableaux, etc.
Logiciels Dessins et images Paint Shop Pro (PC)
graphiques Adobe Photoshop (PC et Mac)
Adobe Illustrator (PC et Mac)
Tableur Réalisation de tableaux de Lotus
calculs (factures, bulletins de Excel
salaire, etc.)
Logiciels de Bases Réalisation de listes structurées DBase (PC)
de Données d'éléments et leur exploitation. 4e Dimension (Mac et PC)
Access (PC)
SGBD Système de gestion de bases de Oracle
données : logiciel puissant pour Sybase
la gestion et l'interrogation des Ingres
bases de données.
Logiciels intégrés Logiciels incluant à la fois des Microsoft Works (Mac et PC)
fonctionnalités de traitement de Claris Works (Mac et PC)
texte, dessin, tableur et base de
données.
Autres Logiciels spécifiques à des Architrion
domaines particuliers.
18
6. Le multimédia

Par analogie aux médias de l'information:


 Presse écrite (texte)
 Radio (son)
 Magazines (image fixe)
 Télévision (image vidéo)

Un ordinateur est dit multimédia s'il peut traiter et stocker des textes, des sons, des
images fixes et des images vidéo.
La technologie des disques compacts (CD) permet de stocker une grande quantité
d'informations sur un support de petite taille.
Par ailleurs, compte tenu que le stockage des sons et des images dans l'ordinateur
nécessite une mémoire importante, le CD-ROM est devenu le support de stockage des
informations multimédias.
Un CD-ROM ne peut être que lu (Read Only Memory). Pour enregistrer sur un CD-
ROM, un matériel spécifique est nécessaire : le graveur de CD-ROM.
Actuellement se généralisent les lecteurs de DVD (Digital Versatile Disk) qui sont 7
fois plus capacitifs que les CD-ROM. Ils sont indispensables pour voir des films sur
un micro.

7. Les réseaux d'ordinateurs

Définition : plusieurs ordinateurs connectés entre eux.


 Réseau local : dans un même lieu, à l'aide d'un câble.
 Réseau distant : ordinateurs distants, la liaison est réalisée à travers les lignes
téléphoniques.

Intérêt d'un réseau d'ordinateurs


 Partage des ressources : imprimante, scanner, rack de CD, etc.
 Communication, transfert d'informations.
 Evite la duplication des logiciels et des informations sur tous les ordinateurs.

19
INTERNET : Internet est défini comme étant le réseau des réseaux.

Les ordinateurs du monde entier sont connectés entre eux à l'aide de câbles, de lignes
téléphoniques et de satellites.
Des logiciels spécifiques permettent :
 la communication entre ordinateurs
 l'envoi de messages
 la recherche d'informations
 le transfert d'informations.

20
CHAPITRE 4 : LA PROLIFERATION NUMERIQUE : RESSORTS ET
IMPACTS

Repères pour années – chien

Xavier Dalloz et André-Yves Portnoff1

La rapidité des changements dans le domaine d’Internet où on aime compter en «


années chien » pour dire que tout va sept fois plus vite que dans la « vieille »
économie, incite la majorité des acteurs à naviguer plus que jamais à vue, c’est-à-dire
sans vision au-delà du trimestre. Les prospectivistes savent que c’est ce type de
renoncement qui génère les aveuglements et amène les catastrophes. Les agitations de
l’actualité s’inscrivent sur la toile de fond d’évolutions longues, certaines amorcées il
y a plus d’un demi-siècle comme la diffusion du numérique, initiée par la naissance
de l’informatique. On peut même situer ses prémices il y a six ou sept cents ans, lors
du passage de la clepsydre, analogique, à l’horloge moderne mesurant l’écoulement
continu du temps par le comptage numérique d’un processus discontinu, le battement
d’un oscillateur 2. Ce rappel n’a pas pour but d’introduire une conclusion lénifiante
du genre « il n’y a rien de bien nouveau sous le soleil », mais bien de suggérer que
l’homme d’action dispose de points de repères fiables car vérifiés par de longues
observations. Pas d’excuses donc aux démissions stratégiques !

Le commerce électronique et plus globalement, les applications d'Internet et de


l’informatique communicante, ne constituent pas un épiphénomène car ils résultent
de la conjonction de plusieurs tendances lourdes à l'œuvre depuis longtemps. Les
quatre principaux facteurs d'origine scientifique et technique peuvent se résumer à :

- l'explosion continue des connaissances,

- l'accroissement de puissance de tout ce qui est à base d'électronique et


d'informatique,

- la diffusion accélérée des applications des techniques numériques et donc la


multiplication des secteurs affectés par la tendance précédente ;

- enfin, une multiplication des connexions à toutes les échelles et donc une
amplification dans la société des différents effets propres aux réseaux (voir encadré
1).

21
4.1 La révolution immatérielle amplifiée par Internet

Ces facteurs interfèrent naturellement avec les autres tendances non technologiques
de lasociété3, selon des boucles récursives. Etranglons au passage l'accusation
récurrente en France, de verser dans le "déterminisme technologique" ou la
"fascination de la technique" dès que l'on souligne le rôle moteur des progrès
techniques. L'innovation est toujours le résultat des interactions entre ce qui est
techniquement possible et ce que souhaite ou accepte la société. Pour évaluer le
phénomène Internet, il faut donc le replacer dans le contexte de notre société. Celle-ci
est en train d'accomplir une mutation historique fondamentale, le lent passage à l'ère
de l'immatériel, bien plus important encore que l’arrivée de l’informatique
communicante. Internet ne fait qu’amplifier ce que nous avons baptisé de Révolution
de l'intelligence : en effet, les réseaux numériques facilitent et accélèrent la diffusion,
le partage, de tout ce qui est immatériel, information, connaissances, croyances,
émotions, passions. C'est bien là l’impact majeur d’Internet. Paradoxalement, parce
qu’il résout beaucoup de problèmes matériels, le progrès technique rend le premier
rôle aux facteurs humains, devant les facteurs financiers et techniques.

Affaire d'innovation et pas de productivité

L'explosion des connaissances et la montée en puissance de l'informatique


communicante exercent une incitation continue au changement, rendant nécessaire
l'innovation à tous les niveaux, pas seulement techniques. Une erreur systématique
consiste à rechercher "l'impact des nouvelles technologies" sur la productivité,
exercice familier à bien des macros économistes. Au niveau des entreprises, cette
vision se révèle terriblement réductrice. L'innovation n'a jamais été le placage d'une
nouveauté sur le passé, le rapiéçage d'un vieil habit. L'innovation majeure est toujours
une remise en cause globale et c'est pour cela qu'elle dérange. L'apport des plastiques
dans les voitures a fait imaginer des formes nouvelles, des voitures différentes. De
même, l'informatisation ne doit pas se borner à l'automatisation du passé, au
grappillage de quelques points de productivité pour vendre les produits ou services
d'hier aux mêmes clients dans des organisations inchangées. Cette attitude a généré à
chaque mutation technique des échecs, affectant tout spécialement les entreprises
leaders de la génération précédente. On redécouvre, comme il y a trente ans aux
débuts de l’automatisation des processus industriels, comme il y a quinze ans, lors
des investissements massifs en informatique de gestion, que l’informatisation d’une
organisation boiteuse ne pouvait produire que d’encore plus coûteux faux pas ! Ce
qui fait dire à Adrian Slywotzky que les fondamentaux d’une entreprise sont plus
importants que jamais, et que l’introduction du numérique accentue aussi bien leurs
22
défauts que leurs qualités. La diffusion du champ d'application des techniques
numériques et des effets de réseau commence à bouleverser bien des secteurs et nous
n'en sommes qu'aux prémices.

4.2 La généralisation du langage numérique va se poursuivre.

La montée des performances des techniques numériques va faire adopter celles-ci


dans un nombre croissant d'applications où hier elles n'étaient pas envisageables.
Aucun secteur ne peut résister à la puissance des avantages proposés. On va donc
introduire du traitement de l'information partout, dans les objets les plus quotidiens et
les plus banaux. Du coup, ces objets et leurs secteurs seront affectés par le rythme
accéléré de la loi de Moore. Sur le plan industriel, cela crée des interdépendances
entre secteurs et des mises en concurrence d’entreprises qui ne se rencontraient pas
jusqu’alors. D’où les difficultés d’acteurs comme Lucent ou Alcatel dont la position
dominante est brusquement contestée par de nouveaux venus. L'Europe qui se
prévalait d'une supériorité en télécommunications face aux Etats-Unis voit cet
avantage contesté par les Américains et les Asiatiques maintenant que convergent sur
le plan technique les mondes de l'informatique, des télécommunications et de la
vidéo. Ces trois mondes parlent le langage binaire des ordinateurs comme la majorité
écrasante des objets de demain. Les "technologies de l'information" correspondaient
hier à un parc de quelques centaines de millions d'ordinateurs. Demain l'informatique
diffuse qui émerge représentera des milliards d'appareils de toutes tailles contenant
des ordinateurs dont on oubliera même la présence. Mais ces objets "numérisés"
pourront facilement être reliés entre eux par Internet. Nous commençons à assister à
l'apparition d'objets non plus "Intel Inside", c'est à dire dotés d'une puce Intel, mais
"I-P Inside"8, raccordables à Internet. Il y en aurait 14 milliards en 2010. Selon
Forrester ! Neuf Signes avant-coureurs, plusieurs machines électroménagères
connectables à Internet commercialisées depuis un an et, tout récemment, une série
d'imprimantes laser autonomes de Hewlett Packard capables, en se passant de tout
PC, d'imprimer des textes reçus par courrier électronique. L’objectif du constructeur
est de promouvoir l’impression de journaux et autres documents au plus près de
l’utilisateur final. Des appareils de photo numériques deviennent des baladeurs MP3,
expédient les clichés par courrier électronique ou les restituent instantanément grâce à
une imprimante miniaturisée incorporée. Tous ces appareils ont des fonctions
complètement nouvelles. Cela n’a rien à voir avec des améliorations de productivité.
C’est de l’innovation ouvrant de nouveaux marchés si de nouvelles pratiques de
consommation s’instaurent !

23
Les propriétés du numérique

L'adoption généralisée du langage numérique représente un phénomène majeur, que


nous avons baptisé d'uni média. Répétons que le multimédia, exploitation simultanée
de plusieurs médias, son, image, texte, remonte à la nuit des temps. Mais la
disposition de supports uniques rassemblant toutes les formes de création humaines,
permettant de les conserver, transformer, transmettre, constitue une nouveauté de
rupture. Les langages analogiques et numériques ont des conditions de lecture et
d'exploitation radicalement différentes. On peut de façon analogique consigner sur
une feuille de papier une partition musicale, le texte qui sera récité ou chanté, les
consignes aux acteurs et chanteurs, la chorégraphie, la description des décors. Tout
cela aide des professionnels à monter un opéra. Cependant, en regardant le document
analogique, on ne voit ni ne vit l'opéra. Un enregistrement analogique sur bande
vidéo nous restitue le spectacle, mais sous une version définie une fois pour toutes
que nous ne pouvons visionner que sur un seul type de machine, le magnétoscope.
Nous ne pouvons nous approprier aisément le document et le retravailler sans un
équipement de professionnel. Un document numérique a toujours besoin pour être
déchiffré – à la différence d’un texte imprimé ou d’une image – de l’intermédiaire
d’une machine capable de traduire le langage des nombres en sons, images, textes.
Mais le même dossier numérique peut être enregistré sur disquette, CD-Rom ou
d’autres supports ; il est lisible sur une vaste gamme de machines, PC, TV
interactives, téléphones, terminaux portables, lecteurs de CD-Rom…

Rendements croissants

La nécessité de passer par un intermédiaire technique constitue une limitation mais


aussi un élargissement des possibilités de restitution. Les documents numériques sont
malléables, protéiformes, transformables par les techniques de l'informatique,
transmissibles à distance, reproduisibles à l'infini sans déperdition, à l'identique et à
un coût pratiquement nul. Ce dernier point est capital : il signifie que certaines
activités de l’économie, celles qui concernent des contenus numériques, peuvent
fonctionner à rendement croissant puisque l'investissement entier est accompli dès le
premier exemplaire. A ceci près que si la diffusion, y compris promotionnelle, poste
très lourd pour la presse papier, est quasiment gratuite, la construction de la
renommée, qui va attirer les clients sur le site de téléchargement, peut encore coûter
fort cher. Autre exception, la diffusion de vidéo sur Internet se heurte au fait que
l’infrastructure demande beaucoup plus de bande passante et donc coûte beaucoup
plus cher si le nombre d’utilisateurs simultanés de programme croît.

24
La séparation fond forme bouleverse les industries de contenu

Autre nouveauté capitale, pour la première fois dans l’histoire de nos modes
d’expression, le contenu devient séparable de la forme: la restitution des entités
virtuelles que sont les documents numériques est désormais possible sous la forme
que l'on désire, indépendamment du mode de stockage. Cette séparation fond forme
est souvent mal comprise et passe aisément pour une argutie d'intellectuels. Il n'en est
rien, c'est ce qui va bouleverser toutes les industries vendant des contenus. La
duplication d'un document numérique autorise une appropriation entière, la copie
étant identique à l’originale et travaillable comme ce dernier. Le fabricant américain
d'équipements audio Harmon-Kardon a présenté en janvier 2001 un appareil qui
permet de télécharger de la musique sur Internet et de la stocker sur une puce
électronique pour l'écouter ensuite à bord de sa voiture. Les fichiers de musique
téléchargés peuvent aussi être retouchés, afin de supprimer par exemple un
instrument ou une voix qui déplaît. Il en va de même d'une image ou d'un texte : sous
forme analogique, ils ne sont pas modifiables sans dégradation définitive.
Numériques, ils peuvent être transformés à l'infini par leurs copieurs comme parleurs
auteurs. Cela induit de nouveaux modèles économiques encore balbutiants (voir
encadré 2, l'exemple du livre électronique).

A cause de cette séparation possible du fond et de la forme, les entreprises qui


vendent du contenu doivent être prêtes à adopter une nouvelle technique de support
pour continuer à livrer les mêmes contenus à leurs clients. Le loueur américain de
cassettes vidéo, Blockbuster l’a bien compris que son vrai métier était la diffusion de
spectacles et non de bande magnétique. Il tente d’utiliser la diffusion par satellite ou
par Internet à haut débit pour délivrer des films téléchargeables. De même MPO, il y
a vingt ans entreprise de 120 personnes pressant des disques microsillons en
Mayenne, a pu devenir une société de plus de2000 employés en se lançant à fabriquer
des Compacts Disques par centaines de millions. Depuis quelques mois, il vend en
ligne des disques sur mesure en partenariat avec Alapage. Le client choisit les
morceaux qu’il souhaite retrouver sur son CD, MPO produit celui-ci et l’expédie.
MPO de fabricant est devenu éditeur et distributeur. Comme Blockbuster, il surmonte
le choc des mutations techniques en ne liant pas son métier aux procédés, qui
changent, mais aux services fournis, qui se développent.

Les métiers de releveurs de compteurs vont se multiplier

La banalisation des communications et la numérisation des contenus ouvrent la voie à


de nombreuses versions nouvelles d'industries de services. Comme l'édition, le disque
25
et le cinéma, bien des métiers vont découvrir qu'on leur a toujours acheté de
l'immatériel, de l'accès à des services, qu'il s'agisse de lectures, d'audition de musique
ou de spectacles. On peut dire que l'ère du "contentware" succède à celle du software
et du hardware! De plus en plus, la rémunération des acteurs va se faire sur le
contenu, sa disponibilité, son usage.
Hewlett Packard, puis Microsoft avec son programme .Net (« point Net ») ont
annoncé leur intention de vendre du service informatique à distance tout comme
Carrier propose d’acheter de la climatisation plutôt que des climatiseurs. Les
différents fournisseurs de services vont être rémunérés en fonction de l'adéquation
des contenus qu'ils proposent. Plus le contenu sera pertinent, adapté aux attentes fines
du client, plus celui-ci sera enclin à payer un prix élevé.

Le "contentware" apporte aussi une autre innovation considérable : l'apparition du


"double informationnel". Le client qui recherche une information, un service ou
demande la personnalisation d’une prestation, fournit en temps réel des informations
sur lui-même. Il le fait volontairement et sciemment s’il répond à des questions, ou
sans le savoir, si son comportement est analysé à son insu. Le recueil de ces
informations va révolutionner les bases de données marketing et accélérer le
développement du commerce électronique…à la condition expresse que le client
potentiel n'estime pas son intimité violée, car la rupture de la confiance aura des
conséquences toujours plus catastrophiques comme nous le verrons à propos de
"l'effet Othello".

Une occasion tentante pour les distributeurs d'électricité

Le "contentware" va générer un volume de trafic sans commune mesure avec ce que


l'on "consomme" actuellement. C'est le vrai enjeu qui se cache derrière le débat actuel
autour de l’avenir des télécommunications. De nouveaux services payants vont se
développer. Ils vont nécessiter des méthodes de facturation à faible coût. D'où
l'importance majeure de la monnaie électronique. De nouveaux acteurs se mettent sur
les rangs. Les opérateurs classiques qui savent relever des compteurs, individualiser
des services et des clients, qu'il s'agisse d'eau, de gaz, d'électricité, des cartes de
paiement, de location, d'abonnement divers possèdent un capital d'expérience
considérable qu'ils auront intérêt à exploiter. Une série d’expériences plus ou moins
opérationnelles sont menées des deux côtés de l’Atlantique pour diffuser Internet
avec de hauts débits chez les usagers à partir du« dernier kilomètre » du réseau
général. L’enjeu est très considérable, il concerne non seulement les fournisseurs
d’accès mais l’instauration des réseaux domestiques et donc le contrôle des
équipements électriques du foyer et des services correspondant générés par un télé-
26
contact permanent avec le client. Il est clair que les distributeurs de courant électrique
auront une position particulièrement privilégiée que beaucoup tenteront d'exploiter.
L’électricien allemand RWE a ouvert la course en Europe en annonçant la
commercialisation du service d’accès Powerline dès juillet à Essen puis dans toute la
Ruhr. Il exploite la technique du suisse Ascom. En avril de l’année dernière, 13
sociétés, dont Cisco Systems, Compaq, Intel, Motorola, Panasonic,
Tandy/RadioShack et Texas Instruments créaient HomePlugPowerline Alliance pour
promouvoir et standardiser des réseaux Internet à domicile exploitant les lignes
électriques. Les produits de première génération diffusés en 2000 ont causé bien des
déboires techniques mais l’Alliance qui compte désormais 80 membres procède à des
expérimentations et vient d’homologuer pour la première fois un matériel permettant
de recevoir Internet sur le câblage électrique.

4.3 Les effets réseaux se généralisent

Un monde réseau en interactions

L'autre impact majeur des réseaux numériques est d'accentuer une évolution
inéluctable vers la globalisation réticulaire des problèmes essentiels, évolution qui
dépasse ce qui est communément appelé la globalisation. Le monde va de plus en
plus fonctionner comme un système complexe d'acteurs et d'éléments dont les
interactions seront plus nombreuses, plus diverses, plus rapides, moins déterminées
par les distances et plus efficientes. Ceci n'est pas un jugement de valeur, l’annonce
d’un avenir radieux ou néfaste, c'est un constat. L'ensemble des techniques donnant à
l'homme une puissance croissante, les conséquences positives ou négatives de nos
actes ont des effets à portée accrue dans l'espace et le temps, comme la radioactivité
de Tchernobyl a permis de le vérifier, malgré la vigilance des douaniers français. Et
voilà qu'avec Internet, les communications et les coopérations deviennent toujours
plus faciles, moins coûteuses en temps, efforts et financements.

La chute des coûts de transaction

La baisse du prix de revient des communications va se poursuivre et l’on disposera de


plus en plus de bande passante. Ceci est assuré par les développements de
l’électronique, des fibres optiques et des différentes techniques logiciels qui
permettent d’économiser de la bande passante.
Les effets de toutes ces évolutions sur les coûts des transactions sont spectaculaires.
On ne considère qu’une opération bancaire qui revient à un Euro en agence et 0,7
Euro par téléphone ne coûte plus que 0,1 Euro si l’on exploite Internet. Enron, le plus
27
grand négociant électronique d’énergie, en opérant sur sa place de marché
électronique réduirait de 75% ses coûts de transactions. Ceux-ci s’effondrent partout
où on utilise intelligemment les réseaux et il y a là une tendance durable facilitant les
coopérations internes et externes en réduisant les difficultés de coopération entre
entités séparées. La sphère d'interaction entre acteurs s'étend à la planète entière. Des
réseaux ont toujours existé dans le monde qui a constamment vécu une certaine"
mondialisation" depuis l'Antiquité et même la Préhistoire. Mais les échanges à grande
distance étaient limités par les coûts, les délais, les difficultés pratiques. Les ruptures
actuelles et à venir tiennent au caractère massif et rapide des échanges, devenus quasi
instantanés avec Internet. La qualité de ces échanges est aussi amplifiée. Jusqu'à
présent, on ne pouvait combiner richesse de communication et nombre important de
personnes impliquées et actives10. Il fallait choisir entre le modèle de la télévision,
diffusion d’une masse de données à partir d’un centre émetteur vers un grand nombre
de récepteurs muets, passifs et le modèle du téléphone, échange riche, interactif, mais
limité à deux personnes et réduit à leurs voix.

Internet met fin à ce dilemme en autorisant le partage de grandes quantités


d’informations entre de nombreux correspondants dans des conditions économiques.
Ainsi, la principale caractéristique des réseaux numériques est-elle de favoriser, outre
la communication, la coordination et la coopération, que ce soit localement ou à
grande distance. Ce sont donc les vecteurs d’une logique de partenariat. La
coopération à distance ne se limite plus à deux interlocuteurs mais à tout un groupe
partageant d’immenses dossiers s’il le désire. Des milliers de personnes peuvent
recevoir des données en multimédia et interagir.

Les réseaux créent de la valeur en croissant

Le fait que les réseaux d'acteurs se multiplient avec des flux croissant en volume et
en vitesse crée une rupture qualitative. Il signifie que le modèle le plus pertinent pour
comprendre le fonctionnement du monde dans un peu tous les domaines devient celui
du système complexe formé d'éléments interagissant en réseaux. Or les réseaux ont
un certain nombre de caractéristiques. Elles ne sont en rien nouvelles mais elles
exerceront une emprise croissante sur la société et l'économie. La principale
caractéristique est propre à tous les systèmes complexes : ceux-ci font émerger des
propriétés qui n'ont rien à voir avec la somme de celles de leurs composants. Les
propriétés émergentes sont déterminées par les interactions entre ces composants
élémentaires. Un bâtiment en pierres sèches a des propriétés fort différentes de celles
d’un tas de pierres. L’édifice tient grâce la disposition particulière des pierres. Sans
cette organisation, le système bâtiment s'effondre. On voit que ce qui fait tenir le
28
bâtiment est bien d'ordre immatériel: ce n'est pas la quantité de pierres qui est
déterminante, mais leur agencement. Cette parabole vaut pour le commerce
électronique: tout le défi pour créer de la valeur est bien de construire, en exploitant
notamment Internet, des réseaux d'acteurs en interactions positives.

L'une des propriétés réticulaires est baptisée un peu abusivement aux Etats-Unis
d'effet Metcalfe, du nom du créateur des réseaux Ethernet. Cet effet correspond à une
caractéristique bien connue des spécialistes des réseaux mais aussi des théoriciens de
la complexité qui parlent de catalyse positive. Le bon sens populaire préfère évoquer
l'effet boule de neige et il professe que l'argent va à l'argent! Carl Shapiro et Hal R.
Varian, de l’University of California de Berkeley en ont analysé, entre autres, les
conséquences. La notion de base est la suivante : le potentiel de relations dans un
réseau explose, car il répond à la formule : L = n (n-1) / 2 où n représente le nombre
de nœuds du réseau. Plus simplement, on sait bien qu'un réseau téléphonique où il n'y
a qu'un abonné ne vaut rien et qu'il permet d'autant plus d'interactions qu'il y a
d'abonnés… à condition qu'ils disposent d'un répertoire pour se retrouver. L'efficacité
d'un réseau croît de façon exponentielle avec sa taille dans la mesure où cette dernière
ne suscite pas une confusion croissante. D'où l'importance stratégique de tout ce qui
facilite la circulation dans un réseau, aides à la navigation, agents et moteurs de
recherche, standards ouverts…

Effet Othello, marketing viral et économie du don

Cela signifie aussi que lorsque plusieurs groupes d’acteurs en interactions coexistent
dans un même réseau, leurs influences respectives se classent non selon leurs effectifs
respectifs mais le carré de ceux-ci. Les réseaux favorisent donc l'établissement de
standards et, si ceux-ci sont privés et fermés, de prises de monopoles. On retrouve
une loi connue en commerce : l'acteur qui pénètre un marché au-delà d'un certain
seuil, souvent proche de 15% devient inexpugnable car sa position se renforce de plus
en plus. On sait que plus un livre circule, plus il se vend facilement car sa renommée
s’étend par le bouche à oreille. C'est le processus de construction des réputations et
des rumeurs, faciles à étouffer au début, impossibles à arrêter au delà d'un seuil. Cela
veut dire que nous entrons dans une société où l'opinion prendra une grande
puissance et où, elle risquera en même temps d'être manipulée plus que jamais par
des mensonges. C'est l'effet Othello cher à Olivier Géradon de Vera.

Plus positif, le marketing viral consiste à propager une image, un message en offrant
gratuitement accès à tout ou partie d'un livre, d'un programme, pour que joue le
bouche à oreille numérique, en encourageant les parrainages. Ainsi l'ancien directeur
29
du marketing stratégique de Yahoo!, Seth Godin, a-t-il construit sa réputation et fait
monter très vite sa valeur marchande de consultant en incitant à télécharger
gratuitement par plus 400.000personnes en un mois son livre Unleashing The
Ideavirus14 expliquant justement le marketing viral !

Dans un réseau on peut par une mise à disposition gratuite amorcer l’intérêt du
marché pour des informations, des logiciels, des contenus numériques. Cela a conduit
à parler depuis quelques années d’économie de la gratuité. Bien des échecs,
notamment de fournisseurs d’accès gratuits à Internet, sont du à l’oubli d’une
contrainte banale : pour qu’un modèle économique soit viable il faut bien qu’en
définitive quelqu’un paye ! C’est pourquoi nous préférons parler d’économie de
l’amorçage ou de l’implication. En revanche, dans une communauté donnée, les
membres peuvent prendre l’habitude de mettre des ressources gratuitement à la
disposition des autres, sans contrepartie immédiate directe. Chacun rend service
autres parce qu’il pense qu’il recevra un semblable secours si un jour il en a besoin.
Ce modèle basé sur une confiance justifiée est viable si la majorité des acteurs joue le
jeu. Beaucoup de comportements de ce type s’observent dans la SiliconValley. La
chute du coût des transactions facilite ce modèle puisqu’il réduit le coût des « dons ».

4.4 La spirale des tuyaux, des machines et des contenus…

Il est clair qu'une industrie de réseaux a besoin d'infrastructures de communication,


de terminaux et de contenus à échanger, plus un commerce organisant les échanges et
en assurant la viabilité économique. Il faut donc une vision globale, une
problématique d'ensemble. Pourtant, cette évidence semble avoir échappé aux
acteurs, comme s'ils n'étaient capables de s'obnubiler que sur un seul des quatre
éléments complémentaires à la fois, les obsessions du moment passant
successivement de l'un à l'autre.
Peut-être parce que les malheureux projets de TV-HD japonais et européens venaient
de s'écrouler, les feux de l'actualité se portèrent d'abord sur de expériences de
télévision interactive qui ne furent pas un succès. Puis le maître mot devint
"autoroutes de l'information". Al Gore s'en délecta, en bon fils de son père promoteur
du programme d'autoroutes en béton au moment du New Deal. En France le rapport
Thèry conclut à l'urgence de financer des kilomètres de fibres optiques, pour le plus
grand plaisir de l'équipementier national, Alcatel, et de l'opérateur non moins
national, France-Télécom. Mais le tout fibre optique ne réussit pas à convaincre,
confronté à plusieurs solutions concurrentes et prometteuses, d'autant que l'addition
était de taille et encourageait à réfléchir. C'est alors que tout le monde se passionna
pour ou contre le commerce électronique. L'essord'Amazon.com, suivi de façon
30
proportionnelle par celui de son déficit, apparut exemplaire. Les contenus
accaparèrent la vedette avec le rachat de Time Warner par AOL, celui de Universal
par Vivendi, les grandes manœuvres de Bertelsman... Depuis 2000, les machines
reprennent le haut du pavé avec les Internet Apliances, autrement dit, les terminaux
adaptés à Internet.
La nouveauté, c'est qu'un tour complet de spirale a été accompli et que les acteurs des
quatre secteurs ont acquis, généralement à coup et au coût d'échecs, un début
d'expérience. Certains à présent construisent des visions globales et des stratégies
d'ensemble.

Le développement des nouvelles infrastructures de télécommunication

Le développement des réseaux à haut débit et sans fil est une tendance de fonds. Il
conditionne bien des applications. L'augmentation du volume des communications
numériques va obliger les opérateurs à effectuer de sérieuses et de coûteuses mises à
niveau. Les solutions technologiques existent. Ce sont essentiellement le câble
optique des télécommunications ou, après modification, des téléopérateurs, ou encore
le fil de cuivre du bon vieux téléphone avec le procédé ADSL et en local, le circuit
électrique. Les liaisons radio hertziennes terrestres ou par satellite sont aussi des
compétiteurs. Tout marche. Mais il faut choisir et c'est une orientation pour le long
terme. Or les entreprises ne sont pas toujours prêtes à investir dans leurs
infrastructures. On a imaginé que la libéralisation des télécommunications résoudrait
le problème mais elle ne suffit pas, bien au contraire. Chaque opérateur a essayé
d'attirer à peu de frais la clientèle chez lui en laissant aux autres le coût de la mise à
niveau des infrastructures. En réalité très peu ont investi parce que les causes
d'engorgement ne sont pas de nature à inciter à faire des investissements rentables. Le
trafic est pour l'essentiel composé par du courrier électronique et de la consultation de
Web qui ne peuvent pas générer un chiffre d'affaires suffisant pour rentabiliser les
investissements nécessaires. Seules les applications professionnelles pourraient être
rentables mais ne motivent pas les entreprises. La rentabilité directe des applications
grand public reste difficile, il faut rechercher une rentabilité globale dans des
partenariats assurant une continuité entre le monde virtuel et le monde réel.

L'importance des dispositifs portables

Une autre rupture importante est le développement de l'ubiquité, c'est-à-dire de la


disponibilité permanente, à n'importe quel moment et où qu'on soit, de nos moyens
privés et professionnels. Chacun veut et peut de plus en plus paraphraser le Sertorius
de Pierre
31
Corneille et affirmer que "ma maison n’est plus dans ses murs, elle est toute où je
suis!" Et cela vaut aussi pour le bureau comme pour la salle de loisir. Le
développement rapide des terminaux mobiles, du téléphone aux micro-ordinateurs
portables, conjugués avec la mondialisation des réseaux, préfigurent cette évolution
qui réveille de vieux rêves de l'humanité en réduisant les contraintes spatio-
temporelles. On va vers l'information et la formation en "juste à temps".

4.5 Des organisations différentes

David ou Goliath, des effets antagonistes


L'effet réseau combiné avec la chute des coûts de transaction commence à avoir
plusieurs effets pratiques, favorables les uns à une oligarchie d'acteurs et à des quasi
monopoles mondiaux, les autres à de petites entités, de petits groupes, des individus.
En somme, David et Goliath, voire Big Brother, sont toujours en compétition. Mais
les petits David ne sont plus isolés…

- Du côté massifiant, la construction des standards monopolistiques qui a réussi


jusqu'à présent à Microsoft avec Windows. De plus, la chute du coût des transactions
apporte un bol d'oxygène à de grands groupes que l'extension de leurs lignes de
communication menaçait d'asphyxie.

- Du côté opposé, cette même chute du coût des transactions, génératrice de


monopoles, favorise les petits pour peu qu'ils constituent des réseaux d'acteurs. Ils
deviennent alors plus efficaces que les grands, comme l'a éprouvé IBM lorsque
l'alliance non écrite entre Intel, Microsoft et Compaq lui a fait perdre sa position de
premier constructeur et son leadership en informatique. Ronald Oase a obtenu son
Prix Nobel en expliquant que la taille des entreprises est déterminée par la différence
de coût entre les opérations effectuées en interne ou en externe. Il devient possible
d'externaliser de plus en plus de fonctions ce qui fait formuler à certains auteurs une
loi dite "des entreprises décroissantes". Ce qui est certain, c'est que cela rend plus
facile et rentable le montage d'entreprises réseaux, de coalitions réticulaires à la Dell,
l'organisation des partenariats et des agrégations d'offres multi-métiers que nous
venons d'évoquer.

L'ego des acteurs peut préférer l'inefficacité

Gary Hamel explique fort bien que la probabilité pour que des idées complémentaires
se rencontrent dans une communauté est proportionnelle, toutes choses étant égales
par ailleurs, aux effectifs de cette dernière. La créativité et la création de valeur
32
croissent donc avec la taille des réseaux de personnes interconnectées et
effectivement inter-communicantes. Il est clair que la structure réticulaire non
hiérarchisée possède donc une capacité supérieure à devancer les changements, les
exploiter par l’innovation et produire de la valeur. Les structures efficaces seront
donc des entreprises organisées en réseaux, éventuellement éclatées sur un grand
territoire, et maillées à d'autres réseaux de partenaires et de clients, dans le monde
entier. La notion de chaîne de création de valeur doit céder la place à celle de réseau
créateur de valeur.

Cependant on observe que dans la majorité des cas, les leçons de ce constat n'ont pas
encore été tirées. Les cultures ont leurs pesanteurs et un grand acteur de la
communication n’hésite pas à afficher de façon emblématique sur ses récentes
publicités les pyramides de Khéops et de Khephren…Les pouvoirs centraux cèdent
aisément à la tentation de renforcer leur contrôle sur la périphérie grâce aux réseaux
et à la puissance des outils numériques. Quatorze ans après François Dalle et Jean
Bounine17, répétons que la "taylorique", mariage contre raison du taylorisme et de
l'informatique, ne conduira qu'à des désastres! L'avenir de l'Europe tient largement à
la part de ses organisations (publiques et privées), administrations et entreprises, qui
persisteront dans cette voie d'autosatisfaction suicidaire.

Encadré 1 Internet: l'explosion ne date que de 1993!

Les prémices du réseau des réseaux datent de 1969, ce qui a permis aux sceptiques
d'ironiser sur le thème "rien de bien neuf!". Mais la portée du réseau des réseaux a
changé radicalement avec la création du Web, le World Wide Web ou W3, comme on
disait alors, conçu en 1989 au Cern de Genève par Tim Bernero-Lee. Celui-ci avait
imaginé d'étendre l'écriture hypertextuelle à des sites sur Internet : l'inscription de li
ens dans les documents enregistrés dans ces sites permet en un simple click de passer
de l'un à l'autre sans que compte la distance entre les ordinateurs "serveurs" les
abritant. Le Web a commencé à exister vers 1991 mais cette navigation dans la
connaissance du monde n'est devenue pratique qu'avec la diffusion de logiciels
adaptés, les browsers, littéralement "butineurs". La mise en ligne de Mosaic,
téléchargé gratuitement au rythme de 1000 par jour à partir de janvier 1993, marque
le vrai début d'Internet.

Encadré 2 Le choc des connaissances et de l’individualisme

L'explosion des connaissances disponibles va se poursuivre car le stock accumulé est


tel que même des coupes sombres dans les crédits de recherche n'empêcheraient pas
33
les savoirs acquis d'interférer et d'engendrer ainsi plus encore de connaissances
nouvelles. Les conséquences se situent à deux niveaux, celui des personnes et celui
des organisations.

* Les citoyens, dans le monde occidental et au delà, disposeront de plus en plus de


connaissances, à la fois parce que celles-ci se multiplient et parce que le progrès
technique qu'elles génèrent facilite toujours d'avantage, comme nous le verrons plus
loin, leur diffusion et leur partage. Les citoyens et consommateurs voudront exercer
encore d'avantage leur libre arbitre et accroîtront leurs exigences face à toutes les
institutions et organisations. Ainsi, deux tendances lourdes interfèrent et se renforcent
mutuellement, la montée des connaissances et celle de l'individualisme.

* Les organisations seront obligées, pour s'adapter à un environnement mouvant et


demeurer viables, d'innover quasiment en permanence car cet afflux de connaissances
nouvelles est un puissant facteur de changements de toutes sortes, culturels,
commerciaux, politiques… La capacité d'innover s'affirmera comme une condition de
survie.

Encadré 3 : Informatique communicante, les conséquences d’une montée


continue en puissance.

La loi empirique de Moore restera vérifiée jusqu'en 2010 et sans doute 2015: les
performances des composants électroniques continueront à doubler tous les mois à
prix et volumes égaux, elles auront centuplé en dix ans. Et si la tendance fléchit
ensuite, cela incitera à mieux exploiter au niveau des applications une puissance
encore largement gâchée.
Les conséquences concrètes de la Loi de Moore renforcées par les progrès des
logiciels, sont nombreuses :

* Une nouvelle informatique diffuse émerge. Elle va être omniprésente et invisible


dans les objets du quotidien comme dans tous les rouages de la production et des
services. Cette rupture est permise par la miniaturisation de nombreux produits, la
banalisation du traitement de l’information, l’introduction « d’intelligence » dans tous
les objets.

* La loi de Moore accentue la tendance générale au changement et crée des


opportunités fréquentes pour de nouveaux entrants. Les leaders doivent défendre
leurs positions face à de nouveaux venus innovants.

34
Des interactions riches et massives à la fois

Ces progrès conjugués à ceux des télécommunications permettent de communiquer,


de coopérer, de se coordonner, de naviguer sur le Web toujours plus facilement. A la
différence des médias précédents Internet n’impose plus de choisir entre richesse des
échanges et nombre de personnes en interaction Des relations personnalisées sont
possibles entre une organisation et des milliers de personnes devenus clients actifs.

Une information rééquilibrée entre l'offre et la demande

Les puissances de calcul rendent praticable la maîtrise d'énormes masses de données,


au profit de l'offre, des pouvoirs centraux. L’offre devient capable d'individualiser
chaque client, suivre à la trace son comportement avec ou son consentement. Mais à
l'inverse, chaque citoyen est à même d'explorer les vitrines du monde entier, de
comparer les propositions, de rechercher les personnes ayant les mêmes expériences,
de discuter, d'agir avec elles. Internet est tout à la fois un outil de coopération, de
coalition ou de manipulation. La société, c'est-à-dire nous tous, décidera quel effet
l'emportera.

Encadré 3: Livres et journaux sur mesure

L'exemple du livre est éclairant. Le même manuscrit numérisé peut être imprimé sur
papier par l'éditeur ou transmis par Internet ou encore expédié physiquement sous
forme de mémoire, disquette, CD-Rom ou autre. Celui qui reçoit le dossier
numérique peut le transmettre à d'autres, le consulter à l'écran ou l'imprimer. Il peut
restituer tout ou partie du document initial, à son gré, dans le format qu'il désire, avec
des ajouts de texte ou d'image ou bien des suppressions, des inversions. C'est le livre
sur mesure, en numérique ou sur papier imprimé.
Cela signifie que demain on composera "son" livre de poésies de la Renaissance
parlant d'un thème précis, avec l'appareil documentaire choisi. Ou l'album d'histoires
enfantines évoquant certains personnages adulés. Hewlett Packard vient de lancer une
gamme d'imprimantes laser capables d'imprimer directement, sans l'aide d'un PC, des
documents expédiés par Internet.
Imaginons ce qui pourra être une réalité banale dans peu de temps. Au lieu de
transmettre comme Amazon.com des commandes de livres déjà imprimés aux
éditeurs, de grands distributeurs téléchargeront les dossiers des livres commandés en
ligne et les feront imprimer automatiquement chez le libraire partenaire le plus
proche de l'acheteur. Le surcoût de l'impression à l'unité sera largement compensé par
la suppression des frais de livraison, de stockage et de retour des invendus. L'acheteur
35
pourra également commander sur place l'impression minute de son livre, ou passer
son ordre depuis son siège de TGV et récupérer l'ouvrage en gare ou au wagon
restaurant salon de lecture! L'étape suivante verra l'impression à domicile des
ouvrages, en tout cas pour les œuvres à caractère documentaires ou équivalant aux
livres de poche.

En réalité, tout ceci n’est plus de la fiction, puisque les Messageries Benjamin
viennent d’annoncer l’ouverture d’un service de téléimpression au Québec. Dans une
série de magasins et d’hôtels, on peut faire imprimer en 3 minutes au format A3
recto-verso 60 quotidiens de pays. Il est aussi possible de faire imprimer les éditions
des deux semaines précédentes. On paye 4,25 dollars pour obtenir la dernière édition
d’un quotidien édité à l’autre bout du monde. Le téléchargement du dossier
numérique sur l’imprimante est effectué par

NewsPaperDirect qui a passé un accord l’an dernier avec Hewlett Packard et une
série de journaux. Demain les prix baisseront, les machines seront disponibles à
domicile et l’on pourra composer en fonction de ses centres d’intérêt son journal
personnel. Une autre possibilité déjà effective est le téléchargement chez le client du
dossier de l'ouvrage commandé et sa visualisation soit sur un ordinateur classique
avec l'aide d'un logiciel spécifique, soit sur une tablette électronique, écran intégrant
un ordinateur plat comme un livre et consultable où l'on veut, à table, dans son lit,
grâce à l'autonomie de la batterie et à des liaisons sans fil. Sur ces tablettes qui
progresseront en confort de lecture, on regardera, lira, annotera, modifiera à volonté
les documents. Sony propose déjà un dispositif de ce type pour regarder de la vidéo.
La tablette électronique, si elle tient ses promesses d'ergonomie, réunira télévision,
cinéma, musique, arts plastiques, textes sur un même écran mobile et autonome. Et
les mêmes documents pourront être exploités simultanément dans des conditions et
de façons complètement différentes par d'autres personnes. C'est bien la séparation de
fond, unique, de la forme, variable à l'infini. Il est bien clair que cela n'est pas
innocent : le choix de la forme influence naturellement le sens. La séparation fond
forme ne contredit pas, au contraire elle illustre, cette réalité de toujours.

Encadré 4 : Que seront les machines Internet ?

L'apparition de terminaux adaptés aux millions de personnes qui n'ont pas envie
d'apprendre à se servir d'un PC va constituer une rupture majeure. Depuis quelques
années de nombreuses tentatives d'accéder à cet énorme marché potentiel ont échoué
faute de dépasser le point de vue du technicien et de repartir des attentes et rejets de
Madame et Monsieur Tout-le-monde.

36
On a ainsi essayé de mettre l'Internet sur la télévision (WebTV), de marier Internet et
le Minitel (Webphone), de greffer un téléphone portable sur un poste de travail...
Il y a sept ans nous annoncions que trois familles coexisteraient, dérivées des
habitudes d'usage du PC pour le travail, du téléphone pour la communication et de la
télévision pour les spectacles. Cette typologie demeure valable. Il n'y aura pas plus de
machine universelle Internet qu'il n'y a de robot unique dans les cuisines.

* Le PC fixe ou portable continuera à servir au travail et aux recherches fines sur le


Web. On ne regardera pas beaucoup de films ou de spectacles vidéo sur son écran
mais l’image animée répondra à des besoins spécifiques d'information ou de
formation, ou de transactions commerciales délicates.

* La télévision incorporera progressivement de l'interactivité pour aider à choisir


parmi les chaînes, visionner des programmes enregistrés en se libérant des contraintes
des horaires, louer des spectacles, participer à des événements en direct ou à des jeux
collectifs. Des achats d’impulsion seront provoqués dans le contexte des
programmes. La qualité du son et de l’image numériques seront des facteurs de
succès important. L'écran de TV ne servira pas beaucoup à communiquer ou à
naviguer car il ne s'y prête guère.

* Une famille d'assistants domestiques fixes et mobiles personnels prendra le relais


du téléphone, du Minitel et des assistants individuels actuels. Les premières tentatives
de PC domestiques simplifiés ont échoué car on a voulu se borner à vendre des
machines alors que le client achète un accès facile à des services répondant à ses
préoccupations. Là encore la solution passe par des partenariats entre acteurs
agrégeant des offres complémentaires suffisamment étendues pour couvrir les
préoccupations quotidiennes. Les utilisateurs ne passeront pas du temps à naviguer,
car le micro-ordinateur demeurera mieux adapté. Ils voudront choisir dans des cartes
leur menu personnel, et pouvoir acheter, régler en confiance. Un facteur de succès
sera la garantie d’une continuité de service entre le poste familial fixe, le terminal au
bureau et les "compagnons électroniques" mobiles que l'on emmènera partout avec
soi. Les contenus devront s'adapter à l'ergonomie des différents appareils et de leurs
situations d'emploi. Il y aura des compagnons à dominante professionnelle, d'autres
optimisés pour les fonctions personnelles et familiales, la télécommande des
équipements domestiques par exemple, d'autres enfin pour les jeux et
l'environnement des jeunes. Des produits nomades seront spécialisés pour la musique,
ou bien la lecture et le visionnage de vidéo. Les tablettes qui sont en train d'apparaître
annoncent ces deux catégories de produits.

37
Tableau des effets antagonistes
Effets David, Effets Goliath
Expansion des connaissances
• Logique de changement
• Nécessité permanente d’innovation
• L’autarcie impossible
• Opportunité pour de nouveaux entrants, remise en cause des positions acquises
• Citoyens plus exigeants
• Partenariats nécessaires
• Opportunité pour des « gros mais agiles » dans les secteurs réclamant de lourds
investissements en recherche et développement
Loi de Moore : plus de puissance à moindre coût
• Changement rapide
• Réactivité vitale
• Banalisation et diffusion du traitement numérique des données
• Puissance des individus, équipes, PME, petites entités autonomes
• Avantage aux acteurs autonomes, réactifs, décisions14
• Objets et systèmes communicants, logiques réticulaires proches du terrain, plus
audacieuses et innovantes
Chute des coûts de communication et de transaction
• Interactions généralisées locales et mondiales
• Effets réseaux, monde système complexe
• Réduction de l’influence des distances spatiotemporelles
• Dispositifs portables, nomades, services n’importe où en juste à temps
• Avantage aux acteurs en réseau versus structures centralisées
• Collaborations et coopérations facilitées
• Avantages aux acteurs en partenariat
• Capacité de coalition des personnes, « consumérismes»
• Rumeurs
• Ubiquité
• Etablissement de standards
• Effet boule de neige favorable aux monopoles
• Décongestion des structures lourdes
• Manipulation par la désinformation
• Omniprésence des contrôles et offres

Puissance de traitement de masses croissantes de données


• Identification fine de profils,
• Sur mesure de masse
• Outils de recherche (moteurs, agents…)
• Citoyens et clients informés et compétents, lèche vitrine planétaire, marché inversé.
• Surveillance des individus, effets « Big Brother », viol de la vie privée
38
ANNEXES

L’économie numérique, parlons-en !

L’«Economie numérique » est une évolution de la « Nouvelle Economie » des années


90. Le Sénégal peut, sous certaines conditions, tirer pleinement profit de ce concept.
Afin d’en faire un catalyseur pour le développement économique, social du pays,
l’Etat devrait :
• Procéder à un aménagement numérique du territoire national en créant les
conditions de développement des infrastructures des télécommunications, y compris
en mobilisant les ressources publiques et en incitant au très haut débit et à la fibre
optique ;
• Transformer la promesse technologique en progrès économique, social,
démocratique et environnemental en mettant en place, entre autres, des pôles de
compétitivité et d’innovation ;
• Familiariser les citoyens aux possibilités offertes par les technologies numériques à
travers la modernisation des services publics (e-administration).

Pour ce faire, compte tenu des enjeux, des ressources publiques à mobiliser et du
processus de modernisation des entreprises et de l’administration, l’Etat du Sénégal
pourrait créer un Conseil National de l’Economie Numérique (CNEN) présidé par le
Premier Ministre ou à défaut par le Ministre en charge de l’Economie et un Comité
de Pilotage (CP) présidé par le Ministre en charge de l’Economie Numérique.

Concept très en vogue ces dernières années dans le monde et depuis quelques temps
au Sénégal, l’économie numérique anime aujourd’hui beaucoup de débats et de
discussions de salons dans notre pays. De la littérature abondante et parfois
controversée sur la définition de l’économie numérique, je retiens celle de Laurent
Cohen Tanugi1 qui définit l’économie numérique comme « la nouvelle économie de
l’information et de la communication, qui regroupe les télécommunications,
l’audiovisuel et les industries de l’information, tous secteurs qui sont recomposés
parle phénomène de la convergence numérique et par les normes IP ». De manière
très simple, l’économie numérique peut se définir par analogie à l’économie ordinaire
comme celle qui se déroule sur Internet. Sa naissance est consécutive à certaines
mutations sociales, technologiques, politiques. Ce texte, construit en trois parties,
tente dans un premier temps d’expliquer l’origine du concept. Ensuite, les enjeux
majeurs de l’économie numérique pour le Sénégal sont présentés. Enfin, en dernier

39
lieu, compte tenu de notre écosystème, une forme de modalités d’élaboration et de
gouvernance de la stratégie et du plan d’action est proposée.

1. Genèse

Le concept « Economie numérique » est le résultat d’un long processus qui a débuté
dans les années 90. Ce concept a progressivement mué pendant presque trois (3)
décennies pour prendre l’aspect et la dimension qu’on lui connait actuellement. De
cette évolution, nous retenons trois grandes phases. En effet, connu sous le vocable
de « Nouvelle Economie » au début des années 90, le concept s’est dans un premier
temps transformé en « Economie de l’information et du savoir » pour donner
aujourd’hui sa vocation actuelle d’ « Economie numérique ». Il est, à mon avis,
important de passer en revue ces trois concepts pour mieux apprécier l’évolution dans
le temps du champ d’application et de son importance actuelle dans un monde
globalisé, tant ses impacts économiques, sociaux, culturels, environnementaux,
sociétaux, bref dans la vie tout court sont colossaux.

S’agissant de la « Nouvelle Economie », à vrai dire, ce terme apparu dans les années
90était intimement lié à l’informatique et ce que l’on a appelé pendant plusieurs
années la bulle Internet. En effet, le contexte de l’époque est marqué par le
développement fulgurant de plusieurs sociétés de services en informatique, appelées
SSII et de gigantesques perspectives pour ces entreprises dans un environnement
marqué par 1 Avocat français, auteur de l’ouvrage « Le Nouvel Ordre Numérique » -
Odile Jacob 1999 l’approche du « Bug de l’an 2000 ». Ces entreprises parviennent
quasiment en phase de démarrage, contre toute logique du management des
organisations, à s’introduire en bourse. Ce fût le début du phénomène des start up et
des stock-options. Cette période pendant laquelle le lancement d’une nouvelle
entreprise ne nécessite quasiment aucun apport en capital, d’importants moyens
financiers sont mis à la disposition des créanciers sans véritable contrôle ni
contrepartie correspond à la naissance du concept de « Nouvelle Economie ». Il est
évident qu’avec le recul, qu’il n ya eu point de nouvelle économie, au sens propre du
mot, la théorie économique n’ayant pas véritablement changé. Tout au plus, le
comportement de quelques agents économiques a changé (banquiers, sociétés de
bourse, investisseurs, employés, agences de notation, autorités de contrôle des
marchés financiers, etc.). La bulle finit par éclater, tant la spéculation avait fini par
gangréné le secteur de l’informatique et des télécommunications. Les conséquences
de l’éclatement de la bulle informatique portent principalement sur la faillite de
nombreuses entreprises à travers le monde, sous la forme d’un krach boursier, dont
les répercussions finiront, à l’époque, par toucher l’économie réelle.
40
Concernant « l’Economie de l’information et du savoir », son origine remonte au
Sommet Mondial de la Société de l’Information (SMSI) qui s’est tenu en deux
phases, à Genève en 2003 et Tunis à 2005. Ce sommet, organisé par les Nations
Unies par le biais de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), a jeté les
bases d’une Economie de l’information et du savoir. En effet, déjà dans la déclaration
de principes de 2003, il est fait mention de la volonté des peuples du monde de
«développer une société de l’information dans laquelle chacun a la possibilité de
créer, d’obtenir, d’utiliser, et de partager l’information et le savoir et dans laquelle
les individus, les communautés et les peuples puissent ainsi mettre en œuvre toutes
leurs potentialités en favorisant leur développement durable et en améliorant leur
qualité de vie, conformément aux buts et aux principes de la charte des Nations
Unies ainsi qu’en respectant pleinement et en mettant en œuvre la Déclaration
universelle des droits de l’homme ».

C’est ainsi qu’à partir de 2003, et prenant appui sur le SMSI, toutes les nations, avec
toutefois des fortunes diverses, se sont lancées dans la course pour construire « leur
économie de l’information et du savoir ». Des investissements colossaux et des plans
d’actions nationaux cohérents avec les objectifs déclinés dans « l’Agenda de Tunis » -
la feuille de route issue lors de la deuxième phase du SMSI - ont permis à de
nombreux pays, en particulier ceux du nord, de l’Asie, du Maghreb, de l’Afrique
anglophone de réaliser de grandes avancées.
2 SMSI – Genève 2003 – Déclaration de principes – Construire la société de
l’information : un défi mondial pour le nouveau millénaire 4.
En relation avec les actions menées, le bon comportement du secteur des
Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), même pendant la crise
financière et économique mondiale après 2008, a permis d’élargir de nouveau le
concept pour donner ce qu’il convient d’appeler aujourd’hui «l’Economie
numérique».
En vérité, l’économie numérique est une expression qui couvre des réalités très
différentes selon les auteurs, d’autant que cette dénomination a évolué au cours des
années. Loin de se limiter, de manière très réductrice au seul secteur des TIC, le
concept prend en compte l’ensemble des secteurs d’activités qui s’appuient sur les
TIC, producteurs comme utilisateurs avec des objectifs qui peuvent être beaucoup
plus larges que le seul but d’accroître leur productivité. (Cf. graphiques sur les
acteurs de l’économie numérique)

Les acteurs de l’économie numérique


Source : «L’impact de l’économie numérique » - revue Sociétal n°73, 1er trimestre
2011
41
2. Les enjeux de l’économie numérique

Nouvelle économie, économie de l’information et du savoir, économie numérique,


depuis une trentaine d’années, visent à mettre l’accent sur les incidences
économiques et sociales de l’introduction des technologies de l’information et du
savoir.

Il ne fait plus guère de doute, aujourd’hui, que nos économies et nos sociétés ne
peuvent plus se passer de ces technologies. La « numérisation » traduit l’irruption des
TIC dans le processus non seulement de production mais également de
consommation, avec une offre de plus en plus large de biens numériques, voire
d’univers numériques, qui ont modifié le quotidien d’une très grande partie des
habitants de la planète, par exemple à travers la téléphonie mobile, les jeux en ligne
ou désormais les réseaux sociaux. Ces évolutions sont lourdes de conséquences pour
de multiples raisons. D’une part, produire des biens et services à partir de ces
technologies comme produire des biens numériques s’opère dans des conditions
relativement différentes (production à coûts fixes importants, fortes externalités, etc.)
qui rendent délicats les traditionnels équilibres de marché et nécessitent une
régulation spécifique des marchés. D’autre part, cette mutation conduit à s’interroger
sur la nécessaire transformation de certaines façons de voir, notamment en ce qui
concerne la propriété, l’innovation, la matérialité ou la dématérialité des biens, la
productivité ou la compétitivité, ainsi que la nature du développement économique.
La numérisation de la société transforme, et les processus de production et, les
produits offerts dans nos économies.

Ces considérations générales et communes à tous les pays du monde étant rappelées,
nous proposons de nous pencher sur ce qui, à notre sens, constituent les véritables
enjeux de l’économie numérique au Sénégal. De manière globale, il s’agit de profiter
des TIC pour moderniser l’administration et les entreprises et offrir aux citoyens une
nouvelle forme de société et de leur permettre de profiter pleinement des opportunités
offertes par le numérique. En clair, il s’agit de moderniser en profondeur le système
productif sénégalais et le mode de vie des sénégalais. Cela renferme principalement
trois objectifs fondamentaux :

a) Mettre le Sénégal à niveau sur la question des infrastructures

Les télécommunications, les TIC et l’économie numérique reposent principalement


des infrastructures de qualité, de surcroit sur toute l’étendue du territoire national. En
effet, la présence d’infrastructures de communications de qualité est une condition
42
nécessaire de la compétitivité d’une économie et du bon fonctionnement d’un Etat
moderne. L’ancrage territorial des infrastructures est ainsi la condition du
développement de l’économie numérique. Il vise à créer de l’attractivité pour les
entreprises, même de petite taille, ainsi qu’à faciliter des services tels que les
démarches administratives, la santé ou l’éducation pour les citoyens. Par conséquent,
il est nécessaire pour limiter les clivages qui peuvent être engendrés par le
numérique, en assurant à chacun un accès à l’ensemble des services innovants offerts
par Internet. L’Etat a un rôle pivot à jouer, en créant les conditions de développement
des infrastructures et le passage progressif au très haut débit et plus particulièrement
la fibre optique qui représente une infrastructure vitale au développement du Sénégal
au même titre que les routes ou les réseaux de distribution d’électricité.

Pour cela, au-delà des zones très denses et des zones denses où les opérateurs peuvent
déployer la fibre, le déploiement du très haut débit passera nécessairement par des
investissements publics en fibre ou sur des technologies alternatives. Oui, il faudra
des investissements publics. Beaucoup d’investissements publics, car toute stratégie
de développement des infrastructures exclusivement basée sur des fonds privés
provenant des opérateurs sera vouée à l’échec. Ces investissements, publics combinés
à ceux des privés et autres bailleurs, dans l’économie numérique démultiplient les
gains de productivité et accroissent la compétitivité de l’ensemble des autres secteurs
de l’économie.

b) Transformer la promesse technologique en progrès économique, social,


démocratique et environnemental

L’ambition que le Sénégal doit se fixer dans le cadre de sa stratégie d’économie


numérique est de transformer la promesse technologique en progrès économique,
social, démocratique et environnemental. Le pays dispose certes d’atouts mais les
défis sont nombreux pour y parvenir : Etat, acteurs du secteur, acteurs industriels,
PME-PMI, le monde de la recherche doivent ensemble porter leurs actions à la mise
en place de pôles de compétitivité qui structurent un écosystème très dynamique
d’innovateurs du numérique.
Un chantier majeur du Sénégal porte sur la modernisation de nos entreprises. Les
résultats de l’ENTICS3 de 2009 nous ont montré que, tous secteurs d’activité
confondus, 90,2% des entreprises et 92,1% de l’administration disposent d’un accès à
Internet. Par contre, la quasi-totalité d’entre elles n’a pas accès à des services très
haut débit et doit se contenter du même niveau d’offres que les particuliers. L’accès à
des débits plus importants dans des conditions tarifaires satisfaisantes représente donc
un enjeu de compétitivité pour les entreprises et l’administration sénégalaises, et
43
notamment pour celles situées dans les territoires les moins peuplées du pays. Enfin,
il faudra trouver les meilleures modalités d’intégration du numérique dans les
procédures des entreprises des autres secteurs de la vie économique (tourisme, agro-
industrie, hôtellerie, santé, commerce, transport, services financiers, services postaux,
Enquête Nationale sur les Technologies de l’Information et de la Communication
réalisée par l’ARTP avec l’appui technique de l’ANSD et autres activités
économiques) pour les rendre innovantes et compétitives dans un monde globalisé.

Dans le domaine démocratique, tout le monde a pu constater l’apport des TIC avec la
mise en ligne du fichier électoral. L’innovation fût de taille, le progrès démocratique
ainsi obtenu se passe de commentaire.
En matière d’environnement, l’utilisation des TIC peut produire des effets importants
pour un pays comme le Sénégal. Les concepts de croissance verte et de
développement durable doivent être pris en compte dans la stratégie pour l’économie
numérique en intégrant la production d’énergies renouvelables et l’élaboration
d’outils adaptés à la résolution, par exemple, du problème des déchets d’équipements
électriques et électroniques.

c) Familiariser les citoyens aux possibilités offertes par les technologies


numériques

Au-delà des infrastructures, l’enjeu de l’économie numérique est aussi de permettre à


tous les citoyens, quel que soit leur âge, leur parcours et leur lieu de vie, d’accéder et
de se familiariser aux possibilités offertes par les technologies numériques, pour
mieux participer à la vie sociale, collaborer, entreprendre, réaliser des projets, agir en
consommateur responsable. C’est également la modernisation des usages et des
services publics dans les territoires : e-santé, e-éducation, e-administration sont des
réponses permettant de compléter l’aménagement numérique des territoires par les
infrastructures et de donner un véritable rôle aux territoires dans la diffusion du
numérique. A ce propos, la mission originelle de l’ADIE4 (Agence de l’Informatique
de l’Etat) est capitale : moderniser l’administration sénégalaise et rendre accessible,
en développant les applications adéquates, les services publics aux citoyens. La
réalisation de cette mission est fondamentale pour l’édification d’une « Economie
numérique ». Il faudra qu’elle la réussisse, celle-là. L’ADIE n’est pas un opérateur de
télécommunications, elle n’en a ni la prérogative, ni les moyens.
Aujourd’hui, à mesure que le numérique devient de plus en plus indispensable dans la
vie quotidienne et la sphère professionnelle, une forme de « droit au numérique » doit
être garantie.

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3. Modalités de mise en œuvre et de gouvernance de l’économie numérique au
Sénégal

L’édification d’une économie numérique inclusive privilégiant le développement sera


une opération de longue haleine qui fera appel à de multiples parties prenantes. Cela
nécessitera de la part des multiples et divers acteurs une mobilisation permanente
pour assurer d’abord l’élaboration de la stratégie et ensuite une mise en œuvre et un
suivi durables des résultats et des engagements qui seront consignés dans la future
stratégie. Compte tenu des nombreux aspects que revêtira l’édification de la stratégie,
il sera essentiel que l’Etat, à travers ses différents démembrements, le secteur privé,
la société civile, les consommateurs, entre autres coopèrent efficacement à leurs
différents rôles et responsabilités, en mobilisant leur savoir-faire.

Aujourd’hui, la dimension « économie » du concept l’emporte sur la dimension


«numérique ». Il ne s’agit plus simplement de la diffusion des TIC mais surtout
devoir les modalités de modernisation de notre tissu économique, social,
environnemental. Il s’agit, à proprement parler, de procéder à une révolution en
bonne et due forme qui consiste en premier lieu à adapter l’organisation de l’Etat aux
enjeux du numérique. La révolution numérique qui a commencé il y a près de 30 ans,
s’est amplifiée fortement au fil du temps et est devenue un phénomène de grande
ampleur qui touche aujourd’hui tous les secteurs de la vie économique, tous les
acteurs de la société, individus, entreprises, institutions.

C’est ainsi que, compte tenu des enjeux décrits ci-dessus, des connexions nécessaires
entre le département ministériel de l’économie et les autres secteurs d’activité, des
ressources financières à mobiliser pour garantir le succès de la stratégie et sa mise en
œuvre, une gouvernance d’ensemble au plus haut niveau gouvernemental devra être
mise en place.

Il faut noter que l’organisation administrative sénégalaise, dans le domaine du


numérique, caractérisée par une certaine dispersion des structures et des tâches, se
trouve en quelque sorte dépassée par ce mouvement de fond parce qu’elle ne dispose
pas d’un lieu capable de préparer une stratégie d’ensemble, de fédérer les actions, de
traiter globalement les problématiques communes. Le potentiel de croissance et de
compétitivité apporté par le numérique ne peut, dans ces conditions être pleinement
exploité.

Il est évident que l’efficacité de la politique publique dans le domaine du numérique


passe par la définition et la mise en œuvre d’une politique globale sur le numérique.
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Aussi, de manière à assurer le succès du Sénégal, une gouvernance en deux niveaux
pourrait être envisagée : un Conseil National de l’Economie Numérique (CNEN) et
un Comité de Pilotage (CP) dont les rôles et les responsabilités peuvent être les
suivants :

• Le CNEN serait une instance interministérielle présidée par le Premier Ministre ou


à défaut par le Ministre de l’Economie et des Finances5. Il « insuffle » la dynamique
et a pour rôle de valider la stratégie et le plan d’action, formaliser la vision et les
ambitions, garantir l’allocation des moyens et des ressources nécessaires, assurer la
prise de toute mesure législative ou réglementaire de nature à contribuer au
développement de l’économie numérique.

• Le CP, lui « fixe le cap et évalue ». Ce serait une instance présidée par le Ministre
en charge de l’économie numérique. Il a pour rôle de proposer au CNEN les grandes
orientations d’une stratégie nationale de développement de l’économie numérique, de
coordonner les plans d’actions à mettre en œuvre, d’élaborer les rapports de suivi et
d’évaluation à soumettre à l’approbation au CNEN sur l’état d’avancement des plans
d’actions et sur le niveau atteint par le Sénégal dans sa marche vers l’économie
numérique.
Ousmane NDIAYE
ndiaye_ous@hotmail.com

Le Ministère de l’Economie et des Finances est le seul département ministériel qui a


une bonne connaissance du tissu économique sénégalais, des entreprises, leur
organisation et les liens inter et intra sectoriels. Il est aussi le seul apte à mobiliser des
ressources publiques conséquentes pour le financement nécessaire à la mise en œuvre
de la stratégie.

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