M. Lakhassane CISSE
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QU’EST-CE QUE L’ECONOMIE NUMERIQUE ?
On divise communément l’économie numérique en trois grandes filières, bien que
les entreprises aient de plus en plus tendance à s’implanter dans plusieurs secteurs à
la fois.
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En 2006, 23% des Européens ont acheté sur internet au cours des trois derniers mois.
Ces services sont assurés par des ingénieurs et des techniciens de haut niveau et
concernent tous les services liés à l’informatique. Les services en ingénierie
informatique se divisent en quatre grandes catégories :
Le conseil : les services de conseils portent sur le choix d’outils comme les
réseaux Intranet ou Ethernet d’une société, les modes de communication, …
L’intégration de système : les services d’intégration de système ont pour
objectif d’améliorer la collaboration entre les différents services de l’entreprise
et l’analyse de ces données.
L’infogérance (ou externalisation) : les services d’infogérance ont pour
objectif la maintenance informatique.
La formation
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CHAPITRE 1 : E-COMMERCE OU COMMERCE ELECTRONIQUE
I. E-COMMERCE
A) Présentation (définition)
C’est grâce à Michael Aldrich que les transactions en ligne ont été inventées en 1979.
Suite à ça, Citibank a lancé les premiers services bancaires en 1981, en même temps
que la première transaction B2B au Royaume-Uni.
Le fait que les TIC et internet se soient démocratiser dans les foyers a permis la
participation aux mutations du commerce. Cela a également permis la possibilité aux
entreprises de mieux comprendre leur client (grâce aux panels ou à la vente par
correspondance).
B) Historique
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l’Internet enregistre des chiffres de croissance impressionnants mais il est intéressant
de revenir au début du e-commerce.
Vers la fin des années 90, les internautes sont peu nombreux à acheter sur internet.
Néanmoins, on sait qu’ils achètent surtout du matériel informatique. Cependant, les
acheteurs sont prudents en ce qui concerne le paiement en ligne.
Vers 1998, un groupe de travail est mené par Dominique Strauss-Kahn afin de
développer le cybercommerce. Au début, il essaye de stimuler les PME afin qu’elles
prennent conscience que le e-commerce est une opportunité pour les entreprises.
De 1997 à 2002, internet se concrétise, un foyer sur quatre (soit 25%) possède un
accès. Les nouveaux sites marchands se font connaître. Suite à ça, le commerce
électronique se développe de plus en plus.
Apparue dans les années 1930 aux Etats Unis, la grande distribution n’est arrivée en
France que beaucoup plus tard. On assiste simultanément à de nombreuses
évolutions: la diffusion de nouvelles technologies, l’exploitation de nouvelles
matières premières, la mise en place de nouvelles méthodes de production plus
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efficaces. Le Fordisme rend possible l’accroissement de la productivité et de la
production grâce à la parcellisation des tâches, la standardisation de la production et
l’apparition de lignes de montage. En ce qui concerne le commerce, nous pouvons
distinguer quatre étapes importantes dans son évolution et dans les différents points
de vente.
On peut voir que de nos jours, tout les produits et services peuvent être vendus sur
internet (alimentation, vêtement, produit de beauté et même voyage). Sur les
statistiques, nous pouvons voir que les produits et les services les plus achetés en
ligne dernièrement par les internautes sont les voyages, avec près de 60%
d’internautes qui en ont acheté. On peut également constater que l’alimentation est le
produit et service le moins acheté en ligne par les internautes.
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A partir des années 1980, la concurrence devient de plus en plus forte, a contrario, les
effets du choc pétrolier de 1973 et de la crise économique qui en découle ont des
conséquences sur la demande qui elle, est en baisse. Les ménages sont, pour la
plupart déjà équipés de biens durables qu’ils n’envisagent pas de renouveler de suite;
les emplois sont menacés, l’élan des 30 Glorieuses est bel et bien terminé. Industriels,
distributeurs et producteurs étaient déjà en conflit; l’apparition du Hard Discount
rend n’arrange rien. Les industriels et les distributeurs cherchent alors le moyen de
freiner ce ralentissement, ils commencent à s’intéresser au consommateur en tant que
personne et non en tant que « masse » afin d’adapter la production et la distribution.
Nous assistons alors aux prémices du marketing : le ciblage, la définition des besoins,
le positionnement de marque et les opérations commerciales sont au centre des
préoccupations dans l’espoir d’augmenter les ventes.
C) Evolution
138 000 sites de vente en lignes sont actifs en 2013. On n’en comptait que 23 900 en
2006. On recense une augmentation de 17% par rapport à 2012 et en un nouveau site
se créé toute les 30 minutes en France. Plus de 33 millions de Français on acheté sur
internet, soit 6% de plus qu’en 2012.
Les dépenses moyennes par acheteur par an en ligne ont augmentées, passant de 800
euros en 2007 à près de 1 500 euros en 2013. Soit une augmentation de près de 700
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euros par acheteur par an en ligne en six ans. Soit un total de plus de 100 euros de
dépenses en plus par acheteur chaque année.
Top 5 des sites de e-commerce les plus visités en France (4e trimestre 2013)
Le top 5 des sites de e-commerce les plus visités en France dans le 4 ème trimestre de
l’année 2013 était constitué d’Amazon, du site de la Fnac, de CDiscount, de E-Bay et
de PriceMinister. D’après cette statistique Amazon était le plus visités des cinq sites
de e-commerce avec plus de 16 000 000 de visiteurs et PriceMinister était le moins
visité des cinq avec moins de 8 000 000 de visiteurs. Le site de la Fnac, de
CDiscount et de E-Bay se suivaient de très près avec plus ou moins 9 000 000 de
visiteurs tous les trois.
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CHAPITRE 2 : COMMUNICATION NUMERIQUE
2.1 Description
Principales caractéristiques
Les médias sociaux : ce sont les principaux outils de communications numériques, ils
sont susceptibles de toucher une audience importante. Dans la plupart des domaines
d'activités, les organisations ont développé leur présence sur les principaux médias
sociaux (Facebook, Twitter, YouTube...)
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fonctionnalités spécifiques de géo localisation et de personnalisation de l'information
mais aussi l'ergonomie sont des enjeux importants liés à la communication mobiles.
La communication numérique s'est démocratisée, elle peut être utilisée par : les
entreprises, les particuliers, les collectivités, les personnages publics etc.
Depuis le développement des médias sociaux entre 2005 et 2010, les usages liés à la
communication numérique ou digitale sont en évolution rapide. Il est difficile de
dégager des constantes, mais l'ensemble de cette évolution s'inscrit dans le cadre
d'une connectivité de plus en plus importante. Le développement des communautés et
des réseaux liés à cette connectivité concerne aussi bien les individus que les
organisations et même les objets. Jean-François Fogel et Bruno Patino décrivent en
2013, une société de communication numérique en devenir: "Nous ne vivons pas
encore au sein d'une pure société de communication numérique et nous ne sommes
pas non plus les expérimentateurs d'un nouvel âge de l'information. Mais nous
sommes entrés, de plein gré, dans une époque neuve, et qui ne nous laisse aucun
répit : le temps de la connexion permanente.".
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Les outils de suivi
De nombreux outils ont été créés afin de cerner le profil des visiteurs ainsi que leurs
navigations sur les sites web (combien de temps restent-ils sur une page, quelles
pages consultent- ils etc.). Cela permet d'obtenir des statistiques et par la suite
d'adapter sa stratégie et son contenu aux usagers effectifs.
Le chef de projet Web est un profil spécifique du métier de Chef de projet. Le chef de
projet ou chargé de projet est la personne chargée de mener un projet et de contrôler
son bon déroulement. De manière générale, il dirige ou anime une équipe pendant la
durée du ou des divers projets dont il a la charge.
Pour se faire, il doit établir un budget prévisionnel, un cahier des charges, ainsi qu’un
planning de réalisation avec des délais à respecter.
De plus, le chef de projet web doit allier des capacités relationnelles et des
connaissances techniques pour collaborer avec les équipes de graphistes, de
rédacteurs et de programmeurs externes et/ou internes à l’entreprise. En chef
d'orchestre, il va encadrer le projet jusqu'à la réalisation finale.
Une fois la réalisation achevée, il restera au chef de projet à tester le produit fini et à
prévoir ses éventuelles évolutions futures.
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2.4.2 Le Community Manager
Le Community manager peut exercer son activité en interne, au sein d’une entreprise,
ou en consultant externe, dans une agence web ou en freelance.
Sur un site de vente en ligne, son rôle est de mettre en place la prise de parole des
clients sur le site de la marque, de favoriser le "buzz" de la marque et de s'occuper de
la logistique.
Son but est augmenter l’apport de trafic ciblé et donc de qualité sur un site internet
pour une meilleure rentabilité. Il est chargé d'évaluer et de mettre en place des actions
techniques et éditoriales pour aider la bonne indexation du site. À voir Search Engine
Marketing et Optimisation pour les moteurs de recherche
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2.4.5 Le rédacteur web
Parce qu'un internaute ne va pas avoir le même schéma de lecture qu'un lecteur
lambda, le rédacteur web est un acteur indispensable de la stratégie de
communication numérique. Sur internet, les règles d'écriture diffèrent de celles de la
presse écrite. La rédaction doit être :
- plus concise,
- rapidement compréhensible
- et surtout dynamique
2.4.6 Le e-marketeur
C’est une personne qui conçoit et améliore les environnements numériques. Il peut
agir dans des domaines et interfaces différents. Son objectif est de rendre l’espace
virtuel le plus adapté possible à la requête de l’homme. Il doit s’appuyer sur les
conventions du web: les standards techniques ( World Wide Web Consortium ), les
normes de navigation et de perception : les bonnes pratiques, afin de faciliter et
influencer le parcours de l'utilisateur.
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CHAPITRE 3 : INTRODUCTIONAL'INFORMATIQUE:HISTORIQUE
Le mot informatique a été proposé par Philippe Dreyfus en 1962 ; c'est un mot-
valise, formé d'information et d'automatique. L'informatique c'est donc une
automatisation de l'information, plus exactement un traitement automatique de
l'information. L'information désigne ici tout ce qui peut être traité par l'ordinateur
(textes, nombres, images, sons, vidéos).
L'outil utilisé pour traiter l'information de manière automatique s'appelle un
ordinateur. Ce nom a été proposé par Jacques Perret (professeur de Latin à La
Sorbonne) en 1954. Ce mot était à l'origine un adjectif qui signifiait "qui met de
l'ordre", "qui arrange".
L'anglais, plus restrictif, utilise le terme de computer qui peut se traduire par
calculateur, machine à calculer.
L'informatique désigne donc un concept, une science, tandis que l'ordinateur est un
outil, une machine conçue pour réaliser des opérations informatiques.
Par nature paresseux, l'homme a toujours cherché à déléguer les tâches fastidieuse à
d'autres (hommes, animaux, machines). Il a agit de même pour simplifier et améliorer
sa façon de calculer, à la fois pour limiter ses erreurs et gagner du temps.
1500 av. J.C. (?) : Le Boulier. Il est toujours utilisé dans certains pays.
en 1641 : La Pascaline : machine à calculer mécanique de Blaise PASCAL
en 1806 : Métier à tisser à cartes perforées (Joseph-Marie JACQUARD)
en 1812 : le mathématicien anglais Charles BABBAGE (1792-1871) imagine
une machine capable d'effectuer toute une série d'opérations en séquence. Son projet
est celui d'un visionnaire, mais la machine ne sera jamais terminée.
en 1937 : le Mark I d'IBM permet de calculer 5 fois plus vite que l'homme. Il
est constitué de 3300 engrenages, 1400 commutateurs et 800 km de fil. Les
engrenages seront remplacés en 1947 par des composants électroniques.
en 1943 : Colossus I : Composé de 1 500 lampes et d'un lecteur de bandes
capable de lire 5000 caractères à la seconde, ce calculateur électronique anglais a été
conçu pour décoder des messages chiffrés.
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en 1946 : ENIAC : premier grand ordinateur universel. 30 tonnes. 18 000
tubes électroniques.
en 1947 : invention du transistor qui va permettre de rendre les ordinateurs
moins encombrants et moins coûteux.
en 1948 : UNIVAC (Universal Automatic Computer)
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Les neurones font office de transmetteurs. Comme les neurones humains, ils sont
capables d'établir des connexions entre eux. La stimulation électrique revient à leur
donner des ordres.
Les chercheurs américains partent du principe que les ordinateurs actuels, même les
plus puissants, ne seront jamais aussi intelligents qu'un cerveau vivant. Il faut donc
inventer des ordinateurs capables de penser par eux-mêmes et plus seulement
d'exécuter un programme écrit par l'homme.
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3. Standards de micro-ordinateurs
4. Systèmes d'exploitation
Définition
Exemples
MS DOS ( Microsoft Disk Operating System) pour PC
UNIX, LINUX
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Les premiers Systèmes d'Exploitation sur PC étaient peu conviviaux et fonctionnaient
en mode texte, à la différence du Mac OS qui avait adopté dès 84 une interface
graphique.
Les interfaces graphiques se sont généralisées sur PC à partir de 1990 (Windows 2, 3,
3.1, 95, 98 etc.) Microsoft détient un quasi-monopole des systèmes d'exploitation sur
PC.
En octobre 2001 a été proposé la dernière version appelée Windows XP
(eXPerience).
Mais il existe aussi un système d'exploitation concurrent pour PC, appelé Linux,
développé, à l’origine, par un étudiant finlandais : Linus Torvalds.
Un ordinateur est dit multimédia s'il peut traiter et stocker des textes, des sons, des
images fixes et des images vidéo.
La technologie des disques compacts (CD) permet de stocker une grande quantité
d'informations sur un support de petite taille.
Par ailleurs, compte tenu que le stockage des sons et des images dans l'ordinateur
nécessite une mémoire importante, le CD-ROM est devenu le support de stockage des
informations multimédias.
Un CD-ROM ne peut être que lu (Read Only Memory). Pour enregistrer sur un CD-
ROM, un matériel spécifique est nécessaire : le graveur de CD-ROM.
Actuellement se généralisent les lecteurs de DVD (Digital Versatile Disk) qui sont 7
fois plus capacitifs que les CD-ROM. Ils sont indispensables pour voir des films sur
un micro.
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INTERNET : Internet est défini comme étant le réseau des réseaux.
Les ordinateurs du monde entier sont connectés entre eux à l'aide de câbles, de lignes
téléphoniques et de satellites.
Des logiciels spécifiques permettent :
la communication entre ordinateurs
l'envoi de messages
la recherche d'informations
le transfert d'informations.
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CHAPITRE 4 : LA PROLIFERATION NUMERIQUE : RESSORTS ET
IMPACTS
- enfin, une multiplication des connexions à toutes les échelles et donc une
amplification dans la société des différents effets propres aux réseaux (voir encadré
1).
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4.1 La révolution immatérielle amplifiée par Internet
Ces facteurs interfèrent naturellement avec les autres tendances non technologiques
de lasociété3, selon des boucles récursives. Etranglons au passage l'accusation
récurrente en France, de verser dans le "déterminisme technologique" ou la
"fascination de la technique" dès que l'on souligne le rôle moteur des progrès
techniques. L'innovation est toujours le résultat des interactions entre ce qui est
techniquement possible et ce que souhaite ou accepte la société. Pour évaluer le
phénomène Internet, il faut donc le replacer dans le contexte de notre société. Celle-ci
est en train d'accomplir une mutation historique fondamentale, le lent passage à l'ère
de l'immatériel, bien plus important encore que l’arrivée de l’informatique
communicante. Internet ne fait qu’amplifier ce que nous avons baptisé de Révolution
de l'intelligence : en effet, les réseaux numériques facilitent et accélèrent la diffusion,
le partage, de tout ce qui est immatériel, information, connaissances, croyances,
émotions, passions. C'est bien là l’impact majeur d’Internet. Paradoxalement, parce
qu’il résout beaucoup de problèmes matériels, le progrès technique rend le premier
rôle aux facteurs humains, devant les facteurs financiers et techniques.
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Les propriétés du numérique
Rendements croissants
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La séparation fond forme bouleverse les industries de contenu
Autre nouveauté capitale, pour la première fois dans l’histoire de nos modes
d’expression, le contenu devient séparable de la forme: la restitution des entités
virtuelles que sont les documents numériques est désormais possible sous la forme
que l'on désire, indépendamment du mode de stockage. Cette séparation fond forme
est souvent mal comprise et passe aisément pour une argutie d'intellectuels. Il n'en est
rien, c'est ce qui va bouleverser toutes les industries vendant des contenus. La
duplication d'un document numérique autorise une appropriation entière, la copie
étant identique à l’originale et travaillable comme ce dernier. Le fabricant américain
d'équipements audio Harmon-Kardon a présenté en janvier 2001 un appareil qui
permet de télécharger de la musique sur Internet et de la stocker sur une puce
électronique pour l'écouter ensuite à bord de sa voiture. Les fichiers de musique
téléchargés peuvent aussi être retouchés, afin de supprimer par exemple un
instrument ou une voix qui déplaît. Il en va de même d'une image ou d'un texte : sous
forme analogique, ils ne sont pas modifiables sans dégradation définitive.
Numériques, ils peuvent être transformés à l'infini par leurs copieurs comme parleurs
auteurs. Cela induit de nouveaux modèles économiques encore balbutiants (voir
encadré 2, l'exemple du livre électronique).
L'autre impact majeur des réseaux numériques est d'accentuer une évolution
inéluctable vers la globalisation réticulaire des problèmes essentiels, évolution qui
dépasse ce qui est communément appelé la globalisation. Le monde va de plus en
plus fonctionner comme un système complexe d'acteurs et d'éléments dont les
interactions seront plus nombreuses, plus diverses, plus rapides, moins déterminées
par les distances et plus efficientes. Ceci n'est pas un jugement de valeur, l’annonce
d’un avenir radieux ou néfaste, c'est un constat. L'ensemble des techniques donnant à
l'homme une puissance croissante, les conséquences positives ou négatives de nos
actes ont des effets à portée accrue dans l'espace et le temps, comme la radioactivité
de Tchernobyl a permis de le vérifier, malgré la vigilance des douaniers français. Et
voilà qu'avec Internet, les communications et les coopérations deviennent toujours
plus faciles, moins coûteuses en temps, efforts et financements.
Le fait que les réseaux d'acteurs se multiplient avec des flux croissant en volume et
en vitesse crée une rupture qualitative. Il signifie que le modèle le plus pertinent pour
comprendre le fonctionnement du monde dans un peu tous les domaines devient celui
du système complexe formé d'éléments interagissant en réseaux. Or les réseaux ont
un certain nombre de caractéristiques. Elles ne sont en rien nouvelles mais elles
exerceront une emprise croissante sur la société et l'économie. La principale
caractéristique est propre à tous les systèmes complexes : ceux-ci font émerger des
propriétés qui n'ont rien à voir avec la somme de celles de leurs composants. Les
propriétés émergentes sont déterminées par les interactions entre ces composants
élémentaires. Un bâtiment en pierres sèches a des propriétés fort différentes de celles
d’un tas de pierres. L’édifice tient grâce la disposition particulière des pierres. Sans
cette organisation, le système bâtiment s'effondre. On voit que ce qui fait tenir le
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bâtiment est bien d'ordre immatériel: ce n'est pas la quantité de pierres qui est
déterminante, mais leur agencement. Cette parabole vaut pour le commerce
électronique: tout le défi pour créer de la valeur est bien de construire, en exploitant
notamment Internet, des réseaux d'acteurs en interactions positives.
L'une des propriétés réticulaires est baptisée un peu abusivement aux Etats-Unis
d'effet Metcalfe, du nom du créateur des réseaux Ethernet. Cet effet correspond à une
caractéristique bien connue des spécialistes des réseaux mais aussi des théoriciens de
la complexité qui parlent de catalyse positive. Le bon sens populaire préfère évoquer
l'effet boule de neige et il professe que l'argent va à l'argent! Carl Shapiro et Hal R.
Varian, de l’University of California de Berkeley en ont analysé, entre autres, les
conséquences. La notion de base est la suivante : le potentiel de relations dans un
réseau explose, car il répond à la formule : L = n (n-1) / 2 où n représente le nombre
de nœuds du réseau. Plus simplement, on sait bien qu'un réseau téléphonique où il n'y
a qu'un abonné ne vaut rien et qu'il permet d'autant plus d'interactions qu'il y a
d'abonnés… à condition qu'ils disposent d'un répertoire pour se retrouver. L'efficacité
d'un réseau croît de façon exponentielle avec sa taille dans la mesure où cette dernière
ne suscite pas une confusion croissante. D'où l'importance stratégique de tout ce qui
facilite la circulation dans un réseau, aides à la navigation, agents et moteurs de
recherche, standards ouverts…
Cela signifie aussi que lorsque plusieurs groupes d’acteurs en interactions coexistent
dans un même réseau, leurs influences respectives se classent non selon leurs effectifs
respectifs mais le carré de ceux-ci. Les réseaux favorisent donc l'établissement de
standards et, si ceux-ci sont privés et fermés, de prises de monopoles. On retrouve
une loi connue en commerce : l'acteur qui pénètre un marché au-delà d'un certain
seuil, souvent proche de 15% devient inexpugnable car sa position se renforce de plus
en plus. On sait que plus un livre circule, plus il se vend facilement car sa renommée
s’étend par le bouche à oreille. C'est le processus de construction des réputations et
des rumeurs, faciles à étouffer au début, impossibles à arrêter au delà d'un seuil. Cela
veut dire que nous entrons dans une société où l'opinion prendra une grande
puissance et où, elle risquera en même temps d'être manipulée plus que jamais par
des mensonges. C'est l'effet Othello cher à Olivier Géradon de Vera.
Plus positif, le marketing viral consiste à propager une image, un message en offrant
gratuitement accès à tout ou partie d'un livre, d'un programme, pour que joue le
bouche à oreille numérique, en encourageant les parrainages. Ainsi l'ancien directeur
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du marketing stratégique de Yahoo!, Seth Godin, a-t-il construit sa réputation et fait
monter très vite sa valeur marchande de consultant en incitant à télécharger
gratuitement par plus 400.000personnes en un mois son livre Unleashing The
Ideavirus14 expliquant justement le marketing viral !
Dans un réseau on peut par une mise à disposition gratuite amorcer l’intérêt du
marché pour des informations, des logiciels, des contenus numériques. Cela a conduit
à parler depuis quelques années d’économie de la gratuité. Bien des échecs,
notamment de fournisseurs d’accès gratuits à Internet, sont du à l’oubli d’une
contrainte banale : pour qu’un modèle économique soit viable il faut bien qu’en
définitive quelqu’un paye ! C’est pourquoi nous préférons parler d’économie de
l’amorçage ou de l’implication. En revanche, dans une communauté donnée, les
membres peuvent prendre l’habitude de mettre des ressources gratuitement à la
disposition des autres, sans contrepartie immédiate directe. Chacun rend service
autres parce qu’il pense qu’il recevra un semblable secours si un jour il en a besoin.
Ce modèle basé sur une confiance justifiée est viable si la majorité des acteurs joue le
jeu. Beaucoup de comportements de ce type s’observent dans la SiliconValley. La
chute du coût des transactions facilite ce modèle puisqu’il réduit le coût des « dons ».
Le développement des réseaux à haut débit et sans fil est une tendance de fonds. Il
conditionne bien des applications. L'augmentation du volume des communications
numériques va obliger les opérateurs à effectuer de sérieuses et de coûteuses mises à
niveau. Les solutions technologiques existent. Ce sont essentiellement le câble
optique des télécommunications ou, après modification, des téléopérateurs, ou encore
le fil de cuivre du bon vieux téléphone avec le procédé ADSL et en local, le circuit
électrique. Les liaisons radio hertziennes terrestres ou par satellite sont aussi des
compétiteurs. Tout marche. Mais il faut choisir et c'est une orientation pour le long
terme. Or les entreprises ne sont pas toujours prêtes à investir dans leurs
infrastructures. On a imaginé que la libéralisation des télécommunications résoudrait
le problème mais elle ne suffit pas, bien au contraire. Chaque opérateur a essayé
d'attirer à peu de frais la clientèle chez lui en laissant aux autres le coût de la mise à
niveau des infrastructures. En réalité très peu ont investi parce que les causes
d'engorgement ne sont pas de nature à inciter à faire des investissements rentables. Le
trafic est pour l'essentiel composé par du courrier électronique et de la consultation de
Web qui ne peuvent pas générer un chiffre d'affaires suffisant pour rentabiliser les
investissements nécessaires. Seules les applications professionnelles pourraient être
rentables mais ne motivent pas les entreprises. La rentabilité directe des applications
grand public reste difficile, il faut rechercher une rentabilité globale dans des
partenariats assurant une continuité entre le monde virtuel et le monde réel.
Gary Hamel explique fort bien que la probabilité pour que des idées complémentaires
se rencontrent dans une communauté est proportionnelle, toutes choses étant égales
par ailleurs, aux effectifs de cette dernière. La créativité et la création de valeur
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croissent donc avec la taille des réseaux de personnes interconnectées et
effectivement inter-communicantes. Il est clair que la structure réticulaire non
hiérarchisée possède donc une capacité supérieure à devancer les changements, les
exploiter par l’innovation et produire de la valeur. Les structures efficaces seront
donc des entreprises organisées en réseaux, éventuellement éclatées sur un grand
territoire, et maillées à d'autres réseaux de partenaires et de clients, dans le monde
entier. La notion de chaîne de création de valeur doit céder la place à celle de réseau
créateur de valeur.
Cependant on observe que dans la majorité des cas, les leçons de ce constat n'ont pas
encore été tirées. Les cultures ont leurs pesanteurs et un grand acteur de la
communication n’hésite pas à afficher de façon emblématique sur ses récentes
publicités les pyramides de Khéops et de Khephren…Les pouvoirs centraux cèdent
aisément à la tentation de renforcer leur contrôle sur la périphérie grâce aux réseaux
et à la puissance des outils numériques. Quatorze ans après François Dalle et Jean
Bounine17, répétons que la "taylorique", mariage contre raison du taylorisme et de
l'informatique, ne conduira qu'à des désastres! L'avenir de l'Europe tient largement à
la part de ses organisations (publiques et privées), administrations et entreprises, qui
persisteront dans cette voie d'autosatisfaction suicidaire.
Les prémices du réseau des réseaux datent de 1969, ce qui a permis aux sceptiques
d'ironiser sur le thème "rien de bien neuf!". Mais la portée du réseau des réseaux a
changé radicalement avec la création du Web, le World Wide Web ou W3, comme on
disait alors, conçu en 1989 au Cern de Genève par Tim Bernero-Lee. Celui-ci avait
imaginé d'étendre l'écriture hypertextuelle à des sites sur Internet : l'inscription de li
ens dans les documents enregistrés dans ces sites permet en un simple click de passer
de l'un à l'autre sans que compte la distance entre les ordinateurs "serveurs" les
abritant. Le Web a commencé à exister vers 1991 mais cette navigation dans la
connaissance du monde n'est devenue pratique qu'avec la diffusion de logiciels
adaptés, les browsers, littéralement "butineurs". La mise en ligne de Mosaic,
téléchargé gratuitement au rythme de 1000 par jour à partir de janvier 1993, marque
le vrai début d'Internet.
La loi empirique de Moore restera vérifiée jusqu'en 2010 et sans doute 2015: les
performances des composants électroniques continueront à doubler tous les mois à
prix et volumes égaux, elles auront centuplé en dix ans. Et si la tendance fléchit
ensuite, cela incitera à mieux exploiter au niveau des applications une puissance
encore largement gâchée.
Les conséquences concrètes de la Loi de Moore renforcées par les progrès des
logiciels, sont nombreuses :
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Des interactions riches et massives à la fois
L'exemple du livre est éclairant. Le même manuscrit numérisé peut être imprimé sur
papier par l'éditeur ou transmis par Internet ou encore expédié physiquement sous
forme de mémoire, disquette, CD-Rom ou autre. Celui qui reçoit le dossier
numérique peut le transmettre à d'autres, le consulter à l'écran ou l'imprimer. Il peut
restituer tout ou partie du document initial, à son gré, dans le format qu'il désire, avec
des ajouts de texte ou d'image ou bien des suppressions, des inversions. C'est le livre
sur mesure, en numérique ou sur papier imprimé.
Cela signifie que demain on composera "son" livre de poésies de la Renaissance
parlant d'un thème précis, avec l'appareil documentaire choisi. Ou l'album d'histoires
enfantines évoquant certains personnages adulés. Hewlett Packard vient de lancer une
gamme d'imprimantes laser capables d'imprimer directement, sans l'aide d'un PC, des
documents expédiés par Internet.
Imaginons ce qui pourra être une réalité banale dans peu de temps. Au lieu de
transmettre comme Amazon.com des commandes de livres déjà imprimés aux
éditeurs, de grands distributeurs téléchargeront les dossiers des livres commandés en
ligne et les feront imprimer automatiquement chez le libraire partenaire le plus
proche de l'acheteur. Le surcoût de l'impression à l'unité sera largement compensé par
la suppression des frais de livraison, de stockage et de retour des invendus. L'acheteur
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pourra également commander sur place l'impression minute de son livre, ou passer
son ordre depuis son siège de TGV et récupérer l'ouvrage en gare ou au wagon
restaurant salon de lecture! L'étape suivante verra l'impression à domicile des
ouvrages, en tout cas pour les œuvres à caractère documentaires ou équivalant aux
livres de poche.
En réalité, tout ceci n’est plus de la fiction, puisque les Messageries Benjamin
viennent d’annoncer l’ouverture d’un service de téléimpression au Québec. Dans une
série de magasins et d’hôtels, on peut faire imprimer en 3 minutes au format A3
recto-verso 60 quotidiens de pays. Il est aussi possible de faire imprimer les éditions
des deux semaines précédentes. On paye 4,25 dollars pour obtenir la dernière édition
d’un quotidien édité à l’autre bout du monde. Le téléchargement du dossier
numérique sur l’imprimante est effectué par
NewsPaperDirect qui a passé un accord l’an dernier avec Hewlett Packard et une
série de journaux. Demain les prix baisseront, les machines seront disponibles à
domicile et l’on pourra composer en fonction de ses centres d’intérêt son journal
personnel. Une autre possibilité déjà effective est le téléchargement chez le client du
dossier de l'ouvrage commandé et sa visualisation soit sur un ordinateur classique
avec l'aide d'un logiciel spécifique, soit sur une tablette électronique, écran intégrant
un ordinateur plat comme un livre et consultable où l'on veut, à table, dans son lit,
grâce à l'autonomie de la batterie et à des liaisons sans fil. Sur ces tablettes qui
progresseront en confort de lecture, on regardera, lira, annotera, modifiera à volonté
les documents. Sony propose déjà un dispositif de ce type pour regarder de la vidéo.
La tablette électronique, si elle tient ses promesses d'ergonomie, réunira télévision,
cinéma, musique, arts plastiques, textes sur un même écran mobile et autonome. Et
les mêmes documents pourront être exploités simultanément dans des conditions et
de façons complètement différentes par d'autres personnes. C'est bien la séparation de
fond, unique, de la forme, variable à l'infini. Il est bien clair que cela n'est pas
innocent : le choix de la forme influence naturellement le sens. La séparation fond
forme ne contredit pas, au contraire elle illustre, cette réalité de toujours.
L'apparition de terminaux adaptés aux millions de personnes qui n'ont pas envie
d'apprendre à se servir d'un PC va constituer une rupture majeure. Depuis quelques
années de nombreuses tentatives d'accéder à cet énorme marché potentiel ont échoué
faute de dépasser le point de vue du technicien et de repartir des attentes et rejets de
Madame et Monsieur Tout-le-monde.
36
On a ainsi essayé de mettre l'Internet sur la télévision (WebTV), de marier Internet et
le Minitel (Webphone), de greffer un téléphone portable sur un poste de travail...
Il y a sept ans nous annoncions que trois familles coexisteraient, dérivées des
habitudes d'usage du PC pour le travail, du téléphone pour la communication et de la
télévision pour les spectacles. Cette typologie demeure valable. Il n'y aura pas plus de
machine universelle Internet qu'il n'y a de robot unique dans les cuisines.
37
Tableau des effets antagonistes
Effets David, Effets Goliath
Expansion des connaissances
• Logique de changement
• Nécessité permanente d’innovation
• L’autarcie impossible
• Opportunité pour de nouveaux entrants, remise en cause des positions acquises
• Citoyens plus exigeants
• Partenariats nécessaires
• Opportunité pour des « gros mais agiles » dans les secteurs réclamant de lourds
investissements en recherche et développement
Loi de Moore : plus de puissance à moindre coût
• Changement rapide
• Réactivité vitale
• Banalisation et diffusion du traitement numérique des données
• Puissance des individus, équipes, PME, petites entités autonomes
• Avantage aux acteurs autonomes, réactifs, décisions14
• Objets et systèmes communicants, logiques réticulaires proches du terrain, plus
audacieuses et innovantes
Chute des coûts de communication et de transaction
• Interactions généralisées locales et mondiales
• Effets réseaux, monde système complexe
• Réduction de l’influence des distances spatiotemporelles
• Dispositifs portables, nomades, services n’importe où en juste à temps
• Avantage aux acteurs en réseau versus structures centralisées
• Collaborations et coopérations facilitées
• Avantages aux acteurs en partenariat
• Capacité de coalition des personnes, « consumérismes»
• Rumeurs
• Ubiquité
• Etablissement de standards
• Effet boule de neige favorable aux monopoles
• Décongestion des structures lourdes
• Manipulation par la désinformation
• Omniprésence des contrôles et offres
Pour ce faire, compte tenu des enjeux, des ressources publiques à mobiliser et du
processus de modernisation des entreprises et de l’administration, l’Etat du Sénégal
pourrait créer un Conseil National de l’Economie Numérique (CNEN) présidé par le
Premier Ministre ou à défaut par le Ministre en charge de l’Economie et un Comité
de Pilotage (CP) présidé par le Ministre en charge de l’Economie Numérique.
Concept très en vogue ces dernières années dans le monde et depuis quelques temps
au Sénégal, l’économie numérique anime aujourd’hui beaucoup de débats et de
discussions de salons dans notre pays. De la littérature abondante et parfois
controversée sur la définition de l’économie numérique, je retiens celle de Laurent
Cohen Tanugi1 qui définit l’économie numérique comme « la nouvelle économie de
l’information et de la communication, qui regroupe les télécommunications,
l’audiovisuel et les industries de l’information, tous secteurs qui sont recomposés
parle phénomène de la convergence numérique et par les normes IP ». De manière
très simple, l’économie numérique peut se définir par analogie à l’économie ordinaire
comme celle qui se déroule sur Internet. Sa naissance est consécutive à certaines
mutations sociales, technologiques, politiques. Ce texte, construit en trois parties,
tente dans un premier temps d’expliquer l’origine du concept. Ensuite, les enjeux
majeurs de l’économie numérique pour le Sénégal sont présentés. Enfin, en dernier
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lieu, compte tenu de notre écosystème, une forme de modalités d’élaboration et de
gouvernance de la stratégie et du plan d’action est proposée.
1. Genèse
Le concept « Economie numérique » est le résultat d’un long processus qui a débuté
dans les années 90. Ce concept a progressivement mué pendant presque trois (3)
décennies pour prendre l’aspect et la dimension qu’on lui connait actuellement. De
cette évolution, nous retenons trois grandes phases. En effet, connu sous le vocable
de « Nouvelle Economie » au début des années 90, le concept s’est dans un premier
temps transformé en « Economie de l’information et du savoir » pour donner
aujourd’hui sa vocation actuelle d’ « Economie numérique ». Il est, à mon avis,
important de passer en revue ces trois concepts pour mieux apprécier l’évolution dans
le temps du champ d’application et de son importance actuelle dans un monde
globalisé, tant ses impacts économiques, sociaux, culturels, environnementaux,
sociétaux, bref dans la vie tout court sont colossaux.
S’agissant de la « Nouvelle Economie », à vrai dire, ce terme apparu dans les années
90était intimement lié à l’informatique et ce que l’on a appelé pendant plusieurs
années la bulle Internet. En effet, le contexte de l’époque est marqué par le
développement fulgurant de plusieurs sociétés de services en informatique, appelées
SSII et de gigantesques perspectives pour ces entreprises dans un environnement
marqué par 1 Avocat français, auteur de l’ouvrage « Le Nouvel Ordre Numérique » -
Odile Jacob 1999 l’approche du « Bug de l’an 2000 ». Ces entreprises parviennent
quasiment en phase de démarrage, contre toute logique du management des
organisations, à s’introduire en bourse. Ce fût le début du phénomène des start up et
des stock-options. Cette période pendant laquelle le lancement d’une nouvelle
entreprise ne nécessite quasiment aucun apport en capital, d’importants moyens
financiers sont mis à la disposition des créanciers sans véritable contrôle ni
contrepartie correspond à la naissance du concept de « Nouvelle Economie ». Il est
évident qu’avec le recul, qu’il n ya eu point de nouvelle économie, au sens propre du
mot, la théorie économique n’ayant pas véritablement changé. Tout au plus, le
comportement de quelques agents économiques a changé (banquiers, sociétés de
bourse, investisseurs, employés, agences de notation, autorités de contrôle des
marchés financiers, etc.). La bulle finit par éclater, tant la spéculation avait fini par
gangréné le secteur de l’informatique et des télécommunications. Les conséquences
de l’éclatement de la bulle informatique portent principalement sur la faillite de
nombreuses entreprises à travers le monde, sous la forme d’un krach boursier, dont
les répercussions finiront, à l’époque, par toucher l’économie réelle.
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Concernant « l’Economie de l’information et du savoir », son origine remonte au
Sommet Mondial de la Société de l’Information (SMSI) qui s’est tenu en deux
phases, à Genève en 2003 et Tunis à 2005. Ce sommet, organisé par les Nations
Unies par le biais de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), a jeté les
bases d’une Economie de l’information et du savoir. En effet, déjà dans la déclaration
de principes de 2003, il est fait mention de la volonté des peuples du monde de
«développer une société de l’information dans laquelle chacun a la possibilité de
créer, d’obtenir, d’utiliser, et de partager l’information et le savoir et dans laquelle
les individus, les communautés et les peuples puissent ainsi mettre en œuvre toutes
leurs potentialités en favorisant leur développement durable et en améliorant leur
qualité de vie, conformément aux buts et aux principes de la charte des Nations
Unies ainsi qu’en respectant pleinement et en mettant en œuvre la Déclaration
universelle des droits de l’homme ».
C’est ainsi qu’à partir de 2003, et prenant appui sur le SMSI, toutes les nations, avec
toutefois des fortunes diverses, se sont lancées dans la course pour construire « leur
économie de l’information et du savoir ». Des investissements colossaux et des plans
d’actions nationaux cohérents avec les objectifs déclinés dans « l’Agenda de Tunis » -
la feuille de route issue lors de la deuxième phase du SMSI - ont permis à de
nombreux pays, en particulier ceux du nord, de l’Asie, du Maghreb, de l’Afrique
anglophone de réaliser de grandes avancées.
2 SMSI – Genève 2003 – Déclaration de principes – Construire la société de
l’information : un défi mondial pour le nouveau millénaire 4.
En relation avec les actions menées, le bon comportement du secteur des
Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), même pendant la crise
financière et économique mondiale après 2008, a permis d’élargir de nouveau le
concept pour donner ce qu’il convient d’appeler aujourd’hui «l’Economie
numérique».
En vérité, l’économie numérique est une expression qui couvre des réalités très
différentes selon les auteurs, d’autant que cette dénomination a évolué au cours des
années. Loin de se limiter, de manière très réductrice au seul secteur des TIC, le
concept prend en compte l’ensemble des secteurs d’activités qui s’appuient sur les
TIC, producteurs comme utilisateurs avec des objectifs qui peuvent être beaucoup
plus larges que le seul but d’accroître leur productivité. (Cf. graphiques sur les
acteurs de l’économie numérique)
Il ne fait plus guère de doute, aujourd’hui, que nos économies et nos sociétés ne
peuvent plus se passer de ces technologies. La « numérisation » traduit l’irruption des
TIC dans le processus non seulement de production mais également de
consommation, avec une offre de plus en plus large de biens numériques, voire
d’univers numériques, qui ont modifié le quotidien d’une très grande partie des
habitants de la planète, par exemple à travers la téléphonie mobile, les jeux en ligne
ou désormais les réseaux sociaux. Ces évolutions sont lourdes de conséquences pour
de multiples raisons. D’une part, produire des biens et services à partir de ces
technologies comme produire des biens numériques s’opère dans des conditions
relativement différentes (production à coûts fixes importants, fortes externalités, etc.)
qui rendent délicats les traditionnels équilibres de marché et nécessitent une
régulation spécifique des marchés. D’autre part, cette mutation conduit à s’interroger
sur la nécessaire transformation de certaines façons de voir, notamment en ce qui
concerne la propriété, l’innovation, la matérialité ou la dématérialité des biens, la
productivité ou la compétitivité, ainsi que la nature du développement économique.
La numérisation de la société transforme, et les processus de production et, les
produits offerts dans nos économies.
Ces considérations générales et communes à tous les pays du monde étant rappelées,
nous proposons de nous pencher sur ce qui, à notre sens, constituent les véritables
enjeux de l’économie numérique au Sénégal. De manière globale, il s’agit de profiter
des TIC pour moderniser l’administration et les entreprises et offrir aux citoyens une
nouvelle forme de société et de leur permettre de profiter pleinement des opportunités
offertes par le numérique. En clair, il s’agit de moderniser en profondeur le système
productif sénégalais et le mode de vie des sénégalais. Cela renferme principalement
trois objectifs fondamentaux :
Pour cela, au-delà des zones très denses et des zones denses où les opérateurs peuvent
déployer la fibre, le déploiement du très haut débit passera nécessairement par des
investissements publics en fibre ou sur des technologies alternatives. Oui, il faudra
des investissements publics. Beaucoup d’investissements publics, car toute stratégie
de développement des infrastructures exclusivement basée sur des fonds privés
provenant des opérateurs sera vouée à l’échec. Ces investissements, publics combinés
à ceux des privés et autres bailleurs, dans l’économie numérique démultiplient les
gains de productivité et accroissent la compétitivité de l’ensemble des autres secteurs
de l’économie.
Dans le domaine démocratique, tout le monde a pu constater l’apport des TIC avec la
mise en ligne du fichier électoral. L’innovation fût de taille, le progrès démocratique
ainsi obtenu se passe de commentaire.
En matière d’environnement, l’utilisation des TIC peut produire des effets importants
pour un pays comme le Sénégal. Les concepts de croissance verte et de
développement durable doivent être pris en compte dans la stratégie pour l’économie
numérique en intégrant la production d’énergies renouvelables et l’élaboration
d’outils adaptés à la résolution, par exemple, du problème des déchets d’équipements
électriques et électroniques.
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3. Modalités de mise en œuvre et de gouvernance de l’économie numérique au
Sénégal
C’est ainsi que, compte tenu des enjeux décrits ci-dessus, des connexions nécessaires
entre le département ministériel de l’économie et les autres secteurs d’activité, des
ressources financières à mobiliser pour garantir le succès de la stratégie et sa mise en
œuvre, une gouvernance d’ensemble au plus haut niveau gouvernemental devra être
mise en place.
• Le CP, lui « fixe le cap et évalue ». Ce serait une instance présidée par le Ministre
en charge de l’économie numérique. Il a pour rôle de proposer au CNEN les grandes
orientations d’une stratégie nationale de développement de l’économie numérique, de
coordonner les plans d’actions à mettre en œuvre, d’élaborer les rapports de suivi et
d’évaluation à soumettre à l’approbation au CNEN sur l’état d’avancement des plans
d’actions et sur le niveau atteint par le Sénégal dans sa marche vers l’économie
numérique.
Ousmane NDIAYE
ndiaye_ous@hotmail.com
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