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1-1350
Hypercalcémie
Encyclopédie Pratique de Médecine
D Joly
L a découverte d’une hypercalcémie est une situation devenue fréquente avec la généralisation de ce dosage
lors des bilans biologiques. Un individu sur 2 000 est concerné tous les ans.
© Elsevier, Paris.
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Introduction Tableau I. – Hormones régulant la calcémie.
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Rappel physiologique Erreur de dosage :
Erreur de prélèvement :
faire un second prélèvement
orthostatisme, période post prandiale et garrot veineux majorent artificielle-
ment la calcémie
Le calcium est le principal élément minéral de Erreur d’interprétation : tenir compte de l’albuminémie ou (à défaut) de la protidémie
l’organisme. Le calcium plasmatique total n’en
Calcémie totale corrigée (en mmol /L)
représente qu’une infime partie (1/1000 e ), = calcémie observée ± (40 - albuminémie) × 0,015.
schématiquement sous trois formes principales : lié à = calcémie observée / (0,55 + [protidémie: 160])
l’albumine (40 %), lié à certains anions (5 %), et libre
ionisé (55 %, biologiquement seul actif). * protidémie et albuminémie exprimées en g/L.
La calcémie totale est maintenue entre 2,2 et
souvent, on parle d’hypercalcémie lorsque la calcémie
2,6 mmol/L. Les « entrées » sont alimentaires
totale dépasse 2,6 mmol/L. Ce taux doit être interprété Tableau III. – Crise aiguë hypercalcémique.
(absorption digestive), osseuses (résorption), et
en fonction de l’albuminémie et du pH. En cas de
rénales (réabsorption tubulaire), tandis que les — Troubles de vigilance avec agitation, délire, et
variation importante de ces facteurs, le dosage de la parfois convulsions
« sorties » sont urinaires et fécales. L’équilibre
calcémie ionisée peut être utilisé : les valeurs normales — Douleurs abdominales pseudochirurgicales,
calcémique dépend principalement de l’action de
sont comprises entre 1,15 et 1,35 mmol/L. La validité iléus, vomissements
trois hormones : calcitonine, hormone parathyroï-
du résultat suppose l’élimination de trois causes — Fièvre, tachycardie, déshydratation globale,
dienne (PTH) et vitamine D (tableau I). voire collapsus ou choc
d’erreurs : erreur de dosage, erreur de prélèvement,
— Insuffısance rénale aiguë
erreur d’interprétation (tableau II).
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Le calcul de la calcémie corrigée (tableau II) Devant l’un ou plusieurs de ces items, une calcé-
Diagnostic mie doit être demandée en urgence et le patient
permet de tenir compte des variations de la hospitalisé en réanimation.
protidémie ou de l’albuminémie, sans avoir recours
© Elsevier, Paris
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— théophylline une hyperplasie (8 %).
Démarche diagnostique — lait et alcalins (syndrome de Burnett)
— anti-œstrogènes ‚ Deuxième étape : éviter quelques pièges
Sarcoïdose et autres granulomatoses (tuberculose,
Les causes d’hypercalcémie sont nombreuses et histoplasmose, berryliose, coccidioïdomycose) Attention aux hypercalcémies iatrogènes
variées (tableau V). En pratique, trois d’entre elles Endocrinopathies : La consommation d’une dose excessive de
rendent compte de 90 % des cas : les néoplasies, le vitamine D (per os ou en collyres) est hypercalcé-
— hyperthyroïdie
myélome multiple, et l’hyperparathyroïdie — insuffısance surrénalienne miante. Le taux circulant de 25 (OH) D3 est élevé.
primitive. — phéochromocytome Malgré l’arrêt de l’intoxication, l’hypercalcémie peut
La cause d’une hypercalcémie peut être — acromégalie persister plusieurs semaines. La calcémie doit être
approchée de façon simple dans la majorité des cas. Causes rares : régulièrement surveillée au cours d’un tel traitement.
L’histoire clinique, l’examen physique, et quelques — immobilisation Le syndrome des buveurs de lait et alcalins n’a
tests biologiques de première intention (tableau VI) — maladie de Paget pas disparu [1] : décrit à l’époque où les ulcères
permettent de préciser cette cause dans 99 % des — hypercalcémie familiale gastroduodénaux se traitaient par ingestion massive
cas. — hypercalciurique de lait, ce syndrome peut se rencontrer actuellement
Ces explorations peuvent être conduites en chez des patients consommant de fortes doses de
ambulatoire si l’hypercalcémie est modérée et symptomatique, permettant d’assurer simulta- carbonate de calcium, et est éventuellement favorisé
asymptomatique. L’hospitalisation est nécessaire nément prise en charge thérapeutique et par la prise concomitante d’un diurétique thiazidique
devant toute hypercalcémie sévère et/ou investigations diagnostiques. ou l’existence d’une insuffisance rénale. Les
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outre évoquer une « hypercalcémie hypocalciurique réservent aux hypercalcémies d’origine néoplasique,
familiale bénigne », pour laquelle aucun traitement Traitement [2, 3]
et les utilisent volontiers par la suite si un traitement
n’est usuellement nécessaire à l’âge adulte. Le seul d’entretien est nécessaire. Dans ce cas, l’Arédiat est
risque réel est une hypercalcémie néonatale sévère. administré sous forme d’une perfusion mensuelle
‚ Traitement étiologique tandis que le Clastobant (voire le Didronelt),
‚ Troisième étape : examens parfois utiles, La suppression de la cause de l’hypercalcémie est disponibles sous forme orale, peuvent être utilisés
de prescription spécialisée quotidiennement.
bien entendu le traitement le plus efficace : chirurgie
Dans certains cas, malgré les recherches d’une hyperparathyroïdie primitive, chirurgie et/ou
Mithramycine
précédentes la cause de l’hypercalcémie reste radiochimiothérapie d’une néoplasie, corticothérapie
imprécise. D’autres examens peuvent être effectués en cas de sarcoïdose... Cet agent antibiotique et antimitotique
à titre diagnostique mais en seconde intention et en Bien souvent la cause de l’hypercalcémie n’est (administré par voie veineuse) inhibe la
milieu spécialisé. pas connue au moment où le diagnostic biologique différenciation ostéoblastique et bloque la résorption
est porté. Ceci ne doit pas retarder le mise en place osseuse. Son utilisation est exceptionnelle de nos
Dosage de la PTH rp (related peptide) d’un traitement symptomatique adapté à la gravité jours, du fait de ses effets indésirables comparati-
La synthèse de ce peptide rend compte de la de l’hypercalcémie et/ou des symptômes. vement aux bisphosphonates.
majorité des hypercalcémies humorales
néoplasiques. La PTH rp freine la sécrétion de PTH, ‚ Traitement symptomatique ‚ Diminuer l’absorption digestive
du calcium
mais mime la plupart de ses actions cellulaires. Le
dosage est effectué chez le patient hypercalcémique Réhydratation Une corticothérapie orale (prednisone 0,5 à
dans deux circonstances principales : en présence Il s’agit de l’étape première et incontournable du 1 mg/kg/j) peut être utilement prescrite et est
d’une tumeur solide, surtout lorsqu’il n’y a pas de traitement. Les hypercalcémies modérées (< particulièrement efficace dans les hypercalcémies où
métastases osseuses ostéolytiques ; en l’absence de 3 mmol/L) et asymptomatiques relèvent de boissons la résorption digestive est le principal mécanisme
diagnostic étiologique évident, lorsque la PTH est abondantes avec apports sodés. Les hypercalcémies physiopathologique impliqué : granulomatoses,
basse. Outre son rôle diagnostique, la découverte plus importantes, en règle symptomatiques, intoxications vitaminiques, buveurs de lait et
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1 Arbre diagnostique.
‚ Indications thérapeutiques EER : épuration ectrarénale.
Voir la figure 1.
Toute référence à cet article doit porter la mention : D Joly. Hypercalcémie. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Encyclopédie Pratique de Médecine, 1-1350, 1998, 4 p
Références
[1] Beall DP, Scofield RH. Milk-alkali syndrome associated with calcium carbon- [4] Consensus Development Conference Panel. NIH Conference.. Diagnosis and
ate consumption. Report of 7 patients with parathyroid hormone levels and an management of asymptomatic primary hyperparathyroidism. Consensus Develop-
estimate of prevalence among patients hospitalized with hypercalcemia. Medicine ment Conference Statement. Ann Intern Med 1991 ; 114 : 593-604
(Baltimore) 1995 ; 74 : 89-96
[5] Rosol TJ, Capen CC. Mechanisms of cancer-induced hypercalcemia. Lab
[2] Bilezikian JP. Management of hypercalcemia. J Clin Endocrinol Metab 1993 ; Invest 1992 ; 67 : 680-702
77 : 1445-1448
[3] Bilezikian JP. Management of acute hypercalcemia. N Engl J Med 1992 ; 326 :
1196-1203