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ENVIRONNEMENT
Chargé de Cours
Objectifs généraux
L’objectif de ce cours est d’approfondi les apprenants dans le domaine du contrôle et du management
de la qualité/hygiène et l’environnement, avec notamment de solides connaissances des aspects
réglementaires (en tenant compte de la certification forestière et autres), de la sécurité et la santé et de
la démarche qualité dans les métiers de pépiniéristes, prospecteurs, vérificateurs des travaux forestiers,
sylviculteurs, cartographe forestiers et technicien du bois.
Objectifs d’apprentissage
Approche pédagogique
Cette formation, proposée sur les modes magistraux, répond à la demande formulée par les
professionnels de ces activités professionnelles. Les cours magistraux (CM) sont donnés à raison de 3 à
7 heures par semaine.
Contenu de la formation
Evaluation
En ce qui concerne l’évaluation, les apprenants auront contrôle continue (30%) et un (01) examen de
fin de formation à une date clairement définit (avec une pondération de 70%).
2
Introduction
La foresterie continue d'être un des secteurs industriels les plus dangereux qui soient dans la
plupart des pays. Dans le monde entier, on observe des tendances souvent décourageantes
de taux d'accidents en hausse et une proportion élevée de maladies professionnelles et de
retraites anticipées parmi les travailleurs forestiers. Il est cependant clairement attesté que la
sécurité et la santé dans les travaux forestiers sont des objectifs réalisables. De nombreux
mandants de l'OIT reconnaissent que la sécurité au travail n'est pas seulement un impératif
éthique, mais aussi un impératif économique. En foresterie, elle est également une condition
préalable à une gestion rationnelle de l'environnement et à l'utilisation des ressources
naturelles. Il est significatif que les gouvernements, les entreprises et les organisations
d'employeurs et de travailleurs soient disposés à mener une action dans ce domaine.
La santé et la sécurité au travail ne sont pas des concepts nouveaux. Au fil du temps, les
entreprises ont souvent conduit des actions visant à maîtriser les accidents du travail et les
maladies professionnelles. Ces actions sont aujourd’hui renforcées par la mise en œuvre d’une
culture de sécurité que les travailleurs acquièrent jour après jour, et grâce à l’adoption de
nouvelles lois et normes réglementaires d’application.
La législation en place fait en sorte que toutes les entités en rapport avec la santé et la
sécurité au travail agissent de façon cohérente et harmonieuse ; elle fait prendre conscience à
l’employeur de son devoir légal quant à la protection du travailleur, et au travailleur de la
responsabilité qui est la sienne de faire attention et de se protéger afin de rester en bonne
santé.
L’entreprise doit savoir quelles mesures prendre afin d’améliorer les postes de travail, les
conditions et l’environnement professionnels de façon à assurer la meilleure santé possible au
travailleur. Le travailleur doit savoir quel comportement adopter et que faire afin de préserver
sa santé et sa sécurité.
L’objectif de ce cours est de contribuer à la protection des travailleurs contre les dangers
représentés par les travaux forestiers, et de contribuer à la suppression ou la réduction du
taux de maladies professionnelles ou de blessures pour des motifs professionnels.
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CHAPITRE 1. GENERALITES SUR LA SECURITE, SANTE ET
L’ENVIRONNEMENT
1.1. Concept de l’hygiène et la sécurité en foresterie
Selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT), l’hygiène du travail est définie comme
« la science de prévoir, d’identifier, d’évaluer et de maîtriser les facteurs et les contraintes
propres au travail ou qui sont susceptibles d’entrainer la maladie, l’altération de la santé et du
bien-être des travailleurs, tout en tenant compte des impacts éventuels sur la communauté
avoisinante et sur l’environnement général ».
La sécurité signifie l’absence des accidents ou du risque inacceptable. L’accident est une
manifestation du risque est susceptible d’engendrer des dommages sur des personnes, des
installations et/ou de l’environnement. C’est de cela que nous nous intéressons dans ce cours.
Ce cours a pour objectif de mettre en preuve des mesures de prévention et de protection de
la santé des salariés et des populations, de la préservation des installations et de
l’environnement.
Les forêts peuvent exister à l’état naturel, être aménagées ou être entièrement
plantées par l’humain. Les produits forestiers dont il sera question ci-après ne se limitent pas
au bois, mais on s’intéressera surtout à ce dernier en raison de son importance dans le
contexte de la sécurité et de la santé.
Dans le secteur de la foresterie industrielle, les effectifs restent largement dominés par les
hommes. La proportion de femmes dépasse rarement 10%. Toutefois, certaines activités sont
surtout assurées par des femmes, comme la plantation et la culture des jeunes arbre s ou
l’entretien des semis dans les pépinières. Dans les pays en développement, les travaux de
subsistance incombent en majorité aux femmes, car ce sont elles qui sont habituellement
chargées du ramassage du bois de chauffage.
La plus grande part du travail forestier, quelle que soit sa vocation, est liée à la récolte des
produits du bois. Même dans les forêts et les plantations d’origine humaine, où la sylviculture
joue un rôle important, la récolte représente plus de la moitié des journées de travail par
hectare.
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1.3. Les problèmes de sécurité et de santé
Dans plusieurs pays, le travail forestier est perçu comme étant malpropre, difficile et
dangereux. Toute une série de facteurs naturels, techniques et organisationnels sont à
l’origine de cette image. Le travail forestier s’effectue nécessairement à l’e xtérieur. Les
travailleurs sont donc exposés à des conditions climatiques extrêmes: chaleur, froid, pluie et
rayons ultraviolets. Ils doivent souvent travailler même par mauvais temps et, de plus en plus,
pendant la nuit lorsque l’exploitation est mécanisée. Ils sont aussi exposés à des dangers
naturels divers: terrain accidenté, boue, végétation dense, agents biologiques, etc.
En outre, le lieu de travail est généralement éloigné des zones habitées et les communications
sont mauvaises, ce qui rend difficiles les opérations de sauvetage et d’évacuation. Dans
beaucoup de pays, il est encore fréquent que les travailleurs vivent dans des camps où ils sont
longtemps coupés de leur famille et de leurs amis.
La nature du travail ajoute à ces difficultés — des arbres peuvent tomber inopinément, les
travailleurs utilisent des outils dangereux et doivent souvent fournir un effort physique
intense. D’autres facteurs comme l’organisation du travail, les formes d’emploi et la formation
contribuent fortement à augmenter ou au contraire à réduire les risques associés au travail
forestier. Dans la plupart des pays, le résultat net de tous ces facteurs est un environnement
caractérisé par des risques d’accident élevés et de graves problèmes de santé.
Dans plusieurs pays, le travail forestier est l’un des métiers les plus dangereux, entraînant
d’importantes pertes humaines et financières. Aux Etats-Unis par exemple, les assurances
contre les accidents représentent, en coût, jusqu’à 40% de la masse salariale, une situation
qui est très difficile à encadrer au niveau du Cameroun du à plusieurs situations incohérentes.
Un examen plus approfondi montre que la coupe du bois est beaucoup plus dangereuse que
les autres opérations forestières (Bureau International du Travail (BIT), 1991). L’abattage des
arbres et le façonnage sont les tâches qui provoquent le plus d’accidents, notamment des
accidents graves ou mortels. Dans certains pays, comme ceux du pourtour méditerranéen, la
lutte contre les incendies est aussi une cause importante d’accidents mortels (Rodero, 1987).
Le transport routier peut aussi être la cause d’une part importante des accidents graves, en
particulier dans les pays tropicaux.
Ces nouvelles pathologies viennent s’ajouter aux maux dont souffrent habituellement les
opérateurs de scies à chaîne, à savoir les traumatismes du dos et les pertes d’audition. Les
douleurs dorsales dues à l’intensité de l’effort physique et à de mauvaises postures sont très
fréquentes chez ces travailleurs ainsi que chez ceux qui manipulent les billes de bois. En
conséquence, on enregistre souvent chez les travailleurs forestiers une diminution prématurée
de la capacité de travail et des départs à la retraite anticipés. Le symptôme du «doigt mort»,
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trouble naguère très répandu chez les opérateurs de scies à chaîne à cause des vibrations du
matériel, a en grande partie disparu aujourd’hui grâce à une meilleure conception des scies.
Les facteurs physiques, chimiques et biologiques à l’origine des problèmes de santé liés au
travail forestier sont examinés dans les chapitres suivants.
Ce sont les éléments, agents ou facteurs qui ont une influence significative sur la création de
risques pour la sécurité et la santé des travailleurs. Sont compris dans cette définition :
1.6.3. Travailleur : Toute personne effectuant un travail rémunéré pour le compte d’autrui ;
sont aussi visés ici les travailleurs/ses indépendants ou travaillant à leur compte, et les
employés des institutions publiques. On emploie tout au long de ce manuel le terme de
« travailleurs » celui-ci englobant à la fois les hommes et les femmes qui travaillent.
1.6.4. Santé au travail : C’est la branche de la santé publique dont le but est d’encourager et
de maintenir le plus haut degré de bien-être physique, mental et social des travailleurs,
dans tous les métiers. Elle vise en outre à prévenir toute atteinte à la santé en raison
des conditions de travail et des facteurs de risque, et à adapter le travail au travailleur
en fonction de ses aptitudes et capacités.
1.6.5. Risques professionnels : C’est la probabilité selon laquelle l’exposition à un facteur
environnemental dangereux, au travail, peut causer une maladie ou une lésion.
1.6.6. Accident du travail : Il s’agit de tout fait soudain survenu en raison ou à l’occasion du
travail, causant au travailleur une lésion organique, un trouble fonctionnel, une
invalidité ou la mort. La notion s’applique également quand l’accident se produit durant
l’exécution d’ordres donnés par l’employeur ou de certaines tâches accomplies sous
son autorité, y compris en dehors du lieu et des heures de travail. La législation de
chaque pays peut préciser s’il y a accident de travail quand celui-ci se produit durant le
trajet de l’employé de son domicile au lieu de travail, et vice versa.
1.6.7. Maladie professionnel : c’est la maladie contractée du fait d’une exposition à des
facteurs de risque inhérents à l’activité professionnelle.
1.6.8. Sécurité sociale : La sécurité sociale, aussi dénommée assurance ou prévision sociale,
se rapporte essentiellement au domaine du bien-être social relatif à la protection
sociale ou à la couverture des besoins socialement reconnus, tels que la santé, la
vieillesse ou les handicaps (OIT).
1.6.9. Equipements de protection individuelle (EPI) : Ce sont les éléments (vêtements,
chaussures, lunettes, les gants etc.) devant être utilisé de façon adéquate par le
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travailleur afin de le préserver des risques qui peuvent menacer sa sécurité ou sa santé
au travail.
1.6.10. Normes : Ce sont les normes de caractère technique en vigueur au Cameroun ayant
pour but de satisfaire les nécessités locales et de faciliter le commerce national et
international.
1.6.11. Panneaux de sécurité : C’est l’ensemble des panneaux et signaux et autres effets
visuels qui servent d’indicateurs ou de rappels des normes, pour que la personne
agisse comme il convient face à un risque, se dote des protections nécessaires, etc.
1.6.12. Comité santé et de sécurité au travail : C’est un organe paritaire composé d’une part
de représentants de l’employeur et d’autre part des trav ailleurs, doté des attributions
prévues par la législation nationale, et devant être consulté régulièrement sur divers
thèmes intéressant le domaine de la santé, de la sécurité et de la prévention des
risques dans les entreprises.
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CHAPITRE 2. REGLEMENTATION EN MATIERE DE SANTE ET DE SECURITE
AU TRAVAIL
Dans un secteur qui présente beaucoup de risques, comme la foresterie, il est fondamental
d’adopter des règles de sécurité appropriées et spécifiques si l’on veut réduire la fréquence
des accidents et des problèmes de santé. Il est malheureusement beaucoup plus difficile en
foresterie que dans beaucoup d’autres disciplines d’élaborer de telles règles et de les faire
respecter. Souvent, les lois sur la sécurité professionnelle et les réglementations générale s en
vigueur ne s’appliquent pas spécifiquement à la foresterie. En outre, comme elles sont
conçues à l’origine pour le travail en usine, il est souvent difficile de les appliquer à des
métiers pratiqués en plein air, dans des conditions extrêmement variables.
Cette partie de notre cours décrit des principes généraux de la sécurité en matière des forêts,
de la réglementation de la sécurité en générale au Cameroun et se termine avec des
spécificités et exemples dans le secteur forestier.
En général, les lois sur la sécurité se contentent de poser quelques principes fondamentaux,
se résumant ainsi:
Etant donné que la législation est évolutive, il arrive souvent que des lois relatives à d’autres
domaines et branches d’activité contiennent des dispositions également applicables à la
sécurité des travailleurs forestiers.
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Le cadre juridique de la santé de la sécurité au travail est établi dans : Titre VI et les articles
95 à 103 du code du travail et l’arrêté N° 039 /MTPS /IMT du 26 novembre 1984 fixant les
mesures générales de santé et de sécurité sur les lieux de travail. Les règles de santé et de
sécurité au travail sont mises au point dans l’intention d’assurer une protection efficace de la
santé des travailleurs.
Le Code du travail stipule que les conditions de santé et de sécurité sur le lieu du travail sont
définies par arrêté du ministère chargé du Travail, pris après avis de la Commission nationale
de santé et de sécurité au travail.
Sur le plan de la sante, le code de travail (Article 98) stipule le suivant : « Que toute
entreprise ou tout établissement de quelque nature que ce soit, public ou privé, laïc ou
religieux, civil ou militaire, y compris ceux rattachés à l’exercice de professions libérales et
ceux dépendant d’associations ou de syndicats professionnels, doit organiser un service
médical et sanitaire au profit de ses travailleurs ».
a. Mission
- Étudier les problèmes concernant les conditions de travail, l’emploi, l’orientation et
la formation professionnelles, le placement, les mouvements de main-d’œuvre, les
migrations, l’amélioration de la condition matérielle des travailleurs, la prévoyance
sociale, les syndicats professionnels.
- Émettre des avis et de formuler des propositions sur la législation et la
réglementation à intervenir dans les matières où cet avis est prévu par la pré sente
loi.
b. Composition
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2.2.2. La Commission Nationale de Santé et de Sécurité au Travail
a. Mission
b. Composition
Il s’agit d’un établissement public doté d’un statut juridique et d’autonomie financière. Il est
placé sous la tutelle du ministère du travail et de la sécurité sociale et est responsable de la
mise en place des politiques gouvernementales en matière d’assurance sociale. La Caisse
Nationale de Prévoyance Sociale accorde les prestations suivantes :
2.3.2. Composition
Présidé par l’employeur ou son représentant, ses membres, parmi lesquels des représentant
du personnel, un médecin du travail, un contrôleur santé et sécurité attaché à la Caisse
Nationale de Prévoyance Sociale, l’inspecteur du travail local et/ou toute personne dûment
qualifiée en raison de l’ordre du jour du Comité pourra participer aux réunions. Il se réunit au
moins une fois par trimestre et aussi souvent que le besoin s’en fait ressentir, sur requête des
deux tiers de ses membres. Son secrétariat est assuré par un travailleur choisi parmi les
représentants du personnel qui créent l’ordre du jour en collaboration avec le président et
rédige les minutes de toutes les réunions.
2.3.3. Rôles
- S’assurer de la correcte et régulière application des mesures d’hygiène et de sécurité
- S’assure de l’application des prescriptions juridiques et règlementaires.
- Mettre en application les mesures de sécurité relatives aux machines et appareils sujets à
contrôles périodiques ainsi que leur maintenance et l’usage d’équipement protecteur.
- De procéder aux enquêtes en cas d’accidents de travail graves et de maladies
professionnelles en vue d’en déterminer les causes et de proposer des mesures propres à y
remédier.
- D’établir et d’exécuter un programme d’hygiène et de sécurité en rapport avec les activités
de l’entreprise.
- De formuler toutes suggestions à l’employer susceptibles d’améliorer les conditions de
travail.
- De diffuser auprès de tous les acteurs de l’entreprise les informations relatives à la
protection de leur santé et au développement de leur bien-être.
- De susciter, d’entretenir et de développer l’esprit de sécurité parmi les travailleurs, au
moyen de formations et de mise à jour des connaissances régulières.
Le comité se réunit :
- Au moins une fois par trimestre : l’inspecteur du travail doit être informé du jour et de
l’heure de la réunion pour pouvoir éventuellement y assister ;
- A la suite de chaque accident ou maladie professionnelle graves ;
- Sur demande motivée de deux de ses membres. Des minutes seront rédigées pour chaque
séance.
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- Il se réunit autant que de besoin et au moins une fois par trimestre sous la présidence de
l’employeur.
- L’Inspecteur du Travail et de la Prévoyance Sociale, le Médecin Inspecteur du Travail et les
contrôleurs d’hygiène et de sécurité de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale ou leurs
représentants ou toute autre personne qualifiée en raison de l’ordre du jour peuvent à tout
moment participer aux travaux de ce comité.
- L’employeur doit veiller à ce que les membres du comité d’hygiène et de sécurité reçoivent
une formation adéquate par tous les moyens possibles tels que séminaires, conférences,
stages.
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CHAPITRE 3 : ORGANISATION DE LA SECURITE ET RISQUES LIES AUX
ACTIVITES FORESTIERES.
Planter des arbres est l’opération qui consiste à mettre en terre des jeunes plants ou
des arbustes. Habituellement, le but est de reboiser une surface après exploitation, de
boiser pour la première fois une parcelle pour en changer l’exploitation ou pour lutter contre
l’érosion en terrain en pente, par exemple. Une opération de plantation peut être exécutée par
des exploitants privés au service des propriétaires fonciers, par des services forestiers d’Etat,
par des services des collectivités territoriales décentralisées, par des organismes non
gouvernementaux ou des coopératives.
Les travailleurs participant à cette opération sont, outre les planteurs, le personnel assurant le
transport et l’entretien des plants, le personnel auxiliaire et de logistique (gestion, cuisine,
conduite et entretien des véhicules, etc.) et les contrôleurs de la qualité.
Il existe plusieurs techniques pour produire des plants ou de jeunes arbres, et les conditions
dans lesquelles s’effectue la plantation varient en conséquence. Sur terrain plat, on peut
utiliser des machines. Le rôle du travailleur se limite alors à approvisionner la machine à la
main ou simplement à contrôler la qualité du travail.
La plantation d’arbres est saisonnière, car elle dépend des précipitations et de la température.
Dans la majorité des régions, elle s’étend sur une période de 30 à 90 jours. Bien que l’on
puisse, à première vue, la considérer comme une activité secondaire, il s’agit en fait d’une
opération d’importance stratégique à long terme, sur les plans tant de l’environnement que
des recettes générées dans les régions où la foresterie est une activité économique majeure.
Une étude approfondie des lieux est indispensable pour pouvoir fixer des objectifs réalisables.
Un examen superficiel risque de ne pas révéler les difficultés dues au terrain, qui ralentiront
par la suite la plantation et rendront le travail des planteurs plus difficile. Il existe plusieurs
méthodes pour planter de grandes superficies.
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L’équipement de base d’un planteur se compose d’une bêche ou d’un plantoir (tube en métal
légèrement conique fixé à l’extrémité d’un manche, qui sert à faire dans le sol des trous ayant
à peu près la dimension des plants), de deux ou trois plateaux pour transporter les plants fixés
sur un harnais, et d’une tenue de protection (bottes à embout renforcé, gants, etc.). Lorsqu’il
s’agit de plants à racines nues, on utilise à la place du harnais un seau qui contient
suffisamment d’eau pour recouvrir les racines, que l’on porte à la main. Divers types de houes
sont aussi couramment employés pour les plants à racines nues. Certains outils sont fabriqués
par des entreprises spécialisées, mais beaucoup d’autres, de production locale ou destinés en
fait au jardinage et à l’agriculture, présentent des défauts de conception, tels qu’un poids
excessif ou une longueur inadéquate.
Le cycle de plantation se définit comme la suite d’opérations à exécuter pour mettre un plant
en terre. L’état des lieux — pente, nature du sol, couverture végétale — influe sensiblement
sur la productivité. On peut diviser le cycle comme suit:
Très peu d’études sur la sécurité et la santé des planteurs d’arbres ont été effectuées dans le
monde. Bien qu’il s’agisse d’une tâche en apparence bucolique, la plantation d’arbres, à
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l’échelle industrielle, peut être une activité pénible et dangereuse. D’après une étude de Smith
(1987) sur cette question peu connue en Colombie-Britannique, 90% des 65 personnes
interrogées ont déclaré avoir été victimes pendant leur vie de planteur d’au moins une
maladie, une blessure ou un accident d’origine professionnelle. Dans le cadre d’une étude
analogue menée par l’Institut de recherche en santé et sécurité du travail (IRSST) du Québec
(1993), 24 planteurs sur 48 ont déclaré avoir subi une blessure liée à leur travail au cours de
leur vie professionnelle.
Bien qu’elles soient rares et qu’elles portent seulement sur un petit nombre de travailleurs, les
quelques enquêtes relatives aux indicateurs physiologiques de la fatigue (rythme cardiaque,
paramètres hématologiques, niveau d’activité des enzymes sériques) amènent à conclure que
la plantation d’arbres est un travail éprouvant pour le système cardio-vasculaire et le système
musculo-squelettique. Robinson et Trites (1990) décrivent le syndrome d’épuisement des
planteurs comme un état résultant d’une déficience hématologique et caractérisé par des
symptômes de léthargie, de défaillance et d’étourdissements comparables au syndrome
d’épuisement surrénalien des sportifs.
Facteurs organisationnels . Les longues journées de travail, les trajets entre le logement
et le lieu de travail et la rigueur des contrôles de la qualité, ajoutés à la pratique de la
rémunération à la pièce (très répandue dans les entreprises de plantation), peuvent mettre en
danger l’équilibre physiologique et psychologique de l’individu et causer une fatigue et un
stress chroniques. L’adoption de bonnes méthodes de travail et de courtes pauses à intervalles
réguliers améliorent le rendement quotidien et limitent les risques d’épuisement.
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Une bonne préparation du terrain, qui doit être exempt de buissons et d’obstacles gênants,
permet d’accélérer la plantation et de réduire les accidents. Les déchets devraient être
déposés en tas et non en andains pour faciliter les mouvements des planteurs sur les lieux.
Les outils devraient avoir un manche droit et être de couleur bien visible afin d’éviter les
accidents. Les chaussures et les bottes devraient être suffisamment robustes pour protéger les
pieds du contact répété avec l’outil et des chocs lors du tassement du sol; des tailles
appropriées pour les hommes et les femmes devraient être disponibles et les semelles
devraient être antidérapantes pour la marche sur les pierres ou les souches humides. Les
gants sont utiles pour protéger contre les ampoules, les coupures et les meurtrissures causées
par le piquage des plants; ils facilitent aussi la manipulation des plans de conifères ou
d’épineux.
Camp et travail en plein air. Dans beaucoup de pays, les planteurs doivent souvent
vivre dans un camp. Le travail en plein air nécessite une protection contre le rayonnement
solaire (lunettes, chapeau, écran solaire) et contre les morsures et piqûres d’insectes.
L’exposition à la chaleur peut aussi être une cause de contrainte thermique et les mesures de
protection devraient inclure la modification des horaires travail-repos et la disponibilité de
boissons pour éviter la déshydratation.
Il est important de disposer sur les lieux de matériel de premiers soins et de personnel ayant
reçu une formation en secourisme, sachant traiter les urgences telles que coups de chaleur et
réactions d’hypersensibilisation causées par le venin de guêpe ou de serpent. Avant de les
envoyer dans des régions isolées, on devrait vérifier si les planteurs sont vaccinés contre le
tétanos et s’ils sont sujets à des allergies. Il est indispensable d’établir un système de
communication d’urgence, des procédures d’évacuation et un signal de rassemblement (en cas
d’incendie de forêt, de tempête ou d’orage soudain, ou de présence d’animaux dangereux).
Les flexions et extensions extrêmes des poignets qui surviennent, par exemple, lors de la
saisie des plants sur le plateau, et les chocs qui sont transmis aux mains et aux bras lorsque le
plantoir heurte une pierre enfouie dans le sol peuvent être la source de problèmes
biomécaniques au niveau des membres supérieurs. Le poids total transporté, la fréquence des
mouvements de levage, le caractère répétitif et physique du travail et, surtout, les efforts
musculaires intensifs à fournir pour faire pénétrer le plantoir dans la terre ajoutent à la fat igue
musculaire des membres supérieurs.
Certaines affections lombaires peuvent résulter des flexions répétées du dos. La manipulation
des plateaux de plants (qui pèsent entre 3 et 4 kg chacun lorsqu’ils sont pleins) au moment du
déchargement des camions de livraison est aussi un facteur de risque. Le transport d’une
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charge avec un harnais favorise aussi l’apparition de douleurs dorsales, surtout si le poids
n’est pas convenablement réparti sur les épaules et autour de la taille.
L’effort musculaire imposé aux membres inférieurs est évidemment intense. Le fait de marcher
plusieurs kilomètres par jour en transportant une charge sur un terrain inégal, parfois en
montée, est souvent pénible. De plus, le travail oblige à fléchir fréquemment les genoux, et
les pieds sont constamment en mouvement. Avant de faire un trou, la plupart des planteurs se
servent de leurs pieds pour pousser de côté les débris qui se trouvent à terre. Ils se servent
aussi de leurs pieds pour peser sur l’outil afin qu’il entre mieux dans le sol et pour tasser celui-
ci autour du plant fraîchement mis en terre.
La prévention des problèmes du système musculo-squelettique passe par une diminution des
efforts en ce qui concerne le poids de la charge, la fréquence des transports et la distance à
parcourir, ainsi que par une optimisation des postures de travail, laquelle implique l’utilisation
de méthodes et d’outils de travail appropriés.
Les outils munis d’un manche long et droit sont préférables car, lorsqu’ils heurtent une pierre
enterrée, la main glisse sur la poignée au lieu de subir le choc. Une poignée lisse et conique
offre une prise optimale pour une forte proportion d’individus. L’Institut canadien de génie
forestier (Forest Engineering Research Institute) recommande l’emploi d’outils régla bles
absorbant les chocs, mais signale qu’aucun n’était en usage au moment de son enquête de
1988 (Stjernberg, 1988).
Il faut aussi apprendre aux planteurs à adopter de meilleures postures. Pour limiter
l’apparition de problèmes du système musculo-squelettique, par exemple, ils pourront utiliser
le poids du corps pour enfoncer le plantoir au lieu de recourir à l’effort musculaire; ils éviteront
de faire travailler leur dos en torsion ou leurs bras en extension complète, ou de planter face à
la pente et se serviront du plantoir comme appui lorsqu’ils devront se pencher. Tant que les
planteurs débutants ne sont pas suffisamment entraînés, ils ne devraient pas être rémunérés
à la pièce.
La récolte du bois désigne l’ensemble des opérations d’abattage et de façonnage des bois
dans une forêt ou une plantation, conformément aux exigences de l’utilisateur, puis leur
livraison à un consommateur. Autrement dit, il s’agit de couper des arbres, de les débiter en
billes, de les débarder et de les transporter sur une longue distance jusqu’à un consommateur
ou une usine de transformation. Les expressions exploitation forestière et coupe ou récolte du
bois sont souvent synonymes.
Il existe de nombreuses méthodes de récolte du bois, mais elles comportent toutes une même
suite d’opérations:
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le débardage: consiste à évacuer les troncs ou les billes jusqu’à un dépôt situé à
proximité d’une route forestière, où ils sont triés, empilés et souvent entreposés à titre
temporaire, avant d’être transportés vers un lieu éloigné;
le tronçonnage/découpage: consiste à découper le tronc à la longueur demandée par
l’utilisateur final;
le cubage: consiste à déterminer la quantité de bois produite, habituellement en
fonction du volume (mais aussi selon le poids pour le petit bois; le pesage est la règle
pour le bois à pâte et s’effectue à l’usine de transformation);
le tri, l’empilage et l’entreposage temporaire: les billes de bois sont généralement de
dimensions et de qualité variables; c’est pourquoi on les classe en différentes
catégories selon qu’on peut les utiliser comme bois à pâte, bois de sciage, etc., avant
de les empiler pour en faire un chargement complet, qui correspond normalement à la
capacité d’un camion; le lieu où s’effectuent ces opérations, en plus du cubage et du
chargement, est appelé premier dépôt;
le chargement: consiste à déposer les billes sur l’engin de transport, généralement un
camion (grumier), et à fixer le chargement.
Ces opérations ne se déroulent pas obligatoirement dans l’ordre ci-dessus. Selon le type de
forêt, le produit recherché et la technologie disponible, il peut être plus avantageux
d’accomplir une opération soit plus en amont (c’est-à-dire plus près du lieu de coupe), soit
plus en aval (c’est-à-dire au premier dépôt ou même à l’usine de transformation). On
distingue habituellement les méthodes de récolte selon que l’exploitation se fait:
par arbres entiers: les arbres sont transportés jusqu’à la route, au premier dépôt ou à
l’usine de transformation avec leur cime et leurs branches;
par bois courts: l’écimage, l’ébranchage et le tronçonnage se font sur le parterre de
coupe (les billes ne mesurent généralement pas plus de 4 à 6 m);
par fûts entiers: la cime et les branches sont retirées avant le débardage.
Pour le bois industriel, la récolte se fait le plus souvent par fûts entiers. L’exploitation par bois
courts est la norme dans le nord de l’Europe, mais c’est aussi un mode d’exploitation très
courant pour le bois de construction de petite taille et le bois de chauffage dans beaucoup
d’autres régions du monde. Sa place est appelée à se développer. La récolte d’arbres entiers
est la méthode la moins courante en ce qui concerne le bois industriel, n’étant pratiquée que
dans un nombre limité de pays (Canada, Fédération de Russie et Etats -Unis).
Il est également intéressant de savoir si les opérations sont, dans une grande mesure,
indépendantes les unes des autres sur le plan de l’espace et du temps ou si elles sont
étroitement liées et interdépendantes. C’est cette deuxième situation qui prévaut en général
dans les systèmes d’exploitation en continu, où les étapes de la chaîne de collecte sont
synchronisées. Tout incident survenant entre l’abattage et le transport perturbe ainsi la chaîne
au complet. Un tel système d’exploitation en flux tendu doit être géré rationnellement pour ne
pas être une cause de stress et de fatigue excessifs pour le personnel.
Le stade auquel intervient la récolte dans le cycle de vie d’une forêt et le mode d’exploitation
influent à la fois sur les techniques mises en œuvre et sur les risques en résultant. L’abattage
des arbres a pour but soit d’opérer des éclaircies, soit de pratiquer une coupe définitive.
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L’éclaircie consiste à supprimer des éléments, en général indésirables, de jeunes peuplements
forestiers pour faciliter la croissance et améliorer la qualité des arbres restants . Il s’agit le plus
souvent d’une opération sélective, c’est-à-dire que l’enlèvement des arbres ne laisse pas de
grands vides. La répartition spatiale qui en résulte se compare à celle que l’on obtient après
une coupe d’exploitation sélective, à cela près que les arbres prélevés à ce dernier stade ont
atteint leur maturité et sont souvent imposants. Mais, là aussi, seuls quelques arbres sont
abattus et la futaie demeure bien fournie. Par conséquent, dans un cas comme dans l’autre, il
peut se poser des problèmes d’orientation sur le terrain parce que les arbres restants et la
végétation obstruent la vue. En outre, il est parfois très difficile de faire tomber des arbres
dont le branchage a tendance à s’accrocher dans celui des sujets voisins. Les chutes de dé bris
du haut de la cime sont alors très fréquentes. L’éclaircie et la coupe sélective se prêtent mal à
la mécanisation. Compte tenu de ces difficultés, ces opérations exigent une grande
préparation et beaucoup d’habileté pour être accomplies sans danger.
En matière de récolte finale, l’autre solution consiste à éliminer tous les arbres d’une parcelle;
c’est ce que l’on appelle une «coupe à blanc». Une coupe à blanc peut se faire sur de petites
superficies, de 1 à 5 hectares, ou sur un très grand territoire couvrant plusieurs kilomètres
carrés. Les grandes coupes à blanc sont très critiquées dans de nombreux pays à cause de
leur incidence sur l’environnement et le paysage. Quelle que soit la pratique suivie, la coupe
d’une forêt ancienne et d’une forêt naturelle présente en général plus de risques que la coupe
d’une futaie jeune ou d’une plantation forestière parce que les arbres sont hauts et tombent
avec une grande force d’inertie. Leurs branches peuvent s’enchevêtrer avec celles d’autres
arbres et avec des plantes grimpantes, et entraîner les branches d’arbres voisins dans leur
chute. En outre, les arbres sont souvent morts ou pourris de l’intérieur, ce qui n’apparaît
parfois que dans les derniers moments de l’abattage, et leur comportement est alors
imprévisible. Les arbres pourris peuvent se casser et tomber dans une direction inattendue. A
la différence des arbres verts, les individus morts et desséchés tombent rapidement.
Dans le domaine de l’exploitation forestière, les progrès technologiques ont été très rapides
pendant la deuxième moitié du XX e siècle, et la productivité moyenne a fortement augmenté.
Il existe aujourd’hui beaucoup de techniques différentes qui cohabitent parfois au sein d’un
même pays.
Certaines méthodes de récolte sont beaucoup plus avancées que d’autres, mais aucune
n’apparaît véritablement supérieure. Le choix dépend habituellement du bois commandé par le
client, de l’état de la forêt et du terrain, de considérations environnementales et du coût —
facteur souvent décisif. Par ailleurs, certaines techniques ne sont applicables qu’à des arbres
de petite ou de moyenne taille et situés sur un terrain relativement plat, c’est-à-dire qui ne
comporte aucune pente de plus de 15-20°.
Le coût et l’efficacité d’une méthode de récolte peuvent être extrêmement variables, selon
qu’elle est plus ou moins adaptée aux conditions du site et, tout aussi important, selon les
qualifications du personnel et le mode d’organisation des opérations. L’emploi d’outils à main
et le débardage manuel des grumes, par exemple, se justifient parfaitement sur le plan
économique et social dans des pays caractérisés par un chômage élevé, une main-d’œuvre
bon marché et des équipements très coûteux, ainsi que pour les petites exploitations. Une
mécanisation complète peut permettre d’obtenir une production quotidienne très importante,
mais elle exige d’énormes dépenses d’investissement. Dans des conditions favorables, les
19
machines modernes de récolte peuvent produire plus de 200 m 3 de bois par journée de huit
heures. Par comparaison, un opérateur de scie à chaîne ne produira probablement pas plus de
10% de ce volume. Pour ce qui est de l’investissement, il faut compter environ 500 000 dollars
EU pour une abatteuse-tronçonneuse ou un gros téléphérique forestier, contre 1 000 à 2 000
pour une scie à chaîne et 200 pour une bonne scie à débiter.
La première tâche consiste à abattre l’arbre, c’est-à-dire à le couper le plus près possible du
sol. Le bas de la tige constitue en général la partie la plus intéressante parce qu’elle fournit un
important volume de bois dépourvu de nœuds et d’une texture lisse. Il faut donc que le fût ne
soit pas fendu et que l’entaille soit précise pour éviter la torsion des fibres. Il est important de
bien diriger la chute, non seulement pour protéger l’arbre et ce qui l’entoure, mais aussi pour
protéger les travailleurs et faciliter le débusquage. Quand l’abattage se fait à la main, on
pratique une série de coupes particulières dans un ordre déterminé.
La méthode classique d’abattage à la scie à chaîne est illustrée à la figure 1. Après avoir
déterminé le sens de la chute (1) et dégagé la base de l’arbre et les voies d’évacuation, on
commence par pratiquer une entaille (2) sur une profondeur d’environ un cinquième ou un
quart du diamètre de l’arbre et selon un angle d’environ 45°. Le trait oblique (3) est pratiqué
avant le trait horizontal (4) qui doit rencontrer le premier sur une ligne droite faisant un angle
de 90° par rapport au sens de la chute. Si la chute risque de provoquer des éclats, comme il
est fréquent avec les bois tendres, il convient de terminer l’entaille par de petits coups de scie
(5) des deux côtés de l’axe (6). La coupe arrière (7), elle aussi horizontale, doit être pratiquée
entre 2,5 et 5 cm plus haut que la base de l’entaille de direction. Si le diamètre de l’arbre est
inférieur à la longueur du guide-chaîne, la coupe arrière peut être effectuée en un seul
mouvement (8). Sinon, on doit donner plusieurs coups de scie (9). C’est cette méthode que
l’on utilise habituellement pour les arbres ayant un diamètre de plus de 15 cm à la base. On
procède autrement si l’arbre a des branches d’un seul côté, s’il penche ou si son diamètre fait
plus de deux fois la longueur de la lame de la scie. Pour des instructions plus détaillées, voir
FAO/BIT (1980). Il existe beaucoup d’autres guides pratiques concernant l’utilisation des scies
à chaîne.
20
Par les méthodes classiques, les travailleurs expérimentés peuvent abattre un arbre avec une
très grande précision. Les arbres dont les branches sont symétriques ou qui penchent
légèrement dans un sens autre que celui souhaité pour la chute peuvent rester debout ou
tomber à côté de l’endroit prévu. Dans ce cas, il est nécessaire d’utiliser des outils, par
exemple des leviers pour les petits arbres ou des coins enfoncés à la masse pour les gros, afin
de déplacer dans le sens désiré le centre de gravité naturel de l’arbre.
21
l’affaire pour l’ébranchage. Si possible, on abat l’arbre en travers d’un tronc qui se trouve déjà
au sol. Ce tronc sert ainsi de plan de travail naturel, qui permet de placer l’arbre à une
hauteur commode et de l’ébrancher sans avoir à le retourner. Une fois coupées, les branches
et la tête sont laissées sur place. Dans le cas d’un grand arbre feuillu, il peut être nécessaire
de découper en morceaux la cime ou de la tirer à l’écart pour éviter qu’elle ne gêne le
débusquage de la tige jusqu’à la route ou jusqu’au premier dépôt.
L’étape de l’ébranchage présente les dangers ci-après: coupures dues à la manipulation des
outils ou des scies à chaîne, risque élevé de rebond de la scie à chaîne ( figure 2),
mouvements imprévus des branches encore sous tension, troncs qui roulent, faux pas et
chutes, postures inadéquates et tension musculaire si l’on emploie une mauvaise technique de
travail. Figure 2. Recul de la scie à chaîne
b) Le débardage
Le débardage consiste à transporter les grumes ou les billes jusqu’au premier dépôt ou jusqu’à
la route, où elles sont converties ou empilées par taille. C’est une opération qui peut être
extrêmement pénible et dangereuse. Elle a aussi des effets nuisibles sur la forêt et sa
régénération, sur les sols et les cours d’eau. Les systèmes de débardage les plus courants sont
les suivants:
par traînage: les grumes ou les billes sont halées sur le sol par des machines, des
animaux de trait ou des humains;
par débusqueuse: les grumes ou les billes sont transportées à l’aide d’une machine
(également par des humains dans le cas du bois de chauffage);
par câbles: les billes sont transportées du parterre de coupe jusqu’au premier dépôt
par un ou plusieurs câbles suspendus;
par voie aérienne: le transport des billes s’effectue par hélicoptère ou par ballon
(aérostats).
Le traînage, qui est de loin la méthode la plus employée pour le bois industriel et pour le bois
de chauffage, s’effectue habituellement avec des débardeuses à roues spécialement conçues
pour la foresterie. Il peut être économiquement intéressant d’utiliser pour cela des tracteurs à
chenilles et, plus spécialement, des tracteurs agricoles dans les forêts privées ou pour
débusquer dans une plantation les arbres qui ne sont pas très grands, mais des adaptations
sont nécessaires pour assurer la production du conducteur et de la machine.
La débusqueuse à grappin se positionne devant les grumes, en vrac ou déjà empilées, lève la
charge par le devant et la traîne jusqu’au premier dépôt. Les débusqueuses à treuils peuvent
opérer depuis la voie de débardage. Les chargements sont habituellement assemblés à l’aide
de colliers à boucle, de sangles, de chaînes ou de câbles fixés aux billes. Une personne
prépare les billes qui sont ensuite accrochées au câble principal par des colliers à boucle, puis
hissées sur la débusqueuse par des treuils mécaniques. La plupart des débusqueuses
possèdent une arche sur laquelle on peut appuyer l’avant du chargement pour limiter le
frottement au sol pendant le traînage. Quand la débusqueuse travaille au treuil, il est capital
que les membres de l’équipe puissent bien communiquer au moyen d’émetteurs-récepteurs ou
par signaux optiques ou acoustiques. Il importe de s’entendre sur une signalisation claire; tout
signal qui n’est pas compris doit être assimilé à un signal «arrêt». La figure 3 donne des
exemples de signaux à bras, normalisés pour le travail avec des débusqueuses équipées de
treuils à moteur.
22
Figure 3. Signaux à bras internationalement recommandés à l'intention des
opérateurs de débusqueuses équipées de treuils à moteur
En règle générale, les débusqueuses ne doivent pas être utilisées sur des pentes supérieures à
15°. Les tracteurs à chenilles peuvent certes débusquer de grands arbres sur des terrains en
forte pente, mais ils peuvent sérieusement endommager les sols si on les utilise sans
précautions. Pour des raisons écologiques et de sécurité, toute opération de débusquage doit
être interrompue lorsque le temps est particulièrement humide.
Les débardeuses sont des machines qui permettent de soulever entièrement du sol un
chargement de billes et de le déposer soit sur la plate-forme dont elles sont équipées, soit sur
une remorque. Elles comportent habituellement une grue mécanique ou hydraulique pour le
chargement ou le déchargement du bois. On les utilise en général avec des machines
d’abattage et de conversion. Leur rayon d’action est de deux à quatre fois supérieur à celui
des débusqueuses et elles sont particulièrement performantes lorsque les billes ont à peu près
la même longueur.
Les accidents liés à l’utilisation de débardeuses sont dans l’ensemble semblables à ceux liés à
l’utilisation de tracteurs et autres engins forestiers: retournement, pénétration et chute
d’objets, contact avec des lignes électriques ou problèmes d’entretien. Les risques sanitaires
tiennent, quant à eux, à l’exposition aux vibrations, au bruit et aux huiles hydrauliques.
Pour le transport de billes courtes, le travail humain est encore assez courant dans certains
secteurs industriels (bois à pâte, étais de mine, etc.) et il demeure la règle pour la récolte du
bois de chauffage. Les charges transportées dépassent fréquemment toutes les limites
recommandées, notamment pour les femmes à qui incombe souvent la corvée de bois. Afin de
réduire les risques physiques pour les porteurs, il faudrait enseigner à ceux -ci les techniques
permettant d’éviter les efforts dangereux pour leur colonne vertébrale et leur apprendre à
utiliser des accessoires tels que des harnais de portage pour mieux répartir la charge.
Les systèmes de débardage par câble-grue sont fondamentalement différents des autres
systèmes en ce sens que la machine elle-même ne se déplace pas. Les billes sont transportées
sur un chariot qui glisse le long de câbles suspendus. Les câbles sont mus par un treuil. La
machine est installée soit sur l’aire du premier dépôt, soit à l’autre extrémité des câbles,
souvent sur une butte. Les câbles sont tendus entre deux «mâts» qui peuvent être des arbres
ou des pylônes en acier. Il existe de nombreux systèmes de transport par câbles. Les câbles
porteurs, ou blondins, comprennent un chariot qui va et vient le long de la ligne centrale; le
câble porteur peut être détendu pour permettre le tirage latéral des billes de bois jusqu’au
23
point où elles sont levées pour être acheminées jusqu’au premier dépôt. Si le système est
conçu pour que la charge soit totalement suspendue pendant le transport, les dommages
causés au sol sont minimes. Comme la machine est fixe, le débardage par câbles peut se faire
sur forte pente et en terrain humide. Il s’agit toutefois d’un système beaucoup plus coûteux
que le traînage et qui requiert en outre une planification soigneuse et un personnel qualifié.
Les systèmes de débardage par voie aérienne permettent de maintenir les billes ou les
grumes suspendues en l’air d’un bout à l’autre de l’opération. Les deux moyens actuellement
utilisés en théorie sont le ballon (aérostat) et l’hélicoptère, mais seul ce dernier l’est
réellement. On trouve sur le marché des hélicoptères pouvant lever jusqu’à 11 tonnes. Le
chargement est transporté sous l’hélicoptère au bout d’une élingue de 30 à 100 mètres de
longueur, selon la topographie et la hauteur des arbres à survoler.
Pour que ce mode de transport soit rentable, il faut que la production soit élevée, ce qui
suppose un effectif bien plus important qu’avec d’autres systèmes, tant sur l’aire du premier
dépôt que sur le lieu d’abattage. En outre, l’utilisation d’un hélicoptère peut poser de graves
problèmes de sécurité et notamment causer des accidents mortels si l’on ne prend pas les
précautions qui s’imposent et si les équipes sont mal préparées.
Quand il a lieu sur l’aire du premier dépôt, le débitage est principalement effectué à la scie à
chaîne. Il peut aussi être exécuté par une machine qui coupe le tronc à la bonne longueur
après l’avoir ébranché et écimé. Le cubage s’effectue en général à la main au moyen d’un
mètre à ruban. Pour trier et empiler les billes, on se sert actuellement d’une machine,
débusqueuse ou grue forestière, qui permet de les déplacer et de les lever avec sa lame ou
son grappin. Des travailleurs aident souvent à l’opération avec des outils à main, tels que des
leviers. Le chargement du bois de chauffage ou de billes peu volumineuses sur les camions se
fait habituellement à la main ou à l’aide d’un petit treuil. La manutention manuelle de grandes
billes est une opération très pénible et dangereuse; de façon générale, on préfère utiliser une
grue à grappin ou à flèche articulée. Dans certains pays, les camions grumiers sont équipés
d’un dispositif de chargement. Le bois est retenu sur le camion par des ranchers et des câbles
solidement tendus.
Le chargement manuel du bois implique un effort physique intense. Que le travail soit manuel
ou mécanisé, il existe un risque pour les travailleurs d’être heurtés par des billes ou des
machines en mouvement. Le chargement mécanisé présente, quant à lui, les risques
spécifiques ci-après: bruit, poussières, vibrations, effort mental soutenu, manœuvres
répétées, retournement d’engins, pénétration ou chute d’objets, contact avec des huiles
hydrauliques.
24
appropriés. S’agissant de l’assortiment de bois, on distingue principalement les arbres entiers
avec leurs branches, les troncs entiers ébranchés, les billes longues (de 10 à 16 m), les billes
courtes (de 2 à 6 m), les copeaux et les bûchettes. De nombreuses scieries peuvent traiter
différents assortiments de bois; quelques-unes n’acceptent qu’un type particulier, par exemple
les billes courtes livrées par la route. Le transport peut être effectué par camion, train ou
bateau, par flottage ou, selon le parcours et la distance, par une combinaison de ces moyens.
Le transport par camion, cependant, est le plus répandu.
Dans bien des cas, le transport du bois, notamment par la route, est une phase intégrante de
l’opération de récolte, de sorte que tout problème survenant à ce niveau risque de bloquer le
processus tout entier. Les contraintes de temps peuvent alors être invoquées pour justifier des
dépassements d’horaires et des compromis en ce qui concerne les règles d’exploitation, qui
sont susceptibles de mettre en péril la sécurité des travailleurs.
Quand les circonstances le permettent, le bois peut être chargé directement à bord des
camions sur le lieu d’abattage, ce qui permet d’économiser l’étape du débardage en forêt.
Quand les distances sont courtes, on peut se servir d’engins forestiers (par exemple, un
tracteur agricole muni d’une remorque ou d’une semi-remorque) pour transporter le bois
directement jusqu’à la scierie. Habituellement, toutefois, le bois est d’abord acheminé jusqu’au
chantier de façonnage avant d’être transporté sur de longues distances.
Dans les pays en développement et dans les exploitations peu mécanisées, le chargement
s’effectue souvent à la main. Les pièces de petite taille sont levées, tandis que les grosses
sont roulées à l’aide de rampes (figure 5). On peut employer pour ces opérations des outils
manuels simples tels que crochets, leviers, sapis, et poulies, ou bien des animaux de trait.
Dans la plupart des cas, cependant, l’opération est mécanisée et s’effectue avec une
chargeuse à flèche pivotante, à flèche articulée ou frontale. Les chargeuses à flèches peuvent
être montées sur un châssis à roues ou à chenilles, ou sur un camion; elles sont
25
habituellement munies de grappins. Les chargeuses frontales comportent généralement une
fourche ou un grappin et elles sont montées sur un châssis à chenilles ou sur un tracteur
articulé à quatre roues motrices. Lorsque l’opération est semi-mécanisée, les billes peuvent
être levées ou roulées jusqu’à la rampe de chargement au moyen de câbles par différents
types de tracteurs et de treuils (voir figure 6). Dans ce cas, il faut des travailleurs au sol pour
attacher et détacher les câbles, guider la charge, etc., à l’aide de crochets, de leviers et
d’autres outils manuels. Lorsque le bois est transformé en copeaux, la déchiqueteuse charge
en général les copeaux directement sur le camion, la remorque ou la semi-remorque par
soufflage.
Le premier dépôt (parc à bois) est un endroit encombré et bruyant où beaucoup d’opérations
se déroulent en même temps. Selon le système de récolte employé, ces opérations
comprennent le chargement et le déchargement, l’ébranchage, l’écorçage, le tronçonnage,
l’empilage, le tri, l’entreposage et le déchiquetage. Souvent, plusieurs grosses machines se
déplacent et fonctionnent simultanément tandis que le débitage avec des scies à chaîne se
poursuit à proximité. Pendant et après les périodes de pluie, de neige et de gel, les billes de
bois peuvent être extrêmement glissantes et le sol, très boueux, est propice aux chutes. Le
chantier est parfois jonché de débris et il peut devenir très poussiéreux par temps sec. Les
piles de bois atteignent plusieurs mètres de hauteur et leur stabilité n’est pas toujours
garantie. Pour toutes ces raisons, le premier dépôt est l’un des lieux de travail les plus
dangereux de l’exploitation forestière.
3.3.3. Le transport
3.3.3.1.Le transport routier
Le transport du bois par la route est effectué au moyen de véhicules dont la taille dépend des
dimensions du bois, des conditions routières, des règles de circulation et des moyens
disponibles pour acheter ou louer l’équipement. Dans les pays tropicaux, on emploie souvent
des camions à deux ou trois essieux ayant une charge utile de 5 ou 6 tonnes.
En Amérique du Nord et sous les tropiques, le transport ferroviaire, comme le transport par
voie d’eau, cède du terrain à la route. Cependant, il reste très courant dans des pays tels que
le Canada, la Chine, la Finlande, et la Russie, où l’on trouve un bon réseau ferré qui comporte
des points de débarquement intermédiaires adéquats. Pour certaines opérations de grande
envergure, il arrive que l’on utilise des voies ferrées temporaires à faible écartement. Le bois
peut être acheminé dans des wagons standards ou dans des wagons spécialement conçus à
cette fin. Certaines gares sont équipées de grandes grues fixes pour le chargement et le
26
déchargement des marchandises mais, en règle générale, ces opérations se font par les
méthodes décrites plus haut.
Ce chapitre est centré sur les aspects concernant les types d’équipements acceptables pour la
sécurité et la protection des travailleurs, les conditions de travail, ainsi que les aspects sur
l’environnement dans le cadre des travaux forestiers.
Le travail forestier est l’un de ceux qui exigent en permanence le port d’un équipement de
protection individuelle. La mécanisation a certes réduit le nombre d’utilisateurs de scies à
chaînes par exemple, mais il existe encore des tâches, souvent dans des endroits difficiles
d’accès, que les gros engins ne peuvent effectuer.
Malheureusement, alors que les scies à chaîne portatives gagnaient en efficacité et en vitesse
de coupe, la protection apportée par les vêtements et les chaussures de travail tendait à
diminuer.
a) Les vêtements de
protection
27
Figure 8. Localisation des lésions corporelles et équipements de
protection individuelle recommandée pour les travaux forestiers
Chaque tâche forestière requiert une protection particulière. Pour les tâches ordinaires, le
rembourrage ne protège que le devant du pantalon et le dos des gants. Certaines tâches
spéciales (jardinage, chirurgie des arbres, etc.) demandent souvent une protection plus
étendue. Le rembourrage couvre alors entièrement les jambes, y compris la partie arrière. Si
la scie est tenue au-dessus de la tête, il faut aussi que le haut du corps soit protégé.
On ne doit pas perdre de vue qu’un équipement de protection individuelle n’offre qu’une
protection limitée et que la sécurité dépend en réalité des méthodes de travail. Un
rembourrage réalisé avec les matériaux les plus performants dont on dispose aujourd’hui
serait inutilisable pour les travaux forestiers intensifs. Le compromis adopté entre protection et
confort résulte d’essais effectués sur le terrain. Fatalement, tout accroissement du confort
d’un vêtement a eu pour effet de diminuer le degré de protection.
Les chaussures de sécurité en caoutchouc offrent une assez bonne protection contre les
entailles causées par une scie à chaîne. Les blessures les plus fréquentes se produisant dans
la zone des orteils, une bonne chaussure doit donc comporter une doublure résistante à
l’avant et un renfort métallique au-dessus des orteils. La protection ainsi obtenue est
excellente. Par temps chaud, le port de bottes en caoutchouc est désagréable, et il convient
de les remplacer par des bottes ou des chaussures montantes en cuir, qui doivent
impérativement comporter elles aussi un renfort métallique au niveau des orteils. La
protection étant alors en général bien inférieure à celle qu’offrent les bottes en caoutchouc, il
faut se montrer encore plus vigilant. On optera pour des méthodes de travail qui limitent le
plus possible le risque de contact de la chaîne avec les pieds.
La botte doit être de la bonne taille et sa semelle doit être antidérapante pour éviter les
glissades et les chutes, et dans le cas possible, il est préférable qu’elle puisse être équipée de
crampons.
c) Le casque de sécurité
Le casque protège contre les chutes de branches et d’arbres, ainsi que contre un rebond
éventuel de la scie à chaîne. Il doit être le plus léger possible pour ne pas trop fatiguer le cou.
On veillera à ajuster la coiffe pour qu’il tienne bien sur la tête. Sur la plupart des modèles, la
coiffe permet aussi un réglage en hauteur. Le casque doit être suffisamment bas sur le front
pour que son poids ne crée pas de ballant quand on travaille penché vers le sol. Les casques
utilisés en foresterie comportent une attache permettant de fixer une visière et un serre-tête
antibruit. Ce dernier doit être porté directement sur les oreilles, à travers les ouvertures
pratiquées à cet effet dans la cagoule. Lorsque les oreillettes sont posées par-dessus la
cagoule, le serre-tête antibruit peut en effet perdre quasiment toute efficacité.
28
déformée. Il est préférable d’utiliser un masque métallique peint en noir et percé d’ouvertures
rectangulaires plutôt que rondes.
Les serre-tête antibruit ne sont efficaces que si les oreillettes serrent bien la tête. C’est
pourquoi leur utilisation nécessite quelques précautions. Le moindre interstice entre la tête et
le bourrelet des oreillettes, notamment celui que peuvent causer des branches de lunettes, en
diminue fortement l’efficacité. On doit inspecter fréquemment le bourrelet des oreillettes et le
changer s’il est endommagé.
Avant de commencer le travail sur un nouveau chantier, il convient d’évaluer les risques
susceptibles d’être rencontrés. Cela comprend notamment l’examen des outils, des méthodes
et du milieu de travail, des qualifications des travailleurs et la planification de tous les aspects
techniques et organisationnels. Si ces mesures ne permettent pas d’éliminer les risques, on
pourra recourir aux équipements de protection individuelle pour accroître la sécurité. Ces
équipements ne peuvent jamais constituer le seul moyen de prévention; ils doivent être
considérés tout au plus comme une mesure d’appoint. La scie à chaîne doit par exemple être
équipée d’un frein de chaîne et le travailleur doit avoir suivi une formation.
Les résultats de l’analyse des risques permettent ensuite de définir les dispositifs de protection
à utiliser. Il faut tenir compte des facteurs environnementaux pour limiter la gêne créée par
l’équipement. Compte tenu des dangers liés à la manipulation de la scie à chaîne, on
déterminera l’étendue de la zone à protéger et le degré de protection. Si les travailleurs ne
sont pas des professionnels, ces exigences seront renforcées, mais il ne faudra pas oublier la
surcharge qui en résultera lorsqu’il s’agira de fixer les périodes de travail. Une fois les besoins
définis en fonction des risques et des tâches à accomplir, le choix se fera parmi les
équipements homologués. Les travailleurs devraient avoir la possibilité d’essayer différents
modèles et différentes tailles pour choisir la tenue qui leur convient le mieux. Des vêtements
inadaptés peuvent être à l’origine de postures et de mouvements préjudiciables et augmenter
les risques d’accidents et les problèmes de santé.
Tous les travailleurs doivent recevoir des instructions appropriées sur l’utilisation de
l’équipement de protection individuelle. On doit leur décrire comment fonctionne la protection
pour qu’ils sachent eux-mêmes inspecter et évaluer quotidiennement l’état de l’équipement,
leur expliquer clairement les conséquences de sa non-utilisation et leur fournir également tout
renseignement requis en matière de nettoyage et de réparation.
29
b) L’entretien et la réparation
Un équipement de protection qui n’est pas entretenu et réparé correctement peut perdre de
son efficacité.
La coque du casque doit être nettoyée à l’aide d’un détergent doux. Il est difficile d’enlever la
résine sans utiliser de solvant, mais les solvants sont à éviter car ils peuvent endomm ager le
casque. Il faut impérativement suivre les instructions du fabricant et mettre au rebut le casque
si l’on ne peut le nettoyer. Pour le travail en forêt, on choisira les matériaux qui résistent le
mieux aux solvants.
D’autres facteurs environnementaux peuvent avoir des effets sur les matériaux entrant dans la
fabrication du casque. Les matières plastiques sont sensibles aux rayons ultraviolets du soleil,
qui rendent la coque cassante, surtout par temps froid; le vieillissement rend le casque plus
fragile et diminue le degré de protection. Les signes de vieillissement, qui ne sont pas toujours
évidents, se manifestent par de fines craquelures et par une perte de brillant. La coque peut
aussi émettre des bruits de craquement quand on la soumet à une tors ion légère. Le casque
doit faire l’objet d’une inspection visuelle détaillée au moins tous les six mois.
La sécurité du travail forestier repose sur l’adéquation entre les conditions d’exécution des
tâches et les capacités individuelles. Plus les exigences physiques et me ntales du travail
concordent avec ce dont l’individu est capable (selon son âge, son expérience et son état de
santé), moins la sécurité risque d’être compromise par les efforts pour atteindre les objectifs
de production. Un équilibre précaire entre capacités individuelles et conditions de travail ne
peut que nuire à la sécurité, individuelle et collective.
Comme l’illustre la figure 9, les risques que présente le travail forestier en matière de sécurité
ont trois origines: l’environnement physique (conditions climatiques, éclairage, terrain, types
d’arbres), l’insuffisance de la législation et des normes (qui peuvent être mal conçues ou mal
appliquées) et la mauvaise organisation du travail, du point de vue technique et humain.
30
L’organisation technique et humaine du travail comporte des facteurs de risque à la fois
distincts et étroitement liés. Distincts, parce qu’ils font intervenir deux types de ressources
intrinsèquement différentes (l’humain et la machine) et liés, parce qu’ils s’influencent
mutuellement et se complètent dans l’exécution du travail, permettant ainsi d’atteindre les
objectifs de production sans accidents.
Nous verrons ci-après comment des carences au niveau des composantes de l’organisation du
travail, énumérées à la figure 9, peuvent compromettre la sécurité. Quelles que soient les
méthodes d’exploitation et les machines utilisées, il faut rappeler que la sécurité et la santé au
travail ne peuvent s’inscrire dans une démarche a posteriori; elles doivent être prises en
compte dès les premiers stades de la conception et de la planification.
Le type de coupe
L’exploitation forestière met en œuvre deux types de coupe selon la technique employée pour
l’abattage et l’ébranchage des arbres: la coupe traditionnelle, à la scie à chaîne, et la coupe
mécanisée, à l’aide d’engins avec cabine de commande et flèche articulée. Dans l’un et l’autre
cas, c’est le plus souvent à l’aide de débusqueuses, notamment à chaînes ou à grappins, que
les arbres abattus sont transportés jusqu’en bordure de route ou de cours d’eau. La coupe
traditionnelle, la plus répandue encore à ce jour, reste aussi le mode d’exploitation le plus
dangereux.
On sait en effet que la mécanisation conduit à une réduction considérable de la fréquence des
accidents pendant les opérations de coupe, grâce au remplacement des scies à chaîne par des
machines dont le conducteur, installé dans une cabine, est plus isolé des sources de danger.
Toutefois, il apparaît que la mécanisation a par contre pour effet d’accroître les risques
d’accidents associés aux tâches d’entretien et de réparation des machines. Les facteurs sont à
la fois des raisons technologiques, telles que la mauvaise conception des machines (voir plus
31
loin) et les conditions souvent improvisées, quand ce n’est pas franchement précaires, dans
lesquelles se font les opérations d’entretien et de réparation, ainsi que l’existence de diverses
incitations au rendement qui font que ces tâches, jugées secondaires, sont souvent effectuées
à la hâte.
Il n’existe pas de norme pour la conception du matériel forestier et très peu de manuels
d’entretien véritablement complets. Les machines utilisées (abatteuses, ébrancheuses,
débusqueuses) sont souvent des assemblages d’éléments d’origines diverses (flèche, cabine,
marche-pied, etc.) dont certains n’ont même pas été conçus pour le travail forestier. Elles sont
donc parfois mal adaptées à certaines conditions d’environnement, notamment à l’état de la
forêt et du terrain, ou encore à l’emploi continu qui en est fait. A cela s’ajoutent des difficultés
considérables d’exécution des réparations en cas de pannes, alors que celles -ci sont
fréquentes.
En milieu forestier, l’entretien est plus souvent correctif que préventif. Divers aspects des
conditions de travail peuvent expliquer cette situation: contraintes de rendement, absence de
consignes et de plans rigoureux pour l’entretien, absence de sites (garages, abris) adaptés
aux tâches d’entretien et de réparation, précarité des conditions dans lesquelles ce type de
travail doit être effectué ou encore manque d’outils adéquats. Il s’y ajoute parfois, pour les
opérations menées par des propriétaires artisans ou des entrepreneurs indépendants,
l’insuffisance des ressources financières.
L’organisation humaine du travail désigne l’ensemble des moyens utilisés pour administrer et
encadrer les efforts individuels ou collectifs, ainsi que les politiques de formation mises en
œuvre pour remplir les objectifs de production.
La supervision du travail forestier est une activité difficile étant donné le déplacement constant
du lieu de travail et la dispersion des travailleurs sur les chantiers. Le contrôle des objectifs de
production prend des formes indirectes, dont les incitations au rendement et le maintien de
l’emploi précaire sont probablement celles qui ont les effets les plus insidieux. Par ailleurs, ce
cadre de travail ne favorise pas une bonne gestion de la sécurité, dans la mesure où il est plus
facile de transmettre l’information relative aux consignes et aux règlements de sécurité que de
s’assurer de leur application et d’apprécier leur valeur pratique ou la façon dont ils ont été
assimilés. Les employeurs et le personnel d’encadrement doivent bien comprendre que la
sécurité est une responsabilité qui leur incombe.
La division du travail sur les chantiers forestiers est souvent rigide et encourage la
spécialisation plutôt que la polyvalence. La coupe traditionnelle permet d’effectuer une
certaine rotation des tâches, mais cela dépend surtout de la composition des équipes. La
coupe mécanisée encourage pour sa part la spécialisation, même si la technologie
(spécialisation des machines) n’en est pas en soi la seule cause. La division du travail (un
opérateur par machine, travail posté), sa dispersion géographique (éloignement des machines
et des zones de coupe) ou encore le fait que les opérateurs sont aussi les propriétaires des
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machines, cas fréquent sur les chantiers mécanisés, sont autant de facteurs qui poussent
aussi à la spécialisation.
Il est très important de bien combiner les capacités de travail des êtres humains et des
machines et de composer les équipes en conséquence, afin d’éviter des surcharges dans la
chaîne de production. On peut envisager des horaires alternés qui maximisent l’utilisation de
machines coûteuses tout en offrant aux opérateurs un temps de repos suffisant et une plus
grande variété dans le travail.
La rémunération au rendement
Les travailleurs forestiers sont souvent payés à la tâche, ce qui signifie que leur paie est
déterminée par leur production (nombre d’arbres abattus, ébranchés ou transportés ou un
autre indicateur de productivité) et non par sa durée. Pour les propriétaires de machines, par
exemple, le tarif est fonction du rendement. En l’absence de possibilité de contrôle direct, un
avantage notoire de ce mode de rémunération est qu’il constitue une incitation constante au
rendement.
Entre autres effets nuisibles sur la sécurité, la rémunération au rendement peut encourager le
maintien d’un rythme de travail élevé et le recours à des méthodes dangereuses pendant la
phase de production, ainsi que des négligences en matière d’entretien et de réparation. C’est
une pratique qui persiste parce qu’elle permet un gain de temps, même si cela est au mépris
des consignes de sécurité et des risques encourus. Plus grande est l’incitation à produire, plus
la sécurité se trouve compromise. On a constaté que, à travail comparable, les travailleurs
rémunérés au rendement sont victimes d’accidents plus nombreux et d’autre nature que les
travailleurs rémunérés à l’heure. Il faut donc veiller à ce que les tarifs à la pièce et le montant
des contrats soient suffisants pour permettre l’exécution du travail en toute sécurité et selon
des horaires de travail acceptables.
Or, les longs horaires de travail s’accompagnent fréquemment d’une baisse de vigilance et
d’une perte d’acuité sensorielle, ce qui a des conséquences pour la sécurité individuelle et
collective. Ces problèmes sont en outre aggravés par la tentation d’abréger ou d’espacer les
pauses. La recherche ergonomique démontre pourtant que la production pourrait en fait être
accrue si l’on respectait le nombre maximal d’heures de travail et les temps de repos.
La formation
Il est manifeste que le travail forestier exige de gros efforts aussi bien physiquement que
mentalement. Il nécessite aussi de plus en plus de compétences du fait du progrès
technologique et de la complexité croissante des machines. La formation des travailleurs
forestiers, avant et pendant l’emploi, est donc très importante. Son contenu doit répondre à
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des objectifs clairement définis et refléter le travail réel à accomplir. Plus les programmes de
formation prendront en compte les conditions de travail effectives et plus ils intégreront les
principes de sécurité et de productivité, plus ils seront utiles sur le plan individuel et collectif.
Ils permettront non seulement de limiter les pertes matérielles et les retards de production,
mais aussi d’éviter l’apparition de nouveaux risques pour la sécurité.
Les travaux forestiers influent inévitablement sur l’environnement d’une manière ou d’une
autre, de façon positive ou négative. Ce sont évidemment les effets négatifs qui préoccupent à
la fois les organismes de réglementation et le public.
L’environnement
Il est compréhensible que, partout dans le monde, les organes de réglementation et les
populations concentrent leur attention sur les conséquences négatives de l’exploitation
forestière pour l’environnement. Pourtant, la foresterie peut avoir une action bénéfique pour
l’environnement. Le tableau 2 énumère quelques-unes des répercussions positives que
peuvent avoir aussi bien la plantation d’espèces commerciales que l’exploitation de forêts
naturelles ou plantées. Ces aspects bénéfiques doivent entrer en ligne de compte dans un
bilan de l’effet net de la gestion forestière sur l’environnement (somme des incidences
positives et négatives). L’existence d’éventuels bénéfices, et leur ampleur sont souvent
fonction des pratiques en vigueur (ainsi, la biodiversité dépend de l’assortiment des espè ces,
de l’étendue de la monoculture sylvicole et du traitement des restes de végétation naturelle).
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La foresterie et les problèmes d’environnement
Les activités menées dans une zone forestière peuvent avoir des répercussions sur d’autres
zones: répercussions directes, comme les dégradations visuelles, ou indirectes, comme les
effets d’une augmentation des sédiments en suspension sur l’aquaculture marine. C’est
pourquoi il est important de bien comprendre la façon dont s’enchaînent les causes et les
conséquences. Ainsi, les pratiques de débusquage influent d’abord sur la qualité du sol, puis
sur celle des eaux qui coulent à proximité et, enfin, sur les activités de loisirs en aval du cours
d’eau.
L’exploitation forestière peut agir sur la qualité des sols (Powers et coll., 1990). Lorsqu’on
plante une forêt pour réhabiliter des sols dégradés par l’érosion ou par des restes
d’exploitation minière, l’impact net peut être un gain de qualité par l’amélioration de la fertilité
et de la structure du sol. A l’inverse, des activités forestières menées sur un sol très riche
risquent d’en réduire la qualité, surtout s’il s’agit d’activités qui provoquent un épuisement des
éléments nutritifs, une perte de matières organiques et un appauvrissement structurel sous
l’action du compactage.
Les végétaux puisent dans les nutriments du sol pendant leur cycle de croissance. Certains de
ces nutriments sont restitués au sol sous la forme de déchets, d’organismes en décomposition
ou de résidus du bois coupé. Si l’on enlève du site toute la matière végétale (exploitation par
arbre entier), ces éléments nutritifs sont soustraits du cycle local. A mesure que les cycles de
culture et de récolte se succèdent, la teneur du sol en nutriments peut diminuer au point qu’il
devienne impossible de maintenir le rythme de croissance et l’état de nutrition des arbres.
Pour régénérer un sol ou pour préparer le terrain d’une future plantation, on pratiquait par le
passé le brûlage des déchets d’exploitation, mais des recherches ont montré qu’un brûlage à
haute température peut entraîner une déperdition de nutriments (carbone, azote, soufre ,
certains éléments phosphorés, potassium et calcium), ce qui a pour conséquence de ralentir la
croissance des arbres et de modifier la composition par espèces. Le remplacement des
nutriments perdus par des engrais inorganiques peut remédier en partie au problème.
Toutefois, cela n’atténue pas les effets de la perte de matières organiques, qui offrent un
milieu essentiel à la faune du sol.
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L’emploi d’engins lourds pour la récolte et pour la préparation des plantations peut entraîner
un compactage du sol, avec une diminution des mouvements de l’air et de l’eau et un
durcissement de la terre qui peuvent aller jusqu’à bloquer le passage des racines. En
conséquence, le tassement du sol dans une forêt peut compromettre la survie et la croissance
des arbres, tout en favorisant le ruissellement des eaux de pluie et l’érosion. Il faut savoir en
outre que, en l’absence de cultures, cet effet peut persister pendant vingt ou trente ans après
l’abattage. Les méthodes de coupe qui limitent la superficie et le degré de com pactage de
manière à réduire la dégradation du sol sont aujourd’hui de plus en plus fréquentes. Elles sont
prescrites dans les codes de pratiques forestières adoptés par un nombre croissant de pays.
L’érosion des sols est un problème qui préoccupe tous les utilisateurs de ceux-ci, car elle peut
se solder par une perte définitive de terres productives, nuire à l’aspect visuel et à la valeur
récréative d’un paysage ainsi qu’à la qualité de l’eau (Brown, 1985). Les forêts peuvent
protéger les sols de l’érosion:
En revanche, quand une forêt est mise en coupe, le sol perd une grande partie de sa
protection et se trouve ainsi davantage exposé à l’érosion.
Il est généralement admis que, pendant le cycle de l’exploitation forestière, les travaux liés
aux activités suivantes contribuent fortement à aggraver l’érosion des sols: les travaux
routiers; les travaux de terrassement; l’abattage; le brûlage et la culture.
Les travaux routiers, notamment sur les fortes pentes où l’on procède par déblai-remblai,
donnent naissance à de grandes étendues de terre meuble sans aucune protection contre la
pluie et le ruissellement. Si le système de drainage des eaux de pluie sur les routes et les
pistes n’est pas entretenu, elles peuvent canaliser les eaux de ruissellement, ce qui crée un
risque accru d’érosion au bas des pentes et au bord des routes.
La coupe des arbres peut augmenter l’érosion des sols principalement de quatre façons:
Le brûlage et la mise en culture sont deux techniques auxquelles on a souvent recours pour
préparer la régénération ou la plantation d’une parcelle. Ces pratiques peuvent favoriser une
érosion de la surface du sol en exposant cette dernière aux précipitations.
L’aggravation de l’érosion soit par érosion superficielle, soit par mouvement de la masse,
dépend de nombreux facteurs dont la superficie déboisée, le degré de déclivité, la résistance
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des matériaux du versant et le temps écoulé depuis la coupe. Une coupe à blanc à grande
échelle (c’est-à-dire l’abattage de presque tous les arbres) peut donner lieu à une grave
érosion.
Le risque d’érosion peut être extrêmement élevé pendant la première année qui suit la coupe
par rapport à ce qu’il était avant la construction de la route et la récolte. A me sure que le
rétablissement ou la régénération de la couverture commencent à prendre effet, il diminue
grâce à une meilleure interception de l’eau (protection de la surface du sol) et à une
augmentation de la transpiration. Habituellement, le risque d’érosion retombe à son niveau
d’avant la coupe lorsque la frondaison des arbres masque le sol (fermeture du couvert).
L’eau qui provient de bassins de captage forestiers non perturbés est souvent d’excellente
qualité par rapport à celle des zones de collecte situées en milieu agricole ou horticole. Mais
certaines activités sylvicoles peuvent nuire à cette qualité en augmentant la teneur en
nutriments et en sédiments de l’eau, en élevant sa température et en diminuant son degré
d’oxygénation.
L’exploitation forestière peut aussi avoir une influence sur les variations saisonnières du
volume d’eau qui s’écoule d’un bassin versant et sur les pointes de débit observées pendant
les orages. La plantation d’arbres (boisement) dans un bassin de captage précédemment
utilisé comme pâturage peut réduire le débit d’eau. Cet aspect peut être particulièrement
important si ce bassin alimente en aval des ouvrages d’irrigation.
A l’inverse, la coupe d’arbres dans une forêt peut accroître le débit d’eau parce qu’elle entraîne
une diminution de la quantité d’eau évaporée et interceptée et qu’elle augmente les risques
d’inondation et d’érosion le long des cours d’eau. L’étendue du bassin de captage et la
proportion de forêt déboisée à un moment donné influent sur le degré d’accroissement du
débit d’eau. L’exploitation par blocs permet de limiter au minimum ce phénomène.
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iv) Les incidences sur la biodiversité
La diversité des espèces végétales et animales vivant dans les forêts est devenue un sujet de
débat important dans l’industrie forestière à l’échelle mondiale. La biodiversité est une notion
complexe qui ne se limite pas aux populations végétales et animales. Elle englobe aussi la
diversité fonctionnelle (rôle d’une espèce particulière dans l’écosystème), la diversité
structurelle (étages de la couverture forestière) et la diversité génétique (Kimmins, 1992). Les
activités forestières peuvent avoir des répercussions sur la diversité des espèces, mais aussi
sur la diversité structurelle et la diversité fonctionnelle.
Il n’est pas possible de définir objectivement le degré de biodiversité optimal d’un peuplement
forestier en termes d’espèces, d’âges, de structures et de fonctions, mais on s’entend en
général pour estimer qu’une faible diversité des espèces et des structures fragilise la forêt face
aux dégâts que peut provoquer un agent pathogène ou un ravageur. Cela est sans doute en
partie vrai; cependant, dans une forêt naturelle mélangée, certaines espèces sont parfois
exposées à un seul ravageur. D’autre part, un faible niveau de biodiversité ne résulte pas
nécessairement de causes non naturelles et indésirables liées à l’exploitation forestière. Ainsi,
beaucoup de forêts naturelles mélangées qui sont sujettes à des feux incontrôlés et à des
attaques de ravageurs connaissent des périodes de faible diversité végétale et structurelle.
La perception du public et ses réactions face à certaines pratiques sont deux questions qui
acquièrent de plus en plus d’importance dans l’industrie forestière. De nombreuses zones
forestières offrent un cadre agréable et diverses possibilités d’activités récréatives aux
populations locales et aux touristes, et le public associe souvent le plaisir d’activités de plein
air à la présence de massifs boisés naturels ou aménagés. En pratiquant des coupes sans
discernement, notamment de vastes coupes rases, l’exploitation forestière peut transformer
radicalement un paysage, et cela pour de nombreuses années. Tel n’est pas le cas d’autres
formes d’utilisation du sol, comme l’agriculture ou l’horticulture, dont les cycles sont moins
marqués.
Les réactions négatives du public résultent en partie d’une méconnaissance des régimes de
gestion forestière, des pratiques et des résultats. Il est donc clair qu’il incombe à l’industrie
forestière d’éduquer le public tout en modifiant ses méthodes pour les rendre plus
acceptables. Les grandes coupes rases et l’abandon sur place des résidus d’exploitation
(branches et arbres morts) sont deux aspects qui froissent souvent la population parce qu’elle
y voit une atteinte à la préservation de l’écosystème. Cette perception n’est pourtant pas
toujours fondée, car tout ce qui est agréable à l’œil n’est pas nécessairement bon pour
l’environnement. L’abandon des résidus sur le site, bien qu’inesthétique, offre en réalité abri et
nourriture à certaines espèces animales et contribue au recyclage partiel des nutriments et
des matières organiques.
Les rejets d’huiles minérales en forêt peuvent provenir de l’abandon d’huiles moteur et de
filtres usés, de l’utilisation de l’huile pour abattre la poussière sur les routes en terre ou des
pertes d’huile de chaînes de scies. Etant donné le risque de contamination du sol et de l’eau
qui s’ensuit, les deux premières pratiques sont devenues inacceptables.
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Cependant, dans une bonne partie du monde, on continue d’utiliser couramment des huiles
minérales pour lubrifier les chaînes de scies. Sachant qu’il faut environ 2 litres d’huile par scie
et par jour, il s’agit de très grosses quantités à l’échelle annuelle. Ainsi, d’après les
estimations, l’huile de graissage utilisée au total chaque année pour ces scies représente entre
8 et 11,5 millions de litres en Allemagne, environ 4 millions de litres en Suède et quelque 2
millions de litres en Nouvelle-Zélande.
Les huiles minérales ont été associées à certaines affections cutanées (Lejhancova, 1968) et
respiratoires (Skyberg et coll., 1992) chez les travailleurs exposés à leur contact. En outre, le
rejet d’huiles minérales dans la nature peut contaminer le sol et l’eau. Lorsqu’ils ont étudié le
devenir des huiles de chaînes de scies, Skoupy et Ulrich (1994) se sont aperçus que celles -ci
sont pour une large part retenues par la sciure (50 à 85%), qu’elles restent sur les arbres (3 à
15%), qu’elles tombent sur le sol (moins de 33%) ou qu’elles sont projetées sur les
travailleurs (0,5%).
C’est donc avant tout par souci pour l’environnement que l’on a rendu l’utilisation d’huiles
biodégradables obligatoire dans les forêts suédoises et allemandes. Ces huiles, à base de colza
ou à base synthétique, sont moins nocives pour l’environnement et le personnel et s’avèrent
en outre plus efficaces que les lubrifiants minéraux car elles prolongent la durée de vie des
chaînes, tout en en réduisant la consommation et celle de carburant.
L’industrie forestière se sert d’herbicides (produits chimiques qui détruisent les v égétaux) pour
lutter contre les mauvaises herbes qui disputent l’eau, la lumière et les éléments nutritifs aux
jeunes plants ou aux arbres qui repoussent. Souvent, les herbicides offrent une solution d’un
coût intéressant par rapport au désherbage mécanique ou manuel.
Malgré la méfiance générale dont ils font l’objet, sans doute cons écutive à l’emploi de
défoliant, rien ne prouve vraiment que l’application d’herbicides dans les forêts nuise aux sols,
à la faune et à l’être humain (Kimmins, 1992). Certaines études ont fait apparaître une
diminution du nombre de mammifères à la suite d’un traitement aux herbicides mais,
lorsqu’on fait la comparaison avec les effets d’un désherbage manuel ou mécanique, on
remarque que cette diminution coïncide davantage avec la perte de végétation qu’avec
l’utilisation même d’herbicides. Les herbicides vaporisés à proximité d’une rivière peuvent
retomber dans l’eau, qui les transportera plus loin, mais les concentrations relevées sont
habituellement faibles et de courte durée à cause de la dilution (Brown, 1985).
Avant les années soixante, l’utilisation d’insecticides (produits chimiques qui détruisent les
insectes) était très répandue en agriculture, en horticulture et dans certains services de santé
publique, mais moins en foresterie. Le DDT est sans doute l’un des produits les plus connus de
cette époque. Toutefois, la sensibilisation du public aux problèmes sanitaires posés par ces
produits a incité à limiter l’utilisation inconsidérée d’insecticides et à mettre au point des
solutions de remplacement. Depuis les années soixante-dix, on a plutôt tendance à recourir
aux organismes entomopathogènes ainsi qu’aux parasites et aux prédateurs entomophages,
ou à modifier les méthodes de sylviculture pour réduire les risques d’attaque par des insectes.
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