Guide d’aménagement
Cerema
Territoires et ville
2, rue Antoine Charial 69003 Lyon
www.cerema.fr
Collection Références
Cette collection regroupe l’ensemble des documents de référence portant sur l’état de l’art dans les domaines
d’expertise du Cerema (recommandations méthodologiques, règles techniques, savoir-faire…), dans une version
stabilisée et validée. Destinée à un public de généralistes et de spécialistes, sa rédaction pédagogique et concrète
facilite l’appropriation et l’application des recommandations par le professionnel en situation opérationnelle.
Remerciements
Ce document a été réalisé à la demande de la Direction des infrastructures de transport du ministère de
l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer.
Il a été élaboré et conçu par le Cerema sous la coordination de Jean-Luc Reynaud (Territoires et ville).
Nadège Sagnard (Méditerranée), François Brunel (Est), Bertrand Deboudt (Nord-Picardie), Emmanuel Delaval
(Nord-Picardie), Mohamed El-Khsim (ex-Nord-Picardie), André Isler (Est), Franck Monti (Méditerranée) et
François Tortel (Est) ont contribué à sa rédaction.
Ont aussi participé à sa rédaction des chargés d’études de l’ensemble des départements de la Direction
technique Territoires et ville, dont Bernard du Verger pour la réalisation des schémas.
Introduction
«La voirie urbaine ne peut être conçue, aménagée ou particulièrement importants pour les communes, les
exploitée dans une logique monofonctionnaliste quartiers. Enfin la voirie est un important support
d’infrastructure de déplacement. Elle constitue un d’activités, en particulier commerciales, dont la vitalité
élément majeur de la richesse et de la diversité urbaine peut être assez dépendante de la manière dont sont
et relève nécessairement d’approches multiples.» C’est organisés les divers flux sur la voirie.
en ces termes qu’était introduit l’ancien guide de la voirie
urbaine de 1988. Que peut-on dire de plus aujourd’hui ? Après plusieurs décades durant lesquelles l’espace public
C’est en effet dans cette logique pluridisciplinaire que a été prioritairement attribué à la circulation automobile
s’inscrit l’aménagement de la voirie et des espaces individuelle, on a vu s’amorcer, en même temps
publics. Ces espaces, qui représentent un tiers de la qu’étaient prises des mesures en faveur d’un renouveau
surface urbaine, concentrent de nombreux enjeux en des transports collectifs, la promotion d’utilisations de la
termes de déplacement, de cadre de vie, de sécurité, de voirie autres que le «tout-automobile» : développement
lien social, d’écologie, de finances locales… Enjeux qui d’aménagements fondés sur le principe du «partage de
ne se limitent pas aux grands boulevards ou aux la voirie», avec réalisation d’emprises réservées, en site
grandes villes. Ils sont tout aussi prégnants dans les propre ou en site protégé, destinées par exemple aux
rues ordinaires, les petits bourgs ou les villes moyennes. transports collectifs, ou aux cyclistes ; reconquête des
Les élus savent combien il est difficile d’aménager le espaces piétons, et mise en place de véritables réseaux
centre de la commune, la place du village ou un piétons ; évolution de la conception de la voirie pour
nouveau quartier en conciliant tous ces facteurs, en adapter les espaces piétons à des usages nouveaux ;
favorisant le dynamisme local tout en préservant le banalisation et mixité des circulations, zones de rencontre,
patrimoine et l’identité du lieu. etc. Ce mouvement de reconquête de la voirie par les
citadins ne cesse de s’amplifier.
La voirie urbaine et ses enjeux Des efforts considérables ont également été réalisés
pour améliorer les conditions d’exploitation et de
Que découvre-t-on en premier lieu lorsqu’on arrive gestion des voies urbaines, en mettant en œuvre des
dans une ville, que voit-on lorsqu’on se déplace dans technologies modernes et performantes, ceci dans
une agglomération ? La voirie et son enveloppe, le bâti. l’objectif de faire évoluer les usages de ces voiries, par
Ils contribuent pour une grande part à l’identité de la une recherche d’optimisation des potentialités
ville. La voirie joue également un rôle de structuration qu’elles offrent aux différents modes de déplacement.
du tissu urbain ; elle permet de se rendre plus ou moins Ce développement des techniques d’exploitation est
aisément d’un point à un autre, de s’y retrouver ou de corrélé à une évolution des aménagements physiques
s’y perdre ; ces enjeux d’identité et de structuration sont eux-mêmes.
4 I N T R O D U C T I O N
Enfin, disposer d’un cadre de vie de qualité est une l’on aménage, et ce sont eux qui feront les succès ou
préoccupation de plus en plus affirmée. Or la voirie l’échec de l’aménagement réalisé. Leurs pratiques en
urbaine est un élément majeur de ce cadre : elle s’offre devenir constituent le principal objet d’étude.
au regard quotidien des habitants et se prête à de
multiples pratiques. Les fenêtres s’ouvrent sur les En ville, la voirie urbaine et l’espace public sont l’objet
rues. Les citadins s’approprient les espaces publics, ils y de sollicitations nombreuses et de pressions fortes. Les
déambulent, s’assoient, discutent, les enfants y jouent, pratiques qu’ils accueillent génèrent d’innombrables
les personnes isolées y maintiennent un lien social. conflits d’usage. À cette difficulté, il faut ajouter la multi-
plicité des intervenants avec laquelle il faut composer :
Bref, la voirie urbaine et l’espace public constituent un maîtrise d’ouvrage partagée, services communaux,
lieu de vie, et c’est également une raison pour que leur gestionnaires, concessionnaires de réseaux, riverains,
aménagement évolue vers une meilleure prise en associations d’usagers, afficheurs…
compte des principes d’écologie urbaine et des questions
de santé publique. Pour répondre à cette complexité il convient d’accorder
une grande attention à la démarche de projet en
La mise en œuvre des politiques publiques va dans ce veillant particulièrement :
sens : lutte contre le réchauffement climatique et la • à conduire la démarche, en liaison étroite avec les élus
pollution, protection des milieux naturels, préservation de et un certain nombre d’autres partenaires, en respectant
la biodiversité, contribution à la densification urbaine, deux grandes étapes : dans un premier temps, construire
développement des modes de déplacement actifs… Les un programme précis des aménagements (et dans ce
pratiques de conception intègrent de plus en plus ces domaine, le rôle du technicien, par les propositions qu’il
objectifs afin de contribuer à un meilleur environnement. peut formuler, est fondamental), puis seulement dans
un second temps, fixer les caractéristiques du projet en
prenant en compte les divers facteurs susceptibles
Une évolution des approches d’influer sur la réalisation des objectifs du programme ;
et des démarches de conception • à mettre en place une équipe de travail pluridisci-
plinaire et une concertation avec les différents acteurs
Le développement rapide des villes et l’augmentation de l’aménagement, ce qui permettra de décloisonner
de la circulation automobile ont longtemps cantonné les spécialités, d’aider à dépasser les logiques sectorielles
la conception de la voirie et des espaces publics à une dans lesquelles les professionnels sont encore trop
approche essentiellement fonctionnelle, au détriment souvent enfermés.
de la vie locale et du cadre urbain.
Enfin, les techniciens doivent faire preuve d’imagination,
Alors, comment, concevoir les espaces qui favoriseront ne pas hésiter à sortir des sentiers battus, moduler les
les liens en perpétuelle évolution entre les citadins ; profils en travers en fonction de l’environnement
comment articuler urbanisme et déplacement, comment traversé ou de son évolution future, examiner pas à pas
conjuguer bâti et espace public ? Le point de départ, ce tous les problèmes rencontrés, laisser à l’aménagement
sont les habitants, les utilisateurs. C’est pour eux que une certaine capacité d’évolution pour l’avenir. Cela ne
I N T R O D U C T I O N 5
veut pas dire que l’on peut s’autoriser à faire n’importe • le chapitre 1 «Voirie urbaine, comment l’appréhender ?»
quoi. Il y a des règles de bonne pratique à observer. Pour balaye la plupart des enjeux à connaître avant d’aborder
autant, elles ne sont pas des freins à l’innovation. Il la conception. Il s’agit d’acculturer le lecteur à différents
convient en effet de faire la part entre les habitudes, domaines ayant trait à l’aménagement de la voirie et
souvent fondées sur des a priori, qui nous enferment des espaces publics. Le propos de ce chapitre est assez
dans le cadre trop strict de solutions toutes faites, et les généraliste ;
règles qui découlent de raisonnements scientifiques et • le chapitre 2 «Démarche et méthode de projet»
techniques justifiés ou d’expérimentations évaluées. présente très rapidement les différentes étapes d’un
projet en insistant sur les phases de diagnostic, d’éla-
boration du programme et d’évaluation ;
Que trouve-t-on dans ce document • le chapitre 3 « Éléments généraux de conception »
et à qui s’adresse - t - il ? est le premier chapitre sur la conception. Il regroupe
des principes communs à tous les usagers ;
C’est dans ce contexte que ce guide vise à regrouper • les chapitres 4, 5, 6, 7 plus techniques, permettent une
les principales recommandations à connaître pour entrée par usager : la circulation générale, les piétons, les
aménager la voirie et les espaces publics des villes, cyclistes, les transports collectifs. Ces quatre chapitres
des bourgs et des villages. Il aborde de façon plus ou sont structurés de façon identique afin que le lecteur
moins détaillée tous les thèmes évoqués ci-avant : se repère facilement. On décrit d’abord l’usager et ses
composition des espaces, conception géométrique et besoins, puis sont abordés les aménagements en section
structurelle, gestion du domaine public, réseaux divers, courante, en carrefours, le stationnement, les aménage-
paysage, aspects environnementaux… Il ne cherche ments spécifiques, la signalisation et enfin les matériaux
pas à être complet sur tous les sujets ni à apporter de revêtement et les structures de chaussée.
toutes les réponses. Il apporte une vision globale de
l’aménagement. Il pose les principes de base et fournit Les fiches thématiques de chaque chapitre fournissent
tous les éléments utiles pour aménager la plupart de un cadrage, des éléments de réflexion, des indications
ces espaces publics. de démarches, des recommandations techniques et
des repères bibliographiques. La conception de la voirie
Il est donc destiné à un public large : techniciens des urbaine étant faite d’interactions entre multiples
collectivités locales et de bureaux d’études, maîtres thèmes, des renvois entre les différentes fiches figurent
d’œuvre en voirie, professionnels qui interviennent moins tout au long de la lecture. Constituant une sorte de fil
régulièrement sur la voirie (architectes, urbanistes…), d’Ariane, ils devraient aider le lecteur à se repérer et à
acteurs ou décideurs qui souhaitent avoir des éléments trouver l’ensemble de l’information qui peut lui être
de culture dans ce domaine parfois technique (élus, utile. Dans le même esprit, un index technique figure
maîtres d’ouvrage…). en annexe.
Pour faciliter sa lecture, il se présente sous la forme Enfin, les illustrations constituent une part importante
d’un ensemble de fiches. Elles sont organisées en de ce document, et offrent pour une partie des fiches,
sept chapitres : une lecture «par l’image» en complément du texte.
6 I N T R O D U C T I O N
Titre du thème
Références
bibliographiques
et réglementaires
Renvoi vers
d’autres fiches
Enjeux du thème
Les principaux
repères et
recommandations
techniques
Illustrations
Source des illustrations : en l’absence de mention spécifique, les illustrations sont la propriété du Cerema.
Avertissement : certains schémas basés sur des plans de masse sont théoriques. Ils illustrent le propos, mais ne correspondent
pas systématiquement à des cas réels. De même, les schémas n’ont pas d’échelle.
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Sommaire
Préambule 8
Chapitre 1
Voiries urbaines, comment les appréhender ? 13
Chapitre 2
Démarche et méthode de projet 51
Chapitre 3
Éléments généraux de conception 67
Chapitre 4
La circulation générale 141
Chapitre 5
Les piétons 225
Chapitre 6
Les cyclistes 273
Chapitre 7
Les transports collectifs 299
Index 330
Bibliographie 337
Préambule : terminologie
Un objet peut être souvent désigné par plusieurs termes. Par exemple, voirie, voie, rue et axe désignent le même
objet, mais parfois avec quelques nuances. De même, un mot a parfois plusieurs acceptions : par exemple, la voie
désigne la rue, mais aussi une partie de la chaussée.
Ce préambule définit en quelques lignes les termes essentiels employés dans le présent ouvrage. Il n’est pas question
d’expliquer tous les mots techniques, mais seulement les principaux éléments de la voirie. Les définitions données
ici relèvent d’un langage technique et lorsqu’il y a nécessité, la définition grammaticale est précisée.
Agglomération
Au sens du code de la route : «Espace sur lequel sont
groupés des immeubles bâtis rapprochés et dont l’entrée
et la sortie sont signalées par des panneaux placés à cet
effet le long de la route qui le traverse ou qui le borde.»
Carrefour
Zone d’échange, aménagée ou non, entre deux ou
plusieurs voiries, permettant aux véhicules le passage de
l’une à l’autre. Selon leur aménagement on distingue :
• les carrefours plans ordinaires avec ou sans priorité
donnée à un axe ;
[Au sens du dictionnaire : «Ensemble urbain formé par • les carrefours à sens giratoire où la priorité est donnée
une ville et sa banlieue.» à l’anneau [nommé aussi giratoire] ;
Au sens politique, elle correspond à plusieurs entités • les carrefours gérés par des feux tricolores ;
administratives interconnectées, mais pas néces- • les carrefours dénivelés.
sairement agglomérées, qui gèrent leurs projets en [Synonyme : intersection]
P R É A M B U L E 9
Chaussée
Au sens géométrique et du code de la route : «Partie(s) Voie réservée
de la route normalement utilisée(s) pour la circulation Le code de la route permet de réserver une voie de
des véhicules.» Une chaussée peut comporter une ou circulation à certaines catégories de véhicules. Les
plusieurs voies de circulation ; elle comprend éventuel- conducteurs d’autres catégories de véhicules ne doivent
lement les bandes cyclables, les voies réservées. pas circuler sur cette voie. Les catégories de véhicules
sont les transports collectifs, les taxis, les cyclistes, les
transports de fonds, les livraisons… Le covoiturage y sera
autorisé lorsque le code de la route le mentionnera.
Voie bus
C’est une voie réservée aux transports collectifs. Elle
fait partie de la chaussée. Elle peut être ouverte à
Au sens structurel, elle est l’ensemble des couches de d’autres usagers.
matériaux disposées sur le terrain préparé et devant [Synonyme : couloir bus]
supporter la circulation des véhicules. Elle comprend les
surlargeurs des différentes couches et peut aussi intégrer le Trottoirs
stationnement lorsqu’il est séparé par un simple marquage. Accotements spécialement aménagés pour les piétons. Ils
sont généralement surélevés par rapport à la chaussée.
Les voiries urbaines permettent les déplacements d’un lieu à un autre au sein de la ville. Elles
constituent la part majeure des espaces extérieurs. Elles ne sont pas immuables, elles évoluent
au gré du temps.
Nous avons connu les années de « priorité à l’automobile ». Mais à force de circulation et d’encom-
brements, les centres - villes s’asphyxient. Plus récemment, le retour des tramways a dynamisé la
transformation des espaces publics et l’heure est aujourd’hui à la réhabilitation de tous les modes
de déplacement, ce qui contribue à forger les fonctions des voiries urbaines. Enfin, l’aspiration des
citoyens à un cadre de vie de meilleure qualité concourt à une plus grande prise en compte des
aspects environnementaux.
Les quelques pages de ce chapitre posent des éléments de culture générale relatifs aux fonctions
des voiries et à l’organisation de l’espace urbain et rappellent les enjeux globaux qui interviennent
dans les processus d’aménagement.
14 V O I R I E S U R B A I N E S , C O M M E N T L E S A P P R É H E N D E R ?
Les trames urbaines chaque voirie. Cela permet d’organiser les circulations dans
la ville en évitant par exemple que la circulation de transit
Voiries et espaces publics constituent l’armature de la ville. ne se fasse dans un quartier d’habitation. (voir fiche n°3) ;
Cette armature s’est façonnée progressivement pour • la trame commerçante, forte en centre-ville et dans
former un maillage du territoire urbain plus ou moins fin, certains quartiers, plus diluée en d’autres points. l’identi-
dont la dimension résulte de plusieurs problématiques : fier permet, par exemple, de connaître certains pôles géné-
constructibilité de l’îlot, mise en relation des différents rateurs de déplacements, d’appréhender certains usages
quartiers ou desserte interne. Ces espaces sont aussi le spécifiques à ces lieux et d’aménager en conséquence ;
support de plusieurs trames qu’il faut analyser pour • la trame verte et bleue est la mise en réseau de l’en-
comprendre leur fonctionnement. En ville on distingue : semble des espaces verts urbains, parcs, milieux aquatiques
• la trame des voies de circulation concerne les trafics et réseau hydrographique d’un territoire en lien avec les
motorisés. Ils sont de plusieurs natures : transit, échanges zones rurales et naturelles. Elle assure des fonctionnalités
entre quartiers, desserte locale. Le réseau de voiries est écologique, spatiale et paysagère. Elle permet d’assurer le
en général maillé et hiérarchisé selon la fonction de maintien ou le rétablissement de la fonctionnalité d’un
réseau d’espaces naturels pour les végétaux, les animaux vertes et aires piétonnes. Mais les voies de circulation
et les humains. Elle s’étudie à plusieurs échelles. À l’échelle générale ne sont pas toujours conçues pour les cyclistes :
de la rue et du quartier, elle est constituée de projets qui sens unique, parcours long, peu sûr, effet de coupure, etc.
introduisent la nature en ville : les alignements d’arbres, la L’analyse de la trame cyclable consistera à mettre en avant
réhabilitation des berges de cours d’eau, les coulées vertes. tout ce qui peut améliorer l’usage du vélo : création de
À l’échelle de la ville et du territoire, elle est construite à bandes ou de pistes cyclables, de doubles sens cyclables,
partir de projets globaux : la gestion différenciée des d’espaces de stationnement ou modération des vitesses ;
espaces verts et leur mise en réseau, la généralisation du • des trames paysagères qui, tout le long d’un axe,
traitement des eaux par épuration à l’aide du génie écolo- reproduisent un même paysage.
gique, la lutte contre les îlots de chaleur ;
• la trame piétonne regroupe tous les espaces dédiés aux En certains endroits ces trames sont uniques : une voie
piétons, trottoirs, aires piétonnes, zones de rencontre, place, de transit traitée en voie rapide urbaine. En d’autres lieux,
lieux de promenades… L’analyse de cette trame consiste à deux trames se superposent : une voie de transit traitée
mettre en évidence les espaces à enjeux en termes de sécu- en boulevard urbain (circulation + trame verte), une rue
rité, de confort dans leur déplacement, ou d’identifier les piétonne (trame commerçante + trame piétonne).
liaisons à créer. Cela se traduit par des schémas directeurs de
type plans piétons où sont identifiées les actions à mener. Les lieux les plus riches de la ville, les plus vivants,
Un maillage fin de la trame urbaine favorise la marche par sont ceux où de nombreuses trames se superposent :
des trajets plus courts et une meilleure accessibilité ; trame piéton, trame verte, axe de circulation, trame
• la trame cyclable se superpose à celle des voies de commerçante... C’est aussi là où les enjeux d’aménagement
circulation générale complétées des pistes cyclables, voies urbain sont les plus forts et les plus complexes.
En divisant la taille
de l'îlot par deux,
on raccourcit le trajet
de A vers B, et les
possibilités de choix Le réseau des
d'itinéraires dans circulations douces
le quartier sont intègre piétons et
augmentées. Cette cyclistes. Il doit
approche du maillage mettre en œuvre
est particulièrement des liaisons courtes
adaptée aux modes entre les quartiers.
actifs, les détours
pénalisent moins
les véhicules
automobiles.
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La tendance est de classer les voiries en trois catégories : Rejeter le trafic sur les voies principales n’est pas
les voiries principales, de distribution et de desserte. sans conséquence sur leur traitement. Il faut déjà
s’assurer de leur capacité à écouler le trafic, carrefours
Les voiries principales assurent les liaisons entre les et section courante sont aménagés en conséquence. Il
différents quartiers de la ville (artère, boulevard, convient aussi de veiller à réduire l’effet de coupure
avenue, traversée d’agglomération…). Elles sont induit par des trafics et des vitesses élevées. Cela peut
parfois en lien avec les axes interurbains lorsqu’ils être fait en organisant des traversées piétonnes
traversent une petite agglomération par exemple. La nombreuses et sécurisées, en réduisant la largeur des
fonction circulatoire est privilégiée. chaussées.
La composition n'est pas linéaire, elle doit changer pour séquencer le parcours. Un carrefour, une place, un monument, un point de vue sont autant
de points de repère à mettre en valeur. Les échanges transversaux doivent être fréquents et organisés. Par endroit, les usages peuvent être mélangés.
20 V O I R I E S U R B A I N E S , C O M M E N T L E S A P P R É H E N D E R ?
Les voiries de distribution assurent les déplacements C’est un niveau intermédiaire entre les voiries principales
internes à un secteur de la ville. et les voiries de desserte.
Le tracé de la voie doit rappeler à l'automobiliste qu'il est dans une zone où la vie riveraine est forte.
V O I R I E S U R B A I N E S , C O M M E N T L E S A P P R É H E N D E R ? 21
Les voiries de desserte assurent l’accès aux riverains. La réduction des vitesses est nécessaire pour
Les déplacements se limitent à la desserte des activités dissuader la circulation et privilégier la vie riveraine
riveraines. (voir paragraphe suivant).
En plan, les espaces publics empiètent sur la chaussée, la rue devient un lieu convivial. Le stationnement peut être organisé selon des zones ponctuelles.
22 V O I R I E S U R B A I N E S , C O M M E N T L E S A P P R É H E N D E R ?
Rue en impasse avec shunt pour les cyclistes Rue à sens unique avec double sens cyclable : Rue en boucle avec shunt pour les cyclistes
et piétons : supprime les trafics de transit réduit le trafic de transit et améliore et piétons : supprime les trafics de transit
et réduit les nuisances, mais empêche la sécurité, mais allonge les parcours et réduit les nuisances, mais limite
la circulation des TC et livraisons. et rend l’orientation difficile. la circulation des TC.
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4 L’insertion urbaine
} RÉFÉRENCES La ville évolue au fil du temps, se reconstruisant sur elle-même de manière parfois diffuse,
BIBLIOGRAPHIQUES : agissant sur des fragments d’espaces publics ou des dents creuses d’un quartier en activité,
41, 55
ou encore sur des emprises foncières plus importantes : hectares de friches industrielles ou
} AUTRES FICHES
militaires enclavées au cœur de la ville… Quelle que soit l’échelle de ces opérations de renou-
À CONSULTER :
2, 3, 5, 32 vellement, l’enjeu reste le même : l’insertion dans un tissu urbain existant d’un nouveau
morceau de ville, tant du point de vue fonctionnel que du point de vue sociologique.
En effet, il s’agit pour ces quartiers en devenir de s’intégrer La qualité d’une insertion urbaine dépend tout d’abord
dans le quotidien des habitants en répondant à la fois à de l’adéquation de l’opération urbaine avec des enjeux
leurs attentes en matière de connexions entre différentes stratégiques identifiés à une échelle communale ou
fonctions urbaines, mais également en leur offrant intercommunale : création d’une polarité urbaine,
des espaces publics utiles et agréables qu’ils pourront requalification d’un centre ancien historique, dévelop-
s’approprier : places, aires de jeux, rez-de-chaussée pement d’un secteur résidentiel mixte, reconquête
actifs avec des commerces de proximité, promenades d’une enclave urbaine, etc. Elle dépend également de
piétonnes, etc. l’analyse fine des relations de l’opération à venir avec
son environnement : quels liens fonctionnels ? Quelles
complémentarités ou interférences en termes de
programme ? (habitat, commerce, équipements, espaces
publics…) : c’est la démarche de projet. Par conséquent,
c’est en adoptant une approche intégrée que l’on sera
le plus à même de concevoir un projet qui s’inscrive
durablement dans le tissu urbain déjà constitué.
Les questions de voiries urbaines, de leur hiérarchisation
et de l’implantation d’espaces publics devront donc
participer à la conception d’ensemble et ne pas être
appréhendées de manière segmentée uniquement
d’un point de vue infrastructure routière. C’est bien la
composition urbaine de ces quartiers, la manière dont
le maillage viaire aura été conçu avec le reste de la
ville qui seront déterminants pour réaliser une couture
}
1 2
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1 2
Source : Atelier sites - Montpellier
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1 2
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5 Un espace à vivre
} RÉFÉRENCES L’espace public, souvent aménagé pour faciliter les circulations de tous les modes de
BIBLIOGRAPHIQUES : déplacement, ne marque parfois plus assez les autres fonctions plus sédentaires :
30, 45, 62
lieux de repos, activités commerciales, entrée des habitations, espace de jeux… Rues
} AUTRES FICHES
et places sont des lieux de rencontre privilégiés qu’il faut rendre agréables à vivre et
À CONSULTER :
1, 6, 17, 40, 43 à regarder.
Dans ce cadre, le trottoir doit être réinvesti pour ne pas Le trottoir est aussi conçu à l’échelle du piéton de façon
être seulement fonctionnel ou accessible. à donner une dimension intime aux espaces parcourus.
D’un côté, il est en contact avec la desserte des propriétés Il intègre aussi des lieux de pause où arbres et bancs
privées. Il convient donc de traiter la transition entre sont associés pour offrir de l’ombre et de la fraîcheur (3).
espace privé et espace bâti (1). L’aménagement peut aussi
marquer nettement ces espaces montrant que la rue est
habitée. Les habitants peuvent alors investir les lieux (4).
De l’autre côté, le stationnement est un espace particulier
où l’automobiliste devient piéton. Il convient donc de
bien traiter l’interface entre le véhicule et le trottoir (2).
Une attention particulière doit aussi être portée à la
répartition de l’offre. La suppression ponctuelle de
places de stationnement peut être mise à profit pour
sécuriser les traversées piétonnes, planter, créer un lieu de
pause accueillir une activité temporaire. Notons que
l’organisation du stationnement en dehors de l’espace de
1
la rue permet de libérer de la place pour d’autres usages.
2 3 4
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D’autres espaces ont des vocations plus spécifiques : aire de jeux, promenade, lieux associatifs…
Intégrée dans un espace végétalisé, une petite aire Un jardin familial partagé. Des berges « ludiques » pour le
de jeux pour les enfants. bien - être du citadin.
L’espace public a vocation à recevoir des événements temporaires. Marchés, foires, animations de village ou de quartier, exposition en sont les principaux.
À ce titre, il doit s’adapter à cette flexibilité. Des séparations trop nettes risquent par exemple de trop « spécialiser » les lieux.
Bornes électriques escamotables, bordures basses, emprise large, Ce boulevard est conçu pour recevoir des événements festifs grâce à des
espaces horizontaux sont les principaux éléments de conception mis en espaces à niveau et un mobilier urbain entièrement démontable. Pour
œuvre pour accueillir le marché. autant, les séparations sont bien présentes : des matériaux pour différencier
cheminement et espace commercial, des potelets entre chaussée et trottoir,
un alignement de bancs.
30 V O I R I E S U R B A I N E S , C O M M E N T L E S A P P R É H E N D E R ?
Un critère pour la perception de l’espace : le rapport largeur de l’espace vu par la hauteur du bâti
Avec un rapport largeur/hauteur de 1, le gabarit Avec un rapport largeur/hauteur de plus de 2, l’espace est perçu comme ouvert. Dans le cas
visuel est resserré à l’image de la ruelle. de ce boulevard, le gabarit visuel de l’automobiliste est perçu dans des proportions plus
réduites grâce à la présence d’alignements d’arbres (rapport proche de 1 si les arbres sont
à grand développement).
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La rue peut être majestueuse, large, avec des doubles rangées d’arbres ... ou simple, en périphérie, avec ses petits arbres et ses clôtures de
qui la mènent vers un monument... maison qui la bordent. Le bâti peut être proche, haut, bas, caché
derrière des clôtures.
Le bâti peut être éloigné de la voie en formant des masses discontinues : Le bâti peut être très resserré autour de la rue, la cerner complètement,
le végétal prend ici le dessus, bien que l’on soit dans un quartier urbain. jusqu’à en être l’unique composant paysager.
32 V O I R I E S U R B A I N E S , C O M M E N T L E S A P P R É H E N D E R ?
Tous ces éléments contribuent à créer des typologies toutes les activités urbaines qui la caractérisent, tous les
urbaines très différentes les unes des autres. En règle événements de la voirie : carrefour, place, école, sortie
générale, certains de ces éléments ne peuvent pas être d’un grand ensemble, d’un lotissement, monument...
modifiés (bâti, environnement de la voie…). En revanche, Il est judicieux dans la voie à traiter de repérer des
le choix de tel ou tel aménagement de la rue a des séquences homogènes en termes d’usages, de fonctions,
répercussions directes sur son aspect et son image. de morphologie urbaine, de lisibilité spatiale dont le
caractère peut être renforcé. C’est en effet, en carac-
térisant au mieux le site dans lequel on se trouve, en
La voirie est faite de séquences facilitant les activités riveraines, que l’on arrive à rythmer
le plus naturellement une voie.
Alors que pour un aménagement en rase campagne on Une séquence doit être assez longue pour être perçue,
applique un profil en travers sur un linéaire important, en analysée et assemblée dans une unité identifiable. À
milieu urbain, le contexte change assez rapidement : titre d’exemple un temps de perception de moins de
section à habitat diffus, centre-ville animé, espace péri- 10 secondes est trop court.
urbain, etc. à chaque section correspondent des usages En général, les séquences sont délimitées par des points
des comportements, des ambiances différentes à valoriser. singuliers qui marquent le changement. Les éléments
Pour mettre en évidence les rythmes d’une voie ou d’un existants sont renforcés, d’autres peuvent être créés
itinéraire à aménager, il convient de rendre plus perceptibles pour constituer une transition, une rupture.
}
on traverse successivement
des milieux fort différents.
}
que l’on contribue à
séquencer une voie.
V O I R I E S U R B A I N E S , C O M M E N T L E S A P P R É H E N D E R ? 33
La mobilité dans les villes Cette part peut atteindre 45 % pour les Parisiens.
Il faut avoir à l’esprit les bénéfices individuels et collectifs
Les enjeux de mobilité sont au cœur de l’aménagement à développer la marche :
des voiries et espaces publics. Connaître les orientations • réduit les émissions de gaz à effet de serre (GES) et
politiques déclinées dans les PDU et autres documents de de polluants, grâce à un report même modeste des
planification est un préalable nécessaire avant d’aménager déplacements motorisés ;
les voiries. Les questions de mobilité sont différentes • prévient des risques de santé pour certaines pathologies
selon la taille des villes ou de l’aire urbaine. Elles sont chroniques ;
d’autant plus prégnantes dans les villes de moins de • favorise le commerce ;
100 000 habitants que les réseaux de transports collectifs • favorise l’équité, la cohésion sociale, l’accessibilité aux
y sont moins développés et l’usage de l’automobile plus services pour tous.
important que dans les grandes agglomérations.
Les enquêtes nationales de 2008 mettent en évidence la La marche étant un mode relativement lent, avec une
stabilisation de l’usage de la voiture dans les grands pôles distance moyenne parcourue inférieure à 900 m, son
urbains et le recul d’environ 10 % en 10 ans dans les villes développement est aussi lié à celui des transports collectifs.
centres au profit des autres modes (principalement
des TC). Cette tendance est inverse pour les villes moyennes. Le vélo : un mode adapté à l’urbain
Les enquêtes montrent que l’usage du vélo reste encore
La marche au centre des mobilités urbaines faible dans nos villes. Mais une politique volontariste en la
Avec une part d’environ 30 %, la marche est le deuxième matière (réalisation d’aménagements, réduction de la place
mode de déplacement en ville. Sans compter le fait que de la voiture et réduction des vitesses…) permet d’inverser
tout déplacement commence ou finit par un trajet à pied. la tendance, à l’instar de Strasbourg où 14 % des dépla-
cements dans le centre se font à vélo. Dans un contexte
financier contraint (prix des carburants, financement des
TC), le vélo apparaît comme un mode de déplacement
pertinent en milieu urbain, puisqu’une grande majorité des
déplacements est réalisable en vélo. En effet, la distance
moyenne des déplacements en vélos est de 2,6 km alors
que 70 % des trajets tous modes font moins de 3 km.
V O I R I E S U R B A I N E S , C O M M E N T L E S A P P R É H E N D E R ? 35
≠
1 23 Quelques chiffres...
La circulation automobile en question + %
La part des déplacements en voiture est majoritaire. Elle 1 km sur 2 effectué en voiture l’est pour un déplacement lié au travail.
baisse dans les grandes villes, mais progresse dans les villes Le taux de motorisation est de 77 véhicules pour 100 habitants dans les
moyennes et le périurbain. On constate aussi une stabilité villes moyennes.
du taux d’occupation des voitures : pourtant, le covoiturage 30 % d’augmentation de la fréquentation des TC entre 2000 et 2010 pour
se développe dans certaines zones d’emploi. Paradoxale- les agglomérations de plus de 250 000 habitants.
ment, un Français sur cinq seulement considère la voiture On marche autant quand on habite le centre d’une ville moyenne que dans
individuelle comme un mode de déplacement d’avenir. une grande ville.
Une voiture en stationnement sur la voirie, c’est 10 m² d’espace public, soit
Les transports collectifs à développer la surface d’une chambre, et 90 % des véhicules restent au même endroit.
La part des TC dans les déplacements augmente en lien
avec des politiques de déplacement construites dans la orientations sur les priorités modales selon une stratégie
durée. Elle est cependant très différente entre les de mobilité durable. Il est un outil incontournable pour
grandes villes et les villes moyennes. D’autant que pour répondre aux objectifs de réduction de la circulation
ces dernières, les usagers des TC sont essentiellement automobile.
des captifs (scolaire, étudiant…), les actifs représentent
seulement 2 %. Une réflexion sur le stationnement
La réduction des déplacements automobiles passe par une
Les transports de marchandises réflexion sur le stationnement. Elle est importante dans le
Le transport de marchandises est indispensable au fonc- cadre des déplacements domicile-travail. Par exemple,
tionnement et au dynamisme économique de la ville. Les l’usage de la voiture pour les déplacements domicile-
zones bien équipées en matière d’installations logistiques travail est de 81 % en présence de stationnement sur le
attirent les activités économiques avec toutes les consé- lieu de travail contre 48 % s’il n’y en a pas. En heure de
quences induites sur l’attractivité du territoire (emploi, pointe, ils représentent 2/3 du trafic automobile.
recettes financières, activités locales…). Le transport de Par ailleurs, le développement de parcs relais ou de covoi-
marchandises représente 20 milliards de kilomètres par an, turage en extérieur des villes rentre dans cette réflexion.
soit entre 15 et 25 % des véhicules.kilomètres, et donc
du trafic. Ils se répartissent entre les poids lourds (27 %), Un partage équilibré de l’espace
les véhicules utilitaires (23 %) et les véhicules particuliers L’aménagement des voiries participe largement à ce
pour les déplacements domicile-achat (50 %). rééquilibrage des modes de déplacement. Il consiste à
réduire physiquement la chaussée et le stationnement au
profit d’autres espaces : sites propres de TC, bandes et
Les outils pour rééquilibrer pistes cyclables, élargissement des trottoirs. L’insertion des
les modes de déplacements plates-formes de tramway dans les grands axes en lieu et
place de voies de circulation en est un bon exemple.
Les documents de planifications (PDU, PADD…) Il est de plus en plus admis que l’espace occupé par la
Le Plan de déplacements urbains (PDU) obligatoire pour voiture devrait représenter moins de 50 % de l’espace
les communes de plus de 100 000 habitants fixe les de la voirie.
36 V O I R I E S U R B A I N E S , C O M M E N T L E S A P P R É H E N D E R ?
d’ouvrage doit évaluer les incidences sur l’eau du projet alternatives à la collecte par des tuyaux permettent de
et les éviter, réduire ou compenser. La gestion des eaux croiser des fonctions autres qu’hydrauliques : espace vert,
pluviales vise également à garantir un confort d’usage biodiversité, paysage, perméabilité des sols, stockage
et de sécurité des voiries et espaces publics. d’eau, etc.
En termes de gestion des eaux pluviales, le croisement La préservation des milieux aquatiques est un autre
des contraintes du site avec celles du projet conduit à enjeu d’aménagement de l’espace public : préservation
plusieurs solutions. Ces scénarios intégreront des objectifs des milieux humides, valorisation des cours d’eau…
autres que techniques, par exemple des considérations Encore une fois, cela relève d’une démarche d’intégration
sociales, politiques, paysagères. Dans ce cadre, les solutions de la nature en ville.
Les eaux pluviales de cette voirie sont collectées dans des Ici, la valorisation des cours d’eau par la réhabilitation
caniveaux et traitées par des microréseaux. Ceux-ci sont des berges a été l’occasion d’offrir au citadin des lieux
constitués d’avaloirs, raccordés à des puits d’infiltration. de promenade, de repos ou de jeux.
Quelques techniques alternatives de gestion des eaux pluviales pour lesquelles les eaux peuvent être traitées avant rejet. Elles
s'intègrent bien au milieu urbain et participent à la réduction des risques d’inondation.
38 V O I R I E S U R B A I N E S , C O M M E N T L E S A P P R É H E N D E R ?
Gestion des sols pollués Parallèlement, il est à noter que les impacts liés à la
Une voirie nouvelle peut traverser des terrains susceptibles température dans les villes pourraient se trouver exacerbés
d’être pollués (friche industrielle, ancienne décharge…). par les effets d’îlots de chaleur urbaine, augmentant le
Ceux-ci peuvent générer des risques sanitaires et environ- niveau de température moyen au-delà des normes
nementaux et des coûts supplémentaires. Pour cela, le régionales. Il faut être vigilant à la variable température.
maître d’ouvrage doit connaître le niveau de contamination Ainsi sont privilégiés les aménagements favorisant les
des sols. Une démarche nationale de gestion de sol pollué a surfaces blanches ou de couleur claire et les matériaux
été définie par la note ministérielle du 8 février 2007. Dans réfléchissant de manière à augmenter l’albédo urbain.
ce cadre, basias et basol sont deux bases de données faisant La végétalisation des aménagements et la conservation
l’inventaire de sites et sols pollués auxquels il faut se référer. et la gestion des eaux pluviales sont aussi des pistes
d’action dans ce domaine émergent.
Risques naturels
Un risque naturel est le croisement d’un aléa d’origine
naturelle et d’enjeux humains, économiques, environne-
mentaux. Il est qualifié de majeur lorsque le phénomène
est grave et que l’occurrence est très faible. En France,
huit types de risques sont identifiés : inondation, mouve-
ment de terrain, avalanche, feu de forêt, séisme, tempête,
cyclone et éruption volcanique. Ils sont en général iden-
tifiés, cartographiés et portés à connaissance dans des
documents d’urbanisme (SCoT, PLU, PPR) ou des docu-
ments spécifiques (dossier départemental sur les risques Matériaux de sol clair et végétaux participent à la réduction
des îlots de chaleur urbains.
majeurs). Il convient de les consulter au moment du projet.
Une étude géotechnique permet d’en identifier les risques.
Nuisances lumineuses
Traité dans la fiche n°23.
? Le saviez- vous ?
? Le saviez-
vous ?
• elle bénéficie également de procédures originales existantes en empiétant éventuellement sur les propriétés
d’acquisition en vue de sa création ou de son extension, riveraines. Le plan d’alignement n’est pas obligatoire
par le biais d’emplacements réservés ou de servitudes pour les routes nationales et départementales.
de reculement dans le cas des plans d’alignement.
Ces pouvoirs peuvent se superposer, c’est - à - dire Les aisances de voirie qualifient l’ensemble des droits
s’appliquer en même temps sur le même espace, dès des riverains de la voie publique :
lors que police générale et police spéciale n’ont pas • l’accès aux propriétaires (1) et aux occupants des
nécessairement le même champ ni ne relèvent de la immeubles riverains de la voirie publique permet d’entrer
même autorité (collecte des déchets, stationnement…). et de sortir à pied ou en véhicule, d’accéder en véhicule
devant l’immeuble, et de s’y arrêter le temps nécessaire à
la montée et à la descente des occupants et au déchar-
Gestion du domaine public routier gement de toutes les choses utiles à la vie ou à l’activité
du riverain, mais sans droit à stationnement. Ainsi,
La gestion de la voirie routière peut être directe, par son l’autorité de police doit en tenir compte quand elle régle-
affectataire, ou déléguée à une autre personne publique, mente la circulation et le stationnement des véhicules ;
ou encore transférée à celle-ci, de plein droit ou par choix, • le droit de vue (2), qui permet aux riverains de main-
si l’on se place dans le cadre d’une intercommunalité. tenir ou d’ouvrir des fenêtres donnant sur la voie publique ;
Cette gestion doit assurer un équilibre entre les utilisations • le droit à déverser les eaux pluviales (3) et les eaux de
«normales» de la voie, conformes à son affectation, et les source qui s’écoulent naturellement de leur fond, «sans que
utilisations privatives, réservées à certains utilisateurs, la main de l’homme y ait contribué» (Code civil art. 640).
mais qui doivent être compatibles avec cette affectation.
En tout cas, cette gestion suppose le bon entretien du Les servitudes « administratives »
domaine public routier et implique de coordonner Les riverains doivent supporter certaines servitudes.
l’ensemble des travaux et activités dont elle est le Les servitudes d’accès qui interdisent l’accès direct des
support ou l’objet, en articulant règlement de voirie et riverains aux autoroutes, routes express et déviations.
autorisation de travaux.
Le domaine public peut être grevé de charges de voisinage Les servitudes de visibilité destinées à assurer une
spéciales régies par le droit public (aisances de voirie), meilleure visibilité à proximité de croisements, virages,
d’autres s’imposent aux propriétaires privés (servitudes). ou points dangereux ou incommodes pour la circulation
publique. Elles sont fondées sur un plan de dégagement
Les aisances de la voirie soumis à une enquête publique.
1
1
Les aisances de la voirie :
1 Droit d’accès
2 Droit de vue
3 Droit de déversement, évacuation des eaux pluviales Les servitudes de dégagement peuvent imposer à ce
(Source : ATTF) riverain de couper les plantations masquant les usagers
venant de droite (source : ATTF).
44 V O I R I E S U R B A I N E S , C O M M E N T L E S A P P R É H E N D E R ?
La permission de voirie est une autorisation d’occuper le La personne publique gestionnaire du domaine public peut
domaine public avec une emprise au sol (ancrage) qui imposer des contraintes dans l’intérêt de la conservation
implique l’exécution de travaux ayant pour conséquence des voies – comme le déversement de l’eau s’écoulant des
de modifier l’assiette du domaine public (établissement de chenaux dans des canalisations (source : ATTF).
canalisations dans le sol, installation de mobiliers urbains…).
Elle est délivrée par l’autorité en charge de la gestion du
domaine public routier (source : ATTF).
46 V O I R I E S U R B A I N E S , C O M M E N T L E S A P P R É H E N D E R ?
Éléments de réflexion
Les comportements Une attention particulière sera accordée aux usagers dits
vulnérables, à savoir les piétons, les cyclistes et les utili-
sateurs de deux-roues motorisés qui représentent 70 %
des personnes tuées. Parmi ces usagers vulnérables, les
accidents impliquant un piéton ont, en milieu urbain, des
L'infrastructure Le véhicule conséquences graves avec plus de 3 tués pour 100 acci-
dents corporels. Les accidents impliquant les poids lourds
ont, en milieu urbain, des conséquences particulièrement
graves avec plus de 6 tués pour 100 accidents corporels.
Les enjeux de la sécurité
Gravité (tués / 100 accidents corporels)
Parmi les accidents corporels en France, ceux qui ont lieu en 2012 en agglomération
en agglomération constituent une part particulièrement Accidents avec Gravité
importante, puisqu’ils représentent 70,2 % de l’ensemble au moins un(e) : (tués/100 accidents corporels)
des accidents, soit 42 439 en 2012, dont 978 accidents poids lourd 6,88
mortels. Environ un décès sur trois résulte d’un accident transport en commun 3,63
piétons 3,15
en agglomération (28,1 % en 2012). La répartition des
véhicule utilitaire 2,54
1 026 personnes tuées en agglomération selon les usagers motocyclette 2,43
est la suivante : véhicule de tourisme 1,99
cycliste 1,66
cyclomoteur 1,29
V O I R I E S U R B A I N E S , C O M M E N T L E S A P P R É H E N D E R ? 47
Selon les analyses conduites par le Cerema dans quelques des nuisances… La modération des vitesses renvoie donc
villes françaises, il apparaît que près de 50 % des accidents à des enjeux d’urbanisme et de mobilités plus vastes.
corporels et 50 % des accidents mortels se produisent
au niveau des voies principales (avenue, boulevard…) qui
ne représentent pourtant que 10 % à 15 % du linéaire. Moyens d’action
En 2012, la part des accidents mortels en intersection
croît de 14,5 % dans les villes de moins de 5 000 habitants Diagnostic et connaissance des zones dangereuses
à plus de 42 % dans les agglomérations de plus de Le premier but à atteindre est de diminuer le nombre
300 000 habitants. Le facteur d’accident majoritaire est d’accidents corporels et d’en réduire la gravité. Ce qui
le non - respect des règles de priorité (franchissement exige une bonne connaissance du phénomène : le passage
de feu tricolore ou absence d’arrêt à un stop) associé à à l’action nécessite de mener des études de sécurité plus
des situations de non-perception dues à des masques ou moins approfondies pour connaître et comprendre
de la visibilité notamment. les accidents observés dans un territoire donné et les lieux
Un tiers des personnes tuées en milieu urbain le sont accidentogènes. Études d’enjeux et diagnostics permet-
lors d’un accident avec un choc contre un obstacle fixe. tent d’éclairer sur les objectifs de sécurité et les priorités
Les murs et piles de ponts sont les obstacles les plus d’action offrant, selon le contexte, le maximum de gains
percutés en milieu urbain, avant les arbres. potentiels en termes de sécurité des déplacements.
Perte de contrôle à faible allure (40 km/h) sur une voie étroite
avec des voitures mal garées. Le choc contre le pilier à une
faible vitesse estimée à 20 km/h a fait un blessé léger
(source : Inrets)
Les véhicules constituent aussi des masques à la visibilité. Enfin, la réglementation peut être modifiée pour améliorer
C’est le cas d’un alignement de voitures en stationnement la sécurité ; les nouvelles possibilités techniques peuvent
le long d’un trottoir ou d’une bande cyclable… Même s’il permettre de mieux adapter l’équipement aux conditions
existe peu de données statistiques, les pratiques de de circulation. Il faut veiller à la mise en conformité des
stationnement provoquent des accidents. Elles créent aménagements et des équipements.
un écran visuel pour certaines catégories de piétons, D’une manière générale, une réparation des dégâts
notamment les enfants lors de la traversée de la provoqués par un véhicule ou autres causes s’impose
chaussée dont on sait qu’ils représentent une part le plus rapidement possible.
importante des piétons blessés (10 % en 2012).
Le stationnement est un enjeu à prendre en compte Plan de modé ration de la vitesse
dans la sécurisation des déplacements.
Le conducteur détermine sa vitesse selon une certaine perception de l’envi-
Entretenir son réseau ronnement (type de bâti, paysage), les caractéristiques du trafic (volume,
S’assurer que la voirie garde bien ses fonctionnalités et nature des usagers), la géométrie de la voie (nombre de voies, présence de
sa qualité d’usage jour après jour est un gage de sécurité : trottoirs...), la surface roulable (revêtement, marquage), le mode d’exploitation de
lisibilité de la voie, état du marquage au sol, état des la voie (régime de priorité, signalisation...), la présence d’éléments à connotation
matériaux, etc. urbaine (éclairage urbain, mobilier comme des bancs, des jardinières...).
Aucun détail ne doit être négligé ; un exemple : l’obser- Quatre types de zones résultent de cette perception correspondant à des
vation sur un boulevard d’une grande ville, d’une niveaux de vitesse :
recrudescence régulière tous les deux ans des accidents • les sections de voies où la vitesse peut être relevée à 70 km/h dans les lieux
par franchissement de feux, a conduit à établir un lien où la vie riveraine n’est pas en contact directe avec la voirie ;
avec l’élagage des arbres : les accidents se produisaient • les zones où l’on souhaite avoir effectivement des vitesses inférieures à
les années sans élagage. 50 km/h (comme les entrées d’agglomération, les traversées d’agglomération,
Comme différents services interviennent, les hommes les itinéraires de transit) ;
«sur le terrain» doivent signaler les dysfonctionnements • les zones où l’on souhaite obtenir des
qu’ils ont pu observer, même ceux pour lesquels ils ne sont vitesses inférieures à 30 km / h (centre -
pas responsables. C’est un problème de coordination. ville, centre d’équipements publics,
quartiers résidentiels) ;
• les zones où une vitesse inférieure à
20 km / h est nécessaire pour privilégier
fortement la vie riveraine (rue résidentielle
ou très commerçante, certaines sorties
d’école, rue ancienne...).
En milieu urbain, la voirie et l’espace public sont l’objet de sollicitations nombreuses et d’exigences
diverses des usagers et des utilisateurs. Les pratiques variées qu’accueillent ces espaces génèrent
d’innombrables conflits d’usage. À cette difficulté, il faut aussi ajouter la multiplicité des intervenants :
maîtrises d’ouvrage publiques et privées, services communaux, concessionnaires de réseaux, riverains,
associations d’usagers…
Pour répondre à cette complexité, il convient d’accorder une grande attention à la démarche de
projet, et notamment à la pluridisciplinarité de l’équipe de projet, à la concertation des différents
acteurs de l’aménagement, à l’analyse du contexte et à la construction d’un programme précis
des aménagements.
52 D É M A R C H E E T M É T H O D E D E P R O J E T
11 La démarche de projet
} RÉFÉRENCES Cette fiche présente succinctement les étapes de la démarche générale d’un projet
BIBLIOGRAPHIQUES : aménagement de voirie ou d’espace public. La complexité du milieu urbain, que ce soit
16, 20, 22
en termes d’usages, de pluridisciplinarité, de réglementation ou de nombre d’acteurs,
} AUTRES FICHES
impose au concepteur d’adopter une démarche méthodique par étapes successives.
À CONSULTER :
12, 13, 14 Des phases de concertation et de communication sont indispensables à la réussite du
projet et à son acceptation par le citoyen.
Le déroulement du projet
La démarche de projet a déjà largement été développée dans de nombreux ouvrages (voir les références bibliographiques).
Elle se déroule en six étapes que l’on peut résumer ainsi.
services communaux,
Étape 1 Étape 2 Étape 3 Étape 4 Étape 5 Étape 6
La communication
Étape 5 – La réalisation
Étape 6 - L’évaluation
Le comité technique
Les modes de participation les débats peuvent être passionnés, car la discussion
du citoyen porte en général sur des choix ou des projets déjà bien
avancés occultant parfois certaines solutions. Pour que
La participation du public est indispensable avant toute la consultation se déroule sans problème, une diffusion
décision du maître d’ouvrage du projet. Elle permet d’ins- des informations, des études préalables et une certaine
taurer un dialogue entre les décideurs et les personnes transparence sont nécessaires dès le début du projet ;
sans lien professionnel avec le projet afin que le meilleur • la concertation est une démarche participative
choix soit fait et que le citoyen s’approprie le projet. impliquant des allers-retours entre le décideur et le public.
Il est intéressant de distinguer trois modes de participation : Les choix sont tous exposés avec leurs avantages et leurs
• l’information, c’est le premier stade de la participation inconvénients, ce qui oblige chacun à se positionner dans
où le décideur informe le citoyen sur un projet, un choix. la transparence. Le projet s’en trouve enrichi et peut
C’est une information qui peut se faire au travers d’une évoluer tout au long du processus.
publication, d’une exposition, d’une réunion publique.
La communication se fait dans un sens. Elle a le mérite Information, consultation et concertation s’organisent
d’être simple à mettre en place ; par la maîtrise d’ouvrage dès le début du processus de
• la consultation vise à recueillir des avis avant une projet. Elles peuvent avoir lieu à différentes étapes du
décision. C’est, par exemple, l’objet de l’enquête publique. projet, selon le choix du maître d’œuvre et aux moments
La communication se fait dans les deux sens. Pour autant, qu’il juge opportuns, notamment :
• lors des études préalables pour aboutir à un diagnostic
! À connaître...
Le test in situ : être envisagée chaque fois que cela est possible sans
un moyen d’associer l’usager risque pour la sécurité des usagers.
Dans le cadre de la validation du projet, une évaluation
Le test in situ d’un projet d’aménagement peut être du test est nécessaire. Elle permet de répondre aux
envisagé pour affiner les caractéristiques géométriques questions suivantes :
de celui-ci (giration des bus), tester sa perception et le • quel est le niveau de satisfaction obtenu au regard
comportement des usagers (effet modérateur de des objectifs initiaux ?
vitesse), ou simplement le « visualiser » dans le cadre de • qu’a-t-on amélioré (sécurité, accessibilité, vie locale…) ?
la concertation. • quels sont les risques de dysfonctionnements ou
On veillera donc à ne pas lui donner un aspect trop d’utilisations dévoyées ?
provisoire et à le tester sur une durée assez longue, • l’aménagement s’inscrit-il dans une logique de déve-
couvrant la période d’adaptation de l’usager qui accom- loppement durable, ses possibilités d’évolution et de sa
pagne tout nouvel aménagement. Cette pratique doit pérennité sont-elles assurées ?
Exemple d'une écluse provisoire mise en place à la demande des riverains pour s'assurer de son efficacité vis-à-vis de leurs attentes.
Exemple d’un test d’aménagement de mini-giratoire avant réalisation pour s'assurer de son fonctionnement. L'entrée tangentielle peut
s'avérer une source d'insécurité.
60 D É M A R C H E E T M É T H O D E D E P R O J E T
Exemple de synthèse qui met en évidence des tronçons de voirie représentant des espaces homogènes et cohérents en termes de morphologie urbaine, de lisibilité
spatiale, de fonctions, d’usage. Un nom est donné à chaque séquence urbaine.
D É M A R C H E E T M É T H O D E D E P R O J E T 61
Les thèmes à aborder d’aménagement. Elle est basée sur des visites de site,
une recherche documentaire et, au besoin, des mesures.
Le diagnostic s’opère selon diverses échelles en croisant Les thématiques sont étudiées selon quatre approches :
plusieurs thématiques choisies en relation avec les • urbaine et sociale ;
orientations définies lors de la phase d’identification du • fonctionnelle ;
problème à traiter. Ces thèmes sont en lien avec ceux du • environnementale ;
chapitre 1 du guide. • spatiale et architecturale.
L’analyse thématique consiste à décrire le contexte dans Les paragraphes qui suivent présentent, de façon non
lequel s’insère le projet tout en expliquant les dysfonction- exhaustive, quelques sujets d’analyse et des pistes pour
nements constatés en les replaçant dans les perspectives rechercher les données correspondantes.
} L'analyse thématique
peut se faire à plusieurs
échelles : du territoire,
du quartier, de la parcelle.
Approche fonctionnelle
Cette approche consiste à étudier comment fonctionne
la voirie en lien avec le contexte qui l’entoure. L’analyse
}
porte par exemple sur :
• les usages, conflits d’usages, dysfonctionnements… ;
• les déplacements aux différentes échelles concernées
par le projet, et pour tous les modes ;
• les échanges transversaux, les intersections, les Repérage des accidents
coupures ;
Des pistes pour obtenir les donné es
• la sécurité routière, les dysfonctionnements ou confi- Observation des pratiques, entretien, enquêtes,
gurations dangereuses ;
enquêtes déplacements, plan des lignes de TC,
• le stationnement (offre et demande) ; recensement des aménagements cyclables, accessi-
• les pôles générateurs de déplacement (en lien avec les bilité piétonne, observation des traversées, type de
analyses économiques) ;
carrefour, modes actifs, comptages et matrice origine-
• la signalisation (marquage, police, jalonnement…) ; destination, relevé de l’offre de stationnement, mesure
• l’habitat, sa nature, sa densité, son évolution ; du stationnement illicite...
• les occupations du domaine public, les réseaux, le Analyse de sécurité ; fichier BAAC, analyse des PV,
mobilier urbain, l’entretien et la gestion ;
enquêtes, analyse des visibilités, perception, vitesse...
• l’accessibilité urbaine au regard de tous les usages : Analyse cartographique, documents d’urbanisme,
piétons (PAVE), cyclistes, secours, services, TC, livraisons ;
plans topographiques, plan des réseaux et enquêtes
• l’état des structures et revêtements ; auprès des concessionnaires, repérage spatial...
• […]
D É M A R C H E E T M É T H O D E D E P R O J E T 63
Approche environnementale
Il convient de connaître l’état initial et les évolutions
programmées pour chaque thématique environne-
}
mentale :
• les nuisances (bruit, pollutions, vibration…) ;
• l’eau (l’assainissement, l’arrosage, le nettoyage, les
trames bleues) ;
• le paysage, la biodiversité ;
• les risques ;
• la connaissance du sol (géologie, pollution des sols) ; Des pistes pour obtenir les donné es
• […] Relevé des sources sonores (ramassage des ordures
ménagères, activités…) et mesure de l’état initial,
localisation des points de rejet, identification des
réseaux d’eau, relevé des essences locales et
remarquables…
Analyse documentaire : carte de bruit, identification
des ZNIEFF, Natura 2000, charte paysagère, documents
d’urbanisme, PADD, SDAGE, PPR.
Sécurité
L'évaluation permet d'améliorer la qualité du
projet, d'en mesurer les impacts, mais aussi Efficacité économique
d'enrichir les connaissances qui viendront
nourrir les futurs projets. …
D É M A R C H E E T M É T H O D E D E P R O J E T 65
A Objectifs Évaluation A
Les objectifs Dégagement du PN P
%
P
.
transports en commun ;
• réduire les vitesses TAG Belle-Roche Forbach P
C
La voirie urbaine se caractérise par la multiplicité de ses fonctions et des usages qu’elle accueille.
Aussi, avant de s’intéresser à chaque usager, ce chapitre pose les principes généraux de l’aménagement
de la voirie urbaine. Comment partager l’espace de la rue pour tous ? Quels types de carrefours
retenir ? Comment intégrer les aspects paysagers ? Quelle altimétrie donner aux espaces ?
Quels matériaux peuvent être mis en œuvre dans les espaces publics urbains ? Comment éclairer ?
Comment intégrer les réseaux ? Comment appréhender l’entretien des chaussées ?
68 É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N
Profil en travers
Exemple de voie à fonction circulatoire prépondérante où chaque usager à son espace.
La réflexion sur la séparation ou la mixité se transcrit Le positionnement est prévu pour que les véhicules les plus rapides soient éloignés
dans le profil en travers. Il traduit en effet spatialement des façades.
la répartition de l’emprise entre la chaussée, les trottoirs,
les terre-pleins centraux et latéraux, les voies latérales
de desserte, les voies réservées aux véhicules de transports
collectifs, les pistes et bandes cyclables, le stationnement,
les plantations, etc.
Le profil en travers, résultat d’un choix, est fondé princi-
palement sur des objectifs d’aménagement en cohérence
avec les fonctions assignées, la hiérarchisation du
réseau viaire et le contexte urbain.
Pour atteindre ces objectifs, mixité ou séparation sont
analysées en considérant les avantages et les inconvé-
nients de chacun par rapport au contexte et aux usages
présents. Dans le cas de séparation, cela se traduit par des
précautions à prendre pour la juxtaposition et conduit à la
notion de «séparateur». Dans le cas de mixité, il faut
s’interroger sur la cohabitation possible entre usagers.
Un profil en travers ne se reproduit pas systématiquement
tout le long d’une voirie. Variation de profil en travers le long d’une voirie
70 É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N
Quand on étudie une voirie, on est tenté d’en rechercher motorisés roulent à faible vitesse est une solution
le profil idéal, applicable systématiquement d’un bout à souple et très bien vécue localement. Les cyclistes
l’autre du projet. Or, la rue est un espace rythmé, elle peuvent circuler sur la chaussée en sécurité, des riverains
doit donc être en cohérence avec le bâti, avec les activités y stationner. Ce n’est que lorsque les conflits deviennent
riveraines. On peut, pour des raisons de paysage, de trop importants que l’on sera amené à séparer les
composition urbaine, de fonction, décider de tracer une fonctions.
belle avenue, une grande voie qui, à elle seule, constitue Mais d’une manière générale, il est préférable de donner
un élément prépondérant dans le paysage. Une réflexion la place aux usagers, en particulier aux modes actifs,
à partir de chaque élément bordant la voirie, de sa mise plutôt qu’aux séparateurs.
en valeur constitue une démarche créative permettant
d’adapter la voirie au tissu urbain et non le contraire. Profil en travers et type de voirie urbaine
Une habitude extrêmement répandue, en particulier
L’étude d’un profil en travers ne consiste pas dans les lotissements, consiste à reproduire un profil
à juxtaposer des bandes composé d’une chaussée et de deux trottoirs, sans
Étudier un profil ne consiste pas à juxtaposer des référence aucune à la ville, au cadre environnant, à la
bandes, chacune étant dimensionnée en fonction des végétation existante, aux conditions climatiques, aux
besoins locaux : chaussée, pistes cyclables, sites réservés, conditions de vie des futurs habitants.
stationnement, trottoirs, végétations. Ces voiries, souvent, ne correspondent pas aux besoins
Partout où cela est possible, il est judicieux de préconiser, des résidents (les voitures stationnent sur le trottoir,
le moins de séparation possible entre les différentes les piétons marchent sur la chaussée, les enfants y
fonctions de la voirie. jouent…). Des rues pensées en fonction du cadre dans
Dans de nombreuses rues, aménager simplement des lequel elles s’insèrent paraissent alors bien plus
trottoirs et une chaussée sur laquelle les véhicules appropriées.
}
}
É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N 71
Terre - pleins centraux Petit, simple séparateur entre les courants de circulation
Un terre-plein central peut avoir de multiples rôles, (moins de 1 m), il peut, si sa forme n’est pas trop
suivant sa largeur ; de simple séparateur pour voitures, agressive, assez bien s’intégrer dans un milieu urbain
il peut, plus large, agrémenter une voie, et même, très (il ne stérilise pas trop de place, et en laisse d’autant plus
large, être utilisé par les piétons. Un terre-plein central pour les aménagements latéraux utilisés par les piétons).
a un impact très fort sur le paysage de la voie dans Dans certains cas, on peut se demander s’il n’est pas
laquelle il s’insère. utile de le remplacer par un marquage axial.
Plus large (moins de 10 m) il ne peut s’intégrer dans
une voie que si le traitement des abords s’inspire du
traitement du terre - plein : massifs de fleurs sur terre -
plein, rappelant les massifs des jardins des riverains,
grande pelouse se continuant de part et d’autre de la
voie (genre «parkway»).
Encore plus large (à partir de 10 m environ) il peut
constituer un paysage à lui seul : un vaste mail planté de
platanes, bordé par les voies de circulation.
Sur ce boulevard, le terre-plein latéral crée un espace tampon entre la circulation générale et l'espace piéton. Il intègre un espace
paysager et des bancs et empêche le stationnement illicite.
74 É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N
Lisibilité
Conflits d’usage prégnantes, il faut alors protéger les usages les uns par
et aménagement de la voie rapport aux autres, tout en regroupant en certains points
bien traités et bien compréhensibles, les lieux de conflits
Prenons deux cas extrêmes : une voie rapide et une voie d’usage potentiels : carrefour bien traité, sortie d’école…
très animée. Dans le cas des voies rapides, il est convenu Le surdimensionnement de la voirie peut inciter les
que tous les usages sont séparés, et que les automobilistes véhicules à la vitesse. Des aménagements géométriques
en «site propre» n’ont pas à prendre en compte les tendant à réduire cette vitesse (rétrécissements de
usagers latéraux pour régler leur comportement. chaussée, carrefours-places) peuvent contribuer à faire
Dans le cas d’une voie très animée, au contraire, les piétons diminuer ces conflits d’usage diffus (voir fiche n°10) et à
qui marchent sur le trottoir, qui traversent, la présence de concilier les divers usages de la voie. La notion de
cyclistes, la vue des commerces, les voitures qui se garent, surdimensionnement est plus complexe qu’il n’y paraît :
les gens qui s’arrêtent, sont autant d’éléments qui d’évi- en ville le sur-dimensionnement de la voirie ne signifie
dence montrent à l’automobiliste qu’il doit conduire lente- pas simplement une voirie spacieuse par rapport au trafic
ment, et régler son comportement sur tous ces éléments qui l’emprunte, mais une chaussée disproportionnée par
de vie. Ces deux exemples extrêmes sont faciles à résoudre. rapport aux trottoirs, et à l’ensemble de l’activité de la
Le problème se pose pour toutes les voies où les activités voie et de son paysage (bâti, plantations…).
urbaines sont ténues : on a peu de choses à exprimer L’aménageur doit, de plus dans un espace souvent
au niveau de la voie, et les voitures ont tendance à circuler contraint, concilier des demandes parfois antagonistes
vite. Survient alors un piéton qui veut traverser, un enfant telles que : permettre à la vie commerciale de s’exprimer
qui débouche d’une allée, et il y a conflit. (terrasses, étals), faciliter la circulation des transports en
Aucune recommandation générale ne peut régler ce commun, prendre en compte les piétons et leur accessibi-
problème. Cas par cas, on estimera si les activités riveraines lité, sécuriser et favoriser l’usage du vélo, fluidifier le trafic
sont suffisantes pour « forcer le respect » des automo- automobile ou permettre le stationnement et les arrêts.
bilistes. Par contre, si on juge qu’elles ne sont pas assez Et cela, bien entendu, sans déplacer clôtures ou façades.
Sur ce type de voie où les usages sont séparés, les conflits Des usages parfois difficiles à concilier : étalage, piste
sont à gérer avec soin aux carrefours. cyclable, trottoir… (source : F. Tortel)
É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N 77
! À retenir !
1 2
L’effet de coupure engendré par cette voirie principale a été réduit en cherchant à faciliter les échanges transversaux par l’aménagement de traversées
piétonnes fréquentes dont certaines en section courante (photo 1) et par la réduction des vitesses (photo 2 : création d’une chicane et fermeture de la
perspective par la végétation). L’aménagement global de la voie n’induit aucune ambiguïté sur la nature du milieu traversé.
78 É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N
17 Places et carrefours
} RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES : 29, 33
} AUTRES FICHES À CONSULTER : 16, 27, 30, 31, 32, 33, 34, 43, 46
Nombre de carrefours urbains s’inscrivent de manière Les dessins illustrent trois possibilités d’aménagement
très simple à la croisée de deux voies de circulation. Leur d’un carrefour-place.
géométrie, leur exploitation et leurs principes plus
généraux d’aménagement sont traités dans les fiches
n°18 et 30. Square ou grand
En revanche, d’autres carrefours ont pris naissance espace minéral
au milieu de la place.
dans des sites plus ou moins marqués, parfois dans Les voitures en font
des places. Il doit alors y avoir cohérence entre le dessin le tour ; les piétons
peuvent s’approprier
du carrefour et la composition de la place. le centre.
Très succinctement on pourrait caractériser les places
suivant quelques critères : leur forme, le bâti ou la
végétation qui les entoure, leur situation dans la ville,
leur activité propre. Tous ces critères seront à respecter
et à prendre en compte au moment de l’élaboration
d’un projet.
Prise en compte des éléments du bâti, largeur des trottoirs, des chaussées, proportion
qui entourent la place de l’élément central par rapport à l’ensemble. On doit
alors répondre au double souci d’équilibre de l’ensemble,
Le traitement de l’espace ne sera pas le même, suivant et d’appropriation des espaces, par exemple, pour qu’un
qu’on se trouve en centre-ville dense ou à la périphérie de espace central soit appropriable, il faut :
l’agglomération (entrée de ville). Il ne sera pas non plus • qu’il soit suffisamment grand (30 à 40 mètres au moins
le même si la place est entourée de bâtiments, en front dans une de ses dimensions) ;
continu, dispersés, de clôtures, de végétation, ou même, sur • que la largeur de chaussée pour y accéder ne soit pas
certains côtés, de champs. Plusieurs options peuvent se trop importante ;
dessiner, qui correspondent à des partis pris bien différents : • qu’un aménagement l’ait rendu attrayant.
• accuser le caractère de l’espace : construire par exemple
une place très minérale dans un bâti très marqué,
prolonger encore un peu la campagne sur un carrefour
Il est judicieux de chercher
giratoire d’entrée de ville ; à trouver une cohérence
• ou au contraire introduire une rupture : un parti entre la forme de la place,
son architecture,
végétal fort (square, grand mail) au milieu d’une place les éléments qui l'entourent
très construite, ou un parti minéral fort, dans une place et les usages locaux.
verdoyante, afin de mieux faire percevoir l’aspect urbain Ici, avec son carré central
de l’aménagement. en stabilisé cerné d'un pourtour
de pavés, la place du cloître
devient une cour intérieure.
Un juste rapport entre
Prise en compte des usages locaux espace central et dimension
de la place est un facteur
d'harmonie.
Suivant que la place est bordée de commerces, de cafés,
d’immeubles d’habitation, de maisons, qu’elle est située
dans un centre ancien ou dans une zone industrielle, qu’elle
est fréquentée ou non par de nombreux piétons, qui simple-
ment la traversent ou au contraire y séjournent pendant
plusieurs heures, elle ne peut recevoir le même traitement.
L’aménagement doit être en cohérence avec les usages de
la place, ses caractéristiques architecturales, et sa forme.
Lisibilité, visibilité
Lisibilité interne
Une fois arrivé dans le carrefour, il faut que l’usager
comprenne instantanément par où il va passer,
comment fonctionne l’aménagement. Ce résultat est
souvent obtenu par une simplification de l’organisation
du carrefour.
?
Visibilité à assurer à 50 km/h pour une distance d’arrêt sur
chaussée mouillée.
Faire en sorte que les courants ci - dessous indiquent la zone d’insécurité pour un auto-
se coupent selon un angle mobiliste, un cycliste, mais aussi un piéton qui recherche
le plus proche possible de 90° le trajet le plus direct. (Voir aussi la fiche n°46).
Dans le cas particulier de carrefours complexes, on pourra parfois décomposer le carrefour en carrefours élémentaires simples.
Chacun des carrefours peut ainsi, bien que coordonné à l’autre, être traité avec un espace réduit. La lisibilité de ces aménagements
est souvent meilleure.
É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N 85
Circulation générale
Type
(somme des trafics Piétons Cyclistes Transports collectifs
de carrefour
entrant limités)
Donner dans
Priorité à droite Favorable pour la mesure du possible
Limité à 1200 uvp/h
Cédez-le-passage les axes la priorité
(900 uvp/h pour le stop)
Stop à faible trafic à la rue empruntée
Traversée difficile par le TC
avec un trafic
de plus de Sous réserve
Giratoire compact À préférer aux grands
Limité à 1 500 uvp/h 800 uvp/h de la giration
et mini-giratoire giratoires
sur une chaussée des bus
Étude spécifique
Pas favorable
Grand giratoire Limité à 5 000 uvp/h pour les sites propres
aux cyclistes
de TC
À privilégier
Fonction du nombre Favorable pour Favorable pour pour les tramways
Carrefour à feux
de voies les axes à fort trafic les axes à fort trafic ou lignes fortes
de bus
La topographie naturelle des lieux influe sur la conception jouer avec des différences de niveau introduisant du
de l’espace public. Dans certaines villes, elle est plane, la rythme dans l’espace public avec tantôt une placette,
réflexion principale porte alors sur l’évacuation des des gradins, tantôt un parterre végétal.
eaux. Dans d’autres, elle est «vallonnée», le tracé des
voies et le profil en long sont alors étudiés pour éviter,
autant que possible, les fortes dénivellations et pentes
peu favorables aux modes actifs.
D’une manière générale, la voirie est plutôt calée sur
? Le saviez- vous ?
Cette place en pente a été traitée par des ruptures de niveau faisant office de bancs, intégrant les fosses d'arbres et créant des placettes
qui structurent l'espace. Un cheminement accessible aux PMR serpente entre ces placettes (pente de moins de 5 %).
É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N 87
20 Aménagements paysagers
} RÉFÉRENCES Central Park à New York, Hyde Park à Londres, Unter den Linden à Berlin, le parc
BIBLIOGRAPHIQUES : Montsouris ou les Bois de Boulogne et de Vincennes à Paris… que seraient les villes sans
55, 107, 108
leurs fleurs, leurs arbres et leurs jardins ?
} AUTRES FICHES
À CONSULTER : La place des espaces verts devient de plus en plus importante avec l’émergence des
6, 8, 21, 24 écoquartiers, des jardins collectifs, de la nature en ville. Mais ils ne sont pas les seuls à
contribuer au paysage de la ville : celui-ci est également constitué par le bâti, les pers-
pectives, les pleins et les vides, l’agencement des volumes, des surfaces, la diversité des
matériaux minéraux et végétaux, etc., chaque aménagement concourant à le construire.
La « nature » et la ville
chimiques dont l’origine est domestique, industrielle, Il est souhaitable que les aménagements paysagers
automobile… En particulier sous l’action de la lumière, respectent les particularités architecturales et climatiques
les végétaux absorbent le gaz carbonique contenu dans régionales.
l’air ambiant et rejettent l’oxygène. De plus, ils agissent Les aménagements paysagers contribuent à l’ambiance
comme des filtres sur la poussière : le renouvellement qui se dégage d’une voie : elle se doit d’être agréable,
des feuilles chez les végétaux à feuilles caduques favorise vivante et dynamique. Pour cela, les aménagements
la résistance à cette agression ; en revanche, ceux à paysagers seront adaptés au contexte environnant,
feuillage persistant retiennent les dépôts. étudiés dans leur ensemble et non comme un décor que
Ils forment des écrans végétaux qui cachent l’origine l’on rajoute.
des bruits urbains, détournent également l’attention du D’autre part, l’ambiance qui se dégage de la voie varie
citadin par le bruissement des feuilles et des branches, en fonction des moyens utilisés :
et procurent des impressions de calme et de repos • la dominante végétale ou minérale, le dessin des
influant sur le psychisme humain, ceci grâce à la couleur massifs, des cheminements et des élargissements
verte des feuillages. souples ou rigides ; les associations végétales variées :
Un spectacle toujours renouvelé qui varie au cours d’une arbres en alignement ou en groupe, arbustes en
même journée, au cours des saisons, ponctue le temps. mélange, ou en massifs homogènes ; le feuillage des
végétaux choisis parmi des sujets persistants ou caducs ;
Accompagnement de l’architecture les effets décoratifs recherchés parmi des végétaux à
Les aménagements paysagers introduisent dans le milieu floraison et fructification intéressantes ;
urbain à la fois une unité spatiale et une diversité végétale. • les ouvrages d’accompagnement : murets, escaliers,
Par leur plasticité, la forme des feuilles, des couronnes, gradins, bassins et fontaines ;
des troncs, la souplesse de leur silhouette, les végétaux • les mouvements de sol : protection visuelle et physique,
s’opposent aux formes géométriques urbaines et à la accompagnement du relief existant, jeux d’enfants… ;
dureté des matériaux. • l’éclairage qui joue un rôle important ; de jour, il parti-
Aussi les végétaux, et en particulier les arbres : cipe à l’aspect de la rue ; de nuit, il est l’acteur principal
• contribuent à structurer les rues, quelle que soit la de l’ambiance urbaine ;
qualité du bâti ; • le mobilier urbain, en particulier les panneaux d’affi-
• donnent une unité à des rues au caractère mal défini ; chages et de signalisation, les bancs, les sièges, les
• renforcent la structure et la lisibilité de la ville, et en corbeilles…
constituent l’une des trames ;
• dessinent un maillage vert qui délimite les quartiers ;
• créent un gabarit, une échelle de référence par rapport
à la taille humaine ;
• définissent des perspectives qui mettent en valeur une
place, un rond-point ou un monument, et valorisent
Souligner Marquer Créer Valoriser
des bâtiments intéressants ou des vues particulières ; une perspective une porte une intimité un patrimoine
• introduisent de la diversité dans les rues austères ou
uniformes. Le végétal est un élément qui participe à la composition et à la structuration de l’espace.
92 É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N
Les jardinières se sont multipliées sur les trottoirs et devront être choisies et implantées en veillant aux
dans les zones piétonnes avec des résultats inégaux. points suivants :
Trop souvent inadaptées à l’aménagement, isolées, • respect des conditions de vie des végétaux qu’elles
hébergeant quelques fleurs chétives, elles sont devenues accueilleront (contenance de terre, drainage et écou-
le symbole du végétal « objet ». Elles peuvent parfois lement de l’eau, arrosage). Il faut des jardinières de
être utilisées pour créer des effets. Pour cela, elles grandes dimensions pour permettre à des végétaux
arbustifs de se développer normalement, la terre y
retiendra davantage l’humidité et les arbustes exigeront
un entretien moins fréquent que des plantes annuelles
dans de petites jardinières. Les jardinières en pleine terre
demandent moins de temps pour l’arrosage ;
• organisation des bacs dans l’espace : penser à tirer
profit de la possibilité de regroupement ;
• relation des bacs avec le sol (couleur, matière, nettoyage
au sol) ;
• une implantation qui n’est pas une gêne pour le
cheminement des piétons ni un masque à la visibilité.
Ils valorisent les bâtiments intéressants. Les arbres centenaires ont acquis au cours du
temps une place prépondérante dans l’espace public.
Les aménagements paysagers renforcent l’ambiance urbaine, créent une échelle de Ces plantations, adaptées au contexte, créent une transition
référence par rapport à la taille humaine. entre la rue et l’habitat.
É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N 93
Dans les avenues, les arbres renforcent les effets de Ces quelques plantations introduisent de la diversité et
perspective. rythment la voie.
94 É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N
Les places et les carrefours Les aménagements paysagers sont un des éléments
Le mot «place» évoque l’espace, un lieu de rencontre et importants de mise en valeur d’une place, ils contribuent
d’animation temporaire ou permanente, un repère dans à lui donner son caractère. Celui-ci sera différent suivant
la ville. C’est un vaste espace qui peut être occupé par un l’architecture des constructions riveraines et le parti
square ou un marché, une foire-exposition, un cirque… ; d’aménagement retenu : définition des structures végé-
en dehors de ces occupations temporaires, il sert souvent tales, choix des essences, choix des éléments minéraux :
d’aires de jeux, de zone de stationnement des véhicules. sols, murets, éclairages, mobilier urbain…
Amélioration des fonctions liées au déplacement dans le but de ne pas enfermer les piétons dans des
Les aménagements paysagers concourent à affirmer la couloirs de verdure et de ne pas séparer les deux côtés
spécificité des espaces urbains. d’une même voie.
comme les chênes ou superficiel ou traçant comme Pour s’assurer que les arbres auront suffisamment de place
les robiniers et les peupliers et d’autres entre les deux. pour se développer, leur implantation sera définie au
Les uns peuvent endommager les réseaux et les moment de la conception d’un aménagement en tenant
fondations des bâtiments proches, les autres les revê- compte de la dimension adulte des couronnes. Cependant,
tements des sols urbains. Il faudra en tenir compte dans ils pourront être conduits par des tailles de formation
leur implantation. respectant les caractéristiques de chaque espèce.
Le système racinaire joue un rôle d’ancrage, d’alimen-
tation et d’échange gazeux. Distances de plantation
Les distances de plantation à respecter varient en fonction
Feuillage des essences utilisées (dimension et forme), de l’effet
Les arbres et arbustes ne conservent pas tous leur recherché, de la proximité des façades (façades avec
feuillage : ou sans fenêtre) de la largeur des voies et de la densité
• les espèces caduques perdent leur feuillage à l’automne de l’urbanisation. En règle générale :
(platane, tilleul…) ; • la distance des arbres par rapport aux façades doit
• les feuillages marcescents sèchent sur l’arbre en être égale à la moitié de la hauteur du végétal en pleine
automne et tombent au printemps avec l’arrivée des maturité ; le long des murs aveugles, cette distance
nouvelles feuilles (charme, hêtre…) ; pourra être réduite ;
• les espèces persistantes restent vertes toute l’année. • sur un même alignement régulier, les espacements
Les arbres perdent leurs feuilles ou leurs aiguilles de entre les arbres doivent être au moins équivalents à
façon plus régulière (chêne vert, cèdre…). leur hauteur.
Ces espacements pourront être modulés suivant l’effet
Le choix du feuillage contribue à créer des ambiances souhaité : rideau continu, voûte de verdure ou couronnes
différentes sur les lieux selon l’ombrage qu’il procure. La séparées les unes des autres.
floraison est aussi à prendre en compte pour l’esthétique
saisonnière des espaces. Attention cependant aux fleurs
qui peuvent produire des pollens allergènes.
Conditions d’implantation
L’implantation des végétaux n’est pas sans conséquence techniques générales, fascicule 35 sur les aménagements
sur les réseaux. La croissance des racines peut détériorer les paysagers, aires de sports et de loisirs de plein air annexé
réseaux enterrés et plus particulièrement les canalisations à l’arrêté du 30 mai 2012).
d’eau. Le développement du houppier peut devenir, dans le Les conditions urbaines étant défavorables à la croissance
temps, incompatible avec les réseaux aériens. La norme des végétaux, une fosse plus grande améliorera les
NF P 98-332 de février 2005 définit les règles de voisinage conditions de reprise. Ceci est surtout valable pour les
entre les réseaux et les végétaux (voir fiche n°24). arbres, en effet, quand les racines auront traversé la terre
L’implantation des mâts d’éclairage doit se faire suivant végétale pour atteindre le sous-sol, leur développement
le développement à l’âge adulte des arbres. risque d’être ralenti en
raison de la moins bonne
Vent qualité de celui-ci. Il serait
Le milieu urbain est générateur de courants d’air et de souhaitable que dans les
tourbillons. Les végétaux (arbres et arbustes) implantés cas les plus défavorables,
en rangée forment de bons écrans contre les vents. la fosse puisse atteindre
Ces fonctions naturelles et ancestrales trop souvent 3 m de côté et 1,50 m de
oubliées devront être utilisées pour créer des micro - profondeur.
climats protégés des vents.
Lumière
L’orientation de la rue détermine l’ensoleillement. Dans une
rue orientée nord-sud, les deux côtés pourront être indif-
! À retenir !
Extrait du cahier des clauses techniques général,
féremment plantés, en revanche, dans une rue orientée
est-ouest, il sera plus judicieux de privilégier le côté le plus fascicule 35 sur les aménagements paysagers, aires
ensoleillé. Cependant il faudra veiller à ne pas porter de sports et de loisirs de plein air.
trop d’ombrage aux façades, en éloignant l’alignement Volumes et profondeurs minimum des fosses par
au maximum de celles-ci, en choisissant des végétaux rapport à la cote finie pour des végétaux implantés
au feuillage peu dense et un espacement entre les troncs dans un milieu qui leur est hostile.
en rapport avec le développement à terme des arbres.
Volume Profondeur
Arbres tiges et conifères 12 m 3 1 à 1,50 m
Préparation du sol
à grand et moyen selon
Le végétal puise dans le sol les éléments nutritifs développement conditions
nécessaires à sa croissance. Arbres et conifères de petit 9 m3
Une bonne préparation du sol est indispensable : stabili- développement (3 e grandeur)
sation, drainage, fertilisation… Arbustes isolés 0,35 m 3 1m
L’ouverture des fosses : la capacité des fosses est Arbustes en massif 0,70 m
(dont rosiers)
déterminée par la nature du sous-sol, par l’importance
Plantes vivaces 0,70 m
des végétaux à planter. Elle varie selon que le milieu 0,30 m
est favorable ou pas (se référer au cahier des clauses
É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N 101
Un pied d’arbre sur voirie n’a pas forcément vocation à être Avec des grilles respectant les règles d’accessibilité pour
un espace terreux stérile ! Pourquoi ne pas l’agrémenter de les PMR, les pieds d’arbre s’intègrent dans le cheminement
fleurs, de graminées… piéton sans présenter d’obstacles à la marche.
102 É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N
Tableau des critères entrant dans le choix des matériaux de surface selon l’usage
Focus sur…
Le choix des matériaux doit également faire l’objet d’une approche environnementale. Celle-ci peut se décliner en
plusieurs axes tels que :
• les économies d’énergie en utilisant des matériaux ayant des températures de mise en œuvre plus faibles, en jouant
sur leurs qualités photométriques pour réduire les besoins en éclairage (limite également les nuisances lumineuses) ;
• la limitation du recours à des ressources naturelles par la réutilisation de matériaux recyclés, en améliorant les sols
en place, en faisant appel à des techniques de retraitement en place ;
• l’estimation de l’impact environnemental des solutions proposées à l’aide d’un éco-comparateur. Ces outils, sur la base
d’indicateurs environnementaux standard et de paramètres tels que les techniques employées, les modalités de mise en
œuvre permettent un classement des solutions les unes par rapport aux autres ;
• la furtivité qui permet de réduire l’impact sur l’usager, de diminuer les congestions induites par les travaux.
106 É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N
Caractéristiques de surface
Les asphaltes présentent une surface fermée et étanche.
L’adhérence du revêtement est médiocre. Elle peut être
La réalisation par temps sec
est impérative pour les tech- améliorée par cloutage ou gravillonnage (gravillons 4/6
niques d'enrobé percolé. ou 6/10).
108 É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N
Réalisation
La mise en œuvre est aisée, mais lente sauf en cas
d’emploi d’un finisseur adapté. Les centrales d’asphaltes
sont peu nombreuses, ce qui limite la disponibilité du
produit dans certaines régions.
Enduit superficiel monocouche double gravillonnage
10/14 - 4/6
Entretien
L’asphalte coulé nécessite peu d’entretien. Les principaux Ce sont des revêtements minces (0,5 à 1,5 cm) qui sont
défauts rencontrés sont l’orniérage (support ou trafic non bien adaptés aux voiries à trafic faible ou modéré (en
adapté) ou la formation de cloques après réalisation entretien des voies de desserte par exemple). Il est même
sur un support en béton sans précautions préalables possible, dans certaines situations, de l’employer sous
(réalisation d’une couche d’indépendance). des trafics importants, sous réserve que les trajectoires
n’entraînent pas d’efforts de cisaillement en surface.
La norme de référence est la norme NF EN 12271 (2007).
Caractéristiques de surface
Les caractéristiques principales de l’enduit sont la macro-
texture (importante) et l’imperméabilité. L’inconvénient
est le bruit de roulement (dès que le diamètre des
granulats est supérieur à 6,3 mm et la vitesse supérieure
à 60 km/h). La coloration est possible par l’apport de
granulats de couleur.
Réalisation
Elle consiste à fraiser la partie supérieure des enrobés
Le béton désactivé est très utilisé dans l'espace public. Ici, les granulats entrant dans
existants (dans le cas d’un entretien) et à mettre en
sa composition font référence aux murs en pierre de pays. œuvre après nettoyage et vérification de la structure
É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N 111
résiduelle une couche mince de béton-ciment (8 à 12 cm). trafic T3. Ces notions de trafics sont toutefois à mettre
Après mise en œuvre, le BCMC doit faire l’objet d’un en regard de l’agressivité attendue. Ils sont insensibles
calepinage pour permettre la libération des contraintes à l’orniérage de par leur résistance. Leur tenue dans le
de surface. Idéalement ces joints peuvent être étanchés. temps est cependant dépendante des caractéristiques
du support (qui doit être rigide), du soin apporté à la
Entretien mise œuvre (réalisation du lit de pose, des joints et du
Il est similaire au béton de ciment traditionnel. Les drainage notamment) et de l’entretien apporté aux joints.
réparations peuvent être délicates.
Réalisation
La technique est particulière (cf norme en vigueur). On
Les pavés en béton retiendra que :
• le support doit être rigide (béton de ciment). Le sable
Les pavés en béton sont régis par la norme NF EN1338 de pose doit avoir des caractéristiques minimales ;
(février 2004), qui remplace l’ancienne norme NFP 98-303. • les joints doivent être décalés et perpendiculaires
Les pavés bétons font également l’objet d’un marquage CE. au sens de trafic ;
• les pavés doivent être bloqués en rive, et vibrés.
Caractéristiques de surface
Essentiellement réservés aux zones piétonnes, les Enfin, la réalisation d’un système de drainage efficace
pavés peuvent être bruyants (véhicules légers) et est nécessaire afin d’éviter tout piège à eau en surface ou
inconfortables (cyclistes). Les caractéristiques d’adhé- dans la structure (pour les structures non perméables).
rence sont un peu plus faibles que celles d’un enrobé
traditionnel. L’adhérence mesurée sera celle du pavé Entretien
lui - même. Le maître d’ouvrage peut, dans le cadre Les joints nécessitent un entretien régulier (regarnissage).
de la fourniture imposer une valeur minimale d’adhé- Il est possible également de réaliser un nettoyage à
rence. Une coloration du matériau dans la masse est l’eau haute pression (les joints seront alors regarnis)
également possible. ou d’appliquer un traitement anti salissures (l’adhérence
sera alors à vérifier).
Résistance au trafic et tenue dans le temps
Les pavés ne sont pas destinés à être circulé par des
trafics poids lourds importants. Cette technique étant Les pavés et dalles en pierre
sensible à la qualité de pose, une étude spécifique est
nécessaire dès un trafic de 50 PL/j. Sous réserve de Les pavés sont régis par la norme NF EN1342, et les
conditions très strictes (matériau de pose spécifique, dalles par la norme NF EN1341.
renforcement du dispositif de drainage, études parti- Les caractéristiques de surface, la mise en œuvre et
culières, lit de pose formulé spécialement…), des applica- l’entretien ne diffèrent pas ou peu de celle des pavés en
tions pour des trafics jusqu’à T1 peuvent être envisagées. béton. On note les particularités suivantes :
Cependant, les risques deviennent dès lors importants. • la coloration de surface ne nécessite pas de traitement
Il parait raisonnable de ne pas chercher à dépasser un (c’est celle du matériau d’apport) ;
112 É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N
• la finition est bouchardée, flammée, sciée, etc. Son Les matériaux à base de résine
choix est essentiel pour garantir une qualité de surface
en adéquation avec les usages ; Cette famille regroupe l’ensemble des revêtements
• les joints peuvent également être réalisés à l’émulsion constitués d’une couche de liant (liant synthétique ou
de bitume, au coulis de ciment, en sable… ; résine) mélangés à des granulats. Ils sont couramment
• comme pour les pavés en béton, l’épaisseur moyenne appelés matériaux «répandus».
est de 8 cm pour les trafics faibles (< 50 PL/j) et de 8 à Ils sont destinés à la chaussée et aux espaces piétons
14 cm pour les trafics supérieurs (jusqu’à 150 PL/j). pour identifier les limites.
Cette technique étant sensible à la qualité de pose, une Leurs propriétés sont intéressantes et nombreuses :
étude spécifique est nécessaire dès un trafic de 50 PL/j. bonnes caractéristiques mécaniques, matériau anti-
Afin de garantir une bonne tenue sous trafic, les dalles poussières, résistance aux agressions chimiques, facilité
ne doivent pas dépasser des dimensions maximales. de nettoyage, choix de la texture (superficielle, bonne
esthétique, etc.).
Nota : Les pavés de résines collés qui font l’objet d’une Ces produits ne sont pas normalisés.
fiche matériaux de voirie du Certu (de juin 2008) sont
classés dans cette catégorie. Caractéristiques de surface
Ces revêtements participent à l’amélioration de l’imper-
méabilité de la structure. La présence de granulats en
surface leur confère de bonnes caractéristiques d’adhé-
rence (aspect rugueux).
De par les divers choix des couleurs pour les granulats
et la résine, un traitement très diversifié des espaces
peut être obtenu (recherche d’esthétique, meilleur
rendu des couleurs, etc.).
Le revêtement peut être bruyant. Il reste cependant
globalement confortable.
Réalisation
Après réception de l’assise, le stabilisé est mis en œuvre
Ils favorisent d'autres usages que le déplacement, comme
à la niveleuse, au finisseur pour certains sols traités ou les jeux pour enfants ou les jeux de boules.
même à la main pour les petites surfaces.
Les conditions météo déterminent les travaux. Le
compactage respecte une teneur en eau proche de Le bois
celle de l’OPM (WOPM déterminée par un essai en
laboratoire). Le bois est un matériau utilisé ponctuellement dans les
Pour les matériaux traités, une cure conforme à la espaces publics (murets, soutènement, mobilier urbain,
norme NF P 18-370 est nécessaire. S’ils sont traités au pied d’arbre, revêtement sous forme de platelage, …).
ciment, la réalisation de joints de retrait est souhaitable. C’est un matériau écologique, esthétique, doux et
chaleureux.
Entretien
Le nettoyage n’est pas aisé et se fait de façon Caractéristiques de surface
manuelle. On évitera absolument d’utiliser des Les bois sont utilisés bruts ou traités. Ils sont naturel-
balayeuses aspiratrices. lement glissants surtout si la densité des fibres est
Pour les matériaux non traités, l’entretien courant importante. Pour y remédier, il convient d’utiliser des
est réalisé avec un combiné composé d’un rabot, bois rainurés, ou d’ajouter des bandes antidérapantes.
É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N 115
Réalisation
Le bois peut être posé et fixé directement sur le sol,
sous réserve qu’une ventilation naturelle soit prévue, Le bois peut être utilisé dans des places pour donner une ambiance et un confort
afin d’éviter, sur les parties inférieures, des contacts particuliers...
réguliers tantôt avec l’eau, tantôt avec l’air (pourrissement
accéléré).
Pour les poses prévoyant un espace entre lattes, il est
nécessaire de prévoir une évacuation des eaux de pluie.
Ceci peut se faire soit par une couche drainante, soit
par une infiltration directe dans les sols.
Sa pose est perpendiculaire au sens du cheminement.
Le bois reste un matériau vivant dont les dilatations
doivent être prises en compte lors de la pose. La
meilleure période de pose est l’automne.
Entretien
C’est un matériau qui nécessite un entretien avec
l’application d’huile, vernis, lasure pour protéger le
bois contre les intempéries, les rayons UV, l’usure
mécanique.
Le changement de latte des platelages est aisé, mais
le nettoyage plus difficile, notamment avec des
matériaux rainurés.
… ou pour des cheminements piétons spécifiques, comme ici sur une passerelle.
116 É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N
23 Éclairage urbain
} RÉGLEMENTATION : 2, 7, 10, 11, 12
} RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES : 109, 110, 111, 112, 113, 114, 115
} AUTRES FICHES À CONSULTER : 3, 8, 9, 10, 16, 18, 21, 22, 24, 44, 46, 47
Éclairage et sécurité des déplacements Il s’agit de définir trois ou quatre types de voies et
Lorsque la lumière du jour devient trop faible pour assurer d’espaces et d’adapter les exigences lumineuses au
la perception et l’identification des cheminements des contexte en jouant à la fois sur le niveau d’éclairement,
divers usagers et d’éventuels obstacles, l’éclairage artificiel la hauteur des candélabres, le type de mât, l’implantation
nocturne intervient afin de maintenir un niveau de des sources. Il faut toutefois garder une certaine homo-
sécurité suffisant. Par ailleurs, l’éclairage urbain en généité de traitement dans le design du mobilier en
général contribue à apporter un sentiment de sécurité choisissant une gamme de luminaires adaptée à la
et de bien-être aux citadins. perception de l’usage de l’espace traité et qui contribue
à un vocabulaire «design» de la collectivité (paysage
nocturne, mais également diurne).
Éclairage et hiérarchisation des voies À titre d’exemple, une hauteur de mât de 8 à 10 m
pourrait être réservée aux voies principales, 6 m pour les
L’éclairage public des voiries et des espaces publics doit voies de desserte et 4 m pour les espaces piétons.
offrir des ambiances lumineuses adaptées au contexte.
Traiter différemment les grands axes, les voies de desserte
Hié rarchisation de la voirie vis - à - vis de l’ é clairage
locale, les places aide l’usager à se repérer et participe à
Le découpage en sections homogènes de l’espace public s’effectue sur la base
la lisibilité nocturne de la ville. C’est aussi un moyen
de divers critères. En particulier les types d’usagers (trafic motorisé, zones de
d’éclairer au plus juste, une voie ayant une fonction
conflit et zones piétonnes/à faible circulation), la vitesse limite, le volume du
circulatoire motorisée prépondérante n’est pas éclairée
trafic, le tracé global de la route, ainsi que les conditions liées à l’environnement.
de la même façon qu’un espace public peu circulé.
Uniformité de l’éclairage
Tant dans le concept d’éclairement que de luminance,
il importe que l’éclairage soit homogène le long des
itinéraires afin d’éviter l’alternance de zones lumi-
neuses et de zones sombres. Pour cela, divers critères
« d’uniformité » sont définis par la norme européenne,
et les valeurs sont également issues de la classification
de la voirie.
Limitation de l’éblouissement
Pour éviter l’éblouissement et la baisse des facultés
visuelles qui en résulte, il convient d’adapter la
photométrie du luminaire et sa hauteur dans le
cadre du projet d’éclairage afin de respecter le para-
Les revêtements de chaussée ont un impact important
mètre TI (Threshold Increment) défini dans la norme
sur le niveau de luminance et donc :
européenne. • sur la différenciation d'espaces adjacents ayant des
usages distincts ;
• sur la consommation d'énergie.
Deux paramètres les caractérisent : le coefficient de clarté
(Qo) et le coefficient de spécularité S1.
É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N 119
Guidage visuel
L’éclairage public doit contribuer à rendre visibles le tracé
des voies, les croisements éventuels, la signalisation. Il
peut également être un élément de renfort d’alerte de
certains aménagements (chicanes, giratoires, cadre bâti).
L'éclairage assure
le guidage visuel. }
Le niveau lumineux et son uniformité
sont les deux critères au cœur du projet d’éclairage.
Leur optimisation permet ensuite de répondre
aux enjeux énergétiques et environnementaux.
}
120 É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N
Les rues sont ici équipées d'un éclairage simple et discret implanté en façade. Le souhait était de préserver «le triangle noir du Quercy»
en diminuant l’éclairage inutile au-dessus de l’horizon.
É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N 121
Principes de mise en œuvre leurs supports (candélabres, consoles sur façades, sur
pour un éclairage économe caténaires…). Les récents luminaires à LED font à la fois
Le décret 2006 - 600 du 23 mai 2006 relatif aux obli- office de lampes et de luminaires, ceci de façon non
gations d’économies d’énergies met en place des dissociable.
certificats d’économies d’énergies (CEE) qui obligent
les fournisseurs d’énergie à promouvoir les économies Intégration dans le paysage
auprès de leurs clients. Les installations d’éclairage sont Il faut toujours veiller à ce que l’éclairage public
visées par cette mesure. Une collectivité qui rénove puisse remplir ses fonctions sans trahir le paysage
ses installations peut déposer une demande auprès urbain (tant nocturne que diurne) et donc soit intégré
des autorités compétentes. dans l’environnement visuel de la ville.
La maîtrise des consommations passe d’abord par la Sans évoquer ici des considérations d’esthétisme,
rénovation des installations vétustes. Sur ce point, subjectives et parfois artistiques, il faudra toutefois
des subventions existent, provenant notamment de éviter les accumulations de supports (un même support
l’Ademe. Plusieurs paramètres influent pour une pouvant servir à plusieurs luminaires) ou l’encombrement
installation performante : des cheminements, pour ne citer que les erreurs les
• l’étude d’éclairage (diagnostic de l’existant, schéma plus fréquentes.
d’aménagement…) ;
• le choix du matériel ;
• le choix des matériaux de sol et leurs propriétés de Maintenance des installations
réflexion ;
• le choix des lieux à éclairer, l’implantation ; Une installation d’éclairage doit offrir un niveau de
• la prise en compte de l’exploitation future (détection…). service adapté dans le temps ; il convient donc de veiller
à la maintenance de l’installation. Pour fixer les idées,
Pour les installations moins vétustes, des mesures portant en atmosphère urbaine, le seul salissement sur les
sur la gestion de l’éclairage sont possibles : bonne luminaires peut, en deux ans, diminuer le rendement
maintenance, systèmes de commande automatique lumineux de 40 %.
d’allumage et d’extinction, variation de puissance, Mais, outre les opérations de nettoyage, une program-
détection de présence… mation du remplacement des lampes, des opérations
de réglage, de contrôle et d’entretien des installations
d’éclairage public permettent d’éviter une rapide
Éclairage et mobilier urbain dégradation des performances lumineuses.
Il convient donc, en amont du dimensionnement du
Présentation du matériel d’éclairage projet d’éclairage, de définir un plan de maintenance
Les appareils d’éclairage sont généralement constitués optimal et réaliste.
de sources lumineuses et leurs appareillages (notamment Les vérifications électriques sont également indispen-
le ballast des lampes à décharge), de luminaires et de sables pour garantir la sécurisation des installations.
122 É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N
24 Réseaux
} RÉGLEMENTATION : L’espace public — et la voirie en particulier — est occupé par de nombreux réseaux
5, 13, 6 techniques (alimentation en eau, évacuation des eaux pluviales et des eaux usées,
} RÉFÉRENCES distribution d’électricité, de gaz, chauffage urbain, réseau téléphonique, réseaux câblés
BIBLIOGRAPHIQUES :
de communication…). Bien que généralement peu visibles, les choix techniques
121, 122, 125, 126, 138
recouvrent en fait des enjeux d’aménagement de l’espace public. C’est par exemple
} AUTRES FICHES
À CONSULTER : le cas de l’assainissement des eaux pluviales pour lequel la surface de la voirie
9, 21, 22, 23, 25, 26, 44 imperméabilisée conditionne les réseaux, l’utilisation d’une chaussée poreuse
permettra d’en réduire le dimensionnement. De même, la présence d’alignements
d’arbres influe sur le positionnement des réseaux.
≠
1 2 3 Évolution des besoins
+ % Quelques chiffres...
Baisse de la consommation d’eau depuis les années 90, liée principalement Les besoins ont fortement évolué, avec une demande
à la tertiarisation des activités dans les grandes villes, à l’évolution des modes relevant principalement du secteur des technologies de
de gestion de l’eau, à une sensibilité écologique accrue des ménages l’information et de la communication (TIC) dont font
Million de m3
230
partie, entre autres l’accès à internet, la téléphonie
225
filaire et la télévision. Ces besoins croissants en
220
215 services de communications électroniques ont permis
210
205
le développement de technologies proposant le «très
200 haut débit» : fibre optique technologie VDSL sur le
195
190
réseau France Telecom, évolution des normes Wimax
185
et Wifi avec de nouvelles technologies pour les réseaux
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
hertziens terrestres et les réseaux mobiles de nouvelle
Augmentation de la consommation d’électricité depuis 1975
génération.
Augmentation moyenne de 1,8 % par an depuis 1990, le secteur résidentiel/tertiaire
représentant plus des 2/3 de la consommation totale. Le déploiement de réseaux de communications électro-
TWh niques à très haut débit jusqu’à l’abonné (FttH)
700
représente pour notre pays un enjeu majeur de déve-
600
500
loppement, tant sur le plan économique que social. Le
400
Plan France Très haut débit concrétise aujourd’hui
300 cette stratégie. Il s’appuie largement sur l’action des
200
collectivités territoriales.
100
Le fonctionnement d’un réseau performant est indis-
0
1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 pensable aux collectivités territoriales ou aux adminis-
Forte croissance des TIC (Technologies de l’information et de la communication) trations dans la mise en œuvre de leurs politiques :
depuis les années 60. La part des produits des TIC est passée de 1,3 à 4,2 % dans espaces numériques dans les établissements, relais de
le budget des ménages entre 1960 et 2005, le nombre d’abonnés à internet a
service public, formation à distance, télémédecine,
quadruplé entre 2000 et 2006.
télétravail…
É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N 123
On peut, schématiquement, caractériser la complexité L’usage du domaine public peut être privatif sous
des réseaux par trois aspects principaux : réserve du respect de certaines règles (voir fiche n°9).
• La complexité inhérente aux techniques et tech- Pour les réseaux, la réglementation favorise certains
nologies propres à chacun des réseaux. opérateurs en leur octroyant un droit d’occupation
Cette complexité est nécessairement croissante au fur et sous certaines conditions exposées ci - après. D’autres
à mesure qu’évoluent quantitativement et qualitati- appartiennent aux collectivités locales qui peuvent en
vement les besoins : amélioration de la fiabilité du service, assurer l’exploitation ou la concéder.
de la sécurité des personnes et des biens, des réponses Dans tous les cas, les travaux doivent être conformes
aux phénomènes de pointe… aux règlements de voirie, et notamment aux disposi-
• La complexité liée à l’interaction à l’intérieur du tions de l’article L115-1 du code de la voirie routière
système des réseaux. (respect du régime de coordination des travaux).
En effet, aux trois dimensions déjà évoquées vient
s’ajouter la dimension «temps», qui est primordiale, eu Opérateurs de réseaux de télécommunications
égard notamment aux problèmes de coordination en ouverts au public
travaux neufs, mais aussi en exploitation et entretien. Modifié par la loi n°96-659 du 26 juillet 1996 sur la
• La complexité liée aux problèmes de statuts des réglementation des télécommunications et par la loi
différents réseaux et supports des réseaux. n°2009-1572 du 17 décembre 2009 relative à la lutte
Bien que coexistant (plus ou moins pacifiquement) sous contre la fracture numérique, le régime d’occupation du
ou sur le support unique qui nous intéresse ici – celui domaine public routier est très favorable à ces opérateurs.
de la voirie des collectivités locales – les réseaux n’en Ils «bénéficient d’un droit de passage sur le domaine
ont pas moins des propriétaires, des gestionnaires, des public routier et dans les réseaux publics relevant du
réglementations et des systèmes comptables différents. domaine public routier et non routier, à l’exception
Cette complexité entraîne, à l’évidence, sous peine de des réseaux et infrastructures de communications
graves déboires, une double nécessité pour l’aménagement électroniques…» (Article L45-9 du code des Postes et
de voies nouvelles, nécessité de faire établir des plans : Télécommunications) et «peuvent occuper le domaine
– d’exécution des ouvrages ; public routier, en y implantant des ouvrages dans la
– de recollement des ouvrages exécutés. mesure où cette occupation n’est pas incompatible avec
son affectation» (article L47 du même code). En cas de
litige entre opérateurs, l’autorité de régulation des commu-
nications électroniques et des postes peut être saisie.
Concessionnaires de transport
et de distribution d’électricité et de gaz
Ils bénéficient d’un droit d’occupation de la «voie
Complexité dans l'occupation du sous-sol des voiries urbaines publique» et non du «domaine public routier», sous
avec la présence de nombreux réseaux et leur statut. certaines réserves.
124 É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N
Par combinaison des articles L113-5 du code de la voirie de la combinaison de l’article R113-10 du code de la
routière et des articles L323-3s. (électricité) et L433-3s. voirie routière et du décret modifié n°81-542 du 13 mai
(gaz), la concession de transport ou de distribution 1981 pris pour application des titres 1 er, II et III de la
«confère au concessionnaire le droit d’exécuter sur les loi n°80-531 du 15 juillet 1980 relative aux économies
voies publiques et leurs dépendances tous travaux d’énergie et à l’utilisation de la chaleur (code de l’énergie,
nécessaires à l’établissement et l’entretien des ouvrages». article L721-1s.)
Pour les réseaux électriques, l’arrêté du 17 mai 2001 Le droit à occupation du domaine public est plus
fixe les conditions techniques auxquelles doivent important que celui reconnu aux autres «opérateurs
satisfaire les distributions d’énergie électrique. Il définit privilégiés» : dès lors que les ouvrages ont été déclarés
notamment les distances à prendre au voisinage du d’intérêt général, il s’agit d’ouvrages publics.
réseau d’électricité. Par exemple, une distance de 20 cm
minimum doit être respectée au voisinage d’autres
réseaux souterrains. Elle est de 50 cm avec les réseaux
de télécommunication en fourreaux.
Pour l’éclairage public, l’article L171 - 4 du code de
la voirie routière (dispositions particulières, appli-
cables à la ville de Paris) indique que « la Ville de
Paris peut établir des supports et ancrages pour les
appareils d’éclairage public ou de signalisation pour
les canalisations…». Par décret, les autres communes
peuvent bénéficier de cette autorisation.
Pour le gaz, l’arrêté du 13 juillet 2000 définit le règlement Les communes peuvent implanter l'éclairage public en
de sécurité de la distribution de gaz combustible par façade. Cette disposition évite la prolifération de supports
qui encombrent le trottoir. Il faut alors judicieusement
canalisations, et l’arrêté du 4 août 2006 le règlement de placer les câbles afin qu'ils soient moins visibles.
sécurité de transport de gaz combustibles, d’hydro-
carbures liquides ou liquéfiés et de produits chimiques.
Ces deux arrêtés fixent les exigences essentielles de
sécurité que les opérateurs doivent respecter pour la
conception, la construction, la mise en service, l’exploi-
tation et la maintenance d’un réseau de distribution et
pour assurer la protection de l’environnement.
Les réseaux de câbles aériens • protections diverses (gel, refroidissement des réseaux
Ce mode de pose se décompose en deux sous-catégories : électriques…) ;
• la pose sur poteaux : chaque réseau (électricité basse • bon rapport qualité/prix…
tension, téléphone, éclairage public) est posé sur des Une des «qualités» plus rarement mise en avant, quoique
poteaux dont les caractéristiques (matériau, distance, décisive pour son utilisation, est sûrement l’autonomie
implantation…) sont indépendantes les unes des autres. quasi complète qu’elle permet aux différents services. Cette
Dans certains départements, ce mode de pose est proscrit. «qualité» conduit cependant à une sectorialisation de
On peut encore l’admettre sous la forme de supports l’action des différents services, tant en conception qu’en
communs – branchements aérosouterrains dans des cas réalisation et en exploitation, dans l’espace et dans le temps.
très particuliers (milieu rural boisé…) ;
• la pose sur façade : les réseaux sont alors supportés
par les façades des bâtiments. Les contraintes imposées
par cette technique en limitent l’utilisation au bâti
continu des centres anciens.
La pose sur poteaux et sur façade est sûrement la
technique la moins performante à de nombreux points
de vue : esthétique bien évidemment, technique aussi,
car les réseaux sont très fragiles et sensibles à différents
facteurs (orages, givre, végétation…) nécessité de bâti Les réseaux aériens peuvent être implantés en façade.
très peu discontinu et à l’alignement du domaine public L'intégration au site est plus satisfaisante que pour les
lignes aériennes sur poteaux...
pour les poses en façade. La tendance est aujourd’hui
d’enfouir ce type de réseaux.
Parmi les autres inconvénients liés à cette solution, on la qualité de vie des riverains (bruit, poussières, boues),
peut essentiellement citer les problèmes suivants : de réaliser des économies de déchets et de mouvements
• difficulté de l’archivage des réseaux neufs (et a fortiori de terrain, de mieux respecter le paysage urbain (pas
ancien)s ; toutefois, avec la création du «guichet unique», de détérioration de plantations, de revêtement de
depuis 2011 l’archivage des réseaux devrait s’améliorer chaussée). Il convient cependant de s’assurer qu’elle
(voir fiche n°25) ; peut être utilisée selon le contexte.
• difficultés d’exploitation (notamment en milieu
urbain) avec des interventions sur réseau nécessitant
des ouvertures de tranchées et des réfections de
chaussées, trottoirs… ;
• gêne aux usagers durant les travaux : piétons, auto-
mobilistes, commerçants… ;
• dégradation des sols (effets de rustine…) et vieillis-
sement prématuré des chaussées (accélération de 25 %
du vieillissement, une chaussée construite pour 20 ans
et percée de multiples tranchées devra être réhabilitée
après 15 ans).
L’implantation des végétaux n’est pas sans conséquence Les galeries multiréseaux
sur les réseaux. La croissance des racines peut dété- On entend par «galerie multiréseaux» un ensemble de
riorer les réseaux enterrés et plus particulièrement réseaux regroupés dans un même volume, visitable, afin
les canalisations d’eau. Le développement du houppier de mieux les gérer, les suivre et les entretenir.
peut devenir, dans le temps, incompatible avec les
réseaux aériens. Les deux concepts qui font l’intérêt de cette technique
sont :
La norme NF P 98-332 de février 2005 «Règles de • le regroupement de réseaux dénommé «colocalisation»
distance entre les réseaux enterrés et règles de voisinage (gain de place, mutualisation des dépenses) ;
entre les réseaux et les végétaux» définit les distances à • et le caractère visitable du volume commun qui
respecter entre les différents types de réseaux et celles permet de contrôler et d’entretenir les réseaux dans des
entre les réseaux et les végétaux. Pour ce qui concerne conditions techniques et financières optimales.
les végétaux, elle précise :
• sans protection les réseaux doivent être à au moins 2 m Ce mode de pose, présente de nombreux avantages
des arbres et 1 m des arbustes en massif ou en haies ; incontestables à des points de vue extrêmement divers :
• avec un dispositif de protection ou de dévoiement des • quasi-suppression des travaux en voirie : réduction
racines les réseaux peuvent être placés à 1,50 m des arbres ; des coûts d’intervention, suppression des réfections de
• la distance entre les supports de lignes aériennes et chaussées et/ou trottoir, réduction des déchets de
les arbres varie entre 2 et 6 m selon la nature du câble ; chantier, suppression de la gêne aux différents usagers ;
• la distance entre les lignes aériennes et les branches • exploitation des réseaux grandement facilitée : pour
d’un arbre varie entre 1 et 5 m selon la nature du câble. la réfection, le renforcement, la modification ou la
De plus, les arbustes et taillis doivent être maintenus à création de réseaux nouveaux, mais aussi parce qu’il
une distance de 2 m pour la basse tension et de 3 m peut y avoir une véritable exploitation préventive par
pour la haute tension. examen «de visu» périodique des réseaux ;
• accessibilité de l’habitacle : possibilité de développement
rapide des réseaux présents, des nouveaux entrants ou
des technologies nouvelles, pose rapide de réseaux
temporaires ;
• concentration de réseaux : économie d’un volume du
sous - sol urbain et du domaine public, les réseaux
inutilisés ne sont pas abandonnés dans le sol, certaines
dépenses sont mutualisées.
Cette technique présente, toutefois, quelques incon- À noter par ailleurs que ces « réseaux visitables »
vénients : peuvent être créés dans la ville à bien des occasions :
• d’ordre technique : une grande rigidité par rapport à opération d’aménagement urbain de type ZAC, opération
l’évolution des besoins, car il n’est pas facile de faire de transport collectif en site propre, opération de
bouger un habitacle et les réseaux qu’il contient. C’est requalification de l’espace public…
relativement vrai si aucune marge n’est réservée, mais
c’est historiquement faux lorsque des précautions ont
été prises ;
• d’ordre sécuritaire : malgré des avantages (réseaux
visibles et observables, rapidité de diagnostic et
d’intervention), en raison de la concentration des
réseaux, du milieu confiné, de la présence fréquente
de personnes lors des incidents, le niveau de gravité
des accidents potentiels est plus élevé. Toutefois, si la
galerie est bien exploitée et gérée (règles de sécurité
précises, contrôlées par l’exploitant de l’habitacle),
elle est moins dangereuse que les ensembles de
réseaux enterrés ;
• d’ordre juridique : cette «mise en commun» par les
différents intervenants concernés, cette imbrication du
privé et du public, pose des problèmes bien plus ardus
que le fait de passer en pleine terre dans des tranchées
particulières (convention d’exploitation, problème
d’assurances…), mais pour autant solubles, comme en
témoignent de nombreuses réalisations. On peut citer
quelques exemples : la ville de Besançon avec une galerie
en service depuis 1965 sur 11 km, Paris-La Défense, Exemple de galerie technique
avec des galeries en service depuis les années 60, sur
une dizaine de kilomètres.
L’exploitation des VRD est sûrement pour les collectivités lors de travaux effectués au voisinage des 4 millions de
locales, un problème au moins aussi sensible que celui kilomètres de réseaux implantés en France), la régle-
de leur réalisation. En effet, les conséquences «néfastes» mentation a été profondément révisée depuis 2010
et les gênes entraînées par cette exploitation sont (réforme anti-endommagement). Cette refonte, codifiée
nombreuses : nuisances, impact sur la circulation, aux articles L554 - 1 à L554 - 5 et R554 - 1 à R554 - 38
vieillissement des chaussées, coût. du code de l’Environnement, implique aussi bien les
L’expérience des villes a montré que deux types d’action exploitants de réseaux que les maîtres d’ouvrage (rendre
sont mis en œuvre : plus sûrs leurs projets à proximité des réseaux) et les
• les réunions de coordination dont le but est de faire exécutants de travaux (sécuriser leurs chantiers). Le
se rencontrer périodiquement tous les services et téléservice de l’INERIS recense les réseaux et leurs
organismes compétents afin d’établir une véritable exploitants sur tout le territoire. Sa consultation est
«programmation» coordonnée des travaux ; obligatoire pour toute personne envisageant de réaliser
• les outils de gestion informatique avec la mise en place des travaux avant d’adresser les Déclarations régle-
de Systèmes d’information géographique (SIG) auxquels mentaires de projet de travaux (DT) et d’intention de
chacun contribue pour enrichir et partager l’information. commencement de travaux (DICT).
Une Déclaration de projet de travaux (DT) est un
Cependant, des difficultés subsistent : coordination formulaire envoyé par tout responsable de projet
financière, définition plus ou moins aléatoire des (maître d’ouvrage) aux exploitants de réseaux situés à
besoins à moyen terme, problèmes liés aux interventions proximité du chantier qu’il prévoit, en vue de s’assurer
non programmables. de la compatibilité de son projet avec les emplacements
des réseaux et de connaître précisément leur localisation.
Une Déclaration d’intention de commencement de
Déclaration, coordination travaux (DICT) est un formulaire envoyé par tout
et exécution des travaux exécutant de travaux (entreprise de BTP, particuliers…)
aux exploitants de réseaux situés à proximité du
Démarches préalables vis - à - vis chantier qu’il prévoit, en vue de connaître précisément
des autres occupants du domaine public routier la localisation des réseaux et d’obtenir des recomman-
Afin de réduire significativement les endommagements dations particulières de sécurité relatives à la présence
des réseaux (plus de 100 000 dommages chaque année de ces ouvrages.
É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N 131
Avec :
(2) et (10) Le délai de réponse d’une DT ou d’une DICT est
de 9 à 15 jours.
(3) La précision de la localisation des réseaux fait l’objet
d’une classification selon la précision de localisation :
A ≤ 40 cm ≤ 50 cm
B > 40 cm et > 50 cm et
≤ 1,50 m ≤ 1,50 m
C > 1,50 m < 1,50 m
? Le saviez- vous ?
Coordination des travaux
C’est en fait le maître mot en matière de gestion de
réseaux. De nombreux facteurs semblent en effet se
conjuguer pour empêcher que cette coordination ait
Un « guichet unique » porté par l’INERIS regroupe
l’ensemble des informations sur la présence et la posi- véritablement lieu :
tion des réseaux sur l’ensemble du territoire national. • le nombre élevé des services ou organismes intervenant
www.reseaux-et-canalisations.gouv.fr sur les réseaux (dans une grande ville, on peut en compter
Depuis le 1 er septembre 2011, les exploitants de réseaux plus de 40) ;
enregistrent sur ce téléservice, leurs coordonnées et • la grande variété des types de travaux à effectuer :
y référencent leurs ouvrages. travaux neufs, réfection, modification, réparation, branche-
Toute personne envisageant de réaliser des travaux a ment… qui ne dépendent pas toujours des mêmes services ;
l’obligation de consulter le nouveau téléservice • la sectorialisation des sources de financement : pour ce
afin d’obtenir la liste des exploitants auxquels elle qui concerne les différents réseaux bien sûr, mais aussi à
devra adresser les nouvelles Déclarations réglemen- l’intérieur d’un même service pour les différents types de
taires de projet de travaux (DT) et d’intention de travaux. La mobilisation simultanée et la coordination de
commencement de travaux (DICT). financements d’origine diverse sont alors difficiles ;
Nota : les lignes aériennes de télécommunications ne • la méconnaissance profonde et générale de l’état du
sont pas soumises à enregistrement sur le guichet sous-sol et des réseaux. Cette méconnaissance concerne
unique (cf. article R. 554 - 3 du code de l’environ- l’emplacement des réseaux bien sûr (dans les trois
nement), et les travaux à proximité de ces lignes ne dimensions), mais aussi leurs caractéristiques (date de
sont donc pas soumis à DT et DICT. pose, matériaux, diamètres) leur état (fuites, isolations
endommagées, obstruction…), ainsi que d’autres
données diverses (données géotechniques, obstacles,
carrières…). Toutefois, cette méconnaissance devrait
diminuer dans le cadre de la nouvelle réglementation
anti - endommagement : réseaux neufs ou modifiés
conformes à la classe de meilleure précision cartogra-
phique dite «classe A» et réseaux enterrés sensibles
géoréférencés dès le 1 er janvier 2019 en unité urbaine.
ou utilisateurs de ces voies, les permissionnaires, • faire établir, de préférence par un géomètre unique,
concessionnaires et occupants de droit communiquent l’ensemble des plans de recollement de chacun des
périodiquement au maire le programme des travaux qu’ils réseaux, en tranchée ouverte, ainsi qu’un plan de
envisagent de réaliser ainsi que le calendrier de leur recollement général, mettant aussi en évidence les
exécution. Le maire porte à leur connaissance les projets « émergences », les plantations, le mobilier urbain…
de réfection des voies communales. Il établit, à sa dili- Ces plans constituent la base d’un archivage minimal
gence, le calendrier des travaux dans l’ensemble de des VRD ;
l’agglomération et le notifie aux services concernés. Le • un dialogue avec les intervenants, usagers et riverains.
refus d’inscription fait l’objet d’une décision motivée, sauf La publicité des travaux auprès des usagers est indispen-
lorsque le revêtement de la voie, de la chaussée et des sable, car l’usager comprend mieux l’intérêt des travaux
trottoirs n’a pas atteint trois ans d’âge. Lorsque les et en accepte plus facilement les nuisances ;
travaux sont inscrits à ce calendrier, ils sont entrepris à la • des mesures pour limiter les inconvénients du chantier :
date ou au cours de la période à laquelle ils sont prévus étude des déviations de la circulation, mise en place
sous réserve des autorisations légalement requises. Pour de clôtures et de cheminements piétons alternatifs
les travaux en agglomération qui n’ont pas fait l’objet de respectant les règles d’accessibilité, utilisation de
la procédure de coordination prévue ci-dessus, soit parce matériels limitant les nuisances.
qu’ils n’étaient pas prévisibles au moment de l’élaboration
du calendrier, soit parce que celui-ci n’a pas été établi, le Le remblayage des tranchées est encadré par des textes
maire, saisi d’une demande, indique au service demandeur réglementaires, et notamment la norme NF P98-331
la période pendant laquelle les travaux peuvent être «tranchées : ouverture, remblayage, réfection» (février
exécutés. Le report par rapport à la date demandée doit 2005) et la norme XP P98-333 «tranchées de faibles
être motivé. À défaut de décision expresse dans le délai de dimensions (largeur de tranchées entre 5 et 30 cm)»
deux mois qui suit le dépôt de la demande, les travaux (mars 2009).
peuvent être exécutés à la date indiquée dans cette Le remblayage des tranchées peut être exécuté avec des
demande. Le maire peut ordonner la suspension des sols naturels (extraits de la tranchée par exemple) ou
travaux qui n’auraient pas fait l’objet des procédures de avec des matériaux élaborés dont les matériaux auto-
coordination définies aux alinéas précédents. En cas d’ur- compactants (MAC), tout en respectant certaines
gence avérée, les travaux mentionnés ci-dessus peuvent conditions : diamètre maximal des granulats en fonction
être entrepris sans délai. Le maire est tenu informé dans des dimensions de la tranchée et du diamètre de la
les vingt-quatre heures des motifs de cette intervention. » canalisation, pas de matériaux gélifs, des matériaux non
polluants, non agressifs pour les réseaux… Les MAC
Exécution des travaux offrent les qualités d’un bon remblayage tout en limitant
Afin que les travaux soient réalisés dans les meilleures la durée du chantier : pas de compactage ni de vibration
conditions possibles pour le maître d’ouvrage, l’exploitant, lors de la mise en œuvre, donc réduction considérable
l’exécutant des travaux ou l’usager, il faudra veiller à : des vibrations et du bruit, matériaux réexcavables à long
• un suivi de chantier rigoureux afin de faire respecter, terme. Ces matériaux sont à privilégier pour des tranchées
par les entreprises, les dispositions prévues lors de la étroites et/ou encombrées et pour des chantiers avec de
conception (contrôle extérieur) ; fortes contraintes d’exploitation.
134 É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N
Les contrôles des compactages se font selon les normes NF P94 - 063 et NF P94 - 105.
Les objectifs de densification des couches sont codifiés de q5 à q1, par ordre croissant d’exigence.
ρdm ≥ 97 %ρdOPN
q2 Avoir des performances mécaniques correctes
ρdfc ≥ 95 %ρdOPN
ρdm ≥ 98,5 %ρdOPN «Effet d’enclume» pour obtenir l’objectif q2 des couches de chaussée
q3
ρdfc ≥ 96 %ρdOPN Isoler de l’influence des PL la couche sous-jacente (objectif q4)
ρdm ≥ 90 %ρdOPN Si q4 est trop contraignant, notamment dans les zones à forte
q5
ρdfc ≥ 87 %ρdOPN densité de réseaux ou difficultés d’exécution
ρdm = valeur minimale de masse volumique moyenne ρdOPN = masse volumique à l’optimum proctor normal
Coupe de principe sur tranchée ρdfc = valeur minimale de masse volumique en fond de couche ρdOPM = masse volumique à l’optimum proctor modifié
É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N 135
les cyclistes. En milieu urbain, une attention particulière La signalisation est placée sur le trottoir à 0,50 m du bord
est portée à l’accessibilité des PMR. de chaussée et uniquement si elle laisse un cheminement
Le maillage fin du réseau de voiries urbaines facilite la pour les piétons de 1,40 m. Dans le cas contraire, les
réalisation de déviations. panneaux peuvent être posés sur la chaussée.
Exemple de signalisation d’un chantier où la largeur laissée libre autorise Exemple de déviation s’appliquant à toute les catégories de
2 voies de circulation véhicule
138 É L É M E N T S G É N É R A U X D E C O N C E P T I O N
Pour les chaussées existantes, le choix se fait entre une (état de surface – adhérence, uni…). De là, on peut croiser
politique d’entretien préventif ou curatif en déterminant les notes « patrimoine » avec les notes « surface », pour
pour chaque voie le niveau de service à l’usager. Le en déduire, à partir d’une note globale, des solutions
maître d’ouvrage peut par exemple porter une attention types de travaux selon des seuils à définir.
particulière aux voies structurantes ou supportant des
lignes régulières de transport collectif. Étape 4 - Programmer les entretiens
L’état réel du réseau est comparé avec le niveau de
Une fois la politique d’entretien définie, la stratégie qualité visé afin de hiérarchiser les interventions. À ce
d’entretien est à élaborer en fonction du niveau admissible stade, des solutions « conventionnelles » sont définies
de dégradation et du niveau d’engagement financier et chiffrées pour aboutir à une programmation
disponible de la collectivité maître d’ouvrage. pluriannuelle. Celle-ci est évolutive selon l’état constaté
des chaussées et les choix du maître d’ouvrage.
Démarche de l’entretien
Pour optimiser et hiérarchiser les interventions d’entretien, Étape 5 - Définir des solutions de travaux
il convient de mettre en place une démarche. Elle s’orga- Il s’agit d’affiner les solutions de travaux pour une durée
nise en cinq étapes et peut se mettre en place dans toutes et un niveau de service donnés.
communes ou intercommunalités.
Dans le passé, les espaces dédiés à la voiture ont été largement dimensionnés et tout l’enjeu
aujourd’hui est d’optimiser la chaussée, le stationnement, les carrefours pour redistribuer l’espace
à d’autres usages. Pour autant, la chaussée affectée à la circulation générale accueille, par défaut, tous
types de véhicules, motorisés ou non. Or c’est précisément toute la réflexion sur son aménagement qui
doit aboutir d’une part à assurer l’accessibilité à des véhicules aussi divers qu’une voiture, une
moto, un vélo, un bus, un camion de livraison ou un véhicule de secours, et d’autre part à induire
des comportements compatibles avec le milieu traversé dans l’esprit d’une modération de la vitesse
et d’une limitation de l’usage de la voiture.
142 L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E
Exemple de dimension
minimum requise Caractéristiques de giration des véhicules
pour la mise en station Dans une courbe, les trajectoires des divers points du
d'un véhicule échelle
au droit d'un immeuble véhicule (et notamment les roues) sont différentes.
ou d'un établissement Pour une trajectoire donnée d’un point du véhicule (une
recevant du public (ERP).
roue avant), on trace les courbes décrites par les autres roues
et la caisse du véhicule. L’ensemble de ces courbes cons-
titue l’épure de giration du véhicule pour cette trajectoire.
En courbe,
le véhicule
occupe plus
de place.
Tous les points
parcourent
un cercle dont
le centre se situe
en prolongement
de l'axe des
essieux arrière.
144 L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E
Pour déterminer le rayon des bordures Exemple avec un rayon de raccordement des bordures de 4 m, sans stationnement
Plusieurs paramètres interviennent dans le choix du
rayon de la bordure : existence de stationnement
longitudinal, de pan coupé des bâtiments, le type de
véhicules empruntant la voie, la largeur de la chaussée
en entrée et en sortie, la largeur des trottoirs. En urbain,
on recommande des rayons compris entre 2 et 6 m
(8 m en périurbain).
28 Deux-roues motorisés
} RÉGLEMENTATION : D’un point de vue technique, il n’existe pas d’aménagements spécifiques aux 2RM en
3 dehors des zones de stationnement. La prise en compte des 2RM dans la conception
} RÉFÉRENCES consiste donc principalement à veiller à l’amélioration de leur sécurité. En effet, au
BIBLIOGRAPHIQUES :
niveau national, la part des accidents des 2RM est importante, en particulier dans les
92, 93, 94, 95, 96
zones urbaines denses des grandes villes. Cependant, on observe une diminution des
accidents de deux-roues motorisés dans les zones aménagées à vitesses modérées.
Typologie d’accidents
Pour le milieu urbain, l’Inrets a analysé des cas d’accidents
impliquant un 2RM.
Dans 30 % des cas, les accidents sont liés à un phénomène
de faible «conspicuité» (perceptibilité) du 2RM. Il n’est
pas perçu par un autre conducteur, même avec une
bonne visibilité.
Pour 24 %, le 2RM dépasse un véhicule ou une file de
véhicules.
10 % mettent en cause un masque à la visibilité, le 2RM
circulant en général sur une voirie prioritaire. Un 2RM est facilement masqué par un simple poteau de
Notons que les accidents entre un 2RM et un piéton ne signalisation ou par un autre véhicule.
sont pas rares. À Paris ils représentent 27 % des accidents
de 2RM.
Adhérence
L’infrastructure doit permettre de conserver les équilibres
dynamiques des usagers. Une attention particulière doit
être accordée à la géométrie des courbes, l’adhérence
Étudier les conséquences d'un arrosage des espaces verts
de la chaussée, l’absence d’émergence dans les zones où pour éviter les écoulements sur la chaussée dans les courbes
le 2RM tourne et à l’entretien des voies. ou les zones de freinage.
L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E 149
La notion de capacité
30 2,80 m 2,20 m
50 3,00 m 2,50 m
70 3,00 m 2,75 m
Une largeur de voie à double sens comprise ente 4 et Le croisement de poids lourds est possible avec une
5 m est généralement suffisante. Pour une voie à sens chaussée de 6,50 m de large à double sens de circulation,
unique, 3 m suffisent, sauf si le véhicule-échelle des voire 6 m avec une vitesse réduite. Dans le cas d’une ligne
pompiers doit intervenir. Dans tous les cas, il est nécessaire de transport collectif, la largeur dépendra du niveau de
de vérifier que la circulation des véhicules de secours et service du TC (voir chapitre Transports collectifs).
de services pourra être assurée, ainsi que les girations
(carrefour, entrées riveraines, stationnement).
Voies de distribution
Ce sont des voies ayant un rôle de liaison entre les
quartiers et de distribution à l’intérieur de ceux-ci. Elles
assurent également le stationnement pour les activités
riveraines. Les vitesses peuvent être indifféremment de
50 km/h ou 30 km/h (zone 30). Suivant la configuration,
la largeur des chaussées à sens unique avec une voie de
circulation peut aller jusqu’à 3,50 m, en veillant à la
nature des abords ce qui permet éventuellement un
débord de la caisse au - delà de la bordure lors de la
giration d’un véhicule. À double sens, cette largeur peut Cette chaussée présente une largeur de 5,50 m.
varier de 5 m à 6 m, suivant la composition du trafic.
Lorsque le trafic nécessite l’implantation de couloir
Voiries à fonction circulatoire prépondérante spécifique en tourne - à - gauche, les configurations
Voiries marquées par un rôle d’écoulement de forts trafics possibles sont indiquées dans la fiche n°30. Ces voies
qui présentent un profil en travers à une ou plusieurs voies peuvent avoir une largeur comprise entre 2 m et 3,50 m,
par sens. Elles assurent les déplacements multimodaux selon le type d’artère, les vitesses pratiquées ou régle-
entre les différents secteurs de l’agglomération. mentaires et la nature du trafic.
152 L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E
? Le saviez- vous ?
Carrefour classique, Carrefour en T d’une petite voie de Au carrefour de deux voies peu circulées,
mais à l’entrée du desserte sur une voie de desserte plus on peut, pour obtenir un effet de ralentissement des
carrefour la chaussée est importante. Resserrement de l’emprise. véhicules, « faire monter» les voitures au niveau du
rétrécie par suppression Arbres disposés aux coins du trottoir, changer de revêtement… Huit arbres
du stationnement. carrefour et en fond de perspective. marquent l’entrée du carrefour traité en plateau.
L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E 155
Tourne - à - droite
Les mouvements de tourne-à-droite sont souvent main-
tenus avec les mouvements directs. On doit généralement
éviter d’implanter une voie de tourne-à-droite ; elle
contribuerait à élargir inutilement le carrefour, incitant les
véhicules à la vitesse, allongeant la traversée des piétons L’aménagement d’une voie de tourne-à-gauche peut
et délicate pour la circulation des cyclistes. Le rayon des s’avérer utile lorsqu’on souhaite éviter des perturbations
bordures doit être faible afin de réduire la vitesse et donc de la fluidité : carrefours proches, lignes TC par exemple.
la gravité du conflit éventuel avec les piétons. Il peut également s’appuyer sur un îlot refuge de
Si on manque de place pour spécialiser une voie de tourne- protection de traversée des piétons ou constituer une
à-droite et une voie de tourne-à-gauche, on a en général opportunité pour en créer un.
intérêt à opter pour la voie de tourne-à-gauche. Il convient de rappeler qu’une saturation momen-
tanée est parfaitement admissible et que le dimen-
sionnement d’une voie et de ses carrefours ne doit
pas être conçu afin d’écouler les pointes exceptionnelles
de trafic.
Les capacités de stockage nécessaires et les dimen-
sionnements qui en découlent devront donc être calculés
au préalable et seront déterminants pour l’aménagement
du carrefour.
Si l’emprise est très réduite, ces véhicules resteront dans
la circulation générale et la ralentiront. En zone 30, une
voie de tourne-à-gauche est rarement justifiée).
Afin de les stocker en sécurité, plusieurs types d’amé-
nagement sont possibles ; leur mise en œuvre est fonction
Ici, la continuité de l'aménagement cyclable est assurée.
Une bande cyclable s'intercale entre la voie de tourne-à- des trafics (tournant et antagoniste), des vitesses sur
droite et les voies filantes. l’axe principal et de l’emprise disponible.
156 L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E
Élargissement ponctuel avec aménagement d’une zone Sa largeur doit être au moins de 2,75 m, voire 3 m pour
de stockage une voie rapide, ou si le trafic poids lourds est important
Lorsque le terre - plein est étroit ou absent, le stockage (vérifier les possibilités de giration). Elle peut être
des véhicules tournant à droite peut se faire au centre réduite à 2,20 m, voire 2 m, lorsqu’elle ne concerne que
du carrefour en désaxant vers la droite les voies du trafic léger.
destinées aux véhicules allant tout droit. Cette disposition Cette voie de tourne - à - gauche peut être réalisée par
n’est possible que pour des mouvements tournants évidement du terre - plein central. Dans le cas d’une
très faibles. voie de tourne - à - gauche de 3 m : un terre - plein
central de 5 m en section courante assure le maintien
Aménagement d’une voie de tourne-à-gauche d’un refuge de 2 m de large supportant la signalisation
La longueur de cette voie doit être calculée, notamment verticale et permettant aux piétons de s’arrêter dans
en fonction du volume de trafic tournant-à-gauche. leur traversée.
Cette voie doit pouvoir être clairement identifiée par les
conducteurs (marquage au sol ou revêtement). La configuration dite « à l’indonésienne » est d’inser-
tion délicate ; il est préférable de l’accompagner de
signaux tricolores avec un phasage permettant que les
mouvements de tourne-à-gauche puissent s’effectuer
sans conflit avec les mouvements directs (risques de
masque à la visibilité). Cette gestion est appropriée à
de forts trafics de tourne-à-gauche. Un marquage
horizontal clair est nécessaire.
} Élargissement ponctuel
avec une zone de stockage
au centre (+ 2 m environ)
Configuration dite « à l’indonésienne » à réserver Tourne - à - gauche par la droite à ne pas faire
pour les carrefours à feu. pour des questions de sécurité.
158 L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E
Généralités
Cet abaque illustre le calcul de la capacité limite (C) en Choix des configurations de TAG selon le trafic et une vitesse de 50 km / h
fonction du créneau critique et du débit prioritaire (P)
TAG < 200 uvp/h 200 à 300 uvp/h 300 à 500 uvp/h
Cette capacité permet de calculer le temps moyen TD
d’attente des véhicules de la voie secondaire. < 500 Rien Rien Élargissement
500 à 700 uvp/h Rien Élargissement Voie de TAG
700 à 1 000 uvp/h Élargissement Voie de TAG
Conception 1 000 à 1 200 uvp/h Voie de TAG
TAG : Trafic des mouvements de tourne - à - gauche en uvp / h
La conception géométrique des carrefours plans ordinaires TD : Trafic des mouvements tout droit gênants en uvp / h
s’étudie en intégrant plusieurs critères décrits dans d’autres
fiches du guide :
• une géométrie simple sans îlots inutiles, en réduisant
l’espace roulable, avec des conflits orthogonaux (voir
fiche n°18) ;
• la giration des véhicules (fiche n°27) ;
• un nombre de voies et des largeurs qui ne changent
pas dans l’intersection (fiche n°29) ;
• une bonne visibilité entre usagers (voir fiche n°18) ;
• des aménagements favorables à la modération de la
vitesse de type plateau traversant, réduction ponctuelle
d’emprise, resserrement visuel, etc. (fiches n°3 et 35) ;
• une prise en compte des piétons (fiche n°46), des cy- Par manque de visibilité, il est parfois préférable d’aménager l’intersection pour
clistes (fiche n°54) et des transports collectifs (fiche n°62). réduire les vitesses plutôt que de modifier le régime de priorité. Le plateau implanté
dans ce carrefour en T amène les automobilistes circulant sur la voie principale à
réduire leur vitesse.
Les voies pour les mouvements tournants
Les voies spécifiques de tourne-à-droite ne se justifient
pas pour ce type de carrefour, car les trafics sont modérés.
Les tourne-à-droite avec biseau de sortie sont limités aux
voies structurantes où les mouvements sont importants.
Les voies spécifiques de tourne-à-gauche sont utilisées
lorsque la qualité de l’écoulement des flux de circulation
et la capacité le justifient. Ces aménagements ne se
justifient pas en zone 30 ou zone de rencontre. Lorsque
les trafics sont modérés, il suffit d’élargir ponctuellement
la largeur roulable afin qu’un véhicule léger qui tourne
à gauche se positionne au centre sans gêner les véhicules
allant tout droit. Sur ce boulevard, la partie centrale de la chaussée est utilisée pour les mouvements
Les principes d’aménagement figurent dans la fiche n°30. de tourne - à - gauche et pour des refuges piétons.
160 L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E
32 Carrefours giratoires
} RÉFÉRENCES Souvent places prestigieuses dans les centres anciens (place des Victoires à Paris…), ils
BIBLIOGRAPHIQUES : sont de nos jours de plus en plus utilisés dans des aménagements ou réaménagements
33, 131, 117
de voirie ; les carrefours giratoires ont en effet le mérite de favoriser le ralentissement
} AUTRES FICHES
des voitures, et de s’inscrire dans le paysage différemment des carrefours traditionnels.
À CONSULTER :
18, 27, 28, 30, 35, 46, Ils sont bien adaptés à des points d’échange de trafics équilibrés, permettent de traiter
54, 62 simplement le raccordement d’un nombre élevé de voies, et, rendent les demi - tours
aisés. Ils ne constituent cependant pas une panacée pour régler les problèmes de capacité
ni le meilleur mode de gestion douce des conflits entre les différents utilisateurs de
l’espace public. Très consommateurs d’un espace rare en milieu urbain, ils permettent
difficilement de privilégier certains modes comme les transports collectifs ou certaines
branches du carrefour. En ce qui concerne les piétons, plus fort sera le rôle de place
d’un giratoire, plus ils s’y sentiront à l’aise malgré un allongement de leurs itinéraires.
Rappelons que le giratoire est défini dans le code de la Lorsqu’est envisagée la réalisation d’un carrefour giratoire,
route comme un carrefour à sens giratoire où la priorité est il convient de s’assurer plus particulièrement de la prise
donnée à l’anneau. En cela il se différencie du rond-point en compte de certaines contraintes ou caractéristiques
pour lequel la priorité reste à droite. (géométriques et fonctionnelles) propres à ce type de
carrefour :
• l’insertion d’une forme circulaire dans un contexte
Une démarche globale bâti et architectural donné peut s’avérer délicate ;
pour la conception • un carrefour giratoire constitue un aménagement
des carrefours giratoires en ville souvent pertinent en entrée d’agglomération afin
d’assurer la transition entre rase campagne et urbain, et
L’extrême diversité des implantations urbaines et des de maîtriser la vitesse des usagers ;
caractéristiques dimensionnelles et fonctionnelles fait de • un carrefour de type giratoire a un rôle contrasté
chaque carrefour giratoire un aménagement spécifique sur la gestion et la maîtrise du trafic : il facilite les
devant répondre à des besoins, des contraintes, des mouvements de tourne-à-gauche, permet les demi-
objectifs particuliers. tours et donc, la suppression éventuelle de mouvements
de tourne - à - gauche en section courante en amont ;
a contrario, il gomme la hiérarchie entre les différentes
branches du carrefour, risque de faciliter l’emprunt de
rues inadaptées au transit et permet difficilement de
«prioriser» les rues supportant une ligne de TC ;
• il allonge souvent les trajets des piétons et des cyclistes
en accroissant l’inquiétude de ces usagers lors de leur
traversée (piétons) ou de la gestion de leur trajectoire
(cyclistes).
L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E 161
Avantages Inconvénients
Modération de la vitesse (si bien conçu) Allongement de parcours pour les piétons
Amélioration de la sécurité Traversées parfois délicates
Accroissement de la capacité (en général) Consommation d’emprises importantes
Réduction des temps d’attente (pour les véhicules) Outil «circulatoire»
Diminution des nuisances (bruit) Entretien de l’îlot central (espace vert)
Facilité d’insertion d’un grand nombre de branches Topographie mouvementée (ligne de bus)
Possibilité de rebroussement Pas de régulation de la circulation
Fonctionnement commun à tous les giratoires Mixage de giratoires et de carrefours à feux
Économie de régulation et d’exploitation Transports publics non prioritaires
Transition efficace, notamment en entrée d’agglomération
• l’îlot central est circulaire et ne doit pas contenir • les traversées piétonnes seront implantées 2 à 5 m
d’obstacles dangereux face aux entrées ou sur les avant la ligne d’arrêt.
trajectoires prévisibles de perte de contrôle en entrée.
Cette recommandation peut être assouplie en zone 30
ou dès lors que l’on est sûr d’avoir maîtrisé suffisamment
les vitesses en amont ;
• les entrées et sorties sont à une voie tant que le trafic
ne justifie pas de deuxième voie : les entrées et les
sorties larges sont particulièrement pénalisantes, voire
dangereuses, pour les piétons et les cyclistes ;
• la chaussée annulaire est de largeur constante tout
autour de l’îlot central ;
• les îlots séparateurs favorisent la perception du
carrefour en approche et contribuent à sa capacité. Giratoire compact
Indispensables en agglomération pour offrir un refuge Ordinairement, un rayon extérieur compris entre 12 et
au piéton en traversée, ils doivent être bordurés ; la 15 m permet de répondre aux objectifs de giration,
largeur minimale recommandée est de 2 m ; d’écoulement des flux et de ralentissement, sans occa-
• l’aménagement du giratoire et de ses abords doit sionner de détours trop importants pour les piétons.
respecter les exigences de visibilité : Cette compacité est souhaitable pour la sécurité de tous
– en approche, sur le ¼ gauche de l’anneau, à 10 m de les usagers, en particulier celle des usagers les plus
l’entrée, vulnérables. Cela nécessite de réaliser une couronne
– en périphérie de l’îlot central ; franchissable, autour de l’îlot central, pour la giration
des véhicules longs tout en conservant, visuellement,
un anneau de largeur modeste.
Le mini-giratoire s’adapte bien aux contraintes d’emprise du milieu urbain. Dimensions recommandées pour les mini - giratoires
L’îlot central doit être surélevé pour être bien perçu (source : F. Tortel). (*) valeurs pouvant être dépassées
L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E 165
Signalisation
La signalisation de priorité se compose du panneau
AB25 (obligatoire), implanté sur toutes les voies
affluentes au carrefour en signalisation avancée et du
panneau AB3a accompagné du marquage correspondant
en limite de chaussée annulaire.
La signalisation de guidage comporte un panneau B21-1
sur l’îlot central (lorsque celui-ci est infranchissable)
face à chaque entrée et un panneau B21a1 ou une
balise J5 en tête d’îlot séparateur (si l’îlot est précédé
d’une ligne continue). Cette signalisation est facultative.
Les passages piétons sont réalisés avec le marquage
réglementaire ; aucun panneau d’annonce ou de position
n’est nécessaire.
Le marquage des voies sur l’anneau est à éviter.
La signalisation de direction est placée de préférence
sur les îlots séparateurs et n’indique que les sorties.
La présignalisation est réalisée, si nécessaire, avec
des panneaux de type D42b.
D42b
166 L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E
33 Carrefours à feux
} RÉGLEMENTATION : 9 Les carrefours à feux sont des équipements essentiellement urbains. En effet, ils
} RÉFÉRENCES permettent à tous les usagers (automobilistes, piétons, cyclistes et transports collectifs)
BIBLIOGRAPHIQUES : de franchir l’intersection lorsque les trafics sont soutenus, en créant des créneaux
32, 33, 38, 78, 88, 130, 134
suffisants pour leur traversée. De plus, les automobilistes doivent circuler à des
} AUTRES FICHES
vitesses raisonnables pour percevoir les feux à temps et freiner dans des conditions
À CONSULTER : 18, 27,
28, 30, 35, 46, 54, 62 normales.
Domaine d’emploi nécessaires à leur traversée sont plus longs que ceux
nécessaires aux véhicules. Sur ce point, la mise en place
Les carrefours à feux doivent être réservés aux seules d’îlots facilite la traversée des piétons. Celui-ci n’a ainsi
intersections qui le nécessitent réellement. Les feux sont qu’un seul sens de circulation à observer et les créneaux
justifiés au niveau d’une intersection lorsque, de par dans le trafic sont alors plus grands. Cette solution doit
l’importance des flux, les créneaux dans le trafic devien- systématiquement être envisagée avant toute mise en
nent insuffisamment longs pour permettre aux différents place d’une signalisation tricolore. On considère qu’un
usagers de traverser l’intersection sans forcer le passage. piéton commence à rencontrer des difficultés pour
On constate d’ailleurs en ville qu’un carrefour à feux traverser si le trafic est supérieur à 800 uvp/h (variable
sur deux est justifié par les piétons, car les créneaux selon les vitesses pratiquées).
L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E 167
Avec la mise en œuvre depuis de nombreuses années de que sur la sécurité des usagers. Il n’est pas inutile d’avoir
politiques visant à réduire la place de la voiture en ville, à l’esprit les principes les plus fondamentaux de la
certains carrefours à feux ne sont aujourd’hui plus justifiés : conception de ces aménagements.
il serait donc tout à fait opportun de les transformer en
carrefours sans feux. Mais ces démarches sont difficiles à Aménagement et fonctionnement
mettre en œuvre, car la présence de feux rassure. sont indissociables
Les feux tricolores sont souvent perçus par le grand public La conception des carrefours à feux, contrairement à
comme des équipements assurant la sécurité des usagers celle d’autres carrefours, intègre une dimension supplé-
traversant une intersection. La réalité est pourtant beau- mentaire : le temps. En effet, concevoir un carrefour à
coup plus nuancée. L’expérience a montré que la mise en feux nécessite de définir quels sont les mouvements de
place de signalisation tricolore, dans un contexte inadapté, véhicules ou de piétons qui peuvent passer en même
pouvait faire augmenter le nombre d’accidents de manière temps et ceux qui doivent être séparés. Puis il faut définir
significative. De même, le non-respect des règles de la part du temps qu’on accordera à chaque flux. Cette
conception et des exigences réglementaires est source particularité des carrefours à feux par rapport à d’autres
d’accident. Les études d’accidentologie montrent que le carrefours, est source de principes peu intuitifs.
type d’accident le plus fréquent en carrefours à feux La gestion des conflits se fait en dissociant dans le
concerne les mouvements qui sont toujours séparés par temps les flux de véhicules incompatibles, les flux
les feux : le conflit à angle droit. La sûreté d’un carrefour piétons ou des transports collectifs.
à feux repose sur trois conditions essentielles :
• le contexte correspond bien au domaine d’emploi
des carrefours à feux ;
• le carrefour a été aménagé en respectant les règles
de l’art ;
• le carrefour à feux fait l’objet d’une maintenance
sans faille. Conflits compatibles
Les carrefours à feux, lorsqu’ils sont bien conçus, sont
relativement économes en emprise, ils sont donc
particulièrement adaptés à la ville, et notamment aux
villes denses. La circulaire du 11 juillet 1995 de la DSCR
précise qu’il est inacceptable d’utiliser des feux tricolores
pour sanctionner des excès de vitesse.
Règles de conception
L’étape qui consiste à regrouper certains mouvements (3 secondes) et du temps de rouge de dégagement de la
d’usagers et à en séparer d’autres dans le temps est zone de conflit (sur la base d’une vitesse de 10 m/s pour
couramment appelée le phasage du carrefour. Ainsi sur les véhicules et de 1 m / s pour les piétons). Le fonction-
l’exemple suivant, on dira que le phasage du carrefour est nement de l’intersection à deux phases est simple et
à deux phases : dans la première phase, les mouvements intuitif pour l’usager : soit je passe, soit c’est aux autres
véhicules de la rue «horizontale» sont admis en même mouvements en conflit de passer.
temps que les flux piétons traversant la rue «verticale», À durée de cycle égale, un fonctionnement à deux phases
et dans la deuxième phase, les mouvements véhicules de permet d’accorder à chaque mouvement un vert plus long
la rue «verticale» sont admis en même temps que les que dans un cycle à trois phases ou quatre phases. Dans
piétons traversant la rue «horizontale». un carrefour à deux phases, un feu sur deux est au vert
et une voie écoule en moyenne des véhicules pendant
50 % du cycle, hors temps neutralisés. Pour un carrefour
à trois phases, cette proportion passe à 33 % et à 25 %
pour un quatre phases.
Cet écart sur la proportion de vert a une conséquence
importante sur les temps d’attente pour les usagers,
particulièrement mal ressentis par les piétons. En général,
les temps d’attente sont pratiquement triplés pour un
carrefour à quatre phases comparés à un carrefour à
deux phases.
Fonctionnement à deux phases d’un carrefour simple en croix La capacité d’une voie est proportionnelle à la part de
vert qu’on lui accorde. Ainsi, cette capacité diminue
Pour des raisons de compréhension par les usagers, de avec le nombre de phases.
sécurité, d’accessibilité, de performance, le phasage est
indissociable de la géométrie du carrefour. C’est pourquoi Trafic moyen admissible par voie pour un cycle
phasage et géométrie du carrefour doivent être définis d’une durée de 90 secondes et un temps neutralisé
de concert. de 5 secondes entre chaque phase
À ce stade, la démarche de conception n’est absolument
pas linéaire et nécessite souvent de nombreux allers - 2 phases 3 phases 4 phases
et-retours entre proposition d’une géométrie/ phasage
et évaluation de la bonne prise en compte des différents 800 véh./h 500 véh./h 350 véh./h
besoins. par voie par voie par voie
Rechercher la simplicité et privilégier Même si le trafic véhicule n’est plus une priorité, il est
un fonctionnement à deux phases préférable d’avoir la meilleure capacité possible par voie,
À chaque phase de trafic, un temps pendant lequel car cela permet de diminuer le nombre de voies en
aucun véhicule ne passe est immanquablement généré : entrée du carrefour, et donc de réduire la longueur des
«temps neutralisé». Il se compose du temps de jaune traversées pour les piétons.
L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E 169
Orthogonalité des voies en conflits Les mouvements tournants devront céder le passage en
Le principe d’orthogonalité des voiries sécantes énoncé vertu du code de la route.
dans la fiche n°18 est important pour les carrefours à Les carrefours simples qui respectent les deux règles
feux, notamment pour les raisons suivantes : énoncées précédemment sont les carrefours en croix
• cela facilite la perception des feux par les automobilistes, et les carrefours en T. Ils seront donc les modèles de
et ces derniers ne perçoivent que le signal lumineux base de carrefour à feux. Tout carrefour à feux plus
qui les concerne ; complexe devrait être un assemblage de ces carrefours
• cela rend plus facile le stockage des tourne-à-gauche de base.
à l’intérieur du carrefour, et rend plus évidente la règle
du contournement par la droite, indispensable à une Minimiser la taille de la zone des conflits
bonne visibilité sur le mouvement adverse. La zone des conflits d’un carrefour est la surface du
carrefour où des conflits peuvent se produire. Comme
Admission des mouvements adverses indiqué dans la fiche n°18, cette zone doit être la plus
dans la même phase compacte possible. Les seules limites à la réduction de la
Les mouvements adverses doivent être admis en même taille de la zone des conflits sont la nécessité de stocker
temps. Cela conforte un réflexe des automobilistes les tourne-à-gauche et d’assurer la giration des véhicules
consistant à démarrer en même temps que ceux qui de grande taille, les bus notamment.
sont issus du mouvement adverse, mais le point le plus
important concerne la sécurité des piétons. En effet, Cycles courts
ceux-ci ont tendance à s’engager dès que les véhicules L’utilisation de cycles courts permet de :
s’arrêtent sur leur gauche. En cas d’admission dissociée • réduire les temps d’attente ;
des mouvements adverses, le risque d’accident avec des • diminuer le stockage des véhicules, notamment les
piétons sur la deuxième partie de la chaussée avec des véhicules en tourne-à-gauche.
véhicules qui arrivent par la droite est augmenté.
Les mouvements parallèles sont regroupés dans une Ainsi une durée de cycle comprise entre 50 et 70 secondes
même phase avec les mouvements tournants de même pour un carrefour à deux phases est conseillée.
origine, les mouvements perpendiculaires sont séparés. En outre il est impératif de respecter la réglementation
en vigueur, qui fixe notamment la durée minimale pour
le vert (6 secondes), la durée de jaune (3 secondes,
exceptionnellement 5 secondes) et une durée maximale
pour le rouge (un usager ne doit pas attendre plus de
120 secondes en fonctionnement normal).
d’identifier le gestionnaire du matériel de signalisation En outre, afin d’évaluer les effets de l’aménagement en
lumineuse et de préciser ses limites d’interventions matière de sécurité routière, un suivi est réalisé après la
par le biais d’une convention entre les différents mise en service :
maîtres d’ouvrages. Actuellement, la quasi-totalité des • à court terme, pendant les six mois qui suivent la mise
matériels et réseaux de transmission permettent en service : observations sur le fonctionnement du carre-
d’avoir recours aux modes de « télégestion » : en cas four (recalage du plan de feux si nécessaire), observations
de panne ou de dysfonctionnement de l’installation, sur le comportement des usagers (manœuvres non auto-
l’information est immédiatement transmise au gestion- risées, vitesses en approche…) et sur les signes précurseurs
naire (poste central ou agent d’astreinte…) afin qu’il d’une accidentologie (verre brisé, traces de freinage brutal,
puisse prendre les mesures nécessaires dans les impacts, accidents matériels et corporels…) ;
meilleurs délais. Un fonctionnement en mode dégradé • à moyen terme, après une période significative de
– par exemple jaune clignotant sur la lentille du milieu – trois ans : bilan de l’accidentologie (nombre d’accidents
ne doit pas persister pendant un temps trop long. Il corporels, gravité, répartition par types d’impliqués…) ; si
convient d’intervenir le plus rapidement possible afin le bilan n’est pas satisfaisant, des modifications seront
de résoudre le dysfonctionnement. apportées à l’aménagement.
! À connaître...
La conception des carrefours à feux, en particulier des équipements et des systèmes les composant, fait l’objet de
nombreuses réglementations et normes auxquelles il faut se référer. Ce n’est pas l’objet du guide de les citer toutes.
Deux méritent une attention particulière :
• la partie 6 de l’IISR ;
• la norme P 99-000 sur la terminologie.
174 L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E
34 Passages dénivelés
} RÉFÉRENCES En milieu urbain, la dénivellation d’un carrefour doit être exceptionnelle et ne
BIBLIOGRAPHIQUES : peut s’envisager qu’au terme d’une étude préalable approfondie. Elle se limite aux
33, 56
axes où le flux de circulation est si important qu’il devient incompatible avec les
} AUTRES FICHES
autres flux.
À CONSULTER :
18, 27, 28, 30, 35, 46, 54,
55, 62
Un passage dénivelé, lorsqu’il est correctement réalisé, • accentue le caractère routier d’un axe de circulation
permet de supprimer les conflits pour l’axe dénivelé et et incite les conducteurs à augmenter leur vitesse ce qui
ainsi lui assurer, au droit du carrefour, les meilleures peut être dangereux au débouché du passage ;
conditions de fluidité, tout en réservant au niveau du • supprime toute possibilité de traversée des piétons
carrefour de surface, de meilleures conditions de circu- sur toute la longueur des trémies d’accès ;
lation pour les autres usagers. • nécessite, s’il s’agit d’un passage souterrain à
Ce type d’aménagement doit être réalisé avec beaucoup gabarit réduit (PSGR), l’implantation de présignalisation
de soin car, mal conçu, il peut poser certains problèmes ; et de signalisation « hors gabarit », dont l’impact visuel
en effet, un passage souterrain : est important.
Les passages dénivelés en ville constituent une coupure qu’il convient de minimiser. L’aménagement du carrefour de surface doit
être réalisé avec soin afin de rétablir la continuité urbaine.
L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E 175
En ce qui concerne la circulation automobile, la faisabilité La hauteur libre est associée à l’ouvrage.
et l’efficacité d’un tel aménagement dépendent : Une marge de sécurité est à prévoir entre hauteur libre
• de l’interdistance entre les carrefours ; d’un ouvrage et gabarit autorisé dans cet ouvrage.
• des mouvements tournants restant en surface ; Elle est variable selon les équipements en place dans
• de la saturation éventuelle des carrefours en amont et l’ouvrage.
en aval. On caractérise les passages souterrains en fonction soit
de leur hauteur libre, soit de leur gabarit autorisé.
Les études préalables à l’implantation d’un passage
souterrain devront inclure l’analyse des aspects suivants : Le passage souterrain à «gabarit normal» (PSGN) autorise
• trafics ; le passage des véhicules d’un gabarit de 4,30 m.
• accidents ;
• causes de la saturation ; Les passages souterrains à «gabarit réduit» (PSGR) ont
• réflexion sur le mouvement à déniveler qui n’est pas une hauteur libre plus faible :
forcément le courant le plus important ; il peut arriver • PSGR A – gabarit autorisé de 1,90 m : réservé aux
que déniveler un flux transversal, ou un mouvement entrées de parkings souterrains publics ou privés ;
tournant (tourne-à-gauche par exemple), améliore la • PSGR B – gabarit autorisé de 2,60 m : permet le
circulation avec moins d’inconvénients secondaires que passage des véhicules légers (en moyenne, plus de 80 %
la dénivellation du courant le plus important ; du trafic). Le faible encombrement et la maniabilité de
• utilisation de l’espace (un passage dénivelé ne fait pas ces véhicules sont compatibles avec des caractéristiques
gagner de place au sol) ; réduites de profils en long et en travers. Si on souhaite
• perturbations pour les piétons ; rendre possible le passage des autobus urbains, véhicules
• bruit lié aux trémies ; de secours et de service, il faut prévoir un gabarit autorisé
• problèmes d’assainissement pour assurer un écoule- de 3,50 m.
ment correct des eaux de ruissellement, en particulier
au point bas du souterrain. Les ouvrages correspondants, intermédiaires entre
PSGR et PSGN sont envisageables, mais présentent
peu d’intérêt par rapport à un PSGN sur le modèle
Dispositions générales duquel ils doivent être conçus (profils en long et en
travers).
Le plus souvent, la circulation dans le passage dénivelé Rappelons enfin, avant d’aborder les caractéristiques
est interdite aux piétons et aux cyclistes. géométriques des passages souterrains, qu’une file de
Le gabarit est associé au véhicule. circulation écoule de 1 200 à 1 500 véhicules par heure.
176 L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E
On trouvera ci-après des indications types pour les Le profil en long doit être dimensionné par rapport à
ouvrages bidirectionnels, étant entendu qu’il existe une vitesse de référence.
des ouvrages unidirectionnels à une ou deux voies
(voir schéma). Caractéristiques minimales
Les largeurs de voie dans l’ouvrage sont celles de la Elles assurent une visibilité suffisante pour déceler un
section courante. Dans les ouvrages en courbe, les voies obstacle de 1 m de hauteur (voiture à l’arrêt par exemple),
peuvent être élargies en fonction de la giration des et pouvoir stopper son véhicule.
véhicules admis à circuler. Un dégagement latéral (e) est
nécessaire pour assurer la visibilité sur un obstacle à la Type PSGN ou PSGR PSGN, PSGR B
distance d’arrêt (d) (e = d²/8R avec R = au rayon de la Vitesse 50 km/h 70 km/h
courbe mesuré au bord de la voie). Rayon en angle
500 m 1 400 m
Les chaussées latérales, toujours à sens unique, compor- saillant
teront le nombre de voies nécessaires au fonctionnement Rayon en angle
du carrefour en surface. La largeur du trottoir le long 400 m 800 m
rentrant
des immeubles doit favoriser la circulation des piétons,
Déclivité 9% 8%
la mise en place des réseaux souterrains.
Équipements
Les principaux équipements sont : • les dispositifs faisant obstacle physique à la traversée
• la signalisation et la présignalisation à l’approche et au des piétons en sortie de trémie, qui, s’ils ne suffisent
droit des trémies, avec la mise en place, pour les PSGR, pas à résoudre les problèmes rencontrés, constituent
d’un système de détection des véhicules hors gabarit de néanmoins un aménagement dissuasif améliorant la
type mécanique ou électrique et d’échappatoires ; sécurité des piétons.
Schéma de principe d’aménagement de l’entrée en pseudo - affectation d’un PSGR. Les valeurs de L et de ds figurent dans l’IISR,
d est la distance d’arrêt définie selon la vitesse limite.
Ce PSGR de type B concerne toutes les voies de circulation de ce boulevard. L’emprise disponible et la proximité de l’intersection
ne permettent pas la réalisation d’un échappatoire après le portique de détection des hors gabarit.
178 L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E
35 Modération de la vitesse
} RÉFÉRENCES La demande relative aux aménagements de modération de la vitesse est sans cesse
BIBLIOGRAPHIQUES : croissante ; la mise en œuvre de politiques locales de généralisation des zones à
29, 33, 36, 37, 63
circulation apaisée telles que zones 30 ou zones de rencontre (démarche «code de la rue»)
} AUTRES FICHES
est une réponse aujourd’hui répandue. La création de zones nécessite des aménagements
À CONSULTER :
3, 6, 7, 8, 10, 15, 29, 36, en cohérence avec la vitesse imposée. Pour des raisons de coût, il n’est pas envisageable,
40, 48, 49 en général, de reprendre le profil en travers de l’ensemble des rues, c’est pourquoi on
aura souvent recours à des aménagements ponctuels, moins coûteux, qui permettront
d’inciter les usagers à modérer leur vitesse.
? Le saviez- vous ?
Le programme d’expérimentation et d’évaluation
«ville plus sûre, quartier sans accidents» des
années 1990 a débouché sur cette démarche
globale d’aménagement visant à concilier la
modération de la vitesse et vie urbaine. Elle est
à l’origine du concept de zone 30, et plus
récemment de celui de la zone de rencontre.
L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E 179
Aménagements globaux
Le carrefour giratoire
En carrefour, le giratoire constitue une double chicane.
Aménagé en respectant les règles de l’art, il est très
efficace pour la maîtrise des vitesses. Le mini-giratoire, L’écluse remplit ici sa fonction de réduction de vitesse.
peu coûteux, s’adapte bien aux voies de desserte locale
et aux espaces restreints.
Elle peut avoir d’autres fonctions. Par exemple, ici elle assure
la continuité des cheminements piétons lorsque ponctuel-
lement l’emprise n’autorise pas deux voies de circulation
Le carrefour giratoire est efficace pour réduire la vitesse. et deux trottoirs.
L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E 181
La chicane
La chicane consiste à modifier le tracé de la rue en
créant une sinuosité. En section courante, elle s’obtient
par décrochement latéral ou axial. Son dimensionnement
doit être dessiné avec soin en tenant compte des trajec-
toires possibles des véhicules. Elle peut être simple ou
double et s’appuyer sur des avancées de trottoirs ou le
stationnement. En entrée d’agglomération, la chicane
sera généralement de type axial. Petite chicane dans une rue de quartier constituée de
deux « écluses »
? Le saviez- vous ?
Le plateau Le coussin
La vocation première du plateau (place traversante) Le « coussin » permet de ralentir les voitures, sans
n’est pas toujours de contraindre les usagers, mais pénaliser les transports collectifs et les cyclistes et
plutôt de mettre en valeur un lieu en en changeant la sans nécessiter d’aménagement lourd (le fil d’eau n’est
perception, et de favoriser la vie riveraine et les traversées pas modifié).
}
de piétons. Selon sa conception, il peut constituer un
aménagement ralentisseur ou, simplement, inciter au
changement de comportement grâce à des matériaux
différents ou un profil modifié.
}
184 L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E
36 Zone 30
} RÉFÉRENCES Avec l’introduction de la zone de rencontre (cf. fiche n° 48), la zone 30 évolue vers
BIBLIOGRAPHIQUES : une réglementation applicable à la plupart des voiries où l’on cherche à préserver
39, 66, 146
la vie locale. De fait, ce concept ne nécessite pas forcément d’aménagements
} AUTRES FICHES
importants et son périmètre d’emploi devrait s’élargir.
À CONSULTER :
3, 10, 35, 48
des bandes ou des pistes cyclables. En outre, toutes les Dans la zone 30, des traversées piétonnes sont aména-
rues des zones 30 sont à double sens pour les cyclistes, gées, mais, en règle générale, le marquage des passages
sauf dispositions différentes prises par le maire. piétons n’est pas nécessaire, ce qui permet aux
Ainsi, la configuration traditionnelle d’une voirie avec une piétons de traverser où ils le souhaitent. Lorsque le
chaussée pour l’ensemble des véhicules, des espaces trafic devient important ou pour des questions de
latéraux pour les piétons, des carrefours ordinaires avec repérage des personnes aveugles, les passages piétons
la priorité à droite est tout à fait adaptée aux zones 30. peuvent être matérialisés.
Dans le cas de la traversée d’une agglomération, l’aménagement en zone 30 du centre bourg permet de favoriser la vie locale. L’entrée de la zone centrale est
ici bien marquée par la présence d’une intersection, d’un stationnement latéral et d’alignements d’arbres. La chaussée réduite permet la réalisation de larges
trottoirs propices à la vie locale. La modération de la vitesse favorise la circulation des cyclistes.
La zone 30 s’applique aux voiries de desserte d’un quartier d’habitation. Ici, la La zone 30 est favorable à la circulation des cyclistes dans la mesure où les
chaussée présente un plateau surélevé pour marquer l’entrée de zone en vitesses pratiquées sont inférieures à 30 km/h. Sauf indication contraire,
complément du panneau de signalisation. le code de la route autorise les cyclistes à circuler dans les deux sens.
186 L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E
Le stationnement constitue un enjeu fort pour le qui souhaitent disposer de places : cyclistes, motocyclistes,
partage de l’espace, pour le développement de certains taxis, TC et cars, sans oublier les personnes handicapées ou
modes ou usages et la diminution de certains autres. à mobilité réduite, les véhicules électriques, le covoiturage,
Il traduit parfois la vie urbaine, peut permettre d’isoler l’autopartage, les livreurs, les transporteurs de fonds, etc.
les piétons de la circulation automobile, de créer du Ajoutons également que la gestion du stationnement
« frottement » et, ainsi, de modérer les vitesses. Il peut (offre, aménagements, réglementation) est une clé
également être considéré comme une « variable fondamentale de la politique des déplacements en ville :
d’ajustement » dans la consommation d’espace. en effet, le choix du mode de déplacement est indis-
Par ailleurs, l’objet des déplacements, donc du stationne- sociable du nombre de places disponibles, du coût du
ment, n’est pas unique pour tous les usagers. Ainsi, le stationnement, des contraintes de durée, etc.
moment de la journée, la durée du stationnement,
l’éloignement accepté du lieu de destination… ne seront
pas les mêmes. De même, les comportements sont diffé- Le centre de la ville
rents selon que l’on stationne pour le travail, pour accéder
aux commerces ou en tant que résident. L’organisation du Les lieux où se concentrent de nombreuses activités, notam-
stationnement sur voirie, qui n’est qu’un volet d’une poli- ment de type commercial ou de bureau, sont souvent les
tique de stationnement, est donc un acte délicat d’aména- centres de quartiers ou le centre de la ville proprement dit.
gement urbain qui nécessite des études spécifiques. Par là même plusieurs types de demandes s’y superposent,
Il consiste, avec l’appui d’une réglementation adéquate et qui engendrent rapidement une congestion de l’offre,
dans le respect des documents de planification (PLU et pouvant laisser supposer que celle-ci est insuffisante.
PDU), à définir un nombre d’emplacements autorisés, leur C’est pourquoi il est important de bien connaître le station-
utilisation optimale, compatible avec les fonctions du lieu, nement par le recensement des places (gratuites, régle-
les moyens d’y accéder, l’offre en stationnement hors voirie. mentées, privées) et la réalisation d’enquêtes d’occupation.
En fait, il s’agit d’empêcher au maximum l’apparition d’un L’arbitrage entre les différentes demandes est aussi à
stationnement illicite, sans augmenter démesurément la la base de l’organisation du stationnement. Il s’exerce
surveillance et la répression. Parler de stationnement ou principalement en limitant la durée maximale de
d’arrêt ne se limite pas à la voiture individuelle ; en effet, stationnement, de façon différenciée, sur un ou des
nombreux sont les usagers ou les catégories de véhicules ensembles d’emplacements, en vue, soit de les rendre
L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E 187
accessibles au plus grand nombre d’usagers se déplaçant l’organisation du stationnement sur voirie apparaît
pour achats, visites, démarches administratives, loisirs, comme la première action à entreprendre, surtout dans
etc., soit de «sélectionner» les usagers que l’on souhaite les centres. Elle se fait en lien avec les autres mesures
dissuader, domicile-travail, stationnement longue durée d’organisation des déplacements.
par exemple, soit encore de «privilégier» certains usagers,
résidents, par exemple. Stationnement réglementé
La réglementation n’est efficace qu’avec la mise en Qu’il soit payant ou non, le stationnement réglementé est
place d’une politique de contrôle. En aire piétonne, le un moyen de répartir l’espace entre plusieurs motifs de
stationnement des véhicules est interdit, sauf en ce qui stationnement et a un effet sur sa rotation. Le nombre
concerne les vélos, s’il est organisé (Art. 417-10 du code d’emplacements concernés dépend du pouvoir d’attraction
de la route). En zone de rencontre, le stationnement du centre et de la population amenée à le fréquenter.
est interdit en dehors des emplacements aménagés à Ils sont implantés a priori dans les zones les plus fréquen-
cet effet (Art. 417-10 du code de la route). tées (alignements commerciaux, gros équipements), mais
leur situation et leur nombre peuvent être ajustés à la
lumière de l’utilisation dans les premiers mois.
Les abords d’équipements importants Il conviendra, notamment, d’être particulièrement attentif
en dehors du centre aux reports du stationnement que peut engendrer cette
mesure sur les zones voisines : ne pouvant plus se pratiquer
Ce sont, par exemple, un bureau de poste important, un sur la zone où le stationnement est devenu à durée limitée,
hôpital, etc. Il s’y oppose en général deux types de le stationnement de longue durée aura tendance, bien
demandes : celle des employés et celle des visiteurs. Or, souvent, à se décaler dans un quartier voisin, avec le risque
la réservation stricte d’une portion d’espace public à une de générer des difficultés locales. D’où l’importance de
catégorie d’usagers est juridiquement impossible. Là réfléchir à cette question à une échelle globale et non
aussi il n’y a guère d’autres moyens de dissuader le localement sur un quartier.
stationnement, sur voirie, à proximité immédiate de
l’équipement, et a priori de longue durée, des employés Zone bleue ou stationnement payant ?
qu’en édictant une durée limitée de stationnement. Il est possible, avec des moyens adaptés, une bonne
surveillance en particulier, de faire fonctionner effica-
cement une zone bleue. Toutefois, le stationnement
Actions sur l’offre de stationnement payant offre les avantages suivants :
• le système s’autofinance et le financement est assuré
Accroissement de l’offre par l’usager plutôt que par le produit de l’impôt ;
En pratique, la solution première est rarement d’accroître • le système peut être une source de financement pour
l’offre. Cela conduit généralement à un accroissement de la les transports collectifs ou la construction des parcs de
circulation motorisée dans l’agglomération, au détriment stationnement.
des modes actifs et des transports en commun. Les actions Quoi qu’il en soit, les deux systèmes restent possibles et
portent plutôt sur l’optimisation de l’offre existante, l’on peut penser que les critères principaux du choix
qu’elle soit sur voirie ou hors voirie. Une réflexion sur sont autant politiques que financiers.
188 L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E
Il faut essayer
d’obtenir
une bonne Il est préférable d’avoir au moins deux places de station-
planéité entre nement entre les arbres, soit un minimum de 10 m. Au-delà,
chaussée la largeur de l’espace de stationnement est de cinq fois
et bande de le nombre de places. La taille des arbres peut influer sur
stationnement. leur espacement (voir fiche n°21).
190 L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E
}
une rue à circulation soutenue. Elle est au contraire bien stationnement et circulation.
adaptée aux quartiers résidentiels où les vitesses sont
lentes, et le trafic faible. Elle permet en moyenne le
stationnement de 20 voitures par 50 m de trottoir.
Stationnement perpendiculaire
192 L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E
Permettre aux piétons de traverser la rue dans de Le stationnement non organisé des 2RM entraîne des
bonnes conditions de sécurité suppose la suppression de pratiques inadaptées comme le stationnement sur
tout stationnement et arrêt de véhicules motorisés à trottoir. La qualité et l’efficacité du stationnement
l’approche de toute intersection et quelques mètres en pour 2RM doivent répondre à quelques critères peu
amont des passages piétons. nombreux, mais impératifs définis ci - après.
Localisation
Les aires de stationnement doivent être nombreuses,
réparties où les besoins s’en font sentir, le plus souvent de
faible capacité (sauf à proximité des pôles générateurs de
déplacement en 2RM). Contrairement à l’automobiliste,
le cyclomotoriste accepte difficilement d’être éloigné
de son véhicule.
Il est également possible de réserver des places de station-
nement dans les parcs en structure ; en les localisant,
de préférence, à proximité du gardien.
Signalisation
Les aires de stationnement doivent être connues des
usagers. Elles doivent être parfaitement signalées.
Adaptation à l’environnement
Pour assurer la protection des piétons, le stationnement
doit s’effectuer sur la chaussée ou parking et non sur les
trottoirs. Si les trottoirs sont suffisamment larges pour
permettre de maintenir une largeur de cheminement
confortable pour les piétons, il est possible d’aménager
une zone de stationnement pour les 2RM au niveau du
trottoir. Elle est alors clairement identifiable, repérable
et détectable. L’accès au stationnement devra nécessai-
Interruption du stationnement longitudinal en amont des
rement s’effectuer directement depuis la chaussée afin
passages piétons pour assurer la visibilité. que les motards et cyclomotoristes n’aient pas à circuler
sur les trottoirs.
L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E 193
Aménagements possibles
Les dimensions des 2RM sont assez homogènes : largeur
d’environ 0,70 m et longueur variant de 1,80 m pour
un cyclomoteur à 2,30 m pour une motocyclette. Ces
dimensions et le fait de favoriser le démarrage de la moto-
cyclette en marche avant conduisent à aménager la zone
de stationnement selon les trois schémas suivants :
194 L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E
38 Livraisons en ville
} RÉGLEMENTATION : Une grande partie des activités économiques de la ville se traduisent par des flux matériels
2, 6 regroupés sous le terme de «livraisons». La façon dont s’effectue la livraison est très
} RÉFÉRENCES sensible au contexte extérieur, au produit livré, au type d’entreprise de livraison…
BIBLIOGRAPHIQUES :
97, 98, 99, 103 Les livraisons sont à l’origine de nombreuses situations de congestion de la voirie et de
} AUTRES FICHES dysfonctionnements qui affectent l’ensemble des usagers : les piétons et les cyclistes
À CONSULTER : (encombrement des trottoirs et des espaces latéraux), les autobus, les véhicules
7, 9, 37, 49 particuliers, sans que les livreurs soient vraiment responsables (sauf abus). Les livraisons
sont en cela très différentes du stationnement des véhicules particuliers. Aussi est - il
nécessaire de tenter de les organiser. Toutefois, un certain nombre de précautions sont
à prendre lors de la mise en œuvre de réglementations et d’aménagements.
Les réglementations Aussi, le maire peut souhaiter limiter les livraisons : limita-
à caractère général tion du tonnage, de la largeur ou de la surface des véhicules,
des créneaux horaires. Cependant, la demande restant la
L’article L2213 - 3 du code général des collectivités même, certaines mesures peuvent induire une augmen-
territoriales stipule que le maire peut par arrêté motivé tation du trafic : remplacement des véhicules lourds par
«réserver des emplacements […] pour faciliter […] l’arrêt des plusieurs véhicules plus légers. La limitation de la surface
véhicules effectuant un chargement ou un déchargement au sol est préférable. Enfin, l’aire n’est pas utile aux livraisons
de marchandises». Cet article rend légitime la création toute la journée. Les enquêtes montrent qu’elles se font
d’emplacements réservés pour les opérations de livraison. entre 8 h et 12 h, et 15 h et 17 h. En dehors de ces heures, le
Le dispositif réglementaire engage les villes à mener une maire peut, par arrêté, rendre l’aire de livraison au station-
réflexion sur l’utilisation rationnelle de l’espace public afin nement résidentiel (cf. article R417-10 du code de la route).
que la voirie (chaussées et trottoirs) ne soit pas utilisée
comme surface de stockage temporaire par les commerces.
? Le saviez- vous ?
La durée d’une livraison est faible : 10 min en moyenne,
30 min au maximum.
Dans une agglomération, environ deux livraisons sur
trois se font sur la voirie publique.
1/3 des livraisons réalisées sur l’espace public se fait de
façon légale, 1/3 en double file, 1/3 sur le trottoir.
L’occupation des aires par les livreurs est faible : 6 %
à Paris.
Le transport des marchandises en ville représente 20 à
Pour être utile, l'aire de livraison se situe au plus près des
commerces et sa conception facilite les opérations de
25 % des véhicules-km en unité VP sur la voirie urbaine.
manutention.
L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E 195
L'aire de livraison en encoche est possible en l'absence de stationnement longitudinal et si le trottoir est large. Ce type d'aire est
intéressant en présence d'un site propre de transport collectif le long du trottoir.
L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E 197
39 Signalisation
} RÉGLEMENTATION : 9
} RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES : 49, 59, 60, 70, 77
} AUTRES FICHES À CONSULTER : 9, 10, 26, 50, 57, 65
? Le saviez- vous ?
urbaine doit donc répondre à trois principes :
• le principe de lisibilité : on doit réduire et simplifier
les indications au maximum ;
L’instruction interministérielle sur la signalisation • le principe de concentration : il y a intérêt à grouper
routière (IISR) règlemente toute la signalisation. Elle les signaux sur un même support. Cette concentration
est d’application obligatoire et les dispositifs qui trouve sa limite dans le principe suivant ;
n’y sont pas mentionnés ne sont pas autorisés. Elle • le principe de valorisation : il ne faut placer de
comprend neuf parties : panneaux que s’ils sont jugés utiles : une inflation de
• partie 1 – Généralités panneaux, outre qu’ils ne peuvent être perçus par
• partie 2 – Signalisation de danger l’usager risque de banaliser les informations délivrées.
• partie 3 – Intersections et régimes de priorité L’observation sur le terrain montre que ces principes sont
• partie 4 – Signalisation de prescription trop souvent oubliés. Il est bon de se poser chaque fois
• partie 5 – Signalisation d’indication, des services la question de l’utilité d’un panneau et d’un marquage
et de repérage et de sa cohérence avec les règles de circulation. Il faut
• partie 6 – Feux de circulation permanents s’interdire d’utiliser un panneau non réglementaire et ne
• partie 7 – Marques sur chaussée pas croire qu’un panneau cachera ou rattrapera un défaut
• partie 8 – Signalisation temporaire de conception d’aménagement. Il en va de la crédibilité de
• partie 9 – Signalisation dynamique la signalisation et de son respect.
L’instruction est régulièrement mise à jour sur le
site internet : Assurer la visibilité sur la signalisation est un autre
www.equipementsdelaroute.developpement- critère à prendre en compte dans sa conception. Pour être
durable.gouv.fr vus, les panneaux ne doivent pas être à plus de 2,30 m de
haut dans les voiries urbaines éclairées, ils ne doivent pas
L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E 199
être masqués par de la végétation, un virage, un bâti. Leur • ne mettre en place que des prescriptions réalistes
taille est aussi un critère, elle varie selon l’importance de la (une limitation à 30 km/h si on peut rouler à 70 km/h
voie ou le lieu. En ville, c’est une taille dite normale, voire décrédibilise la signalisation) ;
petite en site contraint qu’il faut retenir. • certaines prescriptions s’annulent (interdiction de
stationner par exemple) à chaque intersection, le
Le bas des panneau de fin de prescription n’est alors pas utile
panneaux de au carrefour.
signalisation
doit être placé à
2,30 m maximum La signalisation d’intersection et de priorité
de hauteur
pour être vu. La règle générale en intersection est le régime de priorité
à droite, elle ne nécessite pas de signalisation. En revanche,
Enfin, elle nécessite de l’entretien : changement des les routes classées prioritaires font l’objet d’une signalisa-
panneaux et supports détériorés, réfection du marquage. tion spécifique ainsi que les pertes de priorité ponctuelle.
Les règles définies par la réglementation intervenant sur la Il importe que le régime de priorité adopté soit cohérent
signalisation permettent d’éviter nombre de ces écueils. sur l’agglomération et cohérent sur l’itinéraire, notamment
en rapport avec la nature du trafic. La signalisation
verticale sera complétée par un marquage au sol.
La signalisation verticale
La signalisation d’indication
La signalisation de danger Elle a pour objet de porter à la connaissance des usagers
Les panneaux de danger (toujours implantés en signa- de la route la proximité ou la présence de dispositifs,
lisation avancée) ont peu d’intérêt en agglomération, d’installations ou de services susceptibles de leur être
contrairement à ce que laissent penser les pratiques. Les utiles. Les panneaux routiers d’indication sont répartis
automobilistes, cyclistes, piétons sont plus attentifs aux en deux catégories :
nombreux dangers qu’en interurbain. • panneaux du type C, panneaux carrés à fond bleu
donnant une indication utile pour la conduite des
La signalisation de prescription véhicules, mais qui sont peu utilisés en agglomération ;
Cette signalisation est particulièrement nécessaire en • panneaux du type CE, panneaux carrés à fond blanc,
agglomération, puisqu’elle traduit les mesures de circula- avec une bordure bleue.
tion prises par l’autorité locale dans le cadre d’un plan de
circulation. Le code de la route précise que les prescriptions Les signaux tricolores
de police ne sont opposables à l’usager que si elles sont (Voir fiche n°33)
portées à leur connaissance par la signalisation et un arrêté.
Pour ce type de signalisation plus que pour tout autre, La signalisation temporaire
il faut se rappeler qu’elle n’est respectée que si elle est La signalisation temporaire concerne principalement la
respectable, ainsi : signalisation de chantier. Ces chantiers sont parfois à
• éliminer les doubles emplois avec le marquage lorsque l’origine d’accidents liés à une défaillance de signalisation
la règle l’autorise ; (mauvaise fixation, instabilité, vandalisme des panneaux,
200 L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E
éclairage insuffisant). L’installation de cette signalisation • la couleur verte est réservée à la signalisation à longue et
fait l’objet d’un manuel du chef de chantier qui précise les à moyenne distance entre les agglomérations dont la popu-
conditions d’implantation selon la nature du chantier. lation est supérieure en règle générale à 26 000 habitants ;
• la signalisation devient bleue lorsqu’elle concerne les
mentions se rapportant aux autoroutes ;
Le jalonnement • la couleur blanche prend le relais vers des directions
locales : petites villes, quartiers, activités urbaines.
Le jalonnement est utile pour se repérer, que l’on soit Sa mise en place fait suite à des études détaillées conduites
piétons, cyclistes ou automobilistes. Il est nécessaire qu’il en deux phases successives :
soit bien réalisé pour éviter des comportements pouvant • la constitution d’un schéma directeur qui vise, à partir
être dangereux : demi-tours, manœuvres inattendues, frei- de l’analyse des besoins : à sélectionner les informations,
nages tardifs, inattention vis-à-vis des autres usagers lors à les hiérarchiser, à fixer entre ces pôles des liaisons ou
des traversées de piétons, par exemple. Pour cela, le jalon- des itinéraires ;
nement nécessite toujours une réflexion amont de type • l’élaboration d’un projet de définition de jalonnement
schéma directeur pour identifier quelle direction signaler, qui étudie le type de signalisation à mettre en place, la
quel équipement, quel itinéraire… et préciser où l’on est. composition et l’implantation précise des panneaux
pour chaque carrefour.
La signalisation de direction Cette méthode doit aboutir à un ensemble homogène,
Les règles de la signalisation de direction sont basées grâce à des schémas directeurs cohérents entre eux.
sur une méthode rationnelle du jalonnement routier : La méthode de l’instruction interministérielle peut être
• en assurant, en ville, la continuité de la signalisation utilisée pour l’élaboration d’une signalisation urbaine,
interurbaine ; moyennant quelques adaptations :
• en facilitant les déplacements relatifs aux activités • délimitation de la zone d’influence de l’agglomération ;
urbaines. • respect des options prises au niveau national en ce qui
concerne la signalisation verte ;
• continuité assurée des itinéraires de transit (réseau vert) ;
• prise en compte des destinations locales externes à
la ville (réseau blanc) ;
• traitement des destinations internes (d’intérêt local).
Exemple d'implantation
de la signalisation directionnelle
dans un carrefour.
Autres marquages L’interdiction d’arrêt peut être marquée par une ligne
Les marquages des passages piétons : ils sont délimités continue jaune tracée sur la bordure du trottoir. Les
par des bandes rectangulaires blanches parallèles à emplacements d’arrêts d’autobus font l’objet d’un
l’axe de la chaussée, d’une longueur de 2,50 m en ville marquage spécial jaune dit ligne zigzag. Dans ces cas, la
et de 4 à 6 m dans les traverses de petites agglomérations. signalisation verticale n’est pas nécessaire.
La largeur de ces bandes est de 0,50 m et leur interdistance Les inscriptions sur chaussées répondent à certains
de 0,50 à 0,80 m (0,80 m est favorable aux 2RM et réduit besoins (signalisation directionnelle, rappel de danger),
la surface de marquage). il est nécessaire pour qu’elles soient efficaces de dilater
les caractères perpendiculairement à l’axe de la
chaussée selon les prescriptions de l’IISR.
Signalisation dynamique
En milieu urbain, la signalisation dynamique fait partie
intégrante de notre environnement. Sur les grands axes,
elle contribue à améliorer la gestion des trafics et la
sécurité, en centre-ville, les panneaux à messages
D’une façon générale, implanter un nombre restreint de variables informent l’usager sur les temps de parcours, le
«bons» passages pour piétons est préférable à une série de jalonnement dynamique des parkings, les conditions de
passages mal placés et mal entretenus. On évitera le systé- circulation. La partie 9 de l’IISR réglemente leur conception.
matisme et on retiendra en priorité les emplacements D’autres dispositifs à l’attention du citoyen donnent
suivants en fonction du trafic piétons et véhicules légers : des informations diverses : événement culturel, réunion
• au droit des carrefours importants ; publique, horaire de bus, etc. (voir les RIS).
• à proximité des bâtiments publics ;
• en amont des arrêts de transport en commun ;
• sur le cheminement «naturel» du piéton.
? Le saviez- vous ?
En 2002, l’Europe s’est dotée d’une directive relative à
l’évaluation et à la gestion du bruit dans l’environne-
ment (son extérieur émis par les trafics routiers, ferro-
L’oreille n’est sensible qu’à des variations de bruit d’au viaires, aériens et les sites industriels ICPE soumis à
moins 2 dB (A). L’addition de deux niveaux de bruit autorisation). Cette approche commune à tous les
n’est pas arithmétique : États membres vise les effets néfastes de l’exposition
60 dB(A) + 60 dB(A) = 63 dB(A) et non 120 dB(A) au bruit dans l’environnement sur la santé des popu-
lations, y compris la gêne. Ces effets sont déterminés à
l’aide de Cartes de bruit stratégique (CBS) et prévenus
Pour une source de bruit linéaire, lorsque l’on double ou réduits à l’aide de Plans de prévention du bruit dans
la distance entre émetteur et récepteur, le niveau de l’environnement (PPBE). L’information du public tant
puissance acoustique diminue de 3 dB(A). sur le diagnostic que sur les actions à entreprendre doit
être garantie.
L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E 205
La directive européenne s’appuie sur des indicateurs Toutes les actions telles que mises à sens unique, déviations
communs à tous les États membres, le Lden (jour 6 h-18 h, poids lourds, aménagements de voirie, promotion des
soir 18 h-22 h, nuit 22 h-6 h) et le Ln (nuit 22 h-6 h). modes alternatifs à la voiture, etc., modifient le volume du
trafic (transit, desserte…) sa nature (VP, PL, 2RM…). De la
Parallèlement, la France s’est fixé des seuils au-delà même manière, le cadre physique du quartier (pentes,
desquels le risque sanitaire est avéré, en instaurant la revêtements, structure du tissu environnant) a des effets
notion de points noirs du bruit. Les seuils d’éligibilité sur les nuisances. Ces effets se multiplient dans le cas
sont les suivants : d’actions globales (plans de circulation, de déplacement).
mesure où elle tend également à apaiser la circulation chaussée «acoustiques» se réduisant au fil du temps, il
(allure stabilisée), comme le permettent les zones 30. est important de ne pas limiter le traitement d’un
Augmenter la fluidité, c’est souvent diminuer le bruit secteur donné à leur seul emploi.
(légèrement) et concourir à une meilleure perception
par le riverain (diminution des crêtes de bruit). L’incidence de la géométrie
Les pentes influent fortement sur les régimes moteurs,
Influence des poids lourds (PL) notamment des poids lourds. Une rampe de 4 % équi-
En moyenne en milieu urbain, un PL équivaut «acousti- vaut à 50 % de trafic poids lourds en plus. Une rampe de
quement » à 5 à 12 VL selon, la vitesse, la pente et le 6 % c’est un trafic poids lourds doublé soit 3 à 4 dB(A)
revêtement. On conçoit qu’une action sur leur circulation de plus. Les itinéraires comportant de telles montées
puisse rapidement donner des résultats intéressants. seront donc particulièrement sensibles à l’importance et
Pour réduire une nuisance, déplacer une part majeure de à la nature du trafic. Toute mesure d’exploitation les
ce trafic peut donc s’avérer efficace, si cela ne renvoie pas concernant mérite d’être au préalable évaluée quant à
le problème ailleurs. Dans cet esprit, une déviation du ses conséquences sur le bruit notamment.
trafic PL pendant certaines heures peut amener des Les aménagements ponctuels générant un flux pulsé
diminutions de 6 dB (A), s’il y a 15 à 20 % de poids lourds constituent des sources de bruit. Leur remplacement
dans la circulation. par des dispositifs assurant une meilleure stabilité du
flux est une solution intéressante pour réduire le bruit.
Influence des deux - roues motorisés Par exemple :
Les deux-roues motorisés sont souvent reconnus et • le remplacement d’un carrefour à feux par un giratoire
identifiés comme des véhicules particulièrement gênants fait baisser le niveau acoustique en façades de 1 à 4 dB(A) ;
et tout particulièrement la nuit. Pourtant, le niveau • une onde verte modérante peut aussi diminuer le
sonore en jeu lors de leur passage (lorsqu’ils n’ont pas niveau sonore de 1 à 3 dB(A) ;
été transformés) est souvent plus faible que celui d’une • un aménagement ponctuel type plateau, coussin,
voiture. La composition graves - aigus de ces bruits, chicane, s’il est bien intégré dans un projet global, peut
l’importance des accélérations expliquent probablement amener une baisse de 1 à 4 dB(A). Cependant, selon leur
en grande partie la gêne qu’ils provoquent. conception ou la présence de PL, il y a un risque d’émer-
gence de près de 10 dB(A) par rapport au bruit de fond.
Opter pour des revêtements moins bruyants
Le gain «acoustique» d’un revêtement de chaussée est La structure du tissu urbain
d’autant plus important que la vitesse est élevée. Pour La structure du tissu peut jouer elle aussi un rôle majeur
autant, en ville des gains peuvent être obtenus par quant à la sensibilité du site aux mesures d’exploitation
l’emploi de revêtement présentant peu de discontinuités et de gestion du trafic. Dans une rue étroite avec façades
(pavés, dalles, enduit «haute adhérence», etc., sont à éviter) hautes et continues, le bruit se réfléchit beaucoup, et l’on
et par une maintenance régulière. atteint vite des niveaux importants : 5 à 10 dB(A) de plus
Par exemple, le remplacement d’un béton bitumineux sont constatés en façade par rapport à une section de
par un enrobé acoustique permet des gains de l’ordre route avec un même trafic en tissu ouvert (faible densité
de 3 à 5 dB(A). La performance des revêtements de de construction, sol peu réfléchissant…).
L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E 207
Conclusion
Certaines rues sont plus ou moins aptes à recevoir un
certain type de trafic et donc à produire une certaine
nuisance sonore. Il faut connaître le milieu et ses caractéris-
Principes de
propagation du bruit
tiques commerciales, sociales, immobilières pour essayer de
dans un bâtiment. concentrer le trafic nuisant sur des voiries situées à l’écart
des secteurs sensibles au bruit, ou des zones spécialement
Les zones calmes / Les espaces de bien - être aménagées au niveau du traitement des chaussées, des
La densité urbaine peut conduire l’aménageur à créer équipements et des façades. Les méthodes de prévision
des espaces avec un environnement sonore agréable. du bruit associées à une observation scrupuleuse du site
La prise en compte de l’impact «du bruit» sur la santé permettent aujourd’hui de réaliser un bon compromis dans
humaine est une question de plus en plus prégnante. l’utilisation des voiries, d’identifier les secteurs où il convient
La directive européenne 2002/49/CE introduit la notion d’agir et de proposer des dispositifs adaptés au contexte.
de zone calme en agglomération, mais aussi en rase
campagne. Les zones de calme sont définies comme des
«espaces extérieurs remarquables par leur faible exposition
au bruit, dans lesquels l’autorité qui établit le plan souhaite
maîtriser l’évolution de cette exposition ; compte tenu des
activités humaines pratiquées ou prévues». Le critère de
localisation d’une zone de calme se fonde sur une approche
à la fois quantitative (par exemple inférieur à 55 dB(A)
en Lden) et qualitative en intégrant les critères suivants : En ville, il faut réserver et protéger des zones de calme
remarquables par leur faible exposition au bruit. Ce square
• l’usage des lieux : repos, détente, activités sportives ; intérieur protégé de la circulation constitue un espace
• la perception : aspects visuel et sensitif ; de bien - être.
L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E 209
Point de vigilance : le ratio volume d’arbre/volume de la Ces asphaltes sont principalement utilisés pour leur
rue si trop élevé peut empêcher la circulation d’air et propriété acoustique. Peu d’études ont été réalisées
conduire à une augmentation des concentrations ; quant à leur effet sur la pollution atmosphérique.
Cependant, celles effectuées indiquent que leur efficacité
est très faible et sujette à caution.
Les actions de réduction de l’exposition des populations
visent à :
• éloigner autant que possible les populations et particu-
lièrement les populations sensibles des axes très circulés :
Dispersion des polluants dans une rue canyon : les arbres
piègent la pollution au niveau de la rue en limitant la écoles, crèches, établissements accueillant des personnes
dispersion. Un auteur néerlandais préconise plutôt la mise âgées, aires de jeu pour enfants… En milieu ouvert, les
en place de murs végétaux (source : rapport ADEME).
concentrations diminuent en s’éloignant de l’axe de la voie ;
• Les écrans antibruit dévient les masses d’air en prove-
nance de la voie et permettent la dispersion en hauteur du
panache de chaque côté du mur. Leur efficacité dépend de
plusieurs paramètres : hauteur du mur, position par rapport
aux vents dominants, météorologie. Point de vigilance : la
position du mur par rapport aux vents dominants. Les
concentrations peuvent être réduites ou augmentées dans
certaines zones. Une analyse locale par rapport aux Évolution des concentrations par rapport à la distance à l’axe
de la voie – évaluation à l’aide du logiciel de dispersion ADMS
zones d’habitation ou fréquentées par les populations
(cheminement, pieds d’immeuble…) est nécessaire ; • traiter les bâtiments, des prises d’air dans des zones
• les revêtements catalytiques qui sous l’action de la moins polluées peuvent être envisagées (façade sur cours
lumière ont la propriété de dégrader les oxydes d’azote. Des par exemple) ainsi que la mise en place de systèmes de
enduits ont été appliqués sur des chaussées ou sur les murs. traitement de l’air intérieur dans les établissements recevant
L’efficacité de ces dispositifs n’est pas démontrée in situ. En des personnes sensibles. Ces solutions sont encore peu
ce qui concerne les murs, elle n’a pas pu être mesurée. Pour mises en œuvre en France actuellement. Le Plan d’action
les revêtements de chaussée, leur encrassement est rapi- pour la qualité de l’air intérieur lancé en 2013 préconise
dement observé. Un nettoyage intensif, avec brossage de la pour «les bâtiments en zones prioritaires pour la qualité de
chaussée, semble être nécessaire pour éviter l’encrassement l’air extérieur (ex. : PPA) et dans les bâtiments recevant du
(peu de recul sur l’efficacité de cette mesure récente) ; public sensible d’étudier les meilleures prescriptions
• certains pays ont testé des «abat poussières» qui, pulvé- constructives des entrées d’air et des systèmes d’aération».
risés sur le revêtement, maintiennent une certaine Il est à noter qu’une bonne connaissance des enjeux locaux
humidité, limitant ainsi la remise en suspension. Cette en matière de qualité de l’air est nécessaire préalablement à
solution d’efficacité variable n’a jamais été utilisée en la mise en œuvre des différentes solutions énoncées précé-
France et ne peut être transposée sans étude préalable ; demment. L’évaluation ex ante des différentes mesures est
• l’asphalte poreux. Les vides laissés entre les granulats par ailleurs recommandée dans la plupart des cas. Certaines,
permettent l’infiltration des eaux, mais aussi des particules. mal mises en œuvre, pouvant dégrader la circulation.
212 L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E
! Bon à savoir
Cet abaque donne l'épaisseur de l'assise pour une structure de chaussée composée d'une couche de roulement de 6 à 8 cm de béton
bitumineux semi-grenu (BBSG) et d'une assise en grave bitume (GB3). L'épaisseur se détermine en fonction du trafic cumulé exprimé
en nombre d'essieux équivalents (NE), de la portance de la couche de forme (PF) et du niveau de risque du calcul fixé à 5 ou 25 %
(source : guide Dimensionnement des structures des chaussées urbaines édité par le Certu en 2000)
214 L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E
50 000 000
Ces paramètres permettent de calculer le trafic cumulé 40 000 000
(TC). Celui-ci représente le trafic qui passera sur la 30 000 000
chaussée durant la durée de service retenue. 20 000 000
10 000 000
Classes de trafic
Les trafics peuvent être organisés en différentes classes. Le tableau ci-dessous reprend les classes retenues dans la méthode de dimensionnement.
! Bon à savoir
Les giratoires
L’agressivité du trafic sur les giratoires est plus importante
qu’en section courante (transfert de charge, vitesse lente…).
Ceci impose d’adapter les paramètres de dimensionnement
et le choix des matériaux. Le document de référence pour
ce dimensionnement spécifique est la norme NF P 98-086.
Pour des zones purement urbaines et / ou faiblement Désordres dus à un dimensionnement insuffisant
agressives, il est admis d’augmenter l’épaisseur d’assise de 15 % par rapport au dimensionnement de la section courante.
Pour assurer une tenue aux contraintes de cisaillement en surface, il est recommandé une épaisseur minimale de 6 cm
pour la couche de roulement.
L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E 217
Les performances mécaniques retenues pour le calcul Coefficient de risque (noté Kr)
des structures à l’aide d’un logiciel de calcul sont, au Le coefficient de risque est calculé à partir du risque
choix du concepteur : de calcul.
• les valeurs standard qui figurent dans les documents Il prend également en compte la qualité de réalisation
de référence ; du chantier et les performances des matériaux.
• les valeurs issues des résultats de formulation idéale-
ment réalisée avec les matériaux de chantier. Elles sont Coefficient de portance (noté Ks)
bordées par des valeurs minimales et maximales. Ce coefficient permet de prendre en compte la qualité
de réalisation des couches de forme, les hétérogénéités
Pour les chantiers se déroulant en zone urbaine, deux de portance…
classes de performances sont retenues :
• la classe Q1 qui correspond aux performances nominales Coefficient de calage (noté Kc)
des matériaux ; Les retours d’expérience montrent que les chaussées
• la classe Q2 qui prend en compte les difficultés de ont un meilleur comportement que les résultats issus
réalisation de chantier en zone urbaine (plus fortes des essais de laboratoire.
dispersions sur les épaisseurs, difficultés de compactage…). Ce meilleur comportement est intégré dans le calcul par
La classe Q2 diminue les performances comme suit : l’introduction d’un coefficient de calage Kc. Ce coefficient
– 20 % pour les modules des matériaux bitumineux, est compris entre 1 et 1,5, selon la nature et la qualité
– 10 % pour les modules des matériaux hydrauliques, du matériau considéré.
– 10 % pour les déformations, et 10 à 15 % pour les
contraintes admissibles. Coefficient de discontinuité (noté Kd)
Les chaussées en béton et semi-rigides présentent des
Autres paramètres discontinuités transversales. Celles -ci génèrent des
Risque de calcul (noté r%) sollicitations plus importantes au droit des fissures. Elles
Le risque de calcul correspond à la probabilité de devoir sont compensées par l’intégration d’un coefficient de
reconstruire la chaussée avant la fin de la durée de discontinuité Kd. Il minore les sollicitations admissibles
calcul retenue. dans les couches d’assise de chaussée.
218 L A C I R C U L A T I O N G É N É R A L E
Les chaussées urbaines se distinguent des chaussées Six types de structure sont définis pour classer les chaussées
interurbaines par : et leur composition. Pour chaque type de structure, un
• des emprises limitées avec des profils particuliers et mode de calcul, ainsi qu’un mode d’endommagement
des contraintes altimétriques principalement dus aux préférentiel est associé. Ceci permet lors des visites de
accès riverains, à l’écoulement des eaux pluviales ; terrain d’avoir une première idée du comportement de la
• des canalisations en sous - sol qui doivent être chaussée et des matériaux d’assise. Et donc une première
protégées et imposent des contraintes d’épaisseur ; orientation sur les travaux d’entretien. Toutefois, la défini-
• une circulation souvent intense induisant des tion des travaux d’entretien ne peut, sauf cas particuliers, se
efforts dynamiques importants (freinage, manœuvre, faire sur la simple base des dégradations relevées. Une étude
trafic canalisé). complète est à réaliser. Cette étude, au-delà de la définition
des travaux d’entretien, devra également définir les causes
Les chaussées peuvent être construites avec différents de la pathologie et proposer, si besoin, une solution globale
types de matériaux : bétons, granulats non traités, enrobés de remise en état (cas des fils d’eau, bordurage perméable).
bitumineux, matériaux traités aux liants hydrauliques…
Couche de roulement
La rugosité (encore appelée macrotexture) est souvent (fissures, faïençage, déformations…). La réduction de
considérée comme l’une des principales. Elle peut varier la largeur des chaussées conduit à canaliser davantage
selon que l’on souhaite un revêtement agréable à la la circulation.
marche, «roulable» pour un vélo, adhérent pour un VL. La pollution de surface, le revêtement de certains
Les conditions d’adhérence interviennent pour la sécurité espaces publics spécifiques (parkings, places de
et doivent être garanties dans le temps malgré l’usure due marché…) doivent présenter une résistance accrue aux
au trafic. C’est un critère sensible pour les deux-roues salissures (hydrocarbure…).
motorisés (voir fiche n°28). L’étanchéité des surfaces est importante dans les
Les variations de macrotexture et microtexture s’obtien- chaussées urbaines pour protéger les couches d’assise
nent par un choix approprié de granulats et de la granu- (pérennité de la structure) et les ouvrages en sous-sol.
lométrie. La circulaire 2002-39 du 16 mai 2002 relative On utilise cependant parfois des chaussées poreuses ou
à l’adhérence des couches de roulement et au contrôle à structure réservoir avec revêtement drainant pour
de la macrotexture définit pour le réseau routier stocker les eaux de ruissellement avant leur évacuation
national un niveau moyen et un niveau minimum à vers un exutoire prédéfini (optimisation des réseaux
viser selon plusieurs paramètres (vitesse limite, type de d’évacuation des eaux).
chaussée, configuration du site). Elle peut être utilisée Les conditions climatiques de chaque région sont à
sur les autres voies. considérer dans le choix du revêtement. Certains revê-
tements peuvent présenter une adhérence moindre que
d’autres par temps de pluie, être sensibles aux sels de
La macrotexture
a un rôle de déverglaçage ou aux températures extrêmes, participer
drainage de la lame ou non aux îlots de chaleur (voir fiche n°8).
d’eau. La microtexture
favorise la dislocation
La couleur des matériaux influe aussi sur l’éclairage
du film d’eau. urbain (voir fiche n°23).
Normes de référence des matériaux entrant dans la composition des assises de chaussée
Cas particulier
LES PIÉTONS
5
Le piéton 43 Zone de rencontre 48
Traversées des chaussées et des carrefours par les piétons 46 Revêtement des espaces piétons 51
La réflexion sur l’aménagement d’une voirie urbaine devrait avoir comme point de départ
les piétons.
Ils sont présents partout et c’est leur existence dans l’espace public qui différencie le milieu
urbain du milieu interurbain, la rue de la route.
Bien concevoir les espaces accessibles aux piétons, c’est favoriser la marche, rendre attractifs
les lieux, privilégier l’animation urbaine, le commerce, rendre accessible la ville pour tous,
notamment pour ceux qui ont des difficultés à se déplacer. Ce chapitre aborde tous les espaces
qui leur sont dédiés – trottoirs, traversées piétonnes, zones de rencontre et aires piétonnes.
226 L E S P I É T O N S
43 Le piéton
} RÉGLEMENTATION : 3, 7
} RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES : 30, 72, 73, 74, 76
} AUTRES FICHES À CONSULTER : 2, 4, 5, 7, 10, 44
Que faire pour rendre C’est l’objet de la loi du 11 février 2005 qui précise que
la ville accessible à tous ? la chaîne de déplacement constituée par le cadre bâti, la
voirie et les espaces publics, les systèmes de transport
Réfléchir globalement doit être rendue accessible de manière cohérente.
à la chaîne de déplacement Pour rendre la ville accessible, la réflexion doit porter à la
Une personne doit pouvoir partir de son logement et se fois sur les notions de dimensionnement des espaces, de
rendre à son lieu d’activité sans rencontrer d’obstacle de contraste, de taille et d’implantation du mobilier urbain,
nature à la faire renoncer à son déplacement. de l’éclairage, de l’aide au guidage et à l’orientation.
La voirie est le trait d’union entre le logement et les services (équipements, commerces, transports).
L E S P I É T O N S 229
• Les ressauts
Caractéristiques générales
• Largeur de la place supérieure ou égale à 3,30 m.
• Place de stationnement présentant une pente et un
dévers transversal inférieurs à 2 %. Stationnement en épi ou perpendiculaire à la chaussée
• Marquage de couleur blanche, ligne continue 2u ou
discontinue T’2 2u.
• Pictogramme peint sur ou le long de la limite
dimensions : 0,50 m x 0,60 m ou 0,25 m x 0,30 m.
• Pictogramme facultatif au milieu de la place de
dimensions : 1,00 m x 1,20 m.
• Accès au trottoir via un cheminement accessible hors
chaussée avec un abaissé de trottoir conforme aux règles
ci-dessus. Stationnement longitudinal à gauche de la chaussée de
• Signalisation verticale : plain-pied avec le trottoir (cas d’une rue en sens unique).
La place peut être surélevée par rapport à la chaussée, ou
– Panneau B6d bien le trottoir peut être abaissé en respectant les pentes
– Panonceau M6h réglementaires.
L E S P I É T O N S 233
Pour des cheminements repérables • les bornes et des poteaux doivent respecter les
par les personnes aveugles dimensions données dans l’abaque de détection ci-après ;
et malvoyantes (PAM)
Les équipements et le mobilier détectables
Les espaces ordinairement dévolus aux piétons présentent
une multitude d’équipements et de mobiliers permanents,
mais parfois temporaires. Susceptibles de constituer des
obstacles pour les piétons, ils doivent systématiquement
faire l’objet d’un questionnement sur leur localisation,
leur conception et leur entretien (voir fiche n°47). } Les potelets et
Afin d’en améliorer la détectabilité, l’arrêté du 15 janvier les bornes doivent
2007 modifié par l’arrêté du 18 septembre 2012 impose être conformes à
l'abaque ci-contre.
les règles suivantes : Leur hauteur est
• les obstacles en saillie de plus de 15 cm situés en au moins de 50 cm.
Une borne de
porte-à-faux doivent être à au moins 2,20 m de 50 cm est au moins
hauteur ou rappelés à l’aplomb du porte-à-faux par un de 28 cm de large.
Pour une hauteur
élément bas au maximum à 0,40 m du sol, ou par une
de 60 cm,
surépaisseur d’au moins 3 cm ; la largeur est
au moins de
21 cm, etc.
Obstacle en saillie
à moins de 2,20 m de haut
avec rappel au sol
pour le détecter
45 Trottoir
} RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES : 67, 69, 75
} AUTRES FICHES À CONSULTER : 6, 15, 19, 43, 44, 47, 53
Le code de la route
Partie réglementaire - Section 6 : Circulation des piétons.
Le code de la route définit entre autres le rôle et la fonction
Parfois, la faible emprise de la rue justifie de ne pas aménager
du trottoir : de trottoir...
Article R412 - 34 :
« I. - Lorsqu’une chaussée est bordée d’emplacements réservés aux
piétons ou normalement praticables par eux, tels que trottoirs ou
accotements, les piétons sont tenus de les utiliser, à l’exclusion de
la chaussée. Les enfants de moins de 8 ans qui conduisent un
cycle peuvent également les utiliser, sauf dispositions différentes
prises par l’autorité investie du pouvoir de police, à la condition
de conserver l’allure du pas et de ne pas occasionner de gêne … dans d'autre cas, l'absence de trottoir peut relever
aux piétons. » d'un parti d'aménagement avec, par exemple, l'instauration
d'une zone de rencontre.
L E S P I É T O N S 237
Le trottoir :
reflet des activités riveraines
Un trottoir n’est pas constitué seulement d’une bande
de largeur uniforme. Chaque fois que c’est possible, que
les activités riveraines le suggèrent, il est intéressant
de saisir l’occasion pour l’aménager différemment :
• devant une école, un bureau de poste, un square,
trouver un aménagement qui répond au problème de
grande fréquentation des piétons ;
• quand il existe une surlargeur de trottoir, profiter de
cette occasion pour marquer l’espace à l’aide de mobilier
urbain, des plantations, une aire de repos, etc. ;
• dans les zones très commerçantes, un espace, dont le
traitement est différencié, peut être aménagé le long
des façades pour permettre l’implantation d’étals. De
même, selon les saisons au droit des cafés, des restaurants,
un large trottoir s’organise en terrasse.
Sur les trottoirs abritant des terrasses de café, des étals de commerce, etc., un
cheminement d'une largeur de 1,40 m doit être maintenu pour assurer la continuité
D’autres activités plus temporaires influent sur le dimen- des déplacements piétons.
sionnement du trottoir : événements festifs, marchés, etc.
Dans ces conditions, la largeur du trottoir nécessaire va
bien au-delà de 3 m.
La largeur du trottoir
Le trottoir unifonctionnel
Si le trottoir n’assure que les déplacements des piétons et
que ces piétons ne sont pas très nombreux, une largeur de
2,50 m est recommandée. Cela permet à deux personnes en
fauteuil roulant d’y cheminer côte à côte tout en ména-
geant un espace d’environ 50 cm du côté de la chaussée
pour l’implantation du mobilier urbain, des candélabres et
de la signalisation. En outre, cette largeur offre de la
visibilité aux véhicules sortant des propriétés riveraines.
Lorsque la rue est trop étroite pour des trottoirs de
2,50 m, il est possible de les réduire jusqu’à 1,80 m. Une
attention particulière est alors portée à l’implantation
du mobilier urbain pour ne pas réduire le cheminement.
Celui-ci est placé le long des façades. Des trottoirs de
1,40 m sont possibles, mais bien souvent, la présence
d’équipements fait qu’ils ne respectent pas ponctuellement
la largeur minimale du cheminement imposé par les
règles d’accessibilité (voir fiche n°44).
L E S P I É T O N S 239
Les trottoirs n'ont pas toujours les mêmes dimensions des deux côtés de la rue. Par exemple ce trottoir en bord de mer est très large,
favorisant la déambulation des piétons. Celui du côté du bâti a une dimension plus réduite.
240 L E S P I É T O N S
Pour des trottoirs plans • réduire la hauteur du trottoir dans son ensemble
lorsque les entrées sont très rapprochées (une hauteur
La planéité du trottoir est un élément de confort souvent de 5 cm assure à la fois la détectabilité par les personnes
négligé lors de la conception. Dévers, rampants, pentes aveugles ou malvoyantes et le franchissement par les
doivent autant que possible être limités. automobilistes).
Les dévers
Pour les entreprises, la réalisation du dévers transversal
du trottoir est une opération délicate, car il faut garantir
l’évacuation des eaux de ruissellement avec des
valeurs de pentes minimales de l’ordre de 1 %, sans
excéder 2 % valeur limite imposée par la réglementation
«accessibilité». Des dévers trop marqués rendent les
déplacements des personnes très inconfortables, fatigants,
voire dangereux.
La qualité des revêtements est également un élément Au droit d’un accès riverain, l’abaissé de trottoir peut se
fondamental pour le confort d’usage. Il doit être «non faire dans l’épaisseur de la bordure. Le trottoir garde
ainsi sa planéité.
meuble, non glissant et sans obstacle à la roue, à la
canne et au pied» selon les termes de la réglementation
sur l’accessibilité. Ainsi, des revêtements comme les
enrobés, les bétons, les pavés ou des dalles sciées posées
soigneusement et jointoyées, peuvent être recommandés
(voir la fiche n°51).
Le trottoir traversant
Pour les mêmes raisons, un trottoir traversant peut être
aménagé au débouché d’une rue secondaire. Le code
de la route le prévoit et réglemente les comportements
des véhicules et des piétons. Le piéton est davantage
en sécurité, car il reste sur un espace qui lui est
propre. Il a priorité sur les autres usagers (cyclistes,
deux - roues motorisés, automobilistes). Ces derniers
perdent la priorité vis - à - vis des véhicules circulant
sur la voie principale.
La lisibilité de l’aménagement réside dans le principe
d’une continuité des caractéristiques du trottoir : aspect,
matériaux, largeur et niveau.
Le trottoir traversant est un dispositif bien adapté
pour marquer les extrémités des zones de rencontre ou
des zones 30.
Lorsque l'on
conçoit un trottoir,
la réflexion
doit aussi porter
sur ses limites.
Elles isolent
le piéton des
autres espaces,
parfois elles sont
fonctionnelles
en accueillant
un usage différent, La création d’une zone tampon entre espace public et
elles sont aussi habitation donne plus d’intimité aux habitants des rez-de-
esthétiques chaussée et met une distance symbolique entre logement
en participant et voie publique.
au paysage,
à la composition
formelle.
La séparation par une différence de hauteur est bien marquée … ou disparaît dans les zones de rencontre afin de faciliter les échanges transversaux.
dans les rues «classiques»…
Maintien du cheminement
en phase chantier
En agglomération, les chantiers en voirie sont nombreux.
Ils impactent souvent les trottoirs ce qui rend les chemi-
nements piétons moins confortables, discontinus, voire
impossibles.
L’organisation du chantier doit assurer des itinéraires
continus et sécurisés aux piétons, notamment aux
personnes à mobilité réduite. Les prescriptions à mettre
en œuvre en cours de chantier sont celles issues de la loi
accessibilité (voir fiche n°44). Elles sont les mêmes que
celles indiquées dans le cas général.
La mise en œuvre de la signalisation doit être abordée
dès la préparation du chantier. Négligée, elle se restreint
trop souvent à la pose de panneaux indiquant que le
piéton doit changer de trottoir.
Les prescriptions en phase travaux peuvent faire l’objet
de cahier des charges ou de chartes à destination des
maîtres d’œuvre ou des entreprises.
244 L E S P I É T O N S
Rue classique
Dans les rues classiques, il convient de marquer les
passages pour piétons. Lorsque deux passages piétons
sont espacés de moins de 100 m, le piéton n’a pas le droit
de traverser ailleurs (obligation imposée par le code de la
route d’emprunter un passage situé à moins de 50 m).
Il faut éviter que les piétons traversent n’importe où et
n’importe quand. Les passages piétons sont préféren-
tiellement implantés aux carrefours. C’est là qu’ils
apporteront le maximum de sécurité. Si la distance entre
deux carrefours est importante et si les activités riveraines
génèrent de nombreuses traversées de piétons, il est
Il n’est pas nécessaire de marquer les traversées piétonnes dans les rues à faible trafic… possible d’en aménager également en section courante.
Traversée simple Pour rendre les franchissements plus sûrs, il est indispen-
La traversée simple d’une chaussée est courte et dans le sable de réduire les zones de conflit dans lesquelles le
prolongement du cheminement naturel du piéton. La piéton est directement soumis aux dangers de la
réduction des rayons de courbure assure des trajectoires circulation des véhicules.
plus directes et courtes. L’aménagement global du carrefour doit amener à une
simplification des traversées et à une réduction de leur
longueur en s’appuyant sur les principes généraux
évoqués ci-avant et dans la fiche n°15. Carrefour
compact, traversées positionnées dans cheminement
naturel des piétons, présence d’îlots refuges bien dimen-
sionnés sont les principales solutions à mettre en œuvre.
Assurer la sécurité
et le confort de la traversée
Sécurité
Pour la sécurité, le passage piétons doit présenter des
caractéristiques bien définies :
• être clairement identifié sur la chaussée ;
• lorsque la traversée devient longue et difficile, l’im-
plantation d’îlots refuges est nécessaire. Ils sont très
recommandés pour les traversées non gérées par feux
où la chaussée fait plus de 8 m de large, ou en présence Le plateau traversant permet à la fois de modérer la vitesse
de fort trafic. Cet aménagement améliore la sécurité des des véhicules avant la traversée et d’offrir un cheminement
à niveau.
traversées piétonnes, en particulier pour les personnes
qui se déplacent lentement. Son aménagement doit
prendre en compte les règles d’accessibilité.
L’implantation
Il s’agit :
• d’aligner les mobiliers entre eux pour ne pas gêner
les piétons dans leurs déplacements ni l’ouverture des
portières des voitures en stationnement. Parfois, le lieu
offre des espaces supplémentaires, élargissement
ponctuel par exemple, dont il faut profiter pour
implanter le mobilier ;
• de regrouper plusieurs fonctions, soit dans l’implan-
tation du mobilier (corbeilles ou panneaux fixés aux
mâts d’éclairage) soit dans sa conception en intégrant
Les différents mobiliers peuvent être implantés du même
plusieurs fonctions dans le même objet ; côté du trottoir afin d'éviter aux piétons de slalomer entre
• de vérifier que les mobiliers ne constituent pas des les obstacles.
masques à la visibilité (voir fiche n°18).
Occupations temporaires du domaine public
La réglementation
Il faut toujours veiller à respecter les règles d’accessibilité :
forme, implantation, contraste (voir fiche n°44) et aussi
les normes constructives et leur évolution.
Stationnement abusif
La pression du stationnement est si forte à certains
endroits qu’il est parfois nécessaire pour protéger les
piétons d’avoir recours à des moyens physiques, tels que
plots, bacs à fleurs… Ils doivent être disposés de telle
manière qu’une voiture ne puisse passer, ni par-dessus ni
entre eux. Il convient de noter que ces dispositifs gênent
le déplacement des piétons et ne s’intègre pas toujours
bien dans l’espace public ; on n’y aura donc recours que
dans les cas où aucune autre solution n’est envisageable.
Les plots peuvent être de nature différente : tronc -
coniques, cubiques allongés… mais ils doivent rester
détectables (voir fiche n°44). Certaines formes permettent
d’autres usages (siège par exemple).
}
Toutefois, il est inutile de trop stériliser l’usage du trottoir
Dans certains cas, lorsque le trottoir est suffisamment large,
par des bornes, des massifs de fleurs lorsque la demande
des jardinières de fleurs, des plantations, des bancs ou
de stationnement est faible. des haies... assurent une protection efficace du trottoir
contre stationnement et dispensent de mettre des potelets
disgracieux. Dans ces exemples, ces éléments (en vert) sont
Dans les traversées bien intégrés dans l'espace public (source : Cédric Ansart).
}
Pour empêcher certaines traversées spontanées pour
les piétons, on peut les guider par des barrières ou des
îlots plantés de végétaux bas en évitant les masques à
la visibilité.
Cas particulier des conteneurs Rappelons que les arrêtés municipaux doivent fixer les
d’ordure ménagère modalités de présentation des déchets. Partant d’un
constat qu’elles ne sont pas toujours respectées, les
Conteneurs de tri sélectif communes intègrent de plus en plus d’espaces réservés
Les communes s’équipent de plus en plus de conteneurs aux poubelles sur le trottoir, si sa largeur le permet,
de tri sélectifs qu’il faut intégrer dans l’espace public. sinon sur la chaussée.
Le choix d’un emplacement n’est pas simple. Il doit
répondre à quelques critères comme :
• être pratique et accessible pour les habitants comme
pour la collecte par le camion de ramassage ;
• ne pas constituer une nuisance pour les riverains ;
• ne pas dégrader un lieu remarquable de la commune ;
• avoir des abords traités correctement pour assurer
l’entretien et la propreté du lieu ;
• ne pas gêner la visibilité en carrefour.
Ces nouveaux espaces méritent une attention toute
particulière dans le choix de leur emplacement et de
leur traitement.
Il est de plus en plus courant de voir un emplacement pour Ils peuvent aussi être enterrés. Une attention particulière
les poubelles sur l'emprise du stationnement. Cela évite doit être portée à l’accessibilité pour le piéton comme pour
l'encombrement des trottoirs et facilite le ramassage le véhicule de ramassage.
(attention, ces espaces doivent être facile à nettoyer).
254 L E S P I É T O N S
48 Zone de rencontre
} RÉFÉRENCES La zone de rencontre s’est substituée à ce que l’on appelait autrefois les « zones
BIBLIOGRAPHIQUES : semi - piétonnes » ou les « cours urbaines ». C’est une rue, une place, un ensemble de
67, 71, 146
rues où sont organisées la mixité et la cohabitation des usages : piétons, cyclistes,
} AUTRES FICHES
véhicules motorisés. Le piéton est prioritaire et doit s’approprier tout l’espace. La
À CONSULTER :
3, 5, 10, 15, 18, 30, 35, vitesse des véhicules est limitée à 20 km / h.
37, 43, 44, 46 Les zones de rencontre sont particulièrement adaptées à des espaces très commerçants,
des sites historiques, des quartiers résidentiels.
Rue résidentielle à faible trafic Une voie de lotissement où la végétation crée une ambiance. Les alignements
d’arbres structurent aussi l’espace : ils délimitent le stationnement, marquent
la perspective de la rue et ferment l’espace de la chaussée qui pour autant
n’est pas définie par des bordures.
256 L E S P I É T O N S
Ici le nombre de places de stationnement est limité. Leur Carrefour d’une zone de rencontre où aucun axe n’est
position le long des façades ne posent pas de difficulté pour prioritaire. Il est marqué par un changement de matériau
les piétons qui peuvent marcher au centre de la rue. des chaussées.
L E S P I É T O N S 257
• créer une place, en jouant avec le bâti, le mobilier historiques, touristiques ou commerciaux, végétaux.
urbain, la végétation ; Une homogénéité des aménagements aux entrées pour
• maintenir le régime de la priorité à droite. un même type de zones de rencontre (quartier résidentiel,
centre-ville ancien, historique, commercial…) doit être
recherchée afin de faciliter le repérage pour tous les
Comment traiter les entrées ? usagers, y compris les piétons aveugles ou malvoyants.
Si l’entrée se situe au niveau d’un carrefour, celui-ci sera
Les entrées de la zone de rencontre doivent être marquées traité pour faire instantanément comprendre à tous les
par des aménagements appropriés dans un ensemble automobilistes qu’ils arrivent dans un autre type d’espace
cohérent qui incite l’automobiliste à ralentir et à respecter où les piétons ont la priorité sur les voitures. Ainsi, le
la priorité aux piétons. La configuration et l’ambiance des trottoir traversant peut être un compromis intéressant
lieux peuvent parfois fournir les éléments pour créer la pour marquer la rupture entre les espaces et assurer la
porte de la zone de rencontre : cadre bâti ou monuments continuité des cheminements piétons.
Ici, c'est la présence du plateau et le changement de matériaux de Des moyens physiques tels que caniveau à double pente,
la chaussée qui marquent le changement de zone. La différence changement de revêtement sont les solutions les plus communes.
de traitement doit être évidente (source : F. Tortel).
Une autre solution consiste à créer une surélévation de chaussée Mais le véritable propos est de faire une entrée.
au droit de l'entrée de la zone pour se trouver au niveau de la
traversée piétonne.
258 L E S P I É T O N S
49 Aire piétonne
} RÉFÉRENCES L’aire piétonne concerne les rues exclusivement réservées aux piétons, et où les
BIBLIOGRAPHIQUES : cyclistes sont aussi admis dans la mesure où ils circulent au pas. De fait, son domaine
71, 146
de pertinence est plus réduit que celui de la zone de rencontre.
} AUTRES FICHES
À CONSULTER :
2, 3, 5, 15, 38, 39, 44
Confirmer le caractère de chaque espace. L'entrée de cette église est signalée Lieux à forte valeur patrimoniale
par un revêtement en pavés de pierre du pays.
260 L E S P I É T O N S
Quels usages admis circuler à l’allure du pas. Dans ces espaces, on ne doit
dans l’aire piétonne ? pas réaliser d’aménagements spécifiques.
Contrôle d’accès
L’aire piétonne est un espace dédié au piéton dans lequel
toute circulation de transit de véhicules motorisés est
interdite à l’exception des cyclistes et des véhicules
autorisés. Cette interdiction de pénétrer se matérialise
aux entrées par des aménagements plus ou moins
contraignants.
Dans cet exemple l’entrée dans l’aire piétonne se fait par une borne escamotable. On
remarque que l’aire piétonne débouche sur un espace de transition confortable pour
le piéton.
262 L E S P I É T O N S
Comment traiter l’espace bancs, jardinières, etc., ainsi que les terrasses et les
lui - même ? étals seront disposés en tenant compte des
contraintes de passage et de manière à ne pas gêner
À chaque espace correspondent des possibilités d’amé- le déplacement du piéton. Dans les rues étroites, la
nagement qui lui sont propres. Les quelques principes présence ou non de mobilier urbain sera étudiée avec
généraux cités ci - après constituent la base de la beaucoup de pertinence.
réflexion de l’aménageur sur le site, sans pour autant Les restrictions de circulation et les suppressions de
les lui imposer. places de stationnement liées à la création d’une aire
Les aménagements répondront aux besoins du piéton : piétonne peuvent être préjudiciables aux activités
le confort des itinéraires et la qualité de leur environ- commerciales, ludiques ou de services. L’organisation
nement qui réclament du mobilier urbain adéquat, un d’une bonne desserte par les réseaux de transport en
éclairage efficace et des revêtements de sol confortables, commun et l’aménagement de nouveaux espaces de
une signalétique claire, sans oublier l’entretien et la stationnement sont des réponses que peut apporter le
propreté des espaces publics. concepteur aux exigences des usagers. La programmation
Les installations de tous les équipements tiendront d’une telle démarche s’inscrit dans une réflexion plus
compte de la fréquentation piétonne et de la régle- large initiée par une étude qui prendra en compte les
mentation accessibilité pour les cheminements (voir problématiques de circulation de tout un quartier, voire
fiche n° 44). Le mobilier urbain tels que lampadaires, de l’agglomération.
Ce schéma montre ce que pourrait être le dimensionnement d’un tronçon d’aire piétonne : un cheminement dégagé de tout obstacle, des pieds du cadre
bâti libérés autant que possible, le mobilier aligné et regroupé, des largeurs de passage confortables...
L E S P I É T O N S 263
Mairie
Arc de triomphe 5 mn
L E S P I É T O N S 265
Symbole d’accueil,
d’accompagnement
et d’accessibilité
(idéogramme utilisé dans le bâti
et pas sur l'espace public)
Itinéraire piéton
? Le saviez- vous ?
L’abri de la station de bus est le support idéal pour afficher la signalisation et les
informations recherchées par les piétons, tant celles concernant le réseau de bus
que celles liées à son environnement (station bus Diderot Paris).
Des totems dédiés à la marche et au piéton sont conçus pour se repérer facilement.
Ce sont des plans de quartier orientés de sorte que le piéton qui les lit se repère
immédiatement (ce qui est face à la personne se trouve en haut du plan ; ce qui est à
sa gauche est à gauche du plan, etc.).
• le symbole piéton ;
Itinéraire de 3,8 km
balisé en rouge
sur du mobilier,
sur des pastilles
et sur des panneaux,
ce fil propose
aux piétons une balade
en centre - ville
en traversant
jardins publics,
rues commerçantes
et sites remarquables.
Les matériaux peuvent affirmer un usage. Ici, ce plateau traver- Le trottoir est réalisé avec les matériaux locaux. L'unité de
sant est traité en pavés avec le même matériau que les trottoirs. traitement avec la façade valorise le patrimoine et crée un
Sa différenciation avec l'enrobé indique à l'automobiliste la paysage de qualité.
traversée de piétons, ces derniers trouvant leur priorité confortée.
Les trottoirs
du centre de
cette commune
sont traités
en béton brut.
Numéros
des entrées,
Les matériaux modulaires de petite taille ont été placés le long pictogrammes
des façades pour faciliter le nivellement entre le trottoir et sont incrustés
les seuils des habitations et des commerces. en surface.
270 L E S P I É T O N S
Les différents matériaux utilisables doit subir un traitement antidérapant. Il est utilisé
préférentiellement dans les parcs, placettes ;
Les différents matériaux utilisables pour les espaces • les enduits superficiels : matériaux très adhérents,
piétons sont globalement identiques à ceux décrits mais peu confortables pour le piéton. Leur nettoyage
dans la fiche n° 22. Ceux usuellement employés pour n’est pas aisé ;
la circulation des piétons sont : • les enrobés coulés à froid ou les coulis : la mise en
• les revêtements bitumineux, d’utilisation plus classique œuvre est contraignante ;
sur les trottoirs : il est préférable de choisir une petite
granulométrie pour un meilleur confort. Sur le plan
esthétique, ils peuvent être colorés, grenaillés ;
• l’asphalte : très confortable pour le piéton, même
si certaines techniques présentent une adhérence
médiocre ;
• les pavés et les dalles en pierre ou en béton : bien
adaptés aux espaces piétonniers et aux contraintes
urbaines du fait de leur modularité, de la palette étendue
des matériaux et des couleurs. Un soin particulier doit être
apporté à la mise en œuvre pour le confort du piéton, À l'entrée de cette agglomération, la faible circulation de
piétons a justifié l'utilisation de sable stabilisé sur les trottoirs,
surtout lors de la réalisation des joints. La pierre est plus procédé moins coûteux que les pavés du centre-ville
pérenne et plus esthétique que le béton, mais d’un coût (cf. illustration de la page précédente).
d’investissement plus élevé ;
• les bétons de ciment : ils présentent de bonnes carac-
téristiques techniques ; résistance, uni, tenue dans le
temps. De nombreuses possibilités de finition existent,
qui le rendent attractif pour les espaces piétons. Les
réparations peuvent être délicates pour certaines finitions ;
• les sables stabilisés : ils favorisent les matériaux
locaux, peu coûteux et moins consommateurs de produits
dérivés du pétrole. Ils sont bien adaptés aux espaces
piétons, espaces de jeux, de promenade. Le procédé de
stabilisation et la granulométrie du sable influent sur
L'appareillage en arc de cercle ne peut être convenablement
leur finition et donc sur le confort, notamment pour les réalisé qu’avec de petits pavés éclatés (pavés «mosaïques»).
personnes en fauteuil roulant.
• les résines : elles offrent un grand choix de textures
D’autres sont moins utilisés ou de façon ponctuelle : (imitation pavés granit, béton désactivé, enduit lisse…). Les
• les bois : peu présents dans l’espace public même s’ils grains peuvent être fins pour un meilleur confort, ou plus
sont pourtant une réponse en termes de confort et de gros pour une meilleure adhérence, mais la rugosité gêne
qualité du cadre de vie. Glissant par nature, le bois certains usages comme la pratique des rollers. Elles ont de
L E S P I É T O N S 271
}
découlera. Les couches de base et de fondation servent les moindres recoins.
d’assise aux revêtements. Elles offrent à la fois une surface Les matériels de nettoiement sont à
de bonne qualité pour la pose des revêtements et une prendre en compte lors de l’élaboration
résistance à long terme élevée. Elles permettent le du projet afin d’obtenir une bonne
passage des véhicules autorisés. Il est fait appel pour adéquation entre technique de nettoie-
la composition de l’assise à des matériaux traités avec un ment et matériaux de revêtement (par
liant hydraulique ou hydrocarboné : exemple il est déconseillé d’entretenir
• béton de ciment ; des revêtements en pavés de béton
• béton maigre de ciment ; avec des matériels haute pression).
CHAPITRE
LES CYCLISTES
6
Le cycliste 52 Stationnement des vélos 56
Le retour de l’usage du vélo en milieu urbain constitue un fait marquant en matière de mobilité.
L’expérience montre que son développement passe par un réseau cyclable maillé, des voiries plus
sûres avec des vitesses apaisées, une offre de stationnement adaptée, des services spécialisés
(réparation, location de vélos, gardiennage) et des actions de communication et de planification.
52 Le cycliste
} RÉGLEMENTATION : 2, 3 La prise en compte des vélos est une obligation réglementaire pour celui qui conçoit la
} RÉFÉRENCES voirie, comme le stipule l’article L228 - 2 du code de l’environnement : «[…] à l’occasion
BIBLIOGRAPHIQUES : des réalisations ou des rénovations de voies urbaines […] doivent être mis au point
83, 82
des itinéraires cyclables. »
} AUTRES FICHES
À CONSULTER :
2, 3, 7, 8, 10
Rendre une ville cyclable vélo comme un mode de déplacement à part entière
dans le cadre d’une politique et lui offrir :
de mobilité durable • un stationnement sécurisé sur les espaces publics
et privés ;
Une ville cyclable est une ville où les déplacements à • des services (réparation, location de vélos, vélos en
vélo sont efficaces, pratiques et sécurisés. Cela n’est libre service, gardiennage) ;
possible que s’il existe une volonté politique de • l’intermodalité avec les systèmes de transport collectifs.
favoriser ce mode de déplacement, indissociable d’une
réflexion globale sur les déplacements en ville. Un des Cette politique en faveur du vélo peut s’appuyer sur les
objectifs doit être la modération de la circulation évolutions réglementaires : code de l’environnement,
automobile qui sécurise les modes actifs. Outre l’im- zone de rencontre, double sens cyclable dans les zones
plantation d’un réseau cyclable cohérent, sécurisé, de circulation apaisée, cédez - le - passage cycliste au
continu, jalonné, il est important de concevoir le feu rouge.
Un réseau soigneusement étudié, finement maillé, rendant la ville perméable à la circulation cyclable (source : Lille)
L E S C Y C L I S T E S 275
Avantages
Ses principaux avantages résident dans sa facilité de
mise en œuvre, son coût de réalisation et son emprise
moindre, sa plus grande souplesse d’usage, ses conditions
de priorité plus claires aux intersections et sa bonne
visibilité réciproque.
Inconvénients
La bande cyclable ne présentant pas de séparation
physique avec la chaussée, elle n’est pas protégée contre
le stationnement ou l’arrêt des véhicules motorisés,
ni contre l’empiétement des véhicules motorisés, notam-
ment dans les courbes ou au niveau des chicanes. Bien
qu’elle ne soit pas particulièrement accidentogène, la
Attention, il ne s’agit ici que d’un élément utile à la réflexion. La vitesse et le trafic ne
sont pas les seules entrées. La nature des déplacements à vélo et leur nombre entre
bande cyclable est souvent perçue comme étant moins
également en considération. sure et moins confortable que la piste.
L E S C Y C L I S T E S 277
Préconisations de conception
La largeur de la piste est déterminée selon l’usage :
• 2 m recommandés pour une piste unidirectionnelle,
de sorte que les cyclistes puissent se dépasser et rouler
à deux de front ;
Bande cyclable éloignée du stationnement
La mise à double sens cyclable • un marquage limité aux pictogrammes vélo et flèches,
et sans délimitation des sens de circulation ;
La mise à double sens cyclable d’une rue consiste à
autoriser la circulation des cyclistes dans les deux sens
dans une rue à sens unique.
Emploi du panneau B2 et du panonceau M9v2 signalant Double sens cyclable sans marquage de la bande signalé
l'interdiction de tourner à droite sauf pour les cyclistes. par un panneau B1 et un panonceau M9v2.
? Le saviez- vous ?
Les zones de circulation apaisées permettent d'assurer une continuité du réseau cyclable et améliorent la sécurité
des cyclistes en diminuant le différentiel de vitesse entre les vélos et les véhicules motorisés.
De fait, il y a peu d’aménagements cyclables puisque l'abaissement du différentiel des vitesses favorise la cohabitation
des vélos avec les véhicules motorisés. Dans certains cas exceptionnels, des aménagements cyclables seront implantés en
zone 30, par exemple, s’il existe une forte demande cycliste, en cas de forte pente ou de fort trafic motorisé.
L'aire piétonne est, par défaut, ouverte aux cyclistes dans les deux sens.
Depuis le décret du 30 juillet 2008, dans les zones 30 et zones de rencontre, toutes les chaussées sont à double sens pour
les cyclistes, sauf dispositions différentes prises par l’autorité investie du pouvoir de police.
282 L E S C Y C L I S T E S
54 Carrefours et cyclistes
} RÉFÉRENCES L’insécurité des cyclistes en intersection est généralement liée aux problèmes de
BIBLIOGRAPHIQUES : lisibilité et de visibilité. Elle est accrue par leur instabilité, leur absence de protection,
33, 82, 142, 143, 144
leur faible gabarit qui les rend peu visibles, et par les vitesses élevées des autres
} AUTRES FICHES
véhicules. L’application de quelques principes de base permet d’offrir aux cyclistes
À CONSULTER :
10, 17, 18, 30, 31, 32, 33, une meilleure sécurité dans la traversée des carrefours.
34, 35, 49, 52, 53
La transformation de la piste en bande dans la traversée de carrefour offre une meilleure visibilité réciproque.
L E S C Y C L I S T E S 283
Traitement des carrefours sans feux La piste se continue en bande en traversée du carrefour.
La transformation d’une piste en bande n’est pas
La bande cyclable est maintenue dans le carrefour si possible pour les pistes bidirectionnelles. Elle présente
elle a priorité sur l’autre axe. Dans le cas de perte de l’avantage d’être sans ambiguïté pour le régime de prio-
priorité, elle s’interrompt au droit de la zone de conflit, rité des cyclistes en leur permettant de se positionner
du marquage du cédez-le-passage ou marquage du plus facilement sur la chaussée s’ils souhaitent tourner à
stop. En présence d’un double sens cyclable, la création gauche. Ainsi, ils seront mieux perçus par les conducteurs
d’un îlot peut être utile pour alerter les autres usagers sur la chaussée. Elle peut s’avérer pénalisante en cas de
de la circulation des cyclistes dans les deux sens. carrefours rapprochés sur l’itinéraire.
La surélévation de la chaussée au droit de la piste La piste traverse une voie sécante prioritaire. La
présente le maximum de sécurité pour la traversée de rues piste perd sa priorité. La signalisation appropriée est
secondaires en carrefour. La traversée piétonne peut être alors mise en place. Aucun marquage particulier n’est
intégrée dans le dispositif. L’automobiliste franchit un à prévoir en traversée de la chaussée.
plateau surélevé comprenant la piste et le trottoir, ce qui
l’oblige à ralentir et à rester vigilant. Cette solution est très
bien adaptée aux rues secondaires supportant un trafic Traitement des carrefours à feux
faible ou moyen ainsi qu’aux pistes bidirectionnelles.
Sur les carrefours équipés de feux, la circulation des
cyclistes est régie par les feux de la circulation générale.
Certains aménagements permettent néanmoins de
sécuriser la traversée du carrefour et de faciliter les
changements de direction des cyclistes.
Le sas facilite la manœuvre de tourne-à-gauche en
carrefour pour les cyclistes, en particulier lorsque la voie
qu’ils empruntent ou qu’ils longent est dotée de
plusieurs voies de circulation ou supporte une circulation
importante ou rapide. Il permet au cycliste de profiter
du feu rouge pour se positionner devant les autres
Piste traversant une voie sécante non prioritaire avec aménagement d’un plateau surélevé véhicules afin d’être vu, de se présélectionner en
tourne-à-gauche et de démarrer avant les véhicules à
La piste traverse une voie sécante non prioritaire. La moteur pour une bonne perception / insertion.
perte de priorité de la voie secondaire est marquée au Le principe consiste, sur toute la largeur de la chaussée
droit de la piste cyclable. Cette solution apporte moins concernée par le feu, à reculer la ligne d’effet des feux.
de sécurité au cycliste que dans les deux précédents cas.
Dans cet exemple, la mise en œuvre du cédez-le-passage Une bande de présélection. Dans le cas où les trafics
cycliste au feu ne pose pas de problème en raison de de tourne-à-droite sont élevés, la création d’une voie
l'absence de conflits avec les véhicules motorisés.
de tourne-à-droite pour les voitures peut se justifier.
Elle pourra être complétée d’une bande cyclable pour les
cyclistes allant tout droit, en continuité ou non d’un
aménagement cyclable. Il faut alors marquer fortement la
zone d’entrecroisement. Le pictogramme vélo est indis-
pensable et peut être répété à espacement rapproché
jusqu’au feu. Pour éviter l’inconfort des cyclistes qui se
retrouvent entre deux voies de circulation motorisée,
il convient de réduire au maximum la zone d’entrecroi-
sement à une longueur de 15 m.
Traitement des carrefours giratoires En règle générale, l’aménagement d’une bande cyclable
dans l’anneau n’est pas conseillé, car cela incite les
Le giratoire permet, entre autres, de réduire la vitesse cyclistes à serrer à droite dans l’anneau, position qui n’est
des véhicules. Il est donc favorable à la circulation des pas la meilleure en termes de sécurité. Cet aménagement
cyclistes même s’il génère un allongement de parcours peut toutefois répondre à l’attente de certains cyclistes. Il
et peut être source d’inconfort. n’est envisageable qu’en continuité d’aménagements
Outre le respect des règles de conception des giratoires, cyclables situés de part et d’autre du giratoire, et pour
les éléments les plus favorables pour la sécurité des des giratoires de taille moyenne. La bande cyclable est
cyclistes sont assurés : généralement inappropriée pour les giratoires de grande
• par de petits giratoires (ou giratoires compacts) d’un taille, il est alors préférable de réaliser une piste cyclable
rayon extérieur inférieur à 15 m. En effet, plus le rayon est qui fait le tour du giratoire.
faible, plus les usagers motorisés sont incités à modérer Dans la mesure où l’on ne marque pas les bandes cyclables
leur vitesse et les cyclistes ne se sentent pas, de ce fait, dans l’anneau, celles venant des branches du giratoire
incités à serrer à droite. Ils ont alors moins de risques de se seront interrompues selon la taille du giratoire comme
faire couper la route par les automobilistes qui sortent indiqué dans les schémas ci-dessous.
juste après les avoir dépassés ou qui entrent en force ;
• par une seule voie pour chaque branche d’accès et de
sortie, du moins au débouché sur le giratoire. En cas de
rétrécissement en amont, il pourra s’accompagner d’une
protection des cyclistes (bande, îlot séparateur, etc.)
jusqu’à la traversée piétonne, voire jusqu’à l’anneau.
Enfin, lorsqu’une piste cyclable est aménagée sur l’une Elle contourne le giratoire.
ou plusieurs des branches du giratoire, quelle que soit On peut soit rechercher un contournement complet
sa taille, elle peut déboucher directement dans l’anneau avec connexion sur toutes les branches, soit se
ou contourner le giratoire. contenter d’assurer la continuité de la piste avec fran-
chissement d’une seule branche. Le contournement
Elle débouche directement dans l’anneau. complet est envisagé si la circulation générale sur
On raccorde la piste à l’anneau lorsque, notamment : l’anneau est particulièrement délicate pour les cyclistes
• parmi les mouvements des cyclistes, les tourne-à- (vitesse, poids lourds, giratoire de grandes dimensions,
gauche sont importants ; etc.) et l’espace nécessaire disponible. Cet aménagement
• la vitesse des véhicules motorisés est modérée ; supprime complètement le risque de certains types
• les poids lourds sont peu nombreux ; d’accidents sur l’anneau, mais reporte les conflits (refus
• le contournement par l’extérieur est impossible par de priorité en entrée et cisaillements en sortie de piste)
manque de place. au niveau de la traversée des branches.
Exemple de
configuration } Exemple de
configuration }
où la piste cyclable où la piste
se raccorde à traverse
l'anneau comme une branche
une branche du giratoire
du giratoire
Profil en travers
La largeur de l’ouvrage et de ses rampes doit, elle
aussi, être en conformité avec les règles relatives à
l’accessibilité.
Lorsque les usagers sont séparés, une largeur de 1,40 m
(minimum absolu dégagé de tout obstacle) pour les
piétons est nécessaire (1,80 m minimum recommandé)
Pente admise en fonction de la dénivelée à franchir et une largeur minimale de 2,50 m est recommandée
Exemple : pour une dénivelée de 5 m, la pente doit être de l’ordre de 2 à 4 %. pour les cyclistes, soit un total d’environ 4 m minimum.
L E S C Y C L I S T E S 289
En cas de «mixité», l’ouvrage doit être suffisamment large architectural. L’éclairage est un facteur essentiel de visibi-
pour permettre aux différents usagers de cohabiter lité et joue en faveur de la sécurité. Les passages dénivelés
(piétons, rollers, PMR, cyclistes, etc.). qui n’offrent pas un éclairement et donc pas de visibilité
Pour une passerelle, une largeur de 3 m minimum est sur leur issue facilitent les comportements malveillants et
recommandée pour permettre une bonne cohabitation favorisent le sentiment d’insécurité. Il faut donc prévoir
entre les différents usagers. Dans de rares cas, pour les un bon niveau d’éclairement qui accroîtra la sécurité.
passerelles très fréquentées (accès à des musées, stades, Pour les passerelles, les garde-corps doivent avoir une
écoles…), des valeurs supérieures peuvent être nécessaires. hauteur compatible avec les usages et les risques réelle-
En cas de faible fréquentation et si l’ouvrage est court (5 ment encourus ; ils seront, de préférence, «transparents »
à 20 m), un rétrécissement à 2,50 m reste acceptable. afin de faciliter la covisibilité, notamment dans les courbes
Descendre en deçà de 2 m créerait un point dur avec et aux extrémités. Dans la plupart des cas, le risque est
fonctionnement par alternat, ce qui dégraderait ponc- minime et la hauteur de 1 m découlant de l’application de
tuellement la qualité de service pour les usagers et la norme XP P98-405 pour les piétons est suffisante.
nécessiterait une bonne covisibilité entre usagers.
Pour les passages inférieurs, la largeur minimale est de
3 m (4 à 6 m conseillés).
Raccordements à la voirie
Les extrémités doivent être traitées, sur le plan de la
géométrie et de la signalisation, de manière à permettre la
réinsertion des cyclistes, notamment, dans la circulation
dans de bonnes conditions de sécurité.
Dispositif de retenue
L’information et le jalonnement
Les aires de stationnement doivent être connues des
usagers. Elles sont parfaitement signalées, non seule-
ment sur place, mais aussi aux abords de la voie
d’accès. Un panneau signale l’emplacement des parcs
à vélos importants. Le recours à différents supports
de communication tels que panneaux d’affichage,
plans, sites internet, journal de la collectivité permet
Carte arceaux vélos (LMCU) d’informer les usagers de l’existence et de la localisation
L E S C Y C L I S T E S 291
Accessibilité
Stationnement avec des arceaux pour fixer les dispositifs antivol des vélos
L’accessibilité des parcs vélos doit être assurée : bien
visibles (facilitant par là même toute forme de
surveillance), à proximité immédiate du lieu de desti-
nation et sur la voirie ou, à défaut, au premier sous -
sol avec une goulotte au niveau de l’escalier. Lorsque
le stationnement est envisagé à l’intérieur même des
bâtiments, il sera de préférence positionné en rez-de-
chaussée ou accompagné de dispositifs facilitant son
accessibilité : goulottes dans les escaliers, portes élargies ;
éviter des couloirs étroits, avec angles droits ou des
portes successives.
Adaptation à l’environnement
Le stationnement vélos au niveau d’un trottoir ou sur
une place prendra en compte sa largeur restant dispo-
nible pour la circulation des piétons, et notamment
des personnes à mobilité réduite (voir fiche n°40), les
livraisons, les accès, ainsi que les risques que le cycliste
poursuive sa progression sur le trottoir. Il ne doit pas
constituer une gêne pour les piétons. Stationnement couvert le long d'un trottoir
292 L E S C Y C L I S T E S