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Les huiles essentielles à l’officine

Les huiles essentielles gagnent du terrain


à l’officine
Françoise L’usage des huiles essentielles pour leurs vertus curatives est très ancien et aujourd’hui
COUIC-MARINIER très répandu. La tradition anglaise les utilise exclusivement par voie externe, dans un but
Annelise LOBSTEIN de bien-être, d’amélioration de l’état psychique et émotionnel. L’école française a recours
à plusieurs voies d’administration, notamment orale. Une réglementation stricte est à
respecter pour certaines huiles essentielles à risques.
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Essential oils gaining ground at the community pharmacy. The use of essential oils for their
curative properties is an ancient practice which is nowadays very widespread. The British
tradition uses them exclusively externally, to improve a person’s psychological and emotional
well-being. The French school uses several methods of administration, notably oral. Strict
regulations must be respected for certain essential oils which present a risk.
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A
Mots clés utrefois réservées à la parfumerie et à la phar- En Grèce antique, le soldat ne partait jamais sans empor-
macie, les huiles essentielles (HE) sont aujour- ter une fiole de myrrhe pour être paré en cas de blessures.
• Aromathérapie
d’hui omniprésentes dans notre quotidien : Ce n’est que bien plus tard que les remarquables proprié-
• Chémotype
dans des produits d’hygiène ou dans des parfums d’am- tés antiseptiques et anti-inflammatoires de la myrrhe ont
• Huile essentielle
biance, dans des huiles aromatiques destinées aux été démontrées, justifiant son usage pour favoriser la
• Réglementation
massages bien-être, commercialisées sous forme de cicatrisation de plaies. Lors des grandes épidémies de
complexes visant à purifier notre air pollué et nous peste, Hippocrate lui-même ordonnait des fumigations
Keywords
débarrasser des acariens ou autres insectes, ou encore aromatiques de différentes Lamiacées dans les rues :
• Aromatherapy
recommandées en cuisine pour personnaliser certains le romarin, l’hysope, la sarriette et la lavande.
• Chemotype
plats. L’utilisation de l’aromathérapie, aujourd’hui très La première HE, celle de rose, aurait été extraite par le
• Essential oil
“tendance”, remonte à des temps très anciens. plus grand médecin arabe du Moyen Âge, Avicenne, qui
• Regulation
fut le premier à mettre au point le fonctionnement de
Un peu d’histoire l’alambic suite à des enseignements perses. Ce sont en
Les vertus curatives des HE étaient connues des civili- effet les Arabes qui sont considérés comme les vrais
sations anciennes disparues (Égypte ancienne, Chine fondateurs de l’aromathérapie. Peuple voyageur, ils
ancienne, Grèce antique…) ou toujours actuelles (Inde, ramenaient des plantes aromatiques venues d’Asie pour
Australie). Ainsi, à titre d’exemple, les aborigènes d’Aus- les cultiver eux-mêmes sur tout le pourtour du bassin
tralie utilisent depuis plus de 30 000 ans les vertus de méditerranéen. Ce sont eux qui ont élaboré la fameuse
“bonnes feuilles”, notamment issues de mélaleuques1, formule du laudanum ou teinture d’opium safrané, une
pour se soigner. Des alambics datant de plus de ancienne préparation à base de poudre d’opium et de
5 000 ans avant Jésus-Christ ont été découverts en Asie. safran, additionnée d’HE de cannelle et de girofle, dispo-
Enfin, en Inde, les “eaux aromatiques” récupérées en sor- nible sous forme de gouttes et servant au traitement
tie d’alambic après distillation par entraînement à la vapeur symptomatique des diarrhées aiguës et chroniques. C’est
d’eau de plantes aromatiques sont utilisées depuis plus de au XVIe siècle que le médecin suisse Paracelse (1493-
7 000 ans et consignées par écrit depuis 3 000 ans. 1541) le nomma laudanum, du latin laudare signifiant
Dès l’Égypte antique, elles servaient à embaumer les “louer” ou de labdanum désignant plus simplement un
morts grâce aux propriétés antiseptiques de plantes extrait de plante.
comme le cèdre du Liban, le nard de l’Himalaya, la can- Les croisades du Moyen Âge permirent de diffuser l’art
Auteur nelle, le ciste ou encore des produits de sécrétion aro- de la distillation en Occident. L’aromathérapie devint
correspondant matique comme l’encens ou la myrrhe. Des résines alors la première source de médicaments en pharmacie.
d’encens, toujours odorantes, ont en effet été décou- Les pharmaciens du Moyen Âge étaient d’ailleurs sur-
Françoise
COUIC-MARINIER vertes dans le tombeau de Toutânkhamon environ 3 250 nommés les aromatherii. La pharmacie et la parfumerie
marinier.francoise@wanadoo.fr ans après son inhumation. utilisèrent dès le XVIe siècle le bigaradier, ou oranger

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18 http://dx.doi.org/10.1016/j.actpha.2013.02.005 • n° 525 • avril 2013 •
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amer, originaire de Chine mais introduit en Europe par indispensable en aromathérapie, le chémotype. D’autres
Notes
les Arabes. La distillation permettait, à partir de ses grands hommes contribuèrent à faire avancer l’aroma- 1
Le mélaleuque à feuilles
feuilles, l’obtention de l’HE de petit grain figurant en thérapie scientifique. Citons les docteurs Daniel linéaires (Melaleuca linariifolia)
bonne place dans la composition de l’eau de Cologne, Pénoël [3], Christian Durrafourd et Jean-Claude est un arbre de la famille des
Myrtaceae, originaire de l’est
avec les essences de bergamote, de lime et de citron. Lapraz [4], Dominique Baudoux [5] et le pharmacien
de l’Australie.
L’écorce du fruit fournissait de son côté l’essence de Michel Faucon, auteur d’un ouvrage de référence [6]. 2
Martindale WH. Essential oils
bigarade utilisée en parfumerie et dans la fabrication de in relation to their antiseptic
liqueurs de type curaçao. Enfin, la distillation des fleurs Aromathérapie et huiles essentielles : powers as determined by
produisait l’HE de néroli, du nom d’une célèbre duchesse définitions their qarbolic coefficients.
Perfumery Essential Oil Res.
qui en fit son parfum au XVIIe siècle. L’aromathérapie et les HE doivent être clairement dis- 1910;1:266-96.
Les premières analyses des HE furent réalisées tinguées. 3
En 1937, René-Maurice
vers 1830. Puis, à la fin du XIXe siècle et au début du Gattefossé publia
Aromathérapie (Librairie
XXe siècle, des recherches poussées mirent en évidence L’aromathérapie des Sciences Girardot
leurs propriétés antiseptiques. En 1910, William Martin- L’aromathérapie vient du grec aroma, qui signifie odeur, et Cie), synthèse de ses
dale classa les HE en fonction de leur pouvoir anti- et de therapia, qui signifie soin. Il s’agit donc d’une travaux et recherches sur la
thérapeutique par les huiles
septique par rapport au phénol2. L’essence de citron fut méthode de soin naturel par les “odeurs”. Il existe deux
essentielles.
également expérimentée avec succès pour tuer le pneu- écoles d’aromathérapie :
mocoque en 3 à 12 heures et le bacille d’Eberth (un des • l’école anglaise, orientée sur le bien-être et le mieux-être,
agents de la typhoïde) en 1 à 3 heures. En 1922, Morel valorise les impacts psychologique, psychique, émo-
et Rochaix confirmèrent que le thymol et l’eugénol sont tionnel et énergétique des HE. C’est une esthéticienne
efficaces pour éradiquer les bacilles de Koch, d’Eberth, française, également biochimiste, Marguerite Maury,
ainsi que le staphylocoque doré et le Proteus vulgaris. qui l’a développée en Angleterre dans les années 1960.
C’est René-Maurice Gattefossé (1881-1950), pharma- Elle a écrit un ouvrage de référence paru en 1961 [7],
cien et chimiste français, qui est à l’origine du terme décrivant une méthode de rajeunissement par les
“aromathérapie”. En 1930, il se brûla les mains et le front aromates et les parfums. Les HE y sont utilisées uni-
dans son laboratoire lors d’une explosion. Il utilisa alors quement par voie externe, à des doses infinitésimales ;
un remède vanté par les lavandières qui lui procuraient • l’école française est quant à elle très axée sur l’identité
des HE de lavande officinale, de lavande aspic et de botanique et la biochimie précise (espèce botanique,
lavandins. Il fut très rapidement soulagé et cicatrisa sans chémotype) pour dénommer le plus exactement pos-
aucune infection. Il édita ensuite de nombreux livres, sible une plante et son HE ainsi que ses constituants.
dont un dans lequel il prédit un avenir extraordinaire à
l’aromathérapie moderne3. En 1929, un pharmacien
lyonnais, Sévelinge, élargit le spectre d’action des HE à
l’usage vétérinaire et ce, avec grand succès.
L’arrivée massive en France, dans les années 1930, de
médicaments de synthèse (notamment les pénicillines),
moins chers, de composition et qualité parfaitement
reproductibles, contribua à ralentir considérablement
l’intérêt pour l’aromathérapie. Néanmoins, grâce au travail
acharné de certains médecins, chercheurs et autres phar-
maciens, une aromathérapie scientifique continua à s’y
développer.
Dans les années 1960-1970, le docteur Jean Valnet,
médecin militaire français, utilisa avec grand succès les
HE sur les champs de bataille lors de la guerre d’Indochine.
La publication de son ouvrage Aromathérapie [1] lança une
nouvelle vague d’intérêt, tant chez le grand public que dans
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les corps médical et paramédical intéressés par le fait


d’intégrer cette thérapeutique à leur arsenal de soins.
En 1975, Pierre Franchomme, fondateur de l’École inter-
nationale d’aromathérapie, aromatologue et pharmaco-
logue reconnu, responsable d’enseignement et chargé
Autrefois réservées à la parfumerie et à la pharmacie,
de cours, écrivit un livre de référence : L’Aromathérapie les huiles essentielles sont aujourd’hui omniprésentes
exactement [2]. Il fut le premier à évoquer une notion dans notre quotidien.

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Références Connaissez-vous l’origine du vinaigre des quatre voleurs ?


[1] Valnet J. Aromathérapie.
Traitement des maladies par En 1630, la peste décime la ville de Toulouse. Quatre voleurs pro- Sa préparation est en fait relativement simple et les plantes utili-
les essences des plantes
fitent des circonstances pour détrousser les cadavres de leur for- sées pour sa confection s’avèrent être toutes très riches en huiles
Paris: Maloine; 1990.
tune. Lorsqu’ils sont arrêtés et interrogés par la maréchaussée, ils essentielles antiseptiques : 1 litre de vinaigre de cidre, 120 g de
[2] Franchomme P, Jollois R,
Pénoël D. L’aromathérapie expliquent comment, en s’enduisant le corps et en buvant tous les plantes séchées à parts égales (absinthe, lavande, menthe, roma-
exactement. Encyclopédie de jours, voire plusieurs fois par jour, un vinaigre de leur composition, rin, rue, sauge), 9 g de poudres séchées à parts égales (cannelle,
l’utilisation thérapeutique des
celui-ci les protégeait de manière infaillible de la peste. clous de girofle, muscade râpée) ainsi que 3 gousses d’ail, 20 g
extraits aromatiques. Tours:
Roger Jollois; 2001. Ce vinaigre fut inscrit au Codex dès 1748 et vendu en officine d’acide citrique et 5 g de camphre.
[3] Pénoël D, Pénoël RM. comme antiseptique externe, puis comme protecteur cutané, Après mélange des constituants, la macération doit durer
Urgences et soins intensifs en sous forme de lotion nettoyante, tonique tant cutanée que 2 semaines. Après filtration, puis mise en bouteille, le remède
médecine aromatique intégrée.
capillaire. anti-peste est prêt.
Tome I. Aouste-sur-Sye:
Osmobiose; 1998.
[4] Valnet J, Duraffourd C,
Lapraz JC. Une médecine
nouvelle, phytothérapie et Plusieurs voies d’administration sont possibles : orale, Eucalyptus sont recensées dans le monde.
aromathérapie : comment
rectale, nasale, cutanée, olfactive et à des doses La confusion classique entre l’HE de ravensara (extraite
guérir les maladies infectieuses
par les plantes. Paris: Presses beaucoup plus pondérales. Dans ce cas, les HE pré- de Ravensara aromatica) et l’HE de ravintsara (extraite
de la Renaissance; 1978. sentent des activités pharmacologiques et cliniques de Cinnamomum camphora) perdure encore malheu-
[5] Baudoux D. comparables à celles d’un médicament allopathique. reusement chez certains distributeurs d’HE en Europe
L’aromathérapie. Se soigner
et en Amérique du Nord [8].
par les huiles essentielles.
Bruxelles: Amyris; 2009. Les huiles essentielles F Selon l’organe producteur, l’HE peut avoir des
[6] Faucon M. Traité Une HE est une substance odorante et volatile, non propriétés et un usage totalement différents. C’est le
d’aromathérapie scientifique grasse, extraite d’un végétal sous forme liquide. Elle pro- cas de l’HE d’oranger amer par exemple, dont la distilla-
et médicale. Paris: Sang de
vient d’une sécrétion élaborée par certains végétaux et tion des feuilles permet l’obtention d’HE de petit grain
terre; 2012.
contenue dans des structures spécialisées (poils, bigarade, riche en esters (acétates de linalyle, de géra-
[7] Maury M. Le capital
jeunesse : une méthode poches et canaux sécréteurs). Selon l’HE, la totalité de nyle, de néryle), alors que la distillation des fleurs donne
nouvelle de rajeunissement la plante aromatique, voire plus spécifiquement certains l’HE de néroli riche en linalol.
par les aromates et les
de ses organes (racine, écorce, feuille, fleur, fruit, F Le chémotype, également appelé type chimique
parfums. Paris: La Table
ronde; 1961. graine…) seront sélectionnés pour en extraire les de la plante, indique le composant biochimique
[8] Andrianoelisoa H, Menut composés aromatiques. majoritaire et distinctif présent dans l’HE. Cet élé-
C, Danthu P. Phytothérapie. Une HE a une composition moléculaire complexe qui lui ment permet de distinguer les HE extraites d’une même
2012;10:161-9.
confère des vertus uniques. Elle ne contient ni protéines, espèce ou variété botanique mais de composition bio-
[9] Décret n° 2007-1198 du
ni lipides, ni glucides, ne renferme pas de minéraux ni de chimique différente. Ce chémotype (CT) est repéré grâce
3 août 2007 modifiant l’article
D. 4211-13 du Code de la vitamines : elle n’a donc aucune valeur nutritionnelle. à une analyse chromatographique et spectrométrique
santé publique relatif à la Plusieurs facteurs peuvent déterminer sa qualité : qui reconnaît et identifie les molécules présentes dans
liste des huiles essentielles
• la garantie de la reconnaissance botanique ; l’HE. Cette classification est indispensable car elle per-
dont la vente au public est
réservée aux pharmaciens, • l’organe producteur de l’HE ; met de sélectionner les HE pour une utilisation plus
JORF n° 182 du 8 août • le chémotype ou chimiotype de la plante ; précise, plus sûre et plus efficace. Ainsi, par exemple,
2007:13280, texte n° 40.
• le mode de culture ; l’HE de Thymus vulgaris CT thujanol présente d’impor-
http://www.legifrance.gouv.fr/
[10] Article L. 3322-5 du
• l’organisme certificateur de la garantie biologique. tantes propriétés anti-infectieuses tout en ayant une
Code de la santé publique. action stimulante et régénératrice au niveau hépatique,
http://www.legifrance.gouv.fr/ Les huiles essentielles, nomenclature, alors que l’HE de Thymus vulgaris CT thymol est forte-
obtention, conservation ment antibactérienne mais dermocaustique et hépato-
F La garantie de la reconnaissance botanique cor- toxique à doses élevées et prolongées.
respond au nom latin exact de la plante à l’origine de F Le mode de culture est un autre critère qui déter-
l’extraction de l’huile essentielle. Par exemple : Ocimum mine la qualité et guide la sélection des HE : leur
basilicum L. pour le basilic tropical ou Ocimum qualité varie en effet considérablement selon le moment
sanctum L. pour le basilic sacré. La précision éventuelle de la cueillette, la région de la culture, le savoir-faire du
de la variété utilisée permet aussi d’éviter des confu- distillateur (qualité de l’eau, température et durée de
sions, la composition et, par conséquent, les propriétés distillation) et leur mode de conservation.
des HE pouvant varier d’une variété à une autre. C’est F Les HE sont obtenues par distillation à la vapeur
le cas dans la famille des eucalyptus où plus de d’eau ou par expression à froid dans le cas particulier
500 espèces différentes portant toutes le nom de genre des agrumes. On parle alors d’essence et non pas d’HE.

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Le rendement dépend de chaque espèce et peut être, • rose pour l’HE de gaulthérie odorante ;
Pour en savoir plus
pour certaines plantes, extrêmement faible. À titre • vert émeraude pour l’HE d’inule odorante ;
• Bonnabel-Blaize M. Santé
d’exemple, il faut 20 000 roses, soit 4 tonnes de pétales, • vert pâle pour les HE de bergamote et d’absinthe ; et bien-être par les huiles
cueillies avant le lever du soleil, pour obtenir 1 kg d’HE • vert foncé pour l’HE de mandarine verte ; essentielles. St-Rémy-de-
de rose. Ce faible rendement explique le prix élevé de • jaune pâle pour les HE de sauge sclarée et de romarin Provence: Edisud; 2004.

certaines HE et les tentatives de falsification. À l’inverse, officinal. • Scimeca D, Tétau M.


Votre santé par les huiles
il ne faut “que” 7 kg de clous de girofle (qui correspondent F Les HE sont altérables, sensibles à l’oxydation, essentielles. Le Guide pratique
aux boutons floraux du giroflier, recueillis avant leur épa- mais ne rancissent pas. Elles ont, en effet, tendance à pour prévenir et guérir tous
nouissement) pour obtenir 1 kg d’HE de girofle. se polymériser pour former des produits résineux. Leur les maux quotidiens. Monaco:
Alpen; 2004.
F La conservation des HE nécessite quelques précau- conservation nécessite de l’obscurité (flacons en verre
• Teuscher E, Anton R,
tions. Le flacon doit être opaque, protégé de la lumière opaque) et de l’humidité. Lobstein A. Plantes
(généralement de couleur brune pour les HE et bleue foncée aromatiques : épices,
pour les hydrolats) et de la chaleur. Il doit être soigneusement Réglementation française aromates, condiments et leurs
huiles essentielles. Paris:
fermé après chaque usage. La durée de conservation des sur les huiles essentielles Lavoisier; 2004.
HE est de 5 ans et celle des essences extraites de zestes F La délivrance au public d’un certain nombre d’HE est • Willem JP. Les huiles
d’agrumes (citron, pamplemousse, orange douce ou amère, réservée aux pharmaciens par le décret n° 2007-1198 essentielles. Médecine
bergamote…) de 3 ans. du 3 août 2007 [9] : d’avenir. Paris: Du Dauphin;
2002.
• grande absinthe (Artemisia absinthium L.) et petite
Propriétés physico-chimiques absinthe (Artemisia pontica L.) ;
des huiles essentielles • armoise commune (Artemisia vulgaris L.), armoise
F À température ambiante, les HE sont liquides, blanche (Artemisia herba alba Asso) et armoise arbo-
hormis quelques cas particuliers : les HE de myrrhe et rescente (Artemisia arborescens L.) ;
de santal sont plutôt visqueuses et celles de rose et de • cèdre blanc ou thuya du Canada (Thuya occidentalis L.)
camphrier peuvent être cristallisées. et cèdre de Corée (Thuya Koraenensis Nakai), dit
F À basse température, certaines HE cristallisent : “cèdrefeuille” ;
celles d’anis, de menthe des champs ou de thym satu- • chénopode vermifuge (Chenopodium ambrosioïdes L.
réioïde lorsque les flacons sont stockés au réfrigérateur. et Chenopodium anthelminticum L.) ;
F Les HE sont volatiles, ce qui les oppose aux “huiles • hysope (Hyssopus officinalis L.) ;
fixes” ou “huiles végétales” (généralement abrégées HV • moutarde jonciforme (Brassica juncea [L.] Czernj. et
dans les formules). Cette volatilité explique leur carac- Cosson) ;
tère odorant ainsi que leur mode d’obtention par entraî- • rue (Ruta graveolens L.) ;
nement à la vapeur d’eau. • sabine (Juniperus sabina L.) ;
F Les HE sont très solubles dans les huiles grasses • sassafras (Sassafras albidum [Nutt.] Nees) ;
(qui constituent un très bon véhicule lorsque l’on sou- • sauge officinale (Salvia officinalis L.) ;
haite les diluer), les lipides (d’où le principe de l’enfleu- • thuya (Thuya plicata Donn ex D. Don.) ;
rage anciennement utilisé pour extraire les HE en les • tanaisie (Tanacetum vulgare L.).
mettant en contact avec une graisse animale comme la F Cinq HE sont inscrites sur les listes des subs-
lanoline), l’éther, la plupart des solvants organiques ainsi tances vénéneuses :
que dans l’alcool (de titre élevé). • sur la liste I, les HE de sabine, de rue et de Juniperus
F De caractère liposoluble, les HE ne se dissolvent phoenica ; Déclaration d’intérêts :
les auteurs déclarent ne pas
pas dans l’eau. Rajoutées dans un bain, par exemple, • sur la liste II, les HE de chénopode et de moutarde. avoir de conflits d’intérêts en
elles flottent – leur densité est généralement inférieure F Enfin, l’article L. 3322-5 du Code de la santé relation avec cet article.

à 1 – et sont susceptibles de provoquer des irritations, publique [10] réglemente l’usage et la vente des HE
voire des brûlures cutanées. Il faut donc impérativement d’anis, de badiane, de fenouil et d’hysope qui ne peu- Les auteurs
utiliser un tensioactif pour permettre leur mise en sus- vent être délivrées que sur prescription médicale, en Françoise
COUIC-MARINIER
pension dans l’eau. Elles possèdent un indice de réfrac- préparation ou en nature. Une comptabilité spéciale est Docteur en pharmacie, 201 bis
tion élevé et ont souvent un pouvoir rotatoire. imposée sur un registre avec acquis-à-caution. w avenue du Général-Leclerc,
La plupart d’entre elles sont colorées : 54000 Nancy, France
marinier.francoise@wanadoo.fr
• bleu clair pour les HE de patchouli et de camomille matri-
Annelise LOBSTEIN
caire ; Professeur des universités,
• bleu foncé pour l’HE de tanaisie ; pharmacognosie, Faculté
• rougeâtre pour les HE de cannelle et une variété de thym ; de pharmacie de Strasbourg,
74 route du Rhin, CS 60024,
• rouge sang pour l’HE de certaines sarriettes ; 67401 Illkirch cedex, France
• orange pour l’HE de sarriette des montagnes ; lobstein@unistra.fr

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