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« Si Hitler veut la guerre […] il la veut contre nous… » affirme sans détours Henri de Ke-
rillis lors de la séance parlementaire du 5 décembre 1936 (l. 51-52). L’homme politique pa-
triote prononce ce discours afin d’avertir l’Assemblée nationale du danger nazi. Le discours a
été prononcé 5 mois après le début de la Guerre civile espagnole (1936-1939), qui fut
l’épreuve d’une guerre moderne telle que la Seconde Guerre mondiale, éclatée 5 mois après la
fin du conflit espagnol. Ce discours du député Henri de Kerillis (1889-1958), fils d’un amiral,
participant de la Grande Guerre, journaliste homme politique à partir de 1926, nous révèle la
crise politique de la France des années 1930. Député à partir de 1936, il critiquait plusieurs
fois la politique extérieure de son pays, les relations franco-allemandes et en général le Front
populaire. Étant nationaliste et hostile aux communistes, il souhaitait entrer en guerre aux cô-
tés de Franco en 1936. Dans les années sombres, il a fui le gouvernement de Vichy en gagnant
l’Angleterre. A cause de son antigaullisme, il habitait dans l’isolement jusqu’à sa mort en
1958. Le document donné est un extrait de son discours prononcé le 5 décembre 1936, qui ré-
sume la politique extérieure française face à l’Allemagne de l’entre-deux-guerres. Le discours
représente ses pensées nationalistes et insiste sur le danger nazi. Les destinataires sont les re-
présentants de l’Assemblé nationale, plus précisément ceux du Front populaire.
En quoi le discours de Henri de Kerillis prononcé en 1936 permet-il de prouver que la Se-
conde Guerre mondiale n’éclata pas, en réalité, en 1939 mais dans les années 1930 ? Et com-
ment Kerillis fait apparaître les relations franco-allemandes de l’entre-deux-guerres ? En pre-
mier lieu, on évoque la France en crise et la relation entre ces deux pays dans les années 1920
et 1930. Ensuite, on passe à l’Allemagne, en soulignant son idéologie de guerre et ses prin-
cipes menaçant la paix de l’Europe. Enfin, on tente de mettre en évidence le fait que la Se-
conde Guerre mondiale n’éclate pas le 1er septembre 1939 en observant les phénomènes mili-
taires et conflictuels des six années (dès l’accession au pouvoir des nazis) qui précèdent son
éclatement.
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pire allemand, le comportement de la Troisième République française se transforme de décen-
nie en décennie. Il est important d’observer ces comportements d’après le discours de Kerillis.
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mand : Pierre Laval s’est présenté comme « l’ouvrier de la paix », recherchant l’amitié
de la République de Weimar en 1931 ; puis déjà comme ministre des Affaires étran-
gères, il a laissé Hitler organiser le rattachement de la Sarre à l’Allemagne en 1935.
L’échec de Briand est différent car Kerillis le considère comme un début de rappro-
chement qui ne put pas se poursuivre : c’est-à-dire, les négociations de Briand
n’avaient pas eu assez d’efficacité pour stabiliser la relation avec l’Allemagne. En ce
qui concerne Laval, le soutien d’un acte d’Hitler ne fut qu’un simple geste qui ne pou-
vait pas arrêter les plans d’Hitler. Toutefois, le Front national et le peuple français
pensaient qu’ils ont empêché un conflit franco-allemand.
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phrase : « se réconcilier avec la Pologne » (l. 27), « se réconcilier avec l’Autriche » (l.
29) et « se réconcilier avec la France » (l. 32.). La différence est observable dans la
phrase suivante aussi : « et il y est parvenu » (l. 27, 29) contre « elle n’y est pas parve-
nue » (l. 25). Le « il » des deux premières phrases est Hitler lui-même, mais le « elle »
de la troisième, est la France. Même si Kerillis ajoute que « Hitler n’a jamais voulu
[…] se réconcilier avec la France » (l. 31-32), il est clair que pour l’auteur, le vrai fau-
tif est son propre pays.
Ces répétitions sont observables dans d’autres phrases comme « Si Hitler veut la
guerre » (l. 35, 40, 46, 51) qui renforce le danger proche. Cet élément utilisé est un
phénomène oratoire dont le but est de persuader les destinataires. Ici, ces phrases
marquent aussi le reproche au Front populaire
A partir du document, les principes de Kerillis deviennent visibles au lecteur : il est
nationaliste et anticommuniste. Ce dernier fait est plus grave dans une décennie où une
coalition de gauche gouverne la France. Son hostilité contre le communisme apparaît
comme un reproche à l’alliance franco-soviétique : « cette Russie à laquelle vous êtes
lié par un pacte d’amitié, c’est déconcertant » (l. 6-7).
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le but d’Hitler était d’éclater une guerre afin que l’Allemagne devienne une puissance
énorme. Cette guerre à venir est « sa principale raison d’être » (l. 39). A la fin du dis-
cours, il renforce ce fait : « il établit sa domination et le rêve éternel de la Germanie »
(l. 53-54) comme le but utopique d’Hitler.
Le discours révèle plusieurs éléments du développement militaire du Troisième Reich.
Grâce à ce décalage économique vers l’industrie de la guerre, l’armée allemande est
devenue la plus forte en Europe. Il disposa des équipements « qu’aucun pays du
monde n’[a] jamais eu[s] à sa disposition » (l. 10-11). Pour Kerillis, il est évident
qu’une guerre (au moins) européenne est en train de venir : « Croyez-vous qu’il [Hit-
ler] soit prêt à le [l’instrument de guerre] jeter à la ferraille ? » (l. 11). Cette question
rhétorique, comme beaucoup d’autres aussi, est posée au Front populaire de nouveau
en faisant allusion à leur naïveté.
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en France » (l. 52). En outre « de certaines déclaration publicitaires » (l. 31), le Führer
« n’a jamais voulu sincèrement » (l. 31) un rapprochement franco-allemand.
Pour faire sentir le danger prévisible, Kerillis décrit « la vérité » (l. 19-21, trois fois
dans le texte). Même si l’estimation de Kerillis, selon lesquelles « 80% de ses forces
[allemandes] sont concentrées contre [eux] » (l. 20), n’est guère vraisemblable, l’atmo-
sphère militaire sous-entend que Hitler va venger ses griefs sur la France. L’énuméra-
tion des équipements militaires sert à persuader le public de Kerillis (l. 19-20).
En 1936, l’Europe était au seuil d’une guerre éclatée par Hitler, étant donné que l’Al-
lemagne a rétabli le service militaire et personne n’en a empêché, l’échec de la poli-
tique réconciliatrice de la SDN et des démocraties libérales européennes était évident.
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mement, même si le rattrapage de son retard est impossible (« ils ont besoin de dix-
huit mois encore. Et Hitler le sait », l. 50).
Concernant l’Italie, même si un accord a été signé en 1935 avec Mussolini, eux, les
Italiens ont commencé à construire leur empire en entrant en guerre en Ethiopie. (l.
38). De plus, l’Allemagne nazie a pu obtenir le soutien de l’Italie « dans son sillage »
(l. 2). Leur pacte de 1936 et leur coopération dans la Guerre civile espagnole montrent
une alliance plus forte que les contrats signés entre l’Italie et la France de Pierre Laval.
Les Français et les Britanniques doivent donc faire face à un ennemi d’extrême-droite
avec le soutien de l’Union soviétique.
L’URSS apparaît aussi dans son discours, mais Henri de Kerillis n’est pas d’accord
avec le seul pacte que la France a signé avec Staline (l. 7). Selon le député, l’URSS va
entraîner la France dans une guerre « pour des fins idéologiques » (l. 8). Ce point de
vue s’enracine dans la Guerre civile espagnole où l’Union soviétique voulait défendre
l’esprit du communisme international en réglant son compte au parti marxiste espa-
gnole, le POUM (Parti ouvrier d’unification marxiste).
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