THÈSE
Pour obtenir le grade de
Spécialité : Automatique
Khaled LABOUDI
Le 9 novembre 2017
à commutations
JURY
i
Résumé
ii
Abstract
This work deals with the problem of estimation of fault and hybrid state for a class
of switched linear systems. The objective is to develop a method to synthesize an
observer and an estimator dedicated respectively to the estimation of the hybrid
state and the faults. After presenting a state of the art for estimation, stability
and diagnostic techniques for switched linear systems, the report is divided into
two parts. The first part proposes a method for estimating the continuous state
and the faults in the case where the discrete state of the system is known. Based
on a coordinate transformation which decouples a subset of the state of the system
of faults, we first synthesized a hybrid observer to estimate the continuous state
of the system and, in a second step, an estimator allowing the reconstruction
of faults. The proposed fault estimator depends on the derivative of the system
output. For this reason, a robust and accurate differentiator based on sliding mode
techniques is used. In the second part of this paper, the discrete state of the system
is assumed unknown. An algebraic approach is proposed to estimate the switching
times between the different subsystems. Thereafter, the estimation of the hybrid
state (continuous and discrete state) and of the faults is considered in the case
where the discrete state of the system is unknown. The latter is reconstructed
from the estimated switching times and on a known switching sequence. The
continuous state of the system is estimated using a pole placement method allowing
improve the performances of the transient phase. Finally, by exploiting the results
found in the first part, the estimation of the faults is considered by estimating
the output of the system with an algebraic differentiator. This differentiator gives
more interesting results at the noise compared to the differentiator based on the
sliding mode techniques used in the first part.
iii
Abstract
iv
Remerciements
v
Remerciements
celles qui m’ont apporté un soutien moral et une amitié inoubliable et précieuse.
Enfin, je remercie tous les membres de ma famille pour leur aide et encouragement.
vi
Table des matières
Résumé i
Abstract iii
Remerciements v
Introduction générale 1
1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
vii
TABLE DES MATIÈRES
1.3.2 Notions générales sur l’estimation d’état hybride dans les SLC. 19
1.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
viii
TABLE DES MATIÈRES
ix
TABLE DES MATIÈRES
x
TABLE DES MATIÈRES
Annexes 153
Bibliographie 165
xi
Table des figures
xiii
TABLE DES FIGURES
2.4.1 Signal de commutations λ (t) : cas sans saut dans l’état transformé 66
2.4.2 Signal de commutations λ (t) : cas avec saut dans l’état transformé 69
2.4.4 Erreur d’estimation x̂1 − x1 ; (a) : cas où les matrices des défauts
sont identiques pour tous les modes, (b) : cas où les matrices des
défauts sont différentes pour tous les modes . . . . . . . . . . . . . 70
2.4.5 Erreur d’estimation x̂2 − x2 ; (a) : (a) : cas où les matrices des dé-
fauts sont identiques pour tous les modes, (b) : cas où les matrices
des défauts sont différentes pour tous les modes . . . . . . . . . . . 71
2.4.6 Erreur d’estimation x̂3 − x3 ; (a) : cas où les matrices des défauts
sont identiques pour tous les modes, (b) : cas où les matrices des
défauts sont différentes pour tous les modes . . . . . . . . . . . . . 71
2.4.7 Erreur d’estimation x̂4 − x4 ; (a) : (a) : cas où les matrices des dé-
fauts sont identiques pour tous les modes, (b) : cas où les matrices
des défauts sont différentes pour tous les modes . . . . . . . . . . . 72
2.4.8 Erreur d’estimation x̂5 − x5 ; (a) : cas où les matrices des défauts
sont identiques pour tous les modes, (b) : cas où les matrices des
défauts sont différentes pour tous les modes . . . . . . . . . . . . . 72
2.4.10 Défaut f1 et son estimation fˆ1 ; (a) : cas où les matrices des défauts
sont identiques pour tous les modes, (b) : cas où les matrices des
défauts sont différentes pour tous les modes . . . . . . . . . . . . . 73
xiv
TABLE DES FIGURES
2.4.11 Défaut f2 et son estimation fˆ2 ; (a) : cas où les matrices des défauts
sont identiques pour tous les modes, (b) : cas où les matrices des
défauts sont différentes pour tous les modes . . . . . . . . . . . . 74
xv
TABLE DES FIGURES
xvi
Liste des tableaux
xvii
Introduction générale
La majorité des systèmes physiques sont décrits, soit par un modèle continu, ou
soit par un modèle à évènement discret. Par ailleurs, différents systèmes complexes
de types hétérogènes ne peuvent pas être modélisés uniquement par un modèle
continu, ou uniquement par un modèle à évènement discret. Néanmoins, ce type
de systèmes peut être modélisé par le mixage de deux types de modèles. En effet,
l’interaction entre les systèmes numériques tels que les calculateurs numériques,
logiciels, composants logiques,..., et les processus physiques de nature continue,
a conduit dans plusieurs applications industrielles, à l’apparition et à la forma-
lisation d’une nouvelle classe de systèmes, appelée, système dynamique hybride
(SDH). Ce type de systèmes fait intervenir d’une façon explicite et simultanée,
deux types de dynamiques, une dynamique continue et une autre événementielle.
La dynamique continue peut être en temps continu ou en temps discret. D’autre
part, la dynamique discrète est liée à un système à événements discret (SED) dont
l’espace d’état est un ensemble discret fini.
Dans les SDH, nous trouvons différentes classes de systèmes, comme par exemple,
les systèmes linéaires à saut [Mariton 90], les systèmes linéaires affines constants
par morceaux [Bemporad 00] et les systèmes à commutations [Liberzon 03]. En
raison de son importance de point de vue théorique et pratique, nous nous inté-
ressons dans cette thèse à cette dernière classe de systèmes dans le cas linéaire, et
qui est plus connue sous le nom de classe des systèmes linéaires à commutations
(SLC). Ces systèmes jouent un rôle important dans différentes applications, comme
par exemple la gestion de l’énergie électrique par les convertisseurs électriques. Un
SLC est un système dynamique qui se compose d’une part, de plusieurs systèmes
linéaires, chacun d’entre eux évolue avec une dynamique donnée, et d’autre part
1
Introduction générale
d’une règle qui orchestre les commutations entre eux, appelée généralement « état
discret ».
L’étude des SLC, a retenu aussi bien l’attention des chercheurs qui s’intéressent à
l’étude des systèmes continus, que à ceux qui s’intéressent à l’étude des systèmes
à événement discret (SED). Les premiers travaux de recherches sur ce type de
système ont été menés sur la modélisation. En effet, cette dernière est une étape
nécessaire, en vue de la commande, de l’estimation, de l’étude de stabilité ou
du diagnostic. Elle permet de représenter d’une façon homogène les deux types
de dynamiques. Ceci permet généralement, lors de l’étude des SLC, de ne pas
utiliser uniquement des méthodes classiques issues de l’automatique des systèmes
continus ou des SED, mais de développer également d’autre méthodes qui prennent
en compte les deux types de dynamiques et leurs interactions.
2
primordiale. Ce dernier permet d’empêcher la propagation des défauts et d’assu-
rer la sécurité de l’opérateur humain et du matériel. Les systèmes de diagnostic
ont eu un intérêt grandissant dans toutes les applications. En effet, la complexité
croissante des systèmes industriels exige un niveau de sécurité, de fiabilité et de
performance élevé. Ceci peut être assuré par un système de diagnostic. La tâche
principale de diagnostic consiste à détecter dans un premier temps le défaut quand
il apparait, de le localiser en donnant précisément son origine, sa nature et les
causes liées à son apparition. Il existe deux classes de techniques de diagnostic.
La première est la classe des méthodes sans modèle mathématique. Dans cette
classe, le diagnostic se réalise par l’analyse des données. La deuxième classe est
celle des méthodes avec modèle mathématique. Les méthodes utilisées dans cette
classe sont basées sur une modélisation par un modèle mathématique permettant
de voir l’état normal ou anormal du système.
Le diagnostic des défauts des SLC est également un nouveau chalenge pour les
automaticiens. La majorité des travaux effectués dans ce cadre sont des extensions
des méthodes issues de diagnostic à base de modèle mathématique des systèmes
continus. De plus, les méthodes de diagnostic pour les SLC sont employées selon
la connaissance ou non de l’état discret à chaque instant. Ainsi, le diagnostic des
SLC est plus compliqué lorsque l’état discret est inconnu. En effet, la procédure de
diagnostic commence par la mise en œuvre des techniques permettant d’identifier
le système linéaire actif à chaque instant.
3
Introduction générale
4
La deuxième partie de ce chapitre est consacrée aux problèmes d’estimation et de
stabilité des SLC. Enfin, la troisième partie de ce chapitre est destinée à la présen-
tation des notions générales de diagnostic. Ainsi, nous décrivons quelques concepts
fondamentaux des approches de diagnostic à base de modèle et d’estimation des
défauts.
Le deuxième chapitre considère le problème d’estimation simultanée de l’état
continu et des défauts actionneurs dans un SLC avec bruit de mesure, dans le cas
où l’état discret est connu. Une transformation de coordonnées est effectuée afin
de découpler un sous ensemble de l’état du système des défauts. Par la suite, la
synthèse d’observateur pour estimer l’état continu du système dans deux cas de
figure est considérée. Dans le premier cas, les matrices des défauts sont considérées
identiques, ce qui permet d’avoir un état sans discontinuité à chaque instant. Quant
au second cas, les matrices des défauts sont considérées différentes, ce qui engendre
un saut dans l’état du système transformé à chaque instant de commutation.
La dernière partie de ce chapitre est consacrée à la synthèse d’un estimateur des
défauts. Nous allons montrer que cet estimateur est en fonction de la dérivée de la
sortie. Par conséquent, nous estimons cette dérivée par un différenciateur d’ordre
élevé basé sur les techniques des modes glissants.
Le troisième chapitre présente une approche permettant la détection des ins-
tants de commutation dans un SLC avec bruit mesure. Après une présentation de
la problématique et de quelques notions mathématiques, nous développons dans
un premier temps un estimateur basé sur une approche algébrique permettant la
détection des instants de commutations dans un système avec une seule sortie. Par
la suite, la méthode proposée est généralisée pour un système à plusieurs sorties.
Dans ce cas, pour chaque sortie, nous avons un estimateur. Ainsi, un bloc de dé-
cision est mis en place afin d’orchestrer les sorties des différents estimateurs. A la
fin de ce chapitre, nous montrons l’efficacité de l’approche proposée à travers un
exemple.
Le quatrième chapitre considère le problème d’estimation d’état hybride (état
discret et état continu) et des défauts dans un SLC avec bruit de mesure et état
discret inconnu. L’état discret est reconstruit en se basant sur la séquence de
commutations connue et sur les instants de commutations détectés par l’approche
5
Introduction générale
6
Chapitre 1
1.1 Introduction
La progression technologique dans plusieurs domaines comme par exemple les do-
maines électriques, mécaniques et hydrauliques a suscité le développement de tech-
niques d’estimation, de contrôle et de diagnostic. Une représentation par un modèle
mathématique simplifié de ces systèmes est nécessaire afin d’étudier ses proprié-
tés physiques. Certains systèmes sont représentés par des modèles dans lesquels
les variables varient d’une façon continue. Nous pouvons citer comme exemple le
courant électrique dans un circuit électrique ou la température dans une chambre
climatisée.
D’autres systèmes dit événementiel ou discret font intervenir plutôt des variables
qui varient d’une façon événementielle. Par exemple, l’état ouvert ou fermé d’un
commutateur dans un redresseur ou dans une vanne. Ces deux types de systèmes
ont fait l’objet d’études approfondies liées à la conception d’outils spécifiques pour
la commande, l’observation ou le diagnostic. Ces outils ne sont pas toujours adap-
tés pour des systèmes qui ont une forte interaction entre les parties continues et
les parties discrètes. Par conséquent, une nouvelle catégorie de systèmes dyna-
miques dits hybride est apparue. Formellement, les systèmes dynamiques hybrides
7
Chapitre 1 Notions introductives à la synthèse d’observateurs et au diagnostic
(SDH) sont des systèmes qui font intervenir explicitement et simultanément des
dynamiques continues et événementielles.
Plusieurs travaux se sont focalisés sur l’étude de cette classe de systèmes. Par
exemple, la modélisation des SDH a été traitée par différentes communautés scien-
tifiques. Plusieurs résultats de modélisation de ce type de systèmes ont été obtenus.
Généralement, les modèles proposés sont une extension des modèles proposés soit
pour des systèmes continus ou bien pour des systèmes discrets. Dans ce cadre,
on trouve la modélisation par Automate hybride [Lygeros 03] ou la modélisation
basée sur les réseaux de Petri mixte [Vibert 97].
La problématique de la commande des SDH a eu à son tour un intérêt énorme pour
la communauté de recherche. Dans ce cadre, plusieurs formulations du problème
de la commande hybride ont été employées. Certaines formulations accordent
une grande importance à la partie discrète au détriment de la partie continue
[Alur 95] [Asarin 99], alors que d’autres accordent plus d’importance à la partie
continue [Branicky 95] [Branicky 98]. Cependant, il existe d’autres formulations
qui prennent en compte les deux dynamiques [Tittus 98].
Par ailleurs, le problème de stabilité est une autre problématique qui a attiré l’at-
tention de différents chercheurs. La majorité des travaux réalisés autour de cette
problématique consiste à exploiter des approches classiques, telles que l’approche
de Lyapunov [Liberzon 03] [Hespanha 04] [Hien 09]. Plusieurs travaux ont été ef-
fectués dans le but de la mise en point des concepts de base concernant la stabilité
des SLC. Le premier diagnostic des problèmes de la stabilité a été effectué dans
[Liberzon 99a]. Les auteurs de ce papier ont résumé ces problèmes en trois points.
Le premier point consiste à trouver la condition qui garantie la stabilité asymp-
totique du SLC pour n’importe quel signal de commutations. Quant au deuxième
point, il consiste à identifier les classes de signaux de commutations pour lesquelles
le système à commutation est asymptotiquement stable. Le troisième point consiste
à construire un signal de commutations pour lequel le SLC est asymptotiquement
stable.
D’autre part, le problème de synthèse d’observateurs hybrides est une autre thé-
matique qui a été largement traitée [Balluchi 02] [Pettersson 05] [Birouche 06]
[Pettersson 06]. Ces observateurs hybrides permettent d’estimer l’état continu,
8
1.1 Introduction
l’état discret du SDH ou les deux états simultanément. Le problème principal dans
la synthèse de ces observateurs concerne la recherche des conditions de convergence.
Ce problème est généralement lié à des conditions de stabilité formulées sous la
forme d’inégalités matricielles à résoudre.
La seconde partie quant à elle, sera consacrée aux problématiques des SLC. L’étude
qui en découle s’articule autour de trois axes. Le premier axe sera dédié à une pré-
sentation et une modélisation de ce type de systèmes. Le deuxième se focalisera sur
les problèmes d’estimation. Quant au troisième axe, il sera consacré aux problèmes
de stabilité des SLC.
9
Chapitre 1 Notions introductives à la synthèse d’observateurs et au diagnostic
D’une façon générale, un SDH peut être considéré comme l’agrégation de systèmes
continus, d’un SED et d’une interface qui gère l’interaction entre les deux dyna-
miques, continues et discrètes (figure 1.2.1) [Antsaklis 00]. L’évolution d’un SDH
est donnée par des équations différentielles qui dépendent généralement de ces
deux dynamiques.
Sorties hybrides
Interface
La dynamique discrète des SDH, appelée généralement état discret du SDH, dé-
termine la dynamique continue spécifique de la variable continue du SDH. Elle est
liée à un SED dont l’espace d’état est un ensemble discret fini. Chaque élément
de cet ensemble représente un mode. Le passage d’un mode à un autre se produit
par l’intermédiaire d’une interface qui traduit l’interaction entre la partie continue
et la partie discrète. Ce phénomène d’interaction se nomme phénomène hybride
[Branicky 95].
10
1.2 Notions introductives sur les systèmes dynamiques hybrides
La modélisation des SDH est une étape essentielle pour toutes études à savoir ; la
stabilité, l’estimation, le contrôle, etc. Ainsi, afin de représenter d’une façon homo-
gène les deux types de dynamiques, des chercheurs ont pu étendre des approches
issues de l’automatique continu pour intégrer l’aspect discret. A titre d’exemple,
dans [Buisson 98], les auteurs ont modélisé un SDH en faisant une extension du
principe de modélisation par bon-graph.
Des approches mixtes [Belkhiat 12] sont également proposées pour modéliser les
SDH. Celles-ci intègrent en parallèle dans le même formalisme de modélisation
d’une façon rigoureuse et explicite les deux aspects continu et discret.
Dans la littérature, on trouve une catégorie de modèles issues des approches mixtes
qui reposent sur la collaboration de deux aspects continu et discret. Ces modèles
sont basés soit sur les aspects évènementiels, ou soit sur les aspects continus géné-
ralisés par des équations d’état. Dans les deux cas, l’aspect hybride apparait dans
l’interface d’interaction. En effet, l’aspect discret gouverne le modèle continu en
choisissant les équations différentielles continues qui correspondent au mode dis-
cret actif. De plus, l’aspect continu agi sur le modèle discret en validant ou forçant
11
Chapitre 1 Notions introductives à la synthèse d’observateurs et au diagnostic
12
1.2 Notions introductives sur les systèmes dynamiques hybrides
Ce système peut être modélisé par un automate hybride dont les éléments sont
donnés comme suit :
— Q = {ON, OF F } est l’ensemble des deux états discrets ; ON correspond
au mode marche et OF F correspond au mode arrêt ;
— X = R désigne la plage de la température ambiante ;
— h (ON, x) = −x + αu et h (OF F, x) = −x où α est une constante positive
et u est la commande extérieure ;
— Init = {OF F } × {x < θm } ;
— Inv (ON ) = {x ∈ R : x < θM } et Inv (OF F ) = {x ∈ R : x > θm } ;
— E = {(ON, OF F ) , (OF F, ON )} représente deux possibilités de transi-
tions ; une du mode ON vers le mode OF F et une autre du mode OF F
vers le mode ON ;
13
Chapitre 1 Notions introductives à la synthèse d’observateurs et au diagnostic
— G (ON, OF F ) = {x ∈ R : x = θM } et G (OF F, ON ) = {x ∈ R : x = θm } ;
Cet automate hybride peut être représenté par un graphe orienté comme indiqué
dans la figure 1.2.2 présentée ci-dessous [Kurovszky 02]. Il contient des sommets et
des branches. Pour chaque sommet, on spécifie le mode discret q ∈ Q, l’équation
différentielle ẋ = h (q, x) et le domaine invariant Inv (q). Chacune de ses branches
représente la transition (q, q 0 ) et contient la condition de garde G (q, q 0 ). Enfin,
l’état initial est marqué par une flèche sans sommet source. Il pointe vers le sommet
qui contient le mode initial.
x < θm
x = θ m ; x := x
OFF ON
x! = −x x! = −x + α u
x > θm x < θM
x = θ M ; x := x
Plusieurs classes de SDH existent dans la littérature. Par exemple, les systèmes
linéaires à sauts [Vidal 02], les systèmes linéaires affines constants par morceaux
[Johansson 03] et les systèmes à commutations [Liberzon 99a].
Dans le cadre de cette thèse, la classe des systèmes à commutations est étudiée.
Plusieurs travaux effectués sur ce type de systèmes existent dans la littérature
[Liberzon 99a] [Liberzon 99b] [Schaft 00] [Liberzon 03] [Liberzon 04]. Différents
systèmes physiques peuvent être modélisés par ce type de systèmes. On peut citer
par exemple, le système de chauffage présenté dans l’exemple 1.1.
Les systèmes à commutations sont composés de plusieurs sous-systèmes et d’une
loi de commutations qui définie à chaque instant le sous-système actif.
La forme générale d’un système à commutations en temps continu peut être définie
comme suit [Lin 09] :
14
1.2 Notions introductives sur les systèmes dynamiques hybrides
ẋ (t) = h (λ, x, u)
(1.2.1)
y (t) = g (λ, x, u)
15
Chapitre 1 Notions introductives à la synthèse d’observateurs et au diagnostic
S34 (x) = 0 et S14 (x) = 0. Chaque surface Sij représente une surface de commuta-
tions du mode i vers le mode j ou du mode j vers le mode i. Cette figure montre
que lorsque la trajectoire de l’état atteint la surface de commutations entre la ré-
gion 1 et la région 2, l’état change de dynamique et évolue dans la région 2 avec
les équations différentielles appropriées au sous-système 2.
Trajectoire de l’état
R1
R2
( )
S12 x = 0
S14 ( x ) = 0
( )
S34 x = 0
R4 ( )
S23 x = 0
R3
Dans ce cas, l’évolution de l’état discret λ est gérée par le temps. Ainsi, le système à
commutations évolue dans un intervalle de temps donné avec une dynamique puis
avec une autre dynamique dans l’intervalle suivant. Chaque dynamique représente
un mode q. La figure 1.2.4 montre l’évolution d’un système à commutations sous
une loi de commutations dépendante du temps. Dans un premier temps, le premier
sous système fonctionne avec sa propre dynamique. A l’instant t = t1 , l’état discret
λ change de valeur, et le système à commutations évolue dans le deuxième mode
jusqu’à l’instant t2 . Le temps qui sépare deux instants de commutations est appelé
temps de séjour. Il vaut τ1 lorsque le système à commutations a évolué dans le
mode 1 entre l’instant t0 et l’instant t1 et τ2 dans le deuxième mode entre les deux
instants t1 et t2 .
16
1.2 Notions introductives sur les systèmes dynamiques hybrides
t0 t1 t2 tk −1 tk t f −1 tf Temps
τ1 τ2 τf
17
Chapitre 1 Notions introductives à la synthèse d’observateurs et au diagnostic
Dans ces systèmes, l’état continu évolue sur un intervalle de temps avec une dy-
namique (parmi un ensemble fini de dynamiques) puis avec une autre dynamique
sur l’intervalle de temps suivant.
L’étude de ce type de système durant ces dernières années a fournie plusieurs résul-
tats sur certains problèmes, tels que la comandabilité [Sun 02] [Sun 05] [Ji 07], l’ob-
servabilité [Bemporad 99] [Egerstedt 05] [Hespanha 05], la stabilité [Decarlo 00]
[Liberzon 03] [Hespanha 04], ainsi que le diagnostic [Wang 09] [Belkhiat 11] [Du 14].
ẋ (t)
= Aλ x (t) + Bλ u (t)
(Σλ ) : (1.3.1)
y (t)
= Cλ x (t) + Dλ u (t)
ẋ (t)
= Ai x (t) + Bi u (t)
(Σi ) : (1.3.2)
y (t)
= Ci x (t) + Di u (t)
18
1.3 Généralité sur les systèmes linéaires à commutations
Ces observateurs sont des algorithmes basés sur un modèle du système. Ils estiment
l’état du système en se basant sur les variables connues, à savoir ; la commande u
et la sortie mesurée y.
19
Chapitre 1 Notions introductives à la synthèse d’observateurs et au diagnostic
Perturbations
Système à commander
Actions Entrées Sorties mesurées
Processus Capteur
Identifications Surveillance
Observateur (défauts)
(paramètres)
Commande
L’observateur d’état a été introduit au début pour les systèmes linéaires [Luenberger 66]
[Kalman 60]. Dans ce cas, la convergence de l’observateur proposé est basée sur
un choix adéquat d’un gain L permettant de rendre la matrice A − LC stable. Le
calcul de ce gain est basé généralement sur une technique de placement de pôles
pour l’observateur de Luenberger ou en résolvant une équation de Ricatti pour
l’observateur de Kalman.
La synthèse d’observateur pour les SLC a été traitée par différents chercheurs.
La différence entre les approches existantes est liée généralement à la connais-
sance ou non de l’état discret et/ou de l’état continu. En effet, certaines approches
considèrent que l’un des deux états est inconnu et l’objectif principal repose sur
l’estimation de l’état inconnu en utilisant l’état et les autres variables connues. Par
exemple, l’estimation de l’état continu en supposant que l’état discret est connu (fi-
gure 1.3.2) a été étudiée par plusieurs chercheurs. Dans ce contexte, on peut citer
par exemple les travaux de Alessandri et al. dans [Alessandri 01, Alessandri 03]
dans lesquels une extension de l’observateur de Luenberger pour un SLC avec
20
1.3 Généralité sur les systèmes linéaires à commutations
un état discret connu a été faite. Dans le même cadre, Bejarano et al. ont pro-
posé dans [Bejarano 11b, Bejarano 11c], un observateur basé sur les techniques
des modes glissants pour estimer l’état d’un SLC avec des entrées inconnues et
état discret connu. Dans le même contexte, nous trouvons les travaux de Defoort
et al. [Defoort 12] dans lesquels, un observateur d’ordre réduit a été synthétisé.
L’observateur proposé permet l’estimation de l’état continu pour un SLC avec des
entrées inconnues. La classe étudiée de systèmes comprend des systèmes ayant des
modes dans lesquels l’état n’est pas entièrement observable.
y
u Système
Observateur continu:
Estimation de l’état continu x̂
D’autres travaux ont porté sur l’estimation de l’état discret en supposant que
l’état continu est connu (figure 1.3.3). Ce problème a été étudié par Orani et al
dans [Orani 11]. En effet, l’état continu a été supposé connu et un algorithme basé
sur les techniques des modes glissants a été proposé afin de reconstruire l’état
discret dans un système à commutations non linéaires incertains. Des méthodes
algébriques ont été utilisées dans [Fliess 08] afin de reconstruire en temps réel le
signal de commutations.
Lorsque l’état discret et l’état continu du système sont tous les deux non dis-
ponibles, le problème de l’estimation simultanée de ces deux états semble être
particulièrement difficile et la tâche devient plus compliquée. Ainsi, l’observateur
est généralement constitué de deux parties ; une pour reconstruire l’état discret et
une autre pour estimer l’état continu du SLC. Dans ce contexte, ce problème a été
étudié par plusieurs chercheurs et a été abordé avec deux approches. La première
(figure 1.3.4) consiste à estimer l’état continu dans un premier lieu et d’estimer
l’état discret dans un second lieu. Dans ce cadre, on trouve les travaux de Saa-
21
Chapitre 1 Notions introductives à la synthèse d’observateurs et au diagnostic
y
u Système
x
Observateur discret:
λ̂
Estimation de l’état discret
La deuxième approche traite l’estimation d’une manière inverse. En effet, une es-
timation de l’état discret se fait dans un premier temps afin de l’utiliser pour
estimer l’état continu dans un deuxième temps (figure 1.3.5). Balluchi a traité ce
problème dans [Balluchi 02]. Il a proposé un observateur hybride constitué d’une
part, d’un observateur discret qui identifie l’état discret du système et d’autre
part, d’un observateur continu qui converge d’une façon exponentielle afin d’esti-
mer l’état continu du système. Dans [Saadaoui 06b], Saadaoui et al. ont synthétisé
un observateur en mode glissant d’ordre deux permettant de reconstruire les états
continus et discrets dans un système à commutations. Dans [Saadaoui 06a], un
observateur basé sur les techniques des modes glissants est appliqué pour l’estima-
tion de l’état continu en présence d’incertitudes. Dans le même contexte, Bejarano
et al. ont synthétisé dans [Bejarano 09] [Bejarano 11a], un observateur basé sur
les techniques des modes glissants, permettant de reconstruire en un temps fini,
l’état discret dans un premier lieu et l’état continu dans un second lieu dans un
SLC. Une batterie d’observateurs et un algorithme de décision ont été synthéti-
sés dans [Hector 12] afin d’estimer simultanément, l’état continu et l’état discret
22
1.3 Généralité sur les systèmes linéaires à commutations
u . Système . y
. Observateur continu:
.
.
x̂
Estimation de l’état continu
Observateur discret:
λ̂
Estimation de l’état discret
dans un SLC. Dans [Van Gorp 14], une estimation simultanée de l’état discret,
de l’état continu et des entrées inconnues dans un SLC a été réalisée. L’identi-
fication de l’état discret a été effectuée dans un premier temps en utilisant un
observateur par modes glissants d’ordre deux associé à une logique de décision. Ce
même observateur permet également l’estimation de l’entrée inconnue en temps
fini. L’état continu est reconstruit par un second observateur hybride fondé sur
les techniques d’observation par modes glissants d’ordre supérieur, qui utilise les
informations partielles disponibles de l’état provenant de chaque mode de fonction-
nement. Dans le même contexte, Arichi et al. ont synthétisé dans [Arichi 14], un
observateur hybride constitué d’une partie discrète et d’une partie continue pour
estimer l’état discret et l’état continu du système. L’évolution de l’état discret du
système considéré est dirigée par un réseau de Petri.
Dans la section suivante, on présente un tour d’horizon sur la stabilité des SLC.
23
Chapitre 1 Notions introductives à la synthèse d’observateurs et au diagnostic
u . Système . y
. Observateur discret:
. λ̂
. Estimation de l’état discret
Observateur continu:
x̂
Estimation de l’état continu
L’objectif de cette section n’est pas de faire une étude approfondie de la stabilité
des SLC. Il s’agit simplement de sensibiliser le lecteur à certains outils qui seront
nécessaires pour appréhender quelques développements qui seront présentés dans
les prochains chapitres.
Plusieurs travaux ont été réalisés afin de mettre au point des concepts de base sur
la stabilité des SLC. Par exemple, on peut citer les travaux de Decarlo et al. dans
[Decarlo 00], dans lesquels des résultats concernant la stabilité et la stabilisation
d’un SLC autonome ont été établis. Dans cet article, les auteurs ont utilisé des
fonctions de Lyapunov afin d’assurer la stabilité de système. Des conditions de
stabilité ont été formulées sous la forme d’inégalités matricielles linéaires (LMI).
De plus, ils ont montré que le choix de la séquence de commutations influe sur la
stabilité.
D’autre part, la stabilité asymptotique des SLC autonomes impulsifs a été égale-
ment étudiée par plusieurs chercheurs dans les deux dernières décennies. Dans cette
optique, on peut mentionner les travaux réalisés dans [Chen 12], dans lesquels, des
24
1.3 Généralité sur les systèmes linéaires à commutations
conditions suffisantes pour la stabilité en temps fini de ce type de systèmes ont été
données. On peut citer également les travaux présentés dans [Zhang 05] et [Liu 07],
où les auteurs ont étudié le problème de stabilité des SLC impulsifs avec retard.
La majorité des travaux sur la stabilité des SLC sont basés sur la deuxième mé-
thode de Lyapunov [Lin 09]. Dans la suite de ce chapitre, on présente quelques
fonctions de Lyapunov les plus employées, à savoir, les fonctions de Lyapunov qua-
dratiques communes (Common Quadratic Lyapunov Function (CQLF)), les fonc-
tions de Lyapunov quadratiques multiples (Multiple Quadratic Lyapunov Function
(MQLF) et les fonctions de Lyapunov quadratiques à commutations (Switched
Quadratic Lyapunov Function (SQLF).
Il est bien connu que si tous les sous-systèmes linéaires d’un SLC partagent une
même fonction de Lyapunov quadratique connue sous le nom d’une CQLF, alors le
SLC est asymptotiquement stable pour tout signal de commutations [Dogruel 94].
Cela motive les chercheurs à la recherche de conditions d’existence des CQLF ainsi
que d’algorithmes permettant de les calculer.
D’autre part, les conditions d’existence d’une CQLF pour un SLC peuvent être
exprimées comme des inégalités matricielles linéaires (LMI) [Boyd 94]. La tâche qui
reste difficile étant la détermination des conditions algébriques (sur les matrices
d’états des sous-systèmes) pour l’existence d’une CQLF. Plusieurs travaux ont
été faits dans ce sens pour des cas particuliers. Par exemple, dans [Shorten 03],
Shorten et al. ont considéré un SLC d’ordre deux avec deux modes. Ils ont proposé
des conditions algébriques nécessaires et suffisantes pour l’existence d’une CQLF.
Dans [King 04], King et al. ont généralisé des conditions algébriques nécessaires et
suffisantes pour la non-existence d’une CQLF pour un SLC à deux modes d’ordre
trois.
Un résultat concerne la stabilité d’un SLC autonome en utilisant une CQLF, a été
établi dans [Boyd 94] . Ce résultat sera présenté dans le théorème suivant.
25
Chapitre 1 Notions introductives à la synthèse d’observateurs et au diagnostic
S’il existe une matrice P ∈ Rn×n symétrique définie positive P ∈ Rn×n vérifiant
alors la fonction V (x) = xT P x est une CQLF pour le système (1.3.3). Le système
(1.3.3) est alors asymptotiquement stable.
Une MQLF est une fonction de Lyapunov quadratique non classique, construite en
concaténant plusieurs fonctions de Lyapunov quadratiques. Chaque fonction est
décroissante dans sa région, mais la fonction globale peut être non décroissante
le long des trajectoires de l’état et peut contenir des discontinuités. De plus, elle
est continue et différentiable par morceaux. Ce type de fonctions peut être utilisé
pour assurer la stabilité d’un SLC. De plus, l’avantage de ces fonctions est qu’elles
sont moins conservatives par rapport aux CQLF.
Dans la littérature, on trouve plusieurs travaux qui utilisent des MQLF. Un ré-
sultat intuitif est présenté dans [Decarlo 00] dans lequel la MQLF décroit dans
chaque mode actif et sa valeur après chaque instant de commutations est toujours
inférieure à celle avant ces instants (figure 1.3.6 (a)).
D’autre part, il est possible de trouver des MQLF qui décroissent dans chaque
mode actif mais après chaque instant de commutations, elles peuvent prendre des
valeurs plus grandes que les valeurs avant la commutation [Branicky 98] (1.3.6 (b)).
Ces fonctions de Lyapunov sont discontinues à chaque instant de commutations.
Dans ce qui suit, on présente une définition d’une MLQF présenté par Peleties et
al. dans [Peleties 91].
26
1.3 Généralité sur les systèmes linéaires à commutations
(a) (b)
V (t ) V (t )
t1 t2 t3 t t1 t2 t3 t
Figure 1.3.6 – Fonction de Lyapunov Multiple : (a) Sa valeur croit après chaque
instant de commutations, (b) Sa valeur ne croit pas après chaque
instant de commutations
Définition 1.2. [Peleties 91] Considérons le SLC (1.3.3). La famille des fonctions
n o
Vi (x) = xT Pi x, i ∈ I représente une MQLF si elle satisfait les propriétés sui-
vantes :
En raison du conservatisme des CQLF, une attention particulière a été portée sur
une autre classe des fonctions de Lyapunov moins conservatrices appelées SQLF
[Daafouz 02] [Fang 04] [Lin 09].
Dans le cas où chaque sous-système du SLC est stable, la SQLF peut être définie
de la façon suivante :
27
Chapitre 1 Notions introductives à la synthèse d’observateurs et au diagnostic
N
X
ξi (t) Pi
i=1
1, si λ = i
avec ξi (t) = et pour tout i ∈ I, Pi est une matrice symétrique,
0, sinon
définie, positive et vérifie la stabilité asymptotique pour le ième sous-système.
Ce type de fonctions sera utilisé dans le deuxième et le quatrième chapitre afin
d’assurer la stabilité asymptotique de l’erreur d’estimation qui se représente par
un SLC autonome impulsif :
ẋ (t) = Aλ x (t) si λ(t+ ) = λ(t− )
(1.3.6)
x(t+ ) = G + x(t− ) si λ(t+ ) 6= λ(t− )
λ,λ
avec λ l’état discret du système et les matrices Gλ,λ+ représentent les matrices des
sauts de l’état x aux instants de commutations particuliers. Par exemple, si à un
instant tc , le système (1.3.6) commute du mode i vers le mode j, un saut apparait
−
dans l’état x, défini par x (t+c ) = Gi,j x (tc ).
Théorème 1.2. [Xie 06] Considérons le SLC (1.3.6). Les propriétés suivantes
sont équivalentes :
(a) Il existe une SQLF définie par (1.3.5) assurant la stabilité asymptotique du
système (1.3.6) ;
(b) Il existe des matrices symétriques, définies positives P1 , · · · , PN satisfaisant
les conditions suivantes :
Pi GTi,j Pj
≥ 0 i, j ∈ I; (1.3.8)
Pj Gi,j Pj
28
1.4 Problématiques et objectifs du diagnostic des systèmes dynamiques
Une analyse des études réalisées dans le cadre des SLC prouve que si les travaux
effectuée dans le contexte de l’observabilité, de l’estimation et de la stabilité des
SLC ont abouti à une maturité importante, le diagnostic des SLC mérite d’être
encore approfondi.
Afin de présenter le contexte général dans lequel s’inscrit l’approche proposée dans
cette thèse, on passera en revue dans la section suivante quelques concepts fonda-
mentaux de diagnostic à base de modèle des systèmes dynamiques et particulière-
ment des SLC. Un état de l’art autour de l’estimation et le diagnostic des défauts
dans les SLC sera présenté. Ceci nous permet de mettre en évidence les avantages
et les limitations des méthodes développées, et de définir les orientations de nos
travaux de thèse.
29
Chapitre 1 Notions introductives à la synthèse d’observateurs et au diagnostic
restreint dans le passé à des domaines à haut niveau de risque, comme l’aéronau-
tique, l’astronautique ou les centrales nucléaires, le diagnostic tend à être présent
dans tous les domaines autant pour des problèmes de sécurité que de fiabilité et
de coût.
Généralement, les techniques de diagnostic sont divisées en deux classes diffé-
rentes. La première étant la classe des méthodes sans modèle de référence. Dans ce
cas, l’état du système est déterminé par l’analyse des données. On peut citer par
exemple les travaux de Zhang et al. [Zhang 02] dans lesquels, des algorithmes d’ap-
prentissage basés sur les réseaux de neurones ont été utilisés. D’autres méthodes
de diagnostic sans modèle ont été employées dans [Akhenak 08] en se basant sur
une identification basée sur un filtre de Kalman.
La deuxième classe des méthodes de diagnostic est la classe des méthodes à base
de modèle. Ces méthodes exploitent un modèle mathématique afin de voir si le
fonctionnement du système est normal ou anormal. Elles se basent sur les redon-
dances qui existent entre les différentes variables mesurées en terme de relation
statique ou dynamique. En d’autres termes, le diagnostic à base de modèle s’ap-
puie sur le test de cohérence permettant de voir s’il y a des contradictions entre les
observations et les prédictions effectuées par un modèle de référence. Ceci permet
de vérifier la présence des défauts (détection) et de leur localisation [Fourlas 02]
[Bhowal 07] [Chafouk 17]. Dans le cadre de notre thèse, on s’intéresse seulement
aux méthodes de diagnostic à base de modèle.
Avant de passer en revue ces méthodes, on présente dans la section suivante une
classification de différents types de défauts.
30
1.4 Problématiques et objectifs du diagnostic des systèmes dynamiques
31
Chapitre 1 Notions introductives à la synthèse d’observateurs et au diagnostic
Dans le cadre des système continus, les méthodes de diagnostic à base de modèle
reposent sur l’étude des signaux indicateurs appelés résidus [De Flaugergues 09].
Ces derniers sont des signaux portant de l’information, basés sur l’écart entre les
mesures et les calculs basés sur le modèle. Dans la figure 1.4.2 on présente une
illustration du principe d’un système générateur de résidus.
()
u t y (t )
Actionneurs Système Capteurs
Générateurs
Commandes de résidus Mesures
Résidus
32
1.4 Problématiques et objectifs du diagnostic des systèmes dynamiques
Dans le cas des systèmes à événements discrets, un modèle représenté par une ma-
chine à état fini est utilisé afin d’effectuer la tâche de diagnostic. Ainsi, le système
est considéré comme un générateur d’événements. Le test de cohérence dans ce
type de systèmes consiste à vérifier s’il y a des contradictions entre les événements
prévus par le modèle et les événements observés [Sampath 95] [Sampath 96]. La
présence des défauts est déduite à partir d’une contradiction entre les deux types
d’événements.
Dans le cadre des SLC, différents travaux de diagnostic à base de modèle ont été
effectués durant ces deux dernières décennies. La majorité de ces travaux sont des
extensions des méthodes issues des systèmes continus. Pour cela, avant de passer
en revue les travaux de diagnostic à base de modèle des SLC, on aborde dans la
suite de cette section, les problèmes de diagnostic à base de modèle des systèmes
continus.
33
Chapitre 1 Notions introductives à la synthèse d’observateurs et au diagnostic
Défaut
Système réel
Modèle nominal
Génération de résidus
Prise de décision
Défaut
Un bloc d’évaluation des résidus pour effectuer des tests sur les résidus, est mis en
place, afin de décider si un défaut apparait ou non.
Les résidus sont obtenus en utilisant un algorithme appelé générateur de résidus.
Dans la littérature, la conception de cet algorithme est connue par le problème
fondamental de génération de résidus. La conception de ce générateur de résidus
peut être effectuée en utilisant trois approches.
34
1.4 Problématiques et objectifs du diagnostic des systèmes dynamiques
35
Chapitre 1 Notions introductives à la synthèse d’observateurs et au diagnostic
Ils sont théoriquement nuls dans le cas sans défauts (dans la pratique, ils sont
inférieurs à un seuil prédéfini). Lorsque un défaut apparait, ces résidus prennent
des valeurs considérables à partir desquelles nous concluons la présence d’un dé-
faut. Les observateurs ont été adaptés à des fins de diagnostic. Ainsi, on trouve
dans la littérature différents travaux basés sur ces approches. A titre d’exemple,
Chafouk et al. ont abordé dans [Chafouk 15], le problème de détection et d’isole-
ment des défauts capteurs, dans un générateur d’induction à double alimentation
piloté par une éolienne. Un observateur à entrées inconnues utilisant des modèles
Takagi-Sugeno a été utilisé pour l’estimation de l’état et la détection et l’isolation
des défauts capteurs. Dans le même contexte, nous trouvons également les travaux
de [Zhou 06] [Odgaard 10], où des observateurs à entrées inconnues ont été syn-
thétisés pour la détection des défauts. Ces observateurs doivent être robustes par
rapport aux incertitudes.
Après la génération des résidus, l’étape suivante consiste à surveiller les caracté-
ristiques de chacun d’entre eux. Lorsqu’une des caractéristiques du résidu change,
des méthodes de décision peuvent conclure à l’apparition d’un défaut. Cette étape
représente l’étape de détection de défauts et sera présentée dans le paragraphe
suivant.
a- La détection de défauts
L’étape de détection qui s’exerce lors de chaque procédure de diagnostic, n’est
pas une tâche triviale car les résidus ne sont pas des grandeurs déterministes,
mais plutôt des variables aléatoires dues aux bruits de mesures et aux erreurs de
modélisation. Il convient donc de donner un sens mathématique à ce problème de
décision en le formulant dans un cadre statistique.
Des méthodes de décision utilisant des tests d’hypothèses statistiques ou des mé-
thodes d’évaluation basées sur la norme du résidu ont été employées dans la litté-
rature [Ding 08] afin de détecter les défauts avec la plus grande précision possible.
Elles sont généralement considérées en tenant compte des erreurs de modélisation,
des bruits de mesures, des imprécisions de modélisation,...etc. Ces méthodes as-
surent le bon fonctionnement du système en surveillant l’apparition des défauts.
Lorsqu’un défaut se produit, le fonctionnement réel du système n’est plus cohérent
avec le modèle de fonctionnement sain, ainsi une alarme se déclenche indiquant la
36
1.4 Problématiques et objectifs du diagnostic des systèmes dynamiques
37
Chapitre 1 Notions introductives à la synthèse d’observateurs et au diagnostic
La construction des résidus structurés se fait de telle sorte que chacun d’entre
eux soit affecté par un sous ensemble de défauts et insensible au reste de défauts.
De plus, pour un défaut donné, une seule partie des résidus réagit en présen-
tant une valeur différente de zéro permettant d’alerter la présence d’un défaut
[Venkatasubramanian 03].
Deux étapes sont nécessaires pour la conception de ces résidus. La première consiste
à définir les sensibilités (ou robustesses) désirées des résidus liés aux défauts à dé-
tecter (ou à ne pas détecter). La deuxième étape consiste à concevoir le générateur
de résidus approprié. Une table binaire, appelée table des signatures théoriques,
contenant les différentes informations de sensibilité et de robustesse souhaitées
pour les résidus, est construite. Chaque ligne i de cette table correspond au ième
résidu et définie un mot binaire Sri .
38
1.4 Problématiques et objectifs du diagnostic des systèmes dynamiques
fois qu’un défaut apparait, au moins un des résidus générés est sensible à ce dé-
faut. Ainsi, la signature réelle devient différente de zéro. Une comparaison entre
les signatures de la table des signatures théoriques et la signature réelle fait l’objet
de la procédure de la localisation.
Les résidus directionnels représentent une alternative aux résidus structurés. Ils
sont construits de telle sorte que lorsqu’un défaut se présente, le vecteur des résidus
se dirige vers une direction dans l’espace des résidus (figure 1.4.4) [Campos-Delgado 11].
!
v2 !
! v3
v1 !
r1
→
−
r (t/fi ) = αi (t) →
−
v i, i = 1, · · · , l
où →−
v i étant un vecteur constant appelé signature directionnelle du défaut i dans
l’espace des résidus et αi représente un scalaire qui dépend des caractéristiques du
défaut.
Un défaut peut être localisé en se basant sur ce vecteur de résidus. En effet, la
localisation de défaut se fait par la détermination de la signature directionnelle
théorique la plus proche de la signature directionnelle calculée. Par exemple, dans
la figure 1.4.4, le vecteur →
−
r 1 représente une signature réelle du résidu à un instant
donné. On remarque que ce résidu est plus proche de la signature directionnelle
théorique du défaut 3. Alors, à cet instant, le défaut 3 est probablement présent.
39
Chapitre 1 Notions introductives à la synthèse d’observateurs et au diagnostic
Dans un SLC, les défauts peuvent apparaitre dans la partie continue et/ou la partie
discrète. Ils peuvent survenir sur l’état discret avec un blocage au niveau du mode
actif ou avec une commutation non attendue. D’autre part, les défauts peuvent
agir sur l’état continu du système. Ainsi, afin d’assurer le bon fonctionnement de
ce type de systèmes, la conception des outils de diagnostic pour les SLC est de-
venu un challenge théorique. Dans ce cadre, à notre connaissance, la majorité des
travaux autour du diagnostic consiste en des extensions des méthodes issues des
systèmes continus. Ainsi, on peut distinguer deux situations possibles dépendent
de la disponibilité ou non de l’état discret du SLC à chaque instant. Lorsque l’état
discret est disponible, la tâche de diagnostic ne nécessite pas la détermination de
l’état discret. Dans le cas contraire, la tâche devient plus difficile et la procédure de
diagnostic d’un SLC commence par la mise en œuvre des techniques permettant
d’identifier l’état discret afin de connaître le sous système linéaire actif à diag-
nostiquer. Cette problématique a été traitée dans plusieurs travaux de recherche
[Alessandri 03] [Domlan 07] où des méthodes de diagnostic à base de modèle sont
utilisées.
Dans ce qui suit, on passe en revue quelques méthodes de diagnostic des SLC, en
respectant une classification selon, les méthodes de diagnostic des SLC avec état
discret connu ainsi que celles avec état discret inconnu.
Dans le cadre de diagnostic à base de modèle des SLC avec état discret connu,
différents travaux ont été développés. Par exemple, dans [Iftikhar 12], Iftikhar et
al. se sont basés sur des fonctions de Lyapunov multiples afin de synthétiser un
filtre robuste de détection pour un SLC en temps discret. Dans leurs travaux, les
auteurs ont appliqué des contraintes de temps de séjour moyen sur la séquence
de commutations supposée connue afin d’assurer la stabilité du système. D’autre
part, afin de minimiser l’effet d’entrées inconnues et maximiser l’effet de défauts
sur le signal résiduel, une méthode de découplage a été utilisée. Dans le même
contexte, Du et al. ont étudié dans [Du 12] le problème de la conception de filtre
de détection de défauts pour les SLC en temps continu. En effet, la synthèse d’un
40
1.4 Problématiques et objectifs du diagnostic des systèmes dynamiques
tel filtre est faite de telle sorte que l’erreur d’estimation entre le résidu et le défaut
soit minimisée au sens de la norme H∞ . De plus, les auteurs ont utilisé une fonction
de Lyapunov par morceaux afin de formuler des conditions suffisantes en termes
d’inégalités matricielles linéaires (LMI) pour l’existence d’un tel filtre.
Par ailleurs, d’autres chercheurs ont opté pour des méthodes de diagnostic à base
d’observateurs. A titre d’exemple, dans [Abdo 10], le problème de détection des
défauts pour des SLC en temps continu avec des entrées inconnues et état discret
connu a été abordé. Dans ces travaux, les auteurs ont synthétisé un observateur
basé sur un générateur de résidus et robuste par rapport aux entrées inconnues afin
de détecter les défauts. Dans le même contexte, VanGorp et al. [Van Gorp 15] ont
considéré le problème de détection des défauts qui se produisent sur la partie conti-
nue du système pour un SLC en temps continu non observable au sens classique.
Un signal résiduel basé sur des observateurs en modes glissants a été introduit sans
utiliser une transformation de découplage, afin de détecter ces défauts. Des études
sur le convertisseur multicellulaire en cascade et sur le convertisseur amplificateur
ont été effectuées pour détecter un défaut correspondant au vieillissement d’un
condensateur. VanGorp et al. ont proposé dans [Van Gorp 13] une méthode de
diagnostic pour des systèmes à commutations pouvant ne pas satisfaire aux condi-
tions de diagnostic classiques. Dans [Abdo 13], une nouvelle approche d’évaluation
du signal résiduel a été proposée afin de synthétiser un système de détection de
défauts pour les SLC en temps discret. Les informations disponibles pour chaque
sous-modèle local sont utilisées afin d’intégrer les signaux résiduels dans le système
de détection de défauts. Dans cet article, la convergence de l’erreur d’estimation a
été garantie en utilisant des fonctions de Lyapunov à commutations. Ainsi, les pro-
blèmes d’optimisation ont été formulés sous la forme de LMI. Ces inégalités ont été
formulées également dans [Farhat 16] pour la détection de défauts et l’estimation
d’état des SLC en temps discret.
Différents travaux de diagnostic à base de modèle des SLC avec état discret inconnu
ont été faits durant ces deux dernières décennies. Dans ce cas, le diagnostic d’un
tel système commence par la mise en œuvre de méthodes permettant de connaitre
41
Chapitre 1 Notions introductives à la synthèse d’observateurs et au diagnostic
à tout instant, le modèle de fonctionnement actif. Ceci permet d’avoir une connais-
sance supplémentaire quant à l’évolution du système et de permettre un meilleur
suivi de ce dernier. Différentes publications ont porté sur ce problème délicat. A
titre d’exemple, Pissano et al. ont synthétisé dans [Pisano 12] un observateur basé
sur les modes glissants, permettant d’estimer l’état discret et de détecter les défauts
dans un SLC incertain en temps continu. Dans le même contexte, une attention
particulière a été portée également aux SLC avec des entrées inconnues. En effet,
dans [Belkhiat 11], Belkhiat et al. se sont basés sur une approche H∞ afin de syn-
thétiser un observateur robuste permettant de détecter les défauts dans un SLC
en temps continu avec entrées inconnues et état discret inconnu. Ces auteurs ont
développé également dans [Belkhiat 12], un observateur hybride pour la détection
et l’isolation de défauts dans un SLC en temps continu. L’observateur proposé,
utilise trois blocs en interaction. Un bloc génère les signatures de modes, un autre
pour la génération des signatures des défauts et un dernier pour le diagnostic des
évènements discrets observés. Des conditions LMI sont formulées afin de garantir
la robustesse et la convergence des observateurs. Dans [Balluchi 02], une extension
des méthodes basées sur des observateurs hybrides et sur la génération des rési-
dus, a été effectuée afin de détecter les défauts. La majorité de ces travaux à base
d’observateurs hybrides reposent sur le principe de génération des résidus issus de
la substitution des données estimées par les observations réelles.
D’autre part, une attention particulière a été portée sur l’extension des techniques
de détection et de localisation des défauts à base de modèle quantitatifs appliquées
aux systèmes continus. En effet, dans [Cocquempot 04], une extension d’une ap-
proche basée sur l’espace de parité a été proposée pour un SLC afin de détecter
les instants de commutations, d’estimer le mode actif du système et de détecter
les défauts.
Dans le cadre des SLC, les problèmes d’estimation des défauts sont généralement
des extensions des méthodes issues des systèmes continus. A titre d’exemple, Du et
al. ont conçu dans [Du 16], un algorithme d’estimation de défauts, en se basant sur
42
1.5 Conclusion
Par ailleurs, le problème d’estimation des défauts dans les SLC en temps continu
avec retard a été également étudié. Dans ce contexte, Du et al. ont développé
dans [Du 10] un algorithme adaptatif permettant d’estimer les défauts constants
ou variables dans le temps. D’autre part, l’identification et la compensation du
défaut capteur ont été étudiées dans [Yahia 16] pour un SLC en temps discret. En
effet, pour estimer le défaut, Yahia et al. ont employé une méthode de projection
des données. Celle-ci a l’avantage de la détection des défauts sans connaitre le
modèle mathématique. Cette approche consiste à projeter les matrices de sorties
sur l’orthogonal des matrices d’entrées afin d’estimer le défaut.
1.5 Conclusion
Dans ce chapitre, une présentation générale des SDH a été effectuée. Nous nous
sommes particulièrement intéressés à une classe particulière de ce type de systèmes,
à savoir ; la classe des systèmes à commutations.
En tenant compte des objectifs de cette thèse, on s’est concentré sur les SLC et
les problématiques qu’y sont liées. Ainsi, dans un premier temps, on a commencé
43
Chapitre 1 Notions introductives à la synthèse d’observateurs et au diagnostic
par la description des SLC en donnant les définitions de base, suivi par une mo-
délisation. Par la suite, on a présenté des notions liées aux problèmes d’estimation
dans les SLC. Dans ce contexte, on a présenté dans un premier lieu, les objectifs
d’estimation. Dans un second lieu, on a passé en revue les travaux réalisés autour
de l’estimation dans les SLC.
Comme la fiabilité et la performance de l’estimation de l’état sont en relation
directe avec l’analyse de la stabilité, on a présenté alors ce problème dans la suite
de ce chapitre. Ainsi, les études évoquées dans ce contexte s’articulent autour du
principe de la deuxième méthode de Lyapunov. Dans ce cadre, on a présenté trois
fonctions de Lyapunov les plus utilisées dans la stabilité à savoirs, les fonctions
de Lyapunov quadratiques communes, les fonctions de Lyapunov quadratiques
multiples et les fonction de Lyapunov quadratiques à commutations.
Dans la dernière partie de ce chapitre, on s’est concentré sur les problèmes de
diagnostic dans les systèmes dynamiques et particulièrement dans les SLC. Dans
un premier temps, on a effectué une classification de différents types de défauts. Par
la suite, on a passé en revue quelques approches de diagnostic à base de modèle des
systèmes continus. Ensuite, une présentation de quelques méthodes de diagnostic
à base de modèle des SLC a été effectuée. Dans cette présentation, on a respecté
une classification des méthodes utilisées selon : les méthodes de diagnostic à base
de modèle des SLC avec état discret connu et les méthodes de diagnostic à base
de modèle des SLC avec état discret inconnu.
Grâce à l’état de l’art effectué autour de l’estimation et du diagnostic dans les
SLC, on a remarqué que la majorité des travaux effectués autour du diagnostic
de défauts dans les SLC est basée sur les notions de détection et de localisation
de défauts. Toutefois, en raison des bruits et des incertitudes de modélisation, un
défaut de faible amplitude peut être masqué, et la détection et la localisation par
les méthodes classiques deviennent inopérantes. De plus, les défauts intermittents
et graduels sont deux classes de défauts qui ne sont pas facilement détectés par les
méthodes standards. Cependant, dans certaines applications, un défaut doit être
détecté afin d’assurer un bon fonctionnement du processus.
L’estimation de défauts est une autre alternative qui représente une extension de
la détection et de la localisation. En effet, en plus de ces deux derniers, l’estima-
44
1.5 Conclusion
45
Chapitre 2
2.1 Introduction
La synthèse d’observateurs d’état pour les SLC dans la plupart de ses travaux
est effectuée en considérant un état discret connu, ce qui simplifie la synthèse de
l’observateur [Alessandri 01, Bejarano 11b, Bejarano 11c]. L’extension de l’obser-
vateur de Luenberger pour les SLC en temps continu et en temps discret a été
d’abord introduite dans [Alessandri 01]. Dans ces travaux, une approche LMI per-
mettant d’introduire une fonction coût de l’erreur d’estimation a été introduite
afin de synthétiser l’observateur d’une façon optimale.
D’autres chercheurs se sont basés sur les techniques des modes glissants afin de
synthétiser un observateur d’état pour estimer l’état continu dans un SLC avec des
entrées inconnues [Bejarano 11c]. L’observateur proposé assure une convergence en
un temps fini.
Dans le cas d’un système présentant des défauts, le problème de synthèse d’obser-
vateur pour l’estimation simultanée de l’état continu et des défauts a été également
traité par les chercheurs. Dans ce contexte, les premiers travaux ont été réalisés
pour des systèmes continus et datent des années quatre-vingt [Fukui 86][Walcott 88].
47
Chapitre 2 Synthèse d’un observateur hybride : État discret du système connu
Dans le cadre des SLC, la majorité des travaux sont des extensions des méthodes
issues des systèmes continus. Par exemple, un observateur adaptatif largement uti-
lisé pour les systèmes continus, a été étendu dans [Du 10] afin de synthétiser un
algorithme d’estimation adaptative pour estimer simultanément l’état continu et
les défauts dans un SLC en temps continu avec retard. Dans ces travaux, la mé-
thode proposée permet d’estimer les informations liées aux deux types de défauts
à savoir ; défaut constant et défaut variable dans le temps.
Toutefois, les défauts ou les perturbations peuvent être considérés comme des en-
trées inconnues. Dans ce contexte, différents chercheurs ont opté pour l’estimation
simultanée de l’état et des entrées inconnues en utilisant différentes méthodes. A
titre d’exemple, Bejarano et al. [Bejarano 11b] ont synthétisé deux observateurs de
Luenberger pour estimer l’état continu et l’entrée inconnue dans un SLC en temps
continu. Le premier observateur a été synthétisé pour le cas où les matrices des en-
trées inconnues sont linéairement dépendantes. Cette hypothèse permet d’estimer
l’état continu par l’observateur, pour une séquence de commutations arbitraire.
Par ailleurs, le deuxième observateur a été synthétisé pour des matrices des en-
trées inconnues arbitraires. Dans ce cas, la séquence de commutations doit vérifier
un certain temps de séjour minimum.
Dans ce chapitre, en supposant que l’état discret est connu, nous considérons le
problème d’estimation simultanée de l’état continu et des défauts dans un SLC
avec défauts et bruit de mesure. Une méthode de transformation de coordonnées
utilisée pour les systèmes linéaires dans [Park 04] sera étendue dans nos travaux,
afin de réaliser une projection de l’état continu dans une autre base et découpler
un sous-ensemble de l’état du système des défauts. Par la suite, deux observateurs
d’état et un estimateur de défauts vont être synthétisés.
48
2.2 Présentation de la problématique et des hypothèses
D’une façon générale, l’occurrence d’un défaut dans un SLC peut affecter la partie
continue ou la partie discrète. Dans ce chapitre, nous nous intéressons seulement
à l’estimation des défauts affectant la partie continue, et plus particulièrement, les
défauts actionneurs. Nous considérons alors, tout au long de ce chapitre, le SLC
(1.3.1) en temps continu avec défauts actionneurs et bruits de mesure, défini par
le système suivant :
ẋ (t) = Aλ x (t) + Bλ u (t) + Fλ f (t)
Σλ : (2.2.1)
y (t) = Cλ x (t) + η (t)
ẋ (t) = Ai x (t) + Bi u (t) + Fi f (t)
Σi : (2.2.2)
y (t) = Ci x (t) + η (t)
Un modèle formel d’un automate hybride pour le SLC (2.2.1) peut être donné par :
49
Chapitre 2 Synthèse d’un observateur hybride : État discret du système connu
avec Q = I est un ensemble fini de modes. Chacun d’entre eux est représenté
par un sous-système Σi donné par (2.2.2). L’espace d’état continu est représenté
par l’ensemble X = Rn . La fonction h (λ, x) représente l’évolution du SLC, elle
est donnée par les deux équations du système (2.2.1). Quant à l’état initial du
système, il est représenté par un état hybride {q0 } × {x0 ∈ Rn }. Le domaine in-
variant Inv (q), l’ensemble de transitions discrètes E et l’ensemble des conditions
de garde G dépendent de l’état discret λ qui varie selon une loi de commutations
dépendante du temps.
Hypothèses
Pour tout i ∈ I
Les hypothèses H.2.2, H.2.3 et H.2.4 sont nécessaires au découplage d’un sous en-
semble de l’état du système des défauts. Ceci permet de réaliser une projection de
l’état dans une autre base. Cette opération est connue généralement par la trans-
formation de coordonnées. L’hypothèse H.2.5 représente une condition classique
d’observabilité pour chaque sous système. La vérification de cette condition pour
chaque sous système est nécessaire pour la synthèse d’observateur.
50
2.3 Observation d’un système linéaire à commutations
2.3.1.1 Cas où les matrices des défauts sont identiques pour tous les modes
Afin de faciliter la synthèse de l’observateur, nous avons opté dans cette étude
pour un découplage des défauts. Par conséquent, une projection de l’état x dans
une autre base est réalisée en se basant sur l’hypothèse H.2.3. En effet, à partir
de cette dernière, nous pouvons trouver une matrice arbitraire N ∈ Rn×(n−l) telle
h i
que la matrice T = N F ∈ Rn×n soit non singulière. Ainsi, nous pouvons
transformer l’état continu x dans une autre base qui nous permettra de déduire
un nouvel état transformé x̄ défini par :
h iT
x̄ = T −1 x = x̄1 x̄2 (2.3.1)
˙
x̄(t) = Āλ x̄(t) + B̄λ u(t) + F̄ f (t)
(2.3.2)
y(t) = C̄λ x̄(t)
51
Chapitre 2 Synthèse d’un observateur hybride : État discret du système connu
x̄˙ 1 (t) = Ā11 12 1
λ x̄1 (t) + Āλ x̄2 (t) + B̄λ u(t)
x̄˙ (t) = Ā21 x̄ (t) + Ā22 x̄ (t) + B̄ 2 u(t) + f (t)
(2.3.3)
2 λ 1 λ 2 λ
Contrairement à la dynamique de x̄2 , celle de x̄1 est indépendante des défauts. Par
conséquent, afin de synthétiser l’observateur hybride permettant d’estimer dans un
premier temps x̄1 et de déduire dans un second temps l’état x du système initial
(2.2.1), nous nous intéressons à partir de maintenant à la dynamique de x̄1 que
nous pouvons exprimer par :
x̄˙ 1 (t) = Ā11 x̄ (t) + Ā12
λ x̄ (t) + B̄λ1 u(t)
hλ 1 i2
y (t) = C N C F x̄ (t)
(2.3.4)
λ λ
52
2.3 Observation d’un système linéaire à commutations
U 1 Ci F Ui1 Qi Il 0
(Ui )−1 Ui = i2 = (2.3.5)
Ui Ci F Ui2 Qi 0 Ip−l
Uλ1 y(t) = Uλ1 Cλ N x̄1 (t) + x̄2 (t)
U 2 y(t) = U 2 C N x̄ (t)
(2.3.6)
λ λ λ 1
Le système (2.3.6) nous permet d’exprimer x̄2 en fonction de x̄1 sous la forme :
Ainsi, en utilisant les systèmes (2.3.4) et (2.3.7), nous déduisons un système trans-
formé réduit indépendant des défauts donné par :
x̄˙ 1 (t) = Ãλ x̄1 (t) + B̃λ u(t) + Ẽλ y(t)
(2.3.8)
ȳ(t) = C̃λ x̄1 (t)
53
Chapitre 2 Synthèse d’un observateur hybride : État discret du système connu
sous état réel x̄1 définie dans l’équation (2.3.10) présentée ci-dessous converge
asymptotiquement vers zéro. Cette convergence asymptotique permet à son tour,
une convergence asymptotique de l’état estimé x̂ vers l’état réel x du système
(2.2.1).
S’il existe pour tout i ∈ I, une matrice Hi ∈ R(n−l)×(p−l) , une matrice symétrique,
définie et positive Pi ∈ R(n−l)×(n−l) et un scalaire 0 ≤ µi ≤ 1 tel que :
54
2.3 Observation d’un système linéaire à commutations
Pj − µ i P i ≤ 0 (2.3.13)
T
V̇i (ε1 ) = εT1 Aobs
i Pi + Pi Aobs
i ε1 (2.3.16)
h i
V̇i (ε1 ) = εT1 ÃTi Pi + Pi Ãi − Pi Li C̃i − C̃iT LTi Pi ε1 (2.3.17)
h i
V̇i (ε1 ) = εT1 ÃTi Pi + Pi Ãi − HiT C − C̃iT Hi ε1 (2.3.18)
55
Chapitre 2 Synthèse d’un observateur hybride : État discret du système connu
T T T
x̄ˆ1 (tc ) − x̄1 (tc ) Pj x̄ˆ1 (tc ) − x̄1 (tc ) ≤ µi x̄ˆ1 (tc ) − x̄1 (tc ) Pi x̄ˆ1 (tc ) − x̄1 (tc )
(2.3.19)
D’autre part, en se basant sur l’équation (2.3.7), lorsque l’état x̄ˆ1 converge asymp-
totiquement vers l’état x̄1 , l’état x̄ˆ2 converge également vers l’état x̄2 . Par consé-
quent, à partir de l’équation (2.3.1), nous pouvons conclure que l’état estimé x̂
converge asymptotiquement vers l’état réel x du système (2.2.1).
2.3.1.2 Cas où les matrices des défauts sont différentes pour tous les modes
56
2.3 Observation d’un système linéaire à commutations
h iT
x̄ = Tλ−1 x = x̄1 x̄2 (2.3.20)
˙
x̄(t) = Āλ x̄(t) + B̄λ u(t) + F̄λ f (t)
y(t) = C̄λ x̄(t) (2.3.21)
x̄(t+ ) = T −1+ T − x̄(t− )
c λ(t ) λ(tc )
c
c
Les différentes matrices Āλ , B̄λ , C̄λ et F̄λ du système (2.3.21) sont données dans
le paragraphe précédent (il faut remplacer N , T et F par Nλ , Tλ et Fλ ). x̄(t− c )
+
et x̄(tc ) désignant respectivement le vecteur d’état du système transformé avant
et après l’instant de commutation tc . D’autre part, Tλ(t−c ) et Tλ(t+c ) représentent
respectivement la matrice de transformation du mode actif avant et après l’instant
de commutation tc (i.e. si i et j sont respectivement le mode actif avant et après
l’instant de commutation tc , alors Tλ(t−c ) = Ti et Tλ(t+c ) = Tj ).
La troisième partie du système (2.3.21) est introduite afin de mettre à jour l’état du
système transformé à chaque instant de commutation. En effet, en utilisant l’équa-
−1
tion (2.3.1), après un instant de commutation tc , nous avons x̄(t+ c ) = Tλ(t+ x(t+
c ).
c )
De plus, l’état x du système initial (2.2.1) est continu même à chaque instant
−
de commutation et donc, nous avons x(t+ c ) = x(tc ) = Tλ(t−c )
x̄(t−
c ). Ainsi, nous
obtenons la troisième partie du système (2.3.21).
57
Chapitre 2 Synthèse d’un observateur hybride : État discret du système connu
x (t ) x (t ) ( ) ( )
x tc+ ≠ x tc−
( ) ( )
x tc+ = x tc−
Saut
t t
Transformation
tc de coordonnées tc
x̄˙ 1 (t) = Ãλ x̄1 (t) + B̃λ u(t) + Ẽλ y(t)
ȳ(t) = C̃λ x̄1 (t) (2.3.22)
−
x̄1 (t+
c ) = Sλ,λ+ x̄(tc )
2
(n − l) × (n − l) et Sλ,λ + d’ordre (n − l) × l.
L’observateur proposé dans le cas où les matrices de défauts sont identiques estime
l’état continu du système sans tenir compte de ce qui se déroule à chaque instant
de commutation.
58
2.3 Observation d’un système linéaire à commutations
avec Aobs λ = Ãλ − Lλ C̃λ , Bλobs = B̃λ , Cλobs = (Lλ Uλ2 + Ẽλ ) et x̄ˆ1 (t) représente
l’estimation de x̄1 . Ainsi, x̄1 (t+
c ) est l’estimation de l’état du système transformé
réduit (2.3.22) après l’instant de commutation tc et x̄ˆ(t− c ) correspond à l’estima-
tion de l’état x̄ du système transformé (2.3.21) avant l’instant de commutation tc
−1
(x̄ˆ(t− −
c ) = Tλ(t− ) x̂(tc ) ).
c
ε̇1 (t) = Aobs
λ ε1 (t)
(2.3.25)
ε (t ) = G + ε (t− )
+
1 c λ,λ 1 c
1 2 1
avec Gλ,λ+ = Sλ,λ + − Sλ,λ+ Uλ Cλ Nλ .
59
Chapitre 2 Synthèse d’un observateur hybride : État discret du système connu
ε1 (t+ ˆ + +
c ) = x̄1 (tc ) − x̄1 (tc )
h i x̄ˆ (t− ) x̄ (t− )
1 c − 1 c
ε1 (t+ ˆ − −
c ) = Sλ,λ+ x̄(tc ) − x̄(tc ) =
1
Sλ,λ +
2
Sλ,λ +
x̄ˆ2 (t−
c ) x̄2 (t−
c )
ε1 (t+ 1 ˆ − − 2 ˆ − −
c ) = Sλ,λ+ x̄1 (tc ) − x̄1 (tc ) + Sλ,λ+ x̄2 (tc ) − x̄2 (tc ) (2.3.26)
x̄2 (t− 1 1 −
c ) = Uλ y(t) − Uλ Cλ Nλ x̄1 (tc )
ˆ2 (t−
x̄ 1 1 ˆ −
c ) = Uλ y(t) − Uλ Cλ Nλ x̄1 (tc )
Ainsi, en introduisant ces deux expressions dans l’équation (2.3.26), nous obtenons
la deuxième partie du système (2.3.25).
60
2.3 Observation d’un système linéaire à commutations
P GTi,j Pj
i ≥0 (2.3.28)
∗ Pj
Alors, l’observateur (2.3.23) synthétisé avec les gains matriciels Li = Pi−1 HiT ,
assure la convergence asymptotique de l’erreur d’estimation (2.3.24), ainsi que
celle de l’état estimé x̂ vers l’état réel x.
D’autre part, afin de faire face aux sauts qui se produisent à chaque instant de
commutation et afin d’assurer la décroissance de la SQLF, nous devons vérifier la
condition suivante [Xie 06] :
εT1 (t) GTi,j Pj Gi,j − Pi ε1 (t) ≤ 0
GTi,j Pj Gi,j − Pi ≤ 0
61
Chapitre 2 Synthèse d’un observateur hybride : État discret du système connu
Supposons que l’état estimé x̄ˆ1 (t) converge asymptotiquement vers l’état x̄1 avec
des gains matriciels Li (i ∈ I) calculés à partir du théorème 2.1 (respectivement
du théorème 2.2).
avec
62
2.3 Observation d’un système linéaire à commutations
En utilisant le système (2.3.3) et l’équation (2.3.7), lorsque l’état estimé x̄ˆ1 (t)
converge asymptotiquement vers l’état x̄1 , nous obtenons les équations suivantes :
fˆ = x̄ˆ˙ 2 − Ā21 ˆ 22 ˆ 2
λ x̄1 − Āλ x̄2 − B̄λ u
Nous remarquons que l’estimateur (2.3.29) proposé pour estimer le vecteur des
défauts nécessite le calcul de la dérivée de la sortie y. Or, comme cette dernière
est bruitée, le calcul de sa dérivée par des approches classiques risque d’amplifier
le bruit. Par conséquent, l’utilisation d’un différenciateur robuste en terme de
sensibilité par rapport aux bruits s’avère une piste intéressante pour résoudre ce
problème. Ainsi, un différenciateur robuste et exact d’ordre supérieur basé sur
les techniques des modes glissants est utilisé dans cette partie afin d’estimer les
différents éléments du vecteur de sortie y.
2.3.2.2 Différenciateur d’ordre supérieur basé sur les techniques des modes
glissants
Le différenciateur d’ordre supérieur basé sur les techniques des modes glissants est
une généralisation de l’algorithme Super Twisting [Levant 93, Levant 98, Levant 03].
Le principe de fonctionnement de ce dernier est donné dans l’annexe B. Ainsi,
la question que l’on peut se poser est pourquoi nous utilisons un différenciateur
d’ordre supérieur et non pas d’ordre un pour calculer la dérivée première de la sor-
tie y. La réponse à cette question se trouve dans les travaux de Levant [Levant 03].
En effet, dans cet article, Levant a étudié la précision de l’estimation des r déri-
vées successives par un différenciateur d’ordre élevé. Il a montré que la dérivée
63
Chapitre 2 Synthèse d’un observateur hybride : État discret du système connu
première estimée avec un différenciateur d’ordre r est plus précise que celle esti-
mée par un différenciateur d’ordre r − 1 et donc plus précise que celle estimée par
un différenciateur d’ordre un.
ż0 = υ0
r
υ0 = −α0 |z0 − y| (r+1) sign (z0 − y) + z1
ż1 = υ1
(r−1)
υ1 = −α1 |z1 − υ0 | sign (z1 − υ0 ) + z2
r
..
.
.. (2.3.30)
.
..
.
żr−1 = υr−1
1
υr−1 = −αr−1 |zr−1 − υr−2 | 2 sign (zr−1 − υr−2 ) + zr
żr = −αr sign (zr − υr−1 )
où, pour tout j = 0 · · · r, αj étant des gains positifs. Ces gains sont choisis d’une
façon convenable afin d’assurer la convergence en temps fini de l’algorithme et de
minimiser le phénomène de chattering au niveau des dérivées estimées [Levant 98].
1
αj = α0j L r−j+1 , j = 0, · · · , r (2.3.31)
64
2.4 Exemple de simulation
65
Chapitre 2 Synthèse d’un observateur hybride : État discret du système connu
−1 −1 −1 1 3
1
1 1 −2 −1 2 0
A3 = −2 0 0 2 −3 , B1 = B2 = B3 = 1 ,
0 3 −3 −1 3 0
−1 1 1 0 −1 0
T
0 0 0
1 0
1 0 0 0 1
C1 = C2 = C3 = 0 1 0 et F1 = F2 = F3 = 1 1 .
0 0 1 0 0
0 0 0 0 1
Ce système vérifie les différentes hypothèses H.2.1, H.2.2, H.2.3, H.2.4 et H.2.5.
Dans cet exemple, x ∈ R5 est l’état continu du système, y ∈ R3 est la sortie. La
commande du système est définie par u = 1. D’autre part, le vecteur des défauts
h iT
est définie par f = f1 f2 , avec f1 (t) = 3sin (5t) et f2 (t) = 2cos (5t). Nous
supposons que ces défauts apparaissent à l’instant t = 5s et que le système global
commute entre trois sous-systèmes selon la séquence de commutations donnée dans
la figure 2.4.1.
4
0
0 5 10 15 20
Temps (s)
Figure 2.4.1 – Signal de commutations λ (t) : cas sans saut dans l’état transformé
66
2.4 Exemple de simulation
Les gains matriciels de l’observateur (2.3.9) sont obtenus en résolvant les deux
LMIs (2.3.12) et (2.3.13) du théorème 2.1. Ces gains sont donnés par :
−0.0461
0.9147
−1.4692
L1 = −0.1833 , L2 = 1.6418 et L3 = −0.1950 .
0.8082 −1.7221 2.4007
67
Chapitre 2 Synthèse d’un observateur hybride : État discret du système connu
La séquence de commutations est donnée dans la figure 2.4.2. Ainsi, les différents
instants de commutations sont donnés par t1 = 2.5, t2 = 5, t3 = 7.5, t4 = 10, t5 =
h iT
12.5, t6 = 15, t7 = 17.5 et l’état initial correspond à x (0) = 4 2 −1 −1 2 .
68
2.4 Exemple de simulation
0
0 5 10 15 20
Temps (s)
Figure 2.4.2 – Signal de commutations λ (t) : cas avec saut dans l’état transformé
Les simulations sont faites sur Matlab/Simulink en utilisant les mêmes conditions
que l’exemple précédent.
En résolvant les LMIs (2.3.27) et (2.3.28) du théorème 2.2, nous obtenons les gains
matriciels de l’observateur (2.3.23) :
3.3905
0.4818
19.1914
L1 = 3.8477 , L2 = 0.2707 et L3 = −20.5211 .
−1.8678 0.0559 23.8607
Le même différenciateur d’ordre élevé utilisé dans le premier exemple sera réutilisé
pour estimer la dérivée de la sortie, afin d’estimer les défauts.
69
Chapitre 2 Synthèse d’un observateur hybride : État discret du système connu
600 0.1
4
0
400
−0.1
2 10 10.5 11
200
0 0
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Temps (s) Temps (s)
Figure 2.4.3 – Évolution de la fonction de Lyapunov V (ε1 (t)) ; (a) : cas où les
matrices des défauts sont identiques pour tous les modes, (b) : cas
où les matrices des défauts sont différentes pour tous les modes
−5 10 −0.1
8 8.5 9
−10 0
−15 −10
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Temps (s) Temps (s)
Figure 2.4.4 – Erreur d’estimation x̂1 − x1 ; (a) : cas où les matrices des défauts
sont identiques pour tous les modes, (b) : cas où les matrices des
défauts sont différentes pour tous les modes
D’autre part, les défauts réels et leurs estimations sont présentés dans les figures
2.4.10 et 2.4.11. Ces résultats obtenus en appliquant l’estimateur (2.3.29), puis
70
2.4 Exemple de simulation
(a) (b)
4 10
Erreur d′ estimation xˆ2 − x2 Erreur d′ estimation xˆ2 − x2
3
0
2
0.1
1 −10
0
0
−20 −0.1
−1 10 10.5 11
−2 −30
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Temps (s) Temps (s)
Figure 2.4.5 – Erreur d’estimation x̂2 − x2 ; (a) : (a) : cas où les matrices des dé-
fauts sont identiques pour tous les modes, (b) : cas où les matrices
des défauts sont différentes pour tous les modes
(a) (b)
4 10
Erreur d′ estimation xˆ3 − x3 Erreur d′ estimation xˆ3 − x3
3
0
2
−10
0.1
1
−20 0
0
−0.1
−30 8 8.5 9
−1
−2
0 5 10 15 20 −400 5 10 15 20
Temps (s) Temps (s)
Figure 2.4.6 – Erreur d’estimation x̂3 − x3 ; (a) : cas où les matrices des défauts
sont identiques pour tous les modes, (b) : cas où les matrices des
défauts sont différentes pour tous les modes
en utilisant le différenciateur basé sur les techniques des modes glissants (2.3.30),
montrent qu’au moment où l’état continu estimé converge vers l’état réel du sys-
tème, les défauts estimés prennent la valeur zéro jusqu’à l’instant de l’apparition
des défauts (5s pour le premier exemple et 3.5s pour le deuxième exemple), mo-
ment pour lequel, les défauts estimés suivent les défauts réels du système.
Nous pouvons observer également sur ces figures, qu’à chaque instant de commu-
tation, un phénomène de chattering apparait au niveau des défauts estimés. Ce
phénomène est dû aux changements de dynamiques à ces instants.
71
Chapitre 2 Synthèse d’un observateur hybride : État discret du système connu
(a) (b)
4 4
Erreur d′ estimation xˆ4 − x4 Erreur d′ estimation xˆ4 − x4
2
2
0
0 −3
−2 x 10
5
−2
−4 0
−6 −4 −5
10 10.5 11
−8
0 5 10 15 20 −60 5 10 15 20
Temps (s) Temps
Figure 2.4.7 – Erreur d’estimation x̂4 − x4 ; (a) : (a) : cas où les matrices des dé-
fauts sont identiques pour tous les modes, (b) : cas où les matrices
des défauts sont différentes pour tous les modes
(a) (b)
6 10
Erreur d′ estimation xˆ5 − x5 Erreur d′ estimation xˆ5 − x5
0
4
−10
0.1
2 −20
0
−30
0
−40 −0.1
10.5 11
−2 −50
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Temps (s) Temps (s)
Figure 2.4.8 – Erreur d’estimation x̂5 − x5 ; (a) : cas où les matrices des défauts
sont identiques pour tous les modes, (b) : cas où les matrices des
défauts sont différentes pour tous les modes
la qualité d’estimation des défauts est médiocre. Elle est due au différenciateur
d’Euler qui est sensible au bruit. Ainsi, nous pouvons donc confirmer l’efficacité
du différenciateur d’ordre élevé basé sur les techniques des modes glissants.
72
2.4 Exemple de simulation
(a) (b)
15
80
∥x̂ − x∥
∥x̂ − x∥
0.1
60
10 0.1
0
−0.1 40 0
7.5 8 8.5 9
5 −0.1
20 10.2 10.4 10.6 10.8 11
0 0
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Temps (s) Temps (s)
Figure 2.4.9 – Norme de l’erreur d’estimation kx̂ − xk ; (a) : cas où les matrices
des défauts sont identiques pour tous les modes, (b) : cas où les
matrices des défauts sont différentes pour tous les modes
(a) (b)
f1 f1
3
fˆ1 fˆ1
6 6
7.6 7.8 8
3 3
0 0
−3 −3
−6 −6
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Temps Temps (s)
Figure 2.4.10 – Défaut f1 et son estimation fˆ1 ; (a) : cas où les matrices des dé-
fauts sont identiques pour tous les modes, (b) : cas où les matrices
des défauts sont différentes pour tous les modes
f1 f2
fˆ1 fˆ2
6
4
3
2
0 0
−2
−3
−4
−6
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Temps (s) Temps (s)
(a) (b)
f2 f2
fˆ2 fˆ2
4 4
2 2
0 0
−2 −2
−4 −4
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
Temps (s) Temps (s)
Figure 2.4.11 – Défaut f2 et son estimation fˆ2 ; (a) : cas où les matrices des dé-
fauts sont identiques pour tous les modes, (b) : cas où les matrices
des défauts sont différentes pour tous les modes
2.5 Conclusion
Sous l’hypothèse que l’état discret du système est connu, nous avons considéré le
problème d’estimation de l’état continu et des défauts pour un SLC avec bruit de
mesure. Selon des hypothèses classiques et non restrictives, une transformation de
coordonnées a été réalisée pour transformer le système initial dans une autre base,
afin de découpler un sous ensemble de l’état des défauts.
Dans un premier temps, nous avons considéré des matrices identiques des défauts
pour les différents modes. De ce fait, l’état du système transformé est toujours
continu. Un observateur d’état et un estimateur des défauts ont été proposés afin
d’estimer l’état continu du système et de reconstruire les défauts en utilisant un
différenciateur basé sur les techniques des modes glissants. Ensuite, en se basant
sur une MQLF, des conditions LMI ont été mises en place afin d’obtenir des
gains matriciels de l’observateur assurant la convergence asymptotique de l’erreur
d’estimation.
Dans un second temps, nous avons considéré des matrices des défauts différentes.
Par conséquent, un saut dans l’état du système transformé apparait à chaque ins-
tant de commutation. Dans ce cas de figure, l’observateur d’état qui a été proposé
tient compte des sauts. Ainsi, une SQLF a été considérée afin d’obtenir des nou-
velles conditions LMI. La résolution de ces conditions permet de calculer les gains
matriciels de l’observateur nécessaires à la convergence de l’erreur d’estimation.
74
2.5 Conclusion
Par la suite, les défauts ont été estimés en utilisant le même estimateur et en
utilisant également le même différenciateur.
Enfin, avec deux exemples illustratifs, nous avons montré les performances de
l’approche proposée.
Dans le chapitre suivant, l’état discret du système est supposé inconnu.
75
Chapitre 3
3.1 Introduction
Bien que le problème d’estimation de l’état continu ait atteint une certaine ma-
turité dans les domaines des SDH [Alessandri 03], beaucoup de points concernant
l’estimation de l’état discret méritent d’être encore approfondis. Ce problème reste
77
Chapitre 3 Synthèse d’un estimateur pour la détection des instants de
commutations
toujours un défi qui motive différents chercheurs de la communauté des automati-
ciens.
Dans ce contexte, on trouve dans la littérature, une panoplie d’approches traitant
de l’estimation de l’état discret. On peut citer par exemple [Saadaoui 06b][Bejarano 09][Tian 09b][Orani
Ces approches peuvent être classées en deux familles : celles estimant toutes les
informations liées à l’état discret, tel que, les instants de commutation et le sous
système actif, et celles estimant seulement les instants de commutation [Tian 09b].
Dans la dernière catégorie, le problème se résume à la détection en temps réel des
instants de commutation, et par la suite à la reconstruction de l’état discret en
se basant sur une séquence de commutation et un mode initial connu. C’est dans
cette dernière catégorie que s’inscrivent les contributions de ce chapitre de thèse.
Dans les deux cas, plusieurs approches ont été proposées dans la littérature selon
deux situations différentes. Premièrement, l’état discret est estimé en supposant
que l’état continu du système peut être mesuré. Par exemple, nous trouvons des
travaux où les auteurs ont développé des observateurs basés sur les techniques des
modes glissants [Saadaoui 06b][Orani 11]. Dans d’autres travaux, l’estimation de
l’état discret est assurée par un observateur basé sur le formalisme des réseaux de
Petri hybrides [Hamdi 08, Hamdi 09, Arichi 12].
Dans la deuxième situation, l’état discret est estimé simultanément avec l’état
continu. A titre d’exemple, dans [Bejarano 11a], basé uniquement sur les informa-
tions de la sortie et sur les techniques des modes glissants, les auteurs ont proposé
un observateur hybride permettant de reconstruire l’état hybride d’un SLC en un
temps fini. Dans le même contexte, une méthodologie pour synthétiser un obser-
vateur pour une classe de systèmes hybrides non linéaires sans réinitialisation de
l’état continu a été proposée dans [Djemai 05]. Une approche basée sur un algo-
rithme du « super-twisting » est synthétisé dans [Barbot 07] pour une classe de
systèmes non-linéaires à commutations avec saut, afin d’estimer simultanément et
en un temps fini l’état continu et l’état discret.
D’autre part, peu de travaux ont été portés sur la synthèse d’estimateurs pour
estimer les instants de commutation. Selon notre connaissance les travaux réalisés
dans ce cadre se résument dans les articles [Ragot 03][Tian 09b][Tian 09a]
[Hakem 10][Hakem 11][Mincarelli 11][Tian 11][Hakem 16]. Les méthodes utilisées
78
3.1 Introduction
dans les travaux [Tian 09b][Tian 11][Tian 09a][Mincarelli 11] sont des méthodes
algébriques. Dans [Tian 09b], un algorithme explicite basé sur des méthodes algé-
briques, qui calcule en ligne les instants de commutation a été proposé. Dans cet
article, l’approche est proposée pour un système linéaire à commutation avec deux
modes. Cette approche a été étendue dans [Tian 09a][Tian 11] pour des cas plus
généraux où le SLC contient plusieurs modes. Dans le même cadre, un algorithme
explicite basé sur les distributions et des filtres a été proposé dans [Mincarelli 11]
pour calculer en ligne les instants de commutations. En effet, dans un premier
temps, le système original est réécris sous la forme d’un modèle impulsif auxiliaire.
Par la suite, une manipulation algébrique annihilante est fournie pour obtenir une
relation algébrique différentielle souhaitée dans laquelle les instants de commuta-
tions inconnus apparaissent explicitement. Enfin, en utilisant des filtres appropriés,
les instants de commutations sont récupérés sans utiliser de mesures dérivées.
Motivés par les travaux présentés ci-dessus, on s’est intéressé dans ce travail au
problème de détection en temps réel des instants de commutation entre les sous
systèmes linéaires dans un SLC avec bruit de mesure. Après une présentation de
la problématique, on présente dans la troisième partie de ce chapitre des notions
mathématiques nécessaires au développement proposé. Par la suite, en se basant
sur une approche algébrique, on développe dans la quatrième partie une méthode
permettant l’estimation en temps réel des instants de commutations dans un sys-
tème avec une ou plusieurs sorties. A la fin de ce chapitre, on montre comment
exploiter l’approche proposée à travers un exemple académique.
79
Chapitre 3 Synthèse d’un estimateur pour la détection des instants de
commutations
ẋ (t) = Aλ x (t) + Bλ u (t)
y (t) = C x (t) + η (t)
(3.2.1)
λ
ẋ (t) = Ai x (t) + Bi u (t)
Σi : (3.2.2)
y (t) = C x (t) + η (t)
i
80
3.2 Présentation de la problématique
y1 s1
Estimateur1
........
Bloc de décision
y yi si tˆc
u SLC Estimateuri
........
yp sp
Estimateurp
81
Chapitre 3 Synthèse d’un estimateur pour la détection des instants de
commutations
3
λ (t)
2
1
tc1 tc2 tc3 tc4
0
y(t)
1
0 2.1 4.3 7 8.5
Temps
littérature, nous trouvons les techniques de détection de ruptures [Pekpe 04]. Bien
qu’elles soient robustes en présence de données bruitées, ces méthodes souffrent
généralement d’un retard à la détection. En outre, la principale contribution de la
procédure d’identification en ligne dans cette thèse est la détection en temps réel
des instants de commutations et la robustesse par rapport aux bruits.
Dans ce qui suit, nous présenterons des outils et formules mathématiques néces-
saires aux développements présentés par la suite.
Étant donné la présence de dynamiques non lisses dans les différentes sorties du
système, la dérivation va être considérée au sens de distributions. Pour cette rai-
son, nous présenterons ci-dessous quelques outils et définitions liés à la théorie de
distributions développées par L. Schwartz [Schwartz 78].
a- La fonction Heaviside
82
3.3 Notions mathématiques
0 si t < 0
H (t) = (3.3.1)
1 si t ≥ 0
Remarque 3.1. La dérivée au sens de distributions de la fonction de Heaviside est
la distribution de Dirac δ présentée ci-dessous [Schwartz 78].
b- Distribution de Dirac
0 si x < − n1 ,
si − n1 ≤ x < 0,
2
n x+n
fn (x) =
−n2 x + n si 0 ≤ x < n1 ,
x ≥ n1
0 si
x
1 1
−
n n
83
Chapitre 3 Synthèse d’un estimateur pour la détection des instants de
commutations
δ = lim fn (3.3.2)
n→+∞
La distribution de Dirac peut être définie d’une façon informelle par la fonction
qui prend une valeur infinie en 0, et la valeur 0 partout ailleurs, et dont l’intégrale
sur R est égale à 1 [Dirac 30][Abramowitz 84] . Lorsque la distribution de Dirac
est donnée par δ, nous considérons qu’elle est centrée en t = 0 (figure 3.3.2 (a)).
Par ailleurs, l’expression de la distribution de Dirac en un point a est notée par
δa ou encore δ (t − a) appelée distribution de Dirac centrée en t = a (figure 3.3.2
(b)).
δa
δ
t t
0 0 a
(a) (b)
84
3.3 Notions mathématiques
" #
dh dh
= + µ1 H (t − τc )
dt dt
h i
avec dhdt
est la partie régulière de dh
dt
(figure 3.3.3), µ1 un saut fini et H est la
fonction Heaviside présentée dans l’équation (3.3.1).
⎡ ⎤ ⎡ ⎤
h, dh , ⎢ dh ⎥ h, dh , ⎢ dh ⎥
dt ⎣ dt ⎦ dt ⎣ dt ⎦
µ1 ≠ 0 µ1 µ1 ≠ 0
µ0 = 0 µ0 ≠ 0
τc Temps τc Temps
(a) (b)
" #(1)
d2 h dh
2
= + µ1 δ (t − τc ) (3.3.4)
dt dt
h i(1)
dh dh
où dt
est la dérivée première de la partie régulière de dt
. Ce résultat peut être
85
Chapitre 3 Synthèse d’un estimateur pour la détection des instants de
commutations
généralisé au cas d’un ordre de dérivation arbitraire. Ainsi, la dérivée N ième de la
fonction h satisfait la relation suivante :
#(1) N −1
dN h dN −1 h
"
µN −k−1 δ (k) (t − τc )
X
= + (3.3.5)
dtN dtN −1 k=0
h N −1
i(1)
où l’exposant (k) représente la dérivée k ième et ddtN −1h est la dérivée première
dN −1 h
de la partie régulière de dtN . µN −k−1 défini le saut apparaissant dans la dérivée
dk h dk h −
k ième de h à l’instant τc . Ainsi, nous avons µN −k−1 = dt +
N (τc ) − dtN (τc ).
Z +∞
T L (ϕ (t)) = Φ (s) = e−st ϕ (t) dt (3.3.6)
0
n−1
dn ϕ (t)
!
= sn Φ (s) − sn−k−1 ϕ(k) (0)
X
TL (3.3.7)
dtn k=0
86
3.3 Notions mathématiques
Z +∞
T L (ϕ (t − τr )) = e−st ϕ (t − τr ) dt
0
Z +∞
−sτr
T L (ϕ (t − τr )) = e e−s(t−τr ) ϕ (t − τr ) dt
0
Z +∞
T L (δ (t)) = e−st δ (t) dt
0
La fonction α (t) = e−st est une fonction lisse sur [0, +∞[. Par conséquent, en
appliquant l’équation (3.3.3), nous obtenons :
Z +∞ Z +∞
T L (δ (t)) = α (0) δ (t) dt = δ (t) dt
0 0
T L (δ (t)) = 1 (3.3.9)
87
Chapitre 3 Synthèse d’un estimateur pour la détection des instants de
commutations
+∞
−1 1 Z st
ϕ (t) = T L (Φ (s)) = e Φ (s) ds (3.3.10)
2πj
−∞
1 Z tZ t Z t
T L−1 Φ (s) = · · · ϕ (ρ) dρυ
sυ 0 0 0
1 1 Z t
TL −1
Φ (s) = (t − ρ)υ−1 ϕ (ρ) dρ (3.3.11)
sυ (υ − 1)! 0
Lorsque nous remplaçons dans l’équation (3.3.11) Φ (s) par une constante quel-
conque c, nous obtenons la transformée de Laplace inverse suivante :
c tυ−1
−1
TL =c (3.3.12)
sυ (υ − 1)!
dκ Φ (s)
!
TL −1
= (−1)κ tκ ϕ (t) (3.3.13)
dκs
Zt
−1
TL (Φ (s) Ψ (s)) = ϕ (t) ψ (t − ρ) dρ (3.3.14)
0
88
3.4 Estimation des instants de commutations dans un SLC
A partir des équations (3.3.12), (3.3.13) et (3.3.14) nous pouvons déduire la trans-
formée de Laplace inverse suivante :
1 dκ Φ (s) (−1)κ Z t
!
TL −1
= (t − ρ)υ−1 ρκ ϕ (ρ) dρ (3.3.15)
sυ dκs (υ − 1)! 0
−1 r dr ϕ (t)
TL (s Φ (s)) = (3.3.16)
dtr
Dans cette section, nous nous intéressons à la détection des instants de commuta-
tion à partir du vecteur de sortie y. Nous considérons dans un premier temps, un
système avec une seule sortie. Ceci va nous permettre de synthétiser un estimateur
basé sur une méthode algébrique permettant d’obtenir une relation algébrique li-
néaire entre les grandeurs connues et les instants de commutations inconnus. Dans
un second temps, nous considérons un système à plusieurs sorties. Dans ce cas, la
détection des instants de commutation est effectuée à partir de toutes les sorties.
En effet, pour tout i = 1, · · · , p, un Estimateuri est dédié à une sortie y i . Ainsi,
un algorithme de décision est mis en place afin de donner à partir de tous les
estimateurs les différents instants de commutations.
89
Chapitre 3 Synthèse d’un estimateur pour la détection des instants de
commutations
Nous supposons que la seule sortie du système est donnée par y = y 1 . Ainsi,
afin d’harmoniser les notations et les formules données dans cette section et celle
d’après, cette sortie y 1 sera notée par y i (i = 1). D’autre part, dans le but de
simplifier le calcul, nous faisons dans un premier temps le développement avec une
sortie y i non bruitée. Par la suite, l’estimation est donnée en tenant compte du
bruit.
Afin de faciliter le développement, la sortie y i est restreinte à chaque instant τ sur
un intervalle de temps IτT = [τ − T, τ ], où T > 0 est une longueur prédéfinie de
l’intervalle, considérée suffisamment petite. Ensuite, dans le but d’avoir un système
linéaire en fonction des instants de commutations cherchés, nous dérivons à l’ordre
N la sortie y i et nous effectuons ensuite des manipulations algébriques basées sur
les formules données dans la section précédente.
Un temps de séjour minimum TD est considéré, i.e. le système doit attendre au
moins un temps constant TD avant la prochaine commutation. De plus, nous sup-
posons qu’il existe un temps T ∗ tel que nous avons T + T ∗ < TD et que la première
commutation t1 du système a lieu après l’instant τ = T (t1 > T ).
Une restriction de la sortie y i dans l’intervalle IτT peut être donnée par :
90
3.4 Estimation des instants de commutations dans un SLC
yi yτi
() ()
yτi t = y i t! = y i τ − T + t ( )
.
0 t T Temps
0 τ −T t! τ Temps
dynamique sur cet intervalle. Ainsi, selon l’équation (3.3.5), sa dérivée N ième peut
être donnée par l’équation suivante :
#(1) N −1
dN (yτi (t)) dN −1 (yτi (t))
"
µN −1−k δ (k) (t − τc )
X
= (t) + (3.4.2)
dtN dtN −1 k=0
(1)
dN −1 (yτi (t)) dN −1 (yτi (t))
où dtN −1
est la dérivée première de la partie régulière de dtN −1
.
Parmi les hypothèses considérées dans ce chapitre, nous avons supposé que l’inter-
valle IτT est considéré suffisamment petit. Ceci permet de considérer l’hypothèse
que le signal yτi est linéaire sur l’intervalle IτT . Cette dernière permet d’éliminer la
(yτ (t)) (1)
N −1 i
d
partie dtN −1
de l’équation (3.4.2) pour tout N ≥ 2. Par conséquent, avec
cette hypothèse, la dérivée N ième du yτi peut s’écrire sous la forme :
−1
dN (yτi (t)) NX (k)
= µ N −k−1 δ (t − τ c ) (3.4.3)
dtN k=0
91
Chapitre 3 Synthèse d’un estimateur pour la détection des instants de
commutations
Afin de simplifier le développement, nous transformons l’équation (3.4.3) dans le
domaine opérationnel en utilisant les formules (3.3.7), (3.3.8) et (3.3.9). Ainsi, nous
obtenons :
N −1 (k)
sN yτi sN −k−1 yτi
X
(s) − (0) = 4 (s) (3.4.4)
k=0
P
N −1
avec 4 (s) = k=0 µN −k−1 sk e−τc s .
(k)
Cette équation contient des paramètres inconnus à savoir ; µN −k−1 et (yτi ) (0).
L’élimination de ces paramètres inconnus représente une étape nécessaire pour la
synthèse de l’estimateur. Par conséquent, afin d’éliminer ces paramètres inconnus,
nous dérivons l’équation (3.4.4) à l’ordre N . Ceci permet d’éliminer la quantité
PN −1 N −1−j i (j)
j=0 s (yτ ) (0) qui correspond à un polynôme en s d’ordre N − 1. Ainsi,
nous obtenons :
dN sN yτi (s) dN (4 (s))
= (3.4.5)
dsN dsN
Cette dernière équation est vraie pour tout entier N ≥ 2. Une petite valeur de
N peut provoquer la non détection des commutations avec un changement de
dynamique lisse. Néanmoins, une grande valeur de N amplifie le bruit et peut
provoquer des fausses détections. Ainsi, nous considérons dans la suite de dévelop-
pement, N = 3 qui peut être un bon compromis, et nous remplaçons yτi (s) par yτi
pour simplifier les notations. Ceci nous permet de déduire l’équation suivante :
d∆ 2 d2 ∆ d3 ∆
4τc3 +3 τ + 3 2 τc + 3 = 0 (3.4.7)
ds c ds ds
92
3.4 Estimation des instants de commutations dans un SLC
d∆
= (µ1 + 2µ0 s) e−τc s − ∆τc (3.4.8)
ds
La dérivée seconde de ∆ est déduite à partir de la dernière équation par :
d2 ∆ d∆
2
= 2µ0 e−τc s − (µ1 + 2µ0 s) e−τc s τc − τc (3.4.9)
ds ds
d2 ∆ d∆
2
= 2µ0 e−τc s − 2 τc − ∆τc2 (3.4.10)
ds ds
A partir de (3.4.10), la dérivée d’ordre 3 de ∆ est donnée par :
d3 ∆ −τc s d2 ∆ d∆ 2
= −2µ 0 e τ c − 2 τc − τ (3.4.11)
ds 3 ds 2 ds c
2
A partir de l’équation (3.4.10), on peut déduire que 2µ0 e−τc s = dds∆2 + 2 d∆ τ + ∆τc2 .
ds c
En remplaçant cette dernière dans (3.4.11), on obtient l’équation (3.4.7).
93
Chapitre 3 Synthèse d’un estimateur pour la détection des instants de
commutations
A partir de deux équations (3.4.12) et (3.4.13), on peut déduire pour tout entier
naturel k ≥ 0, l’équation suivante :
dk+3 (s3 yτi ) 3 dk+4 (s3 yτi ) 2 dk+5 (s3 yτi ) dk+6 (s3 yτi )
(τ c ) + 3 (τc ) + 3 τ c = − (3.4.14)
dsk+3 dsk+4 dsk+5 dsk+6
vki (τc )3 + vk+1
i
3 (τc )2 + vk+2
i i
(3 τc ) = −vk+3 (3.4.15)
Cette dernière équation est vraie pour tout k ≥ 0. Ceci permet de conclure que si
l’équation (3.4.15) est vraie pour k ≥ 0, alors elle est également vérifiée pour k + 1
et pour k + 2. De ce fait, on peut déduire le système suivant :
vki (τc )3 + vk+1
i
3 (τc )2 + vk+2
i i
(3 τc ) = −vk+3
i
vk+1 (τc )3 + vk+2
i
3 (τc )2 + vk+3
i i
(3 τc ) = −vk+4 (3.4.16)
3 2
vi i i i
(3 τc ) = −vk+5
k+2 (τc ) + vk+3 3 (τc ) + vk+4
94
3.4 Estimation des instants de commutations dans un SLC
cette estimation est donnée dans l’intervalle [0, T ]. Par conséquent, l’estimation de
l’instant de commutation tc = τ − T + τc est donné par t̂c = τ − T + τ̂c .
Dans la suite de ce paragraphe, nous allons écrire le système (3.4.17) dans le
domaine temporel. Cela revient à écrire vki en fonction du temps, pour tout k ≥ 0
et υ > 3. De ce fait, en utilisant l’équation (3.3.17), la transformée de vki dans le
domaine temporel est donnée pour tout t ∈ [0, T ] par :
où yτi est la restriction de la sortie y i donnée dans l’intervalle IτT . Ainsi, nous
avons :
Z T
vki (τ ) = hk (ρ) yτi (ρ) dρ (3.4.21)
0
k+1
n o
d3
(−1)
(υ−1)! dρ3
ρk+3 (T − ρ)υ−1 ρ ∈ [0, T ]
hk (ρ) =
0 Sinon
3
n o
En développant dρ d
3 ρk+3 (T − ρ)υ−1 , l’expression de hk (ρ) peut être encore sim-
plifiée par l’expression suivante :
95
Chapitre 3 Synthèse d’un estimateur pour la détection des instants de
commutations
k+1
(−1) (h1 (ρ) − h2 (ρ) + h3 (ρ) − h4 (ρ)) ρ ∈ [0, T ]
(υ−1)!
hk (ρ) = (3.4.22)
0 Sinon
Dans ce qui suit, nous présentons le principe de détection des commutations entre
un nombre arbitraire de sous-systèmes. Ainsi, afin de simplifier les notations, nous
remplaçons Pik (T, τ ) et Qik (T, τ ) par Pik (τ ) et Qik (τ ).
Lorsque l’intervalle IτT ne contient aucune commutation, le signal yτi est lisse et nous
d3 (yτi (t))
h i
i (3)
avons µ0 = µ1 = µ2 = 0 et l’équation (3.4.2) devient dt 3 = (y τ (t)) (t),
i
ainsi, le système matriciel linéaire (3.4.19) se dégénère, et nous avons Pk (τ ) = 0
et Qik (τ ) = 0.
96
3.4 Estimation des instants de commutations dans un SLC
lorsqu’il y a une commutation sans rupture (figure 3.3.3). De plus, nous avons
dans ce cas, Pik (τ ) 6= 0 et Qik (τ ) 6= 0, ainsi, à partir du système matriciel linéaire
(3.4.19), on a également det (Pik (τ )) 6= 0. Ceci nous permet de déduire à chaque
instant τ , à partir du det (Pik (τ )), si une commutation est apparue ou non dans
l’intervalle IτT . De plus, dans l’affirmative, l’instant de la commutation peut être
estimé. Ce résultat est présenté dans la proposition suivante.
où Jki est une fonction déduite à partir du système linéaire matriciel (3.4.19) et
donnée par :
Jki (τ ) = det Pik (τ ) (3.4.24)
97
Chapitre 3 Synthèse d’un estimateur pour la détection des instants de
commutations
Remarque 3.2. La condition (3.4.23) est donnée pour une sortie y i non bruitée.
Ainsi, en présence de bruit, la valeur de Jki (τ ) ne peut jamais être nulle. Par
conséquent, un seuil de détection γJ doit être considéré. De ce fait, en présence
du bruit, la condition (3.4.23) de la proposition 3.2 doit être remplacée par la
condition suivante :
En temps réel, le premier instant τ où la condition donnée dans (3.4.26) est vérifiée,
est considéré comme un instant de commutation détecté à partir de la sortie y i .
Ainsi, une estimation des instants de commutations peut être donnée par :
t̂1 = min (τ ∈ R+ | Jki (τ ) > γJ )
(3.4.27)
t̂ = min τ ∈ R+ | J i (τ ) > γ et τ > t̂ + T = c = 2, 3, · · ·
c k J c−1
où t̂1 est une estimation d’une première commutation détectée par l’estimateur et
t̂c−1 représente une estimation d’une commutation précédente.
Dans la section suivante, nous considérons le cas d’un système à plusieurs sorties.
98
3.4 Estimation des instants de commutations dans un SLC
œuvre, il reste toutefois, limité pour nous fournir un résultat optimal. En effet,
on peut avoir le cas où une commutation se produit à un instant tc , alors que
l’estimateur ne la détecte pas sur tout l’intervalle [tc , tc + T [. Ceci peut s’expliquer
par le fait qu’à cause du bruit et/ou du changement lisse de la dynamique de la
sortie y i à cet instant, la commutation est cachée. D’autre part, on peut avoir le
cas où l’estimateur détecte une commutation, alors que réellement, ce n’est pas
le cas. Ceci représente une fausse détection. Pour cette raison, dans cette section
où on a un système à plusieurs sorties, la détection des instants de commutations
est effectuée à partir de toutes les sorties du système. Ceci va nous permettre de
minimiser d’une part, les fausses détections et d’autre part la non détection d’une
ou de plusieurs commutations.
h iT
Le vecteur y du système est composé de p sorties (y = y 1 · · · y i · · · y p ).
Ainsi, pour chaque sortie y i , i = 1, · · · , p, on associe un Estimateuri basé sur
le développement effectué pour synthétiser l’estimateur proposé dans la section
précédente. Par conséquent, la condition de détection donnée dans (3.4.26) sera
utilisée ici pour chaque Estimateuri , i = 1, · · · , p. Un algorithme de décision est
mis en place afin de décider à partir des différents estimateurs si une commuta-
tion est apparue ou non. Le principe de décision de cet algorithme est basé sur
deux critères, d’une part, une logique de décision par majorité, et d’autre part,
il faut vérifier que dans l’intervalle IτT , il n’y a aucune commutation décidée par
l’algorithme de décision. Cette dernière condition est nécessaire. En effet, vu que
lorsque un Estimateuri détecte une commutation à un instant τ , il l’a détecte
tout au long de l’intervalle [τ, τ + T [ (remarque 3.3). Ainsi, cette condition per-
met à l’algorithme de prendre en compte seulement la première détection de cet
intervalle.
99
Chapitre 3 Synthèse d’un estimateur pour la détection des instants de
commutations
si = 1 si Jki (τ ) > γJ et H est vraie ou τ > t̂c−1 + T
(3.4.28)
si = 0 sinon
où H est l’hypothèse : L’algorithme de décision n’a pas encore détecté une com-
mutation.
100
3.4 Estimation des instants de commutations dans un SLC
Phase 1 :
lecture de y (jTs ) ;
pour i = 1 : p
Initialisation de la valeur de si (si = 0) ;
calcul de la fonction Jki (jTs ) donnée par (3.4.24) et déduite à partir du
système (3.4.19) ;
si la condition (3.4.26) est vérifiée
alors l’Estimateuri détecte une commutation à l’instant τ = jTs et nous
avons alors si = 1 ;
fin si
fin pour
Pp
Calcul de la somme S = i=1 si ;
p
si S ≥ 2
c’est à dire la majorité d’estimateurs détecte une commutation
alors l’instant τ = jTs est un instant de commutation et le paramètre δ se
réinitialise à δ = 0 ;
sinon
l’instant τ = jTs n’est pas un instant de commutation ;
fin si
sinon
Phase 2 :
l’instant τ = jTs n’est pas un instant de commutation et nous avons si = 0,
ainsi, le paramètre δ s’incrémente d’un pas d’échantillonnage Ts : δ = δ + Ts ;
fin si
fin pour
Pp
p
t̂1 = min τ ∈ R+ | S = i=1 si ≥ 2
Pp
p
t̂c = min τ ∈ R+ | S = i=1 si ≥ 2
et τ > t̂c−1 + T c = 2, 3, · · ·
(3.4.29)
101
Chapitre 3 Synthèse d’un estimateur pour la détection des instants de
commutations
où t̂1 et t̂c−1 sont respectivement, l’estimation par l’algorithme de décision, d’une
première commutation et d’une commutation précédente.
3.4.2.2 Discussion
Sous l’hypothèse qu’aucune commutation n’est produite sur l’intervalle [0, T ], l’al-
gorithme commence la procédure de détection à l’instant τ = T + Ts (j = M + 2).
A cet instant, la condition δ > T est vérifiée et l’algorithme rentre dans la phase 1
et commence à surveiller l’apparition d’un instant de commutation. Une fois que
la valeur y (jTs ) est lue, l’algorithme calcul pour chaque Estimateuri la fonction
Jki (jTs ) déduite à partir du système (3.4.19). Lorsque la condition (3.4.26) est
vérifiée pour un Estimateuri , la sortie si de ce dernier prend la valeur 1. Dans le
102
3.5 Résultats de simulation
cas contraire, elle prend la valeur 0. Lorsque la somme de toutes les sorties si est
égale à une valeur supérieure ou égale à p2 (la majorité des Estimateuri détecte
une commutation), l’algorithme considère l’instant τ = jTs comme un instant de
commutation et réinitialise la valeur δ à 0. Avec cette réinitialisation, l’algorithme
considère que les M +1 prochains échantillons sont des instants sans commutations
car la détection d’une commutation à un instant τ par un Estimateuri se fait sur
tout l’intervalle [τ, τ + T [. Ceci se réalise en incrémentant à chaque itération δ
d’un pas d’échantillonnage Ts et en vérifiant si δ > T ou non. Dans les M + 1
échantillons suivant la détection, nous avons toujours δ < T , et par conséquent à
ces instants l’algorithme passe à la phase 2.
103
Chapitre 3 Synthèse d’un estimateur pour la détection des instants de
commutations
D’autre part, la commande est donnée par u = 1 et la sortie y dans cet exemple
T
est donnée par y = y 1 y 2 y 3 .
La simulation de cet exemple est faite sur Matlab/Simulink, avec un pas d’échan-
tillonnage Ts = 1ms.
Le bruit de mesure η (t) est un bruit blanc généré par le bloc « band-limited white
noise », avec une puissance donnée par « noise power » : [0.00001].
La méthode trapézoïdale est utilisée pour calculer l’intégrale qui existe dans l’ex-
pression de vki pour tout k ≥ 0 et υ > 3. Ainsi, on obtient pour tout k ≥ 0 et
υ>3:
M
vki (τ ) = vk,n
i i
Wm1 hk,m yn−M
X
= +m , i = 1, 2, 3 (3.5.1)
m=0
104
3.5 Résultats de simulation
0.5 pour m = 0 et m = M
avec Wm1 = et hk,m étant un filtre numérique
1 pour m = 2, · · · , M − 1
donné par {hk,m = hk (mTs )}Mm=0 . Les éléments de ce dernier sont calculés, en rem-
m
plaçant dans (3.4.22), ρ par M et T par 1.
Dans cet exemple, on a considéré M = 300. Ainsi, en tenant compte des trois
sorties du vecteur y, on a trois estimateurs. Chaque Estimateuri , i = 1, 2, 3 est
dédié à une sortie y i . On prend υ = 5 et on choisit k = 1 et un seuil de détection
γJ = 5.10−6 . Ainsi, à chaque instant τ = nTs , n >M , on a pour tout i = 1, 2, 3,
v i v2i v3i
1
J1i (nTs ) = |det (P1i (nTs ))| avec Pi1 = v2i v3i v4i .
v3i v4i v5i
En appliquant l’algorithme présenté dans le paragraphe précédent, les différents
instants de commutations sont estimés. Ainsi, le tableau 3.1 présente la détection
des différents instants de commutations par l’algorithme proposé. Dans ce tableau,
i
l’instant tc représente l’instant de commutation réel et tˆc , i = 1, 2, 3 est l’instant
de la première détection par un Esimateuri d’une commutation. D’autre part,
l’instant tˆc dans ce tableau est l’instant de commutation déduit par l’algorithme
de décision à partir des trois estimateurs.
On remarque que la majorité des commutations est détectée par tous les estima-
teurs. La première commutation à l’instant t1 = 0.5s est détectée par les trois
estimateurs. L’Estimateur1 commence à détecter cette commutation à partir de
1
l’instant tˆ1 = 0.512s. Néanmoins l’Estimateur2 et l’Estimateur3 détectent cette
2 3
commutation à partir des instants tˆ1 = 0.522s et tˆ1 = 0.526s. L’algorithme pro-
2
posé considère l’instant t̂c = tˆ1 = 0.522s comme un instant de commutation car
la majorité des estimateurs le confirme à partir de cet instant.
D’autre part, les commutations aux instants t2 = 1s, t6 = 3s, t7 = 3.5s et t9 = 4.5s
ne sont détectées que par deux estimateurs et l’algorithme proposé considère ces
instants comme des instants de commutations car ces commutations sont détec-
tées par la majorité. Par exemple, l’instant de commutation t6 = 3s est détecté
seulement par l’Esimateurt2 et l’Esimateurt3 . En effet, dans un premier temps,
3
l’Estimateur3 détecte cette commutation à partir de l’instant tˆ6 = 3.009s et dans
2
un second temps, l’Estimateur2 le détecte qu’à partir de l’instant tˆ6 = 3.020s.
105
Chapitre 3 Synthèse d’un estimateur pour la détection des instants de
commutations
2
Ainsi, l’algorithme proposé considère l’instant t̂c = tˆ6 = 3.020s comme un instant
de commutation.
Table 3.1 – Détection des instants de commutations par les différents estima-
teurs : Système d’ordre quatre
30 15 5
25
y1 −1.5 y2 0 −26.5
y3
10 −2
20 −5 −27
15 −2.5 −10
20 5 −27.5
10 −3 −15
19.5
2 2
5 0 −20
19
0 18.5 −25
−5
−5 18 −30
2 −35
−10 −10
0 −3 1 2 3 4 5 0 −4 1 2 3 4 5 0 −3 1 2 3 4 5
x 10 x 10 x 10
3 −5 1.4
−5 −5
x 10
J11 x 10 J12 x 10 J13
2.5
γJ γJ 1.2 γJ
8 3
2
6 1
2 4 2 2
1
2 0.8
1.5 0 1
0
0.6
2 2.2 2.4 1.9 2 2.1 2.2 2.3 2 2.1 2.2 2.3
1 1
0.4
0.5
0.2
0 0 0
0 1 2 3 4 5 0 1 2 3 4 5 0 1 2 3 4 5
Temps (s) Temps (s) Temps (s)
106
3.6 Conclusion
3.6 Conclusion
Généralement, la majorité des observateurs d’état pour les SLC ne tiennent pas
compte de la partie discrète. En effet, dans la plupart des travaux réalisés dans
ce cadre, l’état discret est supposé disponible à chaque instant, ce qui simplifie la
synthèse de ces observateurs. Dans notre travail, on a supposé que l’état discret est
inconnu à chaque instant. Ainsi, dans ce chapitre, on s’est intéressé au problème
de détection en temps réel des instants de commutation pour les SLC en temps
continu avec bruit de mesure.
Un estimateur basé sur une approche algébrique a été proposé afin de détecter les
instants de commutation pour un système avec une seule sortie. Cette approche
a été généralisée par la suite pour détecter les instants de commutations dans un
système à plusieurs sorties. Dans ce cas de figure, nous avons proposé p estimateurs,
chacun d’entre eux est dédié à une sortie y i du vecteur y, suivi d’une procédure
de décision.
La dernière partie de ce chapitre a été consacrée aux résultats de simulations. Ces
résultats montrent que la méthode proposée remplit correctement les objectifs de
détection des instants de commutations.
Dans le chapitre suivant, en se basant sur les résultats trouvés dans le deuxième
et le troisième chapitre, le problème d’estimation de l’état complet dans un SLC
avec défauts et bruit de mesure est abordé sous l’hypothèse que l’état discret est
inconnu.
107
Chapitre 4
4.1 Introduction
Dans ce chapitre, nous considérons un SLC avec état discret inconnu. Ce dernier
est reconstruit en se basant sur l’approche proposée dans le chapitre précédent.
Ainsi, l’estimation de l’état continu et des défauts dans ce type de systèmes est
considérée. L’estimation de l’état continu est effectuée en utilisant une méthode
de placement de pôles dans une région LMI afin de tenir compte de la phase
transitoire et d’améliorer les performances par rapport aux méthodes proposées
dans le deuxième chapitre.
Après avoir posé le problème, on présente dans la troisième partie de ce chapitre
quelques notions de base sur le placement de pôles dans une région LMI. La qua-
trième partie s’intéresse à la synthèse d’observateur de l’état hybride. L’estimation
des défauts fait l’objet de la cinquième partie. Les résultats trouvés dans le chapitre
2 sont exploités dans ce chapitre en utilisant deux différenciateurs algébriques afin
d’estimer la dérivée de la sortie y nécessaire à l’estimation des défauts. Le premier,
appelé « différenciateur d’ordre minimal », estime la dérivée avec un retard. Le se-
cond différenciateur, appelé, « différenciateur d’ordre non minimal », découle d’une
combinaison linéaire du premier. Nous montrons dans ce chapitre que ce dernier
109
Chapitre 4 Synthèse d’un observateur hybride pour un SLC : État discret
inconnu
est capable d’estimer la dérivée de la sortie sans retard et donne des résultats plus
intéressants vis-à-vis du bruit par rapport au différenciateur basé sur les modes
glissants présenté dans le chapitre 2. Enfin, l’objectif de la dernière partie sera de
proposer un exemple numérique afin d’illustrer l’efficacité de l’approche proposée.
ẋ (t) = Aλ x (t) + Bλ u (t) + Fλ f (t)
Σλ : (4.2.1)
y (t) = C x (t) + η (t)
λ
ẋ (t) = Ai x (t) + Bi u (t) + Fi f (t)
Σi : (4.2.2)
y (t) = Ci x (t) + η (t)
110
4.2 Présentation de la problématique
˙
x̄(t) = Āλ x̄(t) + B̄λ u(t) + F̄λ f (t)
y(t) = C̄λ x̄(t) (4.2.3)
−1
x̄(t+ x̄(t−
c ) = Tλ(t+ ) Tλ(t− c )
c c )
x̄˙ 1 (t) = Ãλ x̄1 (t) + B̃λ u(t) + Ẽλ y(t)
ȳ(t) = C̃λ x̄1 (t) (4.2.4)
−
x̄1 (t+
c ) = Sλ,λ+ x̄(tc )
Les différentes matrices Ãλ , B̃λ , C̃λ , Ẽλ Sλ,λ+ Āλ , B̄λ , C̄λ , F̄λ et le vecteur ȳ
sont définis dans la section 2.3.1.2 du deuxième chapitre. x̄(t− +
c ) et x̄(tc ) désignant
respectivement le vecteur d’état du système transformé avant et après l’instant
de commutation tc . D’autre part, Tλ(t−c ) et Tλ(t+c ) représentent respectivement la
matrice de transformation, du mode actif, avant et après l’instant de commutation
tc (pour plus de détails sur ces matrices, voir section 2.3.1.2 du chapitre 2).
x̄1
Le vecteur x̄1 du système (4.2.4) représente la première partie de l’état x̄ =
x̄2
du système transformé (4.2.3). Nous pouvons voir dans (4.2.4) que la dynamique
du sous-état x̄1 est indépendant des défauts. Ainsi, x̄1 (t+
c ) est le vecteur d’état du
système transformé réduit (4.2.4) après l’instant de commutation tc .
Le travail présenté dans ce chapitre représente une suite des résultats trouvés
dans les deux derniers chapitres. En effet, en se basant sur une séquence de com-
mutation connue, et en utilisant les résultats développés dans le dernier chapitre
pour l’estimation des instants de commutations, nous reconstruisons l’état discret
111
Chapitre 4 Synthèse d’un observateur hybride pour un SLC : État discret
inconnu
du système. A partir des informations partielles disponibles de ce dernier, l’état
continu du système est estimé par un observateur d’état. Cet observateur est syn-
thétisé en se basant sur le concept de placement de pôles dans une région LMI afin
d’améliorer les performances d’estimation par rapport aux résultats trouvés dans
le deuxième chapitre, et particulièrement dans la phase transitoire.
Séquence de commutations
y1 Estimateur s1
1
........
Bloc de décision
u . SLC .
y y i Estimateur si
i
tˆc Bloc de
reconstruction .
λ̂
........
f de l’état discret
y p Estimateur s p
p
.
Estimation de l’état discret du système
. . Observateur hybride
x̂
. Estimateur
de défaut
fˆ
y!
Différenciateur algébrique
L’utilisation des contraintes de placement de pôles dans une région LMI consiste
à formuler des conditions LMI permettant, après leurs résolutions, de trouver des
valeurs propres de l’observateur dans une région souhaitée. Ceci permet d’avoir
une qualité d’estimation qui respecte certaines performances comme la rapidité et
112
4.3 Placement de pôle dans une région LMI
le degré d’oscillation.
Dans la figure 4.2.2, des limites de performances de placement de pôles dans une
région pour un système linéaire sont indiquées par les zones hachurées. Ces limites
sont généralement liées au degré de stabilité (zone limitée par 1), aux oscillations
(zone limitée par 2), au degré d’amortissement (zone limitée par 3) et à la limitation
de la partie réelle (zone limitée par 4).
3
1
Imag
2
4
Real
Dans ce qui suit, nous présentons des notions et outils relatifs au placement de pôles
dans une région LMI qui seront nécessaires au développement de l’observateur
d’état.
Afin de présenter les différentes notions de placement de pôles dans une région
LMI, nous donnons dans la première partie de cette section quelques notions et
résultats liés la D−stabilité.
113
Chapitre 4 Synthèse d’un observateur hybride pour un SLC : État discret
inconnu
4.3.1 La D−stabilité
Sp (A) ∈ D (4.3.1)
114
4.3 Placement de pôle dans une région LMI
Un sous-ensemble D du plan complexe est appelé une région LMI d’ordre n s’il
est défini par :
avec R ∈ Rn×n est une matrice symétrique, M ∈ Rn×n et z ∗ est la variable conju-
guée de z dans le plan complexe.
La fonction fD est une fonction caractéristique de variable complexe z. Elle est
symétrique parce que nous avons : fD (z) =: fDT (z), et par conséquent, la région
D est une région LMI, symétrique par rapport à l’axe réel.
Dans ce qui suit, nous présentons un résultat sur la D−stabilité d’une matrice A
dans une région LMI issu des travaux de Chilali [Chilali 96].
Théorème 4.1. [Chilali 96] Considérons une matrice A ∈ Rn×n et une région
LMI D définie par (4.3.2).
La matrice A est D−stable si et seulement si il existe une matrice X symétrique,
définie et positive, telle que nous avons :
La D−stabilité peut être testée par l’intersection de plusieurs régions LMI. Dans
ce cadre, les auteurs de [Chilali 96] ont montré qu’une seule solution symétrique,
définie et positive est nécessaire pour qu’une matrice A soit D−stable dans l’in-
tersection de plusieurs régions Dk , k ∈ {1, · · · ν}.
115
Chapitre 4 Synthèse d’un observateur hybride pour un SLC : État discret
inconnu
Dans ce cadre, nous présentons dans ce qui suit, un résultat utile pour la suite de
notre travail.
Théorème 4.2. [Chilali 96] Considérons une matrice A ∈ Rn×n et ν régions LMI,
Dk , k ∈ {1, · · · ν}. Chacune d’entre elles est définie par :
où k ∈ {1, · · · ν}.
Soit D une région résultant de l’intersection de toutes les sous-région Dk , k ∈
{1, · · · ν}.
Les valeurs propres de la matrice A sont dans la région D si et seulement si il
existe une matrice X, symétrique, définie et positive, tel que :
MD (A, X) = R⊗X +M ⊗(AX)+M T ⊗(AX)T = diag (MDk (A, X)) < 0 (4.3.5)
k=1,···ν
où diag est une matrice diagonale d’ordre ν (annexe 3), et pour tout k = 1, · · · ν,
k=1,···ν
R = diag (Rk ), M = diag (Mk ) et
k=1,···ν k=1,···ν
Ce dernier théorème montre que la matrice X recherchée doit vérifier pour tout
k = 1, · · · ν, la condition MDk (A, X) < 0. En d’autres termes, la même matrice
X est utilisée pour toutes les régions LMI Dk afin de garantir la condition de
la D−stabilité de la matrice A. Ce qui permet de garantir que toutes les valeurs
propres de la matrice A sont dans la région D qui résulte de l’intersection de toutes
les régions Dk , k = 1, · · · ν. De plus, lorsque le nombre ν des régions Dk augmente,
l’inégalité (4.3.5) devient plus conservative.
Nous remarquons que l’équation (4.3.5) est une généralisation du théorème de
Lyapunov standard. En effet, une matrice A est stable si ses valeurs propres sont
dans le demi plan gauche D défini par sa fonction caractéristique fD (z) = z + z ∗ <
116
4.3 Placement de pôle dans une région LMI
1 ⊗ (XA) + 1 ⊗ AT X = AT X + XA < 0, X>0
Plusieurs régions LMI définies par la forme caractéristique (4.3.2) peuvent être
déduites. Nous ne pouvons pas passer en revue toutes les régions présentées dans
la littérature. Dans ce paragraphe, nous présentons trois régions LMI les plus
connues et les plus utilisées.
Bande verticale
z + z ∗ − 2γ z + z ∗ − 2γ
⇐⇒ D = z ∈ C | − ω2 < 0
2 2
(z + z ∗ − 2γ) (z + z ∗ − 2γ)
( )
⇐⇒ D = z ∈ C | − 2ω < 0
2ω
−2ω (z + z ∗ − 2γ)
⇐⇒ D = z ∈ C | < 0
(z + z ∗ − 2γ) −2ω
D = {z ∈ C | R + M z + M T z ∗ < 0} (4.3.7)
117
Chapitre 4 Synthèse d’un observateur hybride pour un SLC : État discret
inconnu
−2ω −2γ 0 1
avec R = et M = .
−2γ −2ω 1 0
2ω
Imag Imag Imag
2α
. .
r
Real Real Real
γ β
Figure 4.3.1 – Région LMI : (a) bande verticale, (b) bande horizontale, (c) disque
Bande horizontale
n o
⇐⇒ D = z ∈ C | |y|2 − α2 < 0
(z − z ∗ ) (z ∗ − z)
( )
⇐⇒ D = z ∈ C | − α2 < 0
4
(z − z ∗ ) (z ∗ − z)
( )
⇐⇒ D = z ∈ C | − 2α < 0
2α
118
4.3 Placement de pôle dans une région LMI
−2α (z − z ∗ )
⇐⇒ D = z ∈ C | ∗ <0
(z − z) −2α
D = {z ∈ C | R + M z + M T z ∗ < 0} (4.3.8)
−2α 0 0 1
où R = et M = .
0 −2α −1 0
Disque
Un disque D ayant comme centre (β; 0) et rayon r (figure 4.3.1 (c)) est défini par :
D = {z ∈ C | |z − β| < r}
n o
⇐⇒ D = z ∈ C | (z − β) (z ∗ − β) − r2 < 0
(z − β) (z ∗ − β)
( )
⇐⇒ D = z ∈ C | −r + <0
r
−r z−β
⇐⇒ D = z ∈ C | −r + ∗ <0
z − β −r
D = {z ∈ C | R + M z + M T z ∗ < 0} (4.3.9)
−r −β 0 1
avec R = et M = .
−β −r 0 0
Dans la suite de ce chapitre, il s’agit de traiter le problème d’estimation de l’état
hybride du système (4.2.1). Ainsi, un bloc pour la reconstruction de l’état discret à
119
Chapitre 4 Synthèse d’un observateur hybride pour un SLC : État discret
inconnu
partir des instants de commutations détectés par l’approche proposée dans le der-
nier chapitre est nécessaire, suivi d’un observateur d’état permettant l’estimation
de l’état continu du système.
Dans le dernier chapitre, nous avons proposé une approche algébrique permettant
la détection en temps réel des commutations dans un SLC. Nous supposons dans
ce chapitre que la séquence de commutations et le mode initial sont connus. Ceux-
ci nous permet de reconstruire l’état discret du système à chaque instant t en
se basant sur l’estimation des instants de commutation par la méthode présentée
dans le chapitre 3. Ainsi la démarche principale de l’estimation de l’état discret
est basée sur les deux étapes suivantes :
— Estimation des instants de commutations par la méthode présentée dans le
chapitre 3.
— Identification du mode actif actuel et de la séquence de commutations, pour
déduire le mode actif qui suit la commutation.
En se basant sur le système (3.4.27) pour un système avec une seule sortie ou sur
le système (3.4.29) pour un système à plusieurs sorties, une estimation de l’état
discret du système (4.2.1) peut être donnée par :
λ̂ = λ̂ (t = 0) = λ (t = 0) ; 0 ≤ t < t̂1
(4.4.1)
λ̂ = λ t̂c−1 = λ (tc−1 ) ; t̂c−1 ≤ t < t̂c
avec t̂c une estimation d’une commutation et t̂c−1 représente une estimation d’une
commutation précédente.
Lorsque l’état discret est identifié, il sera injecté par la suite dans un observateur
d’état (figure 4.2.1) afin d’estimer l’état continu du système. La synthèse de cet
observateur fait l’objet du paragraphe suivant.
120
4.4 Estimation de l’état hybride
où x̄ˆ1 représente une estimation de l’état x̄1 du système transformé réduit (4.2.4).
λ̂ est une estimation de l’état discret λ du système. Elle est reconstruite à partir du
système (4.4.1) et prend ses valeurs dans l’ensemble discret I = {1, · · · , N }, avec
N le nombre de modes qui compose le système (4.2.1). Ainsi, x̄ˆ1 (t̂+ c ) est la valeur
de l’estimation de l’état du système transformé réduit (4.2.4) après l’instant de
commutation estimé t̂c . et x̄ˆ(t̂−
c ) est la valeur de l’estimation de l’état du système
transformé (4.2.3) avant cet instant estimé.
Lorsque l’état discret estimé λ̂ converge vers λ, l’observateur (4.4.2), le SLC (4.2.1)
et le système transformé réduit (4.2.4) évoluent dans le même mode discret. Ainsi,
les différentes matrices Aobs
λ̂
, Bλ̂obs , Cλ̂obs , Sλ̂,λ̂+ , Uλ̂1 , Cλ̂ , Nλ̂ et Tλ̂ deviennent iden-
tiques aux matrices Aobs obs obs 1
λ , Bλ , Cλ , Sλ,λ+ , Uλ , Cλ , Nλ et Tλ définies dans le
deuxième chapitre. La matrice Aobs λ̂
est donnée par Aobs λ̂
= Ãλ̂ − Lλ̂ C̃λ̂ , où Ãλ̂ et C̃λ̂
sont équivalentes aux matrices Ãλ et C̃λ lorsque l’observateur et le système évo-
luent dans le même mode, et Lλ̂ est le gain de l’observateur qui prend ses valeurs
dans l’ensemble des matrices {L1 , · · · , LN }. Les différents gains matriciels Li , i ∈ I
sont choisis de telle sorte que l’erreur d’estimation entre le sous état estimé x̄ˆ1 et
le sous état réel x̄1 converge asymptotiquement vers zéro.
La reconstruction en ligne de l’état discret λ se produit avec un certain retard
Tc qui apparait à chaque instant de commutation tc . Ceci permet d’introduire un
décalage de détection du mode actif après chaque transition discrète. Ainsi, entre
deux instants de commutations tc et tc+1 nous avons deux phases (figure 4.4.1).
La première phase représente la phase entre l’apparition de la commutation à l’ins-
tant tc et l’instant de sa détection t̂c = tc + Tc . Dans cette phase l’observateur et
121
Chapitre 4 Synthèse d’un observateur hybride pour un SLC : État discret
inconnu
Tc
Observateur et système Observateur et système
n’évoluent pas dans le évoluent dans le même
même mode mode
λ =i λ̂ = j ≠ i λ = λ̂ = i
le système n’évoluent forcement pas dans le même mode. Par conséquent, l’obser-
vateur ne peut pas suivre la trajectoire de l’état x̄1 du système transformé réduit
(4.2.4) et donc également de l’état x du système (4.2.1). Lorsque la commutation
à l’instant tc est détectée à l’instant t̂c = tc + Tc , l’observateur et le système com-
mencent à évoluer à partir de cet instant dans le même mode. Ainsi, l’état estimé
x̄ˆ1 respectivement x̂ commence à converger vers l’état x̄1 respectivement x.
Afin de simplifier le calcul, nous supposons que le retard de détection est négli-
geable et que l’observateur et le système évoluent dans le même mode.
Dans ce cadre, l’erreur d’estimation entre le sous état estimé x̄ˆ1 et le sous état réel
x̄1 est donnée par :
ε̇1 (t) = Aobs
λ ε1 (t)
ε (t̂+ ) = G + ε (t̂− )
(4.4.4)
1 c λ,λ 1 c
où Gλ,λ+ est une matrice définie dans la proposition 2.1 et les vecteurs ε1 (t̂+c ) et
ε1 (t̂−
c ) sont respectivement l’erreur d’estimation après et avant l’estimation t̂c de
l’instant de commutation tc .
122
4.4 Estimation de l’état hybride
2ω i
Imag
2α i
.
γi
Real
Remarque 4.1. Pour tout i ∈ I, les paramètres γi et ωi sont choisis de telle sorte
que les valeurs propres de l’observateur soient dans une région permettant à l’ob-
servateur d’être plus rapide par rapport au système. De plus, l’observateur ne doit
pas être trop rapide, sinon il sera trop sensible au bruit.
D’autre part, pour tout i ∈ I, les paramètres αi sont positifs et ne sont pas choisis
grands afin de borner la partie imaginaire des valeurs propres de l’observateur. Ceci
permet d’éviter des oscillations dans la phase transitoire causées par des grandes
valeurs des parties imaginaires des valeurs propres.
123
Chapitre 4 Synthèse d’un observateur hybride pour un SLC : État discret
inconnu
le théorème suivant.
Théorème 4.3. Considérons le SLC (4.2.1), ainsi que le système transformé ré-
duit (4.2.4). Nous supposons que le retard de détection des instants de commu-
tations est négligeable et que l’observateur et le système évoluent dans le même
mode.
−2ωi Pi Ψ1i 0 0
∗ −2ωi Pi 0 0
≤0 (4.4.5)
0 0 −2αi Pi Ψ2i
0 0 −Ψ2i −2αi Pi
P GTi,j Pj
i ≥0 (4.4.6)
∗ Pj
avec j le mode successeur du mode i, Ψ1i = −2γi Pi + ÃTi Pi + Pi Ãi − C̃iT Hi − HiT C̃i
et Ψ2i = ÃTi Pi − Pi Ãi − C̃iT Hi + HiT C̃i .
Nous avons montré également dans la preuve du théorème 2.2 que la convergence
de l’erreur d’estimation nécessite l’existence pour tout i ∈ I de deux matrice Pi et
Hi telle que :
124
4.4 Estimation de l’état hybride
T
Aobs
i Pi + Pi Aobs
i ≤0 (4.4.7)
Dans cette section, nous avons supposé que le retard de détection des instants de
commutations par l’approche proposée dans le chapitre 3 est négligeable, et par
conséquent, l’observateur et le système sont supposés évoluer dans le même mode.
L’inégalité (4.4.7) doit être vérifiée ici.
Maintenant, afin de garantir donc, que pour tout i ∈ I , les valeurs propres de
la matrice Aobs
i de l’observateur soient dans la région Di présentée dans la figure
4.4.2, l’inégalité (4.3.5) doit être vérifiée . Pour cela, il faut qu’il existe pour tout
i ∈ I, une matrice Pi , telle que :
T
MDi Aobs i i obs T obs
i , Pi = R ⊗ Pi + M ⊗ Ai Pi + Mi ⊗ Ai Pi =
MD1i Aobs
i , Pi 0 (4.4.8)
<0
0 MD2i Aobs
i , Pi
T
T
avec MD1i Aobs i i obs i obs
i , Pi = R1 ⊗Pi +M1 ⊗ Ai Pi +(M1 ) ⊗ Ai Pi et MD2i Aobs
i , Pi =
T
T
R2i ⊗ Pi + M2i ⊗ Aobs i
i Pi + (M2 ) ⊗ Ai Pi
obs
, où Rki et Mki , k = 1, 2, représentent
les matrices spécifiques de la région Dki présentée dans l’équation (4.3.2).
Dans notre travail, nous avons considéré pour tout i ∈ I, une région Di définie
par l’intersection d’une bande verticale D1i et d’une autre horizontale
D2i . De ce
−2ωi −2γ i
fait, en utilisant les équations (4.3.7) et (4.3.8), nous avons R1i = ,
−2γi −2ωi
0 1 i −2αi 0 0 1
M1i = , R2 = et M2i = . Ainsi, en remplaçant
1 0 0 −2αi −1 0
ces matrices dans l’inégalité (4.4.8), et en posant Hi = (Pi Li )T , nous aboutissons
à la LMI (4.4.5).
D’autre part, en se basant sur les équations (2.3.7) et (2.3.20), l’état estimé x̂
converge asymptotiquement vers l’état réel x du système (4.2.1).
125
Chapitre 4 Synthèse d’un observateur hybride pour un SLC : État discret
inconnu
Après avoir reconstruit l’état discret λ, l’état x̄1 du système transformé réduit
(4.2.4) et l’état x du système (4.2.1), nous nous intéressons dans cette section à
l’estimation du vecteur de défauts f du système (4.2.1). Dans ce chapitre, nous
avons supposé que l’état discret du système (4.2.1) est inconnu et qu’il est re-
construit en temps réel en utilisant l’estimateur (4.4.1). Lorsque λ̂ converge vers
λ, nous avons λ̂ = λ, et l’estimateur (2.3.29) présenté dans le chapitre 2 peut
être considéré alors comme un estimateur du vecteur de défauts f du système
(4.2.1). D’autre part, sous l’hypothèse que le retard de détection des instants de
commutations est négligeable et que l’observateur et le système évoluent dans le
même mode, l’estimateur (4.5.1) présenté ci-dessous, peut être considéré comme
un estimateur du vecteur de défauts f du système (4.2.1).
où λ̂ prend ses valeurs dans l’ensemble discret I, et pour tout i ∈ I, les matrices
Ui1 , θi1 , θi2 et θi3 sont présentées dans la proposition 2.2 du chapitre 2.
126
4.5 Estimation du vecteur de défauts
Les différenciateurs basés sur des approches algébriques ont été revisités dans plu-
sieurs travaux et ont été appliqués avec succès dans différents domaines, comme
par exemple la détection de ruptures dans un signal ou le dé-bruitage des signaux
mono-dimensionnels [Fliess 04] [Fliess 05]. Des extensions de ces techniques ont été
réalisées également pour des signaux multi-dimensionnels, comme par exemple, les
séquences d’images [Fliess 06].
Dans cette section, nous présentons une approche basée sur des techniques algé-
briques, permettant de calculer la dérivée du vecteur de sortie y. Cette approche re-
présente une revisite des travaux développés dans [Mboup 07] [Villagra 08] [Mboup 09][Liu 11].
L’idée principale de cette approche se base sur l’hypothèse que la sortie y dont nous
allons estimer la dérivée est supposée de classe C ∞ . Ceci nous permet de dévelop-
per y en série de Taylor et de tronquer ce développement à un certain ordre N .
Une transformée de Laplace sera appliquée afin d’obtenir un modèle réécrit dans le
domaine opérationnel. En réalisant des dérivations adéquates dans le domaine opé-
rationnel et des manipulations algébriques permettant le passage dans le domaine
temporel, la dérivée de la sortie y recherchée peut être alors estimée.
Dans ce qui suit, nous présentons un développement préliminaire nécessaire à la
synthèse du différenciateur algébrique proposé.
127
Chapitre 4 Synthèse d’un observateur hybride pour un SLC : État discret
inconnu
donné par :
+∞
X
(k) (t − t0 )k
y (t) = y (t0 ) (4.5.2)
k=0 k!
Afin d’estimer la dérivée première de la sortie y, un calcul est fait à chaque instant
τ dans l’intervalle IτT̃+ . Par conséquent, cet intervalle est considéré comme une
fenêtre glissante de largeur T̃ , ayant comme origine t = 0 qui correspond en réalité
à l’instant t = τ . Ainsi, à chaque instant τ , le long du calcul, l’intervalle de temps
h i h i
IτT̃+ = τ, τ + T̃ est remplacé par 0, T̃ .
+∞
tk
y (k) (0)
X
y (t) = (4.5.3)
k=0 k!
N
tk
y (k) (0)
X
yN (t) = (4.5.4)
k=0 k!
dN +1
L’expression de yN satisfait l’équation différentielle y
dtN +1 N
(t) = 0.
128
4.5 Estimation du vecteur de défauts
N
X y (k) (0)
yN (s) = (4.5.5)
k=0 sk+1
dN −1 N +1
s yN (s) = N ! s y (0) + (N − 1)! ẏ (0) (4.5.6)
dsN −1
De plus, en examinant l’équation (4.5.6), nous remarquons que toutes les dérivées
k ième , k > 1 ont disparu et il reste que la valeur de y au point 0 ainsi que sa
dérivée désirée. Pour cela, nous essayons dans un second temps de faire disparaitre
la quantité N ! s y (0). De ce fait, en multipliant l’équation (4.5.6) par 1s et en
dκ+1
appliquant l’opérateur différentiel ds κ+1 , κ ≥ 0, nous aboutissons à (4.5.7).
129
Chapitre 4 Synthèse d’un observateur hybride pour un SLC : État discret
inconnu
étant une estimation de la dérivée de la sortie bruitée y, estimée en tronquant le
développement de la série de Taylor à l’ordre N et en utilisant deux entiers na-
turels positifs µ et κ. Ceci nous permet de conclure que cette estimation est une
fonction de N , µ et κ.
Le terme ẏ (0) existe dans l’équation (4.5.7) est une dérivée exacte de y à l’instant
t = 0. En effet, cette dérivée découle du développement mathématique commencé
à partir de l’équation (4.5.4). Néanmoins, ẏˆ (0; κ; µ; N ) qui existe dans l’équation
(4.5.8) n’est qu’une estimation de la dérivée exacte de y à l’instant t = 0. En
effet, la quantité tronquée yN du développement en série de Taylor de la sortie y
considérée non bruitée a été remplacée par la vraie sortie y bruitée et non tronquée.
Pour cette raison, nous procédons à ce stade à l’examen de l’erreur d’estimation.
Ainsi, nous définissons à partir des équations (4.5.3) et (4.5.4), la quantité RN =
y − yN qui représente la différence entre le développement en série de Taylor de la
sortie sans bruit et sa troncature à l’ordre N . Ceci nous permet d’écrire la sortie
bruitée y sous la forme suivante :
y = yN + RN + η (4.5.9)
130
4.5 Estimation du vecteur de défauts
compromis.
Différents estimateurs peuvent être déduits en fonction des différents paramètres µ
et κ, de l’ordre de troncature N et ainsi que de la longueur T̃ de la fenêtre glissante
IτT̃+ .
Lorsque l’ordre de la troncature N prend la valeur la plus petite (N = 1), le
différenciateur qui en résulte est appelé différenciateur d’ordre minimal.
Z T̃
ρ
ẏˆ (τ ; κ, µ) = gκ,µ y τ − T̃ + ρ dρ (4.5.12)
0 T̃
µ
où gκ,µ (u) = − γT̃κ,µ κ
2 u (1 − u) [κ + 1 − (κ + µ + 2) u] et γκ,µ =
(µ+κ+3)!
(µ+1)!(κ+1)!
.
131
Chapitre 4 Synthèse d’un observateur hybride pour un SLC : État discret
inconnu
h i κ+1
avons pour tout t ∈ 0, T̃ , ϕκ,µ (t) = (−1) (κ+1)! µ+κ+3
(µ+κ+3)!
t . De plus, en se basant sur
1
l’équation (3.3.17), nous transformons Πκ,µ y dans le domaine temporel. Ainsi, nous
h i κ+1 R n o
µ+1
obtenons pour tout t ∈ 0, T̃ , Π1κ,µ y = (−1) t d
(µ+1)! 0 dσ
σ κ+1
(t − σ) y (σ) dσ.
ˆ γκ,µ Z 1
ẏ (0; κ, µ) = Ψκ,µ (ρ) y (ρt) dρ (4.5.13)
t 0
n o
où Ψκ,µ (ρ) = d
dρ
ρκ+1 (1 − ρ)µ+1 = ρκ (1 − ρ)µ [κ + 1 − (κ + µ + 2) ρ].
γκ,µ Z 1
ẏˆ (τ ; κ, µ) = Ψκ,µ (ρ) y (τ + ρt) dρ (4.5.14)
t 0
h i
avec t ∈ IτT̃+ = τ, τ + T̃ .
γκ,µ Z 1
ẏˆ (τ ; κ, µ) = Ψκ,µ (ρ) y τ + ρT̃ dρ (4.5.15)
T̃ 0
Jusqu’à présent, le calcul effectué dans la démonstration est basé sur les instants
h i
t ∈ IτT̃+ = τ, τ + T̃ . Ces instants ne sont pas connus en temps réel à l’instant
τ , ce qui impose un caractère non-causal de l’estimation de la dérivée. Pour cela,
afin d’avoir une estimation avec un caractère causal, nous devons nous baser sur
l’instant en cours et les instants précédents. Par conséquent, à ce stade, l’intervalle
h i
IτT̃+ sera remplacé par l’intervalle IτT̃− = τ − T̃ , τ , ce qui revient à remplacer le
terme y τ + ρT̃ par −y τ − T̃ + ρT̃ . De ce fait, l’équation suivante est déduite :
γκ,µ Z 1
ẏˆ (τ ; κ, µ) = − Ψκ,µ (ρ) y τ − T̃ + ρT̃ dρ (4.5.16)
T̃ 0
132
4.5 Estimation du vecteur de défauts
ẏˆ (τ ; κ, µ) ≈ ẏ (τ − τ1 ) (4.5.17)
κ+2
où τ1 = T̃ ξ1 et ξ1 = µ+κ+4
.
−1
0 5 10 15 20
Temps (s)
Figure 4.5.1 – Dérivée réelle de la fonction sin et son estimation par un diffé-
renciateur d’ordre minimal : κ = 1, µ = 1
Ce problème de décalage d’estimation a été discuté dans [Mboup 07] et [Mboup 09].
Ainsi, la démonstration de l’équation (4.5.17) est liée à une approximation polyno-
miale de premier ordre au sens des moindres carrés. Celle-ci a été faite en utilisant
une projection orthogonale dans une base polynomiale de Jacobi formée par des
polynômes orthogonaux. Ce résultat ne sera pas démontré dans cette thèse. Pour
plus de détails, le lecteur peut voir les travaux présentés dans [Mboup 09].
133
Chapitre 4 Synthèse d’un observateur hybride pour un SLC : État discret
inconnu
différenciateur (4.5.8) en choisissant N > 1. Dans ce cas, ce différenciateur est ap-
pelé différenciateur d’ordre non minimal. Ainsi, il sera présenté dans le paragraphe
suivant.
n o
Hκ,µ = ẏˆ (τ ; κ + N − 1, µ) , · · · , ẏˆ (τ ; κ + N − 1 − i, µ + i) , · · · , ẏˆ (τ ; κ, µ + N − 1)
(4.5.18)
où i ∈ [0, N − 1].
N −1
ẏˆ (τ ; κ; µ; N ) = βj ẏˆ (τ ; κj , µj )
X
(4.5.19)
j=0
Remarque 4.2. Les coefficients βj dans (4.5.19) jouent un rôle très important, non
seulement sur la grandeur du retard, mais aussi sur la qualité d’estimation. En
134
4.5 Estimation du vecteur de défauts
effet, des résultats trouvés dans [Mboup 09] montrent que l’existence du retard
dans l’estimation de la dérivée de la sortie avec un différenciateur non-minimal,
améliore la qualité d’estimation. Par conséquent, avec un différenciateur d’ordre
non-minimal, l’estimation en temps réel de la dérivée de la sortie y est moins bonne
qu’une estimation avec un retard imposé.
Dans ce qui suit, nous présenterons un résultat dans lequel les coefficients βj de
l’équation (4.5.19) sont exprimés en fonction du retard.
ainsi, l’ensemble Hκ,µ des différenciateurs d’ordre minimal défini dans (4.5.18).
Z T̃
ẏˆ (τ ; ξ; κ; µ; N ) = G (ξ, ρ) y τ − T̃ + ρ dρ (4.5.20)
0
avec, G (ξ, ρ) = ql=0 βl (ξ) gκl ,µl T̃ρ , où, gκ,µ définie dans le théorème 4.4, ξ ∈
P
135
Chapitre 4 Synthèse d’un observateur hybride pour un SLC : État discret
inconnu
Le résultat donné dans le théorème 4.6 représente un résultat intéressant pour
l’estimation de la dérivée de la sortie. En effet, le retard est fixé par nous même
en choisissant la valeur de ξ. Ainsi, afin d’avoir un différenciateur sans retard,
nous choisissons ξ = 0. En présence du bruit dans la sortie y, ce choix détériore
la qualité d’estimation par rapport à une estimation avec un retard. D’autre part,
une estimation de la dérivée par le différenciateur d’ordre non-minimal (4.5.20)
avec un retard τ ∗ = τ1 = T̃ ξ1 (ξ1 est défini dans le paragraphe précédent) est
meilleure qu’une estimation avec le différenciateur d’ordre minimal (4.5.12). Ceci
est dû principalement à l’erreur eRN (équation (4.5.10)) qui est beaucoup plus
importante dans un différenciateur d’ordre minimal que dans un différenciateur
d’ordre non-minimal. Ce résultat a été discuté et démontré dans [Mboup 09].
Pour ce paragraphe, nous considérons le SLC donné par l’équation (4.2.1), avec
trois modes. Les matrices de ce système sont données par :
−1 3 −2 −3 −2
−1 −2 2 1 0
−2 0 1 1 −2 0 −2 2 1 −1
A1 = −2 −1 0 −3 1 , A2 = 1 −1 0 1 −2 ,
2 0 1 0 −3 0 −1 −1 −2 2
−2 1 0 2 −1 0 1 1 1 −2
−1 −1 −1 1 3
1
1 1 −2 −1 2 0
A3 = −2 0 0 2 −3 , B1 = B2 = B3 = 1 ,
0 3 −3 −1 3 0
−1 1 1 0 −1 0
T
0 0 0
1 0
1 0 0 0 1
C1 = C2 = C3 = 0 1 0 et F1 = F2 = F3 = 1 1 .
0 0 1 0 0
0 0 0 0 1
136
4.6 Exemple Numérique
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps (s)
La simulation de cet exemple est faite sur Matlab/Simulink, avec un pas d’échan-
1
tillonnage Ts = 3000 . Le bruit de mesure η est un bruit blanc généré par le
bloc « band-limited white noise », avec une puissance donnée par « noise power :
[0.000001]. La variation de la puissance du bruit est donnée par le paramètre
« seed » de ce bloc, par [23341].
Le rapport signal a bruit (SNR) en db est 57db pour y 1 , 56db pour la deuxième
sortie y 2 et 64db pour y 3 .
L’estimation de l’état discret du système (4.2.1) est effectuée sur deux phases. La
première consiste en l’estimation des instants de commutations par la méthode
présentée dans le chapitre 3. La deuxième phase consiste en la reconstruction de
l’état discret par le système (4.4.1).
137
Chapitre 4 Synthèse d’un observateur hybride pour un SLC : État discret
inconnu
Tout d’abord, nous commençons par montrer les résultats de simulation de la pre-
mière phase. Pour cela, nous supposons qu’un instant τ est équivalent à l’échan-
tillon nTs et nous considérons une fenêtre T contenant M + 1 échantillons avec
M = 500. Ceci nous permet de dire que la fenêtre T est donnée par T = M Ts . Le
T
vecteur y contient trois sorties (y = y 1 y 2 y 3 ). De ce fait, nous avons trois
estimateurs Estimateuri , i = 1, 2, 3 . Chacun d’entre eux est dédié à une sortie y i .
Nous remarquons que la majorité des instants de commutations sont détectés par
tous les estimateurs. Une fausse détection par l’Estimateur2 apparait à l’instant
τ = 3.596. Cette fausse détection est rejetée par l’algorithme de décision car la
majorité des estimateurs ne l’a pas détectée.
Table 4.1 – Détection des instants de commutations par les différents estima-
teurs : Système d’ordre cinq
138
4.6 Exemple Numérique
4
λ
3
2
λ̂
3 1
16 17
0 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps (s)
139
Chapitre 4 Synthèse d’un observateur hybride pour un SLC : État discret
inconnu
(4.2.1), les paramètres de la bande verticale de la région LMI de chaque mode i,
i = 1, 2, 3 (figure 4.4.2 et remarque 4.1) sont choisis par : γ1 = −3, ω1 = 1 pour
le mode 1, γ2 = −5.5, ω2 = 3.5 pour le mode 2 et γ3 = −2, ω3 = 1 pour le mode
3. D’autre part, et sans perte de généralités, et afin d’éviter les oscillations dans
l’estimation de l’état continu, les paramètres αi sont choisis de la façon suivante :
α1 = α2 = α3 = 7.
En se basant sur ces paramètres, les gains matriciels de l’observateur (4.4.2) obte-
nus en résolvant les LMI (4.4.5) et (4.4.6) du théorème 4.3 sont donnés par :
0.9217
−1.6301
−3.7190
L1 =
0.1545 ,
L2 =
4.4503
et L3 =
1.2350 .
9.0086 2.2144 3.5021
Les différents gains Li obtenus en résolvant les LMI (2.3.27) et (2.3.28) du théorème
2.2 sont donnés par :
−1.6763
0.9063
−0.7827
L1 = −0.5348 , L2 = 0.4750 et L3 = −0.7325 .
9.4136 −3.8811 −2.3037
Nous considérons que l’observateur commence à évoluer à partir d’un état initial
h iT
x̄ˆ1 (0) = 20 20 −20 .
Dans les figures 4.6.3, 4.6.4, 4.6.5, 4.6.6, 4.6.7 et 4.6.8, nous présentons l’évolution
de l’état x, son estimation x̂, l’erreur d’estimation x̂ − x et sa norme dans deux
cas. Les figures à gauche représentent des simulations avec placement de pôles dans
une région LMI, et donc en utilisant des gains matriciels trouvés en résolvant les
LMI du théorème 4.3. A droite, sont représentées les simulations sans placement
de pôles dans une région LMI, et donc en utilisant des gains matriciels obtenus en
résolvant les deux LMI du théorème 2.2.
Ces figures montrent non seulement l’efficacité de l’observateur (4.4.2) proposé,
mais également l’importance d’utilisation du concept de placement de pôles dans
une région LMI découlant de la résolution des LMIs (4.4.5) et (4.4.6) données dans
le théorème 4.3. En effet, nous remarquons que même en présence du bruit, en pla-
çant les pôles de l’observateur dans la région LMI choisie, l’observateur converge
plus rapidement que sans utilisation de ce concept de placement de pôles. Néan-
moins, dans les deux cas, après chaque commutation, l’observateur diverge dans un
140
4.6 Exemple Numérique
(a) (b)
100 5
100
x1
50 50 xˆ1
−15
19 22
0 0
x1
−50 xˆ1 −50
5 5
xˆ1 − x1 xˆ1 − x1
0 0
−5 −5
0 5 10 15 20 25 30 35 40 0 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps (s) Temps (s)
Figure 4.6.3 – État x1 , son estimation x̂1 et l’erreur d’estimation x̂1 − x1 : (a) :
cas avec région LMI (théorème 4.3), (b) : cas sans région LMI
(théorème 2.2)
(a) (b)
0
60 60
40 40
20 20
−12
20 20.5
0
0
−20 x2
−20 x2
xˆ2 −40 xˆ2
5
xˆ2 − x2
2 xˆ2 − x2
0
0
−2
−5
0 5 10 15 20 25 30 35 40 0 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps (s) Temps (s)
Figure 4.6.4 – État x2 , son estimation x̂2 et l’erreur d’estimation x̂2 − x2 : (a) :
cas avec région LMI (théorème 4.3), (b) : cas sans région LMI
(théorème 2.2)
Ces résultats sont confirmés également dans la figure 4.6.8. En effet, avec l’utilisa-
tion du concept de placement de pôles dans une région LMI, lorsque l’observateur
d’état converge après le retard de détection Tc , l’erreur d’estimation ne dépasse
141
Chapitre 4 Synthèse d’un observateur hybride pour un SLC : État discret
inconnu
(a) (b)
50 10 50
−3
19 22
0 0
x3 x3
−30 −30
xˆ3 xˆ3
5 5
xˆ3 − x3 xˆ3 − x3
0 0
−5 −5
0 5 10 15 20 25 30 35 40 0 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps (s) Temps (s)
Figure 4.6.5 – État x3 , son estimation x̂3 et l’erreur d’estimation x̂3 − x3 : (a) :
cas avec région LMI (théorème 4.3), (b) : cas sans région LMI
(théorème 2.2)
(a) (b)
5
100
100
−5
19 21
0
0
x4 x4
−50 xˆ4
−50 xˆ4
5
5 xˆ4 − x4
xˆ4 − x4
0 0
−5 −5
0 5 10 15 20 25 30 35 40 0 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps (s) Temps (s)
Figure 4.6.6 – État x4 , son estimation x̂4 et l’erreur d’estimation x̂4 − x4 : (a) :
cas avec région LMI (théorème 4.3), (b) : cas sans région LMI
(théorème 2.2)
pas 0.2. Néanmoins, lorsque nous n’utilisons pas le concept de placement de pôles,
l’erreur d’estimation atteint 2, elle est donc beaucoup plus importante.
142
4.6 Exemple Numérique
(a) (b)
0
20
20
−8
20 22
0
0
x5
x5 −20 xˆ5
−20 xˆ5
5
5 xˆ5 − x5
xˆ5 − x5
0
0
−5
−5 0 5 10 15 20 25 30 35 40
0 5 10 15 20 25 30 35 40 Temps (s)
Temps (s)
Figure 4.6.7 – État x5 , son estimation x̂5 et l’erreur d’estimation x̂5 − x5 : (a) :
cas avec région LMI (théorème 4.3), (b) : cas sans région LMI
(théorème 2.2)
(a) (b)
20 20
|| x̂ − x ||
|| x̂ − x ||
15 15
10 10
5 5
0 0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 0 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps (s) Temps (s)
Figure 4.6.8 – Norme de l’erreur d’estimation kx̂ − xk : (a) : cas avec région LMI
(théorème 4.3), (b) : cas sans région LMI (théorème 2.2)
143
Chapitre 4 Synthèse d’un observateur hybride pour un SLC : État discret
inconnu
sur l’algèbre différentielle par rapport à un différenciateur basé sur les techniques
des modes glissants.
Afin d’implémenter le différenciateur algébrique (4.5.20), nous considérons κ = 1,
µ = 1 et q = 3, ainsi, qu’une fenêtre T̃ contenant M̃ +1 échantillons avec M̃ = 500.
Ceci nous permet de dire que la fenêtre T̃ = M̃ Ts .
A chaque instant τ = nTs , avec n ≥ M̃ , une approximation de ẏˆ est donnée par :
M̃
ẏˆ (τ ; ξ; κ; µ; N ) = ẏˆξ,n = Wm2 Gξ,m yn−M̃ +m
X
(4.6.1)
m=0
Ts pour m = 0 et m = M̃
où ym = y (tm ) = y (mTs ), Wm2 = 2 est la fonc-
Ts pour m = 2, · · · , M̃ − 1
tion poids de l’intégration par la méthode trapézoïdale.
Pour un ξ donné, Gξ,m = ql=0 βl (ξ) gκl ,µl mT , avec βl (ξ), l = 0, · · · q, sont les
P s
T̃
éléments du vecteur β (ξ) donné dans le théorème 4.6. De plus, les éléments Gξ,m ,
l = 0, · · · q, sont calculés une seule fois pour toute et seront utilisés pour le calcul
de la dérivée à chaque instant τ = nTs .
Concernant l’estimation de la dérivée par le différenciateur (2.3.30) basé sur les
techniques des modes glissants, nous choisissons r = 5, L = 10 et α0i = 5 ∗
(r − i + 1), i = 0, · · · , 5. Ainsi, les différents gains αi i = 0, · · · , 5 sont calculés en
utilisant l’équation (2.3.31).
Dans la figure 4.6.9, nous présentons l’évolution des défauts et de leurs estimations
dans le cas où la dérivée de y est estimée avec le différenciateur algébrique (4.5.20)
sans retard (ξ = 0).
La figure 4.6.10 montre l’évolution de ces deux signaux dans le cas où la dérivée
de y est estimée par le même différenciateur algébrique (4.5.20) en imposant un
retard d’estimation τ2 = T̃ ξ2 = 50ms avec ξ2 = 0.3 (ξ = ξ2 6= 0). D’autre part,
dans la figure 4.6.11, nous présentons l’évolution des défauts et de leurs estimations
en utilisant la dérivée de y estimée avec le différenciateur (2.3.30) d’ordre 5, basé
sur les techniques des modes glissants.
Ces résultats de simulation montrent qu’à l’instant où l’état estimé x̂ converge
vers l’état réel x du SLC (4.2.1), les défauts estimés donnés par le vecteur fˆ
144
4.6 Exemple Numérique
(a) (b)
f1 f2
15 fˆ1 15 fˆ2
7 6
0 0
−7 −6
−15 −15
0 5 10 15 20 25 30 35 40 0 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps (s) Temps (s)
(a) (b)
f1 f2
15 fˆ1 15
fˆ2
7 6
0 0
−7 −6
−15 −15
0 5 10 15 20 25 30 35 40 0 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps (s) Temps (s)
Figure 4.6.10 – Estimation hors ligne de défauts avec la méthode algébrique : (a) :
défaut f1 et son estimation fˆ1 , (b) : défaut f2 et son estimation
fˆ2 .
convergent vers les défauts réels définis par le vecteur f . Ainsi, des phénomènes
de chattering apparaissent à chaque instant de commutation. Ces phénomènes dus
principalement au retard de détections Tc des commutations à chaque instant tc
et particulièrement au changement de dynamique à ces instants.
D’autre part, on remarque l’apparition d’un bruit dans les défauts estimés. Ceci
est causé par l’amplification du bruit lors de la dérivation de la sortie y par les
différenciateurs.
Nous remarquons également que l’amplification du bruit est beaucoup plus im-
portante lorsque nous utilisons le différenciateur algébrique d’ordre non-minimal
145
Chapitre 4 Synthèse d’un observateur hybride pour un SLC : État discret
inconnu
(a) (b)
f1 f2
15 fˆ1 15 fˆ2
7
6
0 0
−7 −6
−15 −15
0 5 10 15 20 25 30 35 40 0 5 10 15 20 25 30 35 40
Temps (s) Temps (s)
(4.5.20) avec une estimation sans retard (ξ = 0). En effet, le rapport signal sur
kf k
bruit RSB défini par RSBdb = 10∗log10 fˆ−f et calculé à partir de l’apparition
k k
des défauts à l’instant τ = 3.5s, est de −3.083db pour le défaut f1 et de −3.0266db
pour le défaut f2 .
Cependant, l’estimation des défauts est moins bruitée lorsque nous utilisons le
même différenciateur algébrique (4.5.20) en imposant un retard ou en utilisant
le différenciateur (2.3.30) d’ordre 5, basé sur les techniques des modes glissants.
D’autre part, lorsque nous appliquons le différenciateur algébrique (4.5.20) en im-
posant un retard, l’estimation est plus précise et moins bruitée par rapport au
différenciateur (2.3.30) d’ordre 5, basé sur les techniques des modes glissants. Ceci
est confirmé par les résultats montrés dans les figures 4.6.10 et 4.6.11 et par le
calcul des RSB . En effet, avec le différenciateur algébrique (4.5.20) où il y a un
retard de 50ms, le RSB est de 3.3024db pour f1 et de 5.1436db pour f2 . Alors
que pour une estimation des défauts en utilisant le différenciateur (2.3.30) basé
sur les techniques des modes glissants, la valeur de RSB est de −0.3644db pour f1
et de 0.8014db pour f 2 . Par conséquent, nous pouvons conclure que l’estimation
des défauts en estimant la sortie y avec un différenciateur algébrique en imposant
un retard est plus précise est moins bruitée qu’en estimant la sortie y avec un
différenciateur basé sur les techniques des modes glissants.
Remarque 4.3. Le retard que nous avons imposé au différenciateur algébrique
d’ordre non-minimal (4.5.20) est de 50ms. Il améliore la qualité d’estimation par
146
4.7 Conclusion
4.7 Conclusion
147
Chapitre 4 Synthèse d’un observateur hybride pour un SLC : État discret
inconnu
algébriques, a permis de remplir les objectifs d’estimation. Ces résultats de simu-
lations ont montré également les avantages et les inconvénients du différenciateur
basé sur des méthodes algébriques par rapport à un différenciateur basé sur des
techniques des modes glissants.
148
Conclusion et perspectives
Dans le deuxième chapitre, nous avons supposé que l’état discret du système est
connu. Par la suite, le problème d’estimation simultanée de l’état continu et des
défauts actionneurs dans un SLC avec bruit de mesure est considéré. Ainsi, après
avoir effectué un découplage d’un sous-ensemble de l’état du système des défauts,
un observateur a été synthétisé pour estimer l’état continu du système dans deux
cas de figure. Dans le premier cas, les matrices de défauts ont été considérées
149
Conclusion et perspectives
Dans le troisième chapitre, l’état discret du système a été supposé inconnu. Ainsi,
dans un premier temps, une approche algébrique a été développée afin de détecter
les instants de commutations pour un système avec une seule sortie. Par la suite,
la méthode proposée a été généralisée pour un système à plusieurs sorties. Dans
ce cas, pour chaque sortie, nous avons un estimateur. Ainsi, un bloc de décision
est mis en place afin d’orchestrer les sorties des différents estimateurs.
Les résultats trouvés dans cette thèse ont été validés uniquement en simulation.
Ainsi, trouver un exemple de système physique sur lequel pourrait être validé
l’ensemble de ces résultats est parmi les perspectives envisagées.
150
tisme des LMI élaborées. Afin de réduire le conservatisme qui découle de l’utili-
sation des fonctions de Lyapunov quadratiques, la méthodologie de l’élaboration
des conditions de convergence pourra être orientée vers des fonctions de Lyapunov
non quadratiques.
La reconstruction de l’état discret du système effectuée dans notre thèse est basée
sur la détection des instants de commutations par l’approche algébrique proposée.
Ces instants sont détectés avec un retard. Ainsi, nous proposons de synthétiser un
observateur d’état qui prend en considération le retard. De ce fait, l’élaboration des
contraintes de convergence doivent tenir compte des modes d’évolution du système
et de l’observateur.
D’autre part, l’approche d’estimation des défauts proposée dans ce travail concerne
principalement les défauts actionneurs. Ainsi, nous pouvons élargir les travaux
présentés à d’autres classes de SLC et traiter d’autres types de défauts, entre
autres, les défauts systèmes, les défauts capteurs,. . . .
Une approche de commande tolérante aux défauts peut être développée en se
basant sur l’estimateur des défauts présenté dans cette thèse.
151
Annexes
Annexe A
Complément de Schur
M − RT SR < 0
M RT
<0
R S −1
155
Annexe B
avec g0 (t) le signal de base (sans bruit) ayant une dérivée seconde bornée par une
constante connue L > 0 (appelée constante de Lipschitz). η (t) représente le bruit
supposé borné par une constante connue (|η (t)| ≤ ).
L’application de cet algorithme est basée sur le bon choix d’une surface s [Utkin 09]
appelée surface de glissement.
ż0 = ν0 (B.0.1)
s = z0 − g (t) (B.0.2)
157
Annexe B Algorithme de super Twisting
1
ν0 = z1 − α0 |s| 2 sign (s)
(B.0.3)
ż = −α sign (s)
1 1
où, z0 et z1sont les deux états de l’algorithme. La fonction sign (.) est définie par
1, si (.) ≥ 0
sign (.) =
−1, si (.) < 0
α0 et α1 sont des gains positifs choisis d’une façon convenable afin d’assurer la
convergence en temps fini de l’algorithme et d’atténuer dans le cas de présence du
bruit, l’effet du chattering dû au terme sign (s) [Levant 98].
Le but de l’algorithme du Super Twisting est d’obtenir en un temps fini l’équation :
s = ṡ = 0 (B.0.4)
s = z0 − g (t) = 0
1 (B.0.5)
ṡ = ν0 − ġ (t) = z1 − α0 |s| 2 sign (s) − ġ (t) = 0
158
Annexe C
Notions mathématiques
159
Annexe D
Soit q = N − 1 et r = κ + 1.
1 dr 1 dq
Supposons que ΠN κ,µ = sN +µ+1
D avec D = dsr s dsq
sq+1 s. La quantité D peut
s’écrire sous la forme
q
(q + 1)! dr q−i dq−i
Cqi
X
D= s s
i=0 (q + 1 − i)! dsr dsq−i
q min(r+i,q)
X X
q−j dr+q−j
= ai,j s s (D.0.1)
i=0 j=i dsr+q−j
(q+1)!
avec ai,j = Cqi Crj−i (q+1−i)!(q−j)! , où Cij est un coefficient binomial défini dans l’an-
nexe 3.
q j
ΠN ai,j Π1κ+q−j,µ+j
X X
κ,µ = (D.0.2)
j=0 i=m(j)
161
Annexe D Démonstration du théorème 4.5
0 si q ≤ r
où, m (j) = .
max (0, j − r) sinon
A partir de l’équation (4.5.8), l’estimation de la dérivée peut s’écrire sous la forme
de la combinaison linéaire donnée dans (4.5.19), avec des coefficients αj donnés
par :
j
(r + q − j)! X
βj = (−1)q−j ai,j
r!q! i=m(j)
−1
Maintenant, nous devons montrer que N
P
j=0 βj = 1. Pour cela, nous devons sim-
plifier d’abord l’expression de βj . Ce dernier peut s’écrire pour q ≤ r sous la
forme :
j
q−j r
Crj−i Cq+1
i
X
βj = (−1) Cr+q−j
i=0
= (−1)q−j Cr+q−j
r j
Cr+q+1
−1
Nous définissons I (q) = N l
P
j=0 βj . De ce fait, en utilisant la formule Cm+1 =
l l−1
Cm + Cm , nous pouvons déduire que
q+1
(−1)j Cr+j
j r+j
X
I (q + 1) = I (q) + Cr+q+1
j=0
q+1
r
(−1)j Cq+1
j
X
= I (q) + Cr+q+1 = I (q)
j=0
PN −1
Par conséquent, nous pouvons conclure que I (q) est constante et que j=0 βj =
I (1) = 1.
162
Annexe E
q
ẏˆ (τ ; ξ; κ; µ; N ) = βl (ξ) ẏˆ (τ ; κl , µl )
X
(E.0.1)
l=0
q (Z
T̃
)
ρ
ẏˆ (τ ; ξ; κ; µ; N ) =
X
βl (ξ) gκl ,µl y τ − T̃ + ρ dρ (E.0.2)
l=0 0 T̃
163
Bibliographie
165
BIBLIOGRAPHIE
166
BIBLIOGRAPHIE
167
BIBLIOGRAPHIE
168
BIBLIOGRAPHIE
169
BIBLIOGRAPHIE
170
BIBLIOGRAPHIE
171
BIBLIOGRAPHIE
172
BIBLIOGRAPHIE
173
BIBLIOGRAPHIE
174
BIBLIOGRAPHIE
175
BIBLIOGRAPHIE
176
BIBLIOGRAPHIE
177
BIBLIOGRAPHIE
178
BIBLIOGRAPHIE
179
BIBLIOGRAPHIE
180
BIBLIOGRAPHIE
181
BIBLIOGRAPHIE
182
BIBLIOGRAPHIE
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BIBLIOGRAPHIE
184
Contribution à la détection et à l’estimation des défauts pour des systèmes linéaires à commutations
Ce travail de thèse traite de la problématique d’estimation des défauts et de l'état hybride pour une classe de systèmes linéaires à
commutations. L'objectif est de développer une méthode afin de synthétiser un observateur et un estimateur dédiés respectivement à
l'estimation de l'état hybride et des défauts. Après la présentation d'un état de l'art sur les techniques d'estimation, de stabilité et de diagnostic
pour les systèmes linéaires à commutations, la thèse est scindée en deux parties. La première partie propose une méthode d'estimation de l'état
continu et des défauts dans le cas où l'état discret du système est connu. En se basant sur une transformation de coordonnées qui découple un
sous-ensemble de l’état du système des défauts, nous avons synthétisé dans un premier temps un observateur hybride pour estimer l'état
continu du système, et dans un second temps, un estimateur permettant la reconstruction des défauts. L'estimateur de défauts proposé dépend
de la dérivée de la sortie du système. Pour cette raison, un différenciateur robuste et exact basé sur des techniques des modes glissants est
utilisé. Dans la seconde partie de ce mémoire, l'état discret du système est supposé inconnu. Une approche basée sur des méthodes algébriques
est proposée afin d'estimer les instants de commutation entre les différents sous-systèmes. Par la suite, l'estimation de l'état hybride (état
continu et état discret) et des défauts est considérée dans le cas où l'état discret du système est inconnu. Ce dernier est reconstruit en se basant
sur les instant de commutation estimé et sur une séquence de commutation connue. L'état continu du système est estimé en se basant sur une
méthode de placement de pôles permettant d’améliorer les performances de la phase transitoire. Enfin, en exploitant des résultats trouvés dans
la première partie, l'estimation des défauts est considérée en estimant la sortie du système avec un différenciateur algébrique. Ce différenciateur
donne des résultats plus intéressants vis-à-vis du bruit par rapport au différenciateur basé sur les techniques des modes glissants utilisé dans la
première partie.
Mots-clés : Système linéaire à commutation, estimation de l'état hybride, estimation des défauts, fonction de Lyapunov, les techniques des
modes glissants, algèbre différentielle.
Keywords : Switched linear systems, hybrid state estimation, fault estimation, Lyapunov function, sliding mode techniques, differential algebra.