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Institut saint martin 1ere Année promotion 2016

Chapitre 1

LES DROITS DES PATIENTS

La loi du 4 mars 2002 sur les droits des malades est incluse dans le Code de la santé publique.

1. SECRET PROFESSIONNEL

La principale référence légale est celle du code pénal qui sanctionne «la révélation d’une
information à caractère secret par une personne qui en est dépositaire par état ou par
profession».

Le secret ne concerne pas seulement les informations confiées, mais encore tout ce que le
médecin a «lu, vu, entendu ou compris», comme le précise le code de déontologie médicale.

Désormais la loi du 4 mars 2002 fixe une règle précise et adaptée à la pratique médicale. C’est
l’article L. 1110-4 du code de la santé publique. Une lecture attentive s’impose :

«Toute personne prise en charge par un professionnel, un établissement, un réseau de


santé ou un autre organisme participant à la prévention et aux soins a droit au respect
de sa vie privée et du secret des informations la concernant.

Excepté dans les cas de dérogation, expressément prévus par la loi, ce secret couvre
l’ensemble des informations concernant la personne, venues à la connaissance du
professionnel de santé, de tout membre du personnel de ces établissements organismes
et de toute personne autre en relation, de par ses activités, avec ces établissements ou
ces organismes.

Il s’impose à tout professionnel de santé ainsi qu’à tous les professionnels intervenant
dans le système de santé».

La loi aborde ensuite la notion de secret partagé, qui ne résultait jusqu’alors que de l’analyse
des principes. Deux ou plusieurs professionnels de santé peuvent échanger des informations
relatives à une même personne, afin d’assurer la continuité des soins et déterminer la
meilleure prise en charge sanitaire possible. La personne doit être avertie, et peut s’opposer à
ce partage du secret. Toutefois, lorsque la personne est prise en charge par une équipe de soins
dans un établissement de santé, les informations la concernant sont confiées par le malade à
l’ensemble de l’équipe.
Autre question délicate désormais réglée par la loi, la transmission des informations après
décès. Le secret médical ne fait pas obstacle à ce que les informations concernant une
personne décédée soient délivrées à ses ayants droit. Cet accès à l’information n’est pas
général. Les ayants droit doivent établir que ces informations leur sont nécessaires pour :

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«leur permettre de connaître les causes de la mort, de défendre la mémoire du défunt ou
de faire valoir leurs droits, sauf volonté contraire exprimée par la personne avant son
décès».

2. INFORMATION DES USAGERS

La loi insiste sur l’information de l’usager pour parvenir à un rééquilibrage de la relation


médicale. Le patient devient un véritable partenaire dans la relation de soin.

Après avoir posé pour principe que toute personne a le droit d’être informé de son état de
santé, la loi précise le contenu de l’information. Celle-ci porte sur les différentes
investigations, traitements ou actions de prévention qui sont proposés.

L’information doit préciser «leur utilité, leur urgence éventuelle, leurs conséquences, les
risques fréquents ou graves normalement prévisibles qu’ils comportent, ainsi que sur les
autres solutions possibles et sur les conséquences prévisibles en cas de refus». Lorsque
postérieurement à l’exécution des investigations, traitements ou actions de prévention des
risques nouveaux sont identifiés, la personne concernée doit en être informée, sauf cas
d’impossibilité de la retrouver.

Il faut informer sur les risques «fréquents ou graves normalement prévisibles». Cette formule
mérite d’être suivie avec la plus grande attention. A chacun d’apprécier ce que signifie le
passage de l’information sur les «risques graves même s’ils sont exceptionnels» aux «risques
graves normalement prévisibles». C’est un retour au bon sens.

Le principe de l’information est général. Il ne connaît comme limite que l’urgence,


l’impossibilité d’informer ou la volonté de la personne d’être tenue dans l’ignorance. Encore,
lorsqu’il existe un risque de transmission de la pathologie, le médecin doit aller outre cette
volonté exprimée.

A propos des mineurs ou des majeurs sous tutelle, la loi précise que l’information est donnée
aux titulaires de l’autorité parentale ou tuteur, mais que le mineur ou le majeur protégé ont le
droit «de recevoir eux-mêmes une information et de participer à la prise de décision les
concernant, d’une manière adaptée soit à leur degré de maturité s’agissant des mineurs, soit
à leur faculté de discernement s’agissant des majeurs sous tutelle».

3. CONSENTEMENT

La relation de soin est de nature contractuelle. La loi du 4 mars 2002 institue un véritable
partenariat, soulignant que la décision revient au patient. D’où une large mission d’explication
par le médecin.

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Le principe figure désormais à l’article L. 1111-4 : «Toute personne prend, avec le
professionnel de santé et compte-tenu des informations et des préconisations qu’il lui fournit,
les décisions concernant sa santé».

Le principe n’était pas contesté, mais les modalités du refus de soin résultaient surtout de
l’analyse jurisprudentielle. Le droit antérieur est maintenu, mais la loi fixe une limite stricte
en cas de refus de soin :

«Le médecin doit respecter la volonté de la personne après l’avoir informée des
conséquences de ses choix. Si la volonté de la personne de refuser ou d’interrompre un
traitement met sa vie en danger, le médecin doit tout mettre en œuvre pour la
convaincre d’accepter les soins indispensables.

Aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement
libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment».

Précision : en toute hypothèse s’impose l’impératif qui est de sauver la vie. De telle sorte en
cas de péril pour la santé, les soignants n’ont pas à attendre l’affirmation d’un consentement
et peuvent passer outre un refus de soin.

4. PATIENTS MINEURS

Le législateur ne pouvait ignorer le phénomène sociologique qu’est l’affaiblissement de facto


de l’autorité parentale s’agissant des mineurs de plus de quinze ans. Les interrogations étaient
trop nombreuses pour se satisfaire du schématisme légal : incapacité légale tant que les 18 ans
ne sont pas atteints.

L’article L. 1111-5 du code de la santé publique institue une dérogation à l’article 371-2 du
code civil qui définit l’autorité parentale. Désormais, le médecin peut se dispenser d’obtenir le
consentement du ou des titulaires de l’autorité parentale pour les décisions médicales à
prendre lorsque le traitement ou l’intervention «s’impose pour sauvegarder la santé de la
personne mineure dans le cas où cette dernière s’oppose expressément à la consultation du ou
des titulaires de l’autorité parentale, afin de garder le secret sur son état de santé».

Le médecin doit, dans un premier temps, s’efforcer d’obtenir le consentement du mineur à


cette consultation des parents. Si le mineur maintient son opposition, le médecin peut alors
mettre en œuvre le traitement ou l’intervention, la loi indiquant que le mineur doit être
accompagné d’une personne majeure de son choix.

5. PERSONNE DE CONFIANCE

On connaît bien la question: pourquoi ne pourrais-je pas, du temps de ma lucidité, désigner un


tiers qui serait consulté pour décider à ma place de l’acceptation des soins, si à la suite d’une
atteinte grave, je me trouvais privé de cette lucidité ? Le comité national d’éthique avait
souligné les avantages potentiels de cette formule.

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Le tiers référent fait son entrée dans le code de la santé publique à l’article L. 1111-6.
Désormais, toute personne majeure peut désigner une personne de confiance, laquelle peut
être un parent, un proche ou le médecin traitant. Ce tiers sera consulté au cas où la personne
se trouverait hors état d’exprimer sa volonté et de recevoir l’information adéquate. La loi
précise que la désignation est faite par écrit et qu’elle est révocable à tout moment. Si le
malade le souhaite, la personne de confiance l’accompagne dans sa démarche et peut assister
aux entretiens médicaux afin de l’aider dans ses décisions.

La loi va plus loin. Elle prévoit que lors de toute hospitalisation, il est proposé au malade de
désigner cette personne de confiance. En cas de tutelle, le juge peut confier au tuteur cette
mission. La tutelle, en principe, ne concerne que la gestion des biens. Désormais, le juge peut
ajouter à la mission du tuteur de participer à cette expression du consentement.

S’il s’agit d’un tiers référent, il ne s’agit pas d’un tiers décideur. Ce tiers est consulté mais ne
peut décider à la place du malade. Eclairé par cet avis, il revient au médecin de prendre la
décision. Le premier critère est alors la pertinence thérapeutique.

6. ACCÈS À L’INFORMATION

C’est l’un des éléments emblématiques de la loi du 4 mars 2002 : l’accès direct au dossier
médical. Précédemment, le patient ne disposait pas d’un droit d’accès direct à son dossier. Il

pouvait désigner tout médecin de son choix, qui prenait connaissance du dossier sur place ou
par des photocopies, et qui examinait les pièces avec son patient. Désormais, le principe est
l’accès direct à l’information.

Il s’agira d’interpréter le texte, mais le préalable est une lecture attentive de ce nouvel article
L. 1111-7.

«Toute personne a accès à l’ensemble des informations concernant sa santé détenues


par des professionnels et établissements de santé, qui sont formalisés et ont contribué
à l’élaboration et au traitement du diagnostic et du traitement ou d’une action de
prévention, ou ont fait l’objet d’échanges écrits entre professionnels de santé».

La loi détaille la liste de ce qui est considéré comme «information» :

- les résultats d’examen,


- les comptes-rendus de consultation ou d’intervention, d’exploration ou
d’hospitalisation,
- les protocoles et prescriptions thérapeutiques mis en œuvre,
- les feuilles de surveillance,
- les correspondances entre professionnels de santé, ce à l’exception des informations
mentionnant qu’elles ont été recueillies auprès de tiers n’intervenant pas dans la prise
en charge thérapeutique ou concernant un tel tiers.

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La personne peut accéder à ces informations directement ou par l’intermédiaire d’un médecin
qu’elle désigne et en obtenir communication au plus tard dans les huit jours, et au plus tôt
après qu’un délai de réflexion de 48 h soit observé. Ce délai est porté à deux mois lorsque les
informations recherchées datent de plus de cinq ans.

La loi institue une exception en psychiatrie, en cas d’hospitalisation sous contrainte. La


consultation des informations recueillies dans le cadre d’une hospitalisation sur demande d’un
tiers ou d’une hospitalisation d’office peut être subordonnée à la présence d’un médecin
désigné «en cas de risque d’une gravité particulière». Le cas échéant, la commission
départementale des hospitalisations psychiatriques tranche et son avis s’impose au détenteur
des informations. Lourde responsabilité pour la commission. On attend avec quelque
impatience la mise en œuvre de cette belle procédure…

S’agissant des mineurs, la loi crée deux hypothèses : les parents disposent d’un accès direct
au dossier ; le mineur peut obtenir l’information de sa propre initiative, par l’intermédiaire
d’un médecin.

7. COMMISSION DE RELATION AVEC LES UASAGERS

Sa mission est de veiller au respect du droit des usagers et de contribuer à l’amélioration de la


qualité de l’accueil des personnes malades, de leurs proches, et de la prise en charge. La
commission a un double rôle : médiation et amélioration de la qualité.

S’agissant du premier point, la commission doit faciliter les démarches de ces personnes et
veiller à ce qu’elles puissent, le cas échéant, exprimer leurs griefs auprès des responsables de
l’établissement, entendre les explications de ceux-ci et être informés des suites de leur
demande.

S’agissant du second point, la loi renforce la vocation consultative de la commission. Elle


doit être consultée sur la politique de qualité dans l’établissement en ce qui concerne l’accueil
et la prise en charge. Pour fournir sa réflexion, elle est informée de l’ensemble des plaintes
ou réclamations formées par les usagers. Sous réserve de l’obtention de l’accord préalable des
personnes concernées et des ayants-droit, elle peut avoir accès aux données médicales
relatives à ces réclamations.

Ces commissions ne peuvent jouer aucun rôle lorsqu’est engagé un contentieux effectif : car il
n’est pas possible de freiner une action pénale, ce qui constituerait une entrave à la justice,
pénalement sanctionnée, pas plus qu’il n’est possible de s’immiscer dans un recours en
indemnisation, qui est géré par l’assureur.

Dans une démarche de qualité, il est du premier intérêt de pouvoir étudier ces
dysfonctionnements diffus qui, par chance, n’ont pas conduit à l’engagement d’une plainte ou
n’ont pas généré de préjudice. Le dialogue est la meilleure prévention des recours et
l’attention pour les dysfonctionnements est un gage de progrès vers la qualité.

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8. ASSOCIATION DE MALADES

Le rôle des associations de malades est valorisé par plusieurs dispositions du texte. La loi
cherche à contrôler et à encadrer cette intervention : contrôle avec une procédure d’agrément ;
encadrement avec l’institution de conventions signées entre les établissements et les
associations.

Sous cette réserve, les établissements de santé sont invités à faciliter l’intervention des
associations de bénévoles. Les associations ayant une activité dans le domaine de la qualité de
la santé et de la prise en charge des malades, après examen par l’autorité administrative,
peuvent être agréées ce qui leur permet de se constituer partie civile pour défendre les intérêts

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Chapitre 2

LES PATIENTS EN PSYCHIATRIE

Les droits des patients en psychiatrie sont d’abord … les droits des patients. Ainsi la question
de la psychiatrie ne remet pas en cause fondamentalement l’approche juridique. Le patient est
une personne souffrante, qui s’adresse à des thérapeutes pour une prise en charge. Ceux-ci
doivent répondre avec science et humanité et les contraintes qui peuvent limiter les droits de
cette personne libre qu’est le patient sont liées uniquement à la finalité thérapeutique ou à
l’organisation générale des services.

I – Le principe : une relation de soin à construire

Il n’existe aucun régime spécifique des droits des patients au prétexte qu’ils seraient
hospitalisés en service spécialisé de psychiatrie.

Pour s’en convaincre, il faut faire référence à l’article 1 de la Déclaration des Droits de
l’Homme de 1789. Ce texte est un élément de l’histoire, mais il est surtout la plus importante
des références juridiques dès lors que l’article 1 de la Déclaration figure dans les droits
constitutionnels et que toute loi doit respecter cet article 1.

«Les hommes naissent et demeurent libres et égaux»… Cette phrase est souvent interprétée
comme si elle n’était liée qu’à l’égalité à la naissance. Cet aspect est certes de la plus grande
importance. On sait que cette égalité n’est pas à constater mais à construire compte tenu des
disparités sociales. Mais la portée essentielle du texte figure dans le mot « demeure ». Les
êtres humains « demeurent » égaux, c'est-à-dire qu’ils sont dans un statut juridique d’égalité
tant qu’ils sont vivants. Pour le droit, la seule chose qui compte est le fait que la personne soit
vivante. L’altération de ses facultés mentales par la maladie, c'est-à-dire la réduction de sa
capacité de réfléchir ou de décider ne peuvent en aucune manière justifier une limitation de
ses droits ou de la considération qui lui est due.

C’est en ce sens que la relation de soins dans le cadre de la psychiatrie doit être vécue
fondamentalement sous l’angle de l’égalité relationnelle. Le thérapeute ne peut pas imposer
ses volontés au seul motif que le patient serait dans une situation de souffrance psychique. Il
doit toujours être dans la recherche d’une relation entre deux êtres qui fondamentalement sont
libres et égaux. Bien entendu, les thérapeutes bénéficient d’un savoir scientifique, des moyens
de diagnostic, de capacités thérapeutiques, qui s’expriment dans des services organisés. Ainsi,
ils sont en mesure de prendre des décisions qui sont nécessaires pour la prise en charge
thérapeutique. Mais cette prise de décision doit toujours prendre place dans la recherche du
consentement, le plus possible, et le plutôt possible.

Ainsi, le consentement en psychiatrie se pose exactement dans les mêmes termes que dans
tous les autres domaines (Article L 1111-4 du Code de Santé Publique). Il existe bien entendu
une limite de bon sens, qui est liée comme dans tous les secteurs à la grande urgence.

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Lorsqu’une personne est grièvement blessée à la suite d’un accident de circulation et qu’elle
n’est pas en mesure de s’exprimer les médecins pratiques tous les actes qui sont nécessaires. Il
en est de même lorsque l’esprit d’une personne est happé par la souffrance psychique. Les
thérapeutes sont alors en droit de prendre les décisions adaptées pour y répondre
scientifiquement et humainement.

Mais passé ce cap de l’urgence réelle, tout thérapeute doit chercher à recréer une relation de
confiance qui inclut une certaine part d’autorité, pour amener le patient à accepter des soins
qui lui seront bénéfiques. Cela signifie aussi que si le patient est libre d’accepter les soins, il
est libre de les refuser. Un thérapeute n’a pas plus de droit d’imposer des soins pour une
dépression ou une conduite addictive qu’un médecin ne pourrait le faire pour un problème
somatique général. Il est simplement demandé au thérapeute d’être plus exigeant encore sur la
dimension du consentement, car cette expression du consentement qui est toujours difficile
l’est encore plus pour le patient atteint de maladie psychique. C’est en ce sens que doivent
être comprises les adaptations nécessaires pour une juste prise en charge en psychiatrie.

II – L’hospitalisation

1 – Le cadre institutionnel

L’accès aux soins repose sur le principe de la liberté à savoir que chaque patient est libre de
s’adresser au médecin qu’il souhaite et que le médecin en dehors de l’urgence et de
l’humanité, n’est pas tenu d’entretenir une relation thérapeutique.

Ces règles existent dans le cadre de la psychiatrie privée.

En revanche la psychiatrie publique est organisée à travers la politique du secteur qui crée un
découpage du territoire avec des circonscriptions liées à une équipe de psychiatrie. Cette
équipe de psychiatrie exerce au sein de l’hôpital et à l’extérieur de celui-ci dans les centres
médicaux psychologiques (CMP). Cette organisation tient compte des réalités économiques et
sociales qui font que la souffrance psychique conduit souvent à la fragilité sociale, et qu’il
doit exister une présence de l’hôpital dans les quartiers. Par ailleurs cette organisation vise
essentiellement à répondre à des prises en charge longues, pour faciliter le passage entre la
ville et l’hôpital, dans un sens comme dans l’autre. Le travail sur le secteur avec des
médecins, des psychologues et des infirmiers qui sont disponibles et peuvent entreprendre un
travail important permet d’éviter des hospitalisations. De même, après une hospitalisation, la
resocialisation est rendue plus aisée par cette présence médicale dans les quartiers, via les
CMP.

La contrainte pour les patients est qu’en fonction de leur domicile, ils sont liés à une équipe
thérapeutique. Il y a là une différence nette avec le secteur sanitaire général. On ne peut pas
dire pour autant qu’il n’y a pas de liberté thérapeutique. En effet, l’équipe médicale est
nombreuse et au sein du service sont créés des relations de soins individualisées.

2 – L’hospitalisation en service de psychiatrie (service libre)

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L’hospitalisation en service de psychiatrie conduit à une forte présence relationnelle, et
particulièrement s’agissant de la surveillance. Les questions comportementales deviennent
essentielles, et le patient, qui n’a peut-être plus tous ses repères, justifie d’être plus
particulièrement surveillé. Pour autant la surveillance doit laisser de véritables parts pour la
liberté. Les équipes doivent apprendre à trouver l’équilibre entre la surveillance liée
notamment aux contraintes de service et de sécurité, avec la liberté qui doit être reconnue aux
patients. Toute mesure générale mettant en cause les libertés du patient est illégale par
principe. Les atteintes aux libertés doivent toujours se faire dans un cadre mesuré, qui est
celui de la proportionnalité. Il n’est pas anormal d’avoir à limiter les libertés des patients dans
les services de psychiatrie, mais ces atteintes aux libertés doivent être évaluées chaque fois, en
fonction des contraintes et du but recherché, être évaluées sur le plan de l’efficacité et de la
justesse, et pouvoir être remises en cause dès qu’il n’est plus nécessaire. Les équipes de soins
ne doivent pas avoir une conception envahissante de la sécurité et de la surveillance. Les
tribunaux ne valident pas du tout l’idée selon laquelle la logique de l’enfermement, et donc
d’une sécurité générale, devrait l’emporter sur la nécessaire capacité du patient à maintenir
son autonomie pour être en relation, et retrouver le plus tôt possible les usages sociaux. La
liberté est n’est pas qu’un mot : c’est un régime juridique exigeant.

3 – L’hospitalisation sous contrainte

• L’urgence et la contrainte

Comme dans la pratique générale, il doit d’abord être rappelé ce bon sens que dans un certain
nombre de cas d’urgence, l’hospitalisation peut être prononcée dans le régime dit libre, alors
que le patient n’est pas nécessairement en mesure de s’exprimer. Le cas se retrouve
régulièrement dans le cadre de tentative de suicide, d’intoxication à l’alcool ou aux
stupéfiants. Le comportement oblige à une réponse thérapeutique immédiate, et très souvent
l’hospitalisation que ce soit à l’hôpital général ou en service de psychiatrie s’effectue du fait
de cette nécessité, le patient retrouvant ensuite rapidement ses esprits pour décider s’il entend
ou non rester dans l’établissement. Ainsi, les hospitalisations sous contrainte, au sens de la loi,
doivent être pratiquées comme des régimes d’exception.

Il en existe deux :

- Soins psychiatriques à la demande d’un tiers (anciennement appelés HDT)


- Soins psychiatriques sur décision du représentant de l’Etat (anciennement appelés
HO)

• Soins à la demande d’un tiers (SDT) (Article L 3212 -1 CSP)

Ce mécanisme répond à une forme d’assistance familiale et amicale. Devant la souffrance


d’un proche, une personne prend la responsabilité de demander l’hospitalisation en service de
psychiatrie, produisant à l’appui deux certificats médicaux dont l’un émanant d’un psychiatre
externe de l’établissement qui accueillera le patient. Le second certificat peut être établi par le
directeur de l’établissement.

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En cas d’urgence, il est admis qu’un seul certificat soit suffisant.

L’hospitalisation est prononcée par le directeur d’établissement.

Le patient fait l’objet d’une prise en charge intensive pendant une période de 3 jours.

Après les certificats médicaux d’admission, des certificats de 24h, 72h, entre le 5ème et le 8ème
jour et mensuels sont à établir. Le certificat de 15zaine disparaît mais l’audience par le juge de
liberté et de la détention s’accompagne d’avis de 2 psychiatres sur la nécessité de maintenir
ou non l’hospitalisation complète.

• Soins psychiatriques sur décision du représentant de l’Etat (SDRE)


(Articles L 3213-1 CSP & L 3213 -2 CSP)

Ce régime d’hospitalisation renvoie à une décision d’ordre public, prise par le préfet ou le
maire. Le critère est ici la préoccupation de la sécurité publique. Les renseignements initiaux
proviennent des services de police, appelés pour trouble à l’ordre public. Il est alors sollicité
l’avis d’un médecin qui établira un certificat indiquant si oui ou non la personne justifie d’une
hospitalisation sous contrainte. Au vu de cet avis médical et circonstancié, le Préfet ou le
maire adopte un arrêté de soins sur décision du représentant de l’Etat.

Il s’agit d’une compétence du Préfet ou du maire, c'est-à-dire de l’Etat et non plus du


directeur d’établissement. La décision du Préfet s’impose au directeur d’établissement.

On retrouve ensuite le schéma qui a été décrit à savoir un certificat dans les 24 heures pour
confirmer que l’hospitalisation est bien justifiée, puis une période de soins intensifs de 72
heures avant que soit établi un programme de soins.

S’agissant des sorties le patient est accompagné par un ou plusieurs membres du personnel de
l’établissement, par un membre de sa famille ou par la personne de confiance. Le directeur de
l’établissement transmet au préfet l’avis médical, 48heures avant la date prévue pour la sortie
d’accompagnée. Sauf opposition du préfet, la sortie accompagnée peut avoir lieu au terme de
ce délai.

Ce schéma général a été maintenu par la loi du 5 juillet 2011, mais cette loi a inclus nombre
de mesures sécuritaires, renforçant la contrainte administrative.

Ainsi, la préfecture doit être informée de l’évolution de la prise en charge.

Les seules sorties autorisées sont de courte durée, c'est-à-dire de moins de 12 heures, avec une
personne accompagnant en permanence et elles doivent être justifiées par la nécessité
d’effectuer des démarches.

Le régime des sorties à l’essai a été supprimé. Le patient est alors pris en charge en «soins
sous contrainte» dans le régime ambulatoire et là encore la décision est prise par le Préfet. Ce

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régime nouveau, n’a pas été expérimenté et il existe encore trop eu de pratiques pour savoir
quelles seront les contraintes effectives pour les patients. Il n’en reste pas moins qu’il existe
désormais la possibilité pour les préfectures d’ordonner le retour à domicile des patients avec
le maintien d’un contrôle effectif.

Ces mesures ont été engagées dans un cadre sécuritaire. Il reste à savoir si elles seront
pertinentes sur le plan thérapeutique, notamment sur le fait que tôt ou tard le patient passé la
phase aigüe est amené à se resocialiser et à retrouver l’autonomie.

4. Les droits du patient pendant l’hospitalisation sous contrainte

L’étendue de ces droits est définie par l’article L 3211-3 du Code de la santé publique auquel
il convient de se référer.

III – Questions pratiques

1. L’accès au dossier

L’accès au dossier se pratique dans les mêmes conditions que pour les soins généraux.

Il est seulement prévu que lorsqu’un patient qui a été hospitalisé sous contrainte demande
l’accès à son dossier, les médecins de l’établissement peuvent répondre que l’information
devra être transmise par un médecin et non pas remise directement au patient.

Pour un patient qui a été admis en psychiatrie dans une phase difficile, l’accès direct à cette
information, venue plus tard et sans explication médicale peut avoir des effets
déstabilisateurs. Il s’agit là d’un effet de la loi et la loi n’a prévu de limites que sur
l’hospitalisation sous contrainte et en cas de risques avérés pour la personne. Tout droit à ses
contreparties.

2. Annonce du diagnostic

La déontologie médicale générale reconnaît que le médecin doit chercher à entretenir une
relation de confiance avec le malade. Aussi, il peut arriver que le médecin diffère l’annonce
d’un diagnostic, soit car cette information ne serait pas comprise au moment où le diagnostic
est posé, soit parce qu’il s’agit d’un diagnostic grave dont l’annonce pourrait être
déstabilisante. Cette donnée se retrouve en psychiatrie, mais il ne doit pas en être fait d’abus.

Il faut par ailleurs prendre en compte que les grands diagnostics psychiatriques souffrent
d’une certaine déconsidération sociale. Il revient donc aux médecins de gérer ces situations
non pas dans l’esprit de la transparence de l’information, mais dans la confiance dans la
relation de soins.

3. Contrainte physique

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Les soins en psychiatrie peuvent comprendre des phases où il est nécessaire de s’assurer la
maîtrise physique d’un patient. La situation est la même que l’on se trouve en phase
d’hospitalisation selon le régime dit «libre» ou dans le cas d’une hospitalisation sous
contrainte.

Les personnels peuvent user de la force nécessaire pour maîtriser la personne et en cas
d’urgence lui administrer un traitement neuroleptique aigu adapté aux circonstances.

De même, peut être décidée quand il n’y a pas d’autres solutions la contention ou la mise en
chambre d’isolement. Il s’agit là d’une prescription médicale qui doit être précise et écrite.
Elle doit faire l’objet d’une surveillance très attentive, car est remis en cause la liberté de
mouvement du patient. Ces mesures doivent être limitées à ce qui est strictement nécessaire et
l’on doit voir réapparaître une discussion permanente sur le maintien ou non de ces mesures.

Sous cette réserve, la liberté fondamentale des libertés individuelles n’est pas une violation du
droit, car elle est guidée par un but thérapeutique et limitée à ce qui est strictement nécessaire.

4. Fouille

Les personnels de santé, hormis le cas d’urgence avéré, n’ont aucun droit pour fouiller un
patient, ses effets ou son armoire. En revanche, s’ils peuvent justifier de risques avérés, ils
sont en mesure d’imposer au patient d’ouvrir son sac, de retourner ses poches ou d’ouvrir son
vestiaire. Si le patient refuse, le service peut alors en tirer les conséquences en avisant
l’administrateur de garde et le refus de se soumettre à une telle mesure peut alors être un
motif pour mettre fin à l’hospitalisation.

5. Les mineurs

L’hospitalisation des mineurs en psychiatrie répond au principe général, à savoir le


consentement des parents, titulaire de l’autorité parentale.

S’applique également l’exception générale à savoir qu’un mineur peut demander à bénéficier
de soins seuls, sans que ses parents soient avisés, à partir du moment où il est accompagné par
une personne majeure. En revanche, il revient à l’équipe médicale d’apprécier s’il s’agit
seulement de la souffrance d’un enfant auquel la loi demande de répondre dans ce contexte,
ou si, au-delà de la souffrance, on est dans une situation d’enfance en danger, avec un enfant
isolé qui redoute à ce point le milieu familial. Dans ce contexte, le psychiatre peut demander
la mesure d’une assistance éducative par le biais du juge pour enfants.

Pour contacter le tribunal pour enfants en cas d’urgence, il faut téléphoner à police secours, en
composant le 17, et demander à être mis en lien avec le Procureur de la République de
permanence.

6. Tutelle – curatelle

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La tutelle et la curatelle concernent essentiellement la gestion du patrimoine, et n’interfèrent
peu avec la relation de soins.

La curatelle est un régime d’assistance. La personne sous curatelle garde son autonomie, mais
elle est assistée par un curateur pour les actes les plus importants de la vie civile.

La tutelle est un système de représentation. Ainsi, et s’agissant du patrimoine, c’est le tuteur


qui prend les décisions à la place de la personne concernée. Lorsqu’il s’agit des données les
plus individuelles, et notamment tout ce qui concerne le droit de la famille, la loi prévoit en
règle générale un contrôle direct du juge des tutelles qui est un juge du tribunal d’instance.

SAS DEVERS FORMATION DROIT ET


SANTE
Khady Badiane Devers
Directrice
Web: http://www.formations-
devers.fr/
Tél : 0437264471
Port : 0670317962
7 rue de la République
69001 Lyon
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