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Les plantes n’ont ni bouche ni oreilles et semblent mal équipées pour envoyer et recevoir des
informations. Elles ont néanmoins développé une multitude de méthodes fascinantes pour échanger avec
d’autres êtres vivants. Elles communiquent par des signaux optiques et chimiques ou avec l’aide de
champignons et peuvent même transmettre des informations à leur descendance.
Les plantes ne peuvent pas parler, mais elles émettent des bruits ! On entend craquer à l’intérieur des
troncs d’arbres en cas de grande sécheresse, car l’air interrompt le flux de sève. D’autres plantes
émettent aussi des sons dans la bande des ultrasons, même s’ils ne sont pas audibles pour nous. À
l’inverse, on a trouvé des indices suggérant que certaines plantes peuvent percevoir des sons et des
vibrations et y réagir. Une étude a révélé que des racines de maïs non seulement émettaient des sons en
croissant, mais qu’elles poussaient aussi en direction de sons émis par d’autres plantes. D’autres
expériences ont montré que les fleurs libèrent plus de pollen lorsqu’elles « entendent » le
bourdonnement des abeilles ou que les racines de pois poussent en direction du clapotis de l’eau. Même
si la plupart des sons émis par les plantes sont plutôt aléatoires, ils nous réservent peut-être encore des
surprises, car la communication acoustique des plantes a été peu étudiée jusqu’à maintenant.
Le langage de la chimie
Alors que les animaux voient, entendent, sentent et émettent des sons, les plantes envoient et reçoivent
des signaux souvent au moyen de composés organiques. Le plus souvent, il s’agit d’informations
destinées à les protéger, elles ou leurs congénères, ou à permettre leur reproduction. Dans le sol, les
poils fins des racines des plantes peuvent par exemple reconnaître les signaux chimiques d'autres
plantes. Les racines de certaines plantes cessent de croître dans la direction de leurs congénères. Les
composés organiques volatils (COV), également appelés hormones végétales, constituent un moyen de
communication particulièrement important. Ils sont produits par la plante et s’échappent ensuite sous
forme de gaz dans l’air, où ils sont transportés vers d’autres êtres vivants. Dans des conditions normales,
les plantes libèrent déjà des dizaines de ces COV. En situation de stress, par exemple quand elles sont
menacées par la sécheresse ou des prédateurs, c’est beaucoup plus encore. Rien que lors d’une
promenade en forêt, nous inhalons des centaines d’hormones végétales différentes, mais nous humains
n’en percevons que quelques unes comme odeur. C'est notamment le cas des terpénoïdes, qui sont
responsables de l'odeur typique des résineux. Elles servent probablement de défense contre les
prédateurs et peuvent même avoir un effet positif sur notre santé. L’odeur typique de terre ne vient
d’ailleurs pas des plantes, mais de bactéries, les streptomycètes, qui libèrent le composé géosmine. Il est
probable qu'elles fassent ainsi fuir les animaux qui mangeraient leur nourriture.
Attirer des amis
Les fleurs dégagent des parfums pour attirer les pollinisateurs, même à de grandes distances, ce qui
complète l’effet des couleurs et des formes. Alors que de nombreuses fleurs diffusent un doux parfum,
certaines sentent très mauvais, comme l’arum titan, qui sent la charogne. Il attire ainsi des mouches ou
des coléoptères qui se nourrissent d’animaux morts. Tu peux découvrir toi-même les nombreuses odeurs
de fleurs, par exemple dans un jardin botanique. Y trouveras-tu aussi des fleurs à l'odeur désagréable ?
Avec leurs substances odorantes, les plantes attirent non seulement les pollinisateurs, mais aussi les
prédateurs de leurs prédateurs. Les plantes réagissent à la salive de phytophages qui pénètre dans leurs
feuilles grignotées en produisant certains COV. Par exemple, les haricots, le tabac ou le maïs
remarquent s’ils sont mangés par des chenilles et produisent alors des substances qui attirent des
insectes prédateurs, lesquels combattent ensuite les chenilles. Parmi ces insectes utiles, on peut citer les
ichneumons qui pondent leurs œufs dans les larves des ravageurs. Les larves écloses des ichneumons
mangent ces larves de l’intérieur.
Ethylène polyvalent
Un des COV végétal les plus connus est l’éthylène, un composé organique simple, dont la formule est
C2H4. Il est produit par de nombreuses plantes à des fins diverses. En général, l’éthylène inhibe ou
favorise la formation de certaines enzymes dans les plantes. L’éthylène joue un rôle important en tant
qu’hormone de croissance dans le développement de parties de la plante telles que les fleurs ou lors de
la mort des cellules, par exemple avant la chute des feuilles. Il provoque aussi la maturation des fruits,
au cours de laquelle, par exemple, l’amidon est transformé en sucre. Les fruits tendres et sucrés sont
particulièrement attrayants pour les animaux qui les mangent et excrètent les graines non digérées, et les
disséminent ainsi. L’éthylène est en outre produit en plus grande quantité quand la plante souffre de
stress.
Rédaction SimplyScience.ch/21.02.2022