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APPAREILLAGE ÉLECTRIQUE D’INTERRUPTION À HAUTE TENSION _______________________________________________________________________________
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2.1 Contacts
2.1.1 Problème des contacts
Ce problème est entièrement dominé par le fait que les deux
conducteurs mis en présence ne prennent appui l’un sur l’autre qu’en
un petit nombre de points, de très faible surface (figure 2a), à travers
lesquels la totalité du courant doit passer. Les irrégularités, mêmes
microscopiques, des surfaces en contact font que seuls quelques
sommets sont initialement en appui (figure 2b).
L’augmentation de la force d’appui (improprement dénommée
pression de contact, suivant un usage courant) provoque l’écrase-
ment de ces sommets et l’élargissement des zones portantes, par
déformation du métal. Néanmoins, la surface totale de ces zones
reste de l’ordre de grandeur du quotient de la force d’appui par la
pression d’écrasement ou dureté superficielle.
Par exemple, avec une force de quelques dizaines de newtons, ces
zones d’appui ne totalisent qu’une fraction de millimètre carré.
De plus, ces zones d’appui ne sont réellement utilisables pour la
transmission du courant que si aucune pellicule isolante ne s’est
interposée entre les deux surfaces ; dans le cas contraire, seules
les fractions des zones d’appui que l’on peut qualifier de parfaite-
Figure 2 – Contact électrique
ment propres sont véritablement conductrices.
La totalité du courant doit donc passer au travers de minuscules
surfaces ; il en résulte un effet de striction des lignes de courant contacts à bas prix, il ne faut pas en déduire que tous les contacts
qui apparaît sur la figure 2a. On montre aisément, par le raisonne- sont mauvais ; il existe, en effet, tout un arsenal de matériaux et de
ment et le calcul, qu’il intervient ainsi une résistance importante, procédés de mise en œuvre qui permettent de résoudre chaque pro-
conforme à la loi d’Ohm et fortement localisée au voisinage immé- blème de contact dans des conditions satisfaisantes, compte tenu
diat de chaque zone de contact (pour plus de détails sur la de tous les facteurs qui interviennent.
striction : article Appareillage électrique à basse tension. Géné-
ralités. Principes. Technologie [D 4 860], dans ce traité). C’est cette
résistance qui est à l’origine de la chute de tension observée entre 2.1.3 Contacts pour faibles courants
les deux conducteurs et, naturellement, du fâcheux échauffement (inférieurs à 1 A)
correspondant.
On conçoit l’importance du rôle joué par des facteurs tels que la Pour les courants élevés, les forces d’appui sont importantes et
répartition au hasard des zones d’appui, la dureté superficielle et la stabilité des résistances de contact s’en trouve grandement
surtout la présence de films isolants. améliorée. En revanche, aux faibles courants, les problèmes de
stabilité sont si délicats qu’il ne faut pas s’étonner de voir employer
des solutions très élaborées ; nous allons évoquer rapidement, à titre
d’exemple, parmi bien d’autres, celle des contacts de certains relais
2.1.2 Dureté superficielle et films isolants à grande endurance.
■ La dureté superficielle est essentiellement fonction de l’état Les contacts de ces microrelais utilisent des surfaces mouillées
d’écrouissage, du recuit et du vieillissement du matériau ; elle peut au mercure par capillarité (figure 3) ; la dureté superficielle est donc
varier dans le rapport de 1 à 10 au cours de la vie d’un même contact. pratiquement nulle et la surface conductrice s’étend à la totalité de
la zone de recouvrement. Les forces d’appui peuvent être très faibles.
■ Les films isolants peuvent être constitués d’impuretés recouvrant Les films isolants sont évités grâce à une atmosphère inerte en
les contacts, mais surtout de composés chimiques dus à des attaques ampoule scellée. Cette atmosphère, constituée d’hydrogène sous
superficielles, tels que des oxydes ou des sulfures, particulièrement une pression de 15 bar, apporte des performances diélectriques et
adhérents et résistants au sens électrique autant que mécanique. de coupure inconcevables avec des contacts dans l’air à la pression
atmosphérique. Le mouillage au mercure procure de grandes
■ Cela montre toute la difficulté de réaliser des contacts infaillibles
vitesses de séparation de contact par la rupture brusque du pont
et la part très importante qui revient à l’expérimentation, lors de leur
de mercure et supprime, à la fermeture, les rebondissements
mise au point.
habituellement inévitables. Il élimine aussi l’érosion, de sorte que
Lorsqu’un appareil électrique quelconque refuse de fonctionner de tels contacts, commandés par le champ magnétique d’une petite
ou présente des anomalies, ne vient-il pas immédiatement à l’esprit bobine coiffant l’ampoule, peuvent assurer plusieurs milliards de
l’hypothèse du mauvais contact ? Ce n’est pas sans raison que le manœuvres.
langage courant a consacré cette locution péjorative. Si elle se justifie
hélas trop souvent dans maintes applications domestiques, pour des
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Nous ne nous étendrons pas beaucoup sur ce sujet, car il fait l’objet
de développements importants, dans ce traité, dans l’article Appa-
reillage électrique à basse tension. Généralités. Principes. Techno-
logie [D 4 860], pour lequel le problème des contacts constitue une
préoccupation tout à fait fondamentale.
Il est, en effet, généralement impossible, pour des raisons
d’encombrement et de coût, de séparer, dans les petits appareils à
basse tension, les fonctions contacts de passage du courant per-
manent et contacts pare-étincelles, soumis à l’arc. On se trouve alors
confronté à la grande difficulté de réaliser une solution de
compromis permettant de satisfaire ces deux fonctions à l’aide d’un
seul jeu de contacts.
Le choix des matériaux en présence joue évidemment un rôle
déterminant, d’autant plus que la faible longueur électrique de circuit Figure 4 – Chambre de coupure d’un disjoncteur à SF6
représentée par l’appareil fait que l’échauffement de ce dernier pour réseaux d’interconnexion THT
résulte presque uniquement de sa résistance de contact.
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Cette remarque met en évidence l’importance fondamentale que Pour contrecarrer la formation de ces chapelets, on dispose,
revêtent les phénomènes de pollution en surface des isolants solides chaque fois que cela est possible, des écrans isolants solides, per-
plongés dans un diélectrique gazeux (§ 2.2.2.3). pendiculaires aux lignes de champ, tels que, par exemple, des tubes
en carton entre les divers enroulements d’un transformateur ou des
2.2.2.2 Isolants liquides cloisons isolantes entre les différentes phases d’un appareil ou d’un
équipement.
Si les gaz présentent globalement une excellente stabilité dié-
Parmi les impuretés courantes, l’eau (même à l’état de micro-
lectrique intrinsèque vis-à-vis des phénomènes de claquage dans
gouttelettes) est des plus dangereuses, car elle présente le double
leur masse, il n’en est pas de même pour les liquides.
inconvénient d’une permittivité très élevée et d’une absence totale
La présence, même à l’état de traces, d’impuretés en suspension de propriétés diélectriques. Les particules charbonneuses dues à la
dans un isolant liquide diminue considérablement ses propriétés décomposition de l’huile par les arcs ou les effluves sont une autre
diélectriques. En effet, lorsqu’un liquide isolant est placé dans un cause d’altération des propriétés isolantes.
champ électrique, chaque particule étrangère, dont la permittivité
Des phénomènes du même ordre, ou un peu plus complexes, se
est différente de celle du liquide dans lequel elle se trouve en
produisent à la surface de séparation entre les liquides isolants et
suspension, se charge électriquement en surface pour former un
les autres milieux (§ 2.2.2.3).
doublet électrique (de la même façon qu’un grain de limaille placé
dans un champ magnétique devient un doublet magnétique). Ces
particules sont alors soumises à des forces d’orientation et d’attrac- 2.2.2.3 Isolants solides
tion qui tendent à les aligner suivant les lignes du champ électrique ■ Parmi les isolants solides, ceux qui sont organiques sont les plus
(figure 6), d’autant plus facilement qu’elles ont une excellente mobi- altérables ; ils sont, tôt ou tard, décomposés chimiquement.
lité, puisque soumises seulement à des forces de frottement
visqueux. À l’image des spectres magnétiques, il se forme alors des Si, de surcroît, ils sont soumis à un champ électrique important,
chapelets de doublets allant d’une électrode à l’autre (figure 7). Ces ils peuvent subir dans leur masse une destruction progressive due
chapelets constituent, évidemment, les fils conducteurs de l’amor- au mécanisme d’ionisation interne. Chaque imperfection de leur
çage diélectrique. structure se traduit par une petite cavité (ou vacuole) qui devient
le siège d’un phénomène local d’ionisation, favorisé par la permit-
tivité toujours relativement élevée de ces matériaux. Des effluves
prennent alors naissance dans la vacuole et décomposent progres-
sivement les parois internes de celle-ci. Ce phénomène, s’aggravant
avec le temps, est la principale cause de la mort lente des isolants
des grandes machines tournantes.
Des mécanismes voisins, engendrés par la présence d’impuretés
ou d’irrégularités de structure dans l’isolement des câbles secs,
peuvent entraîner leur perforation.
Dans les appareillages, on devra prendre soin que les traversées
isolantes, soumises comme les câbles et isolements d’encoches
d’alternateurs à des gradients élevés de champ électrique radial,
soient largement dimensionnées pour être à l’abri de ce type de
dégradation.
Figure 6 – Formation de chapelets de doublets électriques
■ Les isolants inorganiques (verre, porcelaine) résistent mieux
dans leur masse car ils ne sont pas décomposables par les effluves
internes, mais les efforts mécaniques et les cycles thermiques
peuvent parvenir à les disloquer.
■ De toute façon, quelle que soit la nature, organique ou non, d’un
isolant solide, rien ne protège sa surface de l’altération ou du recou-
vrement par des éléments étrangers ; c’est le point crucial. Tout ce
qui peut ternir une surface modifie de façon toujours imprévisible la
répartition du champ électrique sur celle-ci. Les causes de souillure
sont multiples et, bien entendu, le matériel d’extérieur est le plus
exposé.
L’eau est encore une fois l’un des grands ennemis. Si la surface
est mouillante, ce qui est le cas de tous les isolants inorganiques,
l’eau forme un film plus ou moins conducteur sur la quasi-totalité
de la surface.
Ce n’est pas toujours sous forme de pluie qu’elle est la plus
dangereuse, car on sait donner aux isolateurs des formes de para-
pluie dont les parties inférieures restent sèches (figure 8).
La condensation est plus pernicieuse, que ce soit sous forme de
rosée (cause des incidents du matin, bien connus des exploitants),
de brouillard ou de givre.
L’eau n’est pas seule en cause, car elle véhicule d’autres
impuretés : sel dans les embruns, sable, ciment, poussières indus-
Figure 7 – Visualisation de la formation des chapelets trielles, déchets de combustion d’hydrocarbures, suies. Ces élé-
de doublets électriques ments, déposés aussi par les vents, peuvent constituer des films très
adhérents.
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2.3 Généralités sur les phénomènes Figure 9 – Interruption d’un courant continu
d’interruption des courants
l’interrupteur au cours de la coupure est d’autant plus faible que la
Après avoir évoqué, un peu trop brièvement, deux types de variation de la résistance de ce dernier est plus rapide. On a donc
problèmes fondamentaux qui ne sont pas propres à l’appareillage intérêt à agir dans ce sens.
électrique, il nous reste à aborder le plus spécifique, et sans doute
aussi le plus difficile : l’interruption des courants électriques. Cependant, même si cette variation est infiniment rapide, on
constate qu’il faut néanmoins dépenser dans l’interrupteur la totalité
Nous avons déjà précisé (§ 1.1.2) que ce problème était entière- de l’énergie électromagnétique emmagasinée initialement dans
ment dominé par l’inexorable nécessité de passer par l’intermédiaire
1
d’un arc électrique. Nous allons nous efforcer d’en dégager aussi l’inductance propre du circuit, soit ----- LI 2 .
2
clairement que possible les raisons profondes et faire ainsi appa-
raître le rôle irremplaçable joué par l’arc de coupure. Cette constatation logique est absolument essentielle dans les
problèmes d’interruption des courants continus ; un critère minimal
de bon fonctionnement est donc que l’interrupteur doit pouvoir
2.3.1 Interruption d’un courant continu absorber sans dommage cette énergie, qui est souvent considérable.
■ Ce critère, s’il est primordial, n’est pas le seul. Il en existe au moins
Examinons pour commencer le cas, apparemment le plus simple, un autre d’importance. Si, en effet, la variation de résistance est infi-
d’un circuit inductif (R, L ) alimenté en courant continu (figure 9). niment rapide, celle du courant l’est également et, en conséquence,
Pour réaliser l’interruption du courant parcourant ce circuit, il faut la force électromotrice induite (L di /dt ) dans l’inductance propre du
et il suffit que la résistance r de l’interrupteur, supposée initialement circuit devient infiniment grande. Cette surtension illimitée est évi-
nulle, croisse et devienne infinie, ou, en d’autres termes, que sa demment inadmissible.
conductance diminue, puis s’annule. Lorsque cette condition unique
est réalisée, l’appareil, devenu isolant, n’est plus traversé par aucun ■ Dans la pratique, il faut donc se fixer une limite à ne pas dépasser
courant. pour la valeur de la surtension. Une fois cette limite définie, la loi de
variation de la résistance se trouve imposée et le problème est théo-
■ La loi de variation de la résistance de l’interrupteur peut, à pre- riquement résolu. L’énergie dépensée au cours de la coupure est
mière vue, être quelconque. Toutefois, le raisonnement et le calcul alors supérieure à l’énergie électromagnétique du circuit, sans
montrent que l’énergie dépensée sous forme d’effet Joule dans dépasser généralement le double de cette valeur.
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2.4.2 Ionisation
L’état conducteur de l’arc résulte de l’ionisation, qui consiste en
l’expulsion d’un ou plusieurs électrons appartenant au cortège
électronique des atomes d’un gaz porté à haute température. Les
électrons ainsi libérés véhiculent le courant dans l’arc et entre-
Figure 12 – Tension transitoire de rétablissement
tiennent le mécanisme d’ionisation (dans ce traité, article Arc
électrique [D 2 870]). Les ions positifs, formés par les atomes ionisés,
contribuent eux aussi au transport du courant dans la colonne d’arc,
mais à un degré bien moindre que les électrons, dont la mobilité
est très supérieure du fait de l’énorme rapport des masses.
La chute de tension dans l’arc permet d’apporter, sous forme
d’effet Joule, l’énergie nécessaire à l’entretien des très hautes
températures exigées pour son fonctionnement, en équilibrant ses
pertes par conduction, convection et rayonnement.
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De plus, malgré le volume considérable des travaux scientifiques 3.1.2 Caractéristique d’arc
accumulés dans ce domaine, maints mécanismes fondamentaux
demeurent obscurs : certaines réactions de formation des ions Nous savons que, si l’on porte sur un diagramme la chute de
négatifs et de recombinaison électrons-ions, les phénomènes tension u dans un arc en fonction du courant i qui le traverse (sup-
complexes localisés dans les zones dites de jonctions, au voisinage posé stabilisé ou lentement variable), on obtient une caractéristique
des électrodes, sans parler du rôle souvent considérable des statique qui dépend de tous les paramètres déterminant le fonc-
mécanismes de turbulence ou de respiration à la périphérie de l’arc. tionnement de l’arc en question :
Disons tout de suite qu’il n’existe actuellement aucun modèle — nature et forme des électrodes ;
théorique susceptible de représenter le fonctionnement d’un arc — nature et pression du gaz plasmagène dans lequel l’arc se
électrique avec une précision suffisante pour qu’il soit possible de développe ;
prédéterminer valablement ses performances d’interruption. — conditions de fonctionnement auxquelles est soumis cet arc
On se trouve dans une situation très différente de celle des (soufflage, turbulence, déplacement sous l’effet de champs magné-
constructeurs de transformateurs ou de machines tournantes, par tiques, etc.) ;
exemple, qui peuvent accorder une grande confiance aux modèles — longueur de l’arc, etc.
mathématiques qu’ils utilisent. La caractéristique statique présente généralement une allure
hyperbolique, la tension passant parfois par un minimum puis crois-
sant ensuite légèrement en fonction du courant (figure 19).
Il résulte de l’impossibilité de modéliser l’arc de manière
Si l’on ne fait varier que la longueur de l’arc, on obtient toute
satisfaisante qu’une part fondamentale de la mise au point des
une famille de caractéristiques, chacune d’elles correspondant à
appareils de coupure revient à l’expérimentation qui fut, et
une longueur donnée.
demeure, l’arme essentielle des constructeurs d’appareillages ;
elle exige des laboratoires d’essais en puissance dont la taille et Pour un arc libre brûlant dans l’air à la pression atmosphérique,
les performances doivent atteindre des valeurs tout à fait spec- Herta Ayrton a proposé, à la fin du XIXe siècle, une formule empirique
taculaires. À l’échelle mondiale, seuls quelques laboratoires célèbre donnant grossièrement la chute de tension u en fonction du
sont capables de tester les plus grands appareils d’interruption courant i et de la longueur de l’arc :
jusqu’au voisinage de leurs performances maximales.
C + D P0
u = A + B + -------------------- = U 0 + -------- (1)
i i
Dans une représentation hyperbolique de la caractéristique,
3. Interruption des circuits U 0 constitue le seuil de tension d’arc et P 0 la partie constante de
la puissance de refroidissement.
alimentés en courant continu Exemple : si l’arc est amorcé horizontalement dans l’air entre deux
électrodes en cuivre de 3 mm de diamètre, les paramètres de cette
Bien que l’utilisation du courant continu reste pour le moment peu relation ont sensiblement pour valeurs :
répandue en haute tension, l’étude des phénomènes liés à son inter-
ruption constitue un préalable dont les vertus pédagogiques sont A = 30 V ; B = 10 V/cm ; C = 10 VA ; D = 30 VA/cm
irremplaçables pour aborder, dans les meilleures conditions, la
Cette formule est acceptable dans une plage de courant limitée
compréhension ultérieure des problèmes de coupure en courant
à quelques centaines d’ampères.
alternatif. C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas hésité à
donner à ce paragraphe 3 un certain développement. Nous
conseillons vivement au lecteur d’en prendre connaissance avant
d’aborder le paragraphe 4, même s’il est déjà familiarisé avec les 3.1.3 Interruption d’un circuit résistant et inductif
problèmes d’appareillage HT.
C’est le cas le plus général rencontré en courant continu, en par-
ticulier lors de l’apparition d’un court-circuit.
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Durant l’interruption, la loi d’Ohm donne, à chaque instant, une ■ Il existe donc, en courant continu, une caractéristique minimale
relation entre les diverses grandeurs en présence (figure 20) : d’arc au-dessous de laquelle l’interruption ne peut pas être obtenue
(si le circuit ou l’appareil ne comporte aucun artifice permettant de
di faciliter la coupure). Notons que cette caractéristique minimale ne
E – Ri – L -------- – u = 0 (2)
dt dépend que de E et de R, et non de L, qui joue en revanche un rôle
fondamental vis-à-vis du temps de coupure et de l’énergie dépensée
d’où :
dans l’arc.
di
L -------- = ( E – Ri ) – u = ∆u (3) Dans la réalité, la forme hyperbolique de la caractéristique n’est
dt
véritablement significative qu’au-dessous d’une centaine
On constate que le signe de la chute inductive ∆u définit le sens d’ampères, pour un arc fonctionnant dans l’air atmosphérique.
de variation du courant ; si ∆u est positif, i augmente et inverse- Il en résulte qu’aux fortes intensités de courant on observe plutôt
ment. une sorte de palier de tension.
Dans un plan (u, i ), la droite E – Ri est dénommée droite de Si l’on suppose que la caractéristique se résume pour l’essentiel à :
charge.
u = U0
■ Si nous supposons que la tension d’arc est donnée, pour chaque
valeur de i, par la caractéristique statique, nous constatons que, tant le problème de la coupure d’un courant continu est relativement
que l’arc est suffisamment court (longueur ) pour que sa caracté- simple : le palier de tension d’arc U0 doit être égal ou supérieur à
ristique présente des points d’intersection (A et B) avec la droite de la tension E du générateur, sinon il n’y a pas coupure (figure 21).
charge, il existe un point de fonctionnement stable A et la coupure Si nous supposons, en revanche, que la caractéristique statique
ne peut se réaliser. peut être assimilée à une simple hyperbole :
En effet, au point A, ∆u est négatif pour les valeurs de i supé- ui = P0
rieures à IA , mais il devient positif lorsque i est inférieur à IA . Le
courant va donc se stabiliser à IA . nous constatons que la caractéristique minimale correspond à une
puissance de refroidissement constante P 0 égale au quart de la
Exemple : on en conclut immédiatement que l’interruption ne peut
puissance apparente E I du circuit, c’est-à-dire au produit de la
pas s’achever tant que l’arc n’est pas suffisamment développé pour
tension E du générateur par le courant établi I (figure 22) :
que sa caractéristique soit tout entière située au-dessus de la droite de
charge E – Ri. P0 = 0,25 E I (4)
Lorsque cette condition se trouve réalisée (longueur ′ ), ∆u est Retenons ce résultat important, car nous verrons (§ 4.1.2.3) que,
négatif pour toutes les valeurs du courant et ce dernier ne peut que en courant alternatif, les puissances de refroidissement nécessaires
décroître jusqu’à s’annuler. (et, par conséquent, les énergies de coupure) sont comparativement
beaucoup plus faibles.
Au-delà de cette caractéristique minimale, l’interruption est
d’autant plus rapide que l’écart ∆u entre la tension d’arc et la
droite E – Ri est plus grand et que l’inductance propre L du circuit
est plus faible, puisque :
di ∆u
-------- = ---------
dt L
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On peut essayer d’éluder cette contradiction en considérant que, Nous avons, en fait, atteint les limites de l’emploi possible des
lorsque la tangente verticale est atteinte (point F), l’arc s’éteint ! il caractéristiques statiques d’arc pour décrire les phénomènes d’inter-
faudrait donc que le point de fonctionnement se transfère instanta- ruption qui sont, par nature, fondamentalement dynamiques.
nément sur la droite R1i1 , tout le courant passant d’un seul coup Si nous voulons continuer d’analyser ces phénomènes en
dans la résistance R1 . respectant les règles essentielles de la physique, nous allons devoir
Cette présentation du problème ne peut évidemment pas se tenir compte du comportement dynamique de l’arc qui présente une
justifier physiquement. Si l’intensité du courant I à interrompre est sorte d’hystérésis (figure 29) et introduire, au moins, son inertie
par exemple de 200 A, on constate que le courant critique ia dans thermique. Pour cela nous ferons appel au plus simple et au plus
l’arc possède encore à cet instant une valeur de l’ordre de 50 A. Ce célèbre des modèles dynamiques d’arc, proposé, il y a presque un
n’est pas parce que la tangente est verticale qu’un arc parcouru par demi-siècle, par Otto Mayr.
un tel courant va subitement disparaître.
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Si nous désignons par P la puissance de refroidissement, la dif- 3.2.2 Constante de temps de désionisation
férence entre la puissance Joule fournie à l’arc et celle qu’il cède
au milieu environnant est : La relation (14) peut se mettre sous la forme :
ri 2 – P
P0
= ----θ- 1 – ---------
ri 2
P
dr /dt ri 2 1
À chaque instant, l’une et l’autre peuvent varier, mais, pendant ------------------ = --------- 1 – ---------- - (15)
l’intervalle de temps dt, (ri 2 – P ) dt correspond bien à la variation r w0 P0 0
d’énergie dw, donc :
avec θ = w0 /P0 constante de temps de désionisation de l’arc.
dw
----------- = ri 2 – P (9) Lorsque ri 2 est négligeable devant P0 , la relation (15) montre
dt
que r est sensiblement une fonction exponentielle du temps, soit :
On en tire :
r = r0 exp (t / θ)
w = ( ri 2 – P ) dt θ représente donc le temps minimal nécessaire pour que la résis-
tance de l’arc soit multipliée par e. Au paragraphe 2 (figure 16),
ou compte tenu de la relation (18) : nous avons proposé une autre définition équivalente de θ.
d ( 1/r )/dt F ′ (w ) Nous verrons, plus tard (§ 3.3.3), que cette constante de temps
---------------------------- = -------------------- ( ri 2 – P ) (10) joue un rôle très important dans les phénomènes qui se produisent
1/r F (w )
au voisinage du zéro de courant.
L’étude, au paragraphe 5, des remarquables propriétés de coupure
3.2.1.2 Deuxième hypothèse
de l’hexafluorure de soufre (SF6) sera l’occasion de montrer que la
La fonction univoque F (w ), dont nous avons supposé l’existence, constante de temps d’arc dépend considérablement de la nature du
peut être considérée comme étant une fonction exponentielle : gaz dans lequel l’arc se trouve engendré (§ 5.5). Cette constante de
1 temps résulte en réalité d’un très grand nombre de phénomènes
----- = F ( w ) = K exp ( w / w 0 ) (11) physiques concomitants.
r
À l’aide d’hypothèses bien choisies concernant la section et la
densité de conductance de l’arc, Otto Mayr est parvenu, en partant 3.2.3 Équation de Mayr
de la loi de Saha sur la thermo-ionisation des gaz, à justifier cette
variation exponentielle ; celle-ci se révèle en fait assez proche de la L’équation différentielle (15) peut s’écrire :
réalité physique.
Le coefficient constant w 0 représente la quantité d’énergie qu’il
faut apporter à l’arc pour que sa conductance s’accroisse dans le
dr r
ri 2
--------- = ----- 1 – ----------
dt θ P0 (16)
rapport e = 2,718 28. À l’inverse, lorsqu’on retire une énergie w 0 à
l’arc, sa conductance se trouve divisée par e. C’est l’équation de Mayr, qui exprime le comportement dyna-
mique de l’arc ; elle peut être résolue numériquement si l’on pré-
K exprime la valeur absolue de la conductance et n’intervient pas
cise complètement les conditions de fonctionnement auxquelles
dans les relations qui vont nous intéresser, car ce sont seulement
l’arc se trouve soumis :
les variations relatives de la conductance qui vont être exprimées.
La dérivée logarithmique de la relation (11) nous donne en effet : — ensemble des relations définissant le circuit dans lequel l’arc
est inséré ; ces relations fournissent de nouvelles équations reliant
F ′ (w ) 1 les variations de r à celles de i ;
-------------------- = --------- (12)
F (w ) w0 — conditions initiales précisant toutes les grandeurs variables à
l’instant t 0 , considéré comme origine des temps.
Nous verrons au paragraphe 3.2.5 que l’on peut aussi la résoudre
3.2.1.3 Troisième hypothèse
graphiquement.
Nous n’avons fait jusqu’ici aucune hypothèse sur P ; nous
précisons maintenant que la puissance de refroidissement P est
supposée constante et égale à P0 . 3.2.4 Résolution numérique
Cette hypothèse, résolument simplificatrice, revient à ne garder,
dans la relation (1) que le seul terme hyperbolique : 3.2.4.1 Principe
d ( 1/r )/dt ri 2
1 – dr / dt r
---------------------------- = --------- ( ri 2 – P 0 ) = ----------------------- (14) dr /dt = ----- 1 – ----------
1/r w0 r θ P0
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Il est ainsi possible de construire point par point la caractéristique Théoriquement, si l’on pouvait ne faire varier que P, l’amplitude
dynamique recherchée, ce qui revient à réaliser graphiquement les 1/ 2
de la surtension (au-delà de E ) croîtrait sensiblement comme P 0 .
opérations que l’ordinateur effectue numériquement.
Si la méthode graphique est moins précise et, en pratique, moins Si la caractéristique statique possède un palier de tension U 0
rapide que la méthode numérique, elle présente l’avantage de visua- (figure 21), la remarque précédente s’applique, comme on l’a vu
liser l’évolution du phénomène. au paragraphe 3.1.4, au seul terme P 0 :
En particulier, on voit que le courant décroît d’autant plus vite que P = P0 + U0 i
∆u est plus grand, ce que nous savions déjà, et que la résistance
d’arc croît d’autant plus vite que λu est plus grand. En revanche, si
λu est négatif, la résistance ne peut que décroître. 3.3.3 Influence de la constante de temps d’arc
Avant d’examiner l’influence très importante de la constante de
Il en résulte que la caractéristique statique divise le plan en temps θ sur l’amplitude de la pointe d’extinction, il faut souligner
deux régions : que θ est, à l’inverse, sans grande action sur le temps et l’énergie
— pour tous les points situés au-dessous de la courbe ui = P, de coupure ; cette dernière dépend en effet essentiellement de l’éner-
la résistance de l’arc augmente ; 1
— à l’inverse, pour tous les points situés au-dessus de ui = P, gie électromagnétique ----- LI 2 .
2
la résistance diminue, ce qui est logique puisque la puissanceui
dépensée dans l’arc (effet Joule) dépasse la puissance de Nous verrons, au paragraphe 3.4.1, que le temps de coupure est
refroidissement et que l’arc se réchauffe (λu est alors négatif). de l’ordre de grandeur de la constante de temps L /R du circuit et,
en fait, pratiquement indépendant de θ. En conséquence, il en est
évidemment de même pour la vitesse de variation de r.
Cette remarque nous aidera à percevoir le mécanisme des oscilla- Il en résulte que λu est d’autant plus petit que la constante de
tions qui peuvent apparaître lorsqu’un arc est shunté par un conden- temps est elle-même plus réduite, puisque, d’après la relation (25) :
sateur et, surtout, à mieux comprendre les phénomènes d’échec
thermique pouvant survenir lors d’une tentative de coupure en P 0 dr
courant alternatif. λu = θ -------- -------- (26)
u dt
Il est logique qu’il en soit ainsi car, moins l’arc possède d’inertie
3.3 Pointe d’extinction thermique, moins il a tendance à s’écarter de sa caractéristique sta-
tique lorsque le courant varie. Du même coup, l’amplitude de la
3.3.1 Généralités pointe d’extinction augmente lorsque θ diminue.
Par ailleurs, nous savons que le sommet de cette pointe d’extinc-
Si la caractéristique dynamique était confondue avec la caracté- tion se produit sensiblement à un instant précédant de deux à trois
ristique statique ui = P, comme nous l’avons supposé initialement, constantes de temps le zéro de courant (§ 3.3.1). Cette pointe se pro-
la tension d’arc atteindrait une valeur théoriquement infinie au duit donc pour une valeur de courant qui décroît avec θ.
moment où le courant s’annule. Fort heureusement, la réalité est
À ce courant correspond alors, sur la caractéristique statique,
différente.
une tension d’autant plus grande que θ est petit :
La caractéristique réelle passe par un maximum peu avant l’annu-
lation du courant ; c’est la pointe d’extinction (§ 3.1.4). La valeur de u = P0 /i
cette surtension ne peut malheureusement pas être établie analy-
Nous pouvons donc en déduire finalement que la pointe d’extinc-
tiquement. Le sommet de la pointe d’extinction correspond phy-
tion possède une double raison de croître lorsque θ diminue
siquement (à l’approche du zéro de courant) au moment où
(figure 32).
l’augmentation de la résistance r n’est plus suffisamment rapide pour
compenser la réduction du courant i, de sorte que le produit ri cesse C’est bien ce que l’on vérifie numériquement et ce que l’on
de croître. À partir du sommet de la pointe d’extinction, le produit ui observe dans la réalité.
décroît rapidement et devient très vite négligeable devant P ; par
conséquent, r croît alors sensiblement de façon exponentielle avec
une constante de temps voisine de θ. Il en résulte que le courant
devient pratiquement négligeable deux à trois constantes de temps θ
après la pointe d’extinction.
Il est ainsi possible d’évaluer la constante de temps θ d’un arc
réel, à l’approche du zéro de courant, à partir d’un relevé oscillo-
graphique.
Par ailleurs, lorsque l’arc n’est pas shunté, on peut démontrer
que le sommet de la pointe d’extinction n’excède en aucun cas la
moitié de la valeur de la tension correspondant alors à la caracté-
ristique statique u = P /i. Cela permet d’évaluer la puissance de
refroidissement minimale à laquelle l’arc se trouve soumis à cet
instant.
Il est malheureusement difficile d’être beaucoup plus précis au
sujet de ce phénomène fort important sans faire appel à des modé-
lisations numériques.
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Si nous reprenons maintenant, à l’aide du modèle numérique, le Figure 33 – Coupure en courant continu avec une résistance
cas d’un arc shunté par une résistance de faible valeur R1 (§ 3.1.6.2) de faible valeur en parallèle sur l’arc : évolution des variables
nous constatons que le paradoxe rencontré précédemment n’existe
plus (figure 33).
La caractéristique dynamique ne présente à aucun moment une 3.4 Temps de coupure
tangente verticale ; elle se raccorde asymptotiquement à la droite
u = R1i1 . Le courant d’arc diminue continûment jusqu’à s’annuler 3.4.1 Généralités
au point A de tangence à cette droite. On observe aussi que la ten-
sion passe par un maximum qui représente la pointe d’extinction. Nous avons jusqu’alors représenté les problèmes de coupure en
Cette pointe d’extinction augmente ici relativement peu lorsque courant continu presque exclusivement dans le plan (u, i ), inté-
θ diminue ; à la limite, même pour θ tendant vers zéro (courbe en ressant pour la compréhension des phénomènes, mais dénué de
tireté), elle ne pourrait en aucun cas dépasser la valeur U max cor- l’échelle du temps.
respondant au transfert instantané du courant d’arc vers la Dès l’instant où l’on connaît ∆u pour chaque valeur de i, le temps
résistance R1 . On vérifie aisément que cette surtension est d’autant de coupure s’en déduit aisément. Pour une évolution donnée de la
plus réduite que la résistance R1 est plus faible. tension d’arc en fonction du courant, le temps de coupure T c est
Cette constatation est générale ; elle s’applique aussi bien aux directement proportionnel à l’inductance L du circuit, puisque,
problèmes de coupure en courant continu qu’en courant alternatif. d’après la relation (3) :
Toutefois, malgré les avantages indéniables qu’apporte la pré-
sence d’une résistance de shuntage d’arc, nous avons déjà
Tc = L
0
i0
di /∆u (27)
souligné (§ 3.1.6.1) que le handicap d’avoir à éliminer le courant rési- E
duel qui la parcourt est, tout compte fait, tellement pénalisant que ou encore, puisque R = ----- :
I
cette solution est très peu utilisée dans la pratique.
0 E
T c = L /R --------- di /I (28)
i0 ∆u
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Cette forme d’expression est particulièrement intéressante car elle 3.5.2 Remarque au sujet du temps de coupure
permet d’expliciter le temps de coupure en fonction de la constante
de temps L /R du circuit et de deux autres variables réduites : Sans entrer dans les détails, signalons qu’il est important, lorsque
• ∆u /E, rapport entre la chute de tension inductive et la force l’on utilise le modèle de Mayr, de ne pas surévaluer le temps Tc ,
électromotrice du générateur ; au risque de surévaluer d’autant l’énergie de coupure.
• i /I, rapport entre le courant instantané et le courant établi E /R. Quand doit-on alors considérer que la coupure est terminée ? Nous
avons vu (§ 3.3.1) que, à partir du sommet de la pointe d’extinction,
la puissance Joule apportée à l’arc décroissait très rapidement, au
3.4.2 Intérêt fondamental de l’emploi point que, deux ou trois constantes de temps plus tard, elle est tota-
de variables réduites lement négligeable. L’instant correspondant à la pointe d’extinction,
majoré d’une ou deux constantes de temps θ, pourra donc valable-
L’intérêt fondamental de l’emploi de variables réduites réside dans ment être considéré comme marquant la fin des phénomènes éner-
le fait que les résultats obtenus, pour un ensemble de valeurs attri- gétiques liés à l’existence temporaire de l’arc.
buées à ces variables, sont automatiquement applicables à tous les
circuits présentant les mêmes caractéristiques réduites, quelles que
soient les valeurs absolues des grandeurs en présence. Par exemple, 3.5.3 Énergie de coupure réduite
tout circuit simple (L, R) a un comportement parfaitement homo-
thétique, en courant continu comme en courant alternatif, à celui de Revenons à l’expression (31) de l’énergie de coupure WJ , et
n’importe quel circuit présentant la même constante de temps L /R. cherchons-en la forme réduite :
On peut dépasser cet exemple élémentaire et chercher à utiliser
WJ P0 Tc P 0 T c EI ( L /R ) P0 Tc LI 2
des variables réduites sans dimension, comme dans l’exemple pré- W J* = --------------- - = -------- ---------------- ------------------------ = ----------------------- -------------------
- = ---------------
cédent du temps de coupure. Le temps de coupure réduit sera alors 1 1 EI ( L /R ) 1 2 EI (L /R ) 1
----- LI 2 ----- LI 2 ----- L I ----- L I 2
rapporté à la constante de temps L /R et pourra être repéré par 2 2 2 2
exemple, comme les autres variables réduites, par un astérisque,
soit : soit encore :
------------
L /R
0 P0 Tc
Tc di * W* = 2 -------- - = 2 P* T* 0 c (32)
T *c = -----------
- = ------------- (29) J EI
L /R i *0 ∆u*
avec :
i Dans la pratique, W * J
est compris entre 1 et 2 et P *0 ne peut
i * = --- pas être inférieur à 0,25, se situant plutôt entre 0,5 et 1.
I
Il en résulte que T *c est assez voisin de 1, c’est-à-dire que le
et : temps de coupure est généralement comparable à la constante
∆u de temps L /R (quand l’appareil ne fonctionne pas en limiteur).
∆u* = ---------
E
Le fait que les variables réduites puissent s’exprimer par des
rapports adimensionnels facilite grandement l’interprétation phy- 3.5.4 Influence de la puissance de refroidissement
sique des résultats, en particulier en ce qui concerne l’influence des
divers paramètres susceptibles de modifier les conditions de Si l’on se reporte aux quelques exemples examinés précédem-
fonctionnement. ment, on constate que l’énergie de coupure, sans pouvoir devenir
1
inférieure à ----- LI 2 , est d’autant plus faible que la puissance de refroi-
2
dissement est plus grande (figure 34). On aurait donc intérêt à
3.5 Énergie de coupure accroître cette dernière.
Nous savons que plus la puissance P 0 est élevée, plus la surtension
3.5.1 Généralités de coupure est elle-même importante. C’est un des dilemmes aux-
quels tout constructeur d’appareillage se trouve sans cesse
L’énergie WJ dépensée dans la résistance d’arc variable de l’inter- confronté ; nous le retrouverons avec encore plus d’acuité lors de
rupteur est donnée par l’intégrale, durant le temps de coupure, de l’étude de l’interruption des courants alternatifs en haute tension.
la puissance instantanée dissipée dans cette résistance :
Tc Tc Tc
u2 3.5.5 Influence de la constante de temps d’arc
WJ = ri 2 dt = ui dt = --------- dt (30)
0 0 0 r
L’influence de la constante de temps θ sur l’énergie de coupure
Lorsque l’on utilise un modèle numérique, l’ordinateur permet
(figure 34) est très faible du fait que θ est, en réalité, toujours négli-
de calculer cette énergie.
geable devant le temps de coupure (ou la constante de temps L /R
Avec le modèle de Mayr (§ 3.2), dans lequel la puissance de du circuit). Il est donc ici sans intérêt de chercher à réduire θ.
refroidissement P est supposée constante, on obtient très simple-
En revanche, la surtension de coupure est d’autant plus grande
ment une bonne évaluation de l’énergie de coupure en multipliant
que θ est plus faible.
la puissance de refroidissement par le temps de coupure :
On comprend donc que, en courant continu, il n’est ni nécessaire,
W J = P0 Tc (31) ni souhaitable de chercher à réduire la constante de temps de l’arc.
En effet, avant l’ouverture de l’appareil, l’énergie d’arc est évi- Le milieu d’extinction universellement utilisé en courant continu est,
demment nulle ; lorsque la coupure est achevée, l’énergie d’arc est de ce fait, l’air atmosphérique.
à nouveau nulle et, alors, il y a bien égalité entre l’énergie apportée
à l’arc sous forme d’effet Joule et l’énergie P0Tc cédée par l’arc à
l’environnement pendant la durée Tc de la coupure.
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On démontre que la pulsation de l’oscillation entre l’arc et la Pendant le même intervalle de temps, la tension d’arc est passée
capacité est alors telle que : de u 1 à u 2 avec, d’après la relation (33) :
ωaθ = 1
u2 – u1 iC
Dans l’air, à la pression atmosphérique, si la constante de temps ---------------------
- = ------ (34)
τ C
d’un arc donné est voisine de 50 µs, cette oscillation présente une
fréquence f a de l’ordre de : Si l’inductance L du circuit est suffisamment importante pour que
L /R soit grand devant la période 2 πθ de l’oscillation arc-capacité (ce
ωa 1 qui est pratiquement toujours vérifié), on peut admettre que le cou-
f a = --------
- = ------------- = 3 200 Hz
2π 2π θ rant total i n’a pas le temps de varier (figure 41) et reste voisin du
courant au point A, soit IA . Le courant capacitif iC se lit alors
Notons bien que la pulsation ω a est tout à fait indépendante de directement sur le diagramme de la figure 40 et nous permet de
celle relative à la fréquence propre f du circuit principal L, C : déterminer u 2 , par la relation (34).
1
f = ------------------------
2π LC
Lorsque les conditions d’oscillations stables sont remplies, cette
fréquence propre f est généralement bien plus basse (250 Hz dans
l’exemple de ce paragraphe).
Figure 39 – Coupure en courant continu avec condensateur Figure 41 – Oscillations stables arc-capacité (figure 35)
en parallèle sur l’arc : mécanisme des oscillations stables
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On peut donc tracer l’horizontale d’ordonnée u 2 . Son intersection divers appareils d’utilisation étaient eux aussi montés en série dans
avec la droite de pente r 2 donne le nouveau point de le circuit, qui fonctionnait à courant constant . Pour arrêter un
fonctionnement M2 . Il est donc possible de tracer point par point la appareil, il suffisait de le court-circuiter. L’un des plus célèbres de
caractéristique dynamique recherchée. ces systèmes de transport de type série fut le système Thury qui
fut utilisé en particulier entre les usines hydroélectriques de Savoie
■ On peut vérifier ainsi que, pour R AC = θ, cette caractéristique et Lyon jusqu’en 1936 (courant constant 150 A, tension variable
décrit une boucle fermée (figure 39 et courbe I de la figure 40). jusqu’à 100 kV).
■ Si la capacité est deux fois plus importante (R AC = 2θ ), au bout du L’avènement du transformateur et la découverte de l’intérêt du
temps τ la résistance d’arc sera la même que précédemment ; en courant alternatif, dont il n’est pas de notre propos de rappeler les
revanche, u 2 – u 1 sera deux fois plus faible et le nouveau point de nombreux avantages, entraînèrent le développement rapide de ce
fonctionnement sera M3 . En continuant de tracer cette nouvelle dernier et firent disparaître pour un temps les réseaux à courant
caractéristique, on obtient rapidement une spirale divergente continu. Il n’empêche que, depuis fort longtemps, l’idée de convertir
(courbe II de la figure 40). le courant alternatif en courant continu pour le transporter à longue
distance revient régulièrement au rang des préoccupations des
■ À l’inverse, avec une capacité deux fois plus faible (R AC = 0,5 θ ), concepteurs et des exploitants de réseaux.
u 2 – u 1 sera deux fois plus grand ; le nouveau point sera en M4 et
Nota : le lecteur pourra utilement se reporter, dans ce traité, à l’article Transport
décrira une spirale convergeant au point A (courbe III de la d’énergie en courant continu à haute tension [D 4 760].
figure 40).
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e = E sin ω 0 t
^
^ ^
avec E=E et I=I
4. Interruption des circuits
alimentés en courant 4.1.1 Courant continu
alternatif Nous savons (§ 3.1.3) qu’en courant continu la condition de
coupure, lorsqu’il n’existe aucun moyen d’assistance, est que la
4.1 Comparaison des coupures caractéristique statique soit tout entière située au-dessus de la droite
en courant continu E – Ri (figure 46) ; si la puissance de refroidissement est constante,
elle doit alors être supérieure à 0,25 E I.
et en courant alternatif Rappelons que, dans le cas du courant continu, le courant ne peut
s’annuler que si la résistance de l’arc devient infinie (figure 47a ).
Pour faciliter la compréhension des problèmes rencontrés lors
de l’interruption d’un circuit alimenté en courant alternatif, nous
allons tout d’abord procéder à une comparaison dans le plan (u, i )
entre une coupure en courant alternatif et une coupure analogue
en courant continu (figure 46). Analogue signifie que la tension de
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soit à la fréquence de 50 Hz :
------
≈ 32 ⋅ 10 –3 s
Figure 47 – Comparaison entre les coupures en courant continu 4.1.2.2 Présence d’une tension d’arc
et en courant alternatif : évolution des grandeurs en fonction du temps Si l’appareil est ouvert pendant la période de décroissance du
jusqu’à l’annulation du courant courant (figure 47b ), on observe une tension d’arc u ; ∆u se trouve
majoré d’autant, ce qui accélère un peu le passage par zéro du
courant, sans constituer généralement un avantage décisif pour
4.1.2 Courant alternatif l’interruption, sauf pour les appareils dits à forte tension d’arc (§ 4.5).
Même si la tension d’arc est très modeste, le courant passe de
4.1.2.1 Rappels
toute façon par zéro et, à cet instant, la résistance d’arc possède
En courant alternatif, la tension du générateur s’inversant à chaque une valeur r 0 qui n’est pas infinie ; c’est là que réside la grande dif-
alternance, le courant passe naturellement par zéro, périodiquement, férence par rapport au courant continu.
sans qu’il soit nécessaire de développer la moindre tension d’arc Cette résistance r 0 est donnée, au point d’origine, par la pente de
(figure 47b ). la tangente à la caractéristique dynamique de l’arc (figure 46).
^
Par ailleurs, la valeur de crête I du courant est déterminée non Au passage par zéro du courant, la tension d’arc est elle aussi nulle,
plus par la résistance, mais par l’impédance du circuit. mais nous avons vu (§ 4.1.2.1) que la force électromotrice (fém) e
Dans le cas d’un circuit à inductance prépondérante, la réactance du générateur est alors voisine de son maximum négatif – E .
^
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dr r
-------- = ----
dt θ 1 – -------
P
ui
0
-
ou, lorsque i = 0 :
dr r0
-------- = ------ (39)
dt θ
Si l’on provoque une diminution de la constante de temps θ, cette
résistance augmentera plus rapidement et l’appareil pourra donc
faire face à une plus grande vitesse de croissance de la tension de
rétablissement.
En réalité, à puissance de refroidissement P0 identique, le gain est
encore plus important qu’il n’y paraît, car la résistance r 0 à l’instant
du passage par zéro du courant est d’autant plus élevée que θ est
Figure 48 – Coupure en courant alternatif :
plus faible. On constate, à la simple vue du diagramme de la
évolution des grandeurs après le passage par zéro du courant
figure 49, que plus r 0 est important, moins on court le risque de fran-
chir la courbe ui = P0 après le zéro de courant.
Pour être plus précis, on peut dire qu’à partir du moment où θ
La tentative de coupure a échoué et il faut attendre au moins le
est inférieur à 30 µs, dans un réseau à fréquence industrielle, les
passage par zéro suivant pour effectuer une nouvelle tentative. Si
courbes théoriques sont pratiquement homothétiques pour des
les conditions n’ont pas changé, elle échouera à son tour.
rapports P * 0 / θ constants et des produits ωθ (ou 1/ωθ ) constants,
Si, en revanche, la vitesse de croissance de la tension u n’excède ω étant la pulsation de l’oscillation de la tension de rétablissement :
pas une certaine valeur critique, la résistance r a le temps d’aug-
menter suffisamment vite pour que la trajectoire de la caractéristique ω=2πf
dynamique ne franchisse jamais la limite fatale ui = P. La tension de avec f fréquence propre du circuit amont, dans le cas d’un circuit
^
rétablissement u peut alors rejoindre la valeur – E de la fém du géné- simple (figure 50).
rateur après quelques oscillations amorties (figure 48b ), sans qu’il Plus cette fréquence est élevée, plus la vitesse de croissance du /dt
se produise d’emballement thermique (courbe III, figure 48a ). de la tension de rétablissement est importante, puisque ces deux
Voilà donc présentée, dans le plan (u, i ), la course entre la puis- grandeurs sont sensiblement proportionnelles.
sance ui dépensée par effet Joule dans la résistance post-arc et la
puissance P à laquelle l’arc se trouve soumis de la part des moyens
Il en résulte que si, par exemple, l’on divise θ par deux, la puis-
de désionisation, course que nous n’avions pu qu’évoquer
sance de refroidissement P0 peut être aussi divisée par deux et,
incomplètement au paragraphe des problèmes
en même temps, la fréquence propre du circuit, donc du /dt,
fondamentaux (§ 2.4.4).
multipliée par deux.
On perçoit que la frontière entre la réussite et l’échec de la coupure
dépend fondamentalement de la vitesse de croissance de la tension
de rétablissement ou, plus précisément, de la forme de sa loi
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On mesure tout l’intérêt qu’il peut y avoir, en courant alternatif En réalité, la constante de temps des arcs réels ne possède pas
et en haute tension, à réduire le plus possible la constante de une valeur fixe, pas plus d’ailleurs que la puissance P0 ; dans les
temps θ de désionisation de l’arc, surtout si l’on sait que certaines milieux d’extinction les plus performants, ces deux paramètres
fréquences propres peuvent dépasser 100 kHz. évoluent rapidement au voisinage du passage par zéro du courant,
ce qui rend le problème fort complexe. Néanmoins, les impor-
tantes conclusions auxquelles nous aboutissons grâce à l’emploi
d’un modèle simple restent valables dans leurs grandes lignes.
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4.1.2.6 Conclusion
Pour terminer cette comparaison entre coupures en courant
continu et en courant alternatif, on peut dire que, en courant alter-
natif HT, l’essentiel de l’interruption se joue après le passage par
zéro du courant, alors que, en courant continu, tout se joue avant
ce passage par zéro.
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4.2.2.2 Surtension due à l’arrachement de courant La faible valeur du courant (quelques ampères à quelques dizaines
d’ampères) fait que la caractéristique statique se situe en pleine zone
En réalité, il ne se produit pas une brusque disparition du courant
hyperbolique, favorable au transfert du courant vers la capacité.
total, ce qui entraînerait une surtension infinie, mais un transfert du
courant d’arc vers le condensateur placé en parallèle sur l’appareil Le schéma du circuit d’alimentation d’un transformateur à vide
(figure 55 ) ; ce dernier est, le plus souvent, constitué par les est en réalité un peu plus complexe (figure 57) que celui de la
modestes capacités propres du réseau. figure 55. Le principe d’arrachement du courant par transfert (vers
la capacité C ) reste identique ; la surtension sur le réseau aval n’est
Le phénomène d’arrachement d’un faible courant inductif s’appa-
limitée que par la capacité C1 .
rente donc à la coupure d’un courant continu avec condensateur en
parallèle sur l’arc, comme le démontre aisément la comparaison Si l’on néglige l’amortissement, on peut considérer que l’énergie
entre les figures 56a et b. 2
électromagnétique 1/2 1 I arr se convertit au bout d’un quart de
L’arc « ignore » évidemment qu’il se trouve inséré dans un circuit période du circuit oscillant ( 1 , C 1 ) en énergie électrostatique
à source alternative plutôt que continue et se comporte de manière 2
similaire. 1/2 C 1 U max , d’où :
U max = I arr -------1- (40)
C1
La coupure d’un courant capacitif est encore plus aisée que celle
d’un courant purement résistant (§ 4.2.1).
Dès que les contacts de l’appareil sont séparés et qu’un arc, même
très court, a pris naissance, une tentative d’interruption se produit
automatiquement au premier passage t 0 par zéro du courant.
La tension e du générateur est alors maximale puisque le courant
est en avance de π /2 sur la tension ; après l’annulation du courant,
^
le condensateur C reste donc chargé à cette tension – E et la dif-
férence de potentiel u A – u B appliquée aux bornes de l’interrupteur
est initialement nulle (figure 58). Elle croît ensuite avec une extrême
lenteur puisque sa dérivée est elle-même nulle à l’instant du passage
par zéro du courant.
Dans ces conditions, on comprend qu’un appareil, même très
peu performant, puisse couper au premier passage par zéro du
courant qui se présente immédiatement après l’ouverture de ses
contacts.
Comparativement à la coupure d’un courant résistant, les pro-
blèmes viennent du fait que les réamorçages ne sont plus du tout
anodins.
Figure 56 – Coupure d’un circuit à grande inductance, Figure 57 – Schéma pratique d’interruption du courant primaire
avec condensateur en parallèle sur l’arc d’un transformateur à vide
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^
4.3.1 Pouvoir de coupure en court-circuit L’amplitude U S de l’oscillation dépend de la valeur de la force
électromotrice e du générateur à l’instant du passage par zéro du
Le pouvoir de coupure d’un appareil définit la valeur efficace du courant et de la valeur du coefficient d’amortissement de l’oscilla-
courant présumé qu’il est capable d’interrompre dans des conditions tion (figure 59b ).
d’emploi prescrites. Parmi ces conditions, celle qui a le plus
■ Lorsque le circuit comporte une charge aval, la TTR est la diffé-
d’influence est la tension de rétablissement.
rence entre les tensions transitoires mesurées en amont et en aval ;
nous en verrons un exemple lors de l’étude des phénomènes liés à
l’élimination d’un défaut proche en ligne (§ 4.4.2).
4.3.2 Tension de rétablissement
4.3.2.1 Généralités
4.3.3 Conclusion
Dans l’introduction à la coupure des courants alternatifs, nous
nous sommes efforcés de mettre en évidence le rôle fondamental Le pouvoir de coupure et la tension de rétablissement étant les
que joue la tension de rétablissement dans la réussite ou l’échec deux contraintes essentielles auxquelles l’appareil se trouve soumis
de la coupure (§ 4.1.2.3). au cours d’une interruption, il est nécessaire de les définir avec une
grande précision chaque fois que l’on se propose de contrôler l’apti-
Cette tension est généralement la somme de deux composantes : tude d’un appareil à répondre à un service donné (§ 4.7).
— l’une périodique à la fréquence industrielle ;
— l’autre transitoire et amortie, oscillatoire ou non.
■ La composante à la fréquence du réseau, ou tension de réta- 4.4 Comportement sur court-circuit
blissement à la fréquence industrielle, est mesurée après la dispa- des appareils à faible tension d’arc
rition des phénomènes transitoires sur tous les pôles et s’exprime
en valeur efficace.
Tous les disjoncteurs modernes à haute tension présentent une
En triphasé, elle est égale à U n / 3 , U n étant la tension assignée faible tension d’arc (§ 4.1.2.3), ce qui signifie que cette dernière reste
du réseau. suffisamment négligeable devant la tension du générateur pour qu’il
■ La seconde composante est la tension transitoire de rétablis- n’en résulte aucune diminution appréciable du courant de court-
sement, en abrégé TTR. C’est la tension qui se développe aux bornes circuit, ni aucune modification significative du déphasage ϕ entre
de l’appareil immédiatement après le passage par zéro du courant ; le courant et la tension. Cette faible tension d’arc résulte de l’utili-
elle correspond à une tentative de coupure. En triphasé, la TTR qui sation de milieux d’extinction à constante de temps de désionisation
apparaît aux bornes du premier pôle qui coupe est généralement très réduite, permettant d’atteindre des performances très élevées
plus élevée que celles qui se manifestent ensuite aux bornes de avec des puissances de refroidissement extrêmement faibles.
chacun des deux autres pôles (§ 4.7.2.3).
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Figure 60 – Coupure avec condensateur en parallèle sur l’arc : influence de la valeur de la capacité
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