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LES TÉLÉCOMS, FACTEUR DE DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE

Henri Tcheng, Jean-Michel Huet, Isabelle Viennois, Mouna Romdhane

L'Express - Roularta | « L'Expansion Management Review »

2008/2 N° 129 | pages 110 à 120


ISSN 1254-3179
Article disponible en ligne à l'adresse :
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Pour citer cet article :
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Henri Tcheng et al., « Les télécoms, facteur de développement en Afrique »,
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L'Expansion Management Review 2008/2 (N° 129), p. 110-120.


DOI 10.3917/emr.129.0110
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REPÈRES PRATIQUES

LA TECHNOLOGIE DU TÉLÉPHONE MOBILE CONTRIBUE AU DÉSENCLAVEMENT DES ZONES RURALES


AFRICAINES ET FAVORISE L’ACCÈS DES POPULATIONS À DE NOUVEAUX SERVICES.

Les télécoms, facteur


de développement en Afrique
> Henri Tcheng, Jean-Michel Huet,
Isabelle Viennois et Mouna Romdhane
Focus
es technologies de l’information et de

L la communication (TIC) sont-elles


réservées aux pays dits « dévelop-
pés » ou, à l’inverse, sont-elles des facteurs
Dans un continent africain largement sous-
équipé en infrastructures, la téléphonie mobile
connaît un véritable engouement.
Facteur de croissance, cette dynamique est

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de développement ? Cette question digne aussi un moteur de développement.
du paradoxe de l’œuf et de la poule prend Création d’emplois et de micro-entreprises,
une dimension nouvelle depuis le début des enseignement et soins à distance, services
années 2000, les télécoms et Internet occu- financiers en ligne… Les technologies de
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pant une place significative dans l’économie l’information et de la communication ouvrent


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la voie à de multiples innovations sociales


de nombreux pays d’Afrique, d’Asie et
et à de nouveaux modèles économiques.
110 d’Amérique latine. C’est une question dont
l’enjeu concerne à la fois l’économie des télé-
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coms et, par effet de ricochet, l’ensemble de maient alors que les télécommunications
l’économie des pays concernés. Le secteur n’impactaient la croissance économique que
de l’industrie mobile devrait dans les cinq lorsque le taux de pénétration des TIC avait
ans, passer de 2,8 milliards à 4,2 milliards atteint 40 lignes téléphoniques fixes pour
de souscriptions dont 90 % des nouveaux 100 résidents. Depuis, d’autres travaux, éco-
utilisateurs devraient provenir de pays à nométriques, ont attesté l’impact positif des
l’économie émergente et 20 % d’Afrique ou télécoms y compris dans les pays en déve-
du Moyen-Orient. A travers cette question loppement. Ainsi Waverman, Meschi et Fuss
est illustré le rôle des entreprises dans un ont récemment montré à travers une étude
développement social et économique allant menée dans 38 pays émergents qu’entre
au-delà de leur propre activité et permettant 1996 et 2003 un gain de 10 points en péné-
l’éclosion de modèles économiques origi- tration de téléphonie mobile entraînait une
naux là où d’aucuns n’en voyaient guère. hausse additionnelle de 0,59 % du PIB par
Des années 70 aux années 90, la thèse habitant.
économique la plus courante était que le L’impact positif des télécoms peut donc
développement des TIC ne concernait que se faire sentir plus tôt sans attendre que le
les pays déjà développés. Les travaux d’éco- pays ait atteint un certain stade de dévelop-
nomistes comme Hardy en 1980, Norton pement. Les TIC peuvent ainsi apporter leur
en 1992 ou Roeller et Waverman en 2001 contribution au même titre que des « utili-
allaient dans ce sens. Ces derniers affir- ties » comme l’eau potable, l’électricité ou
les transports. Les retombées des technolo-
> Henri Tcheng est vice-président du cabinet BearingPoint
gies sont visibles directement à travers les
en charge au niveau européen, Afrique et Moyen-Orient milliers d’emplois créés et les recettes réali-
des activités télécoms et médias, Jean-Michel Huet est senior
manager dans cette équipe, Isabelle Viennois, manager, et
sées et, indirectement, dans l’apparition de
Mouna Romdhane, consultante. nouveaux biens et services qui soutiennent
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l’activité des autres secteurs. L’accélération téléphonie. Compte tenu de l’importance


de la diffusion de l’information joue, grâce des apports indirects des TIC dans leurs vies
aux TIC, un rôle indéniable dans le déve- quotidiennes, les abonnés y consacrent une
loppement économique. Ainsi, les zones partie significative de leur budget. L’explo-
rurales sont connectées aux grandes villes : sion du marché dans le continent s’illustre
les distances se raccourcissent et des liens essentiellement à travers le marché du
se tissent entre les personnes, tous éléments mobile qui connaît, ces dernières années,
structurants car le coût des trans- une croissance à deux
ports est parfois un frein au dévelop- En Namibie, chiffres. Les raisons en
pement. Cet apport reste cependant sont simples : les coûts
difficilement quantifiable, illustrant en Ethiopie du réseau mobile sont
ainsi le paradoxe de Solow : l’infor- ou en Zambie, moindres par rapport au
matique se voit partout, sauf dans les ménages réseau du fixe, et la durée
les statistiques de productivité. de déploiement plus
Des organismes internationaux
consacrent jusqu’à courte. Au Maroc, par
10 % de leur revenu

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tels l’ONU, la Banque mondiale ou exemple, le taux de péné-
l’ITU considèrent aujourd’hui que à la téléphonie. tration est passé pour le
les TIC sont des facteurs et non des mobile de 0 % en 1995 à
conséquences du développement écono- 27 % dix ans plus tard, tandis que la péné-

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mique. Les TIC font en effet parties des tech- tration des lignes fixes stagnait. Trois spé-
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nologies « de base » ou « polyvalentes ». cificités sont à noter :


Elles disposent de trois caractéristiques qui ◗ Le mobile est le moyen de communication le 111
illustrent leur capacité de contribution au plus utilisé. Selon les pays, sa pénétration

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développement d’autres pans entiers de atteint de 25 à 80 % de la population contre
l’économie : 15 % pour les lignes fixes (55 % dans les
◗ omniprésence : ces technologies sont pré- pays développés) et 1 % pour la connexion
sentes dans la plupart des secteurs ; à Internet (40 % dans les pays développés).
◗ amélioration : elles ne cessent d’évoluer, L’Afrique est le seul continent où les revenus
contribuant ainsi à la baisse des coûts pour liés au mobile pèsent près des deux tiers du
les utilisateurs ; chiffre d’affaires global des télécoms.
◗ source d’innovation : en plus de leur évo- ◗ Le système de cartes prépayées (par opposi-
lution propre, ces technologies contribuent tion à l’abonnement) est le plus répandu sur
à l’élaboration de nouveaux produits ou le continent, compte tenu du faible taux de
processus. bancarisation de la population : 92 % des
abonnés de téléphonie mobile ont adopté ce
Télécoms et croissance : système de « scratch cards ».
le premier cercle vertueux ◗ La distribution est essentiellement indirecte :
Quelques chiffres illustrent l’importance elle ne passe pas par les agences des opéra-
du phénomène en Afrique : les recettes des teurs mais plutôt par un réseau de grossistes,
services de télécommunications y représen- de distributeurs, de vendeurs ambulants voire
tent près de 5 % du PIB. Dans certains pays un marché informel, ce qui représente des
africains comme la Namibie, l’Ethiopie ou milliers d’emplois.
la Zambie, les ménages consacrent jusqu’à
10 % de leur revenu mensuel à la télé- Technologies et développement :
phonie alors que ce coefficient budgétaire au-delà du business traditionnel
est de l’ordre de 3 % dans les pays dévelop- Si les données microéconomiques mon-
pés. Cette « surconsommation » des pro- trent que la téléphonie mobile a contribué
duits télécoms confirme le rôle joué par la à la croissance des dernières années, la >>
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REPÈRES PRATIQUES
LES TÉLÉCOMS, FACTEUR DE DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE

>> dynamique va bien au-delà. Les effets indi- superficie du territoire, nombre de régions
rects favorisent aussi le développement éco- africaines demeurent non desservies par les
nomique et social. Ils illustrent le rôle et la transports et les réseaux de distributions.
responsabilité sociale des opérateurs qui ne Aussi grâce aux TIC, les agriculteurs se tien-
se contentent pas de développer leur chiffre nent au courant du cours du marché en ville
d’affaires. sans être obligés de se déplacer. En
En tant que technologies polyvalentes, les Ouganda, FoodNet a créé des bases de don-
TIC se substituent à certaines « utilities » nées, consultables par SMS, intégrant des
défaillantes. C’est le cas des infrastructures informations concernant certains produits
de transports. La téléphonie mobile permet agricoles ainsi que leurs prix de gros et de
de réaliser d’importantes économies en détail. Grâce à la mise à jour quotidienne de
termes de coût de déplacement. Compte ces données, les agriculteurs peuvent trou-
tenu de l’état des routes et de l’importante ver les meilleurs prix proposés sans avoir

Un impact direct et indirect sur l’économie

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es TIC, et plus particulièrement le mobile, Telecom au Bangladesh et étendu par la suite en
L jouent actuellement sur ce continent le même
rôle que le fixe entre 1970 et 1990 dans les pays
Ouganda et au Rwanda. Le programme Village
Phone consiste à relier des zones « isolées ».
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de l’OCDE : création et expansion des marchés, Grâce aux connexions entre toutes les zones
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amélioration de la diffusion de l’information, etc. rurales, les femmes des villages, disposant initia-
112 Cette activité est par ailleurs très rentable pour lement d’un revenu faible, ont pu emprunter suf-
les différents acteurs de la chaîne de valeur. fisamment d’argent pour l’achat d’un combiné et
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Cette croissance des télécoms a bien entendu le règlement de tous les frais qui leur incombent
un impact direct et favorable sur l’économie des pour le lancement de leurs propres services de
pays de la zone. Au Nigeria, ce secteur, et en par- publiphone. Cette idée, mise en œuvre par Gra- O/T
ticulier celui de la téléphonie mobile, est consi- meen Telecom en coopération avec Grameen
déré comme le principal employeur (avec Bank, permet à ces femmes, qui ont reçu préala-
400000 nouveaux emplois selon l’ITU). Grâce à sa blement une formation sur le fonctionnement
croissance, le nombre de manufacturiers, d’ad- technique et les tarifs, d’exploiter elles-mêmes
ministrateurs, de constructeurs de réseaux, de leur entreprise. Les opératrices « Village Phone »
gestionnaires de système… s’est multiplié. La perçoivent une rémunération deux fois plus éle-
création d’emplois est, vu la nature du marché, vée que le revenu par habitant moyen national.
supérieure à celle de l’Europe. Le système de Le nombre d’emplois indirects ainsi créé est
cartes prépayées (« scratch cards ») nécessite estimé à 100 000 (les intermédiaires, les agents,
un réseau de distribution beaucoup plus consé- les entrepreneurs, les fournisseurs et les opéra-
quent que celui mis en place dans les pays occi- teurs « Village Phone »).
dentaux. Ce réseau, composé en majorité de mar- Dans le B2B, des emplois se créent aussi par
chands ambulants, joue dans les pays africains milliers grâce aux télécoms. L’exemple le plus
un rôle plus important que celui des agences et connu est la possibilité, offerte par le développe-
des boutiques. ment d’infrastructures de télécommunication, de
Au-delà de la création d’emploi, la téléphonie développer les délocalisations pour des presta-
mobile permet l’éclosion d’un véritable esprit tions telles les centres d’appel (Sénégal), celles
entrepreneurial. Le déploiement des TIC a permis des centres de services partagés (Maroc) ou des
aux femmes de créer leur propre commerce. Ce centres de numérisation des contenus (Mada-
« coup de pouce » s’illustre à travers le pro- gascar). ■
gramme Village Phone mis en place par Grameen
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La téléphonie
à se déplacer sur différents marchés. ◗ Le désenclavement des
Autre exemple, un système de
mobile permet territoires est un apport
recharge virtuel (e-recharge) a été de réaliser évident des télécoms tant
mis en place à Madagascar afin de d’importantes dans la vie quotidienne
faire face aux difficultés de livraison que dans les cas d’urgence.
dues à l’inaccessibilité et l’éloigne-
économies La Fondation du groupe
ment de certaines zones. Le rechar- de frais de Vodafone et la Fondation
gement du compte s’effectue de déplacement. pour les Nations Unies ont
mobile à mobile (entre le client et le mis en place un plan per-
vendeur) via une connexion sécurisée. mettant de financer l’association Télécoms
Les TIC jouent également un rôle indé- sans frontières. L’objectif de ce projet consiste
niable dans le développement social. à mettre en place, à n’importe quel endroit de
Quelques exemples sont évocateurs : la planète et dans les 48 heures qui suivent la >>
Géopolitique des télécoms en Afrique

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❶ Fonds souverains M


R du Golfe
Investissements R C/R

Eté 2008
Banque
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mondiale C/O

E/O/R/V 113
C/E

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O
O/T C/E/O C/T M
E M
C/E C/E/M
M
M/T C/M
C/O/T
E E/O
M E/M M/O Chine
E/M/O
O Clusters
C/M
❹ C/E
C/M
C/T/V C/O ❶ Afrique du nord : forts inves-
tissements des pays européens
et des pays du Golfe. Forte dispa-
rité sur l’ouverture des marchés.
C/E/T/V
Présence d’opérateurs transnationaux ❷ Moyen-Orient : importants
C = MTC-Celtel (Pays-Bas) investissements des opérateurs,
E = Etissalat (EAU) des fonds souverains du golfe
M = MTN (Afrique du Sud) et de la Chine ; libéralisation
O = Orange (France) C/M quasi finalisée des marchés.
R = Orascom (Egypte)
T = Millicom Tigo (Etats-Unis) ❸ Afrique australe : zone
V = Vodacom (Afrique du Sud) R d’influence de l’Afrique
C/O du Sud et investissements
Pénétration mobile et PIB internationaux du fait de
Taux d’équipement en téléphonie mobile
M/O
V O/T
la FIFA World Cup 2010.
– +
PIB/habitant en parité de pouvoir d’achat ❹ Afrique subsaharienne :
(en K$ par an (source : FMI, 2007) très grandes inégalités de déve-
M/V loppement et de libéralisation
Pays < 1 1 < Pays < 5 Pays > 5 Investissements des marchés (encore des
Clusters économiques
Flux d’investissements ❸ Coupe du monde monopoles). Investissements
récents de grands opérateurs
transnationaux et panafricains.
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REPÈRES PRATIQUES
LES TÉLÉCOMS, FACTEUR DE DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE

Orange à la recherche d’une croissance responsable


vec plus de 250 millions d’abonnés en 2007, qui bénéficie aux communautés locales sans
A la très forte croissance du mobile en Afrique
n’est plus à démontrer, mais les leviers de la crois-
générer de profit. Les priorités de notre politique
RSE en Europe et en Afrique sont définies de telle
sance durable évoluent et sont à appréhender sorte que nous apportions des réponses différen-
avec précaution par les opérateurs qui veulent ciées. Si la satisfaction client est commune à l’en-
rester en tête de liste. Dans cette course à la semble des opérations, les priorités européennes
croissance, les opérateurs sont de mieux en se déclinent sur les axes suivants : vie privée (pro-
mieux structurés pour capitaliser sur des gains tection des données), protection des mineurs
techniques et des effets de synergie. Les signaux (contenu), gestion de l’environnement (économie
actuels nous montrent cependant que la compré- d’énergie). En Afrique, ces priorités s’orientent de
hension fine des facteurs de satisfaction du client la façon suivante : services de base (information,
final sera la clé de la réussite sur des marchés santé, services financiers), fracture numérique
prépayés et très volatiles. (communautés rurales, populations à bas revenu)
Que constate-t-on avec quelques années de et droits de l’homme (liberté d’expression, droits

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recul? Les niveaux de croissance ont été large- culturels, corruption).
ment sous-estimés par le passé, et nous pensons Comme exemple, citons le raccordement de plus
qu’il y a encore de bonnes perspectives de crois- de 2 000 villages dans des zones reculées du
sance dans le mobile et, dans une moindre Sénégal avec pour objectif premier le désencla-
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mesure, dans l’Internet haut débit. De nombreux vement des zones rurales via une technologie
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pays africains franchiront le cap des 50 % de mobile. Dans un autre registre, la rationalisation
114 pénétration mobile dans les deux ou trois ans à du réseau de distribution indirecte qu’Orange a
venir. Gagner cette croissance suppose dès initiée à Madagascar avec le concept Botika a
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aujourd’hui de mettre en œuvre des actions largement contribué à la professionnalisation du


majeures : intensifier l’investissement rentable secteur et stabilisé de nombreux emplois. Enfin,
dans la couverture et la capacité réseau, franchir une des priorités d’Orange est le déploiement du
un cap dans la qualité et la continuité du service, m-payment en 2008 et 2009 : dans des pays où le
proposer de nouveaux services innovants (m-pay- taux de bancarisation est faible, nous prévoyons
ment), et apporter une contribution effective au que ce service deviendra un levier majeur de
développement économique des pays. développement et de décloisonnement, en com-
La politique d’Orange en Afrique va clairement plément des services bancaires « traditionnels ».
dans ce sens, en complète cohérence avec les Aujourd’hui en Afrique, avec une part consa-
engagements pris par le groupe en matière de crée au mobile pouvant aller jusqu’à 20 % du bud-
responsabilité sociale d’entreprise (RSE). Chez get du consommateur moyen, certains acteurs,
Orange, nous considérons le développement notamment ONG et bailleurs de fonds, peuvent
durable comme une opportunité : la recherche être tentés de juger cette dépense excessive et
d’un équilibre entre développement économique, faire basculer la balance de l’opinion. Nous avons
responsabilité sociale et protection de l’environ- dû démontrer que la croissance de ce marché
nement est un des moteurs de notre développe- s’assimile à une infrastructure du développement
ment, avec une priorité donnée à la qualité de ser- de base, nécessaire au fonctionnement de nom-
vice par la recherche de la simplicité dans les breux autres acteurs économiques.
offres et l’amélioration de la relation client. L’enjeu est celui de notre réussite dans la durée :
La mise en œuvre de ces engagements de RSE être profitable, croître, mais aussi prouver notre
se traduit par deux types d’actions : d’une part, participation active au développement écono-
des actions bénéfiques aux parties prenantes mique et social des pays qui nous accueillent. ■
(clients, environnement, salariés, etc.) et profi- Marc Rennard et Olivier Buonanno,
tables à l’entreprise, d’autre part, du mécénat pur France Télécom Orange
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>> crise, des équipes d’intervention rapide en ture forme des scientifiques, des ingénieurs,
télécommunications. Celles-ci établiront des des techniciens, des hommes d’affaires et des
centres de communication d’urgence : rac- professionnels capables de contribuer au
cordement à un réseau téléphonique, développement de leur
connexions Internet, vidéo et téléco- Dans des pays pays. Les formations scien-
pie, et les secouristes pourront assu- tifiques et techniques,
rer la logistique, la coordination et
où on manque transmises par satellite,
l’évaluation de leurs opérations. cruellement permettent de combler le
Orange Mali a permis la construction de soignants, déficit de matériels et de
d’une école dans une zone reculée du professeurs. Plus de 9 000
pays dogon ou bien encore dans le
la médecine étudiants, dans toutes les
cercle de Bankass dans la région de à distance régions de l’Afrique subsa-
Mopti. L’aide des TIC au recensement est une solution. harienne, ont pu bénéficier
de la population est également une de ces nouvelles méthodes
illustration de cette aide au désenclavement. éducatives qui reposent sur les technologies

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La complexité du recensement dans les de l’information et de la communication
régions éloignées et la faible pénétration des modernes. Grâce à ce succès, l’UVA a établi
TIC dans l’administration handicapent les une vingtaine de partenariats avec d’autres
études statistiques. Un déploiement des TIC universités d’Afrique subsaharienne.

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sur tout le territoire permet non seulement de ◗ Dans le cadre du développement durable, le
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faciliter le recensement mais aussi lui confère recensement des animaux est facilité par l’uti-
une précision plus élevée. lisation des TIC. Le parc national Hwange par 115
◗ Les TIC contribuent aussi au développement exemple, au Zimbabwe, a lancé des cam-

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des soins. Dans des pays où le manque de pagnes d’identification et de comptage des
médecins est patent (il existe quatre méde- mammifères au moyen de capteurs VHF ou
cins pour 100 000 habitants au Burkina et au GPS posés autour du cou de chaque animal.
Mali), la médecine à distance offre une solu- Les informations ainsi collectées viennent
tion. En République sud-africaine, un système enrichir des bases de données qui permettent
de suivi des malades de la tuberculose a été le suivi des migrations et l’observation des
mis en place : l’envoi des SMS permet de rap- comportements des populations. Dans la
peler la prise de médicaments aux heures durée, cette connaissance permet aux cher-
nécessaires. De même, les TIC permettront cheurs et rangers de mettre en place les
d’insister sur l’importance de la contracep- actions nécessaires à l’équilibre et à la conser-
tion et de la vaccination par le biais de rap- vation des parcs nationaux.
pels réguliers. Des campagnes de traitement
de la cataracte ont été également mises en De nouveaux défis pour
place : les consultations étaient réalisées à dis- les entreprises
tance par un médecin en ville qui auscultait Le véritable défi managérial pour les
les malades grâce aux images transmises. entreprises consiste à aller au-delà de ce
◗ L’enseignement à distance s’inscrit dans la double cercle vertueux (contribution à la
même logique. Compte tenu de la faible den- croissance et au développement) et être
sité de professeurs et d’établissements sco- capable de créer une valeur via l’innovation
laires dans la majeure partie des pays et la construction de nouveaux business
d’Afrique, la formation à distance constitue models. A ce titre, l’Afrique peut être aussi
un levier important pour le développement une terre d’innovation pour les opérateurs
de l’éducation. L’Université virtuelle africaine du monde entier ; des services nouveaux y
(UVA) apporte la preuve de la réussite de ont ainsi été testés avant d’être lancés
cette solution. Depuis juillet 1997, cette struc- en Europe. C’est le cas des systèmes de >>
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REPÈRES PRATIQUES
LES TÉLÉCOMS, FACTEUR DE DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE

Banque et télécoms : un exemple de convergence

es populations rurales des pays en développe- Exemple : le montant des commissions versées avec
L ment n’ont généralement pas accès aux
agences bancaires. Les banques n’y investissent
le service G-Cash (Global Communications) dans le
cadre des virements provenant de l’étranger repré-
pas ou très peu en raison du manque d’infrastruc- sente un tiers de ceux des services traditionnels.
tures (routières, postales), des faibles densités, de En Zambie, Celpay, lié à la First National Bank of
l’isolement géographique… Néanmoins, les faibles South Africa, permet aux entreprises de régler cer-
taux de bancarisation ne sont pas dus seulement à tains services et de recevoir des paiements grâce
la ruralité. Il s’agit d’un problème structurel qui à leur compte de téléphonie mobile. Celpay traite
concerne l’ensemble des pays en développement. actuellement jusqu’à 10 millions de dollars de paie-
Ainsi, le Maroc ne dénombre que 1,4 million envi- ments par mois. En Afrique du Sud, cette banque
ron de comptes bancaires, y compris les comptes travaille aussi en partenariat avec la compagnie
d’entreprises, pour 33,5 millions d’habitants. Le taux Mobile Telephone Networks (MTN) qui offre des
de pénétration du mobile est le plus souvent bien services aux Sud-Africains disposant déjà d’un

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supérieur au taux de bancarisation. Les pays de compte en banque, mais désirant recevoir et
l’Union économique et monétaire ouest-africaine ne envoyer de l’argent en utilisant leur cellulaire. Ces
totalisent que 1,5 million de comptes pour plus de deux compagnies permettent à 500 000 Sud-Afri-
70 millions d’habitants, soit 2 % environ, tandis que cains dépourvus de compte en banque d’envoyer
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la Communauté économique et monétaire d’Afrique de l’argent à des membres de leur famille ou d’en
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centrale affiche un taux variant de 3 % à 5 % selon recevoir, de régler l’achat de produits et de services,
116 les pays. Selon la Banque mondiale, seulement 20 % de vérifier le solde de leurs comptes et de payer
des ménages possèdent un compte bancaire. Ce leurs factures d’électricité, d’eau et de gaz. Jusqu’à
L’Expansion Management Review

pourcentage tombe à 15 % au Liberia et à 5 % en l’arrivée de ces services, les Sud-Africains versaient


Tanzanie. à des coursiers l’équivalent de 30 à 50 dollars pour
Les services de m-banking se montrent plus effi- livrer de l’argent liquide à leur famille. Aujourd’hui,
cients et moins coûteux que les services bancaires grâce à la téléphonie mobile, ces transactions ne
traditionnels (notamment en matière de transaction). leur coûtent plus que 0,50 dollar.

>> fidélisation par minutes gratuites dans les tion. Etant donné l’explosion du nombre
réseaux de distribution. Ce système, qui d’abonnés de mobiles, le pourcentage de
commence à voir le jour la population équipée d’un télé-
en Europe, a d’abord été Le micropaiement phone portable est supérieur au taux
mis en place en Afrique. de population bancarisée dans cer-
La chaîne de supermar-
en ligne est tains pays africains. La téléphonie
chés SPAR a lancé un sys- un domaine mobile devient ainsi un moyen d’ini-
tème de fidélisation basé où l’Afrique tiation et d’exécution de transactions
sur les minutes gratuites. financières en ligne. Aussi, l’Afrique
Chaque achat de crédit
est appelée semble devancer l’Europe dans ce
téléphonique permet à devenir source domaine, les habitudes financières
d’accroître le nombre de d’innovation. des Européens représentant un frein
points de fidélité qui au changement et à l’adoption de
seront transformés par la suite en minutes nouveaux systèmes. Le micropaiement a
gratuites pour un opérateur précis. pour objectif non seulement de réduire les
Le micropaiement est un domaine dans coûts des transactions mais également d’in-
lequel l’Afrique est appelée à être une source troduire de nouveaux entrants dans le sec-
d’innovation et un terrain d’expérimenta- teur financier et créer ainsi de nouveaux
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Au-delà du pur m-banking, le mobile peut vite deve- gents en palliant le faible taux de bancarisation et
nir un outil de transaction financière. En Afrique, en facilitant l’apparition de flux financiers. De plus,
après le lancement du transfert de crédit, les popu- cela permet aux opérateurs de télécoms de trouver
lations ont instauré l’échange de minutes contre de un nouveau relais de croissance.
l’argent de manière informelle. Les sommes échan- Pour développer ces solutions, les opérateurs ont
gées restent faibles (moins de 10 euros). Face à cet besoin d’une réelle expertise : maîtrise des risques,
usage détourné, les opérateurs mobiles ont identi- transferts d’argent (locaux et internationaux), etc.
fié une opportunité pour impulser le développement Faut-il s’appuyer sur un partenaire bancaire? Com-
du mobile dans ces pays. ment sécuriser les transferts ? Quelle est la régu-
Les opérateurs peuvent aussi profiter de la diaspora lation dans le cas des transferts internationaux? Les
à l’étranger pour créer du trafic vers l’international retraits d’argent se font-ils uniquement en agence
(partenariat entre opérateurs des pays émergents ou chez des franchisés ? Les problématiques sont
et ceux des pays développés). Ainsi, le m-payment nombreuses. ■

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permet de dynamiser l’économie des pays émer- Thierry Taboy, Sofrecom
Les modèles de m-banking
Modèle Modèle purement Modèle Modèle mixte Modèle télécoms
bancaire joint-venture

Eté 2008
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Qui gère les Banque Banque Banque Télécoms


comptes/dépôts
117
Quelle marque est Banque Banque Télécom/ Télécom/

L’Expansion Management Review


dominante joint-venture Marque de l’offre Marque de l’offre
Via quel canal peut-on Banque Banque Banque et réseau Télécom/
avoir accès à l’argent alternatif Autre
Exemples FNB MTN Mobile Money M-Pesa, Wizzit Globe, Celpay
Source : adapté de Bankable Frontier Associates/ Department for international Developement (mai 2006).

usages. Le mobile permet d’accélérer l’ac- pour permettre la distribution des prêts accor-
cès à des services tels que le paiement en dés par une institution de microfinance
ligne, la banque et le microcrédit; ce dernier (FAULU) à ses clients. Le remboursement est
s’inscrivant pleinement dans des réalisé via le réseau de dis-
usages culturels telles les tontines. Lancé en Zambie, tribution de Safaricom.
Le m-payment (paiement par télé- ◗ Wizzit a vu le jour en
phone mobile) ouvre ainsi la voie
Celpay permet 2005 en Afrique du Sud.
aux microfinancements devenus aux clients de Issu d’une division de la
indispensables aux personnes dési- payer, régler des Banque d’Athènes, ce sys-
rant lancer leurs activités. Plusieurs tème fournit aux titulaires
offres sont opérationnelles depuis
factures, mais de comptes Wizzit un
l’année 2005 : aussi de transférer accès conforme au système
◗ M-Pesa : une plate-forme de m-pay- des fonds. d’e-payment sud-africain
ment développée par le groupe Voda- leur permettant de retirer
fone au Kenya en collaboration avec le Finan- des espèces via la carte de paiement Maes-
cial Deepening Challenge Fund. La version tro incluse dans l’offre. Les comptes bancaires
pilote de ce système a été lancée par Safari- Wizzit sont ouverts par des agents payés à la
com au Kenya en 2005. Ce système est utilisé commission appelés Wizzkids.
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REPÈRES PRATIQUES
LES TÉLÉCOMS, FACTEUR DE DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE

>> ◗ Celpay : lancée en Zambie par l’opérateur lement très bas. Ce sont en fait trois défis
Certel, cette offre permet aux clients de payer, majeurs à relever.
régler des factures mais aussi de transférer La première de ces limites est avérée et
des fonds. En 2006, 2 % du PIB du pays ont constitue une des problématiques clés de la
transité par ce mode permettant à ceux qui zone. Les modes et les rythmes de crois-
n’avaient pas accès au sec- sance, qui dépendent fortement de
teur bancaire d’en bénéfi- Le système Zebra, la répartition de la richesse, de la
cier à présent. densité de population ainsi que de
◗ Zebra : mis en place en
mis en place la structure démographique de
2007 par Orange dans plu- par Orange en chaque pays, risquent d’engendrer
sieurs de ses filiales, ce sys- 2007, permet une différence notable de pénétra-
tème permet non seule- tion et de diffusion du téléphone
ment des rechargements
l’échange d’argent mobile entre les différents Etats afri-
virtuels de crédits télépho- directement cains. Les inégalités d’évolution éco-
niques mais aussi des opé- entre individus. nomique sont le creuset des conflits

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rations C2C (customer to politiques, de l’instabilité sociale et
customer) et donc devient un nouveau moyen des flux migratoires. Cependant, le déve-
d’échanger de l’argent entre individus. loppement de la concurrence, et donc le rôle
Derrière ce tableau positif, les limites et du régulateur de chaque pays, est un des
Eté 2008

les freins sont multiples et les cassandres éléments pouvant favoriser le développe-
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sont toujours là pour les rappeler. Trois ment de ces offres à la fois par l’émulation
118 limites essentielles sont souvent évoquées : et la recherche de moyens nouveaux de dis-
l’inégalité de développement au sein du tribution des services mais aussi par le
L’Expansion Management Review

continent, la faible pénétration d’Internet maintien de tarifs raisonnables. Contraire-


et, enfin, le revenu par habitant structurel- ment à une idée reçue, l’ouverture des mar-

Le saut technologique en Afrique


Au sein du continent africain, un groupe de sept pays a (de moins de 15 %) : les pays du Maghreb, l’Afrique du
accompli un véritable saut technologique entre le fixe Sud et le Botswana. En Afrique du Sud et au Maroc, le
et le mobile : on y observe une pénétration du mobile saut technologique pourrait encore s’étendre, puisque
de plus de 50 %, largement supérieure à celle du fixe des opérateurs s’y lancent résolument dans la 3G.

Taux de pénétration
du mobile (en %)
100

90
Seychelles
3G Afrique du Sud
80

70 Lybie
Algérie Ile Maurice
60
Gabon Botswana Tunisie
50 3G Maroc

40

30

20

10
Taux de pénétration du fixe (en %)
0
0 5 10 15 20 25 30
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Modèles économiques et développement économique

Modèle économique Segment de population Impact développement


au niveau des pays
Abonnement (postpaid)

800 millions d’individus Gains de


40 $/ jour de revenu productivité
Carte à gratter (prepaid)

Croissance
1500 millions d’individus économique
Microfinancement et

4-40 $/ jour de revenu


Partage de téléphone
paiement

2000 millions d’individus


3-4 $/ jour de revenu Substitution
« utilities »

2000 millions d’individus


< 2 $/ jour de revenu Développement
économique

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chés en Afrique est assez répandue. 83 % loppement du Web est une spécificité de

Eté 2008
des pays africains avaient en 2007 une auto- l’Afrique et ne se retrouve pas en Asie ni en
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rité de régulation des télécoms, taux com- Amérique latine. Cependant, les progrès
parable à… l’Europe (85 %). Pour la pre- sont encore difficiles à envisager en raison 119
mière fois en 2006, le nombre d’opérateurs du coût pour s’équiper en Internet fixe (tant

L’Expansion Management Review


privés a dépassé celui des opérateurs pour les opérateurs que pour les particu-
publics, et si les lignes fixes sont encore un liers) et du fort taux d’analphabétisme.
monopole dans 55 % des pays, le mobile, Toutefois, cette faible pénétration d’Inter-
lui, ne l’est plus que dans 8 % d’entre eux. net et des réseaux haut débit fixe peut s’avé-
La seconde limite, le faible développe- rer finalement stimulante. En effet, le conti-
ment d’Internet, est peut-être en fait une nent africain sautera peut-être l’étape de
chance. Le dimensionnement plus l’Internet fixe pour passer
faible du réseau fixe, le coût de Si les lignes fixes directement à l’Internet
l’équipement, le fort taux d’analpha- mobile via des technolo-
bétisme (en moyenne 50 % des
sont un monopole gies diverses, une fois que
jeunes sont alphabétisés, moins de dans 55 % des les réseaux auront été
20 % dans certains pays) et la faible pays africains, déployés. Sur les 400 000
connaissance de l’informatique ne villages africains, 45 %
favorisent pas l’éclosion des mobiles.
le mobile ne l’est sont couverts aujourd’hui
Or, une partie non négligeable des que dans 8 % par des réseaux mobiles
bienfaits de la téléphonie mobile se d’entre eux. contre 3 % par des lignes
retrouve dans Internet avec à la fois fixes. Si ce scénario se réa-
une dimension « contenu » plus importante lisait, il ferait de l’Afrique le continent de la
et une dimension « outil » de bureautique, mobilité qui, à l’inverse des autres conti-
de communication voire de gestion. Le nents, ne serait pas passé par l’étape fixe !
développement de l’association OLPC (One La dernière limite concerne le pouvoir
Laptop Per Child) par le MIT peut sans d’achat dont la faiblesse devrait être un frein
doute favoriser l’éclosion d’Internet mais le à une expansion économique. L’échec des
chemin sera plus long que pour la télépho- business models importés des pays dévelop-
nie mobile. Il faut noter que ce faible déve- pés ne signifie en aucun cas que les popu- >>
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REPÈRES PRATIQUES
LES TÉLÉCOMS, FACTEUR DE DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE

Le paiement
>> lations africaines ne sont par mobile, et déjà des camions-hôpitaux qui
pas solvables. Essilor l’a sillonnent les routes du Sénégal, du
montré dans un tout autre la microfinance Mali et de la Côte d’Ivoire pour
secteur et sur un tout et l’usage partagé assurer des consultations et des opé-
autre territoire. Consta- rations ophtalmologiques.
tant l’absence d’opticiens
via des Village Les opérateurs télécoms, voire
et de réseaux de distribu- Phones sont d’autres acteurs (les banques, par
tion de lunettes en Inde, des pistes d’avenir. exemple), doivent inventer de nou-
Essilor a lancé un système veaux modèles économiques pour
de camions passant de village en village afin tenir compte de niveaux de vie différents.
de proposer des consultations ophtalmolo- C’est là que réside leur véritable défi qui est
giques gratuites aux personnes n’ayant pas à la fois un acte de management d’entreprise
les moyens de consulter. Près de 300 paires et de responsabilité sociale.
de lunettes (de 1,5 à 5 dollars la paire) sont Le paiement par mobile (qui reprend le
vendues chaque jour dans ces camions. Essi- modèle des tontines), la microfinance ou

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lor a ainsi réussi à toucher les populations bien le partage des usages sur le modèle des
les plus démunies, à vendre ses produits taxiphones ou des Village Phones sont des
sans faire la charité et à créer un nouveau pistes d’avenir. Ils peuvent permettre de
marché tout en générant du volume. La construire un modèle économique viable
Eté 2008

réussite de ce business model a été rendue fondé sur des technologies modernes et apte
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possible par l’appui d’une association à renforcer ce cercle vertueux où le dévelop-


120 humanitaire qui a autorisé une équipe Essi- pement des télécoms constitue non seule-
lor à accompagner, de village en village, ses ment un axe de croissance et de développe-
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médecins en mission pour soigner les ment des économies des pays concernés
malades de la cataracte. mais aussi d’innovation et de création de
Cet exemple pourrait être reproduit en valeur. ■
Afrique, la Fondation Orange finance d’ores

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