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BIO THE FULL-LAUZELLE

PERSPECTIVE D’AMÉNAGEMENT
DE L’ESPACE NATUREL SUR LE

PLATEAU DE LAUZELLE

Travail présenté par Jean-Claude Mangeot


(garde forestier)
Réaffectation des terres du plateau de
Lauzelle (golf) et de sa périphérie en
zone biologique maraîchère, basée
sur les techniques de
l’agro-sylvo-pastoralisme

Photo J-Cl. Mangeot

Jean-Claude Mangeot

2
C’est une triste chose de penser

que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas

Victor Hugo

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Remerciements

Je remercie tous les professeurs - Philippe Baret, Eric Leboulenger, Pierre André, Olivier Baudry - et
les professionnels du méter que j’ai approchés et qui m’ont aidé à réaliser ce travail.

A Brigite Decorps, ma collègue, pour nos longues discussions philosophiques, rédactonnelles et


orthographiques. C’est ensemble que nous avons posé les jalons de ce projet.

A Gwenaël du Bus pour toute sa science de la terre et sa gentllesse.

A Arnauld Morize pour ses encouragements et la pertnence de ses remarques.

A Bernard pour le feu d’artfce de pistes qu’il m’a conseillées.

A Florence Devrieze et Béatrice pour leur support technique.

A Stephan Van de Walle pour son courage à toute épreuve et ses compétences.

A tous les anonymes à qui j’ai parlé de mon projet et qui maintenant regardent leurs assietes de
manière diférente.

Enfn je terminerai en remerciant plus partculièrement mon épouse pour sa patence et sa


compréhension durant les longues heures que j’ai passées sur l’ordinateur, au téléphone ou sur le
terrain.

Qu’ils soient tous remerciés.

Le problème reste immense mais c’est ensemble que nous avons fait un pas en avant.

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Introduction - Proposition

Ce travail se veut anticonformiste. Il aimerait juste vous emmener vers des réflexions et des
voies différentes et peut-être gommer des dogmes et des manières de vivre. C’est une analyse
sur ce que devrait être l’Ecologie appliquée. Nous devrions simplement imaginer un autre
scénario où l’on peut vivre sans artifice, en gaspillant le moins possible d’énergie, de temps
de vie et en limitant notre impact sur l’environnement. L’avenir de l’homme ne se joue pas
uniquement sur un seul critère : une urbanisation à tout prix. N’utiliser qu’un minimum
d’énergie fossile en diminuant drastiquement les déplacements est d’ailleurs une idée qui se
répand de plus en plus. Eradiquer totalement les intrants chimiques est une solution idéale et
prônée par de nombreux scientifiques. La solution existe. Osons-la.

Rendons ses lettres de noblesse à notre façon de cultiver la terre. Appuyons-nous sur les
erreurs du passé pour ne plus commettre les mêmes. Ces erreurs, riches en enseignement,
nous permettent de suivre d’autres chemins. Ce travail bousculera probablement des idées
bien implantées. Ne faudrait-il pas, en toute humilité, réapprendre à vivre en harmonie avec la
nature ? Ceci n’est pas incompatible avec notre idée de confort et de bonheur. Nous pouvons
tous ensemble tenter de réaliser cet idéal. Nous avons en nos murs la science et le savoir.
Osons «l’agro-sylvo-pastoralisme».Tout un art, certes. Mais un art de vivre en harmonie avec
le vivant, tout en l’améliorant. Une vie d’homme à l’écoute de la terre, de l’eau, du vivant. Un
seul but : le bien-être de tous.

Nous devons rechercher un écosystème plurifonctionnel, basé sur le respect de la terre, de son
sol et de son sous-sol. L’agro-pastoralisme et l’agro-foresterie peuvent être intimement
mélangés pour une agriculture biologique viable et durable et une culture en harmonie avec le
principe même des lois de la terre et non dictés par le mercantilisme.

Choisissons de cultiver la terre sans la détruire plutôt que de la perdre. Ce n’est pas un rêve
mais une proposition réalisable. Pas un pari mais juste une manière de sacraliser son

5
e n v i r o n n e m e n t .

6
Le but : permettre à tout le monde de se nourrir sainement, tout en restaurant un équilibre
n a t u r e l .
Nous pouvons imaginer amener à la porte de Louvain-la-Neuve, différentes cultures
biologiques, en respectant le sol et la nappe phréatique. Une culture pérenne en laissant un
sol propre à nos enfants. Les gens s’élèvent de plus en plus contre la malbouffe et l’agro-
business : 837 additifs1 chimiques alimentaires autorisés par l’Europe. N’est-ce pas le rôle
d’une Université que de montrer qu’une autre solution existe ? Elle pourrait ainsi devenir le
phare de cette technique alimentaire. Le concept est, somme toute, relativement simple. Il faut
se dégager de l’agro business et penser à nourrir tous les gens qui nous entourent en cultivant
sans apport chimique.

Différents pays comme la France, le Japon ou l’Allemagne s’ouvrent de plus en plus à cette
technique respectueuse de la vie.

Retrouvons une ferme capable de répondre aux demandes de plus en plus nombreuses des
habitants de Louvain-la-Neuve et de ses environs et devenons, nous aussi, un pays d’avant-
garde. La terre, nous l’avons. Le savoir, nous l’avons. L’expérience, elle existe. Certes, il
faut de l’audace. Nous avons les cerveaux et les outils pour concevoir une solution innovante
doublée d’un fonctionnement à long terme. Le développement durable est avant tout
scientifique et pratique.

Cette audace se basera sur une exploration déjà défrichée dans de nombreux ouvrages et
revues, où la science, la technique, le social sont unis pour la même cause.

1
« Le livre noir de l’agriculture Isabelle Saporta »

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ORGANIGRAMME REPRESENTANT LA DYNAMIQUE ENTRE
L’UCL / LA PRODUCTION (maraîchage, sylviculture, fruiticulture,
élevage) / LES CITOYENS (consommateurs)

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Voici un aperçu des différentes propositions développées dans ce
travail pour argumenter sur ce qu’il est possible de réaliser.

Dépolluer et améliorer la qualité des sols

Obtenir une percolation propre des eaux de surface

Améliorer, augmenter et favoriser l’existence même de la faune, de tout un


écosystème

Réduire la consommation d’énergie fossile

Nourrir sainement la population de Louvain-la-Neuve et de ses environs

Rendre ses lettres de noblesse à l’agriculture

Mettre en symbiose l’élevage avicole et l’éco-alimentation

Fruits sains et production de bois

Un pôle d’études et de stages pour différentes unités universitaires

Une économie locale (vente, récolte, transformation)

Une image de marque extraordinaire pour notre Université

Une protection solide et durable du bois de Lauzelle

Techniques énergétiques

Lagunage, Recyclage

Association de plantes

Comment mettre en place ce projet

Ma vision de la ferme

Parlons un peu « Chiffres »

Comment procéder ?

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Développement de chaque proposition.

1. Dépolluer et améliorer la qualité des sols.

Notre idée est la suivante : les plantes cultivées sans pesticide (fongicide et insecticide) ni
engrais améliorent le sol. La diversité des plantes est un gage de bonne santé de
l’environnement.

Le sol ayant été occupé par une mono culture, puis par un golf, il en résulte qu’une masse
relativement importante d’intrants a été amenée.

Phot

o 1 - J-Cl. Mangeot

Plusieurs années seront nécessaires pour que les traces de produits induits par ce genre de
cultures disparaissent mais ce n’est pas dramatique (voir analyses en annexe).

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Le fait de cultiver différentes plantes en culture associée va permettre aux racines de chacune
de se partager plusieurs strates et de puiser les sels minéraux nécessaires. La
phytoremédiation est la meilleure réponse pour nettoyer le sol. L’assolement par parcelles
sera aussi être privilégié pour ne pas épuiser le sol.

Les arbres fruitiers plantés à raison de cinquante arbres/hectare donneront de l’ombre et une
protection contre le ravinement éolien et pluvial. L’humus obtenu par la décomposition de
leurs feuilles enrichira la terre.

Une faune muscinale importante et variée se développera (vers de terre,…). Cette faune est
presque inexistante dans l’agriculture traditionnelle à cause des intrants chimiques répandus
sur le sol et du tassement dû aux engins lourds (prof. Pierre Abeels Génie rural)

Des analyses dans les sols (bassin de rétention d’eau et dépressions) ont été pratiquées par un
géologue (voir addendum page 37 et suivantes). Elles montrent que la pollution n’est
heureusement pas trop importante aux endroits les plus sensibles du golf mais doit attirer
notre attention. La simazine, un perturbateur endocrinien, est présente et pose question. Ce
n’est pas la DMA qui importe, mais bien le moment où le produit est ingéré, qui rend cette
molécule dangereuse.

Toutes les matières vertes récoltées et transformées en compost (voir point 14) permettront
d’avoir un sol suppressif et d’améliorer celui-ci (cf. Marjolaine Visser professeur en écologie
à l’ULB) « Suppressivité : qui fait référence aux micro-organismes antagonistes s’attaquant à
un pathogène particulier comme un hyperparasite ou antibiose ».

2. Une percolation propre des eaux de surface.

Il est primordial de respecter les eaux de surface car la nature du sous- sol de notre région est
telle que toute forme de pollution va se retrouver très rapidement au niveau de la nappe
aquifère. L’UCL, de par ses captages, a une responsabilité vis-à-vis des générations futures, et
doit permettre un accès à une eau de qualité.

Les analyses pratiquées en 2012 tentent à démontrer que la pollution à la simazine au niveau
du captage 4 est en augmentation, alors qu’elle devrait être en diminution. La simazine
perturbe l’action des lymphocytes, elle diminue et attaque le système immunitaire.

11
(Marie Monique Robin « Notre poison quotidien » Arte édition) Site INERIS France (Institut
National de l’Environnement et des Risques Industriels).

L’atrazine et la simazine sont interdits depuis le2004/247/CE du 10 mars 2004.

Exemples de familles de molécules à effet


perturbateur endocrinien et leurs sources
potentielles
Famille chimique Sources potentielles Exemples

Plastiques,
Phtalates Dibutyl phtalate
cosmétiques
Détergents, plastiques,
Alkylphénols Nonylphenol
pesticides
Sources de
Hydrocarbures combustion: fumée de
aromatiques cigarette, émission des Benzo(a)pyrène
polycycliques moteurs diesels,
incendies
Transformateurs PCB, Arochlor
Polychlorobiphényls
électriques
Résiduels de stockage, DDT, Dieldrine, Chlordane
Anciens pesticides
pollution rémanente
Atrazine, Ethylène,
Agriculture, simazine, thiourée,
Autres pesticides nettoyages urbains, Heptachlor, Lindane,
jardins particuliers Malathion

Mousses pour les


Polybromodiphényles
Retardateurs de mobiliers, tapis,
(PBDE)
flamme équipements
électroniques
Bisphénols A, Parabens,
Désinfectants,
Dérivés phénoliques Halogéno-phénols
plastiques, cosmétiques

Source : Expertise collective AFSSET INSERM, 2008: Cancer et environnement.

Le problème est réel et inquiétant.

Le choix d’une culture saine s’impose donc et va entraîner d’emblée un apport d’eau de
surface de meilleure qualité. La ressource en eau de qualité pour l’Université sera
sauvegardée. Cette ressource se chiffre à un million d’euros par an.

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Je pense que la création de petites retenues d’eau, mises en place, si nécessaire, pour arroser
les cultures, va limiter le pompage dans la nappe phréatique. De plus, par cette façon de
cultiver, le besoin en eau sera limité et seule une eau de pluie de qualité percolera dans le sol.

3. Améliorer, augmenter et favoriser l’existence même de la faune, de tout


un écosystème.

Le fait de ne pas utiliser d’engrais chimiques se révèle bénéfique pour la faune. Ce n’est plus
à prouver. La faune étant ainsi protégée, les champs seront dotés naturellement de moyens
pour combattre les nuisibles spécifiques aux légumes. Les précieux auxiliaires de culture, que
sont, par exemple, les oiseaux insectivores, les batraciens et les coccinelles indigénes,
remplaceront les pesticides. Hérisson, belette, hermine, renard, fouine favoriseront une
diminution drastique de la perte économique due aux rongeurs. Une culture en respect total
avec sa faune indigène.

Des abris et des niches écologiques seront créés. Ainsi, des nichoirs pour oiseaux insectivores
seront disposés partout, dans et autour de l’exploitation .Toute cette approche favorisera aussi
la sédentarisation des prédateurs utiles à l’agriculture mise en place. Vue la diversité, tout ce
petit monde va pouvoir évoluer en totale harmonie avec le maraîcher et devenir son partenaire
privilégié.

Mais il faut des règles élémentaires strictes pour éviter la prolifération des prédateurs qui ne
doivent pas devenir source de problème (renards, fouines). Nous aurons besoin à ce sujet de la
compétence de spécialistes (zoologues en particulier). Des plans de protection seront à prévoir
et à réaliser.

Il faudra imaginer des poulaillers entièrement hermétiques et fermés chaque nuit. Des chiens
dressés pourront vivre avec les volatiles et les protéger (expérience personnelle). Une
multitude de dispositions existent déjà. Il ne faut pas être imprévoyant en cette manière. En
une nuit tout un travail peut être anéanti à cause d’une négligence. Des plans seront élaborés
avec l’unité « Ecologie ». Les zoologues pourront étudier la dynamique des populations et
dispenser leurs conseils pour que poules et prédateurs potentiels puissent vivre sur le même
territoire sans dégât.

Ils nous conseilleront sur la manière d’attirer et de fixer les rapaces nocturnes et diurnes pour
combattre les rongeurs. Ces derniers seront simplement régulés grâce à notre aptitude à

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favoriser la protection de la zone agricole mais aussi de son attractivité. Il est important de
savoir que les rongeurs, les taupes en particulier, permettent à l’eau de s’infiltrer plus vite
dans le sol sans raviner, grâce à leurs galeries. Ces véritables petits drains permettront aux
eaux pluviales de percoler dans le sol plus rapidement et ainsi d’éviter que certaines zones de
culture soient inondées.

La mise en place d’un environnement sain rétablira un équilibre pédologique durement


touché. L’agro-sylvo-pastoralisme et l’écologie, unis dans un seul but : le bien- être de tout
être vivant. Nous pouvons imaginer mettre en chantier des petits plans d’eau dans toutes les
dépressions. L’avantage est indéniable car ce travail va permettre de fixer les batraciens –
auxiliaires de culture idéaux - et autres macro-invertébrés sur le site. Ces consommateurs
d’insectes sont d’une importance fondamentale. Des bandes de fleurs installées en
concertation avec les botanistes vont pouvoir favoriser le maintien et la mise en action des
insectes polinisateurs. La technique du push pull (répulsion/attraction) est déjà utilisée dans
différents pays d’Afrique.2 Ce qui nous montre comment proscrire définitivement les
insecticides.

L’apiculture pourrait devenir aussi une activité complémentaire avec notre conception de
l’agriculture diversifiée. Ce sera là aussi une retombée économique rentable et bénéfique pour
la bonne santé de l’environnement et le bonheur des consommateurs. A l’heure où les
apiculteurs tentent en vain d’attirer l’attention du monde sur l’importance mais aussi hélas sur
la disparition des abeilles, l’apiculture pourra se pratiquer à grande échelle et apportera une
diversité de produits. Si l’on compte en moyenne 25 kilos de miel par ruche et dix
ruches/hectare, un créneau économique supplémentaire rejoint notre but de fournir des
produits sains à notre ville. Le bois de Lauzelle tout proche et cette culture bio-cohérente
seront complémentaires pour la vie écologique environnante.

4. Réduire la consommation d’énergie fossile.

Pour réduire la dépense énergétique, il faut d’abord diminuer le transport. Pourquoi ne pas
imaginer un marché à l’intérieur même de la ferme carrée. Une grande partie des Néo-
louvanistes qui se rendront à la ferme pour acheter les produits des champs auront à peine un
kilomètre à parcourir. Par ailleurs, de par la proximité champs-ferme, ces produits seront

2
. cfr : émission sur ARTE du mardi 16 octobre 2012 : « Les moissons du futur (Marie Monique Robin) »
14
d’une fraîcheur absolue, le temps entre la récolte des produits et le rendu aux consommateurs
étant en conséquence réduit. Donc plus de fraîcheur !

L’emploi de chevaux, d’ânes ou de mules pour le travail des champs, sera privilégié autant
que possible et donc moins de dépenses en énergie fossile. Pas d’achat de matériel lourd dont
on connaît l’effet de tassement sur les sols « génie rural Prof Pierre Abeels », ni d’impact
négatif sur le budget. Le génie civil apportera une aide précieuse à l’élaboration et à la
conception d’engins agricoles propres et légers. Ce n’est pas une utopie que d’imaginer des
machines qui fonctionnent à l’électricité. Des prototypes existent déjà.

Des scientifiques nous annoncent des lendemains sans pétrole. Soyons avant-gardistes. C’est
le rôle de l’Université de préparer les jeunes à faire face.

5. Nourrir sainement la population de Louvain- la- neuve et de ses environs.

La manière de travailler des maraichers et leur fidélité au concept agro-écologie permettront


un choix multiple de produits. La logique de la diversité permettra à la ferme de répondre aux
besoins de tous. La qualité des produits sera garantie par la technique maraîchère mise en
place, par le respect du bien-être des animaux. L’élevage sera basé sur l’extensif et non
l’intensif.

Les jeunes agriculteurs pourront explorer de nouvelles pistes dans la recherche génétique,
animale ou végétale, et dans le strict respect des lois de la nature. La fraîcheur et la qualité
des produits seront l’emblème de cette ferme.

Quel bonheur de pouvoir inscrire au dos de chaque produit : « made in Lauzelle ».

Faisons feu de tout bois pour répondre à l’appel du Professeur Philippe Baret et du Professeur
Yvan Larondelle lancé dans le Télé-moustique du 22 mars 2013 : « Vous voulez savoir ce
qu’on mange ? »

Je vous propose ce que plus de 15% du marché alimentaire demande : manger sain et local.

Reprenons l’adage. : «Mens sana in corpore sano», et la base première de la bonne santé est
assurée. Bien se nourrir est primordial et je citerai ici l’ouvrage de Marie Monique
Robin « Notre poison quotidien » (page 65) où l’on apprend que chaque européen

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emmagasine de par son alimentation 500gr de pesticides par an. Pour une pomme il faut
compter « 36 traitements par an avant d’être vendue » (source INRA).

Nous ingurgitons, par repas, plus de dix pesticides, dont des perturbateurs endocriniens !

Claude Reiss, biologiste, insiste lui aussi sur ce problème : la principale source d’intoxication
est d’origine alimentaire. « Manger sain info ou intox », France 5 - Eric Wastiaux le 20
octobre 2013.

6. Rendre ses lettres de noblesse à l’agriculture.

La mise en place d’un tel projet requerra des compétences multidisciplinaires.

Il nous faudra des maraîchers, des arboriculteurs, des éleveurs, des vendeurs, … toutes ces
personnes travailleront en étroite collaboration. Les retombées collatérales seront étonnantes.
Il faudra au moins une personne temps plein par hectare, hiver comme été, pour travailler. Cf.
Professeur Maarten Roels KUL lors de sa conférence « Le maraîchage en ville ». Cette
proposition de culture amènera dix équivalents-temps plein en vitesse de croisière pour une
surface de 10 hectares de terres cultivables. Nous devons aussi tenir compte des saisonniers
engagés pour les récoltes. Cet étonnant lieu de travail permettra aux étudiants en agronomie
de venir puiser l’expérience des pionniers. Des stages et des cours pourront être organisés. De
la théorie à la pratique en quelque sorte.

Nous répondrons à l’appel d’Olivier Deschutter, rapporteur à l’ONU et du Parlement


européen, lancé lors d’un débat sur le thème : « L’agriculture à la croisée des chemins »
Dossier Valériane n° 90. Un appel urgent pour une agriculture propre. Une attention
particulière sera apportée à un gros problème : veiller à ne pas tomber dans les travers du bio
business, mais à rester fidèle à nos convictions, à notre désir d’une agriculture propre. Rester
dans la bio-cohérence, voir dossier Valériane n° 100 : « Les multiples facettes du bio » par
Nelly Pégeault. De ce dossier nous avons tiré les treize principes de l’agro-écologie que nous
vous soumettons ci-dessous.

Les treize principes de l’agro-écologie.

Principes historiques.

1. Permettre le recyclage de la biomasse.


2. Garantir les conditions de sols favorables.
3. Eviter les pertes de ressources.

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4. Favoriser la diversité génétique.
5. Promouvoir les processus et services écologiques.
6. Assurer l’autonomie des agriculteurs et la souveraineté alimentaire

Principes méthodologiques

7. Un pilotage multicritère des agroécosysthémes dans une perspective de transition.


8. Valoriser la variabilité spatio-temporelle.
9. Stimuler l’exploration de situations nouvelles éloignées des optimas locaux déjà
connus.
10. Favoriser la construction de dispositifs de recherches participatifs.

Principes socio-politiques

11. Créer des connaissances et des capacités collectives d’adaptation


12. Favoriser les possibilités de choix par rapport aux marchés globaux en créant un
environnement favorable aux biens publiques
13. Valoriser la diversité des savoirs à prendre en compte

7. Mettre en symbiose l’élevage avicole et l’éco-alimentation

Toutes sortes de volatiles (poulets, dindes, pintades, oies, canards,…) seront élevés avec les
déchets et les sous-produits de la ferme. Un système de tournante (les volailles passent d’une
parcelle à l’autre) sera mis en place pour fertiliser le sol. Il est important de rappeler que les
fientes de poulet sont cinq fois plus riches en azote et en acide phosphorique que n’importe
quel engrais biologique (Petit guide n°352 « le jardin bio »). Chaque parcelle sera clôturée et
bien délimitée. Un abri hermétique sera construit au milieu d’un ensemble de quatre
parcelles. Ainsi, nous aurons la possibilité de lâcher nos producteurs d’azote et de phosphore
dans telle ou telle parcelle, sans bouger l’abri de place (voir dessin ci-dessous).

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Après chaque passage des volailles, un petit engin rotatif passera sur le sol débarrassé de tous
végétaux inopportuns par le « picorage » des poulets et le « bioculteur » pourra tout de suite
semer (voir photos n°2 et 3). Ainsi, nous transformons en engrais bio, puis en viande, les
pertes causées par la récolte. Les poulets ont aussi cette faculté de dévorer les limaces et
autres insectes indésirables, ce qui sera une préparation pour les futurs semis et un rude souci
en moins pour le maraîcher.

Photo 2 - J-Cl. Mangeot

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Photo 3 - J-Cl. Mangeot

8. - Fruits sains et production de bois.

La technique agro-fruitière permet de favoriser une production variée de fruits :


pommes, poires, cerises, prunes… Les parcelles seront délimitées par des haies de
framboisiers, groseilliers noirs et rouges, cornouillers mâles, ronciers,... Une diversité
adaptable selon le principe même de la biodiversité. Rien ne sera figé.

Les fruits seront, là aussi, un revenu intéressant. Cette technique aidera à la


sédentarisation de différentes espèces d’oiseaux et à leur nidification. Les insectes
ravageurs seront limités sans aide chimique comme vu précédemment. Des essences
précieuses telles que le noyer et le cerisier capitaliseront à court terme un « revenu
fruit » et à long terme « un revenu bois ». De plus, le noyer agit comme répulsif
naturel pour un impressionnant cortège de ravageurs. Une véritable agro-écologie.

La conception du verger sera telle qu’aucun pesticide ne devra être employé. La


priorité sera évidemment donnée aux essences indigènes et de haute tige. La
transformation des sous-produits pourra se réaliser aussi à la ferme. Par exemple: jus

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de pomme, cidre, compote artisanale… La porte est ouverte à toutes les nouvelles
idées.

L’apport de feuilles en automne, de fientes des volatiles et le recyclage en humus de ce


qui n’a pas pu être récolté, amèneront un engrais des plus riches. Aucune perte, tout
sera recyclé. Dès que le terrain sera prêt, il suffira de travailler légèrement la terre en
surface pour mener à bien les plantations futures (voir chap. 7).

9. Un pôle d’études et de stages pour différentes unités universitaires.

Nos futurs agronomes auront là un endroit pour comprendre et étudier la dynamique


des plantes. Ils observeront les interactions entre la sylviculture, l’arboriculture, le
maraîchage, l’élevage. Tout ceci en total respect de l’environnement. Des cours
d’agro-écologie pourront se réaliser quasiment au sein des facultés.

Entomologistes, ingénieurs civils, botanistes, sylviculteurs, économistes… toute une


pléiade de spécialistes pourra trouver en cet endroit un lieu d’étude, de pratique,
d’observation, d’imagination, de mise en œuvre, de découverte.

10. Une économie locale (vente, récolte, transformation).

La récolte se fera avec des intervenants de différents horizons : étudiants, saisonniers,


ouvriers qualifiés ainsi qu’avec des associations sociales et des centres de formation.

La vente se fera sur place, dans la cour de la ferme, ou au marché local. La mise en
pratique incombera aux producteurs en fonction des récoltes et des saisons. Nous
pourrions imaginer quelque chose de connu comme « les paniers verts bio ».

La transformation autorisera toutes les imaginations en respectant les normes


d’hygiène établies par l’AFSCA. L’espace dans la ferme étant relativement important, il
y a plusieurs possibilités pour la vente et l’accueil du public.

Tous les produits dérivés, miel, confitures, jus de fruit, œufs, poulets sont
envisageables et trouveront logiquement acquéreurs.

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Les restaurants des environs et les restaurants universitaires qui se ravitailleront à la
ferme pourront se targuer de l’enseigne « BIO the full » de La ferme de Lauzelle.

La dernière ferme du plateau de Lauzelle sera sauvegardée et anoblie.

11. Une image de marque extraordinaire pour notre Université.

Innover, oser, conseiller, inventer, protéger, transmettre, nous rentrons là dans le rôle
réel d’une Université. Rappeler à tous que l’agriculture est source de vie et non de
destruction ou de pollution, et montrer le chemin est un véritable chalenge.
L’Université est un phare à portée nationale et internationale ; grâce à leurs
compétences, un grand nombre de professeurs et de « bioculteurs » issus de cette
Université lui rendront hommage. Il serait dommage en effet que l’Université ne
reflète pas le désir de nombreux concitoyens et n’emboite pas le pas à ce qui se réalise
déjà à petite échelle. Elargissons notre vision en permettant à une ville entière de se
nourrir sainement grâce à l’agro-écologie.

12. Une protection solide et durable du bois de Lauzelle.

Ce petit bois, patrimoine de l’UCL- qui est sous statut Natura 2000 et qui doit donc
être protégé contre toute forme de pollution- est particulièrement sensible à tout ce qui
touche ses lisières. Nous amenons à ses frontières une culture biologique variée et
haute en couleur. Ce sera une union sans heurt entre une certaine forme de nature
sauvage et la culture des hommes. L’une devenant complémentaire de l’autre. Un
mariage heureux. La forêt agira en coupe-vent et les cultures écologiques la
protégeront.

13. Différentes techniques énergétiques.

La ferme de Lauzelle fonctionnera en autarcie pour ce qui est de la soumission aux


énergies fossiles, (électrique ou pétrolière). La ferme est idéalement placée en ce qui
concerne l’exposition aux vents. Les terres se trouvent sur un plateau battu par les
vents, idéal pour l’installation d’éoliennes. De plus la bâtisse et les granges peuvent
accueillir un grand nombre de panneaux photovoltaïques. La gazéification des

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matières organiques rendra la ferme autonome en gaz ou du moins diminuera
sensiblement la facture. De toute façon, le recours à l’énergie extérieure sera
fortement réduit. L’installation de serres est prévue pour les semis et le bon
développement des plants. Les serres consomment évidemment de l’énergie mais le
coût sera atténué par l’éolien et le photovoltaïque.

Le génie civil pourra, tout imaginer, tout améliorer, tout tenter. Des étudiants
trouveront là matière à réflexion pour leur sujet de mémoire.

14. Lagunage, Recyclage.

Des lagunages seront mis en place pour la filtration des eaux sales (nettoyage de
légumes, sanitaires...) : des bacs bétonnés et connectés récupéreront cette eau chargée
qui sera filtrée par les plantes dans les lagunages (voir photos n° 4, 5 et 6).

L’eau filtrée sera dirigée vers un dernier bac puis pompée. Les maraîchers, grâce à
cette technique du lagunage et aux petites retenues d’eau dans les dépressions,
pourront se ravitailler en eau propre.

Plus de taxes pour le traitement des eaux souillées, filtration directe.

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Photo 4 - J-Cl. Mangeot

23
Photo 5 - J-Cl. Mangeott

Photo 6 - J-Cl. Mangeot

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Recycler sur place tous les déchets verts, comme le font déjà les communes pour leurs
espaces verts, est un plus pour la qualité du sol. L’utilisation des matières organiques
venant de différents services -GPex, entreprises de jardinage et même particuliers- sera
un apport non négligeable d’éléments pour le compostage en vue d’un enrichissement
régulier des sols cultivés.

Tous les déchets verts, non utilisés par les animaux, seront transformés en terreau pour
la fertilisation. Ce sera un terreau de qualité pour les pépinières et plus
particulièrement les semis.

A cela s’ajoute un gain financier pour l’UCL qui ne devra plus payer pour évacuer les
déchets de tontes et d’élagages. Le fait de recycler et/ou de broyer tous les déchets
verts représentera un gage de savoir-faire en la matière.

15. Association de plantes.

Les associations entre plantes permettront de réaliser des cultures sans engrais
chimique. Une vraie dynamique entre plantes. Ainsi le haricot (légumineuse) capte
l’azote de l’air et le fixe dans le sol. Les potirons bloquent l’évaporation de l’eau grâce
à leurs larges feuilles. Certaines plantes (tournesol, moutarde) favorisent la filtration
des nitrates. Etc.

Voici un tableau reprenant quelques exemples d’associations favorables, tableau tiré


du petit guide n° 352 le « Jardin bio » édition EADIS

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Et voilà d’autres exemples plus précis d’associations défavorables entre plantes :

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Les « bioculteurs » pourront jongler avec une centaine d’espèces comestibles
différentes puisqu’une multitude d’associations sont admises. Les lauréats du concours
(voir chapitre 16) devront nous soumettre leur vision et leur manière de gérer. Un
enrichissement à toutes les échelles.

16. Comment mettre en place ce projet.

Il faut attirer de jeunes agriculteurs en favorisant et en garantissant le travail à long


terme. Un protocole basé sur une agriculture durable sera le point de départ. La ferme
sera réaménagée en différents appartements pouvant accueillir plusieurs familles de
maraîchers. L’aménagement de cette bâtisse se fera en associant les étudiants en
architecture et leurs professeurs. Un concours national sera lancé pour le projet de
maraîchage. Nous contacterons toutes les écoles de Wallonie pour qu’elles informent
leurs anciens et nouveaux élèves de l’opportunité de ce programme et de l’immense
potentialité qui en découle. Les candidats rentreront une étude qui peut porter au
départ sur 10 hectares et qui s’étendra petit à petit en fonction de la mise en place des
cultures et des besoins ultérieurs. Il sera possible de gagner du temps en plantant déjà
des arbres de rapport dans les futures parcelles à aménager.

Une piste financière attractive sera lancée. Les maraîchers devenant presque « d’utilité
publique » nous pourrions imaginer une location réduite pour les terres. Une
diminution des taxes communales pourrait être envisagée et négociée. Des
économistes pourraient nous éclairer en la matière. Ne pas étrangler dès le départ,
avant d’avoir vu le jour.

17. Ma vision de la ferme.

L’orientation des terres et leur fertilité (limon pur) permettent d’imaginer sans aucun
risque une production extensive très productive de légumes. La plantation d’arbres à
haut rendement comme le Noyer Régia assurera une récolte de fruits. Lorsque l’arbre
arrivera à maturité, il sera alors vendu pour sa valeur marchande. Différents arbres
fruitiers seront eux aussi plantés à large écartement (voir photo n°7).

29
Photo 7 - J-Cl. Mangeot

Poiriers, pommiers, pruniers, cerisiers seront intimement mélangés, ceci permettant,


avec les cultures de légumes, de rentabiliser deux étages sur la même surface de terre.
A cela s’organisera un roulement entre culture et élevage. Un plan de conception
devra être dessiné, certaines parcelles devant être mises en jachère mais jamais libres
c.-à-d. que le sol ne sera jamais improductif. Ceci nous permettra de diversifier et
d’amender de façon naturelle et variée la zone choisie. Un peu de repos permettra au
sol de se régénérer sans perdre de sa productivité. Des serres seront installées juste à
côté de la ferme pour les semis et plantations d’hiver ainsi que pour les cultures de
tomates, poivrons et autres légumes réclamant plus de chaleur. Ces serres seront
chauffées par l’énergie produite par la ferme. Une épargne à haut rendement en
quelque sorte. L’investissement sera très vite rentabilisé.

Les animaux seront nourris avec les déchets verts, les graines, les légumes et fruits qui
ne seront pas retenus pour la vente. Il n’y aura aucune perte comme dans la culture
traditionnelle où 40% de la production est perdue dès la récolte : voir documentaire
France3 - lundi 7 octobre 2013 « Tout peut changer, gaspillage alimentaire ».
30
Les gallinacés passeront d’une parcelle à l’autre ce qui aura comme avantage d’avoir
une terre fertilisée par leurs déjections et débarrassée de semences indésirables.
L’élevage sera repensé en termes de symbiose agricole (faune, fleurs, arbres).

La mise en pseudo-jachère des terres ne se traduira pas par une perte de revenu
puisque une culture se fera à la suite d’un élevage. Chaque sorte de légumes
contribuera à fertiliser et équilibrer la chimie du sol. Le but : atteindre une vraie
biocénose. Une utopie Non. Une symbiose entre la nature et l’homme qui pour une
fois est acteur et protecteur. Le fait de planter des arbres à très large écartement
limitera l’ombre portée sur le sol et d’un autre côté protégera les cultures contre un
soleil trop agressif (voir photo n°8).

Des haies nourricières conduites en buissons (framboises, groseilles, mûres, myrtilles


…) seront elles aussi favorisées, elles constitueront une protection contre l’érosion
éolienne. Les terres se trouvant sur un plateau sont souvent soumises aux dégâts
causés par les intempéries. Cette technique d’agro-foresterie limitera sinon enrayera
ce phénomène d’érosion et restreindra les effets négatifs du vent dans la production.
Le sol ne sera jamais nu. Le glacis conduisant à une imperméabilisation des terres ne
sera plus qu’un mauvais souvenir. Une ferme scientifique, didactique, novatrice,
écologique, productive et accessible à tous. Voilà notre souhait. Différentes espèces
de volaille pourront être élevées (poulets, oies, canards, pintades, dindes) et si nous
voulons aussi innover dans la région, incluons l’autruche dont la rentabilité n’est plus à
démontrer. De petits abris pour les petits volatiles, facilement déplaçables, seront
disposés pour la nuit (précaution contre les prédateurs), ou simplement, comme vu
précédemment, un poulailler à quatre portes, chaque porte donnant indépendamment
sur un hectare bien délimité. Cinquante poulets maximum à l’are. Les animaux seront
successivement transférés sur les sites qui auront été récoltés. Cette manière de
travailler permettra de transformer en viande de qualité les déchets éventuels laissés
après le tri ou les légumes trop abimés pour être vendus (voir plus haut). La présence
des familles dans la ferme permettra de réagir vite au moindre problème.

31
Photo 8 - J-Cl. Mangeot

L’abattage des poulets se réalisera directement à la ferme pour diminuer l’impact


négatif sur l’animal : pas de transport d’animaux vivants donc pas de manipulation, de
blessure ou de stress. La transformation et le conditionnement se feront aussi sur place.
Une cohérence de plus pour respecter notre philosophie de production du début à la
fin, dans le respect de l’animal et de la qualité du produit.

32
18. Parlons « Chiffres ».

Quelques exemples :

 Sur un hectare nous pouvons produire, en bio cohérent, entre 25 et 60 tonnes de


légumes racines.
 Si nous tournons avec des légumes variés et de manière optimale sur bon sol la
production avoisinera en moyenne 30 à 80 tonnes/hectare, tous légumes
confondus.
 Avec les courgettes, tomates, potirons, on plafonnera à 200 tonnes/hectare.
 Les choux produiront entre 120 et 180 tonnes/hectare.
 120.000 salades, soit 25 tonnes/ hectare. De 0,75 à 1,00 euro/ pièce.
Il faut savoir que pour les salades, le sol n’est utilisé que pendant cinq
semaines. Par contre pour les tomates (tomates sous serres) les courges et les
potirons, le sol est utilisé durant la moitié de l’année.

Il est évident qu’il est impossible de vendre 120.000 salades ! Il est donc essentiel de
mélanger différents légumes et d’échelonner judicieusement les cultures pour pouvoir
maintenir la rentabilité économique et un bon suivi dans le circuit de distribution. La
production de fruits via les haies (ces fruits arrivant à maturité plus vite que ceux des
arbres haute tige) constituera aussi un apport non négligeable.

La diversité et la dynamique entre plantes est la clef de la réussite.

Pour le chapitre rentabilité (prix des légumes par pièce)


http://www.agrireseau.qc.ca/references/9marai.

Il est relativement difficile d’afficher une matrice objective sur les prix, mais au vu des
chiffres repris ci-dessus, on peut conclure que l’affaire sera viable et même rentable.
(cf. Hubert Del Marmol article : « La ferme du futur » dans la revue « espace-vie » n°
234 page 4 du 24 septembre 2013).

Le salaire mensuel d’un homme pour un hectare cultivé écologiquement varie entre
1.700 et 2.000 euros net (chiffre du Prof. Maartens).

33
19. En pratique – Comment procéder ?

1 - Garder la ferme (centre névralgique du projet) avec, pour démarrer, un à deux


hectares directement accolés à celle-ci.

2 - Lancer le concours pour les futurs maraîchers.

3 - Délimiter les parcelles et les préparer.

4 - Choisir l’emplacement des dortoirs à volailles.

5 - Promouvoir le projet auprès des publications, des restaurants universitaires,…


en mettant l’accent sur le bio-cohérent, production locale, fraicheur du produit.

6 - Mettre en place le bio-incubateur (recyclage des déchets). Production d’humus.

7 - Approcher les entreprises d’énergie renouvelable (éoliennes, panneaux


photovoltaïques). Dessiner les plans de pose et extrapoler la production d’énergie.

8 - Produire dès le début des légumes à croissance rapide (salades, épinards, tétragone,
haricots, carottes, oignons…).

9 - Planter des haies fruitières (framboisiers, groseilliers, argousiers, mûriers,


églantiers,…).

10 - Créer une structure juridique qui réponde pleinement à l’esprit d’économie


sociale. Exemples : Société coopérative agréée (très répandue dans le secteur de
l’agriculture), Société coopérative à finalité sociale ou en une Société coopérative dont
la mission et le fonctionnement respectent l'esprit coopératif. (recommandation de
Jean–Luc Liénart - réviseur d’entreprises honoraire).

34
20. Avantages et Inconvénients.

1 Avantages.

1- Une présence sécurisante sur l’exploitation.

2 - Nourriture saine.

3 - Un écosystème protégé.

4 - Un lieu attractif d’enseignement et de nombreux débouchés pour les récoltes.

5 - Pas de soumission aux quotas agricoles imposés aux agriculteurs. Liberté de


cultiver ce qu’on veut.

6 - Empêcher un dictat de la «mafia agricole» sur l’emprise des terres. Lire la revue
Marianne n°21 page 35 du 27 juillet au 2 août 2013 «Notre agriculture se meurt en
s i l e n c e »

2 Inconvénients.

1 - Pour le spéculateur le prix de l’immobilier à court terme sera toujours plus attractif
que la productivité de la terre.

2 - Il faudra trouver dans la région de la main d’œuvre qualifiée et ouverte à ces


nouvelles techniques de culture.

3 - Transformer la manière de consommer d’un plus grand nombre de citoyens.

4 -Avoir de bon gestionnaire.

5 - Devoir écouler toute la production.

35
Conclusion générale.

Ce travail nous permet de constater que la technique de l’agro-sylvo-pastoralisme est


viable et écologiquement rentable à tous les niveaux. La volonté d’un changement
agricole et le retour vers une confiance en nos producteurs sont des éléments sérieux et
de plus en plus essentiels. Il faut en tenir compte. Cette évolution écologique émane
des politiques, des scientifiques et du simple citoyen. L’alimentation bio-cohérente
pour tous et à des prix raisonnables est un challenge qu’il est possible de réaliser. Les
jalons sont là et personne n’ignore que le respect de la nature, de l’environnement et de
la santé passe par une nouvelle agriculture.

La pollution de nos aliments est un fait. L’empoisonnement des générations présentes


s’est insinué vicieusement dans nos assiettes, sans distinction de classe ou de pays. Il
faut réagir. Si le problème est mondial, la solution, elle, est locale. L’Université a
toutes les compétences pour juguler les velléités d’une industrie agro-alimentaire
mercantile. Elle pourrait devenir, à son niveau et sur ses terres, leader pour instaurer en
son sein cette nouvelle conception agricole respectueuse de la vie végétale, animale et
humaine.

36
Bibliographie
 Ouvrages :

Jean Marie Pelt «C’est vert et ça marche» - Editions Fayard - 2007

Isabelle Saporta « Le livre noir de l’agriculture » - Editions Fayard - 2011

Claude Allègre « Ma vérité sur la planète »

Jean-Marie Pelt « Cessons de tuer la terre pour nourrir l’homme ! Pour en finir avec
les pesticides » - Editions Fayard - 2012

Jean-Marie Pelt et Gilles-Eric Séralini « Après nous le déluge ? » - Flammarion-


Fayard - 2006

Jean Ziegler « Destruction massive. Géopolitique de la faim » - Editions du Seuil -


2011

Frédérique Lenoir « La guérison du monde » - Editions Fayard - 2012

 Revues :

Marianne n° 21 du 27 juillet 2 août 2013 « Notre agriculture se meurt en silence »

espace vie - La revue de la maison du tourisme

Valériane n°92, 100 & 101 – Nature et Progrès ASBL

 Filmographie :

France 3 « Tout peut changer » - 2013

France 5 « Viande, alerte aux antibios de Claude Ardid - 2013

« Les moissons du futur » de Marie-Monique Robin « Comment l’agro-écologie peut


nourrir le monde » - Arte Editions

37
« Le monde selon Monsanto » de Marie -Monique Robin « Une multinationale qui
vous veut du bien » - Arte Editions

« Notre poison quotidien » de Marie-Monique Robin « Comment l’industrie chimique


empoisonne notre assiette » - Arte Editions

 Conférences :

- donnée par Le prof. Maarten Roels - juillet 2013 à la Bibliothèque royale à


Bruxelles.
- donnée par Pierre Rabbi à Louvain-La-Neuve.
- donnée par Geneviève Savigny - via campesina « Nature et Progrès » - août
2013 à Couiza Aude.

38
Addendum : Golf de Louvain-la-Neuve

Analyses effectuées.

Rapport réalisé par Stéphan Van de Walle (géologue, ayant suivi une

formation en assainissement des sols) lors d’un stage effectué en

collaboration avec Jean-Claude Mangeot, garde forestier du Bois de Lauzelle.

1. Méthodologie.

Afin de déterminer l’existence ou non d’une pollution au niveau du Golf de

Louvain-la-Neuve, deux types d’échantillons ont été prélevés:

-Des prélèvements de sols pour déterminer s’il y a une pollution aux métaux

lourds. L’échantillonnage a été réalisé à la tarière à 60 cm de profondeur et les

analyses effectuées dans le laboratoire d’Agronomie de l’UCL.

-Des prélèvements d’eau pour montrer s’il y a une contamination aux produits

phytosanitaires suivants: l’atrazine, la simazine et le linuron. Cette liste de

produits m’a été communiquée par Jean-Claude Mangeot. Je crois qu‘il est

important de signaler à ce niveau que ces trois produits sont interdits

d’utilisation depuis respectivement le 1 janvier 2006, le 1 janvier 2008 et le 1

janvier 2009. Les analyses ont été réalisées dans le laboratoire BEAGX de la

Faculté des Sciences Agronomiques de Gembloux.

2. Métaux lourds.

39
2.1 Grille d’analyse.

L’interprétation des résultats est basée sur le décret sol (AGW 24/11/2011) de

la Région Wallonne, ce dernier donnant des normes de concentrations aux

niveaux des métaux lourds présents dans le sol et l’eau.

Il faut entendre les valeurs de référence comme une moyenne des

concentrations présentes naturellement dans le sol et comme valeur

d’intervention, c.à.d. une valeur au-dessus de laquelle un assainissement est

obligatoire.

2.2 Tableau des résultats.

Les teneurs sont données en mg/kg de matière sèche

S1 à S5 sont les numéros d’échantillons localisés sur la carte page 46.

40
Arsenic Cadmium Cobalt Chrome Cuivre Nickel Plomb Zinc

S1 6 0,25 7 44 12 21 25 64

S2 8 0,28 6,3 41 10 20 18 45

S3 9 0,25 7,2 42 11 20 17 52

S4 7 0,23 7,7 38 7 18 18 44

S5 9 0,24 5,4 40 9 16 18 48

V a l e u r d e 12 0,2 34 14 24 25 67

référence

Valeur 300 40 520 290 300 700 710

d’intervention

2.3 Interprétation.

L’analyse des résultats du tableau du point précédent montre qu’il n’y a pas de

pollution aux métaux lourds sur le terrain du golf.

Les deux dépassements de valeurs de référence, à savoir le Cadmium et le

Chrome, sont très légers et très loin de la valeur d’intervention. La valeur de

référence est une valeur moyenne qui peut varier d’un endroit à l’autre.

3. Produits phytosanitaires.

3.1 Grille d’analyse.

41
L’interprétation des résultats est basée sur le Code de l’eau qui a été édité par la

Région Wallonne. Il est important de préciser que ce Code n’a pas pour objectif de

montrer l’utilisation ou non des produits phytosanitaires mais de donner des normes

de qualités environnementales pour ces mêmes eaux. D’autre part, ces normes sont

déterminées sur base d’une campagne d’échantillonnage annuelle ce qui n’a pas été

réalisé dans le cas qui nous intéresse mais les valeurs obtenues permettent d’avoir

une indication.

3.2 Tableau de résultats.

Il faut entendre par LOQ, limite détection de la méthode d’analyse (ici

chromatographie en phase gazeuse). Ces LOQ pour les produits analysés sont

donnés au bas du tableau ci-dessous

42
Simazine (µg/l) Atrazine (µg/l) Linuron (µg/l)

E1A <LOQ <LOQ <LOQ

E1B <LOQ <LOQ <LOQ

E2A 0,5 <LOQ <LOQ

E2B 0,9 <LOQ <LOQ

E3A <LOQ 0,1 <LOQ

E3B <LOQ 0,1 <LOQ

E4A <LOQ <LOQ <LOQ

E4B 0,5 <LOQ <LOQ

E5 <LOQ <LOQ <LOQ

LOQ Simazine= 0,2 µg/l; LOQ Atrazine= 0,1 µg/l; LOQ Linuron= 0,3 µg/l

3.3 Interprétation.

Concernant l’atrazine, un seul échantillon est positif. Celui-ci a été prélevé dans la

mare en face du club house du golf. Mais la concentration est en-dessous des

normes environnementales reprises dans le Code de l’eau de surface de 0,6 µg/l

(moyenne calculée sur une année) et de 2 µg/l (concentration maximale

admissible).Considérant le mode d’alimentation de la mare concernée par des eaux

provenant de l’arrosage du golf et recueillies par drainage et sachant que ces eaux

d’arrosage proviennent de la nappe aquifère située à 30m de profondeur, il n’est pas

étonnant de retrouver de l’atrazine dans la mare. La nappe aquifère est connue pour

être polluée à l’atrazine à hauteur de 0,3 µg/l (chiffre du service GTPL de l’UCL) à

comparer avec la concentration de 0,1 µg/l de la mare, qui est plus faible. En

43
conclusion, on peut raisonnablement penser qu’il n’y a pas d’utilisation d’atrazine sur

le Golf.

Concernant le linuron, aucun échantillon n’a dépassé la limite de détection qui est

de 0,3 µg/l. Les normes environnementales du Code de l’eau sont 0,2 µg/l (moyenne

calculée sur une année) et de 1,8 µg/l (concentration maximale admissible). En

conclusion, il serait sans doute intéressant de faire de nouvelles analyses avec une

meilleure limite de détection.

Concernant la simazine, deux échantillons sont positifs. Le premier (E2) a été

prélevé dans une mare temporaire au fond du parking du golf (voir photo 1) et qui est

bordée de déchets d’herbes. Le second (E4) provient de la deuxième mare située à

l’ouest du club house du golf (voir photo 2).

Photo 1 - Mare au fond du parking du golf d’où provient l’échantillon E2

44
Photo 2 - Deuxième mare d’où provient l’échantillon E4

Les teneurs mesurées varient entre 0,5 et 0,9 µg/l. Les normes environnementales

du Code de l’eau sont 1 µg/l (moyenne calculée sur une année) et de 4 µg/l

(concentration maximale admissible). Concernant l’échantillon E2, il y a un problème

potentiel.

Comment expliquer la présence d’un produit interdit d’utilisation depuis 2008 dans

une mare temporaire sachant :

1) que, hors de l’eau, la simazine se dégrade en une centaine de jours (chiffres repris

dans la littérature) ?

2) que, la seule source possible de simazine (hors utilisation du produit) est la nappe

45
aquifère située à 30 m de profondeur qui est polluée à hauteur de 0,1 µg/l (chiffre du

service GTPL de l’UCL) qu’il faut comparer avec les 0,9 µg/l de l’échantillon E2 ?

Dans l’état actuel des choses, la non-utilisation de la simazine est difficilement

explicable. La seule source possible de simazine est l’herbe qui provient du golf, et

qui est en décomposition autour de la mare. Cette hypothèse doit être vérifiée auprès

d’une personne plus qualifiée (un agronome par exemple).

Concernant l’échantillon E4, il y a également un problème potentiel, la deuxième

mare étant alimentée de la même manière que la celle face au club house. Mais la

nappe aquifère qui alimente cette mare est polluée à hauteur de 0,1 µg/l à comparer

avec les 0,5 µg/l de l’échantillon E4. La différence de concentration entre les deux

est difficilement explicable sans utilisation du produit « Simazine » reconnu comme

perturbateur endocrinien par l’INERIS. Ce produit est dangereux pour

l’environnement. Il présente un risque immédiat pour une ou plusieurs composantes

de l’environnement. Très toxique pour tout organisme aquatique, il peut entrainer des

effets néfastes à long terme. Cette substance est interdite de vente depuis 2008.

46
4. Conclusion.

Dans l’état actuel des choses, des anomalies concernant un des produits

phytosanitaires (la simazine) ont pu être mis en évidence. Il pourrait être

intéressant de lever cette incertitude, vu la localisation du golf : en bordure

d’une zone Natura 2000.

Le Bois de Lauzelle, qui a son statut de zone protégée, se doit d’être préservé des

pollutions, d’autant plus si celles-ci ont pour origine des produits dont

l’utilisation est interdite depuis quelques années. Il n’est pas normal que la

pollution à la simazine soit de cinq à neuf fois supérieure à l’analyse effectuée

dans la nappe phréatique.

47
Annexe

48
TABLE DES MATIÈRES

Introduction - Proposition........................................................................................................ 5

Différentes propositions développées dans ce travail pour argumenter sur ce qu’il est possible de
réaliser..................................................................................................................................... 8

Développement de chaque proposition...................................................................................9

1. Dépolluer et améliorer la qualité des sols...................................................................9


2. Une percolation propre des eaux de surface............................................................10

3. Améliorer, augmenter et favoriser l’existence même de la faune, de tout un


écosystème....................................................................................................................... 12

4. Réduire la consommation d’énergie fossile...............................................................13


5. Nourrir sainement la population de Louvain- la- neuve et de ses environs..............114

6. Rendre ses lettres de noblesse à l’agriculture...........................................................15


7. Mettre en symbiose l’élevage avicole et l’éco-alimentation........................................16

8. Fruits sains et production du bois..............................................................................18


9. Un pôle d’études et de stages pour différentes unités universitaires.........................19

10. Une économie locale (vente, récolte, transformation)................................................19


11. Une image de marque extraordinaire pour notre Université.......................................20

12. Une protection solide et durable du bois de Lauzelle.................................................20


13. Différentes techniques énergétiques.........................................................................20

14. Lagunage, Recyclage..............................................................................................21


15. Association de plantes...............................................................................................24

16. Comment mettre en place ce projet...........................................................................27


17. Ma vision de la ferme.................................................................................................27

18. Parlons «Chiffres»....................................................................................................31


19. En pratique – Comment procéder ?..........................................................................32

20. Avantages et Inconvénients.......................................................................................33


Conclusion générale
34

Bibliographie......................................................................................................................... 35

49
50
Addendum : Golf de Louvain-la-Neuve 37

Analyses effectuées.............................................................................................................. 37
1. Méthodologie............................................................................................................37
2. Métaux lourds...........................................................................................................38
2.1 Grille d’analyse......................................................................................................38
2.2 Tableau des résultats............................................................................................38
2.3 Interprétation.........................................................................................................39
3. Produits phytosanitaires.........................................................................................400
3.1 Grille d’analyse....................................................................................................400
3.2 Tableau de résultats...........................................................................................400
3.3 Interprétation.......................................................................................................411
4. Conclusion ...........................................................................................................465

51

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