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Retournement Temporel

Stage de DEA d’acoustique physique

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I Introduction

1. Problématique
2. Spécificité de l'acoustique
3. Retournement temporel

II Réalisations expérimentales.

1. Principes communs aux expériences.


a) modes d'excitation
b) modes de détection
c) réalisation d'une cartographie

2. Réalisation de l'expérience du LPMC


a) mise au point de l'interféromètre
b) construction de la partie acoustique

3. Expérience de retournement temporel

III Résultats des expériences de Retournement temporel.

1. Description temporelle et spatiale de l'excitation

2. Retournement pointe à pointe:

a) signal désordonné
b) refocalisation dipolaire
c) signal temporel au point de refocalisation

3. Retournement pointe-sonde-pointe

a) signal temporel au point de refocalisation


b) cartographie spatiales de la refocalisation
i) cas avec retard
ii) cas sans retard

IV Traitement des données: premiers résultats

1. Analyse des propriétés statistiques des cartographies


2. Lien de dérivation

V Conclusion

2
I-INTRODUCTION

L'expérience de propagation d'ondes acoustiques à la surface d'une plaque mince de Silicium


de forme chaotique qui est en cours de réalisation à NICE dans l'équipe "Propagation des ondes en
milieux complexes" (O. Legrand, F. Mortessagne, P. Sebbah, C. Vanneste) du Laboratoire de
Physique de la Matière Condensée, répond à une préoccupation de ce groupe qui s'intéresse d'une
manière générale à l'étude théorique et expérimentale de la propagation d'une onde dans un milieu
désordonné ou chaotique.
Le but de cette expérience est de pouvoir visualiser la localisation d'Anderson à 2D. Cette
localisation a lieu lorsqu'une onde se propage dans un milieu en présence de diffuseurs. Toute l'onde
émise en un point reste "piégée" dans une zone limitée du milieu de propagation.
Le principe de l'expérience est de cartographier le champ des déplacements associé à une
onde acoustique se propageant dans un milieu diffusif grâce à une sonde interférométrique.
Pour me familiariser avec la sonde interférométrique j'ai effectué un stage préparatoire au
LOA sous la direction de C. Draeger. Au cours de ce stage j'ai appris à utiliser cet instrument que je
devais plus tard développer à Nice.
Mon stage à Nice, sous la direction de P. Sebbah, a eu pour objet la mise au point de la
sonde interférométrique et la conception d'un nouveau mode d'excitation d'ondes acoustiques dans
une plaque mince.
Ce rapport est construit de la manière suivante: tout d'abord je détaille dans une première
partie les raisons d'être de cette expérience, c'est à dire les raisons pour lesquelles on s'intéresse à la
propagation d'une onde acoustique dans un milieu chaotique, et en quoi ce type de milieu peut
améliorer la technique de retournement temporel. Dans une deuxième partie j'expose mon travail sur
les expériences au Laboratoire Ondes et Acoustique (LOA) et au Laboratoire de Physique de la
Matière Condensée (LPMC). Dans la troisième partie de ce rapport je donne les résultats des
expériences de retournement temporel obtenus au LOA. Une quatrième partie est consacrée aux
premiers résultats obtenus par traitement des données, en particulier le lien qui semble exister entre
l'émission antisymétrique et la tache de refocalisation symétrique (au moyen d'une dérivée spatiale) et
les résultats obtenus sur la densité spectrale spatiale de la cartographie du champ avec la liaison entre
densités spectrales temporelles et spatiales.

1- Propagation dans les cavités chaotiques

Une manière d'aborder le problème de propagation des ondes dans une cavité consiste à
décrire la propagation des rayons, avec leurs réflexions sur les bords. Ce problème est dénommé
"billard" et présenté comme un système hamiltonien conservatif ( F. Mortessagne, Thèse 1994).
Selon la forme du billard, un rayon peut explorer toute la surface ou être confiné dans certaines
régions. Un exemple très clair est montré par McDonald and Kaufman (1988), qui comparent les
trajectoires d'un rayon dans une surface circulaire à celles se développant dans une surface en forme
de stade.
3
Une description purement géométrique de la dynamique des rayons n'est pas suffisante. En
effet, la propagation des ondes se décrit en module et phase, et plusieurs paquets d'ondes se
retrouvant au même point interfèrent en fonction de l'état de la phase de chacun d'eux. Il faut aussi
tenir compte des effets d'atténuation lors de la propagation, c'est à dire pour être plus général décrire
l'addition des ondes en amplitude complexe (module et phase). Il faut cependant préciser que dans
l'expérience développée à NICE les paramètres expérimentaux ont été choisis pour limiter les effets
de perte, c'est à dire sans atténuation du module.

D'une manière générale, le problème de la propagation d'une onde dans un milieu chaotique
n'a pas de solution analytique. L'équipe de propagation d'ondes de NICE a développé un modèle
numérique, dénommé "automate ondulatoire". Cet outil de simulation est adaptable à divers types
d'ondes, et permet par exemple de décrire les modes de cavités expérimentales(Rapport d'activité
1995-1997 de l'UMR 6622) ceci à été appliqué pour une cavité micro-onde bidimensionnelle dont
l'expérience a été réalisée au LPMC.

2- Spécificité de l'acoustique

En acoustique les détecteurs sont sensibles au champ (champ de déplacement ou de


pression) et donnent accès à toute l'information(module et phase) au contraire des détecteurs en
optique qui sont sensibles au module carré du champ. De plus les fréquences acoustiques sont
suffisamment basses pour autoriser un traitement numérique complet. Pour la propagation d'ondes
acoustiques dans un solide, l'ordre de grandeur de la fréquence est de quelques MégaHertz. La
longueur d'onde spatiale correspondante, pour des vitesses de l'ordre de quelques kms -1 est de
quelques millimètres. Ce sont donc des grandeurs macroscopiques accessibles à la mesure.
Toutefois dans un solide étendu (3D) peuvent exister en même temps des ondes de volume
(une longitudinale et deux transverses), des ondes de surface (ondes de Rayleigh) ou encore des
ondes d'arêtes sur les bords du solide. Tous ces types d'ondes sont couplés, et des réflexions sur
des obstacles ou sur les bords de l'échantillon entraînent des conversions de modes nuisibles à la
bonne interprétation des résultats.
Il existe cependant un cas intéressant de propagation d'ondes acoustiques où la conversion
de modes n'est pas aussi handicapant. C'est la propagation d'ondes guidées entre deux plans
parallèles, les ondes de Lamb.
Ce sont des ondes dispersives; plusieurs modes existent. Nous pouvons cependant limiter
le nombre de modes se propageant en travaillant dans une gamme de fréquences relativement basse.
On peut montrer (Royer et Dieulesaint,1996) que lorsque le paramètre fréquence×épaisseur de la
lame est inférieur à 1 MHz×mm, seulement deux modes se propagent (les modes A0 et S0). De plus,
sur une surface nous avons accès à toute l'information sur la composante normale de l'onde par
cartographie avec la sonde interféromètrique. Dans une plaque mince existent aussi des ondes
transverses similaires aux ondes de volume, mais elles ne sont pas détectées par la sonde que nous
utilisons.

L'utilisation de Silicium par l'industrie électronique permet de trouver facilement des plaques de ce
cristal en diverses épaisseurs et tailles. Le silicium a une atténuation très faible mais a l'inconvénient

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d'être anisotrope. Cependant en choisissant judicieusement le plan de coupe du cristal on arrive à
limiter les effets de l'anisotropie.

3- Retournement temporel

Le retournement temporel (RT) consiste à utiliser le principe d'invariance par renversement


du temps dans un milieu sans pertes. Dans un exemple à 2D on peut voir que si l'on connaît
parfaitement le champ issu d'une source sur un contour entourant la source et que l'on est capable de
créée sur le contour le champ se propageant dans le sens inverse de celui mesuré, alors le champ va
retourner exactement sur la source comme si l'on remontait le temps.
Pour réaliser ce retournement on utilise un réseau de détecteurs piézo-électriques qui ont la
particularité d'être réversibles, c'est à dire qu'ils peuvent fonctionner soit comme récepteurs soit
comme émetteurs. Le champ mesuré sur le réseau de détecteurs est numérisé puis enregistré. On le
retourne ensuite dans le temps et on le renvoie (on réinjecte le signal en commençant par la fin de
l'enregistrement). L'onde va alors suivre exactement le chemin inverse et refocaliser sur la source.
Cette méthode est généralement appliquée en 3D avec un réseau de transducteurs qui
enregistre le signal seulement sur une portion de la sphère entourant la source. On appelle alors ce
système un miroir à renversement temporel, couramment dénommé TRM (time reversal mirror). Le
problème de ce système est de nécessiter un grand nombre de détecteurs (il faut pouvoir enregistrer
le signal sur toute une surface). Les expériences de RT sont généralement menées avec des miroirs
comportant jusqu'à 128 détecteurs.
L'idée de l'expérience du RT dans une cavité est de profiter du fait que tout le signal reste
piégé dans la cavité et donc de remplacer la batterie de détecteurs par un seul détecteur, qui par
effet de miroir sur les bords de la cavité devrait jouer le même rôle qu'un anneau de détecteurs.
Le détecteur étant fixe on espère que toute l'information contenue dans la cavité sera
accessible en un seul point à partir d'un enregistrement temporel. Or nous avons vu que seule une
cavité chaotique distribue tout le signal sur l'ensemble de sa surface. Une cavité régulière piège une
partie de l'information dans des zones parfaitement définies, ce sont les caustiques. On ne peut donc
pas, dans ce dernier cas, atteindre toute l'information à partir d'un seul point.

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II- Réalisations expérimentales

1) principe général de l'expérience

Le principe de l'expérience est d'exciter la plaque par la vibration créé par une pointe
de Duralumin ou de Silice puis de mesurer la réponse spatiale et temporelle de la
plaque grâce à un interféromètre.

a) mode d'excitation de la plaque

Pour réaliser une excitation impulsionnelle nous avons besoin d'une émission la moins étendue
possible. Pour cela nous avons utilisé comme sources acoustiques des transducteurs couplés à des
pointes.
Ces pointes se comportent comme de véritables cornets acoustiques concentrant les
vibrations émises à la surface des transducteurs sur une zone d'environ 100 µm.
Le couplage avec le transducteur se fait à chaud grâce à un sel spécial (salicylate de
phényle). Après refroidissement le sel cristallise et assure ainsi un couplage solide-solide entre la
pointe et le transducteur. Le couplage entre la pointe et la plaque est assuré par simple contact. Un
système de ressort permet de rendre la pression de couplage constante (figure 1).

Pointe Duralumin

Pointe de contact

Transducteur
Plaque de Si

Figure 1: dispositif expérimental du LOA

Les transducteurs utilisés au LOA sont des transducteurs Panamétrics à polarisation


transverse. Ils sont connectés à une baie de retournement temporel (TRM). Deux modèles de baies
ont été utilisés, un modèle de baie à 128 voies (2 utilisées) ou un modèle à 4 voies. Les différences

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principales entre les deux modèles sont leurs fréquences d'échantillonnage (20 ou 10 MHz pour la
TRM à 128 voies; 30, 15 ou 7.5 MHz pour la TRM à 4 voies) et leur tension maximale en sortie
(15 Vpp pour la TRM 128, 80 Vpp pour la TRM 4). Les pointes sont en Duralumin et spécialement
conçues pour une excitation transverse (figure 2).

Pointe

Vibrations de la pointe

Plaque

Figure 2: Principe de l'excitation

Au LPMC les transducteurs sont à polarisation longitudinale. Ils sont connectés à un


générateur de fonction HP 33120 permettant d'émettre des signaux de formes arbitraires ou à un
oscilloscope HP 54520 pour numériser les signaux détectés.

b)Détection

Deux méthodes de détection sont possibles: la première est une mesure par transducteur, la
deuxième est une méthode de mesure par interférométrie.
Le principe de la première méthode est d'utiliser en réception un couple transducteur-pointe
analogue au dispositif d'émission. L'avantage du système est de mesurer tout le signal passant par la
pointe, l'inconvénient est de ne pouvoir le faire qu'en un seul point. Cette technique ne nous donne
que des renseignements temporels.
La seconde méthode consiste à mesurer en un point quelconque de la plaque la composante
normale du déplacement grâce à la sonde interférométrique. L'avantage de ce système est de
permettre des mesures en tout point de la plaque. Son inconvénient est qu'il ne permet de connaître
que la composante normale du déplacement.

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Principe physique de la sonde hétérodyne

Lame quart d'onde


Faisceau de réference
Faisceau sonde

Laser He-Ne

MAO

Echantillon

Analyseur

Photodétecteur

Figure 3: Principe de l'interféromètre.


La base de cette sonde est un interféromètre du type Mach-Zender (figure 3). Le faisceau
issu du laser est divisé en deux par le cube séparateur. Le faisceau de référence est envoyé
directement sur le photodétecteur par le prisme de Dove. Le faisceau sonde passe à travers le
modulateur acousto-optique (MAO). Ce passage décale sa fréquence de ν 0, fréquence des
vibrations du MAO. Ensuite il se réfléchit sur l'échantillon puis est renvoyé sur le photodétecteur par
le cube séparateur de polarisation. Ce faisceau interfère sur le photodétecteur avec le faisceau de
référence.

On utilise un laser He-Ne émettant une vibration de la forme:

A(ν ) cos( 2πνt ) (1)

Le faisceau sonde qui est décalé en fréquence s'écrit après réflexion sur l'échantillon

A(ν ) cos( 2π (ν + ν0 ) t + ϕ ( t )) (2)

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Avec un déphasage ϕ(t) proportionnel au déplacement u cela nous donne un terme:

ϕ (t) = 2kucos(2πft) + Φ s - Φ r (3)

où Φ s et Φ r représentent la phase des faisceau sonde et de référence.

Si l'on tient compte du fait que l'amplitude varie lentement par rapport à la phase on peut
écrire l'intensité des interférences entre le faisceau sonde et celui de référence :
I ( t ) = { A cos( 2πν t ) + A cos( 2π (ν + ν 0 ) t + ϕ ( t ))}
2
(4)

D'où

I ( t ) ≅ I 0 (cos( 2πν0 t + Φ s − Φ r )

+ ku cos[(ν 0 + ν )t + Φ s − Φ r ] (5)

− ku cos[(ν0 + ν )t + Φ s − Φ r ])

Le spectre de ce signal possède une raie à la fréquence ν 0 ainsi que deux raies à la fréquence (ν 0+
ν) et à la fréquence (ν 0- ν).
La figure 4 montre le spectre obtenu avec un déplacement à la fréquence ν=912 kHz avec
une porteuse de fréquence ν 0= 80 MHz.

80
Spectre de Puissance (dB)

60

40

20

0
80-0.912 80
Fréquence (MHz)

Figure 4:Module du spectre du signal issu du détecteur. Les deux raies autour de 80 MHz
correspondent à la fréquence des vibrations de l'échantillon.

9
La lecture du spectre du signal nous donne une mesure absolue de l'amplitude du
déplacement harmonique. Le rapport r des hauteurs de la raie centrale et d'une des raies latérales
fournit l'amplitude absolue u.

1000
u≅ (en Angström) (6)
r

On peut effectuer ensuite une démodulation permettant d'accéder directement au


déplacement normal u.
Le principe de la démodulation est simple, il consiste sur le signal issu du photodétecteur à
prélevé une partie du signal grâce à un filtre à bande étroite centré sur la fréquence. On déphase de
90° le signal puis on le multiplie à la partie non modifiée. Cela à pour effet de démoduler le signal,
donnant accès directement à la fréquence ν.
Le système de démodulation sera décrit plus loin.

c) Réalisation d'une cartographie

Pour observer un signal qui persiste une dizaine de milliseconde on procède de la manière
suivante:
on synchronise l'émetteur et l'oscilloscope et on fait émettre ("tirer") le générateur à une fréquence de
répétition de quelques Hertz (typiquement 5-10 Hz). Les deux systèmes étant synchronisés
l'oscilloscope commence son acquisition lorsque l'émetteur "tire". On peut ainsi observer sur la voie
1 de l'oscilloscope le signal d'excitation et le signal détecté sur la voie 2.

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MATLAB

Communication

Transducteur emmeteur

Plaque

Système récepteur
(sonde ou transducteur)
Générateur
HP 33120

Synchronisation

Oscilloscope
HP 54520

Figure 5: schéma de connexion des instruments

De la même manière lorsque l'on utilise la sonde interféromètrique on peut synchroniser un


système de translation de l'ensemble plaque-tranducteurs-pointe. On peut alors déplacer le point de
mesure après chaque tir. Cela permet de balayer toute une surface de la plaque. Il suffit ensuite de
traiter les données avec un ordinateur pour obtenir des cartographies du champ de déplacement en
un point donné.
En effet chaque tir donne lieu à une mesure du déplacement u en fonction du temps en un
point A(x,y) donné de la plaque. Lorsque le système de translation déplace la plaque de δ x pour
effectuer une autre mesure on obtient u(x+δ x ,y,t). En enregistrant toutes les données, on obtient en
fin de balayage un tableau de mesures donnant u(x,y,t).

2) Construction de l'expérience à NICE

Au début de mon stage seul l'interféromètre existait déjà. L'équipe essayait la sonde
avec un dispositif à ondes de Rayleigh. Mais elle n'avait jusqu'alors obtenu aucun résultat avec ce
système, sans pouvoir dire si ce dispositif ne produisait pas assez de déplacement normal (ou était en
panne) ou si l'interféromètre n'était pas assez performant. J'ai au cours de mon stage apporté
certaines modifications essentielles que je vais décrire en deux parties concernant l'une les
améliorations que j'ai apporté à l'interféromètre, l'autre le système d'excitation de la plaque.

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a) partie interféromètre

Nous avons repris le réglage de l'optique. Le liquide d'indice s'est avéré essentiel éviter les
réflexions parasites trop intenses en limitant la rupture d'indice et donc les réflexions. Il a fallu
reprendre le réglage de l'orientation relative des lames quart d'onde et du cube polarisant, aspect qui
jusqu'alors n'avait pas été pris en compte.
Le signal de la porteuse à 80 MHz une fois obtenu (figure 4) et optimisé, nous avons voulu
vérifier la possibilité de détection d'un déplacement. J'ai alors suggéré d'utiliser un transducteur piston
sur lequel on pouvait coller un miroir pour pouvoir disposer d'une source de déplacement fiable.
Mais après amélioration des réglages un autre problème (que j'avais déjà rencontré au LOA)
est apparu, dont la cause venait de ce que nous utilisions un laser qui n'était pas monomode. De
temps en temps le pic de la porteuse était encadré par plusieurs pics plus faibles mais extrêmement
gênants pour la détection. Lors de discussions avec les opticiens du laboratoire nous avons appris
qu'il nous fallait un laser très court si l'on voulait éviter ces modes parasites, mais aussi qu'un petit
laser serait instable en intensité. Nous avons donc essayé plusieurs lasers He-Ne pour en trouver
finalement un de 20 cm parfaitement monomode. Malheureusement les écarts en intensité du laser
dus aux écarts de température étaient trop importants pour pouvoir l'utiliser dans de bonne
conditions.
Nous avons donc dû l'équiper d'un radiateur à ailettes en aluminium (construit par l'atelier du
laboratoire) pour favoriser les échanges de chaleur. Ce système s'est révélé particulièrement efficace.
Nous avons alors pu observer pour la première fois deux pics autour de la porteuse, correspondants
à la fréquence de vibration de l'échantillon (figure 4). La formule (6) nous permet de donner la limite
de sensibilité de notre sonde. Avec une dynamique de 70 dB nous pouvons mesurer théoriquement
des amplitudes de déplacement d'environ 0.3 Angström.
Nous avons alors entrepris la réalisation du système de démodulation. La majeure partie du
système existait déjà. Nous avions tous les éléments principaux: un "power spliter" (PS), un "mixer",
un filtre à bande étroite et un filtre passe-bas.

Porteuse F=80 MHz Signal à 1 MHz


Power spliter Mixer Filtre passe bas
+ signal à f=79 et 81 MHz

Filtre à bande étroite Dephasage de 90°

Porteuse F=80 MHz

Figure 6: Principe de l'électronique de démodulation. Le signal est divisé en deux par


le power spliter. Une moitié passe directement sur le mixer, l'autre moitié est filtrée de
manière à ne garder que la fréquence de la porteuse qui est ensuite déphasée de 90° puis
mélangée au signal issu directement du PS, un filtre passe bas éliminant alors la porteuse.
Cette méthode a l'avantage de filtrer aussi les fluctuations de phase (Φ s-Φ r) des faisceaux
sonde et référence. Il ne reste plus que le signal issu de l'échantillon.

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Nous avons essayé le montage (figure 6) mais les niveaux de bruit dus aux faibles fluctuations
d'intensité du laser ne nous ont pas permis d'obtenir un signal satisfaisant. Il nous fallait concevoir un
dispositif de contrôle automatique de gain. Ce problème se résout classiquement soit par l'utilisation
d'un amplificateur à gain variable soit par l'utilisation d'une boucle contenant un atténuateur. Les
caractéristiques des composants disponibles nous ont obligés à retenir la solution d'une boucle avec
un atténuateur (figure 7).

Signal stabilisé
Signal fluctuant
Mixer PS

+ 12 V
Detection d'enveloppe

R= 1 kOhm
C = 10 nF
R=5,4 kOhm

R=10 kOhm

R=10 kOhm

Figure 7: Système de contrôle automatique de gain. La boucle se compose d'un système de


détection d'enveloppe transformant le signal HF en signal continu, ce signal continu est
amplifié puis multiplié au signal à stabiliser.

b) Système d'excitation

L'expérience projetée par le groupe de Nice devait être "tout optique": une
impulsion laser excitant des ondes acoustiques par effet thermoélastique dans une plaque mince.
Malheureusement nous n'avons pas pu disposer immédiatement d'un laser pour ce type d'excitation.
J'ai alors proposé que nous utilisions un système de pointe et de transducteur sur le modèle de celui
utilisé au LOA. En raison des applications physiques envisagées, l'anisotropie de l'excitation
transverse produite par un tel système n'était pas souhaitable; nous avons alors décidé d'utiliser des
transducteurs "piston" produisant une excitation longitudinale, et donc isotrope au niveau de la
plaque.

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Pointe

Vibrations de la pointe

Plaque

Figure 8: Mode d'excitation de la plaque par un transducteur à polarisation longitudinale

Nous devions alors construire des pointes adaptées à l'excitation longitudinale (figure 8).
Après discussion avec le responsable de l'atelier mécanique (M. André Audoly) nous avons éliminé
la solution de pointes en Duralumin, trop délicates à usiner. Le laboratoire est doté d'un centre de
préformes et de tirage des fibres optiques et donc de tout le matériel nécessaire pour travailler la
silice. Suite à une suggestion du technicien chargé de la confection des préformes (M. Fabrice
Ubaldi), nous avons essayé des pointes en silice. Nous avons expérimenté deux méthodes de
confection des pointes. La première consiste à étirer à chaud un barreau de silice sur un tour de
verrier. Nous avons réalisé avec cette méthode des pointes de diverses tailles qui fonctionnent
parfaitement bien. Cependant il est difficile de réaliser deux pointes identiques par cette méthode.
Nous nous sommes donc orientés vers une autre méthode de construction. Lors du tirages des fibres
optiques on obtient par fusion rapide dans un four spécial une "goutte" de silice. En modifiant la
température du four on peut obtenir de manière reproductibles des "gouttes" de tailles données
possédant une géométrie particulière. A l'avenir, nous pensons privilégier cette méthode pour la
confection de nos pointes.
Il faut cependant noter que cette solution nous a obligé à concevoir un système complexe
pour maintenir la plaque verticale et les transducteurs horizontaux. Le support pour les transducteurs
est un système fabriqué à l'atelier du laboratoire et destiné à assurer un couplage constant entre la
pointe et la plaque. C'est en fait un tube en aluminium dans lequel coulisse le support du transducteur,
un ressort réglable maintenant constante la tension sur le transducteur (Figure 9).

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Pointe en silice

Transducteur

Vis de réglage

Ressort

Figure 9: Support de transducteur avec pointe.

La plaque est elle-même maintenue en trois points par un système de bras réglables.
Pour éviter un trop grand couplage entre la plaque et ses support nous avons conçu un
système de molettes réglables permettant de la maintenir. Le contact avec la plaque se fait par des
billes d'acier de diamètre 1 mm limitant ainsi l'effet du support (figure 10).

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Plaque

Billes

Pointes
Molettes

Figure 10: Dispositif du LPMC.

Etat de l'expérience: A l'heure actuelle (fin juin) l'expérience n'est pas encore opérationnelle à cause
de l'électronique. Le temps, et probablement les compétences nécessaires pour la manipulation des
circuits haute fréquence, m'ont manqué pour terminer l'électronique de démodulation. Le problème
semble se situer au niveau du contrôle automatique de gain. En supposant que tout le reste de
l'électronique fonctionne bien j'espère pouvoir effectuer les tests nécessaires au fonctionnement du
système dans le courant de l'été.

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III- Résultats des expériences de retournement temporel

L'expérience effectuée à Paris met en œuvre la propagation des ondes acoustiques dans une
plaque de forme chaotique. Elle montre que l'on peut refocaliser une onde acoustique en un point A
d'une cavité 2D à partir d'une excitation émise en un autre point B de cette plaque. L'expérience
utilise la technique de retournement temporel (M. FINK, 1996); elle a donné lieu à une publication
récente (DRAEGER and FINK,1997).
Le déroulement de l’expérience est le suivant: tout d'abord, une source acoustique
ponctuelle est utilisée pour émettre une brève impulsion en un point A de la plaque (figure 11).
Après un temps τ, on enregistre le signal reçu en autre point B. Ce signal est échantillonné et traité
par un ordinateur qui permet d'effectuer le retournement temporel. Le signal retourné est renvoyé par
le point B où il a été mesuré. Au temps T+τ après le début du renvoi du signal, on assiste à une
refocalisation des ondes au point A. La figure 12 présente le schéma d'ensemble de l'expérience.

Plaque de SI

Point A

Point B

Figure 11: Plaque de forme chaotique utilisée au LOA.


.

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MATLAB

Communication

Transducteur emmeteur
BAIE TRM

Plaque

Voie 0
Voie 1
Système récepteur
(sonde ou transducteur)

Synchronisation

Oscilloscope
Figure 12: Connexion des instruments pour l'expérience de retournement temporel

a) Signal temporel d'excitation


La forme du signal d'excitation qui a été choisie est une sinusoïde bornée par une
gaussienne. La fréquence centrale de ce signal est 1 MHz. Elle a été choisie de manière à respecter
le critère fréquence×épaisseur<1 MHz×mm nécessaire pour limiter le nombre de modes de Lamb
se propageant dans la plaque. La forme du signal d'entrée est créée en machine sous Matlab et est
représentée sur la figure 13. Un dispositif de communication permet de faire émettre ce signal par la
baie. La figure 14 représente le module de la transformée de Fourier (TF) du signal d'excitation. On
remarquera que son profil est de type passe-bande.

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temps en µs

Figure 13: Signal d'excitation

Fréquence en MHz

Figure 14: Module de la TF du signal d'excitation. Le maximum d'énergie transmise se situe


aux environs de 1 MHz.

b) mesure du signal dans la plaque

La voie 1 de la baie permet d'enregistrer la réponse de la plaque. Elle fonctionne comme un


échantillonneur rapide. On peut enregistrer jusqu'à 29600 points, ce qui selon la fréquence
d'échantillonnage peut représenter jusqu'à 4 ms de signal. La vitesse des ondes étant de l'ordre de 3
mm.µs-1 et la plaque ayant un diamètre d'à peu près 10 cm, 4 ms de signal correspondent à environ
120 aller-retours dans la plaque.
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c) retournement du signal

Une fois le signal numérisé on peut le traiter avec l'ordinateur. Le signal étant sous forme d'un
tableau de nombres il suffit d'inverser l'ordre du tableau pour effectuer le renversement temporel; il
ne reste plus qu'à le réinjecter dans la plaque par la pointe A ou B, le principe de réciprocité permet
d'interchanger le rôle de la pointe émettrice avec celle réceptrice sans que cela modifie la qualité de
la refocalisation.
En effet un signal émis par la pointe A et mesuré par la pointe B peut être renvoyé par la
pointe B, il refocalisera alors sur la pointe A. Mais si le même signal enregistré en B était renvoyé
par A, il refocaliserait en B.

Résultats des mesures

Les mesures présentées ici on été obtenues au LOA au printemps 1997 (avec C.
DRAEGER). Nous nous intéresserons d'abord à la réponse spatiale et temporelle de la plaque. Puis
nous examinerons en détail les résultats liés au retournement temporel proprement dit.
Deux cas de figure sont à distinguer dans ces résultats, tout d'abord le cas ou le signal
renvoyé par la pointe A a été enregistré par la pointe située au point B, puis celui plus intéressant où
le signal réinjecté par la pointe A a été enregistré par la sonde en un point quelconque C de la plaque
(figure 15). Dans le cas où le signal à retourner est enregistré par la sonde, nous examinerons la
différence entre le retournement effectué avec l'enregistrement du signal sans retard à l'acquisition et
avec celui enregistré avec retard.

1- Comportement spatial de la plaque

Grâce à la sonde nous avons réalisé une cartographie du champ de déplacement


normal autour du point d'excitation. Les figures 16 et 17 montrent ce champ de déplacement

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Plaque de SI

Point C

Point A

Zone cartographiée

Point B

Figure 15: étendue relative de la zone cartographiée par rapport à la plaque dans son
ensemble

Figure 16:Début de l'excitation par la pointe. Il est important de noter le caractère dipolaire
(antisymétrique) de cette excitation. De plus il existe une direction privilégiée dans l'excitation
correspondant à la direction de polarisation du transducteur.

21
Figure 17: Fin de l'excitation, l'onde issue de la source diverge comme une onde sphérique,
cela justifie a posteriori que l'on n'ait pas pris en compte l'anisotropie du silicium.

2) signal temporel enregistré au point B

Le signal enregistré dans la plaque au point B est présenté sur la figure 17. Seulement 2000
points sont représentés. Le signal total en compte 29600 soit à peu près 3 ms. Il se divise en deux
parties caractéristiques. La première partie du signal est celle correspondant à un intervalle de temps
relativement court où l'on arrive encore à distinguer les échos des parois. Cette partie du signal est
appelée la partie "balistique". La seconde plus longue correspond au régime de propagation où le
signal a envahi toute la plaque. Ce régime est appelé le régime "diffusif".
Nous pouvons nous attendre à ce que le spectre du signal soit un spectre de raies. Les
figures 19 et 20 nous montrent qu'effectivement nous obtenons bien le spectre attendu.

22
temps en µs

Figure 18: Signal enregistré par la pointe

Fréquence en MHz

Figure 19: module de la TF du signal détecté (Figure 18).

23
Fréquence en MHz

Figure 20: Représentation d'une petite région de la figure 19 mettant en évidence les modes
propres de la cavité

Si on agrandit une zone de la figure 19 on voit encore plus nettement apparaître les modes
propres de la cavité.

La cavité s'est comportée comme un filtre ne laissant passer que ses fréquences propres.

2) Retournement pointe à pointe:


Le premier résultat intéressant est une cartographie du champ autour de la pointe B quelques
µs avant le temps T+τ de refocalisation (figure 21).

24
Figure 21: Signal juste après réinjection
Le signal qui passe autour de la pointe B est un signal ne possédant pas de structure. C'est
un mélange de modes de la cavité. Toutes les ondes sphériques émises du point A s'additionnent
autour de B avec des phases aléatoires. Seules les ondes dont le chemin correspondra à un parcours
exactement inverse de celui de l'émission vont venir s'ajouter constructivement en B au temps T+τ .

25
Figure 22: Refocalisation

On assiste effectivement à une refocalisation mais elle n'est pas très marquée à cause du niveau de
bruit très élevé (figure 23).

Figure 23: Signal temporel en B, à comparer au signal émis (voir figure 12).
26
Par contre, comme les systèmes d'émission et de détection sont les mêmes, on peut très facilement
vérifier expérimentalement le principe de réciprocité. En effet si A est la pointe émettrice du signal
retourné la refocalisation a lieu en B. On peut directement intervertir les rôles de A et de B en
permutant leurs connexions, on a alors B qui devient la pointe émettrice. On a vérifié que dans ce cas
la refocalisation se produisait maintenant en A. Ce point est important pour la suite. Il nous permet en
fait de pouvoir créer une refocalisation au point de mesure, ce qui n'est peut être pas très intéressant
dans le cas d'un retournement pointe à pointe, puisque les capteurs sont fixes, mais qui devient très
intéressant dans le cas du retournement pointe-sonde-pointe que nous allons examiner maintenant.

3) Retournement du signal de la sonde

Cette méthode nouvelle de retournement temporel a été découverte par pur hasard. Comme
nous l'avons déjà vu les instruments de détection sont connectés à la baie TRM de la même façon.
Lors d'une des expérience de pointe à pointe j'ai interverti le câble de la pointe réceptrice et
celui de la sonde.
Suivant ensuite le processus normal nous avons retourné le signal obtenu puis effectivement
observé une refocalisation. Une étude spatiale nous a permis de nous rendre compte que la tache de
refocalisation n'était plus antisymétrique mais parfaitement symétrique. Non seulement le
retournement temporel marche à partir d'un signal issu de la sonde mais en plus le pic de
refocalisation est nettement plus marqué. Cela nous a permis de déceler l'effet que peut avoir la
valeur du retard τ sur la qualité de la refocalisation.
i) refocalisation avec un retard faible (60 µs)
L'acquisition du signal enregistré par la sonde commençait à τ=60µs après l'excitation de la
plaque. Le signal était encore dans le régime "balistique". La refocalisation spatiale n'est pas de
bonne qualité. L'essentiel du pic provient d'une direction privilégiée correspondant à la direction des
bords les plus proches (figures 24 et 25).

27
Figure 24: Refocalisation incomplète

Figure 25: Signal temporel au point de refocalisation. Les axes sont gradués en points. Les
signaux sont échantillonnés en temps à la fréquence de 7.5 MHz. La largeur du signal est de
0.4 µs.

28
Si l'on compare ce signal au signal d'excitation on voit que la refocalisation temporelle est
efficace.

ii)Retournement avec retard long


L'acquisition du signal à retourner commençait avec un retard τ de 2000 µs. Dans ce
cas là l'onde a en moyenne effectué environ 80 aller-retours dans la plaque. Le signal est enregistré
en régime "diffusif".

Figure 26: Refocalisation isotrope


Le pic de refocalisation est maintenant parfaitement isotrope. Il n'existe plus de direction
privilégiée (figure 26).

29
Figure 27: Signal temporel au point de refocalisation. Les fréquences d'échantillonnages sont
les même que pour la figure 24.

La différence entre les deux mesures peut s'expliquer relativement simplement. Lorsque l'on
retourne un signal enregistré pendant le régime de propagation "balistique" les ondes proviennent
principalement de deux régions privilégiées correspondant aux bords les plus proches de la plaque.
Les ondes ayant subi plus de réflexions sur les bords sont minoritaires, ce qui explique l'anisotropie
de la refocalisation.

Par contre dans le régime "diffusif" les ondes enregistrées en C sont quasiment passées par
tous les points de la plaque (plus de 120 aller-retours). Les ondes qui arrivent sur B proviennent de
toutes les directions. La refocalisation se fera donc de manière isotrope. Dans une approche
d'acoustique des rayons on peut interpréter ceci en disant que tous les rayons atteignant le point de
mesure arrivent par l'ensemble des directions possibles. De tous les rayons réinjectés en A dans la
plaque seuls ceux correspondants à ceux enregistrés en C vont venir s'ajouter constructivement en
C. A l'enregistrement les directions de ces rayons couvraient toutes les directions possibles; la
refocalisation se fait alors de la même manière quelle que soit la direction, et est donc isotrope.

30
Refocalisation dans une cavité régulière:

Nous avons réalisé la même expérience dans une cavité rectangulaire. Nous avons enregistré
le signal de la plaque avec la sonde.

15 mm

30 mm

Figure 28: Refocalisation dans une cavité carrée. Par effet d'image sur les bords deux
refocalisations se produisent. La seconde n'est pas très intense mais elle est parfaitement
identifiable.

La refocalisation se fait en au moins deux points (figure 28). Il serait intéressant de


cartographier l'ensemble de la plaque pour voir si d'autres refocalisations secondaires existent.

31
IV-TRAITEMENT DES DONNEES:
PREMIERS RESULTATS

1) Propriétés statistiques des cartographies

Pour examiner ces propriétés j'ai calculé la densité spectrale que l'on peut définir dans le cas
continu pour un champs de déplacement U(x,y,t) par

∫∫ U ( x , y , t ) exp{− 2iπ ( f }
2
S( f x , f y ) = x x + f y y ) dxdy (7)

Où les crochets (<>) désignent une moyenne d'ensemble..

On peut écrire cette expression sous une forme symbolique plus concise:

2
S ( f x , f y ) = F[U(x,y, t)] (8)

où F désigne la transformée de Fourier faisant passer des variables (x,y) aux variables
(fx,fy).
Dans notre cas la moyenne d'ensemble doit se limiter aux 256 cartographies réalisées à
chaque expérience. Les résultats sont surprenants et mériteraient une étude plus approfondie.(voir
figure 29 et suivantes).
Le pic central représente la fréquence spatiale nulle. C'est donc la valeur moyenne
des signaux (la composante "continue"). La densité spectrale présente une "couronne" en basse
fréquence avec en plus un résidu d'énergie selon les deux axes d'échantillonnage fx et fy. On notera le
comportement différent selon ces axes pour les grandes valeurs, notamment la présence de pics en fx
à la limite de la fréquence de coupure. Ceci pourrait être dû à un décalage systématique d'une ligne
sur l'autre lors du positionnement de la sonde comme cela semble se voir sur la figure 36.
Ceci constitue un premier résultat qu'il faudrait reprendre pour détecter d'éventuels
problèmes liés au calcul de FFT (effectué ici sous MATLAB pour un nombre de points 49×81 qui
n'est pas une puissance de 2), ou liés directement à des problèmes liés au fonctionnement mécanique
du système . On verra, en effet plus loin (figures 35 et 36) des défauts à grande échelle
probablement dus à l'acquisition.

32
Fréquences spatiales
(× 2 mm -1)

Figure 29: Densité spectrale calculée à partir des cartographies autour du point de
refocalisation dans le cas du retournement du signal issu de la sonde le calcul fait avec
Matlab a pris en compte 255 images de 49×81 points.(le logarithme de la densité spectrale est
représentée ici)

33
Figure 30: Coupe selon l'axe f x de la densité spectrale (en échelle semi-logarithmique).. Dans
cette représentation, le zéro des fréquences spatiales correspond au point 60. Le maxima
d'énergie en module de fréquence a lieu pour environ 350 m-1. On est tenté de rapprocher
cette forme de module de la TF spatiale au module de la TF temporelle du signal d'excitation
(figure 14) Si "brutalement" on écrit une relation longueur d'onde spatiale = période
temporelle × par la vitesse des ondes dans le milieu, on obtient une vitesse de 3000 ms-1 tout
à fait compatible avec les caractéristiques mesurées directement (2900 ms-1)!

Nous avons également calculé la densité spectrale des données en excluant les cartographies
aux instants proches de la refocalisation pour vérifier que la courbe observée n'était pas un effet lié
uniquement à la concentration de l'énergie au moment de la refocalisation: les résultats restent les
mêmes et n'ont pas étés représentés ici. C'est donc une propriété du signal qui semble se retrouver à
tout moment.
Un autre caractère à noter est que quelle que soit la séquence de cartographie que l'on
prenne, la densité spectrale présente les mêmes défauts avec quelques nuances. La figure 31 est la
densité spectrale calculée pour la séquence de mesures autour de l'émission d'excitation.

34
Fréquences
spatiales
(× 2 mm -1 )
Fréquences spatiales
(× 2 mm -1)

Figure 31: Densité spectrale calculée pour la séquence d'excitation ; l'anneau central n'est
plus isotrope (c'est l'effet de l'anisotropie de l'excitation). On notera les mêmes "défauts"
haute fréquence que dans la courbe précédente.

Cette densité spectrale semble être liée directement au milieu de propagation c'est à dire à la
plaque de silicium. Il serait intéressant d'approfondir l'étude dans cette direction pour savoir si ces
propriétés sont liées au caractère anisotrope du Silicium ou à la géométrie chaotique de la plaque.
La transformé de Fourier inverse de cette densité spectrale nous donne la fonction
d'autocorrélation (figure 32 et 33).

35
Figure 32:Autocorrélation dans le cas de la refocalisation isotrope (transformée de Fourier à
deux dimensions de la densité spectrale montrée dans la figure 29).

36
Figure 33: Autocorrélation dans le cas où la refocalisation est incomplète, on retrouve la
présence d'une oscillation prépondérante que l'on devinait déjà sur la tache de refocalisation
(figure n°24)

2) Lien entre refocalisation symétrique et émission antisymétrique

J'ai cherché un lien entre la tache de refocalisation symétrique et la cartographie de


l'excitation.
Il semble possible d'associer une relation entre les deux taches. La figure 34 permet
de comparer la tache symétrique de la refocalisation dans le cas du retournement du signal de la
sonde avec la cartographie de l'excitation.
On peut comparer la dérivée spatiale selon l'axe vertical de la tache symétrique à la
cartographie de l'excitation. Ces deux images sont représentée figure 35. Je n'ai cependant pas
d'explication physique de ce phénomène.
La dérivation a fait ressortir des défauts d'acquisition (lignes verticales) qui sont peut être à
relier aux "défauts" très haute fréquence de la densité spectrale (figures 29 et 31). Des défauts de
type décalage d'une colonne sur deux sont directement visibles sur la cartographie de l'excitation de
la point. Il est possible qu'une simple manipulation des données, que je n'ai pas eu le temps
d'effectuer, puisse les compenser.
Ces calculs et ces figures on été faites avec Mathematica alors que la plupart des autres
dépouillements ont été fait avec Matlab.

37
Il me semble qu'une étude plus approfondie dans cette direction avec de nouvelles mesures
devraient permettre d'éclaircir ce point très intéressant.

38
Figure 34: Données :- en haut: tache de refocalisation obtenue en retournant le signal de la
sonde avec un long retard.

39
- en bas: cartographie de l'excitation par la pointe.

Figure 35: Comparaison de la dérivée spatiale en y de la tache de refocalisation (figure 34


haut) calculée numériquement, avec la cartographie de l'excitation (figure 34 bas) . On
notera la ressemblance des deux courbes, à l'aplatissement près de la figure expérimentale, ici
volontairement dilatée dans le sens des y.

40
V-CONCLUSION

Le travail que j'ai effectué lors de mon stage de DEA a été très diversifié car il m'a permis de
participer à la construction d'une expérience d'ondes acoustiques, à son utilisation, à l'acquisition des
données et à leur traitement.
En fait, le stage ne s'est pas déroulé dans cet ordre car j'ai tout d'abord participé à
l'acquisition des données de l'expérience fonctionnant au LOA, à Paris, puis à la construction d'une
expérience du même type à Nice, au LPMC. J'ai commencé le traitement des données du LOA lors
de mon stage à Paris; je l'ai poursuivi à Nice, en parallèle avec le travail de réalisation expérimentale.
Je commencerai par donner quelques conclusions sur les aspects expérimentaux de mes
stages à Nice et à Paris, puis je conclurai sur le traitement de données.
En ce qui concerne la manipulation du LOA, l'aspect qui à mes yeux me semble le plus
intéressant vient évidemment de mon erreur de manipulation où, lors d'une des expériences de pointe
à pointe, j'ai interverti le câble de la pointe réceptrice et celui de la sonde, aboutissant au résultat de
l'excellent refocalisation symétrique. J'ai été passionné par les aspects de refocalisation à partir d'un
seul détecteur et réémetteur. Le dépouillement de ces résultats dont je parlerai plus loin montre qu'il
y aurait des expériences à refaire en faisant varier certains paramètres, et je serais heureux de
pouvoir les refaire si l'occasion m'en était donnée.
En ce qui concerne la construction de l'expérience à Nice, je pense avoir un petit peu
apporté à sa réalisation, notamment en ce qui concerne certains aspects optiques de l'interféromètre,
et beaucoup appris particulièrement en ce qui concerne l'utilisation pratique des lasers. Cette
expérience a comporté des montages mécaniques intéressants; la réalisation de pointes adaptées à
l'excitation longitudinale par gouttes de silice est probablement quelque chose à retenir. Cette
expérience n'est malheureusement pas encore fonctionnelle à cause de l'électronique, mais certains
résultats préliminaires montrent son fonctionnement de principe.
J'ai consacré une bonne partie de mon stage au traitement des données obtenues au LOA.
Ce traitement s'est effectué principalement avec Matlab, auquel je me suis initié pour l'occasion, et
également avec Mathematica, que je connaissais depuis plus longtemps, pour quelques applications
particulières.
Il y a eu dans ce dépouillement des résultats une forte composante de visualisation des
données. Avec MM Legrand et Sebbah nous avons effectué un film de quelques secondes montrant
la refocalisation des ondes dans divers cas de figures. Ce présent rapport ne peut évidemment pas
donner un aperçu de cette animation.
Le traitement des données que j'ai effectué porte globalement sur deux points qui ont trait
l'un à une recherche empirique d'explication de la refocalisation "parfaite", l'autre à l'analyse
statistique classique, par densité spectrale, du signal des ondes acoustiques considéré comme une
fonction aléatoire.
En ce qui concerne le premier point, les dernières figures de ce rapport semblent montrer un
lien de dérivation spatiale entre le signal d'excitation de la plaque (ou de refocalisation dipolaire) et la
dérivée dans une direction spatiale de la tache de refocalisation symétrique. Il serait prématuré de
conclure trop rapidement sur ce point.

41
L'aspect analyse harmonique par densité spectrale permet probablement une interprétation
plus immédiate. La densité spectrale du signal temporel met bien en évidence l'aspect spectre de
raies attendu pour les modes propres de la cavité. Il serait intéressant de prendre un grand nombre
d'échantillons pour diminuer le bruit de la mesure. La densité spectrale spatiale est elle beaucoup plus
surprenante. Si l'on ne tient pas compte des défauts haute fréquence qui semblent être dus à des
irrégularités du positionnement du capteur dans l'acquisition des cartographies, la forme en d'anneau
ou de cratère montrant une fréquence spatiale (en module) prépondérante est bien marquée. La
correspondance que l'on peut faire entre densité spectrale spatiale et temporelle par la vitesse des
ondes dans la plaque pourrait faire penser, pour le phénomène spatial, à un modèle de type
"speckle", où une structure spatiale ayant une largeur de corrélation liée à celle de l'ondelette que
l'excitation temporelle propage, se retrouverait en chaque région de la plaque comme le résultat d'un
grand nombre d'interférences. Cette conclusion devrait cependant être confirmée par d'autres
mesures où l'on pourrait changer les paramètres expérimentaux.

42
REFERENCES:

"Ondes élastiques dans les solides" de D. ROYER et E. DIEULESAINT, Masson Editeur,


1996.

"Wave chaos in the stadium: Satistical properties of short-wave solutions of the


Helmholtz equation" Steven W.McDONALD and Allan N. KAUFMAN Physical review A,
volume 37 April 1988.

"Dynamiques et interférences géométriques dans les billards chaotiques. Application à


l'acoustique des salles" F. MORTESSAGNE, Thèse,1994.

"Time reversal in acoustics", M. FINK,Contemporary Physics, Vol. 32, 2, (1996).

"Time reversal in a 2D chaotic cavity", C. DRAEGER, M. FINK, Phys. Rev. Let.1997

"Theoretical acoustics", P. MORSE, K. INGARD, McGraw-Hill Editor, 1968

"Statistical optics", J. GOODMAN, John Wiley Editor, 1985.

Remerciements .
Je tiens à remercier monsieur Daniel Royer pour m'avoir accepté dans son D.E.A.
d'acoustique physique, ainsi que les directeurs des laboratoires où s'est effectué ce stage, Mathias
Fink pour le LOA et Jean-Pierre Romagnan pour le LPMC. Mes remerciements vont également à
l'équipe d'accueil de Nice, Olivier Legrand, Fabrice Mortessagne et Christian Vanneste ainsi qu'aux
personnes à qui j'ai pu demander conseil au cours de ce stage, André Audoly, Fabrice Ubaldi et
également Henri Lanteri pour ses conseils en électronique. Mes remerciements vont également à mes
deux "co-encadreurs" Carsten Draeger et Patrick Sebbah.

43

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