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Médecine et maladies infectieuses 33 (2003) 447–456

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Texte d’experts

Outils du diagnostic biologique des infections urinaires


nosocomiales (IUN) : analyse critique
Laboratory diagnosis of nosocomial urinary tract infections (NUTI):
a literature review
J.-D. Cavallo *, É. Garrabé
Service de biologie médicale, hôpital d’instruction des armées Bégin, 69, avenue de Paris, 94163 Saint-Mandé cedex, France

Reçu le 30 juin 2002 ; accepté le 15 octobre 2002

Résumé
Les infections urinaires nosocomiales (IUN) sont les plus fréquentes des infections nosocomiales, associées dans la grande majorité des cas
à un cathétérisme vésical. Les critères de définition actuellement utilisés (définitions des 100 recommandations) reposent sur la présence de
symptômes, la présence ou non d’un cathétérisme vésical et le niveau de leucocyturie et de bactériurie déterminés par l’examen cytobacté-
riologique des urines (ECBU). Ces définitions n’envisagent pas toutes les situations et doivent être élargies. Les conditions de prélèvement, de
transport et de conservation des urines influent largement sur la leucocyturie et surtout sur le niveau et la nature de la bactériurie retrouvée à
l’ECBU. L’interprétation de l’ECBU doit tenir compte de diverses situations épidémiocliniques. Les patients porteurs d’un cathéter urinaire
sont souvent asymptomatiques et présentent une leucocyturie non spécifique d’IUN, d’autant plus fréquente que la durée du sondage est
longue. Chez ces patients, le diagnostic d’IUN repose donc essentiellement sur le niveau de la bactériurie qui est le plus souvent
polymicrobienne et quasi toujours présente après une longue durée de sondage. Chez les patients non sondés et symptomatiques, l’absence
d’une leucocyturie a une bonne valeur prédictive négative, et sa présence avec une bactériurie, même peu élevée (103 à 105 ufc mL–1), signe
une infection urinaire. Chez les patients symptomatiques ou porteurs de sonde, le dépistage par bandelettes urinaires ne peut se substituer à
l’ECBU. Le dépistage systématique d’une infection urinaire (bandelette ou ECBU) n’est justifié que dans certaines situations impliquant la
mise en œuvre d’un traitement en cas de dépistage positif.
© 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Abstract
Nosocomial urinary tract infections (NUTI) are the most frequent nosocomial infections. They are often associated with vesical
catheterization. The current criteria of definition are based on the presence of symptoms, of vesical catheterization, and on the level of pyuria
and bacteriuria determined by urinalysis. These definitions do not take into account all situations and must be reviewed. The conditions of
sampling, transfer to the laboratory, and conservation of urines greatly influence the level of pyuria and the level and nature of bacteriuria. The
interpretation of the urinalysis must take into account various clinical and epidemiological situations. Patients harboring an urinary catheter are
often asymptomatic; they present a nonspecific pyuria all the more frequent that the duration of catheterization is long. Among these patients,
the diagnosis of NUTI is based primarily on the level of the bacteriuria which is generally polymicrobial and always present after long-term
catheterization. The absence of pyuria is a good negative predictor for non-catheterized symptomatic patients. Pyuria associated with
bacteriuria, even low (103 to 105 cfu mL–1), proves the presence of UTI in these patients. Screening by urinary reagent strips cannot replace
urinalysis for either symptomatic or catheterized patients. The systematic screening of UTI (using either a urinary reagent strips or urinalysis)
is justified only when treatment is required in case of positive results.
© 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Infection urinaire nosocomiale ; Bactériurie ; Leucocyturie ; Bandelettes urinaires

Keywords: Nosocomial urinary tract infections; Bacteriuria; Pyuria; Urinary reagent strips

* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : hia-begin-biologie@worldonline.fr (J.-D. Cavallo).

© 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.


doi:10.1016/S0399-077X(03)00161-6
448 J.-D. Cavallo, É. Garrabé / Médecine et maladies infectieuses 33 (2003) 447–456

1. Introduction par la flore commensale qui colonise l’urètre et la région


périnéale.
Les infections urinaires nosocomiales (IUN) représentent Si la méthode qui consiste à recueillir de l’urine vésicale
globalement plus du tiers des infections nosocomiales et sont par ponction suspubienne est la plus fiable et offre des condi-
encore plus fréquentes dans les services de moyen séjour tions d’asepsie optimales, elle est considérée comme une
dans lesquelles elles représentent plus de la moitié des infec- méthode invasive et est actuellement peu utilisée en pratique
tions [1]. Par infection on entend l’agression d’un tissu par un courante en France. Les méthodes effectivement utilisées
micro-organisme, générant une réponse inflammatoire, des sont adaptées aux circonstances et en particulier à la présence
signes et des symptômes de nature et d’intensité variables ou non d’un cathétérisme urinaire.
selon le terrain. La nature nosocomiale de l’infection est
Chez un patient non sondé la méthode la plus classique
directement ou indirectement liée chez un malade aux soins
consiste à prélever, après toilette locale des organes génitaux
qui lui sont prodigués. De nombreuses situations cliniques
externes, le second jet d’urines (20 à 30 mL) dans un réci-
favorisant l’infection sont ainsi rencontrées.
pient stérile après avoir éliminé le premier jet (environ
Dans les critères diagnostiques de l’infection urinaire no-
20 mL), considéré comme non représentatif de l’urine vési-
socomiale, on distingue des critères cliniques, épidémiologi-
cale car trop souvent contaminé par la flore commensale
ques, inflammatoires et microbiologiques. Le laboratoire est
urétrale et périnéale. Le premier jet d’urines (10 à 20 mL)
à même de contribuer au diagnostic d’infection urinaire en
prélevé au cours de la première miction du matin reste toute-
argumentant les deux derniers critères. De plus, la nature du
fois un prélèvement de choix pour la recherche d’agents
(des) micro-organisme(s) identifié(s) peut contribuer à la
responsables de maladies sexuellement transmissibles et
définition du caractère nosocomial de l’infection.
dans le cadre du diagnostic des urétrites. La toilette locale est
L’examen cytobactériologique des urines (ECBU), ana-
effectuée avec un antiseptique de type Dakin® stabilisé ou
lyse bactériologique la plus fréquemment pratiquée au labo-
plus simplement avec de l’eau savonneuse suivie d’un rin-
ratoire, est l’examen de choix, susceptible de confirmer l’in-
çage à l’eau. Chez une femme qui présente des pertes, même
fection urinaire alors que les signes cliniques ou les tests
minimes, la mise en place d’une protection vaginale est
rapides de dépistage ont seulement une valeur présomptive et
indispensable.
peuvent se trouver en défaut dans de nombreuses situations.
Dans la pratique, avec un patient valide, la toilette et le
L’ECBU permet la mise en évidence de signes inflammatoi-
prélèvement sont le plus souvent effectués par le patient
res de l’arbre urinaire à travers la mise en évidence et la
lui-même, auquel on a fourni le matériel nécessaire et expli-
quantification d’une leucocyturie et la mise en évidence et la
qué soigneusement la technique de prélèvement. Cette mé-
quantification de(s) micro-organismes(s) en cause (bactériu-
thode présente toutefois des limites, largement soulignées
rie ou candidurie). Cependant, l’ECBU est un examen d’in-
par certains auteurs. En effet, le recueil du deuxième jet n’est
terprétation parfois délicate dont la qualité repose sur quel-
pas une technique facile à mettre en pratique chez la femme
ques principes simples mais fondamentaux :
et le niveau de contamination est beaucoup moins important
• il faut éviter la contamination de l’urine par la flore
lorsque le prélèvement est effectué avec l’aide d’un person-
commensale de voisinage qui colonise l’urètre et la
nel soignant entraîné [2]. Les pratiques de toilette des orga-
région périnéale lors du prélèvement ;
nes génitaux externes et du rejet du début de miction n’ont
• il faut éviter une multiplication des micro-organismes
pas fait la preuve formelle de leur nécessité chez des patients
dans l’urine, et en particulier d’éventuels contaminants
ambulatoires de sexe féminin ([3,4] revue dans [5]). Chez les
après le prélèvement. En effet, les urines sont un excel-
patients de sexe masculin, si le nettoyage préalable du méat
lent milieu de culture ;
n’aboutit pas à une différence significative de contamination
• des conditions de prélèvement, de conservation et de
du prélèvement, le recueil du deuxième jet avec rejet du
transport défectueuses peuvent modifier considérable-
premier jet diminue légèrement le niveau de contamination,
ment la nature et le niveau de la bactériurie, voire de la
de l’ordre d’un log10 [5].
leucocyturie et ainsi gêner l’interprétation ;
• il faut utiliser des critères d’interprétation reconnus et Chez le nourrisson, on peut utiliser une poche plastique
pondérés par la connaissance indispensable d’un stérile appliquée sur la peau soigneusement nettoyée et qui ne
contexte clinique ou épidémiologique particulier qui devra pas rester en place plus de 30 min. Chez le sujet
devra être précisé dans les renseignements cliniques incontinent ou handicapé, le recueil par sondage urinaire à
accompagnant la demande d’examen. l’aide d’une sonde de petit calibre n’est acceptable que chez
la femme si le recueil des urines lors de la miction est
impossible. Cette manœuvre est à éviter chez l’homme car
2. Conditions de recueil des urines, de conservation pourvoyeuse de prostatites et on lui préférera le recueil par
et de transport pour qu’un ECBU soit interprétable collecteur pénien, voire par cathétérisme suspubien en cas de
2.1. Recueil des urines rétention d’urine. Aucune différence n’est observée dans le
résultat des ECBU en fonction de l’utilisation de collecteurs
L’objectif majeur est de recueillir l’urine vésicale, norma- péniens stériles ou simplement propres et de la durée de mise
lement stérile en évitant sa contamination lors de la miction en place des collecteurs [6]. Mais même chez la femme
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Tableau 1
Évolution comparée de la bactériurie en fonction du temps et de la température de conservation pour trois espèces bactériennes (d’après [13])
Espèce et température Évolution de la numération en fonction du temps
0h 1h 2h 3h 4h 6h 24 h
Escherichia coli
22 °C 6 × 102 7 × 102 6 × 102 2 × 103 3 × 103 104 106
4 °C 6 × 102 4 × 102 4 × 102 5 × 102 8 × 102 4 × 102 4 × 102
Enterobacter cloacae
22 °C 104 2 × 104 105 5 105 106 107 >107
4 °C 104 2 × 104 3 × 104 4 × 104 3 × 104 2 × 104 5 × 104
Enterococcus faecalis
22 °C 4 × 102 6 × 102 7 × 102 7 × 103 103 3 × 103 106
4 °C 4 × 102 6 × 102 3 × 102 2 × 102 102 5 × 102 2 × 102

incontinente, le cathétérisme n’est pas indispensable et un L’utilisation de la méthode des lames immergées permet
prélèvement après toilette génitale soigneuse peut être consi- un ensemencement de milieux de culture spécifiques directe-
déré comme acceptable [7]. ment au lit du malade et permet ainsi d’éviter la multiplica-
Chez le patient porteur de sonde urinaire, il ne faut en tion bactérienne liée aux délais de transport [16–18]. Des
aucun cas prélever dans le sac collecteur où la pullulation milieux de transport et culture utilisant ce concept sont ac-
microbienne est importante, ni rompre le caractère clos du tuellement commercialisés et largement utilisés.
système en déconnectant la sonde du sac collecteur pour Au total, la ponction suspubienne fournit les prélèvements
prélever les urines. Le recueil se fera par ponction directe les plus représentatifs de l’urine intravésicale, mais d’autres
dans la paroi de la sonde après désinfection. Un site de méthodes de prélèvement moins invasives adaptées aux dif-
ponction spécifique est incorporé dans la plupart des sondes férentes situations cliniques sont utilisables avec un niveau
[8]. Toutefois, ce type de prélèvement n’amène pas des résul- de fiabilité acceptable. Pour ces dernières, si les conditions
tats aussi représentatifs des espèces bactériennes effective- de prélèvement peuvent influer sur le niveau de contamina-
ment présentes dans la vessie que la ponction suspubienne tion du prélèvement, en particulier chez les malades sondés,
[9]. C’est pourquoi, lorsqu’un ECBU est demandé chez un des conditions adéquates de transport et de conservation sont
patient porteur de sonde à demeure à l’occasion d’un chan- encore plus importantes à respecter si l’on veut éviter une
gement de sonde, il est préférable de recueillir l’urine à partir contamination gênante pour l’interprétation de l’ECBU.
de la nouvelle sonde pour avoir un prélèvement plus repré-
sentatif des micro-organismes réellement présents dans la
vessie et éviter de recueillir les micro-organismes qui adhè- 3. Examen cytobactériologique des urines (ECBU)
rent à la paroi intérieure de la sonde [10,11]. L’ECBU va permettre d’apprécier de façon quantitative et
qualitative la présence d’éléments figurés (leucocyturie, hé-
2.2. Conditions de conservation et de transport de l’urine maturie, cellules épithéliales) et de micro-organismes (bac-
tériurie, candidurie).
L’objectif recherché ici est de diminuer la pullulation La leucocyturie, la nature des micro-organismes isolés
microbienne en diminuant le plus possible le délai entre le ainsi que le niveau de bactériurie ou de candidurie sont des
prélèvement et l’analyse. Il est important que l’heure de critères importants dans l’interprétation de l’ECBU.
prélèvement soit indiquée sur le bon d’examen qui accompa- L’examen direct en cellule pour apprécier quantitative-
gne l’échantillon d’urine. L’urine ne doit pas séjourner plus ment la leucocyturie sur une urine homogénéisée et la culture
de 2 h à température ordinaire pour éviter une multiplication pour apprécier la bactériurie (ou candidurie) sont les métho-
dont la rapidité varie avec la nature du micro-organisme des de référence. Des méthodes rapides de dépistage visant à
[12,13]. L’urine peut en revanche, être conservée à + 4 °C dépister une bactériurie ou une candidurie comme les bande-
pendant au moins 24 h sans modification de la bactériurie [8]. lettes urinaires sont proposées et dans certaines situations
À partir de la 3–4e h il existe une différence de l’ordre de peuvent permettre d’éviter la pratique d’un ECBU.
1 log10 entre les urines laissées à 22 °C et les urines placées à
+ 4 °C ; en fonction des espèces, cette différence varie entre 3.1. Leucocyturie
1–3 log10 à la 6e h et est > 3 log10 à la 24e h (Tableau 1).
Au-delà de 12 h à + 4 °C, la bactériurie ne sera pas modifiée, Elle est considérée comme le témoin d’une atteinte in-
mais les leucocytes peuvent s’altérer et se grouper en amas. Il flammatoire des tissus de l’arbre urinaire. Parmi les métho-
existe des systèmes de transport stabilisateurs utilisant des de mesure la numération en cellule sur une urine non
l’acide borique et en conditionnement stérile unitaire qui centrifugée et homogénéisée avec quantification des leuco-
permettent une conservation de l’urine jusqu’à 24–48 h à cytes par millimètre cube ou par millilitre s’est imposée
température ambiante sans modification notable de la bacté- comme une méthode simple et fiable. Elle doit être utilisée en
riurie et de la leucocyturie [14,15]. routine de préférence à la quantification de la leucocyturie
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par champ effectuée sur l’examen direct d’un sédiment uri- Tableau 2
naire centrifugé. Cette dernière méthode, beaucoup plus ap- Principaux micro-organismes (isolés dans 340 épisodes d’infection urinaire
nosocomiale en fonction de la présence ou non d’un cathéter urinaire
proximative, doit donc être abandonnée [19,20]. (d’après [22])
3.2. Bactériurie Espèces Cathéter urinaire (%) Total (%)
Oui* Non
La culture quantitative des urines contribue à définir l’in- n 219 121 340
fection urinaire. Les méthodes de culture les plus utilisées Escherichia coli* * 25,1 40,5 30,6
comme l’étalement avec une oëse calibrée ou la méthode de Enterococcus spp. 13,2 15,7 14,1
la lame immergée détectent des bactériuries ou candiduries à Candida spp* * 16,4 6,6 12,9
partir d’un seuil d’environ 102 ufc mL–1 d’urine. Par la Klebsiella spp. 10 9,9 10
Pseudomonas aeruginosa* * 10,5 4,1 8,2
méthode de l’oëse calibrée (étalement de 10 µL d’urines), la
Proteus spp. 7,3 7,4 7,4
présence d’une colonie sur la gélose représente environ
Enterobacter spp. 5 2,5 4,1
102 ufc mL–1 (limites de confiance pour un seuil à 95 % : 0,3 Staphylococcus aureus 3,7 3,3 3,5
à 5,6 × 102 ufc mL–1). La pratique d’une coloration de Gram Citrobacter spp. 2,7 2,5 2,6
sur une urine non centrifugée et homogénéisée est hautement Staphylocoques à coagulase négative 1,8 3,4 2,1
recommandée car elle présente plusieurs intérêts : Acinetobacter spp. 1,4 – <1
• elle permet une orientation diagnostique et éventuelle- Streptococcus agalactiae – 2,5 <1
ment le choix de milieux de culture et de conditions de *
Cathétérisme urinaire de courte durée (< 30 j) dans plus de 90 % des
culture spécifiques ; cas.
• la présence de micro-organismes au fort grossissement
**
p < 0,05
en immersion (× 1000) est bien corrélée avec la présence
d’une bactériurie ≥ 105 ufc mL–1 : elle présente une les ECBU [26]. Dans de bonnes conditions de prélèvement,
sensibilité et spécificité de 90 % pour un micro- quatre catégories de micro-organismes peuvent être distin-
organisme par champ et une spécificité de 99 % à partir guées en fonction de leur niveau d’implication dans l’étiolo-
de cinq micro-organismes par champ [21]. gie des infections urinaires :
De plus, cette coloration de Gram permet d’objectiver • les pathogènes primaires sont considérés comme systé-
facilement des cellules épithéliales, qui lorsqu’elles sont matiquement en situation pathologique lorsqu’ils sont
présentes en grande quantité, en particulier chez la femme, isolés d’urines, même en petites quantités : E. coli et
signent le plus souvent un prélèvement de mauvaise qualité Staphylococcus saprophyticus se classent dans ce
et s’accompagnent en règle d’une contamination par la flore groupe ;
péri-urétrale. • les pathogènes secondaires sont plus habituellement im-
Les principaux micro-organismes isolés dans les infec- pliqués dans le cadre des infections urinaires nosoco-
tions urinaires nosocomiales, sont, par ordre de fréquence, miales, lorsqu’il existe des facteurs anatomiques ou ia-
Escherichia coli, les entérocoques, Candida spp., Klebsiella trogènes favorisants : dans ce groupe, on intègre de
spp., Pseudomonas aeruginosa et Proteus spp.. Candida spp. nombreuses entérobactéries (P. mirabilis, Klebsiella
et P. aeruginosa sont significativement plus souvent isolés en spp., Enterobacter spp., Proteus vulgaris, M. morganii,
présence d’un cathétérisme urinaire de courte durée (< 30 j) Serratia spp., Citrobacter spp., Providencia stuartii),
alors qu’ E. coli est significativement moins fréquent (Ta- P. aeruginosa, Enterococcus spp. et Staphylococcus
bleau 2). Environ 14 % des épisodes sont polymicrobiens, aureus. De façon plus anecdotique, des espèces comme
plus fréquemment en présence de facteurs de risque comme Corynebacterium urealyticum ou Haemophilus spp.
un cathétérisme urinaire (17 vs 9 %) [22] ou une vessie peuvent être impliquées ;
neurologique. Les épisodes bactériémiques polymicrobiens • les pathogènes dits « douteux » regroupent des espèces à
secondaires à une infection urinaire sont le plus souvent Gram positif (Streptococcus agalactiae, les staphyloco-
objectivés chez des patients porteurs d’un cathétérisme uri- ques à coagulase négative), à Gram négatif (Acinetobac-
naire [23]. ter spp., Stenotrophomonas maltophilia, autres pseudo-
Lors des cathétérismes de longue durée (> 30 j) ou chro- monaceae) ou les Candida spp. Leur implication en
niques (5 à 10 % des patients dans des services de long pathologie exige un niveau de bactériurie élevé
séjour), il existe de façon quasi-constante une bactériurie ≥ 105 ufc mL–1, si possible associé à d’autres critères,
élevée (≥ 105 ufc mL–1), polymicrobienne (de deux à plus de cliniques ou inflammatoires ;
cinq espèces) dans 80 % des cas. Elle varie dans le temps, • certaines espèces sont considérées comme des contami-
impliquant principalement les entérobactéries (E. coli, Pro- nants et appartiennent habituellement à la flore urétrale
teus mirabilis, Providencia stuartii, Morganella morganii, ou génitale de proximité : lactobacilles, streptocoques
Klebsiella pneumoniae, Citrobacter spp.) P. aeruginosa et alpha-hémolytiques, Gardnerella vaginalis, Bifidobac-
les entérocoques [24,25]. terium spp., bacilles diphtérimorphes (sauf Corynebac-
Un groupe de microbiologistes européens a récemment terium urealyticum). Leur isolement associé à la pré-
proposé un classement des agents retrouvés en culture dans sence de cellules épithéliales urinaires à l’examen direct
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des urines signe de façon quasi-certaine une contamina- asymptomatique d’une contamination dans une population
tion à l’occasion du prélèvement. Seul leur isolement à féminine et comme critère diagnostique d’une infection uri-
partir d’une ponction d’urine utilisant un cathéter suspu- naire haute [34,35]. Ce seuil est actuellement controversé et
bien pourrait permettre d’évoquer un rôle pathogène on considère qu’il peut varier en fonction de la population à
pour ces espèces. laquelle on s’adresse. Chez les femmes présentant des symp-
tômes urinaires (pollakiurie, dysurie) sans fièvre, on retrouve
3.3. Interprétation de l’ECBU une bactériurie supérieure à 105 ufc mL–1, avec des entéro-
L’interprétation d’un ECBU doit tenir compte des circons- bactéries dans plus de la moitié des cas [36]. Depuis, de
tances épidémiologiques et cliniques et en particulier de la nombreuses études soulignaient le fait qu’une bactériurie
nature de la population concernée (âge, sexe), des facteurs de entre 102 et 105 ufc mL–1 chez une femme présentant une
risque (cathétérisme urinaire, intervention sur les voies uri- dysurie n’était pas toujours le témoin d’une contamination,
naires) et de la présence de symptômes urinaires ou de fièvre. mais pouvait parfois être associée à une authentique infection
Sur le plan microbiologique, le niveau de la bactériurie, la urinaire symptomatique, impliquant le plus souvent E. coli
nature des micro-organismes isolés, le nombre d’espèces ou S. saprophyticus [26,36]. Cette situation peut correspon-
isolés et le niveau de la leucocyturie vont entrer en ligne de dre à divers contextes comme la présence d’une diurèse
compte. abondante, un prélèvement effectué trop peu de temps après
une miction, un traitement antibiotique, un traitement diuré-
3.3.1. Sujets hospitalisés symptomatiques et non sondés tique, une obstruction des voies urinaires ou l’implication de
Chez ces patients, il n’existe aucune particularité clinique certains micro-organismes comme les Candida spp. [36]. Le
par rapport à un patient ambulatoire non hospitalisé : dysurie, tiers d’une population féminine ambulatoire présentant une
pollakiurie, fièvre et douleurs lombaires en cas d’infection infection urinaire symptomatique associe à l’ECBU une leu-
urinaire compliquée. cocyturie significative associée à une bactériurie monomi-
De nombreuses études ont permis de définir un seuil de crobienne entre 102 et 3 × 104 ufc mL–1 sur des urines
leucocyturie pathologique ≥ 104 mL–1 (ou 10 mm–3) dans la prélevées stérilement par ponction suspubienne [37]. Dans
population des patients ambulatoires à laquelle cette catégo- plus de 90 % des cas, les bactéries incriminées dans ces
rie de patients peut être rattachée [18,27]. Ce seuil de leuco- infections sont des entérobactéries parmi lesquelles E. coli
cyturie est en effet celui qui est le mieux corrélé en terme de est de très loin la plus fréquente [38]. De plus chez ces
sensibilité et de spécificité à la présence d’une bactériurie patientes, le traitement antibiotique aboutit rapidement à la
symptomatique à un seuil ≥ 105 ufc mL–1 chez l’homme et la sédation des symptômes [39].
femme [18,28]. Une leucocyturie sans bactériurie associée Malgré un haut niveau de spécificité, le faible niveau de
peut être d’origine infectieuse (tuberculose, bactéries à cul- sensibilité du seuil à 105 ufc mL–1 a conduit certains auteurs
ture lente ou difficile, etc.) ou non infectieuse : calculs et à proposer chez les femmes présentant des symptômes uri-
tumeurs des voies excrétrices, certaines néphropathies, mala- naires un seuil plus bas, de l’ordre de 103 ufc mL–1, avec un
des déshydratés ou sous analgésiques. Il faut également gar- bon compromis entre sensibilité (80 %) et spécificité (95 %)
der à l’esprit qu’une leucocyturie peut également correspon- [40]. Un seuil encore plus bas, à 102 ufc mL– 1 a même été
dre chez la femme à une contamination au moment du proposé dans cette population féminine ambulatoire sympto-
prélèvement, en particulier en présence de leucorrhées et matique si des entérobactéries et en particulier E. coli sont
peut représenter jusqu’à 20 % des prélèvements dans un isolées, avec une sensibilité de 95 %, une spécificité de 85 %,
groupe témoin sans infection urinaire [29]. Chez les patients une valeur prédictive positive de 88 % et une valeur prédic-
âgés incontinents hospitalisés en institutions de long séjour, tive négative de 94 % [36].
la leucocyturie isolée ou associée à une bactériurie est fré- Des résultats du même ordre sont rapportés dans une
quente : 30 % des patients âgés résidents en maison médica- population masculine ambulatoire [28]. Dans cette popula-
lisée présentent une leucocyturie sans bactériurie associée tion, les micro-organismes en cause et le niveau de leucocy-
[30]. Les bactériuries asymptomatiques sont également fré- turie sont comparables chez les patients présentant une bac-
quentes dans cette population [31] et plus de 90 % d’entre tériurie de l’ordre de 103–104 ufc mL–1 ou une bactériurie
elles s’accompagnent d’une leucocyturie [32]. ≥ 105 ufc mL–1 [28].
En résumé, chez les patients non cathétérisés, la présence Chez les patients présentant une pyélonéphrite aiguë
d’une leucocyturie n’a pas une bonne valeur prédictive posi- confirmée par la positivité des hémocultures, environ 80 %
tive de la présence d’une bactériurie, mais l’absence de présentent une bactériurie ≥ 105 ufc mL–1 et 10–15 % une
leucocyturie a une relativement bonne valeur prédictive de bactériurie entre 104 et 105 ufc mL–1, alors que les autres
l’absence de bactériurie (80–90 %) et peut être un bon critère patients présentent une bactériurie inférieure à ces valeurs
pour exclure une infection urinaire dans une population de [41]. Une bactériurie ≥ 104 ufc mL–1 a donc été proposée
patients non sondés [33]. comme un critère de confirmation d’une suspicion clinique
Le seuil de bactériurie considéré classiquement comme de pyélonéphrite aiguë non compliquée [40].
significatif ≥ 105 ufc mL–1 avait été initialement proposé par Si l’on regarde les seuils utilisés dans les établissements
Kass dans deux situations : pour distinguer une bactériurie de soins européens, on s’aperçoit qu’une bactériurie
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≥ 104 ufc mL–1 reste le critère le plus utilisé en Europe après le 30e j [46]. Toutefois, les infections urinaires sur
(environ la moitié de 228 hôpitaux répartis dans 29 pays cathéter sont symptomatiques chez moins de 10 % des pa-
d’Europe) alors que les seuils à 103 et 105 ufc mL–1 ne sont tients sondés et se compliquent rarement de bactériémies
utilisés chacun que par un quart des centres. Le niveau de [47]. Ce fait est probablement en relation avec la décompres-
leucocyturie n’est pris comme critère associé que par 30 % sion et le drainage permanent obtenu par le cathétérisme,
d’entre eux [42]. hypothèse qui semble appuyée par le fait que plus du quart
En résumé, chez les patients adultes non sondés et symp- d’entre elles deviennent symptomatiques uniquement après
tomatiques, la présence d’un leucocyturie significative est l’ablation du cathéter [48]. De même, la présence d’une
généralement bien corrélée avec la présence d’une infection leucocyturie est moins bien corrélée avec la présence d‘une
urinaire et l’absence de leucocyturie a une bonne valeur infection urinaire que chez les patients non sondés, même si
prédictive négative de l’absence d’infection urinaire. La pré- le cathétérisme est de courte durée (< 30 j) [47]. En effet, la
sence d’une leucocyturie ≥ 104 mL–1, associée à l’absence de leucocyturie peut être la résultante de l’action mécanique de
cellules épithéliales (qui signe une contamination au moment la sonde et chez les patients porteurs d’une sonde à demeure,
du prélèvement dès l’examen direct) devrait faire considérer la présence d’une leucocyturie est retrouvée de façon quasi-
comme significative une bactériurie comprise entre 103 et systématique, comme celle d’une bactériurie en général éle-
105 ufc mL–1 impliquant une ou deux espèces habituellement vée et polymicrobienne [49,50]. Chez les patients paraplégi-
responsable(s) d’infection urinaire et en particulier pour les ques sondés de façon intermittente, si le niveau de
entérobactéries au premier plan desquelles se situe E. coli. leucocyturie est moindre que celui constaté chez les patients
porteurs d’un sondage à demeure [51], il n’est pas bien
corrélé à la présence ou non d’une bactériurie [52]. Le seuil
3.3.2. Bactériuries asymptomatiques chez les patients non
de bactériurie ou candidurie considéré comme indicatif par la
sondés
plupart des auteurs d’une vraie infection urinaire nosoco-
Les bactériuries ne s’accompagnant pas de symptômes miale chez les patients porteurs d’un cathétérisme urinaire
cliniques représentent une situation très fréquente dans la est faible, de l’ordre de 103 ufc mL–1 à partir d’un prélève-
population générale et en particulier dans la population fémi- ment effectué par ponction de la sonde [46]. En effet une
nine et chez les sujets âgés [43,44]. Dans certaines situations bactériurie ou une candidurie > 103 ufc mL–1 évoluent tou-
comme la grossesse, la présence d’une bactériurie doit être jours rapidement en moins de 72 h vers des seuils plus élevés
prise en compte et traitée du fait des risques de pyélonéphrite ≥ 105 ufc mL–1 en l’absence de traitement anti-infectieux
chez la mère et des risques de morbidité et mortalité fœtale [53,54]. Lors des sondages de courte durée chez la femme, la
[43]. En revanche, les études menées dans des populations bactériurie s’amende rapidement avec l’ablation du cathéter
d’adultes ou de personnes âgées n’ont pas fait la preuve que chez environ un tiers des patientes et encore plus fréquem-
la bactériurie asymptomatique est un facteur indépendant ment chez les femmes de moins de 65 ans [48]. Chez les
responsable d’une mortalité accrue [43,44]. Une leucocytu- patients cathétérisés après prostatectomie, l’ablation du ca-
rie accompagne fréquemment ces bactériuries asymptomati- théter n’aboutit à une diminution significative de la bactériu-
ques chez les sujets âgés et son niveau ne permet pas de rie que lorsque l’espèce Staphylococcus epidermidis est im-
prédire un impact défavorable sur la survie [44]. Il y a pliquée, alors que les autres espèces persistent et peuvent être
actuellement un consensus pour s’abstenir de traiter les bac- à l’origine de bactériémies [53].
tériuries asymptomatiques des sujets âgés, même celles qui
s’accompagnent d’une leucocyturie [33]. En résumé, chez les patients sondés, les symptômes clini-
Chez les patients non sondés, la pratique de deux ECBU ques sont rarement présents et la leucocyturie est d’autant
consécutifs montrant le(s) même(s) organisme(s), à un seuil plus fréquente que la durée du sondage est longue. Chez les
≥ 105 ufc mL–1, sans qu’il yait plus de deux micro- patients porteurs d’un cathéter urinaire, la recherche systé-
organismes isolés, a une spécificité et une sensibilité supé- matique d’une bactériurie asymptomatique ne semble justi-
rieures à 95 % et a été proposée comme critère pour retenir fiée que chez les patients à risque de complications et pour
une bactériurie asymptomatique [35,36,45]. En résumé, le lesquels un traitement doit être mis en œuvre ou dans un
dépistage des bactériuries asymptomatiques n’est indiqué objectif de surveillance épidémiologique. Le critère essentiel
que pour certaines populations présentant des risques élevés à prendre en compte en l’absence de signes cliniques est une
de complications et justifiant d’un traitement comme les bactériurie ≥ 103 ufc mL–1 sur des urines prélevées par
femmes enceintes, les diabétiques, les patients devant subir ponction de la sonde sans tenir compte de la leucocyturie.
une intervention dans la sphère génito-urinaire, les sujets
neutropéniques ou transplantés rénaux. 3.3.4. Candiduries
Les candiduries se rencontrent essentiellement chez les
3.3.3. Patients porteurs d’un cathéter urinaire patients porteurs d’un cathétérisme urinaire ou ayant subi
Le risque d’infection urinaire est d’autant plus important une endoscopie ou un acte chirurgical et traités par antibioti-
que la durée de cathétérisation est longue : il s’élève rapide- ques. Elles sont particulièrement fréquentes dans les services
ment au-delà du 6e j et l’infection est quasi-systématique de soins intensifs [55]. Candida albicans est impliqué dans
J.-D. Cavallo, É. Garrabé / Médecine et maladies infectieuses 33 (2003) 447–456 453

52 % des cas, suivi en fréquence par Candida glabrata (16 % L’utilisation des bandelettes urinaires est essentiellement
des cas) [55]. La présence d’une candidurie peut être le indiquée pour la détection des bactériuries asymptomatiques
témoin d’une contamination, d’une colonisation du cathéter dans des populations définies en fonction de plusieurs varia-
urinaire ou d’une authentique infection. bles : prévalence de la bactériurie asymptomatique, seuil de
Chez les patients non sondés, une atteinte rénale confir- bactériurie retenu et prévalence des bactéries qui ne réduisent
mée histologiquement s’accompagne en règle d’une candi- pas les nitrites. Du fait de la sensibilité des bandelettes
durie ≥ 104 ufc mL–1et les hémocultures sont positives dans inférieure à celle la culture, un certains taux de faux négatifs
la moitié des cas [56,57]. doit être accepté dans la population où on les utilise pour le
Chez les patients sondés, la candidurie s’accompagne dépistage de l’infection urinaire et certains auteurs pensent
rarement de symptômes et la leucocyturie est souvent ab- que l’ECBU ne peut être évité avec une sécurité suffisante
sente [20,47,58]. Comme dans le cas des bactériuries, la que si la valeur prédictive négative de la bandelette dépasse
présence de Candida spp. à un seuil ≥ 103 ufc mL–1 aboutit à 95 % dans la population ciblée [65]. Les populations de
une candidurie ≥ 105 ufc mL–1 dans les 72 h [54]. Dans les patients non cathétérisés pour lesquelles la détection d’une
candiduries symptomatiques, la numération des levures est infection urinaire asymptomatique a été proposée concernent
en règle supérieure à 104 ufc mL–1 et s’accompagne d’une surtout celles qui présentent des risques élevés de complica-
leucocyturie. L’utilisation de traitements locaux ou systémi- tions et qui justifient d’un traitement comme les femmes
ques dans les candiduries asymptomatiques (variant de 102 à enceintes, les diabétiques, les patients devant subir une inter-
plus de 106 ufc mL–1) n’a pas démontré de bénéfice évident
vention dans la sphère génito-urinaire, les sujets neutropéni-
[59,60].
ques ou transplantés rénaux [66–69]. Bien que l’utilisation
Au total, si l’absence de leucocyturie et une numération
des bandelettes présente un bon ratio coût/efficacité, l’utili-
< 104 ufc mL–1 ne plaident pas en faveur d’une infection et si
sation de l’ECBU d’emblée est souvent préférée dans ces
la présence d’une leucocyturie est peu spécifique chez les
populations à risque. C’est en particulier le cas chez les
patients sondés, une candidurie ≥ 104 ufc mL–1 doit toujours
femmes enceintes pour lesquelles il existe un faible risque de
être interprétée en fonction du contexte clinique.
faux négatifs de l’ordre de 2 % avec les bandelettes [66,70].
Chez les patients asymptomatiques porteurs d’un cathéter
4. Méthodes rapides de détection urinaire, la prévalence de l’infection urinaire est très élevée et
augmente avec la durée du sondage pour être quasiment
De nombreuses méthodes ont été proposées pour la détec- constante à partir du 30e j de sondage et s’accompagne en
tion rapide des infections urinaires au laboratoire et au lit du règle d’une leucocyturie. De plus l’infection urinaire dans
malade [61]. Les plus utilisées sont des méthodes enzymati- cette population peut souvent impliquer des micro-
ques utilisant des bandelettes urinaires, qui permettent la
organismes ne produisant pas de nitrate réductase comme les
détection d’une leucocyturie et d’une bactériurie et qui peu-
staphylocoques, les entérocoques, Candida spp. ou Acineto-
vent être facilement utilisées au lit du malade. La présence
bacter spp. Chez les patients porteurs de cathéters la bacté-
d’une leucocyturie est recherchée par mise en évidence d’un
riurie asymptomatique ne doit pas être traitée [25] et le
enzyme produit par les polynucléaires neutrophiles : la leu-
dépistage systématique de tous les patients cathétérisés, y
cocyte estérase alors que la bactériurie est recherchée indi-
compris à l’aide de bandelettes urinaires, ne paraît donc pas
rectement par la recherche d’une nitrate réductase enzyme
indiqué en routine [71]. Les seules indications du dépistage
produite par de nombreuses bactéries et qui réduit les nitrates
en nitrites. La positivité d’un seul ou des deux tests doit être des infections asymptomatiques chez les patients porteurs
prise en compte et l’urine doit alors systématiquement faire d’un cathéter urinaire au long cours sont limitées aux patients
l’objet d’un ECBU dans le cas d’un patient hospitalisé. pour lesquels le traitement de la bactériurie asymptomatique
L’intérêt essentiel du dépistage par les bandelettes urinaires est indiqué, en particulier ceux devant subir une procédure
chez les patients hospitalisés réside dans sa praticabilité au lit invasive dans la sphère génito-urinaire, ou lorsque des objec-
du malade et dans sa valeur prédictive négative (VPN). Dans tifs épidémiologiques précis sont recherchés: investigation
les populations où elle peut être utilisée, une VPN > 95 %, d’une épidémie d’infections nosocomiales, évaluation de la
permet d’éviter avec un bon niveau de sécurité une grande fréquence des infections, des résistances aux antibiotiques ou
partie des ECBU [62–64]. Cet intérêt varie toutefois en de l’efficacité d’un programme de prévention [25]. Dans ces
fonction des situations cliniques ou épidémiologiques ren- indications, les bandelettes urinaires, du fait de leur spécifi-
contrées chez les patients hospitalisés. cité et de leur VPN ne peuvent pas se substituer à l’ECBU
La bandelette urinaire est moins sensible que la culture, en pratiqué d’emblée. Chez les patients hospitalisés en réanima-
particulier lorsque les bactériuries sont faibles [65] et lorsque tion et porteurs d’un cathétérisme urinaire de courte durée
des signes cliniques évocateurs d’infection urinaire haute ou (< 30 j), les VPN des bandelettes urinaires varient en fonction
basse sont présents, l’ECBU doit être effectué d’emblée, que des définitions de l’infection urinaire asymptomatique rete-
le malade soit ou non sondé. L’intérêt d’un dépistage d’orien- nues et se situent respectivement à 81, 92 et 96 % pour des
tation à l’aide des bandelettes dans les services d’accueil des seuils de bactériurie à 103, 104 et 105 ufc mL–1 [72–74]. Leur
urgences reste à documenter pour les différentes populations. VPN n’est donc pas suffisante pour se substituer en dépistage
454 J.-D. Cavallo, É. Garrabé / Médecine et maladies infectieuses 33 (2003) 447–456

Tableau 3
Infections urinaires nosocomiales : principales situations fondées sur la présence de signes cliniques, d’une leucocyturie et d’une bactériurie
Symptômes Leucocyturie Bactériurie Définition Commentaires
(≥ 104 mL–1) CTIN*
Bactériurie + + ≥ 103ufc mL–1 oui Cas le plus fréquent
symptomatique, avec + – ≥ 105ufc mL–1 et une ou oui Infection débutante ou sujet neutropénique ?
ou sans sonde deux espèces isolées Nature micro-organismes non prise en compte
urinaire + – ≥ 103ufc mL–1 et une ou non Infection débutante ou sujet neutropénique ?
deux espèces isolées Nature micro-organismes en cause
+ + < 103ufc mL–1 ou non Traitement antibiotique en cours ? Micro-organismes à
négatif avec examen culture lente ou difficile ?
direct positif sur urine
non centrifugée
Bactériurie – + ou – ≥ 105ufc mL–1 et une ou oui Seuil bactériurie plus bas (≥ 103ufc mL–1) si
asymptomatique deux espèces isolées sur leucocyturie associée ?
patient non sondé deux ECBU consécutifs
en l’absence de sonde
Bactériurie – + ou – ≥ 105ufc mL–1 et une ou oui Seuil bactériurie plus bas (≥ 103ufc mL–1) si
asymptomatique plusieurs espèces isolées leucocyturie associée ?
patient sondé
Colonisation – – Seuil de détection : non ECBU à contrôler si nécessaire
≥ 103 ufc mL–1
Inflammation sans + ou – + < 103 ufc mL–1 non Recherche micro-organismes à culture lente ou difficile
bactériurie ou étiologie non infectieuse
* Définitions intégrées dans les « 100 recommandations pour la surveillance et la prévention des infections nosocomiales ».

à l’ECBU si des seuils de bactériurie < 105 ufc mL–1 sont tient avec une infection urinaire peut associer une leuco-
retenus. cyturie significative, des bactéries visibles à l’examen
direct au Gram avec une culture négative. Il en est de
même lors d’infections urinaires à germes à culture lente
5. ECBU, critères microbiologiques et définition ou difficile. Lors d’infections débutantes, les seuils de
des infections urinaires nosocomiales bactériurie peuvent être inférieurs à 105 ufc mL–1 sans
leucocyturie associée. De même chez le sujet neutropé-
La définition des infections urinaires nosocomiales recou- nique, la leucocyturie peut être absente. Le sondage de
vre en fait des situations très diverses et les variations dans le longue durée est à l’origine d’infections polymicrobien-
temps de la définition de ces infections ont un grand impact nes. La nature des espèces responsables n’est pas prise
sur les taux rapportés [75]. Les critères microbiologiques en compte dans ces définitions.
jouent un rôle central dans ces définitions [45,76]. On peut
résumer les principaux problèmes posés dans le Tableau 3. 5.2. Définitions du CTIN
Actuellement, les définitions les plus utilisées en France
sont celles des « 100 recommandations pour la surveillance Dans ces définitions le concept de bactériurie asymptoma-
et la prévention des infections nosocomiales » proposées par tique est inclus et deux cas sont envisagés :
le CTIN [45]. Or ces définitions ne recouvrent pas l’ensem-
ble des situations. 5.2.1. Cas 1
Une uroculture quantitative positive (≥ 105 ufc mL–1), si le
5.1. Bactériurie symptomatique chez un patient sondé patient a été sondé (sondage vésical à demeure) au cours de la
ou non semaine précédant le prélèvement.

Elle est définie par la présence de signes cliniques (fièvre 5.2.2. Cas 2
> 38 °C sans autre localisation infectieuse et/ou envie impé- En l’absence de sondage, deux urocultures quantitatives
rieuse et/ou dysurie et/ou pollakiurie et/ou tension suspu- consécutives positives (≥ 105 ufc mL–1) au(x) même(s) orga-
bienne) et d’un des critères suivants : nisme(s) sans qu’il y ait plus de deux micro-organismes
• une uroculture positive (seuil ≥ 105 ufc mL–1) sans qu’il isolés.
yait plus de deux espèces microbiennes isolées ; Le concept de bactériurie asymptomatique est difficile à
• ou uroculture positive (seuil ≥ 103 ufc mL–1) avec leu- dissocier de celui de colonisation, en particulier chez les
cocyturie (≥ 104 mL–1). Cette définition simple et opé- sujets sondés. Dans ces définitions, une notion de seuil est
rationnelle pour les enquêtes épidémiologiques, envi- retenue pour différencier ces situations. Le seul intérêt de
sage les cas les plus fréquents mais ne permet pas de définir une bactériurie asymptomatique réside dans la néces-
répondre à toutes les situations rencontrées en pratique sité de mise en œuvre d’un traitement, validée dans certaines
courante. En effet, la prise d’antibiotiques chez un pa- populations à risque. Chez ces patients, le seuil de
J.-D. Cavallo, É. Garrabé / Médecine et maladies infectieuses 33 (2003) 447–456 455

103 ufc mL–1 pourrait alors être proposé, en tenant compte [13] Cavallo JD. Bonnes pratiques de l’examen cytobactériologique des
des micro-organismes isolés, en particulier si une leucocytu- urines (ECBU) au laboratoire. Feuillets de Biologie 1997;
XXXVIII(215):7–13.
rie est associée.
[14] Weinstein MP. Clinical evaluation of a urine transport kit with lyo-
Dans tous les cas, la meilleure attitude pour résoudre la philized preservative for culture, urinalysis, and sediment microscopy.
plupart des situations douteuses consiste à proposer un Diagn Microbiol Infect Dis 1985;3:501–8.
deuxième ECBU à quelques jours d’intervalle. [15] Verger S, Le Noc P, Rouhan D, Renaudet J. Évaluation bactéri-
ologique d’un nouveau système de transport et de conservation de
l’urine : le système Vacutainer UC and S. Ann Biol Clin 1986;44:249–
53.
6. Conclusion
[16] Mackey JP, Sandys GH. Laboratory diagnosis of infections of the
urinary tract in general practice by means of a dip-inoculum transport
L’interprétation d’un ECBU doit tenir compte des circons- medium. Br Med J 1965;2:1286–8.
tances épidémiologiques et cliniques, notamment de la popu- [17] Guttmann D, Naylor GR. Dip-slide: an aid to quantitative urine
lation concernée et de la présence de facteurs de risque au culture in general practice. Br med J 1967;3:343–5.
premier rang desquels se place le cathétérisme urinaire. Les [18] Cohen SN, Kass EH. A simple method for quantitative urine culture.
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conditions de prélèvement, transport et conservation sont des
[19] Stamm WE. Measurement of pyuria and its relation to bacteriuria. Am
éléments critiques pour l’interprétation de l’ECBU. Sur le
J Med 1983;75(1B):53–8.
plan microbiologique, le niveau de la bactériurie, la nature, le [20] Tambyah PA, Maki DG. The relationship between pyuria and infec-
nombre des micro-organismes isolés et le niveau de la leuco- tion in patients with indwelling urinary catheters. Arch Int med 2000;
cyturie doivent être pris en compte. Les définitions des IUN 160:673–7.
qui font actuellement référence [45] n’envisagent pas toutes [21] Jenkins RD, Frenn JP, Matsen JM. Review of urine microscopy for
les situations et doivent être élargies [76]. À la lumière des bacteriuria. Jama 1986;255:3397–404.
travaux menés dans le domaine des IUN, la pertinence des [22] Bouza E, San Juan R, Muñoz P, Voss A, Kluytmans J, on behalf of the
cooperative group of the European Study Group on Nosocomial
définitions doit être régulièrement réévaluée. Infections (ESGNI). An European perspective on nosocomial urinary
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