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Changement climatique et gaz à effets de

serre
Pr Marc PORT titulaire de la chaire « Industries chimiques et
pharmaceutiques »
Plan du cours

 Ce cours se structure en 2 parties


 Un module de formation proposé par le
Partenariat unique pour l’apprentissage des
Nations Unies sur les changements
climatiques (UN CC: Learn)
 Module 1 de formation de « Introduction à la
science des changements climatiques »
 https://unccelearn.org/course/view.php?id=8&
page=overview
 À suivre en français ou en anglais
 Des informations scientifiques pour préciser
le module de formation UN CC: Learn
 Le bilan radiatif terrestre
 L’effet de serre
 Le forçage radiatif
 Les données de ce cours et formation sont
issues notamment des rapports du GIEC
Informations scientifiques pour préciser le
module de formation UN CC: Learn

Pr Marc PORT titulaire de la chaire « Industries chimiques et


pharmaceutiques »
Bilan radiatif de la Terre

 La température de la Terre résulte de


l’équilibre entre l’énergie qui pénètre
sur la Terre en provenance du Soleil
(rayonnement solaire) et l’énergie
quittant la Terre pour pénétrer dans
l’espace
 Le rayonnement solaire provient
d’une surface à 5 770 K et se situe
principalement dans le domaine
visible et le proche infrarouge (de
longueur d’onde inférieure au
micromètre)
 Le rayonnement de la surface
terrestre, dont la température est
d’environ 300 K, se situe dans
l’infrarouge de grande longueur
d’onde (supérieure à 4 micromètres)
Bilan radiatif de la Terre

 Bilan radiatif
terrestre
 L’absorption de la
partie non réfléchie
du rayonnement
solaire par
l’atmosphère et la
surface terrestre
réchauffe le
système climatique
Bilan radiatif de la Terre

 Bilan radiatif
terrestre
 Pour se refroidir, le
système climatique
émet de l'énergie
vers l'espace sous
forme de
rayonnement IR
 Cette émission
provient de la
surface terrestre
mais aussi des
nuages et de
différentes
molécules
atmosphériques
Bilan radiatif de la Terre

 Bilan radiatif : énergie reçue


 Energie solaire incidente : 342
Watt par mètre carré (W/m2)
 En situation d’équilibre, la Terre
va réémettre dans l’espace autant
d’énergie que ce qu’elle reçoit,
342 W/m2 = 106 W/m2 + 236
W/m2
Bilan radiatif de la Terre

 Radiations directement réfléchies


dans l’espace par l’atmosphère
 Notamment par les nuages, les
aérosols et les poussières et par
la surface de la Terre (effet miroir
= albedo)

La faculté de réfléchir le rayonnement d’une planète


s’appelle « l’albédo » (A) ou réflectance globale
moyenne (A est compris entre 0 et 1 et vaut A = 0.3 en
moyenne pour la Terre
Bilan radiatif de la Terre

 Radiations absorbées par


l’atmosphère et la surface de la
Terre
 Réchauffent la planète
 Procurent de l’énergie pour la
circulation atmosphérique
 Maintiennent la structure
atmosphérique
 Participent au cycle hydrologique
(évaporation de l’eau)
Bilan radiatif de la Terre et effet de serre

 Bilan radiatif : énergies réfléchies


réémises par la Terre
 Radiations absorbées par la surface
terrestre et réémises sous forme de
rayonnement infrarouge (IR)
 Effet de serre
 Tout le rayonnement IR émis par la
Terre n’atteint pas l’espace. Une partie
est absorbée et réfléchie à la surface
de la Terre
 Effet de serre issu des molécules de
gaz à effet de serre (GES) et des
nuages (vapeur d’eau)
 Les principales molécules qui
absorbent le rayonnement IR réémis
par la Terre (IR de grande longueur
d’onde > 4 micromètres) : H2O, CO2,
O3, CH4 et N2O
Les gaz à effet de serre (GES)

 Gaz atmosphériques absorbant une partie des rayonnements infrarouges émis par la surface
terrestre les soustrayant ainsi au rayonnement global repartant dans l’espace
 4 paramètres pour définir « l’efficacité » d’un GES
 La molécule doit posséder des modes de vibration qui absorbent les longueurs d’ondes IR émises par la
surface terrestre
 N2 et O2 (99% de l’atmosphère), n’absorbent pas le rayonnement IR car molécules symétriques sans
variation du moment dipolaire active en IR
 L’absorption : l’efficacité d’absorption de la molécule GES (a0) : augmente si coefficient d’absorption
important et gamme de longueur d’onde large
 La concentration d’un GES : plus un gaz est présent en grand quantité, plus forte sera son absorption
 Le GES exerçant l’effet de serre le plus important est la vapeur d’eau (H2O) : 0,3 % du volume
atmosphérique
 La stabilité du GES : une molécule très stable dans l’atmosphère (à demi-vie longue) a une contribution
durable sur le réchauffement
 Demi vie H2O : quelques jours
Effet de serre et GES

 Effet de serre naturel : aboutit à une température


moyenne à la surface de la terre de 15°C (-19°C
en l’absence de l’effet de serre)
 Intensification de l’effet de serre (ou effet de serre
secondaire) : les activités humaines (anthropiques)
modifient la composition atmosphérique des GES
 Les concentrations de CO2, CH4, N2O ont
augmenté ainsi que formation d’ozone
troposphérique
 Des substances synthétiques (gaz fluorés) ont été Evolution de la température moyenne
émises dans l’atmosphère à la surface depuis 1850 selon 3
sources de données différentes
 Induit globalement une augmentation de l’intensité
de l’effet de serre (conjointement au gradient de
température vertical) qui résulte en une
augmentation de la température moyenne de la
surface de la planète
 NB : quand la Terre reçoit un supplément d’énergie, cette
énergie est absorbée à 93% par les océans et seulement à
1% par l’atmosphère
Effet de serre et GES

 11.12.2019 : adoption du
pacte vert par UE :
absence d’émission nette
de gaz à effet de serre d’ici
2050 (UE climatiquement
neutre en 2050)
 https://ec.europa.eu/info/si
tes/info/files/european-
green-deal-
communication_fr.pdf
 https://ec.europa.eu/comm
ission/presscorner/detail/fr
/fs_19_6714
Forçage radiatif

 Le forçage radiatif quantifie une perturbation du


système climatique qui impacte son bilan radiatif
 La perturbation conduit le système climatique vers un
nouvel état d’équilibre suivant des constantes de
temps propres aux mécanismes de forçage
 Perturbation associée à
 Des forçages naturels
o Solaire : variation dans le temps de l’activité solaire et
variations astronomiques de l’orbite terrestre
o Volcanique : émission dans l’atmosphère, durant les
éruptions volcaniques, d’importantes quantités de
poussières et de gaz qui contribuent à rendre
l’atmosphère moins transparente au rayonnement
solaire (effet parasol conduisant à un refroidissement)
 Des forçages anthropiques (dus à l’activité humaine)
o Emissions de GES
o Emissions d’aérosols (tendent plutôt à refroidir la
planète)
o Modifications de l’utilisation des sols (cultures, pâtures,
déforestation)
o Amincissement de la couche d’ozone
GIEC 2013
Forçage radiatif

 Quantification du forçage radiatif


 Flux d’énergie exprimé en W/m2
 a0 * [évolution de la concentration sur
une période]
 a0 : efficacité d’absorption d’un GES :
intégrale du coefficient d’absorption
entre 400 et 2000 cm-1 (domaine
couvert par l’émission IR de la surface
terrestre) en W/m2.ppbv
 Le ppbv (parts per billion in volume ou
partie par milliards en volume) : unité
de concentration du GES
 En général entre 1750 (ère
préindustrielle) et aujourd’hui

GIEC 2013
Forçage radiatif

 Les activités d’origine humaine


(anthropiques) entraınent un forçage
radiatif
 Positif : émission de GES, ozone
troposphérique
 Négatif : modification des sols changeant
l’albédo ou émission atmosphérique
d’aérosols sous forme de sulfate ou de
carbone
 L’estimation du forçage radiatif naturel dû
aux variations de l’intensité du soleil est
quasi-négligeable (argument climato
septique)
 L’impact d’origine anthropique correspond
à un forçage radiatif globalement positif
de +2,29 W/m2 (1,13 à 3,33) en 2011 (vs
1750) principalement du à l’émission de
GES GIEC 2013
Forçage radiatif : extrapolation

 L’impact d’origine anthropique correspond à un forçage radiatif globalement positif


de +2,29 W/m2 (1,13 à 3,33) en 2011 (GIEC 2013)
 Actualisation pour 2017 à 3,062 W/m2 (Bulletin de l’Organisation Météorologique
Mondiale sur les GES 2018)
Potentiel de réchauffement global

 Évaluation de l’impact futur d’un GES sur le réchauffement planétaire


 Potentiel de réchauffement global (PRG) ou Global Warming Potential (GWP)
 Permet de comparer l’impact futur des différents GES sur le réchauffement climatique
en fonction de leurs propriétés radiatives et leur durée de vie
 Indice obtenu en normalisant le forçage radiatif résultant d'une masse de GES émis,
par celui de la même masse de CO2 (GWP CO2 = 1)
 GWPx d’un composé GES x

o TH : période temporelle du calcul. En général: calculé de t=0 à t=100 années suivantes


o a x(t) : efficacité radiative causée par l’augmentation d’une unité de masse du gaz dans
l’atmosphère (en W m-2 kg-1)
o x (t) : coefficient d’élimination du GES x à l’'instant t en réponse à une émission d'une unité de
masse du GES à t=0
o r : gaz de référence (r), CO2
Potentiel de réchauffement global

 Évaluation de l’impact futur d’un GES sur le réchauffement planétaire


 Potentiel de réchauffement global » (PRG) ou Global Warming Potential (GWP)
 PRG de CH4 sur 100 ans = 25
 Si les mêmes masses de CH4 et de CO2 sont introduites dans l’atmosphère, CH4
conserve 25 fois plus de chaleur que CO2 sur les 100 prochaines années

GIEC, Fourth Assessment


Report, Chapitre 2, 2007
Principal gaz à effet de serre :
le dioxyde de carbone (CO2)

 Rapport annuel 2019 de l’organisation Global


Carbon Project : les émissions mondiales de
CO2 dues à la combustion des énergies
fossiles ont augmenté de 0,6 % cette année
 Depuis l’Accord de Paris (2015), les émissions
mondiales dues à la combustion des énergies
fossiles ont augmenté de 4 %
 Elles ont augmenté de 2,6 % en Chine et de
1,8 % en Inde. Elles ont diminué de 1,7 % aux
États-Unis et dans l’Union européenne
 La concentration atmosphérique de CO2 a
atteint 407,4 parties par million (ppm) en 2018
en moyenne. Elle devrait atteindre une
moyenne proche de 410 ppm sur l’année 2019.
Un niveau 47 % au-dessus des niveaux
préindustriels
 https://www.globalcarbonproject.org/
Principal gaz à effet de serre :
le dioxyde de carbone (CO2)

 Majoritairement produit au cours des combustions des énergies fossiles


(charbon, pétrole, gaz)
 Contribue à 66 % au forçage radiatif induit par les GES *
 Secteurs les plus émetteurs : l’industrie (ciments), la production énergétique et
les transports
 Aussi émis par la déforestation et l’agriculture intensive
 Durée de vie dans l’atmosphère est d’environ 100 ans
 Absorbé par les plantes (photosynthèse) et les océans
 Sources naturelles en Arctique
 Dégel du pergélisol : source potentiellement catastrophique de CO2
 1 600 milliards de tonnes de carbone sont stockées dans ces sols gelés, soit
deux fois plus que dans l’atmosphère !

*Bulletin de l’Organisation Métérologique Mondiale sur les GES November 2018


Principal gaz à effet de serre :
le dioxyde de carbone (CO2)

 Environ 30% des


émissions du CO2
anthropiques sont
absorbées par l’océan
 Limite l’effet de serre
 Accroît l’acidité de l’eau
de mer. Eau de mer
plus corrosive pour les
organismes marins
(coraux ou mollusques
qui fabriquent un
squelette ou une
coquille calcifiée)
GES CO2

 Concentration de
CO2 atmosphérique :
conséquences
possibles de
l’élévation de de la
température
moyenne
 4e rapport de
synthèse du GIEC
Principal gaz à effet de serre :
le méthane (CH4)
 Le méthane reste dans l’atmosphère une douzaine d’années
 Le méthane piège la chaleur
 Par effet de serre en retenant le rayonnement infrarouge de la Terre
 De manière indirecte, en augmentant l’ozone et la vapeur d’eau dans la
stratosphère
 Le méthane est émis par
 Des sources naturelles (zones humides, étendues d’eau douce et sources
géologiques) via la décomposition de la matière organique et la fermentation
anaérobie (rizières, digestion chez les ruminants) : 40%
 Des activités humaines : exploitation des combustibles fossiles (pétrole, gaz,
charbon : fuite de méthane), l’agriculture, la gestion des déchets, les
combustions (feux de forêts, utilisation du bois pour chauffage et cuisson) : 60 %
 Depuis 1750, la concentration de méthane (CH4) dans l’atmosphère mondiale a
augmenté de 150 %
 Contribue à 17 % au forçage radiatif induit par les GES *

*Bulletin de l’Organisation Métérologique Mondiale sur les GES November 2018


Principal gaz à effet de serre :
le méthane (CH4)
 Sources naturelles de méthane en Arctique
 Zones humides (principalement des tourbières)
 Hydrates de méthane sous-marin (cristaux de glace enfermant du méthane)
 Dégel du pergélisol et poches de sol
 Sources sensibles à la température et les émissions pourraient être amplifiées
par le réchauffement climatique accéléré dans l’Arctique
Principal gaz à effet de serre :
l’oxyde nitreux (N2O)

 L’oxyde nitreux est émis par


 Des sources naturelles (océans et sols) : 60%
 Des sources anthropiques notamment les engrais azotés utilisés dans
l’agriculture intensive : 40%
 Sa durée de vie est de l’ordre de 114 ans
 Contribue à 6 % au forçage radiatif induit par les GES *

*Bulletin de l’Organisation Métérologique Mondiale sur les GES November 2018


Principaux gaz à effet de serre :
les gaz fluorés
 Les halocarbures (CFC et HCFC), autres gaz artificiels fluorés (HFC, SF6)
 Contribuent à 11 % au forçage radiatif induit par les GES *
 Durées de vie extrêmement longues : potentiel de réchauffement global très
élevé malgré des concentrations moyennes très faibles
 Durée de vie dans l’atmosphère de l’hexafluorure de soufre SF6 : 3200 ans
 Utilisation de SF6 : métallurgie (production d’aluminium et de magnésium) et
fabrication de semi-conducteurs
 HFC (hydrofluorocarbones)
 Molécules utilisées comme réfrigérants (climatiseurs et réfrigérateurs), aérosols et
mousses isolantes
 Depuis les années 1990, les HFC remplacent les CFC et HCFC destructeurs de la
couche d’ozone (les HFC ne détruisent pas la couche d’ozone)
 Protocole de Montréal (10-2016) : 197 parties ont adopté un amendement visant la
suppression progressive des hydrofluocarbures (HFC)
 Fluides frigorigènes alternatifs disponibles pour substitution : hydrocarbures, dioxyde
de carbone, ammoniac, hydrofluoroléfines (HFO)

*Bulletin de l’Organisation Métérologique Mondiale sur les GES November 2018


Principaux gaz à effet de serre :
L’ozone troposphérique

 L’ozone troposphérique (O3)


 Durée de vie relativement courte, de 1 à 2 mois
 N’est pas émis directement. Composé secondaire dont la concentration dépend
des émissions de polluants (NOx, CO par exemple) ou composés naturels
(COV, CH4)
 Sa distribution n’est pas proportionnelle aux émission de précurseurs : potentiel
de réchauffement global complexe à évaluer
 N’est pas pris en compte dans les accords internationaux (i.e. Protocole de Kyoto), car
il ne peut pour l’instant être régi par une métrique simple
 Contribue à environ 10 % de l’effet de serre anthropique
Suivi des accords de Paris de 2015

 Indicateurs : Climate change performance index 2019


 3 premières places du classement restent vides : aucun Etat ne mène une politique
compatible avec l’Accord de Paris qui prévoit de contenir le réchauffement climatique en
dessous de 2°
 4 place : Suède
 Pour la première fois, les Etats-Unis ont remplacé l’Arabie Saoudite à la dernière place !
 https://www.climate-change-performance-index.org/
Bibliographie : pour aller plus loin

 Rapports du GIEC (IPCC)


 https://www.ipcc.ch/
 https://leclimatchange.fr/
 Le climat à découvert. CNRS Éditions. 2017
 L’effet de serre atmosphérique : plus subtil qu’on ne le croit !
J.L. Dufresne, J.Treiner. La Météorologie, 2011, 72, 31-41
 Gaz à effet de serre : enjeux de réduction et méthodes de
comptabilisation. L. Dumergues. Techniques de l’ingénieur
2012. G8300 V1
 Évolution de la réglementation concernant les émissions de
CO2. P. Coussy. Techniques de l’ingénieur 2019. BE7911
V1
31

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