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ECOLE NATIONALE VETERINAIRE D’ALFORT

2005

INFECTION DU TRACTUS URINAIRE A


CORYNEBACTERIUM UREALYTICUM
CHEZ LES CARNIVORES DOMESTIQUES :
ETUDE RETROSPECTIVE A PARTIR DE 14 CAS
THESE

pour le

DOCTORAT VETERINAIRE

présentée et soutenue publiquement


devant

LA FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL

le

par

Mathieu DUTHEL
Né le 6 juin 1980 à Nancy (Meurthe-et-Moselle)

JURY

Président : M.
Professeur de la Faculté de Médecine de Créteil

Membres

Directeur : H.J. BOULOUIS


Professeur à l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort
Assesseur : C. MAUREY
Maître de conférences à l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort
LISTE DES MEMBRES DU CORPS ENSEIGNANT
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INFECTION DU TRACTUS URINAIRE A
CORYNEBACTERIUM UREALYTICUM CHEZ LES
CARNIVORES DOMESTIQUES :
ETUDE RETROSPECTIVE A PARTIR DE 14 CAS

Nom et Prénom : DUTHEL Mathieu

Résumé :

L’infection du tractus urinaire par Corynebacterium urealyticum a été décrite


pour la première fois en 1992 chez les chiens et les chats. Elle reste une affection rare.
Ce faible taux d’infection peut être du à un sous diagnostic résultant de la difficulté à
isoler C. urealyticum lors d’uroculture.
Quatorze cas d’infection du tractus urinaire par C. urealyticum (7chiens et 7
chats) ont été diagnostiqués à l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort entre 1998 et 2004.
L’analyse des dossiers retenus montre que cette affection touche les animaux ayant une
cause de prédisposition (chirurgie, manipulation ou atteinte neurologique atteignant le
tractus urinaire). Une hématurie macroscopique, une pyurie sont retrouvés sur 13
animaux (93%). L’analyse d’urine met en évidence un pH urinaire très alcalin (> 8,5
dans 67 %), des cristaux de phosphate ammoniaco-magnésien, une leucocyturie et une
hématurie.
L’échographie permet de suspecter fortement cette infection en visualisant une
paroi vésicale très épaissie et des incrustations minérales (cystite incrustée), mis en
évidence chez 8 animaux de notre étude.
Le traitement est difficile en raison des diagnostics trop tardifs et de
l’antibiorésistance marquée de ce germe. La sensibilité aux tétracyclines reste la plus
fréquente et souvent la seule retrouvée chez 6 animaux. Une résistance à tous les
antibiotiques est notée chez 2 animaux.
Une guérison a été obtenue sur 9 animaux grâce à une antibiothérapie adaptée,
une acidification des urines et une correction des causes prédisposantes. 5 animaux sont
décédés suite aux complications de l’infection (pyélonéphrite, septicémie).

Mots-Clés : CORYNEBACTERIUM UREALYTICUM, BACTERIE,


ANTIBIORESISTANCE, CYSTITE INCRUSTEE, INFECTION, TRACTUS
URINAIRE, CARNIVORE, CHIEN, CHAT.

JURY :
Président :
Directeur : Pr. BOULOUIS
Assesseur : Dr. MAUREY

Adresse :
Mathieu DUTHEL
36 les Nuguets - cidex 120
71570 LA CHAPELLE DE GUINCHAY
INFECTION OF URINARY TRACT BY CORYNEBACTERIUM
UREALYTICUM AMONG DOMESTIC SMALL ANIMALS:
RETROSPECTIVE STUDY FROM 14 CASES

SURNAME : DUTHEL
Given name : Mathieu

SUMMARY :

The infection by Corynebacterium urealyticum of the urinary tract was


described for the first time in 1992 in dogs and cats. It is a rare affection. This low rate
of infection is probably due to an under diagnostic resulting to the difficulty to isolate
C. urealyticum from urine.
Fourteen cases of urinary tract infection due to C. urealyticum (7 dogs and 7
cats) were diagnosed at Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort from 1998 to 2004. The
study of the clinical informations shows that affection reaches animals with cause of
predisposition (surgery, manipulation or neurology deficiency of urinary tract). A
macroscopic hematury, a pyury were found in 13 animals (93%). Urine tests show an
alkaline urinary pH (>8.5 for 67%), struvite stones, a leucocytury and a hematury.
Scan allows suspecting strongly this infection since we see a thickness of vesical
wall and encrusted mineralizations (encrusted cystitis) discovered in 8 animals of our
study.
Treatment is difficult because of belated diagnosis and severe antibioresistance
of this germ. Susceptibility to tetracycline stay the most frequent and the only for 6
animals of our study. Resistant germs to all antibiotics tested were found in 2 animals.
A recovery is obtained in 9 animals following adapted antibiotherapy,
acidification of urines and correction of predisposition causes. Five animals were dead
after complications of infection (pyelonephritis, septicemia).

KEY WORDS: CORYNEBACTERIUM UREALYTICUM, BACTERIA,


ANTIMICROBIAL RESISTANCE, ENCRUSTED CYSTITIS, INFECTION,
URINARY TRACT, SMALL ANIMALS, DOG, CAT.

JURY :
President :
Director : Pr. BOULOUIS
Assessor : Dr MAUREY

Author’s address :
Mathieu DUTHEL
36 les Nuguets - cidex 120
71570 LA CHAPELLE DE GUINCHAY
Je remercie tout particulièrement Henri Jean BOULOUIS et Christelle MAUREY pour
leur aide durant la rédaction de cette thèse. Ils ont su me consacrer le temps nécessaire
et me prodiguer les conseils utiles pour le bon cheminement de mon travail.

Je tiens à faire des remerciements :

A mes parents qui ont su me soutenir pendant ces longues années d’études,

A mes sœurs,

A Amandine pour son soutien et son amour,

A mes amis mâconnais,

A Tibo(ul) pour les franches rigolades et les parties de pêche mémorables,

A Bertrand pour ses discutions interminables surtout en fin de soirée,

A Cht’i pour ses toutes ces inventions et ses fous rires,

Aux deux Alexandra,

A Damien pour les longues parties de cartes et d’Elixir,

A Adrien pour toutes ces soirées,

A Eva,

A Alexandre,

A Véronique,

A Michoul et toute la bande,

A mes amis vétérinaires, joueurs de tarot devant l’éternel,

A Ludovic, pour sa joie de vivre malgré les aléas de la vie et pour son franc parler,

A Adrien pour sa gentillesse et son calme,

A Audrey pour tout le temps passés ensemble depuis le bac et pour les premières
semaines de galères inoubliables en arrivant à l’ENVA,

A Marlène pour sa gaieté et son petit caractère,

A ma famille,

A mes grands-mères.
TABLE DES MATIERES

Introduction……………………………………………………………………………...7

PREMIERE PARTIE : ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE ..................................... 9


I. PRESENTATION DES CORYNEBACTERIES........................................ 11
A. LA FAMILLE DES CORYNEBACTERIACEAE ............................................... 11
B. LE GENRE CORYNEBACTERIUM................................................................... 11
II. L’ESPECE CORYNEBACTERIUM UREALYTICUM ................................ 13
A. Habitat................................................................................................................. 13
B. Caractères bactériologiques ................................................................................ 13
1 Aspects microscopiques.................................................................................. 13
2 Particularités phénotypiques ........................................................................... 14
3 Caractères biochimiques ................................................................................. 14
4 Caractères culturaux, aspects macroscopiques ............................................... 14
5 Difficultés de culture de C. urealyticum et prévalence chez l’homme ........... 15
C. Identification....................................................................................................... 15
1 Méthodes biochimiques .................................................................................. 15
2 Galerie d’identification rapide ........................................................................ 16
a) Galerie API Coryne .................................................................................... 16
b) Galerie API 20S .......................................................................................... 16
3 Méthodes chimiotaxonomiques ...................................................................... 17
4 Méthodes génomiques .................................................................................... 17
a) Amplification des séquences encadrées par les gènes de l’ARNr 16S-23S17
b) Le ribotypage .............................................................................................. 18
D. Antibiogramme ................................................................................................... 18
1 Les β-lactamines ............................................................................................. 18
2 Les quinolones ................................................................................................ 18
3 Les glycopeptides ........................................................................................... 19
4 Les tétracyclines ............................................................................................. 19
5 Les macrolides ................................................................................................ 19
6 Rifampicine..................................................................................................... 20
7 Autres familles................................................................................................ 20
8 Influence des facteurs externes dans la résistance aux antibiotiques.............. 20
a) Environnement et antibiothérapie............................................................... 20
b) pH et efficacité de l’antibiothérapie............................................................ 20
E. Pouvoir pathogène .............................................................................................. 21
1 Chez l’homme................................................................................................. 21
a) Généralités .................................................................................................. 21
b) Tractus urinaire ........................................................................................... 21
2 Chez le chien et le chat ................................................................................... 22
III. INFECTION DU TRACTUS URINAIRE PAR CORYNEBACTERIUM
UREALYTICUM CHEZ L’HOMME ............................................................... 23
A. Facteurs de prédispositions................................................................................. 23
B. Symptômes.......................................................................................................... 23
C. Diagnostic différentiel ........................................................................................ 24

1
D. Examens complémentaires et lésions ................................................................. 25
1 Analyse d’urine............................................................................................... 25
2 Examen bactériologique urinaire .................................................................... 25
3 La polymerase chain reaction (PCR) .............................................................. 25
4 Radiographie abdominale ............................................................................... 25
a) Sans produit de contraste ............................................................................ 25
b) Urétrographie intraveineuse........................................................................ 26
5 Echographie abdominale................................................................................. 26
6 Endoscopie vésicale........................................................................................ 27
7 Examen histologique....................................................................................... 28
8 Scanner............................................................................................................ 28
E. Diagnostic ........................................................................................................... 30
F. Complications ..................................................................................................... 30
G. Traitement........................................................................................................... 31
H. Prophylaxie ......................................................................................................... 33
I. Pronostic ............................................................................................................. 33

DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE ...................................... 35


I. MATERIELS ET METHODES ............................................................... 37
A. Sélection des dossiers ......................................................................................... 37
B. Méthodologie ...................................................................................................... 37
1 Examen des urines .......................................................................................... 37
2 Milieux de culture utilisés et conditions de culture ........................................ 38
3 Identification de C. urealyticum ..................................................................... 38
C. Recueil des informations .................................................................................... 38
II. RESULTATS.......................................................................................... 39
A. Animaux.............................................................................................................. 39
B. Antécédents pathologiques et facteurs de prédisposition à l’infection du tractus
urinaire par C. urealyticum ......................................................................................... 39
C. Infections du tractus urinaire précédant celle à C. urealyticum.......................... 42
D. Antibiothérapie préalable.................................................................................... 43
E. Caractéristiques cliniques ................................................................................... 43
1 Symptômes généraux et examen clinique....................................................... 43
2 Symptômes urinaires....................................................................................... 43
F. Examen macroscopique des urines ..................................................................... 44
G. Echantillons d’urines et examen microscopique des urines ............................... 44
1 Caractère phisico-chimique des urines ........................................................... 45
2 Examen du culot urinaire................................................................................ 45
H. Analyse sanguine ................................................................................................ 46
1 Paramètres biochimiques ................................................................................ 46
2 Numération formule sanguine (NFS) ............................................................. 47
I. Imagerie .............................................................................................................. 47
1 Radiographie abdominale ............................................................................... 47
2 Echographie abdominale................................................................................. 47
J. Aspects macroscopiques du tractus urinaire....................................................... 48
K. Analyse histologique........................................................................................... 48
L. Composition des calculs ..................................................................................... 49
M. Délai écoulé entre les manipulations urologiques et les symptômes.............. 50
N. Délai écoulé entre les symptômes et le diagnostic ............................................. 51
O. Résultats d’EBU ................................................................................................. 51

2
1 Bactérie isolée................................................................................................. 52
2 Prévalence de l’infection ................................................................................ 52
3 Antibiogramme ............................................................................................... 52
P. Traitement et suivi .............................................................................................. 53
Q. ITU causée par d’autres germes après C. urealyticum ....................................... 54
III. DISCUSSION ......................................................................................... 55

Conclusion……………………………………………………………………………...59

3
TABLES DES FIGURES ET DES TABLEAUX

FIGURES
FIGURE 1 : MECANISME D'ACTION DE L'UREASE BACTERIENNE ........................................ 22
FIGURE 2 : RADIOGRAPHIE SANS PREPARATION MONTRANT UNE CALCIFICATION DE LA
VESSIE ...................................................................................................................... 26
FIGURE 3 : ECHOGRAPHIE VESICALE MONTRANT UN EPAISSISSEMENT PARIETAL AVEC
DEUX COUCHES DISTINCTES. LA COUCHE SUPERFICIELLE (FLECHE BLANCHE) EST
ECHOGENE ET CORRESPOND A L’INCRUSTATION DE L’UROTHELIUM. LA COUCHE
PROFONDE (FLECHE NOIRE) EST HYPOECHOGENE ET CORRESPOND AU DETRUSOR.... 26
FIGURE 4 : A : COUPE LONGITUDINALE ECHOGRAPHIQUE DU REIN GAUCHE MONTRANT
DES STRUCTURES ECHOGENES (FLECHES) DANS LE BASSINET AVEC DES CONES
D’OMBRES ASSOCIES, POUVANT CORRESPONDRE A DES INCRUSTATIONS OU A DES
CALCULS. ................................................................................................................. 27
FIGURE 5 : CE SCANNER SANS PREPARATION MONTRE DES CALCIFICATIONS
MINUSCULES DE L’UROTHELIUM (FLECHES). CES INCRUSTATIONS SONT FINES,
REGULIERES ET SUPERFICIELLES. ............................................................................. 29
FIGURE 6 : A, CCANNER SANS PRODUIT DE CONTRASTE MONTRANT UNE CALCIFICATION
EPAISSE (FLECHES) DE LA PAROI UROTHELIALE RENALE .......................................... 29
FIGURE 7 : A, SCANNER SANS PRODUIT DE CONTRASTE MONTRANT UNE CALCIFICATION
EPAISSE DU LA PAROI UROTHELIALE RENALE (FLECHES) .......................................... 30
FIGURE 8 : CRISTAUX DE PHOSPHATE AMMONIACO MAGNESIEN .................................... 46
FIGURE 9 : 9A IMAGE ECHOGRAPHIQUE CARACTERISTIQUE D'UNE CYSTITE INCRUSTEE A
CORYNEBACTERIUM UREALYTICUM : PAROI EPAISSIE (6MM) AVEC UN CONTOUR
MUQUEUX TRES IRREGULIER ET DES INCRUSTATIONS MINERALISEES DE LA PAROI
VESICALE. LA LUMIERE VESICALE CONTIENT DE TRES NOMBREUX CALCULS. .......... 48
FIGURE 10 : CALCUL DE STRUVITE EXTRAIT DU CHIEN 3 PRESENTANT UNE INFECTION A
CORYNEBACTERIUM UREALYTICUM ............................................................................ 49
FIGURE 11 : DELAI ECOULE ENTRE LES MANIPULATIONS UROLOGIQUES ET LES
SYMPTOMES ............................................................................................................. 50
FIGURE 12 : DELAI ECOULE ENTRE L’APPARITION DES SYMPTOMES ET LE DIAGNOSTIC. .. 51

TABLEAUX
TABLEAU 1: CARACTERISTIQUES DES 7 CHIENS RETENUS ................................................ 39
TABLEAU 2 : CARACTERISTIQUES DES 7 CHATS RETENUS ................................................ 39
TABLEAU 3 : ANTECEDENTS PATHOLOGIQUES ET FACTEURS PREDISPOSANT A
L’INFECTION DE C. UREALYTICUM ............................................................................. 41
TABLEAU 4 : ITU PAR DIFFERENTS GERMES PRECEDANT L’ITU PAR C.UREALYTICUM...... 42
TABLEAU 5 : SYMPTOMATOLOGIE DES 14 ANIMAUX ATTEINTS PAR CORYNEBACTERIUM
UREALYTICUM ........................................................................................................... 44
TABLEAU 6: ANALYSE DES ECHANTILLONS D’URINE ....................................................... 45
TABLEAU 7 : COMPOSITION DES CALCULS ....................................................................... 49
TABLEAU 8 : DELAI ECOULE ENTRE LES MANIPULATIONS UROLOGIQUES ET
L'APPARITION DES SYMPTOMES ................................................................................ 50
TABLEAU 9 : DELAI ECOULE ENTRE LES SYMPTOMES ET LE DIAGNOSTIC .......................... 51
TABLEAU 10 : SYNTHESE DE L’ANTIBIOSENSIBILITE DES DIFFERENTS GERMES ISOLES .... 53

4
TABLE DES ANNEXES
ANNEXE 1 : RESULTATS D’UROCULTURE DU CHIEN 1 ...................................................... 63
ANNEXE 2 : ANTIBIOGRAMME D’UROCULTURE DU CHIEN 1 ............................................. 66
ANNEXE 3 : RESULTATS D’UROCULTURE DU CHIEN 1 ...................................................... 67
ANNEXE 4 : ANTIBIOGRAMME D’UROCULTURE DU CHIEN 1 ............................................. 68
ANNEXE 5: RESULTATS D’UROCULTURE DU CHIEN 2 ....................................................... 69
ANNEXE 6: ANTIBIOGRAMME D’UROCULTURE DU CHIEN 2 .............................................. 70
ANNEXE 7: RESULTATS D’UROCULTURE DU CHIEN 2 ....................................................... 71
ANNEXE 8: RESULTATS D’UROCULTURE DU CHIEN 3 ....................................................... 72
ANNEXE 9: ANTIBIOGRAMME D’UROCULTURE DU CHIEN 3 .............................................. 73
ANNEXE 10: RESULTATS D’UROCULTURE DU CHIEN 4 ..................................................... 74
ANNEXE 11: ANTIBIOGRAMME D’UROCULTURE DU CHIEN 4 ............................................ 75
ANNEXE 12: RESULTATS D’UROCULTURE DU CHIEN 5 ..................................................... 76
ANNEXE 13: ANTIBIOGRAMME D’UROCULTURE DU CHIEN 5 ............................................ 77
ANNEXE 14: RESULTATS D’UROCULTURE DU CHIEN 5 ..................................................... 78
ANNEXE 15: ANTIBIOGRAMME D’UROCULTURE DU CHIEN 5 ............................................ 79
ANNEXE 16: RESULTATS D’UROCULTURE DU CHIEN 6 ..................................................... 80
ANNEXE 17: ANTIBIOGRAMME D’UROCULTURE DU CHIEN 6 ............................................ 81
ANNEXE 18: RESULTATS D’UROCULTURE DU CHIEN 7 ..................................................... 82
ANNEXE 19: ANTIBIOGRAMME D’UROCULTURE DU CHIEN 7 ............................................ 83
ANNEXE 20: RESULTATS D’UROCULTURE DU CHAT 1 ...................................................... 84
ANNEXE 21: ANTIBIOGRAMME D’UROCULTURE DU CHAT 1 ............................................. 85
ANNEXE 22: RESULTATS D’UROCULTURE DU CHAT 2 ...................................................... 86
ANNEXE 23: ANTIBIOGRAMME D’UROCULTURE DU CHAT 2 ............................................. 87
ANNEXE 24: RESULTATS D’UROCULTURE DU CHAT 3 ...................................................... 88
ANNEXE 25: ANTIBIOGRAMME D’UROCULTURE DU CHAT 3 ............................................. 89
ANNEXE 26: RESULTATS D’UROCULTURE DU CHAT 4 ...................................................... 90
ANNEXE 27: ANTIBIOGRAMME D’UROCULTURE DU CHAT 4 ............................................. 91
ANNEXE 28: ANTIBIOGRAMME D’UROCULTURE DU CHAT 4 ............................................. 92
ANNEXE 29: RESULTATS D’UROCULTURE DU CHAT 5 ...................................................... 93
ANNEXE 30: ANTIBIOGRAMME D’UROCULTURE DU CHAT 5 ............................................. 94
ANNEXE 31: RESULTATS D’UROCULTURE DU CHAT 6 ...................................................... 95
ANNEXE 32: ANTIBIOGRAMME D’UROCULTURE DU CHAT 6 ............................................. 96
ANNEXE 33: RESULTATS D’UROCULTURE DU CHAT 7 ...................................................... 97
ANNEXE 34: ANTIBIOGRAMME D’UROCULTURE DU CHAT 7 ............................................. 98

5
6
INTRODUCTION

Les corynébactéries sont peu connues dans les affections des carnivores
domestiques (chiens et chats). Considérées comme des opportunistes, elles deviennent
pathogènes chez les patients immunodéprimés. Décrit en médecine humaine, depuis les
années 1910, Corynebacterium urealyticum est identifié comme responsable d’infection
grave de l’appareil urinaire en particulier chez les patients présentant des facteurs
favorisants.
Le premier cas d’infection chez l’homme impliquant ce germe de façon certaine
a été rapporté en 1979 par JACOBS et PERLINO (12). Ce germe a été isolé par
aspiration transtrachéale sur un patient débilité atteint d’une pneumonie. Ce germe
identifié comme C. urealyticum était sensible à la pénicilline, seul cas décrit où ce
germe était sensible à cet antibiotique.
Le premier cas d’infection de l’appareil urinaire par cette bactérie fut décrit en
1985. SORIANO (12) recensait quatre cas de cystites incrustées alcalines dues à
Corynebacterium urealyticum isolé à partir d’uroculture et de la mise en culture des
calculs prélevés.
Elle est décrite chez le chien pour la première fois en 1992. Les conditions de
culture particulières de ce germe peuvent expliquer en partie le sous diagnostic de cette
infection. Les rares cas décrits (21 cas dont 7 chats et 14 chiens), font état d’infections
urinaires particulièrement sévères et invalidantes. Une meilleure connaissance des
particularités épidémiologiques, symptomatologiques et thérapeutiques de l’infection à
Corynebacterium urealyticum a justifié la réalisation de l’étude rétrospective qui vous
est présentée.
Entre 1998 et 2004, le laboratoire de bactériologie de l’Ecole Nationale
Vétérinaire d’Alfort a isolé différentes espèces de Corynebacterium à partir de
prélèvements urinaires réalisées en consultation d’urologie. Cette étude rétrospective
regroupe quatorze cas d’infection urinaire par Corynebacterium urealyticum, 7 chiens
(2 femelles et 5 mâles) et 7 chats mâles.

7
8
PREMIERE PARTIE : ETUDE
BIBLIOGRAPHIQUE

9
10
I. PRESENTATION DES CORYNEBACTERIES

Les corynebactéries ont été découvertes en 1883 quand Klebs identifia le bacille
diphtérique lors d’examens des fausses membranes issus des patients atteints de croups.
Elles sont également appelées bacilles corynéformes ou bacilles diphtéroïdes.

Elles ont une origine différente :


- pathogènes ou saprophytes (des muqueuses ou de la peau)
- environnement.

Ces bacilles, à coloration de gram positive, ont une forme irrégulière comportant
un renflement à une extrémité et ont été appelés corynébactéries, coryne signifiant
massue en grec.

A. LA FAMILLE DES CORYNEBACTERIACEAE

Elle intègre un seul genre : Corynebacterium (32). Elle est caractérisée par la
présence dans la paroi bactérienne d’acide méso-diaminopimélique, d’arabinose et de
galactose et d’acides gras particuliers, les acides mycoliques dont la longueur des
chaînes carbonées permet une diagnose de genre et d’espèce. Ces critères définissent
une paroi cellulaire de type IV (31).

B. LE GENRE CORYNEBACTERIUM

Les bactéries de ce genre sont majoritairement de type respiratoire anaérobie


facultatif mais certaines espèces telles que C. urealyticum ont une croissance très faible,
voire nulle en anaérobiose. Ces bacilles sont disposés en palissade ou en « lettres
chinoises » et présentent souvent une multirésistance aux antibiotiques.

Ce genre possède les mêmes caractéristiques que la famille des


Corynebacteriaceae. Les acides mycoliques comptent entre 22 et 36 atomes de
carbones et le contenu de G + C (guanine + cytosine) de l’ADN est compris entre 61 et
74% (32, 6). La composition de la paroi compte une ménaquinone dihydrogénée avec 8
et ou 9 unités isoprènes.

Quatre groupes se distinguent selon l’étude de RUIMY et al. (32) définis grâce à
3 méthodes phylogénétiques (les méthodes utilisées sont : neighbor-joining method,
maximum probability method, parsimony maximum method) comparant les séquences
de sous-unités d’ADN ribosomal :
- Groupe I : cette unité monophylétique regroupe la majorité des individus du
genre.
- Groupe II : il est composé d’une seule bactérie. Elle est exclue du groupe I du
fait de son taux particulier de mutation qui rendait le groupe instable.
- Groupe III : il regroupe seulement 4 germes dont Corynebacterium urealyticum.
La robustesse de ce groupe est douteuse puisque les bactéries n’ont été

11
identifiées seulement par neighbor-joining method et par maximum probability
method. Tous sauf C. jeikeium ont une paroi composée d’acide
tuberculostéarique. De plus, C. jeikeium et C. urealyticum sont très proches l’un
de l’autre avec un type respiratoire aérobie stricte et des résistances aux mêmes
antibiotiques.
- Groupe IV : ce groupe robuste est assez proche des autres Corynebacteria avec
une corrélation ADN-ADN supérieure à 90%.

12
II. L’ESPECE CORYNEBACTERIUM UREALYTICUM

Décrite et reconnue pour la première fois en 1972 par KING et son équipe du
CDC (Centers Disease Control) d’Atlanta, cette espèce fut nommée tout d’abord
Corynebacterium du groupe D2. Sa nouvelle dénomination, Corynebacterium
urealyticum, est donnée en 1992 par RIEGEL et al.

A. Habitat

Cette bactérie semble faire partie de la flore cutanée de l’homme en tant que
saprophyte mais une incertitude subsiste tout de même sur son habitat. Néanmoins, 25 à
37% des sujets hospitalisés ont un portage cutané (10), contre 12% chez des individus
sains (22). Elle se situe plus particulièrement sous le creux de l’aisselle, en régions
inguinales, périnéales et rectales. Son habitat reste favorisé par une sélection aux
antibiotiques. Selon AGUADO et al., 90% des patients de son étude porteurs de C.
urealyticum ont subi une antibiothérapie auparavant (24, 38). Cette colonisation est
également favorisée par un séjour prolongé en hospitalisation. Les patients en
hospitalisation longue de 6 à 24 mois sont significativement plus contaminés que les
patients présents depuis moins de 6 mois (38).

SORIANO et al. trouvent une colonisation cutanée plus fréquente chez les
femmes que chez les hommes. Par contre, il n’existe pas de différence significative
entre la colonisation cutanée des immunocompétents et des immunodéficients (38).

Cette bactérie est aussi présente dans l’environnement. SORIANO et al. (27) ont
montré que l’ensemble des 48 échantillons prélevés dans l’air des chambres occupées
est positif. Par opposition, elle est très rarement présente sur les surfaces (un échantillon
parmi 64) et dans les salles autres que les chambres, comme la librairie ou le
laboratoire. De plus, aucun lien n’a été trouvé entre la présence d’un malade indemne de
C. urealyticum dans une chambre et la présence de ce germe dans l’air.

Néanmoins, C. urealyticum n’a pas pu être isolé de la peau des carnivores


domestiques avec ou sans infection par C. urealyticum. Par conséquent, la source de
contamination reste inconnue (9). EUZEBY décrit une flore cutanée contenant le genre
Corynebacterium sans toutefois préciser les espèces présentes (10).

B. Caractères bactériologiques

1 Aspects microscopiques
C. urealyticum se présente sous forme de coccobacilles effilés ou en massue, de
0,5 à 1µm de diamètre, à coloration de Gram positive, non acido-résistants, groupés en
V, en « lettres chinoises » ou en palissade, jamais en chaînette, sans ramification ni
spore. Elles peuvent contenir des granules métachromatiques de polyphosphates. Elles

13
sont immobiles et aérobies strictes (30). Néanmoins une croissance très faible en
anaérobie est possible, la classant donc dans la catégorie aéro-anaérobie facultative (10).

2 Particularités phénotypiques
Les chaînes des acides mycoliques majoritaires comptent entre 28 et 32 atomes
de carbones et sont biinsaturées. De plus, la présence d’acide 10-méthylène stéarique est
relatée sur quelques souches de C. urealyticum (31).
Selon les études, le contenu G + C de l’ADN est compris entre 61-62% et 65-
66% (10, 31), valeur comprise dans la fourchette de valeur de la famille.
La présence d’un peptidoglycane de type A1γ (c’est-à-dire reliant un groupe
amine du troisième peptide d’un tétrapeptide au groupement carboxyle du D-alanine
d’un second tétrapeptide, avec la présence d’acide méso-diaminopimélique en position
3 du tétrapeptide) et d’une ménaquinone de type MK-9(H2) prouve l’appartenance au
genre Corynebacterium (10).

3 Caractères biochimiques
Une réponse positive est obtenue pour les tests catalase, pyrazinamidase, leucine
aminopeptidase et uréase. La réponse positive obtenue pour le test uréase est très
intense et rapide, de l’ordre de 30 à 60 minutes (30).

Une réponse négative est obtenue pour les tests oxydase, nitrate réductase,
pyrroindonyl arylamidase, bêta-glucuronidase, bêta-galactosidase, alpha-glucosidase,
N-acétyl-bêta-glucosaminidase, hydrolyse de la gélatine et de l’esculine, test de cAMP
et acidification des sucres (30, 10).

Une réponse variable selon les souches est notée pour les tests de l’hydrolyse de
l’hippurate, phosphatase alcaline et la réaction de Voges-Proskauer (30, 10).

4 Caractères culturaux, aspects macroscopiques


Cette bactérie est très lipophile, xérotrophe pour les stérols ; il est donc
nécessaire d’ajouter des lipides naturels ou de synthèse aux milieux de culture, comme
quelques gouttes de sang (lapin ou mouton) ou du Tween 80 (0,1% à 1%) (10). Le
Tween 80 est un oléate polyéthoxysorbate, composée une variété d’acides gras de 14 à
18 atomes de carbone (6). Le sang contient des stérols via les membranes cellulaires ou
le plasma.

Sur une gélose au sang avec une atmosphère enrichie en CO2 et après 48 heures
d’incubation à 27°C, 37°C ou 42°C, les colonies sont petites, blanchâtres, opaques,
lisses, convexes et non hémolytiques. Sur une gélose CLED (cystine lactose électro-
déficient), les colonies sont minuscules et grisâtres (10).
Sur le milieu de MUELLER HINTON, toutes les bactéries poussent entre pH 7
et 9 mais pas à pH 10 alors que C. urealyticum est indifférente au pH (37).
La croissance est quasiment nulle sur milieu nutritif simple (29).
Après 48 heures d’incubation, aucune colonie n’est observée sur un milieu de
MacConkey ou sur une gélose au sang incubée en anaérobiose (10).

14
Un milieu sélectif pour l’isolement de C. urealyticum utilisé en médecine humaine
est composé de :
- tween 80 (10mL)
- fosfomycine (100mg)
- cefotaxime (32mg)
- 5-fluorocytosine (200mg)
- agar (20g)
- sang de mouton (50mL)
- eau distillée (qsp 1L)
Il est enrichi en lipide pour une meilleure croissance et en antibiotique pour éliminer les
germes contaminants.

Pour de meilleurs résultats, l’enrichissement des cultures en CO2 ainsi qu’une


incubation de plus de 48 heures est recommandée (10). Sa croissance lente encourage à
conserver les milieux de culture 72 heures.

5 Difficultés de culture de C. urealyticum et


prévalence chez l’homme
La prévalence de la contamination des urines par C. urealyticum chez l’homme
est très imprécise et aucune étude n’a pu apporter des résultats fiables. Des fréquences
disparates sont relatées. WALKDEN et al. rapportent une fréquence de contamination
de 0,038% sur milieu non spécifique et 1,17% sur milieu spécifique alors que De
BRIEL et al. isolent ce germe sur 8,1% des échantillons d’urine issus d’une sélection de
patients (33).
L’étude de RYAN montre que seul deux de leurs 194 échantillons d’urine, urine
ayant un pH supérieur à 7, sont contaminés par C. urealyticum (33). SORIANO et al
trouvent un taux de contamination de 1,9% et 0,23% respectivement sur milieux
sélectifs et non sélectifs (40).

Par conséquent, l’utilisation d’un milieu sélectif en routine et d’une incubation


longue n’est pas justifiée pour la mise en évidence de cette bactérie. Par opposition, la
décision de réaliser une culture sur milieu spécifique doit être guidée par des signes
cliniques évocateurs de cette maladie comme la présence de cristaux de struvite dans
une urine alcaline contenant des cellules inflammatoires (33, 40).

C. Identification

1 Méthodes biochimiques
Les caractères biochimiques permettent une bonne identification. Ces caractères
sont décrits auparavant. Une autre particularité reste la lipophilie de cette espèce. Elle se
détecte par comparaison de la croissance sur un milieu nutritif simple (gélose trypticase-
soja, bouillon cœur-cervelle) et la croissance sur ce même milieu additionné de Tween
80 ou de sérum de cheval. On observe des colonies plus grosses sur milieu supplémenté
et un trouble uniquement dans le bouillon supplémenté en lipides. On peut aussi déposer
une goutte de Tween 80 sur une gélose et observer une augmentation de croissance en
regard de cette goutte (29).

15
Une partie de ces critères biochimiques est regroupée dans le système de galerie
API.

2 Galerie d’identification rapide


Plusieurs modèles de galeries API (Biomérieux) existent. La galerie API Coryne
a été conçue spécifiquement pour identifier les corynébactéries. Néanmoins, il est
possible d’utiliser la galerie API 20S pour mettre en évidence C. urealyticum.

a) Galerie API Coryne


L’identification est effectuée par les galeries API Coryne. Elles permettent de
réaliser 21 tests biochimiques dont 11 tests enzymatiques (pyrazinamidase, pyrrolidonyl
arylamidase, β-galactosidase, phosphatase alcaline, α-glucosidase, N-
acétylglucosaminidase, β-glucuronidase, réduction des nitrates et hydrolyse de la
gélatine, de l’urée et de l’esculine), 8 tests de fermentation (glucose, ribose, D-xylose,
mannitol, maltose, lactose, sucrose, glycogène et un témoin négatif) et l’activité catalase
(13). Les codes correspondant à C. urealyticum sont 2101004 et 2001004 si les qualités
de l’inoculum (culture jeune et densité correcte) et le mode opératoire sont suivis
scrupuleusement (10).
Les 14 souches de C. urealyticum identifiées par les tests phénotypiques ont
aussi été identifiées grâce à l’utilisation de la galerie API coryne. Ce test ne montre
aucune faille, d’après l’étude de FRENEY et al., vis-à-vis de cette souche (13, 29).
L’étude réalisée par FUNKE et al. aboutit aux mêmes conclusions concernant la galerie
API 2.0 (14).
Néanmoins, les souches bactériennes uréase positive de C. mastitidis ont un code
identique aux souches phosphatase alcaline de C. urealyticum mais ces souches ont des
origines et une sensibilité aux antibiotiques différentes. En effet, C. mastitidis est isolé
chez la brebis alors que C. urealyticum est isolé chez l’homme et chez les carnivores
(10).
De même, en galerie API Coryne, C. suicordis obtient le même code (2101004)
que C. urealyticum mais des caractères phénotypiques permettent de les différencier. C.
suicordis est un germe anaérobie et non lipophile, à l’opposé de C. urealyticum (10).

b) Galerie API 20S


Les galeries API 20S permettent une identification rapide des corynébactéries
aérobies multirésistantes, c'est-à-dire Corynebacterium des groupe JK et C. urealyticum.
Néanmoins, il est nécessaire d’augmenter la concentration de l’inoculum pour obtenir
des résultats reproductibles et une coloration franche des puits de la galerie. Toutes les
souches de Corynebacterium des groupe JK et C. urealyticum hydrolysent l’acétate
indoxyl et le p-nitrophénylphosphate mais aucune autre corynébactérie. Toutes les
souches de C. urealyticum produisent une N-acétylglucosaminidase et ont une activité
uréasique rapide contrairement aux corynébactéries du groupe JK. Ces deux critères
permettent ainsi leur différenciation.
C. urealyticum est le groupe le plus diversifié avec des souches produisant une
arginine aminopeptidase, une β-glucosidase. Ainsi trois profils sont obtenus et
possèdent les codes 0244010, 0244012, 4244010 (20).

16
3 Méthodes chimiotaxonomiques
La chromatographie liquide haute performance (HPLC) permet la mise en
évidence des acides corynomycoliques ainsi que la chromatographie en couche mince et
en phase gazeuse (29). Son efficacité fait que cette technique est valable, comparée à
l’analyse G + C, pour identifier les espèces du genre Corynebacterium. Néanmoins, elle
est longue et délicate et est donc supplantée par l’identification génomique. De plus, elle
ne permet pas d’établir une corrélation entre le pic et sa composition en acide
corynomycoliques.
Une comparaison entre la HPLC et l’analyse G + C montre que la HPLC est plus
sensible pour l’identification du germe C. urealyticum (7).

La détermination des acides gras cellulaires par chromatographie en phase


gazeuse est disponible en technique semi-automatique et permet une bonne orientation
au niveau du genre et parfois au niveau de l’espèce.
L’analyse des profils électrophorétiques des protéines par SDS-PAGE permet
une identification au niveau de l’espèce mais nécessite une comparaison avec une
banque de résultats propre à chaque laboratoire. Par conséquent, cette méthode est peu
exploitable en routine.

4 Méthodes génomiques
Ces méthodes sont de plus en plus utilisées en identification bactérienne en
raison de l’avènement de l’amplification génique (Polymérase Chain Reaction, PCR) et
de progrès technologiques (séquenceurs automatiques, banque de données accessibles
par Internet…)

L’identification des corynébactéries peut se faire par comparaison du gène


codant pour l’ARNr 16S dont la quasi-totalité des séquences se trouvent dans des
banques de données. L’analyse du polymorphisme de restriction de ce gène peut être
réalisée après amplification et permet une identification rapide.

a) Amplification des séquences encadrées par


les gènes de l’ARNr 16S-23S
C. urealyticum produit une seule combinaison PCR et un seul modèle. Il existe
une réelle homogénéité génomique qui donne un seul produit d’amplification. Cela
s’explique par un faible taux de polymorphisme génétique de l’ARNr dans cette espèce
(1). Ce résultat est concordant avec les résultats de l’expérience de la parenté d’ADN
réalisée par RIEGEL et al. En effet, le taux de parenté d’ADN des 21 souches testées
varie de 82 à 100%, ce qui forme un groupe étroit d’hybridation. Une autre étude
réalisée par AUBEL et al. (1) montre que les 13 souches isolées entre 1982 et 1988 dans
différents hôpitaux ont un profil de PCR identique. Ce profil est très similaire à celui de
C. diphteriae mais les tests biochimiques comme la réduction des nitrates et la
production d’uréase permettent la distinction. De plus, les symptômes sont différents.
L’analyse des longueurs de polymorphisme est la plus fréquemment utilisée
pour l’identification des Corynebacterium du fait de son utilisation facile en laboratoire.

17
b) Le ribotypage
Le ribotypage est une méthode complémentaire aux examens biochimiques pour
l’identification des corynébactéries (4).

L’identification de C. urealyticum repose sur les critères morphologiques et


culturaux, sur la présence d’une catalase et d’une forte activité uréasique, sur l’absence
d’oxydase et de nitrate réductase et d’acidification des sucres, sur la stimulation de la
croissance par le Tween et sur sa résistance aux antibiotiques, en particulier à la
pénicilline. En effet, cette antibiorésistance fait partie des critères de reconnaissance
pour identifier cette espèce bactérienne.

D. Antibiogramme
C. urealyticum est connu pour ses multirésistances et fait l’objet de nombreux
essais, majoritairement in vitro.

1 Les β-lactamines
Ce germe présente une résistance aux β-lactamines ; pénicillines et
céphalosporines ; avec des CMI (Concentration moyenne inhibitrice) supérieures à
32mg/l et 128mg/l respectivement selon PHILIPPON, ROUVEAU et ARLET (28).
Toutes les souches sont résistantes à l’ampicilline et à la céphalotine quelque
soit le pH du milieu de culture (pH de 7,4 ou 8,5) selon Margarita SANTAMARIA et al
(35).
Selon GARCIA RODRIGUEZ et al., Corynebacterium urealyticum est résistant
à l’ensemble des pénicillines, des combinaisons de pénicillines et aux inhibiteur de β-
lactamase (CMI >128 µg/l). Il est résistant également aux céphalosporines, qu’elles
soient à large spectre ou de quatrième génération, génération conçue pour être active sur
les bactéries à coloration de gram positive. Le mode de résistance reste inconnu. Seules
la céfoxitine et le latamoxef (céphalosporines de troisième génération) ont des
résistances partielles, respectivement de 74% et 88%. L’activité de la céfoxitine est
nettement meilleure que celle des autres β-lactamines mais reste néanmoins insuffisante
en vue d’un traitement. Des résistances ont également été décrites pour les pénèmes
(imipénème et méropénème) appartenant à la famille des β-lactamines (17).

2 Les quinolones
L’étude de PHILIPPON, ROUVEAU et ARLET démontre une action variable
de la ciprofloxacine (28). Ces résultats concordent avec ceux obtenus par les chercheurs
de l’hôpital universitaire de Salamanque. En effet, seulement 20,3% de C. urealyticum
sont sensibles à la ciprofloxacine, la majorité des souches étant résistantes (6). La
moxifloxacine a une activité accrue par rapport à celle de la ciprofloxacine mais
uniquement sur les souches sensibles à cette dernière.
Toutes les souches sont sensibles à la norfloxacine selon Margarita
SANTAMARIA et al. (35).
Les résistances de ce germe contre les quinolones sont supérieures à 50% pour
l’ensemble des quinolones avec des valeurs comprises entre 53% et 90%. En particulier,
76% des isolats sont résistants à la norfloxacine, ayant une CMI égale à 128 µg/ml. Ces

18
résultats divergent de l’étude réalisée par Margarita SANTAMARIA et al. montrant une
bonne sensibilité du germe à la norfloxacine. L’activité des fluoroquinolones reste
irrégulière (17).

L’ofloxacine, la sparfloxacine, la ciprofloxacine, la témafloxacine sont les


quinolones les plus actives. L’efficacité de ces antibiotiques augmente avec leur activité
intrinsèque et leur activité contre les bactéries à coloration de Gram positive. Cependant
l’ofloxacine est la plus efficace et possède moins d’activité intrinsèque que les
fluoroquinolones comme la ciprofloxacine et n’est pas dirigée contre les bactéries à
coloration de Gram positive (17, 39).

3 Les glycopeptides
Aucune résistance n’a été décrite pour les glycopeptides (28, 35, 17, 34). Les
CMI de ces antibiotiques sont de 0,5 mg/l pour la vancomycine et la téicoplanine (17).
Ces molécules sont préconisées comme le traitement de choix des infections étendues et
systémiques mais aussi des infections du tractus urinaire à C. urealyticum. L’utilisation
de la téicoplanine est une bonne alternative à celle de la vancomycine, grâce à sa
pharmacocinétique et la possibilité d’une injection intramusculaire (17).

4 Les tétracyclines
Une position intermédiaire de résistance a été décrite pour la tétracycline, avec 4
souches sensibles, 20 souches ayant une CMI comprise entre 4 et 16 µg/ml et 6 souches
ayant une CMI comprise entre 32 et 64 µg/ml (35). La même constatation est faite par
l’équipe de l’hôpital de Salamanque, où 64% des souches testées sont résistantes à la
tétracycline.
La doxycycline donne de meilleurs résultats avec une efficacité sur 98% des
souches et la CMI de la seule souche résistante est une concentration facilement atteinte
dans les urines. Néanmoins son action bactériostatique est insuffisante sur des patients
atteints par cette bactérie, patients souvent immunodéprimés (17).

5 Les macrolides
L’activité de l’érythromycine est variable. Sur 30 souches, 5 ont une CMI < 0,25
µg/ml, 2 ont une CMI comprise entre 64 et 128 µg/ml et 23 sont résistantes (CMI >
1024 µg/ml). De plus, une seule souche parmi les 30 est sensible à la gentamicine (CMI
< 0,25 µg/ml) (35).
Une seconde étude montre que l’ensemble des souches est résistant à
l’érythromycine (CMI > 16 mg/l) et ces résultats concordent avec une autre étude
réalisées sur 20 souches testant l’érythromycine et la télithromycine (CMI > 16 mg/l).
Néanmoins une dernière étude vient nuancer ces résultats, montrant une majorité de
souches sensibles parmi les 27 testées. De plus, la télithromycine aurait une action 4
fois supérieure à celle de l’érythromycine (34).

Par conséquent, les souches de C. urealyticum ont une résistance variable aux
macrolides et surtout très hétérogène suivant les études (28). Il est donc conseillé de les
utiliser après avoir obtenu les résultats de l’antibiogramme et en aucun cas en première
intention.

19
6 Rifampicine
Elle est efficace sur 74% des souches selon GARCIA RODRIGUEZ et al. Mais
son utilisation seule n’est pas recommandée car elle peut provoquer une mutation
entraînant la résistance de ce germe à la rifampicine (17). Cette efficacité variable est
également décrite par PHILIPPON et al. (28) et sa CMI est de 0,5mg/l. Son intérêt est
l’utilisation en association d’antibiotique mais son utilisation comme antituberculeux
réduit son emploi.

7 Autres familles
C. urealyticum est résistant aux aminosides, au sulfaméthoxazole, au
triméthoprime, à la nitrofurantoïne (28), à la fosfomycine, la clindamycine et la
lincomycine.
Aucune résistance n’a été décrite pour la pristinamycine ou l’acide fusidique. La
CMI de ces antibiotiques est de 0,06 mg/l confirmant ainsi la sensibilité de ce germe à
ces antibiotiques (28). Le germe reste sensible à la novobiocine avec une CMI de
0,5mg/l (35) mais aussi à la quinipristine et dalfopristine, et au linézolide avec des
valeurs de CMI de 0,5 mg/l (35).

8 Influence des facteurs externes dans la résistance


aux antibiotiques

a) Environnement et antibiothérapie
Une étude de GARCIA BRAVO et al. (16) tente de prouver l’influence des
facteurs externes sur la résistance aux antibiotiques de C. urealyticum. Le pourcentage
de résistance de la majorité des antibiotiques testés est significativement supérieur sur
les prélèvements réalisés sur des patients hospitalisés que sur les patients non
hospitalisés. De même, la fréquence de résistance est supérieure chez les patients ayant
subi une antibiothérapie pendant le mois précédent l’infection que chez les autres. Cette
différence est néanmoins significative uniquement pour certains antibiotiques testés
comme les quinolones de troisième génération ou la gentamicine.
Une autre partie de cette étude consiste à comparer la sensibilité aux
antibiotiques des germes issus de la peau et des urines. Cette sensibilité est similaire
entre les deux lots. En conséquence, une colonisation du tractus urinaire par les germes
de la flore cutanée est une hypothèse à considérer.

En conclusion, les souches bactériennes de la peau des patients subissant une


antibiothérapie sont initialement sensibles à plusieurs antibiotiques et acquièrent leur
résistance suite à la pression antibiotique. Pour les patients non traités, une colonisation
cutanée de la part des bactéries multirésistantes présentes dans l’environnement
hospitalier remplace ainsi la flore indigène ayant une moindre antibiorésistance.

b) pH et efficacité de l’antibiothérapie
L’efficacité des antibiotiques est liée au pH rencontré dans le milieu dans lequel
il doit agir. Pour vérifier l’efficacité des antibiotiques dans des milieux différents, deux

20
pH, 7,4 et 8,5, ont été utilisés dans l’étude de Margarita SANTAMARIA et al. Le pH le
plus basique se rapproche de celui de l’urine contaminée par des germes uréasiques et
plus particulièrement C. urealyticum.
Leur conclusion fut que l’activité de l’ensemble des antibiotiques fut altérée à
pH alcalin à plus ou moins grande échelle selon les antibactériens. La norfloxacine est
la moins atteinte par une augmentation du pH. Elle est donc préconisée dans la lutte
contre les infections du tractus urinaire à C. urealyticum. La tétracycline, la novobiocine
et la rifampicine peuvent également être utilisées dans le traitement des infections
urinaires puisque la concentration d’antibiotique dans les urines est supérieure à la CMI
pour la majorité des souches testées dans cette étude (35).

Le traitement des infections urinaires par C. urealyticum ne fait l’objet d’aucun


consensus, ni d’essais cliniques contrôlés. Aucun échec n’a été rapporté avec la
vancomycine mais la fréquence d’échec est variable avec les autres antibiotiques.
Néanmoins des succès ont été obtenus avec les tétracyclines, l’érythromycine, la
norfloxacine et la rifampicine. Aucune étude ne chiffre le pourcentage d’échec.

Dans les formes cliniques autres qu’urinaires, les endocardites ou les infections
généralisées en particulier, la vancomycine a fait ses preuves contrairement à la
pristinamycine ou l’acide fusidique (28, 35).

E. Pouvoir pathogène

1 Chez l’homme

a) Généralités
Cette bactérie est responsable de péritonites, d’endocardites, de bactériémies,
d’ostéomyélites, d’infections des tissus mous et de surinfections de plaie. Plus
particulièrement, elle provoque des infections urinaires chroniques et récurrentes
survenant chez des malades âgés (moyenne de 72 ans), affaiblis par une
immunodépression, ayant des cancers vésicaux, des antécédents de troubles génito-
urinaires, un diabète sucré… souvent hospitalisés depuis longtemps. Ils sont souvent
porteurs de sonde ou ont subi des manœuvres instrumentales ou une intervention
chirurgicale.

b) Tractus urinaire
- Lithiases :
La forte activité uréasique est le point essentiel de virulence pour l’infection du
tractus urinaire. Cette activité uréasique est retrouvée chez d’autres germes en
particulier chez Klebsiella, Proteus. Cette enzyme bactérienne, comme le montre la
figure 1, favorise la fabrication de lithiase grâce à son pouvoir de dégradation de l’urée
en ammonium comme le montre la figure 2. La précipitation de phosphate de
magnésium et d’ammonium nécessite un pH supérieur à 8, pH obtenu quand l’urée est
décomposée en ammonium par l’uréase bactérienne (12). On obtient donc des calculs de
struvite nommés également calculs de phosphate ammoniaco-magnésien, mais aussi des
calculs de carbapatite. L’analyse des calculs ou des incrustations révèle une

21
composition de 50% de struvite, 15 à 35% d’apatite et de composants mineurs comme
des protéines, de l’acide urique.

Figure 1 : Mécanisme d'action de l'uréase bactérienne

Comme l’ont démontré SORIANO et al., C. urealyticum joue un rôle dans la


formation de calculs in vitro et in vivo (36):
- In vitro : l’inoculation de ce germe à des urines humaines stériles et prélevées
sur des patients sans antécédents pathologiques entraîne une augmentation du
pH et de la concentration d’ammonium et donc une diminution de la
concentration de l’urée dès 24 heures après inoculation.
- In vivo : des disques de zinc plongés dans des bouillons de culture de C.
urealyticum ont été implantés dans des vessies de rats et ont entraîné la
formation de calculs de struvite sur 100% des animaux contaminés par C.
urealyticum, qu’il soit seul ou associé à d’autres germes.

2 Chez le chien et le chat


C. urealyticum est connu pour être un agent d’infections urinaires chez les
carnivores domestiques. C. urealyticum est également responsable de bactériémie et de
septicémie. De même que chez l’homme, l’animal doit être prédisposé, c’est-à-dire
immunodéprimé, atteint d’infections urinaires ou de prostatites, possédant des
anomalies congénitales de l’appareil urinaire, ou ayant subi un sondage urinaire ou une
intervention chirurgicale parfois anciennes.
Les critères cliniques sont similaires à ceux décrits chez les humains (10).

22
III. INFECTION DU TRACTUS URINAIRE PAR
CORYNEBACTERIUM UREALYTICUM CHEZ
L’HOMME

Cette infection du tractus urinaire s’exprime chez l’homme par deux grandes
anomalies : la cystite incrustée (CI) à urines alcalines et la pyélite incrustée (PI).
La cystite incrustée est décrite dès 1914 : « la CI se caractérise, en somme, au
point de vue fonctionnel, d’une part par les phénomènes habituels de cystites, d’autre
part mais d’une façon inconstante, par l’élimination de débris incrustés, voire de
véritable gravier ».
Aujourd’hui, la CI et la PI sont caractérisées par une inflammation de la
muqueuse et par une incrustation minérale de la vessie ou du haut appareil urinaire.

A. Facteurs de prédispositions

Ils sont les suivants (22, 11):


- Sujets débilités, immunodéprimés
- Manœuvres instrumentales ou sonde urinaire à demeure
- Antécédents de troubles génito-urinaires (infections, lithiases)
- Diabète sucré
- Hospitalisation de longue durée
- Anomalies congénitales du tractus urinaire

La manœuvre urologique représentant le plus grand facteur de risque de


contamination vésicale serait le drainage vésical prolongé selon GARCIA-BRAVO et al
(16). Alors que la contamination du bassinet est favorisée par une cathétérisation
urétérale prolongée, contamination ascendante selon GARCIA-BRAVO et al (16).
Enfin la personne la plus prédisposée reste le receveur de greffe rénale. Il cumule
plusieurs facteurs de risque : traitement immunosuppressif, manœuvre urologique et
contamination possible du greffon ou du receveur pendant l’intervention chirurgicale
(24).

Une prédominance pour le sexe masculin (ratio homme / femme = 55/45) existe
mais n’est pas significative (22).
Les enfants sont également touchés par C. urealyticum et MERIA et al. (25) ont
montré que les prédispositions étaient les mêmes que pour les adultes.

B. Symptômes

SORIANO et al. (37) montre dans son étude rétrospective que les symptômes
apparaissent entre 5 et 36 mois après les manipulations urologiques. Tous les patients de
cette étude avait une atteinte chronique du tractus urinaire mais SORIANO et al. ne
tirent pas de conclusion générale quant à une nécessité de manipulations urologiques
pour déclarer une CI.

23
Les symptômes principaux de la CI se résument par (22, 24):
- Une pollakiurie
- Une dysurie
- Une incontinence
- Des brûlures urétérales
- Des urgences mictionnelles
- Un ténesme vésical
- Une hématurie souvent macroscopique voire une pyurie
- Une émission d’urines à l’odeur ammoniaquée
- Des éliminations de déchets minéralisés

Un symptôme visible lors de l’examen clinique et assez évocateur d’une CI est la


calcification du méat urinaire externe.
Une fièvre inconstante est remarquée sur 25 à 50% des patients. Un coma ainsi
qu’une hypotension sont décrits sur une femme de 70 ans par AUDARD et al. (2).

La CI se traduit par une incrustation dans la paroi vésicale de plaques calcifiées.


Cette incrustation vésicale nécessite l’union de trois conditions (22) :
1. Une lésion vésicale préalable,
- après une chirurgie trans-vésicale ou endoscopique
- spontanée après une tumeur vésicale irradiée ou non
- suite à une chimiothérapie par Mitomycine C
- une cystite chronique chez un porteur de sonde à demeure
2. Une infection urinaire
3. Une urine alcaline (facteur obligatoire)
- Due aux bactéries productrices d’uréase (Proteus sp., Salmonella…)
- Plus particulièrement C. urealyticum

La symptomatologie de la PI se base sur les mêmes signes cliniques que la CI


auxquels s’ajoutent une douleur lombaire, une fièvre plus constante et atteint
majoritairement les patients immunodéprimés (70%).

C. Diagnostic différentiel

Les lésions calcifiées de la vessie évoquent en priorité la bilharziose et la


tuberculose dans un contexte clinique évocateur. Néanmoins les calcifications sont dans
l’épaisseur de la paroi vésicale et sont donc non visibles dans la lumière vésicale. De
plus, l’urine est acide. Ces deux points diffèrent de la CI.

Un certain nombre de tumeurs, surtout carcinomateuses, se calcifie


superficiellement après une évolution lente, pouvant aboutir à une nécrose de la tumeur
et à une incrustation par les composants urinaires.

Une atteinte iatrogène par injections chimiques de formaldéhyde ou de


cyclophosphamide peut provoquer des lésions similaires. Des instillations intravésicales
de Mitomycine C peuvent provoquer également des calcifications ainsi qu’une perte de
compliance vésicale (22, 24).

24
Enfin, des plaques de leucoplasie vésicale donnent les mêmes symptômes et des
images endoscopiques similaires à la CI. Cependant, une centrifugation des urines peut
permettre de favoriser une hypothèse. Des débris nécrotiques sont évocateurs d’une CI
alors que des cellules kératinisées sont évocatrices de leucoplasie.

D. Examens complémentaires et lésions

De nombreux examens sont disponibles et tous ne sont pas pratiqués


systématiquement. Ils sont choisis en fonction du coût, des informations qu’ils peuvent
apporter ainsi que de leur disponibilité.

1 Analyse d’urine
Un pH supérieur à 8 ainsi qu’une hématurie associée à une pyurie sont des
signes très évocateurs d’une infection à germes producteurs d’uréase. Des cristaux de
struvite sont très fréquemment associés à ses symptômes, ainsi qu’à une leucocyturie.
Des bactéries sont parfois visibles dans un culot (26).

2 Examen bactériologique urinaire


Cet examen est indispensable pour avoir un diagnostic de certitude. Néanmoins,
en routine, l’obtention d’une culture positive mettant en évidence C. urealyticum n’est
pas aisée. Toutefois, si une discordance subsiste entre l’étude clinique, la présence
d’urines pyuriques ou hématuriques et des urocultures négatives, le culot urinaire reste
un élément déterminant (22).
Une numération bactérienne supérieure à 105 unité formant colonie (UFC)/ ml
associée à la présence de leucocytes révèlera une infection de l’urine par C. urealyticum
(24).

3 La polymerase chain reaction (PCR)


La PCR est un examen, complémentaire à la microbiologie classique, intéressant
en cas de bactériogramme négatif, surtout lorsque de nombreux antibiotiques ont été
utilisés préalablement.

4 Radiographie abdominale

a) Sans produit de contraste


Elle reste informative sans produit de contraste pour la CI. Un liseré calcifié le
long de la paroi vésicale est évocateur d’une calcification. La figure 2, radiographie sans
préparation, nous montre une calcification de la vessie.

25
Figure 2 : Radiographie sans préparation montrant une calcification de la vessie
Source : THOUMAS Denis et al. (42)

Elle est plus intéressante mais plus délicate pour la PI. Une calcification épaisse
du bassinet ou associée à un calcul libre peut être confondue avec un calcul
coralliforme. De plus, les calcifications du bassinet lors de PI peuvent être
radiotransparentes. La sensibilité de la radiographie est faible lors de PI (19).

b) Urétrographie intraveineuse
Le double intérêt de cette technique est une visualisation du haut appareil
urinaire ainsi que de la vessie.
MASSON (22) décrit chez un patient un liseré soulignant le contour vésical et la
loge prostatique correspondant à un liseré calcifié, associé à une urétérohydronéphrose
et une vessie piriforme aux contours déchiquetés.

5 Echographie abdominale
Cet examen sensible pour le diagnostic d’une CI permet de mettre en évidence
un épaississement de la paroi vésicale associé à des calcifications de l’urothélium et non
de la lumière du tractus urinaire. Une dilatation du haut appareil urinaire, uretères et
bassinet, est possiblement visible. La figure 3 montre un épaississement pariétal et une
visualisation des différentes couches vésicales.

Figure 3 : Echographie vésicale montrant un épaississement pariétal avec deux


couches distinctes. La couche superficielle (flèche blanche) est échogène et
correspond à l’incrustation de l’urothélium. La couche profonde (flèche noire) est
hypoéchogène et correspond au détrusor.
Source: THOUMAS Denis et al. (42)

26
La calcification du système pyélique est difficile à mettre en évidence et la
distinction entre incrustations et calculs coralliformes reste ardue du fait de la faible
sensibilité de cet examen pour la distinction d’une anomalie du système pyélique. Ceci
influe donc sur le délai diagnostic et sur la précocité d’installation du traitement (19). La
figure 4 nous montre des images échographiques du rein et plus particulièrement des
incrustations minérales pyéliques.

A B
Figure 4 : A : Coupe longitudinale échographique du rein gauche montrant des
structures échogènes (flèches) dans le bassinet avec des cônes d’ombres associés,
pouvant correspondre à des incrustations ou à des calculs.
B : Coupe sagittale du rein gauche montrant une dilatation pyélique avec une
calcification superficielle de la paroi du bassinet.
Source: THOUMAS Denis et al. (42)

6 Endoscopie vésicale
Elle peut mettre en évidence des lésions de nécrose et de calcifications de la
paroi vésicale et il est ainsi possible de biopser en vue d’un examen histologique (22).
Les calcifications visualisées varient en taille. Elles peuvent se limiter à un fragment
mal délimité sur la muqueuse comme être de réelles plaques calcifiées épaisses
enchâssées dans la paroi vésicale. De ceci, on visualise deux types de découvertes
endoscopiques :
- Le type 1 correspond à une CI localisée avec des plaques bien délimitées
- Le type 2 correspond à une CI diffuse, associée possiblement à une vessie de
petite capacité.

Les zones de prédilection des calcifications de la CI sont le trigone vésical, les


uretères, le col vésical et les sites d’anciennes résections endoscopiques, zones
entourées par une muqueuse rouge éclatant, oedémateuse et hémorragique (24). Ces
régions œdémateuses masquent ainsi des éléments anatomiques comme les méats
urinaires, cas décrit par MASSON (22).

La cystoscopie permet également un suivi des lésions vésicales suite au


traitement.

L’endoscopie a peu d’intérêt pour la PI mais elle est décrite par MERIA et al
(24). Ils réalisèrent un abord percutané du bassinet et découvrirent une consistance
molle, analogue à de la glu, de certaines portions, des plaques de calcifications et des

27
calculs coralliformes, ainsi que des adhérences intimes entre ces structures et le
bassinet.

7 Examen histologique
MASSON (22) remarque sur son prélèvement des lésions de nécrose ainsi
qu’une surcharge calcique diffuse plus ou moins nodulaire.

Trois couches distinctes sont visibles dans la vessie atteinte de CI :


1. la première couche, la plus superficielle, est composée d’un tissu nécrotique
contenant des zones de calcifications incrustées révélées par la coloration de von
Kossa. La coloration von Kossa réagit avec les minéraux et les met en évidence.
Ces calcifications deviennent de plus en plus nombreuses et compactes vers la
surface.
2. la deuxième couche, couche intermédiaire séparant la couche superficielle de la
couche saine, est inflammatoire, contenant ainsi de nombreux lymphocytes,
polynucléaires et des colonies bactériennes. Entre les nombreux leucocytes et les
bactéries, de nombreux vaisseaux thrombosés apparaissent. Ces découvertes
expliqueraient ainsi le phénomène de nécrose associé à la calcification.
3. la troisième couche, la plus profonde, représente la couche saine.

La cystite est soit aiguë, soit chronique, soit une combinaison des deux (5).

On distingue également trois couches dans le rein atteint de PI, rein obtenu après
exérèse ou perte de greffe (24):
1. la première couche est similaire à celle de la CI et la seule différence est un
ensemble de microcalcifications.
2. la deuxième couche compte des granulomes contenant de nombreuses cellules.
Des abcès parenchymenteux peuvent également être présents.
3. la troisième couche représente la couche saine.

8 Scanner
Cet examen reste l’examen de choix pour sa sensibilité (cf. figure 5) et la
précocité de son diagnostic, en particulier pour le haut appareil urinaire donc pour la PI
(22, 24, 42).
Le scanner peut mettre en évidence des calcifications minces ou radiotransparentes à la
radiographie (cf. figure 6, A et B). Il apporte une bonne visualisation de la muqueuse
urothéliale et de sa calcification. Ces calcifications peuvent être fines et régulières ou
épaisses et irrégulières. La mesure de l’épaississement de la paroi est possible.

28
Figure 5 : Ce scanner sans préparation montre des calcifications minuscules de
l’urothélium (flèches). Ces incrustations sont fines, régulières et superficielles.
Source: THOUMAS Denis et al. (42)

A B
Figure 6 : A, Ccanner sans produit de contraste montrant une calcification épaisse
(flèches) de la paroi urothéliale rénale
B, Radiographie abdominale après positionnement du tube de néphrostomie
(flèche) ne montre aucune calcification alors qu’elles sont visibles au scanner (cf.
A)
Source: THOUMAS Denis et al. (42)

Lors d’infections sévères, un bilan d’extension local recherchant des


modifications périrénales et périurétérales, est apporté par les clichés obtenus par le
scanner. L’injection de produits de contraste n’est pas nécessaire.

Ses meilleures indications restent :


- Le diagnostic de la PI et de la CI
- le suivi du receveur de greffe rénale
- le suivi des régressions des lésions calcifiées (cf. figure 7)
- le choix du traitement le plus adapté en fonction des lésions

29
A B
Figure 7 : A, Scanner sans produit de contraste montrant une calcification épaisse
du la paroi urothéliale rénale (flèches)
B, Scanner sans préparation après antibiothérapie et acidification locale par le
tube de néphrostomie, révèle des calcifications résiduelles (flèches)
Source: THOUMAS Denis et al. (42)

E. Diagnostic

Le délai écoulé entre la manœuvre urologique et le diagnostic peut atteindre


jusqu’à 7 ans (42).
Le diagnostic est établi entre 4 jours et 6 mois, voire plus grâce au recueil précis
des commémoratifs et de l’anamnèse.

Etant donnée la faible vitesse de croissance sur les milieux classiques utilisés
pour les examens bactériologiques des urines, cette bactérie et donc l’infection sont sous
diagnostiquées. Il est ainsi nécessaire de la suspecter face à un tableau clinique
évocateur associant plusieurs symptômes tels que des urines alcalines associées ou non
à des cristaux de struvite, une leucocyturie et, ou une hématurie et des facteurs
favorisants(10).

F. Complications
Elles sont de nature différente et on retrouve :
- des lésions vésicales de calcifications majoritairement, modifiant la compliance
de la vessie et entraînant ainsi une pollakiurie extrême par perte de réservoir.
Des dépôts calciques peuvent aussi être retrouvés dans la paroi urétérale et
pyélique entraînant ainsi une sténose urétérale. Des complications de dilatation
pyélique et urétérale en découlent (8),
- une hyperammoniémie est relatée sur un enfant de 7 ans suite à une manœuvre
sur le tractus urinaire. En effet, les germes producteurs d’uréase comme C.
urealyticum peuvent provoquer des encéphalopathies hyperammoniémiques car
ils augmentent la production et l’absorption de l’ammoniac. Cette
hyperammoniémie entraîne une tumescence des astrocytes, un œdème cérébral
et une augmentation de la pression intracrânienne. Ceci se traduisait par une
baisse de vigilance, une léthargie, une hypotonie générale et des vomissements
(15),

30
- des sténoses urétérales ou pyélourétérales sont relatées par la littérature et
constituent une des complications les plus graves du traitement conservateur.
Elle est décrite majoritairement sur des patients greffés. Une intervention
chirurgicale d’anastomose pyélopyélique ou de néphrostomie reste le traitement
de choix (23),
- une anémie,
- une insuffisance fonctionnelle rénale,
- une bactériémie ou une septicémie. Celle-ci est avérée lorsque deux cultures
sanguines sont positives ou lorsque la culture sanguine correspond à l’uroculture
(11).

G. Traitement

Le traitement associe 3 éléments indispensables (22, 24, 42) :

1. L’élimination des plaques calcifiées vésicales est indispensable car elles


contiennent une haute concentration en bactéries et limitent l’efficacité in vivo
des antibiotiques. Des techniques chirurgicales ou endoscopiques de grattage
permettent une bonne élimination. L’ensemble des plaques est réséqué mais les
interventions sont répétées pour obtenir de bons résultats. Par opposition, la
résection transurétrale est difficile et risquée. Une injection de bleu de
méthylène facilite la visualisation des abouchements urétéraux d’une vessie très
oedémateuse.

L’élimination des plaques rénales est plus délicate et fait l’objet d’études.
GARCIA-BRAVO et al. proposent une exploration chirurgicale et une
pyélotomie pour le retrait du matériel incrusté alors que MERIA et al.(24)
propose un traitement percutané par approche par le calice pour le traitement de
la PI et des calculs coralliformes. Malheureusement, des difficultés pour
fragmenter le calcul par ultrason furent rencontrées du fait de l’adhésion très
forte du calcul à la paroi du bassinet. De plus, des interventions répétées sont
nécessaires.

2. Le traitement anti-infectieux propose un nombre de molécules limité étant


donné l’étendue de l’antibiorésistance de cette bactérie. La vancomycine, la
téicoplanine, la rifampicine et la norfloxacine reste des antibiotiques de première
intention pour le traitement de la PI et CI. L’acide fusidique, à élimination
biliaire, est simplement utilisé en cas de bactériémie ou de septicémie.
Ce traitement antibiotique dure en moyenne deux semaines et dépend en grande
partie de l’efficacité des traitements complémentaires. Sa durée est définie grâce
à un suivi des urines relatant une élimination des bactéries et une absence de
contamination fongique consécutive au traitement antibiotique et à la baisse du
pH urinaire. Il doit être administré à long terme chez les patients greffés selon
GARCIA-BRAVO et al (24).

3. L’acidification des urines et la lyse chimique ont pour ambition de prévenir la


précipitation de calcium et la saturation en sel de calcium dans des urines
alcalines par solubilisation des ions calcium. Cette acidification est mise en

31
place après l’instauration d’un traitement antibiotique adéquat. Elles préviennent
également la formation d’ions ammonium et de carbonates (19).

Le traitement le moins invasif reste le traitement oral. Il est recommandé et


généralement suffisant lorsque des incrustations fines et non extensives sont
visibles au scanner.
L’acide acétohydroxamique, inhibiteur de l’uréase réservé à l’usage hospitalier,
est efficace contre les uréases bactériennes, associant un pouvoir bactériostatique
sur les bactéries à coloration de Gram négative et agissant en synergie avec les
antibiotiques. Son activité anti-uréase est prouvée par SORIANO et al. (37).
Grâce à l’ajout d’acide acétoxyhydroxamique, aucune activité ureasique
n’apparaît après 24 heures alors qu’elle est présente normalement entre 30 et 60
minutes. Cependant, des effets secondaires ont été rapportés, comme des
tremblements, des maux de tête et une anémie (5). Il est également tératogène et
donc interdit chez les femmes enceintes et nécessite des adaptations précises sur
un patient insuffisant rénal. Cet acide limite la formation et la croissance des
calculs de struvite. Sa posologie est de 15mg/kg/j per os.

Lorsque le traitement oral est insuffisant, il doit être complété par un traitement
topique comme par exemple des instillations intravésicales ou pyéliques. Des
solutions acides ont été proposées : l’acide phosphorique en solution à 1%,
solution d’acide acétique à 0,5% ou solution d’acide citrique. La solution G de
Suby associant acide citrique et oxyde de magnésium à pH 4, a été utilisée
pendant plusieurs années dans le but d’avoir une action acidifiante et
bactériostatique et de former des complexes de citrate de calcium. La solution
acidifiante de Thomas C24 à pH 2, composée de gluconate de sodium, d’acide
citrique et malique, lui est préférée maintenant.
L’administration se fait par sonde de Folley pour la CI et par néphrostomie pour
la PI. Une cathétérisation vésicale ou urétérale permet une acidification
continue. L’irrigation rénale est recommandée lorsque des incrustations épaisses
et extensives sont visibles au scanner. Elle doit être réalisée avec une pression
intrapyélique inférieure à 25 cm d’eau et nécessite un suivi pour limiter la
douleur et une diffusion dans le parenchyme. Elle peut être continue ou,
discontinue, si le patient est algique. Le volume maximal distribué par jour est
inférieur à 1 à 2 litres.
Ces traitements locaux nécessitent un suivi médical, une prise en charge en soins
intensifs ainsi qu’une indication très précise car ces acidifications surtout rénales
restent mal tolérées. Le suivi de la dissolution est suivi grâce aux clichés obtenus
par scanner.

La cystectomie et la dérivation vésicale, en cas de CI, représentent le dernier


recours des cas incurables de vessie hémorragiques ou de rétraction vésicale.

En cas de PI, l’irrigation locale par sonde de néphrostomie, placée facilement


grâce à la dilatation pyélique, reste le traitement de choix et le seul applicable en cas
d’insuffisance rénale. Le retrait chirurgical ouvert de calculs lors d’uropathie
obstructive est proposé alors qu’un retrait percutané semble être une bonne alternative.

32
H. Prophylaxie

Elle est surtout valable pour les patients porteurs de sondes à demeure. Une
attention particulière doit être apportée à la toilette périnéale et du méat urinaire, zones
porteuses de germes pathogènes ou commensaux introduits lors du sondage.
Cependant, cette prophylaxie a une limite puisque la contamination peut se faire par
voie endoluminale ou le long de la surface externe du cathéter (22).

I. Pronostic

L’évolution à moyen terme reste favorable (22). Le pronostic s’améliore avec la


précocité de la mise en place d’un traitement antibiotique et de traitements adjuvants
adaptés (24).

Le suivi moyen selon MERIA et al. (25) est de 54 mois parmi les quatre enfants
atteints étudiés. Le suivi de ces enfants doit être réalisé par scanner et par analyse
bactérienne urinaire, répétés jusqu’à l’âge adulte car les récidives sont fréquentes.

La mortalité reste élevée de l’ordre de 30 à 50% lors de cas critiques.

33
34
DEUXIEME PARTIE : ETUDE
EXPERIMENTALE

35
36
I. MATERIELS ET METHODES

A. Sélection des dossiers

Quatorze dossiers ont été retenus parmi les dossiers de l’Ecole Nationale
Vétérinaire d’Alfort entre 1996 et 2004. Ces dossiers concernent deux espèces : le chien
et le chat.
La sélection a été faite sur plusieurs critères :
- L’espèce : chien et chat
- L’infection du tractus urinaire (ITU)
- Le germe incriminé : Corynebacterium du groupe D2, Corynebacterium
urealyticum et Corynebacterium sp
- La concentration de germe retrouvée dans les urines supérieure à 105CFU/ml
- Le mode de prélèvement urinaire : la cystocentèse

L’isolement de C. urealyticum comme nous l’avons abordé précédemment est


difficile étant donné ces conditions de croissance spécifiques. Par conséquent,
l’ensemble des critères ci-dessus ont permis d’exclure avec certitude le risque de
contamination des urines par C. urealyticum. Une donnée supplémentaire permettant de
confirmer cette affirmation, est une corrélation des symptômes exprimés par l’animal
avec la symptomatologie décrite dans la littérature et provoquée par C. urealyticum.

B. Méthodologie

1 Examen des urines


Les échantillons ont tous été obtenus par cystocentèse et en respectant les
mesure d’asepsie pour éviter toute contamination des malades et des prélèvements.
L’analyse du caractère physico-chimique et du culot urinaire ont été réalisés soit
par un laboratoire interne à l’Ecole Vétérinaire d’Alfort, soit par l’intermédiaire des
étudiants durant les consultations de jour, les consultations aux urgences ou
l’hospitalisation des animaux.

Plusieurs critères sont identifiables pour l’analyse macroscopique des urines :


- La couleur
- L’odeur : nauséabonde ou plus particulièrement d’odeur ammoniacale
- La consistance

Les caractères suivant ont été retenus pour l’analyse urinaire :


- La densité
- Le pH
- La leucocyturie
- L’hématurie macroscopique ou microscopique
- La présence de nitrites
- La protéinurie

37
- La glycosurie
- La présence de cristaux ou de cylindres
- La présence de cellules épithéliales

2 Milieux de culture utilisés et conditions de culture


La numération de germe urinaire a été réalisée sur DGU (Biomérieux) utilisant
une gélose McConkey et une gélose CLED pour différencier les bactéries gram négatif
des bactéries gram positif.
Les urocultures ont été réalisées au laboratoire de microbiologie de l’Ecole
nationale vétérinaire d’Alfort. Le milieu utilisé en routine est une gélose nutritive
ordinaire, milieu TCS (Tryptose-Caséine-Soja). C. urealyticum a été mis en évidence 13
fois sur ce milieu et la gélose columbia-sang a été utilisée seulement 3 fois. La
température d’incubation est de 37°C et aucun enrichissement en CO2 n’est réalisé. La
culture est conservée au moins 48 heures. En particulier lorsque la gélose CLED
indique un fort virage alcalin du pH.

3 Identification de C. urealyticum
Les colonies isolées sont identifiées par des galeries API Coryne.

C. Recueil des informations

Pour ces 14 animaux, nous avons recueilli des informations concernant :


- l’âge,
- le sexe,
- les affections associées,
- les antécédents de pathologie urinaire,
- les explorations urologiques effectuées,
- la présence d’une sonde vésicale,
- l’utilisation d’antibiotique durant les mois précédant l’isolement du C.
urealyticum,
- le traitement reçu,
- l’évolution post-thérapeutique.

38
II. RESULTATS

A. Animaux

L’ensemble des données épidémiologiques est regroupé dans les tableaux 1 et 2.


Parmi ces cas cliniques, 7 concernent des chiens dont 5 mâles et 2 femelles, et 7
chats mâles. Les chiens sont tous de races différentes avec un Cocker, un Briard, un
Doberman, un Labrit, un Bouledogue Anglais, un Terre Neuve et un Teckel. Les chats
sont de tous de race Européenne sauf un chat de race Norvégienne. Les chiens ont un
âge compris entre 4 et 14 ans et les chats entre 3 et 11 ans.
Un seul chien est castré et une seule chienne est stérilisée. Les chats sont tous
castrés sauf un.

Tableau 1: Caractéristiques des 7 chiens retenus


chien 1 chien 2 chien 3 chien 4 chien 5 chien 6 chien 7
espèce chien chien chien chien chien chien chien
Terre
race Labrit Cocker Briard Doberman Bulldog Teckel
Neuve
âge
7 4 8 14 4 6 7,5
(années)
sexe mâle mâle mâle mâle mâle femelle femelle
état de la
castré entier entier entier entier entière stérilisée
stérilisation
Poids (kg) 12 57 15 45 44 21 8,5

Tableau 2 : Caractéristiques des 7 chats retenus


chat1 chat2 chat3 chat4 chat5 chat6 chat7
espèce chat chat chat chat chat chat chat
race Européen Européen Européen Européen Européen Norvégien Européen
âge
3 4 8 1 1,5 11 3
(années)
sexe mâle mâle mâle mâle mâle mâle mâle
état de la
entier castré castré castré castré castré castré
stérilisation
Poids (kg) 4,5 3,5 7,2 4 3,8 6,3 5,6

B. Antécédents pathologiques et facteurs de prédisposition


à l’infection du tractus urinaire par C. urealyticum

Le tableau 3 nous informe sur les antécédents pathologiques, les atteintes de


l’appareil urinaire et les manœuvres urologiques réalisées. Tous les animaux ont eu une
pathologie associée ou antérieure en rapport, ou non, avec l’infection du tractus urinaire
par C. urealyticum. Chaque ligne du tableau sera détaillée pour comprendre la relation

39
éventuelle entre les affections concomitantes, les atteintes urinaires et l’infection par C.
urealyticum.

L’incontinence du chien 1 est apparue 7 mois avant le diagnostic de l’infection.


L’urétrostomie a été réalisée 4 mois avant le diagnostic, à cause de lithiase persistante et
obstructive à struvite.
Le chien 2 a développé un syndrome dilatation-torsion de l’estomac, puis une
déhiscence de la plaie de laparotomie. Une polydipsie était également décrite et
explorée ce qui explique les sondages urinaires répétés.
Le chien 3 a montré des symptômes de cystite et les images échographiques ont
été évocatrices d’une tumeur ou d’une image proliférative très échogène. Une
cystotomie exploratrice a permis de biopsier la paroi vésicale pour réaliser une analyse
histologique et un sondage urinaire a permis un rinçage vésical suite à la pyurie.
Le chien 4 comme le chien 7 n’ont subi aucune intervention sur le tractus
urinaire. Leur atteinte essentielle réside dans une rétention urinaire d’origine neurogène.
Cette atteinte est apparue suite à un accident de la voie publique pour le chien 4 et suite
à une paralysie postérieure avec un motoneurone centrale sur les postérieurs.
L’affection prostatique du chien 4 peut en plus réduire le débit d’émission d’urine voire
provoquer une réelle anurie. Le chien 7 est incontinent et se souille, facilitant ainsi les
contaminations ascendantes.
Le chien 5 a été opéré pour traiter un syndrome de Wobbler par une corpectomie
C6-C7 et après cette chirurgie, une hématurie immédiate est décrite, associée à une
incontinence le matin au réveil. Un sondage urinaire a été réalisé pour analyser l’urine.
La chienne 6 a de nombreux antécédents pathologiques sans aucun rapport avec
l’infection à C. urealyticum. Elle a néanmoins subi une cystotomie pour extraire des
calculs vésicaux. Suite à cette chirurgie, elle a été sondée.

Les chats ont tous été présentés pour une Affection du Bas Appareil Urinaire
(ABAU) obstructive. Ainsi, tous les chats ont subi un cathétérisme urétral avec pose
d’une sonde urinaire à demeure.
Pour 5 d’entre eux, les récidives d’obstruction ont conduit les cliniciens à
procéder à une urétrostomie périnéale.
Une sténose du méat urinaire a nécessité une réintervention sur le chat 2.
Deux autres chats (6 et 7) ont subi une cystotomie pour exérèse des calculs.

Trois chiens et cinq chats ont subi des interventions sur le tractus urinaire avant
la consultation au service d’urologie de l’école vétérinaire d’Alfort (ENVA).
Les chiens 1, 5 et 6 ont subi respectivement une urétrostomie, un cathétérisme
urétral et une cystotomie dans des cliniques vétérinaires extérieures à l’école. Le chien 7
n’a pas subi de manipulations urologiques mais son incontinence durait depuis deux ans
avant la consultation à l’ENVA.
Les cinq chats ont subi un sondage vésical.

40
Tableau 3 : Antécédents pathologiques et facteurs prédisposant à l’infection de C.
urealyticum
atteintes de l'appareil
antécédents pathologiques manœuvre urologique
urinaire
incontinence urinaire
chien 1 apparue 7 mois chirurgicale : urétrostomie
auparavant
SDTE (a), déhiscence de plaie,
chien 2 sondage vésical répété
bronchopneumonie, polydipsie
sondage vésical,
chien 3
chirurgicale : cystotomie
accident de la voie publique,
chien 4 kyste paraprostatique ou rétention urinaire
hypertrophie prostatique
syndrome de Wobbler,
chien 5 incontinence le matin sondage vésical
corpectomie C6-C7,

lactation de pseudogestation,
inflammation des glandes
chirurgicale : cystotomie,
chien 6 salivaires, syndrome
sondage urinaire
respiratoire supérieure des
brachycéphales

incontinence, souillure
MNC (b) postérieur avec
chien 7 urinaire, rétention
paralysie postérieure,
urinaire
chat 1 ABAU(c) obstructive sondage vésical
sondage vésical difficile,
chat 2 ABAU(c) obstructive chirurgicale : 2
urétrostomies périnéales
chat 3 ABAU(c) obstructive sondage vésical répété
sondage vésical,
Chute de la fenêtre d’un
chat 4 ABAU(c) obstructive chirurgicale : urétrostomie
immeuble
périnéale
sondage vésical,
chat 5 ABAU(c) obstructive chirurgicale : urétrostomie
périnéale

sondage vésical,
cystite chronique,
chat 6 chirurgicale : urétrostomie
ABAU(c) obstructive
périnéale et cystotomie

sondage vésical,
chat 7 ABAU(c) obstructive, chirurgicale : urétrostomie
périnéale, cystotomie
(a) SDTE : syndrome dilatation torsion de l’estomac
(b) MNC : motoneurone central
(c) ABAU : affection du bas appareil urinaire

41
C. Infections du tractus urinaire précédant celle à C.
urealyticum

Le tableau 4 nous montre que seulement 5 animaux ont été atteints par une ITU
avant celle par C. urealyticum. C. urealyticum a été isolé dès la première analyse sur les
autres animaux.

Le chien 1 a été infecté par un germe uréasique mais le nom du germe est
inconnu. Cependant, un délai de 122 jours s’est écoulé entre les deux infections.
Le chien 6 a présenté deux infections 45 jours et 17 jours avant l’ITU par C.
urealyticum. Les germes concernés la première fois étaient E.Coli, Bacillus et
Enterococcus puis Streptococcus non groupable, la deuxième fois. Le premier EBU
regroupe trois germes et il existe une contamination probable du prélèvement.
Le chien 7 a été atteint par 3 ITU successives, d’abord par Proteus et
Enterococccus sp puis par E.coli puis par E.faecalis respectivement 365j, 60 jours et 30
jours avant. Le délai entre la première contamination et celle par C. urealyticum est très
long et par conséquent, un lien entre les deux évènements est très peu probable. Par
opposition les deux autres infections se manifestent dans un délai assez court.
Le chat 4 a été infecté par Enterococcus puis par Corynebacterium.sp et
Enterococcus Faecalis. Ce chat représente le seul animal où Corynebacterium n’a pas
été retrouvé en culture pure. Le germe associé est Enterococcus faecalis.
Le chat 5 a développé des ITU suite aux infections par Staphylococcus
intermedius puis par Klebsiella pneumoniae pneumoniae et Enterococcus faecalis
respectivement 17 jours et 9 jours avant l’ITU à C. urealyticum.

Parmi les 9 ITU, 7 ITU sont diagnostiquées entre 9 jours de 60 jours avant
l’infection par C. urealyticum et 5 ITU entre 9 jours et 30 jours.

Tableau 4 : ITU par différents germes précédant l’ITU par C.urealyticum


ITU précédant
celle à C. chien 1 chien 6 chien 7 chat 4 chat 5
urealyticum
Proteus et Staphylococcus
E.coli, Enterococccus intermedius
Enterococcus
Bacillus et
Enterococcus Puis Puis
Puis
germes germe
concernés uréasique Puis E.coli Klebsiella
Corynebacterium.sp
pneumoniae
et Enterococcus
Streptococcus Puis pneumoniae et
faecalis
non groupable Enterococcus
E.faecalis faecalis
temps écoulé
entre les ITU
par différents 45j puis 17j 365j puis 60j 17j puis 9j
122j
germes et celle avant puis 30j avant 30j avant avant
avant
à C. respectivement respectivement respectivement
urealyticum(en
jours)

42
D. Antibiothérapie préalable

Tous les animaux ont été traités par des antibiotiques au cours des 12 mois
précédant le diagnostic d’infection par C. urealyticum. Les antibiotiques utilisés sont :
la marbofloxacine, l’ofloxacine, l’orbifloxacine, l’enrofloxacine, la céfalexine,
l’amoxicilline et l’acide clavulanique, la sulfaméthoxypyridazine et le triméthoprime, la
sulfadoxine et la gentamicine.

E. Caractéristiques cliniques

1 Symptômes généraux et examen clinique


Une hyperthermie a été retrouvée chez 3 chiens et un chat, hyperthermie
comprise entre 39°C et 39,5°C. Par opposition, le chat 3 était en hypothermie,
hypothermie atteignant 34,8°C avec une diminution sévère de son état général évoquant
un choc septique. Ces animaux hyperthermiques étaient abattus. Deux chiens et 2 chats
avaient une altération de l’état général sans hyperthermie. En plus de l’abattement, un
chien exprimait des symptômes de polypnée et de tachycardie.
Deux chiens et deux chats étaient anorexiques.
Un chien avait une sténose du méat urinaire suite à son urétrostomie et des
concrétions autour du périnée se formait chez un chat suite à la nécrose de sa plaie
d’urétrostomie.
Des douleurs à la palpation caudale de l’abdomen et à la palpation de la vessie
ont été retrouvées respectivement sur un chien et un chat. De plus, une vessie indurée a
été palpée sur un chat sans globe vésical associé.

2 Symptômes urinaires
Les symptômes retrouvés chez ces animaux étaient ceux observés chez les
animaux atteints de cystite, ils sont regroupés dans le tableau 5. Parmi ces symptômes,
on a retrouvé une pollakiurie chez 5 chiens sur 7 (71%) et chez 6 chats sur 7 (86%), une
dysurie chez 4 chiens (56%) et 4 chats (56%), une strangurie chez 3 chiens (42%) et 3
chats (42%). Ces symptômes étaient associés sur les mêmes animaux.
L’hématurie était le seul symptôme présent chez l’ensemble des individus. Elle
était de nature différente selon les animaux. Une hématurie macroscopique était visible
chez l’ensemble des individus avec, chez 3 chiens (42%) et 2 chats (28%) une émission
de sang en nature. Elle était sévère chez 50% des animaux soit 7 sur 14.
Une pyurie a été observée sur 3 chiens (42%) et 2 chats (28%). Les urines
étaient verdâtres chez un chien.

43
Tableau 5 : Symptomatologie des 14 animaux atteints par Corynebacterium urealyticum
chien chat total /14
URINAIRES
Hématurie (a) 7/7 (100%) 7/7 (100%) 14 (100%)
dysurie 4/7 (56%) 4/7 (56%) 8 (57%)
pollakiurie 5/7 (71%) 6/7 (86%)° 11 (79%)
strangurie 3/7 (42%) 3/7 (42%) 6 (43%)
pyurie 3/7 (42%) 2/7 (28%) 5 (36%)

GENERAUX
abattement 5/7 (71%) 3/7 (42%) 8 (57%)
SYMPTOMES

polypnée 1/7 (14%) 0/7 (0%) 1 (7%)


tachycardie 2/7 (28%) 0/7 (0%) 2 (14%)

anorexie 2/7 (28%) 2/7 (28%) 4 (29%)

1/7 (14%)
3/7 (42%) hyperthermie et
température
hyperthermies 1/7 (14%)
hypothermie

atteinte du méat sténose du méat concrétion autour


urinaire urinaire (14%) du périnée (14%)

(a) hématurie macroscopique

F. Examen macroscopique des urines

Parmi tous les échantillons d’urines, l’un contenait de la fibrine en flammèche


caractérisant alors un processus inflammatoire. Pour deux animaux, les urines étaient
très foncées.
Trois échantillons avaient une odeur différente de la normale, deux étaient
nauséabonds et un possédait l’odeur d’ammoniac, odeur caractéristique d’une infection
à germes uréasiques.
Trois chiens émettaient des urines visqueuses dont deux contenaient des
« glaires ».

G. Echantillons d’urines et examen microscopique des


urines

Les informations concernant les analyses urinaires sont regroupées dans le


tableau 6 (cf. infra). Un chien et un chat ayant eu aucun examen urinaire, les données
ont été recueillies sur 12 animaux, 6 chiens et 6 chats. De plus, l’examen de bandelette
urinaire a donné des résultats inexploitables sur un chien (urines très foncées) et l’urine
d’un chat n’a pas été centrifugée pour réaliser l’analyse du culot urinaire.

44
Tableau 6: Analyse des échantillons d’urine
total chien Chat
bandelette urinaire
pH (moyenne) 8,4 8,6 [7,5 - 9] 8,3 [6 - 9]
pH alcalin 11/12 (92%) 6/6 (100%) 5/6 (83%)
nitrites 3/11 (27%° 1/5 (20%) 2/6 (33%)
sang 11/11 (100%) 5/5 (100%) 6/6 (100%)
glucose 1/11 (9%) 0/5 (0%) 1/6 (17%)
protéines 10/11 (91%) 4/5 (80%) 6/6 (100%)
culot urinaire
cylindres 4/12 (33%) 1/6 (17%) 3/5 (60%)
6/6 (100%) dont 6
5/5 (100%) dont 5
cristaux 11/11 (100%) PAM et 3 oxalates de
PAM
Calcium associés
globules rouges 9/11 (82%) 4/6 (67%) 5/5 (100%)

Cylindres de globules rouges 1/11 (9%) 1/6 (17%) 0/5 (0%)

globules blancs 9/11 (82%) 4/6 (67%) 5/5 (100%)


cellules épithéliales 9/11 (82%) 4/6 (67%) 5/5 (100%)
PAM : cristaux de phosphate ammoniaco magnésien

1 Caractère phisico-chimique des urines


Les urines sont alcalines chez les deux espèces avec un pH moyen de 8,6 chez le
chien et 8,3 chez le chat. La moyenne du pH urinaire des chats est plus basse car un
individu avait un pH urinaire acide, égal à 6, ce qui explique le plus fort écart type dans
cette espèce. Néanmoins, ce chat est le seul animal à posséder un pH urinaire acide et
les autres échantillons étaient tous supérieurs à 7,5.
Une leucocyturie (≥5 leucocytes par champ à fort grossissement) et une
hématurie microscopique (≥5 globules rouges par champ à fort grossissement) ont été
retrouvées sur l’ensemble des échantillons testés et une protéinurie a été mise en
évidence sur 10 échantillons parmi 11 (91%).
Une nitriturie est mise en évidence sur trois échantillons d’urine, un de chien et
deux de chat, et une glycosurie sur un seul. La nitriturie est en rapport avec la présence
de bactéries.

2 Examen du culot urinaire


Des cylindres ont été retrouvés sur un chien et 3 chats mais la nature de ces
cylindres reste inconnue.
Des cellules épithéliales sont présentes sur l’ensemble des échantillons d’urines
testés chez le chat et retrouvés sur 4 échantillons sur 6 chez les chiens (67%). Elles
traduisent un processus inflammatoire du tractus urinaire.
L’ensemble des échantillons contenait des cristaux de struvite. Les cristaux
retrouvés sont représentés sur la figure 8. Sur 3 chiens, des cristaux d’oxalate de
calcium étaient associés à ceux de struvite.

45
Figure 8 : Cristaux de Phosphate Ammoniaco Magnésien

Source : service de Médecine de l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort.

H. Analyse sanguine

1 Paramètres biochimiques
Les valeurs d’urémie et de créatininémie ont été mesurées au moment du
diagnostic bactériologique de C. urealyticum.
Les valeurs d’urémie ont été obtenues pour 6 chiens et les valeurs de
créatininémie pour 5 chiens. La moyenne de l’urémie est de 0,3 g/l [0,17-1,82]. La
moyenne de la créatininémie est de 10,0 mg/l [8-29].

Les valeurs d’urémie ont été obtenues pour 5 chats et les valeurs de
créatininémie pour 6 chats. La moyenne d’urémie est de 0,67 g/l [0,39-4]. La moyenne
de créatininémie est de 14,6 mg/l [10-80].
Une insuffisance rénale aiguë post-rénale a été observée chez tous les chats suite
à leur obstruction urinaire. Elle a été levée chez tous les chats mais les valeurs d’urée et
de créatinine ne sont pas revenues à leur valeur normale chez quatre chats. Un chat était
toujours en insuffisance rénale aiguë post-rénale suite à la sténose de sa plaie
d’urétrostomie. Un autre a retrouvé des valeurs subnormales. Les deux derniers ont des
valeurs d’urémie et de créatininémie augmentées suite à l’ITU par C. urealyticum. Cette
situation est également retrouvée chez trois chiens.

Un chien et deux chats sont également en acidose modérée à sévère. Un chien et


un chat sont en hyperkaliémie (sévère chez le chien), respectivement de 7,3 et 5,8
mmol/l. Les normes sont comprises entre 3,8 et 5,2 mmol/l chez le chien et 3 et 4,5
mmol/l chez le chat.
Un chat avait également une hypoprotéinémie égale à 44g/l (normes comprises
entre 65 et 75 g/l) et une hyperammoniémie 74 µmol/l (valeur normale < 60 µmol/l). Un
abattement très sévère avec décubitus latéral, une hypothermie persistante et sévère, des

46
muqueuses pâles et une anorexie étaient associés à ces deux anomalies biochimiques.
Cet état était évocateur d’un choc septique.

2 Numération formule sanguine (NFS)


Une NFS a été réalisée sur seulement quatre animaux, trois chiens et un chat.
Les trois chiens développent tous une leucocytose par neutrophilie dont deux sont
régénératives. La moyenne du dénombrement des leucocytes est de 29,8 x 109
leucocytes/L [comprise entre 25 et 33,3 x 109 leucocytes/L] alors que les normes sont
comprises entre 6 et 17 x 109 leucocytes/L. La moyenne de la concentration des
neutrophiles chez les chiens est de 26 [comprise entre 19,8 et 30,3 x 109 granulocytes/L]
(normes comprises entre 3 et 11,8 x 109 neutrophiles/L) et chez le chat de 11,8 x 109
neutrophiles/L (normes comprises entre 5,2 et 11,5 x 109 neutrophiles/L).

I. Imagerie

1 Radiographie abdominale
Elle a été pratiquée sur 5 animaux. Deux calculs vésicaux triangulaires ont été
retrouvés sur un chien. Les deux autres examens, y compris une urétrographie
rétrograde, n’ont révélé aucune anomalie.

2 Echographie abdominale
Cet examen a été pratiqué sur 6 chiens et 5 chats. De plus, un suivi
échographique a été pratiqué lorsqu’il était nécessaire et accepté par le propriétaire.
Les anomalies constatées sont :
- un épaississement pariétal vésical chez 4 chiens et 2 chats. Chez deux autres chats,
la taille de l’épaississement atteignait 2,5 à 3 mm. Chez ces 6 premiers animaux,
l’épaississement est supérieur à 6 mm avec une moyenne de 9,5 mm et un écart-type
de 2,8. Cette image caractérise une cystite qui est qualifiée de grave chez plusieurs
chiens.
- une paroi irrégulière chez 5 chiens et 2 chats. On visualise des images des brides
hyperéchogènes, des images de prolifération tissulaire et des décollements de paroi.
- des caillots vésicaux chez deux chiens et un caillot urétral obstructif chez un autre
chien. Un chat avait des cristaux et des calculs urétraux. Chez ces deux derniers
animaux, un épaississement pariétal urétral est mis en évidence évoquant une
urétrite.
- des calculs vésicaux sont présents chez 3 chiens et 4 chats et une cristallurie chez 3
chiens et 2 chats.
- une inflammation du tissu adipeux périvésical chez le chat 1 et une accumulation de
liquide traduisant une péritonite suite à une fuite urinaire très probable.
- une ligne hyperéchogène dans la paroi vésicale traduit la présence d’une incrustation
minérale ou cystite incrustée chez 6 chiens et 2 chats.

Le suivi échographique réalisé sur un chien montre sur la figure 9A une atteinte
vésicale caractéristique d’une cystite incrustée alors que la seconde, figure 9B, évoque
une guérison après le traitement.

47
La première (figure 9 A) montre une vessie épaissie avec un contour muqueux
très irrégulier ainsi que de nombreux calculs enchâssés dans la muqueuse. Ces images
sont caractéristiques d’une cystite incrustée chez les carnivores domestiques et ces
images, en accord avec la symptomatologie peuvent fortement conduire au diagnostic.

La deuxième image échographique (figure 9B) montre une récupération totale de


la paroi vésicale avec disparition des lésions et sans séquelles résiduelles.

9A 9B
Figure 9 : 9A Image échographique caractéristique d'une cystite incrustée à
Corynebacterium urealyticum : paroi épaissie (6mm) avec un contour muqueux très
irrégulier et des incrustations minéralisées de la paroi vésicale. La lumière vésicale
contient de très nombreux calculs.
9B : Image échographique obtenue sur le même animal que l'image précédente,
après la guérison de la cystite incrustée.

Source : service d’imagerie de l’Ecole nationale Vétérinaire d’Alfort

J. Aspects macroscopiques du tractus urinaire

Cet aspect macroscopique du tractus urinaire est visible au cours des chirurgies
par laparotomie et plus particulièrement au cours des cystotomies.
Le chien 3 avait une cystite ulcéro-nécrosante associée à deux méga-uretères.
Le chien 6 avait une paroi vésicale très épaissie de couleur lie de vin, avec de
très nombreux replis, et des calculs de toutes tailles.
Le chat 6 avait un placard nécrotique sur le tiers de sa surface.
Le chat 7 a subi une cystotomie sur calculs mais aucune anomalie de la paroi
vésicale n’est remarquée pendant cette chirurgie.

K. Analyse histologique

Ces analyses histologiques ont été réalisées sur des tissus vésicaux réalisés
prélevés pendant les cystotomies.

48
Chez le chien, la cystite est ulcéro-nécrotique, profonde, très sévère et extensive.
Chez le chat, la lésion observée est une cystite nécrosante sévère (diphtéroïde)
chronique.

L. Composition des calculs

L’analyse a été réalisée sur les calculs de grande taille obtenus suite à la
cystotomie. Ces calculs, obtenus chez un chien et deux chats, ont été analysés. L’aspect
macroscopique des calculs est visualisable sur la figure 10.

Figure 10 : Calcul de struvite extrait du chien 3 présentant une infection à


Corynebacterium urealyticum
Source : service de Médecine de l’Ecole nationale Vétérinaire d’Alfort

Cette analyse révèle une composition similaire chez les trois animaux, résultats
fournis par le tableau 7. 90% du calcul contient du phosphate-ammoniaco-magnésien.
Les 10% restants sont composés soit :
- De 10% de protéines
- De 5% de protéines et 5% de carbapatite

Tableau 7 : Composition des calculs


chien 6 chat 6 chat 7

90% struvite, 90% PAM héxahydrate,


composition 90% PAM,
5% carbapatite, 5% carbapatite,
des calculs 10% protéines
5% protéines 5% protéines

PAM : phosphate-ammoniaco-magnésien

49
M. Délai écoulé entre les manipulations urologiques et les
symptômes

On considère uniquement les manipulations pouvant entraîner une cystite par C.


urealyticum. Les premiers symptômes considérés sont une hématurie non liée à une
obstruction urinaire. Le délai écoulé entre les manipulations urologiques et les
symptômes a pu être calculé pour 10 animaux.
La moyenne est de 24 jours avec une variation de 30 jours. Cet écart est très
important du fait de la disparité des valeurs. Certains ont exprimé des symptômes très
rapidement en 3 jours et d’autres ont attendu 92 jours. Néanmoins, 8 animaux sur 10
(80%) ont déclaré des symptômes en moins de 29 jours.

Le tableau 8 et la figure 11 nous montrent que la majorité des animaux déclare la


maladie assez rapidement, en moins de 30 jours et quelques animaux la déclarent
tardivement. Entre ces deux lots, aucun animal ne déclare la maladie.

Tableau 8 : Délai écoulé entre les manipulations urologiques et l'apparition des


symptômes
Délai écoulé
entre les
manipulations
0à 6à 10 à 16 à 21 à 26 à 31 à 36 à 41 à 50 et
urologiques et
5 10 15 20 25 30 35 40 45 +
l'apparition des
symptômes (en
jours)

Nombre
d’animaux 4 1 1 0 2 0 0 0 0 2
concernés

Délai écoulé entre les manipulations urologiques et l'apparition des


symptômes

4
nombre de cas

0
0à5 6 à 10 10 à 15 16 à 20 21 à 25 26 à 30 31 à 35 36 à 40 41 à 45 50 et +
temps en jours

Figure 11 : Délai écoulé entre les manipulations urologiques et les symptômes

50
N. Délai écoulé entre les symptômes et le diagnostic

Le diagnostic est considéré comme certain lorsque l’EBU révèle la présence de


C. urealyticum à plus de 105 CFU/ml. Le délai entre les symptômes et le diagnostic a pu
être calculé sur 11 animaux.
La moyenne est de 46 jours avec un écart de 52 jours. Le diagnostic est confirmé
entre 2 et 160 jours après l’expression des premiers symptômes. Néanmoins, l’infection
par C. urealyticum a été diagnostiquée en moins de 26 jours sur 7 animaux parmi 11
(64%).

Le tableau 9 et la figure 12 nous montrent que le diagnostic est précoce chez 6


animaux sur 11 (55%) et qu’il est tardif chez 5 animaux sur 11 (45%).
Tableau 9 : délai écoulé entre les symptômes et le diagnostic
Délai écoulé
entre les
0à 6à 10 à 16 à 21 à 26 à 31 à 36 à 41 à 50 et
symptômes et
5 10 15 20 25 30 35 40 45 +
le diagnostic
(en jours)

Nombre
d’animaux 2 2 1 1 1 0 0 0 0 5
concernés

Délai écoulé entre les symptômes et le diagnostic


6

4
nombre de cas

0
0à5 6 à 10 10 à 15 16 à 20 21 à 25 26 à 30 31 à 35 36 à 40 41 à 45 50 et +
temps en jours

Figure 12 : Délai écoulé entre l’apparition des symptômes et le diagnostic.

O. Résultats d’EBU

Les résultats d’EBU obtenus sont compilés dans les annexes 1 à 33. Des EBU
négatifs ont été obtenus à l’extérieur de l’école vétérinaire d’Alfort sur quatre chiens.
Un chien et 6 chats ont subi des interventions sur le tractus urinaire en dehors de l’école

51
vétérinaire d’Alfort durant les mois précédant l’ITU à C. urealyticum. Ils exprimaient
des symptômes mais aucun EBU n’a été réalisé.

1 Bactérie isolée
Toutes les cultures dénombraient au moins 105 CFU/ml.
La bactérie est ensuite identifiée par galerie API Coryne.
C. urealyticum, comprenant C. urealyticum et Corynebacterium du groupe D2, a
été isolé 9 fois et Corynebacterium sp. a été isolé 6 fois. Ils ont été isolés en culture pure
pour 14 des 15 EBU. En effet, Corynebacterium sp a été isolé une fois avec
Enterococcus faecalis.

2 Prévalence de l’infection
La prévalence de l’infection est de 0,96% (4 cas d’infection par C. urealyticum
sur 418 urocultures) en 2002 et de 0,41% (2 cas d’infection par C. urealyticum sur 478
urocultures).

3 Antibiogramme
Tout d’abord, la sensibilité de Corynebacterium sp est similaire à celle de C.
urealyticum. En effet, ils sont résistants aux mêmes antibiotiques comme les β-
lactamines. Ils ont des résistances partielles ou inexistantes envers la tétracycline, la
polymyxine B, l’érythromycine ou la rifampicine.

Trois germes sont sensibles et trois autres sont sensibles-résistants à la


polymixine B. Deux germes étaient sensibles à leur première mise en évidence, alors
qu’au deuxième EBU, C. urealyticum était devenu sensible-résistant.
Sept germes sont sensibles à la tétracycline, c’est-à-dire la moitié des isolats. Un
germe n’était sensible qu’à la tétracycline.
Quatre isolats sont sensibles à la rifampicine et quatre sont intermédiaires. Un
isolat était sensible au premier EBU et résistant au second. Un autre isolat était
intermédiaire à cet antibiotique et présente une résistance à toutes les autres molécules
testées.
Un germe avait une sensibilité intermédiaire-sensible à la virginiamycine,
appartenant à la famille des macrolides, et était résistant à tous les autres antibiotiques.
Une sensibilité intermédiaire-sensible à la gentamicine est retrouvée chez un
germe. Tous les autres aminosides testés se montrent inefficaces sur ce germe et sur
tous les autres échantillons.
Deux germes sont sensibles à l’érythromycine et une sensibilité intermédiaire est
présente chez un troisième germe. Les autres macrolides comme la lincomycine ou la
clindamycine ne sont pas testés.
C. urealyticum isolé sur le chat 7 est sensible à l’ampicilline, l’amoxicilline
associé à l’acide clavulanique et possède une sensibilité intermédiaire envers la
pénicilline. Sa sensibilité est intermédiaire-résistant pour la céfalexine. Tous les autres
germes sont résistants aux β-lactamines.
L’ensemble des échantillons est résistant aux quinolones. Les antibiotiques
testés en routine sont la marbofloxacine et la ciprofloxacine.
Les glycopeptides ne sont pas testés car ce sont des antibiotiques réservés à
l’usage hospitalier et par conséquent non utilisé en médecine vétérinaire.

52
Le tableau 10 ci-après fait une synthèse de l’antibiosensibilité des germes isolés.
Une résistance

Tableau 10 : Synthèse de l’antibiosensibilité des différents germes isolés


Sensible- Intermédiaire- Intermédiaire- Résistant
Sensible Intermédiaire
Résistant Sensible Résistant
polymixine B 3 3 5
tétracycline 7 7
rifampicine 4 4 4
virginiamycine 1
gentamicine 1
érythromycine 2 1
ampicilline 1 13
amoxicilline + 13
1
acide
clavulanique
pénicilline 1 13
cefalexine 1 13

P. Traitement et suivi

Dès que C. urealyticum a été mis en évidence, le traitement antibiotique a été


adapté à l’antibiogramme.
Deux chats (chats 5 et 7) ont été traités avec de l’amoxicilline et acide
clavulanique (17,8 et 26,4 mg/kg en 2 prises quotidiennes (PQ)). La guérison a été
confirmée par un EBU négatif chez ces deux animaux.
Deux chats (chats 2 et 6) ont été traités avec de la marbofloxacine en première
intention (3mg/kg/j en 1 PQ). Ces deux chats n’ont pas pu être suivis ensuite pour
mieux adapter l’antibiothérapie à la sensibilité du germe.
Le chat 4 a été traité avec de la doxycycline (10mg/kg en 1 PQ). Ce chat
n’exprime aucun symptôme à la fin du traitement.
Le chat 1 a été traité avec de la tétracycline (13,3mg/kg/j en 1 PQ) pendant 4
jours mais il est mort le cinquième jour.
Aucun traitement adéquat n’a pu être mis en place sur le dernier chat (chat 3)
puisqu’il est décédé avant que l’analyse bactériologique soit terminée.

Quatre chiens (chiens 2, 3, 6 et 7) ont été traités avec de la tétracycline (10mg/kg


en 1 PQ). Trois ont eu une amélioration clinique avec disparition des symptômes et
confirmés par un examen bactériologique négatif. Le traitement du quatrième chien a
été poursuivi avec de la doxycycline (13,3mg/kg en 1 PQ) mais le suivi a été ensuite
impossible.
Le chien 4 était infecté par un germe sensible-intermédiaire à la staphomycine.
Un traitement à base de céfalexine (30mg/kg en 2 PQ) a été instauré puis modifié.
Malheureusement, le suivi a été impossible.
Le chien 5 a été traité à l’érythroline (34 mg/kg en 2 PQ). Ce chien est décédé
ensuite des suites de son infection et de sa chirurgie.

53
Associée au traitement antibiotique, une alimentation acidifiante est ajoutée afin
de favoriser la dissolution des struvites. Quatre chiens et un chat ont été nourris avec du
s/d® de Hill’s. Deux chats ont été alimentés avec du c/d® de Hill’s. Un chat et un chien
ont été alimentés avec du Urinary® de Waltham. Ce dernier a en plus été traité par de
l’acide phosphorique (Phosophorme®) à la posologie de 10 gouttes mélangées dans 10
ml matin et soir.

Une guérison a été obtenue sur 3 chiens et 5 chats, le traitement antibiotique


étant adapté aux résultats de l’antibiogramme. Mais 3 chiens et 2 chats sont décédés. Un
chien s’est révélé indemne de C. urealyticum à la suite du traitement antibiotique mais a
fait des infections urinaires à répétition jusqu’à sa mort.

Q. ITU causée par d’autres germes après C. urealyticum

Chez deux chiens et cinq chats, des EBU négatifs ont confirmé d’une part
l’éradication de l’infection à C. urealyticum et d’autre part l’absence de recolonisation
de la vessie par d’autres germes.
Le chien 6 a été infecté ensuite par E.coli et Proteus mirabilis.
Le chien 7 a subi ultérieurement de très nombreuses infections (E.coli, Proteus
mirabilis, Enterococcus faecalis).
Le chat 4 a été infecté par Entérococcus faecalis.

54
III. DISCUSSION

C. urealyticum fait partie des organismes commensaux de la flore cutanée de


l’homme. Néanmoins chez les carnivores domestiques, la source reste inconnue. Chez
le chat, C. urealyticum a pu être mis en évidence dans le tractus génital des chats et
ferait partie de la flore normale (3).

La prévalence d’infection par C. urealyticum de notre étude reste faible et


inférieure à l’étude de RYAN et al (33) qui trouve un taux d’infection de l’ordre de 1%
en médecine humaine.

Les facteurs prédisposant au développement de C. urealyticum décrits chez


l’homme sont également valables chez les carnivores domestiques. En effet, tous les cas
de notre étude ont subi soit une intervention chirurgicale, comme une cystotomie et une
urétrostomie, soit un sondage vésical, soit atteint d’un dysfonctionnement neurologique
empêchant une miction normale. Il semble que la cathétérisation vésicale soit un facteur
prédisposant majeur pour la colonisation du tractus urinaire. ELAD et al. (9), SUAREZ
et al. (4), GOMEZ et al. (18), KRAMER et al. (21), et BAILIFF et al. (3), arrivent
également aux mêmes conclusions. KRAMER et al. (21), évoquent la possibilité que la
vidange vésicale par taxis soit un facteur prédisposant. Dans notre étude, ce critère n’a
pas été pris en considération.
Pour ce qui concerne les chats, l’ensemble des chats concernés par l’étude de
KRAMER et al.(21) ont été atteint d’une attente obstructive du bas appareil urinaire
comme dans la notre.
La correction médicale ou chirurgicale de ces facteurs de prédisposition est
essentielle pour obtenir une guérison. Cependant, chez plusieurs animaux, il est
impossible d’obtenir une récupération totale : il s’agit en particulier des animaux avec
une atteinte neurologique. Le pronostic devient réservé alors qu’il reste bon si les
corrections sont réalisables.
Il faut également considéré l’utilisation d’antibiotiques comme un facteur
prédisposant majeur. Tous les cas de notre étude ont été traités au cours des 12 mois
précédant l’ITU à C. urealyticum. KRAMER et al.(21) décrivent également une
antibiothérapie sur l’ensemble de leur 10 cas.

Dans notre étude, le nombre de mâle est dominant avec 5 chiens et 7 chats. Le
lien entre le sexe et l’infection est plus évident dans l’espèce féline car les affections du
bas appareil urinaire atteignent principalement les chats mâles. En ce qui concerne les
chiens, il est plus difficile de conclure sur cette disproportion. Une seule affection était
spécifique du sexe, il s’agissait du kyste paraprostatique du chien 4. Les autres chiens
ont des affections pouvant atteindre les deux sexes. Une raison pratique, parfois
envisageable, est que le sondage urinaire est plus fréquent chez le mâle en raison de sa
facilité.

Une hyperthermie est décrite entre 25 et 50% chez l’homme. Notre étude
recense 4 cas d’hyperthermie sur 14, soit 29%. Seuls deux cas d’hyperthermie sont
décrits par SUAREZ et al.(41) et ELAD et al(9). La calcification du méat urinaire

55
externe retrouvé chez un chat est un symptôme très évocateur d’une infection à C.
urealyticum chez l’homme. L’hématurie macroscopique retrouvée chez tous les
animaux et la pyurie (chez 36% des animaux) sont deux symptômes évocateurs en
médecine vétérinaire comme en médecine humaine. L’odeur ammoniacale des urines
ainsi que l’émission de particules calcifiées macroscopiques dans les urines sont rares
mais pathognomoniques d’une cystite à germes uréasiques. L’odeur ammoniacale des
urines n’a été retrouvée que chez un chien.
L’analyse urinaire doit évaluer 3 critères essentiels : le pH, la leucocyturie, la
présence de cristaux de PAM. 100% des animaux présentent ces anomalies sauf un chat
ayant des urines acides (pH= 6,5). Les autres études mettent en évidence un pH alcalin
mais l’ensemble des cas ne regroupe pas les 3 critères cités ci-dessus.
Comme le décrivent BAILIFF et al. (3), d’autres germes uréasiques, comme
Proteus mirabilis et Staphylococcus spp, sont des agents plus fréquents de cystite avec
des caractéristiques urinaires similaires. La suspicion de C. urealyticum comme agent
est le fait de la persistance des symptômes et des anomalies urinaires malgré une
antibiothérapie. De plus, un pH souvent très basique supérieur à 8 et atteignant souvent
9 est un symptôme évoquant une infection par C. urealyticum.

L’analyse biochimique révèle une hyperammoniémie chez un chat, complication


retrouvée chez un enfant de 7 ans (15). Ce chat présentait des symptômes similaires à
ceux décrits en médecine humaine comme une baisse de vigilance et une léthargie. Ces
symptômes sont dus à l’augmentation de l’ammoniémie entraînant une encéphalopathie.
La numération formule a été réalisée sur seulement 4 animaux. Malgré ce faible
nombre d’analyse, tous les animaux développent une leucocytose par neutrophilie. Il
aurait été intéressant de réaliser une culture bactérienne sanguine pour les cas les plus
graves pour mettre en évidence une éventuelle bactériémie comme le sous-entend
ELAD et al (9).

Le spectre de résistance est similaire à ceux décrits par DE BRIEL et al. (7),
ELAD et al. (9), GOMEZ et al. (18), KRAMER et al (21). Une résistance marquée
envers les pénicillines sauf pour un germe de notre étude, une résistance relative envers
les tétracyclines, la rifampicine et les quinolones. En médecine vétérinaire, l’emploi de
la rifampicine est déconseillé car il s’agit d’un antituberculeux. Il en est de même pour
les glycopeptides. Néanmoins, il aurait été intéressant de les tester en laboratoire pour
évaluer le spectre de résistance. De plus, SUAREZ et al.(41) et ELAD et al.(9) ont
utilisé des glycopeptides, et GOMEZ et al (18).ont utilisé de la rifampicine. Ces auteurs
obtiennent une guérison des animaux traités. Chez quatre animaux, le germe n’était
sensible qu’à la rifampicine ce qui débouchait sur une impasse thérapeutique. Ils ont été
traités par un antibiotique large spectre pour éviter les surinfections en attente des
résultats d’EBU. Ensuite le traitement a été poursuivi sans malheureusement de suivi
possible.

La radiographie ne nous a apporté aucun renseignement sur l’état de la


muqueuse vésicale. A l’opposé, BAILIFF et al. (3) ont mis en évidence une
minéralisation de la paroi vésicale et KRAMER et al. (21) ont également identifié une
calcification vésicale marquée. Cet examen ne met en évidence que les cas les plus
sévères et est peu sensible.
L’échographie est plus sensible et reste un examen indispensable en médecine
vétérinaire. En médecine humaine, elle a été supplantée par la cystoscopie et le scanner.

56
La cystoscopie est utilisable en médecine vétérinaire et BAILIFF et al. (21) l’utilise sur
3 animaux. Aucun de nos animaux n’a pu être suivi par cet examen.
L’échographie nous a permis d’identifier 8 cystites incrustées. Cette
minéralisation vésicale associée à des cristaux de struvite n’est pas spécifique d’une
infection par C. urealyticum mais cette infection doit être évoquée lors de cystite
incrustée. Le diagnostic d’atteinte vésicale suite à une infection par C. urealyticum a
ensuite été confirmé par un EBU. Les images échographiques obtenues sont variables
dans leur échotexture et leur forme. BAILIFF et al. (21) décrivent des images de
« sédiments le long de la paroi qui ne tombe pas quand l’animal est retourné ».
En médecine humaine, le scanner permet de réaliser un suivi, examen trop
onéreux pour la médecine vétérinaire, et supplanté par l’échographie. Ce suivi permet
de statuer sur la poursuite ou l’arrêt du traitement ainsi que son efficacité.

Le mode de culture s’éloigne des recommandations puisque la gélose au sang


n’a été utilisée que 3 fois et le milieu TCS 13 fois. L’enrichissement en CO2 est
discutable en vue du type respiratoire de cette bactérie. L’enrichissement du milieu en
antibiotique, recommandé par DE BRIEL et al. (7), n’est pas appliqué. Le milieu
sélectif, en vue du faible nombre de cas par an, est peu conseillé en routine. BAILIFF et
al. (3) recommandent alors en cas de suspicion clinique (urines alcalines, cristaux de
PAM, leucocyturie) de conserver le milieu de culture plus de 48 heures pour identifier
C. urealyticum. Le service de bactériologie en est arrivé aux mêmes conclusions et
conserve les milieux de culture plus de 48 heures. En médecine humaine, la PCR
remplace la culture trop longue et aléatoire et pourrait être utilisée en médecine
vétérinaire.

L’expression des premiers symptômes était précoce et déclarée avant 25 jours,


chez 8 animaux sur 10 (80%). Les deux autres animaux ont exprimé des symptômes
assez tardivement. Ceci pourrait être du à une résistance de la part de l’animal ou alors à
un défaut de perception des symptômes par les propriétaires.
Le diagnostic est rapide chez 7 animaux et décelé après 50 jours chez 5 animaux.
Parmi ces 5 animaux, 3 ont eu un EBU négatif durant l’expression des symptômes et
ceci a repoussé la date du diagnostic d’ITU à C. urealyticum. Ces EBU négatifs peuvent
être dus à la difficulté d’isoler C. urealyticum en routine.

Les analyses histologiques, comme l’ont expliqué KRAMER et al. (21),


conduisent avec quasi certitude au diagnostic de cystite incrustée sauf pour un stade
précoce. Nos deux animaux ont une cystite ulcéreuse nécrosante plus ou moins
chronique, caractéristique de la cystite incrustée. Elles permettent ainsi d’écarter le
risque tumoral.

Le traitement comprend une antibiothérapie adaptée lorsqu’elle est possible. Les


multirésistances de ce germe limitent le choix d’antibiotiques. En médecine humaine, la
téicoplanine et la vancomycine sont les deux antibiotiques de première intention. ELAD
et al. (9) ont mis en place avec succès un traitement à base de vancomycine sur deux
chiens et GOMEZ et al. (18) ont obtenu une guérison avec de la téicoplanine chez un
chien. KRAMER et al. (21) ont souligné l’interdiction d’utiliser les glycopeptides sur
les animaux en Allemagne car ces antibiotiques sont réservés à l’usage hospitalier
comme en France. Les tétracyclines longtemps utilisées en médecine humaine et
maintenant supplantées par les glycopepetides représentent une bonne alternative avec
une relative sensibilité de C. urealyticum. La tétracycline est un bon choix mais la

57
doxycycline n’est excrétée qu’à hauteur de 25% dans les urines ce qui ne permet pas
d’obtenir la concentration efficace. Deux animaux de notre étude ont une
antibiothérapie inadaptée car le germe n’était sensible qu’à la rifampicine. BAILIFF et
al. (3) ont souligné une guérison malgré une antibiothérapie inadaptée sur deux chiens
et la même constatation est faite en médecine humaine.
L’acidification des urines est un facteur important pour la guérison du fait de
l’élimination d’un des facteurs de croissance de C. urealyticum. Elle était peu mise en
place sur les premiers cas de notre étude puis fut instaurée. Elle est composée d’acide
phosphorique, de vitamine C en majorité. KRAMER et al. (21) définissent
l’acidification comme un élément très important. BAILIFF et al. (3) proposent d’utiliser
la solution de Suby en injection intravésicale.
Le débridement réalisé en médecine humaine est peu possible en médecine
vétérinaire étant donné l’étendue des lésions lors de la découverte de la cystite
incrustée. Elle est toutefois pratiquée par BAILIFF et al. (3) et ils ont considéré obtenir
une guérison totale grâce aux débridements et aux autres mesures thérapeutiques mises
en place.

Cette affection reste rare chez les carnivores domestiques. Les manipulations du
tractus urinaire et les affections neurologiques affectant la miction présentent sur
l’ensemble de nos cas, restent des facteurs majeurs de prédisposition. Cette affection
doit être suspectée sur un animal présentant des symptômes de cystite avec un pH
urinaire supérieur à 7 et des cristaux de PAM. Le milieu de culture doit être conservé
plus de 48 heures. Le pronostic de cette atteinte doit être réservé. Il est plutôt bon
lorsque le diagnostic est précoce et que les lésions vésicales ne sont pas trop étendues.
L’antibiothérapie adaptée à l’antibiogramme est une condition sine qua non pour obtenir
la guérison, associée à une acidification des urines.

58
CONCLUSION

D’après notre étude, l’infection du tractus urinaire par C. urealyticum chez le


chat et le chien reste une infection rare. Elle atteint uniquement les animaux ayant des
prédispositions. Il s’agit essentiellement des manipulations urologiques, des déficits
neurologiques et des traitements antibiotiques pré-infection comme le soulignent
d’autres auteurs.
Les symptômes, que nous retrouvons, sont peu spécifiques et s’expriment par
une hématurie, dysurie, pyurie. L’analyse urinaire apporte plus de renseignements. Le
pH est supérieur à 7 et souvent proche de 8. Des cristaux de PAM, des hématies et des
leucocytes sont mis en évidence dans les urines. L’examen bactériologique urinaire
apporte une certitude de diagnostic si Corynebacterium urealyticum est isolé. Les
milieux de culture doivent être conservés au moins 48 heures, et l’utilisation d’un
milieux spécifique est recommandée. Ces deux conditions sont souvent peu réalisée en
routine ce qui entraîne un sous-diagnostic probable.
L’imagerie médicale nous a apporté des arguments permettant d’avoir des fortes
suspicions de cystite incrustée, en particulier une ligne hyperéchogène dans la paroi
vésicale détectée par échographie.
Le traitement reste difficile. La sensibilité de ce germe étant réduite, une
impasse thérapeutique est quelquefois observée. Pour la majorité des cas, un traitement
adapté à l’antibiogramme est possible. La guérison est améliorée par une acidification
des urines, mise en place sur les derniers cas d’infection de notre étude. Elle passe par
une alimentation acidifiante et un traitement acidifiant à base d’acide phosphorique.
Le pronostic reste bon à condition que les causes de prédisposition soient
guérissables et qu’un traitement antibiotique adapté puisse être instauré. Le pronostic
est plus réservé dans les autres cas.

59
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62
ANNEXES

63
64
Annexe 1 : Résultats d’uroculture du chien 1

65
Annexe 2 : Antibiogramme d’uroculture du chien 1

66
Annexe 3 : Résultats d’uroculture du chien 1

67
Annexe 4 : Antibiogramme d’uroculture du chien 1

68
Annexe 5: Résultats d’uroculture du chien 2

69
Annexe 6: Antibiogramme d’uroculture du chien 2

70
Annexe 7: Résultats d’uroculture du chien 2

71
Annexe 8: Résultats d’uroculture du chien 3

72
Annexe 9: Antibiogramme d’uroculture du chien 3

73
Annexe 10: Résultats d’uroculture du chien 4

74
Annexe 11: Antibiogramme d’uroculture du chien 4

75
Annexe 12: Résultats d’uroculture du chien 5

76
Annexe 13: Antibiogramme d’uroculture du chien 5

77
Annexe 14: Résultats d’uroculture du chien 5

78
Annexe 15: Antibiogramme d’uroculture du chien 5

79
Annexe 16: Résultats d’uroculture du chien 6

80
Annexe 17: Antibiogramme d’uroculture du chien 6

81
Annexe 18: Résultats d’uroculture du chien 7

82
Annexe 19: Antibiogramme d’uroculture du chien 7

83
Annexe 20: Résultats d’uroculture du chat 1

84
Annexe 21: Antibiogramme d’uroculture du chat 1

85
Annexe 22: Résultats d’uroculture du chat 2

86
Annexe 23: Antibiogramme d’uroculture du chat 2

87
Annexe 24: Résultats d’uroculture du chat 3

88
Annexe 25: Antibiogramme d’uroculture du chat 3

89
Annexe 26: Résultats d’uroculture du chat 4

90
Annexe 27: Antibiogramme d’uroculture du chat 4

91
Annexe 28: Antibiogramme d’uroculture du chat 4

92
Annexe 29: Résultats d’uroculture du chat 5

93
Annexe 30: Antibiogramme d’uroculture du chat 5

94
Annexe 31: Résultats d’uroculture du chat 6

95
Annexe 32: Antibiogramme d’uroculture du chat 6

96
Annexe 33: Résultats d’uroculture du chat 7

97
Annexe 34: Antibiogramme d’uroculture du chat 7

98
Résumé
L’infection du tractus urinaire par Corynebacterium urealyticum a été
décrite pour la première fois en 1992 chez les chiens et les chats. Elle reste une
2005 affection rare. Ce faible taux d’infection peut être du à un sous diagnostic
résultant de la difficulté à isoler C. urealyticum lors d’uroculture.
Quatorze cas d’infection du tractus urinaire par C. urealyticum (7chiens
et 7 chats) ont été diagnostiqués à l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort entre
CARNIVORE DOMESTIQUES : ETUDE RETROSPECTIVE A PARTIR DE 14 CAS

1998 et 2004. L’analyse des dossiers retenus montre que cette affection touche
INFECTION DU TRACTUS URINAIRE A CORYNEBACTERIUMCHEZ LES

les animaux ayant une cause de prédisposition (chirurgie, manipulation ou


atteinte neurologique atteignant le tractus urinaire). Une hématurie
macroscopique, une pyurie sont retrouvés sur 13 animaux (93%). L’analyse
d’urine met en évidence un pH urinaire très alcalin (> 8,5 dans 67 %), des
cristaux de phosphate ammoniaco-magnésien, une leucocyturie et une
hématurie.
L’échographie permet de suspecter fortement cette infection en
visualisant une paroi vésicale très épaissie et des incrustations minérales (cystite
incrustée), mis en évidence chez 8 animaux de notre étude.
Le traitement est difficile en raison des diagnostics trop tardifs et de
l’antibiorésistance marquée de ce germe. La sensibilité aux tétracyclines reste la
plus fréquente et souvent la seule retrouvée chez 6 animaux. Une résistance à
tous les antibiotiques est notée chez 2 animaux.
Une guérison a été obtenue sur 9 animaux grâce à une antibiothérapie
adaptée, une acidification des urines et une correction des causes
prédisposantes. 5 animaux sont décédés suite aux complications de l’infection
(pyélonéphrite, septicémie).
Mots-Clés : CORYNEBACTERIUM UREALYTICUM, BACTERIE,
ANTIBIORESISTANCE, CYSTITE INCRUSTEE, INFECTION, TRACTUS
URINAIRE, CARNIVORE, CHIEN, CHAT.

Summary
The infection by Corynebacterium urealyticum of the urinary tract was
described for the first time in 1992 in dogs and cats. It is a rare affection. This
low rate of infection is probably due to an under diagnostic resulting to the
difficulty to isolate C. urealyticum from urine.
Fourteen cases of urinary tract infection due to C. urealyticum (7 dogs
and 7 cats) were diagnosed at Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort from 1998 to
2004. The study of the clinical informations shows that affection reaches
animals with cause of predisposition (surgery, manipulation or neurology
deficiency of urinary tract). A macroscopic hematury, a pyury were found in 13
animals (93%). Urine tests show an alkaline urinary pH (>8.5 for 67%), struvite
stones, a leucocytury and a hematury.
Scan allows suspecting strongly this infection since we see a thickness
of vesical wall and encrusted mineralizations (encrusted cystitis) discovered in 8
animals of our study.
Treatment is difficult because of belated diagnosis and severe
antibioresistance of this germ. Susceptibility to tetracycline stay the most
frequent and the only for 6 animals of our study. Resistant germs to all
antibiotics tested were found in 2 animals.
A recovery is obtained in 9 animals following adapted antibiotherapy,
DUTHEL M.

acidification of urines and correction of predisposition causes. Five animals


were dead after complications of infection (pyelonephritis, septicemia).
KEY WORDS: CORYNEBACTERIUM UREALYTICUM, BACTERIA,
ANTIMICROBIAL RESISTANCE, ENCRUSTED CYSTITIS, INFECTION,
URINARY TRACT, SMALL ANIMALS, DOG, CAT.

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