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M É M O
EXTRAIT DU CATALOGUE
PHILOSOPHIE
7. Les Grands Courants de la philosophie ancienne. Alain Graf
8. Les Grands Courants de la philosophie moderne. Alain Graf
9. Les Grandes Œuvres de la philosophie ancienne. Thierry Gontier
10. Les Grandes Œuvres de la philosophie moderne. Thierry Gontier
11. Lexique de philosophie. Alain Graf et Christine Le Bihan
36. Les Grands Courants de la philosophie politique. Michel Terestchenko
51. Lexique de psychanalyse. Frédéric de Scitivaux
52. Les Grandes Notions philosophiques (1. La connaissance, la raison,
la science). Michel Coudarcher
53. Les Grandes Notions philosophiques (2. La société, le pouvoir, l'État).
Denis Collin
54. Les Grandes Notions philosophiques (3. La justice, le droit). Denis Collin
55. Les Grands Philosophes contemporains. Alain Graf
56. Aborder la philosophie. Yves Cattin
57. Les Grands Problèmes de l'éthique. Christine Le Bihan
58. Les Grands Courants de la philosophie des sciences.
Marie-Dominique Popelard et Denis Vernant
76. Les Grandes Notions philosophiques (4. Métaphysique et religion).
Yves Cattin
77. La Philosophie du langage. Éric Grillo
94. La Philosophie de l'art. Florence Begel
ISBN 2-02-32400-8
© Éditions du Seuil, janvier 1998
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation
collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé
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INTRODUCTION
• Qu'est-ce que l'art ? Nous avons tous l'impression de savoir
de quoi nous parlons lorsque nous faisons référence à certains
objets d'art, à une histoire de l'art, à notre propre goût esthétique
qui, malgré les disputes et jugements divers, semble être un cri-
tère déterminant pour nommer ces objets. Toutefois, il apparaît
une ambiguïté, du fait de l'étymologie grecque et latine : technè,
ars, renvoient à la production technique ( ▶ chapitre 1
• Depuis l'Antiquité, l'opposition entre la matière sensible et le
contenu intelligible (l'Idée, la Nature) apparaît comme une
caractéristique de l'œuvre, au point que les discours sur l'art
ont tenté d'imposer des règles aux artistes, en fixant des normes
permettant de représenter ces contenus déterminés de pensée.
• L'artiste est celui qui donne vie et forme à des idéaux : ainsi
Rubens ou Poussin expriment dans leurs oeuvres l'érudition, la
sagesse et la perfection. Cependant, si ces idées permettent la
compréhension de théories sur l'art, leur rôle semble plus impro-
bable dans la création, propre au génie, et qui reste fondamenta-
lement mystérieuse. A mesure que s'affirme l'autonomie de
l'artiste, les œuvres se libèrent de toutes les contraintes de la
représentation, jusqu'à l'art non figuratif que résument les noms
de Kandinsky, de Duchamp, de Picasso et de tant d'autres.
• Le terme « esthétique », qui définit à partir de la sensation un
discours sur le beau, n'apparaît qu'au XVIII siècle. La fondation
de cette discipline, comprise comme science du beau, circonscrit
un espace théorique où peuvent se parler, se comprendre mais aussi
s'affronter ceux qui entendent parler de l'art. En simples amateurs,
peut-on juger une création artistique en faisant confiance aujour-
d'hui aux historiens et critiques d'art, aux discours des sciences
humaines ou encore aux tenants de la mode ( ▶ chapitre 7) ?
• Enfin, face à l'incompréhension, au mutisme ou au désarroi
que suscite l'expression artistique des temps modernes
( ▶ chapitre 8 faut-il conclure à la fin des discours sur l'art ?
Si la philosophie, depuis Platon ( ▶ chapitre 1 jusqu'à nos
jours ( ▶ chapitre 9 n'est jamais restée étrangère à l'art tout au
long de son histoire, sans doute sera-t-elle d'un grand secours
pour percer cet insondable mystère de l'œuvre ( ▶ chapitres 2
et 3), de la création ( ▶ chapitre 4 et du jugement de goût
( ▶ chapitres 5 et 6
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A. LA T E C H N È
a. Art et habileté
• L'origine du mot « a r t », selon l'étymologie grecque, ne va pas
sans difficulté, car technè signifie à la fois métier, habileté à faire
quelque chose, art, méthode et même ruse. Aristote la définit
comme « une disposition à produire accompagnée de règle »
(Éthique à Nicomaque, VI, 4). Le mot latin ars désigne de la
même manière l'ensemble des procédés servant à produire un
certain résultat, et l'artificiel, qui s'oppose à la fois à la science
(connaissance indépendante des applications) et à la puissance
créatrice de la nature.
• Toutefois, cette production s'applique à t o u t e forme fabri-
quée, sans que l'on puisse parler de « chef-d'œuvre », au sens
où nous le distinguons aujourd'hui du produit ou du simple
objet. Ainsi, Aristote nomme technè ce qui naît par la mise en
oeuvre de moyens techniques et théoriques. « Pour ce qui est des
choses susceptibles d'être autrement, il en est qui relèvent de la
création [poïèsis], d'autres de l'action [praxis], création et action
étant distinctes » (ibid., VI, 3). Seule la première disposition,
accompagnée de raison, est appelée un art.
• Ainsi, l'artiste ne se distingue pas de l'artisan. La définition
du mot « art » concerne à la fois ce que l'on nommera au
XVIII siècle les « arts libéraux », c'est-à-dire les activités de loi-
sirs d'un homme libre, et les « arts mécaniques », qui désignent
davantage des procédés matériels de fabrication. L'art regroupe
très largement des pratiques aussi diverses que l'architecture, la
gravure, la musique, la peinture et la sculpture, d'une part, les
objets fabriqués, qu'ils soient utiles ou seulement décoratifs
(poterie, ébénisterie, outils, etc.), d'autre part, mais aussi l'art
oratoire, la médecine ou l'art culinaire !
b. A r t e t t e c h n i q u e
• Platon feint cependant d'ignorer la dimension de travail mise
en oeuvre dans la matérialité de l'art, en distinguant trois sortes
de « préposés » aux modes de production : le dieu, qui met la
nature en ordre, l ' qui est l'ouvrier fabriquant un objet
correspondant à l'Idée ou à la Forme de celui-ci, et le peintre,
l'imitateur, qui représente l'objet non pas tel qu'il est mais tel
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B. ART ET O N T O L O G I E : H E I D E G G E R
Kant avait pensé l'art du point de vue de la subjectivité récep-
tive (le sujet qui juge). Dans son rapport à la vérité, il est aussi
envisagé du point de vue de la subjectivité créatrice, par
Nietzsche par exemple. Les deux théories de la subjectivité
situent l'œuvre d'art dans l'expérience vécue, mais pareille
démarche occulte ce qu'il y a de plus fondamental dans l'œuvre
d'art : en elle se révèle une expérience de l'Être.
a. Qu'est-ce q u ' u n e œ u v r e ?
Heidegger, dans l'ouvrage Chemins qui ne mènent nulle part,
s'interroge sur « l'origine de l'œuvre d'art ».
• L'œuvre est d'abord u n e chose, c'est-à-dire, selon la défini-
tion d'Aristote, une matière qui a reçu une forme : c'est un pro-
duit sur le modèle artisanal (technè), compris comme le résultat
d'une intention pour un usage précis. La « chose » est avant tout
utilitaire, instrumentale, et le matériau utilisé est alors occulté
au profit de la fonction. Mais l'œuvre d'art est-elle seulement
cela ? Peut-elle être définie comme union d'une matière et
d'une forme ?
• Pour répondre à cette question, Heidegger étudie le tableau de
Van Gogh représentant une paire de souliers, fatigués, humbles
objets de la vie quotidienne qui ne nous laissent pas ignorer ce
qu'ils sont. Mais ils ne sont pas utilisables, on ne sait même pas
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C. L ' Œ U V R E ET LE M O N D E :
PHÉNOMÉNOLOGIE
C'est une autre mise en ordre de la vérité à laquelle Maurice
Merleau-Ponty consacre ses analyses sur l'art, car il s'agit d'une
modification du regard, mais là aussi qui n'est pas à comprendre
au sens d'un retour à la subjectivité. « Des regards qui se ren-
contrent font naître d'étranges rapports », écrit Valéry. Merleau-
Ponty développe cette intuition en montrant que ce qui est vrai
du rapport de soi à autrui convient au rapport de soi au monde.
« C'est pourquoi tant de peintres ont dit que les choses les regar-
dent » (L'Œil et l'Esprit).
a . « La chair du m o n d e »
• Ce « chiasme » du regard nous situe du côté des présences
visibles, qui ont une « doublure » invisible d'où elles émergent.
Ce n'est pas un au-delà transcendant, mais « le relief et la pro-
fondeur du visible » (Signes). En peinture, la profondeur n'a rien
de géométrique, mais c'est une dimension ontologique de tout
ce qui est, « l'expérience d'une voluminosité qu'on exprime en
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