CHAPITRE 2
1. Introduction
Le présent chapitre est consacré à une présentation succincte des règles Eurocode 3 (CCM97 en
Algérie). Avant cette présentation, une comparaison générale avec les règles CM66 permet de relever les
principales évolutions introduites par les règles Eurocode 3. Par la suite, la notion d’états limites sur
laquelle est basée l’Eurocode 3 est présenté dans sa configuration la plus simple.
2. Notions de sécurité :
- conditions de liaisons des nœuds erronées (assimilées à des encastrement ou des articulations
parfaits, pour des raisons de modélisation de méthodes de calculs, alors qu’en réalité un nœud
n’est que partiellement encastré ou articulé),
- assemblages mal conçus (les notions de rigidité et de capacité de rotation sont souvent mal
perçues ou purement éludées),
- les contraintes résiduelles de laminage, que l’on connaît mal, faussent les calculs des contraintes
résultantes,
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Chapitre 2. Notions de base et sécurité 3ème Licence Académique en Génie Civil
- l’acier n’est pas, comme on le considère en résistance des matériaux, un matériau parfaitement
élastique, homogène et isotrope,
- les tolérances de laminage sont importantes et perturbent les calculs d’inerties et de contraintes de
15 %, très facilement.
En usine, du fait d’erreurs sur les plans d’exécution ou en atelier, de cotations erronées, d’oublis de
raidisseurs, de perçages trop importants, de soudures défectueuses, … etc.
- les modes de calculs prennent en compte les structures en phase définitive, et rarement en phase
de montage, ce qui peut conduire à des problèmes divers : déversement de poutres au levage,
effondrement du fait de contreventements provisoires oubliés...
- serrage de boulons incorrect (notamment de boulons HR), diamètre et nuance d'acier des boulons
non conformes, coefficient de frottement des platines insuffisant, etc.
- modification de destination des locaux, d'où charges bien supérieures sur les planchers.
- absence de maintenance et d'entretien (corrosion des aciers, oxydation, perte de section résistante).
Considérant enfin, contrairement aux hypothèses de la R.D.M., que les charges ne sont jamais
centrées, que les poteaux ne sont que rarement verticaux, que les poutres sont également rarement
rectilignes, que les sollicitations ne sont pas nécessairement confinées dans les plans principaux d'inertie,
nous pouvons être certains, que pendant sa durée de vie, un ouvrage sera soumis à des sollicitations
supérieures à celles prises en compte dans les calculs.
De ce fait, pour assurer la sécurité d'une construction, deux démarches sont possibles :
- la première, qui est un calcul aux "contraintes admissibles", dans lequel il s'agit de vérifier que la
contrainte en service reste inférieure à une fraction de la contrainte ultime du matériau. Il s'agit
d'une méthode de calcul de type "déterministe", qui suppose les paramètres de calculs connus,
donc non aléatoires.
- la seconde, qui est un calcul aux "états limites", dans lequel il faut vérifier que la contrainte en
service, majorée (ou pondérée), reste inférieure à la contrainte ultime du matériau. Il s'agit cette
fois d'une méthode de calcul de type "probabiliste". qui introduit des coefficients de pondération
variables, donc aléatoires.
Il semble, que la tendance actuelle et à venir des règlements et normes en cours d'élaboration, aille
vers des méthodes de calculs "semi-probabilistes", ce qui est le cas pour l'Eurocode 3.
En ce qui concerne les ponts et ouvrages d’art, le titre V du fascicule 61, intitulé « conception et
calcul des ponts et constructions métalliques en acier » faisait aussi office.
Ces règlements ont été complétés peu de temps après (les années 70) par des normes NF, qui
régissaient les calculs des assemblages.
Les développements de la théorie de plasticité et les résultats de recherche acquis ont permis la mise
au point d’un document complémentaire aux anciennes règles, c’est « l’additif 80 », qui permettaient d’en
profiter des propriétés élasto-plastiques de l’acier et d’alléger ainsi les structures.
Depuis 1993, et dans le but d’uniformiser les différentes règles existantes dans l’union européenne
dans le domaine de la construction, une nouvelle réglementation est entrée en vigueur, c’est les
Eurocodes et en particulier « l’Eurocode 3 » pour les constructions métalliques.
De 1993 à 1996 c’était une période probatoire où l’Eurocode 3 a été classé comme norme provisoire.
À Partir de 1996, l’Eurocode 3 est devenu une norme homologuée (EN) assortie d’un D.A.N.
(document d’application national) propre chaque pays européen et doit remplacer toutes les règles
antérieures.
Dans les règles CM66, les calculs sont supposés conduits exclusivement en élasticité, avec toutefois
quelques incursions limitées et implicites dans le domaine plastique (coefficient d’adaptation plastique).
Elément par élément, un critère unique de ruine est utilisé : l’atteinte de la limite d’élasticité minimale
garantie de l’acier sur la fibre la plus défavorisée de la section la plus sollicitée, sous les effets de
combinaisons pondérées des actions. Ce critère de ruine est conservé pour les éléments soumis aux
instabilités de flambement et/ou de déversement, par le biais d’une amplification des contraintes réputée
représentative des effets du second ordre (méthode de Dutheil).
L’élancement des parois comprimées des profils est limité de manière à ce que la résistance des
sections fondée sur une répartition élastique des contraintes normales ne soit jamais amputée par
l’intervention prématurée de phénomènes de voilement local de ces parois.
Le domaine couvert par les règles Eurocode 3 est plus vaste puisqu’il est possible de traiter en
appliquant ce texte à:
Les règles Eurocode 3 introduisent une rationalisation des niveaux de sécurité vis-à-vis des différents
critères de ruine dans le cadre d’une approche de type « états limites ». par rapport aux règles CM66, elles
apportent aussi des comportements précieux, notamment sur la résistance des âmes de poutres aux
charges transversales.
L'analyse globale a pour objectif de déterminer, à l'état limite considéré, les déformations et la
distribution des sollicitations dans une structure soumise à un ensemble particulier d'actions de calcul, et
en particulier, les efforts maximums qui vont survenir dans les sections, les éléments et les assemblages
de la structure.
Cette analyse doit prendre en compte les effets de second ordre, les imperfections structurelles, le
comportement des assemblages et la redistribution plastique des efforts lorsque c'est nécessaire (analyse
globale plastique).
Plus l'analyse globale est fouillée pour approcher la réalité au plus près, plus la vérification des
éléments de la structure sera simplifiée : le choix de cet analyse n'est donc pas neutre comme on le verra
par la suite.
- les déformations, par le calcul des flèches verticales des éléments de planchers et flèches
horizontales des ossatures dans les combinaisons les plus défavorables de l'état limite de service. Ces
valeurs, précieuses en tant qu'indicateurs de la rigidité d'un élément ou d'une structure (l’inconfort des
occupants, dommages locaux) doivent toujours correspondre au domaine élastique du comportement de la
structure quelles que soient les méthodes adoptées pour évaluer la résistance et la stabilité. Dans les
bâtiments, ces flèches doivent être inférieures ou égales à des valeurs maximales spécifiées dans la NBN
B-03-003. Lors de la détermination de la flèche, il peut s'avérer nécessaire d'étudier les effets d'une
contre-flèche préalable, des charges permanentes et des charges variables séparément ;
- les vibrations, en vérifiant les fréquences propres de la structure (ou partie de structure) ;
- les résistances des sections transversales, des éléments (flambement, déversement) et des
assemblages, la stabilité globale (flambement d'ensemble) et l'équilibre statique (renversement,
glissement) de la structure, et ce, dans les combinaisons correspondantes les plus défavorables de l'état
limite ultime.
L’eurocode 3 s’applique au calcul des bâtiments et des ouvrages de génie civil en acier. Il est
conforme aux principes et exigences concernant la sécurité et l’aptitude au service des structures, les
bases de leur calcul et leur vérification qui sont donnés d’ans l’EN 1990 (EC0) : « base de calcul des
structures ».
EN 1993-1 Calcul des structures en acier : Règles générales et règles pour les bâtiments ;
EN 1993-1-1 Calcul des structures en acier : Règles générales et règles pour les bâtiments ;
EN 1993-1-3 Calcul des structures en acier : Profilés et plaques à parois minces formés à froid ;
EN 1993-1-5 Calcul des structures en acier : Plaques planes chargées dans leur plan ;
EN 1993-1-7 Calcul des structures en acier : Plaques planes chargées transversalement à leur plan ;
EN 1993-1-10 Calcul des structures en acier : Choix des qualités d'acier vis-à-vis de la ténacité et des
propriétés dans le sens de l'épaisseur ;
EN 1993-1-11 Calcul des structures en acier : Calcul des structures à câbles ou éléments tendus.
L'EN 1993-1-1 donne des règles de calcul fondamentales pour les structures en acier avec des
épaisseurs de matériau t > 3 mm. Elle énonce également des spécifications supplémentaires pour le calcul
structural des bâtiments en acier. Pour les éléments minces formés à froid et les épaisseurs de plaque t < 3
mm, il faut se référer à l'EN 1993-1-3.
L'EN 1993-1- 1 est subdivisée en 7 chapitres : Chapitre 1: Généralités; Chapitre 2: Bases de calcul;
Chapitre 3: Matériaux; Chapitre 4: Durabilité; Chapitre 5: Analyse structurale ; Chapitre 6: Etats limites
ultimes ; Chapitre 7: Etats limites de service.
Les conventions d'appellation pour les axes des barres en acier de sections en double té et tabulaires
sont les suivantes:
« x-x » pour l'axe longitudinal de la barre, « y-y » pour l'axe de la section transversale parallèle aux
semelles, et « z-z » pour l'axe de la section transversale perpendiculaire aux semelles.
Pour les cornières, y-y est l'axe parallèle à l'aile la plus petite et z-z est l'axe perpendiculaire à l'aile la
plus petite. Quand cela s'avère nécessaire, u-u est l'axe principal de forte inertie (lorsqu'il ne coïncide pas
avec l'axe yy) et v-v est l'axe principal de faible inertie (lorsqu'il ne coïncide pas avec l'axe zz).
Les symboles utilisés pour les dimensions et les axes de section transversale des profilés laminés en
acier sont indiqués ci-dessous :
En ce qui concerne les « indices » des M, N, V, pour les moments on utilisera le nom de l'axe autour
duquel le moment agit, et pour les autres efforts internes, l'axe dans la direction duquel l'effort agit.
Toutes les règles données dans l'Eurocode 3 se rapportent aux propriétés des axes principaux, définis
en général par les axes y-y et z-z ou, pour des sections telles que des cornières, par les axes u-u et v-v.
La vérification de la résistance des sections transversales et des barres doit être conforme aux
principes du calcul aux états limites utilisé conjointement avec la méthode des coefficients partiels et les
combinaisons de charges, tel que défini dans l'EN 1990 ou EC0. Les actions à prendre en compte sont
données dans l'EN 1991 ou EC1.
Pour les bâtiments, le coefficient partiel de sécurité « global » M à appliquer aux diverses valeurs
caractéristiques des résistances est le suivant :
pour le contrôle de la résistance des sections transversales (quelle que soit la classe de section) :
M0= 1,00 ;
pour le contrôle de la résistance à la rupture des sections transversales en traction : M2= 1,25;
pour le contrôle de la résistance des organes d'assemblages (boulons, soudures, ...) : Mb= 1,25.
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Chapitre 2. Notions de base et sécurité 3ème Licence Académique en Génie Civil
Les matériaux utilisés doivent être conformes aux indications de la première partie de ces notes sur
les « aciers de structure ».
Un état limite est un état particulier, au delà duquel une structure ne satisfait plus aux exigences pour
lesquelles elle a été conçue et dimensionnée.
- 1'Etat Limite de Service (É.L.S.), qui correspond à l'utilisation courante et quotidienne de l'ouvrage et qui
limite les déformations de la structure, afin d'éviter des désordres secondaires et garantir la pérennité
de l'ouvrage (limitation des flèches, de la fissuration du béton...) ;
- l'Etat Limite Ultime (É.L.U.), qui correspond à un cas de charge exceptionnel, ultime, pour lequel la
stabilité de l'ouvrage doit être garantie, bien qu'étant à la limite de la ruine. Un É.L.U. est atteint lorsque
l'on constate une perte d'équilibre, une instabilité de forme, une rupture d'élément, une déformation
plastique exagérée, …etc.
- les actions permanentes G : poids propres, action de la précontrainte, déplacement différentiel des
appuis, déformation imposée à la construction ;
- les actions variables Q : charges d'exploitation, action du vent, action de la neige, action des gradients
thermiques ;
Remarques :
- Pour l'estimation des charges permanentes et d'exploitation voir le document DTR BC 2.2 "Charges
permanentes et charges d'exploitation".
- Pour estimer les charges dues au vent et à la neige voir le règlement RNV 99.
- Pour tenir compte du séisme dans le calcul des structures voir le RPA 99 version 2003.
A l'ELU : Elles servent exclusivement pour le calcul de la résistance des éléments sans pertes
d'équilibre ou d'instabilité des forme.
A l'ELS : Elles servent exclusivement pour le calcul ou la vérification des déformations (flèches et
déplacements).
Les valeurs limites des déformations des structures métalliques ne sont pas imposées
réglementairement et brutalement, car elles dépendent de divers critères, propres à chaque construction.
Le règlement Eurocode 3 recommande des limites, qui sont les suivantes, et qui restent approxi-
matives:
L'Eurocode 3 a instauré une classification des sections transversales, en fonction de critères divers :
- résistance de calcul,
Quatre classes de sections ont été définies, allant de la section 1 (la plus performante) à la section 4 (la
plus fragile) (voir tableau 1), soit ;
- classe 1 : sections
transversales pouvant
atteindre leur résistance
plastique, sans risque de
voilement local, et
possédant une capacité de
rotation importante pour
former une rotule plastique.
- classe 2 : sections
transversales pouvant
atteindre leur résistance
plastique, sans risque de
voilement local, mais avec
Tableau 1. Classification des sections transversales en
une capacité de rotation CM
limitée.
- classe 3 : sections transversales pouvant atteindre leur résistance élastique en fibre extrême, mais
non leur résistance plastique, du fait des risques de voilement local.
- classe 4 : sections transversales ne pouvant atteindre leur résistance élastique, du fait des risques
de voilement local,
Les différentes parois comprimées d'une section transversale (âme ou semelle) sont souvent de
classes différentes. La classe de la section sera, en ce cas, la classe la plus haute (la plus défavorable).
Le fait de déterminer la classe d'une section permet de choisir la méthode de calculs (analyse plastique
ou élastique).
La classification peut être établie en fonction des élancements limites des parois. Les tableaux qui
suivent, définissent les classes 1, 2 et 3. Les parois présentant un élancement supérieur à l'élancement
limite de la classe 3 sont naturellement de classe 4.
tw tw tw d tw h
Axe de d d
Flexion
d = h-3t (t = t f = t w)
Distribution des + fy + fy + fy
contraintes dans
d
la paroi d d d h
h h
(compression
positive)
fy fy fy -
- -
Quand
d/t w
_
1 _
d/t w < d/t w <_ 33
Quand
d/t w _
Quand
d/t w
_
2 _ 83
d/t w < _ 38
d/t w <
Quand
d/t w
_
+ fy + fy +fy
Distribution des
contraintes dans d/2
la paroi h d h d h
(compression d/2
positive)
fy - + fy -
Quand
d/t w _
3 d/t w
_ _ 42
d/t w <
Quand _
d/t w _ )
b tf tf tf b
b tf
axe de
flexion
- + - +
Profils creux laminés (b - 3t f )/ t f
_ (b - 3t f)/ t f _ *
1
Autres b / tf _ b / tf _
2 Profils creux laminés (b - 3t f )/ t f _ (b - 3t f)/ tf _ *
Autres b/tf _ b / tf _
Distribution des contraintes + fy + fy
dans la paroi et sur la - -
hauteur de la section fy
(compression
positive)
- + - +
tf tf tf c
tf
c/t f _< _
c/t f <
_
c/t f <
1
Laminé
_
c/t f _< 9e
_
c/t f <
Soudé c/t f <
11
Laminé _
c/t f < _
c/t f <
_
c/t f <
2
Soudé _
c/t f < _
c/t f < _ 10
c/t f <
Laminé _
c/t f < _ 23 k
c/t f <
3 Pour k cf figure 2d
_
c/t f < _ 23 k
c/t f < et tableau 8
Soudé
h bh
3 15 : ,
115
t 2t
e. Sections tubulaires:
t d
d / t 70
2
2
d / t 90
2
3
fy 235 275 355
235/ f y 1 0,92 0,81
2 1 0,85 0,66
beff 1 0:
1
2 beff = c
bt bc
0:
1
beff bc c / (1 )
2
beff
2 /1 1 0 -1 1 1
beff
1 0:
1
2
beff = c
c
beff
0:
1
beff bc c / (1 )
2
bc bt
2 /1 1 1 0 0 0 1 -1
Coefficient de 0,578
1,7 5 171
,
2
0,43 1,70 23,8
Voilement k 0,34
Tableau 6. Largeurs efficaces des parois comprimées en console (EC3 Tableau 5.3.3)
= 1:
1 2
b = b - 3t
beff = b
be1 = 0,5 b eff
b e1 be2
b e2 = 0,5 b eff
b
1 > _ 0 :
1
2 b = b - 3t
beff = b
2beff
b e1 =
b e1 b e2 5-
b e2 = beff - be1
b
bc bt < 0:
1
b = b - 3t
2
beff = bc = b / (1 - )
b e1 = 0,4b eff
b e2 = 0,6b eff
b e1 be2
b
= 2 /1 1 1> > 0 0 0 > > -1 -1 - 1 > > - 2
Coefficient de 8,2
voilement 4,0 7,81 7,81- 6,92 + 9,78 2 23,9 5,98 (1 - )2
1,05 +
k
16
Alternativement, pour 1
_ _ - 1: k =
[(1 + )2 + 0,112(1 - )2 ]0,5 + (1 + )