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FICHE SYNTHÈSE EXPOSE “Le souci de définition chez quelques philosophes classiques du

langage : Bacon, Hobbes, Pascal et Leibniz -Gilles Siouffi” 

→ PRÉSENTATION DE L’ARTICLE :
 L’auteur : Gilles Siouffi, professeur de Français à la Sorbonne, agrégé de Lettres
Modernes et spécialiste de la langue du XVII et XVIIIeme
 L’ouvrage : “Littératures Classiques” publié en 2004
 Le sujet : la conception du langage de Bacon, Hobbes, Pascal et Leibniz : leurs
réflexions et leurs propositions pour pallier l’aspect trompeur des mots : le “souci de
définition”.
 Les questions de l’article : Comment définir ? Jusqu'où définir ? Le sens de la
définition est-il le même en philosophie et en linguistique ?
→ PROBLÉMATIQUE: Comment les philosophes ont-ils placé la question du langage au coeur
de leur cheminement philosophique et surtout au coeur d’une nouvelle démarche
analytique? 

I/  Aspect trompeur des mots eux-mêmes

1. Le mouvement empiriste : Pour rechercher la vérité, le philosophe empiriste fait


appel à l'expérience, il cherche des lois générales à travers l’observation de faits
particuliers. Les philosophes classiques dénoncent une inadéquation entre la
précision attendue pour un langage philosophique et les réelles possibilités des
langues naturelles. La réflexion linguistique permet le développement de la
philosophie. Le socle de la science moderne et les principes d'investigation du monde
sont mis en place aux siècles classiques. Ils analysent les phénomènes d’abstraction
pour tenter de comprendre le fonctionnement de la compréhension humaine. Plus
tard, on va avoir tendance à faire confiance au langage, justement pour ne pas
perturber la marche du progrès : il faut pouvoir asseoir des connaissances pour se
développer ensuite (développement de la grammaire à Port-Royal: moment de
consécration du langage, éloge de sa capacité à signifier)
2. Bacon : critique fondamentale du langage et de sa capacité à saisir le réel
1. La logique traditionnelle (antique) ne peut rien apporter à la science :
Bacon analyse des formes de la connaissance rationnelle. Il remet en cause de
la validité du syllogisme d'après les grecs : son utilisation viendrait d’un désir
de stabilité de la connaissance. Le terme fondamental du syllogisme serait
donc le terme moyen, qui ferait le lien entre le terme mineur et le terme
majeur. Ce système de pensée ne peut dépasser les présupposés qu'il a lui-
même installés, ne permet pas de parvenir à une connaissance nouvelle, et
entraîne des erreurs de raisonnement.
2. Une vision empiriste de la connaissance : méthodologie de l'abstraction
: Un mot est une monnaie d'usage des notions, valeur d'échange :
convention. Les mots n’ont pas de sens intrinsèquement, contrairement aux
notions. Une notion est un concept abstrait du réel par le biais de
l'entendement. Notre entendement est limité, c’est pour cela que
l’abstraction pose problème et que les notions ne sont jamais identiques aux
choses elles-mêmes : les phénomènes d'abstraction sont problématiques.
Les mots, les phrases sont donc fondamentalement ambigus.
3. théorie des idoles Les mots sont les idoles de la place publique : ils
véhiculent des préjugés qui viennent de l'usage public du langage : les choses
sont disséquées de manière à ce que les idées soient facilement
compréhensibles par tous. Cela engendre des malentendus et des problèmes
de communication. Le philosophe est entravé dans sa réflexion par ces mots.
Les mots nous séparent d’un accès à la vérité.

3.  Hobbes : fonction mnésique du langage : il permet de conserver un souvenir de ce que


l'on a ressenti : or il est plus facile de se souvenir dans une version légèrement
universalisante que sous sa forme absolument particulière. Les propositions particulières
peuvent devenir universelles dans notre mémoire. En découle une fausse universalité du
langage. Hobbes émet une critique fondamentale du langage et de sa capacité à saisir le
réel : c’est le piège du langage (ex : « l'arbre » universel n'existe pas)

4. Locke : mot : marque sensible et arbitraire qui permet de soulager l'esprit et la mémoire,
et de communiquer. Les mots en eux mêmes ne signifient rien. Les mots servent à
communiquer des idées, fruit d'une faculté d'abstraction. Il n'y pas assez de mots pour
toutes les idées qui nous viennent. On tente de communiquer ces idées par des mots, mais
l'échange de mots ne permet pas forcément l'échange des idées : il n'y a pas de garantie de
communication parfaite des idées entre individus → quasi-incommunicabilité de principe
entre les individus.

5. Berkeley : : les idées sont le fruit du langage, il n'y a pas d'idées abstraites du réel. Les
mots nous permettent de penser : les idées viennent habiter les noms. Il n’y a aucune
signification précise rattachée à chaque nom, d’où l’idée de « voile des mots ». L'emploi d'un
mot ne correspond jamais à sa définition générale : les mots véhiculent une série d'idées
abstraites qui ne sont pas toujours nécessaires à la compréhension des mots lorsqu'ils sont
employés. En fait, on n'est pas obligé de faire un détour par la définition du mot, pour
penser avec. Pour Berkeley, le langage est métaphorique. La métaphore est le biais par
lequel les hommes tentent de se représenter des notions abstraites ou spirituelles. C'est la
clé du décalage entre la valeur d'échange des mots et ce que les idées ont de communicable.

II- La forme d’une définition


 
La réponse à l’ambiguïté des mots : une définition claire tous termes que l’on emploie ? 
 CATÉGORISER
Aristote :  le concept de genre propre et de la différence spécifique. Le genre ensemble de
propriétés qu'ont en commun plusieurs êtres. Différence spécifique qui divise le genre en
espèces.
Bacon :  Pourquoi les trier dans des catégories ?  La définition n’est pas philosophique mais
naturelle et intuitive pour le dialogue, elle est donc confuse il faut donc catégoriser 
J. Rey Debove :  Phénomène de l’inclusion. Si le mot est inclus dans une case je peux le
définir avec les caractéristiques de ce genre. 
 DONC : la définition des mots peut être une catégorisation de ces derniers pour trouver une
périphrase qui devient synonyme. 
LIMITES 
- Cela ne marche pas avec tous : exemple les items grammaticaux. (Je, tu), 
Les termes généraux ne peuvent être définis par les particuliers  
-  Les mot notion car trop abstraits et impossibilités d’une démonstration empirique, or ils
sont importants. On ne peut les contrôler. Que faire avec ses mots ? Doit-on ne pas les
définir ou limiter leur portée ? Une solution qui va être apporté par Pascal et Leibniz qui se
penchent sur la question.
 UTILISATION D’UN MODÈLE MATHÉMATIQUE ? 
 L’axiomatique branche de la logique qui recherche et organise en système l'ensemble des
axiomes d'une science. Un axiome est une proposition non démontrée, utilisée comme
fondement d'un raisonnement ou d'une théorie mathématique. 
 - Pascal : définir le langage permettra de gagner en logique et d’avoir des raisonnements
scientifiques plus performant.  1er idée : Tout définir = la définition des noms : outil logique
d’écriture, substitué l’expression au mot.  La définition des choses définition modifiable pour
réduire les erreurs.  
 Leibniz :  Les idées de la base sont des postulats on va utiliser les combinaisons que l’on a
réalisées. Mais très mathématique comment fait on avec le langage naturelle ? Donner une
définition précise à chaque mot par son étymologie et son usage dans la langue courante
(dictionnaire) 

III/ L’ambiguïté de la rationalité :

1.  Les mots comme nécessité dans le progrès de la pensée : La philosophie ne peut se


passer d’une réflexion sur son langage. La pensée philosophique utilise des mots, elle
doit donc tenir compte de leur sens, de leur définition, des travaux menés autour de
la langue. La linguistique est donc étroitement liée à l’étude philosophique. 
2.  Le rapport de Leibniz aux langues naturelles :  vision “atomiste” du langage : le
langage est considéré comme un univers formé de mots, qui, tels des atomes,
s’associent en combinaison fortuites, chaotiques, aléatoires.  Ces associations infinies
forcent les philosophes à étudier les langues naturelles afin de déterminer si elles
sont capables d’exprimer leurs idées philosophiques. Pour Leibniz, c’est oui. Les
langues naturelles sont parfaites, elle sont capable de retranscrire les pensées. Mais
Paradoxe de l’ambiguïté de la rationalité : il regrette que les langues naturelles ne
forment pas qu’une. Il est frustré par leur diversité. Les langues sont pour lui à la fois
parfaites et imparfaites
3. Le rêve d’un système unifié de langue : dans Dissertatio de arte combinatoria
(1666) : Leibniz chiffre le langage. Projet poursuivi par Wilkins dans Essay Toward a
Real Character and a Philosophical Language (1668). => création d’une langue
universelle qui serait un véritable outil philosophique pour pallier au défaut des
langues naturelles . 
4.  Caractère sémiotique du langage : le langage est un système de signes offrant des
exacts équivalents aux pensées et aux choses. Cette équivalence fonde un échange
possible entre notre propre pensée et celle des autres. (comparaison monétaire). Les
mots sont des “bons” pour des concepts comme l’explique Bacon. → il faut
néanmoins rester méfiant et vérifier la valeur des mots échangés
5.  La théorie des pensées sourdes de Leibniz : La connaissance humaine est selon lui
symbolique, c’est-à-dire que nous connaissons les notions complexes par
l’intermédiaire de signes qui sont plus faciles à manipuler que les idées elles-mêmes.
→ on ne voit pas l’idée mais le signe qui la remplace = symbolisme est essentiel à la
compréhension 
6. Réponse au problème de définition : On peut utiliser les langues sans comprendre
parfaitement leur définition. Le symbolisme et la sémiotique sont des outils utiles qui
ne doivent pas être rejetés. Les langues naturelles sont finalement des langages
logiques. L’abstraction des mots n’est pas non plus un problème : Nouveaux Essais
sur l’entendement humain, Leibniz : il existe des mots abstraits dans le langage qui ne
sont pas toujours compris de la même façon par tous. =>  n’ont pas le même sens
selon les personnes 

→ CONCLUSION : 

→ Obsession de définition se révèle être un frein à la pensée. Il faut avoir l’humilité de


reconnaître qu’on ne peut pas tout définir. → pas de « définissabilité » universelle Paul
Valéry :  Il est donc «  impossible d’assurer que des sens uniques, uniformes, constants
correspondent à des mots comme raison, univers, cause, matière, idée ». → Une
définition ne peut pas être figée : pas de lexique universel et intemporel mais des définitions
changeantes, mouvantes qui doivent être étudiées dans une logique pragmatique de
communication entre les hommes et leurs pensées.

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