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Méthodes de désinfection

utilisables en apiculture
par Florentine GIRAUD et Jean-Marie BARBANÇON

Définitions Introduction

La désinfection est une opération qui Les opérations de désinfection en


vise à détruire ou empêcher le dévelop- apiculture ont pour but de prévenir l’in-
pement, de manière momentanée d’un troduction d’agents pathogènes dans les
maximum de micro-organismes poten- colonies saines (prophylaxie défensive)
tiellement pathogènes, au niveau d’un et d’éliminer la plus grande partie des
milieu inerte (non vivant) par des micro-organismes qui pourraient être à
moyens mécaniques, physiques ou chi- l’origine de maladies (prophylaxie of-
miques. fensive). Elles doivent être réalisées
lorsqu’une infection a été identifiée ou
La stérilisation est une technique qui suspectée afin d’éviter sa propagation
a pour but d’éliminer toute forme de mais aussi lors de diverses interventions
vie, tout germe microbien. apicoles afin de limiter les risques de
contagion, et de diminuer la pression in-
L’antisepsie (du grec sepsis = putré- fectieuse dans les colonies.
faction) est une opération au résultat
momentané permettant d’éliminer les Elles font partie des bonnes pra-
micro-organismes au niveau des tissus tiques dans la conduite de l’élevage et
vivants par application d’un produit an- s’avèrent un moyen de lutte très efficace
tiseptique (Wikipédia). contre les maladies. Il faut rappeler
qu’en dehors des produits utilisés pour
La désinfestation est un terme quel- la lutte contre varroa, aucun médica-
quefois employé comme synonyme de ment ne peut être administré aux colo-
désinfection (fait de détruire les germes, nies d’abeilles en France, et la
d’assainir) mais il correspond plus gé- désinfection du matériel apicole consti-
néralement à une lutte contre des para- tue une mesure particulièrement impor-
sites (puces, varroas, moustiques…) ou tante de prophylaxie des maladies.
des nuisibles (rats, cafards, frelons…).

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Les agents pathogènes apiaires qui Indications de la désinfection

Règle absolue,
présentent la plus longue et la plus

en cas de maladie ou de mortalité


grande résistance aux différentes tech-
niques de désinfection sont les spores de
Paenibacillus larvae (agents de la loque
américaine), les spores de Nosema apis y compris lors des phénomènes de
et Nosema ceranae (agents de la nosé- disparition, elle doit concerner tout le
mose) et les spores d’Ascosphæra apis matériel qui a été en contact avec les
(agent de l’ascosphérose ou couvain plâ- abeilles de la colonie atteinte ou sus-
tré). Le critère de choix d’une mé- pecte : tous les éléments de la ruche et
thode sera donc son efficacité envers tous les outils de l’apiculteur (lève-ca-
ces agents pathogènes : si elle permet dres, gants, enfumoir, brosse).

Lors de certaines opérations


de se débarrasser de ces germes, elle

apicoles
sera a fortiori eff icace contre des
germes de résistance moindre.

Ainsi le passage des cadres à la et à chaque fois que cela est possible,
chaudière à cire n’est-il pas une méthode elle doit se pratiquer afin de limiter le
de désinfection, puisqu’il ne satisfait pas développement et l’accumulation de
à ce critère (température largement in- micro-organismes pathogènes.
suffisante).
l Les visites sanitaires de prin-
La congélation ne permet pas non temps et d’automne doivent comprendre
plus de détruire ou d’inactiver les spores le nettoyage et la désinfection des pla-
des agents pathogènes évoqués plus teaux. Il est en effet important de débar-
haut. rasser la colonie de tous les débris et
cadavres accumulés pendant l’hiver et
Pour effectuer une désinfection, on d’éliminer les éventuels agents patho-
peut avoir recours à des méthodes phy- gènes. De même avant l’hivernage, il est
siques (chaleur sèche ou humide, ionisa- préférable de réduire au maximum la
tion) ou chimiques (solutions ou gaz). flore microbienne nocive, car l’immu-
nité de la colonie et des abeilles risque
Le choix d’une technique dépend de : aussi d’être affectée par la lutte contre le
• la taille du cheptel et de la quantité froid et le confinement.
de matériel à traiter,
• la nature du matériel à désinfecter, l Un essaim ou une colonie ne sont
• l’agent infectieux visé. introduits dans une ruche que si tous les
éléments (plateau, corps, couvre-cadres,
La désinfection du matériel de la cadres) ont été, au préalable, correcte-
miellerie ne sera pas évoquée : elle re- ment nettoyés et désinfectés. On ne fait
lève de l’hygiène des denrées alimen- jamais de transvasement, quel qu’en soit
taires et n’a pas d’incidence sur la santé le motif, sans avoir réalisé une désinfec-
des abeilles. tion du matériel d’accueil.

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l Le matériel de l’apiculteur (lève- du grattage doivent être recueillies et dé-
cadres, gants, enfumoir, brosse) doit truites.
aussi faire l’objet de soins particuliers et
de désinfection régulière afin de ne pas Ces opérations de nettoyage ne sont
propager d’une ruche à l’autre ou d’un pas applicables pour la cire, avec ou sans
rucher à l’autre divers agents patho- réserves, qui sera soit détruite soit traitée
gènes. Il est d’ailleurs conseillé d’avoir par des moyens spécifiques.
un kit de matériel, propre à chaque ru-
cher. Le nettoyage peut être un peu moins
poussé dans le cas d’une désinfection
l Il semblerait que la propagation
par la soude à chaud, puisque cette tech-
nique permet aussi de détruire la propo-
d’agents pathogènes via la tenue de
lis, la cire et toutes les matières
l’apiculteur soit assez réduite, mais il est
adhérentes aux surfaces.
important de la nettoyer régulièrement et
de la désinfecter si elle a été souillée lors
de la visite d’une ruche malade ou sus- Les méthodes physiques

La chaleur sèche
pecte.

Opérations préalables
Obtenue par la flamme
à la désinfection
On utilise une lampe à souder avec
Le matériel vétuste ou en mauvais cartouche de butane ou un chalumeau à
état doit être détruit : il ne peut être dés- gaz (type lance flamme agricole) fonc-
infecté correctement s’il présente des tionnant au butane ou mieux au propane,
fissures, des anfractuosités, des aspérités qui craint moins le froid, si on travaille
et risque de ne pas supporter les diverses en extérieur, la préparation, désinfection
manipulations s’il est fragilisé. du matériel se faisant plutôt en hiver.

Tout le matériel destiné à être désin- Pour quel matériel ?


fecté doit être nettoyé, débarrassé de S’utilise pour tout le matériel en bois
tous les résidus qui diminuent l’effica- et en métal : corps, plateaux, cadres nus
cité des traitements. En effet, les spores ou filés, couvre-cadres, trappes à pollen,
notamment, peuvent se trouver proté- lève-cadres, nourrisseurs…
gées de l’action des désinfectants par la Sont à exclure : les cadres garnis de
présence de matière organique (amas de cire et les parties en plastique du maté-
propolis, cire…). riel d’exploitation.

Il faut d’abord gratter les différentes Comment ?


surfaces pour enlever le plus gros des sa- Le passage à la flamme doit se faire
lissures, puis éventuellement brosser et sur toute la surface en insistant sur les
lessiver et enfin rincer, avant de passer à zones difficiles d’accès, les rainures, les
la désinfection. Les particules résultant angles, le long de la crémaillère…

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Utilisation d’un chalumeau au gaz pour la désinfection d’un plateau en bois et grillage.
Le bois doit être traité jusqu’à l’obten- Prévoir un récipient avec de l’eau
tion d’une teinte « pain brûlé », mais pas pour éteindre tout début d’embrasement.
au-delà pour ne pas risquer de le brûler.
Pour quel type d’apiculture ?
Précautions Tout apiculteur, quelque soit la taille
Ne pas porter de gants ou vêtements de son rucher, peut utiliser cette tech-
synthétiques (risques de fonte et brûlures nique.
graves). La lampe à souder n’est adaptée que
pour un petit effectif.

Désinfection à la flamme d’une hausse.

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Avantages est stabilisée) à une température de
• désinfection efficace si elle est ap- 130 °C (120 °C est insuffisant). Il n’est
pliquée soigneusement pas nécessaire de chauffer au-delà de
• pratique et simple ne nécessitant ni cette température, c’est un gaspillage
matériel important ni investisse- d’énergie et le bois risque d’être abîmé
ment coûteux (+/- brûlé).
• permet la réutilisation immédiate
du matériel Le bois doit aussi avoir la couleur
pain brûlé à sa sortie du four. Si des par-
Inconvénients ties n’ont pas cette coloration, il faut
• chronophage, inadaptée si beau- compléter le traitement avec la flamme.
coup de matériel doit être traité en
un temps restreint Précautions
• inutilisable pour les éléments en Protection des mains pour la mani-
plastique – cas des peignes à pol- pulation de matériel très chaud.
len des trappes de récolte qu’il faut Prévoir de l’eau ou un extincteur en
démonter avant le passage à la cas d’embrasement.
flamme, sous peine de les voir se
déformer Pour quel type d’apiculture ?
Ce procédé peut être utilisé par un
Obtenue dans un four apiculteur qui a un petit effectif, mais
peu de personnes disposent de four aux
Cette méthode est ici signalée car dimensions suffisantes pour y placer un
son efficacité a été démontrée mais peu corps de ruche.
d’apiculteurs pourront y avoir recours Un groupement d’apiculteurs ou une
faute de disposer des équipements né- grosse exploitation peut envisager l’ac-
cessaires. quisition d’un four de grande taille.

Le matériel peut être placé dans un Avantages


ancien four à pain ou un four de boulan- • désinfection efficace si la tempé-
ger ou encore un four de grande dimen- rature et le temps sont respectés
sion (compatible avec les volumes à • permet la réutilisation immédiate
traiter) à condition que la température du matériel (après refroidissement)
puisse être contrôlée et maintenue à
Inconvénients
130 °C.
• nécessite un équipement particu-
Pour quel matériel ?
lier
Comme pour la flamme, pour le ma- • inutilisable pour les éléments en
tériel en bois (sans cire) et en métal. plastique
• les passages successifs dans un
Comment ? four ont tendance à dessécher le
Il faut placer le matériel pendant bois et à le fragiliser
30 minutes (une fois que la température
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La chaleur humide Pour quel matériel ?
Tout type de matériel en bois, métal
Elle peut être obtenue par ébullition ou plastique peut être traité par ce pro-
de l’eau mais ce procédé n’est pas vrai- cédé, mais l’intérêt majeur réside dans
ment adapté pour le matériel apicole : il le fait que les cadres garnis de cire et
faudrait maintenir l’ébullition pendant les cadres contenant des réserves peu-
au moins 20 à 30 minutes pour avoir un vent ainsi être efficacement désinfectés
effet désinfectant satisfaisant. Il ne faut et donc réutilisés. D’après N. Tremblay
retenir cette solution que pour les vête- (Tremblay N., 2010) si l’on ajuste la
ments pouvant supporter des tempéra- dose de radiation, le pollen irradié garde
tures élevées ou pour du petit matériel ses propriétés nutritives et peut être
ne supportant pas la flamme. On addi- consommé par les abeilles.
tionne généralement de la lessive ou des Cette méthode est donc particulière-
cristaux de soude au bain de trempage ment indiquée pour des apiculteurs ayant
pour renforcer l’effet désinfectant. de grandes quantités de cadres contami-
nés par l’agent de la loque américaine,
L’utilisation d’eau chaude sous pres- matériels dont la destruction représente-
sion grâce à des appareils type Kärcher, rait une perte économique supérieure au
n’est pas suffisante pour une désinfec- coût de l’ionisation.
tion : l’eau n’est qu’à environ 60 °C et le
temps de contact est trop court. Ce pro- Comment ?
cédé est néanmoins très intéressant pour Il existe en France, quatre sites d’io-
le nettoyage et pour le rinçage du maté- nisation par rayons gamma : à Sablé-sur-
riel après certaines opérations de désin- S a r t h e ( 7 2 ) , à Po u z a u g e s ( 8 5 ) , à
fection (trempage dans la soude et dans Dagneux (01) et à Marseille (13).
l’eau de Javel). Le matériel doit être conditionné sur
Les rayons ultra-violets
palette et/ou en carton selon le site, bien
emballé et disposé sur un réceptacle
Les rayons UV ne peuvent pas être étanche de manière à éviter que du miel
utilisés pour la désinfection du matériel ne s’écoule hors de l’emballage lors des
apicole parce que leur pouvoir de péné- manipulations et suite à l’action des
tration est trop faible. rayons gamma.

Les rayons ionisants


Le délai de traitement est en
moyenne de 7 jours après l’arrivée du
matériel.
Les rayons gamma (obtenus à partir Il est nécessaire de demander un
du Cobalt 60) peuvent être employés devis en mentionnant la quantité d’uni-
pour réaliser une ionisation qui permet tés à traiter, le poids et les dimensions du
non seulement une désinfection mais conditionnement.
une stérilisation du matériel. Ce procédé Le tarif varie selon la dose à appli-
est couramment utilisé dans les do- quer et la durée du traitement, qui sont
maines de l’agroalimentaire et de la mé- elles-mêmes fonction de la nature du
decine.

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matériel à traiter (plus élevé s’il y a du La cire microcristalline
pollen, par exemple). Une estimation,
hors frais de transport et manutention, Précautions et réalisation pratique :
donnait fin 2012 (Mougenot AF., 2012) voir Annexe 1, p. 394.
un coût de 4,8 € pour 10 cadres de corps
Dadant. Pour quel matériel ?
Seules les parties en bois et métal
Pour quel type d’apiculture ? (crémaillères) peuvent être désinfectées
Cette méthode s’adresse uniquement de cette manière et à condition que les
à des groupements d’apiculteurs qui assemblages soient réalisés par collage
pourront mutualiser les frais de transport et vis. Cette méthode est plutôt adaptée
et de conditionnement ou à de grosses au traitement des corps et hausses.
exploitations apicoles, situés non loin
des sites actuellement présents en Pour quel type d’apiculture ?
France. Elles peuvent y avoir recours de Cette technique est réservée aux ex-
manière systématique une ou deux fois ploitations moyennes ou grandes.
par an, ou bien en cas de crise sanitaire
afin de limiter la destruction des cadres Avantages
contaminés. • désinfection et traitement du bois
simultanés
Avantages • utilisation quasi immédiate du ma-
• très grande effi-
cacité (stérilisa-
tion)
• utilisation sur
tout type de
matériel (no-
tamment avec
cire et réserves)

Inconvénients
• conditionnem-
ent et transport
• coût (à évaluer)

Traitement à la cire
microcristalline
d’un corps et
d’un couvre-cadres
en bois.
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tériel suite au traitement (après sé- Pour quel matériel ?
chage et refroidissement) Tout le matériel peut être désinfecté
Inconvénients par trempage dans une solution d’eau de
• investissement matériel lourd au Javel mais ce procédé est particulière-
départ ment indiqué pour le matériel qui ne
• pour les petites exploitations la supporte pas la désinfection à la flamme.
cuve de trempage peut être malgré Théoriquement les rayons garnis de
tout de taille relativement réduite cire peuvent aussi être traités de cette
(hauteur), mais dans ce cas le tra- manière, par contre dès qu’ils contien-
vail devient fastidieux puisque par nent des matières organiques (débris au
exemple, pour traiter un corps de fond des alvéoles, réserves), le contact
ruche il faudra immerger les faces entre la solution et les micro-organismes
les unes après les autres risque d’être insuffisant et la désinfec-
• manipulations potentiellement tion incomplète.
dangereuses et devant être réali- Il faut rappeler que la Javel n’a
sées à l’air libre aucun effet nettoyant et que son pouvoir
désinfectant ne s’exprime que sur des
Les méthodes chimiques supports propres.

L’eau de Javel
Pour quel type d’apiculture ?
Cette méthode s’adresse à tous les
Précautions et réalisation pratique :
apiculteurs.
voir Annexe 2, p. 396.

Rinçage d’un plateau en plastique avec un jet d’eau sous pression.

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Avantages aussi de parfaire le nettoyage des
• méthode simple et efficace, ne né- éléments chargés en cire ou pro-
cessitant pas d’équipement spécia- polis
lisé • en dehors de l’investissement de
• peu onéreuse base (cuve, protection…), mé-
thode peu onéreuse
Inconvénients
• l’eau de Javel concentrée est cor- Inconvénients
rosive (précautions de conserva- • équipement spécifique nécessaire
tion et d’emploi) • le bois de certaines essences est
• nécessite plusieurs manipulations : rendu plus tendre par ce traitement
trempage, rinçage, séchage et les fils auront tendance à s’y in-

La soude caustique
cruster ou à le couper lors de la
mise sous tension (utilisation pos-
sible d’œillets pour y remédier)
Précautions et réalisation pratique : • manipulations potentiellement
voir Annexe 3, p. 397. dangereuses.

Pour quel matériel ? Les procédés gazeux


Le matériel en bois ou en plastique
peut être désinfecté par trempage dans Il existe plusieurs méthodes de dés-
une solution de soude chaude ou froide. infection par procédés gazeux (oxyde
Les éléments en plastique ne doivent d’éthylène, formaldéhyde gazeux, plas-
être immergés que brièvement dans la mas de péroxyde d’hydrogène) mais au-
solution bouillante, afin de ne pas être cune n’est actuellement homologuée en
déformés. France pour un usage apicole, soit en rai-
En raison de sa capacité à détruire son du caractère inadapté (coût, faible
les matières organiques, cette technique volume traitable, équipement sophisti-
est particulièrement indiquée pour le qué), soit pour des questions réglemen-
traitement des cadres, des nourrisseurs taires (gaz non agréé pour un contact
(en plastique) et des grilles à reine (en alimentaire, cancérigène, toxique). Cer-
plastique ou métal inox) dont les trous taines méthodes pourraient néanmoins
ou rainures sont encombrés de propolis évoluer et devenir utilisables en apicul-
et cire. Il faut savoir que les fils de fer, ture avec un intérêt particulier pour le
s’ils ne sont pas en acier inoxydable, traitement du matériel ne supportant pas
sont fragilisés par cette solution. la chaleur.

Pour quel type d’apiculture ? Parmi les dernières techniques expé-


Utilisable pour les exploitations rimentées, la fumigation à l’ozone pour-
moyennes ou grandes. rait avoir une certaine pertinence car en
plus d’être efficace contre les agents pa-
Avantages thogènes de l’abeille, elle serait aussi ca-
• désinfection efficace permettant pable de dégrader en partie certains
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pesticides accumulés dans les cires Les méthodes
comme le coumaphos ou le fluvalinate. ayant une action limitée
Aux États-Unis une équipe du dépar- à certains agents

L’acide acétique
tement de recherche en agriculture
(USDA) a étudié le pouvoir désinfectant
de l’ozone, qui est un puissant oxydant Précautions
(James, 2011). Ils ont cherché à déter- Consultation conseillée de la fiche
miner quels seraient pour les cadres gar- technique de l’INRS no 24 (cf. biblio).
nis de cire, les niveaux d’exposition Produit inflammable, pouvant occa-
nécessaires pour obtenir une efficacité sionner des brûlures par contact.
vis-à-vis de la teigne ainsi que des Stocker hors de portée des enfants,
spores d’Ascosphæra apis (agent de la loin de toute source de chaleur et de ma-
mycose du couvain) et de la loque amé- tière inflammable.
ricaine. Éviter tout contact avec la peau et les
yeux, ne pas respirer les vapeurs (irri-
En augmentant soit le temps d’expo-
tantes pour les voies respiratoires).
sition, soit la concentration, soit les
deux, ils ont obtenu un effet létal Utilisation
d’abord sur les larves et immatures de la Utilisé par évaporation, il a bonne
teigne, puis sur les spores d’Ascosphæra activité contre les spores de Nosema et
apis et enfin, en augmentant aussi la contre les teignes.
température et l’humidité, sur les spores Placer 2 ml d’acide acétique à 80 %
de Paenibacillus larvae. par litre de volume à traiter dans une
coupelle (au-dessus des cadres si c’est
En janvier 2013, la même équipe a sur une pile de corps ou de hausses).
publié des résultats concernant l’activité Fermer les différentes ouvertures et
de l’ozone sur des rayons contaminés laisser agir 7 à 8 jours.
par divers pesticides (James et al., Les larves de teigne, en particulier si
2013). L’ozone serait capable de dimi- elles sont dans un cocon, sont moins
nuer les taux de coumaphos, de fluvali- sensibles à l’acide acétique que les œufs
nate et d’autres pesticides pouvant et les adultes : pour avoir une bonne ef-
s’accumuler dans la ruche, ceci avec une ficacité les cadres doivent être traités im-
meilleure efficacité pour la cire la moins médiatement après leur retrait des
âgée (moins de trois ans) que pour les ruches, ou bien il est nécessaire de faire
rayons les plus anciens (plus de 10 ans). un deuxième traitement pendant la pé-
riode de stockage afin de détruire tous
D’autres études sont nécessaires
les stades du papillon.
pour évaluer les modalités d’utilisation
Bien aérer le matériel, pendant 48 h,
de ce procédé de désinfection par les
avant de le réutiliser.
apiculteurs, mais il semblerait qu’une
Les fils des cadres doivent être en
chambre de fumigation à l’ozone ne soit
acier inoxydable, sinon ils sont attaqués
pas un équipement inaccessible…
par l’acide et fragilisés.
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D’après le guide de la FAO1, cette environ à une mèche) que l’on place
méthode ne permet pas de tuer les spores dans un récipient en métal sur le dessus
de Nosema dans la nourriture. Le miel du matériel et que l’on enflamme (avec
doit donc être extrait des cadres avant un peu de journal pour la poudre). Les
traitement et ne pas être donné en nour- différentes ouvertures doivent être obtu-
rissement aux abeilles. rées pour que le gaz ne s’échappe pas du

Le dioxyde de soufre
volume à traiter.
Une bonne aération est ensuite né-
cessaire avant la mise en contact avec les
Précautions abeilles.
Consultation conseillée de la fiche Pour une efficacité optimale contre
technique de l’INRS no 41 (cf. biblio). la fausse teigne, l’opération doit être re-
Le dioxyde de soufre, appelé aussi nouvelée toutes les trois semaines car le
anhydride sulfureux, est très irritant. gaz ne tue pas les œufs.
Il faut éviter tout contact avec la peau Remarque : l’utilisation de dioxyde
et les yeux et ne surtout pas inhaler les de soufre a été autorisée pour la lutte
vapeurs. contre le frelon asiatique, à titre déroga-
toire, pendant 120 jours (jusqu’au 5 jan-
Utilisation vier 2014) par arrêté du 21 août 2013,
Ce gaz est surtout utilisé dans la vi- par les ministères de l’écologie et de
nification pour son effet inhibant le dé- l’agriculture.
veloppement de certaines bactéries et
levures.
En apiculture c’est pour son action
Les méthodes
insecticide qu’il est employé dans le trai- qui ne sont plus
tement des hausses et des cadres contre ou pas autorisées
l’infestation par la petite (Achroea gri-
sella) ou par la grande (Galleria mello- Les méthodes actuellement retenues
nella) fausse teigne. visent à préserver la santé des abeilles,
On l’utilise aussi pour tuer les en empêchant le développement d’a-
abeilles d’une colonie devant être dé- gents pathogènes, mais elles ne doivent
truite. pas nuire à celle des consommateurs. Il
On peut acheter le soufre solide sous faut garder à l’esprit que tout produit ap-
forme de mèches ou de poudre (fleur de pliqué à l’intérieur de la ruche risque de
soufre) dans les coopératives agricoles se trouver en contact avec les abeilles (il
ou certaines jardineries. ne doit donc pas leur être néfaste) et avec
Le dégagement gazeux est obtenu les produits consommés par les humains
par brûlage des mèches soufrées (une (miel, pollen, propolis, gelée royale). De
mèche pour un volume de 100 l) ou de ce fait, les procédés de traitement du ma-
fleur de soufre (une poignée équivaut tériel doivent avoir un agrément pour un

1 – FAO : Food and Agriculture Organization (of the United Nations) = Organisation des Nations Unies pour
l’Alimentation et l’Agriculture.

LSA n° 263 • 9-10/2014 391


contact alimentaire. Les connaissances pour un contact alimentaire en raison de
scientifiques et médicales évoluent et son potentiel cancérigène.
amènent à écarter certaines méthodes et
produits en raison de leur nocivité sur la Le carbonyle, autrefois utilisé seul
santé humaine. ou en association avec la cire microcris-
talline, pour son activité insecticide et
De plus certains procédés ne peuvent fongicide, afin de protéger les bois de
être mis en pratique en raison du danger corps et hausses, ne doit plus être uti-
pour la santé de l’opérateur. lisé : non homologué pour un contact
alimentaire, il présentait aussi l’inconvé-
L’utilisation de formaldéhyde (for- nient d’avoir une forte odeur persistante.
mol) en solution aqueuse ou de formal-
déhyde gazeux est actuellement interdite Le bromure de méthyle utilisé en
en France en raison de ses propriétés ir- fumigation (pendant une durée d’au
ritantes et cancérigènes pour les voies moins 24 h pour une efficacité sur les
respiratoires. spores) ainsi que d’autres spécialités
contenant du brome ont été abandonnés
Le paradichlorobenzène, qui était car ils laissent des résidus dans la cire et
utilisé sous forme de boules antimites, ont une toxicité élevée.
pour lutter contre les teignes, est interdit
en France. Ce traitement n’était d’ail-
leurs pas sans effet sur les colonies car Les méthodes
il pouvait s’accumuler dans les cires et utilisables en bio
continuer à jouer son rôle d’insecticide
sur les abeilles ! Les produits actuelle- La désinfection par la chaleur sèche
ment vendus pour cet usage antimite, (flamme ou dans un four) est utilisable
contiennent des insecticides de la fa- en apiculture biologique.
mille des pyréthrinoïdes et ne doivent
donc pas non plus être employés en api- Par contre, d’après le règlement
culture, évidemment. 889/2008 de la Commission Européenne
relatif à la production biologique, seuls
La naphtaline, antimite autrefois des produits naturels tels que la propolis,
bien connu, est également totalement in- la cire et les huiles végétales peuvent
terdite en usage apicole comme en usage être utilisés dans les ruches, ce qui, en
domestique, en raison de la toxicité principe, exclut l’usage de la cire micro-
(risque cancérigène) de son principe cristalline. Mais il est formellement écrit
actif, le naphtalène. en page 5 du Guide Pratique Apiculture
version 2014 du groupe Ecocert, orga-
Bien qu’utilisées dans d’autres pays nisme spécialisé dans la certification des
(États-Unis par exemple) les méthodes produits issus de l’agriculture biolo-
de désinfection par procédé gazeux à gique, que « le trempage des bois dans
l’oxyde d’éthylène ne sont pas applica- la cire microcristalline est autorisé ».
bles en France, car ce gaz n’est pas agréé

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Le Règlement CE no 889/2008 a été 2008-consolide-janv-2014.pdf) indique
modifié à plusieurs reprises depuis sa que les produits de nettoyage et désin-
parution et la version de juin 2014 du fection de l’Annexe VII ne sont pas uti-
Guide de lecture de l’INAO (Institut lisables en apiculture biologique. Ac-
NAtional de l’Origine et de la qualité) tuellement seuls la flamme, la vapeur et
pour l’application des règlements la cire microcristalline sont autorisées.
(https://www.inao.gouv.fr/fichier/889-
Ci-dessous copie de la page 369 du Guide de lecture de juin 2014 de l’INAO.
Art. 25.1 du La cire microcristalline est considérée comme
Utilisation de la cire microcristalline
RCE 889/2008 une huile de paraffine autorisée à l’annexe II.
Les produits de l’annexe VII et notamment la soude
Art. 25.2 du
Utilisation de la soude caustique caustique ne sont pas utilisables en apiculture bio-
RCE 889/2008
logique (position de la Commission européenne).

Bibliographie (y compris pour les annexes) Layec Y., 2007. Degré chlorométrique et pour-
centage de chlore actif pour l’eau de Javel. La Santé
FAO Agricultural and food engineering technical de l’Abeille no 218, pp 77-78.
report No 4, 2006. Honey bee diseases and pests : a
practical guide. pp 8. Mougenot A. F., 2012. Désinfection du matériel
apicole par les rayons gamma et les procédés gazeux.
Albisetti J., Brizard A., 1982. Mesures d’éradi- DIE Apiculture Pathologie Apicole ONIRIS/ENVA
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LSA n° 263 • 9-10/2014 393


sas
Annexes

Attention
Les recommandations d’usage qui sont données dans cet article ne se substituent aucunement aux
recommandations fournies par le fabricant des différents produits (cire microcristalline, eau de Javel,
soude caustique) détaillées sur leur emballage.
L’utilisateur doit prendre connaissances des informations réglementaires, des précautions d’emploi
et des mesures de sécurité en cas d’accident, présentes sur le conditionnement commercial, et utilise
ces substances sous sa seule responsabilité.
Numéros de téléphone d’urgence, en cas d’accident : 15 (SAMU), 18 (pompiers), 112 (appel d’ur-
gence européen).

1 - Utilisation de la cire microcristalline microcristallines, avec des propriétés physiques


diverses (point de fusion, point d’ébullition…).
Généralités Mais pour l’usage apicole, il faut absolument une
cire de qualité alimentaire et de préférence avec
Il s’agit d’une cire d’origine minérale, utilisée un point de fusion moyen, aux alentours de 80 °C.
pour le traitement du bois. Elle est différente de Les revendeurs de matériel apicole fournissent gé-
la paraffine, bien qu’étant d’aspect similaire. néralement une cire microcristalline de qualité
Il existe sur le marché plusieurs sortes de cires convenable, mais il est préférable de s’en assurer.

Une installation pour le traitement à la cire microcristalline.

394 LSA n° 263 • 9-10/2014


La cire microcristalline ne peut s’ap-
pliquer qu’à chaud au cours d’un trem-
page.

Cette cire n’a pas de qualité fongicide


ou insecticide mais un pouvoir hydrofuge
qui la rend intéressante pour le traite-
ment du bois des ruches.

Lorsque la durée du bain est prolon-


gée au-delà du temps nécessaire pour la
protection du bois, elle permet aussi d’ob-
tenir une désinfection.

Installation

Le dispositif de traitement du maté-


riel doit être installé loin de toute matière
inflammable, à l’extérieur ou en milieu Une installation en plein air pour le traitement à la
bien aéré car les émanations sont nocives cire microcristalline : la cuve est partiellement rem-
pour l’opérateur. plie, les faces sont trempées l’une après l’autre.

La température extérieure ne doit


• Des lunettes et des vêtements protecteurs
pas être trop basse afin que la cire ne sèche pas
(gants et tablier).
trop rapidement lorsque le matériel est sorti du
bain, et ne constitue pas une « croûte » en sur-
• des supports pour l’égouttage du matériel
face.
avec récupérateur pour les coulures.
Matériel
Précautions
• Une cuve assez grande pour y plonger les
Respect absolu des préconisations en ma-
éléments en entier. Elle doit être suffisamment
tière de sécurité en raison d’une température très
haute aussi pour que l’élévation du niveau et la
élevée du bain de trempage, de débordement
mousse produite lors de l’immersion du matériel
possible et de fort risque d’incendie, car la cire est
ne risquent jamais de faire déborder la cire. Si la
hautement inflammable.
cuve n’est pas assez grande, les différentes parties
sont immergées en plusieurs étapes (une face
Prendre garde à ne pas introduire d’eau dans
après l’autre pour les corps).
la cuve ou de matériel humide : risque de projec-
tions et de débordement.
• Un couvercle métallique pour couvrir la
cuve et étouffer un éventuel incendie.
N’abandonner le chantier sous aucun pré-
texte sans avoir arrêté le système de chauffage.
• Un système de chauffage réglable pour
maîtriser la température et fonctionnant de pré-
férence avec une résistance électrique. L’usage
Comment ?
d’un gros réchaud à gaz n’est pas conseillé en rai-
son du risque d’inflammation de la cire en cas de Les différents éléments à traiter doivent être
débordement. Si la température est trop élevée bien secs avant d’être immergés pendant 15 mi-
il existe aussi un risque d’auto-inflammation. nutes pour une désinfection dans la cire mainte-
nue en ébullition (à une température voisine de
• Un extincteur approprié pour feux de type 130 °C), alors que pour le traitement du bois 8 à
« liquide ». 10 minutes suffisent (en un ou deux bains). La cire
va pénétrer profondément, dans les moindres in-

LSA n° 263 • 9-10/2014 395


terstices et détruire les micro-organismes. Le ma- d’eau, selon les indications du fabricant portées
tériel est ensuite laissé à égoutter et peut être ré- sur l’emballage, ils permettent d’obtenir une so-
utilisé immédiatement après refroidissement. lution d’eau de Javel, très peu stable notamment
sous le rayonnement UV.
L’intérêt d’avoir maintenu le bois à haute tem-
pérature consiste dans le fait qu’étant bien La concentration autrefois donnée en degré
chauffé à cœur il absorbera encore en profondeur chlorométrique est actuellement (depuis 2001)
la cire fondue qui reste à sa surface au sortir du exprimée en pourcentage de chlore actif (notée %
bain. Cela évite la formation d’une pellicule c.a.). Elle est différente selon la présentation com-
épaisse en extérieur, pellicule qui de toute façon merciale.
se détacherait au gré des changements de tempé-
rature externe et du jeu des dilatations–contrac- Le tableau 1 présente les principaux produits
tions du fait des variations du taux d’humidité rencontrés (source : www.prc.cnrs-gif.fr/spip.php
ambiante. ?rubrique18).

L’investissement de départ est coûteux mais Précautions


le procédé est d’usage bon marché (faible coût
des pains de cire). La consommation de cire pour Consultation conseillée des fiches tech-
un corps de ruche Dadant 10C est en moyenne de niques de l’INRS N° 157 et 220 (cf. biblio).
400 g.
L’eau de Javel est un produit très irritant. Il
faut donc éviter tout contact avec la peau et les
2 - Utilisation de l’eau de Javel yeux.
Elle doit toujours être stockée hors de portée
Généralités des enfants.

C’est une solution aqueuse d’hypochlorite de Elle ne doit être diluée qu’avec de l’eau froide
sodium, NaClO (avec du sel, NaCl), dont le pouvoir ou tiède, et être utilisée seule pour éviter le dé-
oxydant est utilisé pour la désinfection. gagement de chlore gazeux, gaz très irritant, ca-
Elle se présente sous forme liquide avec dif- pable de déclencher une crise d’asthme chez les
férents degrés de concentration. personnes sensibles. Il ne faut donc pas la mélan-
ger à d’autres produits ménagers, tels que détar-
On trouve aussi dans le commerce des subs- trants, vinaigre…
tituts sous forme solide, qui sont constitués de di-
chloroisocyanurate de sodium. Après adjonction

Tableau 1 : Les principaux produits rencontrés.

Degré Concentration
Dénomination Usage Conditionnement
chlorométrique en chlore actif
concentrés, extraits ou doses recharges de 250 ml
eaux de Javel concentrées
grand public (berlingots)
36 °chl 9,6 %

bouteilles
eaux de Javel grand public prêtes à l’emploi
9 °chl 2,6 %

flacons ou
hypochlorite de sodium industriel 47-50 °chl 13 %
bouteilles en plastique
flacons ou
hypochlorite de sodium industriel 100 °chl 24-25 %
bouteilles en plastique
Remarque : On trouve désormais dans les grandes surfaces de bricolages, des bidons de 5 l (ou plus) d’extrait de Javel
titrant à 9,6 % c.a.).

396 LSA n° 263 • 9-10/2014


Elle a une action corrosive sur les métaux (fer, Pour obtenir cette concentration il faut 1 vo-
cuivre, aluminium, zinc). lume d’eau de Javel à 2,6 % c.a. (bouteille ou
bidon grand public) à laquelle on ajoute 4 volumes
Effluents : l’eau de Javel n’est pas biodégrada- d’eau froide ou tiède.
ble (elle tue les bactéries !) mais elle se décom-
pose sous l’effet de la chaleur, de la lumière et en On peut ajouter à la solution un peu (0,5 %)
présence de matières organiques, en sel, eau et de produit mouillant (tensio-actif), type liquide
oxygène. Cette réaction est d’ailleurs accélérée vaisselle ou Teepol, sans risque de dégagement
(catalysée) par des traces d’ions métalliques (fer, gazeux, afin d’obtenir un meilleur contact avec les
cuivre…). éléments à désinfecter.

Il est donc conseillé après usage de laisser la Exemples : pour obtenir un bain de trempage
solution de trempage (réalisée en respectant les de 100 l (+ 0,5 l)
dilutions préconisées) qui est plus ou moins dé- • 20 bouteilles de Javel de 1 l à 2,6 % c.a. (ou
composée suivant la quantité de matériel traité, 4 bidons de 5 l à 2,6 % c.a.) + 80 l d’eau + 0,5 l de
exposée un certain temps aux UV, hors de portée tensio-actif,
des enfants et des animaux, et de la diluer au • 20 berlingots d’extrait de Javel à 9,6 % c.a.
maximum avant de la rejeter dans le réseau d’as- + 95 l d’eau + 0,5 l de tensio-actif.
sainissement.
La solution de trempage perd de son activité
Conservation au fur et à mesure de son utilisation et il faut donc
régulièrement la renouveler si la quantité de ma-
Toujours à l’abri de la chaleur et la lumière. tériel à traiter est importante.

Le concentré de Javel, commercialisé sous On peut aussi, après deux utilisations du bain,
forme de dose recharge (berlingot) ne se conserve le régénérer en ajoutant la moitié de la quantité
que 2,5 à 3 mois après sa fabrication. de Javel mise au départ, mais il ne faut pas dépas-
ser 6 trempages pour un même bain.
Pour obtenir un litre d’eau de Javel à 2,6 %
c.a. à partir d’un berlingot de 250 ml, il faut le Bien rincer à l’eau claire après les opérations
vider dans une bouteille d’eau de Javel vide (pour de désinfection.
éviter le risque de confusion avec une boisson) et
compléter avec 750 ml d’eau froide. Cette solution Il est possible, pour essorer les cadres, de les
se conserve à l’abri de la chaleur et la lumière en- passer à l’extracteur, qui devra ensuite être conve-
viron 1 an (http://www.eaudejavel.fr/pdf/GP_fic nablement nettoyé.
he1_conseils.pdf).

L’eau de Javel commercialisée en bouteilles


3 - Utilisation de la soude caustique
de 1 l ou bidons de 5 l, à 2,6 % c.a., se conserve
en général de 1 à 3 ans (date inscrite sur l’embal- Généralités
lage).
La soude ou soude caustique (hydroxyde de
La solution préparée pour la désinfection (eau sodium, NaOH) se présente sous forme solide
de Javel + eau) se dégrade rapidement et ne doit (paillettes, pastilles, billes blanches) ou sous
pas être conservée. forme liquide et doit être mélangée à de l’eau
tiède pour former une solution appelée lessive de
Comment ? soude.

Pour réaliser une désinfection efficace (acti- On peut se procurer la soude caustique en
vité sporicide), il faut faire tremper le matériel droguerie. Il faut choisir un produit contenant de
pendant 30 minutes dans une solution à environ la soude caustique sans aucun additif, et de pré-
0,5 % c.a, en agitant de temps en temps. férence sous une forme liquide qui se conserve
plus facilement. Il est conseillé d’acheter une so-

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lution commerciale de « lessive de soude » dosée eau courante. En cas de contact avec la peau ou
à 30 %. les muqueuses, il faut rincer abondamment et en
continu (ne pas seulement tremper) avec de l’eau
Attention : ne pas confondre avec la « lessive bien froide, en attendant l’arrivée des secours.
de potasse » qui n’a pas les mêmes propriétés, ni
avec les « cristaux de soude » qui sont du carbo- Effluents : le trempage de matériel contenant
nate de potassium. des substances organiques (cire, propolis, débris
divers d’origine animale) doit conduire à une re-
Le pouvoir désinfectant de la soude peut lative neutralisation de la soude caustique conte-
s’exercer à froid mais le fait de l’employer à chaud nue dans la solution de départ. Après usage le
permet d’obtenir une destruction de la cire et de bain ne devrait contenir que des ions Na+, OH- et
la propolis ainsi qu’un effet nettoyant particuliè- H3O+, ions qui sont partout présents dans la na-
rement efficace et rapide. L’utilisation à froid est ture.
moins complexe (pas d’appareil de chauffage)
mais nécessite un trempage plus long. Avant de rejeter cette solution dans le réseau
d’assainissement, il est conseillé de la laisser re-
Précautions froidir et de la diluer au maximum avec de l’eau,
et éventuellement de la neutraliser2 à un pH com-
Consultation conseillée de la fiche technique pris entre 5,5 et 8,5.
de l’INRS N° 20 (cf. biblio).
Matériel
La soude sous forme solide ou en solution est
très corrosive et provoque de graves brûlures de • Grande cuve métallique (versante de pré-
la peau et des muqueuses, qui guérissent très dif- férence, pour faciliter la vidange) en tôle (fer ou
ficilement. acier, pas d’aluminium ni zinc, attaqués par la
soude).
Elle doit être stockée hors de portée des en-
fants. • Gros brûleur à gaz (ou à bois).

Il est impératif de porter des vêtements et • Facultatif : liens pour attacher les cadres en
des gants de protection en matière adaptée au paquets.
risque corrosif que représente la soude (risque
chimique) ainsi que des lunettes de sécurité à pro- • Crochet pour manipuler le matériel (plon-
tection latérale, lors de son utilisation. ger et sortir du bain).
• Jet d’eau puissant ou appareil haute pres-
Avoir à portée de main une alimentation en sion.

2 – Pour satisfaire à la réglementation (circulaire du 06/06/53, INERIS), les mélanges alcalins rejetés dans un réseau
public d’assainissement, un milieu naturel ou un puits absorbant artificiel, doivent être neutralisés à un pH
compris entre 5,5 et 8,5 et avoir une température de 30 °C maximum.
Il est possible de mesurer le pH (à l’aide de kits vendus dans le commerce), et de procéder, si les valeurs de pH
obtenues sont supérieures à 8,5, à une neutralisation du bain de trempage, à l’aide de vinaigre domestique ti-
trant à 8° d’alcool.
Pour un bain de 10 l à 4 %, c’est-à-dire contenant 400 g de soude, comme proposé plus haut, dans lequel
aucun matériel n’a encore été traité, le pH se situe à 14. Pour ramener le pH de cette solution à 8,5, il faudrait
lui ajouter 7,5 l de vinaigre à 8°.
Si après usage le pH du bain de départ (10 l à 4 %),
• est à 13, il faudrait ajouter 0,75 l de vinaigre à 8°,
• est à 12, il faudrait ajouter 75 ml de vinaigre à 8°,
• est à 11, il faudrait ajouter 7,5 ml de vinaigre à 8°.
Pour simplifier, pour un pH compris entre 9 et 11, il suffit d’ajouter un fond de verre de vinaigre à 8° au bain pour
ramener le pH dans les valeurs autorisées pour le rejet.

398 LSA n° 263 • 9-10/2014


• Protections pour l’opérateur (lunettes, l’ébullition afin d’éviter les projections. (En des-
gants, tablier, bottes) contre les risques de brûlure sous de 65 °C, l’inox n’est pas attaqué par la
chimique et physique. soude).

Comment ? Les cadres sont réunis en paquet fermement


attachés : cela facilite les manipulations et évite
Si le trempage est effectué dans un bain à qu’ils ne s’éparpillent lors du rinçage.
température ambiante, la concentration de la so-
lution doit se situer autour de 4 % : il faut dissou- Le matériel en bois est plongé doucement
dre 40 g de soude par litre d’eau, ou bien, pour un dans la cuve, et tenu immergé (éventuellement à
mélange final de 10 litres, ajouter 1 litre de la les- l’aide d’un poids) pendant 8 à 10 minutes.
sive de soude à 30 % à 9 litres d’eau. Les éléments
sont mis à tremper jusqu’à ce qu’ils soient débar- Les éléments en plastique sont juste trempés
rassés de toute substance organique. brièvement, si le bain est chaud, afin d’éviter qu’ils
ne se déforment.
Si le trempage est effectué dans un bain
chauffé, la concentration de la solution peut se si- Lorsqu’on sort le matériel, des dépôts qui sur-
tuer entre 1 et 1,5 % : il faut dissoudre 10 à 15 g nagent dans la cuve ont tendance à se coller à sa
de soude par litre d’eau, ou bien, pour un mélange surface : il faut donc pendant qu’il est encore bien
final de 10 litres, ajouter 250 à 300 ml de lessive chaud, le rincer abondamment, de préférence
de soude à 30 % à 9,7 litres d’eau (ou encore ajou- avec un jet d’eau sous pression, pour enlever les
ter 3 l de lessive de soude à 30 % à 97 l d’eau, pour saletés et toute trace de soude (ou de savon).
un bain de 100 l).
Tous les éléments sont ensuite disposés bien
Une quantité d’eau suffisante pour immerger à plat, les cadres sous des poids, pour éviter que
le matériel est mise à tiédir, sans excéder 2/3 de le bois ne vrille.
la capacité de la cuve, pour éviter le débordement
lors de l’immersion du matériel. La peinture (externe) des corps et hausses en
bois ne résiste pas au trempage dans la lessive de
Il faut toujours incorporer progressivement soude.
la soude dans la cuve d’eau tiède et dans cet
ordre : soude dans l’eau et jamais l’inverse. Atten- ztz
tion la réaction chimique dégage de la chaleur. (Si
on utilise de la soude solide, elle est d’abord di-
luée dans une petite quantité d’eau tiède avant Merci à Robert Carron pour son aide pré-
d’être versée dans la cuve d’eau). cieuse et ses conseils avisés d’« expert en chimie ».
La solution doit être ensuite maintenue bien
chaude mais en évitant d’atteindre le seuil de n

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