Règles de conception et
de calcul des structures
CBA 93
F. ACHOUR - CNERIB
Généralités
I- 1- Evolution des méthodes et des règles de calcul des structures
A la suite du développement de la théorie d’élasticité, les structures sont calculées
comme étant des systèmes élastiques, homogènes et isotropes, par la méthodes des
contraintes admissibles. Cette méthode consiste à comparer les contraintes sous
charges maximales à des fractions de la résistance des matériaux.
Après différents essais, cette méthode est appliquée au béton. Parmi les règlements de
calcul des structures en béton armé, basés sur cette théorie, le CCBA 68 qui est un
règlement dit aux contraintes admissibles.
La méthode des contraintes admissibles, avec l’utilisation du béton fissuré en traction a
été universellement utilisée, par la suite dans certains pays, on passe au
dimensionnement à la rupture basé sur la théorie de plasticité. Pour cette méthode, la
sollicitation admissible de service est obtenue en divisant la sollicitation de rupture par
un coefficient de sécurité global.
Le premier règlement établi à partir de cette méthode est la méthode brésilienne.
Le développement des connaissances théoriques et expérimentales, l’accumulation
d’un grand nombre de données relatives aux actions et aux propriétés mécaniques des
matériaux et des structures ainsi que l’idée d’utiliser les méthodes de la statistique
mathématique dans l’étude de la sécurité des ouvrages ont conduit à l’élaboration de la
méthode de calcul aux états limites qui est une méthode semi probabiliste.
A la différence des méthodes aux contraintes admissibles et à la rupture, dans cette
méthode les paramètres de base (actions et sollicitations, résistance des matériaux, etc)
sont considérés comme aléatoires. Les règles BAEL sont des règlements aux états
limites.
Les règles CBA 93 est un règlement Algérien de calcul des structures en béton armé
basé sur la méthode des états limites.
I- 2- Domaine d’application des règles CBA 93
Les règles de calcul CBA 93 sont applicables à tous les ouvrages et constructions en
béton armé dont le béton est constitué de granulats naturels normaux avec un dosage en
ciment au moins égal à 300 kg / m3 de béton mis en œuvre.
Une pièce est considérée en béton armé si elle présente une section minimale
d’armatures, on dit alors que la pièce est non fragile.
Est considérée comme non fragile, une section, tendue ou fléchie, telle que la
sollicitation provoquant la fissuration du béton dans cette section entraîne dans les
armatures tendues une contrainte au plus égale à leur limite d’élasticité, autrement dit,
le béton doit se fissurer avant la plastification des armatures.
I- 3- Principe des justifications
Les règles CBA 93 prévoient que les calculs justificatifs seront effectués en application
de la théorie des états limites.
On appelle état limite, un état particulier au delà duquel une structure cesse de remplir
les fonctions pour lesquelles elle a été conçue. Un état limite est donc atteint lorsqu’une
condition requise d’une construction (stabilité, absence de rupture..) est strictement
satisfaite et cesserait de l’être en cas de modification défavorable d’une action.
On distingue :
- les états limites ultimes, qui correspondent à la valeur maximale de la
capacité portante de la construction et dont le dépassement entraînerait la
ruine de l’ouvrage. Ces états limites sont relatifs à la limite :
• soit de l’équilibre statique de l’ouvrage,
• soit de la résistance de l’un des matériaux utilisés (acier ou
béton),
• soit de la stabilité de forme.
- les états limites de service, qui constituent les limites au delà desquelles les
conditions normales d’exploitation ne sont plus satisfaites.
On est ainsi amené à considérer :
• une limite pour la valeur de compression du béton,
• une limite pour l’ouverture des fissures,
• une limite pour les déformations des éléments d’une construction.
I- 4 – Objet des justifications de calcul
Les ouvrages et éléments d’ouvrages doivent être conçus et calculés de manière à
pouvoir résister avec une sécurité appropriée à toutes les sollicitations prévues et à
présenter une durabilité satisfaisante durant toute la période d’exploitation envisagée.
Le calcul permet de justifier, dans la mesure ou il n’existe pas de faute de conception,
qu’une sécurité appropriée est assurée :
j
fc j = fc28 pour fc 28 ≤ 40 Mpa
4.76 + 0.83 j
j
fc j = fc 28 pour fc 28 > 40 Mpa
1.40 + 0.95 j
• Résistance à la traction
La résistance à la traction du béton à j jours notée ftj, est définie par la relation :
ft j = 0.6 + 0.06 fc j
La résistance minimale du béton est de 15 Mpa pour les aciers à haute adhérence et de
12 Mpa pour les aciers lisses.
E vj = 3700 (fc j ) 3
1
• Coefficient de poisson
Lorsqu’on soumet une éprouvette de béton, de longueur l, à des efforts de compression, il
se produit non seulement un raccourcissement longitudinal, ∆l, mais également une
dilatation (gonflement) transversale.
Soit a la dimension du côté de l’éprouvette, cette dimension devient a + ∆a ,et la
∆a
variation unitaire est .
a
I- 5-2- Aciers
En génie civil, on rencontre différents types d’armatures : les ronds lisses, les
armatures à haute adhérence et les treillis soudés, et la caractéristique mécanique
servant de base aux justifications est la limite d’élasticité fe.
Les caractéristiques mécaniques des différents types d’armatures sont données dans le
tableau 1.
Le module d’élasticité longitudinale Es de l’acier est égal à 200000 Mpa.
Pour les calculs de béton armé, relatifs aux états limites, le diagramme déformations-
contraintes à considérer pour l’acier est le suivant :
I- 6- Actions et sollicitations
I- 6-1- Actions
Les actions sont des forces et couples dus aux charges appliquées (permanentes,
climatiques, d’exploitation, sismiques..) et aux déformations imposées (variation de
température, tassement d’appuis..).
Les trois types d’actions appliquées à une structure sont :
1. les actions permanentes G dont l’intensité est constante ou peu variable dans le
temps, elles comprennent :
- le poids propre de la structure,
- le poids propre des éléments fixes,
- les effets dus à des terres ou à des liquides dont les niveaux varient peu.
3. les actions accidentelles qui sont des actions provenant des phénomènes rares, elles
comprennent :
- les séismes,
- les explosions
Combinaisons fondamentales
La combinaison fondamentale fait intervenir les actions permanentes et variables, à
l’exclusion des actions accidentelles, dans ce cas les sollicitations de calcul sont
déterminées à partir de la combinaison suivante :
avec :
Gmax : ensemble des actions permanentes dont l’effet est défavorable
Gmin : ensemble des actions permanentes dont l’effet est favorable
Q1 : action variable dite de base
Qi : autres actions, dites d’accompagnement
γ Q1 est égal à 1.5 dans le cas général et 1.35 dans les cas particuliers.
les ψ0i sont donnés en fonction de la nature de l’action d’accompagnement.
Combinaisons accidentelles
Dans ce cas, la combinaison d’actions à considérer est la suivante :
Gmax + Gmin + FA + ψ11 Q1 + ψ 2i Qi
avec :
FA : valeur nominale de l’action accidentelle
ψ11 Q1 : valeur fréquente d’une action variable
ψ2i Qi : valeur quasi permanente d’une autre action variable (neige)
I- 6-2-4 –Sollicitations de calcul vis à vis des états
limites de service, ELS
Les sollicitations dans ce cas résultent de la combinaison d’actions suivante :
Gmax + Gmin + Q1 + ψ 0i Qi
Le diagramme des déformations limites de la section, représenté par une droite, est
supposé passer par l’un des trois pivots A, B ou C (figure 3), ces points appelés pivots,
sont définis comme suit :
γb vaut 1.5 pour les combinaisons fondamentales et 1.15 pour les combinaisons
accidentelles. θ est égal à 1 lorsque la durée d’application de la combinaison
d’actions considérée est supérieure à 24 h, et à 0.9 lorsque cette durée est comprise
entre 1h et 24 h, et à 0.85 lorsqu’elle est inférieure à 1h.
Les coefficients θ et 0.85 ont pour objet de tenir compte de l’influence défavorable
de la durée d’application de la charge.
e = min 25cm
2h (cm )
0.5 fe
σs = min
90 η ftj
- le diamètre des armatures les plus proches des parois est au moins égal à
8mm
- dans le cas des dalles et des voiles faisant au plus 40 cm d’épaisseur,
l’écartement des armatures d’une même nappe est :
20 cm
e = min
1.5 h (cm)
τu = Vu
b0 d
avec :
Vu est la valeur de l’effort tranchant vis à vis de l’état limite ultime,
b0 est la largeur de l’âme,
d est la hauteur utile de la poutre.
Si la largeur de la poutre est variable, il convient d’adopter pour b0 la valeur minimale,
et dans le cas particulier des sections circulaires, τu est donnée par la relation
suivante :
1.4 Vu
τu =
φ d
0.2 fcj
γb
τu = min
5 Mpa
• fissuration préjudiciable ou très préjudiciable
0.15 fcj
γb
τu = min
4 Mpa
0.27 fcj
γb
τu = min
7 Mpa
At ≥ τu − 0.3 ftj k
b0 S t 0.9 fe (cosα + sinα )
γs
2 Vu
La contrainte dans les bielles de béton, inclinées à 45°, est égale à , avec b0 la
ab0
largeur de la nervure de la poutre et a la longueur d’appui de la bielle d’about.
III- 4 – L’adhérence
L’adhérence désigne l’action des forces de liaisons qui s’opposent au glissement des
armatures par rapport au béton qui les enrobe.
τs = 1 dF
ui dx
Le périmètre utile est égal au périmètre minimal circonscrit à la section droite du paquet.
Pour des paquets de barres de même diamètre φ :
• 1 barre : ui = π φ
• 2 barres : ui = (π + 2) φ
• 3 barres : ui =(π + 3 ) φ
τs = F
ui l
avec ψ s coefficient de scellement, il est pris égal à 1 pour les ronds lisses et à 1.5 pour les
barres à haute adhérence.
Armatures comprimées
Les recouvrements des armatures comprimées se font sans crochets ( risque d’éclatement
du béton). La longueur de recouvrement est prise égale à 0.6 ls , à condition que :
- les barres qui se recouvrent soient toujours comprimées,
- chacune des barres ne fait pas partie d’un paquet de trois, c’est à dire qu’il
s’agisse d’un recouvrement de barres isolées ou de barres faisant partie d’un
paquet de deux barres,
- la distance entre axes des barres soit inférieure à 5 φ