(Maître-Assistant)
L’ART EN OCCIDENT
DEPUIS LE DÉBUT DU XXème SIÈCLE
L’ART EN OCCIDENT
DEPUIS LE DÉBUT DU XXème SIÈCLE
L’ART EN OCCIDENT
DEPUIS LE DÉBUT DU XXème SIÈCLE
4
SOMMAIRE
5
INTRODUCTION GÉNÉRALE
6
L’histoire de l’art n’obéissait jusqu’à une date récente qu’à la doctrine
évolutionniste. Elle ne s’attachait qu’aux progrès réalisés dans la manière de
rendre la nature avec autant de vérité que possible. On croyait que l’humanité
avait besoin de milliers d’années pour arriver à dessiner correctement d’après
nature. On se souciait beaucoup moins de la volonté créatrice. Or, c’est de ce
côté que s’orientent, aujourd’hui plus que jamais, les études sur l’art.
Les formes plastiques que proposent les artistes occidentaux dès le début
du XXème siècle corroborent les thèses des partisans de l’école historico-
culturelle. En effet, le XXème siècle s’ouvre avec l’éclatement des codes
traditionnels hérités de la Renaissance et jusqu’alors conservés dans leur
ensemble. L’art se renouvelle et toutes les formes d’expression deviennent
possibles.
7
I
LA RÉVOLUTION DE LA COULEUR
8
INTRODUCTION
1.1- L’EXPRESSIONNISME
9
À l’origine de cette tendance artistique, il y a d’une part la révolte. En
effet, comme dans tous les mouvements d’avant-garde, on veut détruire une
esthétique passéiste considérée comme dépassée et pourtant toujours présente
dans les salons. Il y a d’autre part un esprit nouveau qui rejoint les
préoccupations symbolistes à travers les thèmes : le nu dans la nature, le rejet de
la ville oppressante et tentaculaire, la société hypocrite et son absence de
communication, etc. Il y a aussi et surtout la découverte des arts d’Afrique et
d’Océanie dans lesquels les artistes pensent trouver l’élan pur et primitif qu’ils
recherchent. Par ailleurs, le peintre norvégien Edvard Munch et sa peinture
angoissée, le Hollandais Vincent Van Gogh et sa touche passionnée, sont pour
eux des précurseurs, des pionniers.
Face aux tracasseries du pouvoir nazi qui voyait en eux les germes d’une
« dégénérescence », de nombreux artistes partent pour les Etats-Unis et c’est
l’interruption de l’Expressionnisme allemand, à partir de l’année 1925.
1.1.2- Caractéristiques
10
1.1.3- Principaux artistes et œuvres représentatives
Les précurseurs de l’Expressionnisme sont :
- Jérôme BOSCH (vers 1450-1516) ;
- Francisco GOYA (1746-1828);
- Caspard David FRIEDRICH (1774-1840);
- Paul GAUGUIN (1848-1903) ;
- Vincent Van GOGH (1853-1890) ;
- James ENSOR (1860-1949) ;
- Edvard MUNCH (1863-1944).
Les principaux artistes expressionnistes sont:
Allemagne :
Die Brücke :
- Emil NOLDE (1867-1956) ;
- Otto MUELLER (1874-1930);
- Ernst Ludwig KIRCHNER (1880-1938);
- Max PECHSTEIN (1881-1955);
- Erich HECKEL (1883-1970);
- Karl SCHMIDT-ROTTLUFF (1884-1976).
Der Blaue Reiter:
- Alexej Von JAWLENSKY (1864-1941) ;
- Vassili KANDINSKY (1866-1944, Français d’origine russe) ;
- Gabriele MÜNTER (1877-1962) ;
- Franz MARC (1880-1916);
- August MACKE (1887-1914).
Autriche :
- Oskar KOKOSCHKA (1886-1980) ;
- Egon SCHIELE (1890-1918).
France :
- Marc CHAGALL (1887-1985) ;
- Chaïm SOUTINE (1893-1943).
11
Les œuvres représentatives de l’Expressionnisme sont entre autres :
- Au Café, Emil NOLDE, 1911, Museum Folkwang, Essen;
- Auto portrait avec modèle, Ernst Ludwig KIRCHNER, vers 1910, huile
sur toile, 150,4 x 100 cm, Kunsthalle, Hambourg;
- Tête d’un violoniste, Erich HECKEL, 1907, gravure sur bois;
- Repos dans l’atelier, Karl SCHMIDT-ROTTLUFF, 1910, Kunsthalle,
Hambourg;
- Femme à la mèche, Alexej Von JAWLENSKY, 1913, Städtisches
Museum, Wiesbaden;
- Improvisation, Vassili KANDINSKY, 1910, coll. privée ;
- Cri- paix-couleur rose, Vassili KANDINSKY, 1924, Wallraff- Richartz-
Museum, Cologne ;
- Petit rêve en rouge, Vassili KANDINSKY, 1925, coll. privée ;
- Cheval bleu, Franz MARC, 1911, coll. Privée ;
- Kairouan I, August MACKE, aquarelle, coll. privée ;
- Couple amoureux avec un chat, Oskar KOKOSCHKA, 1917, Kunsthaus,
Zurich ;
- Autoportrait, Egon SCHIELE, 1911, coll. privée ;
- La Fiancée, Chaïm SOUTINE, vers 1922, coll. W. Guillaume, Musée du
Louvre, Paris ;
- Paris par la fenêtre, Marc CHAGALL, 1913, Salomon R. Guggenheim
Museum, New York.
12
Planche 1 : Le Cri, Edvard Munch, 1893, tempera et pastel sur carton, 91 x 74
cm, Nasjonalgalleriet, Oslo.
Source : Alain MÉROT, dir. Histoire de l’art 1000 – 2000, Paris, Hazan, 1999,
p. 420.
13
1.2- LE FAUVISME
A cette époque ont lieu des rétrospectives qui sont des révélations pour
ces jeunes artistes : Van Gogh chez Bernheim Jeune en 1901, puis au Salon des
Indépendants en 1905 et Cézanne au Salon d’Automne en 1904, 1905, 1907.
L’influence de Delacroix, Turner, Degas, Manet, Odilon Redon, Monet,
Gauguin et d’Edvard Munch, est également déterminante.
1.2.2- Caractéristiques
Les sujets favoris des fauves sont : les paysages, les nus, les portraits.
Contrairement aux expressionnistes, ils expriment une certaine joie de vivre ; la
violence de leurs émotions est vécue dans le présent, dépourvue de tout aspect
visionnaire.
La perspective n’est pas linéaire, elle est, selon Matisse, une « perspective
de sentiments », eu égard au rapprochement des plans, qui laisse transparaître la
présence de l’artiste. L’influence de la sculpture d’Afrique et d’Océanie se
traduit par une schématisation, une plus grande simplification de la peinture des
fauves. En somme, on peut s’accorder avec Matisse pour spécifier le
mouvement fauve comme suit : « Des beaux bleus, des beaux jaunes, des
matières qui remuent le fond sensuel des hommes, c’est le point de départ du
Fauvisme, le simple courage de retrouver la pureté » (Ibid. p. 222).
15
- Printemps, Kees Van DONGEN, vers 1908, huile sur toile,
81 x 100,5 cm, Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg (auparavant coll. S.
Chtchoukine) ;
- Portrait de Fernand Fleuret, Othon FRIESZ, 1907, Musée National
d’Art Moderne, Paris ;
- La Cathédrale Saint Paul, Londres, André DERAIN, 1906, coll. Perls
Galleries, New-York ;
- L’Estaque, Georges Braque, Musée National d’Art Moderne, Centre
Georges Pompidou, Paris.
Somme toute, il est à retenir que le Fauvisme rend manifestes les tendances
prédominantes de l’art moderne, à savoir l’autonomie de la couleur et
l’intervention des émotions du peintre comme composantes picturales.
CONCLUSION
Les expressionnistes et les fauves ont permis à la couleur d’être appréciée
pour sa valeur propre. Ils l’ont affranchie de l’objet, lui ont donné son
autonomie, son indépendance. C’est la première grande révolution artistique du
XXème siècle.
Les mouvements qui suivent vont s’intéresser au dessin, à la forme.
16
Planche 2 : La Femme au chapeau, Henri Matisse, 1905, huile sur toile,
80, 6 x 59, 7 cm, Museum of Modern Art, San Francisco.
Source: Jean-Louis FERRIER, Les Fauves, le règne de la couleur, Paris,
Pierre Terrail, 1992, p. 12.
17
Planche 3 : Trois personnages assis dans l’herbe, André Derain, 1906, huile
sur toile, 38 x 55 cm, Paris, Musée d’Art Moderne de la ville de Paris.
Source : Idem, p. 87.
18
II
LA RÉVOLUTION DE LA FORME
19
INTRODUCTION
2.1- LE CUBISME
2.1.1-Définition et historique
2.1.2- Caractéristiques
21
2.1.3- Principaux artistes et œuvres représentatives
22
Somme toute, on retiendra que les cubistes révolutionnent l’art de peindre.
Ils décomposent les objets et les personnages dont ils éparpillent ensuite les
fragments sur toute la surface de la toile. Après 1912, ils expérimentent la
technique du collage au service d’une représentation synthétique de l’objet.
23
Planche 4 : Les Demoiselles d’Avignon, Pablo Picasso, 1907, huile sur toile, 244
x 234 cm, Museum of Modern Art, New York.
Source : Michèle BARILLEAU et François GIBOULET, Histoire de la Peinture,
Paris, Hatier, 2000, p. 104.
24
Planche 5 : Nature morte à la chaise cannée, Pablo Picasso, 1912, huile sur
toile cirée sur toile et corde, 29 x 37 cm, Musée Picasso, Paris.
Source : Alain MÉROT, Ibid. p. 443.
25
2.2- LE FUTURISME
2.2.2- Caractéristiques
Dès lors, les thèmes de prédilection des artistes ne peuvent être que les
moyens de transport, les gares, les rue, les signaux lumineux, en somme, tout ce
qui est lié à la ville et à ses activités.
26
d’abord la juxtaposition des tons (larges aplats, petites factures divisionnistes)
avant de trouver dans le Cubisme les bases de leur système. Comme les cubistes,
les futuristes aussi décomposent l’objet, mais à la différence de ceux-ci qui le
reconstituent de manière statique, ils le recomposent simultanément, dans ses
phases successives de déplacement. La représentation du mouvement apparaît
ainsi par l’effet de simultanéité, comme l’ont exprimé les chronophotographies,
et par tous les procédés de composition dynamique qui traduisent la mobilité :
chevauchement des formes, opposition des rythmes heurtés, interpénétrations
des plans, etc. Dans cette peinture qui fait la synthèse de la réalité de la vision et
de celle de la conception, tout l’accent porte sur l’irrationnel :
« Étant donné la persistance de l’image dans la rétine, les objets en mouvement se
multiplient, se déforment en se poursuivant comme des vibrations précipitées dans
l’espace qu’ils parcourent. C’est ainsi qu’un cheval courant n’a pas quatre pattes,
mais il en a vingt, et leur mouvements sont triangulaires » (Le Manifeste
technique de la peinture futuriste du 8 mai 1910).
Ainsi, le Futurisme qui avait emprunté aussi les papiers collés au Cubisme,
retient l’effort de synthèse plastique de la forme et de l’espace et y ajoute
l’intensité des effets colorés et lumineux, aux fins de magnifier tout le
dynamisme de la vie moderne et des technologies nouvelles dans une sensation
de puissance et de mouvement.
À ces cinq pionniers, on peut ajouter les noms d’autres artistes qui ont
flirté un tant soit peu avec le Futurisme. Ce sont : Mario SIRONI (1885-1961),
Giorgio MORANDI (1890-1964), Ottone ROSAI (1895-1957) et Enrico
PRAMPOLINI (1896-1956).
- Petite fille courant sur un balcon, Giacomo BALLA, 1912, Musée d’Art
Moderne, Milan ;
- Cavalier à Cheval, Carlo CARRA, 1915, coll. G. Mattioli, Milan ;
- La Mère, Umberto BOCCIONI, 1912, coll. G. Mattioli, Milan ;
- Formes uniques de continuité dans l’espace, Umberto BOCCIONI,
1913, sculpture, Musée d’Art Moderne, Milan ;
- Le Canon en action, Gino SEVERINI, 1915, coll. P. Guarini, Milan.
28
Planche 6 : Nu descendant un escalier no 2, Marcel
Duchamp, 1912, huile sur toile, 147,3 x 88,9 cm, Museum of
Art, the Louise and Walter Arensberg Collection,
Philadelphie.
Source : Alain MÉROT, Ibid. p. 446.
29
Planche 7: Le Canon en action, Gino Severini, 1915, coll. P. Guarini, Milan.
Source: Gaston DIEHL, La Peinture moderne dans le monde, Paris,
Uffucipress S. A. Lucano, 1966, p. 66.
30
Planche 8 : Forme unique de continuité dans l’espace, Umberto Boccioni,
1913, bronze, 101,2 x 86,3 cm, collection particulière, Rome.
Source : Alain MÉROT, Ibid. p. 445.
31
2.3- L’ART ABSTRAIT
34
2.3.2.5- Robert DELAUNAY (1885-1941) et l’Orphisme
Par l’opposition des couleurs pures complémentaires, et celles des tons
froids et chauds, Delaunay peint des tableaux qui suggèrent un mouvement
perpétuel et les évolutions de la lumière en réseaux de lignes circulaires.
Guillaume Apollinaire qualifie cette peinture d’« orphisme ». Ce terme désigne,
selon lui, une abstraction purement imaginaire, dérivée du Cubisme, mais
rendue lyrique par l’emploi de couleurs pures appliquées selon le principe du
contraste simultané, ou par des analogies avec la musique. Le peintre préfère
plutôt le terme de « Simultanisme » et non « Simultanéisme ». Sa femme, Sonia
Delaunay-Terk, également peintre, travaille dans le même registre.
À partir des années 1920 et même peu avant, jusque dans les années
trente, de nouvelles formes d’abstraction foisonnent en Europe.
2.3.3.2- Le Rayonnisme
Mikhaïl LARIONOV (1881-1964) fonde à Moscou vers 1909, le
Rayonnisme. Ce mouvement s’éteint en 1915. Le Manifeste du Rayonnisme est
publié en 1913. Il est signé par onze artistes. Larionov et sa compagne, le peintre
Natalia Gontcharova (1881-1962) s’inspirent de sujets de la vie moderne. Ces
sujets éclatent en faisceaux de couleurs aux angles aigus et deviennent
quasiment abstraits. Ils affectionnent les couleurs pures : rouges, bleus, jaunes.
2.3.3.3- Le Constructivisme
Mouvement russe d’avant -garde (1913-1922) animé par les frères
Antoine Pevsner (1886-1962) et Naum GABO (1885-1953), le Constructivisme
35
est présenté dans le « Manifeste réaliste » publié en 1920. Il est écrit dans ledit
Manifeste :
« Nous nions le volume comme expression spatiale. La profondeur est l’unique
forme d’expression de l’espace. Nous rejetons la masse (physique) comme
élément plastique. Nous annonçons que les éléments de l’art ont leur base dans
la rythmique dynamique ».
36
Planche 9 : Improvisation VII, Vassili Kandinsky, 1910, huile sur toile,
131 x 97 cm, Gallerie Tretiakov, Moscou.
Source : Kandinsky, Paris, Éditions Cercle d’Art, 1994, PL. 24.
37
Planche 10 : Dur et mou, Vassili Kandinsky, 1927, huile sur toile, 100 x 50 cm,
The Museum of Fine Arts, Bostom.
Source: Idem, PL. 59.
38
Planche 11 : Nuit bleue, Paul Klee, 1937, gouache sur toile de coton montée sur
toile à sac, 50,3 x 76,4 cm, Öffentliche kunstsammlung, Bâle.
Source : Klee, Paris, Les Editions Cercle d’Art, 1995, PL. 51.
39
Planche 12 : Hommage à Blériot, Robert Delaunay, 1914, Coll. Particulière,
Paris.
Source : Gaston DIEHL, Ibid. p. 75.
40
Planche 13: Tableau I, Piet Mondrian, 1921, coll. Müller Wickmann, Bâle.
Source: Gaston DIEHL, Ibid. p. 92.
41
Planche 14: Vision spectrale, Antoine Pevsner, 1959, bronze oxide.
Source: Histoire visuelle de l’art, Paris / Bruxelles, Elsevier Séquoia,
1979, p. 282 (PL. 4).
42
Planche 15 : Construction linéaire dans l’espace no 2, Naum Gabo, plastique et nylon.
Source : Ibid. p. 282 (PL. 5).
43
CONCLUSION
Les générations qui vont suivre vont remettre en cause l’art et ses
procédés de création.
44
III
LA RÉVOLUTION DU PROCESSUS
DE CRÉATION PLASTIQUE
45
INTRODUCTION
46
3.1.2- Caractéristiques
47
3.1.3- Principaux artistes et œuvres représentatives
48
En résumé, Dada est un cri de révolte contre l’ordre bourgeois. Refusant les
gestes et les outils de la peinture, les peintres dadaïstes adoptent un principe de
provocation artistique, de négation de l’art. Le mouvement vise à détruire le
savoir-faire traditionnel du peintre et à briser les conventions de l’ordre
artistique bourgeois.
André Breton et ses amis, qui étaient restés jusqu’en 1919 assez ignorants
de l’activité dadaïste, vont reconnaître dans le Manifeste Dada 1918 de Tzara
une inquiétude semblable à la leur et partageront sa conviction de la nécessité
d’ « un grand travail négatif à accomplir ». Le Surréalisme est en gestation.
49
Planche 16 : Parade amoureuse, Francis Picabia, 1917, huile sur toile, 96,5 x
73 cm, Martin G. Neumann Collection, Chicago.
Source: Alain MÉROT, Ibid. p. 448.
50
3.2- LE SURRÉALISME
3.2.2- Caractéristiques
51
Mais ce processus de l’automatisme ne semble pas suffisant et d’ailleurs
Pierre Naville dans le N°3 de La Révolution surréaliste va nier l’existence d’une
telle peinture :
« Plus personne n’ignore qu’il n’y a pas de peinture surréaliste ; ni les traits de
crayon livrés au hasard des gestes, ni l’image retraçant les figures de rêve, ni les
fantaisies imaginatives, c’est bien entendu, ne peuvent être ainsi qualifiés ».
52
Le frottage ou grattage est une technique inventée par Max Ernst en
1925. Il consiste à appliquer une feuille de papier sur diverses surfaces
rugueuses et inégales et à frotter ensuite le papier avec une mine de plomb afin
de faire apparaître certaines formes de la surface sous-jacente. L’artiste ne
décide donc pas de l’orientation des formes dans son œuvre mais obéit à ce que
lui propose la matière frottée. Ce procédé réduit à l’extrême la part active de
celui qu’on appelait jusqu’alors l’ « auteur » de l’œuvre. Le rôle du peintre est
de cerner et de projeter ce qui se voit en lui.
53
3.2.3- Les œuvres représentatives du Surréalisme
54
Planche 17 : Le Thérapeute, René Magritte, 1937, coll. Urvater, Bruxelles.
Source : Gaston DIEHL, Ibid. p. 100.
55
Planche 18 : Le Cabinet anthropomorphique, Salvador Dali, 1936, huile sur
panneau, 25,4 x 44,2 cm, Kunstsammlung, Nordrhein-Westfalen, Düsseldorf.
Source : Salvador Dali, sa vie, son œuvre, Gründ, p. 188.
56
Planche 19 : Nature morte vivante, Salvador Dali, 1956, coll. Reynold Morse
Foundation.
Source : Gaston DIEHL, Ibid. p. 107.
57
CONCLUSION
Le mouvement Dada est animé par un groupe d’intellectuels qui veut faire
table rase de toute la culture existante ; il manie la dérision, le nihilisme et la
provocation ; il aspire à un retour à l’authentique et remet la peinture en
question. Le mouvement naît simultanément à Zurich, autour de l’écrivain
Tristan Tzara et à New York avec marcel Duchamp, Francis Picabia et Man ray.
Il va connaître son apogée et son déclin à Paris respectivement en 1920 et 1923.
58
IV
L’ART CONTEMPORAIN
59
INTRODUCTION
Une vision pour être normale ne doit être ni myope, ni presbyte. Avec un
minimum de recul on peut observer qu’après la seconde guerre mondiale les
peintres américains s’affranchissent de la tradition européenne. Ils
expérimentent des matériaux nouveaux, modernes et affirment l’importance du
geste. Quant aux artistes européens d’après seconde guerre mondiale, ils
évoluent dans des mouvements d’avant-garde. Ils imaginent de nouveaux
moyens pour exprimer une image poétique du monde moderne.
60
Les années soixante sont marquées par les innovations technologiques et
scientifiques, l’envoi des premiers hommes dans l’espace et l’enthousiasme pour
la vitesse. Les échanges internationaux se développent à la Biennale de Venise,
(créée en 1895), de Sao Polo (inaugurée en 1951) et de Paris (fondée en 1959).
4.1.2 – Caractéristiques
Dans toutes les œuvres de l’Op Art le mouvement est purement optique
jamais réel. Dans l’art cinétique, l’œuvre et/ou le spectateur peuvent bouger.
Tous les artistes cinéticiens ont réalisé des œuvres cinétiques et optiques. En
revanche, les artistes de l’Op Art n’ont pratiquement jamais réalisé d’œuvres
cinétiques.
61
mouvement se développe selon deux tendances souvent combinées par rapport à
la participation du spectateur :
62
- Joël Stein (né en 1926) est l’un des pionniers de l’utilisation du laser.
- Jean Dewasne (1921-1999) réalise de grandes fresques au circuit
géométrique dans des espaces architecturaux.
- François Morellet (né en 1926) suit un système de règles géométriques :
nombre de trames et degré de leur inclinaison par rapport aux angles droits du
carré de la toile.
- Nicolas Schöffer (1912-1980), Français d’origine hongroise, théoricien
du mouvement, il réalise des projections mobiles à partir de ses sculptures
spatio-dynamiques sur lesquelles la lumière projetée réfléchit une autre lumière
colorée qu’il projette sur un écran.
- Jean-Pierre Yvaral (né en 1934), Fils de Vasarely, il travaille sur
ordinateur pour décliner l’image digitalisée selon diverses trames colorées.
- Yaacov Agam (né en 1928), Français d’origine israélienne, invente le
tableau transformable à lamelles, qualifié de peinture « polymorphique » : en se
déplaçant le long du panneau, le spectateur voit progressivement la composition
se transformer et les plans qui lui étaient cachés, alors que disparaissent les
précédents.
- Hugo Rodolfo Demarco (1932-1995), d’origine argentine, invente le
tableau à reflets lumineux.
- Raphael Soto (né en 1923), d’origine vénézuélienne, élabore un principe
de réflexion optique systématique de la forme géométrique à partir de points
colorés.
- Carlos Cruz-Diez (né en 1923), d’origine vénézuélienne lui aussi, réalise
des tableaux en lamelles de Rhodoïd translucide qui décompose et recompose la
lumière colorée et provoque des effets optiques.
Italie :
- Luis Tamasello (né en 1915) travaille comme Agam sur le principe de
réflexion de la lumière.
Allemagne :
- Heinz Mack (né en 1931) et
- Otto Piene (1928) créent le groupe zéro (1957-1960).
63
Grande-Bretagne :
- Bridget Riley (née en 1931) juxtapose de fines lignes ondulantes,
strictement parallèles, noires et blanches, insoutenables au regard qui les fixe
plus de quelques secondes.
Hollande :
- Jan Schoonhoven (né en 1914) appartient au groupe « Grœp Nul »
(1957-1967) et réalise des monochromes animés d’effets optiques qui donnent la
sensation de vide et de plein.
Yougoslavie :
- Ivan Picelj (né en 1924) réalise des œuvres scientifiques, abstraites et
géométriques de caractère cinétique à partir de la pureté de la ligne souvent mise
en volume.
Etats-Unis :
- Alexander Calder (1898-1976) a réalisé en fil de fer et en tôle peinte les
poétiques mobiles qu’agite l’air (à partir de 1932-1934, à Paris).
- Ambigu, Victor Vasarely, 1969, peinture sur toile, 200 x 191 cm, Galerie
Denise René, Paris ;
- Cheyt-ond, Victor Vasarely, Musée Vasarely, Gordes;
- Environnement et relation, lumière noire, Hugo Rodolfo Demarco,
1968, Galerie Denise René, Paris ;
- Boite couleur-lumière à transformation, Julio Le Parc, 1965, Galerie
Denise René-Hans Meyer, Düsseldorf ;
- Mouvements, Yaakov Agam, 1953, coll. W. Benenson, New York;
- Décoration murale de maison du plateau Beaubourg à Paris, 1970-
1971.
64
La représentation du mouvement sur la surface de la toile avait préoccupé
les artistes futuristes italiens. Leurs recherches s’étaient limitées à la
décomposition du modèle et à sa reconstitution dans ses différentes phases de
déplacement, de manière simultanée. Avec les cinéticiens et les op artistes
l’image devient mobile et requiert la participation du spectateur par le jeu des
déplacements simultanés. Mais plus que l’image ou la sculpture, ce sont leurs
constituants qui révolutionnent surtout les approches traditionnelles.
65
Planche 20 : Mobile « 31 janvier », Alexander Calder, 1950, tôle
d’aluminium et fils d’acier, MNAM, Paris.
Source : Alain MÉROT, Ibid. p. 474.
66
Planche 21 : Army, Victor Vasarely, 1967-1968, collage de carton sur
contreplaqué, 2,52 x 2,52 m, Musée national d’Art moderne, Paris.
Source : Michèle BARILLEAU et François GIBOULET, Ibid., p. 121.
67
4.2- LE POP ART
4.2.2- Caractéristiques
- Ronald Kitaj (né en 1932) son style est vivement coloré et pictural.
- James Albert Rosenquist (Né en 1933) opte pour la précision réaliste du
style publicitaire dans de vastes formats.
Grande Bretagne :
- Richard Hamilton (né en 1922) pratique le photomontage et traduit
l’imagerie des magazines américains avec un métier pictural traditionnel.
69
- Peter Blake (né en 1931) se sert de techniques variées, par exemple le
collage, la peinture à l’huile, la Photographie, le dessin.
- Derek Boshier (né en 1937) donne une représentation critique de la
société.
- Allen Jones (né en 1937) réalise des images érotiques, stéréotypées et
bariolées.
- Flag, Jasper Johns, 1955, encaustique sur toile, coll. Jean Christophe
Castelli ;
- Hot Dog, Roy Lichtenstein, 1964, émail sur tôle, Musée National d’Art
Moderne, Paris ;
- Gold Marilyn Monroe, Andy Warhol, 1962; 211 x 145 cm, museum of
Modern Art, New York;
- Whaam, Roy Lichtenstein, 1963, acrylique, 172 x 406 cm, Tate Gallery,
Londres;
71
Planche 23: Whaam! Roy Lichtenstein, 1963, Acrylique, 172 x 406 cm.
Source: Michèle BARILLEAU et François GIBOULET, Ibid. p. 122.
72
4.3- L’HYPERRÉALISME
4.3.1- Définition et historique
L’Hyperréalisme est nommé aussi en anglais Photorealism ou
Supperrealism. Il désigne un courant de peinture et de sculpture né vers 1965
aux Etats-Unis. La figuration, « Plus vrai que vrai » et sans émotion, observe le
réel à travers la photographie. Héritier de son prédécesseur, le Pop Art,
l’Hyperréalisme reprend l’agrandissement de l’image figurative en y ajoutant un
souci de ressemblance parfaite. Le précisionnisme de Hopper et Wood avait
déjà, dans les années 1930, donné le sentiment de vouloir copier la réalité en
toute impartialité avec un maximum de fidélité.
Le désir de reproduire le réel tel qu’il est n’est pas nouveau et n’est par
conséquent pas spécifique de ce mouvement : un recul dans le temps permet
d’observer au XVème siècle les savants reflets sur les cuivres des Annonciations
de Van Eyck, ou, plus tard au XVIIème siècle, la transparence du verre et la
matité du pain de la Nature morte à l’échiquier de Baugin. La même virtuosité
picturale et le même effacement de la touche sont perceptibles de part et d’autre.
Mouvement pictural et sculptural, l’Hyperréalisme va à l’encontre de
toutes les remises en question conceptuelles ou minimalistes de l’époque. Il est
favorablement accueilli par le public et les collectionneurs.
4.3.2- Caractéristiques
73
mettre quelquefois plusieurs mois pour arriver à réaliser ce qu’un simple déclic
de l’appareil photographique permet d’obtenir instantanément ?
- Robert Bechtle (né en 1932) peint la société des banlieues dans les
grands formats.
- David Parrish (né en 1939) reproduit des motos d’après des diapositives.
- Chuck Close (né en 1940) réalise des portraits en noir et blanc sur de
grands formats à partir de photos d’identité. Ce faisant, il exagère le flou ou la
netteté ainsi que l’aspect figé et déformant de la photographie.
- Richard, Chuck close, 1969, acrylique sur toile, Nene galerie, collection
Ludwig, Aix-la-Chapelle ;
- Gordon’s gin, Richard Estes, 1968, huile sur toile, Galerie Isy Brachot,
Bruxelles ;
- Air Stream, Raph Goings, 1970, acrylique sur toile, Nene Galerie,
collection Ludwig, Aix-la-Chapelle ;
- Moto, David Parrish, 1971, huile sur toile, collection Jacky Ickx, Grez-
Doiceau (Belgique).
75
Planche 24 : Richard, Chuck Close, 1969, Acrylique sur toile, Neue Galerie,
collection Ludwig, Aix-la-Chapelle.
Source : L’Hyperréalisme américain, Paris, Fernand Hazan, 1975.
76
Planche 25 : Touristes, Duane Hanson, 1970, sculpture en fibre de verre et
polyester, collection Saul P. Steinberg, New York.
Source : Ibid.
77
4.4- AUTRES MOUVEMENTS ET TENDANCES
79
4.4.2- L’apport new-yorkais
80
condamné à errer : « On devrait écouter, précise-t-il, l’immobilité de la peinture
avec la même terreur qui nous fait entendre le silence des déserts et des
glaciers ». Mais, en 1951, Pollock revient à Picasso (et à « Guernica » placé en
« dépôt » au MOMA de New York) auquel il rend hommage par des formes en
noir et blanc. Cinq ans plus tard, il est victime d’un accident de la route et meurt
à quarante quatre ans, fondateur et héros de l’émergence de l’école new-
yorkaise.
81
Planche 26: La Jungle, Wifredo Lam, 1943, Museum of Modern Art, New
York.
Source: Gaston DIEHL, Ibid. p. 104.
82
Planche 27 : Sept, Jackson Pollock, 1950, coll. C. Cardazzo, Vevise.
Source : Gaston DIEHL, Ibid. p. 157.
83
CONCLUSION
84
V
LECTURE D’ŒUVRES D’ART : APPROCHE ICONOLOGIQUE
85
INTRODUCTION
1
M. Le Bot, « François Rouan, l’image dans l’entrelacs », Écrit-Voir, Revue d’Histoire des Arts, Collectif pour
l’histoire de l’art et Publication de la Sorbonne, No 5, Paris, 1984-1985, p. 5.
86
5.1- LES CONCEPTS D’ICONOLOGIE ET D’ICONOGRAPHIE
2
Aby WARBURG cité par J. BIACOSTOCKI, « Iconologie », Encyclopædia universalis, volume 8, Paris, 1980,
pp. 710-711.
87
une œuvre en tant qu’expression d’une philosophie et d’une conception du
monde.
5.1.2- Rapport entre iconographie et iconologie
Pour Hoogewerff, le rapport entre l’iconographie et l’iconologie est
comme celui entre la géographie et la géologie. Les premières observent,
constatent, décrivent, les dernières s’intéressent à la structure, à la formation
intérieure, au contenu. L’iconographie identifie, décrit et l’iconologie a pour
objet les œuvres d’art sans les classer selon la technique appliquée ou selon la
perfection atteinte mais elle les contemple en les rangeant uniquement d’après
leur signification. Elle cherche à savoir quelle signification sociale on peut
attribuer à certaines formes, manières d’expression et de figuration, dans une
époque déterminée.
5.2.1.1- Définition
88
Les œuvres traitant de sujets historiques traduisent la grandeur de la
royauté, de l’empire ou de la république. Elles magnifient les faits et les gestes
les plus nobles. Les sujets historiques dans les représentations plastiques
remontent à l’Antiquité égyptienne. Les temples et les pyramides sont décorés
par des fresques relatant les victoires des pharaons sur les ennemies.
La nature morte est la représentation des éléments sans vie notamment des
objets, des fruits, des fleurs, des gibiers. L’artiste met en évidence la valeur
symbolique desdits éléments.
3
Maurice DENIS, cité par Roger BORDIER, L’Art moderne et l’objet, Paris, Albin Michel, 1978, p. 121.
90
- La tempera est une peinture à l’œuf ;
- L’acrylique est un procédé qui date des années 1950. C’est une matière
soluble à l’eau, utilisée pour les grandes surfaces et prisée par les artistes
du Pop Art. L’acrylique se prête à tous les supports et permet tous les
effets.
4
Vassili KANDINSKY (1866-1944), peintre français d’origine russe, il est l’un des fondateurs du groupe
expressionniste Der Blaue Reiter (Le Cavalier bleu) à Munich en 1905 et l’un des initiateurs de l’art abstrait en
1910. Il a enseigné en 1932 au Bauhaus en Allemagne, avant de s’établir à Paris, en 1933.
92
marche, c'est-à-dire : une suite de déséquilibres imposant un perpétuel
balancement des bras.
Il apparaît donc que l’émotion qui engendre l’inspiration, et
l’intelligence sont les maîtres d’œuvre de la création artistique. Si l’émotion
opère seule, elle mène à la dérive. En revanche, si le raisonnement prend le pas
sur la sensibilité, on produit une œuvre sans âme, apte à être reproduite puisque
fondée sur des données opérationnelles. Autrement dit, il peut y avoir blocage
chez l’artiste. Pour que la création puisse se faire, il faut que la sensibilité se
manifeste librement en dehors de tout contrôle de la raison. Mais il ne faut
cependant pas tomber dans le piège surréaliste qui veut que la création soit
purement et simplement une dictée de la pensée en dehors de toute censure de la
raison, de toute préoccupation morale ou esthétique : « un automatisme
psychique pur », selon André Breton.
En effet, après la création instinctive où l’artiste a dû suspendre son
jugement, il prend du recul et perçoit mieux ses intentions. Il les achèvera de
manière consciente. Ce faisant, le goût, l’intelligence, la conception que l’artiste
se fait de l’art, son expérience du métier se révèlent très déterminants dans
l’orientation et l’achèvement du travail créateur originel. Aussi sommes-nous
d’accord avec Marcel GIMOND pour dire :
« Tout homme étant un être sensible peut avoir des sentiments ; ce qui
distingue l’artiste, c’est qu’il est capable de donner une forme à ses sentiments
pour émouvoir à son tour » (M. Gimond, Paris, Arted, 1967, p. 38).
5
M. DELAFOSSE, Les Nègres, Paris, L’Harmattan, 2005, p. 59.
95
5.4- EXEMPLES DE LECTURE D’ŒUVRE D’ART
Planche 28 : Guernica, Pablo PICASSO, 1937, huile sur toile, 349,3 x 776,6 cm, Museo
nacional, Centro de Arte Reina Sofia, Madrid.
Source : Claude ROY, Picasso, La Guerre et La Paix, Paris, Éditions Cercle d’Art, 1997,
pp. 18-19.
96
INTRODUCTION
IDENTIFICATION DU THÈME
DESCRIPTION DE L’ŒUVRE
La répartition des valeurs, d’une part, accentue subtilement les gestes et,
d’autre part, intensifie les cris des personnages et le hennissement du cheval.
Elle contribue, avec l’option délibérée de Picasso pour les couleurs
neutralisantes, à conférer à la représentation une atmosphère de frayeur
généralisée, de terreur.
INTERPRÉTATION DE L’ŒUVRE
Dénotation et connotation
Commentaire historique
100
autour. Je voulais éviter cela, peindre comme on écrit, aussi vite que la pensée,
au rythme de l’imagination »6
L’œuvre qui fait l’objet de notre analyse et qui est en rapport avec le
massacre des paysans du marché de Guernica, n’est pas la description dudit
marché tel que bombardé le 26 avril 1937, encore moins celle des ruines d’une
localité donnée. Ici comme quinze ans après, dans La Guerre, Picasso ne fait pas
voir particulièrement ce qui est horrible à l’effet de susciter une quelconque
réaction chez le spectateur. En effet, Claude ROY souligne qu’il y a dans La
Guerre, non seulement l’inacceptable mais aussi et surtout la mise à nu de ce
qu’elle a de bête autrement dit de ridicule : « Ces signes de mort qui griffent
l’espace du tableau sont profondément tragiques, insoutenables, funestes. Mais
ils portent également en eux une signification qui peut réconforter : celle de leur
grotesque absolu. Ce que Picasso crie ici ce n’est pas seulement que la guerre est
laide, c’est aussi qu’elle est idiote » (C. ROY, 1997, p. 125).
CONCLUSION
6
Pablo Picasso cité par C. ROY, Picasso, La Guerre et La Paix, Paris, Cercle d’Art, p. 129.
101
5.4.2- Signs ou ART de Robert COTTINGHAM
102
INTRODUCTION
Signs ou Art est un tableau peint, en 1971, sur une toile de format 78 x 78
cm, avec de l’acrylique, par Robert COTTINGHAM. Il fait partie d’une collection
particulière, à New York. Conformément à la méthode panofskyenne, à l’entame,
les questions que nous nous posons sont les suivantes :
103
verticales peuvent être schématisées à travers le côté gauche du contour du
panneau, les montants des fenêtres à droite au-dessus de la lettre T, les barres de
ladite lettre en passant par celles du R. Les ombres portées des caractères
typographiques, comme des traits d’union, les rattachent au large aplat de terre
sienne brûlée foncée qui couvre le bas du tableau, contraste avec le panneau et
l’apparente à un bas-relief.
Dénotation et connotation
Ainsi présentée, on croirait que cette enseigne trône sur la devanture d’un
magasin où « se vend l’art » ou tout au moins des produits qui en dérivent, si ce
n’est sur la façade principale d’une « fabrique d’art ».
Commentaire historique
Robert Cottingham est né en 1935. Son tableau, Signs ou ART, qui donne
à voir une enseigne avec des néons, est réalisé sur la base de « procédures et de
procédés » (Élisabeth Lebovici) relevant de ce qu’il est convenu d’appeler
Hyperréalisme. Cottingham fait partie de la génération des artistes américains
dont Chuck Close (né en 1940), Don Eddy (né en 1944), Richard Estes (né en
1932), Duane Hanson (1925-1996), Richard Mc Lean (né en 1934), Malcom
Morley (né en 1931), John Salt (né en 1937), etc. En effet, ces artistes ont en
commun, à partir de 1965, des détours dans l’univers de l’appareil photo et de la
photographie pour réaliser des peintures et rarement des sculptures. Le résultat
donne un réalisme illusionniste connu sous les noms de Photo-Realism ou
Super-Realism dans les pays anglo-saxons et d’Hyperréalisme en France.
Jean Cassou fait observer : « Comprendre une œuvre d’art c’est prendre
conscience qu’elle est véritablement une création. C’est prendre conscience qu’il
y a, en elle, réaction contre les normes officielles du moment et aspiration à
autre chose ». (J. CASSOU, 1968, pp. 18-19).
106
L’enseigne avec les néons de Cottingham participerait alors d’une sorte de
publicité sur le lieu de vente. Elle pourrait être perçue comme une invitation à
consommer art et une façon de dire avec ironie : « Ceci est une boutique d’art ».
L’œuvre a été réalisée en 1971. Trois ans plus tôt, Jean Cassou affirmait :
« Désormais les productions de l’esprit, les productions du génie
humain, les œuvres de la pensée et de l’art sont considérées comme des objets
et traitées comme des objets. Elles n’ont donc plus qu’à être consommées par
la société à l’égal de tous les autres objets qu’objectivement elle consomme »
(J. CASSOU, 1968, p. 11).
CONCLUSION
107
CONCLUSION
L’œuvre d’art a son secret, son ordre caché7 qu’elle ne livre pas au
spectateur hâtif à la faveur d’un simple clin d’œil. Elle interpelle le goût et
l’intelligence et n’est par conséquent accessible qu’au spectateur qui se donne le
temps et les moyens de refaire le chemin parcouru par l’artiste. La bonne
appréciation d’une œuvre d’art consiste donc dans la recréation de cette œuvre
par le spectateur. Elle repose sur des méthodes variables à quelques différences
près selon qu’il s’agit d’œuvre d’art plastique ou cinématographique.
À son meilleur, la lecture de l’image est comme la bonne critique d’art.
En effet, celle-ci est didactique, elle apporte un plus au lecteur en faisant un
rapprochement entre l’œuvre dont il est question et les autres réalisations du
même artiste. Elle situe l’artiste lui-même par rapport à son époque, le rattache à
d’autres artistes de la même tendance ou au contraire de tendances différentes.
La critique d’art, quelle qu’elle soit, reflète l’esprit de son auteur. Cependant,
elle ne doit pas manquer d’égard vis-à-vis de l’œuvre et doit plutôt, s’il y a lieu
se féliciter de voir celle-ci répondre à ce qu’on est en droit d’attendre d’elle.
7
Nous faisons ici un clin d’œil à Anton EHRENZWEIG pour son ouvrage intitulé : L’Ordre caché de l’art,
Paris, Éditions Gallimard, 1974.
108
CONCLUSION GÉNÉRALE
109
L’art du XXème siècle est multiforme et insaisissable. Il ne s’appréhende
pas en termes de beauté et de laideur. Il est, à n’en point douter, otage d’un
champ social, culturel, institutionnel mais aussi et surtout économique. Il est
produit, diffusé, médiatisé et démocratisé comme jamais. L’art actuel s’est
emparé d’un public d’une diversité et d’une étendue sans commune mesure avec
celui qui lui avait été donné de rencontrer tout au long des périodes précédentes.
Il est objet de spéculations intellectuelles, politiques ou financières. Ses moyens
d’expression se sont multipliés et variés. Il innove les manières de donner forme
et de faire voir, d’inscrire l’œuvre et les intentions qui la sous-tendent, dans le
temps et l’espace. Ce faisant, l’art ne cesse d’élargir son emprise sur le monde et
d’apporter des réponses en rapport avec sa complexité. Jean-Louis Pradel a
trouvé les mots pour le faire constater :
« À l’architecture, la peinture, la sculpture et la gravure que déclinaient
traditionnellement les Beaux-arts, se sont ajoutés, la photographie, le cinéma, le
design, l’exploration des nouveaux médias… » (Paris, 1999, p. 6).
Puis il renchérit :
« Alors commence une course haletante. L’artiste s’arroge tous les droits,
s’empare de tous les moyens d’expression, transgresse tous les interdits,
bouleverse l’ordonnance des codes de bonne conduite culturelle, franchit toutes
les frontières, explore et annexe, chaque jour, de nouveaux territoires. » (Idem,
p. 8).
L’art du XXème siècle ne peut être cerné dans une définition définitive. Il
ne peut s’appréhender que dans sa dynamique évolutive : il se fixe des limites
pour sans cesse les déplacer voire les dépasser. Il bouscule à volonté l’ordre des
choses et le spectacle du monde. L’art d’aujourd’hui est partout. Il ne se
reconnaît ni rives ni frontières.
110
BIBLIOGRAPHIE
Planche 2 : La Femme au chapeau, Henri Matisse, 1905, huile sur toile, 80,6 x
59,7 cm, Museum of Modern Art, San Francisco.
Source : Jean-Louis FERRIER, Les Fauves, le règne de la couleur, Paris, Pierre
Terrail, 1992, p. 12.
Planche 3 : Trois personnages assis dans l’herbe, André Derain, 1906, huile sur
toile, 38 x 55 cm, Paris, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris.
Source : Idem, p. 87.
Planche 4 : Les Demoiselles d’Avignon, Pablo Picasso, 1907, huile sur toile,
244 x 234, Museum of Modern, New York.
Source : Michèle BARILLEAU et François GIBOULET, Histoire de la
peinture, Paris, Hatier, 2000, p. 104.
Planche 5 : Nature morte à la chaise cannée, Pablo Picasso, 1912, huile, toile
cirée sur toile et corde, 29 x37 cm, Musée Picasso, Paris.
Source : Alain MÉROT, Ibid. p. 443.
113
Planche 21 : Army, Victor Vasarely, 1967 – 1968, collage de carton sur
contreplaqué, 2,52 x 2,52 m, Musée National d’Art Moderne, Paris.
Source : Michèle BARILLEAU et François GIBOULET, Ibid., p. 121.
Planche 22 : Canyon (Combine painting), Robert Rauschenberg, 1959, huile sur
toile et matériaux divers, 207,6 x 177,8 x 61 cm, The Sonnabend Collection,
New York.
Source : Alain MÉROT, Ibid. p. 488.
Planche 23: Whaam! Roy Lichtenstein, 1963, Acrylique, 172 x 406 cm.
Source : Michèle BARILLEAU et François GIBOULET, Ibid. p. 122.
Planche 24 : Richard, Chuck Close, 1969, Acrylique sur toile, Neue Galerie,
collection Ludwig, Aix-la-Chapelle.
Source : L’Hyperréalisme américain, Paris, Fernand Hazan, 1975.
Planche 28 : Guernica, Pablo PICASSO, 1937, huile sur toile, 349,3 x 776,6
cm, Museo nacional, Centro de Arte Reina Sofia, Madrid.
Source : Claude ROY, Picasso, La Guerre et La Paix, Paris, Éditions Cercle
d’Art, 1997, pp. 18-19.
114
TABLE DES MATIÈRES
SOMMAIRE .......................................................................................................... 5
INTRODUCTION GÉNÉRALE ......................................................................... 6
I- LA RÉVOLUTION DE LA COULEUR ......................................................... 8
INTRODUCTION ................................................................................................... 9
1.1- L’EXPRESSIONNISME ................................................................................. 9
1.1.1- Définition et historique ................................................................................. 9
1.1.2- Caractéristiques ............................................................................................. 10
1.1.3- Principaux artistes et œuvres représentatives ............................................... 11
1.2- LE FAUVISME ............................................................................................... 14
1.2-1- Définition et historique ................................................................................. 14
1.2-2- Caractéristiques............................................................................................. 14
1.2-3- Principaux artistiques et œuvres représentatives .......................................... 15
CONCLUSION ....................................................................................................... 16
II- LA RÉVOLUTION DE LA FORME ............................................................ 19
INTRODUCTION ................................................................................................... 20
2.1- LE CUBISME .................................................................................................. 20
2.1.1- Définition et historique ................................................................................. 20
2.1.2- Caractéristiques ............................................................................................. 20
2.1.3- Principaux artistes et œuvres représentatives ............................................... 22
2.2- LE FUTURISME ............................................................................................. 26
2.2.1- Définition et historique ................................................................................. 26
2.2.2- Caractéristiques ............................................................................................. 26
2.2.3- Principaux artistes et œuvres représentatives ............................................... 27
2.3- L’ART ABSTRAIT ......................................................................................... 32
2.3.1- Définition et historique ................................................................................. 32
2.3.2- Les pionniers ................................................................................................. 33
2.3.2.1- Vassili Kandinsky (1866-1944) ................................................................. 33
2.3.2.2- Piet Mondrian (1872-1944) et le Néoplasticisme ...................................... 33
2.3.2.3- Kazimir Severinovitch Malevitch (1878-1935)
et le Suprématisme .................................................................................................. 34
2.3.2.4- Paul Klee (1879-1940) ............................................................................... 34
2.3.2.5- Robert Delaunay (1885-1941) et l’Orphisme ............................................ 35
115
2.3.3- Diffusion de L’Abstraction en Europe (1920-1930 ...................................... 35
2.3.3.1- Le Vorticisme en Angleterre...................................................................... 35
2.3.3.2- Le Rayonnisme .......................................................................................... 35
2.3.3.3- Le Constructivisme .................................................................................... 35
2.3.4- L’Art abstrait dans le monde après
la seconde guerre mondiale ..................................................................................... 36
CONCLUSION ....................................................................................................... 44
III- LA RÉVOLUTION DU PROCESSUS
DE CRÉATION PLASTIQUE............................................................................. 45
INTRODUCTION ................................................................................................... 46
3.1- LE MOUVEMENT DADA ............................................................................. 46
3.1.1- Définition et historique ................................................................................. 46
3.1.2- Caractéristiques ............................................................................................. 47
3.1.3- Principaux artistes et œuvres représentatives ............................................... 48
3.2- LE SURRÉALISME ........................................................................................ 51
3.2.1- Définition et historique ................................................................................. 51
3.2.2- Caractéristiques ............................................................................................. 51
3.2.3- Les œuvres représentatives du surréalisme ................................................... 54
CONCLUSION ....................................................................................................... 58
IV- L’ART CONTEMPORAIN ........................................................................... 59
INTRODUCTION ................................................................................................... 60
4.1- L’ART CINÉTIQUE ET L’OP ART............................................................... 60
4.1.1- Définition et historique ................................................................................. 60
4.1.2- Caractéristiques ............................................................................................. 61
4.1.3- Principaux artistes et œuvres représentatives ............................................... 62
4.2- LE POP ART ................................................................................................... 68
4.2.1- Définition et historique ................................................................................. 68
4.2.2- Caractéristiques ............................................................................................. 68
4.2.3- Principaux artistes et œuvres représentatives ............................................... 69
4.3- L’HYPERRÉALISME ..................................................................................... 73
4.3.1- Définition et historique ................................................................................. 73
4.3.2- Caractéristiques ............................................................................................. 73
4.3.3- Principaux artistes et œuvres représentatives ............................................... 74
4.4- AUTRES MOUVEMENTS ET TENDANCES ........................................... 78
4.4.1- Les années cinquante .................................................................................... 78
4.4.2- L’apport new-yorkais .................................................................................... 80
CONCLUSION ....................................................................................................... 84
116
V- LECTURE D’ŒUVRE D’ART : APPROCHE
ICONOLOGIQUE ................................................................................................ 85
INTRODUCTION ................................................................................................... 86
5.1- LES CONCEPTS D’ICONOLOGIE ET D’ICONOGRAPHIE ...................... 87
5.1.1- Définition et historique ................................................................................. 87
5.1.2- Rapport entre iconographie et iconologie ..................................................... 88
5.2- LA NOTION D’ŒUVRE D’ART ................................................................... 88
5.2.1- Définition, catégories et genres .................................................................... 88
5.2.1.1- Définition .................................................................................................. 88
5.2.1.2- Caractéristiques .......................................................................................... 88
5.2.2- Supports, techniques de réalisation et agents plastiques ............................. 90
5.2.2.1- Les supports ............................................................................................. 90
5.2.2.2- Les techniques de réalisation ..................................................................... 90
5.2.2.3- Les agents plastiques ................................................................................. 91
5.2.3- La démarche créatrice .................................................................................. 92
5.3- PRÉSENTATION THÉORIQUE DE LA MÉTHODE ICONOLOGIQUE ... 93
5.3.1- Identification de l’œuvre .............................................................................. 94
5.3.2- Description de l’œuvre ................................................................................. 94
5.3.3- Interprétation de l’œuvre .............................................................................. 95
5.3.3.1- Dénotation et connotations ....................................................................... 95
5.3.3.2- Commentaire historique ............................................................................. 95
5.4- EXEMPLES DE LECTURE D’ŒUVRE D’ART .......................................... 96
5.4.1- Guernica de Pablo Picasso............................................................................ 96
5.4.2- Signs ou ART Robert Cottingham ................................................................. 102
117