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malades à fort risque de récidive hémorragique, Villanueva et al. dive hémorragique de 50 % lorsque le ballonnet est dégonflé. Le
(2) ont mesuré le gradient de pression veineuse sus-hépatique positionnement et la surveillance de la sonde doivent être très
chez des malades traités par sclérose pour une rupture de varice rigoureux. Les complications fréquentes, pneumopathies d’inha-
œsophagienne puis par somatostatine ou placebo. Le gradient de lation, plus rarement les ulcères, voire les nécroses de l’œsophage
pression sus-hépatique était abaissé seulement chez les malades et la récidive hémorragique, justifient les limites d’utilisation de
n’ayant pas de récidive hémorragique et en particulier si ce gra- ces sondes. Devant l’absence d’efficacité de ces modalités thé-
dient était diminué au-dessous de 20 mmHg ou de 20 %. Il a été rapeutiques seront envisagées les techniques de radiologie inter-
montré par une autre équipe espagnole qu’un gradient de pres- ventionnelle telles que le shunt intrahépatique par voie transju-
sion sushépatique supérieur à 20 mmHg était associé à un séjour gulaire (TIPS) ou la chirurgie (dérivation, transplantation). Dans
plus long en réanimation, à des besoins transfusionnels plus le cas particulier des varices gastriques, la préférence ira d’em-
importants et à une probabilité actuarielle de survie à un an plus blée à la colle biologique ou, à défaut, au TIPS (5, 6).
faible (3).
LES TRAITEMENTS SPÉCIFIQUES
Conduite à tenir à l’admission
Le premier temps de la prise en charge consiste en la pose de Traitements médicamenteux
deux voies veineuses de bon calibre afin de perfuser des macro-
molécules en cas de signe de choc hypovolémique puis de trans- Le but des traitements médicamenteux est d’arrêter le saignement
fuser du sang isogroupe isorhésus. Il faut maintenir un taux d’hé- en réduisant le flux sanguin et la pression intravariqueuse entraî-
matocrite entre 25 et 30 % et éviter l’excès transfusionnel pouvant nant l’hémostase au niveau du site hémorragique. Ces traitements
être en partie responsable de la récidive hémorragique précoce. peuvent être utilisés seuls ou en association à une technique endo-
Les besoins transfusionnels et le rythme des transfusions sont scopique. Lorsqu’ils sont associés au traitement endoscopique,
adaptés à la gravité de l’hémorragie. Le malade doit être correc- ils sont prescrits soit avant l’endoscopie afin d’optimiser le geste,
tement oxygéné. La surveillance est clinique (pouls, pression arté- soit au moment du geste, et prolongés sur une durée de 2 à 5 jours
rielle, respiration, diurèse, conscience) et biologique (hémato- afin de diminuer le risque de récidive hémorragique précoce. L’in-
crite). Les prélèvements urinaires et ascitiques doivent être térêt de ces traitements médicamenteux est leur immédiate dis-
systématiques. Une antibiothérapie est justifiée, car elle diminue ponibilité et leur facilité d’emploi. En effet, dans certains centres,
le risque d’infections bactériennes et augmente la survie à court un endoscopiste suffisamment expérimenté n’est pas toujours dis-
terme (4). Elle devra être débutée avant le geste endoscopique et ponible pour un geste thérapeutique en urgence.
continuée durant la période de risque de récidive hémorragique. Les résultats des différentes études ayant utilisé les traitements
On peut soit utiliser une antibiothérapie orale pendant 5 à 7 jours, vasoactifs ont été rapportés par d’Amico et al. (7). La vasopres-
comme la norfloxacine ou la ciprofloxacine, ou une antibiothé- sine comparée au placebo permet de réduire l’échec du contrôle
rapie orale et systémique, telle que l’ofloxacine ou l’amoxicil- hémorragique de 82 à 50 % mais sans différence sur la survie. Par
line-acide clavulanique. L’endoscopie chez un malade correcte- ailleurs, le taux d’effets secondaires varie de 30 à 60 % avec une
ment réanimé sera diagnostique et dans certains cas thérapeutique. nécessité d’arrêt du traitement dans un quart des cas. Pour cette
Le diagnostic de rupture de varice est certain lorsqu’il existe un raison, ce traitement n’est pratiquement plus utilisé en Europe ;
saignement actif en jet ou en nappe ou des signes d’hémorragie cependant, en l’absence d’alternative thérapeutique, il doit tou-
récente, clou plaquettaire ou caillot au niveau des varices. Lorsque jours être associé à la trinitrine.
ces signes n’existent pas, mais si l’on note du sang dans l’esto- La terlipressine, son dérivé à libération prolongée, est d’emploi
mac sans autre lésion que les varices, le saignement est par plus facile avec moins d’effets secondaires et peut donc être uti-
convention lié à une rupture de varice. lisée seule. Lorsqu’elle a été comparée au placebo ou à un trai-
Le traitement spécifique associe dans un premier temps un trai- tement non actif, le taux d’échec de contrôle de l’hémorragie était
tement médicamenteux qui est débuté avant l’endoscopie et une de 26 % chez les malades traités, comparé à un taux de 50 % chez
technique endoscopique réservée au saignement actif pour cer- les malades contrôles (7) avec une diminution de la mortalité
taines équipes. Le tamponnement œsophagien n’est utilisé qu’en d’environ 20 %. Comparé à la sclérose, le traitement par terli-
cas d’hémorragie cataclysmique ou pour servir de pont entre une pressine pendant 6 jours à la dose de 2 mg/4heures jusqu’au
technique endoscopique mise en échec et une anastomose porto- contrôle hémorragique initial, puis de 1 mg/4heures pendant
systémique radiologique ou chirurgicale. Les deux grands types 5 jours était aussi efficace pour le contrôle hémorragique aigu (81
de sonde sont la sonde à deux ballonnets de Sengstaken- versus 82 %) et pour la prévention de la récidive hémorragique
Blakemore et la sonde à un ballonnet de Linton. L’hémostase est précoce (14 %) avec une meilleure tolérance (8). La mortalité à
obtenue dans près de 90 % des cas, mais avec un risque de réci- 6 semaines n’était pas différente. Dans l’étude ayant utilisé la ter-
lipressine associée à la trinitrine et débutée dès la prise en charge et de mieux mettre en évidence le point de saignement actif. En
du malade par le SAMU, la mortalité était significativement dimi- cas de suintement hémorragique, le champ de vision était peu
nuée à 42 jours (9). altéré, que ce soit pour la ligature ou la sclérose, permettant, dans
La somatostatine est plus efficace que le placebo ou les traitements ce cas, d’expliquer l’efficacité identique des deux techniques. La
non actifs sans diminution significative de la mortalité (7). Dans mortalité est peu rapportée et il n’apparaît pas de différence signi-
une étude récente, la somatostatine associée à la trinitrine a été ficative, mais le nombre de malade est faible. Ainsi, la ligature et
comparée à la somatostatine associée à un placebo sans différence la sclérose ont une efficacité identique en cas d’hémorragie active,
significative en termes d’arrêt de l’hémorragie, de besoins trans- et l’utilisation de l’une ou l’autre en période aiguë est fonction des
fusionnels, de mortalité ou d’effets secondaires en dehors de l’ap- habitudes et de l’expérience des équipes.
parition significativement plus importante d’une ascite dans le La méta-analyse des six études ayant comparé la sclérose à la vaso-
groupe traité par trinitrine (5 versus 30 %). Cette association ne pressine ou à la terlipressine montre une différence significative en
peut donc être recommandée à l’heure actuelle (10). La somato- faveur de la sclérose pour le contrôle de l’hémorragie. En revanche,
statine est aussi efficace que la sclérose dans le contrôle en aigu du dans cette même étude, il n’a pas été trouvé de différence signifi-
saignement mais également dans la prévention de la récidive hémor- cative entre la sclérose et la somatostatine ou l’octréotide (14). Dans
ragique précoce avec moins de complications que la sclérose (11). l’ensemble de ces études, l’hémorragie était contrôlée dans 55 à
L’octréotide est un analogue de la somatostatine ayant une demi- 80% des cas. Il faut noter que le taux de complication était plus
vie biologique allongée. L’octréotide est aussi efficace que la ter- faible chez les malades traités par somatostatine ou octréotide par
lipressine avec moins d’effets secondaires (12). Parmi les autres rapport à ceux traités par sclérose. En méta-analyse, il n’existe pas
analogues de la somatostatine, le vapréotide paraît avoir un pro- de différence significative en termes de mortalité (14).
fil d’efficacité et de sécurité identique à celui de l’octréotide (13).
Tous ces traitements vasoactifs ont une efficacité assez similaire.
Endoscopie associée au traitement vasoactif
L’amélioration significative de la survie n’a été montrée que pour
la Glypressine®, et cette particularité, mal expliquée, pourrait être Si la présence de sang au niveau de l’œsophage est gênante pour
liée à l’utilisation très précoce ou à son action rénale. La préfé- effectuer un geste efficace, l’utilisation de médicaments vaso-
rence de l’une ou l’autre molécule va dépendre des habitudes des actifs pour arrêter l’hémorragie paraît justifiée. Les études ont
équipes et des coûts d’utilisation qui sont moindres pour les molé- comparé la sclérose de varices à la sclérose associée à l’octréo-
cules à longue durée d’action. tide (16) ou au vapréotide (13), la ligature à la ligature associée
à l’octréotide (17), la sclérose à la sclérose associée à la somato-
statine (18). Seules trois études étaient en double aveugle (13, 16,
Traitements endoscopiques
18) et en faveur du traitement combiné avec une réduction des
Les deux techniques actuellement utilisées en urgence sont la besoins transfusionnels. Étant donné l’hétérogénéité des études,
sclérose et la ligature. Les résultats concernant l’endo-loop sont la méta-analyse est difficile (14), mais il apparaît que le traite-
peut être prometteurs, mais cette technique est actuellement peu ment combiné est égal, voire supérieur, au traitement endosco-
diffusée, de même que les clips. Les agents sclérosants utilisés pique seul. Il ne semble pas exister de gain significatif en termes
en Europe sont le polidocanol et l’oléate d’éthanolamine avec des de survie.
résultats et des profils de sécurité identiques. En présence d’une
hémorragie active, le site actif doit être traité en premier afin de
Traitements endoscopiques comparés
pouvoir examiner ensuite correctement l’ensemble du tractus
à l’injection de colle biologique
digestif haut. La ligature élastique est actuellement plutôt effec-
tuée avec un système de ligature multiple. Comme pour la sclé- La sclérose et la ligature ont été comparées à l’injection de colle
rose, le site hémorragique doit être traité en premier. biologique (cyanoacrylate) sans différence significative pour le
Dans les 14 études randomisées ayant comparé la sclérose et la contrôle de l’hémorragie ou la mortalité précoce. D’autres études
ligature, seules 9 donnent des résultats séparés pour l’arrêt de l’hé- randomisées ont comparé la sclérose seule à une association sclé-
morragie aiguë sans différence significative en termes d’arrêt de rose et cyanoacrylate dans le contrôle des hémorragies actives
l’hémorragie et de mortalité (14). La ligature était significative- œsophagiennes ou œsogastriques et seraient en faveur du traite-
ment plus efficace dans une seule étude (15) mais seulement dans ment combiné, mais cela demande confirmation (19).
le cas d’hémorragies en jet (94 versus 62 %, p = 0,012) avec une
réduction significative des besoins transfusionnels et des compli-
Autres traitements
cations chez les malades traités par ligature. Dans l’expérience de
cette équipe, le cylindre externe du système de ligature, bien que En cas d’échec des traitements vasoactifs, endoscopiques ou asso-
réduisant le champ de vision, permettait de comprimer les varices ciés, les solutions de sauvetage proposées sont soit la chirurgie à