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Restaurer
la dent dépulpée
TOUT SIMPLEMENT
Collection dirigée par Patrick Simonet
Marc Bolla
2
1 Notions générales
V
oilà toute la difficulté de l’acquisition des connaissances et de l’enseignement…
L’évolution rapide de l’odontologie moderne ainsi que l’accessibilité quasi infinie
d’informations provenant de sources tout aussi infinies nous confrontent au quoti-
dien dans nos choix thérapeutiques. Certains nous proposent une approche clinique nova- 3
trice là où d’autres nous vantent une technique quasi miraculeuse…
Que faire, qui croire, et comment s’y retrouver ? Entre la formation académique classique et
la pratique clinique quotidienne se creuse parfois un fossé d’informations de toute nature.
Les ouvrages et les liens accessibles, toutes sources confondues, sont maintenant dispo-
nibles sans réel filtre. La grande difficulté qui se pose à nous aujourd’hui, consiste à démys-
tifier la connaissance empirique et séparer les faits de l’anecdote clinique. La conservation
des dents suite à une dépulpation est un élément essentiel et incontournable de la dentiste-
rie restauratrice contemporaine. À vrai dire, nous sommes encore loin de la biorégénération
dentaire, et l’implantologie n’est pas encore la solution ultime de la dentisterie restauratrice.
Dans ce contexte, Marc Bolla s’est entouré d’une équipe de cliniciens et universitaires confir-
més pour proposer à la profession cet ouvrage de référence.
Ce livre synthétise les connaissances actuelles de la restauration des dents dépulpées en
présentant un tableau simple, pédagogique et rationnel de l’arborescence décisionnelle
clinique à partir des évidences scientifiques les plus probantes.
Le thème traité en couvre tous les aspects : du potentiel biomécanique de la restauration
aux multiples options thérapeutiques possibles. L’intérêt essentiel de cet ouvrage est de
proposer toutes les approches de traitement, du plus classique au plus novateur. Mais au-
delà, et c’est une des qualités de cet ouvrage, les auteurs nous accompagnent pas à pas,
de manière précise et didactique, pour faire de chaque situation clinique décrite un guide
de bonnes pratiques.
Les progrès technologiques récents d’empreinte optique ainsi que l’évolution des matériaux
de restauration et de leurs techniques adhésives nous permettent aujourd’hui d’envisager
des restaurations intégrées, fonctionnelles et d’apparence naturelle.
Ce livre éminemment clinique orchestré avec maîtrise par Marc Bolla est sans conteste un
ouvrage incontournable d’une des pratiques quotidiennes de la dentisterie moderne.
Restaurer la dent dépulpée
Auteurs
Gérard ABOUDHARAM Marc BOLLA
Docteur en chirurgie dentaire Docteur en chirurgie dentaire
Docteur de l’Université de la Méditerranée Docteur de l’Université de Nice Sophia
Maître de Conférences des Universités Antipolis, Professeur des Universités -
Praticien Hospitalier, Université de la Praticien hospitalier, Université de Nice
Méditerranée Sophia Antipolis
Exercice libéral, Aubagne.
Julien BROUSSEAUD
Yves ALLARD Docteur en Chirurgie Dentaire
Docteur en chirurgie dentaire Ancien Assistant Hospitalier Universitaire,
Docteur en sciences odontologiques Université de Bordeaux
Maître de Conférences des Universités -
Praticien Hospitalier, Université de Nice Nathalie BRULAT-BOUCHARD
Sophia Antipolis Docteur en chirurgie dentaire
Docteur en Sciences de la vie de l’Université
4 Pauline ANTONIOLLI de Nice Sophia Antipolis
Docteur en chirurgie dentaire, Maître de Conférences des Universités -
Ancien interne en Odontologie, Praticien Hospitalier, Université de Nice
Assistant Hospitalier Universitaire, Université Sophia Antipolis
Paris Descartes CES d’odontologie conservatrice et
Diplôme inter-universitaire d’endodontie endodontie
Exercice libéral, Saint-Malo. Diplôme inter-universitaire d’endodontie
Christian MOUSSALLY
Docteur en chirurgie dentaire
Chargé d’enseignement à l’Université Paris
Descartes
Exercice libéral, Paris
Restaurer la dent dépulpée
Remerciements
Ce livre est le résultat d’une démarche entamée il y a de nombreuses années, sur la base
de travaux de recherches, publications scientifiques et communications, sur le thème de la
reconstitution de la dent dépulpée, autour d’une question pourtant assez simple en apparence :
comment reconstruire au mieux et de manière pérenne cette dent tout en étant le plus économe
en tissu dentaire ?
C’est aussi le témoignage d’une amitié et d’une confiance partagée avec les différents auteurs
que j’ai sollicités et que je remercie chaleureusement pour leur contribution. Tous ont répondu
avec enthousiasme à ce projet, et ont ensuite su fournir dans les délais impartis textes et
iconographies de grande qualité. Merci à eux pour cette collaboration !
Merci également à toute l’équipe de l’Information Dentaire, pour sa compétence, son
professionnalisme et la qualité de nos échanges, avec un message particulier à Patrick Simonet
pour la confiance qu’il m’a témoignée.
Je dédie cet ouvrage à mon épouse Michèle, qui sait plus que tout autre ce que représentent
l’écriture et la coordination d’un tel ouvrage, à mes enfants Matthieu et Sophie, et mes deux
petits-enfants Matteo et Rafael.
1 Notions générales
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9
M. Bolla
7 Les endocouronnes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
E. Leforestier, Y. Allard
Introduction
L’histoire de la dent dépulpée et de sa reconstitution s’est construite en plusieurs étapes.
Pendant très longtemps, elle fut uniforme : le même et unique type de reconstitution était
systématiquement pratiqué sur la dent, quels que soient son délabrement, sa position sur
l’arcade et son environnement occlusal et/ou parodontal. Puis est arrivé le stade d’une
décision thérapeutique réfléchie, intégrant toutes ces données et aboutissant au choix
d’une reconstitution corono-radiculaire coulée ou foulée, avec des ancrages métalliques
ou fibrés, parfois même sans ancrage radiculaire, à partir d’un arbre décisionnaire mûre-
8 ment réfléchi.
Souvent constitués de fibres « haute performance », les ancrages fibrés présentent des
propriétés mécaniques qu’il faut bien comprendre afin de les utiliser au mieux en fonction
de la direction de la contrainte. Toutes les séquences de mise en œuvre de ces ancrages et
de ces matériaux sont délicates, et nécessitent une grande rigueur opératoire et un grand
respect des procédures de collage, tant au niveau de la partie radiculaire pour l’ancrage
que de la partie coronaire pour ce qui concerne le matériau composite de reconstitution.
Quelle reconstitution pour quelle dent, pour quel résultat esthétique et pour quelle durée ?
Le but de cet ouvrage est de faire le point sur ce sujet, qui conditionne à terme la pérennité
de l’organe dentaire. De nombreux auteurs, tous plus talentueux les uns que les autres et
de grande réputation y ont apporté leur contribution grâce à leurs compétences reconnues
dans le sujet traité.
La connaissance des propriétés biomécaniques, physiologiques et histologiques d’une dent
dépulpée a beaucoup évolué. La conséquence principale qui s’en dégage est certainement
la notion de conservation maximale des structures dentaires résiduelles, éventuellement
paramétrée par la perte des crêtes marginales. C’est en effet à partir de cette structure
dentaire résiduelle que doit être organisé le choix thérapeutique de reconstitution, en
répondant à des questions simples mais essentielles : la dent a-t-elle besoin d’être couron-
née ? Si oui, quel type de reconstitution envisager : coronaire ? corono-radiculaire ? autre
possibilité ?
C’est dans cette logique que sont organisés les différents chapitres de cet ouvrage.
Un arbre décisionnel facile à mettre en pratique permet de définir et classifier les critères
décisionnels et orienter ainsi le praticien sur le choix du type de reconstitution corono-
radiculaire (RCR), et sur le choix du matériau de reconstitution, du matériau constitutif
de l’ancrage radiculaire (encore dénommé « tenon ») ou du matériau d’assemblage, par
scellement ou par collage.
2 Possibilités thérapeuthiques et critères décisionnels
technique est donc développée ici, après avoir bien sûr traité des techniques classiques
d’empreintes aux élastomères.
Enfin, qui n’a jamais été confronté à la problématique de dépose d’une reconstitution coro-
no-radiculaire ? Cette dépose est traitée à la fois pour les tenons métalliques et fibrés, en
différenciant bien les deux approches et les gestes opératoires qui s’ensuivent.
Chaque chapitre est clair, didactique, pédagogique, et s’appuie sur une iconographie remar-
quable. Chaque type de reconstitution est ainsi envisagé, et les séquences sont présentées
« pas à pas ».
Un seul critère n’a cependant et dans tout l’ouvrage jamais été pris en compte : celui de
la cotation de cet acte dans la classification commune des actes médicaux, car le geste
thérapeutique du praticien ne doit être influencé que par les grands principes régissant la
reconstitution d’une dent dépulpée, et non par le critère de la cotation de l’acte.
Notre souhait est que chaque lecteur y trouve des renseignements utiles et facilement trans-
posables à sa pratique clinique quotidienne.
10
Marc Bolla
1 Spécificités de la dent dépulpée
Spécificités
de la dent dépulpée
1
Propriétés biomécaniques
caractéristiques physiologiques 11
et histologiques
F. Decup, P. Antoniolli, JJ. Lasfargues
Si l’on cherche à qualifier les caractéristiques nouvelles d’une dent dépulpée, on peut la
définir comme étant :
– acellulaire : la disparition des cellules pulpaires et odontoblastiques laisse un tissu
organo-minéral inerte ;
– dyschromie-susceptible : les modifications internes et externes engendreront à
terme une variation de la teinte ;
– traitement-susceptible : les thérapeutiques nécessaires à la préservation à long
terme associées aux thérapeutiques endodontiques ortho- ou rétrogrades laisseront
des séquelles de traitement ;
– structure-modifiée : les atteintes infectieuses, ou traumatiques ou les thérapeu-
tiques chirurgicales restauratrices et/ou endodontiques aboutissent à une perte de
l’anatomie et de l’architectonie originelle de la dent.
12 Transformations biologiques
de la dent dépulpée
L’émail
L’émail, d’origine épithéliale, est acellulaire à l’état mature. Son poids est constitué de 96 %
de cristaux d’hydroxyapatite, de 3,6 % d’eau et de 0,4 % de matrice protéique. La perte de
la pulpe (2) n’affecte pas la qualité de l’émail. Bien que les cristaux soient compactés dans
les prismes, l’émail est criblé de micropores intercristallins, qui forment un fin réseau. Cette
barrière semi-perméable est capable d’échanges ioniques (déminéralisation/reminéralisa-
tion). Elle permet également le passage de substances de bas poids moléculaire physiolo-
giques (ex. : pigments), pathologiques (ex. : toxines) ou thérapeutiques (ex. : peroxyde) (1).
L’émail de la dent dépulpée reste une coque
rigide aux propriétés mécaniques, physiques
et optiques inchangées, assurant la capacité
fonctionnelle de la dent et empêchant la propa-
gation des fêlures superficielles. Ses propriétés
d’échange entre sa structure et l’environnement
ne sont pas altérées (3).
La dentine
La dentine, d’origine mésenchymateuse – tout comme la pulpe – est constituée pour son
poids, de 70 % de phase minérale d’hydroxyapatite, de 20 % de phase organique pro-
téique et de 10 % d’eau. C’est la masse principale de la dent. En situation physiologique
et pathologique, la dentine et la pulpe interagissent et forment une entité, le complexe
dentino-pulpaire.
Avec la dépulpation, les corps cellulaires des odontoblastes sont arrachés en même temps
que le parenchyme pulpaire de la chambre, ce qui provoque des répercussions biologiques
à différentes échelles. Les prolongements odontoblastiques persistants dans les canalicules
se nécrosent.
Malgré la perte hydrique immédiate, la déshydratation globale n’est pas significative dans
le temps. En effet, de l’eau, non liée, persiste dans les canalicules sous forme de fluide, ca-
pable de transporter les molécules et les organites de petite taille. De l’eau reste également
présente sous forme liée aux cristaux et aux protéines (4).
La trame collagénique de la dentine (70 % de la masse protéique de la dent) persiste, mais
elle se dégradera lentement avec le temps. La cohésion tissulaire en pâtit et s’amoindrit.
Toutefois, les modifications mécaniques engendrées par ce phénomène n’ont pas d’effet
significatif sur la résistance mécanique globale (5).
13
Les protéines dentinaires non collagéniques restent aussi présentes dans le tissu. Elles sont
nombreuses et leurs actions ne sont pas toutes connues. La plus étudiée est la métallopro-
téase MMPs-1. Sa présence dans la dentine joue un rôle dans la dégradation du collagène.
Sa réactivation (notamment sous l’influence de l’acide) peut à tout moment provoquer une
attaque de la trame collagénique et altérer la couche hybride d’une liaison adhésive le cas
échéant (6).
La disparition de la pulpe laisse donc le complexe dentino-pulpaire dans un état inactif, mais
non inerte, qui peut être considéré comme un “biocomposite fibré organo-minéral”.
L’absence de pulpe
La disparition de la pulpe vitale entraîne la perte de la source nutritive et du renouvellement
hydrique dans la dent, et la perte de toutes les fonctions liées à ce tissu.
Son absence transforme les tissus dentaires persistants en une structure microporeuse or-
gano-minérale qui demeure une barrière physique passive entre le milieu extérieur et le
milieu intérieur. Il n’y a plus de possibilité de réponse dentino-génétique ni de transmission
d’informations par l’intermédiaire des odontoblastes. Il n’y a plus d’immunité en réaction
aux agressions.
La pression intrapulpaire centrifuge qui créait un moyen de défense intracanaliculaire
n’existe plus et les bactéries ou toxines peuvent migrer librement dans ces espaces (10).
La proprioception globale de la dent est modifiée par la perte des récepteurs intrapulpaires,
car ils participent aux sensations perçues en réponse aux pressions occlusales (11).
1 Spécificités de la dent dépulpée
15
Transformations biomécaniques
de la dent dépulpée
Les facteurs significatifs des causes d’échec mécanique entraînant la perte des dents dépul-
pées sont (13) :
– l’absence de restauration coronaire,
– l’absence de dents collatérales,
– la dent utilisée comme support d’une prothèse plurale ou amovible,
– la présence d’une restauration corono-radiculaire.
Les premières prémolaires maxillaires et les premières molaires mandibulaires sont les dents
présentant le plus haut risque de fracture.
Le traitement endodontique
Certaines modifications biomécaniques spécifiques à la dent dépulpée sont liées au traite-
ment endodontique.
En plus de l’altération coronaire initiale (carie, trauma ou autre), le traitement endodontique
ajoute à la perte de structure pour réaliser l’accès à l’endodonte : élargissement de la voie
d’accès pulpaire, élimination du plafond pulpaire. La déflexion cuspidienne augmente ainsi
d’environ 5 % après la préparation de la cavité d’accès (14, 15).
Restaurer la dent dépulpée
Le réseau canalaire radiculaire subit également une mise en forme aux dépens des parois
internes pour le respect des procédures de traitement. Cette manœuvre n’augmente le
risque de fracture de la dent que s’il y a une surinstrumentation et une diminution iatrogène
de l’épaisseur des tissus dentinaires résiduels (15).
Enfin, lors de la phase d’obturation canalaire, des contraintes mécaniques peuvent générer
des forces fragilisantes sur les tissus résiduels. Mais il a été montré que cela ne diminue pas
la résistance mécanique de la dent dépulpée (15).
Le tissu dentinaire
Lors de la reconstitution d’une dent dépulpée, le substrat en présence est souvent prin-
cipalement de la dentine interne. Même si les produits de désinfection et d’irrigation ont
tendance à diminuer le module d’élasticité ainsi que la résistance à la flexion et la microdu-
16 reté dentinaires, on observe peu de différence voire pas du tout en matière de résistance
mécanique entre la dentine vitale et non vitale à 10 ans (11, 16).
Cependant, la résistance à la fracture de la dentine interne est significativement moins
importante que celle des dentines médiane et externe. Les fissures s’y propagent plus ra-
pidement, essentiellement en raison du plus grand nombre de canalicules dentinaires. Il
apparaît nécessaire de passer du temps sur les finitions des préparations dans cette zone
pour minimiser la taille des défauts introduits par la coupe des tissus et diminuer le risque
de fracture de la dent (17).
La mise en place d’un ancrage radiculaire n’augmente pas la résistance mécanique d’une
dent dépulpée, au contraire (13). Mais l’ancrage est parfois nécessaire pour augmenter la
rétention et la cohésion de la restauration. Une analyse clinique et radiographique de l’ana-
tomie canalaire et radiculaire permettra d’assurer l’innocuité de cette extension radiculaire
et réduira le risque de fracture (16, 19).
Les éventuelles
colorations
organiques peuvent
être éliminées
chimiquement par
éclaircissement, sans
nécessité de recouvrir
systématiquement,
surtout pour les
dents antérieures.
En revanche,
les colorations
métalliques des tissus
corrodés ne peuvent
être éliminées que
par soustraction si
elles restent visibles. La conservation des structures associée à une restauration
partielle collée (ici type overlay) est une solution intéressante
Les procédures
endodontiques
qui répond aux particularités de la dent dépulpée, mais
nécessite le respect attentif des procédures cliniques liées
19
(cavité d’accès, aux techniques adhésives.
mise en forme et
obturation) n’ont pas
d’influence significative sur la résistance mécanique d’une dent dépulpée.
Le volume de la perte de substance, les structures anatomiques perdues
(particulièrement la perte des crêtes marginales), l’épaisseur des parois restantes
et leur possibilité de déformation (déflection), sont les éléments d’analyse
décisionnelle pour le choix d’un traitement de réhabilitation plus ou moins
recouvrant (photo).
La possibilité de conservation des tissus résistants au niveau cervical, capable
de permettre un sertissage périphérique suffisant (ferrule effect) fixe la limite
théorique de la conservation de la dent pour recevoir une restauration fiable.
La qualité de finition des préparations permet de diminuer le stress cervical et
d’augmenter la résistance à la fracture de la dent.
Restaurer la dent dépulpée
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2 Possibilités thérapeuthiques et critères décisionnels
Possibilités thérapeutiques
et critères décisionnels
2
M. Bolla
21
Il est d’usage de considérer que restaurer une
dent dépulpée est un geste clinique classique et
fréquent en pratique quotidienne (1). Pendant
des années, ce geste a même été standardisé,
entraînant la réalisation quasi-systématique d’in-
lay-cores sur dents antérieures ou postérieures,
dans le but de couronner la dent pour la pro-
téger. Une restauration corono-radiculaire (RCR)
1 La dent doit être reconstituée mais cet
se définissait alors comme une reconstitution acte ne doit pas être systématisé.
intéressant à la fois les portions coronaires et ra-
diculaires de la dent, et concernant toujours une reconstitution complexe qui, pour assurer
sa rétention, faisait appel à des ancrages radiculaires et/ou dentinaires.
22 – les études cliniques sur le comportement de la dent dépulpée, qui ont permis de mettre
en évidence des facteurs de risque assez simples :
• la situation de la dent : une dent antérieure présente un risque d’échec 4 fois plus élevé
qu’une dent postérieure, et une dent inférieure 3 fois plus de risque qu’une dent supé-
rieure ;
• le sexe et l’âge du patient : 1,5 fois plus de risque pour un patient de plus de 60 ans, et
un même différentiel de risque entre un homme et une femme (risque 1,5 fois plus élevé
chez un homme) ;
• le devenir de la dent : le risque est beaucoup plus élevé si la dent est pilier de bridge ou
support de crochet d’une prothèse partielle amovible que si elle est unitaire ;
• les zones à risque de fracture, qui sont majoritairement la région cervicale de part et
d’autre du collet anatomique, et les racines mésiales des molaires mandibulaires et vesti-
bulaires des prémolaires et molaires maxillaires.
2 La RCR foulée permet de restaurer les tissus 3 Sur des dents antérieures, après préparation
perdus afin d’assurer la rétention de la restauration corono-périphérique, la perte de substance
coronaire. dentaire oriente souvent vers la réalisation
d’une RCR coulée.
La paroi
Sa définition est également très simple : est considérée comme paroi toute hauteur coro-
naire d’au moins un tiers de la hauteur, d’une épaisseur minimale de 1 mm, et dont la limite
de préparation est supragingivale.
Hors du contexte clinique (résistance mécanique/volume de la reconstitution), il n’est pas
possible de proposer une valeur limite de perte de substance permettant d’indiquer l’une ou
l’autre des techniques. Le décompte des parois résiduelles après préparation corono-péri-
phérique permet de déterminer le type de RCR envisageable en suivant un arbre décisionnel
qui prend en compte ces simples facteurs.
Restaurer la dent dépulpée
Préparation corono-périphé-
rique définitive et analyse Endocouronne
des parois résiduelles (ancrage caméral)
Le cahier des charges d’une RCR « idéale » répond aux impératifs suivants :
– posséder un module d’élasticité proche du tissu dentinaire ;
– préserver au maximum les tissus dentaires résiduels ;
– permettre la restauration de la morphologie coronaire ;
– être biocompatible (innocuité pour le sujet et absence de corrosion) ;
– assurer une bonne cohésion entre les différents constituants (dent/RCR/suprastructure) ;
– maintenir l’étanchéité apicale de manière pérenne ;
– permettre si nécessaire la réintervention canalaire ;
– être si possible esthétique, afin de permettre un rendu optique optimal de la supra-
structure.
Restaurer la dent dépulpée
26 Même si de nombreuses RCR ont été réalisées avec de l’amalgame et des ancrages métal-
liques, et ont rendu des services inestimables, l’amalgame n’est plus un matériau de choix
dans le cadre des RCR. Il est inesthétique, mutilant (rétention mécanique nécessitant une
préparation en contre-dépouille) et présente un risque de corrosion. Mais aussi, et surtout,
son temps de prise est long et ne correspond plus aux principes actuels de reconstitution
d’une dent dépulpée, surtout lorsque le devenir de celle-ci est une couronne : préparation
corono-périphérique, analyse de la situation et du nombre de parois résiduelles et réalisa-
tion de la RCR.
Malgré leurs propriétés d’adhésion naturelles aux tissus dentaires, les CVIMAR présentent
une résistance mécanique trop faible pour répondre au cahier des charges d’une RCR.
Seuls les composites dentaires répondent aux critères requis pour un matériau de reconsti-
tution coronaire : adhérence aux tissus dentaires par l’intermédiaire d’un adhésif, possibilité
de photopolymérisation immédiate, liaison possible avec l’ancrage radiculaire et bonnes
propriétés mécaniques. Les composites dits « de reconstitution d’une dent dépulpée » ré-
pondent à ces critères, et leur translucidité (fig. 4) autorise une profondeur de photopoly-
mérisation de 6 voire 7 mm.
Exemples de tenons pour RCR foulé : tenons filetés métalliques en acier (A) ou titane (B),
tenons en fibres de verre cylindro-coniques (C), cylindriques (D), parallèles (E) ou dentelés
(F), et tenons en fibres de quartz à double conicité (G).
A B C D E F G
Restaurer la dent dépulpée
Le matériau d’assemblage
L’assemblage d’une RCR peut se faire soit par scellement (rétention micromécanique) soit par
collage (rétention adhésive).
Dans le cadre d’une réalisation de RCR reposant sur une instrumentation moderne (assem-
blage d’un tenon fibré et reconstitution de la partie coronaire via une résine composite), on
préférera l’utilisation de système adhésif M&R Dual avec mordançage et silanisation préa-
lable du tenon. L’utilisation du collage améliore l’étanchéité et permet l’obtention d’un film
amortisseur de contraintes.
La mise en œuvre de cette méthode d’assemblage est cependant fastidieuse et nécessite
souvent la pose d’un champ opératoire.
BIBLIOGRAPHIE
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Reconstitution
corono-radiculaire :
sceller ou coller ?
3
A. Oudin-Gendrel, F. Raux
31
Dans le cas de la reconstitution d’une dent dépulpée, qu’il s’agisse de scellement ou de col-
lage, le matériau d’assemblage va intervenir à plusieurs niveaux possibles : la reconstitution
coronaire, totale ou partielle, l’ancrage radiculaire, et la couronne.
Le matériau d’assemblage doit idéalement être choisi en amont de la réalisation de la pro-
thèse, et ce choix découlera d’une analyse de la situation clinique. La décision dépendra
en effet du type de restauration à assembler, du matériau dont celle-ci est constituée et,
surtout, de la rétention intrinsèque de la prothèse sur la dent.
D’une manière générale, le cahier des charges du matériau d’assemblage idéal est le suivant :
– tolérant à la manipulation : impliquant peu d’étapes cliniques, aucun traitement de
surface préalable (ni dentaire, ni prothétique), et tolérant l’humidité buccale, évitant ainsi
la pose d’un champ opératoire ;
– très résistant mécaniquement : le matériau doit pouvoir absorber les contraintes répé-
tées liées à la mastication, sans que sa cohésion ni sa liaison à la dent et à la prothèse n’en
soient altérées ;
– optiquement parfait : il doit être parfaitement intégré visuellement ; en cas de reconsti-
tution corono-radiculaire, ce paramètre pourra parfois être un peu mis de côté ;
– biocompatible : le matériau ne doit pas être cytotoxique. Il doit en effet se comporter
comme une véritable barrière contre les agressions extérieures bactériennes, et donc être
étanche à tout fluide. L’épaisseur du film de matériau doit être la plus faible possible. Le
fait que ce matériau soit bioactif, en libérant par exemple du fluor, peut être un atout
indéniable.
Hélas, aucun des matériaux disponibles à ce jour sur le marché ne présente toutes ces pro-
priétés.
Il existe deux grandes familles de matériaux d’assemblage, avec leurs avantages et leurs
inconvénients, que l’on distingue par leur mode de prise :
– les ciments, dont la prise se fait par réaction de type acide-base ;
– les colles, réticulant par polymérisation, entre une base et un catalyseur.
Restaurer la dent dépulpée
Les ciments
Les ciments se présentent sous forme de poudre (la base) associée à un liquide (l’acide), dont
la spatulation entraîne la prise par réaction acide-base. Étant hydrophiles, ils sont très tolé-
rants à l’humidité buccale et ne nécessitent donc pas impérativement la pose d’un champ
opératoire. La rétention de l’élément prothétique est alors purement mécanique, grâce au
microclavetage du ciment dans les rugosités des tissus dentaires et du matériau prothé-
tique. Hélas, leur faible cohésion intrinsèque (1) augmente le risque de descellement lors de
contraintes occlusales répétées. Cette faiblesse sera cependant un atout pour l’élimination
des excès ou pour la dépose.
Trois familles de ciments sont utilisées pour un assemblage pérenne. Nous les classons ici
par ordre chronologique d’apparition et également par ordre croissant en termes de valeur
d’adhérence :
– les ciments à base d’oxyphosphate de zinc,
– les ciments à base de polycarboxylate de zinc,
– les ciments verres ionomères (CVI),
1 Ciments à base
d’oxyphosphate
de zinc.
Un ciment à base d’oxyphosphate de zinc est composé d’une poudre d’oxyde de zinc
mélangée à un acide orthophosphorique. Il ne présente aucune capacité réelle d’adhésion,
mais le contact de l’acide phosphorique sur la dentine en début de prise assure un mor-
dançage de celle-ci et donc majore l’ancrage micromécanique. Ce ciment présente un recul
clinique séculaire, de bonnes propriétés bactériostatiques et bactéricides du fait de l’oxyde
de zinc, et un temps de travail long pour un coût financier faible. Il présente une faible
étanchéité, et des valeurs d’adhérence faibles du fait de sa mauvaise cohésion intrinsèque.
On trouve un grand choix de ciments à base d’oxyphosphate de zinc (fig. 1).
3 Reconstitution corono-radiculaire : sceller ou coller ?
Le ciment au polycarboxylate de zinc est lui aussi composé d’une poudre d’oxyde de
zinc, mais associée à un acide polyacrylique. On peut parler d’adhésion moléculaire à la dent
grâce à cet acide, bien que les valeurs de liaison obtenues soient faibles. En revanche, ce
ciment présente une faible résistance à la compression et est sensible à l’hydrolyse par les
fluides buccaux. Il ne peut donc être considéré comme un ciment « définitif ». Il est égale-
ment largement commercialisé (fig. 2). 33
Dans les ciments verres ionomères conventionnels, l’acide reste le même que pré-
cédemment (acide polyacrylique), mais il est associé à des charges de verre de type fluo-
ro-alumino-silicique. Un échange d’ions phosphore et calcium leur confère une adhésion
ionique aux tissus dentaires calcifiés et à certains alliages métalliques non précieux (2). Un
conditionnement des surfaces dentaires par un acide faible tel que l’acide polyacrylique (3)
à 25 % permet de potentialiser les forces de liaison chimique. Résistants à la traction et la
compression, ils sont de plus bactériostatiques et libèrent du fluor (4). Ces ciments existent
également sous différentes formes commerciales (fig. 3).
Les ciments verres ionomères modifiés par adjonction de résine (CVIMAR) permettent
de pallier ce déficit de cohésion, en augmentant les propriétés mécaniques de ces CVI tout
en diminuant leur solubilité. Des monomères acryliques hydrophiles et leurs amorceurs de
polymérisation ont été ajoutés dans la composition. La réaction de prise est ainsi double :
par réaction acide-base entre la poudre et le liquide, et par polymérisation des chaînes de
résine. Il est tout de même classé dans la famille des ciments car la réaction de prise est prin-
cipalement acido-basique. Un préconditionnement des tissus dentaires calcifiés par un acide
faible tel que l’acide polyacrylique ou
un mélange d’acide citrique-chlorure
ferrique (Fuji+ Conditioner®, GC)
améliore significativement les valeurs
d’adhérence (+ 17 %). On peut alors
parler de scellement adhésif. Du
fait de leur manipulation aisée et
de valeurs d’adhérence les plus éle-
vées parmi les ciments, les CVIMAR
(fig. 4) représentent les matériaux
de choix dans l’assemblage des res-
taurations scellées.
4 Ciments verres ionomères modifiés
par adjonction de résine.
Restaurer la dent dépulpée
Les colles
Les colles se définissent par une réaction de polymérisation entre les chaînes qui constituent
la résine adhésive, qui peut être chargée ou non. Les monomères acryliques qui les consti-
tuent confèrent à ces colles :
– un caractère hydrophobe, rendant leur mise en œuvre plus complexe. Elles doivent être
manipulées à l’abri de l’humidité buccale,
– une forte cohésion intrinsèque, et donc de bonnes propriétés mécaniques,
– de bonnes propriétés optiques.
Toutefois, leur mise en œuvre est plus fastidieuse car elles impliquent la plupart du temps
des prétraitements de surfaces dentaires et/ou prothétiques. Leur utilisation est donc in-
comparablement plus complexe et moins tolérante que celle des ciments.
On distingue trois familles de colles :
– les composites de collage,
– les colles complexes,
– les colles autoadhésives.
34
5 Différents composites
de collage.
Les composites de collage peuvent être assimilés à des composites fluides photopo-
lymérisables ou duals. Ils nécessitent donc l’emploi d’un adhésif amélo-dentinaire et un
conditionnement de la surface prothétique à assembler. Ces colles (fig. 5) sont très utilisées
pour assembler des restaurations partielles collées (inlays, onlays, facettes), mais peu pour
les reconstitutions corono-radiculaires de type inlay-core.
3 Reconstitution corono-radiculaire : sceller ou coller ?
Hypochlorite de sodium
L’hypochlorite de sodium à 3 à 5 %, utilisé en solution d’irrigation intracanalaire antisep-
tique, se dissocie au contact des bactéries et de la partie organique de la dentine en chlorure
de sodium et en oxygène. Ce composé inhibe fortement la polymérisation des adhésifs (20)
et interfère avec leur pénétration dans les tubules et la dentine intertubulaire, diminuant
ainsi les valeurs d’adhérence. Cet effet néfaste sur l’adhésion serait à mettre en corrélation
avec le temps d’application de l’hypochlorite de sodium (21).
3 Reconstitution corono-radiculaire : sceller ou coller ?
Solutions de lubrification
Une autre raison de la diminution d’adhérence serait la persistance dans les tubules et dans
la matrice protéique de résidus peroxydes, provenant du peroxyde d’urée ou de carbamide
des solutions lubrificatrices. L’oxygène ainsi libéré empêcherait l’infiltration et inhiberait la
polymérisation des résines adhésives. L’EDTA associé à ces solutions permet en fin d’alésage
d’éliminer la part minérale de la boue dentinaire, mais accentue leur effet délétère par
l’ouverture des tubules aux solutions oxydantes.
La contamination dentinaire du PEG et de l’EDTA par l’hypochlorite de sodium, et par les
solutions de lubrification contenant de l’eau oxygénée, conduit à une diminution de près de
67 % de l’adhérence du matériau (22).
Eugénol résiduel
L’étanchéité de l’obturation endodontique est généralement assurée par de la gutta-percha
associée à des ciments de scellement, souvent à base d’eugénolate de zinc. En présence
d’eau, ces ciments relarguent par hydrolyse de l’eugénol, capable de diffuser dans la den-
tine sur une profondeur supérieure à 200 µm (23). Une diminution significative des valeurs
d’adhérence à la dentine radiculaire humaine existe après exposition à l’eugénol, lors des
scellements canalaires. L’eugénol joue en effet un rôle inhibiteur sur la polymérisation des
esters diméthacryliques des colles et composites.
37
État de propreté au niveau canalaire
La propreté du logement canalaire est également un facteur très important dans le collage
à ce niveau. La réalisation d’un logement canalaire par désobturation du matériau endo-
dontique entraîne l’agglomération sur les parois de très nombreux débris (boue dentinaire,
débris de matériau d’obturation de ciment) qui sont impropres au collage (24).
Présence d’oxygène
Enfin, tous les systèmes adhésifs ne sont pas compatibles avec tous les composites de re-
constitution. L’oxygène est responsable d’une inhibition de polymérisation à la surface des
résines adhésives (25), où persiste une couche dite « grasse », de même composition que
celle de l’adhésif non polymérisé mais qui contient des monomères acides (26). Après poly-
mérisation de l’adhésif, ces derniers sont libres de se diffuser au sein du composite ou de la
colle dual mis au contact de cet adhésif et de réagir préférentiellement avec les amines de
son système d’amorçage de polymérisation. La réaction d’initiation de polymérisation au
sein de la colle ou du composite de reconstitution ne se fait alors plus, et ce dernier matériau
ne polymérise pas au contact de cette couche grasse.
11 Bloc résine.
12 Application de l’adhésif.
13 Photopolymérisation de l’adhésif.
14 Mise en place du composite.
15 Mise en place du tuteur.
16 Traction compatible.
17 Traction incompatible.
11
39
12 13 14
15 16 17
En cas de doute, le praticien peut tester la compatibilité de l’adhésif avec le composite de re-
constitution ou la colle souhaitée. Le test est réalisé sur un bloc de résine acrylique, comme
la résine d’une prothèse amovible par exemple (fig. 11). L’adhésif à tester est appliqué à la
surface de la résine (fig. 12), et photopolymérisé (fig. 13). Le composite de reconstitution
ou la colle dont on veut évaluer la compatibilité est déposé sur la zone enduite d’adhésif
(fig. 14). Afin de reproduire les conditions de prise au sein du logement canalaire, c’est-
à-dire l’absence de lumière, on ne polymérise pas le composite ou la colle. Un moyen de
préhension, comme un manche de Microbrush®, est mis en place dans le matériau en phase
plastique (fig. 15).
Une fois la prise du matériau obtenue (entre 3 et 5 minutes), il suffit de tirer sur la tige
pour évaluer la compatibilité des deux produits entre eux. Si le composite reste collé au
bloc de résine recouvert d’adhésif (fig. 16), on pourra conclure à une bonne compatibilité.
À l’inverse, si ce dernier se décolle sans effort de l’adhésif (fig. 17), laissant apparaître une
couche de composite non polymérisé, cela montre qu’il existe une réelle incompatibilité.
Restaurer la dent dépulpée
Quel que soit le matériau d’assemblage choisi, le respect scrupuleux du mode d’emploi est
une des clés du succès. Néanmoins, il est possible d’optimiser encore ce résultat grâce à
quelques manœuvres, en :
– nettoyant soigneusement le canal afin d’éliminer les débris liés à la désobturation, à
l’aide de brossettes ou d’inserts ultrasonores ;
– éliminant les excès de solution (mordançage, rinçage, adhésifs,…) grâce à une seringue
d’irrigation remplie d’eau et à l’aide de pointes de papier stériles de type endodontiques ;
– dégraissant les tenons ou les inlay-cores dans de l’alcool après essayage et avant
assemblage ;
– utilisant des instruments adaptés (précelle endodontique pour tenir le tenon ;
microbrosse fine et longue pour brosser toutes
les parois du logement…) ;
– appliquant les solutions de conditionnement
tissulaire préconisées (comme par exemple le
Fuji+ Conditioner® avant de mettre le CVIMAR
en place) ;
– s’assurant de la parfaite injection de matériau
d’assemblage dans le fond du logement, soit
grâce à des embouts intra-oraux fins et longs,
soit à l’aide d’un bref passage de lentulo sans
eau (photo).
3 Reconstitution corono-radiculaire : sceller ou coller ?
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4 Reconstitution préprothétique par technique directe
Reconstruction
préprothétique
4
par technique directe
43
G. Aboudharam
Malgré les progrès de la dentisterie adhésive, l’exérèse de la pulpe peut être réalisée face à
l’envahissement bactérien et à la destruction tissulaire due à la carie. Une fois le traitement
endodontique réalisé, redonner à la dent son entité, tout en la préservant d’une réinfection,
est l’objectif à atteindre pour la dent dépulpée. Pérenniser la nouvelle entité suppose la
plupart du temps un recouvrement cuspidien. Ce recouvrement reste la façon la plus sûre
d’assurer cette consolidation (1, 2). Même si le traitement de reconstruction de la dent
dépulpée par une restauration partielle est désormais admis comme un traitement fiable (3),
les coiffes périphériques sont encore largement utilisées pour consolider la dent dépulpée.
Sur un plan pratique, les techniques de reconstitution de l’infrastructure varient. On estime
aujourd’hui que les techniques adhésives sont mieux à même de remplir cet objectif (4).
Restaurer la dent dépulpée
INDICATIONS
L’élément décisif pour poser l’indication d’une reconstitution collée insérée en phase plas-
tique est l’estimation des tissus résiduels : nombre de parois, hauteur et épaisseur de celles-
ci (5, 6). Cependant, même si cette évaluation sert de guide dans le choix de la technique,
les praticiens experts estiment que la possibilité de mettre en place un champ opératoire est
une façon d’indiquer une restauration directe adhésive plutôt qu’un inlay-core métallique.
Avec cependant la nécessité de conserver un bandeau cervical de dentine conférant à la
dent un comportement biomécanique optimisé (effet férule).
La règle stricte de l’évaluation des tissus résiduels est largement soumise à l’appréciation
du praticien. Plus un praticien est expérimenté et plus sa pratique est nuancée ; il alterne
entre technique adhésive directe et inlay-core métallique (7). Un certain nombre d’éléments
plaident en faveur d’une restauration adhésive : homogénéité des matériaux employés, ad-
hésion à la dentine permettant d’espérer une bonne étanchéité, meilleur comportement
biomécanique, réduction du risque de corrosion et réduction du nombre et de la longueur
44 des tenons. Enfin, les inlay-cores métalliques imposent un délabrement requis par la mise
de dépouille nécessaire à la préparation. Bien que les preuves réelles dont nous disposons
sur les conséquences potentiellement nuisibles de la grande rigidité des tenons radiculaires
métalliques soient insuffisantes, c’est un des arguments qui justifie l’utilisation des tenons
à base de fibres. Les contraintes intraradiculaires diminuent grâce à l’utilisation de colles ou
d’autres matériaux à bas module d’élasticité (4).
CONTRE-INDICATIONS
Celles-ci se limitent à l’absence totale de paroi, cas dans lequel il est conseillé de recourir
à l’inlay-core et d’utiliser un matériau d’assemblage de faible module d’élasticité (colles et
CVIMAR), afin de réduire l’intensité des contraintes interfaciales, diminuant par là même le
risque de rupture de l’assemblage ainsi que le risque de fracture de la racine.
4 Reconstitution préprothétique par technique directe
Le plateau technique
Une reconstitution adhésive est-elle un acte facile et rapide ou difficile et fastidieux ? C’est
une question que se posent souvent les praticiens qui hésitent à mettre en œuvre des tech-
niques adhésives. La réponse à cette question est assez simple : comme tout acte de den-
tisterie adhésive, les reconstitutions corono-radiculaires collées deviennent faciles et rapides
grâce à une organisation rigoureuse. L’ergonomie du plateau technique est impérative pour
que le praticien puisse réaliser son acte sans perte de temps ni hésitation dans la recherche
du matériel.
Le tenon : il est établi que les tenons à base de fibres de silice ou à base de fibres de verre
présentent toutes les qualités pour être utilisés dans ce type de reconstitution, en particulier
pour des raisons mécaniques, car leur module d’élasticité est assez proche de celui de la
dentine.
Est-il possible d’adhérer de façon efficace sur le tenon à base de fibre ? La chimie de sa
matrice résineuse diffère le plus souvent de celle de nos colles et adhésifs et il est donc peu
probable qu’une liaison chimique s’établisse entre ces deux composants. Cependant, la
forte rugosité des tenons permet d’entrevoir de possibles ancrages mécaniques par micro-
clavetages (10, 11). Il a été démontré que certains traitements de surface pouvaient amélio-
rer significativement l’adhérence des colles sur la surface des tenons (12).
Faut-il systématiquement utiliser un tenon pour une reconstruction préprothétique par
technique directe ? Même s’il est difficile de répondre à cette question de manière caté-
gorique, il ne faut pas oublier que le tenon sert essentiellement de rétention à la résine de
reconstitution ; il a un rôle de tuteur. Dans les cas où la quasi-totalité des parois est présente,
celui-ci n’apparaît donc pas indispensable.
Restaurer la dent dépulpée
Le champ opératoire : il est recommandé pour tout acte de dentisterie adhésive dès lors
que l’on veut se placer dans des conditions optimales. Il comprend une feuille de digue, un
46 crampon et deux pinces : Ainsworth® (à perforer) et Brewer® (à cramponner). Les crampons
peuvent être à ailettes ou non. Ces ailettes permettent d’élargir le champ dans le sens
vestibulo-lingual ou palatin, mais leur utilisation dépendra de l’ouverture buccale et de la
position de la dent à clamper. Le champ unitaire est souvent plus rapide à mettre en œuvre :
c’est l’attitude à adopter, sauf reconstitutions multiples adjacentes.
Les forets de préparation : la forme du tenon doit être adaptée à la forme de la racine
et non l’inverse, ce qui implique d’utiliser d’une façon générale des forets à pointe mousse
non travaillante, type Largo® ou Gates® (Maillefer). On évitera les forets calibrés pour ne pas
mutiler la racine en préparant un logement de diamètre élevé. La partie travaillante du foret
paraît pour la plupart des auteurs offrir une longueur adéquate. Si la racine est courbe, il ne
faut en aucun cas aller au-delà de la courbure.
4 Reconstitution préprothétique par technique directe
PRATICIEN ASSISTANT
Mordançage, application
du système adhésif Photopolymérisation
(dual-cure ou chémopolymérisable)
Expression clinique
La situation classique retenue est celle d’une 15 (fig. 1), pour laquelle la proximité pulpaire
de la carie a nécessité de dépulper la dent. L’environnement parodontal est inflammatoire,
à cause de la présence de tartre et probablement du fait de l’absence de point de contact
entre les dents 14 et 15.
Compte tenu de la perte de substance et de l’anatomie de la dent, l’indication d’une coiffe
périphérique a été posée. La première décision est d’évaluer les tissus résiduels afin de choi-
sir le type de reconstruction coronaire sous-jacente à la coiffe périphérique. La préparation
périphérique préalable est nécessaire pour prendre cette décision. Dans cette situation cli-
nique, les tissus résiduels sont visiblement suffisants (fig. 2) pour réaliser une reconstitution
corono-radiculaire collée par technique directe. L’élimination de l’obturation provisoire per-
met d’apprécier plus précisément les tissus résiduels. La limite cervicale mésiale est juxta-gin-
givale (fig. 3), ce qui rend possible l’isolation de la dent de la salive, sans difficulté, condition
impérative pour réaliser ce type de reconstitution. Les matériaux retenus sont l’adhésif XP
Bond® et son activateur, le Self Cure Activateur®, ainsi qu’un tenon DT Illusion® (Dentsply).
Mise en place du champ opératoire : il apparaît beaucoup plus simple et plus rapide,
sauf reconstitutions multiples, de mettre en place un champ unitaire. Les fabricants mettent
à notre disposition des crampons dévolus pour chacun à une dent précise. L’expérience
48
3 Les parois résiduelles autorisent la réalisation 4 Mise en place du champ opératoire unitaire.
d’une reconstitution corono-radiculaire foulée.
4 Reconstitution préprothétique par technique directe
51
soin d’aller à l’extrémité du logement préparé (fig. 13). Puis, la polymérisation est effectuée
sur toutes les faces de la reconstitution, après remplissage de la cavité coronaire (fig. 14).
Conclusion
La restauration préprothétique des dents dépulpées par technique directe adhésive est une
52 technique facile et fiable, qui répond aux données acquises de la science. Toute la simplicité
de cet acte repose sur la bonne connaissance de son indication, sur la bonne utilisation
des matériaux adhésifs et de reconstitution, et sur la rigueur de l’organisation du geste
technique.
LE BON GESTE
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Restaurer la dent dépulpée
54
5 Reconstitution préprothétique par technique indirecte
Reconstruction
préprothétique
5
par technique indirecte
O. Laplanche, Y. Allard 55
De surcroît, si le recours aux techniques adhésives (1) permet de faire reculer les indications
d’une coiffe en apportant des solutions moins mutilantes, lorsque celle-ci devient néces-
saire, le niveau de délabrement est de facto plus conséquent.
Dans ce contexte, quelles sont encore les indications d’une reconstruction prothétique de
la dent dépulpée par un ensemble faux moignon métallique coulé et coiffe prothétique ?
Restaurer la dent dépulpée
Le principe mécanique d’insertion d’une pièce prothétique rigide (coiffe ou bridge) crée une
obligation de mise de dépouille qui majore la perte de substance initiale. Ce procédé immé-
diatement mutilant trouve malgré tout sa justification dans la pérennité des restaurations
prothétiques (3), qui permet la conservation à long terme de l’organe dentaire fonctionnel
sur l’arcade.
Elle peut être indiquée dans les situations d’édentement de portée limitée (1 à 2 dents),
en présence de dents adjacentes totalement ou partiellement délabrées, ou encore dans
les situations cliniques d’édentement non compensable par une thérapeutique implantaire
(conditions locales ou générales défavorables). Dans ces situations cliniques, une évaluation
précise du pronostic des dents adjacentes avec et sans traitement, une réévaluation de
l’indication du traitement de l’édentement, une comparaison à court, moyen et long termes
des solutions envisagées permet une juste évaluation des rapports coût/bénéfice et une
décision thérapeutique argumentée (4).
56
INDICATION
C’est concrètement une indication par défaut, c’est-à-dire chaque fois qu’une solution fai-
sant appel à un matériau inséré en phase plastique n’est pas envisageable, et donc dans
des situations cliniques dans lesquelles la ténacité du matériau composite, du collage et la
résistance des parois restantes peuvent être prises en défaut.
Après préparation corono-périphérique définitive, les RCR coulées sont donc indiquées
dans les situations cliniques de perte de substance majeure (supérieure à 2 parois), dans
lesquelles l’étanchéité opératoire ne peut être assurée pour réaliser un collage, et dans les
situations de contraintes fonctionnelles transversales (dents piliers de bridge, secteur anté-
rieur maxillaire...) (5) (tableau 1) .
57
3 Après préparation corono- 4 Fracture radiculaire en présence d’un inlay-core.
périphérique, seule une RCR coulée
permet de conserver de bonnes
propriétés mécaniques.
Tableau 1 - Indications.
Limite cervicale juxta-ou sous-gingivale L’assemblage par scellement est plus tolérant
(distance < 2 mm entre les limites dento- que par collage dans les conditions cliniques
prothétiques et la RCR). délicates.
Dents dont la partie coronaire à faible épaisseur La résistance du métal sur une faible épaisseur
(incisives par exemple) impose un matériau ayant et sa confection monolithique rendent la RCR
une grande résistance au cisaillement (fig. 3). résistante à faible épaisseur.
Étapes de préparation
La forme de préparation doit tenir compte des impératifs prothétiques, du comportement
biomécanique de la dent dépulpée et des matériaux de restauration mis en œuvre (5).
Le principe actuel des préparations pour reconstitution corono-radiculaire respecte la néces-
sité de conservation dentinaire maximale tout en assurant les principes mécaniques de la
prothèse fixée (insertion/stabilisation/rétention).
Préparation corono-périphérique
La première étape consiste en la réalisation d’une préparation corono-périphérique, qui
tient compte des impératifs de réalisation d’une prothèse fixée (dépouille, parallélisme en
prothèse plurale, homothétie, quantité de réduction fonction de la restauration prothétique
à venir) :
– la préparation corono-périphérique préalable est donc la règle : elle est systématique et
doit être définitive. Elle permettra, après préparation camérale, de définir le nombre de
parois restantes ;
– les parois de dentine saine conservées doivent être strictement supérieures à 1 mm pour
58 limiter le risque de fracture dentinaire ou de la partie correspondante du moulage au
laboratoire ;
– la préparation doit avoir une forme géométrique simple pour faciliter l’adaptation pro-
thétique ;
– un sertissage périphérique de la dentine par la future coiffe prothétique permet de réduire
les contraintes exercées par l’intermédiaire de la reconstitution corono-radiculaire (effet de
férule (6), permettant un cerclage prothétique des parois restantes) (fig. 5) ;
– la limite cervicale doit idéalement rester à distance (2 mm) de la limite dento-prothétique.
Préparation camérale
La seconde étape consiste à réaliser la préparation camérale :
– les matériaux coronaires hétérogènes (matériaux d’obturation) et l’éventuelle dentine
cariée sont éliminés, puis les parois inférieures à 1 mm doivent être supprimées pour des
raisons de fragilité structurelle et d’impossibilité de reproduction fidèle et sans fracture sur
un moulage en plâtre ;
– la partie camérale doit être adoucie et respectera les principes de dépouille et de conver-
gence minimale (environ 10°). L’axe d’insertion caméral doit évidemment respecter l’axe
d’insertion radiculaire ;
– la création d’un cône de raccordement (jonction entre préparations canalaire et radicu-
laire) permet d’améliorer la rétention et la stabilisation ;
– les zones de contre-dépouille intracoronaires peuvent être conservées si elles n’entraînent
pas de fragilité structurelle. Elles peuvent être au choix :
• obturées cliniquement avec un matériau de restauration de type CVI, puis mises de
dépouille et enregistrées avec l’empreinte,
• conservées et obturées au laboratoire en mettant de dépouille,
• obturées le temps de l’empreinte avec un matériau transitoire, et comblées ensuite par
le matériau d’assemblage.
– En cas de logement radiculaire circulaire, l’adjonction d’un élément anti-rotationnel (boîte)
dans la partie camérale est impérative pour éviter la rotation du faux moignon sur son
59
grand axe, qui entraîne souvent à terme une perte d’assemblage.
– En cas de dents pluri-radiculées, un dispositif anti-rotationnel pourra être créé par le mar-
quage des entrées canalaires accessoires.
La détermination préalable des objectifs et des moyens de cette préparation est capitale, et
s’effectue à l’aide d’une radiographie préopératoire, permettant de prédéfinir la longueur
et le diamètre du logement canalaire.
La désobturation débute à l’aide de l’insertion d’un driver manuel, suivant le traitement
endodontique et permettant d’éviter les fausses routes. La longueur de travail doit être
déterminée au préalable : environ les deux tiers de la longueur radiculaire, à distance de
toute courbure, et conservant au minimum 5 mm de bouchon apical.
L’alésage est ensuite réalisé jusqu’à un maximum d’un tiers du diamètre radiculaire le plus
fin ou dans les situations cliniques plus délicates (atteinte carieuse intraradiculaire, logement
préexistant), en conservant plus de 1 mm de paroi radiculaire et en respectant l’anatomie
canalaire (circulaire, ovalaire...) et la présence de courbures.
L’utilisation de forets rigides évite une déformation du canal par une préparation elliptique.
La préparation des canaux non circulaires est plus délicate, car elle doit tenir compte de leur
anatomie particulière et des formes ovalaires, plus difficiles à aléser. La priorité absolue est
alors la préservation tissulaire. La normalisation (forme standardisée) du logement canalaire
présente un risque dans les cas de racines ovalaires ou en forme de 8.
La préparation de mini-tenons ou de logements stabilisateurs dans les entrées canalaires
évite la rotation et améliore la stabilisation et la rétention (tableau 2).
60
La technique directe
Elle consiste à réaliser in situ la maquette du faux-moignon dans un matériau calcinable et
à le couler au laboratoire. Selon la morphologie radiculaire, un tenon calibré (normalisé) ou
un tuteur calcinable rebasé (fig. 7) est inséré dans la racine et complété coronairement par
adjonction successive de petites quantités de résine (méthode poudre liquide) (fig. 8 à 12)
ou en une seule étape grâce à un moule jetable type Provident®. Après désinsertion de
la pièce, de la cire peut être adjointe dans la partie radiculaire pour combler les imperfec-
tions. La maquette ainsi réalisée est ensuite transférée au laboratoire pour être coulée par
méthode de cire perdue. Après coulée de la pièce prothétique, il est important de réduire la
partie radiculaire de façon homothétique pour ménager la place du matériau d’assemblage
(ce qui peut être réalisé par sablage à gros grains). L’importance de la réduction est fonction
du matériau d’assemblage qui sera utilisé. Cette technique est particulièrement indiquée 61
lorsqu’il est nécessaire de réaliser un faux-moignon sous une prothèse existante (carie sous-
prothétique, fracture coronaire). La partie radiculaire réalisée en premier, l’intrados de la
prothèse est alors vaseliné, les excès expulsés et la quantité adéquate de matériau déposée
dans l’intrados prothétique. La prothèse fixée est remise en place, puis désinsérée immédia-
tement pour éviter toute malposition ; les excès sont supprimés et la prothèse est remise en
bouche immédiatement pour une polymérisation en occlusion. Grâce à cette méthode, le
retrait de la pièce ainsi formée ne pose généralement aucune difficulté. La précision de la
coulée est importante puisque les retouches sont impossibles.
7 Tuteur calcinable pouvant être rebasé avec de la résine. 9 Apports successifs de résine sur le tuteur.
8 Préparation coronaire et essai du tuteur calcinable.
Restaurer la dent dépulpée
62 10 Apports successifs de résine sur la partie coronaire. 12 Vue palatine après durcissement.
La technique indirecte
C’est la plus conventionnelle : elle consiste à prendre une empreinte de la partie coronaire, du
cône de raccordement et de la partie radiculaire. Selon la morphologie de la préparation cana-
laire réalisée, il est possible d’utiliser une technique calibrée ou anatomique, qui est indiquée
lorsque l’anatomie radiculaire est ovalaire et/ou si le diamètre est trop faible ou trop élevé.
Technique d’empreinte
calibrée (normalisée)
Elle est indiquée lorsque le canal est de
forme circulaire et d’un diamètre standard
(entre 1,1 et 1,8 mm). L’alésage, parfaite-
ment circulaire, est réalisé à l’aide de forets
normalisés jusqu’à un maximum d’un tiers
du diamètre radiculaire le plus fin (fig. 13).
La forme du logement est donc connue et
calibrée.
Les coffrets normalisés permettent l’utili-
sation d’une séquence précise et ergono-
mique avec correspondance foret normalisé
– tenon d’empreinte et correspondance de
provisoire – tenon calcinable.
13 Alésage du logement radiculaire
avec un alésoir normalisé.
5 Reconstitution préprothétique par technique indirecte
64
basse viscosité non soutenu est globalement trop souple, particulièrement lors de la coulée
des moulages. Le choix de l’utilisation d’un tuteur doit être fonction de la situation clinique
et de la possibilité d’un axe de désinsertion peu traumatique pour l’empreinte.
La maîtrise clinique de plusieurs méthodes d’empreinte permet d’opter pour la plus per-
formante dans chaque situation clinique et d’optimiser ainsi le résultat. Il est important de
noter que la réalisation de l’élément prothétique sus-jacent ne peut pas se faire sur le même
moulage que celle de la RCR coulée. La réalisation de la RCR est une étape à différencier de
la réalisation prothétique elle-même. En effet, après scellement, la nécessité de retouches,
même infimes, ou l’existence d’une différence de positionnement entre le moulage et la
situation Intrabuccale de la RCR coulée contre-indique formellement la réalisation simulta-
née de l’élément prothétique sus-jacent.
67
Conclusion
L’utilisation d’une RCR coulée est indiquée pour une dent à fort délabrement, souvent poly-
traumatisée et à la structure fragilisée, qui devra supporter une suprastructure prothétique
participant aux fonctions.
Les contraintes mécaniques majeures subies imposent donc une conception et une fabrica-
tion sans faille.
Une évaluation précise des contraintes et des capacités de résistance, une conception ré-
fléchie de la RCR et une mise en œuvre méthodique optimiseront les conditions de la réus-
site sur le long terme.
Restaurer la dent dépulpée
LE BON GESTE
La préparation corono-périphérique doit être terminée afin d’estimer le nombre
et la qualité des parois coronaires résiduelles.
Dans le cas de la réalisation d’une RCR coulée pour une dent monoradiculée,
la réalisation d’une encoche camérale anti-rotationnelle permet d’éviter les risques
de rotation. Si la jonction zone camérale/racine le permet, la réalisation d’un évasement
supplémentaire sous forme d’un cône de raccordement permet d’améliorer
la répartition des contraintes, voire la rétention (photo a).
Pour les dents pluriradiculées, la partie camérale-généralement plus volumineuse-
et l’utilisation des entrées canalaires (marquées à la fraise boule) complètent
la stabilisation et l’anti-rotation (photo b).
68
a b
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6 Les restaurations partielles sur dents dépulpée
Les restaurations
partielles
6
JP. Attal, R. Cheron, C. Moussally
69
Les dents dépulpées sont réputées plus fragiles, avec une augmentation du nombre de
fractures par rapport aux dents vivantes (1). Des controverses existent sur l’origine de cette
fragilité : certains auteurs ont mis en évidence des modifications chimiques de la trame
minérale de la dent (2) pour expliquer cette fragilité (3). Mais la grande majorité des auteurs
l’explique par la perte de substance liée à l’orifice de trépanation, à la préparation endo-
dontique (4) et, souvent, à la carie qui a contribué à la dépulpation, ou enfin à… l’agres-
sion du dentiste, qui a tendance à envisager la couronne rapidement (5). En effet, pour
restaurer les pertes de substance des dents dépulpées, le praticien a l’habitude de réaliser
des restaurations périphériques, parfois systématiquement, mais particulièrement lors des
délabrements coronaires très importants avec plusieurs parois absentes. Dans ces cas, tous
les auteurs semblent d’accord pour dire que plus la hauteur du ferrule effect est importante,
meilleure est la résistance mécanique de la dent (6,7). Toutefois, dans un grand nombre de
situations, il est possible de réaliser une restauration partielle sans tenon ni couronne (8),
permettant de conserver un volume plus important de tissu dentaire. C’est ce que Bukiet et
Tirlet ont appelé, en France, les restaurations partielles collées (RPC) sur dent dépulpée (9).
Ces restaurations prennent la forme de restaurations directes, d’inlays, d’onlays, d’overlays,
voire d’endocouronnes dans le secteur postérieur (10), de composites stratifiés et de res-
taurations adhésives en céramique dans le secteur antérieur. Dans tous les cas, le but de
ces restaurations est de compenser la réduction de résistance de la dent liée à la perte de
substance (11). Même s’il n’existe aujourd’hui aucune preuve de haut niveau de la supério-
rité des restaurations partielles par rapport aux restaurations périphériques. (12), ce chapitre
plaidera, dans un souci de préservation tissulaire et de facilité des réinterventions, pour la
réalisation de restaurations partielles sur les dents dépulpées. Pour résoudre le dilemme
entre restauration partielle et couronne (13), une analyse clinique fine doit être réalisée,
notamment au niveau biomécanique, afin d’optimiser les formes des contours de prépa-
rations. L’essentiel est de conserver le maximum de tissu coronaire lors de la préparation.
Restaurer la dent dépulpée
Compte tenu des possibilités actuelles de l’adhésion aux tissus dentaires (8), il n’y a pas
vraiment de contre-indication aux restaurations partielles, même sur dent dépulpée, si ce
n’est une contre-indication évidente dans les situations cliniques où la substance dentaire
coronaire, nécessaire support du collage, est absente ou très insuffisante.
Remplacement
Éclaircissement des composites
Éclaircissement
interne éventuel défectueux au
interne éventuel
préalable moins 15 jours
préalable
après la fin de
l’éclaircissement
2) Empreinte
1) Mock-up direct
2) Au moins 15 jours
après la fin de
1) Projet esthétique
par wax-up, mock- traditionnelle, 71
ou projet esthé- l’éclaircissement : essai esthétique
up, choix de l’axe
tique par wax-up obturation puis collage de
d’insertion, obturation
puis clé palatine de la cavité d’accès la restauration
de la cavité d’accès,
+ stratification préparation dans les adhésive en
de composite masques, préservation céramique
des zones de guidance
si possible
Secteur postérieur
Si marge basse et
Si marge basse
accessibilité au matriçage,
sans accessibilité
Conserver l’intégralité remontée de marge au
au matriçage, envisager
des tissus sains composite ou au CVIMAR
une intervention
(si des risques opératoires
parodontale
persistent)
72
73
7 Vue vestibulaire après éclaircissement interne 8 Réduction vestibulaire avant de tester le projet
et externe. esthétique.
75
76
22 Prévisualisation d’usinage.
25a Manipulation avec une tige à extrémité 25b Application de silane sur l’intrados sablé.
adhésive.
80
32 Vue préopératoire. 33 Vue après dépose de l’amalgame.
Situation clinique 1
La dent a été dépulpée quinze ans plus tôt
et est asymptomatique (fig. 32). Après dé-
pose de l’amalgame (fig. 33), les parois ves-
tibulaire et linguale, trop fragiles, imposent
un recouvrement. Elles sont donc abaissées
de 2-3 mm, laissant le bord largement su-
pra-gingival. En distal, le curetage déporte
la limite profondément en sous-gingival.
Cette situation est évidemment incompa-
tible avec tout protocole de collage.
Le sertissage de la dent par une matrice
métallique circonférentielle autoserrante
(Automatrix®, Dentsply) permet cependant
de placer un champ opératoire et d’isoler
rigoureusement la dent. Les surfaces sont
sablées à l’alumine à 27 µm afin de les
préparer au collage. Après application de
l’adhésif, un composite peut être placé afin 34 Sertissage de la dent par une matrice
d’obturer la cavité d’accès et de remonter le métallique circonférentielle autoserrante.
niveau de la marge distale (fig. 34). Cette
6 Les restaurations partielles sur dents dépulpée
81
remontée de marge permettra de réaliser l’empreinte puis le collage dans de bonnes condi-
tions (14, 15). La dent peut ainsi être préparée pour recevoir un overlay en Emax® (Ivoclar
Vivadent).
Lors de la séance de collage (fig. 35), la marge rehaussée permet un bon contrôle de l’iso-
lation de la dent. Cette image peut laisser à penser que la préparation n’est pas partielle.
Toutefois, un praticien qui envisagerait une couronne aurait certainement mis en place
un ancrage radiculaire, ce qui n’a pas été fait ici. La tension d’un fil de ligature permet en
outre de refouler la digue pour favoriser l’accès visuel et instrumental à la limite vestibulaire
(fig. 36). Après collage (fig. 37), le contrôle de l’élimination des excès de colle est ici gran-
dement facilité (fig. 38).
Restaurer la dent dépulpée
Situation clinique 2
La dent 46, dépulpée, présente une
restauration défectueuse. Un frag-
82 ment du composite est fracturé en
distal et les bords sont très altérés
(fig. 39). La radiographie montre
cependant un traitement endo-
dontique satisfaisant (fig. 40).
La limite distale est très sous-gin-
givale (fig. 41). Une fêlure est
visible au même endroit. La dent
est asymptomatique, mais la mise
en place d’un inlay-core pourrait
introduire des contraintes supplé- 41 Vue à la dépose de la restauration.
mentaires sur cette racine, déjà
très fragilisée. Il apparaît préférable
d’éviter de mettre un ancrage radi-
culaire, et donc de réaliser une res-
tauration partielle.
La mise en place d’une matrice
circonférentielle (Automatrix®,
Dentsply) permet de finir le net-
toyage et d’isoler parfaitement
la dent. La finition du curetage
montre une fêlure moins marquée,
améliorant le pronostic (fig. 42).
La cavité d’accès est obturée et la
marge est remontée à l’aide d’un
composite. Les conditions sont ain-
si favorables à la préparation et au
collage d’un overlay (fig. 43). 42 Matriçage périphérique.
6 Les restaurations partielles sur dents dépulpée
LE BON GESTE
Sur cette 2e prémolaire mandibulaire (photo), après une effraction pulpaire lors de la
84 dépose d’un amalgame, un traitement canalaire est entrepris. À ce stade, le projet initial
de restauration partielle n’est pas modifié par cette dépulpation. La crête marginale
distale, en reliant la cuspide vestibulaire et la cuspide linguale, évite la déflexion
cuspidienne. La conserver évite de se mettre dans la situation d’une cavité MOD, très
défavorable sur le plan biomécanique (16) avec une perte de 69 % de rigidité relative de la
dent (17). Deux petites fissures sont observables dans la dentine au niveau mésial près de la
crête marginale. Faut-il effondrer la crête, garante de l’absence de déflexion cuspidienne,
ou l’éliminer et tenter de cercler cette dent fragilisée par ces deux fissures ? Dans ce cas
clinique, la crête a été conservée car les contraintes occlusales ont pu être limitées au
maximum par une bonne équilibration occlusale. Notons toutefois que dans ce genre de
situation (18), les données de biomécanique les plus récentes nous inciteraient aujourd’hui
à envisager un cerclage, privilégiant ainsi un overlay.
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Restaurer la dent dépulpée
86
8 Les endocouronnes
Les endocouronnes 7
E. Leforestier, Y. Allard
87
Proposée par Patrick Pissis dès 1995, une
endocouronne (1) permet de restaurer le
volume coronaire d’une dent dépulpée for-
tement délabrée par une restauration par-
tielle collée, monobloc, qui doit sa rétention
essentiellement aux parois de la chambre
pulpaire, et donc sans ancrage radiculaire.
Quel matériel ?
PRATICIEN ASSISTANT
- Fraise à épaulement droit : - Aspiration à points
• de gros diamètre (fraise roue), bague - Seringue à air
verte (818-040C-FG) - Rouleaux salivaires
• bague rouge à grains plus fins (846- - Lampe à photopolymériser
025C-FG et/ou 848-018C-FG)
- Fraise cylindro-conique bague verte, rouge,
jaune de conicité 3,5° (848-018F-FG)
Restaurer la dent dépulpée
INDICATIONS ET CONTRE-INDICATIONS
Il est important de savoir qu’il n’existe pas de recommandations pour poser l’indication de la
restauration d’une dent par cette technique. Dans sa réflexion, le praticien doit en premier
lieu analyser différents paramètres cliniques tels que :
– l’occlusion,
– la profondeur cuspidienne,
– les éventuelles parafonctions,
– la quantité de tissu coronaire résiduel,
– l’anatomie (profondeur) de la chambre pulpaire.
4 Vue vestibulaire de la réalisation d’un trottoir 5 Vue occlusale de la réalisation d’un trottoir
cervical. cervical.
La position du trottoir est fonction des tissus dentaires résiduels et du couloir prothétique.
90 Elle détermine :
– la hauteur de la cavité camérale, qui va avoir une incidence directe sur la rétention et la
stabilisation de l’endocouronne (fig. 4) ;
– la largeur du bandeau d’émail grâce à laquelle on optimise le collage (fig. 5) ;
– le volume laissé à la céramique, dont va dépendre la résistance mécanique de la restauration.
Ce trottoir est une « mise à plat de la dent » supra- ou juxta-gingivale selon l’importance du
curetage effectué pour éliminer les tissus cariés. Une limite supragingivale n’entraîne aucun
préjudice esthétique puisque la prothèse est en « tout céramique » et qu’une attention
particulière sera portée à cette zone au moment du maquillage.
C’est la limite cervicale de la préparation qui correspond également à la zone la plus oc-
clusale des tissus dentaires restants. Pour une répartition la plus homogène possible des
contraintes au niveau des tissus dentaires, les zones de continuité entre ces différentes hau-
teurs se feront par un pan incliné à 60°. Cela permet également au matériau d’assemblage
de fuser aux différentes interfaces (6).
La réduction doit ménager la place au matériau de reconstruction. Plus le trottoir sera situé
occlusalement et plus la rétention et la stabilisation de la prothèse seront importantes du
fait du prolongement des murs verticaux de la cavité pulpaire. Cependant, un espace doit
être respecté pour une épaisseur suffisante de céramique, afin d’éviter les fractures. On
conservera donc au minimum 2 mm pour la céramique.
Le trottoir cervical sert d’assise à la restauration et ménage, si possible, un bandeau d’émail
périphérique pour optimiser le collage.
Le principe de l’endocouronne est de répartir les contraintes dans une zone de solidité de
la dent, et non de la sertir dans le but de s’opposer à une fracture, comme c’est le cas pour
une coiffe classique. Le trottoir cervical sera donc orienté parallèlement au plan d’occlusion,
pour lui permettre de subir ces contraintes dans le grand axe de la dent. Les forces mastica-
toires au niveau molaire étant essentiellement axiales et verticales, un trottoir perpendicu-
laire à ces forces est donc idéal.
8 Les endocouronnes
D’un point de vue mécanique, plus le trottoir cervical est important (lar-
geur, circonférence), plus les contraintes sont réparties sur cette zone.
Elles seront alors réduites au niveau du reste de l’organe dentaire, notam-
ment au niveau du plancher pulpaire et de la zone de furcation, connus
pour leur fragilité. La largeur minimale du trottoir cervical fréquemment
admise est de 1 mm (7). Il est admis qu’une largeur de 2 mm est requise
sur les deux tiers de la circonférence du trottoir cervical.
Techniquement, le trottoir peut être réalisé avec une fraise à épaulement
droit de gros diamètre (fig. 6), également appelée fraise « roue », bague 6 Fraise à
verte 818-040C-FG (medicodentaire.net). Le polissage se fera avec une épaulement droit.
fraise de même dimension, mais à bague rouge à grains plus fins (846-
025C-FG et/ou 848-018C-FG). Ce polissage favorisera le collage et l’esthétique de la jonc-
tion dent/prothèse ; il faudra pour cela avoir une arête vive formée par le trottoir cervical et
par les parties axiale et supragingivale de la dent afin d’éviter tout micro-hiatus qui pourrait
laisser apparaître le produit de collage.
La cavité camérale
Cette cavité est l’élément essentiel de la stabilisation et de la rétention de l’endocouronne.
Elle se divise en trois parties :
– la cavité d’accès, 91
– la chambre pulpaire,
– le plancher pulpaire et les entrées canalaires.
L’objectif de la préparation est d’avoir une continuité entre les parois axiales de la cavité
d’accès et de la chambre pulpaire ainsi qu’un parallélisme entre le plancher et le trottoir cer-
vical. La profondeur de la cavité camérale ne doit pas être inférieure à 3 mm pour favoriser
la pérennité de l’assemblage.
La cavité d’accès est une perte de substance aménagée obligatoirement par le praticien
pour accéder à la chambre pulpaire afin de réaliser le traitement endodontique. Elle doit se
situer dans le prolongement des parois de
la chambre pulpaire avec une dépouille des
deux surfaces en continuité de l’ordre de 7°.
L’économie tissulaire doit être recherchée.
La chambre pulpaire, de forme trapézoïdale
à la mandibule et triangulaire au maxillaire,
assure le blocage anti-rotationnel et donc
la stabilisation de l’endocouronne (fig. 7).
C’est également principalement au niveau
de ses parois, parallèles au grand axe de
la dent, que la rétention de la restauration
prothétique sera obtenue. L’indication de
l’endocouronne ne peut donc être posée
que si la dent considérée possède un vo-
lume pulpaire initial suffisant et que le prati-
7 Rôle de stabilisation, rétention, effet anti- cien ne sera pas amené à trop le réduire lors
rotationnel de la chambre pulpaire. de la préparation du trottoir cervical.
Restaurer la dent dépulpée
Notre préférence va vers cette dernière formule, pour deux raisons essentielles :
– dans le cas d’une réalisation par prise d’empreinte optique et CFAO, la forme plus régu-
lière à l’interface du plancher pulpaire sera mieux adaptée au rayon de courbure des fraises
utilisées pour l’usinage de l’endocouronne. Attention cependant lors de la mise en place de
ce matériau à ne pas réduire la surface offerte au matériau d’assemblage ;
9 10
9 Fraises cylindro-coniques.
10 Finition de la préparation
avec une pièce à main à ultrasons.
93
11 Préparation terminée ;
visualisation du trottoir cervical
du bandeau périphérique
de 2 mm.
11
Pour la réalisation technique, une fraise cylindro-conique (fig. 9) bague verte de conici-
té 3,5° (848-018 F-FG) est utilisée pour mettre en continuité chambre pulpaire et cavité
d’accès selon les principes prothétiques admis (8) (7° de dépouille étant le meilleur compro-
mis entre insertion, rétention et stabilisation).
Lors de la préparation, il faut veiller à ne pas entrer en contact avec le plancher pulpaire. La
fraise ayant une pointe travaillante, il existe en effet un risque de perforation. Le polissage
peut se faire avec la même fraise bague rouge.
Une pièce à main à ultrasons (fig. 10) est particulièrement indiquée pour la finition de
toutes les surfaces de la préparation, le toilettage de la chambre pulpaire et du plancher,
afin d’optimiser le collage (fig. 11).
À ce stade du traitement, la dent est préparée selon les critères qui lui permettent de rece-
voir une endocouronne.
Restaurer la dent dépulpée
L’empreinte
Dans cette phase, le protocole diffère selon que le praticien travaille :
– en technique indirecte, par empreinte surfacique, mise en place d’une couronne pro-
visoire, et réalisation de l’endocouronne au laboratoire (par une technique de céramique
pressée) qui sera assemblée lors d’une deuxième séance (9) ;
Trottoir cervical
Cavité camérale
Préparation de la dent
Polissage et toilettage
de la préparation
94 Séchage
Empreinte de la préparation
Empreinte surfacique
Empreinte de l’antagoniste
Enregistrement de l’occlusion
Essayage
Contrôle de l’anatomie
Assemblage et de l’occlusion
Validation du dispositif médical
Collage
7 Les endocouronnes
– en technique directe, par prise d’empreinte optique et CFAO, sans réalisation de cou-
ronne provisoire, avec assemblage de l’endocouronne lors de la même séance si le praticien
dispose de l’unité d’usinage ou lors d’une deuxième séance si les données numériques de
l’empreinte sont envoyées au laboratoire via Internet (10, 11).
Séchage
Empreinte Optique Enregistrement des clichés
95
Mise en occlusion des modèles
Modélisation du die
Détermination des limites
Modélisation informatique Choix de l’axe d’insertion
Calcul de la proposition
Contrôle, modification
et validation
Choix du matériau
Fabrication de l’endocouronne
Usinage sur place ou à distance
Essayage
Contrôle de l’anatomie
et de l’occlusion
Endocouronne matérialisée
Validation du dispositif médical
Maquillage
Glaçage et cuisson finale
Assemblage Collage
Restaurer la dent dépulpée
La phase d’acquisition des données cliniques est alors réalisée, puis la phase de modélisation
informatique peut commencer. L’image en 3D obtenue à l’écran est comparable en tout
point à un modèle de travail en plâtre. Un die virtuel est créé et les limites de la prépara-
tion sont tracées (fig. 14). Le logiciel propose alors une restauration de la dent concernée
(fig. 15).
96 12 Empreinte optique
de la dent préparée
sur son hémi-arcade.
13 Empreinte optique
de l’hémi-arcade
antagoniste.
Cette restauration virtuelle, calculée par algorithmes, est déjà adaptée aux dents adjacentes
(points de contact) et en occlusion avec l’antagoniste.
Une palette d’outils permet de revenir sur tous les paramètres de la restauration virtuelle
(7,12) :
– contacts occlusaux,
– points de contacts proximaux,
– lignes de structure (ligne de grand contour, ligne de sommet de crête, ligne de fond de
sillon),
– épaisseur du joint de collage,
– vue en coupe de la prothèse (épaisseur homogène de céramique).
Le gros avantage est que, dans ce monde virtuel, le praticien peut à tout moment revenir
sur une étape antérieure de la restauration. Le logiciel fera une nouvelle proposition qui
prendra en compte les corrections apportées.
L’usinage prothétique
Une fois l’anatomie de la future dent validée, la phase de fabrication peut débuter. Le Cerec
3D® permet une liaison directe entre l’unité de conception (ordinateur, logiciel et caméra
optique) et l’unité de fabrication, qui va usiner un bloc de céramique avec des fraises dia- 97
mantées sous spray à proximité du fauteuil (également appelée « chairside »).
Après avoir sélectionné la teinte, puis mis le bloc de vitrocéramique dans la machine, la
fabrication par usinage va débuter (elle dure environ 15 minutes). Le bloc de céramique
sélectionné est clipsé sur le support de l’unité d’usinage (fig. 16).
Lorsque l’opérateur lance la fabrication, deux fraises diamantées vont usiner le bloc pour
lui donner sa forme définitive par technique soustractive. Le fraisage se fait sous spray eau/
huile. Lorsque le fraisage est terminé, la machine s’arrête et la phase clinique de l’essayage
de la pièce prothétique peut avoir lieu.
La tige de préhension sectionnée, l’endocouronne peut être insérée sur la dent (fig. 17).
Cet essayage doit se faire sans pression excessive, la céramique avant cuisson n’ayant pas sa
résistance mécanique optimale. Une insertion difficile est due à des points de contact trop
marqués. Un meulage soustractif adapté permet alors de faciliter l’insertion.
L’adaptation marginale, la morphologie et les rapports occlusaux ainsi que les contacts
proximaux sont contrôlés et validés.
Si ces critères sont satisfaisants, la dernière phase laboratoire de la fabrication est réalisée :
Il s’agit des maquillages, glaçage et cuisson de la vitrocéramique, permettant de lui donner
son aspect esthétique et ses propriétés mécaniques définitives.
Le maquillage
Lorsque la prothèse est récupérée après usinage, elle n’a pas encore son aspect définitif. La
teinte est uniforme (hormis pour les céramiques avec dégradé de teintes) et l’état de surface
est rugueux et poreux. Avec certaines céramiques (e-max), la dent est même bleue (fig. 18).
Avant le maquillage, il est conseillé de réaliser un premier polissage avec des meulettes en
caoutchouc de granulométries différentes.
Le maquillage est une étape rapide, mais néanmoins importante. À l’aide d’un pinceau très
fin et de colorants, des caractérisations seront réalisées. Il s’agit le plus souvent de maquiller
des fonds de sillons en les rendant plus ou moins discrets, de saturer un collet, etc. Mais il
98 est possible de caractériser l’endocouronne de façon très fine par exemple avec des calcifi-
cations (taches blanches si les dents adjacentes possèdent ces caractéristiques).
Ensuite, un produit de glaçage est passé sur la totalité de l’extrados de la pièce prothétique,
soit avec un spray, soit au pinceau.
L’endocouronne ainsi maquillée et glacée est disposée sur un matériau réfractaire, puis mise
au four à céramique. La cuisson dépend du type de céramique utilisé (environ 10 minutes
pour l’Empress CAD®). La céramique va acquérir ses propriétés mécaniques définitives lors
de cette cuisson (fig. 19). Après sortie du four et refroidissement lent, la phase clinique de
l’assemblage peut avoir lieu.
Le collage
Quelle que soit la technique d’empreinte réalisée, le protocole d’assemblage reste le même.
Dans l’exemple que nous illustrons, le bloc de matériau utilisé pour l’usinage est un « Blue
Block », une céramique au disilicate de lithium (IPS e.max CAD®, Ivoclar) qui présente des
propriétés optiques similaires aux céramiques feldspathiques, mais avec des propriétés mé-
caniques supérieures. Dans ce cas de CFAO directe, cette vitrocéramique est utilisée sans
infrastructure. Après usinage, puis validation clinique du dispositif médical et maquillage,
elle subira un traitement thermique spécifique pour acquérir ses propriétés mécaniques et
esthétiques finales. Comme les céramiques feldspathiques, les vitrocéramiques au disilicate
de lithium contiennent une phase vitreuse suffisante qui les rend aptes au collage, et leur
mode d’assemblage doit impérativement faire appel à cette technologie (13).
Tout d’abord, un champ opératoire doit être mis en place autour de la dent pour assurer
l’étanchéité nécessaire au collage.
Les surfaces sont ensuite préparées en vue
du collage, fonction de la technologie du
produit d’assemblage utilisé, ici, le Multilink
Automix® (Ivoclar).
Préparation de la dent
• Il est conseillé de la sabler pour amélio-
rer son état de surface. Il s’agit d’un spray
d’alumine et d’eau (avec le Prep K1 EMS par
exemple).
• Application d’acide ortho-phosphorique
à 35 % (fig. 20) sur l’émail (30 secondes)
et sur la dentine (20 secondes).
• Rinçage durant 30 secondes et séchage 20 Traitement à l’acide orthophosphorique
modéré sans déshydrater les tissus. des tissus minéralisés après pose du champ
opératoire.
Restaurer la dent dépulpée
Préparation
de l’endocouronne
• L’intrados est mordancé à l’acide fluorhy-
drique à 10 % durant 1 minute, puis rincé
pendant 1 minute sous l’eau courante puis
dans un bac à ultrasons (fig. 21).
• Un silane est appliqué sur l’intrados. On
attend alors l’évaporation du solvant.
Mise en place
de l’endocouronne 21 Traitement à l’acide fluorhydrique de
• Application de l’adhésif sur la dent l’intrados de l’endocouronne avant application
(mélange de 2 gouttes de Primer A et du silane.
B) : brosser la préparation pendant 15 se-
condes, laisser agir 30 secondes sur l’émail et 15 secondes sur la dentine, puis souffler
(fig. 22).
Mélanger les deux composants du Multilink® à l’aide du pistolet automélangeur. Le compo-
site obtenu est déposé dans la chambre pulpaire et sur l’intrados de la pièce prothétique.
100 On peut également appliquer une fine couche de vaseline sur l’extrados pour faciliter l’éli-
mination des excès.
• Assemblage : la pièce prothétique est insérée dans son logement et maintenue sous
pression digitale afin de faire ressortir tous les excès de composite. Une brève photopoly-
mérisation (3 secondes) va gélifier les excès, qui seront très aisés à éliminer à la sonde à ce
stade (fig. 23).
• Photopolymérisation de toutes les faces de la restauration durant 40 à 60 secondes à
forte puissance (3 000 mW/cm²). Il faut en effet que les photons traversent l’épaisse couche
de céramique (parfois 6 ou 7 mm). Une lampe à forte puissance est donc conseillée. La colle
duale sera polymérisée complètement au bout de quelques minutes.
• Finitions : élimination des excès, polissage avec des fraises à faible granulométrie bague
rouge ou jaune, meulettes en caoutchouc et disques à polir. Élimination des excès inter-
proximaux à l’aide de fil dentaire.
101
BIBLIOGRAPHIE
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8 Les endocouronnes
Empreinte traditionnelle
ou empreinte optique ?
8
Technique RCR indirecte
M. Bartala, V. Seguela, A. Soenen, S. Fauny, J. Brousseaud, JP. Blanchard 103
Les reconstitutions corono-radiculaires
(RCR) indirectes ou inlay-cores repré-
sentent une solution thérapeutique encore
très utilisée de nos jours. Cette technique
indirecte de reconstitution d’une dent
fortement délabrée nécessite une phase
d’empreinte, permettant le transfert de
la situation clinique au laboratoire de pro-
thèse. Pour ce type de reconstitution, on
distingue deux possibilités de préparation
interne de la morphologie de l’ancrage
radiculaire : calibrée ou anatomique.
Les ancrages dits calibrés font appel à une 1 RCR anatomique : la morphologie de l’ancrage
préparation standardisée à l’aide de forets radiculaire respecte la morphologie canalaire.
calibrés. La préparation canalaire des an-
crages anatomiques se réalise par appui
pariétal à l’aide de forets type Largo® et respecte la morphologie canalaire. Dans cette
technique anatomique, le tenon va être totalement élaboré par le prothésiste dentaire en
fonction de l’anatomie canalaire (fig. 1).
Cette différence dans la préparation de la morphologie canalaire va avoir une répercussion
sur la technique d’empreinte. Dans le cas d’un ancrage calibré, l’empreinte se fera avec des
tenons d’empreinte calibrés. Pour une préparation anatomique, l’empreinte doit enregistrer
l’anatomie de l’ancrage par injection intracanalaire du matériau d’empreinte. Aujourd’hui,
le développement des empreintes optiques met à la disposition du praticien une possibilité
supplémentaire d’enregistrer la morphologie canalaire, mais cette technique reste limitée
encore aux préparations canalaires calibrées.
Restaurer la dent dépulpée
INDICATIONS ET CONTRE-INDICATIONS
Le choix du type de technique d’empreinte va être essentiellement guidé par le type d’an-
crage choisi : calibré ou anatomique. Les deux techniques peuvent être utilisées dans toutes
les situations cliniques. Cependant, dans un souci de moindre mutilation, la préparation
anatomique doit être privilégiée. En effet, mis à part pour des canaux particulièrement
larges (canines et incisives centrales maxillaires), la mise en forme interne du canal ne doit
pas excéder le foret Largo® n° 3, soit 1,1 mm de diamètre. Car l’augmentation du diamètre
de préparation intracanalaire entraîne de façon évidente une augmentation du risque de
fragilisation des racines et donc du risque de fracture (1,2).
L’utilisation de matériau d’empreinte (empreinte dite « physico-chimique ») ou d’une caméra
optique est, quant à elle, uniquement fonction de la possession ou non de l’outil numérique
par le praticien. Rappelons toutefois que seules les empreintes pour tenon calibré sont réali-
sables avec les deux techniques d’enregistrement (physico-chimique et optique). À ce jour, il
semble difficile d’enregistrer de façon purement optique la totalité de l’anatomie canalaire,
et les empreintes physico-chimiques restent donc la seule indication pour les préparations
intracanalaires anatomiques.
Matériaux
104 Empreinte physico-chimique
Pour les empreintes des préparations intracanalaires anatomiques, il semble préférable de
privilégier l’utilisation des polyvinyles siloxanes (élastomères de silicone) en technique double
mélange, car ils supportent sans dommage les déformations réversibles. En effet, le risque
de tension lors de la désinsertion du matériau d’empreinte situé au niveau intracanalaire
peut contre-indiquer l’utilisation des matériaux d’empreinte type polyéther (Impregum®).
Ces matériaux deviennent en effet assez rigides après leur polymérisation et peuvent donc
se déchirer lors de la désinsertion intracanalaire. En revanche, dans le cas d’empreinte pour
tenon calibré sans injection intracanalaire, il est possible d’envisager l’utilisation des polyé-
thers, tout comme celles des polyvinyles siloxanes.
Porte-empreinte Dans le secteur antérieur, l’empreinte de la totalité de l’arcade est né-
cessaire pour permettre au prothésiste dentaire de régler la morphologie de l’inlay-core en
situations statique et dynamique, notamment pour évaluer l’épaisseur des futures coiffes
dans les mouvements de guidage antérieur. Cette empreinte est effectuée avec un porte-
empreinte du commerce, de préférence plein (type Jouvin) (fig. 2 a et b).
Empreinte optique
La réalisation de reconstitutions corono-radiculaires coulées (inlay-cores) est possible depuis
peu par CFAO. Afin d’avoir un continuum au sein de la chaîne numérique, de la portion
radiculaire à la portion coronaire, certains systèmes proposent aujourd’hui des solutions
pour confectionner des RCR coulées calibrées, impliquant la saisie numérique de « corps
de scannage » (Scan Posts™) mis en place dans le logement canalaire, et reconnus par la
machine lors de la corrélation numérique des différentes vues par le logiciel.
Les limites actuelles de l’acquisition intrabuccale à l’aide d’une empreinte optique ne per-
mettent qu’un enregistrement de la cavité camérale, voire dans certains cas de canaux larges
et courts. L’enregistrement de la portion radiculaire est donc limité. Utilisée seule, sans Scan
Posts™, c’est une technique non adaptée au concept d’inlay-core, mais qui trouve son
indication pour la réalisation des endocouronnes (3,4). Le recours à des corps de scannage
pour enregistrer la portion radiculaire limite donc son utilisation à la réalisation d’empreintes
optiques intrabuccales de préparation de logements canalaires pour tenons calibrés, et ne
permet pas l’enregistrement pour des tenons anatomiques.
Restaurer la dent dépulpée
Matériel
Commun aux deux techniques : tenon calibré et tenon anatomique.
PRATICIEN ASSISTANT
- Miroir - Rouleaux salivaires et tout moyens pour
- Foret Largo® n° 1 un maintien du champ opératoire exempt
- Porte-empreinte plein (type Jouvin) ou pour de salive
empreinte sectorielle - Miroir
- Adhésif pour polyvinyles siloxanes
- Matériaux d’empreinte polyvinyles siloxanes
de viscosité rapprochée pour technique
double mélange ou monophase
- Moyens pour réaliser une technique d’accès
au sulcus si nécessaire (fils, Expasyl®, ARP
Cap®…), spatule à insérer ou instrument
spécifique à la mise en place des fils.
Lorsque le principe de cerclage est respecté
ce qui est le cas le plus souvent, la mise en
106 place d’une technique d’accès au sulcus
n’est pas nécessaire, les limites de l’inlay-
core se trouvant alors à au moins
1,5 mm de la marge gingivale.
injection intracanalaire.
Empreinte optique
PRATICIEN ASSISTANT
- Caméra pour empreinte optique - Rouleaux salivaires et tout moyens pour
- Coffret de forets calibrés un maintien du champ opératoire exempt
- Scan Posts™ de salive
- Technique d’accès au sulcus
- Écarteur buccal (Optragate®
Ivoclar Vivadent)
- Poudre (si le système de caméra le requiert)
- Écran parotidien
8 Les endocouronnes
107
Essayage et réglage du tenon d’empreinte
Temps de polymérisation
Empreinte optique
Préparation
corono-radiculaire
108
Empreinte optique
Conception assistée
intrabuccale
par ordinateur (CAO)
avec Scan Posts™
En prothèse fixée, quel que soit le type d’empreinte à réaliser, la première étape avant de
débuter les phases d’enregistrement par matériaux ou à l’aide d’une caméra intrabuccale,
est de contrôler la parfaite finition des tissus dentaires à enregistrer. En effet, les matériaux,
aussi précis soient-ils, ou la caméra intrabuccale ne peuvent enregistrer précisément que les
surfaces qui sont parfaitement définies et accessibles.
L’utilisation d’un ancrage radiculaire dans ce type de reconstitution initie une difficulté sup-
plémentaire qui est le contrôle du nettoyage minutieux de ce logement canalaire. Il est
donc très important de vérifier à l’aide de radiographie(s) de contrôle l’absence de persis-
tance de matériau d’obturation endodontique le long des parois canalaires. Cependant, la
radiographie n’étant qu’une image plane d’un volume, il est souvent plus sûr de compléter
ce contrôle par une vision directe intracanalaire à l’aide de loupes munies d’un éclairage
puissant.
En effet, le nettoyage doit être particulièrement soigneux, notamment dans la technique
utilisant des tenons anatomiques, et ce pour plusieurs raisons.
En effet, il faut :
– éliminer les produits d’obturation endodontiques pouvant interférer dans la prise des
matériaux d’empreinte ;
– favoriser l’étalement du matériau d’empreinte sur des parois « propres » ;
– permettre, lors de la phase de mise en place de la RCR, une meilleure liaison entre les
parois canalaires et le mode de jonction, surtout en cas d’utilisation de mode de jonction
présentant des propriétés autoadhésives.
8 Les endocouronnes
La longueur de désobturation
La désobturation à la longueur déterminée débute à l’aide d’un foret Largo® n° 1 (diamètre 109
0,7 mm) monté sur un contre-angle bague bleue utilisé à grande vitesse. C’est la vitesse
de rotation et l’échauffement qu’elle initie qui va permettre le ramollissement de la gutta
obturant le canal (fig. 6) et favoriser ainsi la progression du foret. La pointe mousse de ce
type de foret autorise une progression canalaire sans risque de perforation.
La longueur est vérifiée par la réalisation d’une radiographie foret Largo® n° 1 en place afin
de s’assurer que 4 à 5 mm d’obturation endodontique sont préservés (durant cette phase
de cliché, le foret est muni d’un fil servant de parachute).
Une fois la longueur déterminée avec ce premier foret, les étapes suivantes vont varier selon
le type de tenon utilisé.
permet de réchauffer la gutta, qui reste ainsi sur le foret. De plus, la pointe mousse
de ce type de foret évite tout risque de perforation radiculaire.
Restaurer la dent dépulpée
Empreinte physico-chimique
Lors de la prise d’empreinte d’arcade complète pour la réalisation de RCR, une empreinte de
l’antagoniste réalisée avec un matériau de type alginate est nécessaire.
Tenon calibré
Après le foret Largo® n° 1, dans ce type de système normalisé, un foret calibré dont le
diamètre correspond au diamètre du canal préparé est utilisé. Encore une fois, le choix du
diamètre s’effectue de façon empirique ; il est recommandé d’utiliser un foret laissant des
parois de 1 mm d’épaisseur au niveau radiculaire. Ce contrôle d’épaisseur est très difficile
à réaliser cliniquement, la morphologie radiculaire variant de la portion coronaire à l’apex,
et ce pour chaque dent. Il est donc recommandé de ne pas utiliser des forets dont le dia-
mètre est supérieur à 1,2 mm, sauf peut-être pour certaines canines maxillaires et incisives
centrales maxillaires.
Une fois ce foret calibré passé, on contrôle la mise en place du tenon d’empreinte dans
le canal. Ce tenon d’empreinte a exactement les mêmes caractéristiques de longueur et
de diamètre que le dernier foret utilisé. Ce
contrôle permet de vérifier que le tenon
d’empreinte se positionne bien à la lon-
110 gueur de forage. Cette étape validée, le
tenon d’empreinte est sorti du canal et
est recouvert d’adhésif correspondant
au matériau d’empreinte utilisé. L’adhésif
est positionné essentiellement sur la par-
tie coronaire du tenon, la portion radicu-
laire n’étant, en principe pas en contact
avec du matériau à empreinte, du fait du
calibrage du logement canalaire (fig. 7). Il
est nécessaire d’attendre que l’adhésif ait
7 Mise en place d’adhésif dans la portion séché avant de poursuivre les étapes de
coronaire du tenon d’empreinte calibré. l’empreinte. Une fois le séchage obtenu, le
Tenon anatomique
Les différences essentielles entre la tech-
nique calibrée et la technique anatomique
résident dans la mise en forme canalaire et
son enregistrement. La mise en forme cana-
laire ne va utiliser, après le passage du foret
Largo® n° 1, que des forets Largo® n° 2
et 3, par appui pariétal et en respectant la
morphologie canalaire. Un canal avec un
diamètre étroit dans le sens mésio-distal et
large dans le sens vestibulo-lingual va donc
garder cette caractéristique, à la différence
du système normalisé, qui va imposer sa
forme au canal (fig. 11).
L’autre particularité dans le système ana-
tomique est l’enregistrement de la mor- 11 La réalisation d’ancrages anatomiques permet
phologie canalaire. Le praticien va injecter de respecter les différences de diamètres mésio-
directement dans le canal le matériau à distaux et vestibulo-linguaux qui existent dans les
empreinte, soit à l’aide d’un lentulo à larges morphologies radiculaires. On observe sur la vue
spires (lentulo de Tanaka), soit à l’aide d’une de gauche une dimension vestibulo-linguale bien
plus importante que la dimension mésio-distale
seringue type Stabyl® munie d’un embout
objectivée sur la vue de droite.
Restaurer la dent dépulpée
14a Une incorporation de bulles d’air 14b L’empreinte est reprise en respectant
au moment de l’injection entraîne l’apparition les temps d’injection du matériau
d’un manque au niveau de l’enregistrement en intracanalaire. La totalité de la morphologie
de la morphologie canalaire. canalaire est cette fois enregistrée.
8 Les endocouronnes
16 L’empreinte sectorielle est d’abord coffrée ou 17 Un premier apport de plâtre est délicatement
« emboxée » avec de la cire. apporté par vibration jusqu’à mi-hauteur
de l’empreinte de l’ancrage radiculaire.
Restaurer la dent dépulpée
Empreinte optique
La technique d’empreinte optique est aujourd’hui disponible seulement pour les systèmes
de tenon calibré.
Cette solution permet une CFAO performante et précise des ancrages radiculaires calibrés.
Elle est indiquée lorsque le canal est de forme circulaire et d’un diamètre suffisant (entre
1,1 et 1,8 mm de diamètre). L’alésage est réalisé à l’aide de forets calibrés, comme dans le
cas des empreintes physico-chimiques pour tenon calibré. Rappelons l’importance d’offrir
des préparations dentaires précises et une déflexion gingivale suffisante. Les séquences de
préparation sont similaires à celles de l’empreinte physico-chimique pour tenon calibré.
Le diamètre du dernier foret utilisé à la longueur déterminée indique le diamètre du tenon
de scannage ou « Scan Posts™ » à employer pour l’empreinte. Ce tenon calibré particulier
est équipé d’un repère pour la caméra et le logiciel.
Le praticien insère le tenon dans le logement canalaire préparé à l’aide des forets calibrés
correspondants, avant de passer à la numérisation, ici avec la caméra Trios® de 3Shape.
L’acquisition de la partie périphérique et camérale visible est réalisée par la caméra intra-
buccale. La modélisation de la portion canalaire est extrapolée dans le logiciel selon le
code-barres affiché sur le tenon d’empreinte. 3Shape a développé un système nommé Scan
Posts™, qui permet de capturer avec facilité et précision les positions et les profondeurs de la
portion radiculaire des RCR type inlay-core. Ces transferts canalaires pour empreinte numé- 115
rique sont autoclavables et existent en formes et tailles différentes pour une prise en charge
des systèmes de forage les plus répandus. Leur utilisation intraorale est cliniquement validée
et ils sont disponibles pour la majorité des fournisseurs de tenons (Apol®, Pivomatic®).
Options de numérisation
La solution pour inlay-cores de 3Shape peut
être utilisée avec les empreintes numériques
TRIOS®. Un cas clinique illustre cette possibi-
lité (fig. 20 à 22). Le praticien commence par
enregistrer l’arcade dentaire entière sans Scan
Posts™ ni corps de scannage (fig. 23). Il va
ensuite sélectionner sur cet enregistrement la
zone désirée, puis marquer l’orientation des
dents sur les limites des préparations corres-
pondantes (vestibulaires/linguales).
21 Situation initiale : les dents 24-25-26-27 22 Les restaurations sont déposées et les
sont porteuses de volumineuses restaurations traitements endodontiques sont repris. L’analyse
à l’amalgame. clinique du nombre de parois, leurs hauteurs, leurs
épaisseurs et l’absence de sertissage périphérique
nous orientent vers la réalisation de quatre RCR
coulées avec coiffes périphériques unitaires.
116
117
Le praticien enregistre ensuite l’arcade dentaire avec le corps de scannage adapté (fig. 24).
Il sélectionne à nouveau sur ce nouvel enregistrement la zone désirée (fig. 25). L’étape
suivante consiste à superposer les deux enregistrements numériques et à les aligner très
précisément. Le logiciel va pouvoir effectuer une corrélation des coordonnées numériques
communes de certains points sur les deux images (cette procédure se fait le plus souvent
automatiquement, l’arcade dentaire n’ayant pas été déplacée) (fig. 26).
À l’aide des Scan Posts™, le praticien réalise donc un processus de double numérisation qui
permet de déterminer avec précision les profondeurs réelles et l’emplacement du logement
canalaire. La dernière phase concerne l’enregistrement de l’arcade dentaire antagoniste
(fig. 27) puis celui de l’occlusion, en plaçant l’arcade dentaire supérieure et l’arcade infé-
rieure en position d’intercuspidation maximale (fig. 28).
Le praticien, après avoir contrôlé son enregistrement numérique, envoie par Internet l’en-
semble des données récoltées au laboratoire de prothèse pour que le technicien procède
directement à la conception de la prothèse (fig. 29 et 30).
Restaurer la dent dépulpée
Outils de conception
Au laboratoire, dans une bibliothèque de Scan Posts™, le prothésiste dentaire sélectionne
le Scan Posts™ utilisé par le praticien et vient numériquement le faire correspondre avec
l’image du Scan Posts™ enregistrée. Le logiciel calcule alors automatiquement le positionne-
ment tridimensionnel et la profondeur (fig. 31) de l’ancrage radiculaire. En utilisant les outils
informatiques de modélisation d’inlay-cores dédiés mis à sa disposition dans le logiciel, le
technicien réalise la conception morphologique de la pièce prothétique correspondant aux
exigences du cas clinique.
Le logiciel Post and Core® de 3Shape exploite cet alignement des Scan Posts™ pour calculer
avec précision les angles, les profondeurs et les formes des logements préparés. La techno-
logie AIS (Adaptive Impression Scanning) de 3Shape permet donc de capturer la forme et
les positions des logements canalaires, directement à partir de l’empreinte optique calibrée.
31 Etapes de CAO
au laboratoire
de prothèse.
118
119
35 RCR calibrée de la 26 obtenue
par usinage.
Apport du numérique
L’intérêt dans l’étape de conception assistée par ordinateur est de s’assurer du respect
des critères de conception des reconstitutions indirectes (9,10). Il est techniquement
possible d’afficher des alertes dans le logiciel en cas de non-respect de certains prin-
cipes :
• passivité,
• contrôle de la morphologie antirotationnelle de la portion camérale,
• contrôle de l’épaisseur minimale des parois résiduelles et du cerclage,
• intégration de l’espacement selon le mode d’assemblage par scellement ou collage,
• contrôle du rapport longueur de la portion canalaire/moignon,
• conception de l’inlay-core par simulation de la coiffe et si nécessaire réduction de la
coiffe « coping » (ce qui, dans la technique traditionnelle, correspond à la réalisation de
cires de diagnostic et d’une clé en silicone de ces cires). Les épaisseurs des différents
matériaux sont prévues : épaisseur du cosmétique et de la chape, et adaptation de la
morphologie de l’inlay-core en conséquence,
• paramétrage de l’angle de dépouille de la RCR pour une rétention et une friction
optimales,
• paramétrage de l’axe d’insertion de la coiffe par rapport à l’axe d’insertion de la RCR,
120 • intégration de l’espace pour le mode d’assemblage entre la coiffe et l’inlay-core,
Le logiciel Dental Designer (3Shape) offre la possibilité de réaliser le design de l’inlay-
core :
• marquage de la limite de l’inlay-core,
• proposition automatique adaptée à la situation clinique,
• ajustage manuel avec les « poignées » numériques du logiciel pour étirer la pièce.
Évaluation du résultat
L’évaluation de la qualité des empreintes de RCR se fait à trois niveaux :
– au moment de l’empreinte, par le praticien, pour visualiser si des zones de manque ou de défor-
mation existent ;
– au moment de la lecture du modèle, par le praticien puis par le technicien de laboratoire, pour
évaluer sa fidélité de reproduction ;
– au moment de la mise en place de la pièce prothétique en situation, véritable évaluation de la
qualité de toutes les étapes prothétiques.
LE BON GESTE
Enregistrement intracanalaire
La difficulté dans ce type d’empreinte est d’enregistrer fidèlement une zone profonde
représentée par le logement canalaire du tenon. En le cas d’empreinte physico-chimique
utilisant des tenons calibrés, la précision du forage
avec le dernier foret calibré et l’adaptation
du foret d’empreinte doivent garantir cet
enregistrement.
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Restaurer la dent dépulpée
122
10 -Déposer un ancrage radiculaire
Dépose d’un
ancrage radiculaire
9
N. Brulat-Bouchard, R. Ceinos
123
Devant l’échec d’un traitement endodontique, le praticien est couramment amené à dépo-
ser une reconstitution corono-radiculaire (RCR) pour réaliser un retraitement endodontique.
Lorsque le traitement radiculaire initial ne répond pas aux critères de réussite endodontique
et que l’indication d’un retraitement est posée, il est souvent préférable d’envisager dans
un premier temps un traitement orthograde, afin de supprimer tous risques de contamina-
tion bactérienne coronaire. Le choix du traitement chirurgical se fera quant à lui dans un
second temps (1). Le but du retraitement endodontique est d’accéder aux limites apicales de
l’organe dentaire en supprimant les obstacles coronaires et intra-canalaires afin d’assainir le
réseau canalaire. Dans d’autres cas, le traitement endodontique peut être considéré comme
un succès, mais les besoins de restauration peuvent conduire à la suppression d’une RCR
existante, dans le but d’améliorer la conception, la fonction ou l’esthétique de la nouvelle
prothèse.
Restaurer la dent dépulpée
INDICATIONS
D’une manière générale, la dépose d’un tenon peut avoir plusieurs indications (2) :
– tenon fracturé,
– perte d’étanchéité de la RCR liée à une reprise de carie,
– présence d’une lésion inflammatoire périradiculaire d’origine endodontique,
nécessitant une reprise du traitement endodontique.
CONTRE-INDICATIONS
À l’opposé, les contre-indications de la dépose sont assez simples :
– dent non conservable (fêlure, fracture, mobilité axiale),
– rapport couronne/racine défavorable,
– épaisseur trop faible des parois radiculaires résiduelles,
– contre-indications liées au retraitement endodontique (patient à risque).
Un insert faucille ultrasonore universel avec spray d’eau peut être appliqué le long du joint
dento-prothétique. Les vibrations ultrasonores vont permettre la fragmentation du ciment
de scellement. Il existe notamment des inserts lisses spécialement conçus pour le retrait des
couronnes prothétiques, tels que les inserts SP-34 et SP-34S (LM-Instruments).
Une fois les traits de découpe réalisés et le ciment fragilisé, un dépose-couronne tel que le
Christensen Crown Remover® droit CRCH1 ou coudé CRCH2 (Hu-Friedy) ou bien le Remove
Crown® (Prodont-Holliger) est introduit dans la tranchée. Une légère rotation est appliquée
à l’instrument afin de finaliser le descellement de la coiffe.
Une alternative intéressante dans le descellement de la couronne est le système WAMkey®
(Wam). La procédure vient ici limiter la tranchée de dépose, rendant ainsi possible la conser-
vation de la couronne. Une fois la couronne déposée et la tranchée réparée à l’aide d’une
résine, la couronne peut être de nouveau scellée. La clé WAMkey® travaille dans l’axe de la
coiffe et procède au descellement sans traction sur la dent, limitant grandement le risque
pour les structures dentaires et parodontales. La tranchée n’est pas effectuée verticalement
le long de l’axe dentaire, mais horizontalement au niveau présumé de l’interface entre la
face occlusale de la RCR et l’intrados de la couronne prothétique. Dans un deuxième temps,
l’entaille est prolongée jusqu’au centre de la couronne ; dès lors, on peut introduire la partie
travaillante de la clé et lui appliquer un léger mouvement de rotation pour desceller la coiffe.
126 Une fois la coiffe déposée, les techniques de dépose de la RCR diffèrent suivant qu’il s’agit
d’une RCR foulée ou coulée.
dépose simultanée peut induire un risque de fracture radiculaire important. Chaque tenon
doit donc être séparé avant d’être déposé (9). La difficulté de toute l’opération réside dans
le fait qu’il faut suivre attentivement l’interface noyau de la RCR/structure dentaire afin d’ef-
fectuer une séparation complète, sans toutefois endommager le plancher pulpaire. Chaque
ancrage sera ensuite traité individuellement.
Dans certains cas favorables, la seule action du fraisage du moignon ou l’application d’ultra- 127
sons peut suffire au descellement total de la pièce prothétique (fig. 3 et 4).
128 de quartz, qui sont plus difficiles à déposer du fait du mimétisme entre les tissus dentaires
et les matériaux de RCR.
Techniques opératoires
Il existe deux techniques de dépose des tenons fibrés (13, 14) : ne pouvant être décollés des
parois radiculaires, ils seront délaminés soit avec des forets (fig. 5), soit avec des inserts
ultrasonores (fig. 6), ou parfois les deux.
L’utilisation d’aides visuelles permet d’être sûr de travailler le long de l’axe du tenon, et de
contrôler l’élimination de la colle aussi bien sur les parois canalaires que dans la partie api-
cale (3). En effet, l’élimination de la colle jusqu’au contact du matériau d’obturation cana-
laire est indispensable afin de pouvoir réaliser le retraitement endodontique.
Ces deux techniques sont assez rapides, mais il convient de bien analyser la situation cli-
nique avant la dépose (15).
130
Deux séquences cliniques illustrent ces techniques.
15 Le préforage réalisé sous spray d’air. 16 Forage réalisé dans le tenon fibré, sous
spray, jusqu’à la longueur prédéterminée 131
radiographiquement.
Quel que soit le type de RCR, l’évaluation préopératoire, le choix de la méthode, l’instru-
mentation et la parfaite connaissance des protocoles cliniques sont autant d’éléments à
conjuguer par le praticien. Correctement effectué, l’acte de dépose d’une RCR est prédic-
tible et sera couronné de succès dans la très grande majorité des cas (16).
La dépose d’un ancrage ne doit jamais être réalisée dans l’urgence. Cette opération doit
être réfléchie, planifiée et menée avec un matériel parfaitement adapté.
9 Dépose d’un ancrage radiculaire
LE BON GESTE
Dans le cas de la dépose d’un ancrage radiculaire fibré, après la pose du champ
opératoire, un insert diamanté ultrasonore de forme boule permet de dégager la tête
du tenon fibré, d’éliminer le composite coronaire de reconstitution, permettant ainsi
d’accéder à la tête de l’ancrage radiculaire (photo).
Élimination
de la partie coronaire
du tenon avec un
insert boule sous spray
air/eau.
133
Restaurer la dent dépulpée
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Restaurer la dent dépulpée
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