SPÉCIAL

LA REVUE DU VIN DE FRANCE

MUSCADET
100 blancs de Loire
à prix canon

GEVREY- MUENCHBERG
CHAMBERTIN Le plus discret
des grands crus
d’Alsace
LA PUISSANCE
ET LE STYLE
120 crus d’exception
Les grands vignerons
Les vins accessibles POMEROL
Le vignoble
Le business bordelais
du vin dans les à découvrir
stations de ski

LE MEILLEUR
DU BIO
Nos trouvailles
au salon de
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Montpellier
M 08279 - 598 - F: 6,50 E - RD
M 08279 - 598 - F: 6,50 E - RD

TROPHÉES DU VIN

LES HOMMES DE L’ANNEE 2016

Aubert de Villaine, Pierre Cheval, Louis-Benjamin Dagueneau récompensés
E dito
GEVREY BRÛLE-T-IL ?
À
coup sûr, notre méthodique et joyeuse
exploration de Gevrey-Chambertin,
perle de la Bourgogne, va ranimer un
débat : la hausse des prix des grands vins pour s’offrir le meilleur, monstrueuse hausse du prix des
de la Côte d’Or.
Voilà un sujet qui agace à juste titre le coup de massue fiscal qui les attend à l’heure de la suc-
les amateurs européens et les Français en particulier. Nous
ne l’éluderons pas. La RVF a épinglé les Premiers crus bor-
delais passés de 20 à 600 euros la bouteille primeur en vingt
ans, elle ne fermera pas les yeux sur les excès bourguignons.
Et que constate-t-on sur les terres
du vaillant Charles le Téméraire ?
Parler d’une hausse des prix des
Grands crus n’est plus approprié : il
s’agit d’une explosion.
Nos lecteurs n’ayant pas tous eu la
sagesse ou l’habileté de négocier une
allocation chez Bernard Dugat-Py
ou Christophe Roumier, observons
ce qui se passe chez les cavistes, où
de nombreux amateurs continuent
d’acheter leurs vins. Là cohabitent
deux catégories d’étiquettes bourgui-
gnonnes, les domaines peu connus et Denis Saverot, directeur de la rédaction surtout chez les Girondins qu’elle
les vins spéculatifs.
Dans le premier cas, un simple
gevrey sorti à 20 euros hors taxe de la
propriété sera revendu 40 euros TTC en boutique, soit une
marge de 1,6 pour le caviste une fois soustraite la TVA et
divers faux frais. Mais pour les très grands, toutes les règles
ont volé en éclat. « Un chambertin de Rousseau va sortir à près
300 euros TTC du domaine, raconte Roberto Petronio, l’un
des auteurs de notre dossier, incollable sur la distribution
des grands vins. Eh bien, on va le retrouver illico à 800, 900
voire 1 000 euros en boutique, c’est le caviste qui décide, poussé tés. Roberto Petronio et Olivier Poels ont déniché quelques
par la loi de l’offre et de la demande. »
Question naïve de l’amateur : pourquoi le caviste
pousse-t-il autant sa marge sur les grandes étiquettes ?
« C’est simple, nous répond l’un d’eux, si je revends mon
chambertin du domaine Armand Rousseau à 600 euros en
boutique, le client qui me l’achète s’empressera de le revendre
1 000 euros sur Internet ! »
Inutile de se raconter des histoires. Les forces qui nour-
rissent la hausse des prix des grandes étiquettes de la Côte
sont devenues un redoutable Léviathan : faibles rende-
ments, petits volumes, globalisation de la demande, aug-
mentation régulière du nombre de milliardaires prêts à tout
terres aussi qui pousse les vignerons à thésauriser pour parer
cession... Dans ce contexte, la mécanique inflationniste ne
risque pas de se gripper demain, d’autant que l’excellente
santé économique des États-Unis attise la demande de vin
sur un marché bourguignon déjà incandescent.
Faut-il dès lors en vouloir à la
Bourgogne ? Claude Chevalier,
l’homme fort de Ladoix-Serrigny et
patron des vignerons de Bourgogne,
se fâche presque. Et comme souvent
entre Beaune et Nuits, il plaide…
en épinglant Bordeaux : « Combien
de vins de Bourgogne sont vendus
500 euros et plus la bouteille ? Pas plus
de 20 000 par an. Et à Bordeaux ?
Là-bas, ce sont un million de bou-
teilles de crus classés qui dépassent
L.-P. Ridet
les 500 euros ! Alors la flambée, c’est
crépite ! ».
Il est difficile de donner tort à
l’ami Claude : à qualité comparable,
un chambertin sorti sur allocation de la propriété entre 150
et 200 euros sera toujours moins cher qu’un Premier cru de
Bordeaux disponible à 600 euros en primeur. À condi-
tion d’en trouver.
Dès lors, quelle leçon tirer, chers amis lecteurs ? D’abord
cette promesse : la lecture ce mois-ci de La RVF vous réser-
vera, comme souvent nous l’espérons, de solides opportuni-
pépites à des prix encore très accessibles comme le gevrey
village du domaine Jean Fournier et la cuvée Les Crais
du domaine Huguenot ou encore la cuvée Aux Corvées
d’Henri Richard (entré dans le Guide vert cette année). Des
gevreys bien faits, élégants et plutôt fins à une trentaine
d’euros la bouteille. Pour les Grands crus, inutile de se voi-
ler la face, c’est à partir de 60 euros (le charmes-chambertin
du domaine Huguenot) que se situe le ticket d’entrée. Et
souvent largement au-delà. ◼
LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 3
LA RVF N° 598 - FÉVRIER 2016

Depuis 1927, le meilleur du vin

SOMMAIRE
A ctualités
Éditorial, par Denis Saverot 3
Grand entretien 8
Jean-Claude Ellena : le nez d’Hermès
parle du vin et des parfums
En primeur :
L’oracle du banquier vigneron
Jean-Luc Coupet 14
BiboVino met les grands crus en BIB 15
Sauternes : la ligne LGV se fera-t-elle ? 17
La Bourgogne sur Smartphone 19
Faire du vin au Sénégal, quel défi ! 20
M.-È. Brouet et J.-C. Gutner

Ils sont les Hommes de l’année 2016.

Chantal Thomass dessine Aubert de Villaine (à g.), cogérant du domaine
une bouteille de vin ! 22 de la Romanée-Conti, et Pierre Cheval, des
champagnes Gatinois, ont accompagné la
marche de la Bourgogne et de la Champagne
Le journal des lecteurs 24 vers le patrimoine mondial de l’Unesco.

38
Les rendez-vous du vin 26
LES HOMMES
DE L’ANNÉE 2016
M agazine Aux Airelles, une impériale (6 l.)
L’accord minute, par Olivier Poussier 29 de Château Latour 1998 a été
achetée 16 000 € par des Russes
BUSINESS 30 le 31 décembre 2014.

La folie des grands crus

dans les stations de ski
Libre parole, par Jean-Robert Pitte 37

LES HOMMES
DE L’ANNÉE
Notre palmarès 2016 38
Domaine à la loupe
Le Roc des Anges, dans le Roussillon 48

R. Grman

92
Expertise du terroir
D. R.

30
Rully, porte de la Côte chalonnaise 88
Avalanche de grands Les meilleurs vins bio
Le salon Millésime Bio à Montpellier 92 crus à Courchevel chinés à Millésime Bio

Direction de la rédaction
Denis Saverot (dsaverot@gmc.tm.fr).
Assistante éditoriale : Frédérique Fleurette
Tél. : 01 41 46 87 05. E-mail : ffleurette@gmc.tm.fr
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Rédacteurs en chef adjoints : Philippe Maurange
(pmaurange@gmc.tm.fr), Olivier Poels (opoels@gmc.tm.fr).
Diversifications éditoriales : Jérôme Baudouin.
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Bucella, Pierre Casamayor, Pierre Citerne, Caroline Furstoss, Alexis
Goujard, Axel Marchal, Philippe Maurange, Roberto Petronio, Olivier Poels,
Olivier Poussier, Raoul Salama, Jean-Emmanuel Simond.
Caviste : Alexis Goujard (85 99, agoujard@gmc.tm.fr).
Ce numéro contient deux encarts abonnement jetés sur l’ensemble de la diffusion kiosque.
Offres d’abonnement en pages 36, 54 et 120.
Ont participé à ce numéro : Claudine Abitbol, Florence Bal, J. Baudouin,
Hakim Bendaoud, Arnaud Bertrand, T. Bravo-Maza, Marie-Ève Brouet,
P. de Cantenac, Pierre Casamayor, Pierre Citerne, Michel Dovaz, Nelly Florès,
Caroline Furstoss, P. Genet, A. Goujard, Régis Grman, Jean-Charles Gutner,
Amandine Honegger, Pierrick Jégu, Sébastien Lapaque, Corinne Lefort,
Angélique de Lencquesaing, Alice Mahlberg, Christian Martray, B. Mauduech,
R. Petronio, J.-R. Pitte, Olivier Poussier, Amarante Puget, Véronique Raisin,
Gersende Rambourg, Léo-Paul Ridet, Raoul Salama, Sophie de Salettes,
B. Simmat, J.-E. Simond, Charlotte Stone, Jean-Baptiste Thial de Bordenave.
Pour contacter votre interlocuteur, composez le 01 41 46
suivi des 4 chiffres correspondant au poste.
Direction et édition
Directeur général délégué du Groupe Marie Claire
et Président de la société RVF : Jean-Paul Lubot.
Assistante : Martine Le Gal (82 01, mlegal@gmc.tm.fr)
Directeur de la publicité et du développement :
Thomas Herson (83 75, therson@gmc.tm.fr).
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Boutique RVF : Laurence de Girardier (ldegirardier@gmc.tm.fr).
Site : www.boutiquerevueduvindefrance.com
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Communication Salon RVF : Julie Aublant (80 25, jaublant@gmc.tm.fr).
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La Revue du vin de France est éditée par Revue du vin de France SAS,
au capital de 1 537 500 €, 395 077 068 RCS Nanterre
Siège social : 10, boulevard des Frères-Voisin,
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Impression : The Polestar Group, au Royaume-Uni.
Dépôt légal à parution © 2016, Revue du vin de France SAS
LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 5
 LA RVF N° 598 - FÉVRIER 2016

SOMMAIRE
Dégustations
En couverture

GEVREY-CHAMBERTIN 56
Nos 120 plus beaux
vins du millésime 2013
Comprendre le vin : la tenue à l’air 71

Vallée de la Loire : 72

BIVB / BERNUY J.-L.

l’incroyable diversité
des blancs du Muscadet

56 GEVREY-CHAMBERTIN,
Découvertes :
Alsace Grand cru Muenchberg 84
Les coordonnées des producteurs 86
ROI DE LA CÔTE DE NUITS

E nvies
Grand vin complexe
et apte au vieillissement,
le muscadet mérite
l’intérêt des amateurs.

Itinéraires 98
Le charme discret de Pomerol

Bergerac : 102
trois grands accords
périgourdins
Cavistes et sommeliers 106
T. Bravo-Maza

Carte sur table 108 Château

Bien servir le vin 109 Hosanna

Les livres, par Michel Dovaz

Concours La Bouteille secrète
Championnat RVF de dégustation
111
112
113
98 Le vignoble de Pomerol
aiguise la curiosité

Marjorie et
Le cahier éco 114 Stéphane Gallet
ont créé leur
C’est comme ça et pas autrement domaine en 2001.

par Sébastien Lapaque 122

SPÉCIAL
LA REVUE DU VIN DE FRANCE

MUSCADET
100 blancs de Loire
ˆ prix canon

GEVREY- MUENCHBERG
CHAMBERTIN Le plus discret
des grands crus
dÕAlsace
LA PUISSANCE
ET LE STYLE
120 crus dÕexception
Les grands vignerons
Les vins accessibles POMEROL
Le vignoble
Le business bordelais
du vin dans les à découvrir
R. Grman

stations de ski
D. R.

48 72
LE MEILLEUR
DU BIO Photo de couverture :
Nos trouvailles
au salon de Aimery Chemin Domaine à la loupe : le Redécouvrez
IKSMH=^U[ZU\:??a@a@pp@@tt@@ii@@aa";";

Montpellier
M 08279 - 598 - F: 6,50 E - RD
M 08279 - 598 - F: 6,50 E - RD

Stylisme : Chae Rin Vincent

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TROPHÉES DU VIN

LES HOMMES DE LÕANNEE 2016

Aubert de Villaine, Pierre Cheval, Louis-Benjamin Dagueneau rŽcompensŽs
Ski : Nordica Roc des Anges (Roussillon) les muscadets !

LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 7

 A ctualités GRAND ENTRETIEN
JEAN-CLAUDE ELLENA
LE NEZ D’HERMÈS PARLE DU VIN
Malle, Van Cleef & Arpels, Hermès… Il a créé les plus grands
classiques de la parfumerie française. Cet expert des fragrances
nous dévoile les complémentarités entre parfums et vins.
Propos recueillis par Gersende Rambourg, photos de Léo-Paul Ridet
La Revue du vin de France : Votre odorat a été formé très
tôt par votre père, parfumeur à Grasse. Sentir le vin
avant de le boire, un premier plaisir ?
Jean-Claude Ellena : Mon père nous invitait, mon frère et moi,
à sentir chaque aliment avant de manger ou boire. Ce n’était pas
grand-chose, mais il y avait le plaisir de respirer, réfléchir un peu et
non engloutir. Il nous invitait à une pause, même courte, pour
savourer. J’ai fait la même chose avec mes enfants, qui font de même
avec leurs propres enfants. Comme une convention familiale, une
sorte de religion de la pause avant de manger. C’est une démarche
esthétique. Rien de tel pour acquérir les premières bases olfactives
d’un parfumeur. Là, c’est le goût du brûlé, du sucré, de l’amer. On
en comprend toute la subtilité et l’utilité plus tard. Mon petit-fils
qui a 19 ans se fait un plaisir, pour draguer les filles, de montrer
comment il sait goûter et parler de ce qu’il déguste. C’est un argu-
ment, un bon hameçon, je te serre par le plaisir des sens !
La RVF : Votre première expérience du vin ?
J.-C. E. : Je ne suis pas un spécialiste. Mes parents, mes grands-
parents avaient pour habitude, dès qu’on avait 7 ou 8 ans, de nous
faire goûter un peu de vin. C’était pour nous, enfants, une façon
d’aborder le plaisir de l’interdit. Plus tard, vers une vingtaine d’an-
“
nées, j’ai pu fréquenter des adultes plutôt fortunés qui débouchaient
Quand j’ai créé In Love Again, je voulais
la verdeur et le fruité d’un sancerre
8 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598
de belles bouteilles. Je me souviens avoir bu un Cheval Blanc 1947
– l’année de ma naissance – à Genève. Ah ! je l’ai encore en tête.
Puis cela a été une succession de découvertes, souvent grâce à des
amateurs qui m’ont invité à partager le goût du vin.
La RVF : Quelles sont les différences entre le parfum
et le nez d’un vin ?
J.-C. E. : J’ai deux secondes pour séduire la personne qui va se
parfumer. Le vin, on peut le tourner dans le verre, il y a un rituel,
on peut l’approcher en plusieurs temps ; il y a une démarche éro-
tique qui me paraît plus intéressante. L’autre différence, c’est le
partage. On ne partage pas son eau de toilette, on partage une
bouteille de vin. Ce n’est pas la même dialectique. Nous échan-
geons des mots sur un vin que nous partageons, qui nous unit. Le
grand plaisir du vin, c’est ça. On se différencie aussi sur la com-
plexité. Dans le vin, l’homme se rajoute au goût. Le raisin, si je
l’analyse, c’est de l’ordre de 300 à 400 molécules. Travaillé par
l’homme, quand il devient vin de garde, il passe à 1 800 molé-
cules. L’homme s’est rajouté à la nature, lui a donné sa richesse, sa
complexité, son humanité.
La RVF : C’est donc tellement différent dans le parfum ?
J.-C. E. : En tant que parfumeur, à l’inverse, je cherche à simpli-
fier, travailler avec seulement une vingtaine ou une trentaine de
Fiche d’identité
Prénom : Jean-Claude.
Nom : Ellena.
Né le : 7 avril 1947.
Profession : parfumeur
exclusif de la maison Hermès
depuis 2004, créateur de
classiques de la parfumerie
comme First de Van Cleef &
Arpels, Déclaration de Cartier,
mais aussi Terre d’Hermès
et Un Jardin sur le Nil pour
Hermès. Il vit et travaille sur
les hauteurs de Grasse.
Signes particuliers :
ce “nez” a développé une
capacité hors du commun
pour reconnaître et analyser
les odeurs, les mémoriser de
façon précise pour s’en servir
dans ses compositions.
« La parfumerie, comme tous
les métiers d’art, a pour objet
de créer des produits dont
la finalité est avant tout
le plaisir des sens », dit
ce “maraudeur d’odeurs”,
auteur du Que sais-je ?
sur le parfum, du Journal
d’un parfumeur et du roman
La Note verte.
Ses plus beaux vins :
Château Pavie 1999,
Château Beaucastel blanc
2002, chambolle-musigny
1er cru 1992 de Faiveley.

ÉDUCATION.
Fils de parfumeur,
ce Grassois est né
dans le parfum, comme
d’autres naissent dans
le vin ! Son père l’invitait
enfant à sentir chaque
aliment avant de
manger ou de boire.
Et à y penser un instant.
 LA LANGUE DU VIN.
Le “nez” d’Hermès le reconnaît :

“
il tord le cou à la nature pour lui
faire dire ce qu’il a envie qu’elle
dise. Pas le vigneron !

Les vins trop boisés,

”
c’est “je t’aime” en boucle
composants, en recherchant ce que j’ai envie de faire raconter à
ce parfum-là. Le vigneron magnifie ce que la nature a fait ; moi,
je tords le cou à la nature pour lui faire dire ce que j’ai envie qu’elle
dise. Si rose tu es, demain je ne veux plus que tu sentes la rose,
je veux te faire exprimer autre chose. Je suis un vrai dictateur. Une
rose, c’est aussi 300 ou 400 molécules. Je peux les réduire à deux
ou trois, ce que j’appelle l’archétype de l’odeur de rose ; ensuite,
je fais une rose thé, une rose framboise, une rose prune… La
nature joue, elle peut se jouer de nous, à moi de me jouer de la
nature. C’est ludique.
La  RVF  : Aimeriez-vous que l’on parle du parfum
comme on parle du vin ?
J.-C. E. : Les viticulteurs, les sommeliers parlent du vin. Soit en
abordant les senteurs, « c’est fruité, boisé, un peu épicé, un peu
vanillé… » ; soit en parlant du terroir, de l’homme qui est derrière,
des cépages, des sols… Dans tous les cas, quelle merveille des mer-
veilles ! Je te fais rentrer dans le vin, j’attire ton attention sur ce que
tu vas boire et ce qu’il y a derrière. J’applaudis, c’est une belle réus-
site. Ça ne peut qu’améliorer le vin parce que les artisans du vin
doivent être à la hauteur du discours que l’on tient. En France, on
parle du vin comme on ne sait pas le faire pour le parfum. La plu-
part du temps, les vendeurs de parfum me désespèrent : « Vous vou-
lez un masculin, un féminin, voilà. Ah ça, c’est le dernier, il marche
plutôt bien ». Ça ne fait pas rêver.
La  RVF  : Pourtant, vin et parfum partagent cette
notion : le plaisir qu’ils procurent est décuplé par une
part de rêve, d’imaginaire. Et un parfum évolue sur la t’aime” en boucle. C’est une séduction immédiate, facile qui fait
peau comme un vin évolue au cours du repas… qu’aujourd’hui – mais c’est peut-être aussi parce que je vieillis – je
J.-C. E. : Je vais vous faire mon petit discours anti-Parker (rires). m’intéresse plus aux bourgognes qu’aux bordeaux. J’y trouve beau-
Le problème des vins où l’on a poussé la note de bois de chêne, coup plus de diversité, il y a des choses qui surprennent. À nouveau,
très caramels, fruits secs, c’est qu’ils ont créé un stéréotype gustatif. le vin raconte une histoire, c’est ce que nous cherchons tous. Et
Cela donne un laïus lancinant, répétitif, comme s’entendre dire “je cette histoire, on peut ensuite la raconter et l’on entre de nouveau
dans l’échange. Les bons conteurs sont les bons séducteurs.
La RVF : Et les mots ? Les fruits à noyau, la violette, la
pierre à fusil évoqués par les dégustateurs se tra-
duisent-ils dans votre terminologie de “nez” ?
J.-C. E. : Chez les praticiens du vin, les comparaisons se font tou-
jours avec la nature, élément de référence, puisqu’il est issu du rai-
sin. En parfum, la palette des sensations est beaucoup plus ouverte.
On introduit d’autres mots. On parle d’une odeur dure ou souple,
râpeuse, une odeur montante ou molle, on est dans le vocabulaire
de la sensation et, la plupart du temps, dans celui du toucher. Si
je me contente de dire un fleuri mimosa, ce n’est pas terrible. Mais
si je dis : « J’ai créé un mimosa, mais j’ai cherché le poudré, la texture,
FRAGRANCES. le côté soyeux, la légèreté », d’un seul coup, je rajoute la sensation et
La collection Jardins je décris autre chose que la fleur, je la décris dans son aspect visuel,
(Un Jardin sur le toit,
Un Jardin après la mousson…)
tactile. Si je peux transcrire ces aspects dans un parfum, je lui ajoute
créée par Jean-Claude Ellena de la valeur. Dans le vin, on peut avoir des jus durs ou souples et
est un immense succès d’autres qualificatifs, mais il n’y a pas le champ lexical du parfum.
de la maison Hermès.

LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 11

 G rand entretien JEAN-CLAUDE ELLENA
Il y a des choses à faire de ce côté-là dans les écoles de formation.
Ce n’est pas mon domaine, mais j’ai envie de dire : allez un peu
plus loin. Allez travailler sur les sens pour la bonne raison que la
bouche, le palais, sont pour moi la cathédrale des sens. Le nez
limite dans la sensation, mais pas le palais : chaleur, froid, toucher,
l’œil a fait le reste auparavant, tout est prêt, je peux aborder tous
les sens. Alors que souvent, on se contente de la vision, on parle
de la couleur, de la transparence du vin, et de son goût.
La RVF : Au quotidien, vous décomposez sans cesse les
odeurs rencontrées. Le faites-vous aussi pour le vin ?
J.-C. E. : J’essaie de m’en passer et de redevenir un humain nor-
mal, qui ne fait pas étalage de ses connaissances. La raison est
simple : j’aimerais retrouver le plaisir amoureux, au sens de Barthes,
je tombe amoureux sans savoir pourquoi. Quand je vois les gens
en boutique prendre du plaisir ou du déplaisir, ça arrive, je leur
envie ce choc émotionnel. En tant que parfumeur, je ne connais
plus ça, je suis trop dans la connaissance. Dès que je sens un par-
fum, il part en analyse. Mais avec le vin, c’est possible. Si l’on me
demande de décrire le vin, je feins de ne rien y connaître, sinon
ça me ramène trop à mon métier. Mais je prends plaisir à parler
avec les sommeliers, à écouter l’histoire, les caractéristiques du vin
qu’ils me présentent. De temps en temps, je me permets de sug-
gérer : « Vous pourriez rajouter ça ».
La RVF : Le vin est-il source d’inspiration ?
J.-C. E. : J’évoquais ma lassitude face à l’uniformité de nombre
de bordeaux. Il y a de très beaux vins, bien charpentés, bien fou-
tus, mais je n’aime pas les choses carrées. C’est la surprise qui
m’intéresse. Par rapport à mon métier, si un vin engendre chez
moi une surprise gustative et olfactive, cela peut induire quelque
chose plus tard. Quand j’ai créé In Love Again pour Saint-Laurent,
je voulais que l’entrée soit de la même verdeur, ait le même côté
fruité qu’un sancerre. Je m’y suis attaché, il fallait qu’il y ait des
effets de rosés, de fruité groseille, framboise et puis le cassis, propre
au sancerre. Je voulais cette vivacité, cette entrée en matière, je
t’accroche comme ça, comme l’attaque d’un sancerre.
La RVF : Blanc ou rouge ?
J.-C. E. : Les blancs présentent le grand avantage de moins décevoir.
L’EMPIRE DES ODEURS.
Selon Jean-Claude Ellena,
certaines notes animales,
civette, peuvent apporter
de la chaleur au vin.
12 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598
“
Les vins offrent des
moments d’érotisme
”
Cela peut être de très grands vins, j’ai en mémoire de merveilleux
châteauneufs blancs de chez Perrin (château de Beaucastel, ndlr) ;
là, l’histoire se prolonge, la longueur est parfaite… Ou des petits
vins blancs pleins de surprise. Sur le rouge, on peut être déçu, sur
un mode « Ah, ce n’est que ça ». On en attend plus.
La RVF : Et le champagne ?
J.-C. E. : J’ai mené une expérience amusante il y a quelques années.
Un quotidien m’avait demandé de faire une dégustation à l’aveugle
pour Noël. « Je n’y connais rien ! », ai-je protesté. C’est justement
ce qui les intéressait. Je me suis retrouvé face à des bouteilles che-
misées dans le salon d’un hôtel parisien et j’en ai goûté une quin-
zaine. Les grandes marques, je les ai toutes écartées. Il restait
quelques bouteilles, que je trouvais merveilleuses, des champagnes
de vignerons. Les autres étaient trop linéaires, avec toujours la même
histoire, on s’y ennuyait. C’était seulement des bulles fraîches.
La RVF : En vin, il y a parfois des notes animales, ter-
reuses. Les œnologues évoquent la sueur de cheval
ou la fourrure mouillée. Y-a-t-il en parfum cette notion
de “mauvaise odeur” qui peut être plaisante ?
J.-C. E. : Ce que nous pensons désagréable n’est en fait que le
reflet de notre propre animalité. Les odeurs scatologiques, de
sueur, les odeurs de notre peau, de notre corps, on voudrait s’en
débarrasser parce qu’elles sont liées à notre mortalité. En tant
que parfumeur, je revendique cela : il faut prendre conscience de
notre animalité, l’accepter. Un côté animal, ou civette, apporte
une chaleur au vin. En juin, j’ai emmené un groupe dans des
champs de lavande. Et puis j’ai aperçu de la sauge sclarée, une
composante de parfum qui sent la sueur humaine. J’aime ce test.
Ils sont descendus dans le champ, la moitié est remontée aussi-
tôt. « Pouah ! ça sent le sportif », disait l’un d’eux. Prendre
conscience de l’odeur de son corps est d’autant plus important
que c’est un élément déterminant dans la relation amoureuse. Je
suis avec toi parce que ton odeur me plaît. Pas ton parfum, qui
est un artifice, mais ton odeur à toi.
La RVF : Un vin peut-il avoir des vertus aphrodisiaques ?
J.-C. E. : Je suppose que oui. Ma grand-mère m’emmenait dans
des champs de jasmin, en juillet. J’avais 12 ou 14 ans. Les cueil-
leuses étaient des jeunes femmes. Ce mélange jasmin et sueur,
émanant de ces jolies filles, était drôlement érotique. Dans le vin,
il y a les vendanges, le plaisir de ce foulage commun, des paniers
qu’on vide, la joie du partage. Je suppose qu’il y a des moments
forts d’érotisme.
La RVF : Qu’est-ce qui est unique dans le vin ?
J.-C. E. : Derrière chaque bouteille, il y a un homme et la nature.
C’est ça qui est intéressant. Au Chili, j’ai visité un vignoble où
tout est commandé par ordinateur, y compris l’arrosage ! J’ai goûté
le vin, bien fait. Il n’avait rien à dire. ◼
- Illus. : F. Poulain & B. Mayerberger/L’un&l’autre

“Aimer le vin,
c’est aussi avoir
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de raison.”
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En primeur
ÉVÉNEMENTS, NOUVELLES, ANALYSES DE FRANCE ET D’AILLEURS À PARTAGER ENTRE AMOUREUX DU VIN

Vente de vignes :
l’oracle d’un
banquier du vin
Le banquier-vigneron Jean-Luc Coupet annonce
un redémarrage des rachats de propriétés dans les
deux ans qui viennent. Ses prévisions en exclusivité.

L
es cessions de domaines
viticoles vont reprendre
et augmenter : voilà le
constat de Jean-Luc
Coupet, associé-fondateur du
cabinet Wine Bankers et par ail-
leurs copropriétaire dans le
Roussillon (domaine de Vénus,
lire page 20) et en Bourgogne
(domaine Seguin-Manuel).
Le prix du foncier va
redécoller à Bordeaux
« Une phase haussière du
prix des transactions va inter-
venir fin 2017, début 2018. À
Bordeaux, le prix des propriétés
est en effet impacté par l’évolu-
Vigneron en Bourgogne et dans le
tion du cours des vins en pri- Roussillon, Jean-Luc Coupet pronostique
meur. Or, après plusieurs années une reprise des transactions.
médiocres, le millésime 2015 est

Cet ancien de la Compagnie
Financière Edmond de
Rothschild et d’UBS sait de quoi
il parle : il vient de piloter la ces-
sion du château La Dauphine
(Fronsac) à Jean-Claude
Labrune, fondateur de Cegedim.
« On nous propose ces temps-
ci deux missions par semaine »,
précise-t-il. Il s’agit de proprié-
tés qui veulent réorganiser ou
augmenter leur capital, de rap-
prochements industriels, de
regroupement de maisons de
négoce. Son analyse en cinq
points-clés.
annoncé comme une grande
année. Le vin sera vendu plus
cher en 2016 et passera dans les
comptes des propriétés début
2017. Cette perspective d’une
hausse de la rentabilité et du
résultat incitera certains pro-
priétaires à vendre au meilleur
moment, au sommet de la
vague. »
Où faut-il investir
à Bordeaux ?
« Pauillac et Saint-Julien
restent intouchables, le prix de
l’hectare est astronomique, la
Les alliances propriétés
et négoce sont l’avenir
en Bourgogne.
perspective de retour sur investisse-
ment faible. Margaux est juste en
dessous. Mais il reste des opportu-
nités “rentables” à Saint-Estèphe,
dans les jolis crus bourgeois, à
Pomerol, voire à Saint-Émilion. »
Le cas sensible
des acquéreurs chinois :
D. R.
« Depuis cinq ans, les Chinois
ont acquis une centaine de pro-
priétés bordelaises, souvent vastes
(200 à 500 000 bouteilles par
an) à défaut d’être très connues
pour alimenter leur marché
domestique. Mais on risque de
voir les premières reventes de
domaines d’ici peu. En effet, en
Chine, la consommation de vin
augmente moins vite que prévu.
Certains de ces investisseurs
chinois n’ont pas réussi à installer
leur réseau de vente en Asie,
beaucoup n’ont pas vendu une

C’est, en millions de bouteilles, la production totale de rosé d’IGP d’Oc en 2014.

LE CHIFFRE DE
JÉRÔME BAUDOUIN 227 En comparaison, la Provence n’en a produit “que” 159 millions d’unités.
Le Languedoc reste la première région de production de rosé en volume.

14 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598


bouteille ! Le plan de lutte contre
la corruption, la fin des cadeaux
a pesé sur les affaires. Et puis, la
production de vin chinois aug-
mente très rapidement, la
concurrence devient rude. »
La Bourgogne
menacée de surchauffe :
«Leur succès est univer-
sel, mais les problèmes de suc-
cession s’accumulent pour les
producteurs de Bourgogne. Les
prix de la vigne ont beaucoup
monté, il y a un risque de bulle.
On explique aux petits action-
naires que tout vaut très cher
mais, dans le même temps, le
vignoble ne leur rapporte rien.
Les volumes produits restent
faibles, les gérants consacrent
les bénéfices à financer le stoc-
kage, les droits de fermage…
Pour beaucoup de familles, la
gestion des coûts de transmis-
sion devient un casse-tête, avec
un ISF confiscatoire. Les affaires
pluri-générationnelles au capi-
tal éclaté sont donc fragilisées.
Certaines familles ne pourront
pas rester aux commandes. Il y
a un besoin d’alliances, notam-
ment entre propriété et négoce,
car tout le monde réclame des
bouteilles. »
Et les autres régions ?
« Les Bourguignons vont
continuer à investir dans le Jura
mais se tourneront demain vers
l’Alsace, c’est plus cohérent, il y
a une logique commune dans la
façon de penser, l’approche des
terroirs, le climat. L’Alsace verra
arriver d’autres non Alsaciens,
des Bourguignons donc, mais
aussi des Champenois, des
Rhodaniens. Le Beaujolais doit
continuer à valoriser ses crus
vedettes, Morgon, Moulin-à-
Vent, Fleurie, Brouilly. Je sens
venir l’heure du Mâconnais, le
travail des Guffens, Laffon ou de
la maison Ferret paient. »
■ Propos recueillis par
Denis Saverot
BIBO VINO
Ils ont inventé le
Bag-in-Box grand cru !
Cinq copains entrepreneurs lancent les Bag-in-Box
de grands vins bio. Ils veulent ouvrir 100 magasins.
De gauche à droite : Bruno Quenioux, Bruno Sutter, Olivier Baussan, Michel Gillet
et Frantz Roesch, cinq copains à l’origine d’un concept né en 2013, à Paris.
I
ls ont ouvert une ving-
taine de boutiques et
visent la centaine en
France comme à l’étran-
ger. Les magasins BiboVino
veulent révolutionner la dis-
tribution de vin en misant sur
un seul contenant, le Bag-In-
Box, mais avec des vins haut
de gamme. Et ça plaît : les fon-
dateurs viennent de lever des
fonds à hauteur d’un million
d’euros.
Un concept osé
Né en 2013, ce concept
osé mise ce qui dans l’esprit
de beaucoup reste synonyme
de “piquette” : une poche en
plastique souple dotée d’un
robinet dans une boîte en car-
ton. « C’est vrai, il y a encore
beaucoup d’a priori, reconnaît
Frantz Roesch, ex-publicitaire
et créateur d’Uccoar (loueur de
voitures). Mais tout dépend de ce
que l’on met dedans ! »
D. R.
L’offre : une collection d’une
trentaine de vins sélectionnée
par Bruno Quenioux, ex-ache-
teur vins des Galeries Lafayette.
Des cuvées issues de l’agriculture
raisonnée voire souvent bio.
Associé à l’aventure, Olivier
Baussan, créateur de la marque
de cosmétiques L’Occitane, et
Michel Gillet, galeriste et pro-
ducteur de cinéma. Dans chaque
magasin (environ 30 m2), on
peut goûter les vins au verre
(4 euros). Les vins de Jean-Paul
Brun, de Laurence et Stéphane
Dupuch ou de Michel Raynaud
y sont déjà (30 ou 40 euros les
deux ou trois litres).
Malin alors que le Bag-in-
Box cartonne déjà en hypers
(33 % des ventes en volume).
Ses avantages ? Le vin peut être
conservé cinquante jours après
ouverture, un moindre encom-
brement, des prix 20 % moins
élevés… Une bonne idée, non ?
■ Hakim Bendaoud
EN PRIMEUR
THERMOBRÈVES
Changements
de mains à Bandol
La famille Santini, du domaine
du Paternel (Cassis), rachète le
domaine Sorin. Michel Bronzo
(La Bastide Blanche) s’offre le
château des Baumelles, 10 ha
qu’il cultivait en fermage depuis
1999. Enfin, la famille Rouzaud
(Rœderer, Ott) vise, dit-on,
le domaine de la Laidière
à Sainte-Anne-d’Évenos. 
Le prince de Monaco
chez iDealwine
À défaut d’accueillir sur
le Rocher les 40 000 flacons
du collectionneur Michel-Jack
Chasseuil, Albert II s’est rendu
au siège d’iDealwine à
Colombes, près de Paris, pour
y déguster des vins biodyna-
miques. Pour sa femme
Charlène, il a craqué pour
les Vins d’Orrance, produits
en Afrique-du-Sud par le
Français Christophe Durand.
Dominique Lafon couve
les jeunes pousses
Le célèbre vigneron de
Meursault (domaine des
Comtes Lafon) et son ami
Pierre Meurgey créent en
Bourgogne une « pouponnière
viticole » : 1 200 m2 de caves
du château de Bligny-lès-
Beaune accueilleront une
dizaine de néo-négociants
bénéficiant de matériels
mutualisés. Jane Eyre, jeune
négociante de Beaune, y a
posé ses premières pièces.
Les négociants inquiets
« Le vin français recule dans le
monde ! » Tel est le cri d’alarme
lancé à contre-courant (lire
aussi p. 115) par le syndicat
des négociants, l’UMVIN
présidé par Michel Chapoutier.
« Le marché mondial a doublé
en valeur en 30 ans, les parts
de marché des vins français
ont fait l’inverse », constate
l’UMVIN. La France recule
surtout sur les vins vendus
entre 3 et 7,50 € (50 % du
marché mondial).
LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 15
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HORREUR ÉCONOMIQUE
Sauternes : la facture salée
va-t-elle faire capoter la LGV ?
Malgré la réélection d’Alain Rousset à la tête de la région, les opposants à la
ligne TGV Bordeaux-Toulouse-Dax espèrent encore sauver la rivière Ciron.
Grâce à ses eaux froides, la modeste rivière Ciron joue un rôle déterminant dans le développement du botrytis à Sauternes.
S
alué par les 180 vigne-
rons du Sauternais, le
millésime 2015 a aussi
sonné le branle-bas de
combat contre un projet de
ligne TGV à grande vitesse qui
menace de balafrer l’écosystème
hydraulique de la frêle rivière
Ciron, dont Sauternes et Barsac
tirent leurs arômes uniques.
La surprise a été grande, fin
septembre, quand le gouverne-
ment a autorisé la construction
de la ligne LGV-sud : ce projet
avait reçu en début d’année un
avis défavorable de la commis-
sion d’enquête publique.
À compter de 2024, ce
prolongement de la LGV
Atlantique doit rallier Paris à
Toulouse en 3 h 30, avec une
bifurcation vers Dax sur un
échangeur implanté en plein
milieu de la vallée dudit Ciron.
Fin 2015, les réactions pas-
sionnées ont fusé : « Notre
environnement, c’est notre appel-
lation ; comment les ministres
peuvent-ils détruire cela ? », a
interrogé Stéphane Wagrez
(château La Bouade), respon-
sable Barsac-Sauternes.
Défenseur du rail
Les accents jacobins de la
décision ont choqué. « C’est
comme implanter un échangeur
autoroutier dans le parc du châ-
teau de Versailles ! », s’étrangle
Gilles Savary, député (PS) de
Gironde.
Le hic, c’est que le président
(PS) réélu de la région Aquitaine,
Alain Rousset, est un incondi-
tionnel du ferroviaire. Décidé
à désenclaver Bordeaux, il sou-
tient le projet et jure qu’aucune
ligne de train n’a jamais consti-
tué un obstacle à l’équilibre
hydraulique d’un site naturel.
Alexandra Quenu, du
Syndicat mixte du bassin du
J. Baudouin
Ciron, affirme le contraire :
« Le tracé fait barrage à une tren-
taine de ruisseaux alimentant le
Ciron en eau froide. C’est le choc
thermique du Ciron froid avec
la Garonne qui crée ces fameuses
brumes du Sauternais ».
Addition salée
Et le franchissement par via-
duc en trois points de la rivière ?
« Cela signifie déboiser et décais-
ser les terres, qu’on ne nous dise
pas que cela ne va pas tout ébran-
ler ! », s’insurge la spécialiste.
« Notre chance, c’est peut-
être que le projet coûtera trop
cher pour être entrepris », espère
un ponte de l’Organisme de
défense des Sauternes-Barsac.
À 25 millions d’euros mini-
mum le kilomètre, le finance-
ment sera en effet un obstacle
plus raide qu’une poignée de
vignerons et leur vin fétiche.
■ Benoist Simmat
EN PRIMEUR
THERMOBRÈVES
Faiveley s’offre deux
ouvrées de Musigny
La maison Faiveley (Nuits-
Saint-Georges) a acquis deux
ouvrées de Musigny (1/23e
d’hectare) au prix faramineux
de 2 millions d’euros l’ouvrée.
Déjà producteur d’une feuillette
(petit tonneau de 114 litres,
soit 150 bouteilles) de
Musigny, Faiveley produira
désormais 500 bouteilles
du légendaire Grand cru.
Reste à savoir à quel prix…
Piémont : Conterno
pousse le bouchon
À Monforte d’Alba, dans
le Barolo (Italie), le grand
vigneron piémontais Roberto
Conterno a inauguré une
incroyable embouteilleuse. Via
une caméra, cette dernière
sélectionne automatiquement
la face du bouchon qui va
se trouver au contact du vin,
ne retenant que la plus lisse
pour éviter les goûts de bou-
chon. Tout cela au rythme de
3 700 bouteilles par heure.
Tutiac et Angélus :
la fausse note
Les étiquettes des nouvelles
cuvées de la cave de Tutiac
(Blayais) échauffent certaines
oreilles à Saint-Émilion. La
cuvée Verdot est ainsi illustrée
par une cloche qui ressemble
beaucoup à celle d’Angélus.
La famille de Boüard,
propriétaire d’Angélus a écrit
à Stéphane Héraud, président
de la cave, pour qu’il mette
en sourdine !
La comète Halley
fonce sur Chablis
Olivier Halley (châteaux
de Meursault et de Marsannay)
a racheté la maison de vins
Jean-Claude Fromont
(Ligny-le-Châtel), négociant
liquidé à l’été 2015 suite
à des accusations de fraude,
spécialiste des chablis, qui
produit aussi des vins de table.
LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 17
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DANS LA POCHE
THERMOBRÈVES

La Bourgogne sur Smartphone Rugby : le RC Toulon

joue La Martinette
Nouvelle recrue de poids au
légendaire RCT, le Rugby Club
Sylvain Pitiot décline son célèbre atlas des vins de Bourgogne en “appli” pour Toulonnais : Alexei Dmitriev,
iPhone, iPad et bientôt Androïd. Un outil numérique très utile et efficace. directeur du château
La Martinette, a signé pour

S
on livre, Les Vins de sera développée cette année. les crus et les lieux-dits bour- approvisionner en vins les
Bourgogne, était déjà ClimaVinea – c’est son nom – guignons. Superficies, nombre réceptions et dîners au stade
reconnu par les ama- offre une multitude d’informa- de producteurs, caractéristiques Mayol. Nul doute que son très
teurs comme l’un des tions sur toutes les appellations, sont transmis sur votre appa- chic rosé arrosera aussi les
troisièmes mi-temps du club.
meilleurs outils pour reil, de même qu’une sélec-
comprendre et décorti- tion des meilleurs vignerons Gérard Perse : après
quer cette région pour le reconnus par les critiques du le vin, l’huile d’olive
moins complexe avec ses monde entier. Point fort de Propriétaire du château Pavie
1 551 “climats” désormais l’outil, la géolocalisation et à Saint-Émilion, Gérard Perse
reconnus par l’Unesco. les cartes qui permettent, vient d’acheter dix hectares
Associé à un investisseur où que l’on se trouve en d’oliviers à Mouriès, près des
passionné de vin, Pierre Bourgogne, de tout savoir Baux-de-Provence, dans le
Cohen-Tanugi, Sylvain sur les parcelles qui nous sud des Alpilles. Il rejoint ainsi
Pitiot le décline depuis entourent. Une “appli” pro- une autre personnalité célèbre
D. R.

peu sous la forme d’une
application pour iPhone
et iPad. La version Androïd
posée à 24,99 € et garantie
Avec cette “appli”, pénétrez sans crainte sans aucune publicité.
le labyrinthe bourguignon. ■ Olivier Poels
qui produit son huile d’olive
dans le secteur : un certain
Charles Aznavour.
La Vie en Rose :
un nouveau rosé signé

L’inoxydable Percée du vin jaune Valérie Rousselle

Hasard de l’actualité ? Valérie
Rousselle, propriétaire du
château Roubine aux célèbres
La célébration hivernale du grand vin du Jura fête ses vingt ans. Associée à yeux verts veut développer
l’événement, La RVF y organise une dégustation de bouteilles exceptionnelles. La Vie en Rose, marque
désormais déposée en France,
aux États-Unis et en Asie.

C
ette sympathique spectacle, la perce (l’ouver-
Après avoir lancé une cuvée
manifestation de ture) du tonneau du millé- de rosé, elle prépare pour l’été
village lancée sime 2009, très attendue. 2016 un nouveau rosé
dans au milieu La RVF s’associe à l’évé- effervescent qui sera vendu
des années 90 à Lons-le- nement via une dégustation sous ce nom 15 € pièce.
Saunier (Jura) est devenue de vins jaunes de prestige
une grande manifestation animée par notre compère Henri Parent : P comme
D. R.

populaire nationale. La procession des Ambassadeurs des vins jaunes. Raoul Salama en présence Pomerol et... Porsche
La vingtième Percée du vin des enjoués Ambassadeurs des Henri Parent, propriétaire
jaune, qui se déroule chaque le clavelin (62 cl), afin d’être vins jaunes. Tous à Lons les 6 et des châteaux Le Gay,
premier week-end de février, dégusté un jour lointain, 7 février ! ■ B. S. La Violette (Pomerol) et Linda
Flor en Argentine, a ouvert un
devrait voir quelques dizaines de puisqu’il s’agit là d’un breuvage
musée Porsche dans son
milliers d’amateurs converger pouvant traverser le temps. Dates : samedi 6 et dimanche auberge du Pays basque,
vers les montagnes jurassiennes Cette année, c’est le vigneron 7 février, à Lons-le-Saunier. Ostapé, où l’on peut admirer
afin de participer aux célébra- Jean-Yves Vapillon qui préside Tarif : 14 € (accès au site, verre plusieurs véhicules de sa
tions de ce vin pour le moins les festivités : dégustations dans gravé, 10 tickets dégustation). collection personnelle. Les
particulier : un jus de savagnin les caveaux des producteurs, Dégustation de vins jaunes de porschistes y seront bien
élevé en fût six ans et trois mois, ventes aux enchères de vieux prestige avec La RVF : samedi entendu reçus en clients
sans ouillage ni soutirage, puis millésimes, concours de cuisine, à 15 h, Espace Galilée (20 €). privilégiés, avec tous les
Inscription : info@vinalys.com égards dus à leur rang !
logé en son contenant réservé, gala festif, etc. Clou du

LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 19

 A ctualités
THERMOBRÈVES
Roussillon : VŽnus
aime le Romarin
Le banquier vigneron
Jean-Luc Coupet (lire p. 14)
et ses associés du domaine
de Vénus, dans le Roussillon,
prennent les commandes du
Clos du Romarin, propriété
de la famille Pujol, à Saint-
Paul-de-Fenouillet et Maury.
Les propriétés contrôlées par
Coupet produisent désormais
75 000 bouteilles par an.

Un club Ògentlemen

A. Bertrand
du vinÓ ˆ Paris François Normant et Philippe Franchois (à d.) posent devant leurs vignes du Clos des Baobabs.
Le Club français du vin veut
devenir un « club à l’anglaise ».
Somptueusement installé
rue Vivienne (IIe), le “vépéciste”
relooké par le groupe Advini
y propose toujours plus de
Le vin au Sénégal, quel défi !
Au sud-est de Dakar, deux Français toqués de vin se lancent dans la viticulture.
services : expédition de vins,

C
stockage pour les entreprises,
bouteilles personnalisées,
visites en Vélib des spots vin
de la capitale, etc.
Duclot dŽmŽnage
au centre de Bordeaux
C’est la fierté d’Ariane Khaida,
la nouvelle directrice générale
du groupe Duclot (propriétaire
de Pétrus). Dans un peu plus
d’un an, le négociant et vendeur
de vin en ligne (chateauprimeur.
com) inaugurera son nouveau
siège au cœur de Bordeaux,
face à la cathédrale et au
palais de Justice, profitant
ainsi du boom œnotouristique
de la capitale girondine.
Le ch‰teau de Gevrey
ˆ nouveau en vente
Son acquisition en août 2012
par un richissime propriétaire
de salles de jeux à Macao avait
fait grand bruit. Le château de
Gevrey-Chambertin et ses 2,3 ha
de vignes sont à nouveau à
vendre. Louis Ng Chi Sing aurait
de sérieux problèmes fiscaux,
victime de la grande opération
anti-corruption menée par
les autorités chinoises.
D. R.
’est un décor inédit. Philippe Franchois. Ainsi, sur produites, issues à 100 % de
Au bout d’un che- les 5 000 pieds plantés, issus grenache. « Des vins prometteurs
min ensablé, une de cinq cépages différents, seul avec un bel équilibre », assure
garde de baobabs le grenache et un peu la syrah Jean-Marie Mikalef, œno-
séculaires veille sur de jeunes ont été concluants. De nou- logue depuis 25 ans à Dakar,
rangs de vignes. Bienvenue au veaux cépages vont être testés. en charge des vinifications. Le
Clos des Baobabs, sur la Petite rosé affiche des notes de pêche
Côte, à 60 kilomètres au sud-est Deux vendanges par an et de fruits tropicaux, le rouge
de Dakar. François Normant, Produire du vin ici est autant des arômes puissants de datte
ingénieur informatique arrivé un défi culturel – le Sénégal (en toute logique...), de pru-
au Sénégal en 2007, et Philippe compte 95 % de musulmans – neau mais aussi de fruits rouges.
Franchois, ex-assureur né il y a qu’un tour de passe-passe face Si la vigne progresse en
63 ans à Dakar, se sont lancés à la météo. « Ici, la vigne pousse Afrique orientale et australe,
dans une drôle d’aventure. en continu, il n’y a pas de saisons l’Afrique de l’Ouest reste un
Sur leurs 12 hectares, seul marquées, on réalise deux ven- terrain à défricher. « Le poten-
un hectare est pour l’heure danges par an, souligne François tiel est là », confirme Mokhsine
exploité… et irrigué grâce Normant. La clé consiste à maî- Diouf, œnologue sénégalais.
à un puits qui plonge à triser le cycle végétatif sans calquer Et les prix ? Comptez près
200 mètres de profondeur. le modèle des climats tempérés. » de 7 000 francs CFA la bou-
« Nous avançons en marchant. Quelques centaines de teille, soit 10 euros. Objectif :
Nous avons les questions, pas bouteilles (80 % de rouges, le marché sénégalais.
toutes les réponses », reconnaît 20 % de rosés) ont déjà été ■ Arnaud Bertrand
L’INDISPENSABLE D’ADELINE DE FABIANI
Seau chic… et made in France !
Bleu, vert, blanc, mauve, nacré… Impossible de résister aux couleurs des seaux SösSÖ
(l’orthographe officielle de la marque) en étain massif créés par l’Orfèvrerie d’Anjou.
Ce n’est pas parce que les fêtes sont passées que l’on doit arrêter le champagne !
Prix : 490 €. Contact : 01 47 04 59 28. Site : lessisrare.fr

20 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598

PUBLI-INFORMATION
 A ctualités
THERMOBRÈVES
Charles Chevallier
ambassadeur de Lafite
Longtemps directeur technique
du château Lafite Rothschild,
Charles Chevallier est devenu
depuis le 1er janvier ambassa-
deur à l’international et auprès
des grandes écoles des
châteaux Lafite, L’Évangile,
Duhart-Milon et Rieussec.
Éric Kohler (ex-domaine
d’Aussières en Languedoc)
lui succède à la technique.
Chevignard impérial à
la Confrérie du Tastevin
De l’avis général, la prestation
de Louis-Marc Chevignard
(1950), grand connétable
de la Confrérie des Chevaliers
du Tastevin, fut brillante et
digne lors du chapitre
au Clos de Vougeot maintenu
le 14 novembre dernier,
au lendemain des attentats
de Paris. Du coup, le passage
de témoin à Arnaud Orsel, son
numéro deux et successeur
désigné, s’éloigne à nouveau.
Les Monmousseau
à Bouvet Ladubay
Le producteur historique de
vins de Loire et de Saumur
(très connu pour ses
effervescents) a été racheté
par la famille Monmousseau à
United Spirits, filiale indienne de
Diageo. Patrice Monmousseau
et sa fille Juliette sont aidés par
un consortium de banques
et d’investisseurs.
Bordeaux et Bourgogne
attaquent Caudalie
Une fois n’est pas coutume :
les Crus classés de 1855,
le syndicat de Saint-Émilion et
l’Interprofession bourguignonne
s’allient pour attaquer…
la marque Caudalie en justice.
Ils exigent la suppression de la
mention “premier cru” utilisée
selon eux de manière abusive
sur les pots de crème de la
marque, propriété des Cathiard.
22 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598
SOUFFLÉ BOUCHE
Chantal Thomass dessine
la bouteille de vin coquine
Chantal Thomass vient de créer une série
de bouteilles à double rang de perle pour
le verrier Verallia. Une nouvelle vie pour
un contenant longtemps transparent ?
C
hantal Thomass a
délaissé quelque
temps les dessous
chic pour… une
bouteille de vin. Mais pas
n’importe laquelle : Malice, de
la gamme Selective Line, signa-
ture haut de gamme du verrier
Verallia. Osé !
La créatrice de mode a en
effet taillé son crayon pour, pré-
cise-t-elle, « dessiner une jolie
bouteille que l’on n’aura pas
envie de jeter ». Le pro-
jet a démarré (lente-
ment) en 2014. Et, après
quelques voyages dans
l’usine Verallia d’Albi
pour vérifier les gravures
des moules et peaufiner
la fabrication, Malice
est désormais prête
à séduire les
viticulteurs.
Baie
des Perles
Premier à
avoir succombé,
le Languedocien
Gérard Bertrand,
aussi sensible au
contenu qu’au
contenant. N’a-t-il
pas lancé Côte des
Roses dans des bou-
teilles dont le “cul”
est en forme de rose
épanouie ? Gérard
Gérard Bertrand a craqué
Bertrand a choisi un pour la bouteille Malice.
premier modèle signé
par la brune styliste. Il
l’a rempli d’un langue-
doc blanc vinifié à partir
de grenache, vermentino
et clairette qu’il a baptisé
Baie des Perles. « La Baie
des Perles s’étend de l’étang
de Thau à Leucate, une
région reconnue pour ses
huîtres et son vignoble »,
Chantal Thomass : une initiative culottée.
détaille le viticulteur.
Un collier à
double rang de
perles s’est invité sur les
épaules charnues de la
bouteille Malice (voir ci-
contre). Ce vin “bijouté”
était en vente chez
Monoprix au moment
des fêtes de Noël.
Gérard Bertrand a
préempté un autre
modèle de bou-
teille orné cette
fois-ci d’un sage
col Claudine et de
boutons le long de
son dos.
Gros bonnet
Pe r l e s , c o l
Claudine, bou-
tons de nacre,
nœuds papillon,
motif capitonné…
On reconnaît le
coup de crayon de
Chantal Thomass
d’un simple coup
D. R.
d’œil. « Mon style est fait de fémi-
nité, de séduction et de liberté »,
détaille la créatrice qui a souvent
prêté son talent coquin pour
des éditions limitées de grandes
marques : canettes de Coca-Cola
Light, sucrettes Canderel, pou-
pées Barbie, etc.
La bouteille Malice et ses
multiples motifs « ont voca-
tion à durer », assure Catherine
Descourtieux. La directrice
commerciale et marketing de
Selective Line songe déjà à
enrichir sa gamme de bouteilles
avec celles tout juste dessinées
par un autre designer.
Et d’autres noms de créa-
teurs sont déjà pressentis pour
aider la bouteille à devenir plus
qu’un contenant lambda : un
objet de design, vecteur de
communication. L’idée d’un
gros bonnet de la lingerie était
en tout cas riche pour démarrer
une telle aventure.
■ Charlotte Stone
 MAISON
F. DUBECQ
Négociants à Bordeaux depuis 1980

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BOURGOGNE : DOMAINE DE VILLAINE, BORDEAUX : LES RÉVÉLATIONS

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L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ - À CONSOMMER AVEC MODÉRATION

 C ourrier
Bordeaux Bashing : une onde de choc
ressentie jusqu’aux États-Unis
Votre hors-série spécial Bordeaux piloté
par Jérôme Baudouin m’a transporté de
joie (Hors-série n° 29, décembre 2015). Je
l’ai présenté aux États-Unis au comité de
la Commanderie de Bordeaux. Nous aussi
nous efforçons d’aider Bordeaux à faire face
à ce triste “bashing”, malheureusement
perceptible dans de nombreux restaurants
de ce côté-ci de l’Atlantique.
Nous organisons chaque année une
compétition baptisée “Affordable
Bordeaux” (bordeaux abordables), au
cours de laquelle les représentants des
31 Commanderies de Bordeaux aux
États-Unis sélectionnent à l’aveugle
trois bordeaux rouges coûtant moins de
40 dollars. Nous offrons chaque année
deux voyages de dix jours à Bordeaux
aux jeunes sommeliers (les boursiers
sont choisis par le Court of Master
Sommeliers USA). Nous invitons un
sommelier local à chacun de nos dîners
du chapitre. Nous travaillons étroitement
avec la représentante du Conseil
interprofessionnel des vins de Bordeaux
à New York (Mary Gorman, Master of
Wine) chargée de promouvoir les vins de
Bordeaux en Amérique du Nord.
Et nous avons d’autres chantiers en cours :
dialoguer avec des jeunes sommeliers pour
leur expliquer pourquoi nous aimons
les bordeaux et aider les producteurs
bordelais artisanaux cités par Stéphane
La cuvée D 18 d’Olivier Pithon : quelle grande émotion !
D. R.
bouteilles de la cuvée La D18
Suite à votre dossier sur les du domaine Olivier Pithon
blancs du Roussillon (La RVF (en rupture de stock chez le
n° 596, novembre 2015), vigneron). Merci d’avoir mis en
24 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598
HORS BEST OF 2015
Les 280 meilleurs vins
français sélectionnés
BORDEAUX BASHING
SERIE par nos dégustateurs
Shopping
ENquêtES de Noël
Les plus beaux
Standardisation du goût :
Bordeaux est-il touché ?
objets du vin
à offrir Bordeaux :
Pourquoi les Français
boudent Bordeaux Les raisons d’un désamour
Haut-Brion
Les bordeaux bio :
mensonge ou réalité ? L’histoire de l’unique
premier cru classé
Le divorce serait-il consommé entre les vins de Bordeaux
et les amateurs français ? Quels sont les ressorts qui ani-
ment depuis quelques années ce bashing à l’encontre de
Stéphane
Derenoncourt
Le célèbre vinificateur
de Graves en 1855 Bordeaux ? Comment est-on arrivé à une telle fracture ?
Les causes sont multiples.
Par Jérôme Baudouin
s’engage en faveur
V
des bordeaux artisans
-15 %
eille des vendanges des crus classés de 1855 et proprié-
2015, dans le taire notamment du château Batailley à
TOUTES LES BONNES
Bordelais. Interrogés, Pauillac. Lui estime que cela commence à
les vignerons parlent peser sur la réputation de Bordeaux.
allègrement du millé- Voilà qui est dit. Mais à quoi correspond
J. Galland
sime « grandiose » qui exactement ce bashing dont Bordeaux
RAISONS D’AIMER
va entrer dans leurs caves, « des raisins serait victime ? Là est la difficulté. Pour
magnifiques », pour beaucoup. Mais, sur certains, ce ne sont que les propos de
un autre front, une crise couve. Là, les « quelques cavistes parisiens et de journa- EFFET DE MODE. Le restaurant vis-à-vis de leur marché... « C’est une les sommeliers de certains restaurants
Saturne, situé près du quartier crise insidieuse, non violente mais qui fait branchés qui non seulement se détour-
mots se font plus rares pour la décrire. listes bobos » ; pour d’autres, c’est le résul-
C’EST LA BAISSE de la Bourse, à Paris, ne propose
BORDEAUX
Difficile de la qualifier. Comme une tat de la dérive spéculative de certains que trois vins de Bordeaux
des dégâts profonds et à long terme », ana- neraient volontairement des vins de
maladie honteuse ou sans nom. Certains
l’ignorent, d’autres ne veulent pas pro-
crus classés qui laisse croire que Bordeaux
ne produit que des vins chers. DES VENTES à sa carte sur 600 références ! lyse Ariane Khaida, la directrice géné-
rale du groupe Duclot (propriété de la
Bordeaux, mais propageraient la mau-
vaise parole. À Paris, il suffit de se pro-
DE BORDEAUX DANS
3’:HIKLLE=XU]ZUW:?k@a@c@t@f";
noncer ce mot. Comme si le dire, c’était En réalité, le Bordeaux bashing ne se famille Moueix), l’un des plus puissants mener dans certains établissements
négociants girondins et distributeurs de du XIe arrondissement pour se rendre
LES RESTAURANTS,
en être victime. Certains, pourtant, résume pas simplement à un dénigre-
M 01143 - 29H - F: 8,50 E - RD
confrontés aux affres du commerce de ment systématique alimenté par les vins aussi bien auprès du grand public, compte que les flacons de Gironde ne
BARS ET CHEZ via le site de vente en ligne chateaunet. sont pas légion. « Je construis ma carte aux
Source : CIVB
leurs vins, l’abordent franchement, sans médias, d’autres mécanismes entrent en
SES châTEAUX, SES GRANDS cRUS, SON ART DE vIvRE ET SON hISTOIRE ambages. « Vous voulez parler du Bordeaux jeu : les nouveaux modes de consom- com, qu’auprès des cavistes et restau- coups de cœur et je reconnais que je n’ai pas
bashing ? Effectivement cela commence mation du vin, les préoccupations LES CAVISTES ENTRE rants, avec sa filiale La Vinicole. d’affinités avec Bordeaux. Je recherche des
● 40 délicieux grands crus à moins de 35 €
2012 ET 2014
à être fâcheux… », lance sans hésitation environnementales, le déficit d’image Premiers accusés, les cavistes et bars à vins digestes et tendus, je me tourne plus
Philippe Castéja, président du Conseil du vignoble, la distance des vignerons vins “nature” parisiens, tout comme volontiers vers la Bourgogne », reconnaît
● 35 excellentes affaires à moins de 15 €
16 ■ NOVEMBRE 2015 - HORS-SÉRIE N°29 / LA RVF HORS-SÉRIE N°29/ LA RVF - NOVEMBRE 2015 ■ 17
Notre hors-sŽrie (novembre 2015) dŽcortiquait pour la premi•re fois les mŽcanismes du ÒBordeaux BashingÓ.
Derenoncourt dans votre hors-série à aussi peut-être un poil d’humilité. Cette
améliorer leur communication. touche, ce caractère indicible qui, souvent,
Nicholas Brown nous font dire à propos des vins d’autres
Chapitre de la Commanderie de Bordeaux à Providence, régions : « Tiens ! il est étonnant… ». Nombre
Rhode Island, États-Unis de mes ami(e)s font le même constat.
nbrown141@gmail.com Salime Akkaz
AKKAZ&Partenairescommunication, Lyon
Ce n’est pas tant la faute des vignerons s.akkaz@orange.fr
bordelais et de leurs vins qui, comme vous ☛ De nombreux témoignages ont salué la
l’écrivez, ont gagné en qualité si un peu publication de notre hors-série consacré au
partout fleurit un pseudo-désamour pour “Bordeaux Bashing”. Cher M. Brown, merci
cette région. Il faut aussi pointer l’énorme pour les efforts entrepris aux États-Unis
progression des vins du Languedoc, du pour défendre l’image des bordeaux. Votre
Roussillon, de la vallée du Rhône, de la témoignage le confirme, cette campagne de
vallée de la Loire, etc. Tout est dit dans dénigrement est un phénomène inquiétant
la dernière ligne de votre éditorial, cette que les professionnels bordelais et tous les
allusion à « l’âme et la force du bordeaux ». amoureux de Bordeaux doivent combattre.
Voilà ce qui manque à la grande majorité La RVF aura l’occasion de revenir sur ce
des bordeaux : ce supplément d’âme, et sujet. ■ D. Saverot et J. Baudouin
j’ai acheté avant ce domaine. Il le mérite est en place dans ce vin.
sur un site vraiment. Le vin est absolument Bravo à M. Pithon, à Jean-
ma rcha nd extraordinaire. J’avais noté les Emmanuel Simond et à toute
plusieurs beaux amers en fin de bouche votre rédaction de nous aider à
ainsi que les autres notes mises dénicher d’aussi belles pépites !
en avant, mais les impressions Fredéric Tostain
développées au cours du repas Saint-Mandé (94)
sont allées bien au-delà ! Tout tostainfred@yahoo.fr
 LE JOURNAL DES LECTEURS

Dois-je boire mes
1978 ? Et mes 1995 ?
Suite à un décès, je viens de
récupérer quelques bouteilles :
morgon Les Versauds 1995
du domaine des Sornay,
crozes-hermitage rouge 1995
des vignerons réunis à Tain-
l ’Hermitage (l ’étiquette
du prix est encore dessus :
23,50 francs à l’époque),
côtes-de-bergerac 2008 et
2009 du château Court-les-
Mûts, chassagne-montrachet
La Goujonne 1992 du domaine
style issu de rendements élevés
et produit sans les techniques
de vinification modernes dont
on dispose actuellement. Il vous
fera voyager dans un autre temps
de Bordeaux. Ici, pas de carafe,
une simple aération en ouvrant
la bouteille suffira. Bonnes
dégustations.
■ P. Maurange
Guide des cavistes : LE GUIDE
STES
VI
Barriques : ça va
chauffer en 2016 !
Je travaille pour le secteur
passionnant de la tonnellerie,
d’où ma question : serait-il
possible de consacrer un
article à ce métier original et
si important pour le vin ?
Jimenez Fernando
fjguzz@tonnellerie-loureiro.fr
ÉDITION 2016
☛ Cher monsieur Jimenez,
Olivier Poels le rappelait avec
vigueur pas plus tard que le mois
dernier, lors d’une conférence
de rédaction : « On ne parle
pas assez des tonneliers dans
La RVF ! ». Nous allons réparer
cet oubli fâcheux dans le courant
de l’année 2016.
■ La rédaction

Hubert Lamy, médoc 1978 du

château Blaignan. Ces vins
sont-ils toujours buvables ?
Frédéric Nogueira
frednogueira@live.fr
☛ Cher ami lecteur, vous voilà
en possession de vins arrivés à
maturité de consommation.
L’expression d’un vieux morgon
(morgon Les Versauds 1995
du domaine des Sornay) vous
rappellera celle d’un pinot
noir avec des nuances d’ épices
vos réactions
et vos questions DES C
A
Nous sommes surpris de ne pas figurer parmi
les “3 500 adresses pour trouver le bon vin”
dans votre Guide des cavistes (supplément à
La RVF n° 596, novembre 2015). En effet,
notre Cave des 1001 Châteaux, à Beychac-
et-Cailleau (33) est la vitrine de nos AOC
et propose à la vente, en prix propriété,
la gamme la plus large de Bordeaux et FANNY HEUCQ.
(Paris VIe)
Cette caviste

remarquables. Ouvrez la Bordeaux supérieur proposée sur le marché. ne vend que

des champagnes !
Rendez-lui visite

bouteille une heure avant le Nos cavistes affichent un professionnalisme à la cave

Dilettantes.

service (pas de carafe). exemplaire et sont à l’écoute, proposant

À boire également, votre crozes-
hermitage rouge 1995 de la Cave
de Tain, qui accompagnera
à merveille un plat de gibier.
Syrah oblige, un court passage
en carafe une demi-heure avant
le service sera bienvenu.
À votre place, je commencerais
à boire le 2008 du côtes-de-
bergerac du château Court-les-
Mûts et garderais encore deux à
trois ans en cave le 2009 (année
de belle concentration).
Concernant le chassagne-
montrachet La Goujonne 1992
du domaine Hubert Lamy,
à 23 ans d’ âge, buvez-le sans
tarder, par exemple avec un filet
d’omble chevalier.
Le Château Blaignan 1978
doit également commencer à
marquer son âge. 1978 est un bon
millésime bordelais, mais d’un
dégustations et conseils à nos visiteurs.
Hervé Grandeau
Syndicat des Bordeaux et Bordeaux supérieur
contact@planete-bordeaux.fr
Chère RVF, le nombre de références
annoncées dans votre Guide des cavistes me
semble largement surestimé. Par exemple, tel
caviste annonce 600 références, mais n’en
possède probablement pas plus de 200 en
réalité. Résultat, certaines caves honnêtes se
retrouvent sur le papier moins attractives que
celles qui trichent. Et ceux qui pousseront la
porte de ces caves risquent d’être déçus.
Anthony Lefaix
anthonylefaix@vigneronsdebuxy.fr
☛ Merci pour l’intérêt que vous portez à nos
publications. M. Grandeau, vous avez raison de
nous solliciter, c’est ce que devraient faire tous
les cavistes désireux de voir leur établissement
mentionné dans notre Guide des cavistes.
Malgré nos nombreux déplacements, il nous est
3 500 ADRESSES POUR TROUVER LE BON VIN
Chaque année, le guide de La RVF recense
les plus belles caves de France.
difficile de connaître chaque cave de l’Hexagone.
Par ailleurs, priorité a jusque-là été donnée aux
cavistes plutôt qu’aux boutiques-vitrines des
syndicats d’appellations comme la vôtre. Peut-être
est-il temps de faire évoluer la règle et d’ouvrir
notre guide à ces boutiques-vitrines dont certaines,
en effet, méritent une et même plusieurs visites ?
Quant au nombre de références dans chaque
magasin, il est déclaratif et mentionné à titre
indicatif, nous n’en faisons en aucun cas un critère
de qualité (sauf s’il a été vérifié par nos soins). Malgré
notre connaissance du terrain, nous ne pouvons
pas vérifier 100 % des informations fournies par
nos amis cavistes. C’est donc sciemment que nos
coups de cœur ne tiennent pas compte du nombre
de références revendiquées mais récompensent la
pertinence de la sélection, qu’elle soit succincte ou
pléthorique. ■ P. Jégu

LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 25

 A ctualités VOS RENDEZ-VOUS
Par Claudine Abitbol
Du 25 au 27 janvier
■ Salon Millésime Bio
à Montpellier
La plus grande cave à vins
bio au Parc des Expositions.
Avec une offre très représenta-
tive des vins biologiques, près
de 800 producteurs en pro-
venance de douze pays font
découvrir leurs produits aux
professionnels du monde entier.
Tél. : 04 99 06 08 41
Site : www.millesime-bio.com
D. R.
Les 30 et 31 janvier
■ Saint Vincent
tournante à Irancy (89)
Une première pour ce vignoble
de l’Auxerrois et la 72e édition
en Bourgogne.
Site : www.irancy2016.fr
30
Du janvier
au 1er février
■ Vins et accords
gourmands à Écouen (95)
Une cinquantaine d’exposants
présents, restauration sur place.
5 € l’entrée avec un verre Inao
offert. Au gymnase Lemaire,
rue du Four-Gaudon.
Tél. : 06 20 86 37 29
E-mail : claude.skrzypek@
hotmail.fr
5 au 7 février
Du
■ Salon FestiVitas
à Mulhouse
Au Parc Expo, ce salon mêle
voyages, saveurs et vins, avec
80 vignerons venus de toute
la France. Les Caraïbes sont
à l’honneur cette année.
Nombreuses a nimations
autour de la gastronomie :
concours de cuisine, démons-
trations de chefs… Et côté
vins : coups de cœur des som-
meliers professionnels, ateliers
26 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598
de dégustations thématiques,
accords mets et vins…
Site : www.festivitas.fr
6 et 7 février
Les
■ La Percée du vin
jaune dans le Jura
20e édition à Lons-Le-Saunier.
La perce, c’est l’ouverture du
tonneau de 220 litres d’un
vin jaune dans quatre appel-
lations : Château-Chalon,
Arbois, L’Étoile et Côtes-du-
Jura. 100 % savagnin, ce vin
de voile, à la robe dorée, après
6 ans et 3 mois passés en apnée
(sans soutirage, ni ouillage), se
déguste enfin dans son millé-
sime 2009.
Tél. : 03 84 66 26 14
Site : www.jura-vins.com
8 février
Le
■ Lundis œnologiques
du 114 Faubourg (75)
Pour découvrir les vins préférés
du chef-sommelier du Bristol,
Marco Pelletier. Ce lundi
8 février, les vins du domaine
Hubert Lignier à Morey-Saint-
Denis sont associés à un menu
dégustation de quatre plats
(130 € par personne).
Tél. : 01 53 43 44 44
Site : www.lebristolparis.com
@ Plus de rendez-vous
sur larvf.com
Du 1er au 3 février à Angers
LE SALON DES VINS DE LOIRE
S’OUVRE AU BIO !
100 % ligérien, le Salon des vins de Loire souffle ses 30 bougies
au Parc des Expositions. Nouveautés : un pôle vins en BIB (Bag-
in-Box), un espace consacré à la bière de Loire et un pôle cidres
de Loire. Et comme chaque année, l’Espace jeunes vignerons,
les Workshops, la journée cavistes et restaurateurs parisiens. La
Levée de la Loire (vignerons bio) est rejointe par le salon Demeter
(vins biodynamiques). De la concurrence pour la Dive Bouteille !
Tél. : 04 72 07 31 90 Site : www.salondesvinsdeloire.com
Du 12 au 14 février France seront présents de 10 h à
■ Vins & gastronomie 19 h. Dégustations, animations
en Bretagne (22) œnologiques et restauration.
À Binic, salle de l’Estran, Tél. : 06 52 33 70 80
40 exposants font apprécier Site : aocmeximieux.free.fr
la qualité des productions E-mail : aocmeximieux@free.fr
locales, régionales, et natio-
nales (vins et produits du
terroir). Vendredi de 16 h à
20 h, samedi et dimanche de
10 h à 19 h. Entrée gratuite.
Site : www.armor-expo.fr
15 au 17 février
Du
■ Salon Vinisud
à Montpellier
27 février au 6 mars
Le grand salon professionnel
des vins et spiritueux méditer- Du
ranéens devient annuel. Deux ■ Salon international
vignobles invités cette année : de l’agriculture à Paris
Bordeaux et la Californie. Au Les paysans français s’exposent
Parc Expo. à Paris, porte de Versailles, dans
Tél. : 01 41 86 41 27 un salon qui met à l’honneur
E-mail : cbourguignon@adhes. tous les métiers de l’agriculture,
com dont celui de vigneron avec un
bel espace de dégustation-vente
27 et 28 février
en présence des producteurs.
Les Site : www.salon-agriculture.com
■ Salon des vins
de Meximieux (01)
L’Association œnophile et
Pour nous faire part d’une
culturelle de Meximieux orga- manifestation, envoyez
nise son deuxième salon des vos infos, avec des visuels,
vins et produits du terroir. deux mois à l’avance à :
Plus de 40 exposants de toute la agendarvf@club-internet.fr
MEZ AVEC MOD…RATION
 L’accord minute d’Olivier Poussier

Avec une tarte

au citron,
cap sur la
malvoisie… C
e mois-ci, focalisons-nous sur un
grand classique des desserts : la tarte au
citron. Dénicher un vin capable d’ac-

ou le Japon !
compagner la persistance de goût du citron et
de gérer son amertume n’est pas évident. Les
fondamentaux de l’accord résident en deux
choses : le vin doit exprimer dans ses arômes
le citron dans tous ses états, c’est-à-dire tant
sur sa fraîcheur que sur son côté confit ; il doit
aussi posséder une douceur maîtrisée qui s’op-

pose à l’amertume du citron.
Tel est le cas de la liqueur de citron japo-
naise Yuzu Komachi de la petite île Iki,
située dans la mer de Genkai, entre la Corée
et le Kyushu. Ce shochu (liqueur distillée) issu
d’une base de blé sur lequel on a fait macé-
rer du citron yuzu fait preuve d’une belle com-
plexité avec seulement 7 degrés d’alcool. Vous
pouvez l’acheter auprès du Workshop Issé à
Paris, www.workshop-isse.fr).
Comme alternative, je suggère la belle mal-
SucrŽ SalŽ
R. Grman
OLIVIER POUSSIER
EST MEILLEUR SOMMELIER
DU MONDE 2000.
beaux amers minéraux gèrent la douceur. Sur
Lanzarote, dégustez la malvasia dulce 2013
de la bodega El Grifo qui fait preuve de ce
parfait équilibre où la douceur (80 g) est gérée
par la belle acidité (pH de 3,2). Il y a dans ces
vins une osmose entre tous les éléments.

vasia delle Lipari Passito 2013 de Francesco
Fenech. Planté sur les terroirs volcaniques des
îles éoliennes, au nord de la Sicile, le cépage
malvoisie (malvasia) exprime à la fois la dou-
ceur et l’amertume. Celui de Francesco Fenech
est cultivé sur l’île de Salina. Ici, le raisin est
passerillé sur des claies, puis il fermente en
cuves Inox et est élevé six mois. Je suis toujours
épaté par la capacité de la malvoisie à gérer les
sucres : 104 g de résiduel qui se fondent com-
plètement dans l’équilibre intrinsèque du vin.
La malvoisie des Canaries
LIQUEUR DE CITRON
Un parallèle peut être établi avec la malvoi-
YUZU KOMACHI. sie des îles Canaries, archipel espagnol au large
Les arômes et la douceur des côtes du Maroc, qui exprime à l’évolu-
de cette liqueur japonaise
R. Grman
Vous pouvez encore déguster la malvasia
dulce de l’île de La Palma, sur le secteur de
Fuencaliente. La bodega Teneguía en donne
une version très harmonieuse (vins dispo-
nibles sur www.bodegasteneguia.com).
Dernière option à tester, le muscat canelli
2014 du domaine californien Birichino.
Dans le vignoble de San Bernabe, en plein
cœur du comté de Monterey, Alex Krause et
John Locke réalisent leur rêve depuis 2008
en ne travaillant que des vieilles vignes de
cépages d’origines diverses. Le muscat canelli,
équivalent du muscat à petits grains français,
donne un vin naturellement doux à la trame
équilibrée où les 12 % de sucres résiduels sont
gérés par sa belle vivacité. Ce vin aux arômes

en font une valeur sûre

tion ces mêmes saveurs. La terre y est elle aussi de nectarine et de mandarine se révèle très
sur la tarte au citron. volcanique, ce qui influence les vins, dont les digeste. Bonnes dégustations ! ◼

LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 29

 R évélation

COURCHEVEL
UNE AVALANCHE
DE GRANDS CRUS
D. R.

BERNARD MAGREZ.
“L’homme aux quarante
grands crus” a ouvert
une cave dans le centre
de Courchevel.
D. R.
Par Alice Mahlberg LA FOLIE DOUCE. À Méribel, le
champagne est livré aux clients en
terrasse par un téléphérique
miniature.
Avec ses trois palaces et
ses six restaurants étoilés,
Courchevel attire une
clientèle de skieurs
fortunée. Ici, cuvées rares,
vignerons stars et châteaux
prestigieux sont tous
disponibles, à des prix
parfois prohibitifs.
D. R.
 C
LE CHEVAL BLANC.
Ouvert en 2006, le palace
du groupe LVMH porte ’est une folie
le nom du Premier grand saisonnière où
cru de Saint-Émilion. En cave
dorment 65 millésimes la démesure
du célèbre château. est de règle.
Une période
de fêtes et
de délires,
où grands
crus classés
de Bordeaux,
cuvées rarissimes de Bourgogne et cham-
pagnes millésimés coulent à flots, à des prix
superlatifs pour d’insouciants fêtards mil-
lionnaires. Courchevel, le temps d’un hiver,
rejoint Ibiza, Saint-Tropez et Saint-Barth au
calendrier des jet-setters. Russes, Européens
et Asiatiques se bousculent dans des soirées
sans limite. Et pour accueillir tout ce beau
monde, groupes de luxe et marques de
champagne investissent palaces et restau-
rants étoilés.
Tout ce qui brille doit scintiller de mille
feux. D’ailleurs, sur la Croisette alpine,
un nouvel hôtel vient d’ouvrir ses portes :
White 1921, dernière fierté de l’empire
LVMH et exacte transposition du très chic
établissement de Saint-Tropez. Vingt-cinq
chambres immaculées designées par l’archi-
tecte Jean-Michel Wilmotte pour cet hôtel
situé au pied des pistes dont le nom fait réfé-
rence à un mythique millésime champenois.
Rien d’étonnant pour le groupe qui possède
les maisons Krug, Ruinart, Veuve Clicquot,
Moët & Chandon et Dom Pérignon.
Inutile de préciser que les champagnes les
plus incroyables figurent à la carte, notam-
ment le rarissime Grand Vintage Collection
1921 de Moët & Chandon…

Alléno en cuisine
LVMH n’en est pas à son coup d’es-
sai dans la station. Un peu plus haut, au
sein du Jardin Alpin, le quartier huppé
de Courchevel, trône depuis 2006 l’hôtel
Cheval Blanc, palace qui décline en marque
le saint-émilion Premier grand cru classé A
de Bernard Arnault et d’Albert Frère. Une
merveille architecturale de 5 000 m2 dans les
LAURENT DASSAULT. règles de l’art savoyard, dont le gardien de
L’héritier de l’avionneur
(n° 1, son numéro fétiche), LE CHIC DU CHIC. l’accès n’est autre que le pharaonique Cheval
propriétaire à Saint-Émilion, est Pour 5 995 euros,
chaussez les skis
de Troyes tout en miroir du plasticien
un adepte du polo sur neige
S. Maviel

avec son équipe personnelle. Pape Clément !

D. R.

LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 31

À L’AVEUGLE
À 2 400 MÈTRES.
Déjà implanté à Courchevel,
Bernard Magrez multiplie
les partenariats avec les
stations de ski, comme ici
à Val d’Isère au restaurant
d’altitude la Fruitière
La Folie Douce où il organise
La Bouteille Blanche, une
dégustation à l’aveugle pour
promouvoir ses vins auprès
des sommeliers des palaces.
français Bruno Peinado. Interprétation cava-
lière de l’environnement scintillant de la sta-
tion. Dans ce luxueux refuge, 36 chambres
et suites de 40 à 650 m2, avec vue à couper
le souffle sur les cimes enneigées.
Le restaurant gastronomique, Le 1947,
rend, quant à lui, hommage au mythique
millésime de Cheval Blanc, courtisé par les
collectionneurs de beaux flacons. Aux com-
mandes, le chef triplement étoilé Yannick
Alléno (Ledoyen, Paris) qui a permis à cette
table de décrocher deux macarons Michelin.
Dans la salle blanche et anthracite ouverte
sur la cuisine, à peine vingt couverts et un
service seulement le soir.
65 millésimes de Cheval Blanc
L’exceptionnel a un prix. Comptez
quelque 400 euros le menu. Quant à la
carte des vins, elle est le fruit d’une sélection
pointue et pléthorique du chef sommelier
Sébastien Labe, essentiellement des cham-
pagnes, bourgognes et bordeaux. « Nous pro-
posons tous les Premiers Grands crus classés de
Bordeaux et nous avons aussi une carte entiè-
rement dédiée à Château Cheval Blanc, avec
65 références des millésimes 1940 à 2009, de
la bouteille au nabuchodonosor (15 litres) »,
détaille-t-il. Une carte où le légendaire mil-
lésime 1947 est vendu… 47 000 euros la
bouteille et 127 000 euros en magnum !
Les autres régions sont plus accessibles.
À partir de 40 à 50 euros, on trouve les
côtes-du-marmandais d’Elian Da Ros,
32 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598
LE K2. Les clients du restaurant
Matthieu Cellard
étoilé Le Kintessence dînent en
admirant la vitrine des grands crus !
les beaujolais de Paul Janin, quelques
vins de Savoie, du Jura, de Loire, d’Al-
sace, mais les prix grimpent vite avec les
stars de Bourgogne comme Anne-Claude
Leflaive, Dominique Lafon, Comte Liger-
Belair ou la Romanée-Conti qui culmine
à 15 000 euros pour les 2005 et 2009.
Parmi les bordeaux, un double-magnum
de Mouton Rothschild 1929 est proposé à
99 000 euros et un Pétrus à 15 000 euros.
Une carte qui séduit une clientèle très atti-
rée par les étiquettes iconiques.
Aucun sommelier ne s’aventure à
donner la dépense moyenne par table.
Néanmoins, d’après nos calculs, le coef-
ficient multiplicateur est de l’ordre de 7
et frise 12 pour les bouteilles d’entrée de
gamme.
Arnault et Niel face à face
Cent cinquante kilomètres de pistes,
une centaine de magasins de luxe, trente-
deux spas et une offre hôtelière incompa-
rable. C’est cela, Courchevel. La station
des superlatifs, au cœur du plus grand
domaine skiable du monde Les Trois Vallées
(Courchevel, Méribel et Val Thorens). À
elle seule, la station compte trois palaces,
une quinzaine d’hôtels cinq étoiles et six
restaurants étoilés. Les plus beaux chalets
sont construits sur 1 500 m2 minimum
et se louent à prix d’or : jusqu’à plus de
250 000 euros la semaine en haute saison !
Vu les tarifs, la station a peu à peu été
sanctuarisée par les étrangers fortunés :
Européens de l’Est, Anglo-Saxons, Chinois
ou Brésiliens. Certes, les Russes, qui consti-
tuaient 90 % de la clientèle au moment
du Noël orthodoxe chaque 6 janvier, sont
moins nombreux. L’hiver dernier, avec la
crise en Ukraine et la chute du rouble, 10
à 20 % de la clientèle russe a annulé ses
réservations. Et les récents attentats à Paris
pourraient bien accentuer cette désaffec-
tion. Pourtant, la révision des prix n’est
pas à l’ordre du jour à Courchevel.
À 200 m du Cheval Blanc culmine le
cinq étoiles luxe de Xavier Niel, le patron

◼ Au “1947”, une
Romanée-Conti 2005
à 15 000 euros ◼
de Free, sorti de terre en 2013. L’Apogée,
dont la gestion a été confiée au groupe alle-
mand Oetker (également propriétaire du
Bristol à Paris), nargue le palace LVMH :
9 000 m2 (contre 5 000 pour son voisin),
17 chambres en plus et un chalet privé
D. R.
trois fois plus grand, pour un coût glo-
bal de 100 millions d’euros. L’hôtellerie à
Courchevel est une affaire de businessmen.
Les Airelles, autre palace du Jardin Alpin,
a lui été racheté en 2007 par Stéphane
Courbit, patron de la holding Lov Group
D. R.
(production audiovisuelle et jeux en ligne).
Un château d’un autre temps, un brin
kitsch, semblant tout droit sorti du décor
de Sissi Impératrice : tourelles, balcons en
bois sculpté, peintures rose et or, valets en
uniforme de chasseurs alpins.
Sancerre ˆ lÕoffensive
Avant d’être rattrapé par Le K2,
Les Airelles fut le seul palace de Courchevel à
afficher une table deux macarons Michelin,
grâce à Pierre Gagnaire, arrivé en 2008. Un
ticket moyen de 300 euros et un chiffre
d’affaires de plus de 2,8 millions d’eu-
ros sur l’ensemble de la restauration des
Airelles. Et là encore, les ventes de grands
crus comptent pour beaucoup.
Malgré une saison moins satisfaisante
l’an passé, le directeur général des Airelles,
Guillaume Bott, se réjouit « d’une année
record en termes
de vente de grands
crus » : plus de cin-
quante gros flacons
écoulés. Dont une
impériale (6 litres)
de Château Latour
1998 à 16 000 euros,
le vin le plus cher de
la carte, achetée le
31 décembre 2014
par des Russes.
De quoi rééquili-
brer avec les clients
plus regardants
sur les prix, selon
Christian Berg
GATIEN DEMCZYNA.
Le chef du Kilimandjaro propose
des menus à partir de 120 euros.
Guillaume Bott : « Une bonne partie de la
clientèle est aujourd’hui en quête d’un bon
rapport qualité/prix. Nous proposons ainsi des
vins moins connus et essayons d’élargir notre
gamme de prix. Avec beau-
coup de vins blancs de Loire,
pouilly-fumé et sancerres par
exemple ». Sa carte est com-
posée à 40 % de bordeaux,
parmi lesquels Mouton Rothschild et
Lafite Rothschild se taillent la part du lion.
Les Russes boivent jeune
Avant de perdre une étoile en 2015,
le restaurant du Strato (Baumanière 1850)
faisait partie du “cercle” des deux étoiles
de Courchevel, avec Le Chabichou (chefs
Michel Rochedy et Stéphane Buron),
La Table du Kilimandjaro et Le Kintessence
au K2, précédemment conduits par Nicolas
Sale, désormais au Ritz, à Paris.
LES AIRELLES.
Le palace appartenant à l’homme d’affaires
Stéphane Courbit est le plus ancien de Courchevel.
COURCHEVEL
D. R.
PIERRE GAGNAIRE. YANNICK ALLÉNO.
Il a repris la table des Airelles, Sa brigade dirige Le 1947,
palace historique de Courchevel. le restaurant du Cheval Blanc.
Jean-André Charial, chef de Baumanière
1850 et de L’Oustau de Baumanière, aux
Baux-de-Provence, a D. R.
lui aussi dû
adapter son
livre de cave. Passionné CRISTAL DE ROEDERER.
de vins, producteur Sans doute le seul
de sa cuvée L’Affectif champagne en concurrence
avec Dom Pérignon,
dans les Alpilles, il sur les pistes.
possède une cave de
70 000 bouteilles sur
des millésimes rares. Sa carte des vins à
Courchevel est une émanation de celle de
L’Oustau : « Je prends les vins dans ma cave
à Baumanière et je les monte à Courchevel »,
raconte-t-il. Une de ses forces est de possé-
der de très vieux millésimes comme 1951,
1953, 1955… « Je pensais que ça allait inté-
resser une certaine clientèle, mais pas du tout !
J’ai réalisé que les Russes, qui sont quand
même les plus gros consommateurs de flacons,
n’aiment que les vins jeunes, postérieurs à
2000. J’ai donc changé mon fusil d’épaule. »
L’an dernier, Le Strato a perdu 7 % de
sa clientèle. Jean-André Charial reconnaît
ressentir une certaine inquiétude quant à
l’avenir de la station : « Cela fait cinquante
ans que je connais Courchevel, la station est
en train de changer. Il faut revenir à des
prix plus raisonnables. Il y a beaucoup moins
de Français parce que 2 500 à 4 000 euros
D. R.
la nuit, c’est trop cher ! Les gens se dirigent
LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 33
 R évélation COURCHEVEL
◼ « Il faut revenir à des prix
plus raisonnables » ◼
Jean-André Charial (Baumanière 1850)

vers d’autres stations comme Méribel ou Val aussi cours de cuisine et

Thorens. La directrice du Strato m’a annoncé dÕÏnologie pour toute la
50 % de réservations en moins à l’hôtel cette durŽe du sŽjour.
année », conc•de Jean-AndrŽ Charial. ClŽment Deperrois, le
gŽrant, propose une carte
Grands crus à domicile de 160 rŽfŽrences. Tous les
DIDIER ABRIAL.
Sa cave, Le Baricou,
au centre de la station,
propose 1 500 références
prestigieuses.

Un autre phŽnom•ne pourrait bien
jouer sur le moral des chefs et h™teliers : les
chalets surŽquipŽs avec spa, salle de sport,
bo”te de nuit et personnel affŽrent dis-
suadent les vacanciers de sortir apr•s le ski !
Dans la rŽsidence sŽcurisŽe huppŽe de
Bellec™te, les chalets Edelweiss, Gentianes
ou Art Chalet Ð les plus beaux Ð disposent
tous de plusieurs cuisines avec une dizaine
de membres du personnel et un major-
dome ˆ plein temps. Du coup, le catering
(traiteur et service ˆ domicile) tourne ˆ
plein rŽgime dans les chalets pendant la
haute saison. La jeune sociŽtŽ Infinities
Chefs propose chefs ˆ domicile, ma”tres
dÕh™tel, sommeliers, gouvernantes, mais
vins sont stockŽs sur place
pour rŽpondre aux exi-
gences du client. « Nous avons deux types de
clientèle : les très fortunés, qui ne connaissent
pas bien le vin, sont des buveurs d’étiquettes et
ne demandent que des Premiers crus classés de
Bordeaux ou de très grands bourgognes. Et puis
il y a la clientèle moins fortunée, plus ouverte,
à qui l’on fait découvrir des domaines ou des
appellations », distingue ClŽment Deperrois.
Les flacons chic de Marina
Et puis il y a les cavistes. Ë Courchevel,
ils sont trois ˆ assurer la livraison gratuite.
Le Baricou, cave du pointu Didier Abrial,
est en place depuis trente-cinq ans au centre
LE PENTHOUSE DE L’APOGÉE
Cet appartement de 300 m au 2
D. R.
de la station. Avec environ 1 500 belles rŽfŽ-
rences, ce dernier affiche une tendresse par-
ticuli•re pour la Bourgogne et ses domaines
rares : Roulot, Montille, Rousseau, MŽo-
CamuzetÉ Dans la rue juste derri•re, la
Russe Marina Silina a ouvert il y a quatre
ans Les Perles du Palais. Dipl™mŽe de
lÕUniversitŽ du vin de Suze-la-Rousse, elle
explique devoir se dŽmarquer de ses concur-
rents : « Moi, j’essaie d’être originale tout en
offrant de beaux rapports qualité/prix, avec des
vins de la vallée du Rhône ou des blancs du
sud de la Bourgogne, par exemple ».
Ë lÕentrŽe de Courchevel, le magnat du
vin Bernard Magrez a dŽmŽnagŽ sa
cave pour investir un lieu plus grand
et mieux situŽÉ Contrairement

sommet de l’hôtel cinq étoiles ˆ ses caves parisienne et borde-

est loué 22 000 euros la nuit.
laises, celle de Courchevel ne
propose pas seulement les vins
de la signature Bernard Magrez.
M•me si ses quatre grands crus
classŽs (Pape ClŽment, La Tour
Carnet, Fombrauge et Clos Haut-
Peyraguey) sont en bonne place.

Les bordeaux classés

Tous les premiers crus classŽs
bordelais sont largement reprŽsen-
tŽs ainsi quÕune belle palette bour-
guignonne et champenoise. C™tŽ
prix, la marge est placŽe ˆ trois fois
le prix hors taxe. Le coefficient
multiplicateur caviste Žtant de
lÕordre de 1,8 ˆ 2 en r•gle gŽnŽrale.
Pour la saison 2013, le chiffre
dÕaffaires publiŽ de la cave Bernard
D. R.

Magrez sÕŽl•ve ˆ 380 000 euros. Un

34 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598

 LE CHABICHOU.
Cette table doublement
étoilée est dirigée par
Michel Rochedy
127 000 EUROS. et Stéphane Buron. Une
C’est le prix de étape majeure pour les
ce magnum de gastronomes à ski.
Cheval Blanc 1947
au restaurant de
Bernard Arnault,
Le 1947 !

beau score dans la

mesure où une sai-
son à Courchevel
ne dure que cinq
mois. Outre sa
cave, “l’homme
aux quarante châ-
D. R.

teaux” est bien

implanté dans la station. Ses vins « sont
partout. Courchevel attire les personnes qui
D. R.

ont le pouvoir d’achat le plus élevé dans une

◼ « Grâce à sa clientèle principalement

station de ski en France et qui boivent majo-
ritairement des crus classés de Bordeaux ».
Toujours aussi incisif dans son analyse
du marché, Bernard Magrez ajoute : « Nous étrangère, Courchevel est une excellente
vendons nos grands crus classés à 70 % à
l’export. Comme la clientèle de Courchevel
vitrine publicitaire » ◼ Bernard Magrez
est principalement étrangère, c’est une excel-
lente vitrine publicitaire », commente-t-il. 5 995 euros la paire avec une caisse de six Un engouement parfaitement assumé
bouteilles de Pape Clément 2006 et une par Michel Janneau, directeur général
Des skis “Pape Clément” ! nuit pour deux dans le cru classé de adjoint de la maison Roederer : « Quel
Pour la cave, Bernard Magrez est asso- Pessac-Léognan. que soit leur statut ou leur niveau de pros-
cié avec son ami Éric Tournier, pionnier Courchevel, vitrine de luxe : les périté, nous avons toujours eu le plus grand
courchevelois, qui Champenois l’ont respect pour les Russes qui ont le bon goût
a créé et développé aussi compris. Les de se promener en Europe et de consommer
MIKHAÏL
une quinzaine d’éta- PROKHOROV. maisons Louis du Cristal ».
blissements dans Le magnat russe Roederer et Moët
la station. Ce qui de la finance est & Chandon avec la Dom Pérignon versus Cristal
célèbre pour ses
assure au propriétaire soirées Cristal fameuse cuvée Dom Quant à la concurrence avec Dom
bordelais une omni- de Roederer Pérignon, jouissent Pérignon, elle existe, sans être acharnée.
présence dans tous données d’un succès incon- Si les chiffres sont strictement confidentiels
au bowling.
les établissements testable dans la sta- de part et d’autre, Michel Janneau rappelle
Tournier. Le Cap tion et se partagent que les deux marques ne jouent pas dans la
Horn, par exemple, une bonne part du même catégorie. « Dom Pérignon, c’est un
haut lieu de la fête gâteau. Il est courant autre univers, beaucoup plus puissant que
situé à 2 100 m d’al- de voir la clientèle nous. La production de Cristal est infinité-
titude à côté de l’Al- fortunée “s’affronter” simale comparée à celle de Dom Pérignon.
tiport où décollent à coups de magnums Ce dernier s’affiche partout dans le monde et
et atterrissent sans ou de jéroboams. À pratique des prix très inférieurs aux nôtres.
interruption les Méribel, sur le même Donc lorsque nous nous réjouissons d’avoir
jets privés, expose domaine skiable, à convaincu de nouveaux consommateurs, nous
D. R.

chaque saison un La Folie Douce, ce n’avons pas l’impression de marquer un point

gigantesque spéci-
men de Château Pape Clément sur sa
terrasse, en plus d’organiser une journée
autour des vins de Bernard Magrez avec
feu d’artifice à la clé.
En 2012, l’infatigable Bernard Magrez
a même lancé des skis siglés “Château
Pape Clément”. Une série limitée et
numérotée de cinq exemplaires vendus
bar-club en plein
air où la jeunesse dorée danse sur de la
musique électro, dès midi, les magnums
de champagne sont livrés aux clients grâce
à un mini-téléphérique en plexiglas.
Et il n’est un secret pour personne que
l’oligarque russe Mikhaïl Prokhorov priva-
tise le bowling de Courchevel en régalant
ses invitées à volonté avec la cuvée Cristal.
dans une sorte de course à l’échalote. »
Enfin, les prix, rappelons-le, sont libre-
ment fixés par chaque établissement. Et
ils dépassent parfois l’entendement. À
La Mangeoire, restaurant-club branché de la
station, un mathusalem de Dom Pérignon
(6 litres) s’est vendu 75 000 euros. Et il s’est
trouvé des clients pour laisser l’équivalent
en pourboire ! C’est fou, non ? ■

LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 35

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 Libre parole
LES
MARIONNET,
CHAMBORD
ET LE GOUAIS
JEAN-ROBERT PITTE EST PROFESSEUR
DE GÉOGRAPHIE À LA SORBONNE,
MEMBRE DE L’INSTITUT ET IL PRÉSIDE
L’ACADÉMIE DU VIN DE FRANCE. IL A
PUBLIÉ L’AMOUR DU VIN (CNRS ÉDITIONS,
2013), LA BOUTEILLE DE VIN, HISTOIRE
D’UNE RÉVOLUTION (TALLANDIER, 2013)
ET DICTIONNAIRE AMOUREUX
DE LA BOURGOGNE (PLON, 2014).
Jean-Robert Pitte
S. Chapuis
D
écidément les Marionnet tirent
plus vite que leur ombre. Il ne se
passe pas d’année sans qu’ils expé-
rimentent, innovent, inventent en
leur domaine de la Charmoise en Sologne, un
improbable terroir presque plat, fait de sables
(où poussent de délectables asperges), d’argiles
et, ici ou là, d’épandages de cailloutis. Ce ter-
roir était jadis voué aux cépages hybrides et les
vins expédiés en tonneaux destinés au comp-
toir des cafés et aux particuliers qui les met-
taient eux-mêmes en bouteilles.
Aujourd’hui, les vins des Marionnet sont
toujours plus précis, plus buvants, plus acces-
sibles. On connaissait leur maîtrise du gamay
qu’ils sont parvenus à anoblir, en particulier
dans leur si friand Première vendange, non
soufré et, comme tous les vins du domaine,
non levuré, qui se boit jeune, frais et sans soif.
On connaissait aussi leurs cuvaisons vendanges
entières, leur vin noir, mais frais et parfumé,
issu du cépage exotique qu’est le gamay teintu-
rier de Bouze. Puis est venue la découverte
d’une parcelle antédiluvienne de romorantin
pré-phylloxérique qui donne un blanc très pur
et droit appelé “Provignage”. Du coup, ils l’ont
dupliquée et planté une vigne en pied franc qui
donne la cuvée La Pucelle de Romorantin.
Lorsque Roger Dion préparait sa thèse sur le
Val de Loire dans les années 20, il avait remar-
qué cette curiosité des cantons de Bracieux et
de Contres : « Plusieurs centaines d’hectares de
vieilles vignes françaises qui, sans jamais avoir été
greffées, n’ont eu à souffrir, jusqu’à présent d’au-
cune attaque phylloxérique ». C’est ce qui incite
les Marionnet à s’offrir le culot de replanter des
parcelles de vignes non greffées : en sauvignon,
en chenin, en gamay, en cot ou en malbec.
Les vins qui en sont issus se montrent friands,
intenses, longs en bouche. On peut les boire
sur le fruit puisqu’ils n’ont jamais connu la bar-
rique mais on peut également les attendre car
ils sont aussi taillés pour le vieillissement.
Il est même arrivé aux Marionnet d’aller
quérir des vendanges au diable vauvert pour les
vinifier selon leurs méthodes diaboliques d’où
sont nées une curieuse cuvée de pinot noir venu
de Meursault et une autre de gouais planté en
crosses dans la région d’Évian. Oui, vous avez
bien lu, de gouais, ce cépage sans grâce qui a
dominé tout le nord de la France au Moyen
Âge mais qui, marié au pinot noir, a engendré
une vaste descendance : le chardonnay, l’ali-
goté, le romorantin, le melon de Bourgogne et
le gamay, sans oublier la dureza d’Ardèche, elle-
même mère de la syrah, par alliance matrimo-
niale avec la mondeuse blanche de Savoie.
Cette année, les Marionnet s’offrent une
nouvelle fantaisie : la plantation de six hectares
sur le domaine de Chambord. L’investissement
est important, mais il y a mieux : chaque ama-
teur va pouvoir parrainer un cep et se faire plai-
sir en bénéficiant de lots de bouteilles rares tout
en devenant mécène du plus incroyable châ-
teau de la Loire et du domaine qui l’entoure.
Six autres hectares vont suivre et, dans quatre
ans, on débouchera les premières bouteilles de
romorantin franc de pied : un clin d’œil au roi
François Ier qui aurait été l’introducteur de ce
cépage bourguignon dans la région. ◼
LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 37
 En partenariat avec

M agazine
TROPHƒES DU VIN 2016

HOMMAGE AUX
HOMMES DE LÕANNƒE
2016
À l’unanimité du jury, Aubert de Villaine pour la Bourgogne et Pierre Cheval pour la Champagne
sont sacrés pour la campagne victorieuse de leur région respective auprès de l’Unesco.
Notre riche palmarès 2016 distingue aussi dix autres personnalités du vin.
Par l’ensemble de la rédaction de La RVF

AUBERT
DE VILLAINE
Autour du très respecté
et fédérateur cogérant
de la Romanée-Conti,
le projet de classement
de la Bourgogne a réuni
plus de 50 000 adhérents
enthousiastes.

orsqu’en 1999, Saint-Émilion
devient, à la surprise générale, le
premier paysage viticole inscrit au
patrimoine mondial de l’Unesco,
la Bourgogne et la Champagne se
réveillent avec la gueule de bois.
Aucune des deux régions viticoles
n’a vu venir le coup, aucune n’est prête à se lan-
cer dans la course alors que, chacune le devine,
les enjeux économiques sont colossaux.
Poussée par ses marques, la Champagne se
mobilise la première, sous la bannière de Pierre
Cheval, un ancien directeur des Finances de la
Ville de Paris revenu à Aÿ gérer le vignoble de ses
beaux-parents, la maison Gatinois. L’homme
connaît les grandes administrations, il préside vite
l’association “Paysages de Champagne”.
En Bourgogne, le démarrage s’avère lent mais
l’accélération va être fulgurante autour de la per-
sonnalité respectée d’Aubert de Villaine, cogérant
du domaine de la Romanée-Conti, le vin le plus
célèbre du monde. Aubert de Villaine a vécu et
travaillé en Californie dans sa jeunesse et a épousé
une Américaine. Il comprend que seule l’Unesco
peut fixer pour les générations futures l’unicité
des climats bourguignons.
Les climats de Bourgogne ? Cette campagne
M.-È. Brouet
pour l’Unesco permettra justement d’en préciser
la définition : les climats sont des parcelles de
AUBERT
DE VILLAINE
PIERRE CHEVAL
LES
CONNÉTABLES
DE BOURGOGNE
ET DE
CHAMPAGNE
Aubert de Villaine, cogérant du célèbre
domaine de la Romanée-Conti,
et Pierre Cheval, des champagnes
Gatinois, ont tous deux porté et obtenu
le classement de la Bourgogne
et de la Champagne au patrimoine
mondial de l’Unesco.
Ils méritent l’hommage du vignoble et
de la communauté des amateurs.
• Domaine de la Romanée-Conti,
Vosne-Romanée (21)
www.romanee-conti.fr
• Champagne Gatinois, Aÿ (51)
www.champagnegatinois.com
PIERRE
CHEVAL
Président de l’association
“Paysages de Champagne”,
l’homme des champagnes
Gatinois a réussi à recentrer
le projet champenois autour
des crayères souterraines.
J.-C. Gutner
vigne délimitées et nommées depuis des siècles,
qui possèdent leur histoire et bénéficient de condi-
tions géologiques et climatiques particulières.
Donnant au vin un goût original.
Aubert de Villaine a cette faculté de fédérer les
énergies. Avec Bernard Pivot, futur président de
l’Académie Goncourt dont le cœur bat pour la
Bourgogne, il rassemble un comité de soutien
riche de personnalités en vue, parmi lesquelles le
photographe Yann Arthus Bertrand et l’Académi-
cien Erik Orsenna.
La campagne des deux régions sera hérissée
d’embûches. Il faudra convaincre les présidents
Nicolas Sarkozy puis François Hollande et leurs
entourages. Plancher devant les sages de l’Unesco.
Gérer la communication, éviter les querelles sté-
riles et fédérer les énergies. Un temps seule en lice,
la Champagne est retoquée en 2010. Sa candida-
ture est jugée floue, la région recentre alors son
dossier sur les paysages souterrains, notamment
les crayères de la colline Saint-Nicaise à Reims,
propriété des maisons Ruinart, Charles Heidsieck,
Pommery, G.H. Martel et Taittinger.
La Bourgogne et ses climats sont retoqués à
leur tour en 2012 pour une cartographie déclarée
imparfaite. Trois années d’efforts supplémentaires
seront nécessaires avant le sacre commun en 2015,
les deux régions étant distinguées la même année.
Denis Saverot (photos M.-È. Brouet et J.-C. Gutner)
LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 39
 M agazine
VIGNERON DE L’ANNÉE
LOUIS-BENJAMIN DAGUENEAU

SES POUILLYS ÉGALENT CEUX DE SON PÈRE

ropulsé sur le devant de la scène
après le décès accidentel de son
père Didier, vigneron charisma-
tique, généreux et fort en gueule de
Po u i l l y - Fu m é , L o u i s - B e n j a m i n
Dagueneau a relevé depuis 2006 un défi
que l’on pensait herculéen.
Âgé de 33 ans, Louis-Benjamin s’est
affirmé en quelques années comme un
vigneron sensible, instinctif et formida-
blement doué, qui a su faire encore pro-
gresser la renommée des vins du domaine
familial.
Moyennement porté sur les études,
Louis-Benjamin s’est formé peu à peu aux
côtés de son père, en particulier comme
ouvrier agricole aux Jardins de Babylone,
le petit vignoble haute couture que le sep-
tentrional Didier Dagueneau était allé
créer à Jurançon.
Doté d’un solide sens de l’observation,
il a également appris à chaque étape de son
parcours, travaillant chez de nombreux
grands vignerons amis de son père, parmi
lesquels Olivier Jullien (Languedoc) ou
François Chidaine (Montlouis).
Secondé dans la gestion du domaine et
l’activité commerciale par sa jeune sœur
Charlotte, Louis-Benjamin Dagueneau
a donné depuis 2008 la pleine mesure
de son talent en vinifiant brillamment
tous les millésimes, même les plus déli-
cats comme 2013.
Sa compréhension intuitive des équi-
libres du raisin, couplée à l’allongement
des durées d’élevage, donne aujourd’hui
des vins splendides, qui font l’unanimité
de la critique. Ses blancs sont désormais
solidement installés au panthéon des plus
grands sauvignons du monde grâce à une
expression sans équivalent du terroir de
Pouilly-Fumé.
Jean-Emmanuel Simond (photo L.-P. Ridet)
■ Domaine Didier Dagueneau,
Saint-Andelain (58) - Tél. : 09 71 39 92 25

NÉGOCIANT DE L’ANNÉE
GÉRARD BERTRAND, À NARBONNE

IL A CHANGÉ L’IMAGE
DU LANGUEDOC
ans un Languedoc viticole en pleine mutation économique et
sociologique, Gérard Bertrand s’est imposé en quelques années
comme une figure essentielle. L’aventure de ce rugbyman nar-
bonnais, au charisme indéniable, est à la fois personnelle et collective.
Depuis son berceau familial du château de Villemajou, il fut le pre-
mier président de l’appellation Corbières-Boutenac, lui donnant une
impulsion décisive. Il a eu le flair de mettre très tôt le cap sur l’agricul-
ture biologique, permettant à de nombreux jeunes vignerons, en leur
achetant des raisins bio en tant que négociant, de se lancer ou de persé-
GÉRARD vérer dans cette voie particulièrement adaptée au climat languedocien.
BERTRAND Aujourd’hui propriétaire de neuf importants domaines disséminés
Le négociant dans toute la région, il contribue à donner dans le monde entier une
Gérard Bertrand image valorisante, haut de gamme, des vins du Languedoc. En témoigne
a cru très tôt à l’agriculture
bio, permettant par ses sa dernière création, le Clos d’Ora, cuvée “super premium” en appella-
achats à de nombreux tion Minervois La Livinière. Pour beaucoup Gérard Bertrand est devenu
jeunes vignerons de l’homme fort du Languedoc. Pierre Citerne (photo Nelly Florès)
se lancer dans cette voie.
■ Château L’Hospitalet, Narbonne (11) - www.gerard-bertrand.com

40 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598

LOUIS-BENJAMIN
DAGUENEAU
Vigneron instinctif et sensible,
vinificateur surdoué,
Louis-Benjamin Dagueneau
a brillamment succédé
à son père Didier.
Ses vins issus de sauvignon se
distinguent par leur élégance
et leur raffinement.
 M agazine
CAVISTE DE L’ANNÉE
LE CHAMEAU IVRE, À BÉZIERS

LE TROUBADOUR DES VINS DU SUD

epuis Béziers, le caviste Philippe
Catusse jette un regard amoureux
sur le Languedoc, le Roussillon et
les autres vignobles français. Il parle beau-
coup, avec l’accent ciselé des derniers occi-
tanistes, mais surtout il agit. En témoignent
les 3 000 références de la sélection de sa
cave et de son restaurant, à la fois profonde
et très convaincante.
Voilà vingt-cinq ans que Philippe
Catusse prêche la bonne parole viticole. Il
est aujourd’hui à la tête du Chameau Ivre,
un bel endroit à la fois cave et bistrot à
vins au cœur de Béziers, et du Clos Saint-
Gabriel, société de négoce via laquelle il
vend des vins à 150 restaurants dans toute
la France, des simples auberges de cam-
pagne aux prestigieux trois macarons du
Guide Michelin.
En 1990, il fut l’un des premiers à perce-
voir les progrès accomplis dans le vignoble
du Languedoc-Roussillon et à le faire savoir
à qui voulait bien l’entendre. Depuis, il
accompagne le boom des vins de la région.
Tout en demeurant fidèle aux vignerons
emblématiques du coin, il est toujours en
quête de pépites méconnues. Mais Philippe
Catusse boit bien au-delà des frontières du
Pic Saint-Loup ou du Minervois. Sur sa
sélection de 3 000 références, “son Sud” en
représente un tiers. Le reste révèle la passion
du bonhomme pour les autres vignobles, la
vallée de Loire, la Bourgogne, le Sud-Ouest
ou encore le Jura et la Savoie.
Le compteur de sa camionnette marque
80 000 kilomètres par an : autant dire que
Philippe Catusse est un homme de terrain.
Il n’hésite pas à quitter son camp de base
biterrois pour aller livrer ses clients, rencon-
trer des vignerons, dénicher des vins et des
produits qu’il sert ensuite à la table de son
Chameau Ivre. Et ce jusqu’en Espagne !
Pierrick Jégu (photo Nelly Florès)
■ Le Chameau Ivre, Béziers (34)
Tél. : 04 67 80 20 20

HYPERMARCHÉ DE L’ANNÉE
INTERMARCHÉ, À MAULETTE (78)

LE PLUS BEAU RAYON

VINS DES YVELINES
our se faire une idée précise du rayon vins de l’Intermarché
de Maulette, dans les Yvelines, il suffit de jeter un œil sur le
rayon... marée ! À l’entrée du magasin, cet îlot joliment acha-
landé attire le regard, aiguise l’appétit et donne à l’ensemble des
allures de place de marché. La cave est à l’avenant. Et c’est bien d’une
vraie cave dont il s’agit ici, avec ses bouteilles sagement couchées les
unes à côté des autres, ses ardoises d’écolier sur lesquelles sont signa-
lées les suggestions du jour, son éclairage tamisé et son sommelier,
Patrick Gemard, toujours disponible dès qu’il s’agit de faire partager
ses coups de cœur et son enthousiasme.
La même passion anime l’équipe qui l’accompagne. Il y a David
Szczepanski, le directeur général adjoint, il y a Bertrand Pagat, chargé
INTERMARCHÉ des achats, et Didier Bouchart, l’heureux propriétaire de cette cave
DE MAULETTE qui achète 60 % de ses bouteilles directement auprès des domaines
PATRICK GEMARD
Le sommelier de (Henri Clerc, Dagueneau, Thierry Germain, Nicolas Bass...). Les
l’Intermarché de Maulette grands vignerons sont de plus en plus nombreux à se laisser séduire.
a fait de la cave de cet Et certains ont même, dit-on, décidé de faire le premier pas !
hypermarché des Yvelines
une référence pour Hakim Bendaoud (photo Léo-Paul Ridet)
les amateurs. ■ Intermarché, Maulette (78) - www.intermarche.com

42 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598

 PHILIPPE
CATUSSE
Depuis vingt-cinq ans,
ce caviste biterrois arpente
avec la même fougue
les routes du vignoble, du
Languedoc à la Bourgogne.
Au volant de sa camionnette,
il avale 80 000 kilomètres
par an pour dénicher
des perles rares.
 COOPÉRATIVE DE L’ANNÉE
LA CAVE DE RIBEAUVILLÉ

CAVE DE
RIBEAUVILLÉ
À Ribeauvillé, Yves Baltenweck
est un président heureux.
Sa cave centenaire est l’un des
fleurons de la coopération
alsacienne, et même française.
LE SÉRIEUX DES
GRANDS D’ALSACE
ée à la fin du XIXe siècle, la Cave de Ribeauvillé est une coo-
pérative à taille humaine, comme aime à le rappeler Yves
Baltenweck, son président depuis 2003 et grand amoureux
de la cité médiévale de Ribeauvillé et de ses coteaux.
La cave cultive l’une des plus grandes variétés de terroirs que l’on
puisse trouver en Alsace. Elle est propriétaire dans dix grands crus et
huit lieux-dits. Situé sur le terroir du grand cru Osterberg, le mono-
pole du Clos du Zahnacker, une parcelle de vignes complantées, consti-
tue le fleuron de la cave depuis 1965.
La cave s’appuie sur une charte de qualité sérieuse. Ici, depuis
quinze ans, les rendements sont revus à la baisse, au-dessous de ceux
imposés par les décrets d’appellation. Dix-huit hectares sont aujourd’hui
exploités en bio. La Cave de Ribeauvillé est également la seule coo-
pérative d’Alsace dans laquelle la totalité des raisins de ses 235 hec-
tares sont vendangés à la main ! Un exemple pour toute la région.
Caroline Furstoss (photo Amandine Honegger)
■ Cave de Ribeauvillé, Ribeauvillé (68) - www.vins-ribeauville.com

DÉCOUVERTE DE L’ANNÉE
DOMAINE FABIEN TROSSET, À ARBIN

LEUR VIN ROUGE FAIT

HONNEUR À LA SAVOIE
os dégustations dans le vignoble réservent des surprises, c’est le
charme du métier. Ainsi en Savoie, entre Chambéry et Albertville,
nous avons découvert un couple de jeunes vignerons talentueux
au nom de famille pourtant célèbre dans la région : Trosset.
Fabien Trosset et sa compagne Chloé ont repris en 2011 le domaine
de Jean-Louis Trosset, cousin germain de Louis et Joseph Trosset. En 2013,
ils ont aussi repris une partie des vignes du domaine Joseph Trosset, por-
tant ainsi à 16 le nombre d’hectares exploités par ce tandem inspiré. Plantés
sur le grand terroir d’Arbin, 13 hectares sont consacrés au fameux cépage
rouge mondeuse, le reste au cépage blanc altesse ou roussette de Savoie. FABIEN ET CHLOÉ
Leurs 2013 et 2014 nous ont enthousiasmés, surtout leur mondeuse TROSSET
Avalanche, vinifiée en vendange entière. D’une rare puissance mais sans Sur le grand terroir
d’Arbin, les vins de
risque pour celui qui la rencontre, cette Avalanche livre un fruit et une Fabien Trosset et de
fraîcheur impressionnants. Christian Martray (photo Marie-Ève Brouet) sa compagne Chloé
■ Domaine Fabien Trosset, Arbin (73) - www.domainetrossetfabien.com ont acquis en
l’espace de deux
millésimes une
44 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598 solide réputation.
 CHÂTEAU
SOUTARD
À Saint-Émilion,
c’est dans un élégant
décor, très XVIIIe siècle,
que Soutard reçoit
ses visiteurs. Ici, chaque
détail est soigné.
Photos : D. R.

PRIX DE L’ŒNOTOURISME
CHÂTEAU SOUTARD, À SAINT-ÉMILION

HOSPITALITÉ CHIC À SAINT-ÉMILION

’accueil touristique dans un grand
cru classé de Bordeaux s’apparente
parfois à un délicat exercice d’équi-
libriste : rendre convivial un château au
cadre somptueux, mais souvent intimi-
dant pour le visiteur qui ose pousser ses
portes. Château Soutard, magnifique pro-
priété de Saint-Émilion, a superbement
relevé le défi.
Racheté en 2006 par la mutuelle
AG2R-La Mondiale et dirigé par un
homme entreprenant, Bertrand de
Villaines (un lointain cousin d’Aubert !),
le grand cru classé de Saint-Émilion a vécu
une véritable mutation. Après des années
de travaux, il s’est ouvert au public et pro-
pose aux amateurs des visites, des ateliers
de dégustations thématiques, des cours sur
les accords mets et vins et même des dîners
prestigieux en partenariat avec un chef
pendant lesquels les hôtes peuvent choisir
un vieux millésime directement dans la
cave du château fort bien fournie.
Soutard n’oublie pas les enfants.
Pour eux ont été imaginés des parcours
d’énigmes dans ses 27 hectares de vignes,
avec à la clé une dégustation de cépages
(merlot, cabernets franc et sauvignon…)
sous forme de jus de raisin, dès le prin-
temps prochain. Une élégante boutique
est installée dans le prolongement du chai.
Enfin, depuis septembre 2015, les visi-
teurs peuvent dormir au château du
XVIIIe siècle dans quatre très belles
chambres d’hôtes tout juste rénovées (de
230 à 330 euros, petit déjeuner et visite
dégustation compris). Jérôme Baudouin
■ Château Soutard, Saint-Émilion (33)
www.chateau-soutard.com

LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 45

 MEILLEURE CARTE DES VINS
RESTAURANT REKONDO,
À SAN SEBASTIÀN (ESPAGNE)

L’ELDORADO
DES VINS RARES
e restaurant Rekondo surplombe la baie de San Sebastiàn, au
nord de l’Espagne, à deux pas de la frontière. Il renferme l’une
des plus belles caves au monde. Un trésor de 127 000 bouteilles,
acquises au fil du temps par cette famille de grands amateurs de vins
sur lequel veillent Txomin Rekondo et sa fille Lourdes.
RESTAURANT
REKONDO Mais en dehors de l’offre d’une diversité incroyable, qui décline
C’est à San Sebastiàn, des verticales de grands vins espagnols, mais aussi français (toutes les
ville basque immortalisée régions et les producteurs majeurs y figurent), c’est la politique tari-
par Hemingway,
que Txomin Rekondo
faire qui vaut à Rekondo d’être récompensé cette année.
et sa fille Lourdes En effet, de très grands vins, issus de vieux millésimes, sont dispo-
veillent sur la cave nibles à des prix ultra accessibles. L’amateur peut ici se faire plaisir
de leur restaurant :
127 000 bouteilles
avec des riojas des années 50 ou 60 à moins de 80 € la bouteille sur
de très grands vins. table. Et que dire des prestigieux crus de Bourgogne et de Bordeaux
vendus à des prix, hélas, inimaginables en France !
Olivier Poels (photo Beno”t Mauduech)
■ Rekondo, San Sebastiˆn (Espagne) - www.rekondo.com

MEILLEUR BLOGUEUR
VINCENT POUSSON

LE TRUBLION
DU VIN 2.0
es idées, Vincent Pousson en a plein son blog, idees-
liquidesetsolides.blogspot.fr, créé en 2012 ! La cin-
quantaine gourmande, cet ancien reporter radio (Sud
Radio et RMC), expatrié à Barcelone, poste jusqu’à cinq bil-
lets par semaine sur la toile dans lesquels il s’amuse aussi bien
à louer Allah en célébrant le port du voile des vins jaunes qu’à
railler les discours de « viticulture propre » en invitant les vigne-
rons à livrer la vérité sur les résidus de pesticides dans les vins.
Pour bien manger et boire, cette fine gueule a aussi concocté VINCENT
un mini-guide des restos de Barcelone en ligne. De virée dans POUSSON
la capitale catalane, vous le croiserez à l’Ànima del vi, un antre Depuis Barcelone, cet ancien
de vins “nature”, sirotant un chiroubles de Damien Coquelet journaliste commente
avec tendresse les joies
ou griffonnant une étiquette, son gagne-pain. Alexis Goujard et les peines du monde du vin.
D. R.

■ http://ideesliquidesetsolides.blogspot.fr/

46 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598

 LES TROPHÉES DU VIN 2016
VINCENT
CHEVRIER
Smartphone en main,
il indexe les événements
du vin sur son “appli” Vinexplore.
5 000 amateurs
l’utilisent régulièrement.
PRIX
DE L’INNOVATION
”L’APPLI” VINEXPLORE
LES BONS PLANS
DÉGUSTATION
EN UN CLIC !
ui, on peut être énarque et fou de
belles étiquettes. Vincent Chevrier,
39 ans, promotion Copernic
(2002), s’est mis en disponibilité de son
administration (Affaires sociales) pour se
lancer dans l’aventure des applications pour
smartphone. Avec trois complices, il a fondé
et dirige Vinexplore. Son idée est d’une sim-
plicité redoutable : permettre aux amateurs
de vin de dénicher (parfois en payant) en
quelques clics un bon plan dégustation là
où ils se trouvent, grâce à la géolocalisation.
Vinexplore est en somme un détecteur de
bons plans de poche.
La RVF récompense ici l’intuition d’un
jeune entrepreneur dont la conviction iné-
branlable résonne avec acuité dans une actua-
lité dramatique : « Un monde où les gens
boivent du vin est un monde meilleur ». Et,
rappelle-t-il : « Ce monde est digital, mais sur-
tout mobile. 50 % du trafic internet passe par
nos téléphones portables ».
Montée en puissance en 2015, “l’appli”
revendique 5 000 utilisateurs réguliers et en
vise plusieurs dizaines de milliers d’autres
rapidement. Entre 50 et 100 nouveaux évé-
nements sont proposés chaque semaine aux
curieux sur Vinexplore. Vincent Chevrier et
sa petite équipe indexent tous les événements
organisés par les vignerons, cavistes, inter-
professions… En novembre, Vinexplore était
par exemple le partenaire privilégié des
dégustations du beaujolais nouveau.
On suivra avec attention son dévelop-
pement : face à la concurrence (Vivino,
Tagawine, Wineadmisor…), Vinexplore a
encore du chemin à parcourir.
Benoist Simmat (photo Léo-Paul Ridet)
■ Vinexplore - www.vinexplore.com
LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 47
 M agazine UN DOMAINE À LA LOUPE
LE ROC DES ANGES
Des vins de paysage au royaume du schiste
Partis de rien, Marjorie et Stéphane Gallet ont œuvré avec passion pour faire de leur domaine
du Roussillon un modèle de compréhension d’un terroir de schistes. Reportage de Pierre Casamayor
M
arjorie et
Stéphane
Gallet se
sont rencon-
trés durant
leurs études
d’agrono-
mie à Montpellier. Sans un sou mais avec
passion, ils fondent un vignoble dans le
Roussillon, Le Roc des Anges. Marjorie
fait des stages dans sa région natale, en
Côte Rôtie (déjà des schistes), et Stéphane
Gallet, riche d’une maîtrise en génétique
végétale, débute chez Gérard Gauby, puis
au Mas Amiel dont il devient le directeur
technique jusqu’en 2008. Leur aventure
48 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598
catalane est fortuite, émaillée d’opportuni-
tés d’achat de vignes. Ils avancent à coups
d’emprunts, sur le fil du rasoir. Leur pas-
sion est récompensée par la reconnaissance
de leur talent, notamment dans la compré-
hension et le respect de leur terroir.
Ce terroir est plus proche du piémont
pyrénéen que du style sudiste. Le micro-
climat est singulier, certes balayé par la tra-
montane, mais protégé des vents marins et
humides par la crête de Força Real. Ajoutez
des pentes majoritairement exposées au
nord et cette singularité explique la fraîcheur
des vins malgré les fortes chaleurs estivales.
Nous sommes ici au royaume du schiste,
même si la parcelle initiale du domaine,
Roc Blanc, est assise sur une veine de quartz
blanc. Ces schistes sont très friables, riches
en fer, les racines peuvent y pénétrer en pro-
fondeur et générer de microzones d’argile.
Un pilotage exigeant
Car de l’argile, il n’y en a pas dans ces
arènes limono-sableuses de surface, de
20 à 40 cm d’épaisseur, avec des pH bas,
variables dans la saison tout comme la vie
dans les sols, qu’il faut corriger de temps
en temps par des apports calcaires. Ces
sols sont extrêmement pauvres, un enri-
chissement en compost est nécessaire, mais
Stéphane Gallet veut du compost frais, en
pleine expression de son énergie et de sa vie.

◼ Ces sols pauvres
réclament une
attention extrême. ◼
Quelque 50 parcelles composent le
domaine de 32 hectares, avec des his-
toriques différents, donc des conduites
adaptées. Ce sont des sols très fragiles,
seul un labour superficiel est bénéfique.
Le contrôle de l’herbe est essentiel pour
éviter l’érosion et retenir les feuilles mortes
entraînées par le vent, tout bénéfice pour
enrichir le sol. Tout est travaillé au che-
nillard ou au cheval. Un pilotage exigeant
fondé sur une observation permanente, car
ces sols ne sont pas autonomes.
Les pieds en gobelet sont taillés dos à la
tramontane pour protéger les grappes, on
laisse un œil franc et un bourrillon par bras,
on recherche ici une bonne vigueur des bois
et des raisins à gros grains pour privilégier la
finesse à la concentration. On est d’ailleurs
passé en dix ans de 10 hl/ha à quelque 25 hl/
ha, les vins se sont affinés. L’ébourgeonnage
est pratiqué sur certaines parcelles, les vignes
D. R.
MARJORIE
ET STÉPHANE GALLET
Ce couple d’ingénieurs agronomes, pas-
sionnés de vérité et de pureté, a créé de
toutes pièces Le Roc des Anges en 2001.
Ils sont aujourd’hui à la tête de 32 hectares,
d’un chai et d’un cuvier dernier cri.
palissées sont échardées, avec enlèvement
des entre-cœurs, elles sont effeuillées côté
levant. Les sarments sont bien dressés,
Marjorie et Stéphane attribuent cela à la
biodynamie et à l’emploi de silice.
La conversion en bio d’abord, puis en
biodynamie en 2011 a eu un coût, les par-
celles qui étaient en non-culture depuis
des années ont souffert des labours, et si
ARCHITECTURE TELLURIQUE.
Avec ce chai ultra-moderne
visiblement inspiré par le domaine
Les Aurelles en Languedoc,
Marjorie et Stéphane Gallet
affichent leurs ambitions pour
ce domaine du Roussillon.
la tramontane assainit le vignoble, elle peut
gêner l’application des préparats, elle cause
une casse importante des sarments et des-
sèche les bois des barriques.
Les premiers à récolter !
Dans la région, les Gallet sont les pre-
miers à récolter. Les vendanges sont appor-
tées en cagettes de 20 kg à la nouvelle cave
installée en bas du village de Montner. De
petites cuves béton de 35 à 40 hl pour par-
celliser au mieux, des drapeaux pour contrô-
ler les températures. Après un tri sur table,
les raisins blancs (grenaches blanc et gris,
maccabeu, carignans blanc et gris, un peu de
muscat à petits grains) sont pressés directe-
ment, sans macération. Débourbés, enton-
nés en barriques de capacités variables (228
à 500 l, deux petits foudres), un peu de neuf
et des occasions bourguignonnes, sur leurs
levures naturelles, les jus vont fermenter len-
tement, jusqu’à un mois, dans le chai sou-
terrain où l’air est renouvelé. Les vins sont
élevés jusqu’en avril, les mises en bouteille
s’effectuent avant l’été.
Pour les rouges (grenache, carignan,
syrah), l’éraflage n’est pas systématique,
les raisins sont encuvés à l’aide d’un tapis,
LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 49

Fiche d’identité
Terroir : 22 hectares en rouge (carignan 60 %, grenache 20 %,
syrah 20 %) ; 10 hectares en blanc (grenache gris 60 %,
maccabeu 30 %, muscat à petits grains 5 %, carignan 2 %).
Production moyenne annuelle : 70 000 bouteilles
Type d’agriculture : certifié biodynamique depuis 2011
Adresse : 1, route de Montner, 66720 Latour-de-France
Tél. : 04 68 29 16 62
Fax : 04 68 29 45 31
E-mail : rocdesanges@wanadoo.fr
Propriétaires : Marjorie et Stéphane Gallet
les fermentations partent avec un pied de
cuve en levures indigènes. Les Gallet privi-
légient les levures du vignoble plutôt que
la population de la cave, éradiquée par
une hygiène de maniaque. Un remontage
au début, pas de pigeage, on se méfie ici
des extractions trop poussées car ces raisins
ont une bonne extractibilité naturelle. Les
malolactiques sont spontanées, parfois sous
marc, et peuvent se terminer en barrique.
Les mises en bouteilles ont lieu en juillet, les
vins vieilliront six mois en bouteille avant
leur commercialisation.
Le style des vins
Ce sont des vins de paysage, à l’image
de ce piémont catalan et de sa luminosité.
Si le terme de minéralité est souvent un
fourre-tout, il est ici justifié par cette ner-
vosité saline qui caractérise de plus en plus
les vins. Le style des rouges a beaucoup évo-
lué, de la concentration des débuts jusqu’à
une transparence et une vibration qui prend
le pas sur la densité, millésime après millé-
sime, avec un respect évident des caractéris-
tiques de celui-ci. La cuvée Segna de Cor
2014 (les parcelles les plus jeunes) offre un
joli nez sur la cerise, les épices, une bouche
lissée, expressive, très fruitée, avec des tanins
fondus, de la tension (16/20). Reliefs 2013
(vieilles parcelles de carignan, grenache et
syrah), aux notes de fruits noirs grillés, a
une bouche ample, bien équilibrée, avec des
tanins épicés, une belle profondeur finale
(16/20). La cuvée 1903 (carignan) 2014 a
un nez ouvert sur les fruits noirs, une belle
structure harmonieuse, une grande matière,
LE ROC DES ANGES
LE ROYAUME
DU SCHISTE.
Les 32 hectares
de vignes,
travaillés en
biodynamie,
sont quasi
exclusivement
assis sur un terroir
de schistes
anciens.
de la longueur (16,5/20). Las Trabasseres
2013 (carignan) révèle un nez très miné-
ral, avec des fruits noirs, d’excitantes notes
d’orange sanguine, une bouche sur le fruit
noir, bien structurée, une belle tension
minérale (17/20).
Ce sont les blancs qui interprètent avec
le plus de force la parole du terroir et l’évo-
lution récente. D’une grande précision,
avec de la pureté, une nervosité vibrante
et cette salinité qui exprime le plus profond
des sols, ils peuvent apparaître austères de
prime abord. Après une décantation, ces
vins très secs révèlent une finesse insoup-
çonnée, rehaussée par la grande droiture
de l’équilibre, des vins catalans qui ont
oublié la rusticité du genre. La cuvée L’Oca
2014 (maccabeu) en est la démonstration
et révèle des facettes insoupçonnées de ce
cépage : de l’ampleur, des notes fumées,
de schistes chauds, une palette épicée qui
se prolonge en salinité, un équilibre tran-
chant très savoureux (19/20).
LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 51
 M agazine UN DOMAINE À LA LOUPE
LA PERFECTION DES BLANCS DU ROUSSILLON
Verticale de la cuvée Llum (Lumière en catalan)
Assemblage de grenache gris (entre 50 et 70 % ) et maccabeu (entre 30 et 50 %) 3 QUESTIONS À
2014 Joli nez fin et expressif, pêche, miel, légères notes florales, MARJORIE
17,5/20
amande fraîche. Bouche fraîche et tendue, avec du nerf,
une belle tension, une minéralité saline. Longueur salivante. ET STÉPHANE
GALLET
2013 Nez fin, un peu discret, avec des notes florales, minérales,
en phase de fermeture. La bouche est vive, avec une belle
15/20 matière, une finale vibrante.

2012 Robe plus prononcée, nez sur les fruits jaunes, les épices,
les fleurs séchées. Bouche ample, notes de fruits compotés,
17/20 coing, belle finale épicée. Un autre style.

2011 Nez sur les fruits blancs compotés, miel, épices douces ;
bouche riche, bel équilibre, allonge sur un fruité épicé. La Que vous a apporté
17/20 tension porte le vin mais ne domine pas. Finale imprégnante. la biodynamie ?
Un supplément d’âme,
2010 Ancien nom : Vieilles vignes. Amande, notes épicées, beaucoup plus d’énergie. Certains
d’éclat. Bouche énergique, matière élégante, finale structurée, traitements comme la
17/20 grande minéralité, égayée par des notes de pâte de coing.
silice ont eu des résultats
spectaculaires, la vigne
2009 Notes de sureau, nèfle, abricot sec, touches balsamiques,
on dirait un manseng. Bouche ample et riche, équilibre s’est redressée, on est
17/20 tendu. Plus solaire, mais bien dans cette ligne salivante. passé des vins de soleil à
des vins de lumière, on a
2008 Nez très minéral, silex, fumé, poivre blanc ; bouche minérale, gagné 0,3 point de pH
épurée, grande énergie, tension qui porte le vin jusqu’à depuis la conversion, mais
16/20 une finale vibrante. Un modèle de droiture et de sincérité.
on ne peut encore pas
tout expliquer. 2003, 2008
Verticale de la cuvée Iglesia Vella (Vieille Église) et 2012 sont les millésimes
100 % grenache gris qui nous ont fait avancer.
Nez strict, notes minérales, fruits blancs, amande fraîche. Qu’avez-vous contre
2014 Bouche très droite, belle minéralité, dépouillée et très les vins “nature” ?
18/20 tendue, finale saline, allongée et vibrante, pureté cristalline. Ce sont des vins de fai-
néant ! Ils sont bourrés de
2013 Notes de fleurs séchées, rose, minéralité ; bouche droite défauts, mais ils séduisent
et profonde, finale épicée, vive et tendue, très minérale,
les néovignerons comme
18/20 toucher de bouche tactile et salivant.
les néoconsommateurs
Fruits plus évolués, coing, abricot sec ; bouche sur un fruité qui s’habituent à ces faux-
2012 confit, belle tension équilibrante, grande expression, qui se goûts ou les prennent
17/20 prolonge dans une finale très étirée. Un millésime atypique. pour des expressions du
terroir. Une régression.
2010 Fruit un peu vanillé, confit ; bouche plus tendre qui se Comment allez-vous
structure en finale sur une présence tannique, avec un beau évoluer ? 
16/20 fruité confit épicé.
Nous allons affirmer notre
style, entre vins du Sud et
2009 Fruits confits, notes de pierres chaudes ; bouche riche mais
droite, bien structurée, très tendue. La minéralité ressort en vins d’élégance. Notre
17/20 finale pour équilibrer la puissance. autre domaine Les Terres
de Fagayra complète
2008 Magnum. Nez fumé, amande grillée, schistes chauds, notre aventure catalane
minéralité très démonstrative. Bouche vive, bien tendue, fruité avec ses vins doux.
18/20 encore jeune, belle signature minérale qui porte l’ensemble.

52 ■ FƒVRIER 2016 - LA RVF n¡ 598

 Pierre Reconstituée

En quelques
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 Tous les vins dégustés
à La Revue du vin
de France sont servis
dans des verres
Chef & Sommelier.

Le comité d’experts de
La Revue du vin de France

Olivier Poussier Olivier Poels Roberto Petronio Caroline Furstoss Jean-Emmanuel Pierre Casamayor Pierre Citerne
Meilleur sommelier
Journaliste, auteur Journaliste, photographe Sommelière Simond Œnologue et écrivain Docteur en préhistoire
du monde Consultant

Philippe Maurange Raoul Salama Sylvie Augereau Alexis Goujard Axel Marchal Guillaume Baroin Fabrizio Bucella
Journaliste, auteur Ingénieur et consultant Vigneronne Journaliste et caviste Œnologue Expert en barriques et liège Universitaire

Les dégustateurs associés : Isabelle Bachelard (journaliste), David Biraud (meilleur sommelier de France), Thomas Bravo-Maza (journaliste), Philippe de Cantenac (journaliste),
Michel Dovaz (écrivain), Philippe Faure-Brac (meilleur sommelier du monde), Cyrille Mald et Alexandre Vingtier (spiritueux), Robert Vifian (restaurateur), Christian Martray (sommelier).

Sommaire
GEVREY-CHAMBERTIN
La puissance et le style
à partir de 25 euros 56
Comprendre le vin : l’art de prédire l’évolution du vin 71

Pourquoi il faut célébrer

les grands muscadets 72
Découvertes : le grand cru alsacien Muenchberg 84
Les coordonnées des producteurs 86
A. chemin

LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 55

 CÔTE DE NUITS
LA PUISSANCE SAUVAGE
DE GEVREY-CHAMBERTIN
Sur ce terroir subtil, riche en nuances œuvrent la plupart des grands noms de la Côte de Nuits.
De la confrontation de leurs styles naissent quelques-uns des légendaires vins rouges bourguignons.

Une dégustation exceptionnelle d’Olivier Poels et de Roberto Petronio

A
vec près de 409 hectares Bourgogne, qui remontent au premier on peut retrouver des expressions variées,
de vignes situés sur les siècle avant notre ère. en fonction de la nature des sols, mais aussi
communes de Gevrey- de l’interprétation qu’en font les vignerons.
Chambertin et Brochon, Des vins solides et virils Régulièrement qualifiés de « virils » ou de
neuf grands crus et D’un point de vue du terroir, des ter- « solides », les vins de Gevrey vont bien au-
vingt-six premiers crus, roirs, devrait-on dire, Gevrey-Chambertin delà de cette vision réductrice.
Gevrey-Chambertin est sans conteste le offre une grande diversité de sols, mais aussi Selon Jean-Louis Trapet, c’est avant tout
grand village phare de la Côte de Nuits. d’expositions et même d’altitudes pour les la faculté à vieillir longuement et à s’affi-
Un statut acquis de longue date, puisque vignes. Ainsi, ne nous y trompons pas, il ner dans le temps qui caractérise ces vins.
c’est ici qu’ont été retrouvées les traces les demeure très difficile de qualifier de manière Un avis que partage Bernard Dugat-Py qui
plus anciennes de culture de la vigne en précise les vins de Gevrey-Chambertin, tant pointe aussi l’évolution du style des vins ces

56 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598

 L’INTÉGRALE DE GEVREY-CHAMBERTIN 2013

soyeuse et le toucher de velours des crus vini-
fiés par le domaine Armand Rousseau, la
profondeur énergique et la densité des vins
signés Bernard et Loïc Dugat-Py, la droiture
absolue et la complexité exprimées par le
domaine Confuron-Cotetidot ou la race
aérienne des bouteilles de Jean-Louis Trapet
donnent autant d’interprétations de ce que
peut être le terroir de Gevrey-Chambertin.
Les “classiques” et les “modernes”
C’est d’ailleurs ici dans les années 90 que
deux grandes écoles de vinification se sont
opposées. Avec d’un côté ceux que nous
avions baptisé les “modernes” et de l’autre
Dès le premier siècle les “classiques”. Les premiers (Perrot-
avant notre ère, Minot, Dugat-Py, Charlopin…), adeptes
les Romains s’étaient
entichés des vins de de la vendange égrappée, des raisins très
Gevrey-Chambertin. mûrs et des élevages parfois appuyés, affir-
maient un style résolument démonstratif,
avec des vins très en chair et en fruit. À
l’opposé, les seconds (Trapet, Leroy,
Confuron-Cotetidot) privilégiaient la ven-
BIVB / Joly M.
Aujourd’hui, la frontière entre ces deux
visions des vins s’est estompée et nombre
de vignerons ont infléchi leur style. Si les
premiers, par l’apport d’une part parfois
importante de vendange entière et surtout
grâce à des boisés moins marqués, expriment
davantage d’élégance et de complexité, les
seconds ont donné plus de soyeux et de raf-
finement à leurs vins. La distinction entre
ces deux familles devient donc moins lisible,
mais l’éclosion d’une génération de vigne-
rons talentueux (David Duband, Bertille,
Cyprien et Romain Arlaud, Alexandrine
Roy…) démontre que Gevrey-Chambertin
sait se renouveler, pour le plus grand plai-
sir des amateurs du monde entier. O. Pls
POUR DÉGUSTER CE DOSSIER
Après appel à échantillons, les vins issus du mil-
lésime 2013 ( actuellement commercialisés par
les domaines) ont été dégustés par Roberto Petro-

dange entière et l’expression d’un certain nio et Olivier Poels à La Revue du vin de France
marqueur végétal, confinant parfois à l’aus- en novembre 2015. Un complément de dégusta-
térité des vins dans leur jeunesse. tion a été réalisé sur place début décembre 2015.

dernières années, conséquence du réchauf-

fement climatique : « Nous ramassons plus L’ANTIQUE MOSAÏQUE DE GEVREY-CHAMBERTIN
mûrs, ce qui donne naissance à des vins plus
charnus et plus homogènes », explique-t-il.
« Oui, Gevrey revendique souvent sa puis-
sance, son côté sanguin voire sauvage », ajoute
Christophe Perrot-Minot. Mais la grande
hétérogénéité des terroirs donne aussi naissance
à des vins qui peuvent faire preuve de beaucoup
de finesse, comme sur les Charmes, à condition
toutefois de les vinifier dans cet esprit. »

Terre de grands seigneurs

La notoriété de Gevrey-Chambertin est
aussi due au fait qu’une grande partie des
vignerons emblématiques de la Bourgogne
possèdent des vignes dans l’appellation,
créant ainsi une émulation dont le village
tout entier a largement bénéficié. De grands
hommes ont fait et font rayonner Gevrey :
Éric Rousseau, Bernard Dugat-Py, Philippe
Charlopin, Jean-Louis Trapet, Denis
Mortet… Ces grands noms livrent des
visions parfois très différentes, mais au final
complémentaires des grands vins de pinot
noir. Plus qu’ailleurs, ils ont exploré des voies
et des techniques qui ont fait progresser l’en-
semble de la Bourgogne. La délicatesse

LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 57

 EN COUVERTURE

NOS 120 PLUS BELLES BOUTEILLES DE

GEVREY-CHAMBERTIN DANS LE MILLÉSIME 2013
20/20 Ruchottes-chambertin Grand cru Domaine Pierre Gelin p. 67
Domaine Leroy p. 61 Clos des Ruchottes 1er cru Clos Prieur
Domaine Jean-Louis Trapet p. 61 GÉRARD Domaine Harmand-Geoffroy p. 60
Chambertin Grand cru RAPHET.
Domaine Leroy p. 64 Chapelle-chambertin Grand cru Mazis-chambertin Grand cru
Domaine de la Vougeraie p. 63 Tous ses Domaine Michel Magnien p. 65
Latricières-chambertin Grand cru vins se
Charmes-chambertin Grand cru 1er cru Les Cazetiers
Domaine Jean-Louis Trapet p. 62 caractérisent Domaine Marchand Frères p. 68
Maison Chanson p. 63
Chambertin Grand cru par leur belle 1er cru Aux Combottes
Charmes-chambertin Grand cru
fraîcheur. Domaine Gérard Raphet p. 69
Maison Philippe Pacalet p. 63
19,5/20

M.-È. Brouet
Charmes-chambertin Grand cru Village Les Champs Chenys
Domaine Confuron-Cotetidot p. 59 Domaine Marc Roy p. 69
Mazis-chambertin Grand cru Village Clos Prieur
Domaine Dugat-Py p. 59 18/20
Domaine Marc Roy p. 70
Mazis-chambertin Grand cru Domaine Confuron-Cotetidot p. 66 Domaine Pierre Naigeon p. 59 Domaine Gérard Raphet p. 68 Village
Domaine Armand Rousseau p. 62 1er cru Lavaux Saint-Jacques Mazis-chambertin Grand cru Vieilles vignes 1er cru Aux Combottes Maison Joseph Drouhin p. 65
Chambertin Grand cru Domaine Frédéric Magnien p. 60 Domaine Perrot-Minot p. 63 Domaine Gérard Raphet p. 66 1er cru Les Cazetiers
Chambertin Clos de Bèze Grand cru Charmes-chambertin Grand cru 1er cru Lavaux Saint-Jacques Maison Louis Max p. 67
Domaine Jacques Prieur p.62
19/20 Domaine Gérard Raphet p. 63 Domaine Rossignol-Trapet p. 68 1er cru Clos Prieur
Domaine Bart p. 60 Chambertin Grand cru Charmes-chambertin Grand cru 1er cru Petite Chapelle
Domaine Gérard Raphet p. 60 Domaine Henri Richard p. 65 Domaine Jean-Louis Trapet p. 70
Chambertin Clos de Bèze Grand cru
Chambertin Clos de Bèze Grand cru Mazoyères-chambertin Grand cru
15/20
Domaine David Duband- Village Domaine Arlaud p. 70
François Feuillet p. 64 Domaine Henri Richard p. 63 Maison Louis Jadot p. 61 Maison Albert Bichot p. 66
Charmes-chambertin Grand cru Village
Latricières-chambertin Grand cru Chapelle-chambertin Grand cru 1er cru Lavaux Saint-Jacques
Domaine Rossignol-Trapet p. 62 Domaine René Bouvier p. 67
Domaine Dugat-Py p. 65 Maison Philippe Pacalet p. 67 Maison Louis Jadot p. 66
Chambertin Grand cru 1er cru Fonteny
Mazoyères-chambertin Grand cru 1er cru La Perrière 1er cru Clos Saint-Jacques Domaine Philippe Charlopin p. 69
Domaine Armand Rousseau p. 60 Domaine Rossignol-Trapet p. 64 Maison Louis Jadot p. 66 Village Évocelles
Chambertin Clos de Bèze Grand cru Latricières-chambertin Grand cru 17/20 1er cru Estournelles Saint-Jacques Domaine Pierre Damoy p. 69
Domaine Jean-Louis Trapet p. 64 Domaine Georges Roumier p. 59 Bouchard Père & fils p. 61 Village Clos Tamisot
Ruchottes-chambertin Grand cru
Latricières-chambertin Grand cru Chambertin Clos de Bèze Grand cru 16/20 Domaine Pierre Gelin p. 69
Maison Chanson p. 60 Maison Joseph Drouhin p. 59 Domaine Bruno Clair p. 67 Domaine Denis Berthaut p. 66 Village Clos de Meixvelle
Chambertin Clos de Bèze Grand cru Mazis-chambertin Grand cru 1er cru Clos du Fonteny 1er cru Lavaux Saint-Jacques Domaine Pierre Naigeon p. 69
Domaine Faiveley p. 67 Domaine Charlopin-Parizot p. 59 Village Les Échézeaux
18,5/20 17,5/20 1er cru Clos des Issarts Mazis-chambertin Grand cru Domaine Henri Richard p. 69
Domaine Arlaud p. 62 Domaine Arlaud p. 68 Domaine Pierre Naigeon p. 63 Domaine David Duband p. 70 Village Aux Corvées
Charmes-chambertin Grand cru 1er cru Aux Combottes Charmes-chambertin Grand cru Village
Domaine Bruno Clair p. 60 Domaine Bruno Clair p. 66 Domaine Perrot-Minot p. 65 Domaine Dupond-Tisserandot p. 64 14,5/20
Chambertin Clos de Bèze Grand cru 1er cru Clos Saint-Jacques Mazoyères-chambertin Grand cru Charmes-chambertin Grand cru Bouchard Père & fils p. 70
Domaine Confuron-Cotetidot p. 62 Domaine Confuron-Cotetidot p. 67 Domaine Rossignol-Trapet p. 67 Domaine Geantet-Pansiot p. 62 Village
Charmes-chambertin Grand cru 1er cru Craipillot 1er cru Cherbaudes Chambertin Grand cru Domaine Philippe Charlopin p. 70
Domaine Pierre Damoy p. 60 Domaine Pierre Damoy p. 61 Domaine de la Vougeraie p. 68 Domaine Harmand-Geoffroy p. 66 Village
Chambertin Clos de Bèze Grand cru Chapelle-chambertin Grand cru 1er cru Bel Air 1er cru Lavaux Saint-Jacques Domaine Faiveley p. 69
Domaine David Duband- Domaine Dugat-Py p. 67 Domaine de la Vougeraie p. 68 Village La Justice
Domaine Harmand-Geoffroy p. 65
François Feuillet p. 62 1er cru Fonteny Village Les Évocelles Vigne en foule Domaine Geantet-Pansiot p. 65
1er cru Champeaux
Charmes-chambertin Grand cru Domaine Faiveley p. 60 Maison Albert Bichot p. 63 1er cru Champeaux
Domaine Marchand Frères p. 64
Domaine Claude Dugat p. 61 Chambertin Clos de Bèze Grand cru Charmes-chambertin Grand cru Domaine Huguenot Père et fils p. 69
Charmes-chambertin Grand cru
Griotte-chambertin Grand cru Domaine Pierre Gelin p. 60 Maison Chanson p. 67 Village Les Crais
Domaine Philippe Naddef p. 65
Domaine Faiveley p. 59 Chambertin Clos de Bèze Grand cru 1er cru La Perrière Domaine Méo-Camuzet
1er cru Champeaux
Mazis-chambertin Grand cru Domaine Camille Giroud p. 62 Maison Louis Jadot p. 61 Frère et Sœurs p. 70
Domaine Pierre Naigeon p. 67
Domaine Chantal Rémy p. 64 Chambertin Grand cru Chambertin Clos de Bèze Grand cru Village
1er cru Cherbaudes
Latricières-chambertin Grand cru Domaine Michel Magnien p. 63 Maison Louis Latour p. 62 Maison Albert Bichot p. 69
Domaine Armand Rousseau p. 59 Charmes-chambertin Grand cru 16,5/20 Chambertin Grand cru Village Les Évocelles
Domaine Denis Berthaut p. 65 Cuvée Héritiers Latour Maison Decelle-Villa p. 70
1er cru Les Cazetiers Maison Philippe Pacalet p. 70 Village
Domaine René Bouvier p. 64 Maison Louis Jadot p. 70
Village
FRÉDÉRIC Charmes-chambertin Grand cru Village
MAGNIEN. Domaine Philippe Charlopin p. 64 Maison Louis Max p. 70
Charmes-chambertin Grand cru 15,5/20
Ses vins ont Village
Domaine Camille Giroud p. 63 Domaine Jean-Claude Boisset p. 69
gagné en
finesse sans Charmes-chambertin Grand cru Village En Champs 14/20
Domaine Camille Giroud p. 66 Domaine Charlopin p. 68 Domaine René Bouvier p. 70
perdre en
précision. 1er cru Lavaux Saint-Jacques 1er cru Bel Air Village
Bravo ! Domaine Huguenot Père et fils p. 63 Domaine Dupont-Tisserandot p. 68 Domaine Dupont-Tisserandot p. 70
Charmes-chambertin Grand cru 1er cru Petite Chapelle Village Vieilles vignes
M.-È. Brouet

Domaine Frédéric Magnien p. 68 Domaine Faiveley p. 65 Domaine Jean Fournier p. 70

1er cru Petite Chapelle 1er cru Les Cazetiers Village

58 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598


Des grands vins qui racontent
la diversité des terroirs de Gevrey
Grands crus, premiers crus ou “simples” villages, fins ou denses, délicats ou énergiques,
ces 120 vins de légende représentent la formidable variété d’expressions de l’appellation.
LES
GRANDS
CRUS
L’appellation compte neuf grands
crus que nous présentons ici
du nord au sud.
RUCHOTTES-
CHAMBERTIN
C e terroir de 3,30 ha a des
sols peu profonds mar-
qués par la forte présence de
cailloux. À l’inverse de ceux
du Charmes-Chambertin, ils
se réchauffent peu à cause de
l’altitude de ce cru et de sa
position en sortie de combe.
Le domaine Rousseau est le
propriétaire exclusif du Clos
des Ruchottes, entouré de
trois murs. C’est l’un des vins
les plus fins et les plus frais
des grands crus de Gevrey.
Quelques domaines embléma-
tiques, dont Georges Roumier,
Mugneret Gibourg et bien
entendu Armand Rousseau,
brillent sur ce terroir.
18,5/20  il donne des vins d’une grande
■ DOMAINE
ARMAND ROUSSEAU
Clos des Ruchottes
La vigne est située dans le haut du
village, à la lisière du bois. Le Clos
des Ruchottes est le vin le plus fin
du domaine Rousseau, ce que ce
2013 confirme. Mais derrière son
apparente délicatesse et sa grâce
▶ Coordonnées des producteurs page 86
L’INTÉGRALE DE GEVREY-CHAMBERTIN 2013
naturelle, il possède du fond. Un vin
solide et tout en nuances.
Prix : 250 € (cavistes)
Bouteilles/an : 5 000
18/20
■ DOMAINE
GEORGES ROUMIER   Prix : 160 € ; bouteilles/an : 400
Ce ruchottes d’une magnifique
élégance embaume les pétales de
roses. La vendange entière s’ex-
prime tant au nez que dans une
bouche vive qui s’étire avec vigueur.
Un vin épuré et gracieux, toujours
d’une grande séduction.
Prix : entre 150 et 200 €
Bouteilles/an : 1 890
MAZIS-
CHAMBERTIN
P lacé juste sous les
Ruchottes et au nord du
Clos de Bèze, le Mazis se
divise en deux entités : Mazis
haut et Mazis bas. Il est situé
sous la fameuse combe Lavaux.
Sur la partie haute, le sol cal-
caire affleure, tandis que l’ar-
gile, les cailloux et les éboulis
sont présents dans le bas.
D’une superficie de 8,27 ha,
structure que seul le temps
sait dompter, à l’image de
ceux des domaines Confuron-
Cotetidot et Dugat-Py.
19,5/20
■ DOMAINE
CONFURON-COTETIDOT
Ce vin impose une trame et une
distinction hors normes. Il est
campé sur une colonne vertébrale
droite, mais bien enrobée. Très
charnu et intense, avec ses notes
de fraise des bois, de pivoine et de
rose. La finale explose et semble ne
jamais vouloir finir.
19,5/20
■ DOMAINE DUGAT-PY
Dès le nez, il se montre envoûtant,
terriblement complexe et profond.
Cette cuvée qui tutoie la perfection
possède un éclat de fruit et une pré-
cision qui émouvront le plus blasé
D. R.
des dégustateurs. Les notes de petits
fruits noirs, la fraîcheur mentholée en
finale et la texture finement poudrée
DOMAINE DUGAT-PY.
signent un vin de légende. Ce mazis-chambertin au nez
Prix : entre 300 et 500 € envoûtant tutoie la perfection.
(cavistes) ; bouteilles/an : 900
18,5/20
finale, avec des tanins de velours.
Prix : 260 € ; bouteilles/an : N. C.
■ DOMAINE FAIVELEY
Cette cuvée musclée, ferme et très 17,5/20
intense est une très belle révéla- ■ DOMAINE
tion. Le vin se montre pour l’heure PIERRE NAIGEON
replié sur lui-même, mais le fruit est Vieilles vignes
intense, bien respecté par l’élevage Ce vin d’une indéniable finesse a
et la finale laisse entrevoir un bel besoin de temps pour se libérer. Il
avenir. se montre alors profond, avec une
Prix : N. C. ; bouteilles/an : 5 700 belle trame équilibrée. Raffiné et
complet, mais encore un peu ferme.
18/20 Prix : 106 € ; bouteilles/an : 294
■ MAISON
JOSEPH DROUHIN 16/20
Tout à fait dans le style de la maison, ■ DOMAINE
avec un côté infusé et un fruité très CHARLOPIN-PARIZOT
souple mais persistant. Gourmand et La matière est fine, avec un
long, il joue sur un beau soyeux en beau délié, mais l’aromatique de
LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 59
EN COUVERTURE
l’élevage est toujours dominante,
avec des senteurs de bourbon et de
vanille. Cela étouffe un fruit pourtant
joli et raffiné.
Prix : 120 € ; bouteilles/an : 300
15,5/20
■ DOMAINE
HARMAND-GEOFFROY
Le nez introduit un vin puissant et
riche. On retrouve cette ampleur et
cette maturité du fruit en bouche,
avec un boisé enrobant. Il faut lui
laisser le temps de s’harmoniser et
de se mettre en place.
Prix : 80 € ; bouteilles/an : 3 000
CHAMBERTIN-
CLOS DE BÈZE
C e grand cru de 15,38 ha
se démarque de son voisin
le Chambertin par son relief
plus en pente dont les sols
sèchent et drainent plus vite
après une pluie. La maturité
est ici toujours plus précoce
que chez son illustre voisin.
Le Clos de Bèze peut être
vendu en Chambertin, mais
pas l’inverse. Souvent plus
fin et plus enjôleur que ce
dernier, le Clos de Bèze se
montre plus explosif, dès
sa naissance, tant au nez
qu’en bouche. Il s’exprime
avec merveille chez Bruno
Clair, Armand Rousseau, Bart,
Pierre Damoy ou Perrot-Minot.
 
19/20
■ DOMAINE BART
Issue d’une parcelle plantée au beau
milieu du Clos de Bèze, cette cuvée
délivre un parfum d’orangette, servi
par un fruit d’une intense pureté, tout
en conservant une part de gourman-
dise. Son bouquet est magnifique.
Prix : 95 € ; bouteilles/an : 1 200
19/20
■ DOMAINE
ARMAND ROUSSEAU
Finement beurré, il développe un
parfum floral, pivoine et rose. Sa
bouche est dotée de la force sereine
60 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598
DOMAINE PERROT-MINOT Bèze plus aérien que charnel, plus
délicat que plein.
CHRISTOPHE PERROT-MINOT Prix : 155 € ; bouteilles/an : 4 400
18,5/20 
Il a gagné en délicatesse ■ DOMAINE
PIERRE DAMOY
D
epuis son premier millésime en 1993, le vigneron de
Un boisé chic vient apporter une
Morey-Saint-Denis a parcouru beaucoup de chemin et
considérablement affiné son style. « Comme beaucoup
certaine élégance dans la palette
de jeunes qui débutent, j’ai voulu aller très loin dans la maturité aromatique. En bouche, le fruit se
des raisins, l’extraction et l’élevage », reconnaît-il. Si le domaine montre très expressif, consolidé par
est encore, aux yeux de certains, synonyme de vins au profil très des tanins puissants mais pas durs.
moderne, la réalité est désormais tout autre. Dans sa superbe Prix : 212 € ; bouteilles/an : 3 000
salle de dégustation, Christophe Perrot-Minot est fier de présenter
des vins bien plus gourmands, déliés et délicats que par le passé. 18/20 
On perçoit cette nouvelle approche dans les 2013 goûtés ici et ■ DOMAINE
plus encore dans les 2014 à venir. À suivre de très près. O. Pls FRÉDÉRIC MAGNIEN
Il affiche une grande vinosité au nez,
CHRISTOPHE
PERROT-MINOT.
avec des notes d’épices. La bouche
est dense et juteuse, avec beaucoup
Ses 2013 illustrent
une nouvelle approche,
avec des vins plus
gourmands et dŽliŽs.
de fond mais des tanins souples. Il
possède de la structure et du volume.
Prix : 305 € ; bouteilles/an : 300
18/20
■ DOMAINE
GÉRARD RAPHET
Nez parfumé qui sent l’orangette,
presque chocolaté ; avec toujours
cette impression de ronce et de végé-
tal. Un Clos de Bèze surprenant dans
un style assez fin et épuré.
Prix : 150 € ; bouteilles/an : 1 000
17,5/20 
■ DOMAINE PIERRE GELIN
À la fois gracieux et soyeux, avec
une trame tannique marquée par
les 50 % de fûts neufs ; un boisé
qui semble bien s’intégrer au fruit,
même s’il reste présent tant dans la
R. Petronio
palette aromatique qu’en bouche.
Prix : 130 € ; bouteilles/an : 1 200
des grands terroirs. Même si l’éle- florale, voire végétale. La bouche est
vage doit encore fusionner avec ce tout en puissance, musclée. 17,5/20 
fruit dense qui l’absorbera dans le Prix : 196 € ; bouteilles/an : 1 000 ■ DOMAINE FAIVELEY
temps. Un nez fumé, mais avec un fruit très
Prix : entre 400 et 500 € 18,5/20  suave et savoureux en bouche. Une
(cavistes) ; bouteilles/an : 1 500 ■ DOMAINE BRUNO CLAIR version tendre du Clos de Bèze qui 
On retrouve le nez finement pou- offre un beau délié, un fruit légère-
19/20  dré du style Bruno Clair. La bouche ment guidé par le toasté du boisé
■ MAISON CHANSON est en revanche très pure. Certes, sans que cela ne l’étouffe.
De prime abord, le nez dégage une l’élevage est encore un peu présent, Prix : entre 280 et 300 €
impression de métal froid. Puis mais on apprécie avant tout cette Bouteilles/an : 4 700
arrive une note de cuir, de fruit frais, délicatesse de grain. Un Clos de
 L’INTÉGRALE DE GEVREY-CHAMBERTIN 2013

DOMAINE JEAN-LOUIS TRAPET

JEAN-LOUIS TRAPET
L’incontournable
porte-drapeau

A
vec huit appellations, dont trois grands crus,
sur Gevrey-Chambertin, le domaine Trapet est
un incontournable porte-drapeau de ce vil-
lage. Vigneron sage et appliqué, Jean-Louis livre
depuis déjà quelques millésimes une lecture très
pure et définie des terroirs qu’il travaille. Une excel-
lence que la biodynamie (certifiée depuis 1999) a,
selon lui, largement contribué à atteindre : « La biody-
namie ne donne pas le goût au vin, mais elle nous
D. R.

rapproche très fort de notre terroir et nous met en

DOMAINE PIERRE DAMOY.
Ce Clos de Bèze au boisé chic
révèle un fruit très expressif.
symbiose avec lui », explique-t-il. La série des vins
est au sommet, restituant une énergie et un équilibre
qui sont des modèles. La dégustation d’un latricières-
JEAN-LOUIS TRAPET.
chambertin 1949 phénoménal laisse augurer Ses plus beaux vins
un avenir radieux aux plus belles cuvées. O. Pls sont promis à

17/20 
■ BOUCHARD PÈRE & FILS
On est ici en présence d’un Clos
de Bèze fin, souple et tendre qui
manque un rien de profondeur, avec
un boisé encore un peu marqué à
ce stade. Élégant, à laisser en cave.
Prix : 185 € ; bouteilles/an : 4 500
17/20 
■ MAISON LOUIS JADOT
Le nez s’exprime sur une note empy-
reumatique. On retrouve le style
Jadot dans ce grand cru droit, à la
matière serrée, sans fioriture mais
équilibré par la force tellurique de
ce grand terroir.
Prix : 304 € ; bouteilles/an : 1 950
CHAPELLE-
CHAMBERTIN
D ’une surface de 5,48 ha,
le Chapelle-Chambertin
donne des vins souvent de
forte constitution, même s’ils
n’ont ni l’étoffe d’un Clos de
Bèze ni celle d’un chambertin.
Si nous devions trouver une
image pour le caractériser,
nous dirions que c’est un vin
aux épaules carrées.
18,5/20  L’élevage est bien conduit et la
■ DOMAINE
JEAN-LOUIS TRAPET
Nez magnifique d’une intensité ren-
versante. Plein, pur, entre épices et
fruits. On retrouve cette solidité et
la carrure du grand cru Chapelle-
Chambertin, le terroir parle et s’im-
pose à nous. La bouche prend une
forme compacte mais plus serrée
que dure, plus dense que massive.
Prix : 120 € ; bouteilles/an : N. C.
17,5/20
■ DOMAINE
PIERRE DAMOY
Finement boisé, mais avec une
belle intégration du fruit, un cha-
pelle-chambertin de bonne constitu-
tion, fin à l’attaque mais solide par
le fond de bouche. On retrouve un
cœur de bouche serré, et un muscle
long et élancé.
Prix : 183 € ; bouteilles/an : 2 325
17,5/20
■ MAISON LOUIS JADOT
Dans un style délié mais intense,
avec une belle vibration du fruit et
une grande définition de bouche.
un avenir radieux.
finale se montre raffinée. Fort belle
allonge du fruit.
Prix : 192 € ; bouteilles/an : 1 740
GRIOTTES-
CHAMBERTIN
S ur 2,69 ha, ce grand cru se
distingue par son relief en
forme de cuvette. Marqué par
la présence de fer, son sol peu
profond repose sur une roche
argilo-calcaire. De par sa topo-
graphie, il y a de grandes dif-
férences dans les parcelles qui
le composent. Ce cru pourrait
se définir telle une main de
fer dans un gant de velours.
Car derrière un accès souple
et soyeux, les vins possèdent
du fond et un bon potentiel
de garde. Les cuvées les plus
recherchées sont celles de
Claude Dugat et Joseph Roty.
18,5/20
■ DOMAINE
CLAUDE DUGAT
Brillant par la pureté de son fruit, il
a une vive délicatesse, sans rondeur
R. Petronio
mais avec une belle dynamique de
bouche. Il rayonne, avec toujours ce
fruit intense qui signe le style Dugat.
Prix : N. C. ; bouteilles/an : env. 600
CHAMBERTIN
C e prestigieux grand cru
compte 28,18 ha au cœur
de la zone des grands crus.
Qualifié de roi des vins, il
conjugue puissance et raffi-
nement, profondeur et com-
plexité. Jeune, il est distant
et discret, mais il affiche une
magnifique aptitude à la garde
et ne s’exprime qu’après
une décennie au minimum.
Les vins de référence sont
ceux des domaines Jean-Louis
Trapet, Armand Rousseau,
sans compter les fabuleux
chambertins du domaine Leroy
ou le rare Dugat-Py.
20/20
■ DOMAINE LEROY
Produit à hauteur de 9 hl/ha, ce
vin est un véritable concentré de
saveurs et de raffinement. D’une den-
sité incroyable, c’est notre référent

▶ Coordonnées des producteurs page 86 LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 61

EN COUVERTURE

absolu. Mais seuls quelques privilé- DOMAINE ARMAND ROUSSEAU

giés auront la chance de le goûter.
Prix : plus de 1 000 € ÉRIC ROUSSEAU ÉRIC
ROUSSEAU.
Bouteilles/an : N. C. Il vinifie tous
ses vins,
20/20 Un Clos Saint-Jacques grands et
premiers crus,
■ DOMAINE
JEAN-LOUIS TRAPET
digne d’un grand cru de manière
identique.
Le raffinement ultime ! Un cham-

bertin royal qui déploie d’intenses
notes de fleurs, de fruits, d’épices
dans un festival de saveurs.
L’équilibre et le grain du vin sont
incroyables, expression d’un style
peu charnu, mais dense et compact.
Superbe !
Prix : env. 250 € (cavistes)
Bouteilles/an : N. C.
19,5/20
■ DOMAINE
ARMAND ROUSSEAU
M
ondialement plébiscité par les amateurs,
le domaine Armand Rousseau possède
le plus vaste éventail de grands crus à
Gevrey-Chambertin. Mais curieusement, au sein
de sa cave, il considère que son premier cru Clos
Saint-Jacques est digne d’un grand cru. Et ce ne
sont pas ses vinifications mais bien le terroir
du Clos Saint-Jacques qui a cette stature : peu
interventionniste, Éric Rousseau vinifie de manière
identique tous ses vins. D’ailleurs, il refuse la table de
tri, lui préférant le tri aléatoire humain au moment de
la vendange. Alors, quand on lui demande comment
doit être un vin de Gevrey-Chambertin, sa réponse
est directe : « Comme mes vins ! ». R. P.

Un chambertin racé avec une touche
florale. La bouche possède un tanin
d’une souplesse exemplaire. Ici,
tout semble  en place et harmo-
nieux. Un délice de pureté et de
profondeur.
Prix : entre 400 et 500 €
(cavistes) ; bouteilles/an : 10 000
17,5/20
■ DOMAINE
CAMILLE GIROUD
Dès le nez, on perçoit le raffinement
et la délicatesse du fruit. Il ne faut
néanmoins pas s’y tromper, le vin
et un côté consensuel. Sa finale
est serrée, elle s’étire bien mais
manque un peu d’énergie.
Prix : 348 € ; bouteilles/an : 3 000
CHARMES-
R. Petronio
18,5/20
■ DOMAINE ARLAUD
Porté par un joli parfum de fruits
rouges et de baies sauvages, ce
vin se montre charpenté, mais avec
un fruit très croquant et dense à la

18/20
■ DOMAINE
JACQUES PRIEUR
Flamboyant et parfaitement défini,
avec une bouche longiligne et beau-
coup de puissance, il ne manque
ni d’allonge ni de corps. Un cham-
bertin magistral à l’avenir assuré.
Prix : 255 €
Bouteilles/an : 870
18/20
■ DOMAINE
ROSSIGNOL-TRAPET
Sur une dominante de fruits rouges
et noirs, avec des senteurs de poivre
et une touche de ronce. Le vin gère
parfaitement la pointe végétale
noble de son fruit. Il fait preuve
d’une très belle intensité, avec un
élevage encore un peu présent et
qui “sucre” la finale.
Prix : 145 € ; bouteilles/an : 6 000
ne manque ni de fond ni d’intensité.
Jolie maturité équilibrée du fruit qui
vibre encore dans une finale dans
laquelle le bois doit encore se fondre.
Prix : 200 € ; bouteilles/an : 750
16/20
■ DOMAINE
GEANTET-PANSIOT
Ce chambertin est introduit par
une couleur très intense et un nez
légèrement réduit. L’air l’affine et
le vin libère des arômes puissants
et concentrés de fruits noirs mûrs.
L’extraction semble néanmoins un
peu poussée, ce qui le prive d’un
soupçon de raffinement en finale.
Prix : N. C. ; bouteilles/an : 300
16/20
■ MAISON
LOUIS LATOUR
Cuvée Héritiers Latour
Ce chambertin possède de la chair,
de la densité, un joli fond gourmand
CHAMBERTIN
S ous le nom de Charmes-
Chambertin peuvent
être regroupés les lieux-dits
Aux Charmes, Mazoyères
et Charmes, pour une superfi-
cie totale de 30,83 ha.
Le Charmes-Chambertin est
situé dans la partie sud de
l’appellation. La présence de
cailloux dans le sol (ébou-
lis de la combe), qui emma-
gasinent la chaleur, favorise
des maturités plus précoces.
D’où probablement cette belle
enveloppe charnelle que l’on
retrouve dans des vins qui
ne manquent ni de fond ni de
soyeux et qui valent son nom
à ce grand cru. En dehors des
grands domaines célèbres, ne
manquez pas les cuvées de
chez Arlaud ou Henri Richard,
révélation de nos dernières
dégustations.
fois. Il possède cette solidité du
Charmes, mais avec le plaisir d’un
fruit gourmand vif et frais.
Prix : env. 120 € (cavistes)
Bouteilles/an : 4 700
18,5/20 
■ DOMAINE
CONFURON-COTETIDOT
Le nez somptueux délivre un fruit
d’une grande maturité, porté par
une touche florale. Un vin ample
provenant d’un fruit ramassé à haute
maturité, mais sans basculer dans
l’excès, car la fraîcheur du millésime
confère un bon contre-poids.
Prix : 85 € ; bouteilles/an : N. C.
18,5/20
■ DOMAINE
DAVID DUBAND-
FRANÇOIS FEUILLET
Nez somptueux qui oscille de
l’orange sanguine aux petits fruits
rouges, en passant par les fleurs.

62 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598

 L’INTÉGRALE DE GEVREY-CHAMBERTIN 2013

18/20 parfums et une touche d’orange 17/20

■ DOMAINE
HENRI RICHARD
Derrière une robe soutenue, on
devine un vin parfumé qui exprime
le végétal noble et se prolonge par
un fruit de nature gourmande. La
bouche relaie cette sensation, avec
cette matière pleine et charnue et
un certain plaisir sensuel dans le
grain et la qualité de texture, grâce
à un fruit et des tanins mûrs mais
solides.
Prix : 90 € ; bouteilles/an : 900
R. Grman
sanguine. Malgré cette sensation de
maturité au nez, la bouche conserve
une grande fraîcheur. Plus élancé
que charnu, avec des tanins puis-
sants, il offre une belle finesse.
Prix : 80 € ; bouteilles/an : 2 000
17,5/20
■ DOMAINE
MICHEL MAGNIEN
Très belle bouche de fruits noirs. Il
possède du volume et du fond, des
tanins bien présent mais veloutés
■ MAISON ALBERT BICHOT
Nez très élégant et très engageant,
finement épicé. La matière se montre
plus tendue que charnue, mais on
apprécie l’éclat du fruit par son côté
vif légèrement acidulé  sans être pour
autant exempt de fruit. C’est très pré-
cis et ciselé, avec un côté minimaliste
et plus cérébral que charnel.
Prix : 195 € ; bouteilles/an : 2 400
16,5/20
■ DOMAINE
HUGUENOT PÈRE ET FILS

à souhait. Les vins ont ici gagné en

DOMAINE DAVID DUBAND.
Ce charmes-chambertin au nez somptueux
est d’une complexité magistrale.
Il est d’une complexité magistrale.
Prix : 225 € ; bouteilles/an : 800
18,5/20
■ DOMAINE
DE LA VOUGERAIE
Le grain est magnifique de finesse
et de douceur. Ce vin s’étire tout
en dentelle, déployant des notes
florales enivrantes et une énergie
de fruit superbe.
Prix : 190 € ; bouteilles/an : 2 950
17,5/20  finesse sans perdre de leur densité. Un nez délicatement poudré, une
■ DOMAINE Nous saluons cette évolution. matière fine, presque lisse avec
PERROT-MINOT Prix : 210 € ; bouteilles/an : 1 500 des tanins souples, voilà un joli vin
Joli nez épicé avec une touche de séduisant qui ne manque pas d’élé-
végétal qui agrémente un fruit gour- 17/20  gance mais plutôt d’un rien de relief
mand en attaque mais vif en finale. ■ DOMAINE et de caractère. Un charmes-cham-
De petits amers sont perceptibles. PIERRE NAIGEON bertin dans un style très souple et
La bouche délivre une matière assez On est en présence d’un charmes- fluide en bouche.
juteuse, mais avec une structure fine. chambertin charnu et sensuel, mais Prix : 60 € ; bouteilles/an : 1 100
Prix : 250 € (cavistes) solidement constitué. Il a de la sève
Bouteilles/an : 2 800 et une très belle qualité de texture 16,5/20
grâce à des tanins mûrs, veloutés ■ DOMAINE
17,5/20  et solides. Pour l’apprécier au plus CAMILLE GIROUD
■ DOMAINE juste, il faudra toutefois l’attendre Avec une faible maturité, ce vin tire 
GÉRARD RAPHET quelques années afin que ses tanins sa force d’une belle fraîcheur de fruit.
Derrière une touche de volatile, on s’harmonisent. Légèrement graphite, il se montre
découvre un fruit presque sucré, Prix : 86 € ; bouteilles/an : 530 très pur avec une matière délicate et
avec une pointe de confit dans les svelte, mais d’une belle dynamique

18,5/20  MAISON DECELLE-VILLA

■ MAISON CHANSON JEAN LUPATELLI.
Tout en nuances et en dentelle, avec
un fruit qui se développe en bouche
JEAN LUPATELLI Il cherche à établir
des partenariats
sur le long terme,
de façon magistrale. Cela s’étire en
longueur, tout en énergie, avec un Avec lui, ce petit gages de qualité.

très beau toucher de bouche. Un vin

fin et racé, et pas uniquement solide négoce se développe
et plein. Très beau grain en bouche.

Prix : 149 € ; bouteilles/an : 1 500
18,5/20
■ MAISON
PHILIPPE PACALET
On retrouve ce nez inimitable de
fin bouquet de fleurs, distingué et
gracieux. Une harmonie aromatique
qui annonce un vin tout en nuances
et en douceur.
Prix : N. C. ; bouteilles/an : N. C.
A
ncien de chez Bouchard Aîné, Jean Lupatelli
est arrivé en 2011 avec son savoir-faire et
son carnet d’adresses chez Decelle-Villa.
Son rôle ? Développer ce négoce implanté à Nuits-
Saint-Georges par l’achat de raisins tout en vinifiant
l’ensemble de la production. Si cette toute petite
maison possède un seul gevrey-chambertin village
de qualité, Jean Lupatelli ne compte pas en rester là :
« Notre force est dans la sélection. Je connais par
cœur nos fournisseurs. Nous vendangeons nous-
mêmes et faisons peu de différence entre nos 6 ha de
raisins en propriété et nos achats », affirme-t-il. R. P.
R. Petronio

▶ Coordonnées des producteurs page 86 LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 63

EN COUVERTURE

en bouche. Si le fruit manque un rien
de gourmandise, l’ensemble reste
très fluide et digeste.
Prix : 121 € ; bouteilles/an : 1 300
16,5/20
■ DOMAINE
RENÉ BOUVIER
Nez poudré, légèrement toasté. Le
vin a du fond, c’est gras et volu-
mineux. Il possède une solide
constitution et un fruit gourmand,
avec de petits amers en finale qui,
espérons-le, finiront par disparaître
dans le temps.
Prix : N. C. ; bouteilles/an : 800
16,5/20  bouche, le fruit se montre plus pré-
■ DOMAINE
PHILIPPE CHARLOPIN
Avec des arômes de café, de toasté
et de beurre frais, ce charmes-cham-
bertin est encore marqué par son
bois. Il possède néanmoins du fruit,
des tanins souples et une belle
allonge, avec un grain fin. C’est
un style qui joue les séducteurs et
dont la première des qualités reste
sa finesse de texture.
Prix : 110 € ; bouteilles/an : 1 200
DOMAINE MARC ROY
16/20
■ DOMAINE
DUPOND-TISSERANDOT
Nous percevons un nez légèrement
réduit et une bouche compacte et
fermée dans ce charmes-chamber-
tin plus musclé que soyeux. Un vin
charpenté et solide, avec des tanins
un rien pointus pour le moment.
Prix : entre 140 et 160 €
Bouteilles/an : 800
16/20  avec une énergie phénoménale.
■ DOMAINE
MARCHAND FRÈRES
Le nez est lacté, avec une touche
de caramel : le bois s’exprime. En
sent, offrant une belle générosité et
une sensation de vendange mûre.
D’où ces tanins souples et onctueux  une étincelle de fruits en bouche.
pour un vin volumineux et plein.
Prix : 65 € ; bouteilles/an : 750
LATRICIÈRES-
CHAMBERTIN
S itué dans la partie sud
de l’appellation, le
Latricières-Chambertin occupe
une surface de 7,35 ha en deux
lieux-dits : les Latricières bouche délivre un fruit d’une grande
et Aux Combottes (à ne pas intensité. Le terroir s’exprime à tra-
confondre avec le Premier cru vers cette magnifique vitalité.
du même nom). En dehors de Prix : 265 € ; bouteilles/an : 600
la nature de son sol, ce magni-
fique grand cru est directe- 19/20
ment influencé par la combe ■ DOMAINE
Grisard, d’où son caractère JEAN-LOUIS TRAPET
effilé et son profil froid. Un Un fruit d’une pureté exemplaire,
grand vin que l’on trouvera
la quintessence du Latricières-
dans les domaines Duband,
Chambertin se trouve dans cette
Jean-Louis Trapet, Leroy et
Chantal Rémy. bouteille. Une beauté froide, mais
Prix : env. 150 € (cavistes)
20/20 Bouteilles/an : N. C.
■ DOMAINE LEROY
Archétype du grand cru, ce latri- 18,5/20
cières-chambertin offre un fruit ■ DOMAINE
qui délivre une sensation de soleil CHANTAL RÉMY
d’hiver ; sa fraîcheur explose comme Nous aimons son magnifique fruit,
très pur, avec une belle enveloppe
Prix : plus de 800 € charnelle. C’est un très beau latri-
Bouteilles/an : N. C. cières-chambertin fin et sensuel,
long et persistant, avec un fruit très
19/20 velouté.
■ DOMAINE Prix : 108 € ; bouteilles/an : 1 200
DAVID DUBAND-
FRANÇOIS FEUILLET 18/20 
Son bouquet complexe mêle le fruit
et le floral, caractéristique de la ven-
■ DOMAINE
ROSSIGNOL-TRAPET
dange entière. Tout en tension, la Conforme au style du domaine par
la pureté d’un fruit vif et cristallin
qui s’impose grâce à une maturité
fraîche.

ALEXANDRINE ROY ALEXANDRINE ROY.

Depuis 2003, elle a
Prix : 95 €
Bouteilles/an : 3 000
beaucoup fait progresser
le domaine familial.
Son talent s’affirme MAZOYÈRES-
dans les détails CHAMBERTIN

O
ui, on peut être une grande vigneronne
et gagner le respect de ses pairs sans
posséder ni grand cru ni premier cru.
C ette parcelle de 18,58 ha
descend jusqu’au bord
de la route nationale. Elle est
C’est ce que prouve Alexandrine Roy qui produit composée de cailloux et de
de beaux vins profonds, charnus et raffinés galets, éboulis de la combe
depuis qu’elle a repris le domaine familial en Grisard. D’un point de vue
2003. Sur 3,82 ha, elle produit quatre cuvées de gustatif, le Mazoyères-
gevrey-chambertin villages, dont deux cuvées Chambertin est le plus fin
parcellaires, et un marsannay blanc. S’appuyant des grands crus du village.
sur le savoir-faire familial pour le travail les sols, À noter qu’il peut être
elle soigne les détails. Si elle aime les vins avec également commercialisé
de la chair et des tanins mûrs, elle cherche aussi sous l’appellation Charmes-
de la largeur et de la verticalité. Précisément Chambertin. Le domaine
ce que nous aimons dans ses vins. R. P. Dugat-Py produit le plus racé
R. Petronio

d’entre eux.

64 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598

 L’INTÉGRALE DE GEVREY-CHAMBERTIN 2013

19/20 CHEZ GUY, LA BELLE TABLE DE GEVREY JAMBON PERSILLÉ

■ DOMAINE DUGAT-PY ET GEVREY.
Cuisine et vins bourguignons
Le nez explosif livre un cocktail de
fruits noirs, de poivre, de sauce
Persillé et joue de bœuf s’accordent à merveille.

soja. En bouche, le vin déploie une

L
es vins de Gevrey-Chambertin s’associent parfaitement
incroyable intensité, avec une puis- avec une cuisine haute en goûts et en saveurs. Au restau-
sance magistrale qui se canalisera rant Chez Guy, institution au cœur du village, on joue
avec le temps. habilement la carte des accords régionaux. Un jeune gevrey
Prix : entre 250 et 450 € (cavistes) encore nerveux et tonique, sur son fruit, tel le Craipillot 2013 de
Bouteilles/an : 900 Confuron-Cotetidot, s’accommode ainsi parfaitement d’un beau
jambon persillé à la chair moelleuse relevé par une gelée aux
17,5/20 herbes. Incontournable ! Dans un autre registre, la joue de bœuf
confite longuement au vin rouge aime la complexité d’un gevrey
■ DOMAINE
plus affiné. On pourra alors choisir un vin d’une dizaine d’années,
HENRI RICHARD
bien fondu, tel un 1996, guidé par une jolie acidité. O. Pls

Ce vin affiche une lecture froide du
pinot, avec beaucoup de distinc-
tion et d’équilibre. Le jus est pur
et défini. L’ensemble termine sur
des notes délicatement fruitées aux-
quelles se mêle une touche florale.
Prix : 100 € ; bouteilles/an : 820
17/20
■ DOMAINE
PERROT-MINOT
Doté d’une belle ampleur, avec une
bouche charnue, il exprime bien les
notes épicées et viandées du terroir.
Un vin de grand caractère, encore un
peu porté par son bois. Le potentiel
est là.
Prix : 250 € (cavistes)
Bouteilles/an : 3 000
LES
PREMIERS
assez stricte et rigoureuse
du Gevrey-Chambertin, livrant
des vins tout en muscles.
16/20
■ DOMAINE
HARMAND-GEOFFROY
Un nez fumé, une bouche douce,
presque sucrée dans ce fruit où
s’affirment des tanins souples et
gras. Un Champeaux d’une belle
gourmandise, avec de l’ampleur
en bouche, qui trouve son équilibre
dans une chair généreuse.
Prix : 45 € ; bouteilles/an : 1 300
16/20
■ DOMAINE
PHILIPPE NADDEF
Nez fortement réduit. Le vin se
LES CAZETIERS
D euxième premier cru
de la commune en termes
de superficie (9,11 ha), il
bénéficie de la fraîcheur de
l’altitude et d’une orientation
sud-est. Sa grande variété de
sols confère aux vins un style
frais et ferme à la fois.
16,5/20
■ DOMAINE
DENIS BERTHAUT
Un Cazetiers dans un style assez vif
et frais. On sent le courant d’air de la
combe de Lavaux souffler sur ce vin
au joli caractère acidulé, qui déve-
loppe une belle énergie en bouche et
apporte du plaisir par son fruit frais. 
Sucré Salé
voire virile, tenue par des tanins
fermes et puissants. Le fruit s’en
trouve légèrement comprimé. Il
faudra attendre ce vin afin qu’il se
libère de cette bouche compacte.
Prix : 83,60 € ; bouteilles/an : 560
15,5/20
■ DOMAINE
MICHEL MAGNIEN
Sous une robe noire, il embaume la
cerise bien mûre. Il est doté d’une
matière concentrée, mais avec
des tanins mûrs et soyeux, même
si une note graphite ressurgit en
finale pour signaler la présence

CRUS montre ferme et solide, presque

crispé, mais pas dur. L’ensemble
Prix : 38,50 € ; bouteilles/an : 600

Outre les grands crus, la commune
de Gevrey-Chambertin comporte
26 premiers crus, situés essentiel-
lement sur les hauteurs du village.
Nous vous présentons les meilleurs,
classés du nord au sud. À noter :
de nombreux vignerons assemblent
plusieurs terroirs pour ne produire
qu’une cuvée, baptisée simplement
Premier cru.
doit encore se fondre, la réduction
comprime probablement le vin
au nez comme en bouche. On peut
se laisser porter par sa fraîcheur.
Prix : 58 € ; bouteilles/an : N. C.
14,5/20
■ DOMAINE
GEANTET-PANSIOT
Robe noire plus dans l’esprit d’une
syrah que d’un grand pinot. C’est
15,5/20 
■ DOMAINE FAIVELEY
Nez réduit, lardé, fumé, encore un
peu marqué par son élevage, qui
sucre ce fruit doux et souple, mais
avec une finale solide et ferme. Un
vin à l’image de son terroir. Le nez
reste un peu linéaire sur le graphite
et la finale un rien sèche. À suivre.
Prix : env. 90 €
Bouteilles/an : 10 000
R. Grman

CHAMPEAUX fumé, caoutchouc, plus gras que

raffiné, tout en volume mais avec 15,5/20
■ MAISON
L e plus nordiste des premiers
crus offre sur ses 6,67 ha
de coteaux pentus une version
peu d’élégance et un fruité roboratif.
Prix : 60 € ; bouteilles/an : 600 JOSEPH DROUHIN
Une version du Cazetiers très solide,
DOMAINE FAIVELEY.
Ce premier cru Les Cazetiers est à
l’image de son terroir : frais et ferme.

▶ Coordonnées des producteurs page 86 LA RVF n¡ 598 - FƒVRIER 2016 ■ 65

EN COUVERTURE

d’un élevage qui guide légèrement MAISON ALBERT BICHOT

le fruit. Mais ce vin a suffisam-
ment d’étoffe pour l’encaisser. Un ALBÉRIC BICHOT
Cazetiers plus concentré qu’élégant
pour le moment, avec un cœur de
bouche moelleux.
Plaisir et gourmandise
Prix : 93 € ; bouteilles/an : 1 700
sans austérité
CLOS
A
lbéric Bichot, sixième génération du nom, dirige
SAINT-JACQUES avec brio cette maison implantée à Beaune.
ALBÉRIC
Sa production est répartie en six entités BICHOT.

S es 6,7 ha mêlent marnes,

calcaire et argile, avec
une orientation sud/sud-est.
Cinq propriétaires se par-
tagent ce trésor et le magni-
fient. Parmi eux, les domaines
Armand Rousseau, Bruno Clair
et Sylvie Esmonin.
distinctes et autonomes, à l’image du Clos Frantin dédié
aux vins de la Côte de nuits. Ce fractionnement
Il représente
la sixième
génération de
illustre une volonté de placer les hommes au cœur de
la maison
la production, tant à la vigne qu’en cave : « Ce n’est pas beaunoise.
le modèle le plus rentable, mais nous souhaitons faire
du cas par cas. Nous bannissons la standardisation.
Plaisir et gourmandise sont essentiels. Je veux faire
des vins de garde qui peuvent donner du plaisir jeunes,
car je n’aime pas les vins austères », explique-t-il. R. P.

17,5/20
■ DOMAINE
BRUNO CLAIR
Nez légèrement fumé et épicé avec
une sensation de ronce et de gro-
seille. Une belle bouche fluide d’une
grande finesse. Un vin plus construit
sur la grâce et l’élégance que sur la
puissance. Un Clos Saint-Jacques
délicat et fin, mais d’une grande
intensité, qui retranscrit toute la
finesse que l’on aime dans le pinot.
Superbe !
Prix : 109 € ; bouteilles/an : 3 500
16,5/20
■ MAISON LOUIS JADOT
Derrière un fruit très pur, on découvre
un vin au cœur de bouche serré. ce
Clos Saint-Jacques se montre froid,
mais pas austère, tout en tension.
Charpenté, il ne joue jamais sur le
volume, mais plus sur la longueur
de bouche.
Prix : 136 € ; bouteilles/an : 5 500
ESTOURNELLES-
SAINT-JACQUES
C oincé entre le Clos Saint-
Jacques et Lavaux Saint-
Jacques, à l’entrée de la
16,5/20
■ MAISON LOUIS JADOT
Nez légèrement cosmétique avec
un boisé qui fait “pinoter” le fruit,
suivi d’une touche fumée. La bouche
dense mais pas dure se démarque
par un cœur compact. Un premier
cru solide, mais qui s’étire en lon-
gueur. Dans le pur style Jadot, on a
toujours l’impression qu’il manque
un sourire… Un vin sérieux et droit,
à défaut d’être joyeux et vif.
Prix : 83,20 € ; bouteilles/an : 2 100
 
LAVAUX
SAINT-JACQUES
A vec une superficie de
9,53 ha, c’est le plus grand
des premiers crus de Gevrey-
Chambertin. La combinai-
son des sols bruns peu épais,
proches de la roche mère, et
la fraîcheur de la combe donne
des vins dans un esprit froid
et droit que de nombreux
domaines expriment à mer-
veille, telle l’admirable cuvée
de Confuron-Cotetidot.
de la vendange entière par son bou-
quet floral intense. Le fruit, d’une
haute maturité, ne manque pas de
vigueur, car il offre une très belle
combinaison maturité/acidité.
Prix : 60 € ; bouteilles/an : N. C.
16,5/20
■ MAISON ALBERT BICHOT
Très joli délié en bouche pour ce
Lavaux qui s’appuie à la fois sur une
grande finesse et sur l’intensité d’un
fruit croquant et légèrement acidulé.
Il retranscrit avec justesse l’équi-
libre du millésime, avec beaucoup
d’énergie et un fruit épuré.
Prix : 90 € (cavistes)
Bouteilles/an : 1 200
16,5/20 
■ DOMAINE
GÉRARD RAPHET
Comme dans toute la gamme du
domaine, on retrouve une belle
fraîcheur végétale, sans sensation
de sous-maturité car le fruit offre
une belle vigueur. Son caractère
gourmand se perçoit dans ses tanins
R. Petronio
16,5/20 
■ DOMAINE
CAMILLE GIROUD
Nez légèrement beurré, sans qu’il
dénature le fruit. La bouche s’im-
pose par son volume et sa densité.
Ce premier cru détient la force et la
stature que l’on attend d’un Lavaux
Saint-Jacques.
Prix : 71,50 € ; bouteilles/an : 560
16/20 
■ DOMAINE
DENIS BERTHAUT
Le premier nez est marqué par son
élevage, mais le fruit reste très pré-
sent. En bouche, même si le bois
domine légèrement, le vin reste
assez vif avec son fruit croquant.
Une cuvée qui ne manque pas de
tempérament.
Prix : 45 € ; bouteilles/an : 600
16/20  
■ DOMAINE
HARMAND-GEOFFROY
Le nez est poudré et légèrement
cendré, mais on perçoit derrière

combe, ce petit cru de deux
hectares offre des vins au pro-
fil très raffiné et toujours frais.
18/20 
ronds et souples. Le fruit est pur, avec
une belle allonge. Droit et racé, clas-
un fruit volumineux et gourmand.
Un Lavaux Saint-Jacques plus en
■ DOMAINE sique dans le bon sens du terme. chair que fin et élancé.
CONFURON-COTETIDOT Prix : 50 € ; bouteilles/an : 900 Prix : 45 € ; bouteilles/an : 4 200
On pénètre de suite dans la magie  

66 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598


CRAIPILLOT
S ouvent assemblé dans les
cuvées de premiers crus,
le Craipillot (2,75 ha) forme
un cône de déjection au pied
du Clos Saint-Jacques. Les vins
qui en sont issus affichent un
caractère plein et solaire.
 
17,5/20  15/20
■ DOMAINE
CONFURON-COTETIDOT
Ce vin offre des notes d’épices et
de bois précieux, avec de magni-
fiques parfums qui mêlent les fleurs
et les fruits, entre pivoine et rose.
La bouche dense et serrée est dotée
de petits tanins fins mais mûrs,
complétés par un fruit d’une belle
vigueur.
Prix : 60 € ; bouteilles/an : N. C.
FONTENY
A vec ses 3,73 ha sur un
sol à dominante argilo-
calcaire, avec la roche affleu-
rante, ce premier cru offre des
vins au style ample et consen-
suel, qui se montrent aptes
à une bonne garde.
R. Grman
MAISON ALBERT BICHOT.
Un Lavaux Saint-Jacques qui retranscrit
avec justesse l’équilibre du millésime.
▶ Coordonnées des producteurs page 86
L’INTÉGRALE DE GEVREY-CHAMBERTIN 2013
17,5/20
■ DOMAINE DUGAT-PY
Un vin tout en muscles qui se révèle
à la fois ample et épaulé, mais aussi
doté d’une incroyable droiture.
Comme toujours au domaine, le
vin est très précis et séveux.
Prix : 200 € (cavistes)
Bouteilles/an : 400
■ DOMAINE
RENƒ BOUVIER
Un vin avec de la largeur et un éle-
vage généreux qui lui confère un
peu de sucrosité. Un gevrey plein
et charnu, dans un registre sudiste
et gourmand.
Prix : 71 € ; bouteilles/an : 930 €
CLOS
DU FONTENY
C e petit clos de 0,6 ha est
détenu en monopole
par le domaine Bruno Clair.
Il se situe sur la partie supé-
rieure du Fonteny et présente
un sol relativement pauvre
qui confère beaucoup de
finesse au vin.
17/20
■ DOMAINE
BRUNO CLAIR
Derrière une touche fumée et légè-
rement beurrée, le floral trouve sa
place. La bouche, assez tendue,
livre des tanins pointus dans une
matière ciselée, un rien encadrée
par son élevage, mais avec un très
beau délié. Ce Clos du Fonteny se
montre ferme et solide, presque
froid, mais avec une magnifique
énergie en bouche.
Prix : 65 € ; bouteilles/an : 3 100
CLOS
DES ISSARTS
C e minuscule clos
de 0,62 ha, monopole
du domaine Faiveley,
surplombe le Fonteny et
touche les Ruchottes.
17/20
■ DOMAINE FAIVELEY
Nez pur et frais, dominé par un beau
fruité. On retrouve ce croquant de
fruit en bouche, avec un bel équi-
libre et une touche acidulée très
plaisante en finale. Très grande race.
Prix : entre 75 et 90 €
Bouteilles/an : 3 000
LA PERRIÈRE
S ous les Mazis-Chambertin,
ce terroir de 2,47 ha riche
en calcaire et argile engendre
des vins remarquables de
minéralité et de précision.
17,5/20
■ MAISON
PHILIPPE PACALET
Un style inimitable, fait de grâce
et de volupté. L’équilibre est sur la
corde, tout en conservant la pureté
du fruit. Un vin élancé, au toucher
soyeux revigoré par une belle aci-
dité. Quel éclat en bouche du pinot
fin ! Sa fraîcheur, véritable colonne
vertébrale, réveille les sens.
Prix : 99 € ; bouteilles/an : 1 100
17/20  ■ DOMAINE
■ MAISON CHANSON
Derrière une impression de belle
maturité, le nez livre peu à peu une
note intense de rose capiteuse et de
beau végétal avec une touche de
réglisse et d’épices. Une maturité
que l’on retrouve dans le caractère
doux et profond du fruit.
Prix : 80 € ; bouteilles/an : 1 800
CLOS PRIEUR
L a partie haute de cette par-
celle de 1,97 ha qui touche
les Mazis-Chambertin est
classée en premier cru, tandis
que la partie basse est un
lieu-dit en village. Il en résulte
un vin toujours élégant.
15,5/20
■ DOMAINE PIERRE GELIN
Entre épices et touche lactée, il se
dégage au premier nez l’impres-
sion d’un vin qui s’affirme par un
fruit mûr. La bouche confirme par
son volume et ses tanins ronds et
mûrs. Un vin légèrement graissé par
son élevage, mais le fruit l’absorbe
bien.
Prix : 50 € ; bouteilles/an : 750
15,5/20
■ MAISON LOUIS MAX
Premier millésime réalisé sous la
houlette de David Duband (qui n’a
toutefois supervisé que l’élevage
cette année-là). Le vin se montre
droit, avec des notes de fruits noirs
et de poivre, et ne manque pas de
tonus. La bouche est ample et servie
par une belle matière.
Prix : N. C. ; bouteilles/an : N. C.
CHERBAUDES
S itué entre la Chapelle-
Chambertin et le Clos
Prieur, ce cru de 2,18 ha au sol
de laves très calcaires donne
naissance à des vins au profil
très fin et racé.
17/20 
ROSSIGNOL-TRAPET
Ce vin s’exprime par un nez sau-
vage, avec une touche de petits
fruits rouges, mais aussi de ronce. Il
donne la sensation d’un raisin frais
tout juste mûr – propre au style des
vins du domaine – sans pour autant
manquer de volume.
Prix : 59 € ; bouteilles/an : 900
16/20
■ DOMAINE
PIERRE NAIGEON
Il offre un nez fumé et épicé, voire
légèrement lardé. Un fruit ample
se dégage dans cette bouche large
et  gourmande. Ce Cherbaudes
volumineux a des tanins souples
et bien enveloppés. Sa finale se
montre légèrement sucrée, voire
chocolatée.
Prix : 57 € ; bouteilles/an : 970
LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 67
EN COUVERTURE

PETITE CHAPELLE 15,5/20  15,5/20

C e premier cru également
dénommé Champitenois
se situe juste sous la
Chapelle-Chambertin dont
il prolonge le terroir en pente
douce. Son importante couche
argileuse confère aux vins
beaucoup d’élégance et de
velouté.
16,5/20
■ DOMAINE
ROSSIGNOL-TRAPET
■ DOMAINE
DUPONT-TISSERANDOT
Le nez réduit masque légèrement le
fruit, mais on perçoit une matière
très veloutée. Une Petite Chapelle
d’une belle douceur de texture qui
ne manque pas pour autant de fond.
Prix : entre 75 et 90 €
Bouteilles/an : 250
BEL AIR
S itué à 350 m d’altitude,
au-dessus des grands
■ DOMAINE
PHILIPPE CHARLOPIN
Nez délicatement réduit. Une note
de moka et de torréfaction accom-
pagne le fruit. Le vin offre une très
belle qualité de texture. Si le fruit
est marqué au nez par son élevage,
cela ne se retrouve pas en bouche.
Cette bouteille possède une grande
finesse de constitution et un fruit
croquant.
Prix : 55 € ; bouteilles/an : 1 200
AUX

R. Grman
Le nez se montre légèrement crus, voisin du Clos de Bèze, COMBOTTES
poudré, signature de l’élevage le premier cru Bel Air (2,65 ha)
bénéficie d’un climat frais qui
du domaine Rossignol-Trapet. La
bouche est dotée d’un fruit très
pur qui en fait la Petite Chapelle la
confère une maturité lente aux
raisins. Il est régulièrement
C ’est le premier cru le
plus sudiste de l’appella-
tion, 4,57 ha enclavés dans
DOMAINE MARC ROY.
Un gevrey village construit autour
considéré comme étant digne de la minéralité et de la précision.
plus effilée et longiligne de la série. les grands crus, avec les
d’être classé en grand cru. Latricières-Chambertin au
Son fruit vif et acidulé lui donne un
caractère frais. nord, les Charmes à l’est vins de Bourgogne.
Prix : 59 € ; bouteilles/an : 3 000 17/20  et le Clos de la Roche au sud. Prix : 45 € ; bouteilles/an : 300
■ DOMAINE
16,5/20 DE LA VOUGERAIE 17,5/20  LES
■ DOMAINE Quel nez magnifique et gracieux, ■ DOMAINE ARLAUD
FRÉDÉRIC MAGNIEN quels parfums ! Un boisé chic et dis- Fin et précis, sur un beau végétal VILLAGES
Une belle sensation d’énergie pour tingué accompagne un fruit épuré noble, avec cette expression de AVEC
ce vin marqué par son fruit acidulé
et une matière pleine, mais avec des
mais intense qui se prolonge dans
un bouquet floral. Derrière une
vendange entière dans les parfums.
Une légère déficience de maturité
LIEUX-DITS
tanins fins et souples. Il révèle une attaque tout en finesse, le vin s’im- donne une matière carrée et ferme,
très jolie qualité de texture et un pose par une magnifique énergie et mais l’ensemble devrait pouvoir se De nombreux vignerons associent
fruit très pur. une puissance raffinée. relever avec le temps. à l’appellation un lieu-dit cadastré
Prix : 92 € ; bouteilles/an : 400 Prix : 46 € ; bouteilles/an : 2 020 Prix : N. C. ; bouteilles/an : 1 700 mais non classé en premier cru, ce
qui peut parfois introduire une cer-
16,5/20 taine confusion auprès des ama-
■ DOMAINE teurs. Dans ce cas, seule la
LA NÉBULEUSE DES PRIX GÉRARD RAPHET dénomination du lieu-dit figure sur
Nez sur la ronce, très végétal, suivi l’étiquette, et non la mention
Les 4 marges de la Bourgogne d’une note de groseille. La bouche Premier cru. Il en existe près de 70.
montre plus de maturité, tout en gar-
17/20
P
as facile pour un amateur de s’y retrouver tant la jungle dant une certaine vigueur, comme
des prix est épaisse en Bourgogne. Certains domaines si le courant d’air de la combe lui ■ DOMAINE
proposent jusqu’à quatre tarifs différents : un tarif pour apportait son côté revigorant. DE LA VOUGERAIE
les particuliers (pour les clients fidèles, souvent sous allocation),
Prix : 50 € ; bouteilles/an : 600 Les Évocelles Vigne en foule
un tarif professionnel pour les cavistes (qui sont alors libres de
Cette cuvée est issue d’une vigne
pratiquer la marge qu’ils souhaitent), un tarif export et parfois
même un tarif restaurateurs. Devant l’explosion de la demande et 15,5/20 plantée à 36 000 pieds par hectare
les faibles volumes produits, ces différents tarifs se sont envolés ■ DOMAINE et vinifiée en vendange entière. Le
et certains cavistes sont parfois tentés d’augmenter leur marge, MARCHAND FRÈRES vin est splendide, lumineux et d’une
jouant la carte de la spéculation. Si vous n’avez pas la chance Un vin fumé et cendré au nez, sans finesse exceptionnelle, avec un tou-
de pouvoir acheter directement les vins auprès des domaines, la définition des meilleurs. Si l’on cher de bouche ultra soyeux. Très
n’hésitez pas à les solliciter afin de leur demander l’adresse de apprécie son onctuosité, il manque grande persistance.
leurs revendeurs les plus raisonnables. O. Pls toutefois à ce joli premier cru l’étin- Prix : 45 € ; bouteilles/an : 3 400
celle qui fait la magie des grands

68 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598

 L’INTÉGRALE DE GEVREY-CHAMBERTIN 2013

15,5/20 DOMAINE PIERRE DAMOY

■ MAISON
PIERRE DAMOY
PIERRE DAMOY.
JEAN-CLAUDE BOISSET Il possède la plus
En Champs grande surface
Il brille par son caractère épicé de Chambertin
et profond, avec une expression Son Clos de Bèze Clos de Bèze.

magistrale du pinot qui livre une

bouche tonique, musclée et très s’affine avec l’âge
raffinée. La finale est gourmande,

sans la moindre sécheresse.
Prix : 30 € ; bouteilles/an : 900
15,5/20
■ DOMAINE
GÉRARD RAPHET
Les Champs Chenys
La bouche se montre à la fois ten-
due, ferme, avec juste ce qu’il faut
d’onctuosité pour l’équilibrer. Le vin
s’exprime dans un registre végétal
qui ne manque pas de finesse et de
vivacité. Plus croquant que charnu,
P
ierre Damoy possède la plus grande sur-
face de Chambertin Clos de Bèze. Dans
ce clos, il note que les parcelles proches
du Chambertin donnent des vins denses ; à l’in-
verse, celles au nord, près du Mazis-Chambertin,
sont les plus fines et tendres. Mais sa meilleure
parcelle se trouve au milieu du clos, issue de
vieilles vignes. Certaines années, il y trouve matière
à produire une cuvée premium (600 bouteilles).
Son domaine fournit en raisins un grand nombre
de producteurs, tels son ami Christophe Perrot-
Minot ou de grandes maisons beaunoises. Il se
réserve les plus belles parcelles pour produire un
chambertin Clos de Bèze dense et mûr, qui s’af-

M.-É. Brouet
avec une belle gestion de l’élevage. fine avec l’âge, à l’image de tous ses vins. R. P.
Prix : 30 € ; bouteilles/an : 1 500

15,5/20
■ DOMAINE MARC ROY
Clos Prieur
Le vin est construit autour de la
minéralité et de la précision dans
son dessin admirable. Il se montre
séveux, intense, un rien sérieux
encore, mais très persistant et
longiligne.
Prix : 50 € (cavistes)
Bouteilles/an : 3 000
15/20
■ DOMAINE
PHILIPPE CHARLOPIN
Évocelles
Légèrement réduite à l’ouverture,
cette cuvée dévoile des notes
grillées et fumées. La bouche se
montre énergique, pleine, avec
de l’éclat et un beau grain. Jolie
allonge poivrée et finale qui ne
manque pas de nerf. Digeste.
Prix : 55 € ; bouteilles/an : 1 200
15/20
■ DOMAINE
PIERRE NAIGEON
Les Échézeaux
Une agréable matière à l’attaque
tendre, mais avec une belle viva-
cité. Le vin développe de petits
amers délicats qui lui donnent de
l’allonge. Joli vin vif et élancé, mais
de belle tenue.
Prix : 38 € ; bouteilles/an : 530
15/20
■ DOMAINE
HENRI RICHARD
Aux Corvées
Nez épicé et floral d’une belle inten-
sité aromatique. Un vin musclé et
solide, avec un fruit qui lui donne
un très beau confort de bouche. À
oublier en cave pendant cinq ans.
Prix : 28 € ; bouteilles/an : 4 000
15/20
■ DOMAINE
PIERRE DAMOY
Clos Tamisot
Derrière un nez légèrement fumé,
on retrouve un vin gourmand avec
un joli fruit doux mais savoureux.
C’est ample et fin, joliment construit
par son élevage. Un vin de chair qui
sait rester droit.
Prix : 74 € ; bouteilles/an : 4 000
15/20
■ DOMAINE
PIERRE GELIN
Clos de Meixvelle
Jolie robe de pinot peu soutenue
pour ce vin fin construit sur une
matière délicate, presque gracile
mais tout en nuances. Raffiné mais
peu profond, il se montre plus lon-
giligne que large.
Prix : 30 € ; bouteilles/an : 8 000
14,5/20
■ DOMAINE HUGUENOT
PÈRE ET FILS
Les Crais
Ce vin possède une jolie matière,
de la souplesse, mais l’ensemble
est sous l’emprise d’un élevage
qui le sucre et délivre ses notes
de caramel. Fin, séduisant et facile
d’approche.
Prix : 26 € ; bouteilles/an : 1 400
14,5/20
■ MAISON
ALBERT BICHOT
Les Évocelles
Nez de très belle intensité, fin et
fumé. La bouche est solidement
construite, mais raffinée, avec une
matière dense et un bel équilibre.
Nous saluons sa persistance.
Prix : env. 60 € (cavistes)
Bouteilles/an : 2 300
14,5/20
■ DOMAINE FAIVELEY
La Justice
Sous une robe claire, voici un
vin tendu avec une belle énergie
en bouche, porté par des tanins
solides. Il faudra savoir l’attendre
au moins cinq ans pour que le plaisir
à la dégustation soit complet.
Prix : entre 45 et 60 €
Bouteilles/an : 2 000
LES
VILLAGES
Il s’agit de la grande majorité des
vins produits sur la commune de
Gevrey-Chambertin. Ces cuvées
peuvent également représenter des
assemblages de différents lieux-
dits. Signatures des domaines,
elles offrent un large éventail de
styles et d’approches. Ces vins sont

▶ Coordonnées des producteurs page 86 LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 69

LÕINTƒGRALE DE GEVREY-CHAMBERTIN 2013

un bon moyen d’approcher les DOMAINE BART

grands vignerons, mais aussi de
MARTIN ET PIERRE BART
PIERRE (À G.)
découvrir des outsiders tels les ET MARTIN BART.
domaines Roy ou Arlaud. Oncle et neveu
ont développé

16,5/20 Oncle et neveu, le travail à

la vigne.
■ DOMAINE
JEAN-LOUIS TRAPET
un tandem de choc
Ostrea

Assemblage de quatre parcelles
légèrement épicé au nez, avec une
sensation de végétal noble, de tige
de rose et un fruit qui a su préserver
une belle rectitude. Sa matière effi-
lée, intense et pure construit ce vin
plus sur une énergie revigorante que
sur l’ampleur et le volume, même
s’il n’en manque pas.
Prix : N. C. ; bouteilles/an : N. C.
P
romu deux étoiles dans notre Guide des
meilleurs vins de France 2016, le domaine
Bart, situé à Marsannay, progresse douce-
ment mais sûrement, sans faire de bruit. Le travail
des sols se fait depuis toujours, mais une observa-
tion fine a amené Martin l’oncle et Pierre le neveu,
qui forment un beau tandem à la tête de l’exploita-
tion, à garder un peu d’herbe dans les rangs – cela
absorbe l’azote et limite la pourriture. Quant à l’ef-
feuillage, il permet d’obtenir de meilleures maturités
de peaux. À l’arrivée, une viticulture qui permet de
produire des vins d’une grande finesse, à l’image

16/20
■ DOMAINE
DAVID DUBAND
Légèrement réduit au nez, ce vin est
fougueux et expressif en bouche.
La définition est admirable, entre
fruité, floral et végétal. Vibrant et
étiré, précis et droit. Un modèle.
Prix : 54 € ; bouteilles/an : 2 000
16/20
■ MAISON
PHILIPPE PACALET
Il cultive un style à part, avec un nez
qui exhale des notes envoûtantes
de rose et de cerise. La bouche est
pure, superbe d’énergie et de défi-
nition du fruit. Très grande sève,
magnifique constitution sur des
notes poivrées en finale.
Prix : 56,50 € ; bouteilles/an : 9 000
15,5/20
■ DOMAINE MARC ROY
Cuvée Alexandrine
Superbe équilibre et franchise du
fruit. La bouche explose, offrant
une admirable intensité et un côté
croquant et juteux.
Prix : 60 € (cavistes)
Bouteilles/an : 1 200
15/20
■ DOMAINE ARLAUD
Brillant et lumineux, avec un fruit
de leur somptueux chambertin Clos de Bèze. R. P.
évident et gourmand qui évolue sur
une touche d’épices. Nous louons
son équilibre et sa trame droite et
fraîche. Un vin de puissance maîtri-
sée que l’on a grand plaisir à boire.
Prix : N. C. ; bouteilles/an : 1 700
14,5/20
■ DOMAINE
PHILIPPE CHARLOPIN
Cuvée Vieilles vignes
Très belle énergie. Le domaine évo-
lue vers plus de pureté et de distinc-
tion, tout en conservant son style
séduisant et bien habillé.
Prix : 45 € ; bouteilles/an : 18 000
14,5/20
■ MAISON
DECELLE-VILLA
Les raisins proviennent d’une vigne
de 70 ans située au cœur du village.
Nez déjà bien ouvert sur les petits
fruits rouges, donnant une sensation
de douceur. Bouche suave, tanins
fins et souples pour ce vin gourmand.
Plus on le goûte, plus il s’étoffe.
Prix : 48 € (cavistes)
Bouteilles/an : 1 400
14,5/20
■ BOUCHARD PÈRE & FILS
Un vin très proche du fruit, sans
artifice d’élevage et servi par une
bonne fraîcheur. Le pinot croque
sous la dent et il se montre étiré,
tout en possédant une belle chair
et une finale persistante.
Prix : 28,90 € ; bouteilles/an : 8 500
14,5/20
■ MAISON LOUIS JADOT
S’il n’impressionne pas par sa den-
sité et sa puissance, ce vin a pour lui
une bouche très élégante, suave et
raffinée. Ferme et soyeux à la fois,
dans un esprit infusé.
Prix : 43,20 € ; bouteilles/an : 43 000
14,5/20
■ MAISON LOUIS MAX
Une cuvée travaillée sur son fruit,
avec un bel équilibre et de la droi-
ture. Élevage discret, ensemble
soyeux et précis en finale.
Prix : env. 40 € (cavistes)
Bouteilles/an : N. C.
14,5/20
■ DOMAINE MÉO-
CAMUZET FRÈRE & SŒURS
Servi par un beau cœur de bouche,
avec de la sève et de la précision,
ce vin offre un bel équilibre et un
côté déjà abordable. Il se montre
défini et racé.
R. Petronio
Prix : 45 €
Bouteilles/an : 3 000
14/20
■ DOMAINE
RENÉ BOUVIER
Racine du Temps
Le vin impose son côté solaire et
suave, avec un élevage qui enrobe
et sucre légèrement son fruit.
Intense, puissant et séduisant à la
fois. Son boisé fatigue légèrement.
Prix : 49 € ; bouteilles/an : 2 100
14/20
■ DOMAINE
DUPONT-TISSERANDOT
Vieilles vignes
Il ne manque pas de finesse, avec un
côté légèrement délié et une bouche
souple. Il termine néanmoins sur
une pointe de sécheresse.
Prix : entre 50 et 60 €
Bouteilles/an : 4 800
14/20
■ DOMAINE
JEAN FOURNIER
Bien habillé, servi par un élevage
cosmétique qui séduit, mais qui le
prive de son côté délié et suave.
Prix : 29 € ; bouteilles/an : 3 100

70 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598

 COMPRENDRE LE VIN

LA TENUE À L’AIR OU L’ART

DE PRÉDIRE L’ÉVOLUTION DU VIN
Pour le professionnel comme pour l’amateur, les tests de tenue à l’air permettent
Par Florence Bal de juger de façon simple et assurée de l’aptitude au vieillissement d’un vin.

C
’est une opération toute
simple. Durant l’élabo-
ration du vin, certains
vignerons pratiquent
des tests de tenue à l’air.
Concrètement, ils laissent
un échantillon de moût
ou de vin dans un verre ou une bouteille trans-
parente en contact avec l’air entre 24 heures
et cinq jours. L’observation visuelle, olfactive
et gustative leur donne une idée de la “bonne
tenue” du vin et de son potentiel de garde ou 2
de sa fragilité éventuelle. Plus le vin tient le
coup au test, plus il est apte au vieillissement.
Ils notent la façon dont le vin évolue : s’il
1
se bonifie avec l’aération ou au contraire si sa
robe et ses arômes changent, s’il s’oxyde. Le
vigneron agit en conséquence, par exemple en
pratiquant un collage pour éliminer les subs-
Photos : F. Bal

tances oxydables, en le soutirant s’il est trop

réduit, en le protégeant avec des gaz inertes
ou en ajoutant du SO2 s’il a tendance à s’oxy-
der. Ce test peut se faire après le pressurage,
le débourbage, à la fin de la fermentation
alcoolique lors de l’élevage et avant la mise
en bouteilles. Ce simple test employé par les
vignerons peut être aussi pratiqué avec suc-
cès par les amateurs. C’est un moyen facile
de prédire soi-même l’évolution du vin qu’on
aime, indépendamment de sa notoriété et des
potentiels de garde théoriques.
Le geste du vigneron
Damien Bonnet, du domaine de Brin à Gaillac, pratique régulièrement des tests
de tenue à l’air. Il remplit des verres aux deux tiers (1) de vins à tester, les couvre
d’un mouchoir ou d’un torchon propre (2), puis les laisse à la cuisine ou au chai.
Il les goûte ensuite deux fois par jour pendant 4 à 5 jours pour évaluer leur évolution.
Il réalise ce test avant d’entonner ses rouges en barriques pour savoir s’ils supporteront
l’oxydation ménagée, lors des élevages des rouges en cuves pour les soutirer
si la réduction ne se dissipe pas à l’aération. Il le fait avant la mise en bouteilles pour
savoir s’il doit ajouter du soufre pour les protéger.

« LES AMATEURS PEUVENT AUSSI TESTER LEURS VINS »

« L’intérêt des tests de tenue à l’air, c’est que
les amateurs peuvent les réaliser chez eux.
En revanche, les amateurs les pratiquent souvent
sans forcément le savoir, par exemple en dégustant
une bouteille ouverte la veille. S’ils réalisent ce test
chez eux sur des vins jeunes, les résultats leur
donneront des indications précieuses sur l’état du
L’avis de vin et sur sa capacité à évoluer rapidement ou pas.
Damien Bonnet En clair, sur l’opportunité de le déguster
Domaine de Brin, maintenant ou dans quelques années.
à Castanet (81)
Si rien n’a bougé au bout de 4 à 5 jours, si le vin
reste limpide, frais avec des notes florales et fruitées,
sans perte de couleur, sans côté flétri, si l’aération a
arrondi les tanins, le vin se conservera longtemps.
Mais si très rapidement – le jour même ou
le lendemain – un vin blanc jaunit, voire brunit,
si un vin rouge prend un aspect fané avec des reflets
cuivrés ou orangés, si les notes oxydatives de blette,
de noix dominent, on sait qu’il ne tiendra pas.
Mieux vaut le boire, et vite !

LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 71

 DÉGUSTATION
NANTES ET SON VIGNOBLE
LA RENAISSANCE DES
Dégustation de
Jean-Emmanuel Simond
GRANDS MUSCADETS
Affaibli depuis quinze ans par une crise profonde, le vignoble nantais, et surtout le Muscadet, relève
la tête et mène un passionnant travail collectif de reconstruction sur les terroirs, les méthodes de
culture, les vinifications. Cette terre de grands blancs a des atouts pour séduire le cœur des amateurs.
D. R.
S
itué à l’embouchure de la Loire,
le vaste vignoble nantais connaît
aujourd’hui une profonde
mutation et tente d’endiguer
quinze ans de crise. Méthodes
de culture, de vinification, styles
des vins… Nous avons voulu en savoir
davantage et avons accompli un tour d’ho-
rizon complet du Pays nantais.
Gneiss, orthogneiss, gabbro…
Le vignoble couvre aujourd’hui environ
15 000 ha, soit trois fois plus que Chablis.
Les terroirs présentent deux grands types de
sols : granits et roches métamorphiques qui
en sont issues (schistes, gneiss, orthogneiss)
et les gabbros, qui ont engendré l’amphibo-
lite ou la serpentinite. Le climat est ici mar-
qué par la douceur océanique.
72 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598
LE CHÂTEAU DE
GOULAINE.
C’est à l’ombre
de ces tours
Renaissance que
Pierre Luneau a
entamé dès 2001
la démarche d’une
reconnaissance
communale
de ce cru.
Deux cépages blancs dominent le
vignoble nantais : la folle blanche en
appellation Gros Plant du Pays nantais,
et le melon de Bourgogne, présent dans le
Muscadet depuis le XVIIe siècle. Cépage
sensible au gel, ce dernier doit être conduit
en taille courte. Sa capacité à se conserver
au contact de ses lies a été définie par la
mention réglementée “sur lie”. Cette men-
tion implique qu’après la fermentation, les
vins restent pendant l’hiver au contact du
dépôt naturel des levures né de la fermen-
tation alcoolique. En se décomposant, ces
lies vont nourrir et enrichir le vin, apportant
du gras et du volume à des blancs naturel-
lement nerveux et très secs.
Mais voilà, la mécanisation à outrance,
l’usage excessif de produits phytosani-
taires, les rendements élevés, la difficulté
de valoriser une production aux prix de
vente bas, la pression foncière avec l’exten-
sion de l’agglomération nantaise ont plongé
depuis quinze ans le vignoble nantais dans
une grave crise d’identité. En réaction, un
passionnant travail collectif est aujourd’hui
engagé, culminant avec la dynamique des
9 crus communaux même si certains d’entre
eux (Le Pallet, Mouzillon Tillières et Vallet)
ne nous ont pas convaincus. Heureusement,
en isolant les terroirs, en redéfinissant les
pratiques culturales et de vinification, de
nombreux autres secteurs se sont engagés
dans une vertueuse quête de qualité.
De grands blancs à prix dérisoire
Les amateurs trouveront donc ici
quelques-unes des plus belles affaires de tout
le vignoble français. Aujourd’hui, où peut-
on acheter à tel prix de grands blancs de
terroir, capables de se bonifier sur 25 ans et
d’offrir de grands accords gastronomiques ?
Les derniers millésimes sont de très belle
qualité. 2012 a livré des vins charnus et
complets, dotés d’excellentes acidités, et
2014 des blancs structurés et fermes, mais
au caractère précoce. Quant à 2013, il a
donné des vins fins mais plus légers, à boire
dans leur jeunesse. J.-E. S.
LES CONDITIONS
DE LA DÉGUSTATION
Les vins ont été dégustés à la Maison des vins
du Muscadet à Vertou en mars 2015 puis à
La RVF en avril et mai 2015. Ces dégustations
ont été complétées de visites dans différents
domaines en juin et juillet 2015.

① Gros Plant, Coteaux d’Ancenis…
les outsiders du Pays nantais
Ces appellations souffrent d’une réputation médiocre ou sont simplement méconnues.
Elles foisonnent pourtant de très belles pépites. L’amateur curieux devrait apprécier !
L’appellation
Gros Plant,
l’autre patrie de
la folle blanche
L es appellations Gros Plant et
Muscadet se superposent. Plus
proche de l’océan, la première
couvre une vaste superficie (voir
carte p. 73). Le vin blanc qui y est
produit est issu du cépage folle
blanche, très productif et peu alcoo-
lisé. Son acidité naturellement très
importante s’atténue grâce à des
méthodes culturales de qualité et un
élevage sur lies qui est ici également
autorisé. Amie des produits de la
mer les plus iodés, la folle blanche
est en forte diminution, et ne couvre
plus que 500 ha contre 3 000 dans
les années 90. Quelques rares pro-
ducteurs s’attachent encore à la
valoriser. J.-E. S.
15,5/20
■ DOMAINE
PIERRE LUNEAU-PAPIN
Folle Blanche 2014
Expression mûre et gourmande,
droite et vive. Cette cuvée fait figure
de référence dans l’appellation.
Prix : 7 € ; bouteilles/an : 5 000
15/20
■ DOMAINE DE BELLEVUE
Folle Blanche 2014
Élevé sur lies en cuves Inox, jamais
sulfité avant la mise en bouteilles,
ce vin lumineux et vif offre un raffi-
nement inédit grâce à ses petites
notes d’agrumes.
Prix : 8 € ; bouteilles/an : 1 500
▶ Coordonnées des producteurs page 86
LES VINS DU PAYS NANTAIS
Domaine Landron-Chartier LIGNÉ
LA DƒCOUVERTE PRIORITAIRE
BENOÎT LANDRON
Le rejeton d’une belle
lignée de vignerons
B
enoît Landron, neveu de Jo Landron, revient en
Muscadet en 2008, après avoir travaillé en Corse
et à Cheverny. Il s’associe alors à ses parents
Bernard et Françoise, qui cultivaient déjà les vignes du
château du Ponceau, et reprend les 20 ha de vignes du
château de Clermont. Il entame un ambitieux travail des
sols et obtient la certification du domaine à la biodyna-
mie en 2013. Nous avons été impressionnés par
la maîtrise et la justesse de ses vins. Une découverte
LA FIBRE
prioritaire pour appréhender le caractère authentique BIODYNAMISTE.
et original des terroirs de schistes et de gneiss des Neveu de Jo Landron,
appellations Muscadet Coteaux de la Loire et Coteaux Benoît a obtenu la
d’Ancenis, trop méconnues à notre goût. J.-E. S. certification en 2013.
D. R.
14,5/20 14,5/20 sur ces sols schisteux et pentus,
■ DOMAINE ■ VÉRONIQUE l’appellation produit également à
DE L’AUJARDIÈRE GÜNTHER-CHÉREAU partir du pinot gris (localement
Bons Plans 2014 Folle Blanche 2014 appelé malvoisie) des blancs moel-
Saline, expressive et tonique, cette Soigné et expressif, il s’est enrichi leux étonnants dont nous vous
folle blanche très vive est de fort au cours d’un hiver passé sur lies. présentons ici les plus beaux repré-
bonne facture. Prix : 6 € ; bouteilles/an : 5 000 sentants. De nouveaux domaines
Prix : 4,55 € ; bouteilles/an : 8 000 montrent la voie à suivre. J.-E. S.
14,5/20 Sur les coteaux 15,5/20
■ DOMAINE d’Ancenis, la ■ DOMAINE
LES HAUTES NOËLLES LANDRON-CHARTIER
Le Long Chêne 2014 malvoisie a la cote Malvoisie 2014
Un gros-plant très convaincant. Il
se montrera très à l’aise sur les
coquillages.
C ette appellation de 250 ha, se
confond en partie avec celle du
Muscadet Coteaux de la Loire, est
Ce pinot gris légèrement macéré
provient de sols de gneiss et de
micaschistes. Avec 30 g de sucres
Prix : 4,50 € ; bouteilles/an : 2 000 surtout dévolue aux vins rouges et résiduels très discrets, il se montre
rosés issus du cépage gamay. Mais concentré mais croquant, très
LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 73
DÉGUSTATION
original avec son support acide et
son équilibre “sec/tendre”.
Prix : 10 € ; bouteilles/an : 18 000
15/20
■ DOMAINE
PIERRE GUINDON
Malvoisie 2014
Son équilibre de demi-sec enrobe
de légers sucres résiduels par de
beaux amers persistants.
Prix : 6,65 € ; bouteilles/an : N. C.
IGP Val de Loire :
des blancs
réjouissants
L ’IGP Val de Loire s’étendant bien
au-delà des frontières du Pays
nantais, nous n’avons donc retenu
ici que les blancs des vignerons pré-
sents dans les appellations du
Muscadet. Cette IGP produit princi-
palement des vins blancs (sauvi-
gnon, chardonnay, chenin, grolleau
gris et pinot gris) et quelques vins
rouges (gamay, cabernets, pinot
noir, grolleau, pineau d’Aunis et mer-
lot) et bien sûr des rosés. J.-E. S.
R. Grman
INVICTUS 2014,
DOMAINE DE L’ÉCU.
Macéré en amphore, ce cabernet
est au sommet des rouges
du Pays nantais.
74 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598
16/20
■ DOMAINE
DE L’AUJARDIÈRE
Fié Gris 2012
Cette vigne de sauvignon gris
(appelé localement fié gris) âgée de
25 ans donne l’une des expressions
les plus justes et les plus abouties
de ce cépage. Le nez est finement
pétrolé et déploie de jolies notes
de rose et d’épices. La bouche se
montre à la fois croquante et fraîche,
intense et franche. Très séducteur,
2009 (15,5/20) évoque la truffe
et les épices. Tendu, acidulé, un
rien strict, 2013 (15/20) mérite
d’être attendu, tout comme 2014
(15,5/20), encore austère.
Prix : 8,10 € ; bouteilles/an : 10 000
15,5/20
■ DOMAINE DE BELLEVUE
Sauvignon Gris 2014
Cette jeune vigne plantée sur un sol
sableux reposant sur une roche
mère de granit donne un blanc ori-
ginal. Ce 2014 embaume la violette,
le litchi et les pétales de rose.
Désaltérant, il se fait croquant et
accessible.
Prix : N. C. ; bouteilles/an : N. C.
15/20
■ DOMAINE
DE L’AUJARDIÈRE
Les Trois Bois 2014
Tout en fruit, croquant et frais, ce
pur chardonnay livre une version
atlantique et fraîche, exempte de
bois. Très bien ficelé, c’est un vin
de plaisir sincère. Un peu plus
simple et mince, le 2013 (14,5/20)
se montre vif et digeste.
Prix : 5,20 € ; bouteilles/an : 38 000
14,5/20
■ DOMAINE
LES HAUTES NOËLLES
Hého le Blanc 2014
Issu du trop confidentiel grolleau
gris, voici un blanc véritablement
original, aux saveurs finement
acidulées.
Prix : 5 € ; bouteilles/an : 4 000
Vin de France : la
tribu des insoumis
C ette dénomination regroupe des
vins non présentés ou refusés
à l’agrément soit parce qu’ils sont
issus de cépages qui ne trouvent
plus leur place dans les appella-
tions, soit parce qu’ils font l’objet
d’élevages alternatifs, en amphores
par exemple. J.-E. S.
16,5/20
■ DOMAINE DE L’ÉCU
Invictus 2014
Macération en amphores de caber-
net. Le vin a préservé toute l’énergie
du raisin. Nez très précoce, sensuel,
floral ; bouche d’une grande finesse
de texture. Un sommet des vins
rouges de la région.
Prix : 30 € ; bouteilles/an : 800
16/20
■ DOMAINE DE L’ÉCU
Carpe Diem 2012
Issu d’une parcelle granitique, ce
melon de Bourgogne a été élevé en
amphores pendant 15 mois. Sa chair
précise, intense et savoureuse sert
de support à un caractère très iodé.
Idéal pour accompagner les oursins
ou la poutargue.
Prix : 30 € ; bouteilles/an : 2 800
16/20
■ DOMAINE DE L’ÉCU
Lux 2014
Un chardonnay vinifié sans soufre,
subtil et floral. Les saveurs de poire
fraîche laissent place à une trame
énergique, ciselée, à l’éclat lumi-
neux en finale.
Prix : 30 € ; bouteilles/an : 1 862
16/20
■ DOMAINE DE L’ÉCU
Rednoz 2014
Ce cabernet-sauvignon élevé sans
soufre en cuves Inox livre un fruit
croquant, lumineux et énergique. Il
faudra le carafer pour dissiper le gaz
carbonique.
Prix : 30 € ; bouteilles/an : 3 500
15,5/20
■ COMPLÉMEN’TERRE
Nolem 2014
Non présenté à l’agrément, ce
melon de Bourgogne sur grès et
argilo-sableux se montre à la fois
riche, ample et concentré, avec le
volume apporté par un élevage en
barriques.
Prix : 13 € ; bouteilles/an : 2 500
15,5/20
■ DOMAINE DE BELLEVUE
La Justice 2012
Chardonnay sur granit vinifié et
élevé en jarres de 150  litres  :
Savoureux, mûr et plein de vie,
c’est un vin précoce et expressif,
aux saveurs de fruits jaunes.
Prix : 20 € ; bouteilles/an : 1 200
15,5/20
■ DOMAINE DE L’ÉCU
Méphisto 2013
Élevé en amphores pour deux tiers
et en barriques provenant du Clos
Rougeard pour le dernier tiers, ce
cabernet franc présente un fruit vif,
nerveux et sincère, très digeste. La
mise en bouteilles récente (prin-
temps 2015) nécessite de l’attendre
un peu pour que ses arômes se
précisent.
Prix : 30 € ; bouteilles/an : 4 000
15,5/20
■ DOMAINE
DE LA HAUTE FÉVRIE
Éclipse Vendanges Automnales
Originale vendange tardive, aux
sucres bien intégrés et agrémentés
de savoureux amers.
Prix : 10,25 € ; bouteilles/an : 2 500
14,5/20
■ DOMAINE
PIERRE LUNEAU-PAPIN
Froggy Wine 2014
Un gamay sur schistes à l’habillage
moderne et décomplexé, qui s’avère
précis et franc dans sa simplicité
de saveurs. À servir frais et à boire
sur le fruit.
Prix : 7 € ; bouteilles/an : 6 000
 MUSCADETS SÈVRE ET MAINE

② Sèvre et Maine :
voilà l’âme du Muscadet
Ici, nombreux sont les vignerons qui ont à cœur de retranscrire fidèlement l’expression
d’un cépage emblématique, le melon de Bourgogne, et de terroirs singuliers.

Muscadet Sèvre 16,5/20 16,5/20 2005 et 1989, et s’enrichit de notes

■ DOMAINE ■ DOMAINE d’épices et d’écorces d’agrumes.
et Maine : des vins PIERRE LUNEAU-PAPIN PIERRE LUNEAU-PAPIN Prix : 12 € ; bouteilles/an : 8 000
qui vieillissent bien Une parcelle de vignes de 45 ans sur Ce vin provient de vignes âgées de 16,5/20
Pueri Solis 2009 L d’Or 2013

■ DOMAINE
L ’appellation Muscadet Sèvre et
Maine s’étend sur 23 communes
du sud-est de Nantes, soit environ
sols de schistes du Landreau donne
naissance à ce vin élevé 32 à 42 mois
sur lies : une expression solaire et
35 ans et passe 11 mois sur lies. Pur
et ferme, le 2013 offre une superbe
vigueur acidulée (citron vert). Des
PIERRE LUNEAU-PAPIN
Terre de Pierre 2013
6 000 ha. Les rendements autorisés citronnée en 2009, tout en sève et saveurs poivrées et poudrées Sur la butte de la roche, au milieu des
culminent à 55 hl/ha, et les 2/3 des relief. Notes d’épices avec l’âge. relèvent sa finale. Plus onctueux et marais de Goulaine, ce site excep-
vins produits portent la mention “sur Prix : 33 € ; bouteilles/an : 2 000 étoffé, 2010 (17,5/20) est en pleine tionnel se singularise par son rare
lie”. C’est ici qu’on trouvera les meil- forme, comme les somptueux 2007, terroir de serpentinite, isolé pour la
leurs vins, dotés d’un supplément de
complexité aromatique et parfois LE PUZZLE COMPLIQUÉ DU VIGNOBLE DU PAYS NANTAIS
d’une grande aptitude au vieillisse-
ment, le contact des lies préservant
une fraîcheur remarquable souvent
accentuée par la conservation du gaz
carbonique naturel dans la bouteille.
J.-E. S.

16,5/20
■ DOMAINE
BONNET-HUTEAU
Les Gautronnières 2014
Les sols d’amphibolite et de mica-
schistes apportent au vin tension
et minéralité, comme dans le revi-
gorant 2014 (16,5/20), ample et
citronné, capable de très bien vieil-
lir. Un peu plus tendre et précoce,
le millésime 2013 (15,5/20) se pré-
sente un ton en dessous.
Prix : 7,40 € ; bouteilles/an : 25 000

16,5/20
■ DOMAINE DE L’ÉCU
Orthogneiss 2014
Sur un sol granuleux et peu profond
naît ce blanc d’une grande com-
plexité aromatique (fruits jaunes, Le millefeuille administratif ne concerne pas que les collectivités locales, il se développe aussi en Pays nantais ! Comme
le démontre cette carte, plusieurs appellations se superposent dans cette région, notamment Gros Plant du Pays nantais,
cumin). Apte à la garde.
l’appellation Muscadet et ses déclinaisons, ou encore au nord-est, les Coteaux d’Ancenis. Complication supplémentaire
Prix : 13 € ; bouteilles/an : 10 000 (au sens horloger du terme), la région a distingué 3 crus communaux depuis 2011 et s’apprête à en reconnaître 6
de plus. Dans notre dégustation, les vins des crus Le Pallet, Vallet et Mouzillon-Tillières n’ont pas été retenus.

▶ Coordonnées des producteurs page 86 LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 75

DÉGUSTATION
première fois en 2008. Ce vin scintil-
lant se montre élancé et persistant,
doté d’un grand potentiel de garde.
Plus citronné, le 2010 (16/20) évolue
sur la coriandre et le 2009 (16/20)
s’épanouit avec plus de générosité.
Prix : 14 € ; bouteilles/an : 12 000
16,5/20
■ DOMAINE DE LA PÉPIÈRE
Clos des Briords 2014
Les vignes sont situées sur le sec-
teur de Château-Thébaud. Un vin
de grande intensité qui est doté
d’une énergie hors du commun. Le
fruit se fait éclatant, les saveurs
finement acidulées, salivantes et
franches. Un style authentique.
Prix : 8,50 € ; bouteilles/an : 25 000
16,5/20
■ DOMAINES LANDRON
Haute-Tradition 2009
Cette vigne de 1956 plantée sur
orthogneiss et quartz a été arra-
chée en 2014. La matière enrobée
et juteuse évolue vers une finale
aérienne et minérale. Des notes
de thym, lavande et réglisse se
développent à l’aération.
Prix : 16 € ; bouteilles/an : N. C.
16/20
■ DOMAINE DE BELLEVUE
Gaïa 2013
Le jus de ces vignes âgées de 70 ans
et plantées sur gabbro a passé
14  mois en œufs béton. Un nez
citronné, entre agrumes et silex,
laisse place à une bouche dense,
tout en tension persistante et dotée
de grands amers en finale. Un blanc
d’un style original et d’une grande
plénitude. 2014 (16/20) lui emboîte
fièrement le pas avec ses notes
D. R.
crayeuses et sa persistance réglis-
sée. Il se montre ample et sans
lourdeur.
Prix : 20 € ; bouteilles/an : 5 000
16/20
■ DOMAINE
BONNET-HUTEAU
Les Laures Granite de Vallet 2012
Un vin droit et ciselé, dont le
76 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598
Les Vignes du Bourg MONNIÈRES 16/20
■ DOMAINE DE L’ÉCU
LA JEUNE POUSSE Gneiss 2014
Des notes d’agrumes et de fleurs
JULIEN BRAUD blanches marquent ce vin au carac-
tère salivant, doté d’une sève épi-
cée, qui s’étire en de fins amers,
Goûtez son cru
aux confins du poivre et du pam-
plemousse. Le terroir s’exprime ici
Monnières-Saint-Fiacre ! sans aucun fard.
Prix : 11 € ; bouteilles/an : 10 000
16/20
A
ujourd’hui âgé de 29 ans, fort d’un diplôme d’ingénieur et
d’une formation dans le Beaujolais, Julien Braud revient
travailler sur le vignoble familial en 2009. Il s’installe ■ DOMAINE
à son compte en 2012, reprend des vignes de famille et en achète DU GRAND MOUTON
d’autres. Situé à Monnières, son domaine couvre aujourd’hui 7,5 ha. Grand Mouton 2014
Dès l’origine, il ne ménage pas sa peine pour remettre ses vignes Le nez dévoile des notes légèrement
en état. Il en travaille désormais certaines au cheval et entretient fumées. Jolie profondeur aromatique
un percheron et un breton gris, des animaux qui détonnent dans pour ce muscadet tendu et franc, à
le voisinage. Avec 24 à 30 mois d’élevage, son cru Monnières-Saint-
la matière dense et vigoureuse, élevé
Fiacre se montre très prometteur en 2013 (disponible début 2016).
La délicatesse de sa matière traduit la sensibilité et la passion dont
avec soin. Finale raffinée.
fait preuve Julien Braud, très attaché à la diversité de ses terroirs. Prix : 9,50 € ; bouteilles/an : N. C.
Enfin, un rouge de pinot noir devrait bientôt voir le jour… J.-E. S.
16/20
■ DOMAINE
PIERRE LUNEAU-PAPIN
Pierres Blanches 2013
Vignes de 55 ans plantées sur gneiss
et quartz roulés. Tout en fraîcheur, le
nez évoque la menthe et la chloro-
phylle. Délicat et nuancé, ce vin élevé
neuf mois sur lies se montre à la fois
droit et très élégant. La maturité est
remarquable pour le millésime.
Prix : 12 € ; bouteilles/an : 7 000
16/20
■ DOMAINE
DE LA PÉPIÈRE
Gras Moutons 2014
Une cuvée pure et charnue, large
LA NOBLESSE DU BOIS. d’épaule et franche, qui se prolonge
Julien Braud élève
ses vins jusqu’à en tension et en acidité, et termine
30 mois en barriques. sur une finale poivrée.
Prix : 8 €, bouteilles/an : 15 000
caractère cristallin du granit s’ex- 16/20 16/20
prime en pureté et en nervosité. Il ■ DOMAINE ■ DOMAINES LANDRON
pourrait être déclaré en cru Goulaine BONNET-HUTEAU Amphibolite Nature 2014
si les élevages étaient prolongés. Les Dabinières 2014 Un vin iodé, très digeste et expressif,
Le 2013 (15,5/20) se distingue par Issu des sols chauds de gneiss en grande forme en 2014, avec ses
son grain salin, mais sans le même et de micaschistes, ce vin plein saveurs énergiques et ciselées, et
éclat que le millésime 2012. exprime un fruit rond et généreux. son profil très défini et sain.
Prix : 9,10 € ; bouteilles/an : 12 000 Prix : 6,50 € ; bouteilles/an : 35 000 Prix : 10 € ; bouteilles/an : 40 000
 MUSCADETS SÈVRE ET MAINE

15,5/20 pour ce blanc au nez fumé, aux 15,5/20

■ COMPLÉMEN’TERRE
Le Breil 2014
Plantée sur orthogneiss et quartz,
cette vigne située en face du Fief du
Breil de Jo Landron livre un musca-
det à la chair pleine et doté d’une
belle tension sous-jacente.
Prix : 14 € ; bouteilles/an : 3 600
15,5/20
■ DOMAINE DE BELLEVUE
Granit 2014
Issu des sols de granit, quartz blanc
et rose de Clisson, ce vin offre une
matière d’une grande sincérité. Il a
effectué sa fermentation malolac-
tique mais reste frais et tendu.
Prix : 10 € ; bouteilles/an : 7 000
D. R.
saveurs de fruits jaunes et de pra-
line. Épicée et solaire, la bouche
est tout en sève et en amplitude.
Prix : 10,20 € ; bouteilles/an : 9 000
15,5/20
■ DOMAINE
DE LA BRETONNIÈRE
2014
Un muscadet vif, vigoureux et cro-
quant, tendu avec un superbe fruit
vibrant.
Prix : 4,80 € ; bouteilles/an : 18 000
15,5/20
■ DOMAINE DE L’ÉCU
Granite 2014
Des vignes de 50 ans sur sols gra-
■ DOMAINE
DE LA HAUTE FÉVRIE
Excellence 2014
Incisif et tonique, ce blanc, issu de
vignes âgées de 50 à 80 ans plan-
tées sur gneiss, incarne le savoir-
faire de la famille Branger.
Prix : 5,25 € ; bouteilles/an : 12 000
15,5/20
■ DOMAINE
PIERRE LUNEAU-PAPIN
La Grange Vieilles vignes 2014
Les vignes de 35 ans sur micaschistes
donnent un vin ciselé et frais, qui
sonne juste et illustre le talent et la
précision de la famille Luneau.
Prix : 9 € ; bouteilles/an : 30 000

nitiques à deux micas ont enfanté

15,5/20 ce blanc. Il se montre frais et men- 15,5/20
AMPHIBOLITE NATURE 2014,
DOMAINES LANDRON. ■ DOMAINE tholé, avec un fruit croquant, tendu ■ DOMAINE DE LA PÉPIÈRE
Un blanc iodé, en grande forme. MICHEL BRÉGEON et minéral, et une finale iodée. 2014
Réserve 2011 Prix : 13 € ; bouteilles/an : 10 000 Un muscadet à la fois nerveux,
Quarante mois d’élevage sur lies salin et expressif qui provient
16/20 des granits de Clisson et de
■ VÉRONIQUE Anne de Bretagne LA PLAINE-SUR-MER Château-Thébaud.
GÜNTHER-CHÉREAU Prix : 7,50 € ; bouteilles/an : 80 000
Château du Coing de Saint Fiacre
Comte de Saint-Hubert 2012 L’adresse reine des muscadets 15,5/20
Cette cuvée, qui n’est assemblée ■ DOMAINES LANDRON

que les grandes années, provient
de vignes presque centenaires plan-
tées sur gneiss et dont le rendement
est très faible. Complexe et salin en
2012, encore très jeune, ce vin évo-
lue formidablement dans le temps,
à l’image du 2010 (16/20), éner-
gique et finement miellé, du 2000
(15,5/20), épanoui et crémeux, ou
encore du somptueux et toujours
frais 1996 (16/20).
Prix : 10 € ; bouteilles/an : 25 000
15,5/20
■ CLOS DES MONTYS
Vigne de 1914 2013
Le vignoble planté sur amphibolite
et gabbro domine les marais de
Goulaine. Cette vigne vénérable
donne un vin tonique, riche et
dense, mais très racé et délicat dans
le millésime 2013.
Prix : 12 € ; bouteilles/an : 4 000
D. R.
À
proximité de Pornic, posé devant la mer, l’hôtel Relais &
Châteaux Anne de Bretagne possède un restaurant double-
Les Houx 2014
ment étoilé au Michelin. Aujourd’hui, il est certainement l’un Beaucoup de finesse et de com-
des meilleurs ambassadeurs des vins du Muscadet. Le propriétaire, plexité dans ce vin affiné par le
Philippe Vétélé, est aux fourneaux. Sa cuisine inventive sublime les terroir de sables et de grès.
produits de la mer et se conjugue à merveille avec les vins recom- Prix : 8,50 € ; bouteilles/an : 20 000
mandés par son épouse Michèle, sommelière passionnée qui règne
sur les 30 000 flacons de la cave. Les vins du Muscadet y sont à 15,5/20
l’honneur et sont proposés à des prix d’ami. Parmi des dizaines de
■ LES VIGNES DU BOURG
références, un admirable cru Gorges 1992 de Damien Rineau ne
vous coûtera que 70 € sur table… Anne de Bretagne est “la” table
2014
de référence pour s’initier aux accords gastronomiques d’exception Un vin frais et nerveux, encore un
que réservent les vieux muscadets. J.-E. S. peu serré à ce stade de son exis-
tence. Ciselé par son terroir de
gneiss, ce blanc élaboré par le jeune
ANNE DE Julien Braud est d’excellent niveau.
BRETAGNE. Prix : 6 € ; bouteilles/an : 9 000
Ici, face à l’océan,
initiez-vous aux
accords avec 15/20
des grands ■ CHÂTEAUX ET
muscadets.
DOMAINES CASTEL
Clos des Orfeuilles 2013
Un vin dense et sérieux. Saluons les
efforts entrepris par les Châteaux
et domaines Castel conseillés

par l’excellent œnologue Antoine

▶ Coordonnées des producteurs page 86 LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 77

DÉGUSTATION

Pouponneau. En conversion bio.
Prix : 10 € ; bouteilles/an : 30 000
15/20
■ CLOS DES MONTYS
2014
Ce vin structuré et dense se montre
encore assez austère, mais sa pro-
fondeur de saveurs est exemplaire.
Prix : 7,10 € ; bouteilles/an : 40 000
15/20
■ DOMAINE
MICHEL BRÉGEON
Original 2014
Un muscadet précis, tendu, savou-
reux et sincère dans ses saveurs.
Sa fraîcheur et son léger perlant
feront merveille dans sa jeunesse.
Prix : 6 € ; bouteilles/an : 13 000
15/20
■ DOMAINE
DE LA CHAUVINIÈRE
Château de la Templerie 2014
Sur le secteur de Château-Thébaud,
ce vignoble bio est très bien ventilé.
Vinifié avec précision par Jérémie
Huchet, ce blanc affiche une matière
nerveuse et nette qui se termine sur
une belle note poivrée.
Prix : 7,50 € ; bouteilles/an : 50 000
15/20
■ DOMAINE
DE LA CHAUVINIÈRE
Château de la Bretesche 2014
Un vignoble exploité en fermage
D. R.
Domaine de l’Aujardière SAINT-PHILIBERT Située sur la commune de Monnières
et plantée sur un sol argilo-schisteux
LE COUP DE CÎUR recouvrant du gneiss, cette vigne
(65 ans) exposée au sud est certifiée
ÉRIC CHEVALIER bio depuis 2013. Des notes de pêche
et d’abricot annoncent un vin struc-
turé, charnu, à la trame solide et
Le seigneur de Grand-Lieu élancée.
Prix : 7,50 € ; bouteilles/an : 25 000
15/20
L
es appellations périphériques du Muscadet, hors Sèvre et
Maine, sont trop méconnues des amateurs. On y rencontre
pourtant des vignerons sincères et engagés, tel Éric ■ VÉRONIQUE
Chevalier. Œnologue, formé à Dijon, le jeune homme exerce son GÜNTHER-CHÉREAU
métier pendant dix ans pour de grandes structures avant de reve- Château du Coing de Saint Fiacre 2014
nir sur le domaine familial à la retraite de son père en 2006. Dès Cette belle propriété est située à la
lors, il replante, se remet aux labours, vinifie en levures indigènes confluence des rivières Sèvre et
onze vins différents et s’apprête à convertir en bio les 26 ha de Maine. Le vignoble en coteaux est
vignes qu’il exploite, principalement en appellation Muscadet planté sur des sols de gneiss
Côtes de Grandlieu. Ici, melon de Bourgogne, chardonnay, fié gris,
décomposés. Complet en 2014, ce
grolleau, folle blanche et pinot noir sont tous récoltés parfaitement
mûrs et travaillés avec le même soin. Les prix sont angéliques. De blanc incarne l’archétype du mus-
grands importateurs étrangers ne s’y sont pas trompés… J.-E. S. cadet accessible et polyvalent, mais
fidèle à son terroir. Tout en finesse,
le 2013 (15/20) évolue aujourd’hui
très bien.
Prix : 7,50 € ; bouteilles/an : 50 000
14,5/20
■ DOMAINE
DE LA HOUSSAIS
Clos du Bien Aimé 2014
David et Bernard Gratas proposent
ce vin intense, à la trame un peu
lisse, mais qui ne manque pas tou-
tefois de caractère.
Prix : 5,10 € ; bouteilles/an : 7 000
PROFESSION DE FOI.
Les vins de cet
ex-œnologue portent 14,5/20
haut les couleurs des ■ DOMAINE
Côtes de Grandlieu.
PIERRE LUNEAU-PAPIN

depuis 2006 par Jérémie Huchet. Ce

vin précis est doté d’un relief épicé.
Prix : 6,60 € ; bouteilles/an : 70 000
15/20
■ DOMAINE DE L’ÉCU
Classic 2014
Frédéric Niger Van Heck maîtrise
désormais parfaitement ce domaine
de référence racheté à Guy Bossard,
certifié en bio depuis 1975 et en
biodynamie depuis 1998. Issu de
sols siliceux, Classic est un vin revi-
gorant, aux notes d’agrumes et de
fruits blancs. Très réussi en 2014.
Prix : 10 € ; bouteilles/an : 10 000
15/20
■ DOMAINE DE L’ÉPINAY
L’Esprit 2014
Volume, énergie et transparence de
saveurs pour ce vin intense, à la
belle allonge minérale.
Prix : 5,60 € ; bouteilles/an : N. C.
15/20
■ DOMAINE GADAIS
PÈRE & FILS
Vieilles vignes 2013
Ces vignes de 1929 donnent nais-
sance à des vins à l’expression
salivante et élancée. 2012 (15/20)
présente plus de volume.
Prix : 8,20 € ; bouteilles/an : N. C.
15/20
■ DOMAINE LES VIGNES
SAINT-VINCENT
Cuvée Saint-Vincent 2014
Un muscadet vif et salin, doté de la
belle trame minérale des granits.
Prix : 3,50 € ; bouteilles/an : 8 000
15/20
■ VÉRONIQUE
GÜNTHER-CHÉREAU
Grand Fief de la Cormeraie 2014
Froggy Wine 2014
Issu de la parcelle schisteuse
Les Grenouilles, voici un réjouissant
vin de soif, fringant et juvénile.
Prix : 7 € ; bouteilles/an : 18 000
14/20
■ VÉRONIQUE
GÜNTHER-CHÉREAU
Les Petits Jupons 2013
Un blanc vinifié à quatre mains par
Véronique et sa fille Aurore. Tout en
fraîcheur et rondeur, il s’offre avec
facilité et simplicité. À boire jeune.
Prix : 7 € ; bouteilles/an : 26 000

78 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598

 MUSCADETS SÈVRE ET MAINE

(16/20) est très prometteur. 15,5/20 Muscadet Coteaux

Prix : 6,20 € ; bouteilles/an : 10 000
16/20
■ DOMAINE
DE L’AUJARDIÈRE
Clos de la Butte 2014
Mûr, ce vin plein et poivré offre une
belle vivacité et d’excellents amers.
Bien riche, le 2012 (15,5/20) est
caractérisé par de savoureux amers
typés écorce de pamplemousse, qui
apportent une excellente tension.
2009 (15,5/20) séduit par son nez
de noisette, sa matière nerveuse et
charnue, anisée en finale.
Prix : 5,30 € ; bouteilles/an : 26 000
D. R.
■ DOMAINE de la Loire :
DE LA CHAUSSÉRIE
2012 peut mieux faire
Une matière riche et mûre, un bel
équilibre entre maturité de fruit et
fraîcheur de sève. Voici un beau vin
L a plus petite appellation de la
région (200 ha) s’étend sur les
deux rives de la Loire, sur des
généreux mais croquant et très per- coteaux entre Nantes et Ancenis.
sistant. Dédiée aux vins blancs de cépage
Prix : 3,40 € ; bouteilles/an : N. C. melon de Bourgogne, elle peut
bénéficier de la mention “sur lie”.
15/20 Une minorité de vins se montrent
■ DOMAINE toniques et nerveux, mais trop rares
LES HAUTES NOËLLES sont ici les producteurs soucieux de
Les Granges 2013 qualité. J.-E. S.
Cette sélection parcellaire est très
bien réussie. Elle est prolongée par 15,5/20

le relief minéral des schistes. ■ DOMAINE

CÔTES DE GRANDLIEU
LES COTEAUX 2011,
DOMAINE DES HAUTES NOËLLES.
Un muscadet complexe
et de belle envergure.
16/20 Prix : 7,50 € ; bouteilles/an : 7 500 LANDRON-CHARTIER
■ DOMAINE Le Ponceau 2013
LES HAUTES NOËLLES 14/20 Vignes de 40 ans plantées sur mica-
Les Coteaux 2011 ■ VIGNOBLE MALIDAIN schistes. D’une grande franchise de
Ce domaine sérieux, certifié en bio, Clos de la Clémencière 2013 saveurs, ce vin s’équilibre entre

Muscadet Côtes se distingue une fois de plus avec

cette jolie cuvée au fruit juteux. Sa
de Grandlieu : matière profonde et de belle enver-
Un sol clair et siliceux sur mica-
schistes enfante ce jus précis, un
peu technique mais sincère. Il
fraîcheur et maturité. Le millésime
2010 (15,5/20) offre un volume
généreux et une belle amertume en

des blancs riches gure ne manque pas de complexité.

Prix : 8,50 € ; bouteilles/an : 7 500
manque toutefois de densité.
Prix : 4,20 € ; bouteilles/an : N. C.
finale.
Prix : 17 € ; bouteilles/an : 2 000

R econnue dès 1994, cette appel-

lation couvre aujourd’hui
300  ha de vignes répartis sur le
Domaine de Bellevue GÉTIGNÉ
territoire de 19 communes, de part
et d’autre du lac de Grand-Lieu.
Les sols se composent principale-
DU VIN ET DES COSMÉTIQUES
ment de gneiss, de micaschistes, de
silices et de quartz. On y produit des
vins moins minéraux, souvent plus
JÉRÔME BRETAUDEAU
riches qu’en appellation Muscadet
Sèvre et Maine. Cette appellation
bouge. Ses vignerons ont engagé
Avec Sarmance, il veut
une réflexion sur la délimitation rattraper Caudalie !
d’un cru communal. J.-E. S.

16/20
■ DOMAINE
DE L’AUJARDIÈRE
La Nöé 2012
Une bouche à la fois charnue et
juteuse, à la chair ronde et épicée,
qui se prolonge tout en intensité et
nervosité. Une grande réussite pour
ce blanc issu d’une parcelle de 3 ha
sur arène de granit désagrégé. Sain,
droit et précis, le millésime 2014
O
riginaire du Muscadet, Jérôme Bretaudeau s’y
installe en 2001. Sur ses 11 ha de vignes, répartis
sur le territoire de quatre communes et certifiés bio
depuis 2012, Jérôme Bretaudeau vinifie onze cépages
différents et produit dix cuvées. Sa cave est un véritable
laboratoire, avec des barriques, des foudres, des cuves
Inox ou béton et des amphores ! Curieux, éclectique,
il propose des vins sincères et digestes qui nous ont
enchantés. Ses blancs font leur fermentation malolactique.
Avec un associé, il lance en 2015 “Sarmance”, une gamme LE BIO DANS LA PEAU.
de produits cosmétiques bio à base de sarments Vigneron talentueux,
Jérôme Bretaudeau s’est
de vigne : gel douche, soin exfoliant, lait nourrissant…
lancé dans les produits
Souhaitons longue vie à cette entreprise. J.-E. S. de beauté à base
de sarments de vigne.
D. R.

▶ Coordonnées des producteurs page 86 LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 79

DÉGUSTATION

③ Crus du Muscadet :
six terroirs exceptionnels
Reconnus depuis 2011 ou en voie de reconnaissance, les neuf crus sont censés incarner l’élite
du Muscadet. Les six meilleurs retenus ici produisent de grands vins de gastronomie.
Château-Thébaud : Domaine de la Chauvinière CHÂTEAU-THÉBAUD
quelle puissance !
LE VIGNERON DE RÉFÉRENCE
A vec seulement 15 ha, c’est en
superficie le plus petit des
crus, que seuls cinq ou six vigne-
rons revendiquent pour le moment.
JÉRÉMIE HUCHET
Les vignes sont situées en bordure
d’une falaise surplombant la rivière
Maine. Le terroir est constitué de
Ses muscadets forcent
granodiorite  : une roche de la l’admiration
famille des granits, ferrugineuse et

altérée par un début de métamor-
phisme qui s’exprime sous forme
de gravier granitique, plus fertile
mais moins précoce qu’à Clisson,
avec un excellent drainage naturel.
Ici, les maturités sont lentes et
régulières, les acidités tiennent
longtemps. Ces vins qui allient puis-
sance, minéralité et tension nous
ont enthousiasmés. Ils offrent un
potentiel de garde exceptionnel.
J.-E. S.
17/20
■ DOMAINE
N
é en 1977, Jérémie Huchet revient au domaine
familial de Château-Thébaud en 2001, après une
expérience australienne. Dynamique, ambitieux,
il pilote l’acquisition du Clos des Montys, du château de
Goulaine, agrandit le vignoble de Château-Thébaud
avec la Templerie, puis reprend en fermage les vignes
du château de la Bretesche en 2006. À ce total de
40 ha de vignes, s’ajoute Les Bêtes Curieuses, une
structure montée en collaboration avec Jérémie Mourat
du Clos Saint-André : 6,20 ha de vignes répartis sur
4 crus communaux et en conversion bio. Seuls les vins
de Gorges proviennent d’achats de raisins. Aujourd’hui,
M. LE PROMOTEUR.
aucun autre producteur ne propose une telle sélection Jérémie Huchet livre
de muscadets. Ils sont une véritable vitrine des crus un bel éventail des
communaux. L’avenir du Muscadet repose sur des différentes expressions
vignerons talentueux comme Jérémie Huchet. J.-E. S. des crus du Muscadet.

DE LA HAUTE FÉVRIE
Coteaux de l’Ébeaupin 2012
Allonge, étoffe minérale, tension et
précision : tout est en place dans
cet excellent vin, qui s’exprime en
finesse et élégance.
Prix : 12 € ; bouteilles/an : 2 600
17/20
■ DOMAINE DE LA PÉPIÈRE
Clos des Morines 2010
Trois ans d’élevage ont patiné ce
muscadet à la matière complexe,
nuancée, mûre et onctueuse. La
densité et la profondeur de ses
saveurs démontrent un grand res-
pect du raisin.
Prix : 12,50 € ;
bouteilles/an : 10 000
16/20
■ DOMAINE
DE LA CHAUVINIÈRE
Granit de Château-Thébaud 2009
Cinq ans d’élevage sans bâtonnage
pour ce vin complet, iodé et salin,
à la bouche large, fondue et épa-
nouie, qui associe sa mâche à une
finale tonique et un rien solaire.
Nous l’avons beaucoup mieux
dégusté la seconde fois au
domaine. Plus frais et mentholé, le
millésime 2008 (15,5/20) se fait un
peu pétrolé et acidulé. 2007
(15,5/20) évoque le cumin et la
coquille d’huître, et 2002 (15/20)
les fruits jaunes. Il affiche une belle
tension en finale.
Prix : 12,10 € ; bouteilles/an : 10 000
16/20
■ FAMLLE LIEUBEAU
Château de l’Aulnaye 2013
À la fois finement épicé et salin,
ce muscadet droit et élancé, tout
en tension, retranscrit bien la per-
sonnalité de son terroir avec sa
finale épurée, énergique et per-
sistante. On attendra sagement
D. R.
2017 avant de pouvoir l’acquérir
et de le savourer.
Prix : 11,90 € ; bouteilles/an : 8 000
16/20
■ LES BÊTES CURIEUSES
2010
Encore serré et marqué par la fer-
meté de son terroir de granit, ce
blanc est toutefois bien constitué
mais il se livre assez peu pour le
moment. Quant au millésime 2012
(16/20), il est aujourd’hui plein de
promesses.
Prix : 14 € ; bouteilles/an : 10 000

80 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598


Clisson : un sacré
caractère
C e cru communal couvre 25 ha,
avec une unité de terroirs
autour du granit et de ses altéra-
tions sableuses : un sol réputé pré-
coce qui confère puissance et
générosité aux vins. En effet, ce
sont des sols pauvres et chauds,
très drainants, faciles à cultiver. En
conséquence, les degrés peuvent
très vite grimper. Les vignerons
doivent donc être particulièrement
vigilants afin de ne pas obtenir des
vins lourds à l’issue des 24 mois
d’élevage. Les blancs dégustés ici
présentent une vraie cohérence,
avec un caractère bien affirmé.
J.-E. S.
16,5/20
■ DOMAINE DE LA PÉPIÈRE
2012
Millésime de petits rendements qui
a donné un vin épanoui et généreux
en saveurs, admirable dans son har-
monie et sa précision saline. Grande
fraîcheur aromatique sur le zest
d’agrumes, matière caressante, avec
de délicieux amers. Subtil et gras, le
2007 (16,5/20) a conservé toute sa
fraîcheur et son équilibre.
Prix : 12,50 € ;
bouteilles/an : 15 000
16/20
■ DOMAINE
MICHEL BRÉGEON
2014
En cours d’élevage, ce premier mil-
lésime du domaine provient d’un
échange de vignes avec le domaine
de la Pépière. C’est un vin pur, épicé,
doté d’une chair mûre, charnue et
ferme : très prometteur.
Prix : 13 € ; bouteilles/an : 7 000
16/20
■ LES BÊTES CURIEUSES
2012
Finesse florale et notes d’agrumes.
Attaque ferme et large, matière
nuancée mais encore serrée, pré-
cise, saline et épicée. On l’attendra
▶ Coordonnées des producteurs page 86
MUSCADET : LES CRUS COMMUNAUX
encore un ou deux ans.
Prix : 14 € ; bouteilles/an : 4 000
15,5/20
■ DOMAINE
BRUNO CORMERAIS
2010
Bon vin équilibré, doté d’une fine
minéralité et d’une belle fraîcheur.
Prix : 12,50 € ; bouteilles/an : 3 700
15/20
■ DOMAINE
DES COGNETTES
2010
Le domaine de 24 ha des frères
Stéphane et Vincent Perraud est en
conversion bio depuis 2010. Après
trois ans passés en cuves, ce 2010
présente une matière à la fois
dense, généreuse et riche en extrait
sec. Un peu épais, il manque un peu
de fraîcheur, avec des amers assez
prononcés en finale.
Prix : 11,50 € ; bouteilles/an : 7 000
Gorges : une
fraîcheur unique
S ur des terroirs situés de part et
d’autre de la rivière Sèvre, ce
cru possède des sols de gabbro très
argileux, qui rendent les labours
compliqués. Tardives, les vignes de
ce terroir sont souvent vendangées
après les autres. C’est le coureur de
fond du Muscadet : parfois austères
dans leur jeunesse, les vins pré-
servent admirablement la fraîcheur,
évoluent sur des notes salines et
sont dotés d’un grand potentiel de
garde. J.-E. S.
16,5/20
■ DOMAINE
MICHEL BRÉGEON
2013
Ample et juteux, ce vin précoce offre
une finale acidulée et de beaux
amers. Un blanc raffiné, à la superbe
intensité. Encore austère et salin,
le 2014 sera supérieur mais ne sera
disponible qu’en 2017. Certains
vieux millésimes sont exception-
nels : 2003 est bluffant de finesse
(17,5/20), 1993 le suit de près
(17/20).
Prix : 12 € ; bouteilles/an : 9 000
16,5/20
■ VÉRONIQUE
GÜNTHER-CHÉREAU
Château de la Gravelle 2012
Cette cuvée est une sélection par-
cellaire d’une vigne âgée de 60 ans
plantée sur un coteau pentu (15 %)
au sol de gabbro. Le millésime 2012
est un grand séducteur. C’est un vin
ample et profond, tout en envergure
et en persistance.
Prix : 12 € ; bouteilles/an : 8 100
16,5/20
■ LES BÊTES CURIEUSES
2010
Matière croquante et vive, ample et
revigorante pour ce vin profond et
austère, mais qui possède une
grande persistance. Vibrant, profilé,
il est bâti pour la garde et offre un
grand répondant à table. Plus
solaire, 2009 (16/20) est marqué
par des amers prononcés.
Prix : 14 € ; bouteilles/an : 3 000
16/20
■ DOMAINE
DAMIEN RINEAU
2009
Un muscadet à la matière moelleuse
aux fines notes mentholées, tendue
par de beaux amers. il offre encore
beaucoup de fraîcheur. Vigneron
discret, Damien Rineau sait élever
longtemps les vins qui le méritent,
tel le remarquable 1992 (17/20)
d’une fraîcheur impressionnante.
Prix : 11,80 € ;
bouteilles/an : 6 000
16/20
■ GILLES LUNEAU
2014
Vigueur et profondeur de sève pour
ce vin ample, assez nerveux, très
persistant. Encore immature, il sor-
tira au printemps 2017.
Prix : 9 € ; bouteilles/an : N. C.
R. Grman
CHÂTEAU-THÉBAUD
COTEAUX DE L’ÉBEAUPIN 2012,
DOMAINE DE LA HAUTE FÉVRIE.
Un excellent blanc issu de l’un
des plus beaux crus communaux
du Muscadet.
Goulaine :
le cru distingué
R evendiqué par une vingtaine de
vignerons, ce cru occupe environ
25 ha, mais le potentiel de terrains
classables se monte environ à
150 ha. Il est concentré sur le bassin
qui entoure le marais de Goulaine,
sur un terroir où dominent les
schistes et micaschistes, parsemés
de veines de granit, amphibolite et
serpentinite. Plus orientés vers le
gras que vers l’acidité, les vins ont
en commun des maturités précoces,
ont besoin d’au moins cinq ans pour
s’exprimer en finesse et en élégance,
et vieillissent sur des notes mentho-
lées et de noisette, avec de beaux
amers. J.-E. S.
17/20
■ DOMAINE
PIERRE LUNEAU-PAPIN
Excelsior 2012
Ce vin provient d’une parcelle de
2,30 ha de vignes âgées de 80 ans
située à La Chapelle-Heulin. Excelsior
2012 n’a connu que 24 mois d’éle-
vage sur lies, car tout était en place
LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 81
DÉGUSTATION

dans ce vin précoce. Tendu, épicé, Complémen’Terre LE PALLET 15,5/20

il offre beaucoup de charme et un
grand potentiel. Sa finale complexe et
aiguisée, sur le poivre blanc, s’avère
magnifique. Crémeux, citronné, le
2010 (16,5/20) combine finesse et
fraîcheur. Ferme, précis et serré, le
2007 (16,5/20) est encore tendu et
très jeune. 2005 (17/20) enchantera
par ses notes de coing et de fruits
jaunes. 2002 (17/20) s’illustre avec
sa fraîcheur mentholée et sa sève
■ DOMAINE
DEUX JEUNES TALENTS JEAN-LUC VIAUD
Fleur de Panloup 2010
MANUEL LANDRON Installé depuis 1995, ce domaine
couvre 16 ha. Le terroir de Panloup
ET MARION PESCHEUX est exposé au sud, c’est une parcelle
précoce de schiste traversé par une
veine de granit, avec un sol sableux
Les enfants du grand Jo peu profond. Élevé 24 mois, ce 2010
est doté d’une bouche ample, vigou-
reuse et saline. Énergique et épa-

épicée et tonique.
Prix : 15 € ; bouteilles/an : 5 000
16,5/20
■ DOMAINE
BONNET-HUTEAU
Vieilles vignes 2012
Ce vin provient d’une parcelle de
vignes de 50 ans isolée sur les hauts
des Gautronnières, riche en mica-
schistes avec des veines d’amphi-
bolite. 2012 possède un caractère
ample et persistant, gourmand et
citronné, mais doit s’épanouir car
de légères scories des 18 mois d’éle-
vage sur lies sont encore percep-
tibles. Avec ses notes de camomille,
2010 (16,5/20) se fait complexe et
D
écidément, la famille Landron essaime ses talents. Après
noui, le 2009 (15,5/20) séduira par
avoir vécu plusieurs expériences en Touraine, au Chili
et en Nouvelle-Zélande, Manuel, le fils de Jo, s’est installé
ses saveurs de pâtes de fruit, sans
au Pallet fin 2013 avec Marion Pescheux, sa compagne. Ensemble, aucune lourdeur. 2007 (15/20) évo-
ils ont repris 8 ha en fermage sur le secteur de La Haye-Fouassière, lue joliment sur le citron confit et la
des vignes dûment sélectionnées par le père de Manuel. mirabelle, avec la générosité beur-
Leur domaine Complémen’Terre propose avec 2014 son premier rée apportée par l’évolution.
millésime. Un coup d’essai brillant avec neuf cuvées généreuses, Prix : 8,50 € ; bouteilles/an : 3 000
d’une richesse de fruit inhabituelle et dotées d’une matière saine.
Les vignes qu’ils ont reprises étaient cultivées en bio, ils vont
bien sûr poursuivre dans cette voie. J.-E. S.
15/20
■ CHåTEAU DE BRIACƒ
2010
Le domaine de ce lycée viticole de
20  ha expérimente le bio. Cette
parcelle âgée de 55 ans dans un
secteur précoce sur gneiss offre un
vin de bon volume, mûr et ample,
mais sa finale manque un peu
d’intensité.
Prix : 9 € ; bouteilles/an : 7 000

QUESTION DE GÉNÉTIQUE. 15/20

Avec 2014, leur premier ■ DOMAINE
millésime, ils ont réalisé un coup DE LA HOUSSAIS
de maître. De quoi remplir de
fierté un certain Jo Landron ! Terroir des Cossardières 2012
D. R.

David Gratas a pris la suite de ses

parents sur ce domaine de 15 ha.
savoureux. Plus charnu, délicat et 16/20 Sur les micaschistes du Landreau,
moins puissant, 2009 (16/20) ■ LES BæTES CURIEUSES voici un vin plein, salin, franc, droit,
s’épanouit sur la coriandre et les 2012 mais qui manque un peu de fond.
épices. 2012 est le premier millésime de Prix : 8,60 € ; bouteilles/an : 3 000
Prix : 12 € ; bouteilles/an : 6 000 Goulaine au domaine. L’élevage de
30 mois apporte une grande com-
16/20 plexité à cette parcelle du clos les La Haye-
■ DOMAINE Montys, isolée pour ses lentilles Fouassière : des
DE LA LANDELLE d’amphibolites et de gabbro. Son
Les Blanches 2014 nez de coquille d’huître se fait un finales toniques
Né sur schistes et micaschistes, ce peu austère mais séduisant ; sa
S ur deux communes, La Haye-
R. Grman

CLISSON 2012,
LES BÊTES CURIEUSES.
Salin, épicé, attendez-le
encore un ou deux ans.
vin ample et croquant se fait intense
et épicé. Sa chair voluptueuse
concourt à l’affirmation de son
caractère. Disponible fin 2016.
Prix : 10,50 € ; bouteilles/an : 2 500
bouche souple, enveloppée et sen-
suelle est portée par une puissance
saline élancée et une finale
ciselée.
Prix : 14 € ; bouteilles/an : 6 000
Fouassière et Vertou, le long de
la Sèvre nantaise, ce cru en cours
de reconnaissance occupe des
coteaux exposés sud sur des sols
d’orthogneiss, de gneiss et un peu
de micaschistes. Sur ces sols

82 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598

 MUSCADET : LES CRUS COMMUNAUX

15,5/20 rien rustique se montre dense, Monnières-Saint-

■ DOMAINES VINET
Clos de la Houssaie 2012
Belle matière généreuse et dense
apportée par les argiles. Le carac-
tère fumé et acidulé, lui, est issu
des roches d’orthogneiss. Salivant,
il associe densité et délicatesse.
Prix : 10 € ; bouteilles/an : 5 000
15/20
■ DOMAINE BID’GI
Grand Mortier Gobin 2010
Ce vin au caractère affirmé mais un
Domaine Michel Brégeon
R. Grman
assez plein. Fumé et solide, 2009
(15/20) s’affine sur les épices.
Prix : 5,50 € ; bouteilles/an : N. C.
15/20
■ DOMAINE DES CORMIERS
Clos des Ramées 2012
Michel et Brigitte Loiret cultivent
leurs 25 ha depuis 1977. De la fraî-
cheur et des notes fumées dans ce
blanc qui manque un peu de tonus.
Prix : 7 € ; bouteilles/an : 2 000
Fiacre : entre
finesse et fermeté
P osé sur des coteaux de gneiss, à
la confluence de la Sèvre et de la
Maine, ce cru occupe environ 20 ha
et regroupe une vingtaine de produc-
teurs. Les vins se distinguent par des
saveurs de fruits mûrs et de fruits
secs, et un caractère minéral, parfois
fumé, souvent complété d’amers
salivants. À leur meilleur, ces blancs
associent la finesse des vins de
Château-Thébaud et la fermeté pra-

GORGES
linée de ceux de Clisson. J.-E. S.

UN FUTUR GRAND VIGNERON BIO 17/20

GOULAINE VIEILLES VIGNES 2012, ■ DOMAINE
DOMAINE BONNET-HUTEAU. DE LA HAUTE FÉVRIE
Issu d’une vigne âgée de 50 ans,
ce blanc possède un caractère
FRED LAILLER 2010
ample et persistant. Sa chair dense qui évoque les

Ses 2013 et 2014

filtrants, assez tardifs mais peu
réducteurs, des élevages sur lies
trop longs peuvent fatiguer ces
blancs. Les vins préservent les aci-
agrumes est portée par un souffle
frais. Plus compact, le 2009 (16,5/20)
sont remarquables présente un fruit plus confit et des
amers savoureux. Ce vin d’évolution
lente mérite d’être attendu.

dités, avec des finales toniques et
tendues. Cinq ans sont requis pour
obtenir une pleine expression des
jus, l’épanouissement des saveurs
fumées et épicées réclame dix ans.
J.-E. S.
16/20
■ DOMAINES LANDRON
Fief du Breil 2013
Cette cuvée de référence connaît un
vieillissement admirable, évoluant
avec fraîcheur tout en prenant un
caractère fumé. Le droit et vigoureux
2013 (15,5/20) associe tension et
densité minérale. Précis, intense,
le superbe 2012 (16/20) évoque la
coriandre et le cumin. Grande har-
monie, relief et plénitude pour le
2010 (17/20) suivi de près par le
2007 (16,5/20), subtil et énergique.
Dense et salin, 2005 déploie des
saveurs de fruits secs et exotiques
(17/20). 2003 (16/20) se montre
épicé et très jeune. 1996 (18/20)
offre un équilibre souverain.
Prix : 14 € ; bouteilles/an : 20 000
F
red Lailler, 33 ans, a obtenu son BTS viti-œno à Montreuil-
Prix : 9,25 € ; bouteilles/an : 4 650
Bellay et a ensuite travaillé à Cheverny. En 2011, il reprend
en fermage la totalité des 8,5 ha de Michel Brégeon, dont
6 ha à Gorges et 1 ha à Clisson, avec une moyenne d’âge 16,5/20
des vignes de 65 ans. Jusqu’ici elles étaient cultivées selon ■ VÉRONIQUE
les méthodes de l’agriculture conventionnelle. Mais avec lui, GÜNTHER-CHÉREAU
les labours ont débuté dès 2011 et la conversion bio est en cours. Château du Coing de Saint Fiacre
Si la reprise n’a pas été simple, les efforts de Fred Lailler payent L’Ancestrale 2012
aujourd’hui : ses 2013 et 2014 sont remarquables, persistants et
salins. Michel Brégeon, 65 ans, lui transmet son savoir : ses vins
Cette parcelle de vignes de 60 ans,
sur sol de gneiss et schistes, a été
de Gorges vieillissent avec grâce. Nul doute que Fred Lailler aura
à cœur de préserver ces acquis ! J.-E. S.
isolée pour donner ce vin raffiné.
Prix : 12 € ; bouteilles/an : 13 
L’ÉLÈVE DE 16,5/20
MICHEL BRÉGEON. ■ LES BÊTES CURIEUSES
Fred Lailler a beaucoup 2012
appris de son mentor
sur la personnalité Trente mois d’élevage pour ce vin
des vins de Gorges. énergique et étoffé, relevé de notes
anisées, de tilleul et de verveine.
Prix : 14 € ; bouteilles/an : 10 000
16/20
■ LES VIGNES DU BOURG
2013
Un vin volumineux, vigoureux, relevé
d’arômes de menthe, gingembre et
poivre blanc. Disponible début 2016.
Prix : 13 € ; bouteilles/an : 4 000
D. R.

▶ Coordonnées des producteurs page 86 LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 83

DÉCOUVERTES
L’ISOLEMENT MONASTIQUE DU
Une dégustation de
Véronique Raisin GRAND CRU MUENCHBERG
Les ondulations de ce grand cru alsacien dessinent des vins à l’acidité pointue, aux envoûtants
parfums de fruits jaunes et d’épices qui prennent avec le temps une tonalité enchanteresse.
RETIRÉ DU MONDE. Au nord de Dambach-la-Ville, le Grand cru Muenchberg
est enclavé dans un époustouflant amphithéâtre naturel.
C
’est un petit vallon où
souffle un air plus pur
qu’ailleurs, une enclave
préservée de toute
urbanité. Le Grand cru
Muenchberg déverse
ses coteaux dans un
cirque enchanteur, formant une succes-
sion de collines qui ondulent le paysage.
Abrité des pluies et des vents d’ouest par
le “mont des Hongrois” (Ungersberg), une
butte de grès vosgien culminant à 910 m,
le Muenchberg retient la chaleur sur ses
pentes repliées, ouvertes au zénith dans un
axe est-ouest.
Les sols pauvres, formés de sédiments
amalgamés depuis 250 millions d’années,
sont difficiles à travailler ; ce sont des pou-
dingues, des dépôts riches en cendres volca-
niques, caillouteux et sableux, où le grès rose
affleure et trace le chemin qui sillonne entre
les parcelles. Ces terres exigent un labeur qui
84 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598
est la plus sèche. C’est là que se trouvent ses
plus intéressantes interprétations, surtout
lorsque les vins sont vinifiés secs, sans apport
de bois neuf qui masque leurs nuances. La
tension énorme qui s’en dégage appelle la
patience, ne libérant qu’au fil des ans le
potentiel de ces vins de gastronomie.
Peu de chance de remplir un baril avec
les notes pétrolées du Muenchberg : c’est
André Ostertag qui le dit dans son manifeste
sur les vins d’Alsace, battant en brèche les
idées reçues sur ces vins. Selon lui, si les notes
de pétrole noble peuvent apparaître au vieil-
lissement de certains terroirs, le Muenchberg
n’est pas concerné ! Vous goûterez ainsi plus
D. R.
pleinement l’énergie de ces vins aptes à s’aco-
quiner avec de beaux poissons à la crème ou
des viandes délicates.
La dégustation des 40 échantillons des mil-
eut la faveur des moines, ceux de l’abbaye lésimes 2014 à 1995 s’est déroulée le 3 novembre
cistercienne toute proche de Baumgarten, 2015 au CIVA, à Colmar.
qui cultivaient la vigne au XIIe siècle. Ils lais-
sèrent leur nom au grand cru, littéralement
“montagne des moines”. Le vignoble
Les meilleurs sont à l’ouest
André Ostertag le premier fut saisi d’émoi
devant la beauté du lieu. Il n’eut de cesse de
porter aux nues ce terroir de grès resté long-
temps méconnu. Sous ses doigts agiles se
sont dessinés les prémisses des premiers ries-
lings et des quelques ares de pinots gris dont
ils étaient issus. Et grâce à lui, le Muenchberg
est sorti de son autarcie pour rejoindre ses
pairs les plus notables. Dans ce fond de val-
lée sous-vosgienne, en effet, le petit vignoble
est en grande partie dévolu au riesling. Les
énergies et les rayons du soleil s’y concentrent,
forgeant des vins de belle étoffe, parfumés, SUPERFICIE PLANTÉE : 17,70 hectares.
élégants et suaves, capables de vieillir une ALTITUDE MAXIMALE : 350 mètres.
CÉPAGES : riesling (90 %), pinot gris.
vingtaine d’années. La partie ouest du cru

NOTRE COUP
DE CŒUR
EN ALSACE
■ DOMAINE OSTERTAG - BIO
ANDRÉ ET ARTHUR OSTERTAG (EPFIG)
Est-il besoin de présenter André Ostertag ?
Locomotive alsacienne propulsée à vive
allure sur la voie de l’excellence, il fut l’un
des premiers, au tournant des années 80, à
prendre toute la mesure des terroirs du
Muenchberg. Difficile au début de nager à
contre-courant. Solitaire, André puisa son
inspiration dans la force des écrits de Steiner
pour engendrer une lignée de cuvées inspi-
rées. « Le vin est la forme la plus aboutie de
mon langage », concède le vigneron-poète.
Expérimentant toutes les voies d’expres-
sion de la vigne et de la cave, sulfitant peu,
ne filtrant pas, il put franchir toutes les
limites, explorer tous les excès et trouver sa
propre échelle d’équilibre. Ses Muenchberg
sont au-dessus du lot, étirés par de fines aci-
dités qui trouvent toujours l’équilibre impa-
rable. Des vins de grande pénétration,
vibrants et lumineux.
Le 2014 (17/20 - 35 €) est une leçon
d’équilibre, de tension et de grandeur d’âme.
La garde est infernale, en témoigne cet
époustouflant riesling 1995 complexe et bril-
lant et cette VT 2007 (18/20 - 60 €) miellée,
exotique, intense. Côté pinot gris, le 2012
(16,5/20 - 45 €) voit loin devant ; s’il suit le
1996 qui truffe magnifiquement, c’est gagné.
Son fils Arthur l’a rejoint, prêt lui aussi à
s’emparer des clés de la cave, à manier le
risque et à réintroduire le cheval que maniait
son grand-père. Il devra d’abord se contenter
de moutons et patienter sur sa jeunesse !
Riesling Muenchberg 2014 du domaine
Ostertag. Une leçon d’équilibre et
de stylisme au niveau de l’étiquette.
▶ CoordonnŽes des producteurs page 86
LES VALEURS SÛRES
■ DOMAINE SCHWARTZ - BIO
JEAN-LUC SCHWARTZ (ITTERSWILLER)
Jean-Luc Schwartz cultive l’art de la délica-
tesse. Privilégiant des matières parfaitement
mûres, ce maniaque du sec et de la précision
forge de jolis vins de grâce. Sur 8,5 ha de
vignoble, il compte 30 ares de Muenchberg.
Installé depuis 1980, pratiquant une viticul-
ture douce, il a franchi le Rubicon de la cer-
tification bio pour le millésime 2013.
La cuverie suit la même veine de bon sens
et de tempérance, privilégiant des matières
amples, équilibrées, toujours sur le sec. Les
vins sont commercialisés à maturité, le plus
près possible de leur épanouissement même
s’ils peuvent bien souvent aller plus loin. C’est
la fierté de Jean-Luc, réaliser des vins de
durée, tendus sur leur verticalité et leur aci-
dité. Comme ce riesling Muenchberg 2010
(16/20 - 12 €) à la belle patine, sur les fruits
jaunes, longiligne et délicat, bien calé sur ses
5 g de sucre résiduel. Ne pas manquer non
plus le scintillant terroir de schistes du
Schieferberg, qui donne un riesling 2014
(15/20 - 10,20 €) de grande pureté avec des
notes citronnées.
Sur le Marckrain, le muscat à gros grains
fait des merveilles, livrant en 2014 (15/20 -
14 €) un fruit juteux, délicat mais enrobé,
teinté de la puissance de ce terroir marno-
calcaire. Le gewurztraminer y trouve aussi
une juste tonalité, mesurée, sans effet sur-
joué ; le 2010 (16/20 - 14 €) est un modèle
du genre, calé sur un fruit haletant, pas trop
appuyé, où l’épice se mêle au floral.
Vieillissement assuré !
■ DOMAINE BERNARD BOHN
BERNARD BOHN (REICHSFELD)
Drôle d’oiseau égaré dans un doux vallon,
sur les schistes de Reichsfeld, Bernard Bohn
a creusé son sillon loin du tapage média-
tique. Ses 8 ha (30 ares de Muenchberg)
sont une promesse d’originalité. Ce vigne-
ron adepte de la diversité locale pratique
le bio sans revendication, maniant fûts de
chêne et d’acacia dans un joyeux melting-
pot, pour des cuvées étonnantes de fruit, de
fraîcheur et de droiture, qui ne sont com-
mercialisées qu’au moment opportun, soit
3 ou 4 ans après la mise. Les schistes, dit-
il, sont sa spécialité. Son Schieferberg le
confirme, comme en 2008, année austère
DÉCOUVERTES
mais prometteuse. Notons aussi la gamme
des rieslings sur le lieu-dit Oberhagel, dont un
2000 fringant, jouant de salinité et d’épices.
Le Muenchberg achève de convaincre : le ries-
ling 2012 (15,5/20 - 12,90 €), élevé en bois
d’acacia, part sur le fumé, le floral, le clou
de girofle. Il faut le carafer. Le riesling VT
2000 (15,5/20 - 21,90 €) est un bon pré-
tendant aux cuisines aigres-douces, avec ses
notes d’orange confite, de miel fin, de figue
et de raisin de Corinthe. Dernier coup de
cœur : le pinot noir Les Roches Rouges 2009
(14,5/20 - 11,90 €), étincelant de fruit !
Riesling Muenchberg 2010
du domaine Schwartz. Un grand cru
de belle patine, longiligne et délicat.
■ DOMAINE LANDMANN
ARMAND LANDMANN (ITTERSWILLER)
Il n’y a pas que Seppi Landmann en Alsace !
Un autre Landmann, optimiste, à l’enthou-
siasme indéfectible règne sur ses 12 ha en
bon père de famille : Armand. Le verbe haut,
le débit leste et le tutoiement facile, Armand
Landmann s’assied volontiers à son piano
pour pousser la chansonnette. La belle cave
voûtée résonne de ses accords majeurs, la
cuisine alsacienne en demande tout autant.
Ses vins sont de bons compagnons de table,
digestes et fringants. Préférez le riesling
Muenchberg 2014 (14,5/20 - 12 €), gras et
ample, et le pinot gris Muenchberg 2012
(14,5/20 - 13 €).
■ DOMAINE PIERRE KOCH ET FILS
PIERRE KOCH (NOTHALTEN)
S’il est difficile d’entrer en contact avec les
propriétaires de ce domaine, la dégustation
syndicale a révélé de beaux spécimens du
Muenchberg produits par Pierre Koch, dont
le riesling 2014 (14,5/20 - 12 €), à l’acidité
pointue, aux notes de fruits blancs, de citron,
serties d’une matière cristalline. Si les 2012
et 2013 sont un cran au-dessous, le 2011
(14,5/20 - 12 €) affiche une belle étoffe.
LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 85
COORDONNÉES DES PRODUCTEURS
A-B
Aquila del Torre, tél. : 0039 43 26 66 428
Arlaud (dom.), tél. : 03 80 34 32 65
Augustins (clos des), tél. : 04 67 54 73 45
Aujardière (dom. de l’), tél. : 06 27 43 81 91
Aupilhac (dom. d’), tél. : 04 67 96 61 19
Bablut (dom. de), tél. : 02 41 91 22 59
Baronne (ch. La), tél. : 04 68 43 90 07
Bart (dom.), tél. : 03 80 51 49 76
Beck (weingut Judith), tél. : 0043 21 73 27 55
Belle Vue (dom. de), tél. : 09 54 04 56 38
Berthaut (dom. Denis), tél. : 03 80 52 45 48
Bêtes Curieuses (Les), tél. : 02 40 06 51 90
Bichot (maison Albert), tél. : 03 80 24 37 37
Bidgi (dom.), tél. : 02 40 54 83 24
Bohn (dom. Bernard), tél. : 03 88 85 58 78
Bois-Brinçon (ch.), tél. : 02 41 57 19 62
Boisset (maison Jean-Claude),
tél. : 03 80 62 61 61
Bonnet-Huteau (dom.), tél. : 02 40 06 73 87
Bouchard Père & fils, tél. : 03 80 24 80 24
Boutes (clos des), tél. : 06 03 41 15 49
Bouvier (dom. René), tél. : 03 80 52 21 37
Brégeon (dom. Michel), tél. : 02 40 06 93 19
Bretonnière (dom. de la), tél. : 02 40 54 83 91
Briacé (ch. de), tél. : 02 40 06 49 16
Brüder Dr Becker (weingut),
tél. : 0049 62 49 84 30
C
anon Saint-Michel (ch.),
tél. : 06 08 33 81 11
Canorgue (ch. La), tél. : 04 90 75 81 01
Castel (Châteaux et Domaines),
tél. : 05 56 35 72 73
Caujolle-Gazet (dom.), tél. : 04 30 40 26 81
Cavenac (clos), tél. : 06 74 03 28 54
Cébène (dom. de), tél. : 06 74 96 42 67
Cèdre (ch. du), tél. : 05 65 36 53 87
Chabanon (dom. Alain), tél. : 04 67 57 84 64
Chanson (maison), tél. : 03 80 25 97 97
Charlopin-Parizot (dom. Philippe),
tél. : 03 80 51 81 18
Chasselay (JG), tél. : 04 78 47 93 73
Chaussérie (dom. de la), tél. : 02 40 32 67 81
Chauvin (dom. Pierre), tél. : 02 41 78 32 76
Chauvinière (dom. de la), tél. : 02 40 06 51 90
Chemins de Carabote (Les), tél. : 06 07 16 76 13
Chimères (mas des), tél. : 04 67 96 22 70
Clair (dom. Bruno), tél. : 03 80 52 28 95
Cognettes (dom. des), tél. : 02 40 54 45 62
Complémen’Terre, tél. : 06 38 90 41 02
Confuron-Cotetidot (dom.), tél. : 03 80 61 03 39
Conscience (mas), tél. : 06 76 42 87 88
Conte des Floris (dom. Le), tél. : 06 13 33 35 73
Cormerais (dom. Bruno), tél. : 02 40 03 85 84
Cormiers (dom. des), tél. : 02 40 34 28 13
Costeplane (dom.), tél. : 04 66 77 85 02
Coulaine (ch. de), tél. : 02 47 98 44 51
Couronneau (ch.), tél. : 05 57 41 26 55
Courtade (dom. de la), tél. : 04 94 58 31 44
Croisille (ch. Les), tél. : 06 72 31 02 71
D-E-F
Damoy (dom. Pierre), tél. : 03 80 34 30 47
Decelle-Villa (maison), tél. : 09 60 07 20 33
Defaix (dom. Bernard), tél. : 03 86 42 40 75
Deffends (dom. du), tél. : 04 94 78 03 91
Dirler-Cadé (dom.), tél. : 03 89 76 91 00
Drouhin (maison Joseph),
tél. : 03 80 24 68 88
Duband (dom. David), tél. : 03 80 61 41 16
Dugat (Claude), tél. : 03 80 34 36 18
Dugat-Py (dom.), tél. : 03 80 51 82 46
86 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598
Dupont-Tisserandot (dom.)
tél. : 03 80 34 10 50
Écu (dom. de l’), tél. : 02 40 06 40 91
Épinay (dom. de l’), tél. : 02 40 36 13 57
Espanet (mas d’), tél. : 04 66 81 10 27
Faiveley (dom.), tél. : 03 80 61 04 55
Feiler-Artinger (weingut),
tél. : 0043 26 85 237
Fleury, tél. : 03 25 38 20 28
Fournier (dom. Jean), tél. : 03 80 52 24 38
Frailes (bodegas los),
tél. : 0034 96 22 22 220
G-H
Gadais Père et fils (dom.),
tél. : 02 40 54 81 23
Geanet-Pansiot (dom.), tél. : 03 80 34 32 37
Gelin (dom. Pierre), tél. : 03 80 52 45 24
Giroud (dom. Camille), tél. : 03 80 22 12 65
Grand Mouton (dom. du),
tél. : 02 40 54 81 92
Guidon (dom. Pierre), tél. : 02 40 83 18 96
Gunther-Chéreau (dom.), tél. : 02 40 54 85 24
Harmand-Geoffroy (dom.),
tél. : 03 80 34 10 65
Haute Févrie (dom. de la),
tél. : 02 40 36 94 08
Hautes-Noëlles (dom. des),
tél. : 02 40 31 53 49
Houssais (dom. de la), tél. : 02 40 06 46 27
Huguenot (dom.), tél. : 03 80 52 11 56
Hostens-Picant (ch.), tél. : 05 57 46 38 11
J-K-L
Jadot (maison Louis), tél. : 03 80 22 10 57
Joncas (dom. du), tél. : 06 09 43 29 61
Khalkhal-Pamies, tél. : 04 67 97 07 11
Koch (dom. Pierre), tél. : 03 88 92 42 30
Kühn (weingut Peter Jakob),
tél. : 0049 67 23 22 99
La Raia, tél. : 0039 14 37 43 68 85
Landelle (dom. de la), tél. : 02 40 33 81 15
Landmann (dom. Armand),
tél. : 03 88 92 41 12
Landron (dom.), tél. : 02 40 54 83 27
Landron-Chartier (dom.), tél. : 02 51 12 22 90
Lapeyre (clos), tél. : 05 59 21 50 80
Larmandier-Bernier, tél. : 03 26 52 13 24
Latour (maison Louis), tél. : 03 80 24 81 00
Leccia (dom.), tél. : 04 95 37 11 35
Leroy (dom.), tél. : 06 07 05 22 48
Lieubeau (dom.), tél. : 02 40 06 54 81
Loacker, tél. : 0039 04 71 36 51 25
Luneau (dom. Gilles), tél. : 02 40 54 05 09
Luneau-Papin (dom.), tél. : 02 40 06 45 27
M-N
Magnien (dom. Michel), tél. : 03 80 51 82 98
Magnien (maison Frédéric),
tél. : 03 80 58 54 20
Maïa (clos), tél. : 06 12 83 42 89
Malidain (vignobles), tél. : 02 40 05 82 29
Mann (dom. Jean-Louis et Fabienne),
tél. : 03 87 24 26 47
Marchand Frères (dom.),
tél. : 03 80 62 10 97
Max (maison Louis), tél. : 03 80 62 43 23
Medievo (bodegas del),
tél. : 0034 66 92 46 000
Méo-Camuzet Frère et Sœurs (dom.),
tél. : 03 80 52 45 48
Montirius, tél. : 04 90 65 38 28
Moser (weingut Sepp),
tél. : 0043 27 32 70 531
Mothe du Barry (ch. La), tél. : 05 57 74 93 98
Naddef (dom. Philippe), tél. : 03 80 23 58 64
Naigeon (dom. Pierre), tél. : 03 80 33 46 03
O-P
Or de Line (dom. L’), tél. : 04 90 83 74 03
Orbelus, tél. : 0035 9 29 51 54 41
Ostertag (dom.), tél. : 03 88 85 51 34
Pabiot (dom. Jonathan), tél. : 03 86 39 01 32
Pacalet (maison Philippe),
tél. : 03 80 25 91 00
Pech-Redon (ch.), tél. : 04 68 90 41 22
Pépière (dom. de la), tél. : 09 62 33 15 03
Perrot-Minot (dom.), tél. : 03 80 34 32 51
Poggio Foco, tél. : 00 39 56 46 25 064
Pomario, tél. : 0039 75 08 35 85 79
Pothiers (dom. des), tél. : 04 77 63 15 84
Prieur (dom. Jacques), tél. : 03 80 21 23 85
R
aphet (dom. Gérard), tél. : 03 80 51 89 52
Réméjeanne (dom. la), tél. : 04 66 89 44 51
Rémy (dom. Chantal), tél. : 03 80 34 32 59
Rhodes (ch. de), tél. : 05 63 57 06 02
Richard (dom. Henri), tél. : 09 62 08 00 17
Rineau (dom. Damien), tél. : 07 70 26 53 90
Roc des Anges (Le), tél. : 04 68 29 16 62
Roquefort (ch. de), tél. : 04 42 73 20 84
Rossignol-Trapet (dom.), tél. : 03 80 51 87 26
Rotier (dom.), tél. : 05 63 41 75 14
Roumier (dom. Georges), tél. : 03 80 62 86 37
Rousseau (dom. Armand), tél. : 03 80 34 30 55
Roy (dom. Marc), tél. : 03 80 51 81 13
S-T
Schwartz (dom. Jean-Luc),
tél. : 03 88 85 51 59
Staffelter Hof (weingut), tél. : 0049 65 41 37 08
Tortochot (dom.), tél. : 03 80 34 30 68
Trapet (dom. Jean-Louis),
tél. : 03 80 34 30 40
Trois Terres, tél. : 04 67 44 71 22
Troteligotte (clos), tél. : 06 74 81 91 26
V-Y
Viaud (dom. Jean-Luc), tél. : 02 53 78 13 25
Vignes du Bourg (dom. Les),
tél. : 06 74 81 83 59
Vignes Saint-Vincent (dom. des),
tél. : 02 40 54 60 37
Vinet (dom.), tél. : 02 40 54 88 96
Vougeraie (dom. de la), tél. : 03 80 62 48 25
Yvonne (ch.), tél. : 02 41 67 41 29
Les tables du Bergeracois
Le Vieux Logis
24510 Trémolat
Tél. : 05 53 22 80 06
Site : www.vieux-logis.com
La Tour des Vents
Moulin de Malfourat, 24240 Monbazillac
Tél. : 05 53 58 30 10
Site : www.tourdesvents.com
Étincelles
Le Bourg, 24440 Sainte-Sabine-Born
Tél. : 05 53 74 08 79
Site : www.gentilhommiere-etincelles.com
La notation des vins
20 : les vins de rêve
Ils sont l’excellence. Des vins
que l’on rencontre rarement,
qui offrent une interprétation
inégalée de leur terroir. Ils
sont des repères pour les
dégustateurs par leur com-
plexité et leur élégance. Ces
bouteilles se distinguent enfin
par leur capacité à traverser
le temps.
De 19,5 à 17,5 :
les vins exceptionnels
Dotés d’une forte personna-
lité, ils se détachent par leur
élégance, leur complexité et
leur puissance. Un certain
nombre de ces vins émergent
chaque année dans le
vignoble, souvent dans les
grands millésimes.
De 17 à 15,5 : les grands vins
Le grand vin est le vin des
grandes occasions. Sa per-
sonnalité repose sur une adé-
quation parfaite entre son
terroir, son encépagement,
sa technique de vinification,
son millésime et l’homme qui
l’a engendré. Une valeur sûre.
De 15 à 13,5 : les bons vins
Des vins issus d’une vinifica-
tion bien maîtrisée alliée à un
joli terroir, un encépagement
fin, le plus souvent dans un
millésime de qualité. Des vins
de plaisir.
De 13 à 11,5 : les vins corrects
Un vin correct est technique-
ment réussi, sans défaut,
avec une concentration
moyenne et de l’équilibre. Il
procure un minimum de plai-
sir à la dégustation.
11 et moins : les vins médiocres
Trois défauts rendent un vin
médiocre  : le manque de
concentration, le manque de
maturité ou le manque
d’équilibre.
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n°
Informatique et Libertés du 6 janvier
1978, vous bénéficiez d’un droit d’accès Expire fin : Clé : 3 derniers chiffres au dos de votre carte
et de rectification des données vous
concernant.

E xpertise
du terroir
Dans le prolongement de la
Côte de Beaune, chardonnay et
pinot noir sont plantés sur des
parcelles aux caractères variés,
au cœur d’un paysage vallonné
et tourmenté.
Texte de Sophie de Salettes
RULLY
PORTE NORD DE LA CÔTE CHALONNAISE
A
u sud de la Côte de Beaune,
l’appellation d’origine contrôlée
Rully marque l’entrée nord de
la Côte chalonnaise. Le vignoble, planté
entre 210 et 375 m d’altitude sur le ver-
sant est du relief calcaire, est adossé aux
contreforts calcaires du massif granitique
du Mont Saint-Vincent. L’exposition
générale des parcelles permet un réchauf-
fement matinal précoce. Mais le pay-
sage vallonné chahuté et les circulations
d’air frais qui lui sont associées rendent le
vignoble plus varié et tardif que celui de
la Côte de Beaune.
Le climat de l’aire est océanique, sou-
mis à des influences méridionales et
88 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598
continentales. La douceur méridionale
pénètre par la vallée de la Saône, atté-
nue les influences océaniques et donne
des étés très ensoleillés et des précipita-
tions régulièrement réparties sur l’année
(850 mm par an), sans sécheresse estivale.
De l’eau en sous-sol
« Le paysage de coteaux est plus tour-
menté que celui de la Côte de Beaune,
il en résulte une géologie plus complexe,
indique Françoise Vannier, géologue
consultante, spécialiste des terroirs viti-
coles. Pour autant, on retrouve des sols
issus des calcaires de Ladoix et de Dijon-
Corton que l’on observe dans de nombreux
PREMIER CRU
LA BRESSANDE.
C’est l’exposition et la
pente qui confèrent
à ce monopole
du château de Rully
son caractère
chaleureux.
vignobles de la Côte de Beaune (Chassagne,
BIVB / Gadenne D.
Meursault…). »
Si les sols calcaires sont plutôt secs et
relativement pauvres, les sols marneux
sont plus profonds et constituent une
bonne réserve hydrique. Dans les terres
calcaires, l’âge des vignes est particuliè-
rement important les années chaudes car
une vieille vigne sera capable de puiser
l’eau dont elle a besoin en profondeur
quand une jeune vigne souffrira faci-
lement de stress hydrique. « Même les
années sèches, nos vieilles vignes de Grésigny
donnent d’excellents résultats car malgré
la réserve hydrique limitée du sol compa-
rée à celle d’un cru comme Les Margotés,
 RULLY
plus marneux, elles parviennent à trouver
l’eau qui leur manque dans le sous-sol »,
note Marie Jacqueson (domaine Paul et
Marie Jacqueson).

Des blancs magnifiques

Vingt-trois climats situés sur le
coteau principal sont classés en Premier
cru. « Toutes nos vignes se trouvent sur ce
coteau qui regarde le château de Rully, pré-
cise Marie Jacqueson. Le versant est assez
homogène, mais chaque cru a ses spécificités.
Par exemple, des climats comme Grésigny,
Les Margotés ou Rabourcé, plus au nord,
sont exposés au sud, alors que La Pucelle ou
Montpalais sont exposés à l’est. » En outre,
la proportion d’argile est plus ou moins
importante dans ces sols calcaires. Cela
joue sur le comportement des vignes et
l’expression des vins. Et donc aussi sur
l’encépagement. « À l’origine, nous avions
du pinot noir dans Les Margotés, raconte
la vigneronne. Lorsque nous avons décidé
de replanter la parcelle pour des questions
de qualité de matériel végétal, nous avons
choisi d’implanter du chardonnay car le
pinot noir aime les terres plus grasses. »
Même choix au domaine Dureuil-
Janthial : « Dans Les Margotés, les terres
CARACTÉRISTIQUES DE L’APPELLATION très calcaires donnent des vins blancs
magnifiques et très minéraux, explique
LES PROFILS blanc (58 à 62 pour les Premiers crus), 54 à
58 en rouge (52 à 56 pour les Premiers crus).
Vincent Dureuil. En outre, le pinot noir
AOC Rully : située à une dizaine de y mûrit tardivement et donne des vins qui
kilomètres à l’ouest de Chalon-sur-Saône Production annuelle moyenne : 10 400 hl peuvent être durs. Nous avons donc arra-
(Saône-et-Loire), elle compte 23 climats de vin blanc et 5 300 hl de vin rouge. ché notre pinot noir de 1946 pour planter
classés en Premier cru. du chardonnay. »
AOC depuis 1939 : redélimitée en 1992. Calcaires et marnes L’adéquation cépage/terroir est un
Les Premiers crus sont reconnus en 1943. du Jurassique point particulièrement important, mais
$ Les versants est des coteaux de Rully sont il arrive que le contexte économique
Communes de production : Rully et Chagny. en pentes douces ; ceux à l’ouest plus abrupts, pèse plus dans la balance que le contexte
souvent associés à des corniches calcaires. agronomique quand il s’agit de faire les
Superficie en production : 344 ha dont Cela est dû à l’inclinaison des couches choix techniques relatifs à une planta-
226 en blanc (70 en Premier cru) et 118 en sédimentaires vers l’est et à l’alternance tion. « Le Premier cru Montpalais, par
rouge (29 en Premier cru). de calcaires durs et de marnes plus tendres exemple, était planté en pinot noir dans
datant du Jurassique moyen et supérieur.
Rendement maximum : 60 à 64 hl/ha en les années 60, mais c’était sans doute pour
Un épandage caillouteux recouvre les versants.
répondre à une demande en vin rouge car
le cru est clairement plus adapté au char-
LES CÉPAGES donnay de par sa position haute et la fraî-
cheur qui y règne », raconte Jean-Claude
Les vins blancs sont issus du cépage principal chardonnay. Brelière (domaine Brelière).
Le cépage accessoire pinot gris est autorisé. Les vins rouges
sont issus du cépage principal pinot noir. La complantation des Les atouts de La Pucelle
cépages accessoires (pinot gris dans les blancs et chardonnay et Les personnalités des climats de l’ap-
pinot gris dans les rouges) est autorisée à hauteur de 15 % maximum pellation permettent aux vignerons de
D. R.

au sein de chaque parcelle, mais elle est en fait peu pratiquée aujourd’hui. révéler diverses expressions du chardon-
nay comme du pinot noir. « Grésigny est

LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 89

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◼ Dans les villages comme dans les
1ers crus, le terroir marque les vins. ◼
un cru exposé au vent, son caractère froid
donne des vins tendus », indique Stéphane
Briday (domaine Michel Briday).
Plus au nord, le Premier cru La Pucelle
présente des sols toujours très calcaires,
mais plus argileux que ceux de Grésigny.
Anne-Laure Hernette, responsable tech-
nique du château de Rully (Antonin
Rodet), le compare avec l’autre premier
cru du château dans la gamme des vins
blancs, La Bressande Monopole, situé
sur un coteau plus à l’est, au pied du
château de Rully : « Les vins de La Pucelle
mettent en avant leur minéralité tandis
que les vins de La Bressande sont mar-
qués par leur gras, leur complexité. Les
terres de La Bressande sont plus limoneuses
(autrefois, il y avait d’ailleurs du pinot
noir dans la partie basse de la parcelle).
Et l’exposition à l’est et au sud-est, ainsi
que la pente de la parcelle, essentiellement
À DÉGUSTER EN PRIORITÉ
ROUGES :
Domaine Dureuil-Janthial
Maizières 2013
Domaine Michel Briday
1er cru Les Pierres 2013
Domaine Brelière
1er cru Les Champs Cloux 2012
Domaine Paul et Marie Jacqueson
Les Chaponnières 2013  Marier des caractères différents
1er cru Les Cloux 2013
Château de Rully
1er cru Préaux 2012
BLANCS :
Domaine Dureuil-Janthial
1er cru Grésigny 2013
1er cru Le Meix Cadot Vieilles
vignes 2013
Domaine Michel Briday
1er cru La Pucelle 2013
Clos de Remenot 2013
Domaine Paul et Marie
Jacqueson
1er cru Grésigny 2013
Château de Rully
1er cru La Pucelle 2013
D. R.
1er cru La Bressande 2013
EXPERTISE DU TERROIR : RULLY
dans sa partie haute, confèrent un
caractère assez chaud au cru. Les
vins de La Bressande supportent
davantage de bois, mais les deux
vins gagnent en structure avec
l’élevage et le bâtonnage ».
De part et d’autre de
La Bressande se trouvent deux
autres premiers crus aux carac-
tères bien distincts. Côté nord,
Les Champs Cloux. « C’est un
climat dans lequel les vins blancs
peuvent manquer de vivacité alors
que les vins rouges sont excellents
compte tenu du caractère argileux
des terres », souligne Vincent
Dureuil. Côté sud, Le Meix
Cadot. « Ce premier cru pré-
BIVB / ArmellePhotographe.com
sente des terres plus graveleuses et
précoces qui conviennent davan-
tage au chardonnay qu’au pinot
noir », poursuit le vigneron.
La zone des premiers crus
UN TERROIR FRAIS.
Les Cloux, Le Chapitre et
Les circulations d’air frais rendent le vignoble de
Rabourcé illustre aussi les nuances de Rully plus tardif que celui de la Côte de Beaune.
terroirs qui existent au sein de l’appella-
tion. « Le Chapitre donne par exemple un
vin rouge à la fois puissant, fin et complet
et un vin blanc riche, gras, très expressif et l’exposition. Il est exposé au nord-ouest et
mais sans vraiment de minéralité », décrit donc assez tardif. Les vins qui en sont issus
Vincent Dureuil. sont toujours marqués par leur acidité. Ils
complètent très bien des vins aux expres-
sions plus mûres et miellées comme ceux
Accolé au premier cru Rabourcé, se venant de Chaume. »
trouve le Clos de Remenot (monopole), Les rullys villages du domaine Dureuil-
exploité par Stéphane Briday. « Cette Janthial rassemblent quatre parcelles vini-
parcelle offre une terre blanche, caillou- fiées et élevées séparément : Les Gueunes,
teuse et peu profonde, exposée à l’est et au La Bergerie, Chaponnière et La Martelle.
sud, note ce dernier. Nous sommes sous les « Les vins des trois premiers climats donnent
falaises qui protègent le vignoble des flux du gras à l’assemblage, signale Vincent
d’air frais. Ces vignes donnent donc des Dureuil. La Martelle correspond à un pla-
vins gras, mais avec de la tension et de la teau calcaire plus haut et froid, le vin qui en
minéralité. » est issu représente 50 % de l’assemblage et
Car dans les villages comme dans les c’est lui qui apporte sa tension. »
premiers crus, le terroir marque les vins. Ainsi, la variété des climats de l’ap-
« Nos villages sont situés sur deux versants pellation permet de mettre en avant la
aux expositions différentes, précise Anne- personnalité de certains crus, notam-
Laure Hernette. Le climat Fromanges ment dans les premiers crus, mais aussi
se trouve sur le coteau le plus à l’ouest de de marier des caractères différents qui,
l’appellation, une zone tardive plantée en ensemble, donnent des vins complets et
rouge comme en blanc selon le sol, l’altitude équilibrés. ■
LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 91
LA FINE FLEUR
DES VINS BIO
À l’occasion du salon “Millésime Bio” à Montpellier dans les grandes villes où les clients veulent
boire des vins issus d’une viticulture plus saine.
(du 25 au 27 janvier), plus de 800 domaines bio de toute l’Europe
présenteront leurs cuvées. Découvrez en avant-première les La question primordiale du goût
66 vins que nous jugeons incontournables. Dégustation d’Alexis Goujard Reste le goût du vin. Nous sommes una-
nimes. Lorsqu’il est vinifié avec précison, un

L
e bio a le vent en poupe. Les
surfaces viticoles cultivées en
bio ou engagées en conversion
bio représentent aujourd’hui
8,4 % du vignoble français.
C’est trois fois plus qu’en
2007. La viticulture bio est en effet devenue
un enjeu majeur pour la santé des consom-
mateurs, l’environnement et aussi, c’est nou-
veau, pour la qualité des vins. Rappelons que
la vigne couvre 3 % des surfaces agricoles
françaises et que le vignoble utilise 20 %
de la totalité des pesticides utilisés dans
l’agriculture.
Convaincus par les bienfaits de la viticul-
ture bio, chaque année des dizaines de
vignerons se tournent vers ce mode de travail
plus sain pour trois grandes raisons.
Les vignerons confient être de plus en plus
inquiets quant aux risques de santé liés à la
surconsommation de pesticides pour traiter les
vignes. « Je ne voulais pas que mes enfants et les
ouvriers du domaine inhalent ces produits dan-
gereux. J’ai opté pour le bio en 2008 », explique
Éric Lépine du château de Rhodes, à Gaillac.
Le vin bio ouvre aussi de nouveaux mar-
chés. « Vos vins sont-ils bio ? C’est la première
question qu’on me pose quand je frappe à la porte
d’un bar à vins parisien ou lorsque je rencontre
un importateur », reconnaît Mathieu Vallée,
du château Yvonne, à Saumur. Le bio est
devenu un critère essentiel pour vendre ses vins
grand vin bio développe une expression pure
du fruit, une certaine énergie et un équilibre
plus fringant. Notons que plus d’un tiers des
domaines triplement et doublement étoilés
de notre Guide des meilleurs vins de France
sont aujourd’hui bio ou biodynamiques
LES CONDITIONS DE LA DÉGUSTATION
Après un appel aux vignerons présents au
salon “Millésime Bio”, nous avons dégusté
et jugé 534 vins bio au Mas de Saporta, à
Montpellier. Nous retenons ici les 68 meil-
leurs d’entre eux classés en quatre
familles : les références (1), les bons rap-
ports qualité/prix (2), les languedocs à la
pointe (3), les vins étrangers (4).

92 ■ FƒVRIER 2016 - LA RVF n¡ 598

 SPÉCIAL SALON MILLÉSIME BIO
❶ Les vins “bio”
français emblématiques
Ces vignerons ont fait le
choix du bio ou de la biody-
namie il y a plusieurs années.
Aujourd’hui, ils sont des
références dans leur région.
19/20
■ Larmandier-Bernier
Champagne extra-brut Les Chemins d’Avize 2010
Blanc. De par le raffinement de sa bulle, sa
délicatesse et sa profondeur saline, ce char-
donnay est au sommet des vins de la
Champagne. Biodynamie. 69 €
17/20
■ Domaine Dirler-Cadé
Alsace riesling Grand cru Saering 2014
Blanc. Encore jeune, ce riesling s’envole vers
ƒric LŽpine, au ch‰teau un jus délié, profond et droit. Beau blanc de
de Rhodes, incarne la garde. Biodynamie. 20 €
force tranquille du bio
dans le Gaillacois.
16/20
■ Clos Lapeyre
D. R.
Jurançon sec Mantoulan 2011
(ou engagés dans cette démarche). Chez Blanc. Vineux, tendu, sapide et long, c’est
les vignerons méthodiques, les défauts qui l’un des blancs secs de référence du Sud-
avaient marqué les débuts du bio ont disparu Ouest. Bio. 19 €
(manque de netteté, arômes déviants d’écurie,
d’œuf pourri, robe instable). 16/20
Il est important de ne pas confondre “vin ■ Domaine Bonnet-Huteau
bio” et “vin nature”. Les producteurs de vins Muscadet Sèvre et Maine
dits “nature” refusent l’adjonction d’éléments Les Laures 2014
extérieurs dans le vin, y compris le soufre (sul- Blanc. Un melon de Bourgogne pur,
fites) de la vinification jusqu’à la mise en bou- vineux et stimulé par une finale saline.
teilles. Sauf que le soufre est un antioxydant Une excellente affaire ! Bio. 8,60 €
et un conservateur. À petites doses, il permet
d’éviter des déviances aromatiques et empêche 16/20
le vin de repartir en fermentation en bouteille. ■ Domaine Bernard Defaix
Pour ce dossier, nous avons donc sélec- Chablis Côte de Léchet Réserve 2013
tionné 66 valeurs sûres du bio que nous Blanc. Ce chardonnay conjugue la
avons classées en quatre familles : “les vins vinosité, l’allonge et la salinité. Un
bio emblématiques français”, “Les belles délicieux blanc de table. Bio. 23 €
affaires du bio”, “Les Languedociens qui se
démarquent” et “Les grands bio européens”. 16/20
D’autres excellents vignerons présenteront ■ Domaine
leurs vins au salon. Découvrez-les sur www. Jean-Louis et Fabienne Mann
R. Grman
larvf.com/millesimebio. A. Gd ■ Alsace riesling Grand cru Pfersigberg 2012
Blanc. Issu d’un coteau exposé plein sud, ce
riesling est ample et marqué par une finale
longue et généreuse. Biodynamie. 26,50 €
16/20
■ Jonathan Pabiot
Pouilly-Fumé 2014
Blanc. Ce sauvignon exprime la tension
minérale de son terroir avec une finale ciselée
et pleine. Une référence. Bio. 15 €
15,5/20
■ Fleury
Champagne brut nature Fleur de l’Europe
Effervescent. Avec son fruit charnu et sapide,
ce champagne séduit par l’expression écla-
tante du pinot noir. Une réussite du pionnier
de la biodynamie en Champagne : Jean-Pierre
Fleury. Biodynamie. 30 €
17/20
■ Domaine Rotier
Gaillac doux Renaissance 2012
Moelleux. Sublime liquoreux de garde au
sucre parfaitement intégré et à l’allonge
savoureuse et finement boisée. Bio. 15,70 €
16,5/20
■ Château du Cèdre
Cahors Le Cèdre 2012
Rouge. Le boisé se fond dans ce malbec
coloré au jus fin et long. Bio. 33,50 €
16,5/20
■ Domaine de Bablut
Anjou-Villages Rocca Nigra 2011
Rouge. N’hésitez pas à carafer ce
cabernet franc intense. Très coloré et
mûr mais d’une fraîcheur extraordi-
naire ! Bio. 12,60 €
16/20
■ Château Canon Saint-Michel
Canon-Fronsac L’Enclos 2012
Rouge. Beau vin au boisé discret, à la
matière pleine, sertie de tanins moel-
leux. Un bon bordeaux parfumé et
équilibré. Biodynamie. 14 €
LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 93
 L e palmarès des bio
Les vins bio historiques (suite) 16/20 LE COUP DE CŒUR DE LA RVF
■ Domaine L’Or de Line
16/20 Châteauneuf-du-Pape 2012
■ Château de Coulaine Rouge. Le boisé ressort un peu à ce stade
Chinon La Diablesse 2013 (20 % de bois neuf) mais il est doté d’une
Rouge. Plutôt léger dans ce millésime, ce caber- matière finement extraite, énergique et longue.
net franc se délie pourtant avec une belle finesse Il n’a pas dit son dernier mot. Bio. 23 €
et une grande pureté en bouche. Bio. 22 €
16/20 Les châteauneuf-du-pape
16/20 ■ Domaine Leccia de Gérard Jacumin
ont des airs de
■ Château Yvonne Patrimonio Pettale 2012 rouges bourguignons.

Saumur-Champigny La Folie 2014 Rouge. Peu coloré et légèrement réduit, ce
Rouge. Superbe couleur violacée pour ce jus rouge de cuve offre un bouquet bien épicé et
charnu, ouvert et à la fraîcheur ligérienne revi- de belles notes de framboise. Structuré et
gorante. Un saumur-champigny comme on ferme mais très fin. Bio. 24 €
les aime. Bio. 14 €
16/20
16/20 ■ Domaine de La Courtade
■ Domaine du Deffends
Coteaux varois en Provence
Côtes de Provence 2011
Rouge. Après 18 mois en foudres, ce vin à
Champs de la Truffière 2013 dominante mourvèdre offre de belles senteurs
Rouge. Équilibré entre la fermeté du caber- de garrigue, des saveurs épicées et nuancées et
net-sauvignon et l’enveloppe douce et savou- une structure provençale affirmée. Bio. 18,30 €
reuse de la syrah, un vin revigorant. Bio. 15 €
16/20
Les Alsaciens ■ Le Roc des Anges
Jean-Louis et Côtes du Roussillon-Villages Segna de Cor 2014
Fabienne Mann,
à Eguisheim.
Rouge. Cette cuvée à dominante de grenache
est dénuée de tout artifice. Son énergie la tire
en longueur. Biodynamie. 14 €
16/20
■ Montirius
Gigondas Confidentiel 2010
Rouge. Confidentiel ! Ce gigondas ne devrait
pas le rester très longtemps. Ce 2010 évo-
lue avec beaucoup de finesse, tout en conser-
vant la tension de sa jeunesse. Pour la table.
D. R.
D. R.
Domaine L’Or de Line
Châteauneuf-du-Pape
De la clairette rose
pour rafraîchir ses rouges
À la fin des années 80, Gérard
Jacumin reprend les rênes
de ce domaine qu’il rebaptise L’Or de
Line en hommage à sa fille Laureline.
C’est en 2009 que le vigneron franchit
le cap de l’agriculture bio sur ses neuf
hectares exclusivement plantés sur
quinze parcelles de Châteauneuf-du-
Pape. « Nous mangeons et nous buvons
bio. Cette démarche viticole était donc
logique ». Dans le rouge 2012 (16/20,
23 €), une touche de clairette rose
(cépage blanc) rafraîchit l’assemblage
de grenache, syrah et mourvèdre. Peu
coloré, le vin se dévoile tout en finesse
avec un léger enrobage de la matière
apporté par l’élevage (20 % en barriques)
qui le rend facile d’accès. A. Gd
15,5/20
■ Château de Roquefort
Côtes de Provence Les Mûres 2013

Biodynamie. 40,09 € Rouge. Ce vin offre ici une trame serrée. Il

reste une référence dans le secteur. Bio. 15 €
Biologique ou biodynamique ? Les différences 15,5/20
Le label européen biologique, mis en place en 2012, garantit que le vigne- ■ Clos des Boutes
ron n’a pas utilisé d’herbicides et de pesticides à la vigne mais autorise des Costières de Nîmes Chamboultou 2013
éléments d’origine naturelle (cuivre et soufre). En cave, des produits, tels que le charbon Rouge. Ce carignan bien dompté livre une
actif (pour décolorer le vin), l’acide tartrique (pour acidifier le vin), sont autorisés. La certifi- structure gourmande et salivante. Bio. 21 €
cation “vin bio” est décernée à la quatrième vendange après le début de la conversion.
Certains vignerons poussent plus loin la logique du bio et 15,5/20
adoptent la démarche biodynamique définie par le cahier des ■ Henri Richard
charges de labels tels que Demeter ou Biodyvin. Ils autorisent Gevrey-Chambertin Les Tuileries 2013
des traitements à base de produits naturels (silice, plantes…) à dose homéopathique et défi-
Rouge. Bien mûr, il est imprégné de saveurs
nissent les travaux de la vigne (taille, ébourgeonnage…) et de la cave (soutirage, filtration…).
L’usage du soufre est autorisé. Tous ces travaux sont effectués selon le calendrier lunaire. de fruits rouges et enveloppé par une texture
vineuse et une finale appétante. Bio. 35 € ■

94 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598


❷ Les belles affaires “bio”
Le vignoble français regorge aujourd’hui d’excellents vins bio
à petits prix. Voici une sélection de blancs et de rouges à moins
de 13 euros à déguster toute l’année. Impossible d’être déçu !
15/20
■ Domaine des Pothiers
IGP Urfé Fou de chêne 2014
Blanc. Pur chardonnay élevé en fûts. Sapide
et bien cadré, c’est un vin original de Loire, né
près de Roanne. Biodynamie. 12 €
14,5/20
■ Domaine La Réméjeanne
Côtes du Rhône Les Arbousiers 2014
Blanc. Empli d’arômes de plantes, ce blanc
déroule une chair veloutée et un cœur de
bouche dynamique. Franc du collier, il est à
boire dans sa jeunesse. Bio. 9,50 €
15,5/20
■ Château La Canorgue
Luberon 2013
Rouge. Toujours parfumé, concentré et d›une
immense délicatesse, chaque millésime de
ce rouge nous enchante. En bio depuis les
années 70. 9,80 €
15,5/20
■ Clos Cavenac
Côtes du Marmandais Grand Cros 2014
Rouge. D’une fine fraîcheur végétale, ce
rouge offre une certaine douceur en bouche
et une finale salivante. Un grand classique.
Bio. 12 €
15/20
■ Château Couronneau
Bordeaux supérieur Pierre de Cartier 2014
Rouge. Un bordeaux supérieur à la
fois coloré, structuré et complet. Sans
excès de bois, il se montre déjà acces-
sible. Il est fait pour la table. Bio. 10 €
15/20
■ Château Les Croisille
Cahors Silice 2014
Rouge. Un vin tout en retenue avec
R. Grman
une allonge fraîche et franchement
▶ Coordonnées des producteurs page 86
SPÉCIAL SALON MILLÉSIME BIO
goûteuse. Germain Croisille assure la relève
cadurcienne ! Bio. 7,50 €
15/20
■ Château de Rhodes
Gaillac 2013
Rouge. Les notes de cassis typiques du cépage
braucol jaillissent à plein nez et animent une
bouche droite et ferme. Un gaillac sans arti-
fice et avec beaucoup de fraîcheur. Bio. 7,50 €
14,5/20
■ Domaine Pierre Chauvin
Anjou Les Tournailles 2014
Rouge. Un cabernet franc solaire, un peu cho-
colaté et juteux. Une gourmandise. Bio. 9,50 €
14,5/20
■ JG Chasselay
Beaujolais Cuvée de la Platière 2014
Rouge. L’élevage en fûts apporte une bonne
structure à ce gamay juteux et épicé. Voici la
nouvelle génération du Beaujolais. Bio. 9 €
14/20
■ Clos Troteligotte
Cahors K-nom 2014
Rouge. Emmanuel Rybinski est l’un de
ces jeunes qui font bouger Cahors. Voici
un malbec ferme et tonique qui conserve
une certaine gourmandise sur ce millé-
sime. Bio. 8,50 €
14/20
■ Domaine Caujolle-Gazet
IGP Pays d’Hérault La Petite Coulée
2014
Rouge. Un vin friand dont la struc-
ture légère l’emmènera à table sur des
viandes grillées. Bio. 8,50 €
14/20
■ Château de Bois-Brinçon
Anjou La Seigneurie 2012
LE COUP DE CŒUR DE LA RVF
Éric Lépine
s’est converti
au bio il y a
sept ans déjà.
D. R.
Château de Rhodes
Gaillac
Le colosse de Gaillac
s’est entiché du braucol
A ncien banquier à Paris, Éric Lépine
fait partie de ses passionnés qui un
jour ont tout plaqué pour devenir vigne-
ron. En 2002, cet imposant gaillard – il
mesure près de deux mètres – s’installe
sur la rive droite de Gaillac au château
de Rhodes, une sublime bâtisse du
XIXe siècle entourée d’une vingtaine
d’hectares de vignes. Le passage à l’agri-
culture bio en 2008 n’a pas empêché
ce vigneron pragmatique de conserver
des prix très abordables pour ses vins.
Croquant et frais, son rouge 2013 (15/20,
7,50 €) est l’une des meilleures affaires
de l’appellation. Éric Lépine se pique de
promouvoir les cépages ancestraux de
Gaillac en plantant quelques hectares
supplémentaires de braucol et prunelart
pour les rouges et de mauzac et ondenc
pour les blancs. A. Gd
Rouge. Ce jus s’avère tendrement fruité et
légèrement solaire. À ouvrir dès maintenant.
Biodynamique. 10 €
14/20
■ Château La Mothe du Barry
Bordeaux Vieilles vignes 2014
Rouge. Certes, ce joli bordeaux ne développe
pas une grande expression fruitée, mais il se
montre enrobé et séducteur. Bio. 10 €
14/20
■ Clos des Augustins
Languedoc Pic Saint-Loup Les Bambins 2014
Rouge. Ce Languedocien a été vinifié de
façon à conserver l’expression aromatique des
fruits frais tout en conservant une structure
souple. Bio. 8,90 € ■
LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 95
 L e palmarès des bio
❸ Les pionniers du “bio”,
focus sur le Languedoc
Vent, temps sec et ensoleillé… Toutes les conditions météo
sont réunies en Languedoc pour pratiquer le bio.
Profitez du salon Millésime Bio pour les (re)découvrir.
17/20
■ Mas d’Espanet
Languedoc Camille 2012
Blanc. Ce grenache-picpoul est élevé deux ans
en demi-muids et un an en cuves. C’est l’un
des blancs les plus ambitieux du Languedoc.
Biodynamie. 24 €
17,5/20
■ Domaine d’Aupilhac
Languedoc Montpeyroux La Boda 2013
Rouge. Si ce vin a encore besoin de quelques
années de garde pour s’ouvrir, il séduit déjà
par la délicatesse de ses arômes et l’énergie de
sa matière. Une grande cuvée signée Sylvain
Fadat. Bio en conversion biodynamie. 26,50 €
17/20
■ Château La Baronne
IGP Aude-Hauterive Pièce de Roche 2013
Rouge. Après un passage en carafe, ce pur cari-
gnan libère ses arômes de fruits noirs. Sa
bouche est ample, délicate et menée par des
tanins civilisés. Biodynamie. 28,50 €
16,5/20
■ Domaine Alain Chabanon
Languedoc Montpeyroux
Esprit de Font Caude 2010
Rouge. Belle évolution de ce mour-
vèdre-syrah à la structure poignante.
Une viande rouge en sauce adoucira
ses tanins. Biodynamie. 27 €
16,5/20
■ Château Pech-Redon
Languedoc La Clape L’Épervier 2012
Rouge. Une touche iodée anime ce
vin concentré et empli de saveurs
pures de fruits rouges. Racé et harmo-
R. Grman
nieux. Bio. 14 €
96 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598
16/20
■ Mas des Chimères
Terrasses du Larzac Nuit Grave 2013
Rouge. Les saveurs pures de raisin et la bouche
légèrement granuleuse donnent du relief à ce
grand classique. Bio. 11 €
15,5/20
■ Clos Maïa
IGP Pays d’Hérault Le Petit Clos 2014
Rouge. Une grande énergie fruitée se déve-
loppe dans ce rouge juteux, équilibré. Bio. 12 €
15,5/20
■ Domaine de Cébène
Faugères Felgaria 2011
Rouge. Le mourvèdre planté sur schistes
apporte une structure salivante et un élan de
fraîcheur à ce cador de l’appellation. Bio. 33 €
15,5/20
■ Khalkhal-Pamies
Minervois Lauraire des Lys 2011
Rouge. Généreux, ce vin évolue avec beau-
coup de finesse. Long et délicat. Bio. 22 €
15/20
■ Domaine du Joncas
Languedoc Montpeyroux Joia 2013
Rouge. Une bouche svelte à la finale
droite structure ce vin. Bio. 12,50 €
15/20
■ Domaine Le Conte des Floris
Languedoc Pézenas Basaltique 2014
Rouge. Un carignan (95 %) libre et
à la structure rafraîchissante. Bio. 15 €
15/20
■ Domaine Costeplane
Languedoc Les Cistes 2012
LE COUP DE CŒUR DE LA RVF
Christiane et Pascal Dalier
ont débarqué dans
le Languedoc en 2010.
D. R.
Domaine du Joncas
Languedoc Montpeyroux
Ces Lorrains ont
découvert l’eldorado
O riginaire de Lorraine, cet ancien
concessionnaire automobile a tiré
le frein à main en Languedoc. Après s’être
formé chez Alain Chabanon, Pascal Dalier
achète en 2010 huit hectares de vignes
bio au pied du Mont Baudille, à cheval sur
Montpeyroux et les Terrasses du Larzac.
« De par la diversité des cépages et des
terroirs, le prix accessible des vignes,
le Languedoc est un eldorado pour
créer un domaine en biodynamie »,
s’enthousiasme le néovigneron. Élevée
en cuves et en œufs béton, sa belle cuvée
Joia 2013 (15/20, 12,50 €) va encore
gagner en finesse. À suivre. A. Gd
Rouge. Une sensation de force se dégage de
ce vin sapide et salivant ! Biodynamie. 18,70 €
15/20
■ Mas Conscience
Terrasses du Larzac 2013
Rouge. Un bon goût de raisin anime ce rouge
habilement élevé, fin et plein. Bio. 16 €
14,5/20
■ Trois Terres
Languedoc Moderne 2013
Rouge. Venu des schistes d’Octon, c’est un
rouge sanguin finement fumé. Bio. 10 €
14,5/20
■ Les Chemins de Carabote
Terrasses du Larzac Les Pierres qui chantent 2012
Rouge. Complexe, le vin du monsieur jazz de
RTL se montre ferme et fin. Bio. 19 € ■

❹ Les grands “bio” à travers l’Europe
Espagne, Italie, Allemagne, Autriche et Hongrie… Le succès des vins bio croît partout en Europe.
Voici nos 14 coups de cœur à déguster à Montpellier qui mettent en avant la diversité des cépages.
ALLEMAGNE
16/20
■ Weingut Peter Jakob Kühn
Hallgarten Hendelberg riesling trocken 2014
Blanc. Ce riesling puissant, long et ciselé
séduira les amateurs de vins techniques et pré-
cis. Biodynamie. 18,50 €
15/20
■ Weingut Brüder Dr Becker
Rheinhessen Dienheim riesling trocken 2014
Blanc. Douces notes de zestes de citron et de
pomelo sur une matière franche, juteuse et
ciselée. Biodynamie. 7,50 €
14,5/20
■ Weingut Staffelter Hof
Mosel Kröv Letterlay kabinett 2014
Blanc. Quelques grammes de sucres résiduels
apportent du gras à ce blanc de soif tonique
et citronné. Salivant. Bio. 12 €
AUTRICHE
15/20
■ Weingut Sepp Moser
Kremstal DAC Reserve grüner vetliner
Breiter Rain 2044
Blanc. Très bel équilibre pour ce blanc élevé
sur lies, net et limpide. Bio. 17,50 €
16/20
■ Weingut Feiler Artinger
Burgenland Ruster Ausbruch 2013
Liquoreux. Derrière ses notes cendrées et
fumées, la douceur de sa bouche et sa grande
tension, ce liquoreux est si frais qu’il fait davan-
tage penser à un moelleux. Bio. 25 € (37,5 cl)
16/20
■ Weingut Judith Beck
Burgenland blaufränkisch Altenberg 2012
Rouge. Ce vin issu du cépage blaufränkisch
haut en couleur développe une bouche concen-
trée, finement tannique et svelte. Sa fraîcheur
nous fait saliver en finale. Biodynamie. 40 €
▶ Coordonnées des producteurs page 86
SPÉCIAL SALON MILLÉSIME BIO
HONGRIE
14/20
■ Orbelus
Thracian Lowlands melnik 2013
Rouge. À dominante d’early melnik, ce
vin concentré affiche une légère fermeté
en finale qui lui donne du style. 7,50 €
ESPAGNE
15/20
■ Bodegas del Medievo
Rioja 2014
Blanc. La petite réduction laisse place
à une complexité fumée, une bouche
ample et une allonge moyenne. Un rioja
blanc généreux et sudiste. Bio. 7,50 €
15/20
■ Bodegas Los Frailes Judith Beck est l’une
Valencia Trilogia 2011 des ambassadrices des
Rouge. Un bouquet sauvage, vivement vins bio autrichiens.
D. R.
épicé et sanguin qui rappelle le mour-
vèdre (70 %) avec une structure solaire svelte. À boire dans les cinq ans. Bio. 45 €
et une finale élégante. 13 €
15,5/20
ITALIE ■ Poggio Foco
16/20 Maremma Toscana Sesà 2007
■ La Raia Rouge. Le nez évoque l’évolution végétale du
Gavi Pisé 2012 cabernet-sauvignon. Son cœur de bouche est
Blanc. La petite réduction au nez rappelle cer- en pleine forme, tout en générosité. Bio. 25 €
tains champagnes bien mûrs ou un chenin de
Loire (pâte d’amande, poire). Beau blanc de 15/20
caractère. Biodynamie. 22 € ■ Aquila del Torre
Friuli Colli Orientali At Refosco 2013
15/20 Rouge. Un vin issu de refosco dal peduncolo,
■ Pomario un cépage du Frioul. Coloré, riche en épices,
Umbria Arale 2014 il est assez intense, bien typé. Bio. 15 € ■
Blanc. Ce trebbiano-malvoisie affiche du
caractère et de la tenue. Bio. 17 € 100 PLACES À GAGNER !
Soyez les premiers à vous connecter
16/20 sur www.larvf.com/millesimebio
■ Loacker pour gagner exceptionnellement
Brunello di Montalcino 2010 100 invitations pour ce salon réservé
Rouge. Ce pur sangiovese grosso évolue sur aux professionnels. Plus d’infos sur :
www.millesime-bio.com
des notes fumées et épicées et un équilibre
LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 97
 E nvies

ILLUSTRES VINS DE POMEROL.

Si Pétrus garde porte close, plusieurs
châteaux de premier ordre vous
accueillent chaleureusement.

Secret comme l’est Pétrus, le superbe vignoble de Pomerol

JEAN-PIERRE LABRUYÈRE (À D.)
ET ANTOINE RIBEIRO.
Propriétaire et régisseur,
ils font le succès
du château Rouget.

DIANA
BERROUET-GARCIA DENIS DURANTOU.
ET JULIE BELLOT. Étape obligée au
Elles font découvrir château L’Église-Clinet
avec passion les pour rencontrer
vins du château cette personnalité
Petit-Village. de l’appellation.
 ITINÉRAIRES

LE STYLE ROTHSCHILD.
Chacune de leurs propriétés
se distingue par la couleur
de son chai : rose à Lafite,
rouge brique ici à l’Évangile.
AU PAYS DU MERLOT
LE CHARME DISCRET
DE POMEROL
Cap à l’est de Bordeaux, sur
la rive droite de la Dordogne,
à deux pas de Saint-Émilion.
S’il compte parmi les vins
les plus prestigieux au monde,
Pomerol est encore peu
parcouru par les randonneurs.
Il est temps que cela change !
Texte et photos de Thomas Bravo-Maza

P
ortée par le nom de son
illustre Pétrus, l’appellation
Pomerol fait rêver le monde
entier. Son vignoble reste
néanmoins peu visité. De
fait, les propriétés viticoles qui jalonnent
CHÂTEAU LA CONSEILLANTE.
Son cuvier parcellaire le panorama sont peu nombreuses (150
spectaculaire permet une tout au plus) et de petite taille (moins
vinification “sur mesure”. de 10 ha en moyenne). Ce qui fait dire à
juste titre que Pomerol est la plus “bour-
aiguise la curiosité. guignonne” des appellations borde-
laises. Eh bien, le charme profond du
vignoble pomerolais réside précisément
dans son caractère secret, à l’écart du
tumulte touristique de son voisin Saint-
Émilion. Secret comme l’est Pétrus, qui
n’accueille que les professionnels triés
sur le volet.
La légende de ses vins attire curieux
CÉDRIC BÉCHADE.
Il régale vos papilles et œnophiles qui se font photographier
à L’Hostellerie de devant ses grilles. Notre circuit 2 permet
Plaisance (Saint-Émilion), d’admirer son terroir de premier ordre
le restaurant des Perse
(château Pavie). culminant à 40 m d’altitude, la fameuse
“boutonnière d’argile” de Pétrus. Ce
périple se fait aisément à pied ou à vélo.
Pomerol ne se résume pas au mythe
Pétrus. Plusieurs châteaux ont décidé
d’ouvrir leurs portes (rendez-vous impé-
ratif !). Notre circuit 2 permet de décou-
vrir le cœur des plus grands terroirs.
Notre circuit 1, par la route, embrasse
un territoire plus vast, rythmé par un
L’ÉGLISE DE POMEROL.
Tiré du latin pomum (fruit à pépins), le nom
de Pomerol est attesté depuis le XIIe siècle.
riche patrimoine, jusqu’à l’original vil-
lage de Guîtres et au château de Vayres.
Depuis l’époque gallo-romaine, la
vigne s’est considérablement étendue
dans le Libournais. Pomerol offre des pay-
sages de vignes des deux cabernets, certes,
mais au premier chef de merlot, cépage
né autour de 1750. L’ampélographie
a authentifié ses parents génétiques, le
cabernet franc, d’origine pyrénéenne, et
la magdeleine noire, native de Charente
et de Bretagne. Mais une chose est cer-
taine : aucun autre vignoble au monde ne
lui donne un charme aussi somptueux,
des parfums aussi envoûtants. En route !
AVANT DE PARTIR
www.tourisme-gironde.fr
www.vins-pomerol.fr
www.tourisme-libournais.com
À LIRE
■ Les Grands vins de Saint-Émilion,
Pomerol, Fronsac, par Henri Enjalbert,
Éd. Bordas-Bardi, 1983, 634 p.

LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 99

 E nvies ITINÉRAIRES
CIRCUIT 1 LIBOURNAIS EN MAJESTÉ, DE VAYRES À POMEROL
Le coup de cœur de La RVF
Château Rouget
Lorsqu’il fit l’acquisition de Rouget
en 1992, le Bourguignon Jean-Pierre
Labruyère – qui a passé la main à son
fils Édouard – a confié les rênes du
domaine à Antoine Ribeiro, régisseur
profondément respectueux de la vigne.
La production s’est rapprochée des
sommets sur 16,68 ha situés au cœur
de terroirs magiques des secteurs de
Clinet, Tropchaud ou Trotanoy. Les
2010 et 2012 coûtent autour de 30 €.
Un rêve qui a le goût de l’accessible.
6, route de Saint-Jacques-de-
Compostelle. Tél. : 05 57 51 05 85.
NUITS DOUILLETTES
Les Belles Perdrix de Troplong-Mondot
Chambres de 195 à 490 €. Coup de cœur
pour la Maison des Vignes.
33330 Saint-Émilion. Tél. : 05 57 55 32 05.
Château Franc-Mayne
Le grand luxe, de 180 à 220 €.
14, La Gomerie, 33330 Saint-Émilion.
Tél. : 05 57 24 62 61.
Château de Môle
Chambres raffinées (certaines avec balnéo
et sauna). De 105 à 165 €. Lieu-dit Bernon,
33570 Puisseguin. Tél. : 05 57 74 60 86.
Château de Môle,
à Puisseguin.
100 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598
70 km à découvrir en une demi-journée par la route.
CHÂTEAU DE SALES.
La plus vaste propriété viticole de
Pomerol appartient à la famille
de Lambert depuis plus de cinq siècles.
➊ Départ de Vayres, remarquable par son
château classé Monument Historique des
XIIIe, XVIe et XVIIe siècles ayant appar-
tenu au roi Henri IV. Son parc et ses orne-
ments végétaux ont reçu le label Jardin
Remarquable du ministère de la Culture,
à juste titre (tél. : 05 57 84 96 58, site :
chateaudevayres.com).
❷ Rejoignez Libourne. Fondée en
1268, la ville recèle quelques monu-
ments remarquables (bastide portuaire,
quartier Fozera, tél. : 05 57 51 15 04). Si
besoin, utilisez les services de l’excellent
office du tourisme du Libournais (tél. :
05 57 51 15 04). Partez au nord par la
D910 vers Guîtres, à 15 km. Au bord
de l’Isle, le village mérite un détour par
la beauté de son abbatiale Notre-Dame,
qui surplombe ses ruelles. Repartez vers
le sud par la même route jusqu’à Saint-
Denis-de-Pile, traversez la ville et pre-
nez la direction de Lalande-de-Pomerol
puis Marchesseau. Parvenu sur la route
D1089 (ancienne RN 89) en direction
de Libourne, obliquez 120 m plus loin à
droite (panneau Petit Moulinet).
❸ Prochaine étape, le magnifique châ-
teau de Sales, de style XVIIe, plus vaste
propriété viticole de Pomerol (tél. : 05 57
@
NOUVEAU !
Télécharger
les tracés d’itinéraires
sur larvf.com
51 04 92). Revenez jusqu’à la D1089 par
le lieu-dit Le Grand Moulinet et traversez
devant vous. Prenez à gauche le chemin de
Feytit sur 500 m. Devant château Latour
à Pomerol, château Feytit-Clinet (tél. :
05 57 25 51 27), où Jérémy Chasseuil
reçoit en toute simplicité. Continuez sur
le chemin de Feytit jusqu’à la D245 et
tournez à droite. Au hameau de Pignon,
vous ne pourrez manquer sur votre gauche
château Le Gay. C’est d’ici que le point
de vue sur les vignes est le plus agréable.
Rejoignez Catusseau, puis Montagne où
se trouve l’une des plus fines tonnelle-
ries de France, Darnajou. Prenez rendez-
vous pour avoir une chance de rencontrer
Vincent Darnajou, qui produit pour les
plus grands noms du Libournais (lieu-dit
Goujon, tél. : 05 57 51 90 53).
❹ À Montagne, faites un crochet par
la sublime église de Saint-Georges avant
de rejoindre Saint-Émilion. Après visite
de la ville classée, prenez la D243 à par-
tir du rond-point nord, puis la D245
vers Catusseau. Passez devant les châ-
teaux Cheval Blanc et La Conseillante où
l’arrêt est de rigueur (sur rendez-vous).
Rencontrez sa talentueuse directrice tech-
nique Marielle Cazaux. La dégustation y
est mémorable, d’un raffinement extrême.

CIRCUIT 2 QUINTESSENCE DE POMEROL
7,7 km à pied ou à vélo, 2 heures. Niveau très facile.
➊ Départ du village de Catusseau, situé
à 3 km à l’est de Libourne. Garez votre
véhicule dans la rue principale du vil-
lage, la route D244. Partez sur la D244
en direction du village de Montagne à
partir du rond-point. Au bout de 200 m,
sur votre droite, premier château remar-
quable, Beauregard (tél. : 05 57 51 13 36),
puis c’est l’excellent château Petit-Village
qui s’offre à votre regard. Mention parti-
culière pour l’accueil qui y est prodigué
par Julie Bellot, responsable du service
réceptif. Dégustation et vente sur place y
sont possibles dans les meilleures condi-
tions. À ne pas rater : le 2010, proposé
à 75 €, et le 2012, à 49 €, sans oublier
les millésimes plus anciens 1989 (140 €),
1998 (95 €) et 2000 (100 €). Tâchez d’y
faire la connaissance de la nouvelle direc-
trice technique, Diana Berrouet-Garcia,
une femme méticuleuse et passionnée.
❷ Château La Conseillante, 400 m plus
loin sur votre gauche, incarne la quintes-
sence de Pomerol. Ce domaine de 12 hec-
tares est assis sur des terroirs d’argiles,
de sables et de graves de tout premier
ordre. En quittant le domaine, prenez à
gauche la D244 sur 250 m et bifurquez
SAINT-ÉMILION.
Le célèbre village
voisin, classé,
est une étape
impérative.
encore à gauche devant les splendides
chais colorés d’un autre “monstre” de
Pomerol, château L’Évangile, géré par les
Domaines Barons de Rothschild. Deux
tournants à gauche plus loin, vous vous
situez exactement au bord de la fameuse
boutonnière d’argile de Pétrus, au point
culminant de l’appellation.
❸ En bordure de la route D121,
admirez les bâtiments de Pétrus et pre-
nez à droite le chemin de Loiseau avant
d’obliquer à gauche jusqu’au Stop. À
votre droite, impossible de manquer le
château et les chais de château Le Gay.
Entrez ensuite dans le hameau de Pignon
en poursuivant tout droit sur la D245.
Passez les châteaux La Fleur de Gay, puis
La Croix de Gay et prenez la route à votre
gauche au niveau du splendide château
Rouget (lire notre encadré ci-contre).
Juste avant le tournant, en face du Clos
L’Église, arrêt “obligatoire” chez Denis
Durantou, au château L’Église-Clinet.
La meilleure période de l’année pour
venir rencontrer ce grand vigneron, c’est
entre les mois d’avril et de juin, c’est-à-
dire juste après ses mises en bouteilles,
car le visiteur y aura loisir de déguster à
foison, spécialement le vendredi et le
samedi. Actuellement, la dégustation
des millésimes 2013, 2011 et 2009
offre un plaisir inoubliable.
❹ Plus loin, sur le chemin de
Feytit, sur votre droite, le célèbre
château Clinet, ses volets rouges…
et ses impressionnants pomerols.
Sur votre gauche, 450 m plus loin,
juste en face de château Latour
à Pomerol, trône château Feytit-
Clinet. Au bout du chemin de
Feytit, prenez à gauche et continuez
tout droit sur 1 650 m. Au passage,
admirez les châteaux Trotanoy (pas
de visites) et Vieux-Château Certan.
Poursuivez jusqu’à l’intersection
avec la route D121 par laquelle vous
bouclerez ce périple de rêve…
POMEROL
La cuisine
raffinée
du Logis de
la Cadène.
À TABLE
Le Logis de la Cadène
Cuisine simple, précise et chaleureuse.
Carte 40 € env. Hébergement remarquable
également (de 190 à 320 €).
3, place du Marché au Bois, 33330 Saint-
Émilion. Tél. : 05 57 24 71 40.
L’Envers du Décor
Rapport plaisir/prix imbattable, ambiance
décontractée bienvenue. Carte 40 € env.
11, rue du Clocher, 33330 Saint-Émilion.
Tél. : 05 57 74 48 31.
L’Hostellerie de Plaisance
Très belle cuisine de Cédric Béchade.
Carte 110 € env. Hébergement également
recommandable (de 273 à 710 €) en Relais
& Châteaux.
5, place du Clocher, 33330 Saint-Émilion.
Tél. : 05 57 55 07 55.
Le Chai Pascal
Belle sélection de vins et cuisine très
soignée. Carte 35 € env.
37, rue Guadet, 33330 Saint-Émilion.
Tél. : 05 57 24 52 45.
La Table de Catusseau
Carte 40 € env. 86, rue de Catusseau,
33500 Pomerol. Tél. : 05 57 84 40 40.
L’Atelier de Candale
Carte 40 € env.
Grandes Plantes, 33330 Saint-Laurent-
des-Combes. Tél. : 05 57 24 15 45.
LES CHÂTEAUX
Château Petit-Village
126, route de Catusseau, 33500 Pomerol.
Tél. : 05 57 51 21 08.
Château La Conseillante
33500 Pomerol. Tél. : 05 57 51 15 32.
Château Lafleur
Grand-Village, 33240 Mouillac.
Tél. : 05 57 84 44 03.
Château La Connivence
33500 Pomerol. Tél. : 05 57 56 40 81.
Château L’Église-Clinet
33500 Pomerol. Tél. : 05 57 25 96 59.
LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 101
 É vasion
TROIS BEAUX
ACCORDS
EN BERGERACOIS
Par Raoul Salama
Appellations viticoles
et produits du terroir font
la renommée du Périgord.
Trois chefs régionaux
vous présentent leur plat
emblématique associé
à un vin de Bergerac.
À table !
102 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598
L
e Périgord. La seule évoca-
tion de cet ancien comté fait
saliver les gourmets et vibrer
le palais des œnophiles ;
Bergerac, Pécharmant,
Monbazillac, Saussignac et
autres Rosette riment natu-
rellement avec les produits du terroir
local, truffe de Sainte Alvère, foie gras,
volaille fermière du Périgord ou encore
bœuf de Coutancie ! C’est pourquoi, tous
les deux ans, le prix Ragueneau oppose des
tandems chef et sommelier qui doivent
présenter des associations gastronomiques
alliant les vins du Bergeracois (13 appel-
lations) aux produits du Périgord. Pour le
plus grand plaisir des gourmands !
Reprenant cette savoureuse idée à notre
compte, nous avons donc demandé à trois
chefs périgourdins, Vincent Arnould du
Vieux Logis, Damien Fagette de La Tour
des Vents et Vincent Lucas des Étincelles

LE VIEUX LOGIS. Le cadre champêtre
de ce Relais & Châteaux en fait
une étape idéale en Périgord noir,
à 45 minutes en voiture de Bergerac.
D. R.
d’imaginer chacun leur meilleur accord
mets et vin.
Relevant le défi, les trois ténors nous
ont proposé des plats parfois décalés, tel
le risotto de lentilles du Puy et pinces de
homard de Vincent Lucas. L’autre surprise
est venue des vins, les signatures les plus
médiatiques de Bergerac n’ayant pas eu les
faveurs de nos sommeliers d’un jour.
Il ne vous reste plus maintenant qu’à vous
délecter de ces trois accords magiques ! ◼
LE VIEUX LOGIS, ˆ TrŽmolat
Vincent Arnould,
le roi du foie gras
Avec lui, le foie gras du Périgord, en permanence à la carte,
se décline de mille façons. Pour le bonheur de nos papilles !
P
rix Taittinger en 1998, Meilleur
ouvrier de France 2007, Vincent
Arnould n’a plus rien à prou-
ver. Sa cuisine, adoubée par ses
pairs, est aussi plébiscitée par la clientèle
du Vieux Logis, et nombreux – dont nous-
mêmes – pensent qu’elle est dans l’anti-
chambre de la deuxième étoile du guide
rouge de Bibendum.
Sa gastronomie se recentre chaque jour
davantage sur les produits de terroir. Il
n’est pas donc étonnant qu’il soit devenu
le chef de file de la toute jeune association
“Entre chefs et Périgord”, qui regroupe
une douzaine de chefs de Dordogne, moti-
vés par cette recherche.
Côté cave, il faut faire confiance à Yves
Clément, maître d’hôtel-chef sommelier, VINCENT ARNOULD.
Au Vieux Logis depuis quinze ans,
qui a magistralement choisi et orchestré
A. Puget
il prépare le foie gras à la perfection !
les associations mets et vins qui nous ont
été proposées.
Mais Le Vieux Logis est avant tout une
halte incontournable en Périgord noir. Ce
Relais et Châteaux doit tout à Bertrand
Giraudel, son propriétaire, qui y a consacré
une bonne partie de sa vie. Son expérience
et son regard sur le Périgord sont d’ailleurs
consignés dans l’ouvrage En Périgord (édi-
tion La Lauze) qu’il a co-écrit. ◼
A. Puget
Notre accord préféré
PIGEON EN CROÛTE ET FOIE GRAS
& CÔTES-DE-BERGERAC CUVÉE “E” 2009
DU CHÂTEAU LA ROBERTIE
Le pigeon et le foie gras (tous deux de la maison Pèlegris, près de Montignac) sont
cuits à la perfection. Tendres, onctueux, savoureux, se renvoyant la balle tant au sein
de la fine croûte que dans l’assiette. Cette préparation requiert un vin de caractère,
puissant, avec du “poids”. La cuvée “E” 2009 du château La Robertie s’épanouit
avec grâce dans ce registre. Sa trame soyeuse masque une colonne vertébrale
digne d’un dinosaure. Sa mâche enrobe le pigeon et vient s’appuyer sur le foie gras.
A. Puget
LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 103
 É vasion
LA TOUR DES VENTS, à Monbazillac

Damien Fagette,
jeune et inspiré
Le successeur de Marie Rougier Salvat est sans cesse en
quête de nouvelles créations et associations gustatives.

D. R.
N
ous avions déjà signalé
(La RVF n° 537, décembre DAMIEN FAGETTE.
Entre La Tour des Vents
2009 / janvier 2010) la belle et lui, l’histoire dure
carte des vins du restaurant depuis treize ans !
La Tour des Vents, établissement situé au
sommet du coteau de Monbazillac et
jouissant d’une vue imprenable sur les
vignobles et la vallée de la Dordogne.
Quelques mois plus tard, Marie Rougier
Salvat, alors aux commandes, décrochait
une étoile au guide Michelin. Rien d’éton-
nant à cela, car depuis la reprise, dans les
années 80, du restaurant tenu par sa mère,
cette chef toujours souriante n’a cessé de
progresser. Il faut dire aussi qu’elle était
efficacement secondée par le talentueux
Damien Fagette (29 ans), arrivé dès l’âge
de 16 ans pour faire son apprentissage.
Marie Rougier Salvat a pris sa retraite
en juin 2015 et a passé le flambeau à
Damien Fagette, qui officie désormais

seul en cuisine. Ce dernier, qui fait preuve
de beaucoup d’inspiration dans ses créa-
tions, aime travailler les produits de terroir,
même si, faute d’approvisionnement en
D. R.
quantité suffisante, il ne peut mettre régu- ou le bœuf de Coutancie. Mais le foie gras
lièrement à sa carte l’agneau du Périgord s’impose, évidemment ! ◼

Notre accord préféré

FILET DE BŒUF EN CROÛTE, BETTERAVE
& CÔTES-DE-BERGERAC TOUT SIMPLEMENT
2008 DU CHÂTEAU MONTDOYEN
À défaut de bœuf de Coutancie ce jour-là, le filet était de race Salers. Très savoureux
aussi ! Travaillée en croûte feuilletée, avec du chou et des champignons, la viande
a pris des saveurs automnales. Le jus réduit au bergerac appelle le vin. Et la cuvée
Tout Simplement 2008 du château Montdoyen répond présente. Ce côtes-de-
bergerac (90 % merlot, 10 % cabernet franc) est parvenu à maturité. Ses tanins sont
arrondis, ils ne heurtent pas le plat, ils l’accompagnent… tout simplement !
A. Puget
A. Puget

104 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598


VINCENT
LUCAS.
Ce Niçois a pris
ses quartiers près
de Bergerac
il y a sept ans.
ÉTINCELLES, à Sainte-Sabine-Born
Vincent Lucas,
imprévisible et brillant
C’est comme à la maison qu’il vous invite à découvrir des
accords parfois déstabilisants, déclinés au gré de ses humeurs.
D
îner aux Étincelles, ça se mérite !
Car vous devrez vous rendre
jusqu’à la petite commune de
Sainte-Sabine, nichée à 32 km
au sud-est de Bergerac. Tout en prenant soin
de réserver votre table au plus tard la veille,
car Vincent Lucas, le chef, travaille en tout
petit comité avec son épouse Anne et pri-
vilégie les produits frais. Si vous débarquez
à l’improviste, vous vous casserez le nez !
D’origine niçoise, Vincent Lucas a
écumé Paris, la Savoie (Les Fermes de
Marie) et Vienne (La Pyramide), avant de
glaner sa première étoile à la Villa Morelia
(à Jausiers, près de Barcelonnette). Il crée
A. Puget
Notre accord préféré
RISOTTO
DE LENTILLES DU PUY,
PINCES DE HOMARD
& BERGERAC BLANC
EXPRESSION 2013
DU CLOS DU BREIL
Superbe mariage de la lentille du Puy
travaillée en risotto et du homard
simplement cuit à la vapeur. Un râpé de
C. Prigent
zeste d’orange parsemé sur les bords du
plat apporte une touche à la fois amère et
rafraîchissante. Il fallait pour l’accompagner
un vin blanc possédant suffisamment
de gras et d’ampleur. Pari tenu avec la
cuvée Expression 2013 (élevée en fûts de
chêne) du Clos du Breil. Il faut dire que
son producteur – la famille Vergniaud, à
Issigeac (commune voisine) – fait figure de
régional de l’étape !
Étincelles en avril 2008 et garde son maca-
ron en proposant une cuisine créative,
millimétrée, en permanente remise en
question. Ici, pas de carte, ni de menu ; le
chef s’exprime au gré de ses envies.
Si vous n’avez pas le courage de pousser
jusqu’à Sainte-Sabine, sachez que Vincent
Lucas a ouvert à Bergerac Le Repaire de
Savinien, où l’on découvrira une cuisine
plus abordable.
Un conseil : si vous trouvez porte close
aux Étincelles, séjournez à La Gentilhommière
A. Puget
(les chambres d’hôtes de l’établissement).
Vous aurez l’avantage d’être déjà sur place et
de profiter d’un joli cadre périgourdin. ◼
LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 105
 E nvies CAVISTES ET SOMMELIERS
par Pierrick Jégu PAROLES DE Laurent Briand
51 ans, Vino Vini, Séné (56)
CAVISTE
BRÈVES « Merci François, Philippe,
Nouvelle cave à Paris
Après la Cave du Sénat, le
Vincent et les autres… »
négociant bordelais Duval & Vos découvertes tous les copains de Loire de m’avoir appris
Blanchet a ouvert une deu- Le domaine à cultiver l’excellence : François Chidaine,
xième adresse parisienne près La Vigne Mouton Vincent Carême, Philippe Alliet, Étienne
de l’hôtel Meurice. Au menu (Mâcon-Bray). Le de Bonnaventure, Mark Angéli…
de cette élégante Cave des domaine Guyon Vos bonnes adresses du vin
D. R.

Tuileries, 600 références dont
tous les bordeaux rouges du
classement 1855 et une belle
verticale de bas-armagnacs.
• 232, rue de Rivoli, 75001
Paris. Tél. : 01 71 27 45 00
Taillevent in London
La célèbre institution française
exporte outre-Manche son
concept Les 110 de Taillevent.
L’un des points forts de cette
brasserie chic est sa carte des
vins pointue, et sa sélection
record de 110 vins au verre !
• 16, Cavendish Square,
W1G Londres.
Tél. : 00 44 20 314 16016
Demain à Saint-Étienne
Le site Demain Les Vins, dédié
à la vente privée de vins d’ex-
ception et au parrainage de
jeunes vignerons, a inauguré en
novembre une cave-bar à vins
à Saint-Étienne. 400 cuvées
hexagonales à la carte.
• 1 bis, cours Jovin-Bouchard,
42000 Saint-Étienne.
Tél. : 09 86 19 97 37
D. R.
pour l’esprit du La Tête en l’Air à Vannes, pour la savou-
pinot noir et l’âme de la Côte d’Or. Et la reuse cuisine de saison et la jolie carte des
Barthassade en Languedoc. vins, Le Domaine de Rochevilaine à Billiers,
Vos valeurs sûres Le Roscanvec à Vannes et Le Savary à
Le château La Baronne en Corbières, les
champagnes Agrapart, le Clos du Caillou à
Saint-Nazaire.
• Vino Vini : 14, route de Nantes,
Courthézon (vallée du Rhône), les profonds 56860 Vannes-Séné. Tél. : 02 97 47 57 23.
savennières du domaine aux Moines… et les • La Tête en l’Air : 43, rue de la Fontaine,
bourgognes du domaine Arlaud ! 56000 Vannes. Tél. : 02 97 67 31 13.
Votre croisade • Le Domaine de Rochevilaine : pointe de
Dénicher les vins sains et sincères, capables Penlan, 56190 Billiers. Tél. : 02 97 41 61 61.
de nous émouvoir. • Le Roscanvec : 17, rue des Halles,
Vos rencontres 56000 Vannes. Tél. : 02 97 47 15 96.
Ancien responsable du vignoble du château • Le Savary : 17, rue Bois-Savary,
de Chenonceau et maître de chai, je remercie 44600 Saint-Nazaire. Tél. : 02 56 89 00 55.
PAROLES DE Patrick Desmurs, 55 ans,
Restaurants Pierre Orsi et Cazenove de Pierre Orsi, Lyon (69)
SOMMELIER
« Goûtez aux roussillons
du domaine Rouaud »
Votre parcours Votre coup de cœur
Alsace, Dordogne, Un coup de foudre pour le domaine Rouaud
Bourgogne…
et deux restau-
(Roussillon). Jérôme et Sophie Rouaud
signent des cuvées magnifiques comme Têt
rants triplement blanc, Têt Pourpre, ou Essència Andante.

étoilés : Michel Vos bonnes adresses du vin

Allez David Biraud !
David Biraud, chef sommelier
du restaurant Sur mesure par
Thierry Marx au Mandarin
Oriental Paris, représentera
la France au concours du
Meilleur sommelier du monde
organisé en Argentine en avril.
Souhaitons-lui de succéder
à Olivier Poussier, dernier
“tricolore” sacré en 2000 !
Guérard à Eugénie-les-Bains et le Waterside
Inn des frères Roux, en Angleterre.
Votre philosophie
Défendre toutes les régions viticoles, guider
les clients vers la découverte, ne pas être pri-
sonnier du prestige de l’étiquette.
Votre plus grand souvenir de dégustation
Il y en a beaucoup… Par exemple, en 1990,
un cahors 1967 du Clos de Gamot dégusté
avec un camembert très évolué : un accord
magnifique, incroyable !
Vitton Vins, cave tenue par mon épouse à
Lyon (VIe), et le restaurant Le Canut et les
Gônes, à la Croix Rousse.
• Restaurant Pierre Orsi : 3, place Kléber,
69006 Lyon. Tél. : 04 78 89 57 68.
• Cazenove de Pierre Orsi : 75, rue Boileau,
69006 Lyon. Tél. : 04 78 89 82 92.
• Vitton Vins : 55, cours Vitton, 69006 Lyon.
Tél. : 04 78 89 60 52.
• Le Canut et les Gônes : 29, rue Belfort,
69004 Lyon. Tél. : 04 78 29 17 23.

106 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598

 Le premier centre français
WSET et Ecole du Vin
Paris - Lille - Lyon - Hong Kong
Cours et formations d’œnologie
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A onsommer avec modération.

Tous niveaux : de débutant à expert

Durée : 1 à 5 jours

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diplômantes Tél. 01 43 41 38 40

Salon Au Programme
,

32e
Tout au long du week-end, dégustation et vente des côtes du Rhône

desVins
septentrionales autour de 84 vignerons.

Vendredi 26 février 2016 (16h-21h : NOCTURNE )

Annonce des vainqueurs du concours « Prix du Crédit Agricole » des vins
CÔTES DU RHÔNE d’Appellation Hermitage et Crozes Hermitage
SEPTENTRIONALES
Samedi 27 février 2016 (9h30 – 19h)
10h : Inauguration du Salon en présence des parrains
Remise des diplômes du concours «Prix du Crédit Agricole» et intronisations

Dimanche 28 février 2016 (9h30 – 19h)

10h : Messe des vignerons à l’église de Tain l’Hermitage avec la participation
des différentes Confréries Bachiques.
Espace ROCHEGUDE

TAIN
Lundi 29 février 2016 (9h30-18h)

26 / 27
15h30 : Atelier à destination des professionnels de la gastronomie**
NOCTURNE

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.

Tout au long du week-end :

28 / 29
-Ateliers dégustation mets et vin* et un atelier truffe et vin*
-Ateliers vin/chocolat* en partenariat avec la Cité du Chocolat VALRHONA
L’HERMITAGE -Ateliers vin* animés par Christophe Santos
*Sur réservation et présentation du billet d’entrée
Drôme
février 2016
Espace Gastronomique
**Réservé aux professionnels de la restauration sur réservation

Prix d’entrée : 7€ avec un verre gravé du salon

VILLE DE
ORGANISATION :
Association Salon des Vins
Informations sur www.salondesvinsdetain.fr
Syndicat

TAIN L'HERMITAGE
de
lÕHermitage
de Tain l’Hermitage
Tél. 04 75 06 14 59
contact@salondesvinsdetain.fr
ou contact@salondesvinsdetain.fr
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L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, CONSOMMER AVEC MODÉRATION.
 E nvies CARTE SUR TABLE
LES DÉSERTEURS (PARIS XIe)
LE QG DES VINS ORANGES (ET D’AILLEURS)
D. R.
BRANCHÉ. Ce restaurant parisien surfe sur la vague des vins oranges, ces vins blancs vinifiés comme des rouges.
Tenté par des expériences inédites ? Courez rue
Trousseau pour étancher votre soif de découvertes !
par Raoul Salama
■■SON HISTOIRE poète. Où ça ? Aux Déserteurs,
« Monsieur le Président…préve- bien sûr !
nez vos gendarmes que je n’au- Le nom de ces traîtres de la
rai pas d’arme et qu’ils pourront toque et du taste-vin ? Daniel
dîner », aurait pu chanter le Baratier et Alexandre Céret. Ils
se sont rencontrés en 2008 à
Londres, au Greenhouse. Avec
chef Antonin Bonnet, ils rentrent
en France en 2012 et consti-
tuent l’épine dorsale de l’équipe
qui ouvre Le Sergent Recruteur
sur l’île Saint-Louis, à Paris.
L’étoile Michelin ne tarde pas à
briller. Mais fin 2013, Baratier
et Céret quittent Le Sergent
Recruteur pour inaugurer en
A. Puget / Vinalys
avril 2014 Les Déserteurs. Depuis
Le Sergent Recruteur a fermé,
tandis que Les Déserteurs ont le
ALEXANDRE CÉRET ET DANIEL BARATIER vent en poupe. De quoi ravir
(DEBOUT). L’âme des Déserteurs.
Boris Vian !
108 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598
■■DANS LA CAVE
En salle et en cave, c’est
Alexandre Céret qui officie. La
carte des vins est orientée vins
bio. Place est faite aussi aux vins
oranges : c’est tendance ! Mais
on note surtout une belle ouver-
ture sur les étiquettes étrangères
(50 sur les 300 de la carte).
Les vins du Jura, et dans une
moindre mesure de Savoie, sont
bien mis en valeur avec Julien
Labet, Ganevat, Overnoy,
Berlioz, Belluard… Comptez
entre 29 et 135 €. Courte mais
belle sélection de champagnes
(Jacques Lassaigne, Egly-Ouriet,
Vouette et Sorbée…), de bour-
gognes (Duband, Pataille,
Roulot…) et de vins de Loire
(Coulée de Serrant, domaine
des Roches Neuves, Jousset…).
Les bordeaux, en revanche,
pointent aux abonnés absents !
Remarquables vins au verre
entre 5,50 et 12,50 €.
■■DANS L’ASSIETTE
Excellente cuisine inventive, à
base de produits frais : bœuf
de Bazas bien maturé, géniale
grouse en saison, poissons
de Saint-Gilles… Les menus
offrent peu de choix, mais c’est
une garantie de fraîcheur et de
prix abordables.
■■L’ADDITION
Les bouteilles excèdent rare-
ment les 80 € et on peut se
faire plaisir pour bien moins.
Trois exemples : la mondeuse
2014 du domaine Giachino à
33 €, le chablis villages 2013
du domaine Pattes Loup à
36 € ou le kamptal grüner velt-
liner 2012 du domaine Schloss
Gobelsburg, un vin blanc autri-
chien à 42 €.
■■Y ALLER
Adresse : 46, rue Trousseau, 75011 Paris.
Tél. : 01 48 06 95 85. 24 places, réservation
impérative.
Ouverture hebdomadaire : du mardi soir
au samedi soir (les midis compris).
Fermeture annuelle  : une semaine en
février, une semaine en avril/mai, deux
semaines à Noël.
LA NOTATION
DE RAOUL SALAMA
17/20
L’ASSIETTE
Une étoile semble à portée de fourneau.
15/20
LE CHOIX DES VINS
Vins au verre nombreux et variés.
16/20
LES PRIX
Formule du déjeuner à 28 € (ou 35 €
avec un verre de vin, eau et café). Dîner
à 45 € (4 plats) ou 65 € (6 plats).

Jean-Pierre Chevallier
« À 10 ans, le Grand Clos fera
merveille avec un osso-buco »
par Florence Bal
Photos : F. Bal
F
ruit de la butte de Souzay
(49) sur les rives de la
Loire, Le Grand Clos
du château de Villeneuve se
révèle ample, équilibré, per-
sistant. Jean-Pierre Chevallier,
propriétaire de ce superbe
domaine ligérien à Saumur-
Champigny livre ses
conseils pour le déguster
de la meilleure manière.
Quels conseils pour
déguster ce vin ?
C’est un vin de garde.
Attendre au moins
cinq ans, idéalement
une dizaine d’années
pour le découvrir.
Doit-il être carafé ?
Il est bon de l’aé-
rer pour favoriser
(Saumur-Champigny)
l’expression des arômes, mais a
minima. Mettre le vin en carafe
une demi-heure avant le service
en le laissant couler de manière
très délicate et douce le long de
la paroi. Éviter toute violence
il ne s’agit pas de l’aérer éner-
giquement. Autre moyen de
procéder : déboucher simple-
ment la bouteille deux à quatre
heures avant le service.
Quels verres choisir ?
De grands verres fins, larges
et ouverts à la base, qui se
resserrent sur le buvant et
concentrent les arômes, comme
les Spiegelau Authentis.
À quelle température
faut-il le servir ?
À 14-15° C. Le vin conserve
ainsi son élégance et sa
CONSEILS DE VIGNERONS
JEAN-PIERRE
CHEVALLIER.
« Servez le très
grand millésime
1999 sur un coq au
vin ou une daube
de sanglier. »
fraîcheur. Une température
trop élevée l’alourdit et fait res-
sortir l’alcool. S’il est servi trop
frais, le froid resserre le vin et
durcit les tanins.
Quels mets choisir pour
l’accompagner ?
Il fera merveille avec des
viandes en sauce longuement
mijotées mais qui restent
simples, comme un bœuf bour-
guignon ou un osso-buco. Par
exemple, le très grand millé-
sime 1999, excellent à dégus-
ter aujourd’hui, se marie très
bien avec un coq au vin ou une
daube de sanglier. Les anciens
millésimes, avec ce côté truffé
des vieux cabernets, appellent
naturellement un accord déli-
cieux avec de la truffe fraîche,
coupée en lamelles. ◼
HISTOIRE
D’UN NOM
par Jérôme Baudouin
Ott : un Alsacien
parti au soleil
« Il cherchait le soleil »,
raconte Christian Ott à
propos de son arrière-grand-
père. Vers 1895, diplôme
d’ingénieur agronome en
poche, Marcel Ott quitte
Strasbourg, sa ville natale,
en quête d’un lieu où prati-
quer sa science. Il s’installe
au bord de la Méditerranée.
Après avoir longtemps
travaillé pour un domaine
viticole, il reprend en 1912
le château de Selle, à
Taradeau, qui produisait
surtout de l’huile d’olive et
des vers à soie, et le trans-
forme en un vaste domaine
viticole. En 1936, il reprend
le Clos Mireille, près du Fort
de Brégançon, et le remo-
dèle entièrement. Après la
Seconde Guerre mondiale,
il transmet l’ensemble à
ses enfants et petits-enfants,
qui achètent, en 1956,
le château Romassan à
Bandol. En 2004, la famille
Ott cède ses domaines à la
maison de champagne Louis
Roederer. Christian et Jean-
François Ott restent toutefois
actionnaires et conservent la
gérance des domaines Ott
(près de 280 ha de vignes).
D. R.
Acquis par la famille Ott en 1956,
Romassan a été agrandi au fil des ans.
LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 109
 Pan sur
le goulot
Des inexactitudes ■ Dans le portrait
se sont glissées dans de François Morinière
notre palmarès des
(n° 71), nous avons
200 personnalités du
vin (lire La RVF n° 597, intégré par erreur la
décembre 2015 / tonnellerie Radoux au
janvier 2016) : groupe Oeneo. Nom
d’une douelle ! cette
■ Dans notre portrait tonnellerie appartient
de Louis-Fabrice Latour en fait au groupe TFF
(n° 16), nous indiquions (Tonnellerie François
qu’il était le seul Frères), dirigé par
membre de la dynastie Jérôme François (n° 74),
familiale à travailler pour comme mentionné dans
la maison bourguignonne le portrait de ce dernier.
Louis Latour. Son cousin ■ Quant à Jean-Pierre
Charles Maurisset- Cayard (n° 79), il ne
Latour, à la tête d’une dirige pas wineandco.
des entités du groupe, com, ce site de vente en
le domaine de ligne étant piloté d’une
Valmoissine, dans le Var, main sûre par Bernard
avait échappé à nos Le Marois. M. Cayard
limiers. Louis-Fabrice est en réalité le
Latour est bien le co-actionnaire du site.
président du groupe
LA REVUE DU VIN DE FRANCE

CHAMPAGNE
familial et de l’ensemble 50 bruts pour No‘l
Les plus belles maisons
de ses filiales.
BORDEAUX : L’ART
■ Philippe Faure-Brac DE BIEN VIEILLIR
LÕ intŽgrale des 2006
Ceux quÕil faut boire
(n° 18) a remporté Ceux quÕil faut garder
Les grands mŽdocs
ˆ 20 ans dÕ‰ge
son titre de Meilleur Comment bien les servir

ALAIN DUTOURNIER

sommelier du monde Le cuisinier

amoureux du vin
POIRE, FRAMBOISE
MIRABELLE

en 1992 et non en L’éclat retrouvé

des eaux-de-vie de fruits
Caviar et champagne
Trois accords de f•tes

1990. Sacré au Brésil, LES 200

43 PAGES

Vignerons,
négociants, VOYAGE DANS
cavistes,
banquiers,
LA FRANCE
PERSONNALITÉS DU VIN politiques... QUI RÉUSSIT
il est devenu pour
tous ses amis
“l’Homme de Rio”.

110 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598


par Michel Dovaz
L’INCONTOURNABLE DU MOIS
L’éloge de l’ivresse
Une merveilleuse odyssée
linguistique consacrée à l’ivresse
A
lain Rey est l’un des hommes les
plus connus de France, au même
titre que Pierre Larousse ou Émile
Littré. Les dictionnaires Le Robert,
c’est lui. Il est lexicologue, linguiste, sémiologue,
philosophe du langage et auteur prolifique. Il
publie aux Éditions Robert Laffont 350 pages
consacrées à l’ivresse : De l’alcool à l’extase, un
voyage à travers les arts et les lettres.
L’ivresse est multiple : grossière, vicieuse, ani-
male, détestable, mais aussi mystique, sacrée,
céleste, libératrice. Les mythes bachiques,
Platon, les Romains, la
◼ Grossière, Bible, le Coran, l’usage
des céréales, des psy-
vicieuse ou chotropes, il faut tout
sacrée ! ◼ lire et savourer les élé-
gantes calligraphies
de Metoui (abstème !) qui a été engagé par
Larrivet Haut-Brion pour décorer des coffrets
contenant des bouteilles de ce cru bien connu
de Pessac-Léognan. ■
■ Pourvu qu’on ait l’ivresse
Alain Rey et Lassaâd Metoui, 20 x 28, 350 p., 30 €,
Éditions Robert Laffont
LES LIVRES DU MOIS
FRISSONS. Le panthéon d’un sommelier
Directeur du restaurant et de la cave du Cinq de l’Hôtel
George V, Éric Beaumard est un sommelier à la carrière pres-
tigieuse. Dans un fort volume, il publie les souvenirs que lui
ont laissé les 75 vins « qui ont marqué son existence ». 75 vins
différents, mais 75 verticales de cinq ou dix millésimes, avec
en plus l’histoire des domaines et de leurs propriétaires. Sans
parler des bières, des cidres et autres eaux-de-vie. Un livre qui
donne soif, notamment grâce aux très belles photos de Fabrice Leseigneur ! ■
■ Les Vins de ma Vie
Éric Beaumard, 17 x 23, 576 p., 39,90 €, Éditions de La Martinière
DÉCO. Les Graves vus de l’intérieur
Dans cette collection de “beaux livres”, d’autres titres
ont été publiés : Saint-Émilion, Sauternes, Cognac et
Armagnac. Alain Juppé, auteur de la préface, définit le
propos : le livre s’adresse aux amateurs de vins mais aussi
aux amoureux du patrimoine. Les photos sont superbes
mais les textes sont légérissimes. Sur la vigne et le vin,
peu de chose ; quant à l’histoire, service minimum. ■
■ Bordeaux Collection, Crus classés de Graves et châteaux
de Pessac-Léognan
Daniel Rey et Geneviève Jamin, 30 x 30, 320 p., 65 €, Les Éditions d’Autils
WHISKIES. Trois
ouvrages d’un haut
degré d’érudition
Ian Buxton a aussi publié chez
le même éditeur 101 whiskies.
Ce nouveau volume est plus
riche et international. Clair, pratique, le livre de Dave Broom avait été publié il
y a quatre ans, cette édition est actualisée et augmentée de nombreuses cartes.
300 crus différents y sont commentés. Salvatore Mannino, avec la complicité de
La Maison du Whisky, va à l’essentiel dans son très fiable guide de l’expert. ■
■ Passion Whisky. Ian Buxton, 23 x 20, 240 p., 24 €, Dunod
■ Atlas mondial du whisky. Dave Broom, 23 x 29, 336 p., 35 €, Flammarion
■ Whisky, le guide de l’expert. Salvatore Mannino, 12 x 25, 128 p., 12,90 €, Flammarion
BIO. Derenoncourt, le vin comme une tournée rock
Claire Brosse fut durant cinq ans rédactrice en chef de
L’Amateur de Bordeaux, autant dire que le Bordelais et les
Bordelais n’ont pas de secrets pour elle. Mais Stéphane
Derenoncourt, né à Dunkerque, n’arrive dans le Bordelais
qu’à 20 ans (environ), le reste se lit comme un roman ou
comme un conte de fées. La destinée de ce surdoué décon-
tracté, amateur de blues et de rock, est unique. Le récit très
réussi d’un quotidien finalement assez peu bordelais ! ■
■ Wine on Tour
Claire Brosse, (30 x 30), 170 p., 32 €. La Fabrique de l’épure
LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 111
 E nvies LA BOUTEILLE SECRÈTE
LA BOUTEILLE
QU’IL FALLAIT DÉCOUVRIR
EN DÉCEMBRE / JANVIER
Concours : gagnez du vin
Muscat de
Beaumes-de-Venise AVEC LA RVF ET CHEF & SOMMELIER
Domaine Saint-Roch
Quinze ans de secrets partagés !
E
t voici une nouvelle année qui ci-dessous et envoyez votre réponse
commence pour notre jeu de (avec vos nom, prénom, adresse,
la Bouteille secrète. Quinze numéro de téléphone et date de nais-
ans déjà que nous vous faisons gagner sance) par e-mail à l’adresse suivante :
cinq caisses d’un grand vin hexagonal bouteillesecretervf@yahoo.fr
Famille
Meissonnier à chaque tirage. La liste des gagnants Dès le 6 février, suivez les résultats sur
est longue comme un jour sans pain ! notre forum consacré à ce jeu.
D. R.

Il ne tient qu’à vous de la prolonger Bonne chance à tous et excellente

en inscrivant votre nom au palma- année 2016 !
O n compte déjà seize géné-
rations de Meissonnier
à B e a u m e s - d e - Ve n i s e .
rès. Pour cela, déchiffrez l’énigme Philippe de Cantenac

C’est le grand-père, Maxime

Meissonnier, qui planta de la
vigne à la fin des années  50.
Puis Jean-Louis, son fils, conti-
nua en agrandissant la pro-
priété sur les appellations
voisines : Vacqueyras et Côtes
du Ventoux.  LE PRINCIPE DU CONCOURS : se distraire tout en testant ses connaissances, voilà l’esprit de “La bouteille secrète”, le concours proposé par La RVF,
Aujourd’hui, Stéphanie et
Stéphane ont voulu maîtriser la
chaîne complète de la viticul-
ture en créant leur cave dénom-
mée Domaine Saint Roch, qui
s’étend sur 45 hectares. Dont
5  hectares de Beaumes-de-
Venise. La production est
conduite en agriculture raison-
née dans un souci de respect
de l’environnement.
Le muscat à petits grains
donne un vin à la robe or clair,
avec un nez de fruits exotiques,
une bouche gourmande et
fraîche. Cette bouteille accom-
pagnera à merveille un foie gras
ou une salade de fruits frais.
La nouvelle énigme :
■ « Tu es vraiment Brilliant à la nage et tu veux épater la galerie ?
Alors, viens me chercher au cœur de mon château de 65 hectares
qui porte le nom de sa commune. Six for Roger. »
en collaboration avec Chef & Sommelier. Comment participer ? À partir des indices présentés, tentez d’identifier notre ”bouteille mystère“. Rédigez lisiblement votre réponse
(nom de l’appellation, du producteur, du domaine et millésime) sur le coupon-réponse ci-dessous (ou bien sur papier libre) ou par mail, en précisant vos nom et prénom, votre
date de naissance et votre adresse, qui fera office d’adresse de livraison. Âge minimum pour participer : 18 ans. Attention : pour être prise en compte, votre réponse doit être
adressée au plus tard le 5 février 2016, le cachet de La Poste faisant foi. Un tirage au sort, effectué par Maître Montoya, huissier de justice à Voiron, parmi les bonnes réponses
reçues dans les délais, déterminera un maximum de cinq gagnants. Ce jeu est gratuit et sans obligation d’achat. Que gagne-t-on ? Chaque mois, cinq caisses de douze bouteilles
du vin mystère sont en jeu et attribués aux cinq gagnants tirés au sort. Répartition des lots : une caisse de douze bouteilles pour chacun des cinq gagnants. Quand seront
communiqués les résultats ? Le nom de la bouteille secrète, son vigneron et la liste des gagnants seront publiés dans le prochain numéro de La RVF. Les gagnants tirés au sort
devant huissier, parmi ceux ayant trouvé la bonne réponse, recevront directement la caisse de douze bouteilles du vin mystère. À vous de jouer !
Le règlement du concours est disponible sur simple demande par courrier à l’adresse suivante :
Concours La RVF “La bouteille secrète”, BP 126, 38504 Voiron cedex. Frais d’expédition des courriers-réponses remboursables au tarif en vigueur sur simple
demande par courrier à l’adresse suivante : La Revue du vin de France, 43/47, rue du Gouverneur-Général-Félix-Éboué, 92137 Issy-les-Moulineaux cedex.
•
Bulletin de participation
à retourner au plus tard le 5 février 2016
à Concours RVF, La bouteille secrète, BP 126, 38504 Voiron cedex.
Votre réponse (appellation, château, domaine, nom de cuvée, millésime) :
Nom : Prénom :
Date de naissance : Adresse :
Code postal : Ville :

Les gagnants du mois de novembre

Jean-Claude Desbrières, 71390 Buxy Roger Barthélémy, 18230 Saint-Doulchard Alain Descamps,
33000 Bordeaux Michel Gratioulet, 91440 Bures-sur-Yvette
■ Ils gagnent une caisse de languedoc Grés de Montpellier Cinarca 2013 du Mas de Martin

112 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598

 E nvies
CHAMPIONNAT DE FRANCE DE DÉGUSTATION AVEC

Par Philippe de Cantenac

Les Belges remettent

le couvert à Colmar
Le duo belge Olivier Rotiers et Philippe Berger a remportŽ haut la main la premi•re Žpreuve
du championnat 2016 en Alsace. Leurs concurrents ont intŽr•t ˆ sÕentra”ner sŽrieusement !

éjà vainqueur du champion-

D nat en 2015 à l’occasion d’une

grande finale chez Chapoutier,
voilà qu’Olivier Rotiers, associé
cette saison à Philippe Berger, écrase la
concurrence lors de la première épreuve
du championnat 2016. C’est dans le
cadre superbe du Conseil interpro-
fessionnel des vins d’Alsace (Civa) à
Colmar que 60 équipes ont disputé
cette première épreuve qualificative
pour la finale 2016 qui se déroulera
au château Angélus. Et déjà les favo-
ris ont pris date en trustant les pre-
mières places. Malgré quelques pièges,
les dégustateurs ont réalisé d’excel-
lents scores. Un grand merci au Civa
et aux producteurs qui ont participé à
cette épreuve avec un petit clin d’œil
à Véronique et René Muré. Prochain

D. R.
rendez-vous le 12 mars 2016 au châ-
teau Sainte Roseline, aux Arcs (83). ◼ Les qualifiés en compagnie du
sommelier du championnat Bernard
Inscriptions et renseignements : Nauer (derrière à droite) et de
championnat.degustation.rvf@gmail.com Philipe de Cantenac (au fond,
à la droite du sommelier).

Les vins dégustés : champagne brut rosé Cuvée 225 2006, Nicolas
Feuillatte • sancerre blanc Château de Fontaine-Audon 2014, Langlois-Château LE CLASSEMENT
• alsace grand cru riesling Kirchberg de Ribeauvillé 2013, Henri Fuchs 1ers : Olivier Rotiers et Philippe Berger
• IGP de l’Aude Morillon Blanc 2014, Jeff Carrel • alsace pinot noir Clos Saint
Landelin 2013, René Muré • beaune 1  cru Clos du Roi 2011, domaine Chanson
er
2e : Christel et Stéphane Pierrel
• saint-émilion grand cru 2012, Château Guadet • faugères Inverso 2012, 3e : Didier Frayssou et Francis Griffe
château des Estanilles • côtes-de-provence Villars-sur-Var 2013, Clos Saint-
Joseph • côtes-de-provence Confidentielle 2011, domaine Saint André de 4e : Éric Baijot et André Berenger
Figuière • alsace grand cru gewurztraminer Eichberg 2011, Philippe Zinck
5e : Mei Hong et Norbert Puzenat
• muscat de Beaumes-de-Venise 2014, domaine de Fenouillet.

LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 113

Planète vin Petites et grandes histoires autour du vin

vin&PERSONNALITÉS

Le Bourguignon
Louis-Fabrice Latour
rêve en Beaujolais

T
oujours bonhomme et diplo-
mate, Louis-Fabrice Latour,
51 ans, héritier de la maison
Louis Latour (Côte-d’Or),
hésite un instant à répondre
sur un sujet qui lui tient à cœur : « Les
conditions pour réussir sont moins évidentes
qu’il y a un an mais, oui, nous voulons tou-
jours parvenir à rapprocher les vignerons de
Bourgogne et du Beaujolais au sein d’une
même interprofession », admet ce per-
moulin-à-vent qu’il “pinote”
après quelques années de bou-
teille ? Louis-Fabrice Latour fait
partie des piliers qui appellent à
la réunification, un projet mûri
qui se trouve aujourd’hui ralenti
par la sécession des “crus” d’avec
les beaujolais courants (lire
La RVF n° 589, mars 2015).
Ce Bourguignon de grande
maison estime que le poten-

sonnage qui compte dans l’élite du vin
français. L’homme est à la fois président
délégué du Bureau interprofessionnel des
vins de Bourgogne et l’inamovible vice-
président de la Fédération des exporta-
teurs de vins et spiritueux de France.
Bourgogne et Beaujolais, deux vignobles
que tout oppose aujourd’hui, furent autre-
fois une seule et même entité viticole. Non
pour des raisons administratives, mais
pour la meilleure des raisons, celle d’un
goût cousin ; ne dit-on pas encore d’un
tiel du Beaujolais est exception-
nel. Louis Latour a d’ailleurs investi dans
la maison Henry Fessy. Surtout, Louis-
Fabrice s’est lancé dans la production
de pinot noir dans la région des Pierres
Dorées : « Nous sommes aux portes de Lyon,
y faire du pinot noir, c’est une révolution ! »,
savoure-t-il alors que ses 24 000 premières
bouteilles seront commercialisées au prin-
temps. Le nom de cette nouvelle cuvée
produite sur une vingtaine d’hectares :
Pinot noir des Terres Dorées. Le vigneron
D. R.
RETOUR VERS LE FUTUR.
Partisan de la réunification de la Bourgogne
et du Beaujolais, Louis-Fabrice Latour convertit
la région des Pierres Dorées au pinot noir.
et ses équipes jugent que la base argilo-cal-
caire du sud-Beaujolais rend ce terroir très
similaire à celui de la Bourgogne. « Vendre
du beaujolais reste difficile, mais les lignes
bougent », assure Louis-Fabrice Latour tout
en rêvant à son beaujolais du futur. ■

l’idée Le premier caviste garanti sans pesticides est nŽ !

Un e-caviste pour le moins original s’est fait connaître avant Vaste projet mais l’équipe s’est donné les moyens de son
Noël : Vins & santé, c’est son nom, ambitionne de s’imposer concept : les cuvées commercialisées sont dégustées chez
comme le premier marchand de vin en ligne à ne proposer le vigneron, puis analysées en laboratoire avant d’être com-
que des vins « sains », comprendre : sans aucun pesticide. mercialisées par correspondance (www.vins-et-sante.com).

114 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598


vin&AFFAIRES
Marchés étrangers
Nos vins du Sud écrasent
ceux du Nouveau Monde
Nos provences, rhônes
et autres languedocs
dominent la concurrence
à l’export. Grâce aux rosés,
mais pas seulement.
L
es vignerons méridionaux peuvent
garder le sourire. Selon la der-
nière étude de Vinisud, leur grand
salon annuel (15-17 février 2016
à Montpellier), les quatre grandes régions
du Sud réalisent de véritables performances
tant en volume qu’en valeur.
Languedoc-Roussillon, Provence-
Corse, vallée du Rhône et Sud-Ouest (hors
Bordeaux) ont ainsi vu leur chiffre d’af-
faires export bondir de 58 % entre 2010
et 2014, atteignant 1,47 milliard d’eu-
ros. Un chiffre qui frôle désormais celui
du vignoble bordelais, grande puissance
exportatrice traditionnelle, aujourd’hui
en fort recul avec le dégonflement de la
bulle chinoise, qui culmine dorénavant à
1,8 milliard d’euros.
L’échappée belle à l’export
des vins du Languedoc et du Rhône
Chiffre d’affaires à l’export des vignobles méridionaux entre 2010 et 2014 (en millions d’euros)
XXXXX
Par Benoist Simmat
R. Grman
L’HISTOIRE
Liber Pater frappé
par la jalousie
Si nos vins du Sud réussissent cette per- et la lâcheté.
formance, c’est qu’ils se situent dans la dyna-
mique du grand vignoble méditerranéen,
qui est en train d’en remontrer au Nouveau
Monde. Les responsables de Vinisud bran-
dissent leurs calculs fondés sur les statis-
tiques de l’OIV : les quatre principaux
pays producteurs méditerranéens – France,
Espagne, Italie et Portugal – représentent
aujourd’hui 63 % de la valeur des échanges
de vins de la planète, soit 16 milliards d’eu-
D. R.
ros de ventes, contre moins de 6 milliards CÉPAGES RARES. Les vignes de Loïc Pasquet
pour la bande Chili, Australie, États-Unis, dans les Graves ont été sectionnées.
Nouvelle-Zélande, Argentine… Mais qui peut lui en vouloir à ce point ?
Rassurant, alors qu’on nous répète que
S
les vins français sont inadaptés à la com- es castets et tarnais coulant,
pétition mondiale. Autre signal fort d’une cépages oubliés du Bordelais,
indéniable réussite : sur la même période ont été décapités par des jaloux
2010-2014, le prix moyen d’une bouteille anonymes. Loïc Pasquet, le créateur
de Provence est passé de 2,98 à 3,80 €. du minuscule domaine Liber Pater,
Évidemment, le succès des rosés explique (2,75 ha), à Landiras, dans les Graves,
en grande partie ces bonnes nouvelles. Mais ne digère pas cet acte de vandalisme.
nos vins du Sud sont aussi devenus excel- Le vigneron bio de 39 ans, père d’une
lents en termes de rapport qualité/prix. La ambitieuse gamme de vins très rares, avait
concurrence n’a qu’à bien se tenir ! ■ replanté ces cépages oubliés avec l’aide
de l’Inra de Bordeaux en 2010. La vigne
venait de produire sa première récolte
lorsque le 11 novembre 2015, il découvre
que des malfaisants ont sectionné « entre
300 et 500 pieds » de ses cépages rares. Le
motif est sans doute la jalousie que sus-
cite le vigneron ayant réussi à créer des
cuvées qu’il ne produit que les grandes
années, et qu’il vend plus de 1 000 € la
bouteille. « Ceux qui ont fait cela savaient
très bien comment opérer. Voici trois ans,
on avait déjà versé de l’herbicide dans
mon puits », raconte Loïc Pasquet, qui
Source : Douanes et Interprofession
ne peut compter sur aucune assurance
pour être dédommagé.
Maigre consolation, Daniel Cathiard
(Smith Haut Lafitte), victime d’un pré-
judice similaire, lui a confirmé que les
pieds sectionnés pouvaient repartir. ■
LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 115
 L e carnet d’adresses
ALSACE BOURGOGNE
Sal
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©Bruno Mathieu

Le cheval Morny à l’ouvrage dans le Grand Cru Kessler

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BOURGOGNE BOURGOGNE

BOURGOGNE BOURGOGNE

116 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598

L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. Consommer avec modération.

art&ENCHÈRES
La vigne, un thème cher
aux artistes coréens
L
’année France-
Corée 2015-2016
célèbre en beauté
les 130 ans de rela-
tions diplomatiques entre
les deux pays. Le public
découvre, au Musée Guimet
à Paris et dans bien d’autres
villes, la richesse ancestrale et
contemporaine des arts du
“Pays du matin calme”.
Étonnante surprise que
de pouvoir y contempler de
nombreuses représentations
de sarments de vignes et de
grappes de raisins, plus vrais
que nature, sujets de décors
d’antiques rouleaux ou pan-
neaux de papiers de soie, élé-
ments centraux de dessins à
l’encre ou simples pourtours d’estampes naïve-
ment colorées. Pour les artistes coréens d’hier et
d’aujourd’hui, la vigne est un thème fédérateur.
Les prix grimpent !
Longtemps chasse gardée des seuls collec-
tionneurs ou voyageurs lointains, cette civi-
lisation asiatique séduit un nouveau public
et cela n’a pas échappé aux commissaires-pri-
seurs. Depuis dix ans, les prix des céramiques
et œuvres picturales coréennes ne cessent de
grimper. Particulièrement celles présentant des
paysages naturels ou de simples éléments du
règne végétal, dont la feuille de vigne et la
grappe de raisin.
En juin 2015, l’étude de maître Le Fur à
Paris offrait l’occasion d’acquérir un très joli
paravent signé à quatre feuilles de la période
Joseon (1392-1897) pour 2 500 €, un prix
encore raisonnable. Bien que présentant
quelques petits accidents, le décor peint de
fleurs de lotus et de vignes grimpantes lui fit
trouver aisément acquéreur.
R. Grman
Par Corinne Lefort
Pampres chargés
de grappes de raisin
Rouleau vertical coréen,
encre sur papier.
128 x 63 cm, signé et
sceau de Zihu Liu Yong,
daté 1910.
Estimation Claude
Aguttes (nov. 2011) :
800 - 1 200 €
La vigne n’est pas en reste
dans l’art contemporain
coréen. Le motif Hwajodo
D. R.
(fleurs et oiseaux) est cher
aux Coréens eux-mêmes.
Plantes et animaux de toutes sortes y coha-
bitent harmonieusement. Vignes, pruniers,
pêchers en fleurs, pins s’allient avec faisans,
canards, grues, papillons, abeilles et carpes.
Le peintre Kim Yongjin (1882-1968) en avait
fait un point d’identité. Le prix de ses œuvres
dépasse aujourd’hui les 1 500 dollars.
Une question demeure, pourquoi la perma-
nence d’un tel intérêt culturel pour la vigne ?
Selon les historiens, la description écrite et
artistique de la vigne sur la péninsule remon-
terait au XVIIe siècle, sous l’influence de
manuels émis par les jésuites installés alors
en Chine et au Japon. Tandis que la pre-
mière introduction de vin de raisin aurait eu
lieu entre les XIIIe et XIVe siècles, à l’époque
de l’Empire mongol. Boisson élitiste, le vin
inspira poètes et artistes. À noter, la viticul-
ture présente aujourd’hui en Corée du Sud
aurait été introduite en 1901 à Ansong, au
sud de Séoul, par le père Antoine Gombert,
des Missions étrangères de Paris. Paris-Séoul
2016, la boucle est ainsi bouclée. ■
LE CONSEIL
DU JURISTE
Cépages
sur l’étiquette :
le casse-tête
C
hacun le constate tous
les jours, la mention des
cépages n’est pas obligatoire
sur l’étiquetage des vins. Toutefois,
le producteur qui souhaite indiquer
quels cépages entrent dans l’assem-
blage de son vin doit respecter des
règles précises.
Si un seul cépage est mentionné,
il doit représenter au moins 85 %
de l’assemblage. En revanche, pour
plusieurs cépages, la règle relève
du casse-tête.
En effet, la réglementation
européenne exige que les cépages
indiqués totalisent 100 % de
l’assemblage du vin. Mais le droit
français prévoit une restriction
à cette règle, à savoir que si un
cépage représente moins de 15 %
de l’assemblage total, il ne doit pas
être mentionné sur l’étiquetage.
Prenons l’exemple d’un vin fran-
çais issu à 45 % de merlot, 45 %
de cabernet-sauvignon et 10 % de
cabernet franc. Le cabernet franc
ne peut pas apparaître sur l’étique-
tage : seuls peuvent figurer merlot
et cabernet-sauvignon. Cette règle
a pour but d’éviter qu’un cépage
minoritaire, représentant une part
infime de l’assemblage du vin, soit
mis en valeur sur l’étiquette alors
qu’il apporte peu au final.
C’est parfois regrettable, car
14 % de cabernet franc dans un
saint-émilion, par exemple, est une
typicité qui mérite d’être indiquée
à l’amateur. ■
Jean-Baptiste
Thial de Bordenave
Directeur du
département LexWine
au cabinet
G. Charneau
Inlex IP Expertise
LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 117
éco&ENCHÈRES Par Angélique
de Lencquesaing
Spécialiste des enchères

R. Grman
iDealwine

Millésime 1990
La nouvelle icône des enchères
Le millésime 1990 s’arrache dans toutes
les régions ! Sauternes et champagnes Les ventes de vins continuent de progresser
ont aussi fait des étincelles. 1200

T
outes régions confondues, le succès des vins de 1990 1150
12,30 %
établit ce millésime comme “la” nouvelle référence 11,30 %
des ventes aux enchères. Sur les années plus récentes, 1100

et dans un marché qui entamait son sprint final avant la fin

de l’exercice (+ 10,84 % pour l’indice WineDex d’iDea- 1050

lwine à fin novembre 2015), on notait parmi les premiers

crus de Bordeaux un rattrapage des prix des “petits” mil- 1000

lésimes (1999, 2002). Bonne tenue également du 2005,

notamment sur la Rive droite (Ausone : 1 380 €, + 12 %, 950

Troplong-Mondot : 184 €, + 14 %). Fin d’année oblige, nov - 14 déc - 14 janv.-15 févr.-15 mars-15 avr.-15 mai-15 juin-15 juil.-15 août-15 sept - 15 oct - 15 nov - 15

CAC40 WineDex 100

à Sauternes, les millésimes anciens ont fait des étincelles
(Yquem 1958 : 840 €, + 25 %). ◾ Mis au point en 2007 par iDealwine, l’indice WineDex synthétise les résultats des ventes aux enchères de cuvées phares de Bordeaux (40 crus),
En Bourgogne, le domaine Armand Rousseau reste au Bourgogne (40 crus) et vallée du Rhône (25 crus), sur dix millésimes. L’indice WineDex 100 exprime la moyenne de toutes ces données.

sommet avec une nouvelle flambée de cours, y compris sur

les millésimes récents. Dans le Rhône, le succès du domaine Grand succès du millésime 1990
Jamet ne se dément pas (côte-rôtie Côte Brune 1983 : 426 €). - Château Margaux : 792 € (+ 26 %)
En Loire, les enchères sont désormais mondiales sur le Clos - Clos Rougeard, saumur-champigny Le Bourg : 528 € (+ 35 %)
Rougeard (324 € pour un rare coteaux-de-saumur 1989). En - Jaboulet, hermitage La Chapelle : 480 € (+ 14 %)
- Henri Bonneau, châteauneuf-du-pape Cuvée spéciale :
Champagne, deux maisons se distinguaient en fin d’année : 534 € (+ 12 %)
Taittinger, dont la cuvée Comtes de Champagne est en forte
D. R.

Paris, novembre 2015 (International Wine Auction)

hausse, et Selosse, recherché tant pour les cuvées millésimées
que pour les lieux-dits. À l’étranger, succès de Vega Sicilia Belles enchères relevées ces derniers mois
(Espagne) et Opus One (États-Unis). ■ Prix Prix Cote Variation/
d’adjudication d’adjudication iDealwine cote
du lot unitaire 30/11/2015 iDealwine

Dernières ventes marquantes Chambertin Clos de Bèze 1990,

Armand Rousseau, 6 bouteilles 9 824 € 1 637 € 1 590 € + 3 %
Paris (5-6/11/2015, Artcurial)
■ La cote de Château-Grillet : 2000 : 132 €
(+ 39 %), 2002 : 120 € (+ 32 %), 2003 : 120 € (+ 7 %), La Tâche 1990, domaine de
la Romanée-Conti, 2 bouteilles
2004 : 120 € (+ 46 %), 2005 : 144 € (+ 18 %), 2006 : 138 € Paris (25/11/2015, Tajan) 7 000 € 3 500 € 3 405 € + 3 %
(+ 68 %), 2008 : 120 € (+ 56 %), 2009 : 136 € (+ 100 %).
■ Selosse plébiscité : Millésime Blanc de blancs Château Latour 1999
12 bouteilles
Extra-Brut 2002 : 480 € (+ 8 %), Les Carelles Grand cru Paris (25/11/2015, IWA Auction) 4 800 € 400 € 344 € + 16 %
Blanc de blancs : 264 €, Ambonnay Le Bout du Clos Château d’Yquem 1947
Blanc de blancs : 240 €, et Aÿ Sous le Mont : 240 €, 1 bouteille
Sous le Mont : 228 €. Cannes (31/10/2015, Besch) 2 067 € 2 067 € 1 658 € + 25 %
■ Rare whisky japonais : Karuizawa 27 ans Champagne Bollinger Vieilles
multivintage 1981-1982-1983-1984, 3 000 €. vignes françaises 1979, 1 bouteille
Villefranche (10/10/2015, Guillaumot) 1 920 € 1 920 € 750 € + 156 %

LE CALENDRIER DES VENTES : 28/01/2016 : Paris, Tajan ◼ 30/01/2016 : Villefranche, Guillaumot-Richard

◼ 10/02/2016 : Paris, International Wine Auction ◼ 24/02/2016 : Lyon, Aguttes ◼ 24/02/2016 : Paris, International www.idealwine.com : les plus belles
Wine Auction. ventes aux enchères de vins
et la cote de 60 000 références.

118 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598

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EXPERT EN VINS & ALCOOLS Vente aux enchères publiques

M. CLAUDE MARATIER
Tél. 01 55 12 01 62 - Fax 01 42 3 34 4 de Grands vins et Spiritueux
Mail : maratier@aol.com
Site internet : www.claudemaratier.com
Février 2016
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d’experts de La RVF
à 10h et 14h à Amiens
Palais Brongniart - 2e Importante vente aux enchères
de Grands Vins
Environ 6 000 btles dont 150 caisses
de crus classés de Bordeaux
Plusieurs caisses d’assortiments de la DRC
10 ÈME et autres grands vins de bourgogne
ÉDITION Catalogue évolutif sur www.cabinex.eu
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de vins des grands domaines
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 auto&VINTAGE Par Philippe Genet

R. Grman
Emmanuel, Sylvie et Corentin Tassin Champagne Tassin (Celles-sur-Ource)
Ils ont contracté le virus Audi
AUDI 100
COUPÉ S
Année : 1972

Cote
en 2016 :
8 500 €
(+ 110 % en 20 ans)

Pour les 20 ans de leur fils

Corentin, Sylvie et Emmanuel
Tassin lui ont offert ce racé
coupé S Audi de 1972.
P. Genet

E
nlevez-lui les 4 anneaux de sa
calandre et vous pourriez la
prendre pour un coupé ita-
lien ! Superbe, cette Audi 100
coupé S de 1972 (1 871 cm3,
112 ch, 183 km/h) marqua le renou-
veau de la marque ressuscitée en 1965 par
Volkswagen. Et surtout par Ferdinand Piëch
(petit-fils de Ferdinand Porsche, également
créateur de la Cox Volkswagen) quand il
entra chez Audi en 1972 après avoir conçu
les Porsche victorieuses au Mans. « L’homme
qui a de l’essence dans les veines » révolutionna
la marque avec ses fameuses Audi Quattro
qui raflèrent victoire sur victoire en rallye.
À l’époque, à Celles-sur-Ource dans
l’Aube, le jeune Emmanuel Tassin, fils
d’un producteur de champagne, fut subju-
gué par ces voitures phénoménales. « Cette
passion, je l’ai transmise à mon fils et lui ai
déniché ce coupé pour ses 20 ans. » Car chez
les Tassin, le virus automobile fait aussi
partie des gênes. Dans le garage s’alignent
Peugeot 202, Renault Caravelle, Simca
P60… La conduite du vignoble reste tou-
tefois primordiale, surtout depuis la crise
de 1929 qui vit la faillite du négoce cham-
penois et incita le grand-père à vinifier lui-
même ses vins pour les vendre sous son
propre nom. « Aujourd’hui, une partie de
nos vignes constituée de très rares pinots blancs,
âgés de 60 ans, confère une touche d’agrumes
originale à notre champagne. » ■

PASSION D’AUJOURD’HUI COUPÉ AUDI TT S

LES PLUS : phares LED avec

A
u régime le nouveau
coupé TT : 50 kg de moins
grâce à un châssis et
une carrosserie en aluminium !
Du coup, il gagne en vélocité
et en tenue de route avec ses
4 roues motrices. Le tout dans un
cockpit sport et high-tech avec le
réglage automatique anti-
éblouissement, accélérations
plus brutales qu’une Porsche
Cayman 3,4 l, finitions, sellerie,
grand coffre à hayon de 305 l.
LES MOINS : places arrières,
suspension raide, redondance
D. R.

premier tableau de bord virtuel de données affichées sur le

qui s’affiche au choix devant le
volant (GPS en 3 D, par exemple).
Cylindrée : 4 cyl. 2 l turbo. Puissance : 310 ch/20 CV. 0 à 100 km/h : 4,6 s.
combiné virtuel, et mauvaise
Vitesse maxi : 250 km/h. Consommation : 8,6 l/100 km. CO2 : 164 g/km.
hiérarchie visuelle des chiffres.
Malus : 2 200 €. Prix : 55 800 €.

LA RVF n° 598 - FÉVRIER 2016 ■ 121

CÕest comme •a
et pas autrement
FLUX ET REFLUX
CHEZ ROELLINGER
«
T
out a changé en Bretagne, hors
les vagues qui changent tou-
jours », écrit Chateaubriand
dans Vie de Rancé. Une
phrase qui se vérifie sans cesse. Trois
étoiles Michelin en 2006, La Maison de
Bricourt d’Olivier Roellinger a fermé ses
portes en 2008. Il n’y a plus de tables nap-
pées dans la véranda qui donne sur le jar-
din et plus de canards qui barbotent dans
la mare. C’est au restaurant Le Coquillage,
sur la route du Mont Saint-Michel, que
se perpétue désormais l’aventure. Hugo
Roellinger, le fils du chef, vient d’y entrer
comme second. Et la carte des vins est
toujours aussi belle.
« Nous avons démarré avec Bruno
Schueller, Patrick Meyer, Dominique
Derain, Claude Courtois et Pierre Overnoy.
Nous ne les avons jamais lâchés », explique
le cuisinier breton lorsqu’on l’interroge sur
sa cave pleine de vins vivants produits par
des artisans délicats comme des pêcheurs
de perles et courageux comme des funam-
bules. Cela s’est vu à l’étranger, notamment
en Espagne, à El Bulli à Roses, à El Celler de
Can Roca chez les frères Roca à Gérone, à
la Villa Más à Sant Feliu de Guíxols. Mais
c’est plutôt rare dans les restaurants gastro-
nomiques français. Quand ils ont des vins
qui sortent de l’ordinaire, les sommeliers
des grandes maisons ont même tendance
à les déconseiller aux clients. Un jour,
l’échanson d’un trois étoiles parisien a ainsi
tenté de me dissuader de boire un meur-
sault 1er cru Les Perrières 2006 de Jean-
Marc Roulot qu’il jugeait oxydatif…
C’est une mésaventure qui ne risque
pas de se produire chez Olivier Roellinger.
122 ■ FÉVRIER 2016 - LA RVF n° 598
Du temps de La Maison de Bricourt, le
sommelier Emmanuel Ackerer avait le
sourire lorsque vous réclamiez un anjou
blanc de Mark Angeli. Et aujourd’hui,
au Coquillage, Gaylord Goulette ne se
trompe jamais lorsque vous lui deman-
dez d’oublier le tout-venant et de se
risquer du côté du bizarre… « J’avais
besoin de cette forme de sincérité, explique
Olivier Roellinger, étonnamment indif-
férent aux détracteurs du vin naturel.
Dans une Bretagne massacrée par l’agri-
culture chimique, il était inévitable que
la rencontre se fasse avec des vignerons en
train de proposer un autre modèle. J’ai
toujours mis un point d’honneur à tra-
vailler avec des légumes bio, des œufs bio,
des volailles bio. Ma femme Jane a même
poussé la démarche jusqu’à exiger des fleurs
bio pour nos bouquets. Il était normal que
le vin suive. C’est une cohérence qu’on doit
avoir. »
Dit comme ça, cela paraît évident.
Mais il ne faut pas oublier que c’est le
chef d’une grande maison qui parle. Il y
va fort, Olivier Roellinger. Avec la cui-
sine précise, épicée et iodée du Coquillage,
PAR SÉBASTIEN LAPAQUE on peut aujourd’hui boire un vin d’Au-
Écrivain, chroniqueur littéraire et bon buveur.
vergne de Patrick Bouju, un chardonnay
“
de Loire de Noëlla Morantin, un chenin
angevin du domaine Deboutbertin, tous
classés en vin de France. Pour suivre, il y
Ayant toujours a du Ganevat (Jura), du Arena (Corse),
du Valette (Mâcon), du Péron (Savoie),
travaillé des produits bio, du Jambon (Beaujolais)… « Ces vins sont
en train de sauver l’image du vignoble fran-
’’
il était normal pour lui çais », jure Olivier Roellinger. Les Bretons
n’aiment pas se dédire. C’est comme ça et
que le vin suive. pas autrement qu’on les aime. ◼