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ENSA Marrakech
Forme bilinéaire
Définition
Soit E un R-espace vectoriel. On appelle forme bilinéaire sur E toute application
ϕ : E × E −→ R
(u, v) 7−→ ϕ(u, v)
Autrement dit, pour tous a ∈ E et b ∈ E, les applications y 7−→ ϕ(a, y) et x 7−→ ϕ(x, b)
sont des formes linéaires, d’où le terme « forme ».
Exemple
1 Pour E = R, l’application (x, y) 7−→ xy est une forme bilinéaire sur E.
2 Pour E = Rn , l’application
ϕ : E × E −→ R
n
X
(x, y) 7−→ xi yi
i=1
3 Soit E = C([0, 1]) le R-espace vectoriel des applications continues de [0, 1] dans R.
L’application
ϕ : E × E −→ R
Z 1
(u, v) 7−→ u(t)v(t)dt
0
est une forme bilinéaire sur E.
Définition
Soit E un R-espace vectoriel. Soit ϕ une forme bilinéaire sur E. On dit que :
ϕ est symétrique si
∀(u, v) ∈ E 2 , ϕ(u, v) = ϕ(v, u)
ϕ est positive si
∀u ∈ E, ϕ(u, u) > 0
ϕ est définie si
∀u ∈ E, ϕ(u, u) = 0 ⇒ u = 0.
S. B. (www.ensa.ac.ma) Algèbre III 4 / 24
Introduction
Produit scalire
Définition (Produit scalaire réel)
On appelle produit scalaire réel sur E, toute forme bilinéaire symétrique et définie
positive, i.e. toute application ϕ : E × E → R telle que
1 ∀x ∈ E, ϕx : y 7→ ϕ(x, y) est linéaire linéarité à droite
2 ∀(x, y) ∈ E2, ϕ(x, y) = ϕ(y, x) symétrie
3 ∀x ∈ E, ϕ(x, x) > 0 positive
4 ∀x ∈ E, ϕ(x, x) = 0 =⇒ x = 0 définie.
Notations
Le produit scalaire scalaire ϕ(x, y) de deux vecteurs x et y est noté hx , yi, ou encore
x · y, hx | yi, (x | y) . . .
Remarque
1 La linéarité à droite et la symétrie impliquent la linéarité à gauche.
2 Si l’un des vecteurs est nul, le produit scalaire est nul.
3 Le caractère « défini positif » du produit scalaire peut s’établir en montrant que
∀x ∈ E, hx , xi > 0 et hx , xi = 0 =⇒ x = 0
Exemples fondamontaux
Produits scalaires canoniques sur Rn et Mn,p (R)
Nous retrouvons ici les produits scalaires usuels auxquels nous sommes habitués dans le
plans R2 et l’espace R3 en coordonnées de vecteurs. Par exemple dans R2 , pour
~u = (x, y) et ~v = (x0 , y 0 ), ~u · ~v = xx0 + yy 0 .
Remarque
De nombreux produits scalaires peuvent exister
sur un même espace vectoriel. Par
2 1
exemple l’application (X, Y ) 7−→ t X Y = 2x1 y1 + x1 y2 + x2 y1 + 3x2 y2 est un
1 3
produit scalaire sur R2 distinct du produit scalaire canonique.
1 Symétrie et bilinéarité évidentes.
2 Positive : 2 :
pour tout X = (x1 , x2 ) ∈ R
tX 2 1 X = x
2x1 + x2
1 x2 = 2x21 + 2x1 x1 + 3y 2 = x21 + 2x22 + (x1 + x2 )2 > 0
1 3 x1 + 3x2
t 2 1
3 Définie : si X X = 0, alors comme x21 , x22 et (x1 + x2 )2 sont positifs :
1 2
x1 = x2 = x1 + x2 = 0, donc : X = (0, 0).
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Introduction
Exemple
Pn
Soit x0 , . . . , xn ∈ R distincts. L’application (P, Q) 7−→ k=0 P (xk ) Q (xk ) est un produit
scalaire sur Rn [X].
En effet.
1 Symétrie et bilinéarité : Symétrie évidente, donc la linéarité par rapport à la première
variable suffit. Pour tous P, Q, R ∈ Rn [X] et λ, µ ∈ R :
Xn Xn n
X
(λP + µQ) (xk ) R (xk ) = λ P (xk ) R (xk ) + µ Q (xk ) R (xk )
k=0 k=0 k=0
Pn 2
2 Positivité : Pour tout P ∈ Rn [X] : k=0 P (xk ) > 0.
Définie : Si nk=0 P (xk )2 = 0, alors comme on somme des réels positifs :
P
3
P (xk ) = 0 pour tout k ∈ J0, nK, i.e. x0 , . . . , xn sont des racines de P. Le polynôme
P de degré inférieur ou égal à n possède ainsi n + 1 racines distinctes, donc est nul.
L’espace Rn [X] muni de ce produit scalaire est un espace euclidien.
3 Produit scalaire sur l’espace des fonctions continues et de carré intégrable sur
l’intervalle I, et à valeurs réelles :
Z
2
∀(f, g) ∈ L2 (I, R) , hf , gi = f (t)g(t) dt
I
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Introduction
Exemple
Rb
Soient a, b ∈ R avec : a < b. L’application (f, g) −→ a f (t)g(t)dt est un produit
scalaire sur C([a, b], R).
Démonstration
Symétrie et bilinéarité évidentes.
Rb
Définie postive : pour tout f ∈ C([a, b], R) : a f (t)2 dt > 0
Rb
et si : a f (t)2 dt = 0, t 7→ f (t)2 étant continue et positive ⇒ f (t)2 = 0
∀t ∈ [a, b], donc : f = 0.
Attention !
Muni du produit scalaire défini ci-dessus, C([a, b], R) n’est pas un espace euclidein car ce
n’est pas un R-espace vectoriel de dimension finie. C’est seulement un espace
préhilbertien réel.
Dans la suite on va démontrer que k · k vérifie effectivement les propriétés d’une norme,
c’est-à-dire : séparation, homogénéité et inégalité triangulaire.
Proposition
p
x 7→ kxk = hx , xi est une application de E sur [0, +∞[ qui vérifie
1 ∀x ∈ E, kxk = 0 ⇐⇒ x = 0 axiome de séparation ;
2 ∀(λ, x) ∈ R × E, kλxk = |λ| kxk axiome d’homogénéité.
Démonstration.
0 = kxk2 = hx , xi ⇐⇒ x = 0 ;
p p
kλxk = hλx , λxi = λ2 hx , xi = |λ|hx , xi
Démonstration.
Utilisons la linéarité à droite et à gauche, et la symétrie du produit scalaire
kx + yk2 = hx + y , x + yi = hx , xi + hx , yi + hy , xi + hy , yi
= kxk2 + 2hx , yi + kyk2
x
y y
x+
x−y
y
x
Remarque
L’égalité du parallélogramme caractérise les normes euclidiennes, i.e. les normes qui sont
associées à un produit scalaire (réel).
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Introduction
Inégalité de Cauchy-Schwarz
L’égalité a lieu si, et seulement si la famille (x, y) est liée. Autrement x et y sont
colinéaires.
Preuve:
Si kxk = 0, x est le vecteur nul, l’inégalité, qui devient une égalité dans ce cas, est
vérifiée, et la famille (x = 0, y) est une famille liée.
Si kxk =6 0, on pose, pour λ ∈ R,
T (λ) = kλx + yk2 = λ2 kxk2 + 2λhx , yi + kyk2 .
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Introduction
T (λ) est un trinôme du second degré, que l’on écrit sous sa forme canonique
hx , yi 2 kxk2 kyk2 − hx , yi2
0 6 T (λ) = kxk2 λ + +
kxk2 kxk2
En donnant la valeur particulière λ0 = − hx ,yi
kxk2
, on obtient l’inégalité annoncée.
Dans le cas de l’égalité de Cauchy-Schwarz, on a
hx , yi 2
T (λ) = kxk2 λ +
kxk2
|hx , yi| = |hx , µxi| = |µ|hx , xi = |µ| kxk2 = kxk kµxk = kxk kyk
~
S. B. (www.ensa.ac.ma) Algèbre III 19 / 24
Introduction
Exemple
Voici quelques exemples d’application de l’inégalité de Schwarz :
1 cas de Rn :
Xn n
X n
1 X 1
2 2
|hx , yi| = | xk yk | 6 kxk kyk = x2k yk2
k=1 k=1 k=1
5 cas de L2 (I, R) :
Z Z 2 12 2 21
Z
|hf , gi| = f (t)g(t) dt 6 f (t) dt g(t) dt
I I I
6 cas de R[X] :
Z Z 2 1 Z 2 1
2 2
|hP , Qi| = P (t)Q(t)w(t) dt6 P (t) w(t) dt Q(t) w(t) dt
I I I
R
+∞ 2
R
+∞ 2 2 12 R +∞ 2 −t2 21
Par exemple : −∞ P (t)Q(t)e−t dt 6 −∞ P (t) e−t dt Q(t) e dt
−∞
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Introduction
hx , yi
−1 6 61
kxk kyk
hx ,yi
Un réel que l’on écrit cos θ, pour un θ unique du segment [0, π], i.e. θ = arccos kxk kyk ;
ce qui donne la définition suivante.
Démonstration.
Développons kx + yk2 et utilisons l’inégalité de Schwarz :
2
kx + yk2 = kxk2 + 2hx , yi + kyk2 6 kxk2 + 2kxk kyk + kyk2 = kxk + kyk
Corollaire
p
x 7→ kxk = hx , xi est une norme sur E.
Remarque
Cette norme est appelée norme hilbertienne si E est de dimension quelconque,
norme euclidienne si E est de dimension finie.
E muni de cette norme est un espace vectoriel normé. Si de plus (E, k · k) est
complet, i.e. toute suite de Cauchy de E est convergente, on dit que (E, k · k) est un
espace de Hilbert, qu’on note aussi par (E, h· , ·i).
De manière plus générale, on sait que tout espace normé (sur R ou C) de dimension
finie est complet, donc tout espace euclidien est un espace de Hilbert.
temps et le dernier à maîtriser, à défaut de connaître, presque toutes les mathématiques connues
à son époque. Il a aussi influencé toute la physique du 20ème siècle, à travers la mécanique
quantique notamment, par ses travaux sur les équations aux dérivées partielles et la relativité
générale.