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L’Europe bouleversée par la Révolution française

(1789-1815)

1.      Présentation du chapitre 3
2.      Mise au point scientifique 4
3.      Bibliographie 4
4.      Sitographie 5
5.      Page par page 6
Ouverture 6
Présentation des documents 6
Réponse aux questions 6
Présentation de la rubrique « L’écho des temps » 7
Repères – L’Europe bouleversée par la Révolution française (1789-1815) 7
Présentation des documents 7
Réponse aux questions 7
Cours 1 8
Compléments sur les documents 8
Réponse aux questions 8
Document complémentaire et courte présentation 9
Cours 2  10
Compléments sur les documents 10
Réponse aux questions 11
Document complémentaire et courte présentation 11
Mémo bac 12

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1
Réponses aux questions « Je m’entraîne » 12
Focus 1 13
Justification du choix des thèmes choisis 13
Focus 2 14
Justification du choix des thèmes choisis 14
Réponse aux questions 15
Dossier numérique 16
Justification du choix du thème choisi 16
Réponse aux questions 16
Zoom sur un document 17
Compléments de présentation du document (contexte historique, portée et réception
du document) 17
Réponse aux questions 18
Apprendre autrement 1 18
Pistes de correction/de réalisation des activités 18
Apprendre autrement 2 19
Pistes de correction/de réalisation des activités 19
L’histoire à l’œuvre 19
Justification du choix de l’œuvre 19
Réponse aux questions 20
Proposition d’autres œuvres pour élargir l’analyse 20
Sujet d’étude 1 21
Présentation du sujet d’étude 21
Réponse aux questions 21
Références bibliographiques/sitographiques pour prolonger l’analyse 24
Méthode Bac 25
Réponse aux questions 25

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2
Sujet d’étude 2 26
Présentation du sujet d’étude 26
Réponse aux questions 26
Références bibliographiques/sitographiques pour prolonger l’analyse 28
Méthode Bac 29
Réponse aux questions 29
Sujet Bac 30
Réponse aux questions 30
Comparer deux documents 30
À lire, à voir, à entendre 31
Films 31
Romans 31
Chansons 32

1.      Présentation du chapitre
Ce chapitre, auquel 5 à 7 heures doivent être consacrées, vise à montrer l’importance de la
rupture révolutionnaire en France comme en Europe, de 1789 à 1815. Le BO invite à mettre
en avant : l’émergence d’une nation de citoyens égaux en droit (Déclaration des droits de
l’Homme et du citoyen), la chute de la monarchie et une première expérience républicaine
dans un contexte de guerre, la domination européenne de Napoléon Bonaparte qui conserve et
diffuse certains principes de la Révolution, le congrès de Vienne qui entend restaurer l’ordre
monarchique et asseoir la paix en Europe.
Deux sujets d’étude au choix permettent d’approfondir ces questionnements :
A- 10 août 1792 : la chute de la monarchie et le basculement vers une république
révolutionnaire. À partir de l’étude d’une journée révolutionnaire, on comprend la rupture des
révolutionnaires avec l’Europe monarchique ainsi que le début d’une première expérience
républicaine française marquée par les affrontements extérieurs et intérieurs.
B- Les puissances européennes contre Napoléon : la bataille de Waterloo. À partir de l’étude
de la bataille de Waterloo et de ses protagonistes, les élèves appréhendent les motivations et
l’ampleur de la coalition européenne monarchique qui empêche le retour de Napoléon.

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2.      Mise au point scientifique
Dès le XIXe siècle, sous la double impulsion du marxisme et de l’essor des sciences sociales,
l’étude de la Révolution s’affranchit peu à peu d’une approche exclusivement politique ou
juridique. La tendance se confirme et s’intensifie à partir de l’entre-deux-guerres, avec
l’affirmation de l’école des Annales. Pour autant, la séquence révolutionnaire reste, dans une
large mesure, un enjeu idéologique de premier plan. En témoignent les débats houleux qui
opposent, aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, les tenants d’une historiographie
« jacobino-marxiste » (à l’instar d’Albert Soboul) à des historiens « révisionnistes » (comme
Alfred Cobban ou François Furet). Les historiennes et historiens qui se réclament du
marxisme envisagent avant tout le phénomène révolutionnaire comme l’expression politique
de processus socio-économiques sous-jacents. En revanche, les « révisionnistes » replacent le
politique au cœur de l’analyse : dès 1954, Alfred Cobban critiquait par exemple le concept de
révolution bourgeoise et considérait la Révolution comme un fait essentiellement politique,
une réaction dirigée avant tout contre le développement du capitalisme contemporain. Dans
les années 1980, cette ligne interprétative prend de plus en plus d’importance, et réhabilite au
passage une histoire politique qui a renouvelé depuis ses approches et ses problématiques :
depuis, de nombreuses recherches, croisant sociologie et anthropologie du politique, ont été
réalisées sur la sociogenèse du champ politique, les modalités de politisation, les usages et les
transformations des catégories politiques (nation, souveraineté nationale, république, etc.), les
controverses qui jalonnent la période, mais aussi la manière dont un peuple devient
révolutionnaire (Timothy Tackett).
Quant à l’historiographie napoléonienne, elle a longtemps été influencée (pour ne pas dire
parasitée) par les développements de la légende, noire ou dorée, si bien que le personnage de
Napoléon a relégué dans l’ombre l’époque, la nation et la société impériales, auxquelles les
recherches récentes s’intéressent de plus en plus. Plusieurs voies ont été explorées par les
historiennes et les historiens pour dépasser le mythe. Une tendance, déjà ancienne et même
antérieure à l’école des Annales, consiste à tenir compte de l’Empire et plus seulement de
l’Empereur (par exemple, la centralisation et l’œuvre des préfets ont été bien relues par
l’histoire universitaire de l’entre-deux-guerres). Ensuite, des études portant sur la justice,
l’enseignement, le droit ou la fiscalité ont élargi les horizons historiographiques. Enfin,
l’histoire économique semble aujourd’hui l’une des voies les plus prometteuses pour
comprendre non seulement les prémices de l’industrialisation, mais les conséquences de la
philosophie industrialiste sur les régulations environnementales (Thomas Le Roux).

3.      Bibliographie

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4
❖ Michel Biard, Philippe Bourdin, Silvia Marzagalli, Révolution, Consulat, Empire
(1789-1815), Paris, Belin, 2009.
❖ Jacques-Olivier Boudon, La France, l’Europe et Napoléon, Paris, Armand Colin, 2006.
❖ Antoine Boulant, La journée révolutionnaire. Le peuple à l’assaut du pouvoir, 1789-1795,
Paris, Passés Composés, 2021.
❖ Thierry Lentz, Napoléon, Paris, Presses universitaires de France, collection « Que
sais-je ? », 2003.
❖ Thierry Lentz, Le Premier Empire (1804-1815), Paris, Fayard, 2018.
❖ Jean-Clément Martin, Nouvelle histoire de la Révolution française, Paris, Perrin, 2012.
❖ Jean-Clément Martin, Contre-Révolution, Révolution et Nation en France, 1789-1799,
Paris, Seuil, 1999.
❖ Jean-Clément Martin, La Révolution française, 1789-1799. Une histoire socio-politique,
Paris, Belin, 2004.
❖ Timothy Tackett, Anatomie de la Terreur. Le processus révolutionnaire, 1787-1793, Paris,
Seuil, 2018.
❖ Michel Vovelle, La Révolution française, 1789-1799, Paris, Armand Colin, 2002 (nouv.
éd.).

4.      Sitographie

❖ Site du Musée de la Révolution, pour faire le point sur la muséographie de la


Révolution française et donner un aperçu des collections.

❖ Site du Musée Carnavalet. Riche iconographie qui peut être utilisée afin d’illustrer la
leçon ou de proposer des documents aux élèves.

❖ Le site de Gallica, comportant de nombreuses ressources sur la période


révolutionnaire. On retrouve également une sélection consacrée (en partie) à l’époque
impériale. Gallica regroupe de très nombreux documents, à la fois textuels et
iconographiques, qui peuvent être étudiés avec les élèves pour approfondir certains
points du programme.

❖ Le site Retronews de la BNF, qui propose une sélection d’articles sur des épisodes
précis de la Révolution et de l’Empire, rédigés à partir de la presse de l’époque.

❖ Les « archives » numérisées de la Révolution française (principalement constituées


d’une numérisation des Archives parlementaires par l’université de Stanford). Les
ressources textuelles sont accompagnées de ressources iconographiques, moins
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nombreuses. Le site permet surtout d’approfondir des éléments pour l’enseignante ou
l’enseignant.

❖ Le fonds Napoléon numérisé par les Archives nationales (400 AP/1-400 AP/221) :
utile essentiellement pour des approfondissements ou pour donner un aperçu d’un
document d’archives.

❖ Le site de la fondation Napoléon, regroupant articles et dossiers thématiques, images


commentées et outils pour travailler autour de l’histoire napoléonienne.

5.      Page par page


1. Ouverture

Présentation des documents


Le document 1 est une caricature anonyme datant probablement de 1793. La Révolution
française est une période privilégiée pour l’épanouissement des caricatures politiques,
multipliant les allégories mythologiques. Cette œuvre, d’un graveur anonyme, est à mettre en
relation avec un dessin contemporain de Jacques-Louis David destiné à décorer un rideau de
scène, Le Triomphe du peuple français. La composition de ce document s’inspire largement
de la statuaire antique et personnifie le peuple par le biais d’Hercule, identifiable à sa massue
héroïque.
Le doc. 2 est le célèbre tableau de Jacques-Louis David, Le sacre de Napoléon, peint en 1806.
L’Empire avait déjà été créé en avril 1804 par senatus-consulte. Mais il importait de donner à
la nouvelle dynastie une légitimité divine que seuls le sacre et le couronnement pouvaient
garantir. La cérémonie peinte par David eut lieu à Notre-Dame-de-Paris le 2 décembre 1804,
en présence du pape Pie VII. Contre toute attente, Napoléon voulait se couronner lui-même et
couronner l’impératrice Joséphine. C’est précisément ce moment que le peintre immortalise.
David eut en effet pour mission de léguer à la postérité le témoignage de la légitimité du
nouveau pouvoir impérial, si bien que cette œuvre peut être considérée comme l’une des
réalisations emblématiques de la propagande napoléonienne.

Réponse aux questions


1. Parmi les symboles révolutionnaires présents sur cette estampe, on retrouve le bonnet
phrygien et le drapeau tricolore.
2. Cette estampe montre le peuple, personnifié en Hercule, qui s’empare du roi par la gorge,
réduit à un pantin minuscule et impuissant. Il le suspend au-dessus d’un brasier qui évoque un

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peuple cannibale qui serait prêt à faire rôtir son souverain. Cette allégorie montre le combat
du peuple français contre la (les) monarchie(s).
3. Les insignes du pouvoir impérial représentés sur le tableau sont la couronne, le sceptre, la
main de justice, l’épée, le globe surmonté d’une croix (orbe), l’anneau et le manteau. Ces
symboles du pouvoir impérial rappellent fortement ceux du pouvoir royal.
4. Outre Napoléon Ier, qui se tient debout en costume de sacre, on aperçoit Joséphine de
Beauharnais, au pied de l’autel et agenouillée sur un coussin de velours, le pape Pie VII qui
bénit le couronnement, mais aussi Cambacérès, Louis-Alexandre Berthier, Talleyrand et
Murat, des personnages politiques importants de l’Empire.

Présentation de la rubrique « L’écho des temps »


Cette rubrique montre toute l’actualité de la première Constitution démocratique d’Europe,
qui fut adoptée par la Convention nationale en 1793 mais jamais rentrée en application. Elle
mit au cœur plusieurs principes aujourd’hui au fondement de notre modèle politique :
l’éducation élémentaire obligatoire, le droit au travail et aux secours publics, l’impôt
progressif et la laïcité. On peut la lire sur le site du Conseil constitutionnel.

Repères – L’Europe bouleversée par la Révolution française (1789-1815)

Présentation des documents


Doc 1. La carte représente à la fois la dynamique intérieure de la Révolution française en
localisant notamment les principaux foyers de troubles, les territoires conquis par Napoléon et
les guerres qui opposent les armées de la France révolutionnaire ou impériale aux puissances
étrangères. L’accent est mis sur la manière dont le processus révolutionnaire est,
fondamentalement, un processus qui s’insère dans des dynamiques européennes et dans des
transformations qui engagent l’ensemble du continent.
Doc 2. La carte donne à voir un état de l’Europe en 1815, à la sortie d’un Congrès de Vienne
qui redessine les frontières de l’Europe. L’Angleterre, notamment, renforce sa puissance
maritime en mer du Nord, en Méditerranée et dans l’océan Indien. Ce découpage territorial,
qui satisfait surtout les grandes dynasties, ne tient toutefois pas compte des premières
revendications nationales et laisse en germe plusieurs insatisfactions.

Réponse aux questions


1. Les principales victoires françaises sur la période sont celles de Valmy en septembre 1792,
d’Ulm en octobre 1805, d’Austerlitz en décembre 1805, d’Iéna en octobre 1806 et de
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Friedland en juin 1807. Les principales défaites sont celles de Leipzig en octobre 1813 et de
Waterloo en juin 1815, cette dernière bataille marquant la fin de l’ère napoléonienne.
2. La Russie, qui conserve la Finlande, se partage la Pologne avec la Prusse. La Prusse obtient
aussi la Saxe et la Rhénanie. L’Autriche quant à elle annexe le Tyrol et une partie de l’Italie
du Nord. Les États limitrophes de la France sont renforcés pour constituer des sortes de
« zones tampons » : c’est ainsi que les Pays-Bas reçoivent la Belgique et que le royaume de
Piémont obtient la Savoie et Nice.

Cours 1

Compléments sur les documents


Doc 1. Le tableau de David est une toile inachevée mais emblématique du souffle
révolutionnaire qui insuffle cette réalisation, tant par l’ampleur de sa composition, que par sa
théâtralité, plaçant la notion de serment au cœur des engagements de la Révolution. La
souscription lancée par les jacobins pour financer l’œuvre n’aboutit pas, si bien que la
Constituante décida de financer l’œuvre de David aux frais du « Trésor public ». Mais
l’engagement progressif de David dans la Révolution et les divisions entre les modérés et les
montagnards ont rendu obsolète cette divinisation de l’unité nationale et expliquent
l’inachèvement du tableau.
Doc 2. On peut retrouver l’intégralité de la déposition de Jeanne Martin, « garde-malades,
femme de Jean Lavarenne, portier du petit hôtel d’Aligre, avec lequel elle demeure rue
Bailleul, paroisse Saint-Germain l’Auxerrois » sur le site de Google Books. Ce document est
issu de la procédure criminelle que le Châtelet a déposée le 7 août 1790 sur le bureau de
l’Assemblée Nationale afin de poursuivre les auteurs et autrices des troubles de la journée du
6 octobre 1789.
Doc 3. « Liberté, égalité, fraternité » n’est la devise de la République que depuis 1848. Mais
une première version de la devise voit le jour avec la proclamation de la République le 22
septembre 1792, lorsque les révolutionnaires adoptent la devise : « Unité, indivisibilité de la
République, Liberté, Égalité, Fraternité ou la mort ».

Réponse aux questions


1. Ce tableau de Jacques-Louis David renvoie au Serment du jeu de paume, événement décisif
dans le processus révolutionnaire car les députés du tiers état, après s’être constitués en
Assemblée Nationale, jurent de ne se quitter qu’après avoir rédigé une Constitution. Cet
événement est d’autant plus important qu’il consacre le transfert de la souveraineté du roi vers
la Nation.

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2. Les femmes qui marchent sur Versailles demandent du pain pour se nourrir et
l’approvisionnement de la capitale. On peut faire l’hypothèse ici que les troubles
révolutionnaires rendent difficile l’acheminement des grains. Certaines de ces femmes sont si
remontées contre la monarchie et leur détresse est telle qu’elles souhaitent apporter la tête de
la reine au bout d’une épée.
3. L’estampe met en valeur le fait que la République doit être une et indivisible, c'est-à-dire
qu’aucune partie du peuple, ni aucun individu ne peut s’attribuer la souveraineté nationale. En
d’autres termes, seul le peuple exerce cette souveraineté par la voie de ses représentants.
L’unité et l’indivisibilité font que le droit doit en principe être appliqué uniformément sur le
territoire national. Mais on retrouve aussi sur cette estampe les principes de la Déclaration des
Droits de l’Homme et du Citoyen selon laquelle « les citoyens naissent et demeurent libres et
égaux en droit », ainsi que la fraternité, qui fait son apparition quelques mois plus tard sur les
drapeaux des fédérés.
Activité en binôme. Le premier ou la première élève va insister sur l'abolition des privilèges et
des droits seigneuriaux comme acquis principal de la Révolution française. Elle implique
l'instauration de deux principes fondamentaux encore en vigueur aujourd'hui : la souveraineté
nationale et l'égalité devant la loi. Avant la marche des femmes sur Versailles, les prêtres et les
évêques doivent également se soumettre à la Constitution civile du clergé qui oblige le clergé
à reconnaître les principes de la Révolution française.
Le ou la deuxième élève devra mettre en avant la revendication principale des Parisiennes : le
pain, dont le prix a trop augmenté pendant le règne de Louis XVI. Les femmes du pays ne
peuvent plus nourrir leur famille et marchent sur Versailles afin de demander au roi une baisse
du prix des céréales. Il est important de noter que ces femmes sont prêtes à la violence (elles
font allusion à la décapitation de la Reine dans le document 2).

Document complémentaire et courte présentation


Un cahier de doléances
Art. 1. Que soit formée aux états [généraux] une Constitution de nature à mettre en sûreté
sous la protection du roi et des lois les personnes et biens des habitants des campagnes.

Art. 2. Que tous les impôts établis ou à établir […] soient également supportés et payés par le
clergé, la noblesse, les privilégiés et le tiers état, à raison de la fortune et des facultés de
chacun. […]

Art. 15. Qu’il soit formé une nouvelle constitution pour l’administration de cette province où
le tiers état aura la moitié des représentants, où l’on votera par tête, et que les plaintes et les
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demandes de paroisses et communautés y soient entendues […].

Art. 27. Que la circulation soit libre de province à province. […]

Art. 29. Que tous droits de chasse soient supprimés, étant désastreux pour les biens des
campagnes. […]
Extraits du cahier de doléances du tiers état d’Arbigny, 1789, archives départementales de
l’Ain, 52 B 11.
Présentation : Les cahiers de doléances ont fait l’objet d’une campagne de numérisation par
plusieurs services d’archives départementales et peuvent désormais être consultés en ligne,
dans leur version d’origine. Quelques exemples : Ain ; Charente maritime ; Haute-Loire ;
Indre ; Loire atlantique ; Nièvre ; Pas-de-Calais.
Les articles sélectionnés reprennent un certain nombre de revendications récurrentes dans les
cahiers du tiers état qui ont été conservés : aspirations à une meilleure représentation
politique, demande d’une réforme fiscale plus équitable, rejet des privilèges et des droits
particuliers. Le document permet d’inviter les élèves à une réflexion sur la nature des
doléances et sur leur dimension critique, tant sur le plan politique que social. Il montre aussi
un mode de politisation particulier, qui touche l’ensemble du royaume.

Cours 2 

Compléments sur les documents


Doc 1. Ces articles tirés du Code civil présentent aux élèves quelques thématiques centrales,
liées à l’unité du territoire français, à l’organisation de la famille (notamment à la question de
la réaffirmation d’une société patriarcale), à la définition des relations salariales. Le Code
civil jette en ce sens les bases d’un ordre juridique propre à garantir la stabilité d’un ordre
social dominé par des élites issues aussi bien de l’ancienne aristocratie que de la bourgeoisie
en plein essor.
Doc 2. Dès son couronnement, Napoléon a voulu fabriquer et diffuser son image d’empereur.
Proche des représentations médiévales des souverains germaniques de la dynastie ottonienne
(même si le critique du Mercure de France évoqua plutôt Dagobert !), le tableau de Ingres
rompt avec toutes les représentations traditionnelles des souverains, de Titien à Van Dyck.
L’image qu’il souhaite donner de Napoléon est celle d’une sorte de dieu, véritable Christ
pantocrator byzantin.
Doc 3. Cette caricature représente plusieurs personnages, de gauche à droite : Talleyrand, le
négociateur français est adossé au mur. Les bras et les jambes croisés, il observe la scène. À
côté de lui se trouve le diplomate anglais Lord Castelreagh. Il regarde, lui aussi, les trois
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personnages centraux, à savoir les empereurs d’Autriche et de Russie ainsi que le roi de
Prusse. Ils se tiennent par la main, les bras et jambes en l’air. Plus à droite, le roi de Saxe
danse en s’agrippant à sa couronne, tandis que l’allégorie de la République de Gênes, qui
porte le bonnet phrygien, saute pour le roi de Sardaigne. Le volet gauche présente les pays
observateurs. Ce sont les deux puissances du XVIIIe siècle, traditionnellement rivales,
gouvernées par des monarchies parlementaires. La partie centrale de l’image montre les
acteurs principaux du Congrès : ce sont les trois monarchies continentales qui cherchent à se
constituer de vastes empires en se partageant les territoires reconquis. Enfin, à droite, on peut
voir les conséquences du Congrès de Vienne, avec le rétablissement du principe dynastique au
détriment de la souveraineté des peuples.

Réponse aux questions


1. Le Code civil prévoit que l’application des lois soit nationale et énumère un ensemble de
droits civils et relatifs à la citoyenneté. Il consacre le principe de droit du sol, puisqu’un
individu né en France d’un père étranger peut réclamer à sa majorité la qualité de Français. Il
énonce la domination juridique de l’époux et du père au sein de la famille, mais aussi la
dissolution du mariage rendue possible par le divorce.
2. Napoléon est assis sur un trône dont le dossier circulaire forme comme une auréole
au-dessus de sa tête. Vêtu d’un manteau de velours, muni des regalia, mains de justice et
sceptre de Charlemagne, Napoléon est représenté comme un homme providentiel. Le tableau
dégage ainsi une atmosphère de sacré et de divin.
3. Il est difficile de déterminer si cette caricature représente un point de vue révolutionnaire,
napoléonien ou favorable à la Restauration. Célèbre-t-elle ou condamne-t-elle la chute de
l’Empire napoléonien et l’avènement des puissances monarchiques ? En revanche, on voit que
les trois monarchies continentales cherchent à prospérer et à se construire sur les territoires
perdus par Napoléon, et que la France est désormais une puissance marginale et marginalisée
dans le concert – et la danse – des nations.
4. Activité en binôme. Tout d'abord, le Code civil instaure le principe d'égalité devant la loi.
Cela signifie que chaque citoyen a les mêmes droits devant les tribunaux.
Il hiérarchise également la famille en y mettant le père à sa tête.
Il défend le droit de propriété qui devient absolu et ne peut être remis en cause sauf dans des
cas particuliers d'intérêt public. Dans ce cas, le citoyen dépossédé de son bien se verra toucher
une indemnité.
Il instaure également la liberté civile, la liberté des contrats. Ainsi, lors de la signature d'un
contrat, les deux contractants sont légalement sur un pied d'égalité.

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Enfin, le Code civil introduit la notion de laïcité, de non confessionnalité de l'État. L'Église
n'intervient alors plus en tant qu'autorité puisque l'État la remplace.

Document complémentaire et courte présentation


La surveillance de la population
Liste de jeunes filles à marier établie par le préfet des Hautes-Alpes en 1810.

Émilie Pinet, 15 ans. La mère de cette demoiselle avait été mariée en première noce avec
M. Jourdan […]. Ce mariage fut dissous par divorce au commencement de la Révolution. […]
Cette fille née entre les deux mariages a été la cause d’un procès entre le premier et le second
mari. […] Émilie Pinet a hérité de son père environ 300 000 francs de bien. […]

Julie Duvallon, 16 ans. Cette demoiselle est jolie, et d’une bonne et morale éducation. […]
Elle est à Embrun, auprès de sa grand-mère ; elle est l’aînée d’un frère et d’une soeur.
Archives départementales des Hautes-Alpes, 1 M 32.
Présentation : L’Empire implique une surveillance des populations, qui est très perceptible
dans la documentation administrative. Le texte en question est extrait d’une liste dressée par
la préfecture des Hautes-Alpes, afin de recenser les jeunes filles issues de milieux sociaux
aisés, de manière à favoriser les mariages des élites. Les renseignements collectés, d’une
grande précision, illustrent aussi le fonctionnement de la police et de la bureaucratie
napoléoniennes.

Mémo bac

Réponses aux questions « Je m’entraîne »


1. La convocation des états généraux a lieu le 5 mai 1789. La prise des Tuileries se déroule le
10 août 1792. La royauté est ensuite abolie le 21 septembre 1792. Le Code civil est
promulgué en 1804 et le congrès de Vienne se tient du 18 septembre 1814 au 9 juin 1815.
2. On peut relever deux acteurs importants de la Révolution française. D’abord, les
sans-culottes parisiens, qui jouent un rôle clé après la déclaration de la « patrie en danger » et
dans la prise du palais des Tuileries le 10 août 1792. Ensuite, on peut citer Maximilien
Robespierre, qui se distingue lors de la période de la Révolution appelée la « Terreur », durant

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laquelle il s’illustre en luttant activement contre les ennemis intérieurs et extérieurs, en
arrêtant puis exécutant les suspects, mais aussi en développant une active culture républicaine.
3. « La Révolution française affirme le principe de souveraineté nationale » dans la mesure où
elle consacre le transfert d’une souveraineté qui repose dans les mains du roi à une
souveraineté qui réside dans un corps politique un et indivisible nommé la Nation.
4. La Terreur se met en place dans un contexte où, après l’exécution de Louis XVI, le
nouveau régime républicain est menacé par des mouvements royalistes et
contre-révolutionnaires, en Vendée notamment, mais aussi par l’intensification de la guerre
menée par les puissances monarchiques européennes.
5. Un Empire est un régime politique dans lequel le pouvoir est détenu par un empereur. Le
terme désigne aussi les territoires sur lesquels l’empereur exerce son autorité.
6. Napoléon réforme en profondeur le droit en promulguant le Code civil. Celui-ci uniformise
le droit, réaffirme le droit de propriété, instaure les droits civils pour les Français, définit les
conditions d’obtention de la nationalité française, mais réglemente aussi précisément les
questions relatives au mariage, à la transmission des biens. Il consacre cependant l’infériorité
juridique de la femme.
7. La bataille de Waterloo en juin 1815 est une bataille cruciale car, opposant les Français aux
armées prussiennes, britanniques et hollandaises, elle consacre la fin de l’épopée
napoléonienne, et confirme le rétablissement de l’ordre monarchique en Europe.
8. « Napoléon a bouleversé l’Europe » car il a forgé un empire qui s’étend bien au-delà des
frontières françaises. Cet empire, qui atteint son apogée en 1810-1811, finit par comporter 130
départements et près de 70 millions d’habitants. En s’appuyant sur la Grande Armée,
Napoléon a conquis plusieurs territoires de l’Italie à la Hollande et de l’Espagne à la Pologne,
et plusieurs d’entre eux deviennent des protectorats. Il place des membres de sa famille au
cœur de l’administration et impose des réformes juridiques et administratives sur le modèle
français.
9. La domination napoléonienne a pris fin en Europe, d’une part parce que les défaites se sont
accumulées pour les armées napoléoniennes, notamment après la débâcle de Leipzig en 1813,
et, d’autre part, parce que des coalitions aux effectifs de plus en plus nombreux et bien
financées sont montées contre Napoléon.
10. Sur ce tableau, Napoléon porte le costume d’empereur. La broderie du manteau associe à
la fois des branches d’olivier, de chêne et de laurier entrelacées. Napoléon est couronné de
lauriers d’or et tient le sceptre dans la main droite. La main et le globe de justice sont quant à
eux posés sur le coussin visible au second plan du tableau. Contrairement au tableau de
Ingres, qui baigne dans une atmosphère sacrée, cette composition de Gérard est certes
solennelle et impériale, mais elle n’est pas désincarnée.
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Focus 1

Justification du choix des thèmes choisis


Les caricatures sont abondamment utilisées par les révolutionnaires. Elles traduisent
l’importance accordée à l’événement politique et social, même si, en France, il n’y a pas de
traitement uniforme de l’épisode révolutionnaire, où un caricaturiste – tel Hogarth en
Angleterre – dominerait l’ensemble de la production. En revanche, il est clair que le rire est
bel et bien utilisé comme une arme politique, susceptible de discréditer ou de ridiculiser
l’ennemi. La caricature connaît ainsi un franc succès populaire et devient un véritable objet de
consommation.
Parcours 1
1. Chaque ordre est aisément identifiable sur cette caricature. Le tiers état est représenté
comme un vieillard et un paysan accablé et croulant sous le poids que représentent pour lui la
noblesse et le clergé, dont il supporte les impôts. Le noble est repérable au luxe de ses
vêtements (chapeau à plumes) et au port de l’épée, qui l’identifie à sa fonction militaire.
L’abbé, vêtu de bleu, a, tout comme le noble, la liste des privilèges dont il dispose sortant de
sa poche.
2. D’après l’auteur, les jacobins sont à l’instigation de la production de caricatures : dès lors
que la situation politique l’exige, ils financent largement la gravure, l’impression et le papier
nécessaires à l’élaboration des caricatures. Celles-ci sont commercialisées par des marchands
d’estampes qui sont régulièrement sommés de republier des caricatures déjà éditées pour les
besoins des révolutionnaires.
3. Les personnages à l’intérieur de la charrette sont le roi, la reine Marie-Antoinette et les
enfants de la famille royale, tous représentés comme des porcs à tête humaine. Ils sont
moqués car bestialisés et réduits à l’état de cochons. L’aspect ridicule de la scène est renforcé
par la présence de symboles associés à la monarchie ou à l’aristocratie : le ruban royal (en
bleu), les chapeaux que portent l’épouse et la fille du souverain. À l’avant, un personnage
guide la charrette. Il brandit un fouet et affiche un sourire moqueur. Cette attitude contribue à
rabaisser davantage l’autorité royale, puisque Louis XVI et sa famille semblent désormais
obéir à l’autorité d’un simple cocher – qui symbolise sans doute le peuple révolutionnaire. À
gauche et à droite de l’image, on aperçoit des membres de la Garde nationale, reconnaissables
à leur uniforme bleu.
Parcours 2

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«Cette leçon vaut bien un fromage», 1791. Eau-forte, Paris, BNF, Département des Estampes.
On peut partir de cette caricature et souligner plusieurs points :
✔ La transgression en représentant le roi non seulement en animal (ce qui est
relativement banal), mais en porc, considéré comme impur, vorace et dégoûtant.
✔ La date de la caricature : 1791. C’est à partir de cette année, lors de la crise de
juin-juillet, que la presse patriote (Les Révolutions de France et de Brabant, Le
Courrier français etc.) se répand en insultes et en anecdotes, représentant le roi
comme un cochon.
✔ La désacralisation de la figure du monarque.
✔ La référence explicite à la fable de La Fontaine, « Le corbeau et le renard ».

Focus 2

Justification du choix des thèmes choisis


Le Premier Empire est une période faste pour l’industrie. Les établissements industriels se
multiplient au centre de Paris, fonctionnant avec les dérivés de la chimie (la soude artificielle,
le chlore, l’acide sulfurique). Les hommes de science de l’époque, comme Chaptal, Darcet,
Fourcroy ou Berthollet sont aussi des entrepreneurs et des hommes politiques. Ainsi, science,
pouvoir et industrie sont intimement liés, et leur association témoigne d’un esprit
industrialiste incarné par la fondation de la Société d’encouragement à l’industrie nationale,
fondée en 1801. La chimie se met alors au service de l’industrie, et les régulations
traditionnelles des nuisances d’Ancien Régime sont considérées comme des obstacles et le
résultat des préjugés et de l’ignorance. On part du principe que la nuisance et le risque ne
seront pas surmontés par des interdictions et des limitations, mais par le développement même
du progrès technique, dont rien ne doit arrêter la marche.

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Réponse aux questions
Parcours 1
1. Napoléon Ier joue un rôle de premier plan dans le développement de l’industrie. À
Jouy-en-Josas, où il se rend avec l’impératrice Joséphine en 1806, il incite la production de
toiles de coton et n’hésite pas à décerner la Légion d’honneur à l’industriel
Christophe-Philippe Oberkampf. Cette connexion importante entre les milieux industriels et
politiques témoigne également de la volonté d’insuffler une dynamique industrielle à
l’Empire, drainant les capitaux et l’emploi vers ce secteur.
2. Le procédé évoqué par le chimiste Cadet de Vaux est le blanchissage du linge à la vapeur,
un procédé industriel nouveau qui semble rompre avec les habitudes anciennes des
blanchisseuses qui utilisaient des procédés plus traditionnels.
3. La chimie sert au développement de l’industrie car elle offre de nouveaux procédés pour le
blanchissage, l’extraction de la soude présente dans le sel marin, le raffinage du salpêtre, le
perfectionnement de l’extraction des métaux, la distillation des vins mais aussi la combustion
de l’huile nécessaire à l’éclairage domestique. Ces différentes applications très concrètes
montrent que les savoirs scientifiques se mettent au service d’une application technique et
utilitaire permettant de soutenir la croissance industrielle.
Parcours 2
On peut prendre l’exemple de la soude artificielle, mise au point sous la Révolution française
par Nicolas Leblanc notamment, avant d’être popularisée sous l’Empire. En effet, la soude
fournit une matière première indispensable à un grand nombre de fabrications industrielles. La
soude est un oxyde métallique, c'est-à-dire le produit de la combinaison d’un métal, le
sodium, avec l’oxygène. La soude artificielle est faite par décomposition de sel marin par
l’acide sulfurique. On s’en sert de plus en plus pour les lessives.

Dossier numérique

Justification du choix du thème choisi


L’historiographie traditionnelle de la Révolution française accorde peu de place aux femmes
en tant qu’actrices du processus révolutionnaire. Seules quelques figures féminines semblent
timidement émerger. Pourtant, les femmes sont bien partie prenante des événements : dès
1788, les femmes jouent un rôle décisif lors de la « journée des Tuiles » à Grenoble et, entre
le 18 août et le 23 septembre 1789, on note une trentaine de manifestations de femmes
parisiennes, dont les fameuses journées des 5 et 6 octobre 1789. L’iconographie, notamment,
dément cette relégation des femmes, car la symbolique révolutionnaire exalte à bien des
égards les grandes valeurs révolutionnaires sous des traits féminins et des figures allégoriques
(la Liberté, l’Égalité, la République, etc.). Pour autant, si les femmes se voient décerner le
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titre de « citoyenne », elles sont privées de facto de droits politiques, car elles ne disposent pas
du droit de vote. Cela ne les empêche pas de participer aux débats de l’Assemblée ou dans les
clubs parisiens, voire de former également des clubs de femmes, tant à Paris qu’en province.
En effet, exclues des grands clubs comme les Cordeliers et les Jacobins, les femmes créent
leurs propres lieux de sociabilité révolutionnaire, qui sont autant de moyens de politisation et
de socialisation politique où, chemin faisant, elles font l’apprentissage du politique. On
dénombre ainsi pas moins de 56 clubs féminins à Paris et en province entre 1789 et 1793.
Elles participent aussi assidûment aux assemblées révolutionnaires, qu’il s’agisse des réunions
de quartier ou au tribunal révolutionnaire, ce qui en fait des « habituées des tribunes » Ce
dossier vise donc à rendre compte de la pluralité des formes d’engagement des femmes dans
le cycle révolutionnaire.

Réponse aux questions


1. Le rôle politique des femmes durant la Révolution française est multiple. D’abord, elles
contribuent activement à diffuser les idéaux et les valeurs de la Révolution, par exemple en
peignant des allégories, à l’image de Nanine Vallain, qui participe aux Salons de peinture
durant la Révolution. Ensuite, elles peuvent directement participer au processus
révolutionnaire. Ainsi, Théroigne de Méricourt prononce un discours à la Société fraternelle
des Minimes le 25 mars 1792 pour alerter du danger que court la France révolutionnaire face
aux menaces contre-révolutionnaires en Europe qui prennent le pays en étau et menacent de
subvertir l’ordre révolutionnaire. Elle participe même à la prise des Tuileries quelques mois
plus tard, le 10 août 1792. Enfin, les femmes font l’expérience du politique dans des clubs de
femmes qu’elles créent pour débattre des lois votées à l’Assemblée ou pour envoyer aux
représentants de la Nation des pétitions.
2. Olympe de Gouges considère que l’oubli et le mépris du droit des femmes est l’une des
causes de la corruption des gouvernements et souhaite faire valoir les droits naturels de la
femme. Elle demande à faire reconnaître l’égalité des femmes et des hommes en matière de
droits politiques et elle appelle à élargir la souveraineté nationale aux femmes.
3. Les femmes peuvent investir plusieurs lieux pour se rendre visibles. D’une part, dans le cas
du document 1, ce sont les Salons de peinture, qui accueillent de plus en plus de femmes, si
bien que leur nombre double entre 1795 et 1799. D’autre part, dans le cas du document 4, ce
sont les clubs de femmes qui apparaissent comme les lieux les plus à même de favoriser la
politisation des femmes en Révolution.

Parcours 2
Pour la préparation de la brève émission de radio consacrée au rôle des femmes dans la
Révolution française, on peut suggérer aux élèves soit de suivre l’ordre des questions, soit de
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suivre l’ordre des documents et de dégager plusieurs thèmes qui peuvent être traités
successivement. Par exemple :
✔ Les femmes et la peinture révolutionnaire : peintres et allégories féminines de la
Révolution française.
✔ L’engagement des femmes dans les événements de la Révolution française, à travers
l’exemple de Théroigne de Méricourt.
✔ Les revendications politiques portées par les femmes en faveur des femmes
elles-mêmes.
✔ Les lieux de politisation et de socialisation politique que sont les clubs de femmes, qui
sont autant d’espaces d’apprentissage du politique.

Zoom sur un document

Compléments de présentation du document (contexte historique, portée et


réception du document)
La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen est rédigée le 26 août 1789, au début de la
Révolution française, et pose les jalons juridiques de la nouvelle société française. Ses
rédacteurs, imprégnés des idéaux de la philosophie des Lumières, affirment les droits et
libertés fondamentales dont doivent disposer les individus dès leur naissance. Ce texte
consacre solennellement l’effondrement de l’ordre social inégalitaire d’Ancien Régime. Il est
l’œuvre collective de l’Assemblée constituante, représentant la Nation souveraine. Il est
rédigé quelques semaines après l’abolition des droits et privilèges des classes, villes,
provinces et corporations lors de la nuit du 4 août 1789. Plusieurs principes juridiques et
politiques sont au fondement de la Déclaration :

Réponse aux questions


Parcours 1

Article 7 Article 10 Article 11

Cet article affirme le droit à Cet article consacre la liberté Cet article affirme la liberté
la sûreté. La sûreté protège d’opinion dans les limites d’expression, qui découle de
les individus contre les circonscrites par la loi. la la liberté d’opinion. La
arrestations et les liberté de communiquer et de
emprisonnements arbitraires. s’exprimer ouvre la voie à la
liberté de la presse.

Parcours 2

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18
La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1793 reprend largement les principes
qui ont fondé la Déclaration de 1789, mais elle la complète sur plusieurs aspects : d’abord,
elle affirme que l’égalité n’est pas seulement en en droits (civile), mais naturelle ; ensuite, elle
reconnaît une série de droits économiques et sociaux, à l’image du droit au travail et aux
secours publics, ou le droit à l’instruction. La Déclaration de 1793 consacre aussi le droit de
résistance à l’oppression et précise que la souveraineté réside bien dans le peuple (alors que la
Déclaration de 1789 évoquait seulement une souveraineté nationale).

Apprendre autrement 1

Pistes de correction/de réalisation des activités


On peut s’inspirer pour la réalisation de cette activité de plusieurs threads réalisés par des
historiennes et des historiens sur Twitter. Quelques exemples :
- Un thread sur l’abolition des privilèges dans la nuit du 4 août 1789, par Mathilde
Larrère.
- Un thread sur le vote de la loi sur le Maximum général, par Mathilde Larrère.
- Un thread sur le froid au XVIIIe siècle, par le blog « Échos des Lumières ».

Apprendre autrement 2

Pistes de correction/de réalisation des activités

1. Date de réalisation : 1800


2. Peintre : Jacques-Louis David
3. Lieu de conservation : Musée national du château de Malmaison
4. Dimensions : 259 x 221 cm
5. Contexte de réalisation : Après le coup d’État du 18 brumaire an VII, qui se déroule dans le
contexte difficile des guerres de la deuxième coalition (1799-1800), Bonaparte tente de
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restaurer l’ordre dans le pays : il repousse les Autrichiens in extremis à Marengo le 14 juin
1800. Cette demi-victoire est largement instrumentalisée par la propagande bonapartiste.
6. Événement représenté : Le peintre David illustre magnifie le fameux passage des Alpes par
l’armée de Bonaparte, commandé par le roi Charles IV d’Espagne, l’un des rares alliés de la
France. En réalité, Bonaparte a franchi les Alpes à dos de mule, mais il a voulu transformer
l’événement en un geste héroïque et glorieux en s’inscrivant dans la lignée des grands
passages historiques des Alpes : Hannibal dans l’Antiquité romaine ou Charlemagne au
Moyen Âge.

L’histoire à l’œuvre

Justification du choix de l’œuvre


Révolution I. Liberté est le premier tome d’un cycle de trois bandes-dessinées destinées à
raconter la Révolution française. Cette fresque, richement documentée, a obtenu le Fauve d’or
en 2020 à Angoulême. Elle permet de suivre auprès de personnages fictifs émanant du peuple
(une mendiante, un député du tiers état breton, des commerçantes des Halles, etc.) les
tumultes et les bouleversements qu’introduit la Révolution française. Beaucoup de
commentateurs ont souligné l’actualité insurrectionnelle de cette BD, à mettre en relation avec
le mouvement des Gilets jaunes, signe que les inquiétudes et les espoirs d’hier peuvent
trouver un écho au temps présent. Florent Grouazel lui-même explique vouloir « comprendre
comment tel phénomène est apparu, comment il s’est développé, dans quel contexte, comment
il a pu disparaître ou réapparaître, quels sont les points communs et les différences entre les
gens du passé et nous, notamment face aux inquiétudes de l’existence ». Par ailleurs, cette BD
a le mérite d’être richement documentée d’un point de vue historiographique : les auteurs ont
par exemple se sont appropriés les livres de Sophie Wahnich, d’Haïm Burstin, d’Éric Hazan
ou d’Arlette Farge, mais aussi été nourris par des ouvrages plus anciens, comme ceux de Jules
Michelet.

Réponse aux questions


Pour la rédaction du synopsis de BD d’un événement de la Révolution française, on peut par
exemple partir de la prise des Tuileries,
- Quels personnages utiliserez-vous ? Deux sans-culottes
- Quelles sont leurs motivations et leurs ambitions ? Comme la plupart des sections
parisiennes deux jours avant l’événement, le peuple parisien souhaite la déchéance du
roi et si celle-ci n’est pas prononcée, il se résoudra à prendre d’assaut le palais des
Tuileries.

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- Les personnages vont-ils ou non atteindre leur objectif ? Oui, mais on peut imaginer
une scène de la BD où l’un des deux protagonistes meurt au combat dans
l’affrontement avec les gardes-suisses du palais. Après le combat, les pouvoirs du roi
sont suspendus et une nouvelle Assemblée est convoquée.
- Quel est le contexte de votre histoire ? Depuis le début de l’année 1792, la France est
entrée dans sa première guerre révolutionnaire et doit faire face aux pressions des
armées contre-révolutionnaires, si bien que la nation est déclarée « en danger » par
l’Assemblée le 5 juillet. Alors que les armées autrichienne et prussienne se
rapprochent des frontières, le 25 juillet, le duc de Brunswick menace les Parisiens de
restaurer l’autorité royale et d’investir militairement Paris.
- Où se déroule l’intrigue ? L’intrigue se déroule à Paris, au palais des Tuileries. Les
deux sans-culottes peuvent partir soit du faubourg Saint-Antoine sur la rive droite, soit
du faubourg Saint-Marcel sur la rive gauche, aux côtés des fédérés bretons et
marseillais.

Proposition d’autres œuvres pour élargir l’analyse


- Joël Pommerat, Ça ira (1) Fin de Louis, Actes sud, 2016.
- Éric Vuillard, 14 juillet, Actes Sud, 2016.

Sujet d’étude 1

Présentation du sujet d’étude


Le sujet d’étude vise à faire de la journée du 10 août 1792 un point de bascule dans le
processus révolutionnaire, autorisant le basculement vers une république révolutionnaire. Le
choix a ici été fait de proposer un raisonnement en trois temps, chronologiques et clairement
identifiables pour les élèves : les causes de l’insurrection, le déroulement de la journée et ses
conséquences à court terme, puis les débuts difficiles de la République.
Quelques éléments de contexte peuvent être nécessaires pour comprendre la précarité des
équilibres dans la première moitié du 1792, les tensions sociales menaçant à tout moment de
faire basculer la Révolution soit vers une radicalisation, soit vers une répression accrue des
mouvements populaires, alors même que les offensives contre-révolutionnaires se multiplient.
Alors que les troupes françaises subissent plusieurs revers à partir de la fin du mois d’avril, et
que les Prussiens et les Autrichiens se rapprochent dangereusement, trois décrets de la
Législative viennent tendre les relations politiques avec le roi : le 27 mai, un texte ordonne la
déportation des prêtres réfractaires dès lors qu’ils sont dénoncés par 20 citoyens (et même un
seul en cas de troubles) ; le 29 mai, la garde du roi, jugée contre-révolutionnaire, est
licenciée ; enfin, le 4 juin, 20 000 gardes nationaux sont convoqués à Paris pour une nouvelle

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fédération le 14 juillet. Le roi met logiquement son veto, ce qui complique les relations avec
le peuple sectionnaire. Dès lors, l’affrontement semble inévitable, d’autant que, dans la nuit
du 9 au 10 août, des délégués des sections parisiennes forment une Commune
insurrectionnelle et réclament la déchéance du roi. La Révolution ouverte en 1789 bascule
vers une nouvelle étape que plusieurs historiens ont compris comme une « seconde
révolution », et le 22 septembre 1792, la première République voit le jour sur les décombres
de la monarchie.

Réponse aux questions


A. Les causes de l’insurrection parisienne
Parcours 1
1. Louis XVI et la famille royale figurent dans le carrosse. Le peuple semble silencieux, mais
ce silence dissimule une réprobation unanime envers les actions du roi qui a voulu fuir la
France et trouver de l’aide auprès des monarchies européennes. Le fait qu’aucun citoyen n’ôte
son chapeau est à ce titre emblématique de ce manque de déférence à l’égard de la figure
royale.
2. Le duc de Brunswick exhorte le peuple parisien à se soumettre à l’autorité du roi. Il affirme
qu’en cas de prise du château des Tuileries ou qu’en cas de violence ou de représailles
commises à l’encontre de la famille royale, les armées prussienne et autrichienne pénétreront
dans le royaume et dans Paris et subvertiront l’ordre politique instauré par la Révolution
française.
3. La guerre civile est prête à exploser en France car les relations entre le roi et ses sujets est
sont parvenues à un point de non-retour. Les menaces que font peser les monarchies
européennes sur la Révolution française et les intimidations du duc de Brunswick à l’égard de
la France révolutionnaire ne contribuent qu’à accentuer les tensions politiques et sociales.
Alors que la patrie a été déclarée en danger par l’Assemblée, de nombreuses voix, à l’instar de
celle de Claire Lacombe, s’élèvent pour réclamer la destitution des despotes, en l’occurrence
Louis XVI.

Parcours 2
Cet exercice oral demande aux élèves de cerner au mieux les différents points de vue qui
s’affrontent et les positions différentes de trois types d’acteurs : la famille royale, l’empereur
d’Autriche et les sans-culottes. On peut proposer trois axes d’interprétation :
✔ La famille royale : le roi et sa famille souhaitent conserver une certaine forme
d’autorité dans plusieurs domaines politiques et n’acceptent pas les dérives prises par

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la Révolution française. On peut développer ici l’opposition du roi et son veto aux
textes votés par la Législative à la fin du mois de mai 1789.
✔ L’empereur d’Autriche : partisan de la monarchie, il réprouve la Révolution française
et, comme le duc de Brunswick, fait la guerre à la France révolutionnaire pour extirper
ses idéaux qui menacent de gagner l’Europe.
✔ Les sans-culottes : échauffés par la fuite du roi à Varennes et par son attitude, ils
réclament la déchéance du roi et menacent à tout moment de s’en prendre au palais des
Tuileries.
B. Le 10 août 1792 et ses conséquences
Parcours 1
1. Le tableau de Jacques Bertaux témoigne de la violence des affrontements. Au premier plan,
on aperçoit un garde-suisse passé à la baïonnette par deux sans-culottes, alors que l’on tire au
canon sur la porte du palais depuis lequel d’autres gardes font feu. Le sol est recouvert de
cadavres. Madame Rolland corrobore cette description en reconnaissant que, malgré les
bonnes intentions des révolutionnaires décidés à en découdre avec le roi, vols et pillages ont
émaillé la journée.
2. La journée du 10 août 1792 précipite la chute de la monarchie et conduit à l’abolition de la
royauté, qui est proclamée le 21 septembre 1792.
3. Collot d’Herbois et Quinette semblent partager la nécessité d’en finir avec la monarchie.
Cependant, Collot d’Herbois estime qu’il revient à la nouvelle Convention nationale d’abolir
la royauté, tandis que Quinette estime que ce ne sont pas les députés qui sont juges de la
royauté, mais bien le peuple, considérant que la Convention a plutôt à juger – et à punir –
Louis XVI.
Parcours 2
Paris, 23 septembre 1792
Vendre 11 août à minuit, le tocsin se faisait entendre dans les rues de Paris. L’orage
grossissant toujours, à dix heures le volcan s’est ouvert, la commotion a été terrible. Il est
mort en cinq minutes plus de 4 à 5 000 hommes. Cette scène a été commencée par les Suisses
et les anciens gardes du roi qui commencé à tirer les canons qui ont fait beaucoup de mal. Ce
feu a été terrible et a fait beaucoup de mal au château. Tout Paris a couru aux armes et au
secours. Le roi est venu se réfugier avec sa famille dans l’Assemblée et il vient d’y avoir
contre Louis un décret d’accusation. Quelques semaines après, les députés de la Convention
ont aboli la royauté et proclamé la République. Il faut que les tyrans disparaissent pour que
vive la patrie…

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(Ce texte a été librement adapté d’une lettre d’un témoin de l’événement, Pierre Dubreuil
Chambardel).

C. Les débuts difficiles de la République


Parcours 1
1. Après avoir été jugé, Louis XVI (devenu Louis Capet) est exécuté le 21 janvier 1793.
L’estampe représentant l’événement montre la dimension spectaculaire de l’événement, le
bourreau exhibant à la foule la tête tranchée du roi déchu. Chapeaux et bonnets sont levés en
l’air pour marquer la joie populaire, mais force est de constater que la République connaît des
débuts difficiles. En effet, d’après le document 2, la patrie semble déchirée par des luttes
fratricides qui justifient l’instauration de la Terreur, destinée à réprimer les ennemis tant
intérieurs qu’extérieurs
2. Robespierre justifie la Terreur en instaurant une dichotomie entre, d’une part, le peuple que
l’on peut guider par la voie de la raison, et les ennemis du peuple contre lesquels il faut se
montrer impitoyable. Selon Robespierre, un gouvernement populaire en révolution doit
recourir à la fois à la vertu traditionnelle et à la terreur, les deux se complétant. En effet, la
terreur, en tant que forme de justice, sert à rehausser la puissance de la vertu et en découle
directement.
3. Les menaces qui pèsent sur la Révolution sont à la fois intérieures et extérieures. Les
menaces intérieures tiennent aux foyers contre-révolutionnaires qui se développent au
tournant de 1793, par exemple en Vendée où une révolte éclate. Les menaces extérieures
tiennent à l’accentuation des interventions militaires des puissances coalisées dans le cadre de
la guerre contre la France. Britanniques, Hollandais, Prussiens, Autrichiens, Sardes et
Espagnols semblent prendre la France en écharpe.
Parcours 2
Les élèves doivent réaliser une recherche sur Internet à propos de la guerre de Vendée. Ils
doivent indiquer les acteurs de cet épisode et restituer les principaux événements :
✔ Du côté des contre-révolutionnaires vendéens, on retrouve l’armée vendéenne, rejointe
par des déserteurs de l’armée républicaine, Suisses et Allemands en particulier, et
appuyés par une cavalerie de plus de 1 500 recrues. Les premiers chefs sont
d’extraction populaire, comme le garde-chasse Stofflet ou Jacques Cathelineau, mais il
y a aussi des membres de la noblesse locale : Bonchamps, Charrette de la Contrie, le
prince de Talmont, d’Elbée, Lescure, La Rochejaquelein.
✔ On peut relever plusieurs événements de la guerre de Vendée :

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- Mars 1793 : soulèvement de la Vendée depuis Cholet dans une guerre populaire des
paysans contre la ville et les gardes nationaux.
- Fin mars 1793 : rétablissement de l’ordre par l’armée dans le Morbihan et
l’Ille-et-Vilaine.
- 29 juin 1793 : échec de la prise de Nantes par les insurgés.
- Été 1793 : défaites à Luçon et aux Sables d’Olonne, mais les Vendéens contrôlent
l’ensemble de la région.
- Septembre 1793 : Plusieurs victoires vendéennes et guerre d’anéantissement menée
par les armées révolutionnaires (haies coupées, terres brûlées, populations déplacées,
lieux débaptisés).
- 17 octobre 1793 : Défaite des Vendéens à Cholet.
- 12-13 décembre 1793 : Défaite des Vendéens au Mans.
- Janvier-mars 1794 : Les « Colonnes infernales » de Turreau font régner la terreur en
Vendée.
- 17 février 1795 : Première pacification de la Vendée par Hoche (accords de La
Jaunaye).

Références bibliographiques/sitographiques pour prolonger l’analyse


Albert Mathiez, Le dix Août, Paris, Gallimard, 1931.
Marcel Reinhard, La chute de la Royauté : 10 août 1792, Paris, Gallimard, coll. « Trente
journées qui ont fait la France », 1969.
Un commentaire du tableau de Jacques Bertaux par les ressources pédagogiques du château
de Versailles.
Document complémentaire
Les accusations contre Louis XVI
1. Tentative de dissolution de la toute nouvelle Assemblée nationale constituante le 20 juin
1789.
2. Pression militaire sur cette même Assemblée trois jours plus tard.
3. Envois de troupes pour contrer les émeutiers lors de la prise de la Bastille le 14 juillet 1789.
4. Refus de contresigner l’abolition des privilèges votée le 4 août […]
7. Fuite à Varennes le 21 juin 1791 et massacre du peuple demandant la fin de la monarchie
réuni au Champs-de-Mars le 17 juillet […]
11. Refus de combattre plusieurs révoltes contre-révolutionnaires dans certaines villes du sud
de la France […]
18. Double jeu diplomatique auprès des puissances européennes et alliances secrètes avec
elles […]
24. Soutien aux prêtres réfractaires […]
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Rapport sur les crimes imputés à Louis Capet, 10 décembre 1792.
Présentation : Le procès de Louis XVI repose sur une série de chefs d’accusation. Ceux-ci se
réfèrent dans une large mesure au comportement ambigu du roi, depuis les débuts de la
Révolution : la défiance vis-à-vis de l’Assemblée et l’attachement à l’Ancien Régime sont
particulièrement dénoncés, de même que ses positionnements en matière de politique
extérieure, jugés plutôt favorables aux puissances coalisées contre la France.

Méthode Bac

Réponse aux questions


1. Cette caricature a été réalisée en 1794. En septembre 1792, après la prise des Tuileries du
10 août 1792, la monarchie a été supprimée en France et remplacée par une République. Louis
Capet a été jugé puis exécuté, si bien que la caricature s’inscrit dans ce contexte où les tyrans,
c'est-à-dire les rois, doivent être déchus. La Terreur est mise en place au cours de l’année
1793 par Robespierre pour faire face aux dangers intérieurs et extérieurs.
2. À gauche est représenté un révolutionnaire français et à droite sont représentés les
différents souverains européens, parmi lesquels l’empereur d’Autriche, le pape, le roi
d’Espagne et l’impératrice russe.
3. À gauche près de la machine, on distingue un bonnet rouge : c’est un bonnet phrygien, qui
symbolise la liberté.
4. À gauche le révolutionnaire français tient une machine qui diffuse une « étincelle électrique
» qui frappe les rois européens et provoque leur chute en série. La légende du document
indique que c’est « l’étincelle électrique de la liberté » qui entraîne « la chute en masse [...]
des brigands couronnés ». Cette machine renvoie ainsi à la propagation des idées nouvelles de
la Révolution française, et notamment l’idée de liberté, qui renverse les souverains européens.
5. D’après le document, la France révolutionnaire doit diffuser les principes de la Révolution
en Europe et aider les autres peuples européens à faire disparaître les monarchies absolues
encore présentes sur le continent.

Sujet d’étude 2

Présentation du sujet d’étude


Ce sujet d’étude consacré à Waterloo n’est pas véritablement un sujet d’ « histoire bataille »,
dans la mesure où il s’agit moins de s’attarder sur les étapes et le déroulement de la bataille. Il
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s’agit davantage de replacer Waterloo dans un contexte plus général qui est celui du retour de
Napoléon, de sa perception différenciée selon les acteurs et du Congrès de Vienne qui vient de
redessiner les frontières de l’Europe et de consacrer le retour en force du principe
monarchique.
Le 20 mars 1815, moins d’un an après sa première abdication, Napoléon fait son retour pour
restaurer une autorité impériale qui ne dure que 94 jours. Durant cette période, Napoléon
s’attache à reprendre en main la situation intérieure et à convaincre l’Europe de ses intentions
pacifiques, deux points sur lequel il échoue. Après la défaite dans la plaine de Waterloo le 18
juin 1815, il abdique une seconde fois. Comme en 1814, l’Empire échoue par la défaite
militaire extérieure.

Réponse aux questions


A. La bataille de Waterloo dans son contexte
Parcours 1
1. Avant le « vol de l’Aigle », qui doit permettre à Napoléon de reprendre le pouvoir en main,
il est exilé sur l’île d’Elbe en Méditerranée.
2. Les réactions au retour de Napoléon sont contrastées. D’après ce que suggère le tableau de
Carl von Steuben, Napoléon semble être accueilli en héros et en libérateur par le peuple
français. En revanche, pour la princesse Anna Potocka, le retour de Napoléon est perçu
comme une menace qui inquiète fortement les puissances étrangères. Elle décrit une sensation
de « terreur » qui s’était emparé des membres participant au Congrès de Vienne.
3. Le retour de Napoléon se compose de plusieurs étapes : après avoir quitté l’île d’Elbe, il
débarque à Golfe-Juan, rejoint Digne, Grenoble, Auxerre puis, enfin, Paris, qu’il atteint le 20
mars, date qui marque le début de l’épisode que l’on nomme traditionnellement les
« Cent-Jours ».

Parcours 2
Après sa première abdication le 6 avril 1814, Napoléon Ier est exilé sur l’île d’Elbe en
Méditerranée. Pendant ce temps, le Congrès de Vienne débute le 18 septembre afin de
reconstruire l’Europe consécutivement aux défaites napoléoniennes. Déterminé à tenter un
retour, Napoléon quitte l’île d’Elbe et débarque à Golfe-Juan le 1er mars, épisode qui marque
le début du « Vol de l’Aigle » et qui mène Napoléon jusqu’à Paris, où il reprend le pouvoir.
Tandis que ce retour semble bien accueilli par la population française, du moins d’après le
tableau de Carl von Steuben, il suscite très vite les inquiétudes des puissances étrangères
réunies au Congrès de Vienne, qui redoutent un retour en force de Napoléon.

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B. Waterloo, la dernière bataille de Napoléon
Parcours 1
1. Les affrontements à Waterloo semblent particulièrement violents. Le tableau d’Henri Félix
Emmanuel Philippoteaux donne à voir l’opposition entre les troupes anglaises et l’armée
napoléonienne, mais figure surtout des chevaux morts jonchés au sol et de nombreux cadavres
qui apparaissent au premier plan. François-Thomas Delbare confirme ce « spectacle horrible »
en soulignant le paysage de désolation que représente le champ de bataille après les
affrontements. On y retrouve pêle-mêle des têtes de soldats criblées de balles, des débris
d’armes et des objets divers qui forment autant de reliquats de la bataille.
2. Victor Hugo souligne la défaite française en évoquant la désertion de la victoire dans le
camp français et la présence de la mort qui envahissait les bataillons. Il décrit Waterloo
comme le lieu où vient achopper l’armée française qui, après avoir multiplié les victoires,
franchi les Alpes et le Rhin, finit par céder face aux sirènes de la défaite.
C. La France et l’Europe après Waterloo
1. La bataille de Waterloo marque la fin de l’ère napoléonienne car elle scelle la fin de la
domination de Napoléon, vaincu face aux troupes coalisées. Isa Saint-Elme rappelle que
Napoléon, déchu, n’est plus qu’un homme.
2. La restauration de l’ordre monarchique en Europe se lit à travers l’instauration d’une
alliance entre les puissances monarchiques et à la restauration des monarques sur leur trône
après l’épisode napoléonien. En France, la monarchie succède également à l’Empire.
3. La Sainte-Alliance se compose du royaume de Prusse, de l’empire d’Autriche et de
l’empire russe.
4. Henri IV a été roi de France de 1589 à 1610. Après huit guerres de religion, il est parvenu à
ramener la paix dans le royaume en faisant appliquer l’édit de Nantes. Louis XVIII inaugure
une statue de Henri IV probablement pour marquer son inscription dans une continuité
monarchique prestigieuse et pour établir un lien entre la restauration de l’ordre monarchique
et la pacification du royaume sous Henri IV.
Parcours 2
La Restauration est le nom donné au régime politique établi en France en 1814. Après la
Révolution française et l’Empire, cette période marque le retour du principe et de l’ordre
monarchiques. Louis XVIII et Charles X se succèdent sur le trône. Cette période se clôt avec
la révolution dite des Trois Glorieuses des 27, 28 et 29 juillet 1830. La monarchie est
d’essence constitutionnelle, mais il n’y a pas de séparation des pouvoirs : le roi concentre de
fait l’ensemble du pouvoir exécutif et dispose de pouvoirs législatifs étendus. La Chambre des

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28
Pairs et la Chambre des députés votent l’impôt, seule prérogative autonome dont elles
disposent.
Pour le choix des illustrations, les élèves peuvent se servir du site histoire-image.org.

Références bibliographiques/sitographiques pour prolonger l’analyse


Thierry Lentz, Waterloo : 1815, Paris, Perrin, 2015.
Waterloo à travers ses sites remarquables.
Document complémentaire
Chateaubriand évoque la bataille de Waterloo
Cette grande bataille, encore sans nom, dont j'écoutais les échos au pied d'un peuplier, et dont
une horloge de village venait de sonner les funérailles inconnues, était la bataille de Waterloo
! Auditeur silencieux et solitaire du formidable arrêt des destinées, j'aurais été moins ému si je
m'étais trouvé dans la mêlée : le péril, le feu, la cohue de la mort ne m'eussent pas laissé le
temps de méditer ; mais seul sous un arbre, dans la campagne de Gand, comme le berger des
troupeaux qui paissaient autour de moi, le poids des réflexions m'accablait : Quel était ce
combat ? Était-il définitif ? Napoléon était-il là en personne ? Le monde comme la robe du
Christ, était-il jeté au sort ? Succès ou revers de l'une ou de l'autre armée, quelle serait la
conséquence de l'événement pour les peuples, liberté ou esclavage ? Mais quel sang coulait !
Chaque bruit parvenu à mon oreille n'était-il pas le dernier soupir d'un Français ? Était-ce un
nouveau Crécy, un nouveau Poitiers, un nouvel Azincourt, dont allaient jouir les plus
implacables ennemis de la France ? S'ils triomphaient, notre gloire n'était-elle pas perdue ? Si
Napoléon l'emportait que devenait notre liberté ? Bien qu'un succès de Napoléon m'ouvrit un
exil éternel, la patrie l'emportait dans ce moment dans mon cœur ; mes vœux étaient pour
l'oppresseur de la France, s'il devait, en sauvant notre honneur, nous arracher à la domination
étrangère.
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-tombe, IIIe partie, Ière époque, livre VI, ch. 16, 1849.
Présentation : Dans cet extrait, Chateaubriand, qui opte pour la position du mémorialiste, se
met en scène en train de lire les Commentaires de César au moment où il entend les premiers
bruits de la bataille. Si le récit est écrit du point de vue du témoin – un témoin auditif –, ce qui
permet de faire durer le suspense, Chateaubriand utilise de nombreuses prolepses narratives
qui permettent de maintenir la tension, en rappelant la dimension catastrophique d’un
événement qui marque la fin d’un monde. Chateaubriand semble dans ce texte faire le choix
de l’intérêt public et de la liberté nationale au détriment de ses intérêts personnels.

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Méthode Bac

Réponse aux questions


1. Ce texte est issu des Mémoires de Napoléon Ier, publiés a posteriori en 1829. Napoléon
évoque le contexte de son retour, c'est-à-dire le « vol de l’Aigle » et la période des Cent-Jours
suivent son exil sur l’île d’Elbe après sa première abdication. Il évoque aussi le Congrès de
Vienne qui réunit les puissances européennes afin de déterminer le sort de l’Europe après
Napoléon. Enfin, il évoque la bataille de Waterloo qui, le 18 juin 1815, scelle le sort de
l’Empire napoléonien.
2. Napoléon fait référence aux événements antérieurs lorsqu’il évoque la fatigue et la
vieillesse de ses soldats. Il estime que ces derniers avaient beaucoup fait la guerre. On peut ici
évoquer les nombreuses batailles de l’époque napoléonienne, que ce soit celle d’Austerlitz en
1805, celle d’Iéna en 1806, celle de Wagram en 1809 ou celle, moins glorieuse pour la Grande
Armée, de Leipzig en 1813.
3. Plusieurs acteurs sont évoqués par Napoléon. Il évoque les Prussiens et les Anglais
auxquels il s’oppose à Waterloo. L’armée britannique est dirigée par le duc de Wellington,
tandis que l’armée prussienne est commandée par le général von Blücher. Quand il parle de
ses ennemis, il songe à l’Autriche et à la Russie. Napoléon pensait qu’en abdiquant, la
couronne échoirait à son fils. Il n’en a rien été, puisque c’est Louis XVIII qui exerce de fait le
pouvoir et qui poursuit l’œuvre de restauration de la monarchie entamée en 1814.

Sujet Bac
Analyser une caricature

Réponse aux questions


1. La scène se déroule sur la place de la Révolution à Paris.
2. Le gouvernement de Robespierre est représenté comme étant le règne de la guillotine,
puisque de nombreuses têtes coupées sont empilées au premier plan de l’image. L’estampe
dénonce les massacres de la terreur et représente le gouvernement de Robespierre comme une
aveugle et implacable machine à massacrer.
3. Les groupes sociaux victimes de la terreur selon la caricature sont le clergé, le parlement, la
noblesse, l’Assemblée constituante, la Législature, la Convention et, surtout, avec davantage
de têtes coupées représentées, le peuple. Cette multiplication des groupes sociaux sur
l’estampe donne la sensation que la terreur touche tous les groupes sociaux et politiques et
n’épargne personne.

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4. La Terreur est mise en place dans un contexte de troubles politiques et d’accroissement des
menaces intérieures et extérieures. Les menaces intérieures renvoient aux troubles
contre-révolutionnaires comme en Vendée, tandis que les menaces extérieures renvoient à
l’intensification de la guerre que mènent les monarchies européennes contre la jeune
République.

Comparer deux documents


1. Les deux documents ne donnent pas le même point de vue sur la bataille de Waterloo. Le
général Foy est un général napoléonien et il considère que Waterloo a été non seulement une
débâcle, mais une véritable catastrophe, le crépuscule de la gloire napoléonienne et le
« tombeau de l’Empereur et des Français ». Pour Mathieu-Lambert Schrobilgen au contraire,
la bataille de Waterloo est un jour à marquer d’une croix blanche dans la mesure où elle a
consacré la chute d’un tyran et d’un despote qui a précipité l’Europe dans la guerre.
2. Napoléon engage le combat à Waterloo car l’occasion était alors unique d’attaquer l’armée
anglaise de front sans laisser le temps aux Prussiens d’arriver sur le champ de bataille.
3. Les puissances coalisées évoquées par le texte sont l’Angleterre, la Prusse, la Russie et
l’Autriche. Leurs objectifs sont de faire tomber Napoléon pour mettre fin à la domination
napoléonienne sur l’Europe et restaurer l’ordre monarchique.
4. « C’est le dernier jour de notre gloire ; c’est le tombeau de l’Empereur et des Français. »
Cette phrase montre bien qu’avec Waterloo, une page de l’histoire se tourne. C’est la fin de
l’époque napoléonienne et du cycle révolutionnaire car, en France comme en Europe, ce sont
l’ordre et les principes monarchiques qui font leur retour. Louis XVIII restaure la monarchie
en France et, en Europe, le traité de la Sainte-Alliance du 26 septembre 1815 unit les
puissances monarchiques que sont le royaume de Grande-Bretagne et d’Irlande, le royaume
de Prusse, l’empire russe et l’empire autrichien.
5. Mathieu-Lambert Schrobilgen est hostile à Napoléon. Cette hostilité se manifeste dans le
texte en dénonçant le sang que l’empereur a versé sur les champs de bataille, mais aussi en
comparant les batailles de Napoléon à un hydre, créature monstrueuse, qui fauche les enfants
de la nation. Il reproche à Napoléon de s’être comporté comme un tyran et d’avoir voulu
étendre son hégémonie partout en Europe et d’avoir voulu « écraser l’univers »

À lire, à voir, à entendre


Des ressources supplémentaires pour aller plus loin.

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Films
Abel Gance, Napoléon, 1927.
Jean Renoir, La Marseillaise, 1938.
Ettore Scola, La Nuit de Varennes, 1982.
Andrzej Wajda, Danton, 1983.
Roberto Enrico et Richard T. Heffron, La Révolution française, 1989.
Eric Rohmer, L’Anglaise et le Duc, 2001.
Pierre Schoeller, Un peuple et son roi, 2018.

Romans
Honoré de Balzac, Les Chouans, 1829.
Stendhal, La Chartreuse de Parme, 1839.
Léon Tolstoï, Guerre et Paix, 1865-1869.
Victor Hugo, Quatrevingt-treize, 1874.
Patrick Rambaud, Il neigeait, 2002.

Chansons
La Révolution française en chansons : La Marseillaise ; Ça ira, ça ira ; Au clair de la lune…

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