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Troubles psychiatriques et épilepsies


C. Hingray

La dépression, l’anxiété, les troubles psychotiques et les tentatives de suicide sont beaucoup plus fréquents
chez les patients qui souffrent d’épilepsie que par rapport à la population générale. Cette surincidence
des pathologies psychiatriques existe, avant même le début de l’épilepsie. L’intrication entre ces troubles
est donc complexe et bidirectionnelle. Les troubles psychiatriques ont tendance à être sous-diagnostiqués
du fait d’une présentation sémiologique souvent atypique. Pourtant, ils ont un impact considérable, non
seulement en termes de souffrance psychique et de qualité de vie, mais également sur le contrôle des
crises épileptiques, et sur l’efficacité et la tolérance des traitements. Une classification spécifique existe,
qui distingue plusieurs catégories de troubles psychiatriques dans l’épilepsie : les troubles interictaux
(sans rapport chronologique avec les crises), les troubles péri-ictaux (préictaux, ictaux et postictaux) (en
rapport chronologique direct avec les crises) et les troubles iatrogènes liés aux traitements antiépileptiques
et/ou à la chirurgie curatrice de l’épilepsie. Les crises non épileptiques psychogènes sont une entité qui
appartient aux troubles dissociatifs et qui peut être associée à l’épilepsie. Les troubles les plus importants
à connaître sont le trouble dysphorique interictal, l’anxiété ictale, la phobie des crises d’épilepsie, la
psychose postictale et les troubles pharmaco-induits. Il est indispensable de systématiquement rechercher
ces troubles psychiatriques chez les patients qui souffrent d’épilepsie par quelques questions lors de
l’interrogatoire et à l’aide d’autoquestionnaires simples validés. Les patients qui en souffrent doivent être
informés, rassurés et traités. Selon la catégorie de troubles, la stratégie thérapeutique peut associer un
meilleur équilibre de l’épilepsie, un changement d’antiépileptiques, des traitements psychotropes, une
psychothérapie type thérapie cognitivocomportementale.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Troubles psychiatriques ; Épilepsie ; Anxiété ; Dépression ; Psychose ; Diagnostic ; Traitement

Plan ■ Traitement 6
Utilisation des antidépresseurs et des antipsychotiques 6
■ Introduction 1 Stratégies pour les troubles interictaux 6
Épipsy : une spécialité aux racines anciennes 1 Stratégies pour les troubles péri-ictaux 7
Une problématique très fréquente 1 Stratégies pour les troubles iatrogènes 7
Le suicide : un enjeu majeur 2 Optimisation des traitements antiépileptiques 7
Un impact et des conséquences considérables 2 Quand recourir au psychiatre ? 7
■ Conclusion 7
■ Étiopathogénie : une intrication complexe 2
■ Classification générale 2
Troubles péri-, interictaux et iatrogènes 2
Crises non épileptiques psychogènes 2  Introduction
■ Clinique : entités indispensables à connaître 2 Épipsy : une spécialité aux racines anciennes
Troubles de l’humeur 2
Trouble dysphorique interictal 3 Jusqu’à la séparation de la psychiatrie et de la neurologie en
Syndrome dépressif postictal (SDPI) 3 1968, l’épilepsie appartenait complètement à la clinique psy-
Troubles anxieux 3 chiatrique [1] . La surreprésentation des troubles psychiatriques et
Troubles psychotiques 4 leurs présentations spécifiques dans l’épilepsie correspond à des
Troubles psychiatriques pharmaco-induits 4 données anciennes et classiques [1] . Le néologisme « épipsy »
Troubles postchirurgie 5 définit une spécialité médicale qui s’intéresse aux intrications
entre les maladies psychiatriques et l’épilepsie, leurs spécifici-
■ Démarche diagnostique 5
tés sémiologiques et thérapeutiques [2] . En effet, les malades et
En prendre conscience, ne pas banaliser 5
les professionnels ont tout à gagner d’une amélioration de la
Informer, mettre en confiance 5
collaboration, du croisement des compétences neurologiques et
Identifier la catégorie du trouble 5
psychiatriques dans ce domaine de l’épipsy [3] .
Évaluer : des outils spécifiques, des questions simples 5
Évaluer le potentiel suicidaire 5
Des questions simples pour explorer le champ des troubles Une problématique très fréquente
du comportement ou de la psychose 6 On estime qu’environ un patient épileptique sur trois présente
Toujours se poser la question de l’imputabilité iatrogène 6 au cours de sa vie une pathologie psychiatrique (contre 1 personne

EMC - Neurologie 1
Volume 15 > n◦ 1 > janvier 2017
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0378(17)79753-9

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sur 5 en population générale) [4] . Si l’on interroge directement pathologies psychiatriques se réduiraient aux seules conséquen-
les patients souffrant d’épilepsie sur leur parcours de vie, 59 % ces psychosociales de l’épilepsie [23] . En réalité, il s’agit bel et
déclarent avoir vécu au moins un trouble psychiatrique dans leur bien d’une association. Certains facteurs physiopathologiques
vie [5] . Les études retrouvent des prévalences augmentées chez les exposent ainsi les sujets à la survenue de manifestations à la
patients épileptiques pour l’ensemble des troubles psychiatriques, fois épileptiques et psychiatriques : pour preuve, l’examen de
en particulier les troubles de l’humeur, les troubles anxieux, les la relation temporelle entre l’apparition des deux catégories de
troubles psychotiques et les troubles déficitaires de l’attention [6] . troubles. Une étude d’Hesdorffer et al. parue en 2012 [24] comparait
Par exemple, l’incidence de la dépression est 5 à 20 fois plus l’incidence de divers troubles psychiatriques dans les trois années
élevée chez les patients souffrant d’épilepsie, et l’incidence de précédant et les trois années suivant le début des crises d’épilepsie
l’épilepsie est quatre à sept fois plus élevée chez les patients souf- chez 3773 patients épileptiques et 14 025 témoins. Les résultats
frant de dépression [7] . De plus, les patients souffrant d’épilepsie indiquaient un taux d’incidence augmenté chez les patients épi-
focale, en particulier temporale et d’épilepsie pharmacorésistante, leptiques pour la dépression, l’anxiété, les troubles psychotiques,
présentent plus fréquemment des troubles psychiatriques. Selon les abus de substances et les tentatives de suicide, non seulement
certaines études, de 44 à 88 % des patients atteints d’une épi- dans les années suivant le début de l’épilepsie mais également
lepsie du lobe temporal ont un risque de présenter un trouble clairement dans les années le précédant (avec un odds ratio d’au
psychiatrique [8, 9] . moins 2,3). Ce taux augmenté de comorbidité psychiatrique dans
la période antérieure et postérieure au début des crises d’épilepsie
Le suicide : un enjeu majeur est en faveur d’une corrélation bidirectionnelle et de méca-
nismes communs sous-jacents pour les troubles psychiatriques et
Même s’il existe des données contradictoires [10] , le suicide repré- l’épilepsie. Dans le cas de la dépression et de l’anxiété, un certain
senterait 5 à 10 % des décès chez les patients souffrant d’épilepsie. nombre de données humaines et animales tendent à expliquer
Le risque suicidaire serait six fois plus élevé que dans la popula- ce lien complexe [25, 26] . Il semble en partie en lien avec une aug-
tion générale ; il est particulièrement élevé dans les premiers mois mentation de l’activité de l’axe hypothalamohypophysaire qui
après l’annonce diagnostique [11] . Tellez, en 2007, retrouve une serait à l’origine d’une diminution de la neurotransmission séro-
prévalence sur la vie entière de 25 % d’idéations suicidaires ver- toninergique et GABAergique (acide ␥-aminobutyrique), et d’une
sus 12 % dans la population générale [4] . Un profil particulier de augmentation de la neurotransmission glutamatergique [26] .
patients épileptiques à risque suicidaire se dégagerait avec : un âge Cette intrication complexe est aussi une évidence d’un point de
jeune, une polythérapie antiépileptique, une fréquence impor- vue thérapeutique : d’une part, avec l’utilisation grandissante des
tante de crises, des antécédents d’épisodes dépressifs majeurs [4] . antiépileptiques et de la sismothérapie en psychiatrie, d’autre part,
Il est indispensable d’avoir ce risque en tête. Le dépistage des par les effets psychotropes négatifs de certains antiépileptiques.
troubles psychiatriques participant à une véritable prévention de
ce risque suicidaire.
Une alerte de la Food and Drug Administration [12] sur le  Classification générale
risque de suicide lié aux antiépileptiques avait conduit à beaucoup Troubles péri-, interictaux et iatrogènes
d’interrogations. Or, des lacunes méthodologiques importantes
compromettent franchement la validité de ces conclusions [13] , les L’utilisation des critères diagnostiques issus des classifications
experts les remettent complètement en question. En revanche, internationales des maladies psychiatriques (CIM-10 [27] et DSM-
le risque de ne pas traiter par antiépileptiques des patients le 5 [28] ) est problématique dans l’épilepsie. En effet, de nombreuses
nécessitant n’est pas évalué. L’impact d’une absence de traitement personnes épileptiques présentent des symptômes psychiatriques
pourrait ainsi être bien plus sévère encore en termes de morbidité sévères, invalidants, mais souvent atypiques, spécifiques, qui
et de mortalité [13] . échappent de ce fait aux critères standardisés du diagnostic psy-
chiatrique [1, 29] . Ces troubles spécifiques de l’épilepsie sont ainsi
fortement sous-diagnostiqués ; d’autant plus qu’il existe une
Un impact et des conséquences considérables méconnaissance de cette sémiologie particulière qui n’est plus
De manière générale, les troubles psychiatriques sont clinique- enseignée aux psychiatres actuellement. Les liens temporaux avec
ment sous-estimés. Pourtant, ces comorbidités ont un impact la survenue de la crise ou de la salve de crise doivent impérative-
considérable, non seulement en termes de souffrance psychique ment être pris en considération [30] (Fig. 1).
et de qualité de vie, mais également sur le contrôle des crises Le clinicien doit ainsi connaître une classification spécifique
épileptiques et sur l’efficacité et la tolérance des traitements anti- des pathologies psychiatriques dans l’épilepsie qui distingue : les
épileptiques. L’existence d’un trouble psychiatrique associé à une troubles interictaux (sans rapport chronologique avec les crises),
épilepsie augmente le risque de non-réponse aux traitements anti- les troubles péri-ictaux (préictaux, ictaux et postictaux) (en rap-
épileptiques et au traitement chirurgical [14, 15] . Par exemple, la port chronologique direct avec les crises), et les troubles iatrogènes
présence d’un syndrome dépressif est associée [16] : liés aux traitements antiépileptiques et à la chirurgie curatrice de
• à un contrôle des crises plus difficile [17] ; l’épilepsie.
• à des effets secondaires des antiépileptiques plus fréquents [18] ;
• à une moins bonne efficacité du traitement chirurgical [19] ; Crises non épileptiques psychogènes
• à une qualité de vie diminuée [20] ;
• à une augmentation du risque de comportement suicidaire [21] ; Il existe des crises non épileptiques psychogènes (CNEP) qui
• à une augmentation du coût de la santé [22] . forment une entité à part, trop méconnue. Les CNEP, aussi fré-
De manière peut-être contre-intuitive, c’est la présence d’un quentes que la maladie de Parkinson, sont à la fois le diagnostic
syndrome dépressif, et non la fréquence des crises d’épilepsie, différentiel principal de l’épilepsie mais aussi une comorbidité
qui est le facteur prédictif principal de la qualité de vie chez les fréquente qui accompagne l’épilepsie.
patients souffrant d’épilepsie [20] . Ces CNEP font l’objet d’un article de l’Encyclopédie médicochi-
Enfin, l’épilepsie et les troubles psychiatriques sont des patholo- rurgicale de neurologie à part entière [31] et d’une littérature en
gies qui suscitent fréquemment des attitudes de rejet et l’existence français [32–35] .
d’une association accroît ainsi encore la perturbation des projets
personnels, professionnels et le risque de stigmatisation [3] .  Clinique : entités indispensables
à connaître
 Étiopathogénie : une intrication
Troubles de l’humeur
complexe
Chez plus de la moitié des patients présentant une épilepsie,
Le lien qui unit épilepsies et pathologies psychiatriques est les troubles dépressifs ont tendance à avoir des manifestations
loin de correspondre à une causalité unidirectionnelle où les cliniques atypiques par rapport à la durée et aux types de

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Symptômes Figure 1. Représentation de la classification des troubles psy-


ictaux chiatriques dans l’épilepsie.

Prodrome
Symptômes
préictaux

Intervalle
libre
Symptômes
Confusion Symptôme interictaux
postictaux

Crise(s)
Troubles péri-ictaux Troubles
interictaux

symptômes [16, 36–39] . Les troubles bipolaires peuvent aussi être Tableau 1.
comorbides d’une épilepsie mais ne doivent pas être confondus Diagnostic différentiel entre attaque de panique et angoisse ictale [49, 50] .
avec un trouble dysphorique interictal (TDI) ou une manie pos- Trouble panique Angoisse ictale
tictale.
Durée > 5 min < 120 s
Conscience Préservée Atteinte
Trouble dysphorique interictal
Agoraphobie associée Fréquente Très rare
Le concept de TDI rend compte de tableaux cliniques impos-
Anticipation anxieuse Fréquente Plutôt rare
sibles à classer adéquatement avec le DSM [40, 41] . Le TDI concerne
plus de 20 % des patients souffrant d’épilepsie, principalement Automatismes Plutôt rares Fréquents
ceux souffrant d’une épilepsie du lobe temporal avec une durée de Déjà-vu Très rare Fréquent
maladie élevée. Il s’agit d’une sémiologie psychiatrique fluctuante. Intensité de l’angoisse ++++ ++
Le TDI est défini par huit symptômes clés regroupés dans trois Salivation Diminuée (bouche Augmentée
catégories principales de symptômes [42] : sèche) (hypersialorrhée)
• les symptômes dépressifs labiles avec : humeur dépressive,
anhédonie, douleurs (céphalées, douleurs de topographie et
d’intensité variable) et insomnie ;
• les symptômes affectifs labiles avec : anxiété importante, symp- Trouble anxieux généralisé
tômes d’attaque de panique ; Le trouble anxieux généralisé (TAG) correspond à la présence
• les symptômes spécifiques dysphoriques avec : irritabilité d’une anxiété quasi permanente ou flottante ne survenant pas
paroxystique et élation de l’humeur (euphorie). dans une situation déterminée. Cette inquiétude et ces soucis
Pour Blumer, il faut que le patient ait présenté au moins trois envahissent l’esprit de la personne qui ne peut ni les contrôler
épisodes pour parler de TDI [40] . ni se raisonner. Il s’agit d’un trouble anxieux interictal non spéci-
Dans les formes les plus sévères, on retrouve les idées suicidaires, fique correspondant aux critères du DSM-5. Il constitue le trouble
voire des passages à l’acte suicidaire imprévisibles. Les épisodes de anxieux comorbide le plus fréquent et il est retrouvé chez 3 à 13 %
TDI peuvent durer quelques heures à plusieurs jours. Un facteur de des patients souffrant d’épilepsie (avec une prévalence encore plus
risque de TDI est la présence d’un syndrome dépressif postictal [41] . élevée en cas d’épilepsie pharmacorésistante) [47] . Il existe un outil
Il n’existe pas d’étude systématique évaluant le lien du TDI avec de dépistage rapide, fiable et pertinent pour le dépistage du TAG
le trouble dépressif majeur ou le trouble bipolaire. Il est important chez les patients avec une épilepsie, à savoir un autoquestionnaire
d’identifier une telle symptomatologie car ce syndrome peut avoir en sept questions : la Generalized Anxiety Disorder-7 (GAD-7) [48] .
des répercussions importantes sur la vie sociale et relationnelle de
la personne atteinte [43] . Anxiété ictale
L’anxiété ictale se retrouve chez 10 à 15 % des patients avec
Syndrome dépressif postictal (SDPI) crises partielles [47] . Il s’agit alors de symptômes d’auras, de type
Le SDPI est le plus fréquent des différents syndromes postic- « peur ictale », de survenue souvent brutale et de durée courte.
taux. Des symptômes anxieux sont fréquemment associés [44, 45] . Elle concerne principalement les épilepsies temporales. Parfois, la
Il concerne environ 40 à 45 % des patients souffrant d’épilepsie. Il distinction avec une attaque de panique est difficile et il s’agit
survient en moyenne 6 à 12 heures après la crise, dans les 72 heures d’un diagnostic différentiel. Les critères distinctifs sont résumés
au maximum. La durée médiane de la majorité des symptômes dans le Tableau 1.
est d’environ de 24 heures. Les symptômes classiques sont :
l’anhédonie, les pleurs, l’irritabilité, l’intolérance à la frustration, Phobie spécifique de l’épilepsie
le désespoir, la culpabilité, l’autodépréciation ou des idéations
suicidaires. Les facteurs de risque de SDPI sont les épilepsies phar- Le diagnostic de phobie spécifique des crises épileptiques est
macorésistantes et des antécédents de trouble dépressif majeur ou retrouvé dans environ 6,2 % des cas d’épilepsie pharmacorésis-
de trouble bipolaire, ainsi que la présence d’un trouble dyspho- tante [47] . Les pensées sont par exemple : « J’ai peur de me blesser
rique interictal [45] . ou de mourir pendant une crise », « J’ai peur de faire une crise
à un moment inopportun ou devant mes enfants », « J’ai peur
de ne plus être autonome et d’être une charge pour ma famille »,
Troubles anxieux « J’ai peur qu’on me prenne pour un fou ». Les patients peuvent
Les troubles anxieux sont, après les troubles de l’humeur, les être amenés, du fait de l’anxiété anticipatoire, à éviter les situa-
plus fréquents [46] . tions où des crises ont eu lieu et à développer ainsi en plus des

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symptômes d’agoraphobie et/ou d’anxiété sociale occasionnant Brève


alors une dégradation importante de la qualité de vie. Les psychoses interictales brèves ont par définition une durée
inférieure à trois mois. Les tableaux cliniques sont variables
Trouble panique atypique d’un sujet à l’autre mais un tableau de psychose paranoïaque
évoluant en pleine conscience avec des hallucinations et des
Nous avons pu observer dans notre pratique clinique une entité symptômes thymiques est évocateur. Elles peuvent se dévelop-
non réellement décrite et formalisée dans la littérature : un trouble per dans un contexte de réduction importante de la fréquence
panique atypique chez les patients souffrant d’épilepsie [29, 51] . des crises, voire de disparition complète de celles-ci chez des
Il est fréquent qu’une phobie spécifique des crises épileptiques patients atteints d’épilepsie temporale ou de syndromes géné-
s’associe aussi à de véritables attaques de panique. Il existe une ralisés évoluant depuis au moins 15 ans. Certains font alors le
vulnérabilité accrue à ces manifestations chez cette population. rapprochement avec le concept clinique de psychose alternante
Ces patients craignent et anticipent avec angoisse à la fois la surve- (alternance entre un état mental altéré sans crises et un état mental
nue de la crise d’épilepsie mais aussi celle de l’attaque de panique. normal avec des crises) ou le concept d’électroencéphalogramme
Ils présentent ainsi une anxiété anticipatoire mixte qui s’associe (EEG) de normalisation forcée (l’état psychotique s’accompagne
à une très forte agoraphobie handicapante. De plus, le patient et d’une disparition des anomalies observées sur l’EEG intercritique
même les soignants peuvent avoir du mal à distinguer les deux : habituel) [52] .
« Est-ce que les symptômes ressentis par le patient sont ceux
d’une attaque de panique, des prodromes d’une crise d’épilepsie
ou d’une anxiété ictale ? » Chronique
Les troubles psychotiques interictaux chroniques dans
l’épilepsie répondent globalement aux critères diagnostiques
Troubles psychotiques de la schizophrénie mais avec des atypies sémiologiques. Le
début des troubles psychotiques est plus brutal, sans personnalité
Pour un patient épileptique, le risque de développer une psy-
prémorbide, les phases de décompensation sont plus courtes
chose est 6 à 12 fois plus important que dans la population
avec un plus faible niveau de détérioration par rapport au
générale. La prévalence d’un trouble psychotique est de 10 à
fonctionnement prémorbide. Les symptômes ont plutôt une
19 % chez les patients présentant une épilepsie temporale et/ou
intensité moindre, avec peu de troubles du cours de la pensée
réfractaire. En général, les premiers symptômes psychotiques
et peu d’indifférence affective, alors que les fluctuations rapides
apparaissent 11 à 15 ans après la première crise d’épilepsie [52–55] .
de l’humeur sont fréquentes. Les thématiques délirantes sont
Le terme de psychose désigne un ensemble de troubles ayant
volontiers mystiques, alimentées par des hallucinations auditives
en commun une série de caractéristiques telles que le délire,
et par des hallucinations visuelles plus inhabituelles [52] .
c’est-à-dire une altération de l’expérience de la réalité, des hallu-
cinations, une désorganisation possible des pensées, du discours
et du comportement, une expressivité émotionnelle limitée, un Paranoïa « light »
retrait social et souvent une méconnaissance de l’état morbide. Dans notre expérience, nous avons fréquemment observé chez
des patients souffrant d’épilepsie une symptomatologie se limi-
Psychose postictale tant uniquement à une forte tendance paranoïaque avec des
idées interprétatives délirantes d’intensité variable mais avec une
Il s’agit d’un tableau très spécifique [56, 57] qui concerne de 2 à excellente critique et une conscience totale du trouble et du
8 % des personnes épileptiques ; il touche préférentiellement les mécanisme interprétatif, non fondé. Cette symptomatologie peut
patients atteints épilepsies focales temporales depuis plus de dix quand même avoir des répercussions négatives sur la vie profes-
ans (80 %). Les psychoses postictales correspondent à l’apparition sionnelle et personnelle de ces patients et nécessite parfois un
soudaine d’un état délirant aigu de durée brève (15 h à 2 mois traitement antipsychotique. La question de l’imputabilité iatro-
au maximum) après une salve de crises épileptiques et après un gène doit toujours se poser et il faut rechercher une intrication
intervalle libre de pleine lucidité sans confusion. L’évolution se avec un trouble anxieux ou dépressif.
fait vers la régression spontanée des symptômes en une semaine
en moyenne, avec ou sans traitement. Le syndrome psychotique
est caractérisé par une sémiologie protéiforme à début brutal,
qui associe en proportions variables des symptômes thymiques, Troubles psychiatriques pharmaco-induits
des hallucinations et des idées délirantes avec une conscience
globalement préservée. Les mécanismes du délire sont d’ordre hal- Certains antiépileptiques ont des effets psychotropes négatifs
lucinatoire, interprétatif, intuitif. Les symptômes thymiques sont qui conduisent à des troubles psychiatriques [58] . Plus de 15 %
congruents ou non aux contenus délirants et peuvent s’étendre de des patients souffrant d’épilepsie auraient des symptômes psy-
l’excitation maniaque à l’accès mélancolique. Les hallucinations chiatriques d’origine médicamenteuse [59] .
visuelles, si elles sont organisées en scènes terrifiantes, peuvent Les symptômes dépressifs et l’irritabilité/agressivité sont les
être évocatrices. Les thématiques délirantes de type religieux ou symptômes psychiatriques les plus fréquemment retrouvés, à des
les idées de grandeur sont classiques. Le risque de comportements degrés variables. La psychose iatrogène, quelle que soit son inten-
dangereux auto- (suicide) ou hétéroagressifs est élevé et la plupart sité (d’un sentiment de paranoïa seul, d’hallucinations isolées ou
des complications médicolégales rencontrées dans l’épilepsie sont d’un véritable syndrome délirant), est aussi retrouvée.
imputables à une psychose postictale. En revanche, il existe peu Le délai d’apparition des troubles psychiatriques peut être
de troubles du cours de la pensée, de discordances ou de symp- variable, de quelques heures à plusieurs semaines, ainsi que leur
tômes négatifs. Les épisodes sont de sémiologie variable d’un sujet durée de quelques jours à deux ou trois mois. L’imputabilité du
à l’autre mais se répètent plutôt à l’identique chez un même sujet. traitement aux troubles psychiatriques n’est pas toujours évi-
dente.
Il existe quatre facteurs de risque pour ces troubles [58] :
Psychoses interictales • les facteurs liés à la molécule en elle-même ;
Les psychoses interictales sont des syndromes psychotiques • les facteurs liés aux antécédents neurologiques, en particulier
évoluant en pleine conscience chez des sujets connus pour être la survenue de convulsions fébriles précoces ;
épileptiques sans rapport chronologique avec les crises [52] . • les facteurs liés aux antécédents psychiatriques personnels, mais
Les facteurs de risque principaux sont les antécédents per- aussi familiaux ;
sonnels et familiaux de troubles mentaux et les troubles de • les facteurs liés à l’équilibre de la pathologie épileptique.
l’apprentissage et/ou intellectuels. Les épilepsies les plus à risque Un tableau résumé d’une revue de la littérature de J.-F. Visseaux
sont les épilepsies focales pharmacorésistantes d’évolution pro- mise à jour, avec les molécules récentes, synthétise les effets psy-
longée (> 15 ans) mais on retrouve 20 % de patients qui souffrent chotropes négatifs et positifs des médicaments antiépileptiques
d’une épilepsie généralisée. (MAE) [58] .

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Troubles postchirurgie Tableau 2.


Neurological disorders depression inventory for epilepsy (version française).
Le traitement chirurgical de l’épilepsie est de plus en plus cou-
Items Jamais Rarement Parfois Toujours
rant, ce qui permet de mieux en mieux d’observer les troubles ou souvent
psychiatriques postcortectomie curatrice [1] . On note des rémis-
sions de troubles psychiatriques préexistants, en particulier en cas 1. Tout est une lutte 1 2 3 4
de suppression complète des crises, mais aussi des aggravations ou 2. Rien de ce que je fais 1 2 3 4
poursuite de troubles préexistants et même des troubles psychia- n’est bien
triques. Environ 30 à 40 % des patients opérés présenteraient un 3. Je me sens coupable 1 2 3 4
trouble psychiatrique caractérisé dans les trois mois qui suivent 4. Je ferai mieux d’être 1 2 3 4
l’intervention [60] . Les troubles de l’humeur sont les plus fréquents, mort(e)
suivis des troubles anxieux et des troubles psychotiques [61] .
5. Je me sens frustré(e) 1 2 3 4
6. J’ai des difficultés à 1 2 3 4
 Démarche diagnostique trouver du plaisir

En prendre conscience, ne pas banaliser


Tableau 3.
Avant tout, il est nécessaire d’avoir parfaitement conscience de Échelle Generalized Anxiety Disorder-7 (GAD-7) (version française).
la fréquence de ces troubles psychiatriques et de leurs répercus-
sions massives en termes de qualité de vie mais aussi de leur impact Items Scores
négatif sur l’équilibre de l’épilepsie [3] . Il ne faudrait pas tomber 1. Un sentiment de nervosité, d’anxiété ou 0 1 2 3
dans le piège classique du « C’est normal, c’est logique qu’il n’ait de tension
pas le moral, qu’il soit anxieux, il fait des crises, ne conduit plus, 2. Une incapacité à arrêter de s’inquiéter ou 0 1 2 3
est en arrêt maladie, etc. », sachant que le patient et sa famille à contrôler ses inquiétudes
ont déjà tendance à tenir ce raisonnement et donc à peu rappor- 3. Une inquiétude excessive à propos de 0 1 2 3
ter spontanément les symptômes dépressifs ou anxieux ou à les différentes choses
minimiser. De plus, du moment où l’on s’approche des domaines
4. Des difficultés à se détendre 0 1 2 3
de l’irritabilité et surtout de celui de la psychose, il peut y avoir
une telle honte, une gêne, un sentiment de devenir fou que le 5. Une agitation telle qu’il est difficile de 0 1 2 3
patient ne va pas oser en parler à son médecin, ni parfois même à tenir en place
ses proches. 6. Une tendance à être facilement 0 1 2 3
Le médecin doit donc toujours rechercher activement et expli- contrarié(e) ou irritable
citement ces troubles [2, 3, 23, 29] . 7. Un sentiment de peur comme si quelque 0 1 2 3
chose de terrible risquait de se produire

Informer, mettre en confiance


Ainsi, il convient, dès les premières rencontres avec un patient syndrome dépressif dans le contexte de l’épilepsie. Il s’agit d’un
qui souffre d’épilepsie, de lui expliquer clairement et simple- autoquestionnaire de dépistage rapide, constitué de six items
ment l’interaction bidirectionnelle entre l’épilepsie et les troubles (score allant de 6 à 24) (Tableau 2). Il prend en compte les spécifi-
psychiatriques : « Ce sont des maladies qui touchent le fonc- cités de la dépression chez le patient épileptique et, par exemple,
tionnement du cerveau, qui peuvent toucher les mêmes zones », n’évalue pas la dimension de tristesse qui est non spécifique [16] .
« C’est fréquent », « Certains médicaments antiépileptiques sont Un score supérieur à 15 indique un risque élevé d’épisode dépres-
d’ailleurs efficaces pour traiter certains de ces troubles psychia- sif majeur actuel. Les deux items les plus sensibles et spécifiques
triques, d’autres peuvent au contraire provoquer ces symptômes », sont « J’ai des difficultés à trouver du plaisir », « Je ferai mieux
« Il faut pouvoir y être attentif et surtout ne pas hésiter à en parler d’être mort(e) », qui devraient conduire à une consultation avec
au médecin, il existe beaucoup de solutions », « Si vous ou votre un psychiatre [63] .
entourage remarquez un changement dans votre comportement,
il est important d’en parler ».
Generalized Anxiety Disorder-7 (GAD-7) (Tableau 3)
Il s’agit d’un outil de dépistage rapide, fiable, validé en
Identifier la catégorie du trouble français [48] et pertinent pour le dépistage du TAG (trouble
d’anxiété généralisé), le trouble anxieux comorbide le plus fré-
À l’aide de l’interrogatoire du patient, de son entourage et de quent chez les patients souffrant d’épilepsie. L’échelle GAD-7 est
l’agenda des crises, il convient d’identifier dans quelle catégorie de constituée de sept items cotés de 0 à 3. Le patient doit coter chaque
trouble se situe la symptomatologie du patient : est-ce un trouble item : 0 : jamais ; 1 : plusieurs jours ; 2 : plus de la moitié du temps ;
interictal, péri-ictal ou iatrogène ? Puis il s’agit de le diagnostiquer 3 : presque tous les jours, au cours des deux dernières semaines.
précisément. Le score total s’obtient en additionnant le score obtenu à chaque
item (score allant de 0 à 21). Un score total strictement supérieur
Évaluer : des outils spécifiques, des questions à 7 doit faire suspecter un TAG. La GAD-7 n’est pas une échelle
de diagnostic du TAG ni une échelle de sévérité du trouble. Il
simples s’agit d’une échelle de dépistage. Si le score est supérieur à 7, il
Il existe actuellement deux autoquestionnaires simples, rapides, est conseillé de faire confirmer le diagnostic par une évaluation
validés en français pour évaluer la dimension dépressive et clinique psychiatrique.
anxieuse des patients souffrant d’épilepsie. Dans de plus en plus de
centre d’épileptologie, les patients les remplissent même en salle
d’attente avant leur consultation, puis cela est repris au cours de Évaluer le potentiel suicidaire
la consultation.
Il s’agit soit de poser directement la question « Avez-vous déjà
pensé que la vie ne vaut plus le coup d’être vécue ? », « Avez-vous
« Neurological disorders depression inventory déjà pensé à vous suicider ? » et, si oui, « Avez-vous déjà pensé à
for epilepsy » (NDDI-E) un moyen de mettre fin à vos jours ? », soit d’utiliser le module
Le NDDI-E a été construit et validé en langue anglaise puis suicidalité du questionnaire Mini International Neuropsychiatric
traduit et validé en français [62] . C’est un outil de dépistage du Interview (MINI).

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17-045-A-56  Troubles psychiatriques et épilepsies

Des questions simples pour explorer En conclusion, les antidépresseurs sont d’utilisation sûre chez
des patients épileptiques lorsqu’ils sont utilisés à doses théra-
le champ des troubles du comportement peutiques. En revanche, il est indispensable de bien prévenir
ou de la psychose en amont le patient que la notice mentionnera que son traite-
ment antidépresseur est risqué pour son épilepsie, puis d’ajouter
Il est indispensable d’oser poser la question, en prenant la pré- que les données de la science actuellement ont démontré le
caution d’ajouter par exemple ceci : « Mes questions vont peut-être contraire. Sinon, le risque d’inobservance de ce traitement est
vous paraître bizarres mais ces symptômes sont fréquents, sou- majeur.
vent liés aux médicaments, et les patients n’osent pas forcément
nous en parler » ; « Avez-vous remarqué que vous étiez beaucoup Antipsychotiques
plus irritable ou que vous vous mettiez beaucoup plus en colère
qu’avant ? » ; « Avez-vous déjà vu ou entendu des choses que vous Selon Alper et al. [69] , l’incidence des traitements antipsy-
étiez le seul à percevoir ? » ; « Avez-vous le sentiment qu’on vous chotiques sur le risque épileptique varie selon les molécules.
en veut particulièrement, qu’il y a des complots contre vous ou Les molécules avec un risque similaire au placebo sont la
tout autre chose étrange ou inhabituelle ? ». rispéridone et l’aripiprazole, qui doivent donc être choisies pré-
férentiellement. En revanche, par ordre décroissant, la clozapine,
l’olanzapine puis la quiétiapine présentent un risque augmenté
Toujours se poser la question de crise.
de l’imputabilité iatrogène Ainsi, il faut être attentif au choix de la molécule lors du trai-
tement des troubles psychotiques lorsqu’il existe une épilepsie
Il convient de suspecter le rôle possible du traitement devant
comorbide.
tout symptôme psychiatrique survenant chez un patient souf-
frant d’épilepsie, quels que soient les symptômes, s’ils suivent
l’introduction de la molécule (généralement dans les 30 j) ; un Stratégies pour les troubles interictaux
syndrome dépressif au sevrage d’un traitement antiépileptique
(généralement dans les 7 j) n’est pas non plus à négliger. Pour les troubles interictaux, le traitement est globalement
comparable à ce qui est proposé dans les troubles psychiatriques
en dehors de l’épilepsie. Le praticien doit être tout autant ambi-
 Traitement tieux dans ses objectifs de rémission que chez des patients non
épileptiques.
Utilisation des antidépresseurs L’étape d’information, de psychoéducation est indispensable,
et des antipsychotiques elle permet au patient de comprendre ces symptômes, de dédra-
matiser, de ne pas se sentir « fou ».
Antidépresseurs
Dans les études contrôlées randomisées des antidépresseurs Troubles anxieux et dépressifs
inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS), ou des inhi- Le principe de la prise en charge des comorbidités dépressives
biteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline et anxieuses est similaire chez les patients souffrant d’épilepsie
(IRSNA), les patients traités avec un antidépresseur actif avaient et chez les patients ne souffrant pas d’épilepsie avec une asso-
50 % de réduction du risque de survenue de crises d’épilepsie alors ciation de thérapeutiques pharmacologiques (en particulier les
que ceux traités avec le placebo avaient un risque 19 fois plus élevé antidépresseurs IRS ou IRSNA) et de psychothérapie de type théra-
de survenue de crises d’épilepsie en comparaison avec la popu-
pies cognitives et comportementales (TCC) [33, 48] . À noter, pour le
lation générale [64] . L’idée classique et courante de la baisse du
trouble anxieux généralisé, le choix préférentiel de la prégabaline
seuil épileptogène par tous les antidépresseurs est donc largement
en première intention [70] . Malgré une durée de trouble courte mais
remise en question.
répétitive, la prescription d’IRS a toute sa place dans le trouble
La survenue de crise chez un patient épileptique présentant un
dysphorique interictal où cette prescription est efficace.
épisode dépressif majeur semble l’évolution naturelle de la patho-
La prescription de benzodiazépines doit toujours être limitée
logie et non les effets secondaires des antidépresseurs. Ainsi, les
dans le temps ; il s’agit uniquement d’un traitement symptoma-
IRS semblent sûrs dans l’épilepsie et sembleraient même diminuer
tique et non curatif.
la fréquence des crises [65] . En revanche, certains antidépresseurs
Les TCC ont bien démontré leur efficacité dans les troubles
tricycliques (clomipramine, maprotiline, amoxapine) et le bupro-
anxieux et dépressifs sur ces symptômes mais pas sur la fré-
pion abaisseraient le seuil épileptogène et présenteraient des effets
quence des crises. Dans l’épilepsie, elles sont particulièrement
proconvulsivants [66] .
intéressantes dans le traitement de la phobie spécifique des crises
Une vigilance nécessaire concerne l’hyponatrémie. En effet,
épileptiques afin de réduire l’anxiété anticipatoire des crises et
l’ensemble des antidépresseurs ont des facteurs de risque
d’améliorer ainsi le niveau d’anxiété, de symptôme dépressif et la
d’hyponatrémie, en particulier chez les personnes âgées, notam-
qualité de vie [46] .
ment lorsque les IRS sont combinés à des médicaments antiépilep-
Diverses méthodes ont été étudiées pour réduire le stress perçu
tiques eux-mêmes potentiellement pourvoyeurs d’hyponatrémie
et augmenter le contrôle perçu des crises [71] . Parmi ces approches
comme l’oxcarbazépine ou la carbamazépine. Cela est un facteur
« corps-esprit », le yoga et les thérapies fondées sur la pleine cons-
de risque de crise convulsive [67] .
cience (mindfulness) sont les plus documentés pour la gestion de
Il existe des interactions pharmacocinétiques entre les antidé-
l’anxiété interictale dans la prise en charge des épilepsies.
presseurs et les antiépileptiques. Plusieurs antidépresseurs de la
En cas de trouble dépressif résistant aux traitements antidé-
famille des ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la séroto-
presseurs et aux psychothérapies, l’électroconvulsivothérapie est
nine) sont des inhibiteurs du cytochrome P 450 (CYP). Les ISRS
possible chez un patient qui souffre d’épilepsie. Certains avancent
avec le plus faible pouvoir inhibiteur au niveau de ces interac-
l’intérêt antidépresseur à long terme (1 an) de la stimulation du
tions sont le citalopram et l’escitalopram, suivis de la sertraline
nerf vague indiqué en cas d’épilepsie résistante et dépression [72] .
(effet inhibiteur relativement faible) puis de la paroxétine et de
Dans le domaine de la recherche, un effet antiépileptique et anti-
la fluoxétine (effet inhibiteur modéré), et enfin de la fluvoxamine
dépresseur de la rTMS (repetitive transcranial magnetic stimulation)
(effet inhibiteur important) [65] . Plusieurs case reports montrent que
est retrouvé [73] .
certains ISRS (fluoxétine, fluvoxamine) augmentent les concentra-
tions sériques de phénytoïne et de carbamazépine [68] . Pour limiter
les interactions, il est recommandé d’utiliser plutôt en première
Troubles psychotiques
intention le citalopram/escitalopram, voire la sertraline, mais Le traitement des troubles psychotiques chez les patients épi-
l’utilisation de tous les IRS et IRSNA est possible [65] . L’utilisation de leptiques est identique à celui d’un patient psychotique non
la venlafaxine est aussi bien documentée et conseillée en seconde épileptique. Il consiste en un traitement pharmacologique anti-
intention, et l’imipramine uniquement en troisième intention. psychotique, à une aide psychothérapeutique et psychoéducative,

6 EMC - Neurologie

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Troubles psychiatriques et épilepsies  17-045-A-56

ainsi qu’à un accompagnement social [74] . Du point de vue particulière en cas d’usage du lévétiracétam et du pérampanel.
médicamenteux, on privilégie les antipsychotiques ayant peu On préfère utiliser le valproate, possiblement en association à
d’interactions médicamenteuses avec les antiépileptiques et ayant un antipsychotique si la clinique psychiatrique l’exige ;
le moins d’effet sur l’abaissement du seuil épileptogène : aripi- • en cas d’anxiété associée, on évite les MAE à effet anxio-
prazole ou rispéridone. On peut aussi, une fois la dose adéquate gène et plus particulièrement la lamotrigine, le felbamate et
déterminée, prescrire les traitements équivalents à longue durée le lévétiracétam, au profit de MAE anxiolytiques, à savoir les
d’action. benzodiazépines, la gabapentine et le prégabalin ;
• enfin, en cas d’agitation et de trouble du comportement, on
évite l’usage du lévétiracétam et du pérampanel de nature à
Stratégies pour les troubles péri-ictaux déclencher des passages à l’acte violents ainsi que la lamotri-
Il s’agit avant tout de bien les caractériser et de les diagnostiquer gine pouvant entraîner insomnie, anxiété, voire hypomanie.
précisément en s’appuyant sur l’agenda des crises. On préfère dans ce cas le valproate pour ses effets sédatifs et anti-
Le traitement principal est celui de l’épilepsie : en effet, si le impulsifs, et ce plus particulièrement s’il coexiste un trouble de
patient ne fait plus de crises, il ne souffrira plus de ces symptômes la personnalité sous-jacent.
péri-ictaux [74] .
Les traitements symptomatiques à type de benzodiazépine
peuvent être une option pour l’anxiété. Il semble que les anti-
Quand recourir au psychiatre ?
dépresseurs aient assez peu d’effets sur les troubles de la lignée C’est une question délicate qui dépend à la fois de l’expérience
anxieuse ou dépressive. Un élément principal va être aussi la et de l’aisance du neurologue ou du médecin généraliste par
psychoéducation ; le fait d’expliquer ces troubles au patient est rapport aux troubles psychiatriques et à la prescription de psycho-
extrêmement rassurant et thérapeutique en tant que tel. Les tropes, mais aussi de l’existence ou non de psychiatre sensibilisé
psychothérapies classiques ont peu d’impact sur ces troubles péri- à cette question de l’épipsy dans la région. Il faut aussi que cela
ictaux. puisse être accepté par le patient et sa famille sans que celui-ci se
Dans le cas de psychose postictale, même si la régression est sente rejeté ou pris « pour un fou ».
habituellement spontanée, il est fréquent de prescrire des antipsy- Les outils ne restent que des outils de dépistage et d’évaluation
chotiques pour soulager le patient au plus vite. Mais ils ne sont et ne sont pas de véritables confirmations diagnostiques. Il est sûr
pas à poursuivre au long cours si la rémission est rapide et si le qu’un score à la NDDI-E supérieur à 15, à la GAD-7 supérieur à
patient ne souffre pas de psychose interictale. 7 et surtout un fort potentiel suicidaire ou une décompensation
délirante nécessiteraient un avis psychiatrique.
Une thérapeutique innovante : le « biofeedback » Le neurologue peut prescrire le traitement de première ligne
Une dimension très importante de la prise en charge dimen- (en particulier pour les IRS) mais, en cas de doute diagnostique,
sionnelle de l’anxiété chez les patients souffrant d’épilepsie est de nombreuses comorbidités psychiatriques associées ou de résis-
de redonner un sentiment de contrôle sur les crises. Dans le tance à la première ligne de traitement, un avis psychiatrique est
cadre de l’anxiété préictale et ictale, des méthodes fondées sur le nécessaire.
contrôle physiologique semblent très prometteuses. Le principe
repose sur l’apprentissage de stratégies visant à moduler volontai-
rement des réponses physiologiques (fréquence cardiaque, activité  Conclusion
électrodermale ou activités cérébrales) en temps réel. L’objectif
est d’enseigner aux patients comment réduire volontairement Les troubles psychiatriques dans l’épilepsie sont très fréquents.
l’excitation corticale (grâce au neurofeedback) ou l’excitation sym- La reconnaissance de cette clinique psychiatrique spécifique est
pathique périphérique (grâce au biofeedback) pour diminuer le cruciale pour améliorer la qualité de vie des patients souffrant
seuil de déclenchement des crises [75] . Un protocole utilisant d’épilepsie, réduire le risque suicidaire et améliorer l’efficacité thé-
l’activité électrodermale a montré son efficacité en termes de rapeutique dans l’épilepsie. Il est nécessaire de lutter notamment
réduction des crises et d’amélioration des symptômes dépressifs contre la peur de prescrire des psychotropes chez une personne
chez des patients avec épilepsie pharmacorésistante [76] . épileptique. En cas de comorbidités psychiatriques, la prescription
des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine ou de certains anti-
psychotiques est nécessaire, souvent indispensable et sans danger.
Stratégies pour les troubles iatrogènes Une étroite collaboration entre neurologues et psychiatres, afin de
Lorsque l’imputabilité iatrogène semble confirmée, du fait sortir du cercle vicieux de l’aggravation mutuelle d’une patholo-
d’une relation temporelle forte et de la cohérence avec les effets gie par l’autre et pour progresser vers un équilibre thérapeutique
secondaires de la molécule, il est souhaitable de diminuer la dose satisfaisant est indispensable.
ou d’arrêter si possible la molécule, ou au contraire de la reprendre Enfin, l’étude de la relation bidirectionnelle complexe entre
si c’est secondaire à son arrêt. Le dosage plasmatique peut être épilepsies et troubles psychiatriques pourrait apporter beaucoup
utile [1] . Le choix du changement d’antiépileptique doit se faire à la compréhension des mécanismes physiopathologiques sous-
selon les stratégies d’optimisation décrites ci-dessous. jacents à ces deux ensembles de pathologies.

Optimisation des traitements Déclaration de liens d’intérêts : laboratoires Janssen, Lundbeck, Otsuka, ESAI.
antiépileptiques
Même si le patient ne souffre pas de troubles psychiatriques
d’origine iatrogène, cette stratégie d’optimisation des médica-
 Références
ments antiépileptiques selon les comorbidités et les antécédents [1] Toffol de B. Troubles psychiatriques de l’épilepsie chez l’adulte. EMC
psychiatriques du patient est à garder en tête [58] . Elle est à appli- – Psychiatrie 2013;10(1):1–14 [Article 37-560-A-10].
quer selon l’évaluation bénéfices/risques globale pour le patient [2] Hingray C. L’épipsy : les troubles psychiatriques dans l’épilepsie.
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• pour un patient épileptique présentant une comorbidité psy- [3] Thomas P, Biraben A. Épilepsie et psychiatrie. Paris: Dunod; 2015,
chiatrique de type dépression : il convient d’éviter les MAE 160p.
dépressiogènes, et plus particulièrement le phénobarbital, le [4] Tellez-Zenteno JF, Patten SB, Jetté N, Williams J, Wiebe S. Psychia-
vigabatrin, la tiagabine, le topiramate et préférer la lamotrigine ; tric comorbidity in epilepsy: a population-based analysis. Epilepsia
• en cas de comorbidité de type psychotique, on évitera les MAE 2007;48:2336–44.
propsychotiques, et plus particulièrement le vigabatrin, le topi- [5] Gudmundsson G. Epilepsy in Iceland. A clinical and epidemiological
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EMC - Neurologie 7

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C. Hingray (c.hingray@chru-nancy.fr).
Service de neurologie, Hôpital Central, CHRU de Nancy, boulevard Général-de-Lattre-de-Tassigny, 54000 Nancy, France.
Pôle du Grand Nancy, Centre psychothérapeutique de Nancy, 1, rue du Dr-Archambault, 54520 Laxou, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Hingray C. Troubles psychiatriques et épilepsies. EMC - Neurologie 2017;15(1):1-9 [Article 17-045-A-56].

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