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Finance & Finance Internationale N°24 juillet 2022

DETTE PUBLIQUE, AJUSTEMENT FISCAL ET CROISSANCE


ECONOMIQUE AU CAMEROUN

PUBLIC DEBT, FISCAL ADJUSTMENT AND ECONOMIC GROWTH


IN CAMEROON

Par

Charles-Alain BITA
Enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion,
Université de Ngaoundéré, Cameroun.
E-mail : bitacharles@yahoo.fr

&

Moussa Elhadji SAIDOU


Doctorant à la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion, Université
de Ngaoundéré, Cameroun.
E-mail :moussa.elsaid@yahoo.fr

&

Souaibou DJOULDE
Doctorant à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion, Université
de Ngaoundéré, Cameroun.
E-mail : souaiboudjoulde@yahoo.com

RESUME : Ce papier examine les effets de la dette publique et de l’ajustement fiscal sur le
taux de croissance du PIB au Cameroun pour la période allant de 1985 à 2015. Pour y
parvenir, nous recourons au modèle de régression linéaire multiple. L’estimation faite à l’aide
de la méthode de Moindres Carrés Ordinaires (MCO) montre que la dette publique a un effet
négatif sur la croissance économique au Cameroun. L’ajustement fiscal quant à lui influe
positivement le taux de croissance du PIB. Nous pensons que, pour booster la croissance au
Cameroun, les pouvoirs publics devraient mieux gérer l’assiette fiscale au Cameroun.
Mots clés : Dette publique, Ajustement fiscal, Croissance et Cameroun.
Classification JEL : C12-C22-E62-H30-H63

ABSTRACT: This examine the effects of government debt and fiscal adjustment on the GDP
growth rate in Cameroon for 1985 to 2015. To do this, we used the multiple linear regression

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model. Using the Least Ordinary Least Squares (OLS) method, we obtained that public debt
has a negative effect on economic growth in Cameroon and thehas a positive effect on the
GDP growth rate. We think that to boost economic growth in Cameroon, government should
better manage the taxe base.

Keywords: Public Debt, Fiscal Adjustment, Growth and Cameroon.


JEL Classification : C12-C22-E62-H30-H63

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1. Introduction
« D'un surcroît de dette, il en est fort difficile de s'en acquitter ». À travers cette
citation du poète Français Jean Racine (1672), la dette a toujours constitué un souci majeur à
l'individu et à l'État. Selon la CNUCED (2009), La dette publique est la dette de l’État, elle
regroupe l’ensemble des emprunts contractés par les administrations publiques notamment
l’État, les collectivités et les organismes de sécurité sociale mais également la partie de la
dette privée qui a obtenu la garantie du secteur public. De nos jours, le poids de la dette
publique est revenu au centre des préoccupations des hommes politiques et des
citoyens(Wade A,2014). La crise des subprimes de 2008 a entrainé une très forte détérioration
des situations budgétaires en Afrique, marquée à la fois par des déficits budgétaires élevés et
par l'augmentation de la dette publique. Ainsi, le poids de la dette publique caractérise la
plupart des pays sous-développés. Au Cameroun, la dette publique a subi une forte
augmentation de 1985 à 2015.
En effet, la dette publique qui regroupe l’ensemble de la dette intérieure 1 et extérieure
a connu une augmentation considérable au fil de temps. L’encours de la dette extérieure à lui
seul était de 2262 milliards de FCFA en 1986, cet emprunt est passé à 4592 milliards de
FCFA en 1990.Quatre ans plus tard, cette dette extérieure s’élève à 6035 milliards du fait de
la dévaluation du FCFA en 1994 En avril 2006, le Cameroun atteint le point d’achèvement de
l’initiative des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) avec pour conséquence les allègements de
la dette extérieure qui tombera à 1991 milliards, le niveau le plus bas, jamais enregistré.
Malgré cette réduction de la dette, en fin juin 2015, elle est évaluée à 3811 milliards de franc
CFA (CAA, 2015), soit 23,4 % du PIB du pays.
La dette intérieure à son tour a progressé de manière constante de 1989 à 1993, soit
3815 millions de dollars à la fin de l’exercice de 1993. En 1994, cette dette a connu une
diminution passant de 2732 à 2314 millions de dollars en 1997. En 1999, le Cameroun
enregistre une dette de 2124 millions de dollars, soit une baisse de 8,21 % du fait de
l’amélioration des recettes de l’État l’ayant permis d’éponger en partie certains catégories de
la dette intérieure (Fambon, 2002).
Toutefois, certains travaux effectués à la suite de l’article de Reinhart et Rogoff (2010)
n’ont pas permis d’établir la causalité entre le niveau de la dette publique et la croissance
économique(Panizza et Presbitero, 2013). Pourtant, les arguments théoriques en faveur d’un
tel lien restent pertinents. Autrement dit, une dette publique plus élevée conduit à une plus
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Voir la Caisse Autonome d’Amortissement 2015.
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forte taxation, ce qui décourage le travail et l’innovation. Cela conduit à une augmentation de
l’investissement public et à un détournement de l’épargne privée et donc à une baisse de
l’investissement privé.
Par ailleurs, soulignons que l’endettement public peut exposer l’économie aux risques
liés à l’équivalence ricardienne 2 . Une telle situation se traduirait, à terme, par un
ralentissement de l’activité économique sous l’effet de la contraction de la demande globale.
Aussi, l’endettement de l’État peut provoquer un effet d’éviction (Barro, 1974). Cet effet est
dû à l’emprunt par l’État de fortes sommes pour son besoin de financement. De ce fait, la
masse des crédits disponibles pour le financement des entreprises privées diminue. Le recours
accru à l’emprunt de l’État exerce une pression à la hausse sur les taux d’intérêts. Ces deux
mécanismes combinés provoquent un renchérissement du coût de crédit pour l’ensemble des
acteurs économiques. Cela décourage une partie des achats des consommateurs financés par
l’emprunt et réduit ainsi les investissements des entreprises lorsque leur rentabilité est
insuffisante. Ces mécanismes nuisent à la croissance.
D’autre part, la contrainte de financement du déficit engendre via la pression fiscale,
un renchérissement du coût du travail, du capital et de l’investissement. L’endettement public
fait donc peser sur l’économie en général un risque de concurrence fiscale des pays dû aux
prélèvements élevés. Le contexte économique mondial rend impossible ces politiques
d’endettement dans plusieurs pays sous-développés. Les pays de la zone CEMAC
n’échappent pas à cette situation. En effet, une politique de dépenses publiques fondée sur
l’endettement aurait pour conséquence, une forte augmentation des achats de biens étrangers.
Par ailleurs, l’accumulation des déficits budgétaires vient gonfler l’encours de la dette
publique et augmente les charges futures de l’État. Or, plus un État est endetté, plus la charge
de cette dette est élevée. Celle-ci pèse d’autant plus sur son budget qu’un niveau de dette
important entraîne des taux d’intérêts élevés lorsque l’État veut contracter de nouveaux
emprunts. À terme, le poids de la dette peut ainsi devenir insoutenable par rapport au niveau
des recettes de l’État. Ainsi, à côté de la dette publique et de sa charge, l’État a d’autres
engagements3. En outre, une politique budgétaire expansive apparaît aujourd’hui malsaine et
artificielle (Artus, 1996).

2
Cette dernière se manifeste par un comportement attentiste des agents économiques qui auraient tendance à
épargner davantage dans l’anticipation d’une hausse future des impôts destinés à couvrir le remboursement de
l’emprunt public.
3
À savoir celui de verser une retraite à ses agents qui, dans le contexte démographique actuel, risque de poser
des difficultés
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En effet, une politique budgétaire expansive provoque une croissance économique


artificielle dans la mesure où elle est fondée sur l’endettement. Il semble évident qu’il faille
tôt ou tard rembourser cette dette ; sous l’effet de la contrainte budgétaire inter temporelle. Le
remboursement de la dette se traduit par deux options. Il s’agira soit d’augmenter les impôts,
soit de diminuer les dépenses publiques.
La première option est la plus couramment choisie car la deuxième solution est
difficile à effectuer à court terme. Une politique d’austérité aurait alors pour conséquence une
diminution du revenu des acteurs économiques. Ceci se traduit par une baisse de la croissance
économique. Ainsi, la croissance gagnée sur le court terme est perdue sur le long terme.
Ensuite, l’endettement a des fortes conséquences sur le marché monétaire. Il pénalise
l’investissement par de forts taux d’intérêts. Le remboursement nécessaire des intérêts de la
dette compresse les autres dépenses. C’est dans ce même ordre d’idée que pense Breton T.
(2006) : « l’impôt ne sert plus à préparer l’avenir mais à payer le passé ». Chaque année l’État
s’appauvrit parce qu’une partie de la hausse de la dette finance d’autres dépenses que
l’investissement.
Par ailleurs, l’ajustement fiscal est une politique fiscale qui consiste à agir sur les
prélèvements obligatoires. Selon les circonstances du pays, l’ajustement peut impliquer soit
un resserrement, soit un assouplissement de l’orientation fiscale. L’on peut se poser la
question de savoir comment les différents États dans le monde confrontés à des hausses
massives de leur dette et de leur déficit ont pu ou pas revenir à une situation financière plus
équilibrée ? En réponse à cette question, les travaux scientifiques ont montré qu’un pays
caractérisé par un niveau extrêmement élevé et croissant de la dépense publique qui atteint
aujourd’hui 57 % du PIB ne voit pas concrètement la contribution de l’ajustement à la
réduction de ce déficit (Frederic et Anna, 2015). C’est dans ce sens que Baldacci et al. (2013)
montrent qu’après les sortes de consolidation de la dette, la croissance économique a été
négativement corrélée avec la taille de l’ajustement fiscal mais positivement associé à la
longueur d’ajustement et au PIB. La croissance économique est également faiblement
associée à la qualité de l’ajustement fiscal en présence des contraintes de crédit et de
désendettement bancaire.

Ainsi, l’’absence d’un régime d’ajustement fiscal conduit à réglementer les transferts
de bénéfices entre les entreprises. Les dispositions fiscales qui réglementent ces transferts de
bénéfice entre ces entreprises sont motivées par le combat de l’évasion fiscale. La politique

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fiscale doit donc être ajustée en fonction des objectifs de croissance économique. La place de
la fiscalité est cruciale dans les économies en général et en particulier dans une économie à
contrainte de crédit 4 comme celle camerounaise. L’on peut se poser la question de savoir
comment booster la croissance d’une économie croupissant sous une dette publique
importante et dans un contexte où l’accès au financement est limité à certains acteurs
économiques? Cette question trouve son importance au regard des surendettements qui ne
cessent de prendre l’ampleur dans les économies en voie de développement et les taux
d’imposition qui augmentent aussi annuellement. D’où l’intérêt de cet article qui consiste à
mettre en exergue la relation entre la dette publique, l’ajustement fiscal et la croissance
économique dans un pays sous-développé, le Cameroun. La suite de l’article se présente de la
manière suivante: la seconde section présente la revue de la littérature sur le lien qui existe
entre la dette publique, l’ajustement fiscal et la croissance. La troisième section présente la
méthodologie utilisée ainsi que les sources des données de l’étude. La quatrième section
souligne les différents résultats des régressions économétriques ainsi queles discussions des
politiques économiques y relatives. La dernière section conclut le travail.
2- Revue de littérature : quelques arguments théoriques et empiriques
De nombreux auteurs se sont intéressés à la question de l’endettement public. Les
approches diffèrent selon les objectifs et champs d'application. Si certains ont eu recours à
une approche descriptive et de Benchmarking pour analyser l’endettement de l’État et son
impact sur l'activité économique, d’autres en revanche ont utilisé des démarches macro
économétriques telles que les séries temporelles, les Modèles d’ Équilibre Général Calculable
(MEGC) et les Modèles à Générations Imbriquées (MGI)... À l'issue de ces études, les
résultats ne permettent pas de trancher quant au sens dans lequel l’endettement public
influence l’économie.
L’endettement constitue l’une des principales voies de financement du déficit public.
Cependant, l’utilisation de cette méthode est controversée entre les courants néoclassiques,
keynésiens et monétaristes.
Pour les classiques et néoclassiques (Robert , 1974 ; Buchanan, 1958), le déficit public
est nocif à l'économie et son financement par emprunt conduit, soit à un effet d'éviction, soit à
un risque d'équivalence ricardienne. Ce dernier aurait pour conséquence, une anticipation de

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Une économie à contrainte de crédit est une économie dans laquelle l’accès aux financements est très limité à
quelques agents économiques notamment l’État, les grandes entreprises et quelques ménages nantis.
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hausse des impôts futurs par les agents économiques. Cela conduirait donc à terme par un
repli de la demande qui réduirait le niveau d’activité.
Les monétaristes (Aglietta, 2014)pour leur part, défendent l'idée selon laquelle le
financement du déficit par emprunt ne peut être efficace que si les agents économiques font
des erreurs dans leurs anticipations en considérant par exemple que les taxes ne vont pas
augmenter. Par contre, pour Lucas et Sargent(1981), les agents économiques utilisent toute
l'information disponible par conséquent ils intègrent cette hausse des taxes dans leurs
anticipations.Ainsi, les interventions de l'État sont totalement inefficaces.
En revanche pour les keynésiens (Keynes, 1936), l'impact de l’endettement public sur
l'activité dépend de la situation de l'économie. Ils stipulent qu’en plein emploi ou lorsque la
demande de monnaie conduit à une augmentation du taux d'intérêt, le déficit public n'est pas
souhaitable. Par contre en cas de ralentissement de la croissance, un creusement du déficit
pourrait être recommandé (Sterdyniak, 1983). Par ailleurs, à partir d’une analyse descriptive,
Rangarajan et Srivastava (2005) montrent qu’en Inde, le déficit primaire structurel combiné
aux paiements d'intérêt de la dette a un effet néfaste sur la croissance. En outre, dans les
économies contemporaines, la dette peut être indirectement une source d'inflation (Biuarua,
Bilan ; 2007).
Gaber (2010) montre que le financement du déficit par endettement entraine une
augmentation de la demande globale et du revenu national, mais cela conduit à évincer le
secteur privé dans le marché des fonds prêtables. Tesic et al. (2014) indiquent que dans le cas
de l'économie Serbe, une accumulation du financement externe du déficit public n'engendre
que des effets boules de neige de la dette publique. En utilisant les modèles de croissance ou
ceux des séries temporelles comme outil d’analyse, certains auteurs démontrent que la
stabilité macroéconomique est assurée en grande partie si le compte de l'État est équilibré.
Selon Blinder et Solow (1973), le multiplicateur des dépenses publiques est plus grand dans le
cas du financement du déficit par endettement. Par contre, si les conditions de stationnarité
sont réunies, quel que soit le mode de financement d'une hausse des dépenses publiques,
l'impact serait ressenti sur les prix tandis que le multiplicateur en volume ne serait pas affecté,
on aboutit à l'hyperinflation (Sargent et Wallace, 1981 ; Artus et Migus, 1983).
Dans un autre registre, Artus (1996) montre que dans une économie sans rigidité
nominale, le choix du mode de financement des dépenses publiques n'est pas important. Il
trouve également que si les prix sont assez rigides à court terme, l'investissement devient peu
sensible au taux d'intérêt.
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Creel et al. (2007) sur une étude portant sur la gestion des finances publiques au
Royaume-Uni, arrive à la conclusion selon laquelle l'investissement public par endettement a
un effet significatif et positif sur la croissance permanente du PIB. Dans le même ordre
d’idée, Tsintzos et Efthimiadis (2011) trouvent qu’en Grèce, une augmentation du ratio des
dettes publiques sur le PIB conduit à une augmentation du ratio du capital public sur le capital
privé qui, à long terme impacte positivement sur la croissance économique. Par contre, la fuite
des capitaux nationaux pour honorer le service de la dette a un effet défavorable sur la
croissance économique. En outre, Medeiros (2012) montre que dans les États de l'union
européenne, une hausse continue de la dette publique n'engendre qu'une « fatigue budgétaire »
C’est-à-dire la capacité à augmenter le solde primaire ne pourra pas suivre le rythme de
hausse de la dette. Il suggère que les scénarios de viabilité de la dette soient exécutés à l'aide
d'une fonction de réaction budgétaire. Enfin, Qayyum et Haider (2012) à partir d’un panel de
60 pays en développement trouvent que la dette publique extérieure agit négativement sur la
croissance économique. Tous ces arguments nous conduisent à formuler l’hypothèse selon
laquelle (H1): la dette publique impacte négativement sur la croissance économique au
Cameroun.
Toutefois, il est aussi possible de financer les dépenses publiques par impôts plutôt
que par emprunt. Crettez et al. (2003) montrent que si l’État choisit librement le montant des
impôts (forfaitaires), il n’y a aucune restriction sur la trajectoire de la dette publique. Par
conséquent, le gouvernement n’est soumis à aucune contrainte budgétaire inter temporelle. En
effet, à chaque période le volume de la dette ne doit dépasser ni la valeur du PIB courant, ni la
valeur actualisée du PIB de la période suivante. Cependant, Adam et Bevan (2005) montrent à
partir d’un panel de 45 pays en développement que les stocks de dettes élevés aggravent les
conséquences des déficits. En outre, que la dette publique soit intérieure ou extérieure, les
impacts sont équivalents (Darreau et Pigalle, 2013). Le prix Nobel d’économie Modigliani
(1961) considère également que la dette publique constitue une charge quelle que soit sa
forme. En revanche, Lerner (1948) a montré que la dette publique intérieure ne représente pas
un fardeau pour l’économie contrairement à la dette extérieure. À contrario, le prix Nobel
d’économie P. Diamond (1965) considère que la dette publique intérieure conduit à un effet
d’éviction alors que Thomson (1965) et Carlberg (1985) signalent que Diamond n’a pas
travaillé dans le cadre d’une économie ouverte auquel cas, les effets de la dette extérieure et
celle intérieure seraient équivalents.

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Parallèlement au débat théorique porté par les nouvelles théories de la croissance, s’est
développée une importante littérature empirique visant à examiner les effets du capital public
sur la croissance des nations. Les premières études (Ashauer, 1989 et Munnell, 1990)ont mis
en évidence un effet positif du capital public sur la productivité des entreprises en estimant les
fonctions de production à trois facteurs (capital public, capital privé et travail). Ainsi,
l’intervention de l’État dans le domaine économique et financier à la fin du XIXe siècle était
très limitée. Son statut « d’État gendarme » le confinait dans les missions de sécurité des
citoyens et de défense de la souveraineté du pays. Considérées comme improductives par la
théorie libérale classique (Locke, 1689; Adam Smith, 1776), les dépenses publiques devraient
être strictement limitées. Par contre, l’impôt est une « prestation pécuniaire requise des
particuliers par voie d’autorité à titre définitif et sans contrepartie en vue de la couverture de
charges publiques » (Jèze, 1936). Autrement dit, « Il y a les dépenses, il faut les couvrir ».
Depuis la crise de 1929,le problème du financement du déficit public a pris une autre
dimension. En effet, l’État parallèlement à sa fonction classique qui consiste à financer les
services publics, intervient fortement dans la vie économique pour réduire le déficit public
afin de booster la croissance et réduire les inégalités.
Toutefois, il n’y a pas de consensus dans la littérature économique sur les effets à
court terme de la réduction du déficit. Cela s’explique par la manière dont la politique
budgétaire est menée (Guajardo et al. 2011).
On a soutenu que la « méthode traditionnelle» 5 pourrait être biaisée en faveur du
soutien aux contradictions budgétaires expansionnistes. Les changements dans les variables
budgétaires corrigées des variations conjoncturelles sont souvent influencés par des
développements qui ne peuvent être attribués aux changements de la politique économique.
Une autre alternative est d’identifier les épisodes d’ajustements budgétaires sur la base des
plans budgétaires et des communiqués de presse du gouvernement pour mettre en évidence les
véritables changements budgétaires discrétionnaires. Les résultats empiriques ont tendance à
différer selon la méthode utilisée pour identifier les épisodes de consolidation. Certains
auteurs (Alesina et al. 1996; Alesina et al. 2010) trouvent une preuve de la croissance de la
production trois ans après la fin d’un épisode de consolidation du déficit selon l’approche «
traditionnelle».

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Il s’agit d’une démarche classique.
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Pour les partisans de « l’approche narrative»6, (Barbara J, 1995 ; Destandau S. et Le


GuenM, 1998) une réduction de 1 % du déficit budgétaire diminue le rendement de 0,75 % au
cours de deux prochaines années (Devries et al. 2011). Cependant, la plupart des travaux
empiriques avec un grand échantillon de pays où les plans budgétaires ne sont pas disponibles
se basent sur l’approche « traditionnelle ».
Toutefois, il existe un large consensus dans la littérature sur les effets à moyen terme
de l’ajustement budgétaire par la fiscalité sur la croissance. En effet, la relation entre la dette
publique et la croissance est complexe. Dans les études empiriques, les pays ayant les niveaux
de la dette publique élevés ont tendance à connaitre une croissance plus modérée (Reinhart et
Rogoff, 2010). Ainsi, une croissance économique faible peut augmenter les ratios de dette
publique même lorsque l’ajustement budgétaire est en place (Herndon et al. 2013). Le lien
entre la politique budgétaire et la croissance à moyen terme devient encore plus complexe
lorsque les conditions du marché de crédit sont prises en compte. En effet, le contexte
camerounais vit l’économie d’endettement où il n’y a que les banques secondaires qui
répondent souvent sous certaines conditions aux besoins des agents économiques. Une telle
pénurie de crédit et de faiblesse des canaux financiers peuvent nuire à la croissance. En outre,
les retombées des risques du secteur financier vers les marchés de la dette souveraine peuvent
affecter la viabilité de la dette. De ce qui précède, nous formulons l’hypothèse (H2) selon
laquelle : l’ajustement fiscal influence positivement la croissance économique au
Cameroun.
3. Méthodologie et base des données
Dans cette partie, nous présentons l’approche économétrique adoptée ainsi que le
processus de collecte des données utilisées pour l’analyse empirique.
3.1. Spécification du modèle
Nous adoptons une approche économétrique basée sur un modèle de régression
linéaire multiple. Dans le cadre de cette étude, la variable dépendante est la croissance
annuelle du PIB. Selon Perroux(1961), la croissance économique est entendue comme
« l’augmentation durant une ou plusieurs périodes(…) d’un indicateur de dimension pour la
nation, le produit global brut ou net en termes réels ». Dans cet article, la croissance
économique est mesurée par le taux de croissance du PIB annuel en pourcentage. En effet,

6
Il s’agit essentiellement d’une technique exploratoire procédant à partir des matériaux empiriques hétérogènes
et cherchant à mettre en évidence les relations entre les décisions des acteurs et des tendances lourdes et des
structures
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c’est un bon indicateur de la taille et la richesse d’un pays par conséquent c’est un bon indice
de santé d’une économie. La croissance peut créer une insuffisance de l’offre par rapport à la
demande qui se résout par une augmentation des prix.
Dans le cadre de ce travail, nous distinguons5 variables explicatives capables d’expliquer
la croissance économique au Cameroun dans un contexte d’une dette publique élevée.
 Dette publique (DEP)
L’encours de la dette publique désigne le montant total des emprunts publics. Il est
généralement exprimé soit en valeur nominale, soit en pourcentage du PIB, soit en
pourcentage des exportations (Ojo, 1989 ; Kumar et Woo, 2010). Dans ce travail, nous la
mesurons par le montant total de la dette publique en pourcentage du PIB. Une dette très
élevée est nocive à la croissance économique d’un pays par conséquent le signe attendu de
cette variable est négatif.
 Désendettement bancaire (DB)
Le désendettement équivaut au fait pour un agent économique qu’il s’agisse d’un simple
particulier, d’une société ou même de l’État d’effectuer un remboursement anticipé de ses
dettes. Ce payement avant terme peut concerner une partie ou la totalité de la somme
empruntée, à laquelle s’ajoutent les intérêts. Dans le cadre de ce travail, le désendettement
bancaire est mesuré par le ratio des fonds propres sur le crédit à l’économie en pourcentage
du PIB. Toutefois, le durcissement des réglementations bancaires et financières, le
désendettement bancaire et les restrictions conséquentes dans l’octroi de crédit limitent
l’investissement et bloquent la croissance. C’est pourquoi le signe attendu de cette variable
est négatif.
 Ajustement fiscal
Cette variable est habituellement mesurée soit par la qualité de l’ajustement fiscal, soit
par la durée de consolidation des dettes, soit par la taille de consolidation de ces dettes et la
taille de réduction des déficits publics (Baldacci et al. 2013). Toutefois, à cause du manque
des données, seule la taille de réduction des déficits publics et celle de consolidation des
dettes seront retenues dans ce travail pour appréhender l’ajustement fiscal.
 Déficit public (TRDF)
Le déficit public désigne le solde négatif (les dépenses publiques supérieures aux
recettes) du budget de l’État, de collectivités locales et de la sécurité sociale. Dans ce cas, les
administrations publiques se trouvent en situation de besoin de financement. Pour combler ce
déficit et payer toutes les dépenses prévues par la loi des finances, l’État doit emprunter.
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Ainsi, l’État doit s’engager dans des mesures budgétaires pour réduire les déficits mais ces
mesures favorisent-elles la croissance économique ?
Pour les keynésiens, les déficits peuvent favoriser la croissance. En effet,
l’augmentation des impôts sur les ménages apporte plus de recettes, plus de redistribution,
plus de consommation, plus d’activité pour les entreprises. Ensuite, la taxation des dividendes
des actionnaires peut inciter les entreprises à investir.
Néanmoins, la réduction du déficit public peut freiner la croissance. Une hausse des
impôts réduit le pouvoir d’achat des ménages. Elle peut également inciter à l’évasion fiscale
ou conduire les entreprises nationales à se délocaliser. Dans le cadre de ce travail, cette
variable est mesurée par le ratio de déficit public en pourcentage du PIB sur diverses années.
Son signe attendu reste donc ambigu.
 Taille de consolidation des dettes (TCD)
Un prêt de consolidation des dettes est en général un prêt consenti par une institution
financière qui vous permet de rembourser plusieurs ou tous vos créanciers en un seul
paiement. Vous n’aurez maintenant qu’un seul prêt avec votre institution financière. En plus
de rationaliser vos dettes en un seul paiement, un prêt de consolidation peut vous offrir un
taux d’intérêt moins élevé que celui demandé par vos créanciers. Ce qui permet d’économiser
des sous en termes d’intérêts. L’agent économique a l’opportunité de maintenir une bonne
cote de crédit. Cette situation peut donc permettre à l’agent économique d’élargir sa surface
d’emprunt afin de financer d’autres investissements. Ce qui est de nature à avoir des effets
positifs sur le niveau d’activité. Ainsi, cette variable est mesurée par le ratio des dettes
consolidées en pourcentage du PIB et son signe attendu est par conséquent positif.
 Investissement public
L’investissement consiste dans l’acquisition des biens et services en vue de la production
ultérieure d’autres biens et services. En comptabilité nationale, l’investissement est
appréhendé à travers la notion de la Formation Brute de Capital Fixe (FBCF). Cet agrégat
représente « la valeur des biens durables acquis par les unités de production résidentes sur le
territoire national afin d’être utilisées pendant au moins un an dans le processus ». Toutefois,
cette définition est limitative car elle exclut les acquisitions de terrain, l’investissement
immatériel qui tient à l’achat de brevet, des marques de fabrique, le droit d’auteur, le fonds de
commerce, les dépenses en R&D, Celles relatives à la formation de personnel, à la publicité
ou encore au marketing… L’investissement public est donc un élément à part entière du PIB
et donc de la croissance. Ainsi, parmi les dépenses publiques qui pourraient être considérées
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comme investissement, l’on peut citer les infrastructures, les politiques de formation et de
l’éducation, les politiques de santé, les programmes de recherche en développement. La
statistique de référence pour la mesure de l’investissement public est celle de la comptabilité
nationale (FBCF). Tous ces éléments sont destinés à stimuler l’activité économique tout en
favorisant l’expansion du secteur productif. Dans le cadre de ce travail, l’investissement
public est mesuré par la Formation Brute de Capital Fixe(FBCF) et son signe attendu dans le
modèle estpositif.
Partant de la présentation des variables ci-dessus, le modèle théorique sous sa forme
fonctionnelle est spécifié tel qu’il suit :
PIBt  f  DEPt , TCDt , TRDFt , INVPt , DBt , DBt *TCDt , DBt * TRDFt  .

Ce modèle reprend celui développé par Baldacci et al. (2013) et s’écrit de la manière linéaire
suivante :
PIBt  0  1DEPt  2TCDt  3TRDFt  4 INVPt  5 DBt  1DBt *TCDt   2 DBt *TRDFt   t
Tableau 1: Présentation des signes attendus des variables et paramètres
Variables Mesures Coefficie Signes
nts attendus
Dette publique(DEP) Ratio d’endettement β1 Négatif (-)
public en % du PIB
Taille de consolidation des Ratio des dettes β2 Positif (+)
dettes (TCD) consolidées en % du PIB
Taille de réduction de déficits Ratio de déficits public en β3 Ambigu
(TRDF) % du PIB (+/-)
Désendettement bancaire (DB) Ratio fonds propres sur β4 Négatif (-)
les crédits à l’économie
Investissement La Formation Brute de β5 Positif (+)
publique(INVP) Capital Fixe en % du
PIB
Source : les auteurs selon la théorie économique
3.2. Sources des données de l’étude
Nous utilisons dans cette étude des données secondaires qui couvrent la période 1985-2015.
Elles sont collectées au niveau des statistiques financières internationales, régionales et
nationales à savoir : la base des données de la banque mondiale (BM), African Development
Indicator (ADI), rapports des banques de France et des rapports de la COBAC.
Sur la sphère nationale, nous avons sollicité les données de micro bases à savoir la Caisse
Autonome d’Amortissement (CAA).
4. Résultats et discussions des estimations

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Dans cette section, nous présentons d’une part les tests statistiques et économétriques et
d’autre part l’interprétation des résultats obtenus.
4.1. Tests statistiques et Économétriques.
Tout traitement économétrique nécessite au préalable une étude de la stationnarité des
variables. En utilisant le test d’ADF, toutes nos variables sont intégrées à l’ordre 1.

Tableau 2: Résultats des tests stationnarité des variables de l’équation du modèle principal.
TEST DE STATIONNARITE D’ADF (au seuil de 5%)
Variables En niveau En différence première Ordre
d’intégration

Valeurs Valeurs Valeurs Valeurs


statistiques critiques statistiques critiques
PIB -2.256785 -2.963972 -6.574720 - I(1)
2.967767
DEP -2.346808 -2.963972 -7.122715 - I(1)
2.967767
TCD -1.559453 -2.967767 -5.072780 - I(1)
2.967767
TRDF -1.234630 -1.956406 -6.254028 - I(1)
1.957204
INVP -2.055196 -2.967767 -3.924729 - I(1)
2.967767
DB -0.498925 -1.952473 -4.513571 - I(1)
1.957204
Source : auteurs
Par ailleurs, le test de Johannsen montre l’existence d’une relation de cointégration
entre les variables. Le test des valeurs propres maximales le confirme.
Tableau 3: résultats du test de la valeur propre maximale.
Unrestricted Cointegration Rank Test (Trace)

Hypothesized Trace 0.05


No. of CE(s) Eigenvalue Statistic Critical Value Prob. **

None * 0.985983 182.0317 83.93712 0.0000


At most 1 0.615221 58.27516 60.06141 0.0701
At most 2 0.453436 30.57763 40.17493 0.3250
At most 3 0.277361 13.05859 24.27596 0.6167
At most 4 0.115369 3.638068 12.32090 0.7624
At most 5 0.002862 0.083112 4.129906 0.8129
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Les variables étant toutes intégrées à l’ordre 1 et cointégrées, nous procédons à l’estimation
de la relation de long terme par la méthode des MCO.
Tableau 4: Résultats de l’estimation du modèle de long terme

Variables explicatives Coefficients


C 1.191383
(0.352144)
DEP -0.084369**
(-2.539629)
TCD 0.250014***
(4.391382)
TRDF 0.940184***
(7.454659)
INVP 0.055996
(0.591931)
DB -0.009499
(-0.141137)
DB*TCD -0.004900***
(-4.495517)
DB*TRDF -0.037632***
(-10.75930)

Diagnostic statistique
R² 0.934357
R²-ajusté 0.914379
Sources:
SCE 1.190817
SCR 32.61506 auteurs.
LM -44.77429
Les valeurs entre
F-statistique 46.76848
DW 2.681671 parenthèses figurent le
t-stat.**, *** signifie une significativité des coefficients à respectivement 5% et 1%.
Pour éviter une régression fallacieuse, les résidus issus de l’estimation de la relation de long
terme ont été récupérés. Si ces résidus sont non stationnaires, la relation de long terme est une
régression fallacieuse. Si les résidus sont stationnaires, la relation estimée est une relation de
cointégration. Les résultats issus de l’application du test ADF sur les résidus dont la
statistique ADF estimée (-7.61) est inférieur à la valeur tabulée par Engle et Yoo (1987) au
seuil de 5% (-4,76). En conséquence, l’hypothèse nulle est rejetée. On en déduit que les
résidus sont stationnaires. Par conséquent les séries sont cointégrées et il est possible
d’estimer le modèle à correction d’erreur. Le tableau suivant ressort l’estimation de ce
dernier :

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Tableau 5: Résultats de l’estimation du modèle de court terme

Variables explicatives Coefficients


C -0.018432
(-0.088955)
D(DEP) -0.082232**
(-2.193917)
D(TCD) 0.198268***
(3.064970)
D(TRDF) 0.950095***
(9.613323)
D(INVP) 0.052179
(0.362010)
D(DB) -0.009499
(-1.003172)
D(DB*TCD) -0.004170***
(-3.656324)
D(DB*TRDF) -0.042152***
(-9.890014)
RESID01(-1) -1.200241***
(-4.864938)
Diagnostic statistique
R² 0.919951
R²-ajusté 0.889456
SCE 1.097971
SCR 25.31637
LM -40.02196
F-statistique 30.16734
DW 1.845137
Sources: auteurs. Note : les valeurs entre parenthèses représentent le t-stat. **, ***
signifie une significativité des coefficients à respectivement 5% et 1%.

4.2. Interprétation des résultats


Nous interprétons d’abord les variables d’intérêts en suite les variables de contrôle du modèle.
La dette publique : Elle a le signe significativement attendu (négatif) au seuil de 5%
à long et à court terme. Ainsi, Toutes choses égales par ailleurs, une hausse d’un pourcent de
la dette publique entraine une diminution du taux de croissance. Ce résultat confirme la
théorie classique selon laquelle la dette est un frein à la croissance économique. D’où,
l’hypothèse H1 : « La dette publique impacte négativement sur la croissance économique au
Cameroun » est vérifiée.
La taille de réduction de déficits (TRDF) : C’est une variable qui mesure
l’ajustement fiscal dans notre modèle. Il faut d’abord dire que les signes sont positifs à court

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comme à long terme. Cependant, la TRDF est significative dans tout le temps au seuil de 1 %.
On comprend donc que la réduction du déficit public améliore le taux de croissance. En outre,
un déficit public important peut freiner le niveau d’activité dans un pays.
La taille de consolidation des dettes (TCD) est significative au seuil de 1% à long et
à court terme. Le signe de son coefficient d’élasticité est positif comme le prédit la théorie
économique. Une augmentation d’un pourcent de la taille de consolidations des dettes
entraine une hausse du taux de croissance économique.
Nous observons que ces deux variables utilisées pour capter l’ajustement fiscal nous
permettent d’accepter notre hypothèse H2 selon laquelle « l’ajustement fiscal affecte
positivement la croissance économique au Cameroun ».
Le désendettement bancaire est non significatif à long comme à court terme et
présente le signe économique attendu (négatif). À cet effet, lorsqu’il augmente d’un pourcent,
le taux de croissance diminue sous l’hypothèse toutes choses égales par ailleurs.
L’investissement public : cette variable n’est pas significative mais présente le signe
attendu. Cela signifie que la part du budget consacrée à l’investissement stimule bien le taux
de croissance du PIB au Cameroun.
Conclusion
Cet article met en évidence l’impact de la dette publique et de l’ajustement sur la
croissance de l’économie camerounaise. Les résultats économétriques obtenus à l’aide de la
méthode de moindres carrés ordinaires montrent que la dette publique est négativement
corrélée au taux de croissance du PIB d’une part et l’ajustement fiscal qui est capté par la
taille de consolidation des dettes et la taille de réduction de déficit influence positivement la
croissance économique au Cameroun d’autre part. Au regard de ces résultats obtenus,
quelques recommandations des politiques économiques sont émises à l’État du Cameroun.
L’État doit bien gérer ses dépenses et éviter de contracter à nouveau les dettes. Cette
action peut s’effectuer par une orientation des dépenses de l’État vers les secteurs productifs
c’est-à-dire en orientant plus ses dépenses vers le budget d’investissement que celui de
fonctionnement. Par ailleurs, une gestion rigoureuse et plus saine des recettes de l’État
éviterait la « course » à la recherche des intérêts égoïstes, la corruption, le détournement des
deniers publics par les vautours de l’État. Ces deux solutions permettraient à l’État de mieux
gérer ses ressources vers les secteurs porteurs de l’économie tout en évitant de contracter de
nouvelles dettes énormes.

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Une troisième solution pourrait être la création de nouvelles richesses par l’impôt.
Mais celle celle-ci reste délicate pour l’État car il doit se demander qui impose ?
Logiquement, on pense à la population et aux entreprises. Il appartient alors à l’État de mettre
en place des mesures utiles pour ses finances tout en veillant à ce que l’imposition ne soit pas
injuste pour ses citoyens.

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