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Noblot
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DIEC Première partie C. Noblot
Cyril Noblot
Sommaire
Annexes ....................................................................................................................... 68
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DIEC Première partie C. Noblot
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Au bénéfice de ces précisions, il est vrai que dans les années 1970 en
France, un droit de la consommation à coloration civiliste et contractuelle
s’est développée et que ce développement a fini par être regardé comme
l’expression de l’ensemble du droit de la consommation français, l’actualité
civiliste et contractuelle du droit de la consommation ayant en quelque sorte
chassé des mémoires ses aspects antécédents qui avaient une couleur
nettement plus économique.
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M. Stoffel-Munck écrit que le droit des contrats qui figure dans le Code
civil protège celui qui en a concrètement besoin. C'est un droit individualiste
qui ne protège pas les catégories de manière aveugle ; le contractant est
protégé si son consentement a été effectivement vicié (erreur, dol, etc.).
Et le droit civil est également un droit fortement imprégné de
considérations morales ou la bonne foi joue un rôle important. Dans la
logique civiliste, un consommateur de mauvaise foi ne mérite aucune
protection (songeons par exemple à celui qui voyage en train sans jamais
acheter de billet, comme dans l’affaire CJUE, 7 nov. 2019, aff. jtes C-349/18 à
C-351/18, Nationale Maatschappij der Belgische Spoorwegen (NMBS)). On
concevrait mal qu’un consommateur se rétracte sans raison et de manière
discrétionnaire (sur ce point précis v. infra). Un droit potestatif est peu
admissible en droit civil.
1C’est à partir du traité de Maastricht du 7 février 1992 sur l’Union européenne qu’une avancée importante dans la
politique européenne de protection des consommateurs a eu lieu (v infra).
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Bien sûr, cela ne veut pas dire que le droit européen est entièrement
imperméable ou réfractaire aux principes du droit civil ; il s’y réfère d’ailleurs
ponctuellement (ex : CJUE, 23 septembre 2009, C-489/07 Pia Messner pt 29
« (…) ces mêmes dispositions ne s’opposent pas à ce que le payement d’une indemnité
compensatrice pour l’utilisation de ce bien soit imposé au consommateur dans l’hypothèse
où celui-ci aurait fait usage dudit bien d’une manière incompatible avec les principes de
droit civil, tels que la bonne foi ou l’enrichissement sans cause, à la condition qu’il ne soit pas
porté atteinte à la finalité de ladite directive et, notamment, à l’efficacité et à l’effectivité du
droit de rétractation, ce qu’il incombe à la juridiction nationale de déterminer. ).
Son souci n’est pas de protéger la partie faible contre la partie forte
dans une logique concrète de protection des individus, mais dans une
logique fonctionnelle.
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Ainsi, elle y signale que « l'idée selon laquelle il serait souhaitable que
l'internationalité se banalise, serait-ce dans le cadre limité des frontières de
l'Union européenne, pose question. Les situations internationales demeurent
un phénomène intrinsèquement marginal, même à l'heure de la
mondialisation, car l'internationalité présente de multiples inconvénients,
indépendamment même de sa dimension juridique, du fait des distances
géographiques et des différences linguistiques et culturelles séparant les
parties. Dès lors, si l'on peut comprendre que la Commission souhaite
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Qu’en pensez ?
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On n’oubliera pas que l’une des origines du droit de l’Union européenne était la CECA (instituée en 1951 par
le traité de Paris), qui visait à la communautarisation du charbon et de l’acier (matière première qui permet
notamment la fabrication d’armements), spécialement en vue d’éviter un nouveau conflit militaire entre la
France et l’Allemagne.
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S’il n’est pas toujours indifférent au droit européen que telle personne
physique ait besoin d’une protection dans telle ou telle situation, (Dumitras, pt
30 : « Cette protection est particulièrement importante dans le cas d’un contrat de garantie
ou de cautionnement conclu entre un établissement bancaire et un consommateur. Un tel
contrat repose en effet sur un engagement personnel du garant ou de la caution à payer la
dette contractée par un tiers. Cet engagement entraîne pour celui qui y consent des
obligations lourdes qui ont pour effet de grever son propre patrimoine d’un risque financier
souvent difficile à mesurer (ordonnance du 19 novembre 2015, Tarcău, C-74/15,
EU:C:2015:772, point 25), en revanche, peu importe au droit européen de la
consommation que, dans un litige donné, le destinataire concret de la règle
protectrice n'ait eu nul besoin de protection.
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art. 3
C’est donc une contrepartie qui est exigée, mais pas nécessairement
sous forme de prix (cela peut être un transfert de données à caractère
personnel).
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v. point 38. Il faudrait vérifier si la vente en ligne a été réalisée « de manière organisée,
si cette vente a un but lucratif, si le vendeur dispose d’informations et de compétences
techniques relatives aux produits qu’il propose à la vente dont le consommateur ne dispose
pas nécessairement, de façon à le placer dans une position plus avantageuse par rapport
audit consommateur, si le vendeur a un statut juridique qui lui permet de réaliser des actes
de commerce, et dans quelle mesure la vente en ligne est liée à l’activité commerciale ou
professionnelle du vendeur, si le vendeur est assujetti à la TVA, si le vendeur, agissant au nom
d’un professionnel déterminé ou pour son compte ou par l’intermédiaire d’une autre
personne agissant en son nom et pour son compte, a perçu une rémunération ou un
intéressement, si le vendeur achète des biens nouveaux ou d’occasion en vue de les
revendre, conférant ainsi à cette activité un caractère de régularité, une fréquence et/ou
une simultanéité par rapport à son activité commerciale ou professionnelle, si les produits en
vente sont tous du même type ou de la même valeur, en particulier, si l’offre est concentrée
sur un nombre restreint de produits ».
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Extrait :
46 L’interprétation qui précède est la seule qui soit de nature à préserver l’effet utile des
règles particulières prévues aux articles 6 à 9 de la directive sur les pratiques commerciales
déloyales. En effet, si les conditions d’application de ces articles étaient identiques à celles
énoncées à l’article 5, paragraphe 2, de la même directive, lesdits articles seraient
dépourvus de toute portée pratique, alors même qu’ils ont pour but de protéger le
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consommateur contre les pratiques commerciales déloyales les plus fréquentes (voir point 40
du présent arrêt).
47 Ladite interprétation est en outre corroborée par la finalité poursuivie par la directive sur
les pratiques commerciales déloyales, consistant à assurer, conformément au considérant 23
de celle-ci, un niveau commun élevé de protection des consommateurs en procédant à une
harmonisation complète des règles relatives aux pratiques commerciales déloyales, y
compris la publicité déloyale, des entreprises à l’égard des consommateurs (voir,
notamment, arrêt Mediaprint Zeitungs- und Zeitschriftenverlag, précité, point 27), étant
donné que l’interprétation retenue est de nature à faciliter l’application effective de
l’article 6, paragraphe 1, de cette directive dans un sens favorable aux intérêts des
consommateurs destinataires d’une information fausse figurant dans les brochures
publicitaires diffusées par un professionnel.
Un pur civiliste aurait de quoi rester interloqué devant une telle décision,
mais non un juriste sensibilisé à la philosophie du droit européen de la
consommation.
C'est sévère, mais cela est efficace pour standardiser les pratiques et
adapter les documents contractuels aux relations de masse que sont les
relations de consommation.
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[5)«bien»:
a)tout objet mobilier corporel; l’eau, le gaz et l’électricité doivent être
considérés comme des biens au sens de la présente directive lorsqu’ils
sont conditionnés dans un volume délimité ou en quantité déterminée;
b)tout objet mobilier corporel qui intègre un contenu numérique ou un
service numérique ou est interconnecté avec un tel contenu ou un tel
service d’une manière telle que l’absence de ce contenu numérique ou
de ce service numérique empêcherait ce bien de remplir ses fonctions
(«bien comportant des éléments numériques»);
v aussi art 3.3]
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Quatre directives horizontales ont ainsi été modifiées : celle sur les
pratiques commerciales déloyales, celle sur les droits des consommateurs,
celle sur les clauses abusives et celle sur le prix.
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Elles visent à prévoir des actions pour la défense des droits des
consommateurs, individuels ou collectifs, dans les litiges, notamment
transfrontaliers les opposants aux professionnels.
-directive 98/27/CE du 19 mai 1998 relative aux « actions en cessation »
(JOCE n° L 166, 11 juin 1998, p. 51) abrogée et remplacée par la directive
2009/22/CE du 23 avril 2009,
- directive 2013/11/UE adoptée le 21 mai 2013 relative aux règlements
extrajudiciaires des litiges de consommation (JOUE n° L 165, 18 juin 2013,
p. 63)
-directive 2020/1828/UE du Parlement européen et du conseil du 25
nov. 2020 relative aux actions représentatives visant à protéger les intérêts
collectifs des consommateurs et abrogeant la directive 2009/22/CE. Le
champ d’application de la directive est particulièrement vaste puisqu’il
couvre les actions en cessation et en réparation (action de groupe) à
l’encontre des infractions aux droits des consommateurs dans des domaines
variés visés dans son annexe 1, tels que le droit de la consommation, la
protection des données, les services financiers, le transport aérien et
ferroviaire, le tourisme, l’énergie, les télécommunications, l’environnement ou
encore la santé (consid. 13, art. 2).
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Parfois, l’harmonisation totale exigée est ciblée, c’est-à-dire que sur des
points où la directive l’admet spécifiquement, un droit national peut être plus
protecteur que la directive.
« Article 4
Niveau d’harmonisation
Les États membres ne maintiennent ni n’introduisent dans leur droit national des dispositions
divergeant de celles établies par la présente directive, y compris des dispositions plus strictes
ou plus souples visant à assurer un niveau différent de protection des consommateurs, sauf
disposition contraire prévue dans la présente directive ».
2. Dans le cas de biens comportant des éléments numériques, lorsque le contrat de vente
prévoit la fourniture continue du contenu numérique ou du service numérique pendant une
certaine période, le vendeur répond également de tout défaut de conformité du contenu
numérique ou du service numérique qui survient ou apparaît dans un délai de deux ans à
compter du moment où les biens comportant des éléments numériques ont été livrés.
Lorsque le contrat prévoit une fourniture continue pendant plus de deux ans, le vendeur
répond de tout défaut de conformité du contenu numérique ou du service numérique qui
survient ou apparaît au cours de la période durant laquelle le contenu numérique ou le
service numérique est fourni en vertu du contrat de vente.
3. Les États membres peuvent maintenir ou introduire des délais plus longs que ceux visés
aux paragraphes 1 et 2.
Charge de la preuve
1. Tout défaut de conformité qui apparaît dans un délai d’un an à compter du moment où
les biens ont été livrés est présumé avoir existé au moment de la livraison des biens, sauf
preuve du contraire ou à moins que cette présomption ne soit incompatible avec la nature
des biens ou la nature du défaut de conformité. Le présent paragraphe s’applique
également aux biens comportant des éléments numériques.
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2. Au lieu du délai d’un an prévu au paragraphe 1, les États membres peuvent maintenir ou
introduire un délai de deux ans à compter du moment où les biens ont été livrés.
Cela étant, il ne s’agit que d’une tendance lourde, mais il arrive qu’une
directive moderne soit expressément considérée comme d’harmonisation
minimale, à l’exemple de la directive 2013/11/UE adoptée le 21 mai 2013
relative aux règlements extrajudiciaires des litiges de consommation.
Il existe aussi la figure de « l’harmonisation minimale ciblée », selon la
formule d’Elise Poillot, comme l’illustre la Directive 2014/17/UE du 4 fév 2014
sur les contrats de crédit aux consommateurs relatifs aux biens immobiliers (art
2), qui n’exige l’harmonisation totale que sur certains points précis : fiche
d’information standardisée européenne « FISE » et norme de calcul du taux
annuel effectif global « TAEG »).
A) L’intégration
8Art. 3
2)«infraction interne à l’Union», tout acte ou omission contraire aux dispositions du droit de
l’Union en matière de protection des intérêts des consommateurs, qui a porté, porte ou est
susceptible de porter atteinte aux intérêts collectifs des consommateurs résidant dans un
État membre autre que celui:
a) où l’acte ou l’omission en question a son origine ou a eu lieu;
b)sur le territoire duquel le professionnel responsable de l’acte ou de l’omission est établi;
ou
c)dans lequel se trouvent des éléments de preuve ou des actifs du professionnel en rapport
avec l’acte ou l’omission;
3)«infraction de grande ampleur»,
a)tout acte ou omission contraire aux dispositions du droit de l’Union en matière de
protection des intérêts des consommateurs, qui a porté, porte ou est susceptible de
porter atteinte aux intérêts collectifs des consommateurs résidant dans au moins deux
États membres autres que celui:
i) où l’acte ou l’omission en question a son origine ou a eu lieu;
ii)sur le territoire duquel le professionnel responsable de l’acte ou de l’omission est établi;
ou
iii)dans lequel se trouvent des éléments de preuve ou des actifs du professionnel en
rapport avec l’acte ou l’omission; ou
b)tous les actes ou omissions contraires aux dispositions du droit de l’Union en matière de
protection des intérêts des consommateurs, qui ont porté, portent ou sont susceptibles
de porter atteinte aux intérêts collectifs des consommateurs et qui présentent des
caractéristiques communes, dont la pratique illégale identique, la violation du même
intérêt et la simultanéité de l’infraction, commise par le même professionnel, dans trois
États membres au minimum;
4)«infraction de grande ampleur à l’échelle de l’Union», une infraction de grande ampleur
qui a porté, porte ou est susceptible de porter atteinte aux intérêts collectifs des
consommateurs dans au moins deux tiers des États membres représentant une population
cumulée d’au moins deux tiers de la population de l’Union;
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maintenue et renforcée à l’avenir, aussi bien dans les secteurs en ligne que
dans les secteurs hors ligne. Des opérations «coup de balai» devraient, en
particulier, être menées lorsque les tendances du marché, les réclamations
des consommateurs ou d’autres éléments indiquent que des infractions aux
dispositions du droit de l’Union en matière de protection des intérêts des
consommateurs ont été commises ou sont commises ».
2) En ce qui concerne le droit des transports (PE et Cons. UE, règl. (CE)
n° 261/2004, 11 févr. 2004 en matière « d'indemnisation et d'assistance des
passagers en cas de refus d'embarquement et d'annulation ou de retard
important d'un vol » : JOUE n° L 46, 17 févr. 2004, p. 1. – PE et Cons. UE, règl.
(UE) n° 1177/2010, 24 nov. 2010 concernant « les droits des passagers
voyageant par mer ou par voie de navigation intérieure » : JOUE n° L 334,
17 déc. 2010, p. 1. – PE et Cons. UE, règl. (UE) n° 181/2011, 16 févr. 2011
concernant « les droits des passagers dans le transport par autobus et
autocar » : JOUE n° L 55, 28 févr. 2011, p. 1).
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Enfin, même s’il ne peut être considéré comme un texte applicable aux
seuls litiges de consommation, on peut mentionner le règlement no
861/2007/CE instituant une procédure européenne de règlement des petits
litiges. Ce texte intéresse les litiges dont le montant de la demande ne
dépasse pas 2 000 € au moment de la réception de la demande par la
juridiction compétente, hors intérêts, frais et débours - ce qui est souvent le
cas en matière de droit de la consommation. Il permet que la décision
rendue dans le cadre de cette procédure soit reconnue et exécutée dans les
autres États membres, sans qu’il soit nécessaire de produire une déclaration
constatant sa force exécutoire. La procédure est facultative et s’ajoute aux
possibilités prévues par la législation des États membres.
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déterminant dans l'élaboration des règles, moins par le biais des procédures
en manquement que par celui des questions préjudicielles.
D’un autre côté, et c’est ce qu’il faut souligner, le juge européen tend,
sinon toujours du moins souvent, à renforcer les droits des consommateurs à
travers les interprétations proposées pour répondre aux questions
préjudicielles.
La CJUE est « la gardienne d’un droit protecteur des consommateurs »
selon Carole Aubert de Vincelles, qui a réalisé une étude synthétique relative
à « la jurisprudence de la CJUE en matière de droit de la consommation » (in
Le droit européen de la consommation, Mare et Martin, ss la dir d’Y. Picod,
2018, p. 35).
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Par exemple, dans l’arrêt Tavel Vac, C-423/97 du 22 avril 1999 (rtdco
1999, p 995) : la CJCE affirme, à propos de la directive 85/577 sur les contrats
conclus hors établissement, le caractère discrétionnaire de ce droit, c’est-à-
dire l’impossibilité d’exiger des motifs ou des conditions particulières comme
par exemple l’existence d’une tromperie ou de tout autre élément subjectif
(on rejoint l’aspect objectif du droit de la consommation vu infra).
39 Par sa quatrième question, la juridiction nationale demande en substance s'il suffit, pour
que le consommateur puisse exercer son droit de renonciation visé à l'article 5, paragraphe
1, de la directive 85/577, que le contrat ait été conclu dans des circonstances telles que
celles décrites à l'article 1er de cette directive ou s'il y a lieu, en outre, de démontrer que le
consommateur a été influencé ou manipulé par le commerçant.
40 Le gouvernement espagnol indique qu'il y a lieu de tenir compte du fait que le droit de
renonciation accordé au consommateur est destiné à compenser le risque de pratiques
commerciales abusives, de sorte que ce droit est fondé sur le simple fait qu'il est un
consommateur et que le contrat relève de la directive, sans qu'il ait à prouver que ces
pratiques abusives ont existé et même sans qu'elles aient réellement existé.
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42 Il convient de relever que la directive 85/577 énonce, en son quatrième considérant, que,
lorsqu'un contrat est conclu en dehors des établissements commerciaux du commerçant, le
consommateur ne s'est en aucune façon préparé aux négociations et se trouve pris au
dépourvu et que, souvent, il n'est pas à même de comparer la qualité et le prix de l'offre
avec d'autres offres. C'est la raison pour laquelle il y a lieu d'accorder au consommateur,
selon le cinquième considérant de cette directive, un droit de résiliation pendant une durée
de sept jours au moins, afin de lui donner la possibilité d'apprécier les obligations qui
découlent du contrat.
43 Il s'ensuit qu'il suffit, pour que le consommateur bénéficie du droit de renonciation prévu à
la directive 85/577, qu'il se trouve dans l'une des situations objectives décrites à l'article 1er de
ladite directive. En revanche, un comportement déterminé ou une intention de manipuler de
la part du commerçant ne sont pas exigés et n'ont donc pas à être prouvés.
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Extrait
41.
Par sa seconde question, la juridiction de renvoi demande, en substance, si la
directive sur le démarchage à domicile s'oppose à ce que le législateur national
applique un délai d'un an à compter de la conclusion du contrat pour l'exercice du
droit de révocation instauré par l'article 5 de cette directive, lorsque le consommateur
n'a pas bénéficié de l'information prévue à l'article 4 de ladite directive.
42.
M. et Mme Heininger, le gouvernement français et la Commission soutiennent que,
en l'absence d'information au sujet du droit de révocation, la directive sur le
démarchage à domicile ne limite pas dans le temps l'exercice de ce droit. L'article 5
de ladite directive s'opposerait à une mesure nationale limitant à un an à compter de
la conclusion du contrat le délai d'exercice du droit de révocation d'un
consommateur qui n'a pas été informé de ce droit. En effet, le délai minimal de sept
jours prévu à cette disposition pour la révocation devrait être décompté à partir du
moment où le consommateur a été informé par écrit de ce droit.
43.
La banque ainsi que les gouvernements allemand, italien et autrichien font valoir
que, compte tenu que l'article 4 de la directive sur le démarchage à domicile dispose
queles États membres veillent à ce que leur législation nationale prévoie des mesures
appropriées visant à protéger le consommateur lorsque celui-ci n'a pas été informé
de son droit de révocation, il est loisible au législateur national de limiter à un an le
délai d'exercice du droit de révocation prévu à l'article 5 de cette directive. En outre,
même si cette directive ne prévoyait pas expressément une limitation dans le temps
du droit de révocation, le principe de sécurité juridique imposerait de fixer un délai
pour l'exercice de ce droit.
44.
À cet égard, il y a lieu, d'abord, de rappeler que l'article 4, premier alinéa, de la
directive sur le démarchage à domicile dispose que «[l]e commerçant est tenu
d'informer par écrit le consommateur [...] de son droit de résilier le contrat au cours
des délais définis à l'article 5» et que l'article 4, troisième alinéa, de la même directive
dispose que «[l]es États membres veillent à ce que leur législation nationale prévoie
des mesures appropriées visant à protéger le consommateur lorsque l'information
visée au présent article n'est pas fournie». L'article 5, paragraphe 1, de cette directive
prévoit que «[l]e consommateur a le droit de renoncer aux effets de son engagement
en adressant une notification dans un délai d'au moins sept jours à compter du
moment où le consommateur a reçu l'information visée à l'article 4 et conformément
aux modalités et conditions prescrites par la législation nationale».
45.
Il convient, ensuite, de souligner que la directive sur le démarchage à domicile
dispose ainsi expressément que le délai minimal de sept jours prévu pour la
révocation doit être calculé «à compter du moment où le consommateur a reçu
l'information» relative à son droit de révocation et que l'obligation de fournir cette
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46 Cette interprétation n’est pas infirmée par les arrêts Heininger, précité,
Schulte, précité, et du 25 octobre 2005, Crailsheimer Volksbank (C-229/04, Rec. p.
I-9273). En effet, il résulte des points 16 et 18 de l’arrêt Heininger, précité, 26 de l’arrêt
Schulte, précité, ainsi que 24 de l’arrêt Crailsheimer Volksbank, précité, que
l’interprétation de la directive sur le démarchage à domicile que la Cour a donnée
dans ces arrêts concerne les contrats de crédit qui n’ont pas été complètement
exécutés. Or, tel n’est pas le cas dans l’affaire au principal.
42
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43
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b) Une deuxième série d’exemples peut être prise dans le contrat de crédit.
• 8 Le 5 septembre 2003, à la suite d’un démarchage à domicile, les épx Rampion ont
commandé des fenêtres à K par K pour un prix total de 6 150 euros. Selon le contrat de vente
conclu à cet effet, les fenêtres devaient être livrées dans un délai de six à huit semaines à
compter de la prise des cotes par un technicien métreur.
• 9 Selon la juridiction de renvoi, ce contrat de vente fait état d’un financement total de
l’achat réalisé au moyen d’un crédit consenti par Franfinance.
• 10 Le même jour, les épx Rampion ont souscrit auprès de Franfinance une ouverture de
crédit comportant un plafond égal au montant de la vente. L’offre de crédit indique
l’identité du vendeur par la mention «compte plate-forme K par K», mais ne spécifie pas le
bien financé.
• 11 Lors de la livraison des fenêtres commandées, le 27 novembre 2003, les épx Rampion se
sont aperçus que les appuis ainsi que les dormants étaient infestés de parasites. Les travaux
n’ont pas été poursuivis et, par courrier du 5 janvier 2004, les intéressés ont dénoncé le
contrat de vente.
• 12 Leur demande de résiliation étant restée vaine, les épx Rampion ont, par actes des 29
octobre et 2 novembre 2004, fait assigner K par K ainsi que Franfinance en nullité du contrat
de vente et en résiliation subséquente du contrat de crédit, au motif que le contrat de vente
ne mentionnait pas de façon précise, contrairement à l’exigence posée par le code de la
consommation, le délai de livraison des biens concernés.
• 14 Les défenderesses au principal ont notamment fait valoir qu’il n’existe aucune
interdépendance entre les deux contrats, dès lors que, contrairement à l’exigence posée à
l’article L. 311 20 C. consom., la mention du bien financé ne figure pas sur l’offre de crédit. En
outre, il s’agirait d’une ouverture de crédit et non d’un crédit affecté au financement de la
vente.
44
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• 15 La juridiction de renvoi a, à l’occasion des débats devant elle, soulevé d’office plusieurs
moyens tirés des dispositions du code de la consommation relatives au crédit à la
consommation et au démarchage à domicile.
• 25 Or, force est de constater qu’il n’apparaît pas de manière manifeste que l’interprétation
des règles communautaires sollicitée par la juridiction de renvoi n’aurait aucun rapport avec
la réalité ou l’objet du litige au principal ni que les questions portant sur l’interprétation de ces
règles seraient de nature hypothétique. Si la première question posée mentionne, de
manière très générale, l’application des «règles d’interdépendance entre le contrat de
crédit et le contrat de fourniture de biens ou de services», il ne ressort pas de la décision de
renvoi que cette question ne vise, en réalité, que l’application de dispositions du droit
national autres que celles transposant l’article 11 de la directive 87/102 ou relevant du
champ d’application de ce dernier.
• 27 Toutefois, dès lors qu’il appartient à la Cour, dans le cadre du système de coopération
institué à l’article 234 CE, de donner au juge national une réponse utile qui lui permette de
trancher le litige dont il est saisi, il lui incombe, le cas échéant, de reformuler les questions qui
lui sont soumises (V., notamment, arrêts 28 nov. 2000, Roquette Frères, C 88/99 : Rec. p. I-
10465, pt 18; du 20 mai 2003, Ravil, C 469/00, Rec. p. I-5053, pt 27, et 4 mai 2006, Haug, C
286/05, Rec. p. I-4121, pt 17).
• 28 Ainsi, il convient de comprendre la première question posée comme visant à savoir si les
articles 11 et 14 de la directive 87/102 doivent être interprétés en ce sens qu’ils s’opposent à
ce que le droit d’exercer un recours, prévu à l’article 11, § 2, de la directive 87/102 et dont
bénéficie le consommateur à l’encontre du prêteur, soit subordonné à la condition que
l’offre préalable de crédit mentionne le bien ou la prestation de services financé.
• 42 L’objectif poursuivi par l’article 11, § 2, de la directive 87/102 ne peut être atteint que si
cette disposition s’applique également lorsque le crédit permet une multiplicité d’emplois. En
effet, ladite disposition doit être lue à la lumière du vingt et unième considérant de la
directive 87/102, selon lequel, notamment, «en ce qui concerne les biens et les services que
45
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• 43 Par ailleurs, le fait qu’une acquisition parmi plusieurs financées par la même ouverture
de crédit puisse, en vertu de l’article 11, § 2, de la directive 87/102, permettre au
consommateur de s’adresser au prêteur ne signifie pas nécessairement que ce recours
affecte l’ouverture de crédit dans son ensemble. En effet, ainsi que M. l’avocat général l’a
relevé aux pts 65 et suivants de ses conclusions, cette disposition de la directive 87/102
permet de moduler d’une façon différenciée la protection offerte au consommateur pour
tenir compte des spécificités d’une ouverture de crédit par rapport à un crédit accordé en
vue d’un seul achat.
• 44 Dès lors, il y a lieu de considérer que l’article 11, § 2, de la directive 87/102 s’applique
tant à un crédit visant à financer une opération unique qu’à une ouverture de crédit
permettant au consommateur d’utiliser le crédit consenti à plusieurs reprises.
• 48 Cette interprétation est corroborée par l’article 14, § 1, de la directive 87/102, aux
termes duquel «[l]es États membres veillent à ce que les contrats de crédit ne dérogent pas,
au détriment du consommateur, aux dispositions de droit national qui mettent en application
la présente directive ou qui lui correspondent», et par ce même article 14, § 2, selon lequel
«[l]es États membres veillent en outre à ce que les dispositions qu’ils adoptent pour la mise en
application de la présente directive ne puissent être tournées par des formes particulières
données aux contrats […]».
•49 En effet, ledit article 14 souligne, de manière générale, l’importance que le législateur
communautaire a accordé aux dispositions protectrices prévues par la directive 87/102 et à
leur application stricte. En outre, ainsi que l’ont fait valoir les gouvernements français,
allemand, espagnol et italien ainsi que la Commission, le § 2 de ce même article,
notamment, s’oppose à ce qu’une réglementation nationale permette au prêteur d’éviter,
par la simple omission de la mention des biens ou des services financés, de se voir confronté
à un recours exercé par le consommateur en vertu de l’article 11, § 2, de la directive 87/102.
46
DIEC Première partie C. Noblot
aucun rapport avec la réalité ou l’objet du litige au principal, lorsque le problème est de
nature hypothétique ou encore lorsque la Cour ne dispose pas des éléments de fait et de
droit nécessaires pour répondre de façon utile aux questions qui lui sont posées.
•55 Or, dans les motifs de sa décision relatifs à la seconde question posée, le juge de renvoi
relève explicitement que les dispositions des articles L. 311 20 et L. 311 21 C. consom. n’ont
pas été invoquées par les épx Rampion. Dans ces conditions, il n’apparaît pas de manière
manifeste que cette question, qui est relative à la possibilité pour le juge d’appliquer d’office
ces dispositions du droit national, n’a aucun rapport avec la réalité ou l’objet du litige au
principal ou que le problème posé est de nature hypothétique. (...)
Sur le fond :
• 64 À cet égard, il y a lieu de rappeler que cet article 11, § 2, tout en poursuivant le double
objectif évoqué au point 59 du présent arrêt, vise à conférer au consommateur, dans des
circonstances bien définies, des droits vis-à-vis du prêteur en plus de ses droits contractuels
normaux à l’égard du prêteur et à l’égard du fournisseur des biens ou des services (V. pt 42
du présent arrêt).
• 68 À cet égard, il y a lieu de constater que la seconde question posée ne concerne, ainsi
qu’il ressort des points 55 et 57 du présent arrêt, que l’article 11, § 2, de la directive 87/102
ainsi que les dispositions assurant sa transposition en droit interne, en l’occurrence, selon la
juridiction de renvoi, les articles L. 311-20 et L. 311 21 C. consom. Dans sa décision, le juge de
renvoi ne fait aucunement état d’une éventuelle sanction consistant en la déchéance du
prêteur de son droit aux intérêts. Il n’a pas non plus été soutenu devant la Cour que ces
dispositions du C. consom. prévoient cette sanction. Aussi, les arguments repris aux points
précédents ne sont-il pas pertinents dans le cadre de la présente analyse, qui n’englobe pas
la question de savoir si le juge national a la faculté de prononcer d’office une sanction telle
que celle dont fait état Franfinance.
• 69 Dès lors, il convient de répondre à la seconde question posée que la directive 87/102
doit être interprétée en ce sens qu’elle permet au juge national d’appliquer d’office les
dispositions transposant en droit interne son article 11, § 2. (...)
47
DIEC Première partie C. Noblot
• 2) La directive 87/102, telle que modifiée par la directive 98/7, doit être interprétée en ce
sens qu'elle permet au juge national d'appliquer d'office les dispositions transposant en droit
interne son article 11, § 2. (...)
M. Jann, rapp., prés. ch., MM. Tizzano, Borg Barthet, Ilesic et Levits, juges, M. Ferrante,
avvocato dello Stato, Me Soltner, av.
Deux ans plus tard, dans un arrêt Scarpelli C-509/07 du 23 avril 2009, la
cour de justice se permit de réécrire la directive 87/102. Cette dernière avait
conditionné le recours du consommateur envers le prêteur à quatre
conditions cumulatives, la plus restrictive étant l’existence d’un accord
préalable d’exclusivité entre prêteur et vendeur de prestataire de service au
titre duquel les consommateurs obtenu leur crédit. Mais cette condition
d’exclusivité fut gommée par la cour de justice et, lors de la refonte de la
directive, la directive 2008/48, cette exigence fut abandonnée.
1. Les États membres veillent à ce que l'existence d'un contrat de crédit n'affecte en rien les
droits que le consommateur peut faire valoir à l'encontre du fournisseur des biens ou des
services achetés au moyen d'un tel contrat lorsque les biens ou les services ne sont pas fournis
ou que, pour d'autres raisons, ils ne sont pas conformes au contrat y relatif.
et
b) il existe entre le prêteur et le fournisseur des biens ou le prestataire des services un accord
préalable aux termes duquel un crédit est octroyé exclusivement par ce prêteur aux clients
de ce fournisseur ou prestataire pour l'acquisition de biens ou l'obtention de services fournis
par ledit fournisseur ou prestataire
48
DIEC Première partie C. Noblot
et
c) le consommateur visé au point a) obtient son crédit en vertu de cet accord préalable
et
d) les biens ou les services faisant l'objet du contrat de crédit ne sont pas livrés ou fournis ou
ne le sont qu'en partie ou ne sont pas conformes au contrat y relatif
et
Les États membres déterminent dans quelle mesure et à quelles conditions ce recours peut
être exercé.
2. Lorsque les biens ou les services faisant l'objet d'un contrat de crédit lié ne sont pas fournis,
ne le sont qu'en partie ou ne sont pas conformes au contrat de fourniture de biens ou de
prestation de services, le consommateur a le droit d'exercer un recours à l'encontre du
prêteur s'il a exercé un recours contre le fournisseur sans obtenir gain de cause comme il
pouvait y prétendre conformément à la loi ou au contrat de fourniture de biens ou de
prestation de services. Les États membres déterminent dans quelle mesure et à quelles
conditions ce recours peut être exercé.
3. Le présent article s'applique sans préjudice des règles nationales selon lesquelles le
prêteur est solidairement responsable pour toute réclamation du consommateur à l'encontre
du fournisseur lorsque l'acquisition de biens ou de services auprès de ce dernier a été
financée par un contrat de crédit.
49
DIEC Première partie C. Noblot
Réponse audacieuse de la CJUE qui fait fit de l’effet relatif des contrats
et qui invente une obligation d’information à la charge de l’intermédiaire
professionnel : « la notion de « vendeur », au sens de l’article 1er, paragraphe
2, sous c), de la directive 1999/44, doit être interprétée en ce sens qu’elle vise
également un professionnel agissant comme intermédiaire pour le compte
d’un particulier qui n’a pas dûment informé le consommateur acheteur du
fait que le propriétaire du bien vendu est un particulier, ce qu’il incombe à la
juridiction de renvoi de vérifier, en prenant en compte l’ensemble des
circonstances du cas d’espèce. L’interprétation qui précède ne dépend pas
50
DIEC Première partie C. Noblot
Cet arrêt de 2016 peut être considéré comme l’un des inspirateurs de
l’article 4 §5 de la DIRECTIVE (UE) 2019/2161 DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU
CONSEIL du 27 novembre 2019 modifiant la directive 93/13/CEE du Conseil et
les directives 98/6/CE, 2005/29/CE et 2011/83/UE du Parlement européen et
du Conseil en ce qui concerne une meilleure application et une
modernisation des règles de l’Union en matière de protection des
consommateurs , dite « Omnibus ».
Ce texte a renforcé l’obligation d’information pesant sur la plateforme de
commerce électronique.
1.Avant que le consommateur ne soit lié par un contrat à distance, ou par une
offre du même type, sur une place de marché en ligne, le fournisseur de cette
dernière fournit au consommateur, sans préjudice de la directive 2005/29/CE, les
informations suivantes de manière claire et compréhensible et sous une forme
adaptée à la technique de communication à distance:
a) les informations générales, mises à disposition dans une section spécifique
de l’interface en ligne qui est directement et aisément accessible à partir de la page
sur laquelle les offres sont présentées, concernant les principaux paramètres de
classement, au sens de l’article 2, paragraphe 1, point m), de la directive 2005/29/CE,
des offres présentées au consommateur en réponse à la requête de recherche ainsi
que l’ordre d’importance de ces paramètres, par opposition à d’autres paramètres;
b) si le tiers proposant les biens, les services ou les contenus numériques est un
professionnel ou non, sur la base de la déclaration de ce tiers au fournisseur de place
de marché en ligne;
c) lorsque le tiers proposant les biens, les services ou les contenus numériques
n’est pas un professionnel, le fait que les droits des consommateurs provenant du droit
de l’Union en matière de protection des consommateurs ne s’appliquent pas au
contrat;
d) s’il y a lieu, le mode de répartition des obligations liées au contrat entre le
tiers proposant les biens, les services ou les contenus numériques et le fournisseur de
place de marché en ligne, cette information étant sans préjudice de la responsabilité
que le fournisseur de place de marché en ligne ou le professionnel tiers peut avoir en
lien avec le contrat en vertu du droit de l’Union ou du droit national.
2.Sans préjudice de la directive 2000/31/CE, le présent article n’empêche pas
les États membres d’imposer aux fournisseurs de places de marché en ligne des
exigences supplémentaires en matière d’information. De telles dispositions doivent
être proportionnées, non discriminatoires et justifiées par des motifs liés à la protection
des consommateurs ».
Un dernier exemple peut être trouvé dans l’arrêt CJUE, 7 nov. 2019, aff.
jtes C-349/18 à C-351/18, Nationale Maatschappij der Belgische Spoorwegen
(NMBS). La Cour y juge que le voyageur qui monte sans billet à bord d'un
train belge librement accessible conclut un contrat de transport avec le
transporteur et peut donc se prévaloir de la législation sur les clauses abusives
pour échapper au paiement d'un supplément en sus du prix du transport, qui
51
DIEC Première partie C. Noblot
Il est vrai que dans un droit dominé par une philosophie économique
libérale, il est prêté au consommateur une rationalité se traduisant par une
recherche de sa satisfaction à moindre coût. La question des coûts du droit
de la consommation est donc centrale.
52
DIEC Première partie C. Noblot
53
DIEC Première partie C. Noblot
condition que de tels bagages répondent à des exigences raisonnables en termes de poids
et de dimensions et satisfassent aux prescriptions applicables en matière de sécurité »).
54
DIEC Première partie C. Noblot
La directive sur les clauses abusives précise que la clause doit être
privée d'effet, tout en laissant aux Etats membres le soin de transcrire
juridiquement la sanction selon leur culture juridique (v. annexes : sanctions
du droit européen de la consommation).
Dans le même sens, une clause pénale abusive doit être supprimée et
non seulement réduite, CJUE, 30 mai 2013, C-488/11 Brusse ; CJUE 21 janvier
2015, C-482/13, C-484/13, 485/13 et 487/13 Unicaja Banco et Caixabank ;
CJUE, 7 nov. 2019, aff. jtes C-349/18 à C-351/18, Nationale Maatschappij der
Belgische Spoorwegen (NMBS).
2) L’exemple du crédit
55
DIEC Première partie C. Noblot
56
DIEC Première partie C. Noblot
L’idée est que si des droits sont reconnus au consommateur par le droit
européen, mais que des règles procédurales nationales empêchent leur
exercice, ces droits deviennent ineffectifs. De nombreuses questions
préjudicielles liées aux règles de procédure ont ainsi été soulevées par les
juges nationaux. Les réponses vont souvent dans le sens d’un renforcement
procédural des droits des consommateurs.
contrat, ne pouvant être que celle du juge national intervenant d'office, pour
suppléer cette carence du consommateur.
Cette interventionnisme du juge se traduit par l’obligation qui lui est
faite (CJCE, 26 oct 2006, C-168/05, Mostaza Claro, CJCE, 4 juin 2009, C-
243/08, Pannon , CJUE, 9 juillet 2015, C-348/14, Bucura) et non plus la simple
faculté qui lui est reconnue (Oceano Grupo, 27 juin 2000, C-240/98 et C-
244/98), de relever d'office les clauses abusives dans les actes dont il a à
connaître, ce relevé d’office étant fondé sur l'intérêt public.
Cela étant, cet intérêt public passant par un procès privé, la main du
consommateur ne peut être forcée. Si celui-ci refuse sa protection, après
avoir été informé de ses droits, le droit européen s’incline (aff. Mostaza Claro,
pt 2 ; aff Gómez del Moral Guasch, 3 mars 2020, C-125/18, pt 58).
Cette obligation pèse sur le juge national, dès lors qu'il dispose des
éléments de fait et de droit nécessaires. Mais, si les faits sont insuffisants pour
se forger sa conviction sur le caractère abusif d’une clause, le juge doit
prendre d'office les mesures d'instruction nécessaires (CJUE, 9 nov 2010, C-
137/08 VB Pénzügyi Lizing Zrt).
Extraits :
45 Par cette question, qui est libellée dans des termes très généraux, la juridiction de renvoi
cherche à déterminer les responsabilités qui lui incombent, en vertu des dispositions de la
directive, à partir du moment où cette dernière s’interroge sur le caractère éventuellement
abusif d’une clause contractuelle attributive de compétence juridictionnelle territoriale
exclusive. Ladite juridiction demande notamment si, dans une telle situation, le juge national
a l’obligation de procéder à une instruction d’office afin d’établir les éléments de fait et de
droit nécessaires aux fins d’apprécier l’existence d’une telle clause, dans le cas où le droit
national ne prévoit une telle instruction que si l’une des parties le demande.
46 Afin de répondre à la question posée, il convient de rappeler que, selon une jurisprudence
constante, le système de protection mis en œuvre par la directive repose sur l’idée que le
consommateur se trouve dans une situation d’infériorité à l’égard du professionnel en ce qui
concerne tant le pouvoir de négociation que le niveau d’information, situation qui le conduit
à adhérer aux conditions rédigées préalablement par le professionnel, sans pouvoir exercer
une influence sur le contenu de celles-ci (voir arrêts du 27 juin 2000, Océano Grupo Editorial
et Salvat Editores, C-240/98 à C-244/98, Rec. p. I-4941, point 25; du 26 octobre 2006, Mostaza
Claro, C-168/05, Rec. p. I-10421, point 25, ainsi que du 6 octobre 2009, Asturcom
Telecomunicaciones, C-40/08, Rec. p. I-9579, point 29).
47 La Cour a également jugé que, eu égard à une telle situation d’infériorité, l’article 6,
paragraphe 1, de ladite directive prévoit que les clauses abusives ne lient pas les
consommateurs. Ainsi qu’il ressort de la jurisprudence, il s’agit d’une disposition impérative qui
tend à substituer à l’équilibre formel que le contrat établit entre les droits et obligations des
58
DIEC Première partie C. Noblot
contractants un équilibre réel de nature à rétablir l’égalité entre ces derniers (voir arrêts
précités Mostaza Claro, point 36, et Asturcom Telecomunicaciones, point 30).
48 Afin d’assurer la protection voulue par la directive, la Cour a souligné que la situation
d’inégalité entre le consommateur et le professionnel ne peut être compensée que par une
intervention positive, extérieure aux seules parties au contrat (voir arrêts précités Océano
Grupo Editorial et Salvat Editores, point 27, Mostaza Claro; point 26, ainsi que Asturcom
Telecomunicaciones, point 31).
49 Ainsi, dans le cadre des fonctions qui lui incombent en vertu des dispositions de la
directive, le juge national doit vérifier si une clause du contrat faisant l’objet du litige dont il
est saisi entre dans le champ d’application de cette directive.
Dans l’affirmative, ledit juge est tenu d’apprécier, au besoin d’office, cette clause au regard
des exigences de protection du consommateur prévues par ladite directive.
50 En ce qui concerne le premier stade de l’examen devant être effectué par le juge
national, il ressort des dispositions combinées des articles 1er et 3 de la directive que cette
dernière s’applique à toute clause attributive de compétence juridictionnelle territoriale
exclusive figurant dans un contrat conclu entre un professionnel et un consommateur qui n’a
pas fait l’objet d’une négociation individuelle.
52 S’agissant du second stade dudit examen, il y a lieu de constater que la clause du contrat
qui fait l’objet du litige au principal prévoit, ainsi que l’a indiqué le juge de renvoi, la
compétence territoriale exclusive d’une juridiction qui n’est pas la juridiction dans le ressort
de laquelle la partie défenderesse a sa résidence ni celle dans le ressort de laquelle se trouve
le siège de la partie requérante, mais celle qui est située à proximité du siège de cette
dernière tant sur le plan géographique que du point de vue des possibilités de transport.
53 En ce qui concerne une clause qui avait été insérée sans avoir fait l’objet d’une
négociation individuelle dans un contrat conclu entre un consommateur et un professionnel
et qui conférait une compétence exclusive au tribunal dans le ressort duquel était situé le
siège du professionnel, la Cour a jugé, au point 24 de l’arrêt Océano Grupo Editorial et Salvat
Editores, précité, qu’une telle clause devait être considérée comme abusive au sens de
l’article 3 de la directive, dans la mesure où elle crée, en dépit de l’exigence de bonne foi,
au détriment du consommateur un déséquilibre significatif entre les droits et les obligations
des parties découlant du contrat.
54 Il convient de relever que la clause au sujet de laquelle le juge national s’interroge dans
l’affaire au principal, à l’instar d’une clause qui a pour objet de conférer compétence, pour
tous les litiges découlant du contrat, à la juridiction dans le ressort de laquelle se trouve le
siège du professionnel, fait peser sur le consommateur l’obligation de se soumettre à la
compétence exclusive d’un tribunal qui peut être éloigné de son domicile, ce qui est
susceptible de rendre sa comparution plus difficile. Dans le cas de litiges portant sur des
sommes limitées, les frais afférents à la comparution du consommateur pourraient se révéler
dissuasifs et conduire ce dernier à renoncer à tout recours judiciaire ou à toute défense. Une
telle clause entre ainsi dans la catégorie de celles ayant pour objet ou pour effet de
supprimer ou d’entraver l’exercice d’actions en justice par le consommateur, catégorie visée
au point 1, sous q), de l’annexe de la directive (voir arrêt Océano Grupo Editorial et Salvat
Editores, précité, point 22).
59
DIEC Première partie C. Noblot
56 Il y a lieu, dès lors, de répondre à la troisième question posée à titre complémentaire que
le juge national doit prendre d’office des mesures d’instruction afin d’établir si une clause
attributive de compétence juridictionnelle territoriale exclusive figurant dans le contrat faisant
l’objet du litige dont il est saisi, et qui a été conclu entre un professionnel et un
consommateur, entre dans le champ d’application de la directive et, dans l’affirmative,
apprécier d’office le caractère éventuellement abusif d’une telle clause. »
extrait
(…) 59 Force est donc de constater qu’un tel régime procédural, en ce qu’il
institue une impossibilité pour le juge du fond, devant lequel le consommateur a introduit une
demande faisant valoir le caractère abusif d’une clause contractuelle constituant le
fondement du titre exécutoire, d’octroyer des mesures provisoires susceptibles de suspendre
la procédure de saisie hypothécaire ou d’y faire échec, lorsque l’octroi de telles mesures
s’avère nécessaire pour garantir la pleine efficacité de sa décision finale, est de nature à
porter atteinte à l’effectivité de la protection voulue par la directive (voir, en ce sens, arrêt
du 13 mars 2007, Unibet, C-432/05, Rec. p. I-2271, point 77).
60 En effet, ainsi que l’a également relevé M me l’avocat général au point 50 de ses
conclusions, sans cette possibilité, dans tous les cas où, comme dans l’affaire au principal, la
saisie immobilière du bien hypothéqué a été réalisée avant le prononcé de la décision du
juge du fond déclarant le caractère abusif de la clause contractuelle à l’origine de
l’hypothèque et donc la nullité de la procédure d’exécution, cette décision ne permettrait
d’assurer audit consommateur qu’une protection a posteriori purement indemnitaire, qui se
révélerait incomplète et insuffisante et ne constituerait un moyen ni adéquat ni efficace pour
faire cesser l’utilisation de cette même clause, contrairement à ce que prévoit l’article 7,
paragraphe 1, de la directive 93/13.
61 Il en va d’autant plus ainsi lorsque, comme dans l’affaire au principal, le bien faisant
l’objet de la garantie hypothécaire est le logement du consommateur lésé et de sa famille,
ce mécanisme de protection des consommateurs limité au paiement de dommages et
intérêts ne permettant pas d’empêcher la perte définitive et irréversible dudit logement.
62 Comme l’a également relevé le juge de renvoi, il suffirait dès lors aux professionnels
d’engager, si les conditions sont remplies, une telle procédure de saisie hypothécaire pour
priver, en substance, les consommateurs du bénéfice de la protection voulue par la
directive, ce qui s’avère également contraire à la jurisprudence de la Cour selon laquelle les
caractéristiques spécifiques des procédures juridictionnelles, qui se déroulent dans le cadre
du droit national entre les professionnels et les consommateurs, ne sauraient constituer un
60
DIEC Première partie C. Noblot
élément susceptible d’affecter la protection juridique dont doivent bénéficier ces derniers en
vertu des dispositions de cette directive (voir, en ce sens, arrêt Banco Español de Crédito,
précité, point 55).
46 Or, dans ce contexte, force est de constater qu’un tel régime procédural est de nature
à porter atteinte à l’effectivité de la protection voulue par la directive 93/13. En effet, une
telle protection effective des droits découlant de cette directive ne saurait être garantie
qu’à la condition que le système procédural national permette, dans le cadre de la
procédure d’injonction de payer ou dans celui de la procédure d’exécution de l’injonction
de payer, un contrôle d’office de la nature potentiellement abusive des clauses contenues
dans le contrat concerné.
61
DIEC Première partie C. Noblot
47 Une telle considération ne saurait être remise en cause lorsque le droit procédural
national, tel que celui en cause au principal, confère à la décision rendue par le «Secretario
judicial» l’autorité de la chose jugée et reconnaît à celle-ci des effets analogues à ceux
d’une décision juridictionnelle.
49 Or, s’agissant du principe d’équivalence, ainsi que M. l’avocat général l’a relevé au
point 70 de ses conclusions, aucun élément de l’affaire au principal ne permet de conclure
que les modalités de mise en œuvre du principe de l’autorité de la chose jugée prévues par
le droit procédural espagnol seraient moins favorables lorsqu’il s’agit d’affaires tombant dans
le champ d’application de la directive 93/13 que lorsque tel n’est pas le cas.
50 En ce qui concerne le principe d’effectivité, dont le respect par les États membres doit
être apprécié au regard notamment des critères énoncés aux points 43 et 44 du présent
arrêt, il y a lieu de relever que, selon le libellé des articles 815 et 816 de la LEC, le contrôle par
le «Secretario judicial» d’une demande d’injonction de payer se limite à la vérification du
respect des formalités auxquelles une telle demande est soumise, en particulier de
l’exactitude, au regard des documents joints à ladite demande, du montant de la créance
réclamée. Ainsi, en vertu du droit procédural espagnol, il n’entre pas dans la compétence
du «Secretario judicial» d’apprécier le caractère éventuellement abusif d’une clause
contenue dans un contrat qui forme la base de la créance.
52 À cet égard, il importe premièrement de relever qu’il existe un risque non négligeable
que les consommateurs concernés ne forment pas l’opposition requise soit en raison du délai
particulièrement court prévu à cette fin, soit parce qu’ils peuvent être dissuadés de se
défendre eu égard aux frais qu’une action en justice entraînerait par rapport au montant de
la dette contestée, soit parce qu’ils ignorent ou ne perçoivent pas l’étendue de leurs droits,
ou encore en raison du contenu limité de la demande d’injonction introduite par les
professionnels et donc du caractère incomplet des informations dont ils disposent (voir, en ce
sens, arrêt Banco Español de Crédito, C-618/10, EU:C:2012:349, point 54).
54 Dans ces conditions, ainsi que l’a relevé en substance M. l’avocat général au point 75
de ses conclusions, il convient de constater que la réglementation en cause au principal,
relative aux modalités de mise en œuvre du principe de l’autorité de la chose jugée dans le
cadre de la procédure d’injonction de payer, n’apparaît pas conforme au principe
d’effectivité, en ce qu’elle rend impossible ou excessivement difficile, dans les procédures
engagées par les professionnels et dans lesquelles les consommateurs sont défendeurs,
l’application de la protection que la directive 93/13 entend conférer à ces derniers.
62
DIEC Première partie C. Noblot
Le point commun entre ces trois arrêts est que le juge européen se
contente de reconnaître une simple faculté pour le juge national de relever
d’office respectivement :
-l’interdépendance entre la vente ou prestation de service et le crédit
affecté, en application de la directive 87/102/CEE (art 11),
-l’inobservation par le professionnel de son obligation d’informer le
consommateur de son droit de rétractation, en application de la directive
85/577/CEE (art 4),
-la réduction du prix quand le consommateur n’a pas songé à la
demander en application de la directive 1999/44, (art 3).
Il y avait ainsi une distinction entre le droit des clauses abusives (soumis
à l’obligation du relevé d’office) et le reste du droit européen (soumis à la
faculté du relevé d’office).
Mais, une importante évolution s’est produite à la suite d’un arrêt Faber
du 4 juin 2015 (C-497/13). S’agissant, en l’espèce, de l’application de la
garantie de conformité en matière de vente issus de la directive 99/44, la
CJUE pose une obligation de relevé d’office à la charge du juge national.
63
DIEC Première partie C. Noblot
Extraits
extraits
64
DIEC Première partie C. Noblot
62 En ce qui concerne la deuxième question, sous a), il convient de relever que la Cour a
rappelé à de nombreuses reprises l’obligation qui incombe au juge national de procéder
d’office à un examen de la violation de certaines dispositions du droit de l’Union en matière
de consommation [voir, en ce sens, s’agissant de la directive 93/13, arrêt du 4 juin 2009,
Pannon GSM, C-243/08, EU:C:2009:350, point 32; s’agissant de la directive 85/577/CEE du
Conseil, du 20 décembre 1985, concernant la protection des consommateurs dans le cas de
contrats négociés en dehors des établissements commerciaux (JO L 372, p. 31), arrêt du
17 décembre 2009, Martín Martín, C-227/08, EU:C:2009:792, point 29, et, s’agissant de la
directive 1999/44/CE du Parlement européen et du Conseil, du 25 mai 1999, sur certains
aspects de la vente et des garanties des biens de consommation (JO L 171, p. 12), arrêt du
3 octobre 2013, Duarte Hueros, C-32/12, EU:C:2013:637, point 39].
63 Comme l’a relevé Mme l’avocat général aux points 51 et suivants de ses conclusions,
une telle exigence est justifiée par la considération que le système de protection repose,
selon une jurisprudence constante de la Cour, sur l’idée que le consommateur se trouve dans
une situation d’infériorité à l’égard du professionnel en ce qui concerne tant le pouvoir de
négociation que le niveau d’information, situation qui le conduit à adhérer aux conditions
rédigées préalablement par le professionnel sans pouvoir exercer une influence sur le
contenu de celles-ci (arrêt du 1er octobre 2015, ERSTE Bank Hungary, C-32/14, EU:C:2015:637,
point 39 et jurisprudence citée).
65 Par ailleurs, il existe un risque non négligeable que, notamment par ignorance, le
consommateur n’invoque pas la règle de droit destinée à le protéger (arrêt du 4 juin 2015,
Faber, C-497/13, EU:C:2015:357, point 42 et jurisprudence citée).
70 Le juge national étant donc appelé à assurer l’effet utile de la protection des
consommateurs, voulue par les dispositions de la directive 2008/48, le rôle qui lui est ainsi
65
DIEC Première partie C. Noblot
attribué par le droit de l’Union, dans le domaine considéré, ne se limite pas à la simple
faculté de se prononcer sur le respect desdites exigences, mais comporte également
l’obligation d’examiner d’office cette question, dès qu’il dispose des éléments de droit et de
fait nécessaires à cet effet (voir, par analogie, arrêt du 4 juin 2009, Pannon GSM, C-243/08,
EU:C:2009:350, point 32).
71 En outre, lorsque le juge national a constaté d’office une violation de l’article 10,
paragraphe 2, de la directive 2008/48, il est tenu, sans attendre que le consommateur
présente une demande à cet effet, de tirer toutes les conséquences qui découlent selon le
droit national d’une telle violation, sous réserve du respect du principe du contradictoire
(voir, par analogie, arrêts du 21 février 2013, Banif Plus Bank, C-472/11, EU:C:2013:88, point 36,
et du 1er octobre 2015, ERSTE Bank Hungary, C-32/14, EU:C:2015:637, point 42).
73 À cet égard, dès lors qu’une juridiction nationale a constaté la violation de l’obligation
d’information, celle-ci doit en tirer toutes les conséquences prévues par le droit national, sous
réserve que les sanctions instituées par celui-ci respectent les exigences de l’article 23 de la
directive 2008/48, telles qu’interprétées par la Cour, notamment dans l’arrêt LCL Le Crédit
Lyonnais (C-565/12, EU:C:2014:190).
Extrait :
« l’article 11 de la directive 2005/29/CE du Parlement européen et du Conseil, du 11
mai 2005, relative aux pratiques commerciales déloyales des entreprises vis-à-vis des
consommateurs dans le marché intérieur […], doit être interprété en ce sens qu’il ne
s’oppose pas à une réglementation nationale, telle que celle en cause au principal, qui
interdit au juge de la procédure de saisie hypothécaire de contrôler, d’office ou à la
demande des parties, la validité du titre exécutoire au regard de l’existence de pratiques
commerciales déloyales et, en tout état de cause, au juge compétent pour statuer au fond
sur l’existence de ces pratiques d’adopter des mesures provisoires, telles que la suspension de
la procédure de saisie hypothécaire ».
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DIEC Première partie C. Noblot
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DIEC Première partie C. Noblot
Annexes
Ce principe signifie que les Etats membres de l’Union sont maîtres de la mise
en œuvre procédurale des droits substantiels européens au sein de leur ordre
juridique.
Non visé par les traités, ce principe est prétorien et correspond à une
déclinaison du principe de subsidiarité.
Article 19
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DIEC Première partie C. Noblot
Les États membres établissent les voies de recours nécessaires pour assurer
une protection juridictionnelle effective dans les domaines couverts par le
droit de l'Union.
2. La Cour de justice est composée d'un juge par État membre. Elle est assistée d'avocats généraux.
Les juges et les avocats généraux de la Cour de justice et les juges du Tribunal sont choisis parmi des personnalités
offrant toutes garanties d'indépendance et réunissant les conditions visées aux articles 253 et 254 du traité sur le
fonctionnement de l'Union européenne. Ils sont nommés d'un commun accord par les gouvernements des États
membres pour six ans. Les juges et les avocats généraux sortants peuvent être nommés de nouveau.
a) sur les recours formés par un État membre, une institution ou des personnes physiques ou morales;
b) à titre préjudiciel, à la demande des juridictions nationales, sur l'interprétation du droit de l'Union ou sur la validité
d'actes adoptés par les institutions;
Art 81 TFUE
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DIEC Première partie C. Noblot
3. Par dérogation au paragraphe 2, les mesures relatives au droit de la famille ayant une incidence transfrontière
sont établies par le Conseil, statuant conformément à une procédure législative spéciale. Celui-ci statue à
l'unanimité, après consultation du Parlement européen. (…)
Le Conseil, sur proposition de la Commission, peut adopter une décision déterminant les aspects du droit de la
famille ayant une incidence transfrontière susceptibles de faire l'objet d'actes adoptés selon la procédure législative
ordinaire. Le Conseil statue à l'unanimité, après consultation du Parlement européen.
La proposition visée au deuxième alinéa est transmise aux parlements nationaux. En cas d'opposition d'un parlement
national notifiée dans un délai de six mois après cette transmission, la décision n'est pas adoptée. En l'absence
d'opposition, le Conseil peut adopter ladite décision. »
Trois exemples :
« les États membres veillent à ce que, dans l’intérêt des consommateurs ainsi
que des concurrents professionnels, des moyens adéquats et efficaces
existent afin de faire cesser l’utilisation des clauses abusives dans les contrats
conclus avec les consommateurs par un professionnel ».
C’est parce que cette exigence d’effectivité posée par les textes de droit
substantiel est limitée par l’existence, en droit européen, du principe
d’autonomie procédurale des États membres.
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