Pour accéder à un débit sanguin suffisant, on utilise une fistule artério veineuse.
Elle est créée chirurgicalement en connectant une artère et une veine du bras, sous
anesthésie générale ou locorégionale. Le débit de la veine (superficielle, donc facilement
accessible) et son calibre augmentent alors, ce qui permet de la piquer avec les deux aiguilles
de dialyse, à chaque séance.
Elle consiste à relier une veine superficielle du bras à une artère. Sous l’effet de la pression
artérielle, la veine se dilate et sa paroi s’épaissit. Au bout de quatre à six semaines, la veine
devient suffisamment solide pour tolérer les ponctions répétées.
Cathéter d’hémodialyse
Le cathéter d’hémodialyse est composé d'un double tube inséré jusqu’à l’entrée du cœur, en
passant par la veine jugulaire, la veine sous-claviaire ou la veine fémorale. Un tube sert à
aspirer le sang, l’autre à le réinjecter. Cet accès d’hémodialyse présente le plus grand taux de
complications et la moins bonne longévité. Il est donc réservé aux patients nécessitant d'être
dialysés en urgence ou chez lesquels les fistules artério-veineuses ne sont pas indiquées.
Les indications
Insuffisance rénale (aiguë ou chronique) avec l'un des symptômes suivants qui ne peut
par ailleurs être contrôlé :
1. Surcharge liquidienne (dont l'insuffisance cardiaque réfractaire)
2. Une hyperkaliémie
3. Hypercalcémie
4. Acidose métabolique
5. Une péricardite
6. Symptômes urémiques
7. Taux de filtration glomérulaire* < 10 mL/min/1,73 m2 de surface corporelle ( maladie
rénale chronique, diabète)
8. Taux de filtration glomérulaire* < 15 mL/min/1,73 m2 de surface corporelle ( maladie
rénale chronique, diabète)
Principe
L'hémodialyse a pour principe d'épurer le sang à l'aide d'un filtre synthétique extracorporel.
Le sang veineux du patient est pompé à partir d’une fistule artério-veineuse ou d’un cathéter
placé dans une grande veine. Il est ainsi dirigé dans une circulation extracorporelle avant de
revenir, une fois filtré, dans le corps du patient. Cette circulation extracorporelle permet au
sang de passer en continu à travers le "dialyseur", un filtre
synthétique semi-perméable qui laisse passer la plupart des
substances accumulées dans le corps et que les reins ne
peuvent plus éliminer. Un bain de dialyse composé d’eau ultra-
pure circule en continu en sens inverse afin d'optimiser
l’évacuation des produits accumulés.
Complications aiguës de l’hémodialyse
Les facteurs impliqués dans la survenue des accidents hypotensifs perdialytiques sont
nombreux. La fréquence de ces accidents hypotensifs est influencée par plusieurs éléments,
certains relevant de l’état clinique du malade lui-même (âge avancé, diabète, cardiopathie,
prise pondérale excessive, médicaments antihypertensifs), d’autres relevant de la technique
de dialyse elle-même (hémoincompatibilité, dialysat tamponné à l’acétate, débit
d’ultrafiltration excessif, composition électrolytique anormale du dialysat, sodium du dialysat
bas).
Le malaise hypotensif est le plus souvent annoncé par des symptômes prémonitoires (nausées,
vomissements, bâillements, sensation de fatigue) puis rapidement suivis de manifestations
plus graves (malaise lipothymique, perte de connaissance brève, épisode convulsif). Parfois
l’hypotension artérielle survient brutalement sans signes annonciateurs. L’accès hypotensif
répond habituellement à l’interruption temporaire de l’ultrafiltration, à l’apport intraveineux
de sérum salé isotonique ou hypertonique et à la mise en déclivité du patient (position de
Trendelembourg).
Sans être dangereuses, les crampes musculaires, qui touchent principalement les membres
inférieurs sont douloureuses. Elles sont déclenchées par un taux d’ultrafiltration rapide ou
par une déplétion extracellulaire excessive. Les crampes cèdent à l’administration de
solutions hypertoniques (sodium 10 %, glucose 50 %) et à l’arrêt de l’ultrafiltration.
Certains patients se plaignent d’une asthénie persistante plusieurs heures après la fin de la
dialyse. Cette fatigue s’observe plus volontiers en présence d’ultrafiltration importante et
d’hypovolémie postdialytique.
1.1.6 Céphalées
Les céphalées de fin de séance sont relativement fréquentes au cours des premières séances
de dialyse ou au cours des séances courtes à très haute efficacité. Apparues en cours ou en
fin de séance de dialyse, elles font suspecter un oedème cérébral induit par des
modifications électrolytiques et osmolaires trop rapides du milieu intérieur. Ces céphalées
sont parfois contemporaines d’une hypertension artérielle et de troubles digestifs. Elles
doivent faire suspecter une hypercalcémie, une alcalose métabolique sévère ou un syndrome
de déséquilibre.
Les premières minutes d’une séance de dialyse peuvent être troublées par des manifestations
de type allergique associant à des degrés divers une gène respiratoire à composante
bronchospasmodique, une toux quinteuse, un écoulement nasal, une conjonctivite, une
impression de chaleur généralisée, un érythème cutané prurigineux avec parfois chute de la
tension artérielle.
Plus rarement, le tableau est extrêmement brutal prenant la forme d’un choc anaphylactique
parfois précédé de manifestations allergiques annonciatrices.
Les causes sont multiples et feront rechercher : une allergie à l’agent de stérilisation (oxyde
d’éthylène), au désinfectant du matériel de dialyse (formaldéhyde, acide peracétique), au
matériel de dialyse (polyuréthanne) ou parfois à l’héparine ; un réaction endotoxinique due à
la contamination du dialysat ; une interaction de la membrane de dialyse (particulièrement
avec l’acrylonitrile, AN69) avec un inhibiteur de l’enzyme de conversion. Dans tous les cas, il
est important d’identifier la cause et d’y remédier au plus vite. En cas de réaction
d’intolérance aiguë, la circulation sanguine extra-corporelle doit être interrompue
immédiatement et le circuit non-restitué au patient. En fonction de la gravité du tableau, il
est nécessaire de recourir à l’utilisation d’adrénaline et de corticoides. L’allergéne devra être
identifié et définitivement éradiqué pour prévenir la survenue d’un choc anaphylactique
irréversible.
Une crise d’angor ou un infarctus du myocarde peuvent être déclenchés par une séance
d’hémodialyse, notamment à l’occasion d’un épisode d’hypotension artérielle sévère chez un
patient à risques. La restitution du circuit sanguin extra-corporel s’impose immédiatement
dans ces cas. Elle assure bien souvent une amélioration clinique, mais ne doit pas faire
méconnaître la coronaropathie sous-jacente.
1.2.4 Convulsions
La survenue d’une crise comitiale en dialyse doit faire évoquer en premier lieu une
hypotension artérielle sévère chez un sujet à risques. Dans ce cas, la correction de
l’hypovolémie suffit à remédier au problème. Parfois, ces crises surviennent à la prise en
charge de patients urémiques, surtout en cas d’hypocalcémie sévère. Elles traduisent alors un
abaissement de la calcémie ionisée par correction trop rapide de l’acidose métabolique. La
récidive de telles crises, sans explication métabolique évidente, fait suspecter une cause
centrale et nécessite une exploration cérébrale par imagerie spécifique (tomodensitométrie,
résonance magnétique nucléaire).
Les réactions fébriles en cours de séance de dialyse sont rares. Lorsqu’elles surviennent
précocement après le branchement, elles sont la conséquence du contact du sang avec des
substances pyrogènes (endotoxines ou autres) présentes dans le circuit sanguin. Lorsque la
fièvre s’installe tardivement, on doit suspecter la contamination bactérienne excessive du
dialysat avec passage transmembranaire d’endotoxines d’origine bactérienne en particulier
avec les dialyseurs à haute perméabilité. Il ne faut cependant pas méconnaître la survenue
d’un épisode infectieux authentique par bactériémie ou septicémie notamment à point de
départ de l’accès vasculaire.
Toute circulation sanguine extra-corporelle, entretenue par une pompe à sang, comporte le
risque d’embolie gazeuse. En dépit de la sécurité apparente que procurent les moniteurs de
l’appareil de dialyse, ce risque persiste tout au long de la séance de dialyse. La survenue d’une
embolie gazeuse doit être prévenue par le strict respect des règles élémentaires de sécurité
en matière de circulation sanguine extra-corporelle. Une vigilance accrue du personnel sera
apportée notamment dans les phases délicates de branchement et de restitution du sang au
patient. La mise en route permanente et la vérification du bon fonctionnement des systèmes
de détection d’air et des clamps de sécurité est un impératif absolu et commun à toute
circulation extra-corporelle. Aucune exception ne doit justifier la transgression de ces
règles au cours d’une séance de dialyse.
1.2.7 Hémolyse intravasculaire
Elle est observée principalement durant les périodes interdialytiques prolongées du week end.
Cet accident, parfois mortel, est dû à une consommation abusive d’aliments riches en
potassium. La prévention de cet accident grave impose l’éducation du malade, la prise
systématique de résines échangeuses d’ions à titre préventif chez les malades incapables de
respecter un régime pauvre en potassium.
2.3 Infections
Le risque infectieux est nettement plus élevé chez les urémiques que celui des sujets
normaux. Cette sensibilité à l’infection tient d’une part à la technique de dialyse elle-même,
qui met le sang du malade en contact avec le milieu extérieur de façon répétitive au long
cours, d’autre part à la persistance de troubles de l’immunité cellulaire. Les complications
infectieuses, bactériennes ou virales, peuvent survenir à tout moment dans la vie du dialysé.
Les précautions d’asepsie et le respect strict des règles universelles d’hygiène, l’isolement de
patients porteurs de virus de l’hépatite B, sont des facteurs essentiels dans la prévention de
ces complications.
La cause de cette insuffisance de dialyse doit être recherchée et corrigée au plus vite. Le
plus souvent, il s’agit d’un programme thérapeutique non adapté aux besoins métaboliques ou à
l’état clinique du patient. Parfois, c’est l’efficacité du programme qui est amputée du fait de
problèmes techniques intercurrents : recirculation de l’accès vasculaire ; débit sanguin
insuffisant ; dialyseur inapproprié, thrombose partielle du dialyseur ; mauvais dégazage du
dialysat. Plus rarement, ce tableau traduit une perte de la fonction rénale résiduelle du
patient.
3.2 Péricardite
La péricardite est devenue une complication rare de l’IRC. La péricardite survenant chez le
malade dialysé est un signe majeur de dialyse inadéquate. De nombreux facteurs ont été
invoqués à l’origine de cette complication : accumulation de toxines urémiques ; surcharge du
volume extracellulaire ; formation intrapéricardique de cristaux d’urate, d’oxalate ou de
pyrophosphate ; dénutrition.
Une sténose peut se développer sur un des axes vasculaires de la fistule. Située sur l’artère
affluente ou sur l’anastomose artérioveineuse, elle entraînera une baisse de débit sanguin
gênant le déroulement de la dialyse. Située en aval de l’anastomose, la sténose provoquera une
surpression dans le segment veineux placé entre la fistule et la sténose. Dans tous les cas, les
performances de la séance de dialyse en seront réduites.
Une dilatation anévrismale peut se développer sur le réseau veineux antibrachial irrigué par la
fistule. La formation de "faux anévrismes" se voit plus volontiers sur le réseau de drainage
(veine ou pontage) de la fistule ou du pontage. Le risque de fissuration et d’hémorragie en
impose habituellement la ligature ou l’excision.
Plus rarement on verra se développer un "gros bras", dû à une stase veineuse provoquée par la
thrombose d’un gros tronc veineux (par exemple, la veine sous-clavière) ou une insuffisance
cardiaque due à un débit de fistule trop élevé (supérieur à 1 litre/minute).
L’infection est la plus fréquente des complications. Elle peut se présenter sous différentes
formes : infection locale d’orifice de sortie cutanée, infection du trajet sous-cutané, fièvre
et/ou bactériémie isolée, thrombose infectée, septicémie avec localisation septique
secondaire, endocardite droite. L’infection fait suite parfois à des manipulations non
strictement aseptiques. Plus fréquemment, l’infection résulte d’un portage chronique de
germes avec passage transcutané favorisé par la perte de continuité cutanée provoquée par
l’émergence cutanée des cathéters. Il s’agit dans tous les cas d’infections redoutables qui
nécessitent une extrême vigilance et doivent conduire, dés le diagnostic confirmé, à l’ablation
des cathéters et à une antibiothérapie adaptée.