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Dans ce II), le propos passe d’une approche exogène du progrès technique à une approche
endogène. Il s’agit de déterminer quelles sont les décisions économiques privées et publiques
favorisant le progrès technique (A et B).
Ces décisions se prennent dans un cadre institutionnel définissant les incitations auxquelles sont
confrontés les agents. Il conviendra donc de réfléchir aux caractéristiques que doivent revêtir les
institutions pour être favorables à la croissance économique(C).
Progrès technique = ensemble des innovations qui entraînent une transformation ou un bouleversement des structures
économiques et sociales : moyens et méthodes de production, organisation du travail, produits, marchés, lien social,
inégalités…
Innovation = application économique et commerciale d’une invention.
Le mot « invention » a une portée qui n'est que technique (c'est par exemple la découverte d’un nouveau principe,
d’une loi scientifique, d'un nouveau procédé…), alors que le mot « innovation » renvoie à un processus économique
(c'est par exemple la mise en œuvre dudit procédé dans tel processus productif). Voir diapo 39
On distingue deux grandes catégories d’innovations technologiques :
- Innovations de produit : biens et services nouveaux. Les innovations de produit sont dites radicales lorsque les
produits n'ont aucun équivalent préexistant ; elles sont incrémentales lorsqu’elles se traduisent par l'amélioration
significative des performances de produits existants).
- Innovations de procédé : nouvelles techniques de production ou de commercialisation (on y inclut souvent aussi
les innovations organisationnelles). Elles sont à l’origine de gains de productivité et de réduction des coûts.
REPÈRES
L'INNOVATION consiste à industrialiser l'objet d'une découverte puis à l'introduire avec succès sur le marché.
L'INVENTION consiste en la découverte d'un principe ou d'un procédé nouveau et participe au renouvellement des
connaissances indépendamment des applications commerciales susceptibles de lui être données.
LE PROGRES TECHNIQUE : Jusqu'à une époque récente, progrès technique était synonyme de « Grandes
découvertes » (domestication du feu, l'invention de la roue, électricité ...) Or, il est évident que les grandes révolutions
de l'histoire de l'humanité ne sont pas uniquement liées aux prouesses de techniciens de génie mais qu'elles sont aussi
déterminées par la capacité des individus à s'organiser, à communiquer, à vendre ...
La notion de progrès technique revêt donc deux sens :
-au sens strict, c'est l'amélioration des techniques de production qui permettent d'obtenir une unité produite avec moins
de travail humain. Donc P.T. au sens strict = tout ce qui permet d’accroitre la PGF.
-au sens large, c'est l'ensemble des innovations qui permettent la diffusion de nouvelles connaissances, de nouveaux
biens et services, un changement des méthodes
Doc. 2 : Les apports du progrès technique
Le progrès technique est défini de façon générale comme un accroissement de la connaissance que les hommes ont
des lois de la nature appliquées à la production. Il consiste donc en l'invention de produits et procédés nouveaux qui
augmentent le bien-être des individus soit par un accroissement soit par une transformation de la consommation. De
plus, ces inventions vont s'ajouter au stock des produits et procédés déjà existants. Le progrès technique a été de
longue date reconnu par les économistes comme le moteur principal de la croissance, pour de multiples raisons. [...]
Les comparaisons entre nations de niveau de vie différent montrent l'utilisation de technologies d'efficacité très
différentes. Et les analyses temporelles soulignent les changements profonds qui interviennent dans ce domaine. Des
indicateurs simples peuvent en rendre compte partiellement : par exemple, la consommation de carburant d'un véhicule
de type donné, ou la possibilité de soigner telle maladie. [...] Ces évidences partielles peuvent toujours être
questionnées. Ainsi, si l'on sait maintenant soigner certaines maladies grâce à la technologie, il est vrai aussi que celle-
ci, au moins indirectement, a entraîné l'apparition de nouvelles maladies ou de nouveaux risques pour la santé. Une
comparaison de l'espérance de vie à la naissance de populations vivant dans des contextes techniques différents
montre que le bilan est assez largement positif.
O. Guellec, P. Ralle, Les Nouvelles Théories de la croissance, coll. « Repères », Éditions La Découverte, 1995.
1) Comment les auteurs définissent-ils le progrès technique ? Distinguez innovation de procédé et innovation de produit.
2) Illustrez par des exemples le premier passage souligné.
3) Le bilan du progrès technique est-il globalement positif ?
Doc. 3 : D’où vient le progrès technique ?
2) Les innovations : formes et origine
Exercice 1 : A partir du texte et du vocabulaire suivant, inscrivez ces différents types d’innovation dans le schéma :
Innovation radicale, hausse de la productivité, innovation de procédé, nouvelle organisation, innovation de produit,
innovation progressive ou incrémentale.
Innovations
Innovations
Nouvelle méthode
de production
Augmentation de la
demande
Voir diapos 46 et 47
Remarque : Frontière technologique et nécessité de l’innovation
►Un pays qui se trouve à la « frontière technologique » (cas des PDEM) dispose des technologies les plus avancées
et donc peut facilement atteindre des niveaux élevés de productivité. Les niveaux de Y et de vie y sont élevés. En
revanche, la croissance économique est plus faible car le PT est lent, il dépend en grande partie des innovations qui
restent à découvrir. Les pays avancés ont donc un régime de croissance par innovation
Par contre, un pays en développement qui acquiert des technologies de pays où les niveaux de productivité
sont plus hauts dispose d’un facteur favorable à une croissance éco forte, plus rapide que celle des pays
avancés. Il s’agit d’un régime de croissance par imitation, dans lequel l'économie croît par adoption progressive de
changements technologiques ou organisationnels initiés par d'autres pays.
→ Pour un pays qui est loin derrière la frontière technologique, les gains de productivité passent plutôt par l'imitation
des technologies existantes (économie de rattrapage). Alors que pour un pays proche de la frontière technologique,
c'est l'innovation qui tend à devenir le principal moteur de la croissance : il s’agit de trouver de nouveaux gisements de
gains de productivité pour continuer à croître.
Voir diapo 49
Doc. 12 : L’explication des cycles Kondratieff par des innovations majeures
Le PT et les innovations qui le composent induisent un processus dynamique source de croissance, mais est également
facteur de crise et est donc responsable de l’irrégularité de la croissance.
Toute innovation va rendre obsolètes les produits et les techniques du passé.
Destruction créatrice : Processus interne au capitalisme qui révolutionne incessamment de l'intérieur la
structure économique, en détruisant continuellement ses éléments vieillis et en créant continuellement des
éléments neufs engendrant ainsi la croissance économique.
Aspect destructeur Aspect créateur
- Disparition de certains produits et de manière de - Création de nouveaux produits, apparition de nouvelles
produire, donc des entreprises qui les fabriquent ou les techniques de production, donc d’entreprises innovantes
utilisent
- Destruction d’emplois, - Création de nouveaux emplois,
- Modes de vie bouleversés (exode rural,...). - Nouveaux modes de vie.
Exercice 5 : Différents exemples historiques de destruction créatrice. Complétez :
Innovations Quelles entreprises vont croître ? Quelles entreprises vont
« disparaître » ?
Voiture Producteur de voitures Vendeurs de chevaux
Energie nucléaire Mines d’uranium
Lecteur DVD
Producteurs industriels de textile Producteurs de textile au rouet manuel
Pour J.A. Schumpeter (Théorie de l’évolution économique, 1912) la dynamique de l’économie capitaliste réside dans
l’apparition, en grappe (par vagues), d’innovations (imitation des innovations qui marchent entre concurrents, les
innovations dans un secteur nécessite d’autres innovations dans d’autres secteurs amont ou aval, par exemple,
l’invention du métier à tisser ne peut pas survenir sans l’invention du filage). Lorsqu’une grappe d’innovations majeures
dans les procédés et les modes d’organisation apparaît, la rentabilité (présente ou future) des activités productives
traditionnelles va nécessairement s’avérer insuffisante. D’où un tarissement plus ou moins rapide des ressources qui
leur sont affectées et, ce faisant, des fermetures (ou des délocalisations) d’établissements et des faillites (ou des
reconversions) d’entreprises et, in fine, des problèmes d’emploi, y compris pour les actifs indépendants.
Quand une (nouvelle) entreprise innove avec succès, elle devient plus productive (elle a de meilleurs coûts unitaires
par rapport aux concurrents) et/ou elle propose de nouveaux produits, elle gagne donc des parts de marché et accroit
son profit. Les entreprises concurrentes peu innovantes vont peu à peu faire faillite à moins qu’elles ne parviennent
elles-aussi à innover avec succès. Par conséquent, dans un secteur donné, des entreprises ferment tandis que d’autres
naissent ou croissent. On appelle ce phénomène une mutation sectorielle ou le processus de destruction créatrice.
La destruction créatrice est un processus de mutation économique qui débute suite aux innovations des entreprises
innovantes et qui se traduit par la modification de la structure sectorielle due à la destruction continuelle des entreprises
les moins innovantes. Pour Schumpeter, cette « destruction créatrice » est la caractéristique fondamentale du
capitalisme qui, en permanence, détruit certains de ses éléments et en crée de
nouveaux grâce aux innovations des entrepreneurs.
L’ordre ancien commencera donc à être détruit, étant entendu qu’il ne faut pas
envisager cette destruction en des termes uniquement économiques : les valeurs,
les normes, les modes de vie, l’habitat, etc. seront également affectés (à titre
d’exemple, cf. la première révolution industrielle). Lorsque la destruction de l’ordre
ancien commence, de nombreux salariés et actifs indépendants vont être
confrontés à des difficultés très importantes. De nombreuses actions collectives
vont donc être organisées (dont celles des « canuts » lyonnais et des « luddistes
» anglais au XIXe siècle) afin de s’opposer aux innovations qui sont à l’origine de
cette destruction.
À moyen ou à long terme, les effets positifs l’emporteront sur les effets négatifs
mais le pas aura été effectivement difficile à franchir (sauf si les pouvoirs publics
sont intervenus pour que cette transition soit supportable).
TD : Mineurs, la fin d’un monde. Un exemple de « destruction créatrice »