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Origine géographique du papier : 50% origine Espagne 100% fibres recyclées.Eutrophisation : P=0,91 mg par exemplaire. 50% origine France
58% fibres recyclées pour le papier Norske et un Phosphore total = PTot =0.008kg/t papier issus de forêts durablement gérées. Cahier N° 1102 La Dépêche du Midi du mercredi 2 novembre 2022. Numéro Commission Paritaire 0325 C 87785
Publi communiqué
PARTI PRIS
« Chaque génération, sans doute, se fascinetantôtagace.Levertigeestbien nomiecirculaire,locale,auservicede
croit vouée à refaire le monde. La tropgrandpouryfairefaceseuls.Nous l’humain avant d’être au service des
mienne sait pourtant qu’elle ne le re- allonsavoirbesoindutalent,desidées, multinationales qui écrasent. Ce
fera pas. Mais sa tâche est peut-être delaforceetdutempsdechacunetde mondede demain se cache dans cha-
plus grande, il s’agit d’éviter que le chacuned’entre-vous.Cetécosystème que association de quartier qui ne lâ-
monde sedéfasse».Cesmotsd’Albert quenousentraînonsdansnotrechute che rien pour que des prairies ou des
Camus résonnent particulièrement doit être sauvé par un autre écosys- forêtsnesoientpasrecouvertesdebé-
fort aujourd’hui. Éviter que le monde tème:celuidenosactionsconjointes. tonmaispuissentvoirlevivants’yéta-
se défasse. Éviter que nos glaciers et blir;danschaquesalledeclasseoùun
l’histoirequ’ilsrenfermentdisparais- «Sauverlanature» professeurdessineauveledalescon-
sent de nos paysages, éviter que les Agriculteurs, personnel de santé, in- tours du monde que ses élèves vont
fermes s’écroulent sous le poids de génieurs, professeurs, charpentiers, devoirconstruire;danschacund’en-
l’agro-industrie et que nos agricul- artistes, journalistes, informaticiens, tre-nous qui décide de faire de l’ur-
teurs cessent de tenir bon. Éviter que guides de haute montagne, étu- gence écologique et sociale le para-
Âgée de 24 ans, Camille Étienne fait nos campagnes se vident, de ses oi- diants...Aumasculincommeaufémi- digme à travers lequel appréhender
partie de la nouvelle génération de mi- seaux, de ses cafés et de sa jeunesse. nin, nous ne nous battons pas pour « lemonde.Ilssontbienplusnombreux
litants écologistes. Celle qui utilise Éviterquemesenfantsneconnaissent sauverlanature»,noussommeslana- quenousl’imaginons.Lesconnaître,
tous les médias à sa disposition pour se pas les neiges éternelles qui ont vu turequisedéfend.Cefameux«monde les rejoindre, les devenir c’est croire
faire entendre. D’ailleurs, elle est sou- grandirmesgrands-parents.Éviterde de demain » existe déjà, tant il se des- trèsconcrètementennotrecapacitéà
vent associée à la Suédoise Greta condamnerparnotreapathie,parno- sinedéjàdansnosterritoires.Loindes faire mieux, à vivre mieux, dans un
Thunberg. Originaire de Savoie, où tre ignorance et par l’avidité de quel- projecteursetdescaméras,ilsecache monde plus juste, plus solidaire et
son père est guide de montagne, la ques-uns,toutcequ’onaimeetcequi danschaqueespritquirefusedeseré- moinsviolent.Aussinaïfsqu’ilspuis-
jeune femme se passionne très tôt pour est beau. C’est de cela dont il s’agit. signer;danschaqueagriculteur,agri- sent paraître, ces vœux deviennent
la nature. Ses coups d’éclat l’ont posi- Contrairement à ce que l’on entend cultrice,quireprenduneexploitation réels à partir du moment où on y tra-
tionnée dans les radars médiatiques : souvent, je ne suis pas certaine que et se bat contre des normes destruc- vaille, sans compromis. La beauté de
prise de parole au Parlement euro- cela soit le combat d’une génération; trices pour sortir du conventionnel, ce monde, peu importe où on la voit,
péen, au festival de Cannes, ou devant de la mienne en l’occurrence, proje- pours’occuperdenossolsetfaçonner vaut sans doute la peine de se battre
les patrons français au Medef, et même tée dans un costume trop grand pour nospaysages;danschaquecommer- pour elle. En tout cas, j’ai envie d’y
une manifestation devant l’Élysée. ellede«générationclimat»quitantôt çantquis’efforced’incarneruneéco- croire. Et vous ?
Aude : on prépare les vignes
de demain au Domaine de Cazes
Créé en 1967 par la
Chambre d’agricul-
ture de l’Aude, le do-
maine expérimental
de Cazes teste des
dizaines de cépages
et sélectionne les va-
riétés les plus résis-
tantes.
63 000 plantes aquatiques ont été installées dans le marais de Tasdon, à La Rochelle./Photo de Romuald Augé. «Sud Ouest»
Suzanne est apaisée dans ce nouvel environnement qui préserve son indépendance./Laurent Theillet
Chaque mois, ils elle fabrique du pain au levain l’épargne solidaire », en France. «L’argentestunmoyen,pasune
qu’ellecuitaufouràboisetvend En 2023, le réseau fêtera ses fin. L’aspect rencontre est très
épargnent environ en direct trois fois par semaine. quaranteans.Leprincipe?Cha- important », insiste la co-prési-
20 €, chacun, pour Elle approvisionne également que mois, ses membres versent, dente de la Fédération des Ciga-
soutenir des projets deuxrestaurateursmessins,une en moyenne, 20 € dans une ca- les en France. La boulangère de
locaux. plateforme de circuit court Lo- gnotte commune. La somme Lorry-Mardigny confirme. «
cavore, des ca- collectée permet Dans ce club, j’ai rencontré des
siers fermiers et « L’argent est de financer un prêt gens sensibles à l’écologie, à
Cinquante kilomètres pour un supermarché un moyen, pas à taux zéro, rem- l’humain et sans préjugés à
acheter sa farine et son beurre.
Vingt de plus, pour les œufs. «
coopératif,
Graoucoop,basé,
une fin. boursable sous
trois ans, ou de
l’égard de mon projet contraire-
ment à certains banquiers qui
Je ne suis pas une boulangerie lui aussi, à Metz. L’aspect prendre une part trouvaient mon projet “trop pe-
conventionnelle mais durable « Ce qui nous a rencontre est au capital. tit” et “sans ambition finan-
», sourit Manon Petit. Venue plu, c’est la per- très important » Pour Manon Petit, cière”.»Avec10000€encaisse,
s’installer en 2019 avec sa fa- sonnalité de Ma- le club de Metz a le club Cigales de Metz cherche
mille, à Lorry-Mardigny, un vil- non,savisiontrès débloqué 3452 €, régulièrementdesprojetsàsou-
lage de 650 habitants situé à organisée et son envie de tra- montant du tubage de son four tenir. Une marque messine de
vingt-cinq minutes au sud de vailler moins, mais dans la qua- à pain. « Pour aider un projet, il polos fabriqués à partir de bou-
Metz, l’ancienne ergothéra- lité », défend Ludovic Cousin, faut qu’il nous plaise », insiste teillesplastiquesetunecréatrice
peute a ouvert en septembre membredepuistroisansduclub Marie-Pierre Sangnier devenue de boucles d’oreille à partir de
une boulangerie, Le Fournil de Cigales de Metz, l’un des 200 « cigalière « pour donner de l’uti- chutes de bois pourraient être
Manon, dans une partie de sa clubsd’investissementpourune lité à son argent et contribuer à les prochains.
maison. Du lundi au vendredi, gestion alternative et locale de quelque chose de local ». Gaël Calvez
Gironde : un habitat partagé
pour mieux vieillir
Depuis juillet partenaires de vie. Chaque soir,
elle descend au salon. On y trouve
2022, neuf retrai- une bibliothèque avec de nom-
breuxlivresetaussidesjeuxdeso-
tés partagent leur ciété.Maispasdetélévision.« C’est
quotidien dans La leur choix, relate Florence. Ils ne
voulaient pas que ça empêche les
Maison de l’Artolie discussionsouqueçaembêteceux
à Lestiac-sur-Ga- qui voulaient jouer. »
Ladécorationdespiècespartagées
ronne (Gironde). est aussi collégiale avec des meu-
bles ramenés par les uns et les au-
tres. « On va ajouter d’autres ta-
C’est Paulette qui nous accueille bleaux, mais il faut d’abord qu’on
depuis son balcon au premier se mette d’accord, rit Michel. On
étage de La Maison de l’Artolie. La n’a pas tous les mêmes goûts. »
doyenne est aussi la dernière arri- Il le reconnaît : « il y a parfois des
vée, elle a donc pris le studio qui désaccords,maisoncommunique
restait.« Maintenanttoutlemonde beaucoup,iln’yapasdenon-dits ».
m’envie !Ilsn’avaientqu’àlechoi- Alors qu’il vient juste de se faire
sir en premier », lance la mali- opérer de la hanche, l’octogénaire
cieuse nonagénaire. saitqu’ilpeutcomptersursesamis.
Elle a rejoint la maison partagée « Ilsmepréparentmonplateau-re-
lancée par l’association Habitats pas et font même ma vaisselle. »
despossiblesaprèsavoirperdusu- C’est ce que les membres de l’as-
bitement son mari. « Je vivais près sociation avaient espéré : la soli-
de ses enfants, c’était dur de res- darité pallie les pertes d’autono-
ter, ce n’était plus pareil. Quand mies ponctuelles et permet le
Suzanne est apaisée dans ce nouvel environnement qui préserve son indé-
mon fils, qui habite Paillet, m’a pendance./Laurent Theillet maintienàdomicile.Sil’undesha-
parlédeceprojetàLestiac-sur-Ga- bitantsvenaitàdevenirdépendant
ronne (à moins de 2 kilomètres), âgésde62à91ans,ontemménagé table pour manger dans son stu- plus durablement, Florence De-
j’ai trouvé que c’était une bonne à Lestiac-sur-Garonne. Chaque dio, la plupart des habitants choi- lisle-Errard insiste : « Ce n’est pas
solution ». mois, ils paient un loyer à l’asso- sissent de partager leurs repas du une maison de retraite, ils sont
L’idée de l’association est simple : ciation qui gère la maison pour le mididanslasalleàmanger.« C’est chezeux,c’estunbaildedroitcom-
proposer à des retraités un lieu de compte de la commune. convivial, sourit Suzanne. On dis- mun. Nous ne sommes là qu’en
vie commun avec des parties pri- cute, on échange ». soutien,nousneprendronspasde
vatives(chambre,kitchenette,salle Unesolidaritéauquotidien La coquette septuagénaire ne re- décision à leur place. En ce mo-
d’eau). L’objectif est de préserver Depuistroismois,Pauletteatrouvé grette pas son changement de vie. ment, il y a un couple dont
l’autonomie et le maintien à domi- une « deuxième fa- « Je ne me considé- l’homme est devenu assez dépen-
cile, tout en offrant un quotidien mille ».Sesjournées « C’est rais pas assez âgée dant et sa compagne endosse le
partagé avec d’autres personnes.
Si les locaux appartiennent à la
sont bien remplies
grâceautricot.« Re-
convivial, pour aller dans une
maisonderetraiteet
rôled’aidante.Onessayedelasou-
tenir,deluiproposerdessolutions,
commune et les travaux ont, en gardez, je peux le sourit Suzanne. ça aurait été difficile mais elle a complètement le droit
partie,étéfinancésparleDéparte- faire, sans regarder. On discute, on financièrement. Je de refuser. »
ment, La Maison de l’Artolie a été
imaginéeparseshabitantsactuels.
Tout le monde ici
m’en demande. »
échange » souhaitais prendre
une décision pour
Dans quelques jours, les habitants
de la Maison de l’Artolie auront de
« Leprojetaétélancéen2017.Cer- Ses partenaires de ne pas que mes en- lavisite :ungroupederetraitésin-
tains sont là depuis le début, d’au- vie lui rendent bien. « Ils passent fants soient obligés de le faire à un téresséspourvivredelamêmema-
tresnous ont rejoint aufuret à me- me voir tous les jours, je suis leur moment donné. Je vivais dans un nière viendra échanger avec eux.
sure.Ilsontbeaucoupéchangésur mamie à tous. Et si je ne descends immeuble dortoir, je ne connais- Convaincue de l’avenir de ces co-
leurs besoins, leurs envies pour pas quand il y a des repas com- sais pas mes voisins. Ce lien me habitations inédites, l’association
cohabiter au mieux », explique la muns, je me fais disputer ! Je vis manquait, il n’y avait pas d’affini- Habitats des possibles porte qua-
fondatrice de l’association Flo- comme une princesse ici », con- tés. » tre autres projets similaires en Gi-
rence Delisle-Errard. fie-t-elle avec tendresse. Aujourd’hui elle profite de chaque ronde et dans le Lot-et-Garonne.
En juillet 2022, les neuf habitants, Sichacunadequoicuisineretune moment pour échanger avec ses Emma Gouaille
Des « biens en commun » dans
les résidences étudiantes à Lyon
Yann Lemoine devant les casiers d’une résidence de Lyon 7e./David Tapissier