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Journal imprimé sur les presses de la S.A. Groupe La Dépêche du Midi et sur du papier certifié PEFC 70% FCBA-PEFC-COC-21-01802.

Origine géographique du papier : 50% origine Espagne 100% fibres recyclées.Eutrophisation : P=0,91 mg par exemplaire. 50% origine France
58% fibres recyclées pour le papier Norske et un Phosphore total = PTot =0.008kg/t papier issus de forêts durablement gérées. Cahier N° 1102 La Dépêche du Midi du mercredi 2 novembre 2022. Numéro Commission Paritaire 0325 C 87785

Publi communiqué
PARTI PRIS
« Chaque génération, sans doute, se fascinetantôtagace.Levertigeestbien nomiecirculaire,locale,auservicede
croit vouée à refaire le monde. La tropgrandpouryfairefaceseuls.Nous l’humain avant d’être au service des
mienne sait pourtant qu’elle ne le re- allonsavoirbesoindutalent,desidées, multinationales qui écrasent. Ce
fera pas. Mais sa tâche est peut-être delaforceetdutempsdechacunetde mondede demain se cache dans cha-
plus grande, il s’agit d’éviter que le chacuned’entre-vous.Cetécosystème que association de quartier qui ne lâ-
monde sedéfasse».Cesmotsd’Albert quenousentraînonsdansnotrechute che rien pour que des prairies ou des
Camus résonnent particulièrement doit être sauvé par un autre écosys- forêtsnesoientpasrecouvertesdebé-
fort aujourd’hui. Éviter que le monde tème:celuidenosactionsconjointes. tonmaispuissentvoirlevivants’yéta-
se défasse. Éviter que nos glaciers et blir;danschaquesalledeclasseoùun
l’histoirequ’ilsrenfermentdisparais- «Sauverlanature» professeurdessineauveledalescon-
sent de nos paysages, éviter que les Agriculteurs, personnel de santé, in- tours du monde que ses élèves vont
fermes s’écroulent sous le poids de génieurs, professeurs, charpentiers, devoirconstruire;danschacund’en-
l’agro-industrie et que nos agricul- artistes, journalistes, informaticiens, tre-nous qui décide de faire de l’ur-
teurs cessent de tenir bon. Éviter que guides de haute montagne, étu- gence écologique et sociale le para-
Âgée de 24 ans, Camille Étienne fait nos campagnes se vident, de ses oi- diants...Aumasculincommeaufémi- digme à travers lequel appréhender
partie de la nouvelle génération de mi- seaux, de ses cafés et de sa jeunesse. nin, nous ne nous battons pas pour « lemonde.Ilssontbienplusnombreux
litants écologistes. Celle qui utilise Éviterquemesenfantsneconnaissent sauverlanature»,noussommeslana- quenousl’imaginons.Lesconnaître,
tous les médias à sa disposition pour se pas les neiges éternelles qui ont vu turequisedéfend.Cefameux«monde les rejoindre, les devenir c’est croire
faire entendre. D’ailleurs, elle est sou- grandirmesgrands-parents.Éviterde de demain » existe déjà, tant il se des- trèsconcrètementennotrecapacitéà
vent associée à la Suédoise Greta condamnerparnotreapathie,parno- sinedéjàdansnosterritoires.Loindes faire mieux, à vivre mieux, dans un
Thunberg. Originaire de Savoie, où tre ignorance et par l’avidité de quel- projecteursetdescaméras,ilsecache monde plus juste, plus solidaire et
son père est guide de montagne, la ques-uns,toutcequ’onaimeetcequi danschaqueespritquirefusedeseré- moinsviolent.Aussinaïfsqu’ilspuis-
jeune femme se passionne très tôt pour est beau. C’est de cela dont il s’agit. signer;danschaqueagriculteur,agri- sent paraître, ces vœux deviennent
la nature. Ses coups d’éclat l’ont posi- Contrairement à ce que l’on entend cultrice,quireprenduneexploitation réels à partir du moment où on y tra-
tionnée dans les radars médiatiques : souvent, je ne suis pas certaine que et se bat contre des normes destruc- vaille, sans compromis. La beauté de
prise de parole au Parlement euro- cela soit le combat d’une génération; trices pour sortir du conventionnel, ce monde, peu importe où on la voit,
péen, au festival de Cannes, ou devant de la mienne en l’occurrence, proje- pours’occuperdenossolsetfaçonner vaut sans doute la peine de se battre
les patrons français au Medef, et même tée dans un costume trop grand pour nospaysages;danschaquecommer- pour elle. En tout cas, j’ai envie d’y
une manifestation devant l’Élysée. ellede«générationclimat»quitantôt çantquis’efforced’incarneruneéco- croire. Et vous ?
Aude : on prépare les vignes
de demain au Domaine de Cazes
Créé en 1967 par la
Chambre d’agricul-
ture de l’Aude, le do-
maine expérimental
de Cazes teste des
dizaines de cépages
et sélectionne les va-
riétés les plus résis-
tantes.

Sur un rang, il reste encore quel-


ques grappes dorées d’Albarinho,
réchappéesdelavendange.Grains
goûteuxetsucrés:cettevariétépor-
tugaise a plutôt bien résisté à la sé-
cheresse et à la canicule, s’accor-
dent Thierry Grimal et Miguel De-
lucchi, responsable et technicien
du Domaine expérimental de Ca-
zes. Tandis qu’à côté... D’autres cé- Oenologue du Domaine expérimental de Cazes, Philippe Gauthier évalue les jus des vins blancs issus de cépages
pages ont souffert. Cet après-midi, résistants./DR
unsoleild’automnebaignelespen- ilsfermententdoncaussiafind’être conduiresesexpérimentationsdans suit-il.
tes d’Alaire et les vignes aux éclats goûtés en bouteille. « Pour nous, il deux directions majeures : la dimi- Cefaisant…Quellessontcellesqui,
vermeils du massif de la Malepère, s’agit d’évaluer le potentiel œnolo- nutiondrastiquedespesticidesdans demain, garantiront à la fois « un
entreLimoux,CastelnaudaryetCar- gique des différentes espèces par lesvignesetl’adaptationdesvignes bon rendement, de belles saveurs
cassonne. Ce faisant, récolte ren- vinification séparée des variétés », au changement climatique. mais aussi de la pérennité, en étant
trée,l’heureestmaintenantaupre- explique Philippe Gauthier, l’œno- «Depuis2009,noustravaillonssur capable de produire dans la durée
mier bilan tandis qu’à la cave logue veillant sur ce l’évolution du maté- »?Laquestionsurlaquelleplanche
bouillonnent les jus rouges et véritablelaboratoire. riel végétal pour dé- Miguel Delucchi. Portugal, Espa-
blancs. Car ici, ce sont les vi- « Un vin, velopperparhybrida- gne,Italie,GrècemaisaussiAfrique
« Nous avons fait 23 tonnes de gnes de demain c’est tion des cépages ré- du Sud pour les origines : les diffé-
moins qu’en 2021, en grande par- qu’on prépare aussi. un cépage, sistantsauxmaladies rentes variétés sont scrutées du ra-
tie à cause du stress hydrique des Un ADN d’innova- cryptogamiques, à meau au raisin pour étudier leurs
jeunes vignes de Merlot, Cabernet- tion qui remonte mais aussi l’Oïdium et au Mil- réactions en fonction des tempéra-
Sauvignon,FloréalouVidoc»,cons- loin. un terroir» diou. Concrètement, tures et de la pluviométrie mesu-
tate Thierry Grimal, quant à la ven- «LaChambred’agri- cela permet de bais- rées avec précision par la station
dange « traditionnelle » de l’exploi- culture a acheté ce ser de 90 % les in- MétéoFranceéquipantleDomaine.
tation, partenaire des coopératives domaine, en 1967, pour y créer un trants phytosanitaires et de limiter «Maislesvieuxcépagesfrançaisou
locales. Un résultat qui souligne nouveau vignoble, le premier « vin les émissions de CO2 en économi- de l’arc méditerranéen qui ont
alors tout l’intérêt des recherches dequalitésupérieurdelaMalepère sant le passage des engins agrico- prouvé depuis des siècles leur ré-
que conduit conjointement le Do- »»,rappelleThierryGrimal.Ceciac- les, une piste très prometteuse sistance font aussi partie de nos re-
maine de Cazes sur les cépages de quis,depuislafindesannées2000, d’agro-écologie », résume Thierry cherches », rappelle Thierry Gri-
sa première parcelle, dès l’entrée. ces 26 ha ont également été orien- Grimal. « Puis de 2011 à 2016, nous mal, soulignant qu’en viticulture,
Albarinho, donc, mais aussi Primi- tésverslarechercheappliquéepour avons implanté des variétés étran- l’urgencerestede«laisserdutemps
tivo,Morrastel,Verdelho,Parellada, développerdesvariétésrésistantes. gères, notamment pour suivre leur au temps pour acquérir le recul né-
Grenache,PinotageouTourigana- « Nous recensons désormais 91 cé- comportement face aux évolutions cessaire ». Pour un autre enjeu ma-
cional : ceux-ci sont en effet répu- pages,dequelquespiedsàquelques du climat. Le temps qu’elles puis- jeur,ajoute-t-il.«Qu’ilyaittoujours
tésmieuxrésisteràlasécheresseet rangées » poursuit-il. Et cette col- sent commencer à donner et nous des vignerons demain ».
aux fortes températures. Pressés, lectionpermetdoncauDomainede avons lancé l’étude en 2019 » pour- Pierre Challier
Au Danemark, l’île de Samsø
carbure aux renouvelables
Alors que l’indépen- assurent aujourd’hui la mainte-
dance énergétique nance. Bref, une transition ga-
est au cœur des pré- gnante pour tous.
occupations euro- «Del’utopieaubonsens»
péennes, les habi- Si Samsø est aujourd’hui neutre
tants de l’île de encarbone,ilrestenéanmoinsen-
Samsø vivent en au- core du travail pour se libérer en-
tosuffisance depuis tièrement des énergies fossiles.
Lorsque Samsø a reçu le prix ‘Cli-
2007 grâce aux éner- mate Leader’ des Nations Unies
gies renouvelables. en 2021, des voix se sont élevées
à travers le Danemark pour dé-
Atteindre l’autosuffisance éner- noncer le fait que la transition de
gétique grâce aux renouvelables. Samsøn’avaitpasassezévoluéde-
C’estl’objectif,utopiquepourcer- puisunevingtained’années,voire
tains, que vise la municipalité de avaitfaitunpasenarrière.Lacom-
Samsø en 1997, lorsqu’elle rem- mune vient d’investir dans un
porte un appel à projets du gou- nouveau ferry au diesel pour re-
vernement danois. « Après les ac- lier l’île à la ville d’Aarhus; et avec
cordsdeKyoto,leministredel’En- 55%desémissionsdeCO2del’île,
vironnementalancéunconcours l’agriculture – qui représente un
pour les îles du pays », se souvient tiers des emplois îliens – reste un
Søren Hermansen, un local de- casse-tête écologique.
venu porte-parole de cette transi- Aussi la commune continue de se
tion. « Il fallait présenter un plan fixer de nouveaux objectifs. “De
pourpasserà100%d’énergiesre- l’utopie au bon sens”, c’est ainsi
nouvelables en moins de dix ans. Les 220 habitants de Nordby, au nord de Samsø, se chauffent grâce à une que l’Académie de l’énergie de
» chaudière biomasse collective et au solaire thermique./Amélie Drouet Samsø, créée en 2007 pour parta-
Une décennie plus tard, l’île pro- ger et développer les connaissan-
duit plus d’énergie de sources re- financière dédiée », explique bitants représente en fin de ces liées aux renouvelables, dé-
nouvelables qu’elle n’en con- Søren. comptelestroisquartsd’uninves- critl’évolutiondesobjectifsdel’île.
somme.Onzeéoliennesterrestres Sørenadoncdûselanceràlacon- tissement total de 60 millions Pour 2030 : « Nous construisons
assurent l’approvisionnement quête de la participation ci- d’euros, complété par la munici- une usine de biogaz pour alimen-
électrique des 3 700 insulaires. toyenne.Danslecontexted’exode palité. « Le Danemark a une forte terleferry[quirelieSamsøàlapé-
Dix autres, érigées en mer, com- ruraletdeperted’emploisdesan- tradition d’organisation coopéra- ninsule du Jutland, NDLR]. Et
pensent les émissions liées aux nées1990,lesinsulairessontalors tive », ajoute Søren. « Il était donc noussommesdéjàlamunicipalité
transports grâce à la revente de avant tout sensibles aux argu- logiquedeproposerauxhabitants qui compte le plus de voitures
60%del’électricitéproduite.Trois ments économi- deprendredesparts électriques par habitant » précise
chaudières biomasse alimentent ques. « C’était une L’île dansl’infrastructure Søren. Au-delà, Samsø rêve aussi
lestroisquartsdesfoyersenchauf-
fage et en eau chaude. Le reste est
bonne affaire », ré-
sume Jørgen Tran-
est passée énergétique. »
Outre des investis-
d’économie circulaire, par exem-
ple en restituant aux terres agri-
équipéenpanneauxsolairesther- berg,unfermierqui au 100% sements intéres- coles les eaux usées, chargées en
miques, chaudières biomasse in- a investi deux mil- renouvelable sants, la transition nutriments.
dividuelles et pompes à chaleur. lions d’euros dans
l’aventure. « Je ne
en dix ans énergétique
Samsø s’avère créa-
de En attendant, l’Académie de
l’énergiecontinuederecevoirdes
Persuasionpragmatiqueet l’ai pas fait pour le triced’emploisetde milliers de visiteurs chaque an-
espritentrepreneurial climat.Jen’auraisjamaisdépensé nouvelles opportunités. Les fer- née et d’accompagner la transi-
La véritable pierre angulaire de autant d’argent si le calcul n’était miers transforment leurs déchets tion de communautés dans le
cettetransitionaétél’engagement pasintéressant.Sinoncen’estpas en ressource en vendant leur monde entier en leur montrant
deshabitants.«Lecahierdeschar- durable. » Un calcul qui est rendu paille comme combustible pour qu’avec un plan adapté aux spéci-
ges stipulait que la transition de- possibleparlalégislationdel’épo- les chaudières biomasse. Les ar- ficités locales et la participation
vait se faire dans le cadre de la lé- que, qui garantit un prix de rachat tisans ont pu tirer profit du rem- des habitants, le zéro carbone est
gislation existante, avec les tech- de l’énergie sur dix ans. placement des cuves à fioul et des possible.
nologies disponibles et sans aide Laparticipationfinancièredesha- installationsdechauffage,dontils Amélie Drouet
Et ailleurs...

Quand Lille fait la peau PYRÉNÉES-ORIENTALES


CatEnR propose
d’« adopter » un panneau

au goudron à la récré solaire


Une épargne qui a du sens. Dans
les Pyrénées-Orientales, CatEnR,
une coopérative d’énergies parti-
Pour favoriser les cipatives fondée en 2014 à Perpi-
îlots de fraîcheur gnan, propose aux habitants du
territoire d’« adopter » un ou plu-
et offrir des espa- sieurs panneaux solaires, ensuite
installés sur les toits d’une école,
ces de nature aux d’une bergerie ou des bâtiments
enfants, la ville de d’une commune près de chez eux.
La coopérative compte près de
Lille (Nord) a fait 300 sociétaires qui ont chacun in-
vesti un minimum de 100 euros.
le choix de trans- S’ils le souhaitent, ils peuvent pla-
former ses cours cer leur argent, moyennant des in-
térêts de 2,3% à 3% brut par an,
d’école. soit plus que le livret A. « C’est une
façon de contribuer à la transition
Sur les jolis balcons qui font le
énergétique, explique son fonda-
charme de l’école Desbordes-
teur Bertrand Rodriguez. Vu l’am-
Valmore, les pigeons sont aux
pleur de la tâche, nous n’y arrive-
premièreslogesdecechantier. rons que si chacun relève le défi ».
Imperturbables. Le ballet des Il existe en France environ 300
pelleteuses a commencé cet coopératives similaires, dont 70
été dans l’une des plus grandes en Occitanie. Site web :
écoles de la ville : 16 classes, http://www.catenr.org
358 élèves. Une cour d’école
en pleine métamorphose où de HAUT-DOUBS
nouveaux arbres, des espaces La station de Métabief,
de jeu, un potager et des caba- unlaboratoire à ciel
nes vont prendre racine au fil ouvert
des mois. Sans oublier : un pe- Les ouvriers ont enlevé plusieurs tonnes de goudron (2 000 m² sur 60 cm
d’épaisseur)./© Pib La station de Métabief, la plus
tit amphithéâtre pour faire
grande du massif jurassien, a
classe dehors. Une autre façon
lancé un plan de transformation
de penser l’école. nier. Montant des opérations : ce mandat pour la rénovation
d’ici quinze ans pour faire face au
Les ouvriers ont décaissé les 2 1,2 million d’euros. « C’est un globale d’une cinquantaine de
changement climatique. Les étu-
000 m² de la cour sur 60 cm vrai choix politique qui est re- bâtiments municipaux, des des météorologiques font état
pour retirer le bitume, une gardé par d’autres villes », se écoles pour moitié. Lille d’une fin de viabilité de la neige en
fournaise en été. Un chantier réjouit Charlotte Brun. compte 79 écoles maternelles 2030 ou 2035. Le syndicat mixte
impressionnant. Il s’agit d’éva- et élémentaires. « Les travaux du Mont-d’Or (SMMO) a posé les
cuer plusieurs tonnes de gou- Accessibleauxhabitantsen derénovationénergétiquesont bases d’un plan sur quinze ans
dron pour faire place à des ma- dehorsdutempsscolaire très importants mais le défi est pour transformer le domaine skia-
tériaux capables de drainer « Une école, c’est une brique aussi de réintroduire de la na- ble en une station quatre saisons.
l’eau de pluie, tout en assurant de la ville durable », exprime ture en ville », exprime l’élue Une enveloppe de près de 13 mil-
un confort thermique. Des es- Audrey Linkenheld, première en insistant sur le bénéfice de lions d’euros, en partie subven-
pacespavésquiserontcomplé- adjointe en charge de la Tran- ces îlots de fraîcheur à l’échelle tionnée par l’État, le département
tés par un apport de pleine sition écologique. La ville de de chaque quartier. Des indi- du Doubs et la région Bourgogne-
terre sur un tiers de la cour. « Lille fait partie des dix sites pi- cateurs locaux devraient per- Franche-Comté va servir à investir
Cen’estpasdutoutunedémar- lote en France des Solutions mettre d’en mesurer l’impact dans « la montagne de demain ».
che décorative et cela ne sert fondées pour la nature dans le dans les prochaines années. Premier gros coup, la construction
pas que le rafraîchissement, cadre d’un projet de recherche Unedémarcheenvironnemen- d’une luge quatre saisons sur le
c’est aussi un support à un du Cerema (Centre d’études et tale et sociale car la ville sou- domaine, inaugurée cet été et qui
changement de pratiques au d’expertisesurlesrisques,l’en- haite, partout où c’est possible, a coûté quelque 4 millions d’eu-
sein de l’école à travers l’édu- vironnement, la mobilité et rendre les cours d’école acces- ros. Une valorisation de l’espace
cation à la biodiversité notam- l’aménagement) placé sous la sibles aux habitants en dehors naturel sensible est espérée. Côté
ment », explique Charlotte tutelle du ministère de la Tran- du temps scolaire. Une initia- sport, le renforcement du VTT ou
Brun, adjointe à l’éducation. sition écologique. tive d’autant plus pertinente l’entretien du célèbre tremplin de
Le plan de « débitumisation » La ville a prévu 70 millions après la canicule vécue cet été. Chaux-Neuve font aussi partie des
delavilleacommencél’ander- d’euros d’investissement sur Angélique Da Silva-Dubuis plans.
« Mettre l’environnement au
centre de nos politiques sanitaires »
Eloi Laurent, écono- cun compte, au sens propre, des
miste et chercheur à écosystèmes ou de la biodiversité.
l’Observatoire fran- Alors comment aller vers ce que
çais des conjonctures vous appelez un « Etat social-éco-
économiques logique » ?
Ils’agitderemettrelasantéaucœur
(OFCE), appelle à re- denospolitiquespubliques,àcom-
penser le lien entre la mencerparlespolitiqueséconomi-
ques,etl’environnementaucentre
prospérité économi- de nos politiques sanitaires. L’idée
que et la pleine santé. estdebâtirunEtatlibérédelacrois-
sance et visant la pleine santé, elle-
Pourquoi le 7 avril 2020 restera mêmegarantieparlasantédeséco-
une date clé dans l’urgence à re- systèmes. L’objectif n’est pas la
penser le lien entre notre santé, croissanceàoutrancemaislebien-
notre environnement et l’écono- être essentiel, qui est une forme de
mie ? sobriété.Carilestessentieldelere-
Ce jour-là, 4 milliards d’humains dire:labiodiversitéestunréservoir
sont confinés dans 100 pays pour de connaissances sur la vie en gé-
limiter la propagation mortelle de néral et la nôtre en particulier. La
la pandémie de Covid-19. Une ma- détruire, c’est une perte effroyable
ladiequi,rappelons-le,aétédéclen- d’intelligence et de rêve. L’espé-
chéeparladestructionmassivedes rance de vie et la pleine santé doi-
écosystèmes,enl’occurrenceladé- vent vraiment devenir nos bousso-
forestation et la marchandisation lescommunesdanscenouveausiè-
delabiodiversité.L’originedecette cle.
zoonose,enChine,àWuhan,surle
Il est l’auteur de Et si la santé guidait le monde, édition de poche, 2021.
marché d’animaux vivants, est un Mais comment améliorer cet indi-
fait établi. Elle prend sa place dans cateur de pleine santé, alors que
une série bien balisée : Ebola, le compris l’enchaînement infernal Pourquoi l’économie a-t-elle au- notre système de soins manque
Sras,leMers,etc.Ladestructiondu entre des systèmes économiques tant oublié l’importance de la de moyens ?
vivantmultiplielesmaladiesinfec- ensurproduction,desémissionsde santé humaine et celle des écosys- La politique du chiffre est incom-
tieuses qui reviennent nous frap- gazàeffetdeserrehorsdecontrôle, tèmes ? patibleaveclapolitiquedusoinhu-
per et se combiner aux maladies des températures qui s’élèvent et L’économie a paradoxalement du main comme avec la préservation
chroniques, dont une part crois- nos organismes qui souffrent. mal à se souvenir des disciplines de l’environnement... Malheureu-
santes’expliqueégalementpardes Quand on ressent la crise climati- quil’ontinfluencée.Etlamédecine sement, ces dernières décennies,
facteurs environnementaux quedanssachair,onprendtoutela l’afortementimprégnée.Nousgar- l’économieaentièrementcolonisé
comme la pollution de l’air. Nous mesure des chocs dons encore au- le système de soins. On «rationa-
détruisons notre santé en détrui- écologiques. Ces ca- Un jourd’hui une repré- lise»,ondemandeauxsoignantsde
sant notre environnement. En
2020, on a 9 millions de morts du
niculesontétéundé-
sastre mondial, avec
électrochoc sentation très orga-
niquedel’économie.
l’hôpital public de produire avant
tout du séjour, et non plus unique-
faitdelapollutiondel’airetdel’eau prèsde12000morts s’est On parle de crois- ment de prodiguer du soin. Pour-
et9millionsdemortsduCovid,soit en France et des in- véritablement sance,detauxdesur- tant, plus la médecine est attentive
15% de la mortalité mondiale. Le
Covid a tué à ce jour près de 20 mil-
cendiesextrêmesqui
se sont mués en ex-
produit vie des entreprises,
de crises, de dépres-
et préventive, moins elle sera dis-
pendieuse et coûteuse. Cela passe
lions de personnes et provoqué un périenceintimepour sion… Mais si le aussi par une véritable transition
reculhistoriquedudéveloppement descentainesdemilliersdeperson- monde du vivant est régi par sa fi- écologique qui atténue les risques
humain(revenu,santé,éducation). nes dont l’habitat et les terres ont nitude et sa fragilité, celui de l’éco- sociaux. C’est ce que j’appelle la
C’est vertigineux. été ravagés comme à la Teste-de- nomie, monde artificiel, se pense protectionsociale-écologique.Les
Buch(Gironde).Cestraumatismes sans fin. La croissance est une no- crises environnementales doivent
Comment la série de canicules es- nousfontréaliserencoredavantage tionempruntéeaumondevivantet nous permettre de repenser nos
tivales a renforcé ce constat ? combien notre santé, physique et àlabiologie,maislacroissanceéco- systèmes de santé pour les adapter
Unélectrochocs’estvéritablement psychologique,dépendétroitement nomiquecalculéeaumoyenduPro- au 21e siècle.
produit. Nous avons encore mieux de la santé de notre planète. duitintérieurbrut(PIB)netientau- Recueilli par Valérie Parlan
Ariège : à Pamiers, une épicerie sociale
itinérante pour les plus fragiles
L’épicerie sociale itiné- fruits, légumes) et des produits vendue à l’association Irisse,
d’hygiène. « Ensuite, on met tout moyennant une marge de 15 %.
rante, gérée par l’associa- au frigo dans des caisses jusqu’à Ces stocks-là sont à leur tour re-
tion Irisse, livre des pro- cet après-midi et on ira livrer les vendus à très bas prix aux clients
duits à petits prix aux produits directement chez cette del’épicerieitinérante.Unservice
personnes dans le besoin. dame », complète Marie. À 61 ans, qui bénéficie cette année à 210 fa-
elle est en contrat d’insertion de- millesdanscettezonerurale.ÀPa-
« Vous voulez des poires ? Six, al- puis peu dans l’association et sui- miers et sa couronne principale-
lez, c’est noté. Il vous faut du lait, vie par une conseillère. ment (Basse-Ariège), mais aussi
Madame ? » Via son casque télé- Dans la sous-préfecture de deplusenplusà Foixet à Saint-Gi-
phonique, Marie discute en direct l’Ariège, Pamiers, le taux de pau- rons deux fois par mois.
avec une personne âgée isolée et vreté est élevé : 22 %, soit 7 points Pour être éligible à ce service, il
se saisit des fruits, légumes et pro- de plus que la moyenne nationale. fautjustifierd’unresteàvivrecom-
duitssecscommandés.Auboutdu Dans la zone industrielle du Pic, Sur les étals, on trouve des pro- prisentre2et12€parjour.« Lepa-
fil se trouve une bénéficiaire de unepremièreépiceriesocialeaété duits à très bas prix./Clément Gassy nier moyen mensuel d’un bénéfi-
l’épiceriesocialeitinérante,gérée crééeen2016parl’associationHé- cap, pathologie, absence de per- ciaire se situe entre 25 et 30 € et
par l’association Irisse (Initiatives risson-Bellor.Cemagasinsolidaire mis, etc. équivaut à un panier de 100 € en
rurales pour l’insertion et la soli- vientenaideàdenombreusesper- En 2017, un projet complémen- grande surface », soit moins d’un
darité),baséeàPamiersenAriège. sonnes dans le besoin. Mais rapi- taired’épicerieitinéranteestdonc tiers du prix, détaille Céline Cara-
Surlesétals,ontrouvedesproduits dement, un constat s’est imposé. né. Une partie des denrées acqui- pinha, coordinatrice à Irisse. La li-
à très bas prix, Des plats préparés Certaines cumulent précarité et ses par Hérisson-Bellor (dons de vraison à domicile est de surcroît
à 1 €, de gros sacs de 5 kg de pâtes difficultésdemobilité.Lesraisons supermarché,Banquealimentaire peu onéreuse : 1 à 2 € par course.
à 4 €, mais aussi du frais (viande, sont diverses : âge avancé, handi- et achats en filière locale) est re- Clément Gassy
Le marais de Tasdon retrouve
sa vraie nature à La Rochelle

63 000 plantes aquatiques ont été installées dans le marais de Tasdon, à La Rochelle./Photo de Romuald Augé. «Sud Ouest»

Seize mois de tra- la mission : la renaturation.


Il faut dire que la zone humide
Puis il a fallu dessoucher les plan-
tes invasives qui avaient asphyxié
CO2 par an », explique Gérard
Blanchard qui pilote aussi le pro-
vaux dont 4 de s’était beaucoup appauvrie. Ces la biodiversité, comme ce fameux jet « La Rochelle Territoire Zéro
terrassement, 63 anciennes prairies et marais sa-
lantsexploitésdepuisleMoyen ge
baccharis, que les particuliers ai-
mentplanterdansleurjardinsans
Carbone ». Rendu à la nature, le
sitefaitdésormaisl’objetd’unsuivi
000 plantes auraientpudisparaîtredéfinitive- en connaître les méfaits. Pendant scientifique étroit en partenariat
ment.Coupésdelamer,ilsontété deux mois, une équipe de dix jar- avec l’Université de La Rochelle.
aquatiques instal- remblayés partiellement dans les dinierspaysagistesaplanté63000 Agnès Lanoëlle
lées, un coût de années 70 lors de la construction pieds d’iris, de joncs, carex et au-
du quartier voisin de Villeneuve- tres roselières qui favoriseront la Et ailleurs...
5,3 millions d’eu- les-Salines. nidification des batraciens et des PARC NATUREL DE LA MONTAGNE
ros….le marais de Puitsdecarbone
avocettes.
Le marais de Tasdon est égale-
DE REIMS
On éteint la lumière pour la
Tasdon a renoué Le chantier fut jugé ment appelé à
faune nocturne
avec l’eau et la horsnormeetparmi L’un des plus devenir l’un des
les plus gros projets
gros projets principauxpuits Pour permettre aux espèces nocturnes
biodiversité. environnementaux de carbone du de se déplacer, se nourrir et se repro-
engagés en France. environnement territoire. « À duire, une vingtaine de communes
situées dans le parc naturel de la
Pendant près de deux ans, entre Trois années d’étu- aux engagés en l’échelledel’Ag- Montagne de Reims ont décidé de
2019 et 2020, les Rochelais ont vu
se modeler le marais de Tasdon,
des hydrauliques et
paysagères ont été
France glomération de
La Rochelle,
réduire, voire de couper leur éclairage
public une partie de la nuit. C’est ce
vaste zone de canaux et de prai- nécessaires. Pen- nous émettons qu’on appelle une trame noire. Comme
leur version verte et bleue, le principe
ries, à moins de deux kilomètres dantplusieursmois,lestractopel- actuellement 1,9 million de ton- est de créer des corridors, ici sans
du centre-ville. Il aura fallu seize lesontdéblayé150000mètrescu- nes de CO2 par an, toutes activi- lumière artificielle, pour que chouettes,
mois de travaux dont deux de ter- bes de remblais calcaires, remo- tés et énergies confondues. Notre crapauds et autres papillons de nuit
rassement, 63 000 plantes aqua- delés des bosses et créer un objectif est d’abaisser ces émis- puissent vivre leur vie sans entrave
humaine. D’abord sceptiques, les mai-
tiques installées et un budget de nouveauréseauhydrauliquepour sions à 500 000 tonnes de CO2 en res ont adopté rapidement cette
5,3millionsd’eurospourtransfor- permettre à l’eau saumâtre de re- 2040. Or, toutes les zones humi- mesure à la fois écologique et écono-
mer cet espace naturel qui avait venir aux espèces animales de se desdel’Agglomérationsontcapa- mique. Les craintes liées à la sécurité
perdu de sa superbe. Objectif de réinstaller. blesd’absorber160000tonnesde ont été rapidement balayées.
Les Cigaliers de Metz donnent
du sens à leurs économies

Suzanne est apaisée dans ce nouvel environnement qui préserve son indépendance./Laurent Theillet

Chaque mois, ils elle fabrique du pain au levain l’épargne solidaire », en France. «L’argentestunmoyen,pasune
qu’ellecuitaufouràboisetvend En 2023, le réseau fêtera ses fin. L’aspect rencontre est très
épargnent environ en direct trois fois par semaine. quaranteans.Leprincipe?Cha- important », insiste la co-prési-
20 €, chacun, pour Elle approvisionne également que mois, ses membres versent, dente de la Fédération des Ciga-
soutenir des projets deuxrestaurateursmessins,une en moyenne, 20 € dans une ca- les en France. La boulangère de
locaux. plateforme de circuit court Lo- gnotte commune. La somme Lorry-Mardigny confirme. «
cavore, des ca- collectée permet Dans ce club, j’ai rencontré des
siers fermiers et « L’argent est de financer un prêt gens sensibles à l’écologie, à
Cinquante kilomètres pour un supermarché un moyen, pas à taux zéro, rem- l’humain et sans préjugés à
acheter sa farine et son beurre.
Vingt de plus, pour les œufs. «
coopératif,
Graoucoop,basé,
une fin. boursable sous
trois ans, ou de
l’égard de mon projet contraire-
ment à certains banquiers qui
Je ne suis pas une boulangerie lui aussi, à Metz. L’aspect prendre une part trouvaient mon projet “trop pe-
conventionnelle mais durable « Ce qui nous a rencontre est au capital. tit” et “sans ambition finan-
», sourit Manon Petit. Venue plu, c’est la per- très important » Pour Manon Petit, cière”.»Avec10000€encaisse,
s’installer en 2019 avec sa fa- sonnalité de Ma- le club de Metz a le club Cigales de Metz cherche
mille, à Lorry-Mardigny, un vil- non,savisiontrès débloqué 3452 €, régulièrementdesprojetsàsou-
lage de 650 habitants situé à organisée et son envie de tra- montant du tubage de son four tenir. Une marque messine de
vingt-cinq minutes au sud de vailler moins, mais dans la qua- à pain. « Pour aider un projet, il polos fabriqués à partir de bou-
Metz, l’ancienne ergothéra- lité », défend Ludovic Cousin, faut qu’il nous plaise », insiste teillesplastiquesetunecréatrice
peute a ouvert en septembre membredepuistroisansduclub Marie-Pierre Sangnier devenue de boucles d’oreille à partir de
une boulangerie, Le Fournil de Cigales de Metz, l’un des 200 « cigalière « pour donner de l’uti- chutes de bois pourraient être
Manon, dans une partie de sa clubsd’investissementpourune lité à son argent et contribuer à les prochains.
maison. Du lundi au vendredi, gestion alternative et locale de quelque chose de local ». Gaël Calvez
Gironde : un habitat partagé
pour mieux vieillir
Depuis juillet partenaires de vie. Chaque soir,
elle descend au salon. On y trouve
2022, neuf retrai- une bibliothèque avec de nom-
breuxlivresetaussidesjeuxdeso-
tés partagent leur ciété.Maispasdetélévision.« C’est
quotidien dans La leur choix, relate Florence. Ils ne
voulaient pas que ça empêche les
Maison de l’Artolie discussionsouqueçaembêteceux
à Lestiac-sur-Ga- qui voulaient jouer. »
Ladécorationdespiècespartagées
ronne (Gironde). est aussi collégiale avec des meu-
bles ramenés par les uns et les au-
tres. « On va ajouter d’autres ta-
C’est Paulette qui nous accueille bleaux, mais il faut d’abord qu’on
depuis son balcon au premier se mette d’accord, rit Michel. On
étage de La Maison de l’Artolie. La n’a pas tous les mêmes goûts. »
doyenne est aussi la dernière arri- Il le reconnaît : « il y a parfois des
vée, elle a donc pris le studio qui désaccords,maisoncommunique
restait.« Maintenanttoutlemonde beaucoup,iln’yapasdenon-dits ».
m’envie !Ilsn’avaientqu’àlechoi- Alors qu’il vient juste de se faire
sir en premier », lance la mali- opérer de la hanche, l’octogénaire
cieuse nonagénaire. saitqu’ilpeutcomptersursesamis.
Elle a rejoint la maison partagée « Ilsmepréparentmonplateau-re-
lancée par l’association Habitats pas et font même ma vaisselle. »
despossiblesaprèsavoirperdusu- C’est ce que les membres de l’as-
bitement son mari. « Je vivais près sociation avaient espéré : la soli-
de ses enfants, c’était dur de res- darité pallie les pertes d’autono-
ter, ce n’était plus pareil. Quand mies ponctuelles et permet le
Suzanne est apaisée dans ce nouvel environnement qui préserve son indé-
mon fils, qui habite Paillet, m’a pendance./Laurent Theillet maintienàdomicile.Sil’undesha-
parlédeceprojetàLestiac-sur-Ga- bitantsvenaitàdevenirdépendant
ronne (à moins de 2 kilomètres), âgésde62à91ans,ontemménagé table pour manger dans son stu- plus durablement, Florence De-
j’ai trouvé que c’était une bonne à Lestiac-sur-Garonne. Chaque dio, la plupart des habitants choi- lisle-Errard insiste : « Ce n’est pas
solution ». mois, ils paient un loyer à l’asso- sissent de partager leurs repas du une maison de retraite, ils sont
L’idée de l’association est simple : ciation qui gère la maison pour le mididanslasalleàmanger.« C’est chezeux,c’estunbaildedroitcom-
proposer à des retraités un lieu de compte de la commune. convivial, sourit Suzanne. On dis- mun. Nous ne sommes là qu’en
vie commun avec des parties pri- cute, on échange ». soutien,nousneprendronspasde
vatives(chambre,kitchenette,salle Unesolidaritéauquotidien La coquette septuagénaire ne re- décision à leur place. En ce mo-
d’eau). L’objectif est de préserver Depuistroismois,Pauletteatrouvé grette pas son changement de vie. ment, il y a un couple dont
l’autonomie et le maintien à domi- une « deuxième fa- « Je ne me considé- l’homme est devenu assez dépen-
cile, tout en offrant un quotidien mille ».Sesjournées « C’est rais pas assez âgée dant et sa compagne endosse le
partagé avec d’autres personnes.
Si les locaux appartiennent à la
sont bien remplies
grâceautricot.« Re-
convivial, pour aller dans une
maisonderetraiteet
rôled’aidante.Onessayedelasou-
tenir,deluiproposerdessolutions,
commune et les travaux ont, en gardez, je peux le sourit Suzanne. ça aurait été difficile mais elle a complètement le droit
partie,étéfinancésparleDéparte- faire, sans regarder. On discute, on financièrement. Je de refuser. »
ment, La Maison de l’Artolie a été
imaginéeparseshabitantsactuels.
Tout le monde ici
m’en demande. »
échange » souhaitais prendre
une décision pour
Dans quelques jours, les habitants
de la Maison de l’Artolie auront de
« Leprojetaétélancéen2017.Cer- Ses partenaires de ne pas que mes en- lavisite :ungroupederetraitésin-
tains sont là depuis le début, d’au- vie lui rendent bien. « Ils passent fants soient obligés de le faire à un téresséspourvivredelamêmema-
tresnous ont rejoint aufuret à me- me voir tous les jours, je suis leur moment donné. Je vivais dans un nière viendra échanger avec eux.
sure.Ilsontbeaucoupéchangésur mamie à tous. Et si je ne descends immeuble dortoir, je ne connais- Convaincue de l’avenir de ces co-
leurs besoins, leurs envies pour pas quand il y a des repas com- sais pas mes voisins. Ce lien me habitations inédites, l’association
cohabiter au mieux », explique la muns, je me fais disputer ! Je vis manquait, il n’y avait pas d’affini- Habitats des possibles porte qua-
fondatrice de l’association Flo- comme une princesse ici », con- tés. » tre autres projets similaires en Gi-
rence Delisle-Errard. fie-t-elle avec tendresse. Aujourd’hui elle profite de chaque ronde et dans le Lot-et-Garonne.
En juillet 2022, les neuf habitants, Sichacunadequoicuisineretune moment pour échanger avec ses Emma Gouaille
Des « biens en commun » dans
les résidences étudiantes à Lyon

Yann Lemoine devant les casiers d’une résidence de Lyon 7e./David Tapissier

Grâce à des casiers


alternative désirable à la notion La problématique dans les pre- à fond pour des résidences exis-
connectés, Yann Le- depropriétédeséquipementsdu mières résidences que nous tantes dans toute la France, car
moine permet aux quotidien », explique le fonda- avonséquipées,c’estquelesétu- notreenjeuestd’enéquiperquel-
étudiants qui le sou- teur. Plutôt qu’acheter et s’en- diants étaient installés et possé- ques-unes de plus avant d’aller
haitent de mutualiser combrer d’un matériel que l’on daient déjà des biens. Pour au- voir des investisseurs en 2023.
utilise très rarement, pourquoi tant, nous propo- Là,onadestouches
des appareils domes- ne pas le louer en cas de besoin sons par exemple
tiques pour quelques ou d’envie ? C’est ce que propose un extracteur de
L’objectif : avecHECàParisou
le Crous à Greno-
euros. Les Biens en commun : des ca- jus, un défroisseur trouver des ble, et même une
sierscontenantaspirateurs,four, vapeur ou un rétro- investisseurs régienousacontac-
Deuxrésidencesétudiantesdans jeux de société, vidéoprojecteur projecteur, qu’ils tés pour une grosse
le 3e arrondissement de Lyon, un ou caisse à outils... que l’on ré- découvrent et déci-
en 2023. copropriété.»
bâtiment de l’EM Lyon à Écully, serve puis que l’on retire moyen- dent d’utiliser. Et, Aveccommeobjec-
puis à nouveau une résidence à nant des tarifs dès un euro de au fur et à mesure, tif le développe-
Lyon 7e... Yann Lemoine, qui a l’heure. » l’offre crée le be- ment d’une appli-
créé Les Biens en commun en soin. » cation propre sur smartphone,
2021, installe progressivement «Unealternativeàlanotionde indispensablepourfédérerl’éco-
ses casiers. Des tests, encore des propriétédeséquipementsdu Objectifappli nomie traditionnelle avec l’éco-
tests pour éprouver un système quotidien» L’année 2022 devait être l’année nomie sociale et solidaire. Un
auquel il croit : la location de Après un démarrage difficile lié de la consolidation, du dévelop- passage obligatoire pour espé-
courte durée d’appareils domes- au Covid-19, les étudiants com- pementd’unedizainederésiden- rer une transformation du mode
tiques au sein d’un bâtiment. mencent à s’habituer à ce nou- ces. « Actuellement, ça marche de vie en profondeur.
« Mon but, c’est de proposer une veau mode de consommation. « sur Lyon. Du coup, on prospecte David Tapissier
En Bretagne, Distro prolonge
la vie des bouteilles de verre
Autrefois répandue teille sur son lieu d’achat. Dis-
tro se charge ensuite de trier et
en France, la consi- regrouper les retours chez le
gne du verre a dis- producteur,chezledistributeur
ou chez un intermédiaire par-
paru dans les années tenaire (grossiste, centrale
80. Des associations d’achat). Elle envoie enfin les
et coopératives ten- lots mutualisés pour lavage, sur
les chaînes de la société Mahé,
tent aujourd’hui de à Pleubian (22), avant de reven-
la relancer. dre les bouteilles propres aux
producteurs locaux.

D’abord lancée sous forme as- L’enjeudelaconsigne


sociative en 2015, Distro Pour que le réemploi de verre
(comme « retour », en breton) décolle, Distro ambitionne «
estdevenuesociétécoopérative d’articuler tous les maillons de
d’intérêt collectif en juin 2022. la chaîne ». Il faudra déjà que les
Son objectif : organiser au lignes de production bretonnes
mieux le circuit des bouteilles s’adaptent au réemploi. « Il y a
en verre en Bretagne, afin d’op- des process industriels à revoir,
timiser leur réutilisation. La ça ne se fera pas en un jour »,
coopérative comprend au- mentionne Clément Bedbeder
jourd’hui 40 associés, dont 20 (brasseriedeBretagne).Lecon-
entreprises et deux collectivi- sommateur tient bien entendu,
tés.Onytrouvedesproducteurs lui aussi, une place essentielle.
(brasseurs, cidriers), des distri- « La consigne (montant de 0,20
buteursouopérateurs(Biocoop, à 0,60 €, inclus dans le prix
Les bouteilles sont envoyées pour lavage, sur les chaînes de la société
Cozigou, Mahé Distribution), Mahé, à Pleubian (22)./Lionel Le Saux d’achat et restitué après retour
des acteurs publics (Douarne- de l’emballage) reste la
nez communauté, Rennes Mé- une bouteille réemployée et elle, resservir jusqu’à vingt fois. meilleureincitationpourlepar-
tropole) et du soutien privé. consignée nécessitera, elle, Il n’y a pas photo !», rappelle le ticulier », rappelle le brasseur
quatre fois moins d’énergie et président et responsable déve- OlivierLallemand.Elleacepen-
Réemployern’estpas produira 80 % d’effet de serre loppement Antoine Clapier. dant un effet pervers pour les
recycler en moins », a analysé Distro. producteurs et distributeurs, «
En jetant leurs bouteilles dans Unchoix«debonsens» actuellement trop souvent per-
lesbennesdetrisélectif,lescon- Desbouteillesvidesdeuxfois Actuellement, Distro teste sa dants lorsque la consigne n’est
sommateurs bretons produi- pluschères méthode auprès des produc- pas restituée », note encore le
sent les trois quarts des 160 000 « La loi anti-gas- teurs, distribu- professionnel. « Les montants,
tonnes de déchets de verre mé- pillage et écono- Le teurs, opérateurs plafonnés par le décret de 2001,
nagers annuels de la région.
Danslemeilleurdescas,cesdé-
mie circulaire de
février 2020, asso-
consommateur déjà et consommateurs
entrés dans le
ont clairement besoin d’être ré-
évalués par le législateur pour
chets vont être mélangés avec ciée à la prise de ramène sa réseau, à l’image encourager la filière ».
du sable et refondus, à 1500 °C conscience autour bouteille sur du réseau des ca-
pendant 24 heures, pour pro- dudéveloppement son lieu d’achat. fés-restaurants, «Besoindepartenaires»
duire de nouvelles bouteilles. « durable, ont déjà déjà habitués au Les capacités de lavage sont là.
Le reste finit bien souvent en contribué à mettre système. « Le ré- « Ce dont on a besoin au-
laine de verre pour l’isolation », le réemploi au centre du jeu », emploi est un choix de bon sens jourd’hui, ce sont de nouveaux
précise le membre fondateur note la coopérative. L’envolée et de proximité », insistent les partenaires ! » termine la coo-
Olivier Lallemand (brasserie du des coûts de l’énergie, depuis partenaires. Le circuit est tou- pérative, qui en appelle « à tous
Bout du Monde). Un recyclage janvier 2022, ne fait qu’accroî- jours le même . Le consomma- les citoyens, entreprises et col-
coûteux (35 € par tonne) et pas tre la tendance. « Le prix d’une teur achète une boisson portant lectivités intéressés par l’aven-
si durable, au vu de la matière bouteille en verre neuve a aug- un pictogramme « Rapportez- ture Distro ». (sur wwww.dis-
première et de l’énergie qu’il menté de 40 à 50 %. Et bien en- moipourréemploi».Aprèscon- tro.bzh/souscription)
suppose. « En comparaison, cadrée,labouteilleusagéepeut, sommation, il ramène sa bou- Sophie Prévost

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