A- La politique de relance
- Elle est d'inspiration keynésienne mais aujourd'hui elle n’est plus prisée par les
gouvernements.
Les mesures prises par l'État interventionniste afin de relancer la demande effective, cause de
la crise : déficit budgétaire, relèvement des bas revenus, hausse des prestations sociales, baisse
des taux d'intérêt, création d'emplois publics, visent à relancer la demande effective et à
provoquer ainsi une augmentation de l'offre. Les dépenses publiques sont susceptibles de
provoquer un accroissement plus que proportionnel de la production nationale grâce à un effet
multiplicateur. De cette façon, la croissance du PIB doit être stimulée, et le taux de chômage
abaissé.
*Mais la politique de relance entraîne des effets pervers qui expliquent qu'elle ait été
abandonnée :
- Une économie ouverte et trop fortement dépendante de ses échanges extérieurs voit sa balance
des paiements courants se dégrader, et cela d'autant plus si, comme ce fut le cas en 1981, une
politique économique de rigueur est adoptée dans l'ensemble des autres économies.
-Si le taux d'utilisation des capacités de production est trop élevé, l'offre ne peut pas augmenter
à court terme. Cela engendre un regain d'inflation sans accroissement notable du PIB.
B- La politique de rigueur
-La recherche d'un équilibre budgétaire, une politique de crédit restrictive, une politique de
ralentissement de la croissance des revenus doivent restreindre la croissance de la demande. De
cette façon, il est possible d'éviter le désajustement de la demande par rapport à l'offre.
L'inflation recule (désinflation) et les comptes extérieurs peuvent s'améliorer.
- Mais la politique de rigueur peut induire une récession de la demande en pesant principalement
sur la consommation. Cela tend alors à accroître le chômage.
Depuis le début des années 80, la politique conjoncturelle semble en partie abandonnée au profit
d'une nouvelle gestion restrictive de l'économie. Celle-ci consiste en la lutte contre l'inflation
par la hausse des taux d'intérêt, la recherche de l'équilibre budgétaire et la modération de la
demande. L'objectif est aussi de restaurer les profits au détriment des salaires.
Cette politique restrictive de stabilité des prix est proche de l'ancienne politique conjoncturelle
de rigueur, mais elle s'en distingue par quatre points principaux :
-elle cherche à diminuer les impôts alors que l'ancienne politique de rigueur les visait à les
augmenter ;
-elle est d'inspiration libérale alors que les politiques de régulation par la demande (politiques
de relance et de rigueur traditionnelles) sont d'inspiration keynésienne.
-La première politique mixte est apparue aux Etats-Unis au début des années 80 sous la
présidence républicaine de R. REAGAN :
Le déficit budgétaire, qui devait se réduire, s'est considérablement accru. Il s'en est suivi une
relance keynésienne fortuite, avec comme résultats la désinflation et la reprise de la croissance.
-Une nouvelle politique mixte a été adoptée pour faire face à la récession des années 90 :
L'arrivée au pouvoir de Bill Clinton, en 1992, montre que la présidence démocrate a été amenée
elle aussi à adopter une politique mixte, avec des priorités inversées. L'Etat américain a en effet
depuis assoupli sa politique monétaire et accompli un effort de rigueur budgétaire. Cela a été
rendu possible par la maîtrise de l'inflation et par la disparition des tensions Est-Ouest. Il en a
résulté une croissance soutenue depuis 1992, créatrice d'emplois et sans dérapage inflationniste.
L'Europe a encore comme objectif principal la stabilité des prix. À cette fin, la plupart des pays
de l'Union européenne optent pour la rigueur budgétaire et ne diminuent les taux d'intérêt que
dans la mesure où cela ne nuit pas à la valeur interne et externe de la monnaie.
LA POLITIQUE MONÉTAIRE
La politique monétaire est l'ensemble des mesures prises par l’Etat et les autorités monétaires
pour réguler le crédit et la masse monétaire.
- Elle consiste a déterminé autoritairement la croissance de l’encours de crédits que les banques
peuvent accordées (en général d’une année sur l’autre).
L’encadrement du crédit frappe indifféremment toutes les catégories du crédit, quels que soient
leurs enjeux.
Selon les objectifs que se donnent les pouvoirs publics, ils font peser les restrictions sur des
catégories différentes de crédits (consommation, investissement, exportation).
*Non conforme au libéralisme économique qui s’est développé depuis le début des années 80,
l’intervention directe sur le crédit est abandonnée.
- En influençant la fixation des taux d'intérêt, on agit sur la demande de crédit, et donc sur le
volume des crédits. En effet le volume des crédits varie inversement aux taux d’intérêt.
- En agissant sur le volume des liquidités bancaires, on agit sur l'offre de crédit des banques.
Pour se refinancer en liquidités, une banque peut réescompter des effets commerce avant
échéance auprès de la banque centrale. La banque paie un intérêt, l'escompte, déterminé par le
taux de réescompte fixé par la banque centrale L'importance du taux de réescompte se répercute
sur les taux d’intérêt pratiqués par les banques.
L'intervention sur le marché monétaire (ou politique d'open market) est la politique monétaire
la plus utilise actuellement.
Les deux compartiments du marché monétaire sont concernés : le marché interbancaire, sur
lequel se rencontrent l'offre et la demande de liquidités des banques, et le marché monétaire,
sur lequel banques mais aussi entreprises et États échangent des titres à court terme. La banque
centrale peut intervenir en ponctionnant ou en injectant des liquidités, elle fait ainsi monter ou
descendre le taux d'intérêt, facilitant ou entravant le refinancement des banques par conséquent
le crédit.
-La baisse des taux d'intérêt permet d'encourager la demande et l'investissement en facilitant
l'accès au crédit. Un effet de levier stimule la croissance économique et le retour au plein
emploi.
-Mais cette lutte contre l'inflation peut freiner la croissance et renforcer le chômage.
L'augmentation des taux d'intérêt peut limiter l'investissement, ou bien accroître les coûts de
production et donc les prix pratiqués par les entreprises qui investissent.
B- Le choix du niveau des taux d'intérêt nationaux n'est pas indépendant
- Une économie ne peut pas pratiquer, indépendamment des autres, une baisse de ses taux
d'intérêt, car elle craint de provoquer une fuite des capitaux.
- Les capitaux flottants cherchent à se placer là où les taux sont les plus rémunérateurs. Cela est
d'autant plus grave lorsque l'économie cherche à financer un déficit budgétaire par l'emprunt.
Lorsqu'elle se produit, la fuite des capitaux détériore la balance des paiements, ce qui tend à
diminuer le taux de change. Cette baisse peut à son tour dégrader le solde commercial
Le choix d'une politique monétaire est rendu difficile par la présence d'exigences
contradictoires qui nécessitent souvent un arbitrage entre croissance et inflation.
LA POLITIQUE BUDGETAIRE
La politique budgétaire est l'ensemble des mesures qui déterminent le budget de l’Etat, c'est-à-
dire aussi bien son montant que sa structure ou son solde. Le but est de contribuer à la réalisation
d'équilibres macro-économiques.
La structure du budget :
- Le budget et l'impôt :
- En cas de récession, l'État peut recourir à un déficit budgétaire. Il accroît ses dépenses sans
augmenter ses recettes, ce qui accroît la demande publique sans réduire la demande privée. Il
pallie partiellement l'insuffisance des investissements privés en investissant lui-même.
- Le déficit est ponctuel, il doit être couvert ex post par le surcroît de recettes que la croissance,
qu'il aura contribué à relancer, doit assurer.
-L'accroissement autonome des dépenses budgétaires, sans que les recettes ne s'accroissent,
induit une augmentation plus que proportionnelle de la production nationale.
-L'accroissement des dépenses budgétaires accroît la demande, qui accroît la production. Cela
induit une distribution de revenus supplémentaires qui, utilisés à raison de la propension
marginale à consommer, donnent lieu à une production supplémentaire, etc.
-L'économie ouverte réduit l'effet multiplicateur, en raison d'une plus grande contrainte
extérieure. Ainsi un solde budgétaire déficitaire risque de détériorer la balance commerciale.
- Un effet d'éviction se produit pour financer le déficit, car l'État draine de l'épargne qui est
évincée du financement de l'économie privée.
- Le recours au crédit, pour financer le déficit, entraîne un surcroît d'inflation par le mécanisme
de la création monétaire.
Au-delà d'un certain seuil, le taux d'imposition a un effet dissuasif ; il encourage l'évasion
fiscale, la fraude fiscale, et provoque une désincitation au travail.
Ainsi, passé ce seuil, les recettes fiscales diminuent, comme le montre la courbe de Laffer : il
faut donc réduire la pression fiscale afin de relancer le travail et la production.
Dans un contexte de crise, la marge de manœuvre budgétaire est limitée. En effet, les recettes
budgétaires sont rigides à la hausse, tandis que les dépenses budgétaires sont rigides à la baisse.
LA POLITIQUE DES TAUX DE CHANGE
Le marché des changes réalise les opérations de change, qui définissent le prix d'une devise en
monnaie nationale (taux de change).
La politique des taux de change est l'ensemble des mesures prises par l'État dans le but de faire
varier le taux de change, pour faciliter la réalisation des objectifs d'équilibres macro-
économiques. Elle nécessite l'achat ou/et la vente de devises et de monnaie nationale sur le
marché des changes.
Une baisse du taux de change a pour objectif de contrecarrer le déficit commercial : grâce à une
dévaluation (dans le cadre d'un système de parités fixes comme le SME) ou à une dépréciation
(dans le cadre d'un système de taux de change flottants comme le SMI), les prix des exportations
sont réduits, tandis que ceux des importations sont plus élevés. Cet effet prix qu'induit la baisse
du taux de change tend à provoquer un effet volume en augmentant les quantités exportées et
en réduisant les quantités importées. L'excédent de la balance commerciale augmente, ou son
déficit se réduit.
*La politique de baisse du taux de change induit ainsi un surcroît de compétitivité-prix qui
devrait favoriser la croissance et donc l'emploi. Cela peut déclencher un effet multiplicateur du
commerce extérieur. Il est tout de même nécessaire que l'ampleur de la baisse du taux de change
soit suffisante pour induire ce type d'effet.
La "courbe en J" :
L'incidence d'une baisse du taux de change sur le solde commercial supposé déficitaire se
produit en deux temps.
À court terme le solde se dégrade, car le volume des importations ne diminue pas
automatiquement, en raison des délais d'adaptation de l'appareil productif.
Quant aux exportations, il faut que les clients étrangers aient le temps de prendre la décision
d'augmenter le volume de leurs commandes. L'économie doit supporter une dégradation
prévisible du commerce extérieur. Puis le redressement du solde se produit avec un temps de
retard. Ainsi le solde commercial dessine-t-il une courbe en forme de J.
- La baisse du taux de change peut ne pas suffire à compenser l'existence d'un différentiel
d'inflation défavorable avec ses partenaires, ou l'existence d'une mauvaise compétitivité
(compétitivité-prix ou structurelle) -L'augmentation des prix des importations provoque de
l'inflation importée et réduit à nouveau la compétitivité.
Certaines importations ne sont pas substituables et sont donc incompressibles (pétrole par
exemple), de plus les exportations peuvent être inélastiques par rapport au taux de change. Le
solde de la balance commerciale peut donc se dégrader durablement au lieu de s'améliorer à la
suite de la baisse du taux de change.
-Grace à la baisse du prix des produits importés qu'elle induit, elle a des effets désinflationnistes
et tend à améliorer le pouvoir d'achat des ménages.
-Elle permet de maintenir ou de restaurer la confiance dans la monnaie nationale, ce qui lui
confère une réputation solide sur les marchés.
B-… mais impose d'autres conditions qu'une politique des taux de change
*L'erreur est de croire que le taux de change détermine la situation du commerce extérieur, alors
que c'est en réalité la balance commerciale et la balance des paiements qui déterminent le taux
de change. Le taux de change n'améliore pas la compétitivité d'un pays, mais c'est lorsque le
pays est compétitif que son taux de change est élevé.
Dans le contexte de mondialisation, la maîtrise des taux de change échappe en partie aux
prérogatives de la politique économique nationale et nécessite une plus grande concertation
internationale.
LA POLITIQUE DE L'EMPLOI
La politique de l’emploi est l’ensemble des mesures prises par l’Etat à propos du marché du
travail et de son fonctionnement, pour réduire le chômage et le rendre plus tolérable.
-Elles ont une influence sur le niveau de l’emploi en facilitant l'augmentation de la demande de
travail, ainsi qu'en assurant un meilleur fonctionnement du marché du travail pour laser
l'ajustement entre l'offre et la demande de travail.
-Elles favorisent la création d'emplois, elles accroissent le niveau de la demande de travail grâce
à des exonérations ou à des réductions d'impôts et de cotisations sociales qui réduisent les couts
salariaux. Elles adoptent des mesures réglementaires qui améliorent la flexibilité nécessaire à
l'emploi.
-Elles améliorent l'ajustement entre l'offre et la demande de travail, grâce à des mesures
améliorant la formation et la qualification des actifs, afin d'accroitre leur employabilité.
Il serait inefficace et couteux d'opter pour des mesures indifférenciées quelle que soit la
catégorie d'actifs. Les efforts doivent peser sur les catégories les plus touchées.
-Les situations des chômeurs sont diverses, il importe de proposer des formules de plus en plus
différenciées.
-On a pu remarquer que certains stages de qualification ne sont pas toujours suivis par les
chômeurs auxquels ils sont pourtant destinés, parce que ceux-ci ne maîtrisent pas des savoir-
faire ou des connaissances élémentaires (les illettrés par exemple).
-Les politiques d'emploi renforcent la concurrence entre différents groupes d'actifs. Les
entreprises sont encouragées à embaucher, même par des contrats de courte durée, des
chômeurs qui bénéficient d'un traitement social et dont le coût salarial est plus faible. Cela
défavorise d'autres actifs vulnérables et peu employables qui ne bénéficient pas de telles
mesures. Le chômage se reporte sur eux par un effet de substitution.
-Elles peuvent inversement conduire à une discrimination. Les chômeurs qui bénéficient d'un
traitement social peuvent être dévalorisés et marginalisés aux yeux des employeurs qui ne les
embauchent pas. Leur sentiment est que s'ils bénéficient de tels avantages, c'est en raison de
leurs compétences et de leur productivité moindres.
*Un effet d'aubaine :
Les employeurs bénéficient d'avantages offerts par l'Etat lorsqu'ils créent des emplois dont
certains avaient été créés quelle que soit l'attitude des pouvoirs publics.
-Cela peut empêcher les mutations structurelles. L'activité de branches en déclin peut être
artificiellement prolongée, en compensant leurs difficultés structurelles par la réduction du coût
de la main-d’œuvre. Ainsi les désinvestissements et le passage de la main-d’œuvre d'une
branche en déclin à une branche dynamique ne se produisent pas.
Afin de faire face à la concurrence extérieure, il est nécessaire que la productivité horaire
continue d'augmenter. Pour créer des emplois, il faut compenser sans de productivité par une
reprise de la croissance du PIB, mais aussi par une réduction de la durée du temps de travail.