Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .
http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
.
JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of
content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms
of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org.
Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to
Ethnologie française.
http://www.jstor.org
2. Hiéroglyphesau bas d'une stèle.Stèlesdu NouvelEmpire,P. Lacau, Catalogue généraldu Musée du Caire. PhotoC.N.R.S.
pourpeu que nous y soyonsattentifs, et par intros- rythme, etc., ainsique l'absencedes éléments indivi-
pection,que nousavonsdes activitésmentales, rêve- duelsexpressifs de la parole,ceuxqui signalent incons-
ries,projets,prévisions de comportement, qui ne sont ciemment ou nonle rapport affectifentrel'émetteur et
pas accompagnés de langageintérieur. On peutobser- son énoncé,voireentrel'émetteur et le récepteur. Il
vermême,avec unpeu d'attention, qu'on peutparler généralisecetteobservation, etpose que touthomme
de quelquechose,etmêmeen public,touten pensant qui s'exprimeparécritdoit,d'une manièreou d'une
d'autreschosesnonverbalisées(Jean,1961). autre,suppléerà cetteabsencede la situation parla
Curieusement, la différence crucialeentrelangue réintroduction de beaucoupd'élémentsde cettesitua-
oraleet langueécritene sembleavoirétéperçueque tion,qu'il est contraint d'évoquerpourrendreinter-
trèstardivement.Michel Bréal (1897) notait,et prétable sonmessageécrit.«Le faitimportant, conclut-
presqueen passant,que l' intercompréhension était il, qu'il doit recréerles situations, suggèrequ'une
finalement toujoursassuréedans la communication partienotablede l'activitéde l'écrivainest consa-
oraleparceque le locuteur etl'auditeurétaientfaceà crée à des descriptionset à des présentations des
face et disposaient, le
pourinterpréter message, de situations. » (qui explicitent les messages) (Martinet,
tousles élémentsde situation nécessaires.En 1928, 1962,pp. 123-128).
Blinkenberg (3e éd. , 1969)écrivaitque « les énoncés A ma connaissance,peu de linguistesontcentré
(écrits)évoluent versuneindépendance vis-à-vis de la leuranalysesurces formulations proprement théo-
Situation,trèssensible même si elle n'estpas totale aux riques, lorsqu'ils ont étudié, d'un point de vue essen-
niveauxlesplusélevésde la démarcheintellectuelle ». tiellement pédagogique,les différences entrel'oralet
Maiscettevuetrèsneuve,commecellede Gardiner en
1951,restait centrée à l'opposéde nospréoccupations
actuelles: surla recherche desénoncésproprement lin-
guistiques, qui étaient alors le matériau premier de
touteanalysestructurale. En 1961,Cosériurenverse
pourainsi direces observations jusqu'alors margi-
nales,etsouligne,lui,que la langueécritene dispose
pas de certainsentornos (environnements) ou qu'elle
ne les récupèreque trèsincomplètement, et «c'est
pourquoisouligne-t-il, dans la mesure où elle en a
besoin,elle doit les créerpar l'intermédiairedu
contexte verbal» (Cosériu,1961,p. 21).
A la mêmedate(conférence d'Oxford, 1961),André
Martinet(1962) définitexhaustivement cettediffé-
rencefondamentale entrelangueoraleetlangueécri-
te.Beaucoupde traits inhérents auxénoncésoraux,dit-
il, ne sont pas notés par les énoncés écrits. Par
conséquent, l'émetteur qui écritau lieude parlerdoit
prendre en compteou essayerde prendre en compte
de la situation
les traits qui concernent le message,car
le lecteurseradansunesituation souvent trèsdifférente
de cellequi auraitéclairéce messagepourunauditeur.
Dans la communication écrite, Martinet soulignequ'il
va falloircompenser l'absencedes élémentssegmen- 3. Objetsumérienen terrecuite(XXVIesiècleav. J.-C). Recueil
tauxde l'énoncé,l'intonation, l'accent,le débit,le de tabletteschaldéennes,Paris, 1903.