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Simulation du fonctionnement des échangeurs thermiques soumis à des


conditions aux limites variables

Article  in  Revue de Physique Appliquée · January 1989


DOI: 10.1051/rphysap:0198900240109300

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3 authors:

P. Pierson Dorothé Azilinon


University Joseph Fourier - Grenoble 1 Cheikh Anta Diop University, Dakar
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Jacques Padet
Université de Reims Champagne-Ardenne
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Revue Phys. Appl. 24 (1989) 93-107 JANVIER 1989, 93

Classification
Physics Abstracts
44.25

Simulation du fonctionnement des échangeurs thermiques soumis à des


conditions aux limites variables (*)
P. Pierson, D. Azilinon et J. Padet

Laboratoire de Thermomécanique, Faculté des Sciences, B.P. 347, 51062 Reims Cedex, France

(Reçu le 11 février 1988, révisé le Il juillet 1988, accepté le 3 octobre 1988)

Résumé. Un modèle théorique est proposé pour simuler le fonctionnement des échangeurs thermiques, avec
2014

évolution quelconque de la température d’entrée de l’un des fluides. Ce modèle suit avec une bonne précision
les résultats expérimentaux (précision nettement supérieure à celle que l’on obtient à l’aide d’un modèle de
régime permanent). Une étude de l’influence des principaux paramètres de l’échangeur sur la constante de
temps et la transmittance statique complète ce travail et permet de prévoir le comportement général du
système en régime variable.
Abstract. An unsteady state model is proposed for the simulation of heat exchangers with time dependent
2014

inlet temperature of a fluid. The results obtained are in accordance with experimental measures. The precision
is much better than the one obtained after a steady state model. The influence of the exchanger parameters on
the time constant and on the static transfer function is also studied ; it is then possible to predict easily the
system working in unsteady state.

Nomenclature Lettres grecques :


a amplitude de l’échelon ou du créneau At largeur des créneaux (s)
b épaisseur (m) ~ex(t) puissance réelle échangée dans l’échangeur
C capacité (J.K-1) (W)
E efficacité de l’échangeur ~a(t) puissance échangée déterminée à partir d’un
f(t) fonction d’influence (réponse à l’échelon uni- découpage en créneaux de x (t) (W)
taire) cP p (t) puissance échangée déterminée à partir de
Ho fonction de transfert statique l’approximation de x(t) par p (t ) (W)
m =
triât cP r (t ) puissance échangée déterminée à partir d’un
NUT nombre d’unités de transfert calcul en régime permanent (W)
p(t) contour polygonal qui approxime le signal constante de temps (s)
x(t) 03A3 surface d’échange (m2)
qm débit massique (kg.s-1)
qt débit thermique unitaire (W.K-1)
température moyenne sur une section droite
Indices :
(°C)
t temps (s) a tube extérieur
tr temps de retard (s) C Fluide chaud
u(t) échelon unitaire F Fluide froid
x (t ) fonction signal e entrée
y (t ) réponse du système à x (t ) s sortie
min débit minimum
(*) Etude financée par l’Agence Française pour la i tube intermédiaire entre C et F
Maîtrise de l’Energie. M valeur moyenne sur (to, tn).

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/rphysap:0198900240109300


94

Introduction.

Un modèle théorique simple [1] a été proposé, qui


permet de simuler la réponse d’un échangeur thermi- où Hc et HF sont des grandeurs sans dimension
que à un échelon de température imposé sur l’un des fonctions des caractéristiques de fonctionnement des
fluides à l’entrée du système. La méthode retenue régimes permanents initial et final. Pour des échan-
est à rapprocher de celle qu’utilisent généralement geurs bitubes, (1b) se réduit à :
les automaticiens : elle consiste à considérer le
système dans son ensemble et à étudier la réponse à
une excitation. Les caractéristiques spécifiques de
l’installation sont alors prises en compte par un ou
plusieurs paramètres (ici la constante de temps T et
le temps de retard tr). La réponse du système est
avec a = 1 si l’écoulement est turbulent dans le
également souvent définie par une ou plusieurs tube annulaire
fonctions de transfert dont certains auteurs propo-
a = 1,33 si l’écoulement est laminaire dans
sent des expressions analytiques [2, 3, 4].
Cette démarche est particulièrement intéressante
le tube annulaire.

puisqu’elle permet d’élaborer des processus de régu- a) Dans le cas d’un signal échelon d’amplitude a,
lation ou de commande optimale par optimisation et si l’on prend en compte un temps de retard
d’un critère donné. Un certain nombre de méthodes tr, y(t) s’exprime par:
sont proposées à cet, effet [5, 6], qui nécessitent le
plus souvent le recours à des calculateurs analogiques
ou numériques. Notre objectif n’est pas de réitérer
ce type d’étude mais de proposer une modélisation

plus simple (sans calcul numérique, ni analogique)


d’échangeurs « basse température » soumis à une
variation quelconque de la température d’entrée de avec y (oo ) =
Ho. a.
l’un des fluides. La méthode proposée ici fait appel à Le temps de retard tr exprime donc le temps
une méthode classique [7] qui consiste à décomposer nécessaire à l’établissement d’une loi exponentielle
un signal quelconque en somme d’échelons. Après y(t) à une seule constante de temps. Nous avons
avoir exposé le principe de la méthode au 1er montré [1] qu’il est en général possible pour simuler
paragraphe, nous comparons les résultats obtenus à la réponse réelle, de considérer que le système reste
ceux de l’expérience (2e paragraphe) et complétons dans son état initial pendant ce temps tr, sachant que
ce travail par une étude de l’influence des paramètres la loi (2) est une approximation de la réponse réelle :
de l’échangeur sur son fonctionnement en régime celle-ci devrait en effet, en toute rigueur, s’exprimer
transitoire. sous la forme d’une somme d’exponentielles dont le
nombre de termes à prendre en compte augmente
1. Méthode de simulation des régimes variés d’un quand t - 0.
Une interprétation physique simple de la durée
échangeur thermique.
tr peut être facilement envisagée pour les écoule-
1.1 DÉCOMPOSITION DU SIGNAL EN SOMME DE CRÉ- ments co-courant : on observe en effet expérimenta-
NEAUX. - Une étude précédente [1] a montré que la lement que tr correspond alors au temps de parcours
à échelon, d’un échangeur qui fonctionne dans l’échangeur, du fluide dont on étudie la varia-
réponse un
à basse température ( 80 °C) est solution d’une tion de température s(t).
L’interprétation est plus
équation différentielle linéaire du premier ordre. délicate en écoulement contre-courant où s(t)
est
Nous sommes donc en présence d’un système linéaire mesurée au niveau où est réalisé l’échelon sur l’autre
dont la réponse y (t ) à un signal quelconque fluide.
La définition de tr est alors purement phénoméno-
x (t ) est solution de l’équation différentielle (la) :
logique, à partir du modèle de réponse [1].
Dans le cas d’un échangeur, c’est le plus souvent
la puissance échangée 0 (t) qui nous intéresse. Si,
où T est la constante de temps du système et
seule, la température d’entrée tc du fluide C varie
au cours du temps, y(t) peut représenter la quantité
Ho sa fonction de transfert (ou transmittance) stati-
suivante :
que.
Ho représente le coefficient de proportionnalité
réponse y et le signal x en régime permanent.
entre la
avec
On montre [1] que peut toujours s’exprimer sous
la forme :
95

(3a) s’écrit en effet : qui s’exprime bien sous la forme (2) en remplaçant
Fs (t ) par son expression (4b) qui approche très bien
l’évolution expérimentale de la température 7p s

lorsqu’un échelon est imposé sur te [1] :

Si l’on introduit l’efficacité E de l’échangeur :

avec [8] :

en co-courant

en contre-courant

on obtient l’équation (5), à l’aide de (2) et (4a) : En appliquant le théorème de superposition des
systèmes linéaires, la réponse y(tn) à l’instant
tn s’écrit :
où l’on suppose que les valeurs de E déterminées à
partir des caractéristiques des régimes permanents
initial et final sont assez voisines pour être considé-
rées égales (on considère ici uniquement des varia- où f(t) représente la fonction d’influence du système
tions de température et non de débit). (réponse à l’échelon unitaire) et où ti - 1 et
délimitent dans le temps le créneau.
Puisque l’échelon d’amplitude a porté sur (5) Ce, En appliquant (2) au cas de l’échelon unitaire, on
donne :
sait que f(t) peut être approchée par une loi de type
(8) :
b) Si l’on considère maintenant que la fonction
x(t) est un signal quelconque, il est toujours possible
de décomposer x(t) en somme de créneaux de
largeur àt = (ti - ti -1)’ chaque créneau étant la
somme de deux échelons d’amplitude a et (- a ) (cf.

Fig. 1).

Fig. 1. 2013

Réponse à un créneau du système linéaire.

[Linear system response to a step function.]


REVUE DE PHYSIQUE APPLIQUÉE. - T. 24, N. 1, JANVIER 1989
96

Dans ces conditions (7) devient à l’aide de (8) : (9) peut être développée suivant les composantes de
Si à condition de distinguer deux cas : tr àt et
te > Ot. Après développement des calculs [9] et en
remplaçant y(t), a et Ho par leurs expressions
respectives (4) et (6), on obtient :
* pour tr àt :

* pour tr At et en choisissant At de telle sorte que : At =


tr/m, m entier

1.2 APPROXIMATION DU SIGNAL PAR UNE LIGNE POLYGONALE. - Pour améliorer la précision de la
simulation, Cadiergues [10], à partir des résultats de Nessi et Nisolle [7], propose d’approximer la fonction
x (t ) à l’aide d’un contour polygonal p(t) qui s’appuie sur les valeurs discrètes à (ti) (cf. Fig. 2).
Si, à l’intérieur de chaque intervalle de temps àt, on décompose p(t) en une somme de créneaux de
largeur infiniment petite dt, y (tn ) s’écrit à partir de (7) pour 0 , tn , At :

A un instant tn quelconque, en tenant compte de l’approximation de la figure 2, y(tn) s’écrit :

où Ya(ti) est la fonction intégrale d’influence définie par Cadiergues, qui représente la valeur moyenne de
y(t ) pendant l’intervalle de temps {ti-1, ti} :

Cadiergues applique cette méthode pour simuler le transfert de chaleur à travers un mur ; mais elle peut
également être envisagée dans notre cas où Ya(ti) s’écrit à partir de (8) et (6) :

Fig. 2. Approximation d’un signal quelconque par


-
un contour polygonal.
[Approximation of any signal by a polygonal line.]
97

Comme au paragraphe précédent, il faut considérer l’alternative tr I1t ou tr At ; on obtient à l’aide de


(13), (4), (6) et (15) :
Pour t, , I1t :

1.3 REMARQUES. - 1) Les quantités E, qt min et 2. Etude expérimentale.


TFe supposées constantes. Cependant, l’expé-
sont
rience montre que les résultats précédents sont L’étude expérimentale a été réalisée sur l’échangeur
bi-tube eau-eau de la figure 3 où sont également
toujours applicables lorsqu’elles varient dans le
temps, à condition qu’elles évoluent très lentement précisées les conditions de fonctionnement. Sur la
par rapport à On introduira alors leurs valeurs figure 4 sont représentées les variations de la tempé-
Ce. rature d’entrée tc du fluide C qui ont été imposées
respectives à chaque pas de temps pour plus de de façon aléatoire à l’aide d’une vanne de mélange
précision. d’eau chaude et froide, sans modification sensible du
2) Les expressions obtenues par décomposition débit qmC. Les variations correspondantes de la
du signal en somme de créneaux sont plus simples et
donc plus faciles d’emploi. Cependant, dans les cas température de sortie Tp
ont été mesurées pendant
la durée de la manipulation (23 min) et sont égale-
où la fonction Ce(t) fluctue rapidement dans le
ment portées sur la figure 4. On en a déduit la
temps avec des amplitudes importantes et, si une puissance échangée 0 (t) (déterminée sur le fluide
limite inférieure de la largeur àt des créneaux est
froid : cf. Eq. (3b)) de trois manières différentes :
imposée (pour éviter des temps de calcul prohibitifs),
l’approximation de x (t ) à l’aide de la fonction -
à partir de la relation (11) : la puissance
p (t ) devient alors préférable. obtenue est appelée 0,, ; elle correspond à un
Dans le paragraphe qui suit, nous allons vérifier découpage en somme de créneaux de largeur
ces résultats par l’expérience. 0394t = 15s«--tr=26s;

Fig. 3. -

Conditions de fonctionnement de l’échangeur expérimental.


[Working conditions of the experimental heat exchanger.]
98

Fig. 4. -
Variation des températures d’entrée Ce et de sortie Tp au cours du temps.

[Inlet (Cc) and outlet (Fs) temperatures variations with time.]]

à partir de la relation (17) : la puissance très faibles et très voisins, quelle que soit la méthode
obtenue est alors Op et correspond à l’approximation utilisée ( 1 %): la somme des écarts peut en effet
du signal par une ligne polygonale telle que se réduire considérablement si les écarts positifs
At = 15 s également ; compensent en partie les écarts négatifs.
- à partir d’un calcul en régime permanent où C’est pourquoi, nous avons calculé les écarts
l’on exprime la puissance échangée Or sous la forme moyens 0394~ par rapport à 0,,,(t), définis par :
(18), 0, étant supposée constante pendant le pas de
temps At = 15 s :

où 0 (ti ) représente 0, (ti)’ ~p(ti) ou 0, (ti ) et où


Les résultats obtenus ont été comparés à la puissance ti est tel que :
réellement échangée 0,,(t) déterminée à l’aide de
(3b) où l’on prend en compte la température
Fs(t) mesurée toutes les 15 secondes.
grandeurs sans dimension (0394~/~Mex)
Le calcul des
~a et cp p ont été calculées avec : où ~Mex représente la puissance moyenne réelle
= 39 s
déterminés par l’étude expérimentale échangée
= 26 s
de la réponse à un échelon ;
E 0,165 (valeur moyenne de E correspondant à un
=

régime permanent moyen de référence : [9]).


Lafigure 5 montre que les courbes ~a(t) et
~p(t) sont quasiment confondues dans ce cas et
suivent mieux que 0,(t) la courbe réelle ~ex(t).
Pour quantifier l’ensemble des écarts par rapport à
~ex(t), sur la durée de l’expérience : (tn - to ) 23’, = On constate que la simulation réalisée à partir d’un
nous avons intégré les fonctions ~ (t) par rapport à modèle de régime permanent est nettement moins
t ; ce qui revient à calculer l’énergie échangée performante que celle réalisée à partir d’un modèle
pendant (tn - to ). Mais les écarts ainsi obtenus sont de régime variable : 0394~a et 0394~p sont respectivement
99

Fig. 5. -
Evolution au cours du temps de la puissance échangée (échangeur co-courant où TCe varie suivant la Fig. 4).
[Variations with time of the heat exchanged in the case of parallel flow (see Fig. 4 for variations of TCe).]

inférieurs de 42 % et de 46 % par rapport à Les valeurs théoriques portées sur la figure 6 ont
à 0,. L’approximation polygonale de x(t) ne donne été calculées avec un pas de temps : At 2 T = =

ici (où àt m T /2) une amélioration sur 0394~ que de 600 s. On observe que dans ce cas, les courbes
8 % par rapport à la décomposition en somme de théoriques sont incapables de suivre convenablement
créneaux (écart non visible sur la Fig. 5). Elle toutes les fluctuations de la réponse réelle. Ce
s’avère en effet plus intéressante pour des pas de résultat est général : une bonne simulation nécessite
temps plus importants. Pour àt 2 T par exemple,= un pas de temps At tel que : 0394t T (pour At =

la différence entre 0394~a et 0394~p atteint 20 %. 0,5 T, les deux courbes théoriques sont quasiment
Sur la figure 6, on voit apparaître très nettement confondues et suivent très bien la courbe expérimen-
les écarts entre les deux modélisations proposées en tale : résultat déjà observé sur la Fig. 5).
régime variable. La manipulation correspondante a La simulation issue d’un découpage en créneaux
été réalisée sur une durée plus longue (15 heures) du signal conserve certaines fluctuations de la
que celle de l’expérience précédente et sur un réponse mais celles-ci sont souvent déphasées par
échangeur plus « inerte » : T 300 s (il était plus
=
rapport à la réponse réelle, du fait du mauvais
facile de réaliser sur ce système des variations découpage du signal (At trop grand). Par contre, la
importantes de l’amplitude du signal sur une longue simulation issue d’une approximation du signal sous
période). forme de contour polygonal permet de limiter les
100

Fig. 6. -

Comparaison des deux modèles proposés en régime variable.

[Comparison of the two proposed unsteady state models.]

écarts par rapport aux valeurs expérimentales : on - la constante de temps T ;


trace en effet entre chaque point considéré du signal - la fonction de transfert statique Ho ;
(ces points étant espacés de At) une droite qui réalise - le temps de retard tr.
un « lissage » rudimentaire du signal. Dans ce cas, On retrouve effectivement ces trois paramètres
comme dans l’expérience précédente, la différence
dans la fonction de transfert H(p), caractéristique
entre 0394~a et âcpp est de l’ordre de 20 %. de la réponse dynamique du système [5, 9, 11]
Un modèle de régime permanent est donc
suffisant pour calculer l’énergie échangée en
régime variable pendant temps de fonctionne-
un
ment assez long (supérieur à 10. T environ). Par
où p représente la variable complexe de Laplace,
contre, un modèle de régime variable s’avère X(p ) et Y(p ) les transformées de Laplace respecti-
indispensable pour déterminer l’énergie échangée ves de x (t ) et y(t).
pendant une durée plus courte ou pour prévoir la
puissance échangée à chaque instant (ce qui est Cependant, nous avons déjà montré (paragra-
indispensable pour simuler par exemple un sys- phe 1) que tr ne peut avoir de signification physique
claire que dans le cas d’un échangeur co-courant.
tème de régulation).
D’autre part, nous avons noté qu’une erreur même
3. Influence des paramètres de l’échangeur sur son
importante sur tr entraîne des incertitudes encore
comportement en régimes variable.
acceptables sur le calcul de la puissance échangée
(5 % pour une erreur de 30 % sur tr). Précisons à ce
Sur le plan pratique, il est souvent nécessaire de sujet qu’une étude approfondie sur tr ne peut
connaître à l’avance le comportement d’un échan- s’envisager que si l’échelon imposé est quasi parfait.
geur en régime variable. Pour cela, nous avons vu Ces diverses considérations nous ont conduit à

que la connaissance de trois grandeurs suffit (cf. Eq. porter plus spécialement notre attention sur les
(la) et (2)) : grandeurs ? et Ho pour caractériser le fonctionne-
101

ment d’un échangeur en régime instationnaire, gran- -


La taille de l’échangeur : l’échangeur 2 qui
deurs qui présentent l’énorme avantage de pouvoir contient plus de liquide (plus de 3 fois plus) et dont
être simplement calculées à partir des caractéristi- les parois sont plus épaisses (section des parois plus
ques de l’échangeur (géométrie et fonctionnement : de 6 fois plus importante) que l’échangeur 1 a une
cf. (lc) pour T et (6) pour Ho). C’est pourquoi, dans constante de temps qui est environ 2 fois plus grande
ce paragraphe nous nous proposons d’étudier que celle de l’échangeur 1 ; il est intéressant de noter
l’influence des principaux paramètres du système sur que ce résultat est pratiquement indépendant du
T et Ho (donc sur son fonctionnement en régime débit qmF. Un tel écart s’explique aisément par
variable). Ultérieurement, tr devra faire l’objet l’expression (1b) de r où l’on observe que Test
d’une étude fine. directement proportionnelle à la capacité calorifique
CT de l’échangeur.
3.1 INFLUENCE DES PARAMÈTRES SUR LA CONS-
-
La nature de l’écoulement : on observe que T
TANTE DE TEMPS T. A partir des expressions
- reste à peu près inchangée suivant que l’écoulement
analytiques de r (1b et lc), nous nous proposons est co- ou contre-courant. L’expérience montre en
d’étudier les variations de T suivant : effet que le sens relatif des deux écoulements influe
sur le temps de retard tr et non sur T. (cf. paragra-
-
les caractéristiques géométriques de l’échan-
geur ;
phe 1).
-
Le débit du fluide F : on note que, quelle que
-
le type d’écoulement des fluides (co ou contre-
courant) ;
soit la géométrie de l’échangeur, la constante de
temps croît très rapidement en écoulement lami-
T
-

qui y circulent.
le débit et la nature des fluides
naire lorsque qmF diminue, alors qu’elle varie très
Les résultats qui suivent concernent un échangeur
peu en écoulement turbulent. La relation (1b)
bi-tube supposé parfaitement isolé vis-à-vis du milieu montre en effet que :
ambiant.
Sur la figure 7 apparaît l’influence de trois paramè-
tres :

Fig. 7. Influence du débit


2013

q mF sur la constante de temps T. Comparaison de différents types d’échangeurs


(qmC = Cte = 0,014 kg . s-1).
[Influence of the flowrate qmF on the time constant T. Comparison of two heat exchangers (q.c =
0.014 kg . s-1).]
102

Ce qui revient à dire que : d’autantplus important sur T, que les débits de fluide
-

pour un débit qmF qui avoisine 0, le système se sontplus faibles : les variations sont très faibles pour
comporte comme un échangeur statique côté fluide qmF 0.83 kgls ( 5 %), alors qu’elles atteignent
=

F, système connu pour sa médiocre efficacité et son 14 % pour qmF 0,14 kg/s quand bi passe de 0,2 mm
à 5 mm (Fig. 9).
temps de réponse très long à toute sollicitation
extérieure ; Ce résultat peut s’interpréter de la façon suivante :
- pour un débit qmF qui tend vers ao, le temps de
en augmentant bi,
parcours du fluide F dans l’échangeur est proche de a) la section de passage du fluide F se réduit et
0 et donc toute excitation réalisée au niveau de le coefficient de transfert de chaleur par convection
l’entrée du fluide F se répercute presque immédiate- entre F et la paroi i croît. Ce qui se traduit par une
ment à la sortie. diminution de T (chute de E/NUT : cf. (lc)) ;
b) la capacité calorifique CF de F se réduit
Ce résultat montre qu’il est impossible d’envisager également avec pour conséquence une augmentation
une extrapolation des modèles établis pour des de r (cf. (lc) où la variation de CT est peu
écoulements turbulents au cas d’écoulements lami-
importante puisqu’une diminution de CF s’accompa-
naires. gne d’un accroissement de Ci lorsque bi augmente).
La figure 8 montre que, pour un même échangeur, Le premier effet est particulièrement net lorsque
si l’on remplace l’eau dans les deux canalisations par l’écoulement du fluide F est turbulent. Il peut alors
de l’huile, T subit une baisse d’autant plus grande compenser le deuxième effet et même l’emporter.
que qmF est plus faible : les écarts peuvent dépasser Par contre, en écoulement laminaire, le deuxième
20 % pour un écoulement laminaire, alors qu’ils est largement prépondérant sur le premier ; ce qui
restent inférieurs à 3 % en écoulement turbulent.
explique les variations plus importantes de T pour de
Cette baisse s’explique bien sûr par la faible chaleur faibles débits.
spécifique de l’huile par rapport à l’eau (écart de 2) la nature du métal qui constitue les parois de
plus de 50 % sur le produit p . cp qui se répercute l’échangeur joue un rôle négligeable (Fig. 10).
directement sur la capacité calorifique C T de l’échan- 3) un accroissement de la surface d’échange X
geur intervenant dans (lb)). (par simple allongement de l’échangeur) s’accompa-
Sur les figures 9, 10 et 11, on observe que : gne d’une augmentation sensible de T (Fig.11). En
1) l’épaisseur b; du tube intérieur joue un rôle augmentant la surface d’échange 03A3, on accroît d’un

Fig. 8. -

Influence du débit qmF sur la constante de temps T. Comparaison de deux natures de fluide.

[Influence of the flowrate qmF on the time constant r. Comparison of two fluids.]
103

Fig. 9. -
Influence de l’épaisseur bi du tube intérieur sur la constante de temps T. Comparaison de plusieurs débits
q.F-
[Influence of the inner tube thickness bi on the time constant T. Comparison of several flowrates qmF.]

Fig. 10. Influence de l’épaisseur bi du tube intérieur


2013

sur la constante de temps T. Comparaison de deux échangeurs


dont la nature des parois est différente.

[Influence of the inner tube thickness b; on the time constant T. Comparison of two heat exchangers with different kinds
of wall.]
104

Fig. 11. 2013


Influence de la surface d’échange 2 de l’échangeur sur la constante de temps r. Comparaison de plusieurs
débits qmF.

[Influence of the exchange area Z on the time constant T. Comparison of several flowrates qmF.]

même coefficient 03B2 la capacité calorifique des diffé- q,c > q,F- C’est le cas de la figure 13 (qmc =

rents éléments de l’échangeur. Les relations (1b) et 0,83 kg/s) où l’on observe d’importantes variations
(lc) montrent que T est alors aussi multipliée par 03B2. de Ho suivant qmF en écoulement turbulent.
Ce qui se traduit par les variations quasi linéaires Sur la figure 12, on notera également le rôle
T (03A3) de la figure 11 (la linéarité n’est pas parfaite en important joué par la nature du fluide, contrairement
raison de l’influence de X sur la quantité E/NUT). au cas de T (variations du simple au double en
Les paramètres les plus influents sur T sont donc la écoulement turbulent quand on passe de l’huile à
géométrie de l’échangeur (diamètre et surface l’eau). Ho est en effet directement proportionnelle à
d’échange) et le débit des fluides, particulièrement E alors que T était proportionnelle à CT. Or la
lorsque l’écoulement est laminaire pour les deux distinction entre huile et eau se fait plus sentir sur
fluides. On note d’autre part que, quel que soit le l’efficacité E que sur la capacité calorifique C.
paramètre considéré, son influence sur T se fait Dans tous les cas, comme au paragraphe précé-
d’autant plus sentir que les débits des fluides sont dent, le sens relatif de circulation des fluides joue un
plus faibles. D’où l’intérêt d’un calcul précis de T en rôle négligeable sur Ho (6 % au plus) devant celui
écoulement laminaire. joué par les autres paramètres.
Sur la figure 14, on observe un accroissement de
3.2 INFLUENCE PARAMÈTRES SUR LA TRANS-
DES Ho avec l’épaisseur ei du tube i, d’autant plus
MITTANCE STATIQUE Ho. Les figures 12 et 13
-

important que le débit q.F est faible (jusque 27 %


montrent que l’allure des courbes H0(qmF) est fonc- pour qmF = 0,04 kg/s) : en augmentant e;, sans modi-
tion de qmc : on notera par exemple sur la figure 12 fier le reste de la géométrie de l’échangeur, on
que Ho suit les variations de l’efficacité E au facteur diminue la section droite de l’espace annulaire, ce
qtmin près pour qmin = qmc = 0,02 kgls ici (cf. (6)). qui accroît la vitesse et donc le nombre de Reynolds
Dans ce cas, en écoulement turbulent, Ho est du fluide F. D’où une valeur plus élevée de E et
quasiment indépendante de qmF : ce qui correspond Ho.
en effet à des variations très faibles subies par Enfin sur la figure 15, on note, comme pour T, le
l’efficacité E en raison du débit qmc peu élevé ici. Par rôle important joué par la surface d’échange sur
contre, l’allure de ces courbes est toute autre quand Ho.
105

Fig. 12. 2013


Influence du débit qmF sur la transmittance statique Ho. Comparaison de deux fluides différents.

[Influence of the flowrate qmF on the static transfer function Ho. Comparison of two fluids.]

Fig. 13. Influence


2013
du débit qmF sur la transmittance statique Ho. Comparaison dç différents types d’échangeurs
(qmc = 0,83 kg . s-1).
[Influence of the flowrate qmF on the static transfer function Ho. Comparison of two heat exchangers (qmC =

0.83 kg . s-1).]
106

Fig. 14. -

Influence de l’épaisseur bi du tube intérieur sur la transmittance statique Ho. Comparaison de plusieurs débits
qmF·
[Influence of the inner tube thickness bi on the static transfer function Ho. Comparison of several flowrates
qmF.]

Fig. 15. 2013

Influence de la surface d’échange 03A3 sur la transmittance statique Ho. Comparaison de différents débits
qmF.
[Influence of the exchange area 1 on the static transfer function Ho. Comparison of several flowrates qmF.]
107

La fonction de transfert statique Ho est donc quement les échangeurs bi-tube et correspondent à
particulièrement influencée par la géométrie de des variations de la température d’entrée de l’un des
l’échangeur et par le débit des fluides (comme T), fluides. Un prolongement de ce travail est actuelle-
mais contrairement aux résultats obtenus sur T, la ment en cours et devrait permettre d’étendre les
nature des fluides joue également un rôle important. résultats obtenus aux cas d’échangeurs industriels et
pour des variations de débit de l’un des fluides.
L’un des intérêts du modèle proposé est de ne pas
4. Conclusion.
faire intervenir de coefficient d’échange h, en tant
L’étude qui précède montre tout l’intérêt d’une que caractéristique du fonctionnement en régime
simulation en régime variable pour un échangeur. variable, contrairement à de nombreuses études
On a vu en effet l’insuffisance des modèles de régime antérieures [2, 3, 4, 5 ...]. Un autre intérêt réside
permanent dès lors que l’on s’intéresse à l’évolution dans sa simplicité : il devrait permettre d’intégrer
dans le temps de la puissance échangée quand l’un dans un ensemble de régulation un micro-calculateur
des fluides entre dans le système à température extrêmement simple, capable de prévoir la réponse
variable. du système à toute sollicitation brutale extérieure.
Le calcul préalable des quantités T et Ho devrait D’où la possibilité d’actionner aisément et sans
permettre un meilleur choix du procédé de régula- surcoût prohibitif un élément de l’installation (une
tion, en relation directe avec le système considéré et vanne trois voies par exemple) en anticipant le

adapté au mieux aux conditions réelles de fonction- comportement réel du système et de là, un affine-
nement. Les résultats présentés ici concernent uni- ment du procédé de régulation.

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