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Jacques Padet
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Physics Abstracts
44.25
Laboratoire de Thermomécanique, Faculté des Sciences, B.P. 347, 51062 Reims Cedex, France
Résumé. Un modèle théorique est proposé pour simuler le fonctionnement des échangeurs thermiques, avec
2014
évolution quelconque de la température d’entrée de l’un des fluides. Ce modèle suit avec une bonne précision
les résultats expérimentaux (précision nettement supérieure à celle que l’on obtient à l’aide d’un modèle de
régime permanent). Une étude de l’influence des principaux paramètres de l’échangeur sur la constante de
temps et la transmittance statique complète ce travail et permet de prévoir le comportement général du
système en régime variable.
Abstract. An unsteady state model is proposed for the simulation of heat exchangers with time dependent
2014
inlet temperature of a fluid. The results obtained are in accordance with experimental measures. The precision
is much better than the one obtained after a steady state model. The influence of the exchanger parameters on
the time constant and on the static transfer function is also studied ; it is then possible to predict easily the
system working in unsteady state.
Introduction.
puisqu’elle permet d’élaborer des processus de régu- a) Dans le cas d’un signal échelon d’amplitude a,
lation ou de commande optimale par optimisation et si l’on prend en compte un temps de retard
d’un critère donné. Un certain nombre de méthodes tr, y(t) s’exprime par:
sont proposées à cet, effet [5, 6], qui nécessitent le
plus souvent le recours à des calculateurs analogiques
ou numériques. Notre objectif n’est pas de réitérer
ce type d’étude mais de proposer une modélisation
(3a) s’écrit en effet : qui s’exprime bien sous la forme (2) en remplaçant
Fs (t ) par son expression (4b) qui approche très bien
l’évolution expérimentale de la température 7p s
avec [8] :
en co-courant
en contre-courant
on obtient l’équation (5), à l’aide de (2) et (4a) : En appliquant le théorème de superposition des
systèmes linéaires, la réponse y(tn) à l’instant
tn s’écrit :
où l’on suppose que les valeurs de E déterminées à
partir des caractéristiques des régimes permanents
initial et final sont assez voisines pour être considé-
rées égales (on considère ici uniquement des varia- où f(t) représente la fonction d’influence du système
tions de température et non de débit). (réponse à l’échelon unitaire) et où ti - 1 et
délimitent dans le temps le créneau.
Puisque l’échelon d’amplitude a porté sur (5) Ce, En appliquant (2) au cas de l’échelon unitaire, on
donne :
sait que f(t) peut être approchée par une loi de type
(8) :
b) Si l’on considère maintenant que la fonction
x(t) est un signal quelconque, il est toujours possible
de décomposer x(t) en somme de créneaux de
largeur àt = (ti - ti -1)’ chaque créneau étant la
somme de deux échelons d’amplitude a et (- a ) (cf.
Fig. 1).
Fig. 1. 2013
Dans ces conditions (7) devient à l’aide de (8) : (9) peut être développée suivant les composantes de
Si à condition de distinguer deux cas : tr àt et
te > Ot. Après développement des calculs [9] et en
remplaçant y(t), a et Ho par leurs expressions
respectives (4) et (6), on obtient :
* pour tr àt :
1.2 APPROXIMATION DU SIGNAL PAR UNE LIGNE POLYGONALE. - Pour améliorer la précision de la
simulation, Cadiergues [10], à partir des résultats de Nessi et Nisolle [7], propose d’approximer la fonction
x (t ) à l’aide d’un contour polygonal p(t) qui s’appuie sur les valeurs discrètes à (ti) (cf. Fig. 2).
Si, à l’intérieur de chaque intervalle de temps àt, on décompose p(t) en une somme de créneaux de
largeur infiniment petite dt, y (tn ) s’écrit à partir de (7) pour 0 , tn , At :
où Ya(ti) est la fonction intégrale d’influence définie par Cadiergues, qui représente la valeur moyenne de
y(t ) pendant l’intervalle de temps {ti-1, ti} :
Cadiergues applique cette méthode pour simuler le transfert de chaleur à travers un mur ; mais elle peut
également être envisagée dans notre cas où Ya(ti) s’écrit à partir de (8) et (6) :
Fig. 3. -
Fig. 4. -
Variation des températures d’entrée Ce et de sortie Tp au cours du temps.
à partir de la relation (17) : la puissance très faibles et très voisins, quelle que soit la méthode
obtenue est alors Op et correspond à l’approximation utilisée ( 1 %): la somme des écarts peut en effet
du signal par une ligne polygonale telle que se réduire considérablement si les écarts positifs
At = 15 s également ; compensent en partie les écarts négatifs.
- à partir d’un calcul en régime permanent où C’est pourquoi, nous avons calculé les écarts
l’on exprime la puissance échangée Or sous la forme moyens 0394~ par rapport à 0,,,(t), définis par :
(18), 0, étant supposée constante pendant le pas de
temps At = 15 s :
Fig. 5. -
Evolution au cours du temps de la puissance échangée (échangeur co-courant où TCe varie suivant la Fig. 4).
[Variations with time of the heat exchanged in the case of parallel flow (see Fig. 4 for variations of TCe).]
inférieurs de 42 % et de 46 % par rapport à Les valeurs théoriques portées sur la figure 6 ont
à 0,. L’approximation polygonale de x(t) ne donne été calculées avec un pas de temps : At 2 T = =
ici (où àt m T /2) une amélioration sur 0394~ que de 600 s. On observe que dans ce cas, les courbes
8 % par rapport à la décomposition en somme de théoriques sont incapables de suivre convenablement
créneaux (écart non visible sur la Fig. 5). Elle toutes les fluctuations de la réponse réelle. Ce
s’avère en effet plus intéressante pour des pas de résultat est général : une bonne simulation nécessite
temps plus importants. Pour àt 2 T par exemple,= un pas de temps At tel que : 0394t T (pour At =
la différence entre 0394~a et 0394~p atteint 20 %. 0,5 T, les deux courbes théoriques sont quasiment
Sur la figure 6, on voit apparaître très nettement confondues et suivent très bien la courbe expérimen-
les écarts entre les deux modélisations proposées en tale : résultat déjà observé sur la Fig. 5).
régime variable. La manipulation correspondante a La simulation issue d’un découpage en créneaux
été réalisée sur une durée plus longue (15 heures) du signal conserve certaines fluctuations de la
que celle de l’expérience précédente et sur un réponse mais celles-ci sont souvent déphasées par
échangeur plus « inerte » : T 300 s (il était plus
=
rapport à la réponse réelle, du fait du mauvais
facile de réaliser sur ce système des variations découpage du signal (At trop grand). Par contre, la
importantes de l’amplitude du signal sur une longue simulation issue d’une approximation du signal sous
période). forme de contour polygonal permet de limiter les
100
Fig. 6. -
que la connaissance de trois grandeurs suffit (cf. Eq. porter plus spécialement notre attention sur les
(la) et (2)) : grandeurs ? et Ho pour caractériser le fonctionne-
101
qui y circulent.
le débit et la nature des fluides
naire lorsque qmF diminue, alors qu’elle varie très
Les résultats qui suivent concernent un échangeur
peu en écoulement turbulent. La relation (1b)
bi-tube supposé parfaitement isolé vis-à-vis du milieu montre en effet que :
ambiant.
Sur la figure 7 apparaît l’influence de trois paramè-
tres :
Ce qui revient à dire que : d’autantplus important sur T, que les débits de fluide
-
pour un débit qmF qui avoisine 0, le système se sontplus faibles : les variations sont très faibles pour
comporte comme un échangeur statique côté fluide qmF 0.83 kgls ( 5 %), alors qu’elles atteignent
=
F, système connu pour sa médiocre efficacité et son 14 % pour qmF 0,14 kg/s quand bi passe de 0,2 mm
à 5 mm (Fig. 9).
temps de réponse très long à toute sollicitation
extérieure ; Ce résultat peut s’interpréter de la façon suivante :
- pour un débit qmF qui tend vers ao, le temps de
en augmentant bi,
parcours du fluide F dans l’échangeur est proche de a) la section de passage du fluide F se réduit et
0 et donc toute excitation réalisée au niveau de le coefficient de transfert de chaleur par convection
l’entrée du fluide F se répercute presque immédiate- entre F et la paroi i croît. Ce qui se traduit par une
ment à la sortie. diminution de T (chute de E/NUT : cf. (lc)) ;
b) la capacité calorifique CF de F se réduit
Ce résultat montre qu’il est impossible d’envisager également avec pour conséquence une augmentation
une extrapolation des modèles établis pour des de r (cf. (lc) où la variation de CT est peu
écoulements turbulents au cas d’écoulements lami-
importante puisqu’une diminution de CF s’accompa-
naires. gne d’un accroissement de Ci lorsque bi augmente).
La figure 8 montre que, pour un même échangeur, Le premier effet est particulièrement net lorsque
si l’on remplace l’eau dans les deux canalisations par l’écoulement du fluide F est turbulent. Il peut alors
de l’huile, T subit une baisse d’autant plus grande compenser le deuxième effet et même l’emporter.
que qmF est plus faible : les écarts peuvent dépasser Par contre, en écoulement laminaire, le deuxième
20 % pour un écoulement laminaire, alors qu’ils est largement prépondérant sur le premier ; ce qui
restent inférieurs à 3 % en écoulement turbulent.
explique les variations plus importantes de T pour de
Cette baisse s’explique bien sûr par la faible chaleur faibles débits.
spécifique de l’huile par rapport à l’eau (écart de 2) la nature du métal qui constitue les parois de
plus de 50 % sur le produit p . cp qui se répercute l’échangeur joue un rôle négligeable (Fig. 10).
directement sur la capacité calorifique C T de l’échan- 3) un accroissement de la surface d’échange X
geur intervenant dans (lb)). (par simple allongement de l’échangeur) s’accompa-
Sur les figures 9, 10 et 11, on observe que : gne d’une augmentation sensible de T (Fig.11). En
1) l’épaisseur b; du tube intérieur joue un rôle augmentant la surface d’échange 03A3, on accroît d’un
Fig. 8. -
Influence du débit qmF sur la constante de temps T. Comparaison de deux natures de fluide.
[Influence of the flowrate qmF on the time constant r. Comparison of two fluids.]
103
Fig. 9. -
Influence de l’épaisseur bi du tube intérieur sur la constante de temps T. Comparaison de plusieurs débits
q.F-
[Influence of the inner tube thickness bi on the time constant T. Comparison of several flowrates qmF.]
[Influence of the inner tube thickness b; on the time constant T. Comparison of two heat exchangers with different kinds
of wall.]
104
[Influence of the exchange area Z on the time constant T. Comparison of several flowrates qmF.]
même coefficient 03B2 la capacité calorifique des diffé- q,c > q,F- C’est le cas de la figure 13 (qmc =
rents éléments de l’échangeur. Les relations (1b) et 0,83 kg/s) où l’on observe d’importantes variations
(lc) montrent que T est alors aussi multipliée par 03B2. de Ho suivant qmF en écoulement turbulent.
Ce qui se traduit par les variations quasi linéaires Sur la figure 12, on notera également le rôle
T (03A3) de la figure 11 (la linéarité n’est pas parfaite en important joué par la nature du fluide, contrairement
raison de l’influence de X sur la quantité E/NUT). au cas de T (variations du simple au double en
Les paramètres les plus influents sur T sont donc la écoulement turbulent quand on passe de l’huile à
géométrie de l’échangeur (diamètre et surface l’eau). Ho est en effet directement proportionnelle à
d’échange) et le débit des fluides, particulièrement E alors que T était proportionnelle à CT. Or la
lorsque l’écoulement est laminaire pour les deux distinction entre huile et eau se fait plus sentir sur
fluides. On note d’autre part que, quel que soit le l’efficacité E que sur la capacité calorifique C.
paramètre considéré, son influence sur T se fait Dans tous les cas, comme au paragraphe précé-
d’autant plus sentir que les débits des fluides sont dent, le sens relatif de circulation des fluides joue un
plus faibles. D’où l’intérêt d’un calcul précis de T en rôle négligeable sur Ho (6 % au plus) devant celui
écoulement laminaire. joué par les autres paramètres.
Sur la figure 14, on observe un accroissement de
3.2 INFLUENCE PARAMÈTRES SUR LA TRANS-
DES Ho avec l’épaisseur ei du tube i, d’autant plus
MITTANCE STATIQUE Ho. Les figures 12 et 13
-
[Influence of the flowrate qmF on the static transfer function Ho. Comparison of two fluids.]
0.83 kg . s-1).]
106
Fig. 14. -
Influence de l’épaisseur bi du tube intérieur sur la transmittance statique Ho. Comparaison de plusieurs débits
qmF·
[Influence of the inner tube thickness bi on the static transfer function Ho. Comparison of several flowrates
qmF.]
Influence de la surface d’échange 03A3 sur la transmittance statique Ho. Comparaison de différents débits
qmF.
[Influence of the exchange area 1 on the static transfer function Ho. Comparison of several flowrates qmF.]
107
La fonction de transfert statique Ho est donc quement les échangeurs bi-tube et correspondent à
particulièrement influencée par la géométrie de des variations de la température d’entrée de l’un des
l’échangeur et par le débit des fluides (comme T), fluides. Un prolongement de ce travail est actuelle-
mais contrairement aux résultats obtenus sur T, la ment en cours et devrait permettre d’étendre les
nature des fluides joue également un rôle important. résultats obtenus aux cas d’échangeurs industriels et
pour des variations de débit de l’un des fluides.
L’un des intérêts du modèle proposé est de ne pas
4. Conclusion.
faire intervenir de coefficient d’échange h, en tant
L’étude qui précède montre tout l’intérêt d’une que caractéristique du fonctionnement en régime
simulation en régime variable pour un échangeur. variable, contrairement à de nombreuses études
On a vu en effet l’insuffisance des modèles de régime antérieures [2, 3, 4, 5 ...]. Un autre intérêt réside
permanent dès lors que l’on s’intéresse à l’évolution dans sa simplicité : il devrait permettre d’intégrer
dans le temps de la puissance échangée quand l’un dans un ensemble de régulation un micro-calculateur
des fluides entre dans le système à température extrêmement simple, capable de prévoir la réponse
variable. du système à toute sollicitation brutale extérieure.
Le calcul préalable des quantités T et Ho devrait D’où la possibilité d’actionner aisément et sans
permettre un meilleur choix du procédé de régula- surcoût prohibitif un élément de l’installation (une
tion, en relation directe avec le système considéré et vanne trois voies par exemple) en anticipant le
adapté au mieux aux conditions réelles de fonction- comportement réel du système et de là, un affine-
nement. Les résultats présentés ici concernent uni- ment du procédé de régulation.
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