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Les psychodysleptiques ont été définis par Delay comme des substances psychoactives perturbant l’activité
mentale. Elles peuvent générer des tableaux d’intoxication et des complications somatiques ou psychiques.
La plus consommée, le cannabis, génère des manifestations psychosensorielles et des perturbations
cognitives. La dépendance au cannabis est plus fréquente chez les sujets jeunes et les patients schizo-
phrènes, et la relation entre cannabis et schizophrénie est bidirectionnelle : la consommation de cannabis
augmente de manière dose-dépendante le risque relatif de développer une schizophrénie, et les schi-
zophrènes sont plus fréquemment consommateurs de cannabis que la population générale. Il existe
également des corrélations entre la consommation de cannabis et les troubles anxieux et les troubles
dépressifs. Un syndrome amotivationnel induit par le cannabis a été décrit. Les autres psychodysleptiques
comprennent entre autres les hallucinogènes tels que le LysergSaüreDiethylamid (LSD), la psilocybine,
et la mescaline, les entactogènes facilitant la recherche de relation tels que le MDMA, les confusogènes
tels que le datura et les dissociatifs tels que la kétamine. Le taux d’expérimentation des hallucinogènes
en population générale est d’environ 1 %. Ce taux est bien plus élevé parmi les populations toxicomanes
et dans certains milieux festifs. L’expérimentation de 3,4-méthylène-dioxy-méthamphétamine (MDMA)
est plus fréquente chez les sujets jeunes. Les interactions des psychodysleptiques avec le système ner-
veux central sont nombreuses, notamment avec les systèmes endocannabinoïdes, sérotoninergiques,
noradrénergiques et dopaminergiques. Par ailleurs, les substances volatiles constituent une vaste famille
hétérogène de substances psychoactives dont la consommation provoque des effets psychiques variés.
© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Plan Introduction
■ Introduction 1 Les psychodysleptiques constituent une famille hétérogène
■ Cannabis 2 de substances chimiques de synthèse ou d’origine naturelles.
Épidémiologie 2 Jean Delay [1] les a caractérisés par leur capacité à perturber
Effets sur l’organisme 2 l’activité mentale, à engendrer des distorsions perceptives, des
Dépendance et sevrage 2 illusions ou des hallucinations, et à entraîner une libération
Complications 3 onirique et mnésique dans le champ de la conscience vigile.
Comorbidités 3 Le plus consommé d’entre eux, le cannabis, génère des pertur-
■
bations sensorielles et cognitives. Il existe de nombreux autres
Autres psychodysleptiques 4
psychodysleptiques généralement regroupés en fonction de leur
Hallucinogènes 4
effet psychotrope prédominant : hallucinogènes (LysergSaüreDie-
Entactogènes 5
thylamid [LSD], psilocybine, mescaline, ayahuasca, ibogaïne),
Confusogènes 5
entactogènes favorisant la recherche de relations (3,4-méthylène-
Dissociatifs 6
dioxy-méthamphétamine [MDMA] et apparentés), confusogènes
■ Substances volatiles 6 (belladone, datura, mandragore), dissociatifs (kétamine, Salvia
Épidémiologie 6 divinorum) [2] . Par ailleurs, les substances volatiles constituent
Effets sur l’organisme 6 une vaste famille hétérogène de produits aux effets psychoactifs
Complications 6 variés. Ces différents produits psychoactifs peuvent être l’objet
d’intoxications (syndrome réversible et spécifique dû à l’ingestion
récente d’une substance), ou de dépendances [3] .
EMC - Psychiatrie 1
Volume 11 > n◦ 3 > juillet 2014
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-1072(14)53059-3
37-396-A-16 Autres toxicomanies (haschich, solvant, LSD)
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syndromes parkinsoniens induits par les neuroleptiques : bipéri- 36,6 % des sujets avaient un âge inférieur ou égal à 20 ans, et 70 %
dène, trihexyphénidyle et tropatépine. Les tableaux cliniques sont des sujets étaient des hommes. Il existait un retentissement sur le
semblables à ceux induits par le datura, et parfois accompagnés système nerveux central dans 62 % des cas, sur l’appareil cardio-
d’hallucinations visuelles. L’usage détourné des anticholiner- vasculaire dans 8 % des cas, sur l’appareil gastro-intestinal dans
giques a été décrit chez les enfants des rues, les adolescents, les 8 % des cas et sur l’appareil respiratoire dans 3 % des cas [80] . Aux
étudiants, et les patients psychiatriques [69] . États-Unis, entre 1996 et 2001, l’abus de substances volatiles a été
rapporté surtout chez les 13–19 ans (6358 cas ; 54 %) et chez les
6–12 ans (1803 cas ; 15 %) ; 2330 cas (20 %) ont eu une issue grave
Dissociatifs dont 63 décès. Les substances les plus utilisées étaient l’essence
Kétamine (41 %), la peinture (13 %), le propane ou le butane (6 %), les déso-
dorisants (26 %) et le formol (5 %). Trois catégories de produits
La kétamine est un anesthésique vétérinaire dérivé de la ont été responsables de la majorité des décès : l’essence (45 %),
phencyclidine. Elle est antagoniste des récepteurs N-méthyl-D- les désodorisants (26 %) et le propane ou le butane (11 %) [81] . Au
aspartate (NMDA) du glutamate. Elle présente des propriétés Canada, la proportion d’adolescents qui ont essayé des substances
dissociatives, antalgiques et sédatives. L’altération des percep- volatiles est de l’ordre de 3 à 5 % [82] .
tions visuelles, auditives et nociceptives entraîne une diminution
de la vigilance et un effet d’indifférence à l’environnement
(d’où le terme « dissociatif »). Les modifications perceptives Effets sur l’organisme
varient en fonction de nombreux paramètres (âge, dose, voie
d’administration, contexte de consommation). À doses élevées, Les substances volatiles sont facilement absorbées par les
les effets psychédéliques prennent le pas sur l’effet dissociatif [70] . poumons. Les effets apparaissent peu après l’inhalation et dis-
Sur le plan cognitif, des troubles mnésiques [71] et des troubles paraissent en quelques heures. La variété des substances génère
de l’apprentissage [72] induits par la kétamine ont été décrits. Sur une variété de mécanismes d’actions neurologiques et donc
le plan somatique, l’intoxication peut se compliquer de réten- une variété des manifestations psychiques. On peut néan-
tion vésicale et de nécrose papillaire [73] . En revanche, des études moins retenir comme signes d’intoxication aux solvants une
récentes ont montré un effet synaptogène chez l’animal et un effet euphorie, une désinhibition, une excitation psychomotrice, un
antidépresseur rapide chez les patients déprimés résistants [74] . état confuso-onirique, une désorientation temporospatiale, des
troubles de l’élocution et une diplopie. À des doses élevées
Salvia divinorum apparaissent des hallucinations et une ataxie. Les poppers ont
des effets vasodilatateurs, hypotenseurs, myorelaxants, eupho-
La sauge divinatoire appartient à la famille des Lamiaceae. Elle
risants et aphrodisiaques. Le protoxyde d’azote, agoniste GABA
contient de la salvinorine A, un agoniste sélectif des récepteurs
et antagoniste NMDA, a des effets anxiolytiques, analgésiques et
opiacés kappa. L’intoxication associe un vécu subjectif intense,
euphorisants.
des effets dissociatifs, des troubles mnésiques et une sédation
à des doses élevées [75] . L’expérimentation de la Salvia divinorum
concerne surtout les populations jeunes (6,1 % chez les 18–25 ans
versus 2,8 % dans la population générale aux États-Unis) et les
populations consommatrices de substances psychoactives [76] .
“ Point important
Critères DSM IV de l’intoxication par des solvants
Substances volatiles volatils (American Psychiatric Association 2000)
• Exposition à des solvants volatils.
Les substances volatiles désignent les produits dont l’inhalation • Changements comportementaux ou psychologiques,
ne nécessite ni chaleur ni combustion à la différence du tabac par inadaptés et cliniquement significatifs.
exemple. L’inhalation d’une substance peut se faire à partir du • Au moins deux des signes suivants :
récipient, à partir des vapeurs contenues dans un sachet, ou à par-
◦ étourdissements ;
tir d’un linge humecté appliqué sur le visage [77] . Les substances
volatiles constituent une vaste classe de produits hétérogènes au ◦ nystagmus ;
sein de laquelle on retrouve principalement les solvants et les ◦ incoordination motrice ;
nitrites. ◦ discours bredouillant ;
Un solvant est une substance capable de dissoudre un soluté, ◦ démarche ébrieuse ;
qu’il soit solide, liquide ou gazeux, pour produire une solu- ◦ léthargie ;
tion. On retrouve les solvants dans les produits de nettoyages ◦ diminution des réflexes ;
à sec, les dissolvants, les diluants, les décapants, les détergents ◦ ralentissement psychomoteur ;
et les colles, entre autres. On peut citer de manière non exhaus- ◦ tremblements ;
tive : l’éthanol, l’éther, le chloroforme, l’acétone, le toluène, le
◦ faiblesse musculaire généralisée ;
tétrachloroéthylène, l’hexane. Les solvants sont en eux-mêmes
◦ vision trouble ou diplopie ;
une classe hétérogène aux effets neuropharmacologiques variés :
l’éthanol est un agoniste GABA-ergique, l’éther interagit avec les ◦ stupeur ou coma ;
récepteurs NMDA et gamma-aminobutyric acid (GABA), le chloro- ◦ euphorie.
forme agit sur les canaux potassiques. • Les symptômes ne sont pas dus à une affection médicale
Les nitrites sont principalement représentés par les poppers et ou à un trouble mental.
par le protoxyde d’azote, un gaz anesthésique.
Épidémiologie
Complications
À 17 ans, 5,5 % des jeunes disent avoir déjà expérimenté les sub-
stances volatiles. Cette part a progressé de 1,9 point entre 2005
Complications aiguës
(3,6 %) et 2008. Les poppers seraient expérimentés par 13,7 % L’atteinte du système nerveux central peut entraîner des convul-
des garçons et filles de 17 ans (5,5 % en 2005) [78] . L’usage à long sions, un coma, voire un arrêt cardiorespiratoire [83] . Des accidents
terme des substances volatiles parmi des populations margina- mortels peuvent survenir si le sujet s’évanouit en continuant à
lisées (enfants des rues par exemple) ne semble pas exister en inhaler ou s’il vomit et s’étouffe. La plupart des symptômes ne
France [79] . En Espagne, un centre antipoison a collecté 109 cas sont pas spécifiques et peuvent être confondus avec ceux d’autres
d’intoxication due à la consommation de substances volatiles : maladies ou syndromes. Les signes d’une intoxication récente
6 EMC - Psychiatrie
Autres toxicomanies (haschich, solvant, LSD) 37-396-A-16
incluent des taches de peintures ou d’huiles sur les vêtements ou [4] Arveiller J. Le Cannabis en France au XIXe siècle : une histoire médi-
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une détérioration cognitive progressive entraînant parfois des The natural course of cannabis use, abuse and dependence over four
dommages permanents et irréversibles chez l’adulte [86, 87] . Des years: a longitudinal community study of adolescents and young adults.
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Laqueille X, Cohen J, Pflieger C. Autres toxicomanies (haschich, solvant, LSD). EMC - Psychiatrie
2014;11(3):1-9 [Article 37-396-A-16].
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