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La représentation théâtrale

Le texte de théâtre est amené à être transformé en spectacle vivant au cours d'une
représentation.
VERS L’ANALYSE DE TEXTE
→ Le théâtre désigne étymologiquement « le lieu où l'on regarde » : les didascalies
permettent au lecteur d'imaginer la pièce.
→ Chaque mise en scène constitue une appropriation personnelle de l'œuvre qui peut
parfaitement s'éloigner du texte.
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Les didascalies
• Les didascalies correspondent dans le texte à tout ce qui n'est pas dit par les
comédiens. Elles sont généralement en italique pour que le lecteur puisse les
différencier des répliques. Elles fournissent au lecteur des renseignements afin qu'il
puisse imaginer la scène.
• Elles indiquent une grande variété d'éléments.
LE COMTE ALMAVIVA*, grand corrégidor d'Andalousie.
Le nom des
LA COMTESSE, sa femme.
personnages
FIGARO, valet de chambre du Comte, et concierge du château.
Le théâtre représente une chambre à demi démeublée ; un grand fauteuil de
Le décor, le lieu et les malade est au milieu. Figaro, avec une toise, mesure le plancher. Suzanne
costumes attache à sa tête, devant une glace, le petit bouquet de fleurs d'orange appelé
chapeau de la mariée.(acte I, scène 1)
Les gestes et les
SUZANNE sort de l'alcôve, accourt au cabinet et parle à la serrure. – Ouvrez,
déplacements des
Chérubin, ouvrez vite, c'est Suzanne ; ouvrez et sortez. (acte II, scène 14)
personnages
LA COMTESSE, de la voix de Suzanne. – Ainsi l'amour ?…
L'intonation des
LE COMTE. – L'amour… n'est que le roman du cœur : c'est le plaisir qui en est
répliques
l'histoire ; il m'amène à tes genoux. (acte V, scène 7)
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• À l'époque classique, les didascalies sont rares, mais elles deviennent de plus en plus
nombreuses et détaillées à partir du théâtre romantique. Certains auteurs comme Alfred
de Musset proposent d'ailleurs un « théâtre dans un fauteuil », c'est-à-dire une pièce qui
n'a pas vocation à être mise en scène mais qui peut être parfaitement imaginée.
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L'espace et le temps au théâtre
• le théâtre repose sur la mimésis ou « imitation de la réalité » mais il s'agit bien d'une fiction. Cette
distinction entre le réel et la fiction se retrouve dans :
– l'espace théâtral : l'espace scénique est le lieu de la représentation tandis que l'espace
dramatique est le lieu fictif où l'action de l'histoire racontée se déroule.
– le temps théâtral : la durée du spectacle est différente du temps de l'action. Le spectacle
condense une histoire au temps nettement plus long qu'il s'agit de raccourcir grâce à l'aménagement
d'ellipses entre les scènes et les actes.
• La mise en scène désigne l'ensemble des décisions artistiques (jeu des acteurs, déplacements,
décors et accessoires, effets visuels et sonores) prises lors de la création du spectacle vivant.
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Les éléments de la représentation
• Les éléments de la représentation font autant sens que le texte dont ils peuvent confirmer ou
déplacer les attentes. Il convient de les analyser en se posant les questions suivantes.
– le jeu des acteurs : quels sont les déplacements, le ton et le débit de la voix, la gestuelle
employés ?
– le décor : est-il réaliste ou symbolique ?
– la présence de musique et les effets de lumière : accompagnent-ils les moments clés ou non ?
– les costumes : de quelles indications sur le personnage sont-ils porteurs ?
– les objets présents sur scène : ont-ils un rôle symbolique, réaliste ou suggestif ?
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Comprendre l'intérêt des didascalies
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** Dans les extraits suivants, comment les didascalies permettent-elles de compléter le texte et
d'en préciser le sens ?
 SILVIA. – Quoi, sérieusement, vous partez ?
DORANTE. – Vous avez bien peur que je ne change d'avis.
SILVIA. – Que vous êtes aimable d'être si bien au fait !
DORANTE. – Cela est bien naïf. Adieu. (Il s'en va.)
SILVIA, à part. – S'il part, je ne l'aime plus, je ne l'épouserai jamais… (Elle le regarde aller.)
Il s'arrête pourtant, il rêve, il regarde si je tourne la tête, je ne saurais le rappeler moi… Il
serait pourtant singulier qu'il partît après tout ce que j'ai fait ?… Ah, voilà qui est fini, il s'en
va, je n'ai pas tant de pouvoir sur lui que je le croyais : mon frère est un maladroit, il s'y est
mal pris, les gens indifférents gâtent tout. Ne suis-je pas bien avancée ? Quel dénouement !…
Dorante reparaît pourtant ; il me semble qu'il revient, je me dédis donc, je l'aime encore…
Feignons de sortir, afin qu'il m'arrête : il faut bien que notre réconciliation lui coûte quelque
chose.
DORANTE, l'arrêtant. – Restez, je vous prie, j'ai encore quelque chose à vous dire.
SILVIA. – À moi, monsieur ?
Marivaux, Le Jeu de l'amour et du hasard, III, 8, 1730.
 Le Comte fait des avances à Suzanne alors qu'elle s'apprête à se marier avec son valet. La
scène se déroule en présence de Chérubin, un jeune page effrayé par le Comte et caché
derrière un fauteuil.
LE COMTE. – Sors, pour qu'on n'entre pas.
SUZANNE, troublée. – Que je vous laisse ici ?
BASILE crie en dehors. – Monseigneur était chez Madame, il en est sorti ; je vais voir.
LE COMTE. – Et pas un lieu pour se cacher ! ah ! derrière ce fauteuil… assez mal ; mais
renvoie-le bien vite.
(Suzanne lui barre le chemin ; il la pousse doucement, elle recule, et se met ainsi entre lui et
le petit page ; mais pendant que le Comte s'abaisse et prend sa place, Chérubin tourne et se
jette effrayé sur le fauteuil à genoux, et s'y blottit. Suzanne prend la robe qu'elle apportait, en
couvre le page et se met devant le fauteuil.)
Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, I, 8, 1784.
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*** Dans la tirade suivante, ajoutez les didascalies ou notes de mise en scène (sur la gestuelle,
l'intonation…) pour guider l'acteur dans son jeu. Vous justifierez ensuite vos choix dans un
paragraphe.
Tartuffe est un faux dévot qui abuse de l'hospitalité d'Orgon. Pendant son absence, il cherche à
séduire son épouse. Il s'adresse à elle dans cette réplique.
TARTUFFE
Ah ! Pour être dévot, je n'en suis pas moins homme ;
Et lorsqu'on vient à voir vos célestes appas,
Un cœur se laisse prendre, et ne raisonne pas.
Je sais qu'un tel discours de moi paraît étrange ;
Mais, Madame, après tout, je ne suis pas un ange ;
Et si vous condamnez l'aveu que je vous fais,
Vous devez vous en prendre à vos charmants attraits.
Molière, Le Tartuffe ou l'Imposteur, III, 3, 1669.
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Donner sens à une représentation
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Observez ces images de deux mises en scène différentes de la pièce de Samuel Beckett, En
attendant Godot.
a. * Quels choix (comédiens, décor, costume…) ont été faits par chaque metteur en scène ?
b. ** Comment les expliquez-vous ?
Alors que deux vagabonds, Vladimir et Estragon attendent Godot, entrent Pozzo, un homme
tyrannique, et Lucky, son esclave tenu en laisse.

C
Raphael ARNAUD
En attendant Godot, mise en scène de Jean-Pierre Vincent, théâtre du Gymnase, Marseille, 2015.
C
Tristan Jeanne-Vales / Tristan Jeanne-Vales/ArtComPress
En attendant Godot, mise en scène de Jean Lambert-Wild, théâtre d'Hérouville, Comédie de Caen,
2014.

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