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MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
Faculté Privé de Droit, d’Economie et de Gestion
*******

Projet de Fin d’Etudes


En vue de l’obtention du Diplôme National de Master Professionnel en Ingénierie Financière

Elaboré par :

Cheikh Sid’Ahmed Doussou

Procédure d’octroi de financement et de gestion de risque


cas BIM BANK
Encadré par :

Mme. Nadia Basty Mr. Hachem Hachem

Année Universitaire 2021/2022


REMERCIEMENTS
Au terme de ce travail, je tiens à remercier le tout puissant « Allah »
de m’avoir donné la chance d’étudier et de finaliser ce rapport.

Je tiens à exprimer mes remerciements à toutes les personnes qui ont


contribué au bon déroulement de ce projet de fin d’études.

Je tiens particulièrement à remercier Madame Nadya basty pour la


qualité de son encadrement et ses précieux conseils tout au long du
projet.

Je remercie également Monsieur hachem el hacham, directeur


financier a la BIM BANK , de m’avoir accueilli au sein de leur
équipe et de m’avoir encadré et orienté durant mon projet de fin
d’études.

Mes remerciements s’adressent aussi à tous les enseignants de


l’Université Libre de Tunis qui m’ont donné l’occasion d’acquérir
une bonne formation professionnelle.

Je tiens à remercier les membres du jury qui ont accepté d’évaluer ce


travail.
DEDICACES

Je dédie ce modeste travail à


Ma chère Mère & Mon cher Père
Qui m’ont soutenu depuis enfance par leurs précieux
conseils,
Leurs sacrifices, leur amour et pour tout le confort et le
bonheur
Qu’ils m’ont assuré pour arriver à ce stade.
Aucun mot ne saurait exprimer ma reconnaissance et ma
gratitude à votre égard
Que Dieu vous donne longue vie et bonne santé.
Soyez assurés de mes profondes gratitudes et mes sincères
reconnaissances,
Pour le soutien moral et matériel que vous m’avez
généreusement offert.

La famille Doussou
Qui m’ont toujours poussé vers l’avant.

Mes amis
Qui m’ont toujours poussé vers l’avant, que Dieu vous offre
le bonheur et nous
Rassemble tous dans le Paradis.
Dédicaces
Remerciements
Sommaire
LISTE DES ABREVATIONS
Introduction générale
Chapitre 1 : présentation générale de la banque islamique de
Mauritanie
Section 1 : historique de la banque islamique de Mauritanie
Section 2 : BIM en valeurs
Chapitre 2 : la finance islamique et la gestion de risque
Section 1 : les types de financement
Section 2 : les risques communs avec les banques conventionnelles
Chapitre 3 : analyse d’un dossier de crédit chez la banque
islamique de Mauritanie
Section 1 : procédure de l’analyse d’un dossier de crédit
Section 2 : l’analyse d’un dossier de crédit (cas pratique)
Conclusion générale
ANNEXE
Table des matières
Introduction générale ........................................................................................................................... 1
2.1. L’agence : ..................................................................................................................................... 3
2.2. L’organisation de l’agence : ......................................................................................................... 4
Organigramme ..................................................................................................................................... 6
Chapitre 2 : la finance islamique et la gestion de risque .................................................................. 11
Introduction : ..................................................................................................................................... 11
Section 1 : les types de financement................................................................................................. 11
Le financement Mourabaha ............................................................................................................... 11
Le financement Salam : ..................................................................................................................... 12
Le financement Istisnaâ : ................................................................................................................... 13
Les financements Moucharaka-Moudharaba (M-M) : ...................................................................... 13
Force et faiblesse de la finance islamique ......................................................................................... 15
a. Force de la finance islamique ........................................................................................................ 15
b. Faiblesse de la finance islamique .................................................................................................. 16
Section 2 : les risques commun avec les banques conventionnelles ................................................. 19
II : Système de gestion des risques des banques islamiques ............................................................. 24
LES INSTITUTIONS FINANCIERES ISLAMIQUES : ................................................................. 26
NATURE ET RISQUES ................................................................................................................... 26
Chapitre 3 : analyse d’un dossier de crédit chez la banque islamique de la Mauritanie ................... 32
3.2.2. Procédure de l’analyse d’un dossier de crédit entreprise ........................................................ 32
2.1. Les engagements de l’entreprise : .............................................................................................. 32
2.2. Présentation de l’entreprise : ...................................................................................................... 33
2.3. L’analyse économique ................................................................................................................ 33
2.4. L’analyse financière : ................................................................................................................ 34
2.4.1. Les outils d’évaluation : .......................................................................................................... 34
2.4.1.1. Analyse de la Rentabilité de l’entreprise : ............................................................................ 34
2.4.1.2. Analyse bilancielle : ............................................................................................................. 34
2.4.1.3. Analyse de la trésorerie : ...................................................................................................... 35
2.4.2. Analyse de solvabilité et de liquidité : .................................................................................... 35
Section 3 : L’analyse d’un dossier de crédit entreprise : Cas pratique .............................................. 38
CONCLUSION : ............................................................................................................................... 46
Annexe .............................................................................................................................................. 47
Introduction générale

Banques, c’est un établissement de crédit ayant pour objet de procurer des services
financiers aux particuliers ainsi qu’aux entreprises, qu’elles soient privées ou publiques.
L’activité de banque consiste à collecter des fonds qui, mobilisés sous des formes variables
(par l’octroi d’un financement par exemple), permettent le financement de l’activité
économique. Ces services sont aujourd’hui fournis par un réseau d’institutions différentes
telles que les banques à statut commercial, les banques d’affaires, les banques offshores, les
banques de développement et les institutions financières spécialisées qui agissent sous le
contrôle d’autorités de tutelle, parmi lesquelles figure la banque centrale.

Le processus de privatisation a orienté les banques vers un statut « universel » ayant pour but
principal l’octroi de financement.

D’autre part les banques se divisent en deux (les banques conventionnelles et les banques
islamique comme le notre) Les banques et établissements islamiques pratiquent de
nombreuses formes d'exercices, toutes consignées dans le droit (fiqh) islamique qui régit la
vie des hommes dans tous les domaines. Si les banques n'ont pas le droit de percevoir des
intérêts, elles fonctionnent sur le principe d'un système associatif : elles participent avec leurs
déposants dans des projets et s'engagent à partager avec eux les risques de financement. En
vertu des principes de l'islam, la rémunération des prêts d'argent n'est autorisée que sur les
bénéfices que le prêt génère et dans une proportion équitable entre l'apporteur de capitaux et
l'apporteur de travail. S'il n'y a pas de bénéfices, sans faute du débiteur, par exemple du fait de
la survenance d'un aléa (gharar), les conséquences de cet aléa ne doivent pas être supportées
par le débiteur seul mais par l'ensemble des parties au contrat. Dans tous les cas, la
rémunération ne peut être prédéterminée, par référence au capital prêté ; elle ne peut être
qu'un pourcentage, convenu d'avance, sur le résultat qui apparaîtra en fin d'opération

Le rôle central joué par les banques dans le financement de l’économie, est dans l’orientation
des crédits vers les projets les plus rentables et plus utiles à l’économie nationale.

Après la crise économique, les banques sont menacées par une multitude de risques touchant à
leur activité et leur position sur le marché. En effet, les banques sont devenues génératrices
d’une variété de risques notamment, le risque de contrepartie, le risque de liquidité et
principalement le risque de financement.

1
Les risques liés au financement représentent 75% à 85% du risque bancaire. Pour limiter le
maximum possible les risques liés au financement, les banques exigent autant de garanties
aux clients, pour mieux se prémunir en cas de réalisation de ces risques.

Une étude approfondie d’une demande de crédit est très importante car elle nous donnera une
idée claire et détaillée sur le demandeur de financement et son comportement bancaire, ce qui
nous permettra d’identifier les différents risques qu’encourent une banque. A cet effet, nous
proposerons d’étudier la problématique suivante :

Comment se déroule la procédure d’octroi d’un dossier de financement ?

2
Chapitre 1 : présentation générale de la banque islamique de
Mauritanie

Section 1 : historique de la BIM BANK


Crée au courant de l’année 2011 avec un capital social de 6 000.000.000 MRO la Banque
Islamique de Mauritanie (BIM) a reçu un agrément en Avril 2011 et ouvert ses portes au
public le 01-09-2011.

Fondé par la holding « Tamweel Africa » cette holding basée au Sénégal dont les participants
sont la Société Islamique pour le Développement du Secteur Privé(SDISP) qui est une filiale
de la Banque Islamique de Développement (BID), et la banque ASYA(Turquie) investissent
le terrain ouest-africain, pour y développer et promouvoir les produits de la finance islamique.
Cette implantation, s’inscrit dans le cadre de la volonté du groupe de la BID à développer et
promouvoir la finance islamique dans la sous-région, Acheter récemment en 2021 par des
actionnaires mauritaniens, est l’augmentation du capital social de 400 000 000 MRU

Grâce à l’expérience et au réseau régional et international du groupe et de son partenaire


technique, la Banque Islamique de Mauritanie sera en mesure de proposer rapidement tous les
produits et services d’une banque de détail en conformité avec les principes de la finance
islamique.

Ses produits et services sont orientés vers une clientèle d’entreprises, de professionnels et de
particuliers dont les besoins seront analysés et des propositions adaptées à leurs besoins seront
proposés

2.1. L’agence :
A la différence des services du siège de la banque, une agence bancaire est un lieu ouvert au
public permettant aux clients de procéder à des opérations bancaires.

Les agences les plus importantes comprennent un back office, ou plus précisément un middle
office, traitant diverses opérations administratives, mais les tendances est de rendre disponible
le maximum de personnel pour rester en contact du client (front office).

Les agences de la banque ont pour but, outre la qualité du service aux clients, le
développement de leurs « portefeuille de clientèle » et des opérations de ces clients.

3
Le directeur de l’agence est partie prenante du plan marketing de la banque, et les chargés de
clientèles ont des objectifs commerciaux, notamment de placement, généralement suivis
mensuellement.

2.2. L’organisation de l’agence :


L'agence représente le FRONT OFFICE de la Banque dans la zone géographique dans
laquelle elle est implanté, d’ou la relation client et la qualité du service est prioritaire sur toute
autre considération.

Le personnel de l'agence est reparti comme suit :

 Chef d'agence : S'occupe en premier lieu de la commercialisation, de l'octroie de


crédit, de la gestion de l'agence, de la coordination avec la direction régionale.
Suivre la relation des objectifs en termes de qualité et de rentabilité et décider des
mesures correctives éventuelles. Assurer la prévision et la gestion des ressources
nécessaires au développement de l’agence.

 Chef de caisse : Est responsable du contrôle des opérations, du contact direct avec le
client, autocontrôle des opérations de caisse.

 Cadre commercial : (charge de la clientèle) : La réception de la clientèle, Faire


vendre les produits et services BIM BANK selon la nature de sa clientèle (haut de
gamme, professionnel ou particuliers), Suivre quotidiennement les engagements,
Garantir la qualité du service ; traitement des dossiers demande et de la remise des
cartes guichets, de l'ouverture des comptes, souscription des Dépôts à terme, des
dossiers de crédit des cautions.
 Agent commerciale : (gestion de la caisse ouguiya et devis) pour mission le change
des devises, les versements, les retrait, les mises à disposition, le service Money Gram
et le service Western Union …

La politique de la banque préconise la polyvalence des employés au sein de l’agence


pour faciliter le contact avec le client.

4
La BIM BANK dispose six agences :

- Une agence à Tevragh-zeina


- Une agence au marcher capital
- Une agence à el mina
- Une agence route cheikh zayd
- Une agence à Nouadhibou
- Agence centrale

La bim Bank compte élargir ses réseaux d’agence en créant trois agences :

- Une agence à Nouadhibou


- Une agence a Rosso

5
Organigramme

La figure suivante donne l’organigramme de la BIM BANK et les liens hiérarchiques et


fonctionnels entre les différentes unités techniques de la Banque.

La gestion de la BIM BANK est assurée par un DG assisté par un DGA et un Secrétaire
Général.

La BIM BANK a adopté un mode de gouvernance conforme à la règlementation


mauritanienne mais aussi aux normes de comptabilité, d’audit et des institutions financières
internationales. Elle dispose ainsi d’un conseil d’administration et de plusieurs comités de
gestion (comité permanent d’audit, comité Shari’a, comité de direction et de risques, comité
de financement) qui assistent aussi bien le DG que le DGA dans le Management de
l’entreprise et ce en plus des conseillers et chargés de missions.

La Banque compte six directions techniques directement liees au DGA ensuite le SG


(Direction des banques de détail, Direction des Entreprises et Direction des Risques) et cinq
autres dont la tutelle directe est le SG (Direction de la Finance, Direction des supports,
Direction de Ressources humaines, Direction International et direction des opérations).

6
7
Appellations Caractéristiques Correspondance avec
des instruments
occidentaux
Modaraba Capital Capital –
entièrement investissement
fourmi par la
banque pour le
financement du
projet. Partage
des profits du
projet entre la
banque et
l'entrepreneur
selon un ratio
prédéterminé.
Pertes du projet
supportées par
la banque, sauf
s’il y a
négligence de
l'entrepreneur.

8
Mosharaka Capital procuré Capital-
par la banque et investissement, toutes
deux les parties ont un droit
ou de regard sur la
plusieurs gestion du projet
partenaires
auxquels
elle
s’est
associée.
Profits et pertes
distribués
au
prorata
des
contributions

Respectives en capital
Morabaha Le vendeur informe Le vendeur informe
l’acheteur du coût l’acheteur du coût
d’acquisition du bien d’acquisition du bien
et négocie avec lui une et négocie avec lui une
marge de profit. Le marge de profit. Prix,
prix, la marge incluse. marge incluse,
Habituellement payés habituellement payé
en versements en versement
échelonnés.1 échelonnés.
Kard hassan Prêt sans intérêt avec Prêt mutualiste
couverture des frais

9
bancaires réels par
l’emprunteur
Ijara Achat d’un actif du Crédit –bail
client par la banque
puis revente à terme à
ce dernier
Ijara wa iktina Location avec Cession – bail
acquisition. Un bien s’applique
est loué principalement à des

Sukuk Emprunt obligatoire adossé Emprunt obligatoire


à un contrat de crédit-bail

ORABANK 1 556 508 317 1 594 658 052


2 297 457 704 702 799 652 44%
BIM 926 251 313 881 696 937
1 332 360 000 450 663 063 51%

4 000 000 000


2 000 000 000 BIM

0 ORABANK
1 2 3 4 5

ORABANK 1 556 508 317 1 594 658 052 2 297 457 704 702 799 652 44%
BIM 926 251 313 881 696 937 1 332 360 000 450 663 063 51%

3 000 000 000

2 000 000 000


ORABANK
1 000 000 000
BIM
0
1 2 3 4 5

10
Chapitre 2 : la finance islamique et la gestion de risque
Introduction :
Le risque est lié à la notion d'incertitude (variabilité des gains ou pertes) mais également au
fait qu'il a des conséquences négatives : on parle rarement du risque de gagner ! Ces deux
aspects de la notion de risque sont contenus dans les mesures de risque habituellement
utilisées. La variabilité des gains est mesurée par la volatilité, alors que les conséquences
négatives d'un risque sont mesurées par la VaR (Value at Risk).

De façon générale, un risque est un événement qui peut affecter la chronique des flux à
recevoir par un établissement financier (son compte de résultat, sa valeur actuelle nette, ses
états financiers).
On distingue toutefois les risques portant sur un débiteur spécifique des risques du système
tout entier, portant sur l'ensemble des banques. On parle respectivement de risque spécifique
et de risque systémique, ce dernier étant une perturbation qui affecte gravement le
fonctionnement du système, c'est-à-dire ses acteurs (banques, institutions financières), ses
mécanismes de fonctionnement (systèmes de compensation, de règlement,...) et ses
mécanismes règlementaires. Ce risque systémique est susceptible d'engendrer des faillites en
chaine au sein du système bancaire.

Section 1 : les types de financement


Le financement Mourabaha
La Mourabaha est le mode de financement le plus usité par les institutions financières
islamiques. Si le contrat est uniformisé, ses caractéristiques aléatoires sont comparables à
celles du financement à intérêt.

La similarité des risques de ces deux modes de financement a fait que la Mourabaha a été
acceptée par plusieurs législations monétaires. Cependant, un tel contrat uniformisé peut ne
pas être accepté par l’ensemble des jurisconsultes musulmans. En outre, le contrat Mourabaha
tel qu’il se présente aujourd’hui manque d’uniformité sous plusieurs aspects. La divergence
de points de vue peut être une source de risques de contrepartie en l’absence d’un cadre
juridique rigoureux.

Le point le plus important à cet égard est le fait que la Mourabaha financière soit un contrat
récent. Il est le produit de la combinaison d’un certain nombre de contrats différents. Il existe
un consensus parmi les fouqahas que ces nouveaux contrats ont été approuvés comme une
11
forme de transactions commerciales différées. La condition de validité de ce contrat est basée
sur le fait que la banque doit acheter (devenant donc propriétaire) et transférer ensuite le droit
de propriété à son client. L’ordre émanant du client ne constitue pas un contrat de vente mais
une simple promesse d’achat. Par référence à la résolution de l’Académie du fiqh de l’OCI,
une promesse n’est obligatoire que pour une partie seulement. L’Académie du fiqh de l’OCI,
l’OCAIFI ainsi que la plupart des banques islamiques traitent la promesse d’achat comme une
obligation vis-à-vis du client. D’autres jurisconsultes, cependant, sont de l’avis que
l’obligation ne s’applique pas au client. Le client, même après avoir donné ordre et payé la
commission d’engagement peut demander l’annulation du contrat. Le risque de contrepartie le
plus important lié à la Mourabaha émane de cette diversité d’appréhension de la nature
juridique du contrat en question qui peut d’ailleurs poser des problèmes sérieux en cas de
litiges.

Un autre problème potentiel lié aux contrats de vente comme la Mourabaha se pose lorsque la
contrepartie ne respecte pas les échéances de paiement, car les banques islamiques ne
peuvent, en principe, augmenter le prix convenu d’aucun surplus. Ce retard de paiement peut
causer des pertes injustifiées aux banques.

Le financement Salam :
Le financement salam comprend au moins deux risques de contrepartie que nous aborderons
brièvement dans ce qui suit :

i. Les risques de contrepartie varient du manquement de livraison à temps ou de non-livraison


du tout de la marchandise ne respectant pas les spécifications mentionnées dans le contrat. Au
cas où le salam serait utilisé dans des contrats agricoles, le risque de contrepartie peut être dû
à des facteurs qui dépassent la volonté du client. Les conditions climatiques peuvent altérer
les clauses du contrat. Le fait que les activités agricoles s’exposent aux risques de
catastrophes naturelles, les risques de contrepartie seront plus accentués dans le cas du salam.

Les contrats salam ne sont ni échangés ni négociés hors cote. Ce sont des contrats rédigés par
deux parties et se concrétisent par des livraisons de biens ou de marchandises. Ces
marchandises exposent les banques à des coûts de stockage et autre risque de prix. Ces types
de risques et de coûts ne s’appliquent qu’aux banques islamiques.

12
Le financement Istisnaâ :
En offrant des financements dans le cadre du contrat istisnaâ, les banques s’exposent à un
certain nombre de risques spécifiques de contrepartie, tels que : Les risques de contrepartie
liés à l’istisnaâ encourus par les banques islamiques concernant l’approvisionnement en
marchandises sont similaires aux risques liés au Salam. Il peut y avoir un manquement aux
termes du contrat pour cause de mauvaise qualité ou le non-respect des délais de paiement.
Cependant, l’objet de l’istisnaâ s’applique beaucoup plus au contrôle de la contrepartie, sans
souci vraiment des calamités naturelles, comme c’est le cas avec le Salam. Par conséquent, on
peut s’attendre à ce que le risque de contrepartie du sous- contractant dans le cadre du contrat
istisnaâ (qui est substantiellement élevé), soit moins intense que celui du contrat Salam.

Le risque de non-paiement de la part de l’acheteur est un risque général qui se manifeste en


cas de non-respect des échéances.

Il y a un risque de contrepartie lié au caractère non obligatoire de certaines conditions selon


certaines juridictions, telle que l’option offerte au fournisseur de réaliser le contrat.

Considérant que l’istisnaâ s’apparente au contrat murababa où le client peut réaliser le contrat
en refusant de recevoir la marchandise le jour de la livraison, la banque s’expose à des
risques en sus. Ces risques existent car la banque islamique, dans le cadre d’un contrat
istisnaâ, assume le rôle d’un constructeur, d’un entrepreneur en bâtiments, d’un manufacturier
ou d’un fournisseur. Le fait que la banque ne soit pas un spécialiste dans ces branches
d’activités, elle demeure à la merci des sous- traitants.

Les financements Moucharaka-Moudharaba (M-M) :


Les spécialistes en matière de politiques de financement considèrent que l’affectation des
ressources par les banques islamiques sur la base Moucharaka et Moudharaba est préférable
aux autres modes de financement à rémunération fixe tel que la Mourabaha, le leasing ou
l’istisnaâ. Mais dans la pratique, l’usage des modes M-M par les banques islamiques reste
minime. On considère que cela est essentiellement dû au fort taux de risque de crédit lié à ces
modes de financement.

Le risque de crédit des modes M-M est élevé en raison de l’absence de garanties, d’un fort
taux d’aléa moral et de sélection adverse et du manque de personnel qualifié au niveau des
banques en matière d’évaluation technique des projets. Le cadre institutionnel tel que le
traitement fiscal, les systèmes de comptabilité et d’audit, les textes réglementaires ne
favorisent souvent pas, l’usage de ces modes de financement par les banques.
13
Une manière de réduire les risques liés à ces modes de financement participatifs est de
concevoir les banques islamiques comme des banques universelles. Les banques universelles
offrent les deux types de financement : octroi de crédits et participation en capital. Dans le cas
des banques islamiques, 25 Le risque de crédit lié à ces modes M-M s’apparente à la notion
de non-récupération des fonds avancés en volume et en temps opportuns.

Cela implique l’utilisation du mode de financement Moucharaka. Avant de fournir les fonds
selon cette méthode de financement, la banque a besoin de faire une bonne étude de
faisabilité des projets. En participant au capital des entreprises financées, les banques
universelles participent à la prise de décisions et à la gestion de l’entreprise. Cela a pour
résultat un meilleur contrôle de l’utilisation des fonds et une réduction de l’aléa moral.

Certains économistes préconisent qu’en refusant de pratiquer ces modes de financement, les
banques ne bénéficient pas en réalité des avantages de la diversification du portefeuille, ce qui
conduit finalement à une aggravation de risques et non à une atténuation des risques de crédit.
En outre, l’utilisation des modes M-M du côté des ressources et du côté des emplois va
certainement renforcer la stabilité du système financier, car les chocs affectant les emplois
seront automatiquement absorbés du côté des ressources. Il y a aussi l’idée que la formulation
des contrats avantageux permettra de réduire les effets de l’aléa moral et de la sélection
adverse. Mais ces arguments oublient qu’en définitive, les banques sont appelées à se
spécialiser dans l’optimisation du portefeuille de crédit, et non pas dans l’optimisation du
portefeuille de crédit et de participation en capital. Par ailleurs, les comptes courants qui
forment une bonne partie des ressources de la banque ne sont pas habilités à amortir les chocs
provenant du secteur réel et affectant les emplois de la banque. Donc une plus grande
utilisation des modes de M-M du côté des emplois peut causer une instabilité systémique en
raison du gros volume des comptes courants au niveau des banques islamiques.

14
Force et faiblesse de la finance islamique

a. Force de la finance islamique


Développer et promouvoir la finance islamique dans la sous-région, un espace habité par
une population à 95% musulmane (100% musulmane en Mauritanie). Un environnement
propice, donc, au développement de la finance islamique et où, paradoxalement, presque
toutes les banques sont conventionnelles.

 assurer un meilleur financement de la balance des paiements ;


 assurer, dans de meilleures conditions, le financement à long terme de l’économie ;
 Participer à la création d’emplois, pour la plupart qualifiés (l’industrie financière
constituant, en Mauritanie, l’industrie la plus créatrice d’emplois à ce jour) ;
 assurer un meilleur positionnement de la Mauritanie par rapport à certaines régions

La finance islamique protège contre toutes les dérives, c’est peut-être là son intérêt
spécifique, au-delà du strict aspect religieux. L’investissement, dans le cadre de la finance
islamique, est basé sur l’existence d’un sous-jacent réel, un actif concret à financer. On est
dans la sphère réelle de l’économie et jamais dans le virtuel et le spéculatif. L’islama,
d’ailleurs, banni fermement la spéculation.

15
b. Faiblesse de la finance islamique
L’insuffisance du capital humain est, à ce jour, un des principaux freins au développement de
la Finance Islamique. L’industrie financière dans son ensemble est une industrie « human
capital intensive », selon l’expression consacrée. Mais ce constat s’applique avec d’autant
plus de force à la Finance Islamique qu’elle exige un savoir-faire spécifique en plus des
connaissances en matière financière. Pour former un expert en Finance Islamique, c’est-à-
dire un spécialiste à la fois en droit coranique et en finance, il faut environ 15 ans. Certes, les
formations en Finance Islamique se multiplient mais restent, pour le moment, insuffisantes
par rapport aux besoins de l’industrie.

L’affirmation des institutions financières islamiques en tant qu’acteurs importants dans le


financement des économies musulmanes soulève également de nombreux défis pour les
autorités nationales de supervision et de réglementation financière. L’ampleur du phénomène
appelle, en effet, à une réflexion sur l’approche en matière de réglementation financière à
adopter. Jusqu’à quel point les règles du jeu doivent-elles être identiques pour les institutions
financières islamiques et leurs homologues conventionnels afin de ne pas fausser la
concurrence entre les deux ? Et jusqu’où faut-il différencier la réglementation concernant les
institutions islamiques afin de créer les filets de sécurité nécessaires compte tenu des risques
spécifiques à l’industrie financière islamique ?
Un double imposition, En effet, dans la MOURABAHA par exemple, il est mis en place un
contrat d’achat et de revente dans lequel la Banque achète à un fournisseur un bien à la
demande de son client.

Le prix de revente est constitué du prix d’achat augmenté d’une marge bénéficiaire. Dans ce
cas, au regard du droit fiscal français et du Maghreb, le prêteur peut être assimilé à un
vendeur.

Il s’ensuit que l’opération reçoit la qualification de simple opération commerciale


(achat/revente), non celle d’opération bancaire.
Dans le cadre de L’IJARA (crédit-bail) qui permet à la Banque d’acheter un bien afin de le
louer à son client avec option d’achat, la banque peut être considérée comme un bailleur. Les
paiements réalisés dans ce cadre seront traités fiscalement en fonction de la qualification
juridique retenue.

16
A titre d’exemple, les paiements versés dans le cadre d’un financement en France d’une
opération selon les techniques islamiques, par un organisme bancaire situé dans un Etat lié
par une convention fiscale à la France peuvent être soumis à la TVA.
En effet, l’administration fiscale française peut assimiler ces paiements à des loyers versés
dans le cadre d’un crédit-bail. Pour le pays où se trouve l’institution bancaire, les paiements
perçus par cette dernière peuvent être considérés comme des revenus imposables.
En présence d’un financement conventionnel, de tels paiements versés à une société
étrangère, en l’occurrence l’institution bancaire feraient l’objet d’une retenue à la source. Le
montant de cette retenue à la source viendrait en déduction de l’impôt à payer dans l’autre
Etat contractant en appliquant la technique du crédit d’impôt. Ainsi, dans ce cas, la double
imposition est éliminée. Il s’ensuit que les méthodes d’élimination de la double imposition
(crédit d’impôt ou exemption), prévues par les conventions fiscales ne peuvent trouver
application qu’en cas d’adaptation de la fiscalité interne à la finance islamique.
En effet, dans l’exemple précédent, si l’opération n’avait pas été qualifiée de crédit-bail par
l’administration fiscale française, les paiements n’auraient pas été grevés de taxe sur la
valeur ajoutée. Ils auraient subi une retenue à la source au titre des revenus versés à une
société étrangère ou à une personne fiscalement non domiciliée en France.
La retenue à la source viendrait en déduction de l’impôt à payer par l’institution financière
située dans l’Etat contractant, en vertu de la technique du crédit d’impôt prévue par la
convention fiscale pour éliminer la double imposition.
La finance islamique, dopée par la manne pétrolière, présente d’excellentes perspectives. Il
n’est donc pas à douter que les banques s’attelleront à adapter leurs produits pour attirer les
liquidités présentes dans les pays pétroliers musulmans. S’agissant de la fiscalité, les
pouvoirs publics devraient y apporter les aménagements nécessaires en vue de l’adapter aux
montages de la finance islamique et d’éviter les doubles taxations.
En effet, d’autres pays devraient marcher sur les traces de la City (Angleterre) pour espérer
une part d’un marché, considéré désormais comme prometteur.

4. Degré de répugnance du risque


Comme nous l’avons signalé ci-dessus, l’originalité des banques islamiques tient au respect
de la prohibition de l’intérêt .Il apparait donc que cet interdit amène ces banques à assumer
davantage de risque que leurs homologues classiques.

17
En effet, les banques islamiques sont pour une très grand partie de leurs activités, des
banques participatives. Elles participent au financement des projets qui sont proposés, et
dont la rémunération se ferait sur les bénéfices éventuels qu’engendrait l’exploitation de ces
projets. Donc, la banque assurera tous les risques qu’aurait à supporter tout actionnaire dans
un projet quelconque, contrairement aux banques conventionnelles qui évitent au maximum
la prise de participation dans les sociétés, en accordant seulement des crédits entourés du
maximum de sécurités pour le remboursement futur du capital et des intérêts .

Le fait donc que les banques islamiques s’orientent vers la participation aux risques de
l’entreprise, va conduire ces banques à adopter certains rapports banques-entreprises
différentes de ceux existant dans les banques classiques.

Du fait de leur participation aux projets, les banques islamiques adopteront, vis-à-vis de la
société, un rapport de partenariat .Elles se soucie beaucoup plus de la rentabilité future de
l’entreprise, dans la mesure où ces banques puiseront leur rémunération dans les résultats que
dégageront ces sociétés.

Les banques islamiques se soucient encore plus de la compétitivité économique des


entreprises ainsi que de leur performance de gestion .Pour ce faire, elles jouent un très grand
rôle de conseil pour les entreprises qui bénéficient de leurs concours et ce pour une prise de
décision rationnelle dans la bonne marche de la société.

Elles vont même quelquefois jusqu'à déléguer certains de leurs cadres compétents pour
participer directement à la gestion de l’entreprise.

Les banques islamiques encouragent et contribuent énormément à l’identification et à la


création de projets rentables .Elles stimulent, à travers la moudharaba, les idées ingénieuses
mais latentes du fait de la contrainte de financement.

Les banques islamiques participent dans le capital d’un projet, où les bénéfices sont réparties
proportionnellement à l’apport . Cette prise de participation entraîne un risque élevé pour le
système bancaire.

18
Section 2 : les risques commun avec les banques conventionnelles

I-analyse des types de risques et leurs modes de couverture

Certains risques sont propres à l’activité bancaire islamique, d’autres sont ceux de toute
activité bancaire : risque de crédit, de marché, de liquidité, risques opérationnels.
Toutefois, quels qu’ils soient (spécifiques ou identiques) leur mode de couverture ne sera
pas forcément le même.

1. Le risque de crédit
Comme dans les banques conventionnelles, ce risque est dû à la volatilité des flux de
trésorerie causée par un défaut de paiement (perte de créance) ou par retard de paiement
d’une contrepartie. Il est d’autant plus important que la probabilité de défaut est forte et que
le montant de créance ou de la proportion non payée est élevé.

Voici les facteurs qui accroissent le risque de crédit des banques islamiques :

• Les modes de financement basés sur le PPP, ainsi que ceux basés sur les opérations
achat/vente, car les contreparties de ces banques ne disposent généralement pas de
système d’informations élaborés, standardisés, et d’expérience de la vie des affaires ;

• La prohibition de l’intérêt ne permet pas aux banques islamiques de rééchelonner les


dettes sur la base d’une marge renégociée, ce qui fournit à leurs clients sans scrupule
un encouragement à être défaillants ;

• L’utilisation limitée des instruments de couverture des risques.


En revanche, le fait que les banques islamiques octroient principalement des crédits à
court terme, pour financer des biens réels, joue en leur faveur. En effet les actifs à long terme
sont beaucoup plus risqués que ceux à court terme.

A côté de ces risques inhérents à toute banque, il existe des risques de crédit dit à l’utilisation
des modes de financement islamiques. Ainsi, dans les modes de financement participatifs
(Moudharaba et Moucharaka), les risques de contrepartie dus à la mauvaise performance du
partenaire sont élevés. Dans les contrats mourabaha et salam, la banque avance les fonds,
elle subit non seulement des risques de non livraison, de livraison non conforme, mais
également de non-paiement ou de paiement tardif. Lors d’un contrat istisnaa, la banque fait

19
généralement appel à des sous-traitants pour la réalisation du bien à manufacturer ou à
construire, le risque est accru car les contreparties sont nombreuses et les montants élevés.

La banque se couvre de ce risque de diverses manières par des garanties et assurances, des
sanctions pour non-paiement et des procédures internes de gestion des risques.

Dans le contrat de mourabaha, la banque prend généralement des garanties pour se couvrir
d’un défaut de contrepartie : gage, hypothèque, ou garantie d’une tierce personne. Le contrat
salam peut être assorti de garanties contre le défaut de livraison à l’échéance. En principe, les
pénalités pour paiement tardif sous forme d’intérêts, sont interdites.
Cependant, certains jurisconsultes considèrent qu’une indemnité destinée à compenser les
dommages causés est autorisée. Il revient alors au comité de la charia de décider si cette
indemnité peut profiter à la banque ou doit être reversée à des œuvres caritatives.

Dans les grandes banques, des moyens ont été mis en œuvre pour gérer ce risque :

• Création de différents organes : comité du crédit, département de risque de crédit ;


• Examen par le département de la capacité des contreparties, en utilisant
éventuellement des modèles de rating interne et reporting régulier au comité de crédit

• Procédures d’apurement des comptes de créances irrécouvrables ou présentant des


garanties insuffisantes ;
• Evitement des concentrations de créances dans les mêmes secteurs ou les mêmes
zones.

2. Le risque marché
Il est dû aux changements de nature économique : risque de taux d’intérêt, de prix, de
change, d’inflation.

Le risque le plus important pour les banques conventionnelles est le risque de taux. En
principe, la banque islamique n’y est pas soumise dans la mesure où ses transactions ne sont
pas basées sur les taux d’intérêt. Cependant, dans un objectif de compétitivité, elles y font
référence, en général au LIBOR (london interbank offered rate), ce risque est d’autant plus
élevé que les contrats sont à long terme, contrats isitisnaa ou ijara par exemple pour les
financements, contrats moudharaba pour les placements des investisseurs-déposants.

Dans les contrats ijara, les banques se couvrent généralement en prévoyant un réajustement
régulier des loyers. Outre ces techniques de « re-pricing » utilisées pour les contrats de long

20
terme comme l’ijara, certaines banques, en accord avec le comité de la charia, introduisent
des clauses d’indexation à un élement du marché.

Pour ce qui concerne les contrats moudharaba conclus avec les déposants, la banque y est
soumise car elle entend offrir à ses déposants une rémunération intéressante et qui suit
l’évolution du taux du marché. Elle fait alors face au risque de taux par la constitution de
réserves. Permettant d’adapter le niveau de rémunération aux fluctuations du marché,
indépendamment du résultat de la période.

Par contre, le taux de profit sur les actifs (contrats mourabaha, salam) ne peut être
augmentée car la marge a été fixée au moment du contrat et ne peut être réajustée.

Parmi les procédures de gestion des risques, les grandes banques effectuent régulièrement
des tests de sensibilité aux variations de taux sur le niveau de résultat.

Comme les banques conventionnelles, les banques islamiques sont sensibles au risque de
variations du prix des titres qu’elles détiennent mais elles subissent également le risque de
prix des marchandises, du fait des contrats mourabaha, salam et ijara. Elles sont victimes
des variations du prix des marchandises entre la date d’achat de ces biens et la date de
revente aux clients. Pour se prémunir, elles peuvent utiliser le contrat arbun. Par ce contrat,
la banque verse un certain montant au moment de l’achat, montant généralement faible qu’on
peut considérer comme étant arrhes, et le solde au montant de la livraison. Lors de livraison,
si elle estime que l’augmentation du prix est trop élevée, elle peut annuler le contrat et
renoncer aux arrhes. Cette technique est assimilable à une vente à terme.

Le risque de change est causé par la livraison de la valeur des créances et des dettes en
devises détenues par la banque : diminution de la valeur des créances et augmentation de la
valeur des dettes. Du fait d’une utilisation limitée des instruments classiques de couverture,
la banque subit également le risque d’inflation.

Les différents risques de marché se traduisent finalement par un risque de marge dont les
conséquences sont particulièrement dommageables lorsque les opérations sont basées sur le
partage des profits et des pertes.

21
3. Risque de liquidité
C’est le risque pour la banque de ne pouvoir faire face à ses engagements financiers.
Globalement, la banque dispose d’un montant de ressources égal à celui de ses emplois, mais
le degré d’exigibilité des ressources ne correspond généralement pas au degré de liquidité
des emplois.

Ce risque menace les banques à différents horizons. Dans l’immédiat, les banques peuvent se
trouver dans l’impossibilité de faire face à une demande massive de retrait de fonds. Il existe
à terme si les actifs à plus d’un an sont financés par des ressources à court terme, on l’appelle
alors le risque de transformation.

Ce risque pèse davantage sur les banques islamique car :

• La plus grande partie des ressources provient de contrats de court terme ;


• Les banques ne peuvent pas comme les banques conventionnelles se rapprovisionner
d’urgence par des crédits basés sur l’intérêt : crédit auprès de la banque centrale ou
auprès d’autres établissement financiers ;
• Les marchés monétaires et interbancaires sont quasiment inexistants/
Le moyen de se prémunir est de ne pas s’engager dans des opérations de long terme
de type moucharaka ou istisnaa ou ijara et de maintenir à l’actif un volume important de
liquidité. Ce sont les moyens utilisés jusqu'à présent par les banques et qui leur ont permis de
ne pas rencontrer de grandes difficultés. Mais l’une ou l’autre de ces solutions nuit à la
rentabilité et au développement de ces banques qui ainsi ne profitent pas des opportunités
intéressantes d’investissement.

La plupart des grandes banques islamiques ont mis en place des procédures de gestion et de
risque. Elles « s’assurent qu’elles disposent toujours de suffisamment de liquidités pour
payer leurs dettes à l’échéance, dans des conditions normales et non stressantes, sans
encourir de pertes inacceptables ou risquer de nuire à la réputation de la banque ». C’est le
département trésorier qui est généralement chargé de gérer ce risque. Pour cela, il s’assure de
la diversification des ressources de fonds, maintient un portefeuille d’actifs à court terme
liquides, notamment des placements interbancaires (non rémunérés), et calcule régulièrement
des indicateurs de mesure du risque comme :

• Le ratio : cash + actifs (mourabaha)/dettes

22
• Le ratio : total des actifs selon le degré de liquidité/total des dettes selon le degré
d’exigibilité.

Ce dernier ratio est calculé à différents horizons : moins d’un momois, 6 à 12 mois, 1 à 3
ans, 3 à 5 ans, plus de 5 ans.

4. Les risques opérationnels


Ce sont ceux provenant d’événement internes à la banque (erreurs du personnel, faiblesse du
contrôle interne…) ou d’événement externes (détériorations des biens, escroquerie de
clients…).

En la manière, la banque islamique est particulièrement exposée pour les raisons suivantes :

• La non standardisation de la plupart des produits bancaires, qui peuvent présenter des
différences selon les pays, selon les banques et selon les exigences des membres du
comité de la chria. En conséquence, on ne dispose pas de référence pour rédiger les
contrats, pour régler les conflits éventuels ;
• La complexité de la gestion des produits basés sur le partage des profits et pertes, à
laquelle s’ajoute la diversité des placements possibles.

• L’inexpérience du personnel des banques islamiques due à la création relativement


récente de ces banques ;

• L’inexistence de systèmes d’informations de gestion et de logiciels adaptés à


l’activité des banques islamiques ;
• Le risque de « malhonnêteté des emprunteurs qui peuvent toujours dissimuler leurs
bénéfice pour donner moins à la banque, ainsi que l’aventurisme de certaines
personnes qui se permettent de prendre de grands risques avec l’argent d’autrui et qui
trouvent dans les banques islamiques l’occasion de satisfaire leurs rêves »
(Benmansour, 1994) ;
• Le risque de réputation provenant de rumeurs (financement du terrorisme, laxisme du
comité de la charia…)

• Le risque s’insuffisance de rendement entrainant un risque de liquidité qui luimême


entraine un risque de refinancement à un cout élevé, d’où l’escalade dans la baisse
des résultats ;

23
• Le risque commercial translaté existant lorsqu’une banque n’assure pas une
rentabilité suffisante aux détenteurs qui comparent la rémunération des banques
islamiques à celle des banques conventionnelles et, en conséquence, retirent leurs
fonds.
Ces derniers risques sont généralement couverts par la constitution de réserves ou de
provisions. La banque peut également décider de réduire sa marge afin d’assurer une
rémunération compétitive à ses clients. On assiste alors à une translation de la rémunération
des actionnaires vers celle des clients.

II : Système de gestion des risques des banques islamiques

Outre l’utilisation des moyens de couverture des différents risques, la diffusion d’une culture
de gestion des risques est devenue un élément essentiel de la stratégie des banques
islamiques et des organismes de réglementation et de contrôle .L’amélioration d’une culture
efficace de gestion des risques passe par la collaboration active des différents acteurs
(organes de contrôle des banques , dirigeants des banques ,spécialistes de la charia …), la
mise en place d’un système interne d’évaluation et de contrôle ,la publication des rapports
d’évaluation ,les audits externes .
Des efforts ont été entrepris par les grandes banques islamiques pour ce qui concerne le
respect des normes de suffisance de capital, la mise en place d’une gestion des risques et
l’adoption de systèmes de rating.

1. Le respect des normes de suffisance de capital


Malgré l’inadaptation des normes prudentielles du comité de Bâle à la réalité des banques
islamiques, les organes œuvrant à l’amélioration de la gestion des banques islamiques,
préconisent le respect des normes de suffisance de capital. C’est l’approche standard
d’évaluation des risques, basée sur un rating externe qui est retenue, du moins pour les actifs
qui se prêtent à ces modalités d’évaluation, comme les créances .Pour les autres actifs, les
banques suffisamment développées adoptent une approche basée sur le rating interne .

Selon le comité de Bâle, le ratio de suffisance (Capital/Actifs risqués) doit être au moins de
8%.La banque centrale de Bahreïn (BMA) a fixé ce taux à 12%.celle du Qatar à
10%.Actuellement, il atteint souvent des valeurs plus élevées dans les grandes banques.

24
Rappelons la création en 2002 du CSFI (conseil des services financiers islamiques) chargé
spécialement, sous l’égide de la BID, d’établir des règles spécifiques de prudence et de
supervision.

2. La mise en place d’une gestion des risques


On assiste dans les grands banques à la mise en place d’une véritable gestion des risques qui
se manifeste par :

• La création d’entités organisationnelles chargées d’élaborer des politiques de gestion


des risques et de surveiller l’application des mesures préconisées : comité de crédit,
comité de risque, comité d’audit …
• L’élaboration de procédures ou l’amélioration des systèmes de contrôle existants ;
• La surveillance régulière de la suffisance de capital : ratio Mac Donough (ratio de
solvabilité bancaire), mais également les ratios de liquidité ;
• La diffusion d’information relatives aux risques encourus et aux politiques et
procédures retenues pour mesurer et gérer ces risques.

Le problème est que la mise en place de structures appropriées et l’élaboration de systèmes


de gestion des risques est uniquement le fait des grandes banques .Les établissements de
petite taille, dont les risques sont relativement aussi élevés, ne peuvent mettre en place les
mesures appropriées.

3. L’adaptation de systèmes de rating


Les banques centrales ont généralement mis en place des modèles de surveillance de types
CAMELS (capital Adequary, Asset Quality, Management, Earnings, Liquidity, Sensivity to
Market Risk) –le plus connu – et les banques de ces pays gèrent alors leurs risques par
référence à ces modèles .Il a été créé par les organismes de régulation bancaire américains
pour évaluer la situation financière des institutions de crédit .Cette méthode repose sur
l’examen des cinq domaines cités .La banque centrale établit pour chaque banque un score de
1 (Excellent) à 5 (mauvais) pour respectivement chaque facteur. Lorsque le score moyen de
la banque est inférieur à 2, la gestion de la banque est considérée comme de bonne qualité ;
lorsque le score est supérieur à 3, la gestion n’est pas satisfaisante. Ce système permet
d’identifier les banques qui méritent une attention particulière.

Reprenons chacun des six domaines :

25
• Le capital Adequary ou l’adéquation du capital est examiné par le respect du ratio de
suffisance du capital ou ratio Mac Donough ;

• L’asset Quality est assurée soit par le recours à la constitution de provisions ou de


reserves,soit par l’enregistrement de pertes selon l’état des actifs ; Le management
est évalué sur sa compétence, l’adaptation aux changements, le respect de la
réglementation et de la politique interne de la banque ;

• Les Earnings sont considérés de qualité lorsqu’ils proviennent de l’activité, c’est-


àdire par une augmentation des produits et une diminution des charges d’exploitation
plutôt que par des profits exceptionnels ou des manipulations comptables ;
• La liquidity est la capacité des actifs à devenir liquides, on la mesure par les ratios de
liquidité ;

La sensivity to market risk , ou sensibilité aux risques du marché , risque de taux, de change
de prix , est examinée à partir des différentes parades utilisées

LES INSTITUTIONS FINANCIERES ISLAMIQUES :


NATURE ET RISQUES
Pour comprendre les risques encourus par les institutions financières islamiques, nous allons
dans un premier lieu discuter de la nature de ces institutions. Avant de procéder à cette
discussion, nous exposons d’abord les différents types d’institutions conventionnelles. Les
intermédiaires financiers se composent généralement des institutions de dépôts, des
intermédiaires d’investissement et des intermédiaires contractuels. Les banques
commerciales, qui forment la grande majorité des institutions de dépôts, sont des spécialiste
20 Pour une discussion des différents types de crédits dérivés, cf. Caouette et al. (1998, pp.
307-309) et Crouhy et al. (2001, pp.448-61).

Banque (Vendeuse de risque) Acheteur de risque de l’intermédiation en mobilisant les fonds


auprès du public sous forme de dépôts pour les prêter de nouveau aux différents agents
déficitaires. Les intermédiaires d’investissement se spécialisent plutôt dans l’offre de fonds
liquides en achetant les titres (à long terme) émis par les gros projets d’investissement. On
peut citer comme exemple les fonds mutuels ayant pour clients les propriétaires qui reçoivent
des revenus sous formes de dividendes et de gains en capital. Les intermédiaires
d’investissement plus particulièrement investissent dans les marchés secondaires donnant aux
financiers l’opportunité de s’approprier des titres émis par des agents publics ou privés. Les

26
intermédiaires contractuels se constituent essentiellement des compagnies d’assurance et des
caisses de retraite.21 Iqbal et al. (1998) font la distinction entre deux modèles de banques
islamiques basés sur la structure des actifs.22 Le premier est le modèle de la double
Moudharaba qui remplace le taux d’intérêt par les modes de participation aux profits au
niveau de l’actif et du passif des banques. Dans ce modèle, tous les actifs sont financés par le
mode de financement Moudharaba.

Ce modèle permettra aussi à la banque islamique de jouer le rôle d’un intermédiaire


d’investissement et non pas d’une simple banque commerciale (Chapra 1985, p.154). Le
second modèle est celui de la simple Moudharaba avec des outils d’investissement multiples.
Ce modèle a vu le jour parce que les banques islamiques ont fait face à des problèmes d’ordre
opérationnel et pratique, en essayant d’utiliser les modes de financement participatifs, pour ce
qui concerne les emplois des ressources mobilisées (actif bancaire). Cette situation a conduit
les banques à consacrer les modes de financement à rémunération fixe aux dépens de autres
modes participatifs. Ces modes consacrés comprennent la Moudharaba (financement d’une
transaction commerciale avec marge de profit prédéterminée), la vente à tempérament 21
Selon la réglementation de chaque pays, les institutions financières peuvent remplir
différentes fonctions. Les banques universelles par exemple sont des institutions consolidées
qui offrent des services financiers variés, tels que l’intermédiation, la gestion des
investissements, l’assurance, le courtage, l’achat d’actions d’entreprises non-financières
(Heffernan 1996). Le cas le plus simple d’une banque universelle est celui où le passif
ressemble parfaitement à celui des banques commerciales, mais où l’actif diffère énormément.
Alors que l’actif des banques commerciales se compose essentiellement de prêts, les banques
universelles possèdent des participations en capital (actions) en plus des prêts. En possédant
des actions, les banques universelles participent à la gestion et au processus de prise de
décisions des entreprises financées. 22 Iqbal et al. (1998) citent en fait trois modèles, le
troisième étant le cas des banques islamiques agissant comme agent (wakil) en gérant les
fonds de leur clientèle contre paiement d’une commission fixe. (Mourabaha à moyen et long
terme), l’istisnaâ / le salam (livraison différée et paiement anticipé) et l’ijara.

Les banques islamiques offrent des services financiers tout en se conformant à la prohibition
de la Riba par la religion. La riba est un revenu (intérêt) calculé à l’occasion d’un contrat de
prêt (Qard). Cette injonction religieuse a mis en évidence la différence entre les comptes
courants (prêt sans intérêt profitant à la banque) et les dépôts d’investissement (fonds
Moudharaba). Dans le premier cas, le remboursement sur demande du montant principal est

27
garanti sans aucune rémunération. Les titulaires des comptes courants ne partagent donc pas
les risques de la banque. Mais dans le cas des dépôts d’investissement, la banque ne garantit
ni le principal, ni un revenu fixe. Les comptes d’investissement peuvent être limités ou
illimités. La première catégorie de compte concerne les dépôts destinés à des projets bien
déterminés.

Les titulaires de ces comptes d’investissement partagent et les risques encourus par la banque
et les profits réalisés sur la base du pro rata de leur mise de fonds. Les contrats Qard Hassan et
Moudharaba sont donc les deux piliers fondamentaux des banques islamiques, par conséquent
leurs caractéristiques doivent être scrupuleusement respectées afin de préserver la nature
unique des banques islamiques.

La banque islamique telle que décrite précédemment semble avoir les caractéristiques d’un
intermédiaire d’investissement et d’une banque commerciale. La nature de la propriété de la
banque islamique ressemble à celle d’une banque commerciale car les déposants ne
participent pas au capital de la banque et n’ont pas le droit de vote. En termes de finance
islamique, cela veut dire qu’au moment où le contrat Moucharaka caractérise les propriétaires
de fonds propres, les dépôts prennent la forme de contrats Moudharaba.

24 La banque islamique a cependant beaucoup de similarités avec les intermédiaires


d’investissement, du fait qu’elle est appelée à partager les profits réalisés avec les titulaires
des comptes d’investissement. Une fois ces comptes rémunérés, les bénéfices résiduels seront
distribués aux actionnaires sous forme de dividendes. Le recours aux modes de financement
participatifs transforme la nature des risques encourus par les banques islamiques. Les
revenus des dépôts d’épargne/investissement ne sont pas déterminés ex ante. Comme les
déposants sont rémunérés selon la règle de partage des profits, ils doivent alors encourir leur
part de risques liés aux opérations de la banque. Le caractère particulier de Pour une
discussion de ces modes de financement, cf. Ahmad (1993), Kahf et Khan (1992) et Khan
(1991). 24 La différence entre la musharaka et la mudaraba est que dans la première le
financier participe à la gestion du projet alors que dans la mudaraba celui-ci n’a aucun droit
de gérance.

Ces dépôts participant aux bénéfices et aux pertes introduit de nouveaux types de risques. En
outre, l’utilisation des modes de financement islamiques dans les emplois (actif) de la banque
provoque des changements au niveau des risques traditionnellement encourus. Dans les

28
paragraphes qui suivent, nous procéderons à l’analyse de ces risques encourus par les banques
islamiques et ceux inhérents aux différents modes de financement.

Nature des risques encourus par les banques islamiques Le risque de crédit : Le risque de
crédit est lié au défaut de paiement se manifestant lorsqu’une partie du contrat avance des
fonds (e.g. contrat Salam ou Istisnaâ) ou délivre une marchandise (e.g. contrat Mourabaha)
avant de recevoir la contrepartie de son financement et s’expose, donc, à des pertes
potentielles. Dans le cas des modes de financement participatifs (Moucharaka ou
Moudharaba), le risque de crédit se manifeste par le non-paiement par l’entrepreneur de la
part revenant à la banque lorsque celle-ci devient exigible. Ce problème devient encore
pertinent en cas d’asymétrie d’information liée à la méconnaissance des profits réels réalisés
par l’entreprise. Concernant les contrats Mourabaha, le risque de crédit prend la forme d’un
risque de contrepartie dû à la mauvaise performance du partenaire. Cette mauvaise de
performance peut être d’origine externe due à des causes systématiques.

Le risque de référence : Comme les banques islamiques ne pratiquent pas de taux d’intérêt, il
semble qu’elles sont à l’abri des risques de marché liés à la fluctuation des taux d’intérêt.
Toutefois, les variations des taux de marché présentent certains risques pour les gains des
institutions financières islamiques.

Les institutions financières utilisent un taux de référence pour déterminer le prix des différents
instruments financiers. Ainsi, dans un contrat Mourabaha, la marge de profit est déterminée
par le rajout d’une prime de risque au taux de référence (généralement le LIBOR). La nature
de l’actif à revenu fixe fait que la marge soit fixée pour la durée du contrat. Par conséquent, si
le taux de référence varie, les taux de marge fixés dans les contrats Mourabaha ne peuvent pas
faire l’objet d’ajustement. Les banques islamiques ont donc à faire face à des risques émanant
des variations de taux d’intérêt.

Le risque d’illiquidité : Le risque d’illiquidité provient des difficultés à mobiliser des


fonds à coût raisonnable (emprunts) ou à vendre des actifs financiers. Le risque d’illiquidité
émanant de ces deux sources est d’une importance particulière pour les banques islamiques.
Sachant que les emprunts à intérêt sont prohibés par la Chari’a, les banques islamiques ne
peuvent pas recourir à ce mécanisme pour se ressourcer, le cas échéant, en argent liquide. De
même, la Chari’a n’autorise pas la vente d’une créance en dehors de sa valeur nominale. Par
conséquent, il est exclu pour les institutions financières islamiques de s’alimenter en argent
liquide en vendant des actifs financiers. Le risque opérationnel : Etant des institutions de

29
création récente, les banques islamiques encourent un risque opérationnel provenant
essentiellement du manque de personnel qualifié capable de mener efficacement des
opérations financières islamiques. Le caractère spécial des banques islamiques fait que les
logiciels informatiques disponibles sur le marché ne soient pas utiles pour les banques
islamiques car ils sont conçus pour les banques traditionnelles. Cela ajoute un nouveau type
de risques liés à l’utilisation de la technologie informationnelle au niveau des banques
islamiques. Le risque juridique : Sachant que les contrats financiers consacrés par les banques
islamiques ont un caractère un peu spécifique, celles-ci encourent des risques liés à leur
documentation et leur mise en application. En l’absence de formalisation de ces contrats pour
les différents instruments financiers, les banques islamiques continuent de les concevoir en
fonction de leur appréhension de la Chari’a, des lois nationales, de leurs besoins et leur
intérêt.

Ce manque d’uniformisation des contrats et l’absence de cadre juridique destiné à résoudre les
problèmes liés à l’exécution de ces contrats pour toutes les parties concernées font augmenter
les risques d’ordre juridique associés aux engagements contractuels des banques islamiques.

Le risque de retraits imprévus : Un taux de rendement variable sur les dépôts


d’épargne/investissement représente une source d’incertitude quant à la valeur réelle des
dépôts. Le souci de préservation des actifs financiers contre le risque de dépréciation des
dépôts en cas de suspicion de perte, due en partie à des taux de rendement relativement
faibles, peut conduire les déposants à retirer massivement leur argent. Du point de vue de la
banque, cela constitue pour elle un ‘risque de retrait’ lié au taux de rendement faible par
rapport aux autres institutions financières.

Le risque fiduciaire : Ce risque est lié au taux de rendement faible qui peut être interprété par
les déposants/investisseurs comme étant un manquement au contrat d’investissement ou
comme signe d’une mauvaise gestion des fonds par la banque (OCAIFI 1999). Le risque
fiduciaire peut être causé par une rupture du contrat pour la banque islamique. Celle-ci peut
par exemple être incapable de répondre aux exigences de la Chari’a concernant les divers
contrats. Le propre d’une banque islamique est de se conformer aux injonctions de la Chari’a ;
le non-respect de ces injonctions peut créer un problème de confiance provocant des retraits
massifs des dépôts. Un risque commercial déplacé : Cela concerne le transfert de risque
associé aux dépôts vers les actionnaires de la banque. Cela se passe lorsque les banques, sous
pressions de l’environnement, se trouvent contraintes de se délaisser d’une partie de leurs
bénéfices pour rémunérer les déposants afin de prévenir des retraits massifs causés par des
30
taux de rendement faibles (OCAIFI 1999). Ce risque commercial déplacé implique que,
malgré le respect par la banque des injonctions de la Chari’a, celle-ci est incapable de payer
des taux de rendement compétitifs par rapport à leurs consœurs ou aux autres institutions
concurrentes. Cela peut également provoquer des retraits de dépôts. Pour les prévenir, les
actionnaires de la banque auront besoin de procéder à une ponction de leur part en bénéfices
au profit des déposants/investisseurs.

31
Chapitre 3 : analyse d’un dossier de crédit chez la banque
islamique de la Mauritanie

Après l’analyse du dossier de crédit particulier, l’analyste rédige un rapport et émet son avis.
Pour la BIM, l’avis d’un crédit particulier n’a pas besoin du comité de crédit, il suffit l’avis du
directeur engagements.

3.2.2. Procédure de l’analyse d’un dossier de crédit entreprise


L’analyse d’un dossier de crédit entreprise a le même enchainement que le dossier particulier.
Mais vu les caractéristiques du client, l’appréciation du risque est totalement différente et plus
compliquée.

L’étude d’un dossier crédit entreprise passe par les différentes étapes suivantes :

1) Vérification des documents nécessaires

Pour un dossier de crédit entreprise, l’analyste doit vérifier que le dossier contient : un sous
dossier juridique, sous dossier financier, sous dossier garanties. Ces sous dossiers doivent être
accompagnés par une demande qui précise le montant, l’échéance et le besoin du crédit
sollicité. En cas d’absence d’un document, l’analyste doit contacter le chargé clientèle pour le
renvoyer.

2) L’étude générale du dossier

L’étude générale d’un dossier de crédit entreprise comprend 4 éléments :

 Les engagements de l’entreprise


 Présentation de l’entreprise
 L’analyse économique
 L’analyse financière

2.1. Les engagements de l’entreprise :


L’analyste doit commencer par consulter l’ensemble d’engagements pris par l’entreprise à
travers le système d’échange interbancaire, puis ces incidents de paiement, les mouvements et
les soldes de ces comptes. Il donne une vue générale sur l’entreprise et son comportement.

32
2.2. Présentation de l’entreprise :
Cette présentation se base sur les éléments suivants :

 Présentation de l’entreprise : forme juridique, capital social, siège social et une


description de ses dirigeants et son activité
 L’objet de crédit : Extension, renouvellement, ou de crédit d’investissement
 Le mode de financement envisagé
 L’ancienneté de la relation
 L’importance des mouvements confiés
 Les incidents de paiement des engagements

2.3. L’analyse économique


Cette étude se base sur l’opportunité économique du projet à traves l’étude de
l’environnement de l’entreprise.

_ Historique :

L’analyste doit présenter le principal événement, la structure juridique (statu), présentation


des dirigeants.

Structure Social
Associés Capital en MRU %
Associé X 50 000 50%
Associé Y 50 000 50%

_ Activité :

L’analyste annonce le détail de l’activité, les produits ou le service vendu, la répartition de


CA, la spécialisation et les principaux points forts.

_ Clients :

L’analyste doit bien cerner le risque clientèle par l’identification du mode de paiement,
répartition du chiffre d’affaire.

33
_ Fournisseur :

Il faut aussi cerner le risque fournisseur en identifiant le mode paiement et la répartition des
achats.

2.4. L’analyse financière :


 Le bilan comptable : C’est une image du patrimoine de l’entreprise durant
unexercice N, constitué par l’actif ce que l’entreprise possède et le passif ses
ressources.
 Le bilan financier : C’est une représentation du patrimoine réel de l’entreprise. Son
élaboration nécessite le passage des étapes préliminaires (Réévaluation des actifs, la
répartition des bénéfices, le retraitement de la subvention d’investissement et la
réintégration des hors bilan).
 L’état de résultat : c’est une représentation qui contient les revenus et les gains
d’une part, et les charges et pertes d’autre part, durant un exercice N et reflète la
performance financière et la rentabilité de l’entreprise.
 L’état de flux de trésorerie : Il retrace l’ensemble des flux de trésorerie, qu’ils
soient liés aux activités d’exploitation, de financement, ou d’investissement d’une
entreprise.

2.4.1. Les outils d’évaluation :

2.4.1.1. Analyse de la Rentabilité de l’entreprise :


 La Marge Nette = (Résultat Net/CA)*100

2.4.1.2. Analyse bilancielle :


 Le Fond de Roulement(FR)

On peut le calculer avec deux méthodes :

 Par le haut du Bilan

FR= Capitaux permanents – Actifs non courants

= (Capitaux Propres + Amortissement et Provisions des Actifs + PNC) – ANC

 Par le bas du Bilan

FR= Actifs courants – Passifs courants.

34
 Le Besoin en Fond de Roulement(BFR) = BFR d’exploitation + BFR hors
exploitation

BFR= (Actifs Courants d’Exploitation – Passifs Courant Exploitation) + (Actifs Courants


Hors Exploitation –Passif Courant Hors Exploitation)

2.4.1.3. Analyse de la trésorerie :


 La Trésorerie Nette(TN)

Elle se calcule par deux méthodes :

 TN= Liquidité et équivalent de liquidité – Concours bancaires


 TN = Fond de Roulement – Besoin en Fond de Roulement

Cas 1 : FR >BFR, TN>0

Le FR finance en totalité le BFR et le reste est un excédent de trésorerie.

Cas 2 : FR<BFR, TN<0

Le FR finance qu’une partie du BFR et le reste par crédit bancaire.

2.4.2. Analyse de solvabilité et de liquidité :


 Evolution du CA en pourcentage =(𝐶𝐴𝑛 − 𝐶𝐴𝑛−1 )/ 𝐶𝐴𝑛−1
 Ratio de Liquidité générale =Actifs Courants/Passifs Courants
 Ratio de solvabilité générale =Actifs réels totaux/ Passifs totaux
 Ratio d’autonomie financière =Passifs non courants/Capitaux propres
 Ratio d’endettement =Total des passifs/Total Bilan

3) Evaluation du risque de crédit


Pour cerner le risque de crédit entreprise, la BIM a élaborée un système pour se couvrir. Ce
système facilite le travail des analystes en mettant à leur disposition un ensemble des ratios
clés qui permettent une meilleure étude d’activité, de rentabilité, de la structure et de
trésorerie du client. Il aide à prendre une décision tout en offrant une vue générale sur
l’entreprise.

Ce système est une synthèse entre :

 Le calcul de plusieurs critères financiers

35
 Le risque commercial
 Le risque promoteur
 La centrale risque
a. Calcul des critères financiers

Le bilan : les fonds propres, ratio de capitalisation financière, ratio d’endettement, l’équilibre
financier et la trésorerie.

L’état de résultat : Chiffre d’affaire, croissance, rentabilité d’exploitation, rentabilité nette,


la capacité d’autofinancement...

b. Le risque commercial

L’analyste se base sur les informations collectées des tiers pas celles offertes par le client
durant son entretien (sa réputation, ses relations avec le gouvernement, les autres entreprises
s’il en a, sa famille si elle est riche ou pas solidaire ou pas, ses anciens problèmes et comment
il a procédé pour s’en débarrasser…..

c. Le risque promoteur :

Pour ce risque, l’analyste se base sur l’ancienneté et l’expérience du client dans son domaine,
son niveau intellectuel (ses diplômes), comment il gère son entreprise, sa commercialisation
de son produit, son entourage, ses conseillers, sa vision future sur le marché, comment il
exploite ses opportunités…….

d. La centrale risque :

C’est une base de données gérée par la BCM. Chaque banque envoie un rapport mensuel de la
totalité de ses engagements de toute la clientèle, à son tour la BCM consolide les engagements
reçus de chaque banque pour en faire un seul rapport contenant l’engagement total de chaque
client dans toutes les autres banques et elle l’envoie à chaque banque.

36
4) Evaluation des garanties proposées
Dans cette étape, l’analyste passe à l’évaluation des garanties proposées. Dans ce cadre, il
existe plusieurs type de garanties qui peuvent être présentées dont :

- Les garanties d’usage portant sur le projet financé,

- Les garanties en dehors du projet à cause de l’insuffisance de la liquidité disponible ou


l’existence d’un risque très élevé,

- Les suretés réelles : hypothèques,

- Les suretés personnelles : Aval et caution solidaire

5) Synthèse avis et décision


A la fin de la procédure d’étude du dossier de crédit entreprise, l’analyste rédige une synthèse
de l’analyse du dossier et émet un avis technique sur la base des éléments déterminés ci-
dessus.

Pour la BIM, le dossier crédit entreprise passe par différentes étapes :

 Directeur banque détail


 Directeur banque entreprise
 Directeur Opérations
 Conseiller Juridique et contentieux
 Directeur Risque
 Comité de crédit et Direction générale

Enfin, l’analyste transmet la décision au chargé d’affaire.

37
Section 3 : L’analyse d’un dossier de crédit entreprise :
Cas pratique
Analyse financière :

I. ENGAGEMENTS ET SOLVABILITE

a- Engagements bancaires (centrale Risque) :


b- Historique :
Le client a ouvert son compte tout récemment le 27/04/2021 et il n’a versé aucun
montant jusqu’aujourd’hui .Il bénéficie actuellement de deux lignes de financements
(engagements direct ) avec l’ABM. L’un de MRU 1 500 000 et l’autre de MRU
3 000 000 la centre risque montre un engagement par signature de MRU 212 548 et
un engagement total de MRU 4 513 210
Les échéances ont été payées sans aucun incident de paiement jusqu’aujourd’hui.

II. ETUDE ECONOMIQUE

L’analyse économique se fait au niveau de l’agence qui présente l’entreprise concernée son
historique et ses actionnaires, son activité, la structure du capital, les principaux clients et
fournisseurs. Ces documents sont traités et analyser pour être transmis à la direction
engagement sous forme d’un résumé de la situation de l’entreprise.
XXY SARL est une société mauritanien créé le 12 novembre 2009 par MR X un entrepreneur
qui évolue dans le BTP MR X dispose en son actif une expérience avérée de plud de 15 ans
dans le domaine du BTP . le client a déjà réaliser plusieurs marche avec le secteur étatiques ,
il dispose d’une grande quincaillerie au marché central , est une usine de peinture qui fabrique
uniquement de la peinture à l’eau .
a- Description détaillée de l'objet du financement :
Nous sommes sollicités pour une mourabaha one off de MRU 4 000 000 sur 24 mois. Ce
financement sera destiné pour l’achat d’un camion

38
b- Détails de la relation:
Nom. Société SARL xxy
Capital/registre commerce RC : *******
Propriétaire MR ***
Gérant MR ***

Date création 12/11/2019


Nombre d’employés
Secteur BTP
Etablissement bancaires BIM . ABM . BPM

III. Analyse Financière

Les Bilans des exercices 31/12/2020 et 31/12/2021 ont été communiqués.

Bilan fonctionnelles ( annexe):

Actif Décembre 2020 Décembre 2021


Actifs non-courants 772.360 742.073
Immobilisations corporelles 735.424 705.423
Actif de prospection 738 489
Actifs incorporels 4.537 6.451
Autres actifs financiers 13.187 12.862
Participation dans les Ste associées 1.229 1.439
Titres mis en équivalence 17.193 15.337
Impôts différés actifs 51 72
Actifs courants 233.183 235.599
Stocks 71.424 67.114
Clients et comptes rattachés 14.274 55.571
Autres débiteurs 35.917 33.001
Contrats à terme 355 346
Trésorerie et équivalant de trésorerie 111.214 79.566
Total Actifs 1.005.543 977.672

39
Passif Décembre 2020 Décembre 2021
Capitaux propres et Réserves 675.386 672.381
Capital émis 182.700 182.700
Primes d’émission 6.464 6.464
Gains nets latents sur contrats à terme 18.558 20.637
Résultats accumulés non distribués 467.664 462.581
Réserve légale 10.834 10.834
Reports à nouveaux 467.600 400.614
Résultat de l’exercice (58.264) 1.504
Ecart de réévaluation 47.494 49.629
Intérêts minoritaires 4.167 4.838
Passifs non-courants 49.858 191.668
Emprunts portant intérêt 26.299 162.629
Obligations 17.809 23.484
Provisions 5.750 5.555
Passifs courants 276.132 108.785
Fournisseurs et comptes rattachés 41.663 30.502
Impôts 1.136 6.097
Autres taxes 2.624 5.957
Autres créditeurs 226.289 63.112
Concours bancaires 1.962 2.081
Contrat à terme 2.457 1.036
Total Passifs 1.005.543 977.672

Interprétations :

Année 2020 2021

Evolution du CA =(𝐶𝐴𝑛 − 𝐶𝐴𝑛−1 )/ 𝐶𝐴𝑛−1 - 97,31%

D’après les tableaux précédents, nous apercevons que les fonds propres sont de 672 000 MRU
dont 18 200 000 million MRU du capital social. La société est bien capitalisée. L’évolution du
CA montre que l’entreprise a doublé son CA durant l’année 2021 par rapport avec 2020.

40
Année 2020 2021

Fond de Roulement (42.949) 126.814

Besoin en Fond de Roulement (150.097) 62.212

Trésorerie nette 107.148 64.602

Le FR à augmenter passent par une diminution vers une augmentation de 126814 couvrant le
Besoin en Fond de Roulement avec une trésorerie positive de 64 602 . Ceci nous permet de
conclure que durant ces exercices les ressources durables ont couvert la totalité des emplois
stables et ont laissé une marge de sécurité à la société “XXY” pour financer son activité et ses
investissements à long terme.

b. Besoin en fonds de roulement :

Le besoin en fonds de roulement désigne le besoin en trésorerie rendu nécessaire du fait de


l’activité d’une entreprise. Très souvent, il existe un décalage de trésorerie entre les
encaissements et les décaissements. Le besoin en fonds de roulement représente la somme
d’argent nécessaire pour effacer ce décalage de trésorerie.

c. Trésorerie nette :

La trésorerie nette est un indicateur comptable et financier fondamental pour une entreprise.
Sa détermination, son analyse et son suivi permettent de pratiquer une

gestion efficace des affaires.

Année 2020 2021

Trésorerie nette
107.148 64.602

la société “XXY” a dégagé une trésorerie positive. Cette trésorerie a diminuer en 2021 passant
de 107 148 en 2020 à 64 602 en 2021. Cela nous permet de conclure que le fonds de

41
roulement na pas couvert la totalité de BFR et qu’il ya pas un excédent de trésorerie pour la
société qu’elle peut le placer à court terme.

Année 2020 2021

Ratio de liquidité générale =Actifs Courant/Passifs Courant 0,84 2,16

Pour avoir une marge de sécurité il faut que le ratio de liquidité générale soit supérieur à 1, ce
qui n’est pas le cas en 2020, mais nous avons vu que ce ratio a subit une augmentation en
2021 jusqu’à 2,16 et plus ce que ce ratio est élevé, plus l’entreprise pourra faire face à ses
engagements à court terme.

Année 2020 2021

Ratio de solvabilité générale =Actifs réels totaux/Passifs totaux 3,03 3,18

L’entreprise est solvable d’après son ratio de solvabilité qui est de 3,18 durant l’exercice
2021. On voit par ailleurs que ce ratio a augmenté, allant de 3,03 en 2020 à 3,18 en 2021.

Année 2020 2021

Ratio d’endettement =Total des Passifs/Total Bilan 32,83% 31,22%

Ratio d’Autonomie financière =PNC/Capitaux Propres 7,38% 28,5%

L’endettement à terme est constitué d’un encours de 16 millions MRU qui représente 19,6%
des ressources avec un ratio d’endettement de 31,22% expliquant l’exploitation de la capacité
d’endettement. L’entreprise est bien assurée contre ses partenaires financiers avec une
autonomie financière de 28,5%.

Année 2020 2021

Trésorerie nette 107.148 64.602

42
1. Analyse de l’activité

Etat de résultat reporté (annexe 2)

Décembre 2020 Décembre 2021


Chiffre d’affaire 111.250 219.508
Produits des activités annexes 4.900 4.879
Autres produits opérationnel 9000 4.485
Produits des activités ordinaires 125.150 228.872
Variation des stocks (3.767) (315)
Production immobilisée 10.385 6.282
Marchandises et matières consommées (71.139) (71.021)
Frais de personnel (36.782) (39.649)
Dotations aux amortissements et provisions (39.219) (66.757)
Impôts et taxes (482) (2.315)
Autres charges opérationnelles (12.644) (16.723)
Résultat opérationnel (28.498) 38.373
Produits financiers 17.568 12.746
Charges financières (36.710) (29.248)
Quote-part dans le résultat (713) (1.295)
Résultat avant impôt (48.353) 20.575
Impôt (9.734) (18.937)
Résultat net (58.087) 1.638

Sur le plan commercial, la société réalise un chiffre d’affaire d’un montant de 21 million
MRU soit une augmentation de 97,31% en 2021. Le résultat net dégagé fin 2021 s’élève à
106380 milles MRU contre un résultat déficitaire en 2020 du à un faible chiffre d’affaire car
on constate des petites variations au niveau des produits et charges des deux années.

A partir de l’Etat de résultat, nous arrivons à établir les SIG qui nous permettront d’élaborer
la Capacité d’autofinancement.

Pour déterminer la capacité d’autofinancement (CAF), nous allons adopter la


méthode «soustractive » :

2020 2021
Excédent Brute d’exploitation 21.899 116.202
+ Autres produits ordinaires 9.000 4.485
- Autres charges ordinaires 12.644 16.723
+ Produits financiers 17.568 12.746
- Charges financières 36.710 29.248
+ Gains extraordinaires 0 0

43
- Pertes extraordinaires 0 0
- Impôt sur le bénéfice 9.734 18.937
Capacité d’autofinancement de l’exercice %CA -9,54% 31,21%

La capacité d’autofinancement représente 31,21% du chiffre d’affaire, ce que veut dire que
l’entreprise est solvable.

2. Evaluation du risque
2.1. Classification dans le secteur bancaire

Date Classe Libellé Complet

04/2021 0 Actifs Courant Non

11/2020 0 Actifs Courant Non

05/2019 1 Actif nécessitant Non


un suivi
particulier

12/2018 1 Actif nécessitant Non


un suivi
particulier

07/2018 0 Actif courant Non

02/2018 1 Actif nécessitant Non


un suivi
particulier

2.2. Les règlements de classements


 Classe 0 : (actifs courants) : Actifs dont la réalisation est assurée à 100% dans les
délais et qui sont détenus par une entreprise dont la situation financière est équilibrée.
 Classe 1 : (Actifs nécessitant un suivi particulier) : Actifs dont la réalisation est
encore à 100% mais ils nécessitent une suivi particulier et n’ont pas besoins de
provisions.

44
 Classe 2 : (Actifs incertains) : Créances incertaines, et pour lesquelles les retards de
paiements est supérieurs à 90 jours et inférieurs à 180 jours et nécessitent des
provisions de 20%.
 Classe 3 : (Actifs préoccupants) : Créances douteuses, et pour lesquelles les retards
de paiements des intérêts ou du principal sont supérieurs à 180 jours et inférieurs à 1an
et nécessitent des provisions de 50%.
 Classe 4 : (Actif compromis) : Actifs qui doivent être passé par des pertes. Les
créances pour lesquelles les retards de paiements des intérêts ou du principal sont
supérieurs à 1an et nécessitent des provisions de 100%.
2.3. Le risque commercial :

Notre client a une bonne réputation, il a un frère ministre, de plus il a une entreprise de
tâcheronnat qui lui permet de réalisé des revenus supplémentaires, il reçoit aussi des transferts
venant de l’Angola pour les investir en Mauritanie, et il n’a pas de casier judiciaire.

2.4. Le risque promoteur :

Notre client est parmi les premiers dans son domaine, expérimenté de plus de 10ans, il est
diplômé d’une maitrise en économie, c’est bon gérant et il est entouré par des excellents
conseillés, et il a une bonne vision sur le marché.

Enfin, nous terminons notre travail avec une étude des garanties proposées par notre client.
Les principales garanties sont :

- ACS du gérant

Hypothèque du TF N°****

45
CONCLUSION :

Ce stage m’a offert l’opportunité d’améliorer mon parcours professionnel et découvrir la vie
pratiques des entreprises et de concrétiser les théories apprises. Du point de vue pratique, il
m’a aidé à approfondir mes connaissances et élargir leurs champs d’applications et connaitre
réellement d’analyse d’un dossier de crédit chez la BIM.

Dans ce rapport, nous avons vu comment la BIM analyse et gère ses risques de financement.
Ce travail a pour but d’identifier les risques qui touchent à l’activité de la banque tout en
passant par la procédure de l’étude d’un dossier de financement.Pour réaliser ce but, on a
établi le rapport comme suit :

D’abord, on a présenté la BIM. Puis, on a exposé les différents types de risques, et les
différents types de crédits en distinguant les financements entrepris. L’évaluation et
l’identification du type de financements sollicité par le client nécessite une connaissance des
différents types de financements.

Ensuite, on va exposer les principaux risques de crédits auxquels les banques sont
confrontées. En effet, ils représentent à peu près 85% des risques bancaires. Pour éviter le
risque de non-paiement, il est une obligation de passer par l’évaluation du risque dans
l’analyse du dossier de financement. On a exposé les garanties proposées qui aident à la
couverture en cas de réalisation de ces risques. En effet, après l’évaluation du risque,
l’analyste doit passer à l’évaluation des garanties proposées par le client pour limiter les
risques.

Enfin, on a étudié les procédures d’analyse des dossiers de financements bancaires que se soit
particuliers ou entreprises. Cette analyse du dossier est basée sur l’évaluation du risque qui
met l’accent sur tout ce qui est associé, expérience de l’entreprise, sans oubliant la centrale
risque, et finira par un résultat positif et un avis favorable.

46
Annexe
TOTAL BILAN
Banque 2018 2019 2020 Ecart %
BMCI 12 371 537 138 14 290 813 156 15 884 515 369 1 593 702 213 11%
BPM 9 184 370 355 10 347 688 824 12 759 166 962 2 411 478 138 23%
BNM 11 048 449 172 11 862 608 411 12 201 777 264 339 168 853 3%
ATTIJARI 9 290 350 417 9 523 410 818 10 064 576 373 541 165 555 6%
SGM 8 038 218 777 8 712 966 098 9 354 934 710 641 968 612 7%
BMI 5 364 303 444 6 019 541 616 8 279 828 530 2 260 286 914 38%
BEA 5 867 023 185 5 689 134 891 6 486 212 712 797 077 821 14%
GBM 5 156 881 774 5 428 875 676 6 020 031 511 591 155 835 11%
BCI 5 365 189 737 5 411 032 708 5 921 381 005 510 348 297 9%
CDD 8 854 214 399 8 326 305 357 5 836 530 325 -2 489 775 032 -30%
BAMIS 4 798 645 648 5 052 137 649 4 996 080 926 -56 056 723 -1%
BMS 4 032 378 108 2 702 486 884 2 941 812 295 239 325 411 9%
ORABANK 2 588 567 331 2 213 396 639 2 758 290 604 544 893 965 25%
BFI 2 287 273 895 2 717 234 063 2 652 606 158 -64 627 905 -2%

QNB 2 216 430 196 2 320 494 840 2 117 172 154 -203 322 686 -9%
CH.BANK 1 564 690 007 1 616 272 623 1 862 810 624 246 538 001 15%
BIM 1 456 475 210 1 285 248 162 1 661 715 000 376 466 838 29%
IBM 757 044 145 1 319 507 475 1 536 438 729 216 931 254 16%
TOTAL 100 242 042 938 104 839 155 890 113 335 881 251 8 496 725 361 8%
* Les indicateurs de la NBM ne sont pas pris en considération dans cet
état

47
Les statistiques consiolidées des banques pour les années 2018, 2019 et 2020*

DEPOTS
Banque 2018 2019 2020 Ecart %
BMCI 9 134 103 612 10 799 074 223 12 080 864 882 1 281 790 659 12%
BPM 6 794 503 842 7 796 121 926 9 779 144 840 1 983 022 914 25%
BNM 7 437 743 267 8 348 057 970 8 713 873 007 365 815 037 4%
ATTIJARI 6 591 056 172 7 560 203 897 7 695 261 374 135 057 477 2%
BMI 3 524 903 764 4 346 456 356 6 549 025 769 2 202 569 413 51%
SGM 5 921 611 340 5 902 867 842 5 567 013 827 - 335 854 015 -6%
BCI 4 077 911 398 4 080 742 451 4 523 173 609 442 431 158 11%
BAMIS 3 002 077 954 3 286 588 760 3 274 146 552 - 12 442 208 0%
BEA 2 194 883 476 2 712 692 235 3 184 030 100 471 337 865 17%
GBM 1 638 010 916 1 756 768 826 2 368 025 988 611 257 162 35%
ORABANK 1 556 508 317 1 594 658 052 2 297 457 704 702 799 652 44%
BIM 926 251 313 881 696 937 1 332 360 000 450 663 063 51%
BMS 2 299 406 445 1 736 095 344 1 180 072 763 - 556 022 581 -32%
BFI 1 746 526 121 1 963 941 318 1 144 469 873 - 819 471 445 -42%
CDD 4 819 869 514 4 082 340 205 829 909 374 -3 252 430 831 -80%
IBM 117 770 665 582 965 481 804 024 425 221 058 944 38%
CH.BANK 457 151 235 507 843 253 566 632 407 58 789 154 12%
QNB 211 201 819 287 508 745 172 506 825 - 115 001 920 -40%
TOTAL 62 451 491 170 68 226 623 821 72 061 993 318 3 835 369 497 6%
* Les indicateurs de la NBM ne sont pas pris en considération dans cet état

48
Les statistiques consolidées des banques pour les années 2018, 2019 et 2020*

CREDITS
Banque 2018 2019 2020 Ecart %
BMCI 7 436 265 560 8 829 917 129 9 444 402 715 614 485 586 7%
BPM 6 205 140 170 7 074 454 335 8 233 666 663 1 159 212 328 16%
SGM 5 906 150 845 6 408 122 774 7 048 555 323 640 432 549 10%
ATTIJARI 5 915 336 813 6 250 460 386 6 208 424 587 -42 035 799 -1%
BNM 6 614 811 261 6 512 316 464 6 090 658 959 -421 657 505 -6%
BMI 2 412 347 784 4 206 248 708 5 637 548 025 1 431 299 317 34%
GBM 3 635 844 901 3 799 161 114 4 430 916 848 631 755 734 17%
BCI 3 500 082 819 3 589 024 820 3 347 480 134 -241 544 686 -7%
BEA 2 658 918 829 3 165 416 228 3 022 099 950 -143 316 278 -5%
CDD 2 812 784 016 2 567 429 737 2 948 604 513 381 174 776 15%
ORABANK 2 280 471 975 2 491 137 944 2 644 881 334 153 743 390 6%
BAMIS 2 535 380 512 2 114 763 244 2 102 180 724 -12 582 520 -1%
QNB 1 618 893 313 1 503 761 085 1 550 665 385 46 904 300 3%
BMS 2 945 545 891 2 080 232 729 1 216 199 147 -864 033 582 -42%
IBM 197 191 526 645 409 948 1 043 746 864 398 336 916 62%
BFI 989 361 748 1 327 841 525 911 030 604 -416 810 921 -31%
CH.BANK 1 013 429 772 972 763 889 902 810 595 -69 953 294 -7%
BIM 732 289 993 696 720 560 575 303 000 -121 417 560 -17%
TOTAL 59 410 247 728 64 235 182 619 67 359 175 370 3 123 992 751 5%
* Les indicateurs de la NBM ne sont pas pris en considération dans cet état

49
Les statistiques consolidées des banques pour les années 2018, 2019 et 2020*

PNB
Banque 2018 2019 2020 Ecart %
SGM 791 368 498 854 626 730 871 089 470 16 462 740 2%
BMCI 609 683 952 702 403 136 797 364 415 94 961 279 14%
ATTIJARI 655 810 824 668 465 499 667 857 024 - 608 475 0%
BPM 457 169 493 523 996 290 665 140 934 141 144 644 27%
BNM 331 133 928 368 881 504 471 985 094 103 103 590 28%
BMI 161 000 157 246 227 981 386 013 205 139 785 224 57%
BAMIS 410 324 775 402 422 715 344 838 710 - 57 584 005 -14%
BEA 343 804 478 340 081 507 338 877 427 - 1 204 080 0%
GBM 250 400 362 296 359 141 316 976 687 20 617 546 7%
BCI 244 334 327 232 117 610 257 747 439 25 629 829 11%
CDD 291 097 603 309 678 887 186 972 839 - 122 706 048 -40%
ORABANK 127 054 108 122 902 858 162 326 105 39 423 247 32%
CH.BANK 113 429 772 116 500 184 115 750 678 - 749 506 -1%
IBM 32 249 199 108 346 991 104 740 062 - 3 606 929 -3%
BFI 43 799 813 173 981 186 91 333 813 - 82 647 373 -48%
BMS 243 443 050 156 418 230 68 320 737 - 88 097 493 -56%
BIM 60 967 000 76 950 650 54 595 000 - 22 355 650 -29%
QNB 55 882 117 48 373 731 31 710 867 - 16 662 864 -34%
TOTAL 5 222 953 456 5 748 734 830 5 933 640 506 184 905 676 3%
* Les indicateurs de la NBM ne sont pas pris en consideration dans cet état

50
Les statistiques consiolidées des banques pour les années 2018, 2019 et 2020*

EFFECTIFS
Banque 2018 2019 2020 Ecart %
BMCI 439 430 467 37 9%
BMI 263 333 384 51 15%
BPM 262 308 328 20 6%
BNM 307 311 320 9 3%
ATTIJARI 220 239 256 17 7%
BCI 223 243 244 1 0%
SGM 196 200 195 -5 -3%
BAMIS 168 171 151 -20 -12%
CDD 130 128 131 3 2%
BEA 123 130 127 -3 -2%
BMS 197 172 122 -50 -29%
ORABANK 122 123 116 -7 -6%
GBM 71 91 107 16 18%
BFI 95 102 91 -11 -11%
CH.BANK 85 82 91 9 11%
BIM 67 72 75 3 4%
IBM 32 42 55 13 31%
QNB 15 15 14 -1 -7%
TOTAL 3 015 3 192 3 274 82 3%
* Les indicateurs de la NBM ne sont pas pris en consideration dans cet état

51
Les statistiques consiolidées des banques pour les années 2018, 2019 et 2020*

RESEAU
Banque 2018 2019 2020 Ecart %
BMCI 46 47 47 0 0%
BPM 24 41 42 1 2%
BNM 30 30 32 2 7%
BMI 18 23 28 5 22%
ATTIJARI 30 30 26 -4 -13%
BCI 16 16 16 0 0%
BMS 16 20 15 -5 -25%
CDD 13 13 15 2 15%
SGM 11 11 12 1 9%
BAMIS 10 10 10 0 0%
ORABANK 9 9 9 0 0%
BEA 8 8 8 0 0%
BFI 4 6 7 1 17%
BIM 6 6 6 0 0%
CH.BANK 5 6 6 0 0%
IBM 2 2 4 2 100%
GBM 3 3 3 0 0%
QNB 1 1 1 0 0%
TOTAL 252 282 287 5 2%
* Les indicateurs de la NBM ne sont pas pris en consideration dans cet état

52
Les statistiques consiolidées des banques pour les années 2018, 2019 et 2020*
NOMBRE COMPTES
Banque 2018 2019 2020 Ecart %
BMCI 113 289 121 252 125 863 4 611 4%
BNM 56 135 61 340 60 384 - 956 -2%
ATTIJARI 39 702 44 113 43 652 - 461 -1%
BPM 25 604 32 992 41 338 8 346 25%
SGM 33 832 34 172 34 533 361 1%
ORABANK 29 944 26 349 30 265 3 916 15%
BEA 28 528 29 216 30 004 788 3%
BAMIS 25 900 27 280 28 881 1 601 6%
BCI 18 284 19 948 18 654 - 1 294 -6%
BMS 16 451 17 371 17 638 267 2%
CDD 7 566 8 112 12 762 4 650 57%
CH.BANK 14 236 15 099 12 715 - 2 384 -16%
BMI 5 251 8 575 11 948 3 373 39%
BIM 4 456 5 924 7 496 1 572 27%
BFI 513 1 647 2 094 447 27%
IBM 463 1 305 2 012 707 54%
GBM 1 010 1 117 1 028 - 89 -8%
-
QNB 113 120 112 8 -7%
TOTAL 421 277 455 932 481 379 25 447 6%
* Les indicateurs de la NBM ne sont pas pris en considération dans cet état

53
Voir annexe :

‫طلب التمويل‬
DEMANDE DE FINANCEMENT
(A remplir par le client)

Date : 15/03/2022--‫التاريخ‬ ‫جديد‬ Nouveau


Agence : -------01--------------‫الوكالة‬ ‫تجديد‬ Renouvellement
N° de Compte : ---****** - ‫الحساب‬ ‫توسعة‬ Extension

Demandeur du Financement : --------SARL XXY -------‫التمويل‬ ‫طالب‬


Introduit par : -------------------------------- ------------------------------------------‫من طرف‬

Activité : -------------------- BTP ------------------‫النشاط‬

Objet du Financement : ---------------MOURABAHA ONE-OFF ------------ ----------------- -------


‫موضوع التمويل‬
Montant sollicité : ---------------------------- 4 000 000 MRU--------------- -----
‫المبلغ المطلوب‬
Durée : ---------------------------------24 mois -------------------------------- -----------------
-‫السداد‬ ‫مدة‬
Modalités de remboursement : --------------------------N/D ------------------------------------- ‫دورية‬
‫السداد‬
Garanties proposées : --- TF N° **********

-------------------------------‫الضمانات‬

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Valeur des garanties : ----------------------------------4 147,000 MRU ------------------------------------------

----‫قيمتها‬

54

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