Vous êtes sur la page 1sur 9

ransr u ra l

T initiatives n°493 / septembre-octobre 2022 / 10 euros

•AGRICULTEURS
« INFLUENCEURS » ?
•POISCAILLE,
CIRCUIT COURT DE LA MER
•LES AGROS BIFURQUENT

Dossier
LES
PAYSANNES
OUVRENT
LA VOIX
sommaire
Transrural initiatives
est publiée par l’Adir, association d’édition de :
Le réseau des Centres d’initiatives pour valoriser l’agri-
culture et le milieu rural (Civam), ce sont plus de 200
associations qui défendent depuis plus d’un demi-siècle
des enjeux tels que la préservation de l’environnement,
l’offre d’aliments de qualité, l’élaboration d’un autre
modèle énergétique, la promotion d’une agriculture durable, le maintien
d’un monde rural facteur de cohésion sociale (www.civam.org).
Lieu de rencontres, d’échanges et vecteur d’intégration
socio-économique, le Mouvement rural de jeunesse vivre ensemble
chrétienne (MRJC) propose aux jeunes de treize à
trente ans, vivant à la campagne ou qui l’envisagent,
de s’engager avec d’autres pour l’amélioration de leur Agriculture
environnement et de la société qui les entoure par l’ac- 4 Qui sont les agriculteurs
tion, la réflexion, la recherche de sens et la formation. (www.mrjc.org). « influenceurs » ?
Le Réseau d’expérimentation et de liaison des ini- 6 Faire réseau avec les espaces-test
tiatives en espace rural (Relier) considère qu’il est
nécessaire de soutenir le développement d’autres
agricoles
activités à la campagne et qu’il est urgent de leur
donner un sens : s’installer à la campagne, mon- Environnement
ter une entreprise rurale, c’est d’abord faire le choix d’un mode de 8 Laillé mobilise ses habitants autour de
vie. Depuis 1984, l’association d’éducation populaire Relier contribue la biodiversité
à créer et animer des lieux d’échange et de mise en lien des personnes
qui font ce choix (www.reseau-relier.org). Associations
Le centre de ressources sur les pratiques et les
métiers du développement local Cap Rural a
9 Faire passer un message en musique un autre développement
pour vocation de promouvoir le développe-
ment des territoires ruraux et périurbains d'Au- Agriculture
vergne-Rhône-Alpes. Depuis 1996, Cap Rural
porte le projet d’espaces ruraux vivants aux fonctions diversifiées 13 Le combat pour une autre PAC
(productive, résidentielle, touristique et nature), mettant en œuvre continue
de réelles dynamiques économiques, sociales et environnemen- 14 Arpentages – Des fermes
tales, dans le cadre de relations équitables avec les espaces urbains
(www.caprural.org). ménager les ressources et des systèmes n°7 –
En compagnie des bêtes
Le Réseau des Créfad est une coor-
dination d’associations se reconnais- Économie 16 Les agros bifurquent
sant dans des valeurs communes 10 Poiscaille, le circuit court de la mer
en référence au Manifeste de Peuple et Culture comme l’éducation
populaire, la laïcité, la lutte contre les injustices ou encore l’entraî- Environnement Solidarité
nement mental. Ses membres travaillent l’accompagnement, l’habi- 11 Biodéchets : des opportunités
ter, la vitalité des territoires ruraux, de la jeunesse, de l’interculturel,
18 Du frais et bio pour les Restos
le rapport à la lecture et à l’écriture. Ils œuvrent ensemble pour se dans les territoires ruraux ?
renforcer, s’inspirer et se soutenir mutuellement, construire du neuf
Chronique
(www.reseaucrefad.org). 19 La Guerre des mots – acte XLVII

Le Réseau national des espaces-test agricoles


(Reneta) a pour objet la promotion du test
d’activité pour favoriser l’installation agricole. Il
regroupe notamment des espaces-test en fonc- Quatrième de couverture
tionnement ou en projet qui se reconnaissent dans les valeurs de
l’économie sociale et solidaire et de l’éducation populaire. Ils sont au « Vite, une petite mousse ! » Ce montage issu de photos réalisées près de
service de porteurs de projets agri-ruraux respectueux de l’humain
et de l’environnement et ancrés dans leur territoire (www.reneta.fr). Meaux il y a quelques années, s’inspire de la façon dont sont représentés

Directeur de publication : Raphaël Jourjon – Équipe de


les mouvements dans les bandes dessinées pour créer un contraste entre la
rédaction permanente : Fabrice Bugnot, Jade Lemaire – Ont nature de l’escargot et l’impression de vitesse. Ce travail a été sélectionné
participé à ce numéro : Isabelle Barnier, Marine Benoiste, Jade-
Bernard Grignola, Prunelle Besson, Guillaume Boutanox, Michel dans la catégorie « nature revisitée » du festival du 25e Festival international de la photo animalière et de nature
Carré, Anaïs Chapot, Etienne Martin, Benoît Chaboud-Mollard, David
Chomentowski, Raphaël Jourjon, Pierre Mathieu-Le Bel, Sandra-Vanessa de Montier qui se tiendra du 17 au 20 novembre sur seize sites de la Marne et la Haute-Marne : www.photo-
Liégeois, Aude Vidal.
Maquette : Catherine Boé montier.org.
Impression : Evoluprint, Bruguière L’auteur, Jean Claude Le Hir, photographe naturaliste amateur et ancien professeur de SVT avait été récompensé
Administration / Rédaction :
18, rue Claude Tillier – 75 012 Paris – l’an dernier dans ce même festival et son site regorge de photos en macro, de paysages et d’oiseaux, qu’il
Tél. 01 48 74 52 88
Site internet : www.transrural-initiatives.org apprécie particulièrement. Plus d’infos : www.naturevivante.fr.
Mail : transrural@globenet.org
CRÉDIT PHOTO DE LA COUVERTURE
ET DE LA COUVERTURE DU DOSSIER : Paroles de paysans

Reproduction autorisée sous réserve de demande


– n°CPPAP : 0625D86792 – ISSN : 1165-6166 –
(Ré)abonnez-vous à Transrural initiatives
2 Transrural
Dépôt légal : novembre
initiatives 2022. sur la boutique en ligne de la revue
éditorial

découvrir Nous avons des choses Adir


L
20 BD e mois dernier, nous étions une vingtaine de bénévoles,
21 En revues partenaires et administrateurs de l’Adir, association qui édite
Transrural Initiatives, réunis au Château de Ligoure, lieu d’accueil
22 Au fil des lectures solidaire et militant près de Limoges1. Nous avons travaillé autour
des notions de refuge, de relégation, d’assignation, de résistance,
de pouvoir d’agir…. Ces échanges, féconds, seront partagés dans le
dossier sur le « rural comme lieu de refuge » qui sera proposé dans

I à XII dossier
le numéro de fin d’année. Lors de l’assemblée générale qui a suivi,
nous avons aussi traité de la situation financière de l’association,
analysé collectivement et établi un diagnostic. En effet, nous sommes
Les paysannes ouvrent la voix fragiles, comme de nombreuses associations. Qu’à cela ne tienne
Ce dossier tente de brosser un tableau réaliste de la situation des agri- nous avons des perspectives et des pistes de travail pour assurer
cultrices et des inégalités, discriminations et violences dont elles et les la continuité de notre action et de la publication de la revue !
autres habitantes du rural sont encore victimes malgré certains progrès.
Presqu’entièrement écrit par des femmes – paysannes, animatrices dans « Nous avons des choses Adir ». Ce jeu de mots traduit l’importance
des associations de développement agricole et rural et d’éducation que revêt l’Adir comme espace de dialogue et de formation et
populaire, militantes féministes, chercheuses – il donne la parole aux la nécessité d’une information produite avec et par les citoyens
premières intéressées et fait la part belle aux initiatives collectives qui des territoires ruraux et les associations qu’ils constituent pour
font reculer le patriarcat. agir. L’engouement des bénévoles et partenaires associatifs pour
la réalisation et la diffusion du dossier sur les paysannes que
nous proposons dans ce numéro confirme ce diagnostic.
Mais si nous souhaitons passer le cap des trente ans, que nous fêterons
en 2023 avec un numéro 500, il nous faut rassembler davantage autour
de la revue et trouver de nouvelles ressources financières, développer
des compétences et propositions au service des associations de terrain.
L’Adir qui a accueilli à la rentrée le Réseau national des espaces
test agricoles (Reneta) (cf. p6) comme nouveau membre, a
PAROLES DE PAYSANS

vocation et intérêt à s’associer avec d’autres acteurs du monde


rural tels que l’Union nationale des acteurs du développement
local (Unadel) ou les Foyers ruraux mais aussi les membres
d’Inpact qui agissent dans le développement agricole et rural.
Nous avons comme objectif de faire reconnaitre notre travail auprès des
institutions qui pourraient financer nos actions d’intérêt général, d’inviter
davantage de citoyens et d’acteurs des territoires ruraux à nous rejoindre
À VOS STYLOS !
Transrural initiatives est une revue participative, dans le sens où elle met en
autour de la production d’information, à lire la revue et à s’abonner et
davantage d’associations à nous rejoindre. Pour assurer notre pérennité
place un processus de rédaction collective avec différents acteurs en interaction à moyen terme, il nous manque environ 600 abonnés. C’est peu et à
(militants associatifs, animateurs, journalistes), ce qui permet également d’avoir
un ancrage sur le terrain et de se faire le porte-voix d’initiatives locales. La revue
la fois beaucoup si l’on considère que ces appels à soutien reviennent
est ouverte à vos propositions d’articles, écrits, réactions… Chaque mois, le régulièrement dans cet édito. Mais le jeu en vaut la chandelle..
comité de rédaction discute des sujets à traiter au téléphone et vous y êtes les Fabrice Bugnot, responsable de la rédaction
bienvenus ! Vous pouvez aussi nous envoyer vos idées d’articles, vos réactions
ou des informations et ressources par mail ou en nous appelant. À vos stylos !
1 - https://chateaudeligoure.wordpress.com

http://boutique.transrural-initiatives.org
vivre ensemble
vivre ensemble
Qui sont les agriculteurs
agriculture

« influenceurs » ?
Des agriculteurs investissent YouTube pour communiquer
sur leur métier. Une étude publiée en 2022 nous en apprend
un peu plus sur cette communauté très influente.

L a scène se déroule lors du der-


nier salon de l’Agriculture en
mars dernier. Étienne Fromont,
éleveur de vaches laitières en Sarthe,
s’entretient pendant dix minutes
face caméra avec le ministre de
l’Agriculture alors en exercice, Julien
Denormandie1. Parmi les questions
posées : « Je suis un fana des nou-
velles technologies, du progrès
génétique […] si je veux utiliser
des OGM, qui je vais secouer pour
pouvoir en utiliser ? » Réponse du
ministre qui déroule les éléments de
langage : « Le sujet n’est pas tant
les OGM mais les NBT [nouvelles
biotechnologies, NDLR] […] et cer-
Capture d’écran d’une vidéo YouTube d’Étienne Fromont, avec l’ancien ministre en charge de l’agriculture,
tains font des amalgames pour les Julien Denormandie, le 10 mars 2022.
empêcher. » L’agriculteur acquiesce,
le ministre est dans un fauteuil et
boit du petit-lait. échappé aux marques de construc- s’est penchée sur dix-sept chaînes
teurs, qui y voient un bel intérêt. YouTube, les plus connues, ayant en
100 000 ABONNÉS Dans Ouest-France du 2 octobre moyenne 33 800 abonnés. Quelques
SUR YOUTUBE 2021, il disait : « Je touche environ chiffres : quinze hommes pour deux
Cette proximité entre l’agriculteur et un Smic par mois, en dehors de mon femmes, sept sont céréaliers contre
le ministre interroge. Mais Étienne travail purement agricole, entre les huit éleveurs, trois sont en agricul-
Fromont n’est pas un agriculteur publicités YouTube, les vidéos à la ture biologique, sept en agriculture
comme les autres. Connu sous le demande de marques et les activités de conservation des sols, technique
pseudo « Étienne agri youtubeurre », qui en découlent. » Ces agriculteurs excluant un travail profond des sols
il fait partie des « agri-youtubeurs », ne sont que deux exemples au sein mais pas les pesticides.
ces agriculteurs qui filment leur quo- d’une petite communauté qui met En introduction, les chercheurs in-
tidien et publient leurs vidéos sur la les réseaux sociaux au service du diquent que toutes les composantes
plateforme YouTube. Passé par les modèle agricole dominant : une agri- de l’agriculture sont présentes sur
rangs du syndicat Jeunes agricul- culture productiviste où les nouvelles la plateforme : « Agriculteurs, insti-
teurs, il cumule aujourd’hui plus de technologies occupent une place de tutions de recherche et de dévelop-
100 000 abonnés. Autre exemple, 1 - www.youtube. choix. pement agricole, syndicats, presse
com/watch?v=2Tku
Thierry Baillet, céréalier dans la 0erdStU&t=376s
agricole ou encore firmes de l’agro-
Somme, a enregistré 22 millions de LUTTER CONTRE fourniture […] dans une double in-
vues sur ses vidéos. Il est à l’initia- 2 - http:// L’« AGRI-BASHING » ? tention : celle d’un “ échange avec les


publications.
tive du « Tour de France en tracteur » cirad.fr/une_notice. Dans une étude sortie en 20222, autres agriculteurs ”, et celle d’une
et ses vidéos n’ont évidemment pas php?dk=600311 une équipe de quatre chercheurs adresse “ au grand public pour expli-

4 Transrural initiatives n˚493 • sept. - oct. 2022


vivre ensemble
… quer [leur] métier ” ». C’est en 2017 munication et forment ainsi une
que les publications s’intensifient.
Nous sommes alors en plein dans
communauté », renseigne l’étude.
In fine, à qui s’adressent ces agricul- en bref
le moment « agri-bashing », terme teurs dont l’ambition est de « parler
brandi de toute part par la FNSEA au grand public » ? Les commentaires LIEUX NON SPÉCULATIFS
et le ministre de l’Agriculture, pour dithyrambiques sous les vidéos Une coordination de lieux à but non
dénoncer les attaques sociétales dont donnent une indication : « Il semble lucratif et non spéculatif est en train
seraient victimes les agriculteurs. Ceci toutefois que le public touché par ces de voir le jour, accouchée par Relier
est contredit par des enquêtes. Cette vidéos soit majoritairement agricole » et le réseau des Créfad. Après plu-
partie de la profession cherche alors à explique les chercheurs. Cette com- sieurs rencontres organisées ces
reprendre en main la communication munauté investit également le réseau dernières années dans l’Hérault ou
et à montrer une « agriculture posi- social Twitter et crée en 2017 « France en Ardèche, ce collectif de lieux plus
tive » au grand public. AgriTwittos » (cf. encadré), association portés sur la transformation sociale
très influente dans les médias dont le que sur l’accélération de business
UN PUBLIC AGRICOLE président est Denis Beauchamp, pré- s’est doté d’un site Internet pré-
Outre l’utilisation d’outils communs sident d’une coopérative de céréales. sentant des ressources, un état
(petite caméra ou drone), les chaînes Comme sur YouTube, les communi- des lieux mutualisés et un agenda.
proposent du contenu du même cants du secteur et représentants de https://les-tiers-lieuses.org.  ■
genre : « je rends visite à… », « une start-ups, interprofessions, semen-
journée sur ma ferme », etc. sans ciers ou de multinationales comme RESSOURCES NOURRICIÈRES
oublier la visite caméra à la main Bayer investissent massivement le Après un travail d'exploration, de
du salon de l’agriculture, lieu de réseau social pour faire passer leurs mise en liens... sur les tiers-lieux
communication par excellence. « Ces idées et ainsi entretenir le modèle et nourriciers, plusieurs partenaires
agriculteurs interagissent entre eux, le discours dominant. (Fab'lim, Inrae, Coopérative Tiers-
coordonnent leurs modes de com- ■ Etienne Martin (MRJC)
lieux, réseau Cocagne...) ont conçu
une plateforme ressource en ligne
destinée à centraliser toutes les
UNE VOIX DISSONANTE CHEZ LES FRANCEAGRITWITTOS informations et productions. Ces
espaces de sociabilité en lien avec
« Je suis Francis Larrea, maraîcher et arboriculteur en bio au Pays basque depuis dix ans. Je suis
l’agroécologie et l’alimentation,
aussi président d’une association qui compte 450 adhérents et qui a pour but de mener nos
dont Transrural a déjà parlé, se-
fermes vers l’agriculture biologique : le Civam bio Biharko Lurraren Elkartea1. Je suis présent sur
les réseaux sociaux depuis de nombreuses années, même avant de m’installer, car j’adore discuter raient au nombre de 145 en France.
d’agriculture et de politique. J’ai eu d’abord un compte Facebook où j’ai 45 000 abonnés2. Ensuite https://nourriciers.tierslieux.net.  ■
j’ai commencé à m’intéresser à Twitter car les échanges sont plus politiques et professionnels.
C’est là que j’ai fait connaissance avec les membres de l’association FranceAgriTwittos et j’ai décidé PARTIR POUR PLUS GRAND
d’y adhérer pour amener mon poil à gratter et essayer de comprendre leur idéologie, l'agriculture L’Insee s’est intéressé aux
conventionnelle à grande échelle orientée vers l'industrie, très différente de la mienne. J’essaye Franciliens partant s’installer en
par des échanges parfois constructifs, parfois bloquants, d’amener de nouvelles idées. En effet, province, chaque année plus nom-
dans nos Civam, nous défendons plutôt une agriculture autonome, économe en intrants, solidaire breux. Qui sont-ils ? Des personnes
et qui reste proche de ses consommateurs. J’essaye aussi d’écouter leurs arguments, de voir le seules ou des couples, la moitié
fonctionnement de leurs systèmes agricoles et de trouver des points de convergence. Mais c’est ayant moins de 40 ans. Où vont-
assez compliqué car il existe des barrières dogmatiques difficiles à lever. ils ? En ville, dans un logement en
Voilà mes motivations. Je ne cherche pas forcément des gens de chez moi et je préfère discuter moyenne 18 m2 plus grand, voire
avec ceux qui ont une vision différente pour essayer de comprendre où se situe le blocage pour 30 m2 plus grand pour les couples
passer en bio (économique, idéologique, technique) et en convaincre certains. Mais c’est peut-être de 30 à 39 ans avec enfant(s). Le
une utopie. Ma légitimité a rarement été mise en cause, sauf peut-être pour la taille de ma ferme hic ? « Les écarts de niveau de vie
(cinq hectares)… qui ne nourrit “ que ” 150 familles par semaine. Mais la plupart écoutent, sauf
avec les résidents déjà installés
quelques-uns qui sont des “ trolls ”3 des coopératives et qui ne sont pas agriculteurs. »
sont particulièrement importants
Propos recueillis par Aude Vidal pour les ménages de 40 à 59 ans ar-
rivant dans des communes comme
1 - « Association pour la terre de demain » Lille, voire Lyon. ». ■
2 - https://facebook.com/haitzondoa
3 - Personnes à l’origine de messages postés sur Internet, souvent par provocation, afin de susciter une polémique
ou simplement de perturber une discussion.

n˚493 • sept. - oct. 2022 Transrural initiatives 5


ménager les ressources
économie
ménager les ressources
Poiscaille, Depuis 2015, Poiscaille propose des paniers
de poissons et coquillages pêchés en France
le circuit selon des pratiques durables, avec la volonté de
garantir des prix rémunérateurs aux pêcheurs
court de qui s’engagent. Tour d’horizon de cette
poissonnerie qui n’arrête pas de grandir.
la mer
C omment bien choisir son pois-
son si l’on veut limiter son im-
pact sur l’environnement ? Voilà
une question compliquée : nous serons
sans doute plus nombreux à connaître
la saison des tomates que celle de la
dorade ou du maquereau. Pourtant, la
pêche est le principal facteur impactant
les écosystèmes marins1.

LMBUGA COMMONS
Charles Guirriec, co-fondateur et direc-
teur actuel de Poiscaille, s’est fait une
idée de la pêche qu’il voulait défendre
au contact des marins, comme obser-
vateur des pêches2. Il examine ainsi Le chinchard, proche du maquereau, fait partie des poissons peu connus du grand public qui sont proposés par Poiscaille
les logiques des « gros bateaux » qui dans ses paniers.
cherchent le volume pour pallier les
aléas de prix, mais aussi les pratiques les fonds marins. Le saumon et le ca- OFFRIR UN REVENU
des pêcheurs artisanaux et le souhait billaud, qui font partie des espèces les PLUS STABLE
de certains de s’émanciper des prix à 1 - Didier Gascuel,
plus consommées, sont aussi absents Du côté des 240 pêcheurs, le pois-
la criée grâce à des circuits plus courts. Pour une révolution des paniers qui proposent de valoriser son est payé environ 20 % de plus
Impliqué dans des Associations de dans la mer : De des poissons plus méconnus, comme que dans la filière traditionnelle,
la surpêche à la
maintien de l’agriculture paysanne résilience. Actes la vieille ou le chinchard. d’après Poiscaille qui affirme sur son
(Amap), il propose d’abord d’y inclure Sud, 2019. Pour les 21 000 abonnés, la livraison site : « Quand on donne vingt euros
du poisson, mais ça ne prend pas. s’effectue de façon hebdomadaire, bi- à Poiscaille, dix vont directement au
2 - Les observa-
Ce modèle inspirera tout de même la teurs/observatrices mensuelle ou mensuelle. L’entreprise pêcheur. Contre trois à quatre dans la
création de Poiscaille en 2015 : l’entre- de pêche surveillent garantit 48 heures entre la pêche et filière traditionnelle. » La fréquence
les activités de
prise propose de livrer en point relais pêche et le respect
la remise du panier au consommateur. des paniers leur permet d’avoir un
ou à domicile des paniers de poissons des mesures de La veille de la livraison, l’abonné peut débouché quotidien et un revenu
et coquillages, issus d’une pêche fran- conservation choisir, sur le principe du « premier plus stable. Annie Castaldo, ostréi-
en contrôlant la
çaise durable et assurant une juste position du navire, arrivé, premier servi », parmi les pa- cultrice, se dit satisfaite du modèle
rémunération à ses pêcheurs. l’utilisation des niers qui ont pu être composés suite proposé : « Nous, on a le savoir-faire
engins de pêche et à la pêche du jour : poissons entiers, de pêche et Poiscaille permet d’avoir
les prises.
PAS DE CHALUTS darnes, coquillages… Si c’est un pois- le réseau pour alimenter directement
NI DE SAUMONS 3 - Entre 2018 et son entier qui arrive dans la cuisine, les villes. Même maintenant que le
2022, Poiscaille est
Pour tenter d’objectiver cette ques- passée de 2 000 à pas de panique, Poiscaille apprend en projet a pris de l’ampleur, les valeurs
tion de durabilité, Poiscaille affiche 21 000 abonnés. vidéo à ses abonnés à écailler, lever n’ont pas changé : ils ont pris du per-
des critères simples : des bateaux de À voir si cette les filets et cuisiner ses poissons. sonnel, changé de local, mais il y a du
évolution d’ampleur
moins de douze mètres, des sorties à a été suivie des Depuis sa création, la structure s’est lien social et le poisson est découpé à
la journée à trois pêcheurs maximum ajustements beaucoup développée3 et compte au- la main. Je suis fière de travailler avec
et des engins passifs : pas de chaluts nécessaires pour les jourd’hui une quarantaine de salariés cette entreprise-là. »
conditions de travail
et pas de drague pour ne pas abîmer des salariés. et 1600 points relais en France. ■ Anaïs Chapot (Réseau Civam)

10 Transrural initiatives n˚493 • sept. - oct. 2022


DOSSIER LES PAYSANNES OUVRENT LA VOIX

● Médiatisation des paysannes :


attention aux pièges .................................... II

À
● « On voulait faire du documentaire voir l’engouement bénévole autour de ce dossier et les événements qui fleurissent cet
d’intervention sociale »............................... iII automne autour des femmes en agriculture – les Rencontres paysannes féministes à Roybon
● Agricultrices 0.0..........................................IV (38) et les Rencontres des travailleuses de la terre à Vezin-le-Coquet (35) en septembre, la
● Les campagnes, « zones blanches sortie du film Croquantes en octobre, les 5e rencontres nationales des Civam « Femmes et
de l’égalité » femmes-hommes ?................V
milieu rural » à Saint-Sauvant (86) en novembre, etc. – il ne fait aucun doute qu’il y a encore beaucoup
● Favoriser l'accès des femmes à la terre.VI
de choses à dire et à écrire sur le sujet. Surfant (une fois n’est pas coutume) sur cette vague médiatique,
● Mère et paysanne :
le casse-tête du congé mat’.......................VI Transrural initiatives tente de brosser un tableau réaliste de la situation des agricultrices et des inéga-
● Tour de France de la question du genre lités, discriminations et violences dont elles et les autres habitantes des territoires ruraux sont encore
en milieu paysan.........................................VII victimes malgré certains progrès, juridiques notamment.
● Le repas d’ensilage, la solidarité Presqu’entièrement écrit par des femmes – paysannes, animatrices dans des associations de dévelop-
des uns au détriment des autres.............VIII
pement agricole et rural et d’éducation populaire, militantes féministes, chercheuses – ce dossier donne
● Le MRJC réagit aux violences sexistes.....IX
la parole aux premières intéressées dans les fermes, sur les marchés… et fait la part belle aux initiatives
● Accueillir des femmes violentées
à la ferme......................................................X collectives. Que celles-ci visent à améliorer la représentation et l’écoute des agricultrices dans les organi-
● Naissance et construction d’un sations professionnelles, à mieux accompagner les victimes de violences sexistes et sexuelles ou encore
écoféminisme paysan..................................XI à mener la transition agroécologique, elles font émerger une sororité qui participe à l’émancipation des
● « Nous installer entre femmes femmes rurales… et font reculer le patriarcat dans des campagnes encore trop sexistes. ■
m’a donné de la force »..............................XII
● Des paysannes pour bousculer Ce dossier a été soutenu par le MRJC par le biais d'un appel à projet
l’agriculture du territoire ?���������������������XIII
sur l'égalité femme homme en rural de l'Agence nationale de la cohé-
● Brind’elles : vieillir solidaires..................XIV sion du territoire.
● « Choisies pour rester »............................XV
● En Inde, les femmes actrices
Transrural initiatives
de la transition agroécologique. ...............XVI n˚493 • sept. - oct. 2022 Transrural initiatives I
vous abonner e sur :
uvez lign
Vous po r un numéro eniatives.org
Transrural ou c
t
o
t
m
p:
m
//
ande ansrural-init
bou e.tr
tiqu

Transrural
h
initiatives
La revue associative des territoires ruraux
Transrural initiatives est une revue bimestrielle portée par des organisations de dévelop- ier-février 2018
/ 10 euros
initiatives n°466 / janv

pement agricole et rural qui se reconnaissent dans les valeurs de l’éducation populaire.
En s’appuyant sur un comité de rédaction composé d’acteurs du développement rural
(animateurs, militants associatifs), associés à des journalistes, elle propose une lecture
de l’actualité et des enjeux concernant les espaces ruraux qui privilégie les réalités de ter-
rain et valorise des initiatives locales et innovantes. La revue appréhende ces territoires
dans la diversité de leurs usages et met en avant des espaces où il est possible d’habi-
ter, de se déplacer, de s’instruire, de se cultiver, de produire, de se distraire et de tisser
des liens. Ces expériences locales illustrent concrètement des alternatives au modèle
de développement économique dominant, marqué par la mise en concurrence géné- • SE SENTIR DE NOU
VEAU ACTEUR
• « ZAD WILL SUR
VIVE »
ralisée, la disparition des solidarités et l’exploitation aveugle des ressources naturelles. •SIX MOIS D’ÉTAT
S GÉNÉRAUX, POUR
QUOI ?
Transrural entend sortir de la morosité ambiante et invite à l’action ! Dans chaque
QUEL MONDE LES NO
numéro, un dossier thématique permet d’approfondir une question (ex. : Agriculture RMES CONSTRUISE Dossier
et société : vers un nouveau contrat ; Repenser l’accueil des migrants dans les terri- NT-ELLES ?
?
toires ruraux ; Les champs de la culture revisités…).
Sans publicité, la revue assure son fonctionnement et son indépendance grâce aux abonnements.

BON D’ABONNEMENT
Pour un abonnement d’un an (6 numéros de 40 pages) :
● Tarif normal (individus) : 55 € ;
● Tarif réduit (étudiants, chômeurs, temps partiel subi, abo. groupés – à partir de 5 personnes) : 45 € ;
● Tarif associations : 60 € ; Tarif institutions (collectivités, bibliothèques…) : 90 € ;
● À l’étranger : tarif normal : 65 € ; tarif institution : 95 €.

Société :................................................................ Nom - Prénom : ..................................................................................


Adresse : ..............................................................................................................................................................................
.............................................................................................................................................................................................
CP/Ville : ....................................................... Tél. / mail (en cas de retour de numéros) : ............................................................
Je souhaite recevoir une facture : r OUI r NON

Si vous souhaitez faire découvrir la revue,


indiquez ici les coordonnées de la personne de votre choix, nous lui enverrons un numéro :
Nom : .............................................................................................................. Prénom : ...........................................................................................................

Adresse : ......................................................................................................................................................................................................................................
............................................................................................................................ Mail :....................................................................................................................
Réglement par chèque à l’ordre de Transrural initiatives ou par mandat administratif
! Nouvelle adresse : Transrural initiatives - 18, rue Claude Tillier - 75012 Paris
transrural@globenet.org!A

Vous aimerez peut-être aussi