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REPUBLIQUE DU SENEGAL

…………………..
MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA REHERCHE

Terrains et Pratiques l’enquête


sociologique

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1. Préalables de la pratique de terrain......................................................................................4

2. La pratique de terrain : usage des techniques et outils........................................................5

2.1. L’observation...............................................................................................................6

2.1.1. L'observation directe libre.........................................................................................6

2.1.3. L'observation participante.........................................................................................7

2.1.4. L'observation par l'intermédiaire d'un informateur...................................................7

3. Les entretiens : principes et mode opératoire......................................................................8

3.1. Quelques principes de base..........................................................................................8

3.1.1. Attitude lors de l’entretien....................................................................................8

3.1.2. Intervention de l’extérieur.........................................................................................8

3.1.2. Le choix du lieu de l’entretien..............................................................................9

3.2. Les outils pour l’entretien..........................................................................................10

3.2.1. Les questionnaires...............................................................................................10

3.2.2. Les guides d’entretien.........................................................................................11

3.3. Le mode opératoire.....................................................................................................11

3.3.1 Déroulement de l’entretien.......................................................................................11

3.3.2. Analyse de l’entretien..............................................................................................12

3.2.3. Analyse de contenu..................................................................................................12

3.4. Le journal de terrain...................................................................................................13

Conclusion................................................................................................................................15

Bibliographie.............................................................................................................................15

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Introduction

La sociologie est une science qui a pour ambition d’éclairer la réalité sociale en
respectant les principes et protocoles de base partagés par toutes les disciplines qui se
réclament de cet ordre. Nonobstant la diversification des centres d’intérêt et des
questionnements qui la guident, la sociologie se propose d’analyser le social de manière
scientifique. La sociologie, comme toute science tend vers une quête d’objectivité en
respectant la trilogie définie par Gaston Bachelard à savoir une quête de son objet, qu’elle
s’attache à construire et in fine à constater. Cela suppose en tant que science, une volonté de
procéder objectivement en se débarrassant des prénotions par rapport aux objets de recherche.
La quête de l’objectivité implique de fait une investigation empirique du chercheur pour
recueillir des données qui vont faire l’objet d’une analyse. Il résulte de la production
scientifique en sociologie. L’inscription de la sociologie dans le domaine des sciences
implique par ailleurs le recours à des méthodes systématiques d’investigation empirique.
Ainsi parle t-on de terrain en sociologie pour indiquer le lieu où le sociologue s’investit pour
la collecte des données. Le terrain correspond aux instants durant lesquels le sociologue est en
contact direct avec son objet d’étude en faisant une investigation à l’aide des outils et des
techniques scientifiques.
C’est dans ce cadre que HUGHES E.C. définit ainsi le travail de terrain : « Le travail de
terrain sera envisagé ici comme l’observation des gens in situ : il s’agit de les rencontrer là où
ils se trouvent, de rester en leur compagnie en jouant un rôle qui, acceptable pour eux,
permette d’observer de près certains de leurs comportements et d’en donner une description
qui soit utile pour les sciences sociales tout en ne faisant pas de tort à ceux que l’on observe.
Même dans le cas le plus favorable, il n’est pas facile de trouver la démarche appropriée ».1
Pour ce cours, les étudiants seront testés sur leurs capacités à mener une étude de cas,
en respectant le protocole de recherches en sciences sociales. Autrement dit, il est demandé
aux étudiants de déposer un dossier de recherche d’une vingtaine (20) de pages environ à la
fin du semestre. Il s’agira d’un travail d’équipe portant sur le thème général de « La pratique
religieuse au Sénégal ». Mais différents sujets ayant un rapport avec le thème général
peuvent être acceptés. Les équipes seront composées de sept (7) à dix (10) étudiants,
partageant les mêmes ENO (Espaces Numériques Ouverts). Concrètement, les étudiants
devront se conformer au calendrier suivant.
1
HUGHES, E.C. 1996. "La place du travail de terrain dans les sciences sociales.", in Le regard sociologique, Paris: EHESS, p.267.

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Activités Étapes Durée
Constitution des groupes et choix Étape préparatoire de l’étude Du 27 au 31 janvier 2016
d’un sujet
Revue de la documentation et Étape théorique Du 1er au 10 février 2016
entretiens exploratoires
Rédaction du cadre théorique Étape théorique Du 11 au 17 février 2016
Délimitation du champ d’étude et Étape méthodologique Du 18 au 20 février 2016
choix des cibles d’enquête
confection des outils et Étape méthodologique Du 21 au 24 février 2016
techniques de collecte de données
de terrain
Phase pré-test Étape méthodologique Du 25 au 27 Mars 2016
Administration des questionnaires Étape méthodologique Du 28 au 03 Mars 2016
et entretiens
Analyse des données des enquêtes Étape analyse des données Du 04 au 10 Mars 2016
Date limite de dépôt du dossier Le 15 Mars 2016

1. Préalables de la pratique de terrain


Avant d’aborder la manière de procéder dans un travail empirique ou pratique de
terrain, il s’avère utile de rappeler les principes fondateurs. La pratique de terrain n’est pas
une simple descente ou une banale incursion d’un chercheur dans un lieu géographiquement
localisable. C’est un contact rigoureux et méthodique dans son terrain de recherche. Elle fait
suite un préalable travail de construction de l’objet, un effort de distanciation, une rupture
avec les prénotions et une définition des techniques et outils en cohérence au cadre global de
recherche.

Dans tout processus de recherche avant l’investigation, le chercheur doit se définir un


objet en partant d’un nécessaire questionnement sociologique. Ce qui suppose une rupture
naissant d’une insatisfaction des explications du sens commun et en lui donnant une
orientation scientifique et plus précisément sociologique. Un travail de terminologie et
d’articulation s’impose pour donner une base scientifique avant d’envisager une descente sur
le terrain.

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- De la distanciation…
A l’entame d’une pratique de terrain, le chercheur doit justifier le choix de son thème
de recherche et ce qui le sous tend. Un thème de recherche ne sort jamais du néant, il résulte
d’une insatisfaction ou d’une curiosité ou d’un paradoxe observé et qui suscite un intérêt pour
le chercheur. Au-delà des motivations objectives, il peut exister d’autres motivations d’ordre
subjectif qui peuvent pousser le chercheur à s’investir dans un objet de recherche. Toutefois,
dans tous les cas, le sociologue doit se lancer dans un premier effort, voire permanent de
distanciation. Pierre Bourdieu offre une réponse à cette question en évoquant
l’ « objectivation participante » par une distanciation à la fois de l’objet d’étude et de sa
propre position par une capacité de « neutraliser se sentiments et refouler ses passions. » p.22
L’effort de distanciation du chercheur a comme finalité de se débarrasser et départir des
prénotions susceptibles de déformer la réalité objective.
- …A la rupture avec des prénotions
Le passage d’un objet « commun » à un objet sociologique implique un
questionnement plus profond que celui qui est quotidiennement posé par les individus. Ainsi
en s’intéressant au phénomène de la pratique religieuse ; le sociologue est appelé de dire ce
qu’est la pratique religieuse, la manière dont elle se manifeste, ses variantes, ses dimensions,
etc. C’est à partir de ce travail de défrichage théorique et conceptuel et en faisant ressortir une
orientation précise par le questionnement qu’un travail de recherche sociologique prend
forme. Loin d’être une simple attitude, il s’agit d’un refus du sens commun tout en partant de
là pour faire ressortir la complexité latente à travers la définition d’un problème de recherche.

2. La pratique de terrain : usage des techniques et outils


La première vertu du terrain est celle de nous apporter une précision sur notre objet de
recherche. La pratique de terrain suppose la rigueur dans la conception et le maniement des
outils et des techniques mais aussi une souplesse dans la contextualisation des hypothèses et
l’analyse des données. Ainsi pense t-on à juste titre qu’un travail de terrain qui n’est pas
susceptible de substituer les termes de la question de départ est une mauvaise enquête, inutile
et inefficace». In fine, c’est une problématique pertinente et une bonne méthodologie qui
garantit au chercheur la réussite de son investigation empirique et de sa pratique de terrain.
Un des premiers principes d’une pratique de terrain en sociologie est d’élaborer,
expliciter, justifier et maîtriser les outils à partir desquels son objet de recherche est bâti. Il

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faut certes reconnaitre que chaque outil de recherche a ses limites heuristiques, mais les outils
de la recherche ne sont jamais arbitraires pour autant sans pour autant avoir la même valeur.
Il faut aussi préciser que le chercheur et son objet de recherche sont reliés par des
manières d’identifier, d’ordonner et de penser la réalité étudiée ou schèmes cognitifs qui ne
sont pas forcément des présupposés établis d’avance mais qui s’impose par la nature du cadre
global de recherche. Cela donne un cachet constructiviste impliquant le chercheur dans son
rapport avec son objet de recherche et le poussant à expliciter avec quels outils, techniques et
base conceptuelle il compte concevoir son discours sociologique et comment il les met en
œuvre.
Dans une pratique de terrain pour recueillir des données, généralement le sociologue
mène une enquête à travers des entretiens, une observation avec des outils bien déterminés
suivant la nature de sa recherche qu’il mène. Si on récapitule, la pratique de terrain nécessite :
- Un objet de recherche bien défini ;
- Un questionnement précis ;
- Un terrain bien déterminé ;
- Une identification et définition des cibles ;
- Un choix des techniques et outils pour la collecte de données ;
- Une bonne planification (organisation, durée, étapes…) ;
- Une définition ressources (financières, humaines, logistiques…).

2.1. L’observation
Dans la mesure où l'enquête sociologique ne peut pas toujours éluder le contact avec la
société réelle, les procédés simples d'observation sont d’une importance capitale. Plusieurs
types d’observations peuvent être utilisés.

2.1.1. L'observation directe libre.


Au départ de toute enquête sociologique, l'observation directe est libre et fait appel à
l’intuition de l'enquêteur qui essaie de percer les phénomènes auxquels il s'intéresse dans leur
double articulation avec l'ensemble social encore confus du fait de son expérience propre et
d’une organisation et d’une délimitation provisoire du champ d'étude qui rend ainsi possible
l'observation méthodique.

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2.1.2. L'observation indirecte méthodique

Prolongement indispensable de l'observation directe, ce procédé utilise les données


documentaires concernant l'objet envisagé dans l'enquête. Les données documentaires
constituent le début recommandé de l'enquête sociologique. Il est ainsi important de ne pas
faire table rase des importants éléments que sont les recensements, les registres d'état civil, les
registres paroissiaux, les documents juridiques et économiques, les cadastres, etc. Les données
documentaires sont aussi utilisées dans l'étude des réglementations sociales et, d'une façon
plus générale, des paliers les plus profonds de la réalité sociale. L'utilisation des données
documentaires dans l'enquête sociologique ne soustrait pas quant au questionnement de sa
validité.

2.1.3. L'observation participante


Avec ce procédé, nous nous acheminons vers les techniques fondées sur la
communication de l'observateur avec les sujets observés. Par l'observation participante,
l'observateur est en même temps acteur : il s'intègre au groupe étudié en participant à ses
activités et manifestations diverses. Il fait ce que l’on appelle de l’immersion.

2.1.4. L'observation par l'intermédiaire d'un informateur


Ce procédé technique est employé en sociologie pour exploiter l'expérience de
l'enquêteur qui doit lui permettre le contrôle des informations reçues. Celui-ci doit être bien
identifié et justifier son appartenance au groupe considéré et déterminer l'emboîtement des
différents sous-groupes dont il fait partie. L’observation se fait à travers une grille ou guide
d’observation qui est constituée d’une liste de thèmes définis par le sociologue qui observe de
façon systématique son terrain. En général, le sociologue se donne une première grille très
large à partir de laquelle il met en exergue tous les aspects de son terrain. Après, il va mettre
le focus sur ses observations dans son aspect particulier et en rapport avec une question
sociologique particulière. De cela doit ressortir une nouvelle grille d’observation plus
restrictive pour permettre des observations plus systématiques.

L’observation implique inévitablement la communication verbale à titre occasionnel


ou de façon systématique. Toutefois l'entretien en tant que technique autonome de recherche
est hérité de la psychologie clinique, la psychologie sociale puis utilisé en sociologie.
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L’utilisation des divers procédés d'entretien dans l'enquête sociologique s’explique par la
nature spécifique des phénomènes sociaux dont la saisie ne saurait être effective dans une
perspective d’objectivité absolue.

3. Les entretiens : principes et mode opératoire


Le fait de mener une enquête pour un chercheur en sociologie n’est pas un objectif en
soi mais plutôt un moyen et elle doit prendre place dans un cadre d’une démarche globale
impliquant en amont un travail de questionnement, de délimitation de l’objet étudié et ensuite
en aval un travail d’analyse du résultat. Très souvent dans une recherche, la descente sur le
terrain est précédée d’un courrier d’introduction auprès de la localité ou un contact direct avec
les concernés pour préparer l’enquête. Par rapport à l’entretien, une attitude et des manières
de procédés particulières garantissent la richesse des données.

3.1. Quelques principes de base

3.1.1. Attitude lors de l’entretien


Dans un entretien, il est nécessaire d’arriver à instaurer un climat de conversation qui
limite à même de garantir un rapport de confiance et de rompre avec une relation a sens
unique visant de la part du chercheur à extraire de l’information et des données. Se pose alors
de la part du chercheur, une ingéniosité pour créer une interactivité par l’humour, le tact. On
peut aussi essayer de renverser le flux d’informations et accepter de répondre aux questions
posées par la personne interrogée. Au terme de l’entretien, le chercheur doit mettre les formes
avant de prendre congé en évitant de se lever et de partir brusquement. Cela peut hypothéquer
la possibilité de le rencontrer à nouveau. Prenez le temps de prendre le thé avec lui, de
discuter, de répondre a ses questions.

3.1.2. Intervention de l’extérieur


Parfois, lors d’un entretien, une personne extérieure peut s’introduire ou s’asseoir et
répondre ou influencer par sa présence la personne que vous interrogez. Sa présence peut être
utilisée suivant deux options : On a dans ce cas deux options possibles :

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a. profitable en ce sens qu’elle donne la possibilité d’enrichir les informations collectées
mais cela implique une nécessaire identification des propos lors de la prise de notes
pour éviter tout biais dans le traitement de l’information ;
b. néfaste car entravant le bon déroulement de l’entretien en s’interposant entre vous et
votre interlocuteur. Dans ce cas, le chercheur peut avec beaucoup de tact amener
poliment la personne a ne pas prendre part à l’échange malgré le caractère sensible de
cette situation.

3.1.2. Le choix du lieu de l’entretien


Il est tout aussi judicieux de bien choisir le lieu de l’entretien en évitant de les mener
dans un environnement susceptible de biaiser le climat de l’enquête. En règle générale, il est
préférable que les entretiens se déroulent autant que possible chez les cibles. Il faut éviter de
leur demander de venir à l’hôtel ou dans tout autre lieu choisi par vous pour faire l’entretien.
Dans son environnement, l’informateur est dans son univers familier et vous considère
comme son hôte, il vous accueille. Il est difficile d’établir ce type de relation hors de
l’environnement de l’enquêté. En vous rendant chez votre interlocuteur, vous instaurez une
relation d’échange équilibrée. Nous avons divers types d’entretiens à savoir :
a) L'entretien libre

Cette technique qui laisse une grande liberté vise à recueillir des données riches en
signification mais rend délicat le contrôle des réponses et difficile leur comparaison.

b) L'entretien informel ou inorganisé

Par ce type d’entretien, le plan est très souple suivant les individus interrogés. L'ordre des
questions et les termes dans lesquels elles sont posées ne sont pas respectés. L'enquêteur
s'efforçant de gêner le moins possible la spontanéité du sujet.

c) L'entretien par questions fermées

Ici le chercheur procède son entretien suivant un plan rigide dans lequel l'ordre des
questions et les termes dans lesquelles elles sont posées sont scrupuleusement respectés.
L'enquêté n'a pas la latitude de commenter ses réponses. Cette technique rend possible une
codification immédiate des réponses et, par conséquent, leur « quantification » et leur
traitement statistique. Mais au détriment du contenu dont la signification s'amenuise.

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d) L'entretien répété

C’est un procédé d'application de l'interview à l'analyse d'un changement social. On interroge


à intervalles réguliers un échantillon établi du groupe dont on veut suivre les modifications
des opinions et des attitudes au cours d'une situation sociale mouvante et en fonction des
déterminations extérieures que le groupe subit (en l'espèce l'étude citée a été effectuée au
cours d'une campagne électorale). Afin d'éviter les « distorsions » qui pourraient surgir de la
répétition des interrogatoires sur les mêmes individus, on teste, chaque fois, un échantillon
témoin présentant les mêmes caractéristiques que l'échantillon expérimental.

e) L'entretien approfondi.

Ce procédé consiste en un entretien libre durant laquel le chercheur se donne pour


objet l'exploration d'une réaction particulière de l'enquêté à un stimulus déterminé (un
message transmis par la presse ou la radio, par exemple, dont le contenu, préalablement
analysé, a servi à l'établissement des hypothèses d'enquête). Comme dans l'entretien
inorganisé, le rôle du chercheur consiste moins à interroger le sujet qu'à l'aider à éclairer lui-
même l'incidence du stimulus sur ses attitudes et son comportement.

3.2. Les outils pour l’entretien

3.2.1. Les questionnaires


Les techniques d'interview nous conduisent à envisager le procédé du questionnaire
fréquemment utilisé dans la recherche sociologique et vulgarisé par les enquêtes dites
d'opinion publique. Le questionnaire n'est généralement autre chose qu'une interview de type
fermé dont les inconvénients sont aggravés chaque fois que la garantie que peut apporter la
présence de l'enquêteur professionnel vient à faire défaut, comme si souvent c'est le cas dans
les enquêtes d'opinion lorsque le questionnaire est diffusé par voie de presse ou expédié par la
poste. La technique du questionnaire offre l'avantage d'une codification et d'une exploitation
rapides des réponses, mais son emploi exclusif ne saurait permettre une analyse en
profondeur.

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3.2.2. Les guides d’entretien
La grille d’entretien est la liste des thèmes que le chercheur dresse en fonction de leur
pertinence et à partir desquels, il va structurer son entretien dans le cadre d’une recherche
qualitative. Le guide d’entretien offre plus de souplesse au chercheur comparativement au
questionnaire.

3.3. Le mode opératoire


Une fois l’entretien mené, le chercheur est appelé à faire un usage judicieux des
informations collectées pour qu’elles puissent servir à être exploitées dans l’analyse. A ce titre
il est conseillé de suivre le canevas suivant :
- la retranscription de l’entretien si c’est l’enregistrement qui a été choisi ou le lire en entier
- la notation sur papier des premières impressions liées à cette première lecture, si c’est par
l’écrit qu’il a été mené ;
- l’analyse de la tonalité d’ensemble de même que pour l’écriture du journal d’enquête, il
faudra écrire les premières idées qui vous passent par la tête avant de les reprendre, de les
affiner ou de les corriger. Dans tous les cas, il ne faut pas s’abstenir d’écrire après lecture.
- soulignage des termes frappants, en lisant les entretiens ;
- focus sur les mots clés, les expressions qui reviennent constamment qui sont à annoter
- la lecture en profondeur avec plus de détail de l’entretien paragraphe par paragraphe.
- la sélection des extraits qui paraissent particulièrement intéressants et faites en un premier
commentaire.
- la rédaction de commentaire d’entretien à partir des notes en présentant socialement
l’interviewé, puis le contexte et la dynamique de l’entretien et en précisant ce qui fait la
spécificité de cet entretien. »

3.3.1 Déroulement de l’entretien


Durant le déroulement de l’entretien, il convient de respecter un certain nombre de procédés à
savoir :
- Prendre des notes en lisant les retranscriptions; les annoter d’idées ; écrire des mémos ;
- Demander/recevoir un feed-back sur ses idées ;
- Réduction des informations (création de diagrammes, de tableaux, de comparaisons) ;

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- Développer des codes, des catégories (viser max. 5-6 catégories clé, qu’il est possible
d’étendre ensuite ou d’affiner) ;
- Faire des liens entre les catégories ;
- Développer un cadre analytique / une théorie.

3.3.2. Analyse de l’entretien


Dans l’analyse de l’entretien, les différentes étapes suivantes sont requises :
a. La restitution du contexte ;
b. Le recoupement des informations gage de position critique face aux informations
récoltées ;
c. La mise en rapport des positions objectives des enquêtés, des pratiques que vous avez
pus observer et les points de vue subjectifs exprimés lors de l’entretien ;
d. La distinction entre les faits objectifs et les jugements sur ces faits (soit les données
subjectives même si vous n’avez vu vos interviewés qu’en situation d’entretien, leur
cadre familier vous a livré des éléments objectifs de leur position : ainsi le cadre
domestique est le résultat matériel de leurs pratiques ;
e. Le procédé ethno méthodologique par le relevé des « mots spécifiques » qui
permettent aux enquêtés de dire à leur manière des catégories de classement et de
jugement de leur réalité.
f. La clarification des objectifs et la détermination de la question la plus importante à
laquelle les matériaux répondent.

3.2.3. Analyse de contenu


Elle implique des hypothèses ; « c’est une lecture exogène informée par les objectifs
de l’analyste. Elle ignore la cohérence explicite du texte et procède par décomposition
d’unités élémentaires reproductibles (…). Elle a pour fonction de produire un effet
d’intelligibilité et comporte une part d’interprétation » (p.92). « Le choix du type d’analyse de
contenu, comme le choix du type de collecte, est subordonné aux objectifs de la recherche et à
sa formulation théorique (…). L’analyse de contenu n’est pas neutre. En tant qu’opération de
production des résultats, elle représente l’ultime étape de la construction de l’objet. Les
différentes analyses de contenu seront donc envisagées sous l’angle de leurs présupposés
théoriques et dans leur cadre d’utilisation spécifique ».

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Rédigez un commentaire d’entretien à partir de vos différents brouillons. D’abord
présentez socialement l’interviewé, ensuite le contexte et la dynamique de l’entretien, bâtissez
votre commentaire autour de ce qui fait, selon vous, la spécificité de cet entretien. »

3.4. Le journal de terrain


L'idée du journal de terrain est héritée de la tradition ethnographique obligeant le
chercheur à consigner chaque jour, ou à la fin de chaque séance de terrain, dan un journal, les
récits de ses journées d'observation ainsi que son rapport au milieu observé. Le journal de
terrain est un support important de la collecte des données et de la réflexion. Ce journal
constitue la trace du travail d’enquête. C’est dans le journal de terrain que le chercheur
consigne les données collectées à l’issue de chaque séance d’observation. A ces données
s’ajoutent des éléments méthodologiques, des esquisses d’analyse sociologiques, et des
réflexions sur le rapport au terrain.

L’écriture, dans l’enquête par observation, est le principal moyen de consignation des
données dont des textes, des photographies ou des éléments audio, vidéo. Il s’avère judicieux,
avec les risques de déperdition d’informations la consignation des informations au fur et à
mesure est indiquée. Le format du journal de terrain est distinct du compte rendu
d’observation. A la fin de chaque séance d’observation, les notes d’observation prises sur le
vif doivent être mises «au propre » dans le journal de terrain. Dans le journal de terrain, on
peut retrouver des notes descriptives, des données d’observation.

Le journal enrichira les notes prises sur le vif (décomptes, caractéristiques des
individus présents, bribes de propos entendus) avec des détails dans la description des lieux,
des séquences d’événements. Dans la description, le chercheur doit veiller à adopter le
vocabulaire le plus neutre possible et s’efforcer de dissocier description et interprétations. Il
doit faire des annotations prospectives sur le procédé à tenir dans la prochaine séance
d'observation, les choses à vérifier ou à observer.

Au cours des entretiens, toute lecture de données recueillie et analysée participe à la


réalisation d’un portrait sociologique de sa population d’étude. Il est aussi judicieux de tenir
un journal de terrain qui permet d’accompagner le chercheur dans l’étude et de participer à
l’explicitation de ses présupposés. En effet, plutôt que de prétendre à jeter d’un revers de main
toutes les expériences et toutes les idées qu’on peut se faire d’un objet d’étude avant de
l’étudier, il est préférable de recourir à l’explicitation, à la notation puis à la mise à l’épreuve
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des présupposés qu’on peut avoir à l’égard d’un objet de recherche. Et ce à travers la tenue
d’un journal de terrain.

Le journal de terrain est l’espace où le chercheur consigne ses observations, réflexions


méthodologiques et ses amorces d’analyses sociologiques. Ces notes peuvent avoir une forme
très libre comme des annotations, schémas, consignation de données, impressions à chaud
suite à une séance d’observation. Il est indispensable de noter dans le journal toute séance
d’observation, en mentionnant la date, l’heure, la durée, et l’observation faite. La prise de note
durant les étapes du travail et sa consignation sous un format chronologique permettent
d’objectiver l’évolution de la perception du terrain, du questionnement et des choix
méthodologiques.

La tenue d’un journal de terrain est un procédé méthodologique qui permet d’encadrer
l’ensemble d’une recherche. Il est utile car plaçant le chercheur en position de mettre la
lumière sur ses présupposés souvent déniés et méconnus de prime abord. Le plan d’un journal
de terrain est fonction de la démarche de l’enquête (inductive, déductive, etc.) et des
techniques d’enquête mobilisées (entretien, questionnaire, etc.).

Le plan général d’un journal de terrain peut se décliner ainsi :

 Réserver une double page pour chaque séquence de l’enquête (une lecture, une
observation, un entretien…). Pour toute nouvelle lecture, nouvelle observation, nouvel
entretien, etc., il faut aller à la double page suivante afin de distinguer clairement
chaque étape de sa recherche ;

 Consigner sur la page de droite les prises de notes du chercheur relatives à chaque
livre lu, situation observé. La page de droite contient ainsi, des éléments de
description : des notes d’observation, les extraits d’un livre…

Les prises de notes doivent être plus ou moins brèves tout en étant datée et référencée.
Pour un extrait d’un livre, il s’avère indispensable de noter le numéro de la page, le nom de
l’auteur. Dans le cas d’une note d’observation, il faut mentionner la date et opérer une
nomination des personnes observées et des lieux observés. Par contre, étant donné que les
entretiens sont enregistrés avec un dictaphone et que les questionnaires contiennent en
principe toutes les réponses des interrogés, les pages de droite d’un journal de terrain peuvent
alors contenir des prises de notes concernant le contexte dans lequel l’entretien ou le

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questionnaire s’est déroulé : accueil chaleureux ou vives tensions ; attitude générale de
l’interrogé… Plus généralement, la page de droite de votre journal de terrain contient donc
toutes les informations pratiques de votre étude. Elle renferme les notes descriptives qui
répondent aux questions ‘‘qui, quoi, quand, où, comment, quand ?

Le chercheur mentionne sur la page de gauche de son journal de recherche, des


questions, à commencer par sa question de départ, mais aussi celles de son questionnaire ou
de ses grilles de recueil et d’analyse de données. On y retrouve également des questions qu’il
est susceptible de se poser durant l’enquête ainsi que les premiers éléments d’analyse,
l’esquisse de certaines hypothèses et, enfin, des impressions, regrets, doutes, etc. La page de
gauche se divise entre d’un côté des questions, des réflexions, des interprétations et de l’autre
des impressions personnelles.

Conclusion
La production de données par l’investigation du chercheur est fondamentale dans toute
recherche sociologique. Cela suppose une définition claire des objectifs de recherche qui va
conditionner les techniques et les outils. Il revient au chercheur d’en choisir les plus pertinents
suivant la nature de sa recherche et d’en user pour collecter les données qui vont lui servir
dans sa systématisation. Le travail sociologique relève d’une ambition de compréhension et
d’explication du social. Cette prétention à la généralisation s’établit à partir de concepts, de
modèles et de théories. Dans ce cadre, l’orientation peut être qualitatives (entretiens,
observations plus ou moins participantes) ou quantitatives (mini-sondages par questionnaires).

Bibliographie
- Arborio Anne-Marie et Fournier Pierre, 1999, L’enquête et ses méthodes :
l’observation directe, Paris, Nathan – 128.

- Beaud, Stéphane, & Weber, Florence 1998. Guide de l’enquête de terrain. Paris: La


Découverte.

- Becker Howard S, 2002, Les ficelles du métier, Paris, La Découverte.


15
- Becker Howard S,“Inférence et preuve en observation participante. Fiabilité des
données et validité des hypothèses,”L’enquête de terrain, D. Céfaï ed., Paris, La
Découverte, p. 350–362.

- Becker Howard Saul, 2006, Le travail sociologique : méthode et substance, Fribourg,


Academic Press.

- Bizeul Daniel, 2007, “Que faire des expériences d’enquête ? Apports et fragilité de
l’observation directe,”. Revue française de science politique, vol. 57, n° 1, p. 69–89.

- Broqua Christophe, 2009, “L’ethnographie comme engagement : enquêter en terrain


militant,”. Genèses, vol. n° 75, n° 2, p. 109–124.

- Céfaï Daniel (dir.), 2003, L’enquête de terrain, Paris, La Découverte.

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