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Filières 

: GIM1/IST/OUAGA

SOCIOLOGIE
DU TRAVAIL
ET DES
ORGANISATI
ONS
Niveau : Master I

1
Chargé du cours : Maître SAWADOGO Sougourinoma
Consultant international en psychosociologie, en management de projets et conseiller conjugal/Ecrivain
Tél : 55585844 (WhatsApp)-79111042-51129646
Mail : sougrinoma69@yahoo.fr

LES OBJECTIFS ASSIGNES AUX COURS

Objectif général :

Acquérir une compréhension de travail comme réalité sociale et de son impact sur
l’individu.

Objectifs spécifiques :

- Définir l’objet de la sociologie du travail ;


- Examiner les essais de définition de la sociologie, de son objet et son champ
d’application.
- Identifier les différents courants inhérents à la production de la sociologie du travail.
- L’analyse approfondie de la profession.
- Définir le terme du chômage et proposer des perspectives pour sa réduction.
- Analyser les différentes inégalités liées à l’emploi

PLAN DU COURS

INTRODUCTION GENERALE

Chapitre I : Définition et approches de la sociologie du travail


I. Définition
1. La sociologie 
2. La sociologie du travail
II. Les différentes approches de la sociologie du travail
1. L’approche fonctionnaliste de la profession
2. L’approche interactionniste

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Chapitre II : Analyse de la notion de profession
1. La profession
2. Le chômage
3. De nouveaux modes de gestion de la main-d’œuvre
4. Des rapports entre l’homme et la machine
Chapitre III : Le travail et la technique
1. Les enjeux de la notion du travail
2. L’homme et le travail
3. Travail et technique dans la Grèce Antique
Chapitre IV : Les inégalités d’accès à l’emploi
1. Influence du niveau d’instruction sur l’emploi
2. L’origine sociale : déterminants influents sur l’emploi
3. La formation inadéquate au marché de l’emploi

CONCLUSION GENERALE

Bibliographie sélective restreinte


INTRODUCTION GENERALE

Le travail occupe, dans l’univers des sociologues, une place prépondérante. Facteur de
production, il mobilise des savoir-faire, permet à l’homme de s’affranchir des contraintes du
milieu et contribue ainsi à la création des richesses. Les revenus qui lui sont associés
constituent une composante essentielle de la demande des ménages et donnent accès à la
consommation de biens ou de services. Qu’il s’agisse de l’attribution des postes, de la
hiérarchie des qualifications ou de l’organisation des relations professionnelles la gestion des
ressources humaines regroupe ces différentes caractéristiques et met en jeu plusieurs
problématiques.

Certaines renvoient à des débats théoriques, d’autres ont trait à des contributions plus
factuelles. Comment rendre compte, par exemple, de la progression du chômage de longue
durée ? Faut-il incriminer les rigidités de l’appareil productif, se prononcer en faveur d’une
redéfinition des procédures d’indemnisation ou évoquer la recomposition des rapports
sociaux. De même l’incorporation de la robotique dans les chaînes de montage est-elle
synonyme d’enrichissement ou de désappropriation ? Doit-on raisonner en termes
d’intégration et de polyvalence, ou bien mettre l’accent sur la délocalisation des activités et la
réduction des possibilités d’embauche ? Autre thème d’actualité : la précarisation des emplois.
Les inégalités entre catégories de main-œuvre ne risquent-elles pas de s’accentuer ? Peut-on,
dès lors lutter contre ces formes d’exclusion ? Selon la nature du questionnement (enjeux de
la formation culture d’entreprise, crise du syndicalisme), on fera appel à des observations
empiriques des références conceptuelles ou des études de cas. Celles-ci pourront prendre
appui sur des données quantitatives et faire l’objet d’une modélisation spécifique. On
s’intéressera en particulier au contexte socio-économique, aux contraintes institutionnelles et
aux comportements des acteurs.

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Chapitre I : Définition et approches de la sociologie du travail

I. Définition
1. La sociologie 

Il y’a quelques années, Jean Duvignaud 1 disait que la sociologie était «fille de la
révolution ». Ce n’est pas une métaphore impertinente puisque la Révolution français de 1789
a accouché de la sociologie. Ainsi, avant cette date, les explications des problèmes des
femmes et des hommes qui prédominaient étaient-elles des explications métaphysiques,
philosophiques et tantôt religieuses : c’est la volonté du bon Dieu ! » disait -on ; tantôt,
c’était une explication psychologique : « Cherchons dans l’individu l’origine de nos
problèmes » parfois encore , on donnait une explication philosophique , c'est-à-dire
spéculative ou idéaliste .Pensons à Platon , par exemple .

Avec les bouleversements sociaux provoqués par la Révolution française et


l’avènement des premières sociétés capitalistes ( société fondées sur le marché, le profit
individuel et le salariat de l’immense majorité de la population ) , surgit une nouvelle
forme de pensée , une nouvelle façon d’envisager la réalité , des questions inédites.
Dorénavant, les problèmes sociaux prennent leur origine, non pas dans quelque cause
divine ou individuelle, mais bien plutôt dans le système qu’existe entre les êtres sociaux
( les personnes en société ) .

L’explication des activités des êtres Sociaux ( des personnes -en société ) de leurs
maux et de leurs conduites est maintenant à rechercher dans le système social lui-même,
dans son organisation sociale , sa structure idéologique et sa structure économique .on

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aurait aussi pu dire dans l’agencement particulier de son infrastructure matérielle et de
sa superstructure sociale et jamais ailleurs!

C’est ça la vie, perspective sociologique qui émerge à la fin du 18ème début 19ème
siècle en Europe occidentale. Et ne serait-ce que plus cinquante ans plus tard , soit vers
1960, que la sociologie sera une discipline scientifique enseignée formellement et à
plein temps à l’Université Laval et l’université de Montréal. Il nous aura fallu au
Québec plus de quarante ans de lutte contre l’hégémonie de la morale judéo-chrétienne
et catholique pour parvenir à ce résultat.

Ne sois pas surpris outre mesure. Les enjeux étaient et sont encore de taille.
Comme toute science la sociologie implique le rejet automatique de toutes les
explications de nature idéaliste / spéculative , comme la religion, l’astrologie … Les
sociologues cherchent à comprendre l’ensemble des activités des personnes -en-société,
soit le système social qui existe entre elles, indépendamment de leur volonté individuelle et
qui s’impose obligatoire à chacune d’elle. Les faits sociaux, c’est – à dire les manières
constantes d’agir de penser, d’être et de ressentir, qui existent indépendamment de la
volonté de chaque individu et qui s’imposent à chacun d’eux constituent donc l’objet
d’étude de cette nouvelle discipline scientifique qu’est la sociologie. Les sociologues
s’interrogent donc sur ces manières constantes d’agir, de penser, d’être et de ressentir et
cherchent toujours à les comprendre par rapport à l’engagement social qui les structure.

Ce qui t’arrive n’est pas le résultat du Hasard. Ce n’est pas non plus le résultat d’une
quelconque volonté d’un Dieu. Ce n’est pas non plus comme tu pourrais peut être le
penser, le résultat de tes aptitudes individuelles , l’explication de ce qui t’arrive est à
rechercher dans l’immense complexité des relations sociales qui existent entre nous, qui
déterminent partiellement ton existence , et cela sans que tu aies même conscience de
cela.

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La sociologie est l’étude des faits sociaux par des méthodes scientifiques. L’intérêt
pour la vie sociale et sa compréhension est lié à l’existence même de la vie en société. Mais
dépassant les préoccupations philosophiques et les volontés normatives de corriger les tares
de la société qui sont des orientations très anciennes, la sociologie moderne s’attache à
l’orientation des faits sociaux en les séparant autant que faire se peut des jugements de
valeurs. C’est de cette exigence méthodologique qu’elle se pose comme science. Cependant,
cette méthodologie doit être intégrée à l’ensemble des problèmes épistémologiques qui ont
pour but la validation des formes d’explications scientifiques des règles de l’inférence logique
des conditions d’utilisation des concepts et des symboles de la théorie sociologique. Cette
théorie sociologique par sa prétention scientifique doit se forger un dispositif symbolique,
logico-conceptuel qui soit cohérent et pertinent vis-à-vis de l’ensemble des concepts et des
propositions qu’elle préconise une théorie qui a besoin enfin d’un ensemble de formulation
symbolique , structurée, des règles et des méthodes vigoureuses pour lui donner une certaine
solidité scientifique. Les pères fondateurs de la sociologie Auguste Comte notamment,
fortement influencés par le positivisme du 19è siècle ont lié le sort épistémologique de la
sociologie à celui des sciences de la nature. Très tôt, ils posèrent les problèmes sociologiques
comme problèmes relevant de procédures rigoureuses contrôlables inspirées de méthodes
ayant cours dans les sciences dites exactes. Auguste Comte espérait mettre un terme à toute
approche irrationnelle des phénomènes sociaux. Ce n’est pas du hasard, s’il donne le nom
d’abord de « physique sociale » à cette nouvelle discipline qui sera bientôt baptisée
« sociologie ». Porté par l’idéal scientifique, Auguste Comte espérait que comme la
« physique » dans le monde de la nature, la sociologie devait mettre de l’ordre dans le monde
social.

Depuis ses débuts, la sociologie est confrontée constamment à la critique de ses


moyens de connaissance et cette critique détermine son action pour construire les théories
acceptables sur le social. Longtemps coincée dans l’alternative, de limitation aveugle, et du
refus d’imiter la science, de la nature, la sociologie tente toujours de s’en échapper et de
rechercher une démarche scientifique propre et originale. Emile Durkheim affirme que : « la
sociologie prit naissance à l’ombre des sciences de la nature et elle est en contacte intime avec
elles, il va de soi que parmi les premiers sociologues, quelques-uns eurent le tort d’exagérer
ce rapprochement au point de méconnaître l’origine des sciences sociales et l’autonomie dont
elles doivent jouir à l’égard des autres sciences qui les ont précédées. Mais ces excès ne
doivent pas faire oublier tout ce qu’il y a de fécond dans ses foyers principaux de la pensée
scientifique ».

Le sociologue pose désormais clairement, la spécificité de ses démarches, mais cette


autonomisation est traversée et parfois freinée par des clivages internes qu’il ne nous
appartient pas de détailler ici car ces querelles ne sont pas les seules causes des diversités des
méthodes sociologiques. La discipline trouve ses origines dans la nature de son objet d’étude
qui possède des caractéristiques très particulières de son objet et l’intimité du sociologue avec
celui-ci sont sans doute les premières difficultés de sa démarche scientifique de l’élaboration
et de la mise en œuvre des méthodes et techniques d’investigation.

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Quelques grands sociologues

1. Comte, Auguste (1798-1857). Philosophe français du 19èsiècle. Fondateur du


positivisme. Il est l’auteur de la philosophie positive (1830-1842).
2. Durkheim, Emile (1858-1917). Français d’origine, il est l’un des Pères fondateurs de
la sociologie moderne. Ses ouvrages: de la division du travail social (1893), les Règles
de la méthode sociologique (1895), le suicide (1897), les formes élémentaires de la vie
religieuse (1912)
3. Weber, Max (1864-1920), sociologue allemand. Son œuvre: l’Ethique protestante et
l’Esprit du capitalisme (1904-1905).
4. Boudon, Raymond (1934-) sociologue français représentant de l’individualisme
méthodologique. Il est à l’origine de nouvelles techniques quantitatives des
phénomènes sociaux.
5. Bourdieu, Pierre (1930-2002). Sociologue français, l’un des fondateurs de la
sociologie contemporaine.
6. Spencer, Herbert (1820-1903). Philosophe britannique, souvent considéré comme l’un
des précurseurs de la sociologie et surtout connu pour ses travaux sur les changements
sociaux. Œuvres : la statique sociale (1851), les premiers principes (1862-)

2. La Sociologie du travail 

Le travail faisant partie des réalités sociales, il est le produit de l’homme ;


sociologie des organisations rentrant dans le cadre de la sociologie de travail.

Deux courants de pensée : Fonctionnaliste et interactionniste .Travail sous


contraintes : être en mesure de travailler sans contraintes extérieures et intérieures
dans le cadre du service.

La sociologie du travail : c’est l’étude sous ses divers aspects de toutes les
collectivités qui se constituent à l’occasion du travail (Friedman). Karl Marx va plus loin
en parlant du capital, et les rapports de productions. Il voit dans le travail des aspects de
domination. C’est le profit qui intervient dans sa théorie. (Lutte de classes). Il déclare :
« Prolétaires de tous les pays, unissez –vous ».

Durkheim : il a participé à la réflexion sur la sociologie du travail. Il a beaucoup


étudié sur les sociétés traditionnelles et Karl Marx sur les sociétés industrielles. D’où son
ouvrage "Division du travail social, par rapport au sexe, génération etc. Comment les
hommes s’organisent concernant le travail. Cette pensée inclut la socialisation de
l’individu (formation et inculcation des valeurs).Tel Travail pour femme, tel autre pour
homme. Cette division du travail n’est non plus exclusive .Durkheim parle de
l’organisation du travail au sein de la société mais non en terme d’accumulation de capital
comme Karl Marx. Le rôle du sociologue c’est d’étudier les faits qui relèvent du normal
et ceux relevant du pathologique. L’enfant qui s’occupe du bébé pour que sa mère
travaille ou l’enfant qui chasse les oiseaux au champ participe à la production qui est

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différente de la conception économique(sociétés modernes) .Déplacer en ville ce travail
change de forme .

Pierre Naville : Automation et forme moderne dans les sociétés industrielles .La
question du travail n’est pas seulement ce que font les individus mais également ce que
cela modifie dans la vie des individus (respect, considérations, valorisation…)

A partir des années 70, les auteurs vont orienter leurs recherches sur l’organisation du
fonctionnement des usines, des administrations à tel enseigne que  Dominique Meda donne
trois (03) dimensions sur la perception du travail :

 Le travail comme facteur de production (source de richesse et le contenu Importe


peu)
 L’essence de l’homme vue comme un système de distribution de revenu (la vie de
l’homme et les répartitions des richesses)
 Les droits et la protection au travail comme facteurs de transformation sociale , le
travail n’entraine pas toujours un salaire , par contre n’importe quel travail génère
un revenu (sociologique )

Partant de toutes ces considérations, on peut se demander si le travail constitue une


obligation ou un principal moyen de se réaliser.

La question de se réaliser : identité , statut /réseau professionnel , liberté .La


question de l’obligation et celle de se réaliser tiennent compte de la trajectoire de
l’individu. Un étudiant qui a fait dix (10) ans de chômage ne se pose de question sur la
notion de servitude en termes de travail. L’espace définit aussi l’identité. Le travail permet
aux acteurs de se positionner.

La sociologie du travail est aussi un questionnement des rapports que tissent les
hommes et les femmes dans leur lieu de travail .Ces multiples rapports concernent à la
fois le temps au travail et le temps hors travail .Ce qui se définit par les concepts de le
Dedans et le "dehors" de l’entreprise, de l’atelier et du lieu de travail ."Le dedans" c’est la
construction des subjectivités au travail (plaisir, souffrances, tensions, l’harmonie,
l’ambiance) des modes de gouvernance, les styles de management ou types de
commandement, les conflits construits autour des enjeux, des modes de résistance, des
façons d’organiser le travail dans l’atelier souvent de façon informelle et opératoire de
rapports, parfois contradictoire de l’humain dans son poste de travail, des modes
d’apprentissage et de qualification .

A Strauss parle de trame de négociation d’adaptions et de réadaptions ; Gottamn : les


rites des interactions sociales.

II. Les différents courants de la sociologie du travail

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Avant la Révolution Française (1789), les besoins n’étaient pas énormes et le
travail salarié était insignifiant (période esclavagiste). Ce travail était basé essentiellement
sur l’activité agraire à côté de l’agriculture et de l’artisanat. L’artisan cumule les matières
pour fabriquer des objets. C’est lui qui a son savoir- faire et qui paye ses ouvriers. Il
cumule plusieurs fonctions et le capital lui revient.

Avec l’avènement de la liberté d’entreprendre (libéralisme), l’artisan ne détient


plus le monopole du travail salarié. L’institution du marché s’accompagne donc de la
"vente du travail c'est-à-dire le travail salarié (Travailler pour qu’on te paie). La force de
travail va être vendue. Le capital sera fourni à l’artisan par les industriels, commerçant … La
séparation du capital et le travail. Le lieu de formation se sépare du lieu de travail (école,
institut) et toutes les personnes formées vont alimenter les usines. On assiste donc à la
distribution des produits.

Le travail dans l’usine va susciter des interrogations sur les conditions de travail des
ouvriers. -Artisanat - Travail non salarié, l’émergence du travail salarié. Quand l’artisanat se
développe, il devient une usine manufacturée.

1. L’approche fonctionnaliste de la profession

Le fonctionnalisme est une doctrine sociologique selon laquelle la société est un


système dont l’équilibre dépend de l’intégration de ses différentes composantes. C’est une
perspective systémique permettant à chaque élément d’être rapporté à la totalité à laquelle il
appartient. Le fonctionnalisme privilégie l’étude des mécanismes d’adaptation (se mettre en
harmonie avec, se plier se conformer à) et de l’intégration (mot-clé de la sociologie
durkheimienne désigne l’intériorisation des normes et des valeurs dominantes). C’est une
doctrine selon laquelle la forme doit être l’expression d’une fonction, être appropriée à un
besoin. C’est un phénomène qui prend en compte des statuts et des rôles qui leur sont
associés. (cf. l’ouvrage de J.Coenen-Huther, le fonctionnalisme en sociologie : et après ? éd.
de l’Université de Bruxelle, 1984.

A partir de cette période, les penseurs vont s’intéresser surtout à la restauration et à


l’organisation des professions, leur développement au cœur des sociétés modernes. Cela
appelle à la cohésion sociale, en termes de lutte de classe. Parsons va mener la réflexion
en examinant la situation aux USA par rapport aux activités réalisées par les différentes
catégories sociales dans les années 40. Il y’a trois niveaux professionnels dégagés par
Dubar et Tripier.

- Le trait professionnel pertinent : semble être celui qui oppose le professionnel, qui
rend des "services performants à des patients ou à des clients" au Business man. Il
est "engagé dans la poursuite de son profit personnel en vendant des produits à des
consommateurs" Ce qui caractérise le professionnalisme. C’est ce qui se réfère à la
légitimité scientifique et ce qui est universel.

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- L’autorité professionnelle : constitue une "structure sociologique particulière " en
tant que telle. Elle est fondée sur une « compétence technique dans un domaine
défini et particulier » Ex : Ouvriers contre maitre, concepteur, ingénieurs…
- La neutralité affective : l’orientation vers la collectivité , ce niveau caractérise la
relation contractuelle de type professionnel par rapport à la situation commerciale
ou administrative : n’est pas orienté vers le profit pour soi-même ni par le respect
d’une règle anonyme, mais vers la satisfaction du client par les ressources de
valeurs inter- Personnelles comme par exemple la science ( Progrès Scientifique ) le
perfectionnement technique ou technologique ou la compétence juridique .

(Intellectualité –formation -Service) trois éléments proposés par Wilson : Avoir


spécialité, une formation dans le domaine et rendre service. Pour les fonctionnalités, il y’a
la compétence et la technicité.

2. L’approche interactionniste

L’interactionnisme désigne en sociologie l’analyse de la société comme produit de


l’interaction des individus. L’interaction elle-même traduit l’influence réciproque de deux
phénomènes, de deux personnes.

Courant sociologique américain des années cinquante, l’interactionnisme est l’étude


des relations individuelles et dynamiques comme fondement et principe explicatif de la
construction des groupes ou des institutions. L’activité sociale est ainsi définie comme un
« comportement significatif orienté vers l’autre ». L’interactionnisme a pour domaines de
recherche, la déviance, les minorités, et les conflits de culture.

HUGHES Everett va développer quatre (04) niveaux synthétisés par Dubar Claude :

 Groupe profession : Processus d’interaction qui ont pour but de s’auto organiser de
défendre leur autonomie et leur territoire et se protéger de la concurrence.
 La vie professionnelle : basée sur un processus biographique qui construit les
identités tout au long du déroulement du cycle de vie depuis l’entrée jusqu’à la
retraite en passant par plusieurs voies (Trajectoires ).
 Les processus biographiques et les mécanismes d’interaction sont dans une relation
d’interdépendance. La dynamique dépend des trajectoires biographiques des
membres, lesquels sont influencés par les interactions entre elles.
 Les groupes professionnels cherchent à se faire reconnaitre par leurs partenaires en se
positionnant par rapport à la division du travail et la capacité à coaliser.

La conversion professionnelle implique surtout à apprendre à gérer le décalage


entre les modèles professionnels théoriques et un peu sacré et les réalités professionnelles
faites de "sales boulots" ou alors des pratiques dites " pratiques terre à terre ".

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Chapitre II. Analyse de la notion de profession

1. La profession

La notion de profession est beaucoup plus développée dans la littérature Anglos-


Saxonne notamment l’ école de Chicago .La profession : Occupation par laquelle on
"gagne sa vie ".C’est le travail que l’on fait dès lors qu’il permet de vivre grâce à un
revenu .Dans une autre conception, celle-ci est définie comme " l’ensemble de personnes
exerçant le même métier (Sociologue, avocat, magistrat..) .La notion de profession est
proche de la corporation ou de même statut professionnel .Ces définitions permettent de
faire une classification à 03 Niveaux :

- L’axe identitaire subjectif (l’affirmation du partage de certaine vision du rapport au


travail ; de ses missions et de son sens).expl : résultat ; professionnalisme, image …
- Le niveau économique objectif : l’activité productrice de revenu.
- L’axe social collectif : l’existence à un groupe défini par un savoir- faire commun.

Historiquement, le terme de profession désigne des emplois institués, enregistrés


officiellement, reconnus juridiquement et figurant de droit dans les nomenclatures d’Etat. Son
origine étymologique (professo signifie déclaration publique) met l’accent sur l’efficacité
symbolique des rites sociaux de passage , d’autojustification , qui incitent les professionnels à
s’organiser en groupes disposant de pouvoir souvent exclusif d’exercer une activité
socialement valorisée , de la réglementer et d’en contrôler l’accès. La profession est ainsi une
occupation qui est parvenue peu à peu à mettre en place les conditions de son
institutionnalisation.

Les caractéristiques précédentes tendent à rapprocher les professions des anciens


métiers, ceux de la « corporation ». Les rites de passage permettent de séparer
symboliquement les maîtres des compagnons et des apprentis. Mais, dans le cas des
professions, ils ne constituent que l’une des façons de tracer la frontière entre le groupe des
professions et celui des profanes. L’opposition la plus marquée entre profession et métier (du
latin ministerium : charges et devoirs associés à la fonction de serviteur) est celle qui oppose
la tête et les mains, les activités nobles sur le modèle du médecin ou de l’avocat et les activités
manuelles. Les Encyclopédiens désignaient déjà le métier comme occupation « qui exige
l’emploi des bras et qui se borne à un certain nombre d’opérations mécaniques, qui ont pour
but un même ouvrage que l’ouvrier repère sans cesse ». Ce clivage entre arts libéraux et arts
symboliques, qui remonte au Moyen âge, n’a toutefois pas empêché les professions et les
métiers de s’organiser et de se réglementer dès le XIIIè siècle sous un même régime, le
régime corporatiste, dans lequel les cérémonies rituelles d’initiations s’apparentent à bien des
égards au modèle religieux de la profession de loi. Métiers et professions ont ainsi évolué
parallèlement, le français moderne s’accommode d’une équivoque concernant les distinctions
entre professions et métiers : il utilise le terme de profession dans un sens souvent très large et
très neutre, proche de celui d’occupation.

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En France, l’intérêt actuel pour les analyses en termes de profession est lié au
renouvellement de trois champs de la sociologie :

- la sociologie du travail qui, après une période marquée par l’intérêt pour l’étude
prioritaire du taylorisme dans le cadre de l’atelier, se préoccupe de plus en plus des
problèmes de l’emploi, de l’entreprise et s’intéresse aux catégories de techniciens ou
d’ingénieurs, ainsi qu’aux professions libérales ;
- la sociologie des organisations qui étend ses champs d’investigation à l’étude de
systèmes d’actions concrets de plus en plus diversifiés ;
- la sociologie de la formation qui élargit le champ de la sociologie de l’éducation aux
problèmes de l’acquisition des compétences professionnelles dans les situations de
travail, à travers des processus formels et informels de construction des savoirs et des
relations entre formation et qualification.

S’il est donc difficile d’aboutir à une définition sociologiquement univoque du terme
profession, on comprend comment la sociologie des professions peut développer des
orientations théoriques concurrentes, donner lieu à de nombreuses controverses et privilégier
des proximités ou des divergences avec des sociologies spécialisées.

Si le développement de la sociologie des professions date du XXe siècle, les réflexions


plus anciennes de Weber et de Durkheim permettent de mieux situer les débats actuels sur la
professionnalisation et leur ambiguïté.

Weber souligne l’importance des professions (terme qu’il emploie dans un sens voisin
de celui de profession libérale) dans la société occidentale moderne et il voit dans le processus
de professionnalisation le passage d’un ordre social traditionnel à un ordre social où le statut
de chacun dépend des tâches qu’il accomplit et où l’allocation des emplois s’effectue selon
des critères rationnels de compétence et de spécialisation. La profession est une vocation : elle
n’est point héritée comme un destin, mais voulue et assumée. Le développement des
professions est lié à la bureaucratisation caractérisée par la hiérarchisation de tâches divisées
et réparties sur la base de critères objectifs, la séparation complète entre les fonctions et les
hommes qui les occupent, la mise en place de formation spécialisée et de procédures de
recrutement fondées sur la libre sélection et l’engagement contractuel.

Durkheim (cf. Division du travail social, 1893) s’interroge sur les conflits d’intérêt qui
déchirent les sociétés industrielles, à la recherche d’autorités légitimes susceptibles de
restaurer un maximum de cohésion sociale. Pour lui, les associations professionnelles ou
corporatives pourraient être les instances susceptibles de lutter contre les risques d’anomie qui
s’accroissent dans les sociétés à solidarité organique. Elles pourraient être l’équivalent
moderne des métiers organisées en corporation, régis par une déontologie spéciale et
susceptibles de développer chez leurs membres une discipline et une solidarité qui les
détacheraient de l’égoïsme individualiste.

Dans la tradition continentale, malgré des différences d’approche marquées, la


professionnalisation renvoie donc plus au développement de formation et de qualifications
spécialisées de compétences spécifiques, à une modernisation et une intellectualisation des

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anciens métiers qu’à la naissance et à la structuration de groupes organisés, autonomes
contrôlant l’accès à la profession et à son exercice.

Du fonctionnalisme à l’interactionnisme : symbolique. Aux Etats –Unis, la sociologie


des professions est marquée dès l’origine par le courant fonctionnaliste. Pour Carr-Saunders et
Wilson (1933), les professions en particulier celle de médecin sont présentées comme modèle
de développement des activités, en dehors d’une définition précise, elles se caractérisent
essentiellement par une formation spécialisée prolongée, un exercice de la responsabilité
grâce aux compétences acquises et des formes d’association visant à maintenir des normes
techniques et éthiques. Les tendances à la professionnalisation ne sont limitées que par
l’existence de groupes ne pouvant payer les prestations et l’absence d’estime suffisante pour
les services rendus.

S’éloignant de cette mise en forme des représentations que les professions ont d’elles-
mêmes, Parsons présente la professionnalisation comme le trait dominant des sociétés
industrielles. Partant de l’opposition entre le caractère désintéressé des professions libérales et
la poursuite du profit par les entreprises privées, il adopte des critères de définition qui
tendent à minimiser cette opposition.

- Prédominance de la technologie et recours à la science appliquée ;


- Autorité fondée sur la détention d’un secteur particulier du savoir et de la pratique
(spécificité fonctionnelle) ;
- Relations avec la clientèle orientées vers l’universalisme ;
- Poursuite du succès, réussite institutionnellement valorisée, acquisition des différents
symboles de reconnaissance.

Par ordre d’importance, les valeurs qui précisent les orientations poursuivies par les
professions sont l’accomplissement, l’universalisme, la spécificité fonctionnelle, la neutralité
affective, l’orientation vers la collectivité (et non vers le monde des affaires). Ces valeurs
fondent l’autonomie des professions libérales, dans la pratique quotidienne est marquée par le
risque, l’incertitude, l’implication émotionnelle. Toutes ces caractéristiques expliquent, selon
Parsons la nécessité du contrôle informel de l’activité par les pairs et l’importance des
associations professionnelles. Ce modèle, très lié à l’analyse de la profession médicale et
proche de son idéologie, semble peu adéquat pour étudier les conditions d’apparition d’autres
corps de spécialistes, de monopolisation du savoir et de fermeture du marché. Chez les
successeurs de Parsons, le modèle s’élargit mais se dilue dans le même temps ; un grand
nombre d’occupations sont analysées sous l’angle du processus de leur professionnalisation.
Pour tenir compte de la diversité des situations de marché, des relations des professionnels
avec leurs clients, des formes d’organisation des activités dans une approche sociologique des
groupes professionnels concrets, il semble nécessaire de dépasser la vision uniforme que tente
de construire la théorie fonctionnaliste.

S’il n’a pas exercé une influence prépondérante dans la sociologie américaine, le
courant interactionniste redécouvert en France dans la période récente, a fourni de
nombreuses études empiriques utilisant l’observation de groupes professionnels beaucoup

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plus diversifiés. Moins préoccupés de construire des modèles que d’étudier des objets de la
pratique quotidienne, les interactionnistes considèrent « les professions simplement comme
des occupations qui ont eu suffisamment de chances pour acquérir et préserver dans le monde
actuel du travail la propriété d’un titre honorifique (Becker, 1963). Leur objectif est de
progresser dans la connaissance de la division sociale du travail et de sa genèse, en prêtant
attention aux processus historiques de division des tâches et de catégorisation des corps
professionnels. Il s’agit également d’étudier la spécialisation et la diversification des
professions sous le rapport de leurs déterminations économiques, politiques et culturelles. La
profession est alors définie plus précisément comme « occupation qui a atteint le statut envié
où elle a licence de contrôler son travail mandat social pour l’organiser » (Hughes, 1958). Il y
a dans tout à la fois permission légale de mener certaines activités techniques spécialisées et
proclamation réussie de droit à superviser et déterminer les conditions de travail dans le
champ. L’étude de l’activité professionnelle, analysée comme interaction sociale passe par
l’approfondissement du système de travail dans lequel se côtoient plusieurs professions ou
occupations. La notion de carrière permet de comprendre les trajectoires dans leur globalité et
d’interpréter les significations des pratiques. L’étude des professions, quel que soit leur statut
social passe par le repérage des étapes et la découverte des circonstances dans lesquelles des
groupes d’individus partageant les mêmes occupations s’organisent, se structurent, acquièrent
un pouvoir ou parfois le perdent.

Vers de nouvelles perspectives.

Dans ses développements actuels, la sociologie des professions s’organise autour de


trois tendances :

- La première a trait à l’approfondissement de l’étude des groupes professionnels de


statut supérieur ou moyen. Pour analyser la profession médicale, dans une perspective
interactionniste, E. Freidson (1970) adopte un point de vue historique, qu’il complète
par une analyse de la division de travail. La division médicale du travail a un
caractère hiérarchique. La profession de médecin, s’opposant à l’ensemble des métiers
paramédicaux se caractérise par l’autonomie. Définie par le monopole structurel
(usage exclusif des méthodes), le contrôle stratégique (importance de l’appartement à
un groupe professionnel), le consensus symbolique (croyance de l’opinion publique en
sa compétence et son efficacité), elle fonde sa légitimité sur son organisation
officielle. Mais celle-ci ne prend sens que dans l’étude des formes de subordination et
de pouvoir qui marquent ses relations avec la clientèle ou les métiers paramédicaux.
Doivent également être pris en compte les rapports entres confrères. Une telle analyse,
choisie comme exemple, débouche sur une remise en cause des approches
fonctionnalistes des professions, liées aux pratiques sociales dans des pays et des
moments particuliers. Elle resitue les groupes professionnels dans l’organisation de la
division du travail, souligne l’importance des conditions historiques d’émergence et de
stabilisation des professions et débouche par ailleurs sur le constat de divergences
entre les compétences officiellement garanties et les capacités de travail, susceptibles
d’expliquer les évolutions (progression ou déclin).

14
- Second domaine d’étude : les réflexions sur la professionnalisation et ses ambigüités.
Ne distinguant guère professions et métiers, certains auteurs s’interrogent sur la façon
dont se structurent des groupes, à l’origine défenseurs de rôles et de qualifications,
individuelles dans le processus social de division du travail. R. Boudon et F.
Bourricaud (1982) analysent la professionnalisation comme tendance allant de pair
avec le mouvement de scolarisation permettant le contrôle de l’accès et la fermeture
du marché, assurant une rente de monopole. Bureaucratisation et professionnalisation
favorisent le développement d’intérêts corporatifs, dont la défense s’appuie sur le
niveau de la formation des professionnels plutôt que la qualité des services rendus aux
clients.
- Autre approche : les recherches consacrées aux marchés du travail fermés. La
profession est ici caractérisée par son organisation. Il s’agit pour le sociologue de
rendre compte de sa genèse et de sa structure, d’interpréter en place dans la division
du travail et de saisir les évolutions que cette place risque de connaître (J.D.Reynaud,
1989 ; D Segrestin, 1985).

Ces perspectives ne sont pas éloignés de celles de théoriciens américains de la


segmentation lorsqu’ils analysent les conditions de naissance et de fonctionnement des
«marchés internes» du travail dans de grandes entreprises , où les mécanismes d’allocation
des emplois, de détermination des salaires, de formation et de promotion professionnelle
n’obéissent pas aux lois du marché concurrentiel, mais sont gouvernés par des ensembles de
règles et de procédures administrées dans l’entreprise.

2. Le chômage
a) Définition

Inactivité forcée, totale ou partielle, d’un individu ou d’une partie de la main-d’œuvre


d’un pays. Deux sigles importants : PSERE (population sans emploi à la recherche d’un
emploi) et DEFM (demandeurs d’emploi en fin de mois). Le premier se réfère à la définition
du BIT (bureau international de travail), le second aux statistiques de l’ANPE (agence
nationale pour l’emploi). Le chômage peut être frictionnel ou saisonnier, conjoncturel ou
structurel, classique ou keynésien lié aux mutations technologiques, à une insuffisance de la
demande ou à un ralentissement temporaire de la croissance. Cet éloignement du marché du
travail est souvent synonyme de déchéance ou de stigmatisation.

b) Le chômage de longue durée

Quelles que soient les sources utilisées, le chômage de longue durée (au-delà d’un an)
est en constance progression. Qu’il s’agisse des effectifs, de la part relative ou de l’ancienneté
moyenne, les indicateurs retenus confirment cette tendance. L’ampleur du phénomène
conduit, dès lors, à sa « banalisation ». Celle-ci recouvre en réalité, des situations très
hétérogènes. On peut ainsi mettre en évidence :

- Un chômage d’exclusion, représentatif des travailleurs les plus âgés.

15
- Un chômage d’insertion, propre aux moins de 25 ans.
- Un chômage de reconversion, lié aux restructurations industrielles.

Ces trois composantes n’évoluent pas au même rythme. Depuis 1985, le chômage
d’exclusion décroît. Par contre, le chômage de reconversion, caractérisé par l’augmentation
des licenciements économiques, ainsi que le chômage d’insertion, corrélé avec
l’accroissement des taux d’activité féminins aux âges intermédiaires, se maintiennent à un
haut niveau. Les actions menées combinent tout à la fois garantie de ressources, politiques de
formation et mesures d’insertion. Elles deviennent de plus en plus « autonomes », c’est-à-dire
spécifiques aux populations concernées.

3. De nouveaux modes de gestion de la main-d’œuvre

Participant au fractionnement du « collectif de travail», le développement de contrats à


durée déterminée ou de missions d’intérim constitue un premier type de dysfonctionnement.
Même si de telles pratiques sont encore d’une ampleur limitée (de l’ordre de 20%) quand on
les rapporte aux effectifs leur progression est en revanche spectaculaire.

L’augmentation régulière de l’ancienneté au chômage pose également problème car


elle implique une paupérisation accrue et une exclusion prolongée de la sphère productive.

Le chômeur de longue durée se déqualifie et parfois, irrémédiablement. L’oubli des


gestes professionnels, la perte des rythmes de travail le rendent une méfiance accrue chez les
employeurs potentiels.

Quels que soient les indicateurs utilisés (vulnérabilité par âge, par sexe ou par PCS), le
sous-emploi atteint inégalement les différentes catégories de salariés et frappe en particulier la
main-d’œuvre féminine, les jeunes et les actifs les plus âgés. Comme nous le rappelle O.
Benoît-Guilbot (in futuribles, janvier-février 1985 p.26), « tout semble se passer comme si le
chômage était, à l’instar du valet de pique du jeu du mistigri, la carte qu’il faut éviter de
prendre à tout prix ou dont il faut, si on l’a attrapée, se débarrasser si possible sur le joueur
suivant. Dans ce jeu, chacun use de stratagèmes divers et met en œuvre tous ses atouts.

Par ailleurs, si les efforts consentis pour tenter de corriger certains déséquilibres ne
doivent pas être sous-estimés (notamment sur le plan financier), force est de souligner que les
modalités retenues ont souvent engendré des effets pervers. C’est ainsi que l’instauration des
« pactes nationaux pour l’emploi » a sans doute davantage profité aux jeunes bien formés qu'à
ceux dont l’insertion paraissait plus difficile à opérer.

4. Des rapports entre l’homme et la machine

Avec la diffusion des microprocesseurs, les compétences et les savoir-faire se


transforment peu à peu. L’identité ouvrière n’est-elle pas, dès lors, menacée ? Manœuvres,
techniciens et programmeurs forment-ils un ensemble homogène ?

16
Selon A. Touraine, l’histoire des rapports entre l’homme et la machine peut être
décomposée en trois étapes.

La première (phase A) correspond aux débuts de la révolution industrielle. Les


machines sont alors des machines universelles susceptibles de fabriquer différentes pièces.
L’ouvrier est maître de son travail. La formation a lieu sur le tas et prend parfois des années.
Dans les ateliers, règne une éthique de la conscience professionnelle. Par la suite (phase B), se
met en place le taylorisme. Les machines deviennent de plus en plus spécialisées. Le
chronomètre impose le respect des cadences de telle sorte que les directives du bureau des
méthodes puissent être appliquées avec le maximum d’efficacité. La dernière phase (phase C)
est celle de la machine autonome. Les tâches à exécuter ne sont plus que des tâches de
contrôle, de surveillance ou d’entretien. Toute intervention directe sur la matière est
supprimée.

Pour chaque niveau de qualification, la formation initiale requise ne cesse de


s’accroitre. Comment, dans ces conditions, répondre à une telle demande ?

Deux directions sont ici privilégiées : la lutte contre l’échec scolaire et la revalorisation de
l’enseignement technique.

Le développement de filières professionnelles s’inscrit dans cette perspective et vise à


promouvoir l’apprentissage de nouveaux langages. Ecole et entreprise sont ainsi appelées à
coopérer plus activement. Les principales recommandations concernent le regroupement des
BEP par familles de métiers, la redéfinition des procédures d’orientation et la mise en place
de cycles de perfectionnement. Sont également envisagés une modernisation des structures
d’accueil, une réactualisation plus fréquente des programmes, ainsi que des contacts plus
étroits entre établissements et collectivités locales. A terme, 80% d’une classe d’âge devrait
atteindre le niveau de baccalauréat.

Cet effort de démocratisation se heurte néanmoins à de nombreux obstacles :


contraintes de fonctionnement, stratégies de reproduction, influence du milieu d’origine…
N’oublions pas, par ailleurs, qu’en se banalisant, les diplômes risquent aussi de dévaloriser
(cf. sur ce point, les travaux de C.Anderson, R.Boudon ou C. Thélot). Quelles que soient les
réserves, la formation dispensée doit être une formation qualifiante. Contrats d’adaptation,
stages en alternance se traduisent dès lors par une meilleure insertion. Les formules mises en
place ne sont pas que de simples palliatifs et préfigurent de nouveaux modes d’intégration.
Cette problématique de la « transition professionnelle » apparaît ainsi comme une composante
essentielle des politiques d’emploi.

17
Chapitre III: Le travail et la technique

1. Les enjeux de la notion du travail

On s’accorde pour penser que le travail est une dimension essentielle, constitutive de
la nature humaine .D’un point de vue strictement biologique ou physiologique, il est ce qui
permet à l’homme de subvenir à ses besoins vitaux. Mais plus encore, le travail en
s’organisant en se diversifiant en se divisant est ce qui éloigne l’homme de ses nécessités
vitales, en faisant que la préoccupation pour lui soit plus immédiate ; le travail tend à se
dépasser lui-même pour permettre l’ouverture et le développement d’autres possibilités de
l’existence humaine ; l’homme devient proprement humain dans la mesure où il dépasse ainsi
la vie animale. Mais une question se pose alors: l’organisation sociale que suppose
le « perfectionnement »du travail ne conduit-elle pas nécessairement à une hiérarchisation qui,
dans sa face plus sombre, peut conduire à ce que l’homme travaillant pour un autre que lui-
même, se trouve à la fois priver des fruits de son travail et de son activité même en tant
qu’elle est dirigée par un autre ? Cette question amène une seconde : si ce même
« perfectionnement » du travail exige la production d’outils plus en plus performants. Offrant
la possibilité à l’homme d’acquérir une maitrise de la nature, la technique ne menace –t-elle
pas cependant d’exercer sa maitrise sur l’homme lui-même, celui-ci se trouvant dépossédé de
ses forces propres, se voyant aliéner ? On peut ainsi comprendre pourquoi, dans la pensée
moderne, après l’ « utopie » du progrès technique, synonyme de progrès de l’humanité, la
technique fut l’objet de très vives critiques. Mais au-delà de celles-ci, ne faut-il pas pourtant
reconnaître que la technique est anthropologiquement constitutive (formatrice de l’homme) :
que l’on pense ici à l’invention du feu, au travail de la pierre taillée et même à l’autre
extrémité de l’histoire de l’humanité, à l’internet. N’est-ce donc pas un usage raisonné de la
technique qu’à une condamnation sans appel qu’il faut se livrer ?

2. L’homme et le travail

« Le salaire du travailleur ne dépasse guère sa consommation courante et ne lui assure


pas le salaire du lendemain ; tandis que le capitalisme trouve dans l’instrument produit par le
travailleur un gage d’indépendance et de sécurité pour l’avenir. »PROUDHON, qu’est-ce que
la propriété ?

18
HEGEL, dans la célèbre dialectique du maître et de l’esclave, a exposé une conception
du travail qui n’a plus dès lors cessé d’exercer son influence. C’est dans la relation de
domination et de servitude que s’ancre cette conception. Pour HEGEL, l’homme ne devient
proprement humain que lorsqu’il obtient la reconnaissance d’un autre homme, c’est-à-dire
lorsque la certitude subjective qu’il a de lui-même se mue en vérité objective. L’homme veut
être reconnu en tant qu’homme, autrement dit il veut prouver à l’autre que pour lui, la vie est
purement animale, la vie des besoins n’est rien. C’est pourquoi il est prêt à risquer sa vie dans
une lutte à mort pour la reconnaissance. Bien évidemment, si l’un des deux protagonistes
meurt, plus aucune reconnaissance n’est possible. HEGEL affirme que dans cette lutte (qui
n’est pas pour HEGEL simple abstraction mais un véritable moment historique et
philosophique), l’un des deux adversaires, devant l’angoisse de la mort, abandonne le combat
prouvant qu’il tient plus à la vie animale qu’à son statut humain, tandis que l’autre maintient
son mépris pour la vie. Le premier devient l’esclave, le second le maître. L’esclave est donc
contraint de travailler pour le maître. On voit donc que dans un premier temps, le travail est
indissociable de la domination. Mais là où réside l’originalité de la thèse de HEGEL, c’est de
faire savoir que si le travail n’était pas primordialement fait « au service d’un autre », il ne se
distinguerait pas du désir animal qui consomme l’objet, qui vise la jouissance. Or le produit
du travail de l’esclave lui est refusé, en tant qu’il est destiné au maître. Ce produit acquiert
donc une autonomie à l’égard de l’esclave, et c’est justement cette autonomie qui va faire que
l’esclave pourra se reconnaître dans le fruit de son travail, et par là se reconnaître à l’égard du
maître dans ce qui lui est extérieur , passer de la certitude subjective à la vérité objective,
devenir humain. Le travail pour HEGEL, est donc culture ou formation (selon le double sens
du mot Bildung), c’est un processus d’émancipation qui provoquera la disparition de la
domination du maître.

Venons–en à MARX. Celui-ci hérite de HEGEL, la conception selon laquelle


l’histoire procède par la résolution successive de contradiction. Mais il s’oppose à l’idéalisme
de HEGEL, selon lequel c’est l’esprit (Geist) qui se réalise dans l’histoire. Marx va défendre
au contraire un matérialisme se concentrant sur les conditions concrètes d’existence de
l’homme. Sa thèse initiale est que, le propre de l’homme, par quoi il se distingue de l’animal,
est son travail, celui-ci s’inscrivant tout en le déterminant au sein d’une organisation sociale
(esclave, organisation qui est donc matérielle) , selon Marx, la structure passe par une lutte
des classes (forme première de la contradiction) opposant les propriétaires des moyens de
production et ceux qui sont contraints de travailler physiquement. Dans le capitalisme,
l’opposition se joue entre bourgeois et prolétaires. La bourgeoisie exploite le travail des
ouvriers qui n’ont à rendre sur le marché que leur propre force de travail. C’est justement sur
celle-ci, extorquée à l’ouvrier, que l’entreprise capitaliste réalise du profit, de la plus-value.
Le travail est alors aliénation ; L’enjeu de la révolution ouvrière va donc devenir de modifier
en profondeur le système économique en supprimant la propriété privée des moyens de
production. Ajoutons que pour toute une tradition Marxiste, le travail sera paradigme de
l’action humaine. LUKAS dira que le travail est la forme ontologiquement originaire de
l’activité humaine.

19
3. Travail et technique dans la Grèce Antique

« La disposition à agir accompagnée de règle est différente de la disposition à produire


accompagnée de règle. De là vient la confusion, encore que les deux ne sont pas une partie
l’une de l’autre, car ni l’action n’est une production, ni la production une action. Et puisque
l’architecture est un art, et est essentiellement une certaine disposition à produire,
accompagnée de règle, et qu’il n’existe aucun art qui ne soit une disposition à produire
accompagnée de règle, ni aucune disposition de ce genre qui ne soit un art, il y aura identité
entre art et disposition à produire accompagnée de règle exacte »ARISTOTE, Ethique à
Nicomaque.

Nous n’avons pas pour le moment exposé la conception que les grecs avaient du
travail par ce que celle-ci a occupé un rôle très marginal voire inexistant dans la réflexion
moderne. On doit à ARENDT d’avoir mis en valeur ceci en faisant la spécificité de l’intérêt.
ARENDT affirme que pour les grecs, le travail était l’objet de mépris dans la mesure où il
soumettait l’homme à l’ordre de la nécessité de la manière et aux commandes d’autrui. A la
différence de la pensée moderne, la pensée antique considérait le travail comme ce qui était
commun à l’homme et l’animal, et non proprement humain. C’est non pas parce que le travail
était réalisé par des esclaves qu’il était méprisé mais au contraire c’est parce qu’il était
considéré comme aliénant que les grecs justifiaient l’esclavage ; s’opposaient alors au travail,
à la pensée politique ou encore la culture physique. La démocratie supposait de s’échapper du
travail pour s’adonner aux activités publiques, à la gestion de la cité ; il supposait le loisir.

Ceci nous amène à présent à traiter de la conception grecque de la technique (tekhnê)


et plus particulièrement celle d’ARISTOTE. Pour celle-ci, il faut opposer les choses soumises
à la nécessité naturelle, et qui sont objets de science ou (philosophie), et les choses
contingentes, » qui peuvent être autres qu’elles ne sont ». Parmi ces choses, il y’a celles qui
sont fabriquées et sont œuvres de l’activité de production (poésies) et celles qui sont l’œuvre
de l’action (praxis). Il n’y a aucun recoupement entre les unes et les autres bien que toutes
puissent être dites des dispositions accompagnées de règle. L’activité de production,
autrement dit la technique, une fin qui se distingue de l’activité elle-même et qui met fin à
celle-ci : par exemple, la construction d’un bateau ne vise pas la construction elle-même mais
son produit, le bateau qui ; celui-ci une fois terminé, l’activité n’a plus lieu d’être. L’action
quant à elle, a sa fin en elle-même (cette fin lui est immanente), aucune réalisation ne met fin
à l’action : par exemple, agir par générosité ne vise rien d’autre que cette générosité même et
cette action perdure au-delà de ces réalisations partielles. Est manifeste ici encore la
hiérarchie qui structure la pensée grecque, la technique, liée à la matière étant surpassée de
très loin par la pratique éthique et politique.

20
Chapitre IV : Les inégalités d’accès à l’emploi

Depuis Montesquieu, Marx ou Durkheim, le thème des inégalités occupe une place
centrale tant en sociologie, qu’en philosophie ou en science politique. En mesurant les
différences de statut, de revenu ou de profession ; on fait apparaitre des avantages ou des
handicaps liés à l’appartenance à tel ou tel groupe à la position dans la stratification sociale.
Le premier problème est ainsi celui de la notion des inégalités. Lorsqu’on affirme, par
exemple que les inégalités de salaire entre hommes et femmes diminuent, on reste dans
l’ambiguïté tant qu’on ne précise pas qu’il s’agit d’une réduction de l’écart absolu (différence
entre salaires moyens) ou de l’écart relatif (rapport de cette différence au salaire moyen
masculin). Certains débats sur la tendance, dans les sociétés développées, à une réduction des
inégalités, se heurtent à ce type d’obstacle.

Le deuxième problème est plus fondamental et part d’un constat. Si en utilisant


diverses mesures, on observe une réduction de l’inégalité des chances scolaires, celle-ci ne
s’accompagne pas nécessairement d’une modification profonde de la mobilité
intergénérationnelle. Comment des lors, interpréter un tel paradoxe ? Certains feront référence
à une « logique de la reproduction » (P. Bourdieu, J.C.Passeron), d’autres argumenteront en
termes « d’effets de système » (R.Boudon).

L’inégalité désigne le caractère, l’état des choses ou de personnes inégales entre elles.


Comme en témoigne les inégalités juridiques, économiques, politiques, sociales.

De nos jours, personne n’échappe aux classifications selon la catégorie sociale et


professionnelle ou suivant toutes autres variables chargées d’une valeur sociale. Malgré
l’industrialisation, le métier reste la référence fondamentale. Le caractère général et persistant
des inégalités sociales devant l’emploi est un des faits les mieux établis.

1. Influence du niveau d’instruction sur l’emploi

21
L’emploi désigne une occupation confiée à une personne et ce à quoi s’applique cette
activité. L’accès à l’emploi est le plus souvent conditionné par un certain niveau d’instruction.
Les catégories sociales supérieures (cadres supérieurs, profession libérale) ont un niveau
d’instruction plus élevé que les catégories sociales basses (ouvrier, manœuvre). De façon
générale, le niveau d’instruction moyen augmente au fur et à mesure qu’on s’élève dans la
hiérarchie des catégories socioprofessionnelles. En France, les résultats d’une enquête sur la
mobilité dirigée par Praderie (1967) portant sur un nombre important de personnes montrent
qu’au sein de la population des hommes de 30 à 44 ans, les ouvriers spécialisés, les
manœuvres, les salariés et exploitants agricoles ont un âge de fin d’étude moins inférieur à 14
ans alors que celui des employés est supérieur à 15 ans, celui des gros commerçants à 16 ans,
celui des cadres administratifs moyens d’un peu moins de 17 ans, celui des cadres supérieurs
et des personnes exerçant une profession libérale respectivement de plus de 19 ans et de 24
ans.

En ce qui concerne la dimension professionnelle quel que soit le sexe, l’analyse du


niveau d’instruction des demandeurs d’emploi montre que celui primaire est plus nombreux
(35,80% et 41,40%) sans compter que 33,6% et 22,30% n’ont aucun niveau. L’analyse du
plus haut diplôme ressort.

2. L’origine sociale : déterminants influents sur l’emploi

Les jeunes de couche sociale défavorisée vivent des situations économiques et sociales
précaires et n’ont pas les mêmes capacités par rapport à ceux de couche sociale favorisée. Par
manque de moyens, les jeunes abandonnent les études au profit de la recherche
d’emplois pour subvenir à leurs besoins primaires et par le biais respecter le même processus
selon lequel, le fils de l’ouvrier devient ouvrier.

Le niveau d’instruction et le statut professionnel du père ont une influence sur le


niveau d’instruction du fils. C’est ainsi que les parents ont tendance à offrir à leurs enfants un
niveau d’instruction plus élevé afin qu’ils puissent accéder à un statut social élevé. Pour le cas
typique du Burkina Faso, on note une pertinence des inégalités de chance d’accès à l’emploi.
Certains parents occupant des hautes fonctions ont tendance à en faire profiter à leur lignée. Il
survient alors des situations de références sociales marquées par le favoritisme et le
clientélisme. C’est du reste ce que Pierre BOURDIEU a qualifié de « capital culturel ». Selon
lui, le capital culturel désigne l’ensemble des ressources culturelles d’un individu en partie
hérité de son milieu familial et qu’il fait fructifier par le biais de son propre parcours scolaire.
Cette sorte de capital est la détention d’un diplôme de titres scolaires qui permettent de
prétendre à une position professionnelle et sociale. Il y a une importante relation entre la
détention de diplômes par les parents et la réussite scolaire des enfants. A travers le capital
culturel et scolaire, chaque catégorie sociale détermine puissamment la destinée des individus
qui en sont issus : plus l’origine sociale d’un individu est élevée, plus il aura de chance
d’atteindre un niveau d’étude élevé et compte tenu de la liaison forte entre la formation et
l’emploi, il pourra atteindre lui-même une position sociale élevée. Et l’inverse se vérifie tout
aussi bien : les enfants des milieux populaires sont ceux qui sont les dépourvus de diplômes

22
ou qui doivent se contenter des diplômes les moins élevés et qui partant, ont aussi le moins de
chance d’accéder à des postes moyens et à fortiori supérieurs. Enfin la catégorie sociale
d’origine détermine le rendement du capital scolaire sur le marché du travail.

3. La formation inadéquate au marché de l’emploi

Le système éducatif du Burkina Faso dont est issue la majorité des demandeurs
d’emploi n’est plus efficace. L’école forme des chômeurs puisqu’elle n’aboutit pas toujours à
un travail dans le monde de l’emploi. Ceux issus de ce système ne répondent convenablement
au profil recherché (du fait de l’itinéraire de leur formation). Les formations basées toujours
sur des connaissances générales n’aboutissent pas à grand-chose car elles sont insatisfaisantes.
L’absence de planification de la formation a abouti de plus en plus à l’accroissement du taux
de chômage des jeunes diplômés. L’Etat se contente de rehausser le taux d’alphabétisation
sans pour autant songer au mécanisme d’intégration des diplômés dans le processus de
construction nationale. Il y a donc un écart entre les formations reçues et les qualifications
requises dans les différents domaines de la vie sociale. En outre la formation des jeunes n’est
pas en adéquation avec les qualités recherchées car les employeurs cherchent des jeunes qui
savent faire quelque chose de concret et non des simples diplômés. Il en résulte que
l’obtention d’un diplôme ne garantit plus aujourd’hui l’accès à un statut social élevé. En effet
le nombre de diplômés s’est accru dans des proportions beaucoup plus importantes que le
nombre de postes socialement valorisés (cadres, dirigeants d’entreprises). De ce fait, les
générations actuelles sont soumises à une compétition professionnelle et sociale plus intense.
Ceci entraine pour une grande partie des postulants, à un sentiment de « déclassement » soit
vis-à-vis des attentes et des espoirs de promotion sociale attachés au niveau du diplôme, soit
vis-à-vis des positions hiérarchiques que le même diplôme permettrait d’atteindre dans les
générations précédentes. Selon TORODO Ibrahim M. enseignant à l’Université de
Ouagadougou, le recrutement sélectif selon les besoins prioritaires (santé, éducation) de l’Etat
entraine une marginalisation des acteurs sociaux productifs avec l’exclusion et l’insatisfaction
sociale, la privation du travail.

23
CONCLUSION GENERALE

Notre cours a cherché à mettre en relation des énoncés théoriques et des illustrations
empiriques et fait apparaître des conclusions, dont voici la synthèse.

Empiriquement, nos résultats indiquent que :

A. Dans de grands systèmes ce sont moins les conditions de travail qui façonnent les
conduites, que le système d’avancement, c’est-à-dire les conditions dans lesquelles se
déroulent les itinéraires de carrière. Cette logique met en jeu une dialectique de la
compétition et de l’ancienneté qui peut être comprise à partir d’une vision génétique dans
laquelle tout individu suppute ses chances d’être dans le segment qui aura la vitesse
d’avancement la plus forte et tente, pour y arriver, de se doter de quelques transformations
secondaires qui lui permettront d’atteindre ses buts.

Cette logique permet à la fois de comprendre pourquoi le système des thèses obère la
productivité du système français de recherche, pourquoi ce document mi- scientifique et mi-
bureautique a une telle importance dans l’appréciation bien difficile des qualités de chercheur,
donc permet d’établir une relation d’ordre entre eux.

B. Poursuivant nos enquêtes, nous avons pu avancer que loin d’être une relation individuelle
liée à la tâche accomplie, la qualification est le résultat d’un rapport sociétal organisé par
la tradition intellectuelle, le système éducatif et les relations collectives d’un pays. Ce
résultat s’exprime dans les acceptions que nous avons données en terme d’ « espace de
qualification » qui exprime la façon dont s’utilisent socialement les savoirs et savoir- faire
présents en même temps dans l’espace de recrutement des firmes.
C. Si l’on considère le même phénomène sous l’angle de chaque destin individuel qu’il
influence, délimite, induit probablement, alors nous nous trouvons utiliser le terme de
« système occupationnel » qui indique l’ensemble des filières professionnelles
susceptibles d’être empruntées par chaque génération de ceux qui ont été socialement
structurés de façon similaire. Il émerge de trois points une vision relativement organisée,

24
de façon probabiliste, des destinées professionnelles, d’où une socialisation de ce que
peut être un marché du travail qui n’apparait plus comme la confrontation de multiples
individus isolés face à de peu nombreux offreurs d’emplois, mais comme l’organisation,
non programmée parfois, de systèmes occupationnels ( dont les limites sont celles que
peut emprunter le sujet de plus mobile du système) qui se manifestent comme des
coalitions actuelles ou potentielles face aux employeurs ou clients de toute nature.
Théoriquement nous avons tenté d’analyser certaines des configurations culturelles
produites par l’analyse sociologique du travail humain.
Nous avons pu suggérer que, dans un certain de domaines, le point de conjonction des
matrices disciplinaires liées au travail avait mis en scène une conception de l’acte de
travail comme objet central de connaissance et facteur d’évolution sociale. Cette
centralité se traduit la plus part du temps en présupposant la figure prométhéenne de
l’homo faber et envisageant les conséquences (fastes ou non) de l’évolution du monde en
fonction d’une supposée « réalisation » dans le travail. D’autres matrices disciplinaires
présentent une variante plus sociale, ainsi celle de la sociologie des professions, qui prend
comme emblème un être dévoué à la cause publique, désintéressé, œuvrant pour le bien, et
tire argument de cet ensemble de vertus pour le soustraire aux affres de la concurrence ou
du contrôle par les « laïques ».

C’est très souvent le non-dit qui est apparu dans l’examen de ces matrices, c'est-à-dire,
d’abord, l’aspect organisé, collectif, coalisé de situations présentées couramment comme
relevant de l’agrégation de conduites individuelles. Ensuite, la temporalité différentielle des
phénomènes étudiés. La prégnance méthodologique du paradigme libéral nous a paru être à la
source de constructions de figures emblématiques permettant d’ignorer l’histoire et la
particularité des coalitions qui animent effectivement les phénomènes étudiés, organisant une
espèce d’essentialisation a –historique qui induit des reconstructions ad hoc du passé et des
anthropologies sur fond d’éternité.

Il reste maintenant à nous avancer un peu plus avant pour essayer de dire nos
objections pratiques et théoriques aux centrales des matrices disciplinaires que nous avons
étudiées. Nous le ferons en envisageant deux cas, celui de la coalition locale. Nous essaierons
de démontrer que chacune se constitue un espace de qualification et un système
occupationnel de façon à soustraire ceux qui sont à l’intérieur de ces systèmes de la
concurrence, quelle qu’en soit l’origine.

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BIBLIOGRAPHIE

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