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: GIM1/IST/OUAGA
SOCIOLOGIE
DU TRAVAIL
ET DES
ORGANISATI
ONS
Niveau : Master I
1
Chargé du cours : Maître SAWADOGO Sougourinoma
Consultant international en psychosociologie, en management de projets et conseiller conjugal/Ecrivain
Tél : 55585844 (WhatsApp)-79111042-51129646
Mail : sougrinoma69@yahoo.fr
Objectif général :
Acquérir une compréhension de travail comme réalité sociale et de son impact sur
l’individu.
Objectifs spécifiques :
PLAN DU COURS
INTRODUCTION GENERALE
2
Chapitre II : Analyse de la notion de profession
1. La profession
2. Le chômage
3. De nouveaux modes de gestion de la main-d’œuvre
4. Des rapports entre l’homme et la machine
Chapitre III : Le travail et la technique
1. Les enjeux de la notion du travail
2. L’homme et le travail
3. Travail et technique dans la Grèce Antique
Chapitre IV : Les inégalités d’accès à l’emploi
1. Influence du niveau d’instruction sur l’emploi
2. L’origine sociale : déterminants influents sur l’emploi
3. La formation inadéquate au marché de l’emploi
CONCLUSION GENERALE
Le travail occupe, dans l’univers des sociologues, une place prépondérante. Facteur de
production, il mobilise des savoir-faire, permet à l’homme de s’affranchir des contraintes du
milieu et contribue ainsi à la création des richesses. Les revenus qui lui sont associés
constituent une composante essentielle de la demande des ménages et donnent accès à la
consommation de biens ou de services. Qu’il s’agisse de l’attribution des postes, de la
hiérarchie des qualifications ou de l’organisation des relations professionnelles la gestion des
ressources humaines regroupe ces différentes caractéristiques et met en jeu plusieurs
problématiques.
Certaines renvoient à des débats théoriques, d’autres ont trait à des contributions plus
factuelles. Comment rendre compte, par exemple, de la progression du chômage de longue
durée ? Faut-il incriminer les rigidités de l’appareil productif, se prononcer en faveur d’une
redéfinition des procédures d’indemnisation ou évoquer la recomposition des rapports
sociaux. De même l’incorporation de la robotique dans les chaînes de montage est-elle
synonyme d’enrichissement ou de désappropriation ? Doit-on raisonner en termes
d’intégration et de polyvalence, ou bien mettre l’accent sur la délocalisation des activités et la
réduction des possibilités d’embauche ? Autre thème d’actualité : la précarisation des emplois.
Les inégalités entre catégories de main-œuvre ne risquent-elles pas de s’accentuer ? Peut-on,
dès lors lutter contre ces formes d’exclusion ? Selon la nature du questionnement (enjeux de
la formation culture d’entreprise, crise du syndicalisme), on fera appel à des observations
empiriques des références conceptuelles ou des études de cas. Celles-ci pourront prendre
appui sur des données quantitatives et faire l’objet d’une modélisation spécifique. On
s’intéressera en particulier au contexte socio-économique, aux contraintes institutionnelles et
aux comportements des acteurs.
3
Chapitre I : Définition et approches de la sociologie du travail
I. Définition
1. La sociologie
Il y’a quelques années, Jean Duvignaud 1 disait que la sociologie était «fille de la
révolution ». Ce n’est pas une métaphore impertinente puisque la Révolution français de 1789
a accouché de la sociologie. Ainsi, avant cette date, les explications des problèmes des
femmes et des hommes qui prédominaient étaient-elles des explications métaphysiques,
philosophiques et tantôt religieuses : c’est la volonté du bon Dieu ! » disait -on ; tantôt,
c’était une explication psychologique : « Cherchons dans l’individu l’origine de nos
problèmes » parfois encore , on donnait une explication philosophique , c'est-à-dire
spéculative ou idéaliste .Pensons à Platon , par exemple .
L’explication des activités des êtres Sociaux ( des personnes -en société ) de leurs
maux et de leurs conduites est maintenant à rechercher dans le système social lui-même,
dans son organisation sociale , sa structure idéologique et sa structure économique .on
4
aurait aussi pu dire dans l’agencement particulier de son infrastructure matérielle et de
sa superstructure sociale et jamais ailleurs!
C’est ça la vie, perspective sociologique qui émerge à la fin du 18ème début 19ème
siècle en Europe occidentale. Et ne serait-ce que plus cinquante ans plus tard , soit vers
1960, que la sociologie sera une discipline scientifique enseignée formellement et à
plein temps à l’Université Laval et l’université de Montréal. Il nous aura fallu au
Québec plus de quarante ans de lutte contre l’hégémonie de la morale judéo-chrétienne
et catholique pour parvenir à ce résultat.
Ne sois pas surpris outre mesure. Les enjeux étaient et sont encore de taille.
Comme toute science la sociologie implique le rejet automatique de toutes les
explications de nature idéaliste / spéculative , comme la religion, l’astrologie … Les
sociologues cherchent à comprendre l’ensemble des activités des personnes -en-société,
soit le système social qui existe entre elles, indépendamment de leur volonté individuelle et
qui s’impose obligatoire à chacune d’elle. Les faits sociaux, c’est – à dire les manières
constantes d’agir de penser, d’être et de ressentir, qui existent indépendamment de la
volonté de chaque individu et qui s’imposent à chacun d’eux constituent donc l’objet
d’étude de cette nouvelle discipline scientifique qu’est la sociologie. Les sociologues
s’interrogent donc sur ces manières constantes d’agir, de penser, d’être et de ressentir et
cherchent toujours à les comprendre par rapport à l’engagement social qui les structure.
Ce qui t’arrive n’est pas le résultat du Hasard. Ce n’est pas non plus le résultat d’une
quelconque volonté d’un Dieu. Ce n’est pas non plus comme tu pourrais peut être le
penser, le résultat de tes aptitudes individuelles , l’explication de ce qui t’arrive est à
rechercher dans l’immense complexité des relations sociales qui existent entre nous, qui
déterminent partiellement ton existence , et cela sans que tu aies même conscience de
cela.
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La sociologie est l’étude des faits sociaux par des méthodes scientifiques. L’intérêt
pour la vie sociale et sa compréhension est lié à l’existence même de la vie en société. Mais
dépassant les préoccupations philosophiques et les volontés normatives de corriger les tares
de la société qui sont des orientations très anciennes, la sociologie moderne s’attache à
l’orientation des faits sociaux en les séparant autant que faire se peut des jugements de
valeurs. C’est de cette exigence méthodologique qu’elle se pose comme science. Cependant,
cette méthodologie doit être intégrée à l’ensemble des problèmes épistémologiques qui ont
pour but la validation des formes d’explications scientifiques des règles de l’inférence logique
des conditions d’utilisation des concepts et des symboles de la théorie sociologique. Cette
théorie sociologique par sa prétention scientifique doit se forger un dispositif symbolique,
logico-conceptuel qui soit cohérent et pertinent vis-à-vis de l’ensemble des concepts et des
propositions qu’elle préconise une théorie qui a besoin enfin d’un ensemble de formulation
symbolique , structurée, des règles et des méthodes vigoureuses pour lui donner une certaine
solidité scientifique. Les pères fondateurs de la sociologie Auguste Comte notamment,
fortement influencés par le positivisme du 19è siècle ont lié le sort épistémologique de la
sociologie à celui des sciences de la nature. Très tôt, ils posèrent les problèmes sociologiques
comme problèmes relevant de procédures rigoureuses contrôlables inspirées de méthodes
ayant cours dans les sciences dites exactes. Auguste Comte espérait mettre un terme à toute
approche irrationnelle des phénomènes sociaux. Ce n’est pas du hasard, s’il donne le nom
d’abord de « physique sociale » à cette nouvelle discipline qui sera bientôt baptisée
« sociologie ». Porté par l’idéal scientifique, Auguste Comte espérait que comme la
« physique » dans le monde de la nature, la sociologie devait mettre de l’ordre dans le monde
social.
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Quelques grands sociologues
2. La Sociologie du travail
La sociologie du travail : c’est l’étude sous ses divers aspects de toutes les
collectivités qui se constituent à l’occasion du travail (Friedman). Karl Marx va plus loin
en parlant du capital, et les rapports de productions. Il voit dans le travail des aspects de
domination. C’est le profit qui intervient dans sa théorie. (Lutte de classes). Il déclare :
« Prolétaires de tous les pays, unissez –vous ».
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différente de la conception économique(sociétés modernes) .Déplacer en ville ce travail
change de forme .
Pierre Naville : Automation et forme moderne dans les sociétés industrielles .La
question du travail n’est pas seulement ce que font les individus mais également ce que
cela modifie dans la vie des individus (respect, considérations, valorisation…)
A partir des années 70, les auteurs vont orienter leurs recherches sur l’organisation du
fonctionnement des usines, des administrations à tel enseigne que Dominique Meda donne
trois (03) dimensions sur la perception du travail :
La sociologie du travail est aussi un questionnement des rapports que tissent les
hommes et les femmes dans leur lieu de travail .Ces multiples rapports concernent à la
fois le temps au travail et le temps hors travail .Ce qui se définit par les concepts de le
Dedans et le "dehors" de l’entreprise, de l’atelier et du lieu de travail ."Le dedans" c’est la
construction des subjectivités au travail (plaisir, souffrances, tensions, l’harmonie,
l’ambiance) des modes de gouvernance, les styles de management ou types de
commandement, les conflits construits autour des enjeux, des modes de résistance, des
façons d’organiser le travail dans l’atelier souvent de façon informelle et opératoire de
rapports, parfois contradictoire de l’humain dans son poste de travail, des modes
d’apprentissage et de qualification .
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Avant la Révolution Française (1789), les besoins n’étaient pas énormes et le
travail salarié était insignifiant (période esclavagiste). Ce travail était basé essentiellement
sur l’activité agraire à côté de l’agriculture et de l’artisanat. L’artisan cumule les matières
pour fabriquer des objets. C’est lui qui a son savoir- faire et qui paye ses ouvriers. Il
cumule plusieurs fonctions et le capital lui revient.
Le travail dans l’usine va susciter des interrogations sur les conditions de travail des
ouvriers. -Artisanat - Travail non salarié, l’émergence du travail salarié. Quand l’artisanat se
développe, il devient une usine manufacturée.
- Le trait professionnel pertinent : semble être celui qui oppose le professionnel, qui
rend des "services performants à des patients ou à des clients" au Business man. Il
est "engagé dans la poursuite de son profit personnel en vendant des produits à des
consommateurs" Ce qui caractérise le professionnalisme. C’est ce qui se réfère à la
légitimité scientifique et ce qui est universel.
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- L’autorité professionnelle : constitue une "structure sociologique particulière " en
tant que telle. Elle est fondée sur une « compétence technique dans un domaine
défini et particulier » Ex : Ouvriers contre maitre, concepteur, ingénieurs…
- La neutralité affective : l’orientation vers la collectivité , ce niveau caractérise la
relation contractuelle de type professionnel par rapport à la situation commerciale
ou administrative : n’est pas orienté vers le profit pour soi-même ni par le respect
d’une règle anonyme, mais vers la satisfaction du client par les ressources de
valeurs inter- Personnelles comme par exemple la science ( Progrès Scientifique ) le
perfectionnement technique ou technologique ou la compétence juridique .
2. L’approche interactionniste
HUGHES Everett va développer quatre (04) niveaux synthétisés par Dubar Claude :
Groupe profession : Processus d’interaction qui ont pour but de s’auto organiser de
défendre leur autonomie et leur territoire et se protéger de la concurrence.
La vie professionnelle : basée sur un processus biographique qui construit les
identités tout au long du déroulement du cycle de vie depuis l’entrée jusqu’à la
retraite en passant par plusieurs voies (Trajectoires ).
Les processus biographiques et les mécanismes d’interaction sont dans une relation
d’interdépendance. La dynamique dépend des trajectoires biographiques des
membres, lesquels sont influencés par les interactions entre elles.
Les groupes professionnels cherchent à se faire reconnaitre par leurs partenaires en se
positionnant par rapport à la division du travail et la capacité à coaliser.
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Chapitre II. Analyse de la notion de profession
1. La profession
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En France, l’intérêt actuel pour les analyses en termes de profession est lié au
renouvellement de trois champs de la sociologie :
- la sociologie du travail qui, après une période marquée par l’intérêt pour l’étude
prioritaire du taylorisme dans le cadre de l’atelier, se préoccupe de plus en plus des
problèmes de l’emploi, de l’entreprise et s’intéresse aux catégories de techniciens ou
d’ingénieurs, ainsi qu’aux professions libérales ;
- la sociologie des organisations qui étend ses champs d’investigation à l’étude de
systèmes d’actions concrets de plus en plus diversifiés ;
- la sociologie de la formation qui élargit le champ de la sociologie de l’éducation aux
problèmes de l’acquisition des compétences professionnelles dans les situations de
travail, à travers des processus formels et informels de construction des savoirs et des
relations entre formation et qualification.
S’il est donc difficile d’aboutir à une définition sociologiquement univoque du terme
profession, on comprend comment la sociologie des professions peut développer des
orientations théoriques concurrentes, donner lieu à de nombreuses controverses et privilégier
des proximités ou des divergences avec des sociologies spécialisées.
Weber souligne l’importance des professions (terme qu’il emploie dans un sens voisin
de celui de profession libérale) dans la société occidentale moderne et il voit dans le processus
de professionnalisation le passage d’un ordre social traditionnel à un ordre social où le statut
de chacun dépend des tâches qu’il accomplit et où l’allocation des emplois s’effectue selon
des critères rationnels de compétence et de spécialisation. La profession est une vocation : elle
n’est point héritée comme un destin, mais voulue et assumée. Le développement des
professions est lié à la bureaucratisation caractérisée par la hiérarchisation de tâches divisées
et réparties sur la base de critères objectifs, la séparation complète entre les fonctions et les
hommes qui les occupent, la mise en place de formation spécialisée et de procédures de
recrutement fondées sur la libre sélection et l’engagement contractuel.
Durkheim (cf. Division du travail social, 1893) s’interroge sur les conflits d’intérêt qui
déchirent les sociétés industrielles, à la recherche d’autorités légitimes susceptibles de
restaurer un maximum de cohésion sociale. Pour lui, les associations professionnelles ou
corporatives pourraient être les instances susceptibles de lutter contre les risques d’anomie qui
s’accroissent dans les sociétés à solidarité organique. Elles pourraient être l’équivalent
moderne des métiers organisées en corporation, régis par une déontologie spéciale et
susceptibles de développer chez leurs membres une discipline et une solidarité qui les
détacheraient de l’égoïsme individualiste.
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anciens métiers qu’à la naissance et à la structuration de groupes organisés, autonomes
contrôlant l’accès à la profession et à son exercice.
S’éloignant de cette mise en forme des représentations que les professions ont d’elles-
mêmes, Parsons présente la professionnalisation comme le trait dominant des sociétés
industrielles. Partant de l’opposition entre le caractère désintéressé des professions libérales et
la poursuite du profit par les entreprises privées, il adopte des critères de définition qui
tendent à minimiser cette opposition.
Par ordre d’importance, les valeurs qui précisent les orientations poursuivies par les
professions sont l’accomplissement, l’universalisme, la spécificité fonctionnelle, la neutralité
affective, l’orientation vers la collectivité (et non vers le monde des affaires). Ces valeurs
fondent l’autonomie des professions libérales, dans la pratique quotidienne est marquée par le
risque, l’incertitude, l’implication émotionnelle. Toutes ces caractéristiques expliquent, selon
Parsons la nécessité du contrôle informel de l’activité par les pairs et l’importance des
associations professionnelles. Ce modèle, très lié à l’analyse de la profession médicale et
proche de son idéologie, semble peu adéquat pour étudier les conditions d’apparition d’autres
corps de spécialistes, de monopolisation du savoir et de fermeture du marché. Chez les
successeurs de Parsons, le modèle s’élargit mais se dilue dans le même temps ; un grand
nombre d’occupations sont analysées sous l’angle du processus de leur professionnalisation.
Pour tenir compte de la diversité des situations de marché, des relations des professionnels
avec leurs clients, des formes d’organisation des activités dans une approche sociologique des
groupes professionnels concrets, il semble nécessaire de dépasser la vision uniforme que tente
de construire la théorie fonctionnaliste.
S’il n’a pas exercé une influence prépondérante dans la sociologie américaine, le
courant interactionniste redécouvert en France dans la période récente, a fourni de
nombreuses études empiriques utilisant l’observation de groupes professionnels beaucoup
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plus diversifiés. Moins préoccupés de construire des modèles que d’étudier des objets de la
pratique quotidienne, les interactionnistes considèrent « les professions simplement comme
des occupations qui ont eu suffisamment de chances pour acquérir et préserver dans le monde
actuel du travail la propriété d’un titre honorifique (Becker, 1963). Leur objectif est de
progresser dans la connaissance de la division sociale du travail et de sa genèse, en prêtant
attention aux processus historiques de division des tâches et de catégorisation des corps
professionnels. Il s’agit également d’étudier la spécialisation et la diversification des
professions sous le rapport de leurs déterminations économiques, politiques et culturelles. La
profession est alors définie plus précisément comme « occupation qui a atteint le statut envié
où elle a licence de contrôler son travail mandat social pour l’organiser » (Hughes, 1958). Il y
a dans tout à la fois permission légale de mener certaines activités techniques spécialisées et
proclamation réussie de droit à superviser et déterminer les conditions de travail dans le
champ. L’étude de l’activité professionnelle, analysée comme interaction sociale passe par
l’approfondissement du système de travail dans lequel se côtoient plusieurs professions ou
occupations. La notion de carrière permet de comprendre les trajectoires dans leur globalité et
d’interpréter les significations des pratiques. L’étude des professions, quel que soit leur statut
social passe par le repérage des étapes et la découverte des circonstances dans lesquelles des
groupes d’individus partageant les mêmes occupations s’organisent, se structurent, acquièrent
un pouvoir ou parfois le perdent.
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- Second domaine d’étude : les réflexions sur la professionnalisation et ses ambigüités.
Ne distinguant guère professions et métiers, certains auteurs s’interrogent sur la façon
dont se structurent des groupes, à l’origine défenseurs de rôles et de qualifications,
individuelles dans le processus social de division du travail. R. Boudon et F.
Bourricaud (1982) analysent la professionnalisation comme tendance allant de pair
avec le mouvement de scolarisation permettant le contrôle de l’accès et la fermeture
du marché, assurant une rente de monopole. Bureaucratisation et professionnalisation
favorisent le développement d’intérêts corporatifs, dont la défense s’appuie sur le
niveau de la formation des professionnels plutôt que la qualité des services rendus aux
clients.
- Autre approche : les recherches consacrées aux marchés du travail fermés. La
profession est ici caractérisée par son organisation. Il s’agit pour le sociologue de
rendre compte de sa genèse et de sa structure, d’interpréter en place dans la division
du travail et de saisir les évolutions que cette place risque de connaître (J.D.Reynaud,
1989 ; D Segrestin, 1985).
2. Le chômage
a) Définition
Quelles que soient les sources utilisées, le chômage de longue durée (au-delà d’un an)
est en constance progression. Qu’il s’agisse des effectifs, de la part relative ou de l’ancienneté
moyenne, les indicateurs retenus confirment cette tendance. L’ampleur du phénomène
conduit, dès lors, à sa « banalisation ». Celle-ci recouvre en réalité, des situations très
hétérogènes. On peut ainsi mettre en évidence :
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- Un chômage d’insertion, propre aux moins de 25 ans.
- Un chômage de reconversion, lié aux restructurations industrielles.
Ces trois composantes n’évoluent pas au même rythme. Depuis 1985, le chômage
d’exclusion décroît. Par contre, le chômage de reconversion, caractérisé par l’augmentation
des licenciements économiques, ainsi que le chômage d’insertion, corrélé avec
l’accroissement des taux d’activité féminins aux âges intermédiaires, se maintiennent à un
haut niveau. Les actions menées combinent tout à la fois garantie de ressources, politiques de
formation et mesures d’insertion. Elles deviennent de plus en plus « autonomes », c’est-à-dire
spécifiques aux populations concernées.
Quels que soient les indicateurs utilisés (vulnérabilité par âge, par sexe ou par PCS), le
sous-emploi atteint inégalement les différentes catégories de salariés et frappe en particulier la
main-d’œuvre féminine, les jeunes et les actifs les plus âgés. Comme nous le rappelle O.
Benoît-Guilbot (in futuribles, janvier-février 1985 p.26), « tout semble se passer comme si le
chômage était, à l’instar du valet de pique du jeu du mistigri, la carte qu’il faut éviter de
prendre à tout prix ou dont il faut, si on l’a attrapée, se débarrasser si possible sur le joueur
suivant. Dans ce jeu, chacun use de stratagèmes divers et met en œuvre tous ses atouts.
Par ailleurs, si les efforts consentis pour tenter de corriger certains déséquilibres ne
doivent pas être sous-estimés (notamment sur le plan financier), force est de souligner que les
modalités retenues ont souvent engendré des effets pervers. C’est ainsi que l’instauration des
« pactes nationaux pour l’emploi » a sans doute davantage profité aux jeunes bien formés qu'à
ceux dont l’insertion paraissait plus difficile à opérer.
16
Selon A. Touraine, l’histoire des rapports entre l’homme et la machine peut être
décomposée en trois étapes.
Deux directions sont ici privilégiées : la lutte contre l’échec scolaire et la revalorisation de
l’enseignement technique.
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Chapitre III: Le travail et la technique
On s’accorde pour penser que le travail est une dimension essentielle, constitutive de
la nature humaine .D’un point de vue strictement biologique ou physiologique, il est ce qui
permet à l’homme de subvenir à ses besoins vitaux. Mais plus encore, le travail en
s’organisant en se diversifiant en se divisant est ce qui éloigne l’homme de ses nécessités
vitales, en faisant que la préoccupation pour lui soit plus immédiate ; le travail tend à se
dépasser lui-même pour permettre l’ouverture et le développement d’autres possibilités de
l’existence humaine ; l’homme devient proprement humain dans la mesure où il dépasse ainsi
la vie animale. Mais une question se pose alors: l’organisation sociale que suppose
le « perfectionnement »du travail ne conduit-elle pas nécessairement à une hiérarchisation qui,
dans sa face plus sombre, peut conduire à ce que l’homme travaillant pour un autre que lui-
même, se trouve à la fois priver des fruits de son travail et de son activité même en tant
qu’elle est dirigée par un autre ? Cette question amène une seconde : si ce même
« perfectionnement » du travail exige la production d’outils plus en plus performants. Offrant
la possibilité à l’homme d’acquérir une maitrise de la nature, la technique ne menace –t-elle
pas cependant d’exercer sa maitrise sur l’homme lui-même, celui-ci se trouvant dépossédé de
ses forces propres, se voyant aliéner ? On peut ainsi comprendre pourquoi, dans la pensée
moderne, après l’ « utopie » du progrès technique, synonyme de progrès de l’humanité, la
technique fut l’objet de très vives critiques. Mais au-delà de celles-ci, ne faut-il pas pourtant
reconnaître que la technique est anthropologiquement constitutive (formatrice de l’homme) :
que l’on pense ici à l’invention du feu, au travail de la pierre taillée et même à l’autre
extrémité de l’histoire de l’humanité, à l’internet. N’est-ce donc pas un usage raisonné de la
technique qu’à une condamnation sans appel qu’il faut se livrer ?
2. L’homme et le travail
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HEGEL, dans la célèbre dialectique du maître et de l’esclave, a exposé une conception
du travail qui n’a plus dès lors cessé d’exercer son influence. C’est dans la relation de
domination et de servitude que s’ancre cette conception. Pour HEGEL, l’homme ne devient
proprement humain que lorsqu’il obtient la reconnaissance d’un autre homme, c’est-à-dire
lorsque la certitude subjective qu’il a de lui-même se mue en vérité objective. L’homme veut
être reconnu en tant qu’homme, autrement dit il veut prouver à l’autre que pour lui, la vie est
purement animale, la vie des besoins n’est rien. C’est pourquoi il est prêt à risquer sa vie dans
une lutte à mort pour la reconnaissance. Bien évidemment, si l’un des deux protagonistes
meurt, plus aucune reconnaissance n’est possible. HEGEL affirme que dans cette lutte (qui
n’est pas pour HEGEL simple abstraction mais un véritable moment historique et
philosophique), l’un des deux adversaires, devant l’angoisse de la mort, abandonne le combat
prouvant qu’il tient plus à la vie animale qu’à son statut humain, tandis que l’autre maintient
son mépris pour la vie. Le premier devient l’esclave, le second le maître. L’esclave est donc
contraint de travailler pour le maître. On voit donc que dans un premier temps, le travail est
indissociable de la domination. Mais là où réside l’originalité de la thèse de HEGEL, c’est de
faire savoir que si le travail n’était pas primordialement fait « au service d’un autre », il ne se
distinguerait pas du désir animal qui consomme l’objet, qui vise la jouissance. Or le produit
du travail de l’esclave lui est refusé, en tant qu’il est destiné au maître. Ce produit acquiert
donc une autonomie à l’égard de l’esclave, et c’est justement cette autonomie qui va faire que
l’esclave pourra se reconnaître dans le fruit de son travail, et par là se reconnaître à l’égard du
maître dans ce qui lui est extérieur , passer de la certitude subjective à la vérité objective,
devenir humain. Le travail pour HEGEL, est donc culture ou formation (selon le double sens
du mot Bildung), c’est un processus d’émancipation qui provoquera la disparition de la
domination du maître.
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3. Travail et technique dans la Grèce Antique
Nous n’avons pas pour le moment exposé la conception que les grecs avaient du
travail par ce que celle-ci a occupé un rôle très marginal voire inexistant dans la réflexion
moderne. On doit à ARENDT d’avoir mis en valeur ceci en faisant la spécificité de l’intérêt.
ARENDT affirme que pour les grecs, le travail était l’objet de mépris dans la mesure où il
soumettait l’homme à l’ordre de la nécessité de la manière et aux commandes d’autrui. A la
différence de la pensée moderne, la pensée antique considérait le travail comme ce qui était
commun à l’homme et l’animal, et non proprement humain. C’est non pas parce que le travail
était réalisé par des esclaves qu’il était méprisé mais au contraire c’est parce qu’il était
considéré comme aliénant que les grecs justifiaient l’esclavage ; s’opposaient alors au travail,
à la pensée politique ou encore la culture physique. La démocratie supposait de s’échapper du
travail pour s’adonner aux activités publiques, à la gestion de la cité ; il supposait le loisir.
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Chapitre IV : Les inégalités d’accès à l’emploi
Depuis Montesquieu, Marx ou Durkheim, le thème des inégalités occupe une place
centrale tant en sociologie, qu’en philosophie ou en science politique. En mesurant les
différences de statut, de revenu ou de profession ; on fait apparaitre des avantages ou des
handicaps liés à l’appartenance à tel ou tel groupe à la position dans la stratification sociale.
Le premier problème est ainsi celui de la notion des inégalités. Lorsqu’on affirme, par
exemple que les inégalités de salaire entre hommes et femmes diminuent, on reste dans
l’ambiguïté tant qu’on ne précise pas qu’il s’agit d’une réduction de l’écart absolu (différence
entre salaires moyens) ou de l’écart relatif (rapport de cette différence au salaire moyen
masculin). Certains débats sur la tendance, dans les sociétés développées, à une réduction des
inégalités, se heurtent à ce type d’obstacle.
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L’emploi désigne une occupation confiée à une personne et ce à quoi s’applique cette
activité. L’accès à l’emploi est le plus souvent conditionné par un certain niveau d’instruction.
Les catégories sociales supérieures (cadres supérieurs, profession libérale) ont un niveau
d’instruction plus élevé que les catégories sociales basses (ouvrier, manœuvre). De façon
générale, le niveau d’instruction moyen augmente au fur et à mesure qu’on s’élève dans la
hiérarchie des catégories socioprofessionnelles. En France, les résultats d’une enquête sur la
mobilité dirigée par Praderie (1967) portant sur un nombre important de personnes montrent
qu’au sein de la population des hommes de 30 à 44 ans, les ouvriers spécialisés, les
manœuvres, les salariés et exploitants agricoles ont un âge de fin d’étude moins inférieur à 14
ans alors que celui des employés est supérieur à 15 ans, celui des gros commerçants à 16 ans,
celui des cadres administratifs moyens d’un peu moins de 17 ans, celui des cadres supérieurs
et des personnes exerçant une profession libérale respectivement de plus de 19 ans et de 24
ans.
Les jeunes de couche sociale défavorisée vivent des situations économiques et sociales
précaires et n’ont pas les mêmes capacités par rapport à ceux de couche sociale favorisée. Par
manque de moyens, les jeunes abandonnent les études au profit de la recherche
d’emplois pour subvenir à leurs besoins primaires et par le biais respecter le même processus
selon lequel, le fils de l’ouvrier devient ouvrier.
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ou qui doivent se contenter des diplômes les moins élevés et qui partant, ont aussi le moins de
chance d’accéder à des postes moyens et à fortiori supérieurs. Enfin la catégorie sociale
d’origine détermine le rendement du capital scolaire sur le marché du travail.
Le système éducatif du Burkina Faso dont est issue la majorité des demandeurs
d’emploi n’est plus efficace. L’école forme des chômeurs puisqu’elle n’aboutit pas toujours à
un travail dans le monde de l’emploi. Ceux issus de ce système ne répondent convenablement
au profil recherché (du fait de l’itinéraire de leur formation). Les formations basées toujours
sur des connaissances générales n’aboutissent pas à grand-chose car elles sont insatisfaisantes.
L’absence de planification de la formation a abouti de plus en plus à l’accroissement du taux
de chômage des jeunes diplômés. L’Etat se contente de rehausser le taux d’alphabétisation
sans pour autant songer au mécanisme d’intégration des diplômés dans le processus de
construction nationale. Il y a donc un écart entre les formations reçues et les qualifications
requises dans les différents domaines de la vie sociale. En outre la formation des jeunes n’est
pas en adéquation avec les qualités recherchées car les employeurs cherchent des jeunes qui
savent faire quelque chose de concret et non des simples diplômés. Il en résulte que
l’obtention d’un diplôme ne garantit plus aujourd’hui l’accès à un statut social élevé. En effet
le nombre de diplômés s’est accru dans des proportions beaucoup plus importantes que le
nombre de postes socialement valorisés (cadres, dirigeants d’entreprises). De ce fait, les
générations actuelles sont soumises à une compétition professionnelle et sociale plus intense.
Ceci entraine pour une grande partie des postulants, à un sentiment de « déclassement » soit
vis-à-vis des attentes et des espoirs de promotion sociale attachés au niveau du diplôme, soit
vis-à-vis des positions hiérarchiques que le même diplôme permettrait d’atteindre dans les
générations précédentes. Selon TORODO Ibrahim M. enseignant à l’Université de
Ouagadougou, le recrutement sélectif selon les besoins prioritaires (santé, éducation) de l’Etat
entraine une marginalisation des acteurs sociaux productifs avec l’exclusion et l’insatisfaction
sociale, la privation du travail.
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CONCLUSION GENERALE
Notre cours a cherché à mettre en relation des énoncés théoriques et des illustrations
empiriques et fait apparaître des conclusions, dont voici la synthèse.
A. Dans de grands systèmes ce sont moins les conditions de travail qui façonnent les
conduites, que le système d’avancement, c’est-à-dire les conditions dans lesquelles se
déroulent les itinéraires de carrière. Cette logique met en jeu une dialectique de la
compétition et de l’ancienneté qui peut être comprise à partir d’une vision génétique dans
laquelle tout individu suppute ses chances d’être dans le segment qui aura la vitesse
d’avancement la plus forte et tente, pour y arriver, de se doter de quelques transformations
secondaires qui lui permettront d’atteindre ses buts.
Cette logique permet à la fois de comprendre pourquoi le système des thèses obère la
productivité du système français de recherche, pourquoi ce document mi- scientifique et mi-
bureautique a une telle importance dans l’appréciation bien difficile des qualités de chercheur,
donc permet d’établir une relation d’ordre entre eux.
B. Poursuivant nos enquêtes, nous avons pu avancer que loin d’être une relation individuelle
liée à la tâche accomplie, la qualification est le résultat d’un rapport sociétal organisé par
la tradition intellectuelle, le système éducatif et les relations collectives d’un pays. Ce
résultat s’exprime dans les acceptions que nous avons données en terme d’ « espace de
qualification » qui exprime la façon dont s’utilisent socialement les savoirs et savoir- faire
présents en même temps dans l’espace de recrutement des firmes.
C. Si l’on considère le même phénomène sous l’angle de chaque destin individuel qu’il
influence, délimite, induit probablement, alors nous nous trouvons utiliser le terme de
« système occupationnel » qui indique l’ensemble des filières professionnelles
susceptibles d’être empruntées par chaque génération de ceux qui ont été socialement
structurés de façon similaire. Il émerge de trois points une vision relativement organisée,
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de façon probabiliste, des destinées professionnelles, d’où une socialisation de ce que
peut être un marché du travail qui n’apparait plus comme la confrontation de multiples
individus isolés face à de peu nombreux offreurs d’emplois, mais comme l’organisation,
non programmée parfois, de systèmes occupationnels ( dont les limites sont celles que
peut emprunter le sujet de plus mobile du système) qui se manifestent comme des
coalitions actuelles ou potentielles face aux employeurs ou clients de toute nature.
Théoriquement nous avons tenté d’analyser certaines des configurations culturelles
produites par l’analyse sociologique du travail humain.
Nous avons pu suggérer que, dans un certain de domaines, le point de conjonction des
matrices disciplinaires liées au travail avait mis en scène une conception de l’acte de
travail comme objet central de connaissance et facteur d’évolution sociale. Cette
centralité se traduit la plus part du temps en présupposant la figure prométhéenne de
l’homo faber et envisageant les conséquences (fastes ou non) de l’évolution du monde en
fonction d’une supposée « réalisation » dans le travail. D’autres matrices disciplinaires
présentent une variante plus sociale, ainsi celle de la sociologie des professions, qui prend
comme emblème un être dévoué à la cause publique, désintéressé, œuvrant pour le bien, et
tire argument de cet ensemble de vertus pour le soustraire aux affres de la concurrence ou
du contrôle par les « laïques ».
C’est très souvent le non-dit qui est apparu dans l’examen de ces matrices, c'est-à-dire,
d’abord, l’aspect organisé, collectif, coalisé de situations présentées couramment comme
relevant de l’agrégation de conduites individuelles. Ensuite, la temporalité différentielle des
phénomènes étudiés. La prégnance méthodologique du paradigme libéral nous a paru être à la
source de constructions de figures emblématiques permettant d’ignorer l’histoire et la
particularité des coalitions qui animent effectivement les phénomènes étudiés, organisant une
espèce d’essentialisation a –historique qui induit des reconstructions ad hoc du passé et des
anthropologies sur fond d’éternité.
Il reste maintenant à nous avancer un peu plus avant pour essayer de dire nos
objections pratiques et théoriques aux centrales des matrices disciplinaires que nous avons
étudiées. Nous le ferons en envisageant deux cas, celui de la coalition locale. Nous essaierons
de démontrer que chacune se constitue un espace de qualification et un système
occupationnel de façon à soustraire ceux qui sont à l’intérieur de ces systèmes de la
concurrence, quelle qu’en soit l’origine.
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BIBLIOGRAPHIE
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