1ère partie
Introduction à la fiscalité
Benoit Didier
L' IMPÔT DES PERSONNES PHYSIQUES
2.5. Rapport entre le droit fiscal et les autres branches du droit ...................................... 17
1
3.Les autres « compétences fiscales de l’union .............................................................. 25
C. Le code de conduite.................................................................................................. 28
A. La Constitution .......................................................................................................... 29
B. La loi ......................................................................................................................... 31
C. Le décret et l’ordonnance.......................................................................................... 31
D. Le règlement-taxe ..................................................................................................... 34
2.7.4. Les décisions du service des décisions anticipées en matière fiscale ................... 37
2
3.3.2.2. La définition de l’impôt par la Cour constitutionnelle........................................... 42
2. « Par l’état, les régions, les communautés, les provinces ou les communes » ........... 43
3.3.4.2. Caractéristiques.................................................................................................. 45
3.3.5.2. Le prélèvement kilométrique pour les poids lourds introduit par les trois Régions
........................................................................................................................................ 49
3.3.5.6. Les prélèvements permettant de faire financer par des agents économiques les
coûts relatifs au fonctionnement de l’instance de contrôle et de régulation à laquelle ils
sont soumis ..................................................................................................................... 52
3
4.3. Féodalité ................................................................................................................... 54
4.6.2. 1919 : Les socialistes obtiennent l’impôt progressif sur le revenu ......................... 63
4
5.3.1. L'impôt sur la consommation. ................................................................................ 82
6.2. Les impôts directs ou impôts sur les revenus et les taxes assimilées ...................... 49
7.2.2. La loi (et la loi seule) détermine qui est redevable de l’impôt ................................ 54
5
7.2.5. La procédure fiscale est attachée au principe d’ordre public ................................. 57
7.2.7.1. L’évitement licite de l’impôt ou le libre choix de la voie la moins imposée .......... 61
6
L' IMPÔT DES PERSONNES PHYSIQUES
7
1.2.La Belgique, un état fédéral
La Belgique accède à l'indépendance en 1830. Au fil des années, le pays a évolué vers
une structure fédérale efficiente. Pour en arriver là, six réformes de l'État ont été
nécessaires (en 1970, 1980, 1988-89,1999, et en 2011). C'est pourquoi, aujourd'hui et
pour la première fois, l'article premier de la Constitution belge déclare : "La Belgique
est un État fédéral qui se compose des communautés et des régions".
Les Communautés et les Régions sont cependant compétentes pour établir des
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relations avec l'étranger dans le cadre des matières qu'elles gèrent.
Concilier des identités régionales et culturelles dans une structure fédérale est plus vite
dit que fait mais présente l'avantage de rapprocher le processus de décision de la
population. Une structure politique, définie de manière précise, qui accorde plus
d'importance à la qualité de la vie, en est le résultat.
La Belgique, un Etat fédéral
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1.3.Pyramide administrative
La pyramide administrative vous donne la relation entre les différentes composantes de l'Etat
Belge.
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1.4.Compétences
Niveau Compétences Législatif Exécutif
• Institutionnel
• Economique
• Chambre des
• Financier • Gouvernement
Fédéral représentants
• Sécurité sociale Fédéral
• Sénat
• Sécurité
publique
• Gouvernement
• Parlement
flamand
flamand
• Culture • Gouvernement de
• Parlement de la
• Langue la Communauté
Communauté Communauté
• Matières liées française
française
aux personnes • Gouvernement de
• Conseil
la Communauté
germanophone
germanophone
• Assemblée
• Le Collège réuni
• Culture réunie de la
de la COCOM
Commission • Langue COCOM
• Le Collège de la
• Matières liées • Assemblée de la
communautaire COCOF
aux personnes à COCOF
• Le Collège de la
Bruxelles • Assemblée de la
VGC
VGC
• Parlement • Gouvernement
flamand flamand
• Matières liées • Parlement • Gouvernement
Région
au territoire wallon wallon
• Parlement • Gouvernement
bruxellois bruxellois
• Collège des
• Intérêts • Conseil
Commune Bourgmestre et
communaux communal
Echevins
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1.5. Financement de l’Etat
Les ressources financières des pouvoirs publics proviennent essentiellement des
opérations courantes et en capital (cf. les recettes), des avances de la BNB et du
produit de l'emprunt (la dette publique).
La majorité des recettes issues des opérations courantes sont d'origine fiscale (cf.
données statistiques).
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Parmi les plus significatives, relevons :
1) La personnalité du contribuable.
La fiscalité doit prendre en considération certaines spécificités des personnes
imposées.
Exemple : l'octroi de réduction ou d'exonération d'impôt pour certains
ménages.
2) La justice sociale.
La fiscalité doit être adaptée aux possibilités de chacun.
Exemple : une majoration des impôts indirects n'est pas ressentie avec la
même intensité par chacun des contribuables.
Ce déficit doit respecter certaines limites de crainte d'accroître exagérément
la dette publique et les capacités futures d'emprunt.
La fiscalité doit, par conséquent, fournir un minimum raisonnable (parfois
difficile à déterminer) de ressources sans, toutefois, soumettre la population à
des restrictions et contraintes socialement insupportables.
3) La lutte contre la fraude fiscale.
4) Le frein à l'évasion fiscale.
Une pression fiscale trop lourde incite le contribuable à éluder - légalement -
l'impôt ou à rechercher une fiscalité moins contraignante.
Exemple : l'attrait des paradis fiscaux, le non-enregistrement d'un contrat de bail.
5) Le financement des dépenses publiques.
La fiscalité doit procurer aux pouvoirs publics les ressources financières
indispensables à leur politique.
6) Les besoins du secteur privé.
La fiscalité doit éviter que les pouvoirs publics épuisent le marché financier
afin de permettre aux particuliers et aux entreprises privées d'obtenir les
moyens financiers (par le biais du crédit) dont ils ont besoin.
7) Le contexte international.
La fiscalité nationale doit prendre en compte les dispositions prises par les
institutions internationales ainsi que l'ouverture de nombreux marchés avec
les règles de concurrence qui les gouvernent.
Exemple : l'harmonisation de la fiscalité au sein de l'Union européenne
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CHAPITRE 2 LE DROIT FISCAL
2.1.Introduction
L’étude du droit fiscal nécessite ainsi d’aborder les questions suivantes :
1) Qu’est-ce l’impôt ? Quel régime juridique le caractérise ? Qu’est-ce qui le
différencie des autres prélèvements perçus par les autorités publiques ?
2) Quelles autorités publiques disposent du pouvoir de créer, d’établir et/ou de
collecter l’impôt ? A quelles conditions ?
3) Quels impôts sont perçus par les autorités publiques ? Sur quels types de
richesses portent-ils ? A quelle occasion sont-ils dus par les citoyens ? Selon
quelles modalités procédurales s’effectue l’établissement de l’impôt ?
4) Outre l’obligation fiscale proprement dite, à quelles autres obligations,
notamment administratives et comptables, les citoyens sont-ils soumis en vertu
des règles du droit fiscal ?
5) Quels sont les pouvoirs dont dispose l’administration pour assurer la correcte
perception des impôts, notamment pour combattre la fraude ?
6) Quelles sont les garanties des citoyens contre l’arbitraire fiscal ? Quels droits
leur sont-ils reconnus ? En cas de taxation abusive, quelles voies de recours
leur sont-elles offertes ?
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3. Le contexte international qui contraint les autorités publiques nationales à
prendre ou à respecter certaines mesures décidées en-dehors de
l'environnement national.
Exemple : le respect des critères de convergence de l'Union européenne.
Le droit fiscal est « l’étude juridique de la fiscalité, en d’autres termes l’étude de l’impôt
en tant que créance de droit public de l’autorité publique envers les contribuables par
laquelle ceux-ci peuvent être contraints de céder à l’autorité publique une part de leur
revenu ou de leur patrimoine ». Il assimile le droit fiscal au droit de l’impôt. Par ailleurs,
il y cette dimension de créance à laquelle on ajoute une référence de droit public.
On peut donner une autre définition du droit fiscal : « le droit fiscal est constitué par
l’ensemble des règles juridiques par lesquelles il est procédé à la répartition des
dépenses de l’Etat entre les contribuables, d’après les facultés contributives de ces
derniers ». Derrière les règles fiscales, il y a ou il doit y avoir une certaine rationalité.
La troisième définition que l’on peut donner du droit fiscal est la suivante : « le droit
fiscal est un droit né en morceaux et en époques différentes, dont les textes sont écrits
à la hâte et sont votés sous la pression d’idéologies diverses et changeantes, de telle
sorte qu’il offre l’aspect d’un chaos désordonné ».
Les lois fiscales sont difficiles à comprendre car elles sont négociées dans des
conditions qu’il vaut mieux ne pas connaitre. À cet égard, il est intéressant de citer
une phrase d’un chancelier prussien assez connu (Bismarck). Il a dit : « Il en va des
lois comme des saucisses : il vaut mieux ne pas savoir comment elles ont été
fabriquées ».
15
2.4.Place du droit fiscal dans le droit belge.
DROIT
NATIONAL INTERNATIONAL
Etc. … Etc. …
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2.5.Rapport entre le droit fiscal et les autres branches du
droit
C’est une matière qui concentre pour des raisons différentes l’ensemble des autres
branches du droit.
À première vue, le droit fiscal est une branche du droit public. On est au cœur du droit
public et du droit administratif. On va aussi retrouver des dispositions
constitutionnelles en matière fiscale qui confient à certaines autorités en Belgique le
droit de lever l’impôt. Le droit fiscal est en grande partie du droit administratif fiscal.
En droit fiscal, on utilise souvent les principes généraux de bonne administration, qui
sont des règles non écrites dégagées par la jurisprudence et la pratique administrative
pour contraindre l’administration, y compris fiscale, à adopter une attitude qui est celle
à laquelle un contribuable est en droit de s’attendre dans un état démocratique.
Ce qui fait la particularité du droit fiscal, c’est que nous ferons souvent appel à des
notions de droit civil car en Belgique, le droit fiscal est appliqué en grande partie par
des juges civils qui, par réflexe, utilisent alors des concepts de droit civil lorsque le
droit fiscal se prétendra de définitions expresses de certaines notions. Il n’est pas
étonnant qu’en Belgique on interprète en priorité des notions de droit fiscal par rapport
au droit civil.
Une autre source d’influence en matière fiscale, c’est le droit inter et supranational.
On entre dans un monde qui est totalement différent : on sort d’une idée d’un droit
fiscal qui serait interprété uniquement par rapport au droit civil comme c’était le cas
avant. Dans certaines branches du droit fiscal, on ne parlera que de droit européen.
Dans ces domaines, il n’y a presque pas de place pour une marge de manœuvre pour
les juridictions belges dans l’interprétation de ces textes. Le droit international est
aussi important en matière d’impôt sur les revenus pour résoudre les problèmes liés
à la double imposition internationale des revenus.
Enfin, une autre branche du droit qui présente des fortes similarités avec le droit fiscal,
c’est le droit pénal car ce sont les deux branches « odieuses » en ce sens qu’elles
portent atteinte aux droits et libertés des individus. En droit fiscal, on retrouve certains
raisonnements, certaines manières d’interpréter les lois, certaines prérogatives, que
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l’on retrouve également en droit pénal. C’est la raison pour laquelle on va longuement
parler de la question de la rétroactivité des lois. Il y a une certaine analogie avec la loi
pénale. On va aussi parler de certaines infractions fiscales qui aussi pénal. On a du
droit pénal fiscal.
Exemple : « Si j’augmente la TVA, qu’est-ce que cela rapporte ? ». C’est une question
à laquelle un juriste ne sait pas répondre. Mais il n’y a pas que l’économie. Il y a aussi
des historiens de l’histoire de la fiscalité. On peut également observer la matière
fiscale par la psychologie fiscale, l’éthique et la philosophie.
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2.7.Sources du droit fiscal
De manière extrêmement schématique, on peut distinguer trois grandes catégories
de sources :
1. Les sources légales et réglementaires
2. La jurisprudence
3. La doctrine
La Belgique est plutôt, lorsqu’elle signe une convention, attentive à un certain type de
revenu et donc peut négocier avec d’autres d’états qui sont préoccupés par d’autre
revenu que la Belgique.
Les conventions signées par les états s’inspirent de modèles internationaux ; ce qui
rend la matière fiscale particulière d’un point de vue international. Quand bien même
il y aurait plus de 3000 conventions dans le monde, on n’a qu’un ou deux modèles qui
font véritablement autorité. La plupart de ces 3000 conventions suivent en très grande
partie le même modèle, ce qui facilite l’interprétation de ces conventions et avant cela
la signature. Libre à eux de les adapter.
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Cette organisation a toute une série de compétences qui sont plutôt des
compétences d’appui. Elle se met au service des états principalement européens de
l’ouest et nord-américain pour les aider dans le cadre de leur politique économique
et sociale. L’OCDE a vocation à dépasser le cadre de ses membres dès lors qu’elle
associe d’autres pays comme ceux qu’on appelle les Bric.
Au niveau international, on a aussi des conventions qui visent uniquement
l’échange de renseignement. L’OCDE est en train de développer un standard
(document de référence mondial) qui instaure l’échange automatique de
renseignement entre les pays. Cet échange existe déjà dans l’UE pour certains
types de revenus.
Généralement ce sont uniquement les impôts sur les revenus qui sont concernés
par les conventions. Il a aussi au niveau international d’autres conventions dans
lesquelles on retrouve des dispositions fiscales mais c’est presque anecdotique. La
plupart des conventions prévoient des règles spécifiques d’immunité fiscale pour les
organisations internationales et les personnes qui y travaillent (accord de sièges).
Il y a la Convention des droits de l’Homme qui n’était pas censée avoir une
portée fiscale mais qui a été interprétée par la Cour des droits de l’homme comme
s’appliquant également en matière fiscale.
20
2.7.1.2.Le droit fiscal européen
21
représentants de la population » (no taxation without representation) s’applique sauf
au niveau de l’UE où on a juste les représentants des états.
Si on discute de l’impôt européen (qui n’existe pas encore), il faudra
nécessairement résoudre la question du rôle du Parlement.
22
En 2011, il y a eu une proposition d'harmonisation globale de l'impôt des sociétés.
Pour l'instant il s'agit que d'une proposition et il existe que des directives liées à des
problèmes spécifiques liés à la double imposition.
Il y a aussi une directive qui concerne les réorganisations des sociétés au niveau
européen.
Les USA ont mis en œuvre un système semblable sauf qu’ils l’ont fait de manière
unilatérale. Ils obligent les banques du monde à leur transmettre des infos sur leurs
résidents. La sanction était drastique : si vous ne le faites pas, chaque fois qu’un
paiement sera fait depuis les USA vers la banque étrangère les USA vont prélever
30%.
24
3.Les autres « compétences fiscales de l’union
Pour certains problèmes, il n’y a pas d’autres moyens de les résoudre que par
l’harmonisation des législations.
Par contre d’autres obstacles ont été pris en main par d’autres institutions
européennes sur base des dispositions qu’on retrouve dans les traités et qui sans
avoir une portée explicite qui peut s’appliquer à cette matière.
Ces dispositions sont la liberté de circulation et la prohibition des aides des états.
Il y a trois manières dont le droit européen influence les systèmes fiscaux
nationaux.
Depuis 1986 (premier arrêt rendu en matière d’application des libertés de circulation
à la fiscalité), la cour a rendu plus de 200 décisions qui ont trait aux libertés de
circulation et à la matière fiscale.
L’arrêt Schumacker
25
Monsieur Schumacker constate que dans le régime prévu pour les résidents
allemands mariés, il y a une répartition des revenus entre conjoint pour faire baisser
l’imposition globale pour les couples ou un seul conjoint a un revenu.
Si on est résident en Allemagne et que le conjoint ne travaille pas, on reçoit un
régime fiscal favorable qui sera plus favorable qui si on était imposé
individuellement.
Monsieur Schumaker rappelle que sa femme ne travaille pas.
L’Allemagne lui répond qu’il n’y a que lui qui travaille en Allemagne donc on ne lui
applique pas ce système de splitting.
Il introduit un recours auprès de la Cour :
L’Etat allemand invoque que résidents et non-résidents sont dans des situations qui
ne sont pas comparables donc il n’y a pas de discrimination.
La Cour de justice répond de manière nuancée : certes en principe, les résidents et
non-résidents ne sont pas comparables à des fins fiscales.
Mais la Cour va à l’encontre en disant que lorsqu’un non-résident perçoit l’intégralité
de ses revenus d’un état qui n’est pas son état de résidence, cet état doit lui
appliquer son régime fiscal.
Exemple :
En Belgique, les régions sont compétentes en matière de droit de succession.
La région flamande comme les autres régions a modifié la législation pour éviter
qu’à l’occasion du transfert d’une entreprise lors d’une succession, on doive payer
les droits de succession sur l’entreprise.
Les régions ont considéré que cela risquait de mettre en péril l’entreprise elle-
même.
Pour éviter cela, on a prévu une exonération des droits de succession lorsqu’une
entreprise est transférée pour cause de mort mais on a ajouté des conditions : il
faut au moins 5 employés dans l’entreprise et que ces emplois soient maintenus.
La région flamande a rajouté une condition territoriale prévoyant que seul
bénéficiait de l’exonération les entreprises qui employaient des travailleurs dans la
région flamande.
Un résident de la région flamande décède en laissant derrière lui deux entreprises
de plus de 30 travailleurs mais au Pays-Bas.
L’administration fiscale belge refuse d’appliquer les exonérations car les conditions
26
légales ne sont pas remplies.
Les ayant-droits introduise un recours devant la Cour de justice.
La Cour constate que cette disposition constitue une violation de la liberté
d’établissement car il dissuade un résident flamand d’aller établir une entreprise
dans un autre Etat Membre.
La définition d’aide d’état n’inclut pas expressément mais n’exclut pas les aides
octroyées sous la forme de réduction d’impôts.
C’est ce que la commission a fait :
Contrôler aussi les réductions d’impôts octroyés aux différentes entreprises par les
états.
On est dans une logique de discrimination entre entreprises quelle qu’elles soient.
Un état ne peut pas prévoir des avantages à une entreprise ou à un groupe. S’il le
fait, la mesure est considérée comme une aide d’état, il doit la soumettre à la
commission. Toutes les aides d’état ne sont pas interdites par la commission.
Le traité prévoit des exceptions. Mais ces exceptions doivent être validées.
27
bénéficier du ministère pouvaient se voir imposer sur une base (calcul de la base
imposable) effectué selon des règles favorables et dérogatoires à ce qui était
applicables aux autres sociétés.
La commission est train d’analyser si les avantages fiscaux pour les revenus de
brevets doivent être considérés comme aide d’état ou non.
C. Le code de conduite
Une autre source est le soft law. C’est un autre instrument qui n’est pas légal au
sens strict et non contraignant mais néanmoins approuvé par les états comme code
de conduite. C’est un code de conduite des états en matière de fiscalité qui date de
1998.
L’impôt qui se rapproche le plus de l’impôt européen ce sont les droits de douane.
Les droits de douane font l’objet d’un règlement européen et les recettes des droits
de douane sont versées directement au budget européen.
28
2.7.1.3. Le droit fiscal interne
La constitution, la loi, le décret, les ordonnances, les AR,…
On trouve des règles fiscales dans les règlements des pouvoirs locaux et des
pseudos règles dans les différentes circulaires administratives et décisions
administratives dans des cas individuels.
A. La Constitution
Il est important d’avoir à l’esprit que la Constitution a prévu que différents pouvoirs,
autorités publiques, ont la compétence d’instituer un impôt.
On retrouve les principes fondamentaux aux articles 170. 171, 172, 173 de la
Constitution
On peut aussi ajouter tous les droits et libertés du titre II qui s’appliquent aussi en
matière fiscale.
29
dont la nécessité est démontrée
2. Annualité (art.171).
Art. 171. Les impôts au profit de l'Etat, de la communauté et de la région sont votés
annuellement.
Les règles qui les établissent n'ont force que pour un an si elles ne sont pas
renouvelées.
Les impôts au profit de l'Etat sont votés annuellement. (Loi budgétaire).
Annalité et annualité de l'impôt
a. Annalité de l'impôt : l'impôt est valable pour une durée d'un an.
b. Annualité de l'impôt : l’impôt étant voté chaque année, il est à payer
chaque année.
Art. 172. Il ne peut être établi de privilège en matière d'impôts. Nulle exemption ou
modération d'impôt ne peut être établie que par une loi.
Art. 10. Il n'y a dans l'Etat aucune distinction d'ordres. Les Belges sont égaux devant
la loi ; seuls ils sont admissibles aux emplois civils et militaires, sauf les exceptions
qui peuvent être établies par une loi pour des cas particuliers. L'égalité des femmes
et des hommes est garantie.
Il y a donc interdiction d'établir des privilèges. C'est ainsi que les revenus des biens
du Roi sont soumis à l'impôt.
Il y a également interdiction d'établir des exemptions ou des modérations.
L'administration ne peut donc renoncer à un impôt légalement dû. (Ce qui est
différent pour les amendes ou les intérêts de retard).
Hors les provinces, les polders et wateringues et les cas formellement exceptés par
la loi, le décret et les règles visées à l'article 134, aucune rétribution ne peut être
exigée des citoyens qu'à titre d'impôt au profit de l'Etat, de la communauté, de la
région, de l'agglomération, de la fédération de communes ou de la commune.
30
B. La loi
La loi fédérale joue un rôle très important en matière fiscale. La plupart des impôts
reste de la compétence du législateur fédéral. D’un point de vue qualitatif, la loi
fédérale en matière fiscale uniquement a une certaine primauté sur les lois
régionales et communautaires car si on considère l’art. 170, on constate que la loi
peut apporter des exceptions à la compétence fiscale des régions, communautés,
provinces et communes.
C’est une anomalie institutionnelle en Belgique.
Le législateur fédéral peut restreindre la compétence des autres législateurs.
C. Le décret et l’ordonnance
Les régions et les communautés, selon la Constitution, disposent d’un pouvoir fiscal
d’instituer l’impôt.
En pratique ce pouvoir est plutôt limité car cette compétence, autonomie fiscale,
constitutionnelle, fait l’objet de restrictions de 4 types :
a) Ils ne peuvent adopter des impôts que si la loi n’a pas apporté de
limitation à ce pouvoir.
Or le législateur fédéral a adopté deux lois qui limitent la compétence des entités
fédérées d’instituer des impôts à partir du moment où il est expressément prévu
que les entités ne peuvent adopter d’impôt que dans les matières qui font déjà
l’objet d’imposition. C’est une restriction de taille.
L’impôt fédéral couvre :
- les revenus des sociétés, des personnes physiques,
- la TVA,
- les accises, ….
31
b) Le problème des communautés est le fait que sur le territoire de la
région bruxelloise, ils n’ont pas une assiette territoriale définie.
La communauté flamande est compétente sur le territoire de la région flamande
pareil pour la communauté française sur le territoire de la région wallonne et les
deux communautés sur la région bruxelloise.
Comment instituer un impôt sans territoire ? Si demain la communauté flamande
décide d’instituer un impôt, la communauté doit donner le choix aux citoyens
flamands Bruxellois de payer ou non.
c) Les libertés de circulation interne.
Les régions, dans l’exercice de leur pouvoir fiscal, doivent respecter les normes
européennes et les normes qui préservent l’union économique et monétaire. Il n’est
pas possible pour une région d’instituer un impôt qui entrave les mouvements intra
régionaux.
La Cour constitutionnelle belge a développé le concept d’union économique et
monétaire dans un cadre fiscal (arrêt de 88 concernant sur l’eau potable
transportée en dehors de Wallonie).
d) Principe de proportionnalité dans la répartition des compétences
Lorsqu’une région exerce ses compétences y compris en matière fiscale elle ne
peut pas porter atteinte à la compétence d’autres entités.
Cela joue en matière fiscale à partir du moment où les règles fiscales ont souvent
un impact sur les individus.
32
impôts concernant les véhicules (taxe de circulation, de mise en circulation, euro
vignette), impôt divers (jeux, paris, débit, boisson, appareil de divertissement),
impôts mineurs comme la télé redevance. C’est principalement en matière de droit
d’enregistrement que les revenus sont les plus importants.
33
D. Le règlement-taxe
Il y aussi une large autonomie fiscale des provinces et des communes. Les
communes peuvent fixer leurs impôts sur l’impôt. Les communes ont un pouvoir
fiscal.
Exemple : précompte immobilier et taxes additionnelles à l’IPP. Ce sont les deux
exemples les plus représentatifs en matière de recettes financières des communes,
mais attention ce ne sont pas des exemples de l’exercice de l‘autonomie fiscale
communale au sens constitutionnel, parce que ce sont des autorisations du
législateur fédéral à instituer un impôt. La source de ce pouvoir fiscal n’est pas la
Constitution mais la loi. En revanche, d’autres impôts ont été institués par les
communes directement sur la base de leur autonomie fiscale constitutionnelle. Art.
170 §3 et 4 : liste d’impôts communaux et provinciaux.
Ici aussi, il y a une autonomie de principe avec plusieurs limitations :
1) Il y a des limitations imposées par la loi.
2) Il y des limitations imposées par certains principes généraux, notamment
l’interdiction de la rétroactivité, la sécurité juridique, le principe de l’égalité en
matière fiscale, les libertés de circulation.
3) Ensuite, il y a des limites spécifiques pour les communes et les provinces.
Quel est le contrôle spécifique exercé par certaines autorités sur les
communes et les provinces ?
La tutelle.
La tutelle en matière fiscale est même souvent renforcée.
34
d’autres termes, on ne peut pas en tant que communes et provinces, utiliser l’outil
fiscal pour influencer le comportement des contribuables s’il n’y a pas de besoin
financier derrière.
Exemple : pas de taxe dissuasive pour de facto interdire certaines activités s’il n’y a
pas de besoin financier de la Commune.
C’est le fait que les communes sont habilitées par le législateur à instituer certains
additionnels à certains impôts existants.
Il y a deux dispositions :
1) Art. 464 du Code des impôts sur les revenus : disposition qui interdit aux C et
aux P d’instaurer des impôts additionnels aux différents impôts sur les
revenus.
2) Art. 465 du Code des impôts sur les revenus : cette disposition est une
exception pour les Communes, qui peuvent lever une taxe additionnelle à
l’impôt des personnes physiques.
2.7.2.La jurisprudence
La jurisprudence joue donc un rôle important dans l’interprétation des limites
imposées aux différentes autorités publiques lorsqu’elles instituent un impôt. Ce
n’est pas une source de droit à proprement parler mais il s’agit d’une source
documentaire très utile pour savoir comment les lois sont effectivement appliquées.
Enjeu de la controverse.
Beaucoup de communes prélèvent un impôt sur les spectacles.
La base de cet impôt, ce sont les recettes générées par des spectacles organisés
sur le territoire de la Commune.
La question qui s’est posée, c’est de savoir si le fait de taxer les recettes brutes,
c’est-à-dire ce que l’organisateur de spectacles encaissait des spectateurs, était-ce
un impôt qui portait sur la même base qu’un impôt sur le revenu, en l’occurrence
35
soit l’impôt des sociétés lorsque l’exploitant était une société, soit l’impôt des
personnes physiques sur les bénéfices professionnels lorsque l’exploitant était une
personne physique ?
Il y avait matière à controverse car l’impôt sur les revenus prend aussi en compte
les frais et les dépenses et pas seulement le chiffre d’affaire et les recettes. Cette
différence était-elle suffisante que pour faire sortir la taxe sur les spectacles du
champ d’application de l’interdiction de l’article 464 si les différences entre une taxe
sur les recettes brutes et un impôt sur les revenus était suffisamment importante
pour permettre encore aux communes de continuer à percevoir cet impôt ?
C’est une des rares problématiques ou tant la Cour de cassation que la Cour
constitutionnelle ont rendu des arrêts parce que le Conseil d’Etat est compétent
pour examiner la validité des règlements, et y compris les règlements taxes : les
règlements qui instituent des impôts.
36
2.7.3.Les sources dites administratives
L’administration fiscale, ce sont des dizaines de milliers de fonctionnaires. Pour
assurer un minimum de coordination, il y a un tas de documents qui circulent au
sein de l’administration et qui sont même accessibles sur le site de l’administration
fiscale et qui sont souvent de très utiles instruments pour comprendre comment
s’applique les lois, ou du moins comment l’administration applique les lois et les
règlements en matière fiscale.
Il s’agit de documents qui ont le statut de circulaires, ce qui veut dire qu’elles sont
obligatoires pour les membres de l’administration mais pas pour les contribuables.
C’est aussi la tâche du juriste que de faire la distinction entre une circulaire
ministérielle et une loi. La circulaire administrative interprète les textes légaux mais
ne peut pas être assimilée à ces textes.
Exemple : j’achète une maison et je veux que mes enfants en aient la nue-
propriété, notamment pour des raisons fiscales pour éviter les droits de succession.
37
Donc dans toutes ces situations, on fait une demande de décision anticipée. On
demande à l’administration quel est le traitement fiscal de l’opération que l’on
envisage de faire. Dans la pratique, on vient avec un projet de décision.
On a une première réunion avec l’administration fiscale qui va regarder le prefilling.
Lors de cette première réunion, l’administration va dire soit NON (rare) soit OUI (rare)
soit OUI MAIS soit NON MAIS.
Donc sur la base de cette première réunion informelle, on modifie notre projet :
- soit on le retire complètement parce qu’on voit qu’il n’y aucune chance (les
contraintes que l’on nous impose sont trop importantes),
- soit la plupart du temps on modifie notre projet puis on fait la réunion officielle où là
l’administration accepte le projet puis rend une décision qui dit que telle opération
sera soumise à tel traitement fiscal.
Donc c’est un outil de sécurité juridique assez utile, surtout pour des
investissements à longs termes. Ça permet d’éviter des aléas.
38
2.8.Questionnaire d’évaluation
1) Quelle est la place du droit fiscal dans le droit belge ? Expliquer le rapport
entre le droit fiscal et les autres branches du droit.
2) Quel est l’objet du droit fiscal ?
3) Quelles sont les sources du droit fiscal ? expliquer brièvement.
4) Quels sont les principes constitutionnels relatifs au droit fiscal ?
5) Expliquer les compétences de l’Union Européenne en matière fiscale.
6) Qu’est-ce que la « Soft law » ? Donner un exemple.
7) Expliquer les compétences fiscales dérivées des communes et des
provinces.
8) Explique le mécanisme de tutelle d’approbation.
9) Expliquer les sources administratives du droit fiscal.
10) Quel est le rôle du service des décisions anticipées ? Pourquoi contribue-t-
il à alimenter le droit fiscal ?
39
CHAPITRE 3 L'IMPÔT
1 Il existe dans l’histoire des exemples d’emprunts forcés, que l’on peut assimiler en partie à des impôts, en
particulier lorsque leur remboursement est aléatoire ou à (très) long terme ou que l’intérêt est faible ou nul.
2 A ce titre, cette rémunération, loin d’être un impôt, peut être sujette à l’impôt, en l’occurrence la TVA, J.
THILMANY, « TVA et concession de jouissance exclusive d’un bien immobilier du domaine public », Liber
amicorum Jacques Autenne, Bruylant, 2009.
40
3.2.2. Les expropriations
C’est pourtant une notion fondamentale, c’est le cœur des ressources financières de l’Etat.
Il s’agit d’une lacune législative et constitutionnelle à laquelle les Cours et Tribunaux ont dû
faire face.
Une définition de l’impôt se retrouve dans la jurisprudence, via les Cours suprêmes : la
Cour de cassation, la Cour constitutionnelle et le Conseil d’Etat.
Ce n’est pas idéal d’avoir des définitions dans la jurisprudence, pas seulement pour des
questions démocratiques, mais aussi parce que les Cours doivent toujours trancher un
litige défini.
La définition qui sera donnée est toujours une définition qui, par le contexte dans lequel elle
est rendue, sert à résoudre un cas particulier. Ce sera une définition spécifique et non pas
générale. Cette définition sera utile pour la juridiction pour résoudre son cas mais peut-être
moins utile pour esquisser de manière générale les contours de cette notion.
41
3.3.2.Définition positive
Voy. Aussi C.C., 16 décembre 2010, n° 142/2010, B.3.2. (cotisation forfaitaire à charge
des sociétés)
42
2. « Par l’état, les régions, les communautés, les provinces ou
les communes »
On peut également rajouter les polders et les wateringues. Cela veut dire que chacune de
ces autorités peut prélever l’impôt. Le régime est distinct mais en principe,
constitutionnellement toutes les autorités publiques en Belgique qui ont une certaine
représentativité peuvent prélever l’impôt.
43
3.3.2.4.Cas pratique : L’affaire « RTBF »
Les faits et la procédure antérieure
L’a.s.b.l. Association belge des éditeurs de journaux a cité la RTBF ainsi que la s.a. T.V.I.
(RTL-TVI) devant le Tribunal de première instance de Bruxelles, formulant diverses
demandes dont certaines mettent en cause le système selon lequel une partie des revenus
bruts de la publicité commerciale diffusée par ces deux chaînes peut être versée à la presse
écrite. Ce transfert compense forfaitairement la perte de revenus due à l’introduction de la
publicité commerciale à la radio et à la télévision. Ce système est organisé par les articles
17 et 18 de la loi du 6 février 1987 relative aux réseaux de radiodistribution et de
télédistribution et à la publicité commerciale à la radio et à la télévision. Il fait l’objet
annuellement d’arrêtés d’exécution pris par la Communauté française. La question s’est
posée de savoir quelle est la qualification juridique qui doit être donnée à cette
compensation. En degré d’appel, la Cour d’appel de Bruxelles a considéré qu’il s’agissait
d’un impôt et elle a posé à la Cour la question préjudicielle précitée.
• = « impôt »
≠ « impôt »
44
3.3.3. Définition négative
L’impôt n’est pas :
1. Amendes pénales
2. Sanction administrative
a. Illustration récente : Conseil d’Etat
3. Mesure de confiscation
4. Donations et legs à l’Etat
a. Successions en déshérence
5. Recettes provenant de la vente, de l’affermage ou de la concession de biens
domaniaux
6. Revenus provenant des actions et autres titres détenues par l’Etat
7. Technique de « l’emprunt forcé »
8. Prestations « en nature » ?
a. Cass., 21 janvier 1889, Pas., I, 88 (obligation de construire un trottoir devant sa
propriété)
b. Possibilité de payer un impôt par une dation en paiement (droits de
succession)
9. Prestations obligatoires liées à la « compliance » en matière fiscale : forme d’impôt en
nature ?
10. Rétribution/redevance
3.3.4.Rétribution/redevance
3.3.4.1.Définition
Une redevance est la somme, le prix que l’on paie à une autorité publique lorsque celle-ci
fournit un service.
3.3.4.2.Caractéristiques
Une redevance n’est considérée comme telle par la jurisprudence que lorsqu’elle
rencontre deux critères principaux :
1. Service rendu
Une redevance est d’abord la contrepartie d’un service (principe de
spécialité).
Lorsqu’on paie à la commune une somme pour laisser la voiture sur la voie
publique, on paie pour un service que l’autorité publique rend.
Lorsqu’on paie pour demande un passeport à l’autorité publique, on paie aussi pour
45
un service que l’autorité publique nous rend. On n’est pas dans l’impôt parce qu’on
reçoit quand même quelque chose, qui est quelque chose d’individuel.
46
3.3.4.3. Impact de cette distinction.
1. Garanties constitutionnelles
S’il s’agit d’une redevance, les garanties constitutionnelles applicables uniquement aux
impôts ne seront pas applicables.
La jurisprudence s’est concentrée sur la distinction entre impôt et redevance d’une part et
entre impôt et cotisation sociale d’autre part.
47
Exemple : Redevance sur la facture d’eau
Il s’agissait d’une redevance pour la jurisprudence (arrêt de la Cour Constitutionnelle 28
février 2013). Il s’agissait d’une redevance d’eau. La composition du prix de la facture d’eau
est complexe. Dans la facture d’eau, on paie le fournisseur d’eau, le distributeur, l’autorité
publique…
La question portait sur cette redevance. C’est une redevance qui est séparée de ce qu’on
paie au distributeur et au producteur d’eau.
La question était de savoir si on se trouvait devant un impôt. La cour a dit non c’est une
redevance elle rémunérait un service, car l’autorité autorise la personne à recevoir de l’eau
courante. C’est la contrepartie d’un service : la mise à disposition de l’eau. Attention, il ne
faut pas toujours se fier à l’appellation.
Autre cas où on a requalifié le prélèvement. C’était un cas de taxe sur la distribution gratuite
d’imprimés publicitaires. Les distributeurs doivent s’acquitter d’une taxe que certaines
communes ont qualifiée de redevance. Le Conseil d’Etat (arrêt n°191.206) a considéré que
malgré le fait que la ville invoquait l’argument que la taxe servait à compenser en quelque
sorte les dommages causés à la propriété publique de la part de ces distributeurs (ramasser
par la suite ces imprimés publicitaires qui étaient souvent jetés sur la voie publique), le
Conseil d’Etat n’a pas suivi en disant qu’il s’agissait d’un véritable impôt à partir du moment
où il n’y a pas ce principe de spécialité (lien clair entre une prestation qu’on recevrait de
l’autorité publique et la somme qui serait payée).
48
3.3.5.Cas particuliers
3.3.5.1.Les précomptes
Il existe une jurisprudence de la Cour de cassation selon laquelle le précompte n’est pas un
impôt, mais seulement un mode de perception de l’impôt global dû sur l’ensemble des
revenus et sur lequel ce précompte doit être imputé
Le prélèvement kilométrique pour les poids lourds est un « taxe » régionale propre
(taxe kilométrique)
Région wallonne
Le prélèvement kilométrique pour les poids lourds est une « Redevance » régionale
(redevance kilométrique)
Une cotisation de sécurité sociale a tout d’un impôt sans en être un.
Les cours et tribunaux ne pouvaient pas assimiler une cotisation de sécurité sociale à l’impôt
pour des raisons liées à la manière dont les cotisations sont fixées ; il n’était pas imaginable
de les soumettre aux mêmes contraintes que les impôts.
49
La Cour constitutionnelle a dit que les cotisations ne sont pas des impôts car :
• elles sont affectées au budget de la sécurité sociale (ONSS) qui n’est pas le budget
de l’état
• et parce qu’elles font naître des droits dans le chef des assujettis.
Cela signifie que si l’Etat qualifie de cotisations de sécurité sociale un prélèvement qui n’est
pas affecté spécifiquement à la sécurité sociale et qui ne fait pas naître des droits dans le
chef des assujettis, ce prélèvement sera requalifié comme impôt.
C’est un système qui repose sur une gestion tripartite entre syndicats, organisations
représentatives du patronat et l’Etat.
Dans les faits, quand bien même les cotisations ne se distinguent pas de l’impôt, elles sont
obligatoires.
Assez importantes, elles ne sont pas toujours en rapport avec les services dont on
bénéficie.
Exemple :
Les personnes qui ont deux professions sont assujetties aux cotisations sociales pour leur
première activité qui leur ouvre tous les droits à la sécurité sociale. Ensuite ils doivent payer
des cotisations de sécurité sociale sur leur deuxième activité
Malgré ces évolutions, la jurisprudence a toujours maintenu une position très nette.
Les cotisations ne sont pas des impôts en tout cas en ce qui concerne les garanties liées à
l’impôt.
50
Exemple : système de sécurité sociale sectorielle.
Chaque diamantaire devait payer une cotisation calculée en pourcentage de la valeur des
transactions qu’il réalisait. Cette cotisation avait un fonds.
La Cour a dit que c’était une cotisation sociale car elle a dit qu’il fallait voir à quoi servait le
fonds.
Le fonds servait à indemniser les employeurs dans le secteur du diamant pour leurs
travailleurs, ce qui rapprochait ce fonds particulier d’un système de sécurité sociale.
Exemple :
C’était un montant fixe payé par toutes les sociétés et qui servait à financer la sécurité
sociale.
La question était de savoir si le simple fait que cette cotisation servait à financer la sécurité
sociale en faisait automatiquement une cotisation de sécurité sociale.
Dans cet arrêt, la Cour constitutionnelle n’a pas trouvé ce lien car c’était à charge des
sociétés et le paiement n’ouvrait aucun droit de sécurité sociale ni dans le chef de ces
sociétés ni dans le chef de quiconque.
51
3.3.5.4.Les prélèvements sui generis
L’expression latine « Sui generis » signifie : De son propre genre. Elle s'applique
souvent aux situations qui ne peuvent, en raison de leur nature, être classée parmi
les autres.
52
3.5. Comment définir la notion d’impôt en droit européen ?
► Illustration en droit primaire : le cadre juridique de l’harmonisation en matière
fiscale
► Etc.
53
CHAPITRE 4 L'IMPÔT AU FIL DU TEMPS.
Le recours au principe de l'imposition remonte aux temps les plus anciens.
4.1. Antiquité.
L'impôt fluctuait selon les besoins des conquérants afin de faire face aux dépenses
entraînées par les guerres.
Exemple : le tribut était imposé au vaincu et payable en argent ou en nature
4.2.Empire romain.
La fiscalité était un monopole de l'empereur et se présentait sous diverses formes :
- l'impôt sur la fortune (Exemple: le cens ou impôt foncier)
- l'impôt sur certaines transactions (Exemple: sur les ventes)
- les corvées (travail gratuit)
4.3.Féodalité
Les seigneurs lèvent de nombreux impôts.
Exemples :
- le champ art (sur les récoltes)
- le tonlieu (sur les marchandises transportées)
- le péage (sur l'utilisation des voies de communication)
- la taille (payée par les roturiers au seigneur)
54
Un héritage de la Révolution française
Il est bon de rappeler que l’étincelle qui enclencha le processus révolutionnaire français
porte justement sur la contestation de la part du tiers État, de l’inégale répartition des
charges fiscales entre les trois ordres, le Clergé, l’Aristocratie et la Bourgeoisie. Sur cette
dernière, repose la quasi-totalité de la pression fiscale.
Les révolutionnaires vont donc tant dans les Déclarations que dans la législation
révolutionnaire, énoncer les règles d’une fiscalité, juste et équitable entre tous. C’est ainsi
que sont affirmés les principes suivants : l’État peut prélever directement l’impôt afin
d’assurer les tâches collectives mais doit respecter l’égalité de chacun et admettre le
contrôle démocratique dans l’affectation des ressources publiques par les représentants de
la Nation.
Article 13 : Pour l’entretien de la force publique et pour les dépenses d’administration, une
contribution commune est indispensable : elle doit être également répartie entre tous les
citoyens, en raison de leurs facultés.
Article 14 : Tous les citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes ou par leurs
représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre
l’emploi et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée.
Article 13 : Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration, les
contributions de la femme et de l’homme sont égales ; elle a part à toutes les corvées, à
toutes les tâches pénibles ; elle doit donc avoir de même, part à la distribution des places,
des emplois, des charges, des dignités et de l’industrie.
55
Article 14 : Les citoyennes et les citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes … la
nécessité de la contribution publique. Les citoyennes peuvent y adhérer que par l’admission
d’un partage égal, non seulement dans la fortune mais encore dans l’administration publique
et le droit de déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée de l’impôt.
La législation révolutionnaire
Le décret du 9 octobre 1789 fixe une contribution exceptionnelle au quart du revenu dont
chacun jouit. La confiance règne puisqu’il est dit explicitement qu’« il ne sera fait aucune
recherche ni inquisition pour découvrir si chacun a fourni une contribution conforme aux
propositions ci-dessus indiquées. »
L’impôt de répartition fixait, par commune et par département, un certain montant à verser
au trésor public, sur base d’un sixième de sa population, multiplié par la valeur monétaire de
trois jours de travail. C’était ce qui était considéré comme la participation « normale » de
chaque citoyen comme prix pour la protection que la société lui accordait.
Et en Belgique
Pour les provinces « belges », annexées en 1794, les montants étaient fantaisistes et sans
lien avec la réalité économique de la région et n’évoluaient pas en fonction des évolutions
démographiques. Cette situation était profondément injuste : pour un même revenu, un
citoyen d’Anvers payait beaucoup plus d’impôt qu’un citoyen de Louvain.
En plus de ces impôts direct, l’État percevait également un impôt foncier sur la propriété (sur
le revenu supposé d’un immeuble ou d’une terre) et des taxes directes (douanes, accises,
octrois).
56
La contribution personnelle fut introduite par la loi du 13 janvier 1791. Pour approcher le
revenu réel elle se décomposait comme suit :
- taxe personnelle frappant les revenus professionnels sous forme de trois journées de
travail ;
- taxe somptuaire sur les domestiques, les chevaux de luxe et les voitures ;
- taxe d’habitation, levée selon le type d’habitation ;
- taxe mobilière, visant à taxer le revenu personnel estimée d’après la valeur locative
de l’habitation censée produire un revenu selon des coefficients progressifs.
En 1798, une contribution sur les portes et fenêtres fut ajoutée au système sous l’influence
anglaise.
En même temps qu’il abolissait les corporations, le législateur introduisit un droit de patente
basé sur la valeur locative des locaux professionnels. Pour le rendre plus équitable il fut
divisé en :
- droit fixe, dépendant du type de profession et du lieu d’exercice de celle-ci ;
- droit proportionnel, lié à la valeur locative des locaux professionnels, fixé à l’époque à
10%.
4.5.Régime hollandais
La loi du 12 juillet 1821 ne modifiait pas fondamentalement le régime fiscal hérité de la
révolution française. Elle rendit le droit de patente plus équitable, en accroissant le nombre
de critères pris en considération.
57
Il s’agissait dans l’esprit du gouvernement, d’accorder aux citoyens le maximum de garantie
et au Trésor public, un impôt stable et productif. Six bases furent retenues : la valeur locative
des habitations, les portes et les fenêtres, le mobilier, les foyers, les domestiques, les
chevaux. Autrement dit, il s’agissait d’évaluer la capacité contributive de chacun sur les
signes extérieurs de richesse, sur « les grandes dépenses ostensibles ». Le nouvel impôt
constituait donc un système complet, nettement délimité, qui avait un but, reposait sur des
faits réels et n‘était plus livré à l’arbitraire. La loi prévoyait aussi la participation du
contribuable à l’élaboration de son assiette fiscale : « on devra l’entendre et le reconnaître »
disait le ministre Appelius.
La réforme fiscale fut mal accueillie dans les provinces du Sud. L’impression restait que
« Le Nord exploite le Midi » même si dans les faits, cela ne s’est pas révélé correct. Les
députés des provinces du Sud s’opposèrent fermement à cette réforme: « L’impôt sur les
domestiques et les chevaux », disait le Baron de la Motte Baraffe de Lesdain,
« produira les plus funestes effets qui renverront une partie de leurs domestiques et
vendront la moitié de leurs chevaux »2. D’autres prirent parti pour la réforme. « Sans doute
», dit A. de Moor, député d’Anvers, « cette loi ne sera pas parfaite.
Le temps et l’expérience pourront corriger ses défauts. Il n’est pas adroit d’accuser ici nos
collègues du Nord de vouloir, du reste, par cet impôt, écraser les provinces du Midi. En
votant, du reste, pour un impôt qui frappera le plus nous tous, et par lequel nous nous
imposons ainsi nous-mêmes, j’aime à donner à la Nation, une preuve et un exemple de
désintéressement ».3
Soulignons les mots : « qui frappera le plus nous tous ». Ce n’était pas en effet, le peuple et
la bourgeoisie travailleuse qui étaient menacés mais bien la classe possédante, dont
l’aisance était affirmée d’une manière spéciale (taxe sur les domestiques, les chevaux, les
livrées, les foyers, le mobilier). La réforme fiscale sera adoptée par les Chambres, après de
nombreux débats et discussions, le 22 juin 1822, avec une majorité de trois suffrages. 47
députés des provinces du sud, hostiles et méfiants, se sont opposés.
58
4.6. De l’indépendance à 1914
Pendant les années qui suivirent l’indépendance, le droit de patente fut réduit de moitié pour
stimuler l’activité économique.
En 1831, le Congrès national adopte dans son article 139, la nécessité de réviser la loi
fiscale et en particulier le principe de la contribution individuelle. Mais elle se maintiendra « à
titre provisoire », jusqu’au lendemain de la première guerre mondiale à l’exception de la taxe
sur les foyers qui fut supprimée par la loi du 26 juillet 1879 et ce, malgré les dénonciations
sur les injustices provoquées par ce système de taxation directe.
Fiscalité directe :
Dans cet état moderne et libéral qu’est la Belgique de 1830, il est bon de rappeler que le fait
d’être contribuable, donne accès à la citoyenneté. C’est le cens, l’impôt sur la propriété, qui
détermine le droit à exercer une citoyenneté pleine et entière, par l’exercice du droit de vote.
Le suffrage est censitaire et exercée par les hommes de plus de 25 ans. La loi électorale
prévoit néanmoins des droits dérivés au mari, au fils aîné ou au gendre, si la contribuable-
propriétaire est une femme mariée ou veuve.
59
Cet impôt personnel est très favorable aux classes aisées puisqu’il taxe de manière
aléatoire, les signes extérieurs de richesse : chevaux, portes et fenêtres des bâtiments, etc.
mais ne tient pas compte des fortunes réelles, ni des revenus réels perçus par la valorisation
des biens.
L’impôt sur la valeur locative d’un bien ne tient pas compte de l’évolution du marché
immobilier. L’impôt sur les portes et fenêtres, « impôt odieux s’il en est, car il taxe l’air et la
lumière », varie d’une ville à l’autre. Les campagnes paient davantage que les zones
urbaines. Les faubourgs de Bruxelles sont privilégiés par rapport au centre urbain. Bref,
autant de maisons, autant de taux différents.
Dans le cadre d’une étude pour une autre fiscalité, Jules Ingenbleeck 4 démontre la
proportionnalité inversée de l’impôt. Ainsi plus on monte dans l’échelle des loyers, plus la
part unitaire de l’impôt diminue. La contribution personnelle en Belgique telle qu’appliquée à
la veille de la première guerre mondiale montre qu’elle est progressive pour les petits loyers
et dégressive dans le sens des loyers élevés
Le droit de patente
Ce système est très favorable aux grandes entreprises et aux capitalistes mais pèse sur le
travail artisanal et rural, le commerce, les employés et certaines catégories ouvrières dont la
profession est soumise à la patente. Pour les Sociétés anonymes, la patente est calculé sur
2 % des bénéfices distribués !
Le paiement de cette taxe professionnelle donnera droit à ces travailleurs le droit de vote
aux élections des conseils de prud’hommes, ainsi que le droit de s’y présenter et d’y siéger.
60
Cette inégale répartition des impôts est critiquée par Jean-Baptiste André Godin5, maître des
poêleries Godin, industriel et fouriériste :
« Un haut fourneau qui vaut 300.000 F paie 84 F de patente tandis qu’un bateau qui ne vaut
que 10.000 F paie 81 F; le produit brut annuel d’un haut fourneau est de 500.000 F ; un
boutiquier dont le débit en sucre, poivre, café et autres épiceries s’élève à 48.OOO F paie
aussi (…) 84 F d’impôts (…)
Les Sociétés anonymes sont traitées par le fisc avec une indulgence toute paternelle. Les
paysans (…) paient annuellement le 10ème des profits qu’ils peuvent tirer de leurs petites
propriétés. Les actionnaires d’une SA ne sont cotisés qu’à raison de 1,66 % des bénéfices ».
La troisième source de revenu de l’État est la fiscalité indirecte qu’elle perçoit sur les droits
de douane et d’enregistrement et les droits d’accise. Ces taxes portent sur les biens
courants comme le sucre, le sel, la bière, le genièvre, l’huile, le tabac, la margarine, le
beurre… très présent dans l’alimentation des classes populaires. Elles pèsent d’autant plus
lourd sur un budget ménage, que les revenus sont bas et que les produits taxés participent à
la consommation de base. Cet impôt indirect, socialement injuste, rapporte en 1840, 63,2 %
des recettes fiscales de l’État et en 1912, 75 % des recettes fiscales, soit la majorité des
entrées financières de l’Etat.6 E. Vandervelde :
La question devient alors, pourquoi, alors que l’inégalité du système et le coté arbitraire est
connu, un système fiscal direct et indirect aussi injuste, s’est maintenu jusqu’à la première
guerre mondiale ? Deux conditions sont requises pour qu’on accepte passivement l’impôt :
qu’il ne soit pas excessif et qu’il ne gêne personne. C’était le cas de la perception
individuelle. Le conservatisme d’un système repose aussi sur le poids politique des
contribuables les plus avantagés par rapport à ceux qui n’ont rien. Avec le suffrage
censitaire et même avec l’introduction du suffrage universel masculin tempéré par le vote
plural (1893), ces contribuables privilégiés possèdent les leviers de la décision politique.
De plus, les recettes fiscales de l’État, c’est à dire l’impôt indirect, est nettement plus
difficilement décelable. Et un ministre des finances de dire : « vous trouvez que les impôts
61
de consommation sont mauvais ? Je trouve que c’est l’idéal. Jamais un contribuable, flanqué
d’un député ou d’un sénateur, n’est venu dans mes bureaux m’exposer qu’il ne pouvait
payer les impôts de consommation ». 7
Pendant cette période, le gouvernement n’a pas eu besoin de faire des réformes
importantes car l’impôt indirect avait atteint un rendement formidable, permettant de solder,
en silence, les dépenses publiques, sans cesse croissantes. La réforme fiscale sera dès lors
une revendication portée par le mouvement ouvrier socialiste.
De 1830 à 1919, on constate une grande stabilité même si quelques lois sont adoptées qui
modifient le paysage fiscal belge de manière périphérique. Les taux d’imposition restent très
bas. Ainsi, le revenu cadastral n’évolue pas de 1870 à 1913 mais la charge porte
essentiellement sur les fermiers et les locataires ! La charge de l’impôt pour chaque citoyen
est en moyenne de 19 francs, soit 7 % du revenu en 1846 et 5,3 % revenu en 1911.
La Belgique est un pays prospère et est un état libéral. Ce qui veut dire en principe : le
moins d’état est le mieux d’état. Il y a donc très peu de fonctions collectives et très peu de
redistribution de l’impôt par l’intervention de l’État. A partir de 1913, l’adoption du service
militaire obligatoire et les dépenses militaires en hausse vont imposer au gouvernement de
prendre de nouvelles mesures pour faire rentrer de nouvelles recettes.8
Loi du 13 septembre 1913 fixe une contribution sur les revenus et profits réels des sociétés
par action (4%)
Loi du 2 septembre 1913 créant une taxe sur les automobiles et les véhicules à moteur
Ainsi que des modifications sur les droits d’héritages, les droits de timbres et l’augmentation
des accises (alcools = lutte contre l’alcoolisme)
62
Les recettes de l’Etat en 19149
A partir de 1849, les petites entreprises furent exonérées totalement du droit de patente.
Toutefois, les sociétés anonymes étaient depuis 1819 soumises à un droit de patente
correspondant à 2% des sommes distribuées aux actionnaires, à cette exception près, les
grandes entreprises étaient soumises à un droit de patente dérisoire par rapport à la
hauteur de leur bénéfice, l’impôt étant conçu en fonction d’artisans, de professions libérales
ou de petits commerces.
Pendant ces années, la fraude fiscale consistait surtout à tenter d’augmenter le montant
d’impôt dû pour pouvoir participer au vote dans le cadre d’un système censitaire.
63
Pendant la guerre, le gouvernement en exil avait également chargé Jules Inglenbeek de
faire une étude comparative entre les différents systèmes fiscaux existants. Ce dernier
publie ainsi en 1918, un ouvrage « La justice dans l’impôt » où il préconise un nouveau
système de taxation qui repose sur tous les revenus.
Entre le dépôt du projet de loi et le vote de la loi, de nombreuses discussions auront lieu à la
Chambre, première à examiner le texte. Plusieurs systèmes seront mis en débat.
- baser l’impôt sur le revenu réel et non des estimations, ou des déclarations
spontanées partir d’une déclaration des revenus du contribuable, contrôlée par
l’administration fiscale instaurer une progressivité de l’impôt voire même exonérer les
revenus les plus faibles.
Les opposants exprimeront leur méfiance par rapport à l’État inquisiteur. Ils doutent d’avoir
en si peu de temps, une administration fiscale prête a assumer ces changements.
La loi fiscale sera modifiée avec le vote du projet de loi déposé par Monsieur Delacroix,
Ministre des finances et qui devient la loi du 29 octobre 1919, établissant des impôts
cédulaires sur les revenus et un impôt complémentaire sur le revenu global.
Cette réforme, portée par les socialistes et les démocrates chrétiens qui débarquent au
Parlement avec le SU masculin pur et simple, entérine le principe de la progressivité de
l’impôt sur le revenu. Il s’agit de faire supporter les charges de l’État par les revenus moyens
et surtout pour les revenus élevés en vue de ne pas compromettre le pouvoir d’achat des
grandes masses par des impôts de consommation trop lourds et opérer en même temps une
certaine redistribution des revenus.
L’article 1 remplace le système existant par une contribution financière, basée sur tous les
revenus d’un contribuable (impôts cédulaires)
64
Pour ces revenus, la loi prévoit un système de taxation particulier et un mode de perception
pour chaque taxe.
La loi prévoit également un impôt complémentaire sorte de « super taxe » sur l’ensemble
des revenus de chaque contribuable appelé ensuite Impôt complémentaire personnel.
Cet impôt tient compte de la situation de fortune du ménage et impose par tranche de 5000
francs et de manière proportionnelle les revenus globalisés.
La loi prévoit que tout chef de famille est cotisable tant en raison de ses revenus personnels
que de ceux des membres de sa famille qui forment avec lui, un seul ménage.
La loi prévoit un système de réductions pour personne à charge, les enfants et les
ascendants vivant sous le même toit, pour occupation du bien par le ménage, des rentes
versées à des tiers, de déductions des cotisations à des caisses de pensions, ou
d’assurances.
Le cumul des époux quel que soit le régime matrimonial est imposé. La cotisation est établie
au nom du chef de ménage.
La loi introduit donc la déclaration d’impôt annuelle des revenus avec contrôle de
l’administration
Ces réformes, écrit B.S. Chlepner, tant la législation ouvrière comme la journée des huit
heures par exemple que les innovations fiscales, ont été critiquées par d’aucuns, au moment
même de leur réalisation et dans la suite. C’est au moment où il fallait faire un effort de
reconstruction, disait-on que le Parlement réduit la journée de travail, c’est en présence
d’une situation financière difficile, d’un déficit permanent que le législateur introduit un impôt
9
sur le revenu, système compliqué, à rendement incertain, au lieu d’accroître les impôts
existants, surtout les impôts indirects à rendement certain et immédiat.10
Rétrospectivement, l’institution d’un impôt sur les divers revenus et sur l’ensemble de ceux-
ci, inaugure les principes modernes de la fiscalité démocratique et met à la disposition de
l’État un instrument de réformes économique et social.
Progressivement, malgré une certaine préoccupation sociale, face aux besoins financiers
grandissants de l’État, le législateur introduit, en 1921, la taxe sur la transmission (système
précédent la TVA), la taxe de luxe (sur certains biens de consommation, comme l’alcool).
Régulièrement, le taux d’imposition sera relevé et son champ d’application étendu.
La loi du 30 décembre 1932 fixe une Contribution nationale de crise valable pour une année
1933 mais qui se prolongea en 1934, 1935, 1936. Elle sera supprimée en 1937 mais
réintroduite en 1938, vu le problème des finances publiques !
Ce système reste lourd, complexe, pèse sur les « moyens revenus », est inique vu les
nombreuses dérogations, immunisations. Ce système pèse sur le travail et sur les autres
revenus et a tendance à approfondir la crise.
Il désavantageait les petits revenus que les revenus importants. Les critiques s’accumulent.
9
• Nécessité d’un contrôle efficace et d’une réforme de l’administration :
o plus de moyens,
o plus d’information,
o plus de pouvoirs pour le contrôleur,…
• « Le contrôle est essentiel au point de vue de la moralité des relations commerciales et de
l’égalité des conditions de la concurrence »
• « Le contribuable qui se soustrait au paiement d’un impôt s’imagine peut-être frustrer l’État
d’une somme qui lui revient. En réalité, il frustre ses propres concitoyens à qui l’état doit
demander une autre sacrifice pour suppléer à la carence des redevables en défaut ».
Dans l’après-guerre 1945, la revendication d’une fiscalité juste, équitable, efficace, simple et
surtout transparente, lisible par tout un chacun émerge à nouveau. Max Frank, professeur à
l’ULB et inspecteur des finances dénonce : « Le système actuel des impôts s’avère de moins
en moins capable de remplir d’une part sa fonction fiscale, qui est de procurer au Pouvoir
central et aux pouvoirs locaux les ressources qui leur sont nécessaires et d’autre part, sa
fonction non fiscale, qui consiste à servir d’outil à une politique d’expansion économique et
de justice sociale. Les déficiences du système ont atteint des proportions telles…. qu’il est
impensable de réaliser les réformes nécessaires sans une refonte fondamentale de la
structure de la fiscalité et de ses principales modalité d’application ».12
La fraude fiscale devient un véritable problème. Cela demande des efforts de transparence,
de contrôle. La proposition de mettre en place une carte d’identité fiscale est faite mais elle
sera rejetée par le Parlement.
« La loi du 18 octobre 1945 portant sur l’amnistie fiscale, montre que les revenus
professionnels dissimulés ont été rectifiés à concurrence de 15 milliards. Les contribuables
ont avoué eux-mêmes une dissimulation de plus de 3 milliards de revenus de valeurs
mobilières pendant la même période (1939-1945) »
9
Les syndicats et le mouvement ouvrier en général, demandent une réforme globale de
l’impôt. Le contexte évolue : le Benelux et l’Europe se mettent en place
- créer un instrument fiscal simple et maniable avec un taux pivot de l’impôt unique sur le
revenu global,
- privilégier la transparence,
- assurer l’égalité réelle des citoyens devant l’impôt
- adapter l’impôt à la faculté contributive réelle des contribuables
- tenir compte de la situation de famille des contribuables.
Ceci implique…le cumul des revenus des époux. Mais celui-ci sera alors corrigé par une
adaptation du revenu taxable en fonction de la composition de la famille.
9
Introduction de l’impôt sur le revenu
Une réforme fut préparée par l’étude du secrétariat du roi Albert, J. Ingenbleek, « La
justice dans l’impôt », écrite en 1917. La loi du 29 octobre 1919 créa des impôts
cédulaires et un impôt complémentaire sur le revenu global. Elle fut rectifiée par la loi
du 3 août 1920, les deux lois formant les lois coordonnées qui subsisteront jusqu’à la
réforme de 1962 sous formes diverses.
69
4.7.Réforme fiscale de 1962 La loi du 20 novembre 196214
La loi du 20 novembre 1962 portant réforme des impôts sur les revenus et les lois
coordonnées du 26 février 1964, qui définit le code des impôts sur les revenus, concrétisera
cette volonté politique.
Les Lois coordonnées du 26 février 1964 mettent en place un nouveau code des impôts sur
les revenus. « Les instruments fiscaux, désuets, compliqués, peu équitables et inefficaces
que nous connaissons aujourd’hui doivent être remplacés pas un système fiscal moderne. Il
faut que demain la fiscalité encourage l’investissement et l’effort, qu’elle décourage la
fraude et rétablisse la justice. Il faut que rendue moins compliquée, elle devienne, en
Belgique, le moyen d’une politique financière efficace, au service d’une politique
conjoncturelle et structurelle de développement économique… » 15
70
familiale,
- introduction du cumul mais avec une protection des revenus les plus bas, prise en
considération des charges professionnelles de l’épouse et adaptation des tranches
de revenu à l’index.
La création de l’impôt des sociétés et des non-résidents, qui faisait gravement défaut, vient
compléter l’impôt sur les revenus. Le gouvernement promet également la péréquation
cadastrale et s’engage dans la lutte contre la fraude fiscale.
71
En Belgique, la femme mariée paie toujours plus d’impôt que le travailleur célibataire ou les
hommes mariés pour un même revenu.
Elle montre par comparaison que les systèmes de cumul et les aménagements sont un
incitant au maintien de la femme au foyer, les politiques du splitting avantagent les
ménages à un revenu.
Elle conclut : seul un système basé sur la taxation de l’individu garantit la neutralité à l’égard
du travail16.
En 1988, la réforme fiscale entérinera la suppression du cumul des époux mais introduira le
quotient conjugal.
Son objectif était de diminuer le prélèvement sur les revenus du travail, de mettre fin à
l’injustice qui consiste à taxer des personnes qui ont un revenu inférieur au minimex et de
mettre fin à la pénalisation fiscale du mariage qui résulte du cumul des revenus des époux.
72
En 1999, la déclaration gouvernementale du Gouvernement arc-en-ciel, reprend la volonté
des Libéraux de mettre en chantier une réforme fiscale. Les objectifs de cette réforme
seront d’alléger la pression fiscale sur le travail, de lutter contre les pièges à l’emploi et
l’inégalité des petits contribuables, face aux « exonérations » accordées par l’État, par la
création d’un crédit d’impôt (uniquement pour les actifs), par une augmentation du revenu
poche du salarié de manière à rendre le travail plus attractif, par des modifications des
tranches d’imposition (mesures favorisant les revenus moyens) et rattrapage des non
indexation des barèmes fiscaux mais aussi par la suppression des taux marginaux sur les
tranches supérieures ( de 55 % à 50 %) ( mesure nettement favorable pour quelques
200.000 contribuables les plus riches).
Enfin, la réforme fiscale de 2001 entérine le principe de la neutralité fiscale vis-à-vis des
choix de vie. Désormais, le fisc traitera un ménage qu’il soit cohabitant ou marié de la
même manière. Cela s’accompagne d’une série de mesures supprimant des
discriminations.
C’est ainsi que les cohabitants légaux obtiennent le bénéfice du quotient conjugal. Pour les
ménages, la réduction d’impôt individuelle est alignée sur celle des isolés.
D’un autre côté, quelques mesures sont prises qui vont dans le sens d’une individualisation
fiscale. A titre d’exemple, nous pouvons pointer le principe du décumul des époux pour les
revenus mobiliers, immobiliers et divers, l’individualisation de l’impôt sur les revenus de
remplacement, et la possibilité d’introduire une déclaration d’impôt.
16
D. Meulder, J.L. Six et L. Voets, Le travail de la femme et la fiscalité, dans Courrier hebdomadaire du
CRISP, n° 981, 10 décembre 1982, 22 p.
17
Les travaux de Thérèse Meunier sont a ce titre intéressants et éclairants. Voir les travaux de la Table
ronde sur les familles, section fiscalité, 2003-2005.
73
4.10. La loi spéciale du 6 janvier 1989
La loi spéciale du 6 janvier 1989 relative au financement des Communautés et des
Régions conduit à distinguer, parmi les impôts sur les revenus, des impôts régionaux
et des impôts nationaux.
Le précompte immobilier est devenu un impôt régional, au même titre que les droits
de succession ou les droits d'enregistrement sur les transmissions d'immeubles.
Les Régions peuvent en modifier le taux d'imposition et les exonérations, mais non la
base d'imposition. Celle-ci est fixée par le législateur national, mais sa modification
requiert l'accord de l'Exécutif régional.
Le précompte immobilier est dû à l'endroit où l'immeuble est situé. Un impôt national
peut être :
- un impôt partagé, perçu de manière uniforme dans le pays, mais dont le
produit est en tout ou en partie attribué aux Communautés;
- un impôt conjoint, perçu de manière uniforme dans le pays, mais dont une
partie du produit est attribué aux Régions et sur lequel les régions peuvent
percevoir des centimes additionnels et, après 1994, accorder des remises.
L'impôt des personnes physiques est un impôt partagé et un impôt conjoint. Il est
localisé à l'endroit où le contribuable a établi son domicile.
Les deux seules exceptions sont l'impôt des personnes physiques et le droit
d'enregistrement sur les ventes d'immeubles.
74
4.11.La sixième réforme de l’Etat de 2014
Les compétences des régions en matière d’IPP : l’impact de la sixième réforme de
l’Etat
Exemples
« jobkorting » flamand ;
4.11.3. Conclusions
Les systèmes fiscaux relativement sont stables
Au dix-neuvième siècle :
A partir de 1919 :
Un certaine égalité fiscale est mise en place mais les revenus sont imposés de
manière différente en fonction de leur origine.
75
Il y a l’obligation d’une déclaration fiscale contrôlée.
1962 :
1988- 2001
Plutôt que des cadeaux fiscaux qui ne bénéficient qu’à ceux qui paient des impôts
(même avec le système de crédit d’impôt limité aux revenus du travail), il vaut mieux
une bonne politique sociale : allocations familiales immédiatement perceptibles et
égale entre tous les ménages.
4.12.Intégration européenne.
Elle pousse les Etats à harmoniser leur législation fiscale (Exemple : la TVA) mais
se heurte à certains intérêts nationaux pas nécessairement compatibles avec ceux
d'une communauté (Exemple : l'imposition des revenus mobiliers).
76
CHAPITRE 5 LES ÉLÉMENTS ESSENTIELS DE L’IMPÔT
Au-delà des définitions strictement juridiques de l’impôt, on va définir les
composantes de l’impôt.
Exemple :
Exemple :
Le fait générateur de l’impôt sur les revenus, c’est d’être le 1er janvier de l’année
d’imposition résidant en Belgique.
Le fait générateur doit être déterminé de manière précise parce qu’il faut vérifier tous
les éléments composant le fait générateur avant de conclure qu’un impôt est dû. De
même, si un des éléments manque, le fait générateur n’est pas réalisé et l’impôt n’est
pas dû.
De temps en temps, on utilise un autre terme qui est celui de « matière imposable ».
C’est un quasi synonyme de « fait générateur », en tout cas en droit belge.
77
5.1.2. La personne imposable
Un autre concept fondamental en droit fiscal c’est la personne qui paie l’impôt :
3) L’assujetti (TVA).
Le terme varie en fonction de l’impôt qui est prélevé. C’est la personne qui d’après la
loi est la personne auprès de laquelle d’administration fiscale peut exiger le paiement
de l’impôt.
Attention, en matière fiscale et pratiquement pour tous les impôts, ce n’est pas
uniquement le redevable légal qui, d’un point de vue économique, va effectivement
supporter la charge de l’impôt. Il se peut qu’un impôt soit payé par une personne qui
n’en est que légalement l’unique redevable mais qui arrive à partager la charge de
l’impôt voire la transférer complètement sur un tiers.
Exemple :
Le meilleur exemple c’est la TVA, car le redevable de la TVA c’est l’entreprise mais
le contribuable effectif c’est le consommateur.
Exemple :
Si on décide de baisser les cotisations sociales des travailleurs ou l’impôt sur les
revenus et qu’on augmente l’impôt des sociétés, l’impôt sur les bénéfices de la
société va augmenter. Si la société était à l’équilibre, elle va peut-être devoir réduire
certains coûts comme les coûts salariaux, soit en licenciant du personnel soit en
réduisant les rémunérations du personnel. In fine, ce seront les travailleurs qui auront
été les redevables économiques de l’augmentation de l’impôt des sociétés.
Exemple :
78
est salarié, on paye personnellement très peu d’impôts sur notre salaire car notre
employeur est tenu de verser à l’administration fiscale un impôt sur les revenus
(précompte professionnel) mais qu’il retient sur la rémunération qu’il nous paie. À la
fin de l’année, on déduit de l’impôt sur les revenus que nous devons les montants
prélevés à titre de précompte professionnel.
L’employeur est le redevable légal mais ce n’est pas véritablement son impôt.
Exemple :
En France on n’avait pas ce système de retenu sur l’impôt.
Le travailleur reçoit donc l’intégralité de son salaire, impôts sur le revenu compris. À
la fin de l’année, il faudra payer en une fois. L’impôt sur le revenu en France est plus
bas qu’en Belgique.
79
5.2.2.Le taux ou tarif d’imposition
Ensuite, on a le taux ou le tarif. Le taux c’est généralement une fraction de la base
qu’on applique à celle-ci ; donc un pourcentage qu’on applique à la base.
Il y a différents taux :
1. Taux fixes : ils ne varient pas avec la base. Ils sont rares. Généralement, le
taux sera progressif ou proportionnel.
2. Taux proportionnel : pourcentage de la base qui ne varie pas avec le
montant de celle- ci mais le montant de l’impôt varie avec l’importance de la
base de manière proportionnelle. C’est le cas en matière de TVA.
3. Taux progressif : le taux va augmenter avec la base plus que
proportionnellement. Plus la base imposable sera élevée, plus le taux qui sera
applicable à la base sera élevé. C’est le cas de l’impôt sur les revenus en
Belgique. Sur chaque tranche, on applique un taux, un pourcentage et plus on
monte dans les tranches, plus le taux applicable à la tranche en question sera
élevé.
Une réduction d’impôt c’est bien un avantage fiscal qui se calcule après avoir
appliqué le taux à la base. Il y a différentes manières d’accorder des avantages
fiscaux au contribuable. On peut aussi décider que le contribuable aura droit à une
réduction sur l’impôt.
Elle est souvent calculée sur l’impôt des revenus en prenant en compte une dépense
qu’a faite le contribuable et que l’on veut récompenser en lui permettant de réduire le
pourcentage de la dépense des impôts qu’il doit à l’état.
80
Il existe 3 types d'avantages fiscaux :
1. Les dépenses déductibles
Les dépenses déductibles consistent en des dépenses faites pendant la
période imposable et qui viennent en déduction des revenus net imposables.
2. Les réductions d'impôt
Sous certaines conditions, des dépenses donnent droit à une réduction
d'impôt et ce, à concurrence d'un certain plafond. En d’autres termes, ces
dépenses donnent droit à un taux d'imposition plus avantageux sur un certain
montant.
Exemple : impôt = 1000
Réduction d’impôt = 1100
Impôt à payer et à rembourser = 0
3. Les crédits d'impôt
Contrairement aux déductions et aux réductions d'impôt, les dépenses qui
donnent droit à un crédit d'impôt ne sont pas limitées à l'impôt dû. On parle
aussi d'impôt négatif car l'avantage fiscal qui y est lié est payé au contribuable
même si aucun impôt n'est enrôlé à son nom.
Exemple : impôt = 1000
Crédit d’impôt = 1100
Impôt à rembourser = -100
81
5.3.Les systèmes d'imposition.
Le recours à l'impôt repose sur le choix d'un système d'imposition.
Exemple : les droits d’accises, les droits de douanes, la taxe sur la valeur ajoutée.
Le taux d'imposition du capital est, bien entendu, assez faible ; ceci explique la
modicité des recettes issues de ce système (en général, moins de 0,5 % du total des
recettes fiscales du pays qui l'applique).
82
3.7. Les catégories d’impôts
83
3.8. Les organismes percepteurs de l’impôt
47
5.4. Questionnaire d’évaluation
48
CHAPITRE 6 LE SYSTÈME FISCAL
49
6.3.Les impôts indirects
6.3.2.Les accises
C’est environ 7 milliards d’euros. Il s’agit de certaines taxes, impôts sur la
consommation de certains biens spécifiques tels que les tabacs, les produits
énergétiques et les alcools.
50
6.3.6.Les autres impôts
Il y a d'autres impôts à côté de ces impôts principaux mais dont les recettes sont moins
importantes. Il y a les impôts locaux, les impôts environnementaux, les impôts des
régions, les taxes sur les produits d'assurance, les écotaxes, les impôts des
communes qui varient d'une commune à une autre. Les régions essayent de mettre
en place des mécanismes d'harmonisation pour que ces impôts ne soient pas trop
différents.
51
6.4.Questionnaire d’évaluation
1) Expliquer la différence entre impôts directs et impôts indirects ?
2) Citer et expliquer les impôts indirects.
52
CHAPITRE 7 RAPPORT ENTRE L’ADMINISTRATION
FISCALE ET LE CONTRIBUABLE
7.1.Introduction
Le rapport entre l’administration fiscale et le contribuable est un rapport de nature
juridique auquel s’applique toute une série de principes.
C’est un rapport, comme souvent, entre l’Etat et le contribuable, qui est une relation
caractérisée par une profonde inégalité.
Mais autour de cela, il y a tous les pouvoirs conférés à l’administration pour mener
à bien cette mission, notamment des pouvoirs d’investigations, de contrôle, de
demander des documents et des renseignements au contribuable, le pouvoir de
visite.
Ce sont des pouvoirs exorbitants du droit commun qui appellent un cadre juridique
qui permet au contribuable de se défendre contre des excès de pouvoir de
l’administration et qui permet aussi de dire à l’administration de qu’elle peut faire et
ne peut pas faire.
53
L’ordre public a été défini par la Cour de cassation comme la « loi qui touche aux
intérêts essentiels de l’Etat ». Il est évident que les impôts touchent aux intérêts
essentiels de l’Etat. Vu que c’est d’ordre public, cela veut dire que l’obligation (le lien
de nature juridique qui unit l’administration et le contribuable) est indisponible. Ni
l’administration, ni le contribuable, ni les deux dans le cadre d’une convention, ne
peuvent déroger à la loi fiscale.
Exemple : cas du contribuable qui refuse de payer l’impôt pour des raisons
idéologiques. Un contribuable pacifiste ne voulait pas que l’argent de ses impôts
serve à financer des dépenses de guerre. Il a ôté du montant qu’il avait payé à
l’administration fiscale ce qui devait aller au ministère de la défense. Et pour garantir
qu’il ne souhaitait pas payer moins que ce qui était dû, il a versé la différence à une
ASBL qui militait pour la paix dans le monde.
Par exemple, je cède mon entreprise. Mais cette société a des litiges fiscaux en
cours. L’acheteur dit qu’il veut bien acheter la société mais il dit que si jamais je me
fais condamner dans le cadre des litiges, il ne souhaite pas payer l’impôt dû. Dans
ce cadre-là, souvent, par convention, l’acheteur s’engage à payer l’impôt qui aura
été fixé par le juge dans le cadre des litiges en cours. La société sera responsable
de l’impôt à payer.
54
Quelle est la valeur d’une telle convention ?
Cette convention, d’un point de vue de droit civil, est parfaitement valide et censée.
On n’a pas en tant qu’acheteur à cautionner certaines malversations fiscales du
vendeur. Mais cela veut-il dire que le FISC doit respecter cette convention, c’est-à-
dire que le FISC, si la société est condamnée à payer une certaine somme à titre
d’impôt, doit se retourner contre le vendeur ? Non. D’un point de vue de l’obligation
fiscale, si c’est la société qui a commis des malversations, c’est elle qui sera
responsable et qui devra payer l’impôt. La convention entre ces deux parties ne
change donc absolument pas la relation entre le FISC et la société/contribuable.
En revanche, une fois que la société a été condamnée à payer, rien n’empêche
qu’elle demande par après le remboursement au vendeur ou bien même que le
vendeur paie spontanément pour la société. Mais il n’est pas possible de demander
à l’administration d’aller voir directement le vendeur alors même que le contribuable
légal est la société.
Il y a aussi des cas en matière immobilière. Exemple: les baux commerciaux. Il est
souvent prévu dans une clause que le locataire va payer les impôts afférents à
l’immeuble ( Exemple : précompte immobilier). C’est parfaitement légal mais c’est la
même chose que dans l’exemple précédent : l’administration fiscale demandera
toujours le paiement de l’impôt au propriétaire.
L’administration doit réclamer l’impôt dû. Elle ne peut pas demander plus et elle ne
peut pas demander moins. Si elle demande plus, elle doit rectifier d’initiative. C’est
la loi qui détermine l’impôt dû : principe de la légalité. Les pseudos sources de droit
fiscal ne peuvent pas aller en deçà ou au-delà de la loi.
55
d’appréciation dans un certain nombre de cas.
Exemple : frais professionnels. Il y a une large marge de manœuvre qui est laissée
et à l’administration et au contribuable. Pour éviter un conflit, quand l’administration
n’est pas d’accord, elle envoie une lettre ou bien de manière préventive, le
contribuable peut aller voir l’administration.
On ne peut pas strictement appliquer l’idée que l’obligation fiscale est indisponible
et que seule la loi fiscale fixe les obligations des contribuables. Il y a certaines
exceptions :
Tout d’abord, on peut transiger sur des faits.
Exemple : on ne peut pas négocier la règle de droit selon laquelle on ne peut déduire
que l’utilisation professionnelle de la voiture. On ne peut pas déduire de l’impôt le
fait que le weekend, on a été à Walibi. Par ailleurs, pour les déplacements
professionnels, on peut déduire les km effectués. Il arrive qu’on évalue
forfaitairement les km.
L’administration a aussi une marge de manœuvre non pas sur l’impôt proprement
dit mais sur l’accessoire.
Exemple : infliger des amendes car omis de déclarer certains éléments ; intérêts de
retard ; frais liés à ces procédures,
56
Il y a aussi les mécanismes des ruling. Même s’il s’agit de décisions unilatérales de
l’administration, il arrive que ce soit des accords entre l’administration et le
contribuable.
57
la règle a été adoptée pour comprendre que tel élément ou tel élément est taxable
ou pas.
On peut se baser sur l’objectif de la règle à condition que cet objectif tel qu’il ressort
des travaux parlementaires ne soit pas en contradiction avec le texte.
Exemple : En 2008, le législateur décide de prévoir un régime préférentiel à l’impôt
sur les revenus pour les revenus de droit d’auteur. En lisant les travaux
préparatoires, on peut lire qu’il est souvent fait référence aux jeunes artistes qui ont
un début de carrière difficile et des revenus assez bas. Le législateur fiscal souhaite
donc aider cette catégorie de personnes en instaurant un régime préférentiel pour
les droits d’auteur. Le législateur a adopté un texte qui a manifestement dépassé
son intention car si on regarde ce qu’est un droit d’auteur et une rémunération de
droit d’auteur, ça couvre bien plus que ce qui est reçu par les jeunes artistes pour
leurs œuvres (Exemple : journalistes, architectes, etc.). Tout le monde peut
percevoir des droits d‘auteurs : il suffit de monnayer une œuvre originale. On ne
retrouve pas toutes ces catégories dans les travaux préparatoires.
Est-ce à dire que l’on peut interpréter le texte en limitant cette notion de droit
d’auteur aux artistes et aux revenus d’artiste ?
La réponse est non. On ne peut pas interpréter le texte au-delà de son contenu
textuel, au-delà de ce qui est manifestement écrit, quelle que soit l’intention du
législateur. Si après avoir utilisé tous les instruments interprétatifs qui étaient à notre
disposition, il reste un doute, alors on applique un adage consistant à préférer le
contribuable : dans le doute, on interprète la loi en faveur du contribuable. C’est une
arme de derniers recours.
58
On peut utiliser une référence au droit privé pour interpréter des termes de droit fiscal
tant que ce lien n’est pas rompu par la nécessite d’appliquer une norme supérieure,
en l’occurrence le droit européen ou le droit international. En matière de TVA par
exemple, on ne peut pratiquement plus utiliser les règles de droit civil belge pour
interpréter le code de la TVA parce que ce code n’est que la transition d’une directive
européenne. Donc on interprète les termes du code de la TVA par rapport au sens
que ces termes ont dans la directive et pas dans le Code civil belge.
Ce jeu peut être dangereux pour le petit contribuable qui joue par exemple avec des
droits réels, mais ça peut aussi être un jeu très dangereux pour les multinationales.
59
Avant d’évoquer les solutions proposées par le législateur belge, il faut d’abord
savoir de quoi on parle.
60
7.2.7.1.L’évitement licite de l’impôt ou le libre choix de la
voie la moins imposée
Tout d’abord, l’évitement est une attitude qui consiste à sortir des conditions légales
prévues pour le déclenchement du fait générateur de l’impôt (on veut éviter de payer
l’impôt).
Il y a différentes manières d’éviter de payer l’impôt :
1) Le choix de la voie la moins imposée peut prendre la forme d’un «
évitement matériel ». On peut se trouver tout d’abord dans une logique
d’évitement matériel et c’est toujours permis.
a. Exemple : comment éviter de payer des accises sur le tabac ? En ne
fumant pas. On peut donc toujours se mettre hors des conditions
matérielles d’application de la loi fiscale sans rien risquer. On s’abstient
simplement d’agir.
b. Exemple : si on ne veut pas payer d’impôts sur les revenus
professionnels, on ne travaille pas.
2) La recherche de la voie la moins imposée peut aussi consister en un «
évitement juridique ». Ce qu’il se passe généralement, ce n’est pas qu’on va
s’abstenir d’accomplir l’action qui donne lieu au paiement de l’impôt, mais on
va structurer nos opérations de manière différente : on va jouer sur les
qualifications. On va alors parler d’évitement juridique. On va donc accomplir
des opérations juridiques qui sont censées arriver plus ou moins au même
résultat.
a. Exemple : Si on décide de taxer les discothèques publiques, on peut
la transformer en cercle privé sur invitation. On continue notre activité,
mais on change d’étiquète, de qualification.
b. Exemple : On veut éviter de payer les droits d’enregistrement sur les
donations : on ne donne pas la maison à notre fils mais on lui demande
de l’acheter soit avec ses deniers propres soit avec de l’argent qu’on
lui donne. Donc on transforme une donation en une vente.
On joue avec l’ensemble des règles de droit qui sont disponibles pour choisir une
qualification qui est plus favorable.
Ce qui était très courant avant, c’est qu’on constituait une société de laquelle on est
actionnaire, plutôt que percevoir des revenus professionnels, on percevait des
61
dividendes de la société. On est dans l’évitement juridique car le résultat c’est qu’on
paie moins d’impôt. La question est de savoir si on tombe dans la catégorie de la
fraude ou si on reste dans l’évitement licite.
62
7.3.Questionnaire d’évaluation
3) Expliquer le rapport entre administration fiscal et le contribuable.
4) Quels sont les principes découlant du caractère d’ordre public de la règle fiscal ?
expliquer brièvement.
5) Expliquer les principes d’interprétation de la règle fiscale.
6) Quelle est la distinction entre l’évitement licite de l’impôt et la fraude fiscale ?
63
CHAPITRE 8 Les principes de bonne administration
La protection des droits du contribuable tout au long des différentes étapes de la
procédure de perception et de recouvrement de l’impôt, est notamment garantie par
certains principes généraux du droit3, appelés principes de bonne administration.
Ces principes de bonne administration -que l’on retrouve dans toutes les sous-
branches du droit administratif4- s’appliquent aux actes posés par l’administration
dans ses rapports avec les contribuables. Ils peuvent prendre plusieurs formes5.
3 D’après le premier Président de la Cour de cassation R. Soetaert, les principes généraux du droit sont
« des normes fondamentales, qui de façon plus ou moins implicite sont présentes dans un ou plusieurs
systèmes de droit, ou branches du droit, et qui y ont été « trouvées » par la doctrine, mais surtout par la
jurisprudence et qui sont (à nouveau) formulées d’après les besoins et les attentes (considérés
incontestables) de la société » R. SOETAERT, « Rechtsbeginselen en marginale toetsing in cassatie »,
Liber amicorum J. Ronse, Bruxelles, Story-Scientia, 1986, p. 51 (traduction libre).
4 Voy. notamment J. JAUMOTTE, « Les principes généraux du droit administratif à travers la
jurisprudence administrative », in B. BLERO (éd.), Le Conseil d’Etat de Belgique cinquante ans après sa
création, Bruxelles, Bruylant, 1999, pp. 690 et s. ; égal. L.-P. SUETENS, « Algemene Rechtsbeginselen en
algemene beginselen van behoorlijk bestuur in het Belgisch administratief recht », Tijdschrift voor
Bestuurswetenschappen en publiekrecht, 1970, pp. 379-396 ; égal. L.-P. SUETENS, « Algemene beginselen
van behoorlijk bestuur in de rechtspraak van de Raad van State, Tijdschrift voor Bestuurswetenschappen en
publiekrecht, 1981, p. 81-89.
5 Sur cette notion, voyez les nombreux articles, notamment : J. AUTENNE et X. CLAREBOUT, « Le
principe de bonne administration en matière fiscale, circulaires et accords à la lumière de la
jurisprudence fiscale », in MALHERBE et ANDERSEN (ed), Protection des droits fondamentaux du
contribuable, 1993, pp. 218 et suiv. ; A. Juste, « Les principes de bonne administration en droit fiscal »,
R.G.F., 1995, p. 159 et suiv. ; D. Van Belle et M. Crommen, « Principes de bonne administration dans
la jurisprudence fiscale », Les dossiers pratiques de fiscalité, CED Samsom, 1998, n° 20 ; M. MORIS,
« Le droit au respect de la sécurité juridique et autres principes de bonne administration en droit fiscal
ou la consécration de l’insécurité juridique », J.D.F., 2002, p. 66 à 87 (1ère partie) et pp. 130 à 155 (2ème
partie) ; L. DE BROECK et N. MERCKX, « Grasduinen in recente rechtspraak. op zoek naar concrete
toepassingen van de beginselen van behoorlijk bestuur », in H. DE CNIJF, L. MAES, L. DE BROECK
(éd. ), Fiscaal praktijkboek – Directe belastingen, Kluwer, 2005, pp. 1-68 ; T. AFSCHRIFT, « Les principes
généraux de bonne administration et de sécurité juridique », in L’évolution des principes généraux du droit fiscal.
20ème anniversaire de la maîtrise en gestion fiscale, op. cit., pp. 107 à 137 ; D. GARABEDIAN, « Principe de
légitime confiance et de légalité de l’impôt : deux développements récents », in Mélanges Glansdorff, Bruxelles,
Bruylant, 2009, pp. 235 à 242 ; AFSCHRIFT, T., ACHTARI, L., « Les principes de sécurité juridique et de
confiance légitime en droit fiscal », Les dialogues de la fiscalité – Anno 2012, 2013, pp. 419-438.
6 Anvers, 3 avril 1995, F.J.F., 1995, n°95/146 et Anvers, 29 juin 1999, F.J.F., 1999, n°99/271.
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changements d’attitude de l’administration. Un problème peut néanmoins se poser
lorsque l’attitude de l’administration n’était pas conforme à la loi ; dans ce cas, le
contribuable peut-il invoquer cette protection ?
65
l’application stricte de la loi »9. Il semble donc que la Cour de cassation considère que
le principe de confiance légitime trouvera à s’appliquer pour des questions de fait,
mais pas pour des questions de droit10. Dans ce dernier cas, le principe de légalité
devrait dès lors l’emporter.
Cette position -extrêmement rigoureuse pour le contribuable- n’est pas partagée par
toutes les juridictions de fond. Ainsi, un jugement remarqué du Tribunal de première
instance de Bruxelles s’oppose à cette jurisprudence de la Cour de cassation en
considérant que l’administration ne pouvait se retrancher derrière le caractère
prétendument illégal d’une circulaire appliquée durant de nombreux exercices pour
refuser l’application de celle-ci sans avoir préalablement informé le contribuable.
Selon le tribunal, « le fonctionnaire-taxateur a violé le principe de la sécurité juridique
suivant lequel le contribuable doit pouvoir faire confiance à l’administration qui est
tenue d’honorer les prévisions légitimes que son comportement a fait naître dans le
chef du contribuable et qu’il ne peut concevoir autrement que comme une ligne de
conduite bien établie »11.
En outre, même en cas d’accord légal, la Cour de cassation n’a pas admis que le
principe de sécurité juridique puisse valoir pour l’avenir : l’administration reste
9 Cass. 30 mai 2008, F.J.F., n° 2009/91. Voir aussi Cass., 16 mai 2003, F.J.F., 2003/233 ; Cass., 3 juin 2002 ;
Cass., 26 octobre 2001, n° F.00.0034.F, n° 577, concl. de M. HENKES; Cass., 3 novembre 2000, n°
F.98.0072.N, n° 596, concl. de M. THIJS; Cass., 6 novembre 2000, n° F.99.0108.F, n° 598, avec concl. M.P.,
ainsi que B. Peeters, « Het rechtszekerheidsbeginsel in het fiscaal recht: verduidelijkingen van het begrip
gerechtvaardigde verwachting », note sous Cass., 3 et 6 nov. 2000, T.F.R., 2001, pp. 169 et s.
10 V. F. STEVENART MEEUS, « Le rôle du juge en cas d’accord avec l’administration fiscale », Les
dialogues de la fiscalité, Bruxelles, Larcier, 2010, p. 171.
11 Civ. Bruxelles, 23 mai 2007, www.fiscalnet.be.
12M. BOURGEOIS et A. NOLLET, « Les impôts sur les revenus », Chroniques notariales, op. cit., p. 236 :
« Ainsi, la Cour européenne des droits de l’homme considère que le principe de sécurité juridique dérive de l’article
1er du Premier Protocole Additionnel à la C.E.D.H. (voy. les arrêts relevés par Velu et Ergec, La Convention
européenne des droits de l’homme, Bruxelles, Bruylant, pp ; 147 et s.). En outre, ce même principe, déjà reconnu
comme ‘un principe général de droit communautaire de rang supérieur’ par la Cour de justice de l’Union
européenne (C.J.C.E., 11 juillet 1991, Crispoltoni, C-368/89), dériverait aussi de la Charte des droits fondamentaux
de l’UE, désormais intégrée au TFUE par le Traité de Lisbonne ».
66
toujours libre de modifier sa ligne de conduite pour les exercices futurs13. En vertu
des principes de bonne administration, ce changement d’attitude doit néanmoins être
motivé14.
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8.2.2. Le principe de fair-play, de précaution et de
correction
Le principe de fair-play vise l’obligation pour l’administration de ne pas rendre difficile,
voire impossible pour le contribuable d’exercer ses droits. L’administration devra faire
preuve à l’égard du contribuable de fair-play à chaque étape de l’établissement et du
recouvrement de l’impôt. Il a ainsi été jugé par la Cour d’appel d’Anvers qu’est
contraire au principe de fair-play, l’établissement d’un accroissement d’impôt de 50%
après la conclusion d’un accord dans lequel il n’a nullement été fait mention de cet
accroissement d’impôt lors de la phase de négociations17. Le devoir de fair play
s’assimile à d’autres obligations pesant sur l’administration fiscale, telles que la
sollicitude, la loyauté, la compréhension et l’interdiction de discriminations à l’égard
des contribuables18.
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administratifs prévoit que la loi ne s’applique aux régimes particuliers imposant la
motivation formelle de certains actes administratifs que dans la mesure où ces
régimes prévoient des obligations moins contraignantes que celles organisées par la
loi. C’est ainsi que la Cour de cassation a jugé que « l’article 351, alinéa 2 du C.I.R.
1992 (notification d’une imposition d’office) n’imposant pas à l’administration des
obligations moins contraignantes que celle prévues par la loi du 29 juillet 1991, cette
dernière s’applique »22.
22 Cass., 10 novembre 2000, F.J.F., n°2001/4. Voir aussi Gand, 8 décembre 1988, F.J.F., 1999, n°99/152
23 Cass., 5 novembre 1990 ; CE, 27 septembre 1989, n°33.095 ; CE, 19 décembre 2007, n°178.064.
24 Anvers, 27 mars 1995, F.J.F., 1995, n° 95/145.
25 J. JAUMOTTE, op. cit., p. 689.
26 Cass. , 13 mai 1986, Rev. Dr. Pén., 1986, p. 905.
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8.2.5. Le principe de proportionnalité
Comme le précisent les Annales parlementaires lors de la réforme du Code des
Impôts de 1962, « il n’est pas admissible que l’administration exige des travaux et des
recherches d’une ampleur telle qu’il en résulterait pour le contribuable des pertes de
temps et d’argent exorbitantes » 27. Ce texte portait en germe le principe dégagé en
1982 dans la décision de la Commission européenne des Droits de l’Homme, en
cause Hardy-Spirlet28. Cette décision implique que les circonstances de fait sont
prépondérantes quant à la détermination de l’objectif à atteindre, et donc que la
proportion doit être recherchée entre les moyens employés et le but poursuivi 29.
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comportement du contribuable et le comportement des autorités31. Le dépassement
du délai raisonnable peut être constitutif d’une faute dans le chef de l’administration32.
8.2.8.Questionnaire d’évaluation
Expliquer :
31 C.E., 6 février 1986, n° 26.155, Elpee/ Bas Belgium ; C.E., 17 février 1993, n°41.995, Thunus. Voir
également SVC, « Délai déraisonnable d'une décision directoriale : annulation de la cotisation ? »,
Fiscologue, 2014, liv. 1383, p. 10.
32 Cass., 27 mars 2003, www.cass.be.
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