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ECOLE NATIONALE POLYTECHNIQUE

DEPARTEMENT: GENIE CIVIL

CHAPITRE:IV

CALCUL DES STRUCTURES PAR LA METHODE


MATRICIELLE DE RIGIDITE
4.1 Généralités:

L’approche de la méthode matricielle de rigidité est basée


sur la construction de la matrice de rigidité globale de la
structure en procédant à un assemblage de toutes les
matrices de rigidité élémentaires et de tous les vecteurs
forces et déplacements élémentaires.
L’analyse de la structure globale se fait selon la formulation
dite cinématique, où les déplacements figurent comme
inconnus du problème, contrairement à la méthode
matricielle de flexibilité, où les inconnus du problème sont
les forces redondantes (réactions hyperstatiques).
4.2 Convention de signes:

On adoptera les déplacements horizontal, vertical


et angulaire positifs comme indiqué à la figure
ci-contre.
4.3 Définition d’un coefficient de rigidité:

Un coefficient de rigidité 𝐾𝑖𝑗 se définit comme


étant la force au point (𝑖) résultant d’un
déplacement unitaire imposé au point 𝑗 , sans
déplacer les autres points.

Pour illustrer la définition des 𝐾𝑖𝑗 , considérons


la poutre simple ci-dessous:
k
Les bilans respectifs aux point (1), (2) et (3) sont:

𝑃1 = 𝐾11 ∆1 + 𝐾12 ∆2 + 𝐾13 ∆3

𝑃2 = 𝐾21 ∆1 + 𝐾22 ∆2 + 𝐾23 ∆3

𝑃3 = 𝐾31 ∆1 + 𝐾32 ∆2 + 𝐾33 ∆3


On notera que :
𝜕𝑃1
𝐾11 =
𝜕∆1
𝜕𝑃1
𝐾12 =
𝜕∆2

𝜕𝑃𝑖
𝐾𝑖𝑗 =
𝜕∆𝑗
𝜕𝑈
or le 1er th de Castigliano s’écrit 𝑃𝑖 =
𝜕∆𝑖

𝜕 𝜕𝑈 𝜕2 𝑈
d’où 𝐾𝑖𝑗 = =
𝜕∆𝑗 𝜕∆𝑖 𝜕∆𝑖 .𝜕∆𝑗
Enfin, on écrit les relations ci-dessus sous la forme
matricielle suivante:

𝐾11 𝐾12 ⋯ 𝐾1𝑛 ∆1 𝑃1


⋮ . . . ⋮ ⋮
=
⋮ . . . ⋮ ⋮
𝐾𝑛1 ⋯ ⋯ 𝐾𝑛𝑛 ∆𝑛 𝑃𝑛

𝐾 ∆ = 𝑃
4.4 Exemples de matrices de rigidité:

1) Matrice de rigidité d’un élément ressort (K):


Imposons ∆1 = 1 au joint (1), et bloquons le nœud (2).
puis
Imposons ∆2 = 1 au joint (2), et bloquons le noeud (1).
La superposition au joint (1) conduit à:
𝑃1 = 𝐾∆1 − 𝐾∆2

La superposition au joint (2) conduit à:


𝑃2 = −𝐾∆1 + 𝐾∆2

+𝐾 −𝐾 ∆1 𝑃1
D’où =
−𝐾 +𝐾 ∆2 𝑃2
2) Matrice de rigidité d’une barre:
𝐸𝐴
On sait que 𝑃 = .∆
𝐿

par analogie avec l’élément ressort la matrice de


rigidité d’une barre (traction-compression) s’écrit:

𝐸𝐴 +1 −1
𝐾 =
𝐿 −1 +1
3) Matrice de rigidité d’une barre en torsion:
𝐺𝒥
On sait que 𝑚 𝑇 = ∅ , par analogie avec le ressort,
𝐿
on calcule la matrice 𝐾 comme suit:

𝐺𝒥 +1 −1
𝐾 =
𝐿 −1 +1
4) Matrice de rigidité d’une poutre en flexion:

Imposons 𝑣1 = 1 , et calculons 𝑀1 , 𝑀2 , 𝑅1 et 𝑅2 qui


sont les 𝐾𝑖𝑗 . On note que l’effet de Ty est négligé.
𝜕𝑀𝑧 2𝑀
𝑀𝑧 = 𝑅1 𝑥 − 𝑀1 , =𝑥 , 𝑅1 = 𝑅2 =
𝜕𝑅1 𝐿
1 𝐿
𝑣1 = න 𝑅1 𝑥 − 𝑀1 𝑥 𝑑𝑥
𝐸𝐼 0

𝑅1 𝐿3 𝑀1 𝐿2 𝑀𝐿2
𝑣1 = − , or 𝑀1 = 𝑀2 ⟹ 𝑣1 =
3𝐸𝐼 2𝐸𝐼 6𝐸𝐼
6𝐸𝐼
𝑀1 = 2 𝑣1
𝐿
6𝐸𝐼
𝑀2 = 2 𝑣1
𝐿
12𝐸𝐼
𝑅1 = 3 𝑣1
𝐿
12𝐸𝐼
𝑅2 = − 3 𝑣1
𝐿
Imposons 𝑣2 = 1 , et calculons 𝑀1 , 𝑀2 , 𝑅1 et 𝑅2 .
𝜕𝑀𝑧
𝑀𝑧 = 𝑅2 𝑥 − 𝑀2 ⟹ =𝑥
𝜕𝑅2
1 𝐿 1 𝑅2 𝐿3 𝑀2 𝐿2
𝑣2 = න 𝑅2 𝑥 − 𝑀2 𝑥 𝑑𝑥 = −
𝐸𝐼 0 𝐸𝐼 3 2
6𝐸𝐼
Or 𝑀1 = 𝑀2 = 𝑀 ⟹ 𝑀 = 𝑣2
𝐿2

𝑐𝑒𝑠 𝑣𝑎𝑙𝑒𝑢𝑟𝑠 𝑠𝑜𝑛𝑡 𝑑𝑎𝑛𝑠


𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑏𝑜𝑛 𝑠𝑒𝑛𝑠, 𝑠𝑎𝑢𝑓
𝑞𝑢′ 𝑒𝑙𝑙𝑒𝑠 𝑠𝑜𝑛𝑡 𝑛é𝑔𝑎𝑡𝑖𝑣𝑒𝑠
𝑝𝑎𝑟 𝑟𝑎𝑝𝑝𝑜𝑟𝑡 à 𝑙𝑎 𝑐𝑜𝑛𝑣𝑒𝑛𝑡𝑖𝑜𝑛
𝑑𝑒 𝑠𝑖𝑔𝑛𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑚𝑜𝑚𝑒𝑛𝑡𝑠

6𝐸𝐼
𝑀1 = − 2 𝑣2
𝐿
6𝐸𝐼
𝑀2 = − 2 𝑣2
𝐿
12𝐸𝐼
𝑅1 = − 3 𝑣2
𝐿
12𝐸𝐼
𝑅2 = + 3 𝑣2
𝐿
Imposons 𝜃1 = 1.
𝑀1 +𝑀2 𝜕𝑀𝑧 𝑥 1 𝐿 𝜕𝑀𝑧
𝑀𝑧 = −𝑀1 + 𝑥, = −1 + , 𝜃1 = ‫׬‬0 𝑀𝑧 . 𝜕𝑀 𝑑𝑥
𝐿 𝜕𝑀1 𝐿 𝐸𝐼 1
1 𝑀1 + 𝑀2 𝑥
𝜃1 = න −𝑀1 + 𝑥 − 1 𝑑𝑥
𝐸𝐼 𝐿 𝐿
𝟔𝑬𝑰
⟹ 𝟐𝑴𝟏 − 𝑴𝟐 = 𝜽𝟏 → (𝟏)
𝑳
Imposons 𝜃2 = 1.
𝑀1 +𝑀2 𝜕𝑀𝑧 𝑥 1 𝐿 𝜕𝑀𝑧
𝑀𝑧 = 𝑀2 − 𝑥, = 1− , 𝜃2 = ‫׬‬0 𝑀𝑧 . 𝜕𝑀 𝑑𝑥
𝐿 𝜕𝑀2 𝐿 𝐸𝐼 2

𝟔𝑬𝑰
⟹ −𝑴𝟏 + 𝟐𝑴𝟐 = 𝜽𝟐 → (𝟐)
𝑳
Les deux relations (1) et (2) donnent les résultats
suivants :
4 𝐸𝐼 2 𝐸𝐼
𝑀1 = 𝜃1 + 𝜃2
𝐿 𝐿
2 𝐸𝐼 4 𝐸𝐼
𝑀2 = 𝜃1 + 𝜃2
𝐿 𝐿
6 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼
𝑅1 = 2 𝜃1 + 2 𝜃2
𝐿 𝐿
6 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼
𝑅2 = − 2 𝜃1 − 2 𝜃2
𝐿 𝐿
Maintenant, appliquons le principe de superposition:

12 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼 12 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼
𝑅1 = 3
𝑣1 + 2 𝜃1 + − 3 𝑣2 + 2 𝜃2
𝐿 𝐿 𝐿 𝐿
6 𝐸𝐼 4 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼 2 𝐸𝐼
𝑀1 = 2 𝑣1 + 𝜃1 + − 2 𝑣2 + 𝜃2
𝐿 𝐿 𝐿 𝐿
12 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼 12 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼
𝑅2 = − 3 𝑣1 − 2 𝜃1 + 3 𝑣2 − 2 𝜃2
𝐿 𝐿 𝐿 𝐿
6 𝐸𝐼 2 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼 4 𝐸𝐼
𝑀2 = 2 𝑣1 + 𝜃1 + − 2 𝑣2 + 𝜃2
𝐿 𝐿 𝐿 𝐿
Sous forme matricielle on écrit:
12 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼 12 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼

𝐿3 𝐿2 𝐿3 𝐿2
6 𝐸𝐼 4 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼 2 𝐸𝐼 𝑣1 𝑅1
− 2 𝜃1 𝑀1
𝐿2 𝐿 𝐿 𝐿 =
12 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼 12 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼 𝑣2 𝑅2
− 3 − 2 − 2 𝜃2 𝑀2
𝐿 𝐿 𝐿3 𝐿
6 𝐸𝐼 2 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼 4 𝐸𝐼
− 2
𝐿2 𝐿 𝐿 𝐿

𝐾 ∆ = 𝑃

Remarque: On peut facilement introduire l’effet de N (effort normal),


étant donné que le comportement de flexion est découplé par rapport au
comportement d’extension.
La matrice de rigidité complète est de six par six ∶ [𝐾]6×6
4.5 Propriétés d’une matrice de rigidité 𝑲 :

Soit la relation matricielle d’équilibre suivante : 𝐾 ∆ = 𝑃


𝑲 est symétrique:
C’est une propriété très importante dans le calcul matriciel
des structures et peut être démontrée facilement en
appliquant le théorème de Betti-Maxwell (𝐾𝑖𝑗 = 𝐾𝑗𝑖 ). D’où
𝐾 = [𝐾]𝑇 (résolution par la méthode de Cholesky).
𝑲 est singulière:
N’étant soumise à aucune condition d’appui, la structure peut
subir de translations ou de rotations sans déformations. Ce
sont des déplacements de corps rigides correspondant
à une énergie de déformation nulle (U=0).
Conséquemment, il faut imposer des (C.A.L.) en nombre
suffisant pour avoir un système algébrique plausible à résoudre
(non-singulier).
𝑲 est définie positive:

Lorsque des forces appliquées provoquent des


déformations, le travail effectué est emmagasiné
sous forme d’énergie de déformation, cette
énergie est toujours positive ou nulle.

1
𝑈 = {∆}𝑇 𝐾 ∆ ≥ 0
2
4.6 Modélisation des conditions aux limites (C.A.L.):

Il existe différents types de (C.A.L.):


𝑢: 𝑖𝑚𝑝𝑜𝑠é
𝑣: 𝑖𝑚𝑝𝑜𝑠é Cas d’un encastrement
𝜃: 𝑖𝑚𝑝𝑜𝑠é
𝑢: 𝑖𝑚𝑝𝑜𝑠é
𝑣: 𝑖𝑚𝑝𝑜𝑠é Cas d’un appui double
𝜃: 𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒
𝑢: 𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒
𝑣: 𝑖𝑚𝑝𝑜𝑠é Cas d’un appui simple ou rouleau
𝜃: 𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒
Cas d’une rotule (𝑀𝑍 = 0)

Cas d’une glissière (𝑇𝑦 = 0)

Cas d’une coulisse normale (𝑁𝑥 = 0)


Cas d’un appui incliné:
𝑢ത : 𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒
𝑣:ҧ 𝑖𝑚𝑝𝑜𝑠é
𝜃:ҧ 𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒
.

Pont métallique Pont basculant


4.7 Mouvement de corps rigides:

4.7.1 Notions de valeurs propres et de vecteurs propres:

Soient deux vecteurs 𝑈, 𝑉 dont les composantes sont liées


par: 𝑢1 = 𝑎11 𝑣1 + 𝑎12 𝑣2 , 𝑢2 = 𝑎21 𝑣1 + 𝑎22 𝑣2
On se propose de déterminer la position à donner au
vecteur 𝑉 pour que 𝑈 et 𝑉 soient colinéaires.

𝑢1 𝑢2
càd: = =𝜆
𝑣1 𝑣2
La première équation nous permet d’écrire :
𝑣2
𝜆 = 𝑎11 + 𝑎12 ⟹ 𝑎11 − 𝜆 𝑣1 + 𝑎12 𝑣2 = 0
𝑣1
La deuxième équation nous permet d’écrire :
𝑣1
𝜆 = 𝑎21 + 𝑎22 ⟹ 𝑎21 𝑣1 + 𝑎22 − 𝜆 𝑣2 = 0
𝑣2
Sous forme matricielle, on peut écrire les équations
précédentes comme suit:

𝑎11 − 𝜆 𝑎12 𝑣1 0
𝑣 =
𝑎21 𝑎22 − 𝜆 2 0

La solution passe par le det 𝐴 − 𝜆 𝐼 = 0 où les 𝜆𝑖


sont dites valeurs propres correspondant à des
directions de 𝑉 dites vecteurs propres.
Cas d’une matrice de rigidité:
Soit la relation d’équilibre suivante : 𝐾 ∆ = 𝑃 .
On se propose de déterminer la position de ∆ pour que ∆ et
𝑃 soient colinéaires, càd : 𝐾 ∆ = 𝜆 ∆
{∆}𝑇 𝐾 ∆
{∆}𝑇 𝐾 ∆ = 𝜆{∆}𝑇 ∆ ⟹ 𝜆=
{∆}𝑇 ∆
Si on normalise les vecteurs propres de manière à avoir:
{∆}𝑇 ∆ = [𝐼]
Alors : 𝜆 = {∆}𝑇 𝐾 ∆ = 2𝑈
(deux fois l’énergie de déformation)

Remarque: Les valeurs propres d’une matrice de rigidité


correspondent (à un coefficient de normalisation près) aux
énergies de déformation mises en jeu par les modes de
déformations propres de la structure.
Exp: Soit un élément barre ci-dessous:

𝐸𝐴 +1 −1
𝐾 = ,
𝐿 −1 +1

On détermine dans un premier temps les valeurs


propres 𝜆𝑖 moyennant:
𝐸𝐴 𝐸𝐴
−𝜆 − 𝜆1 = 0
𝐷𝑒𝑡 𝐿 𝐿 = 0 ⟹ 𝜆 𝜆 − 2𝐸𝐴 = 0 ⟹ 2𝐸𝐴
𝐸𝐴 𝐸𝐴 𝐿 𝜆2 =
− −𝜆 𝐿
𝐿 𝐿

Aussi, on a 𝐾 ∆ = 𝜆 ∆ pour les vecteurs propres.


Cherchons maintenant les vecteurs propres correspondant à
( 𝜆1 et 𝜆2 ).
𝐸𝐴 𝐸𝐴
− 𝑢1 0
𝐿 𝐿
𝜆1 = 0 ⟹ 𝐸𝐴 𝐸𝐴 𝑢2 = ⟹ 𝑢1 = 𝑢2 = 1
− 0
𝐿 𝐿

𝐸𝐴 𝐸𝐴
2𝐸𝐴 − 𝑢1 2𝐸𝐴 𝑢1
𝐿 𝐿
𝜆2 = ⟹ 𝐸𝐴 𝐸𝐴 𝑢2 = 𝑢2 ⟹ 𝑢1 = −𝑢2
𝐿 𝐿

𝐿 𝐿
Interprétation

𝑢1 +1
∆ =
𝑢2 = +1

Il s’agit d’un mode rigide correspondant à une


énergie de déformation nulle càd : 𝜆 = 0.

𝑢1 +1
∆ =
𝑢2 = −1

Il s’agit d’un mode de compression pure correspondant


à 𝜆 = 2𝐸𝐴Τ𝐿 .
...
4.8 Partitionnement d’un système d’équations
algébriques
Après assemblage de toutes les matrices élémentaires qui
constituent la structure, on permute les équations et les
inconnus de façon à rassembler en tête du vecteur ∆ les
composantes inconnues, et en bas du vecteur les composantes
imposées (C.A.L.).
𝐾𝑖𝑖 ⋮ 𝐾𝑖𝑐 ∆𝑖 𝑃
⋯ ⋮ ⋯ ⋯ = ⋯ , avec :
𝐾𝑐𝑖 ⋮ 𝐾𝑐𝑐 ∆𝑐 = 0 𝑅

P: vecteur forces appliquées


R: réactions d’appuis
En utilisant les propriétés des sous matrices, on peut écrire:

𝐾𝑖𝑖 ∆𝑖 + 𝐾𝑖𝑐 ∆𝑐 = {𝑃}


𝐾𝑖𝑖 ∆𝑖 = 𝑃 − 𝐾𝑖𝑐 ∆𝑐
∆𝑖 = [𝐾𝑖𝑖 ]−1 𝑃 − 𝐾𝑖𝑐 ∆𝑐 = [𝐾𝑖𝑖 ]−1 𝑃

Les réactions s’obtiennent par la relation:

𝑅 = 𝐾𝑐𝑖 ∆𝑖 + 𝐾𝑐𝑐 ∆𝑐 = 𝐾𝑐𝑖 ∆𝑖

Remarque: Cette méthode a l’avantage d’inverser une sous


matrice pour la solution du problème. Cependant, l’inversion
d’une matrice peut toujours poser des problèmes numériques .
4.9 Repère local et repère global:

En général, le système d’axes locaux 𝑋, ത 𝑌,


ത 𝑍ҧ d’une
membrure n’est pas le même que le système d’axes globaux
𝑋, 𝑌, 𝑍 de la structure entière. Dans ce contexte, et afin
de simplifier les opérations d’assemblages dans un seul
système d’axes globaux, on se propose d’établir une relation
entre les grandeurs locales et les grandeurs globales.

Soit un point 𝑃 = 𝑃 𝑥, 𝑦 . Dans le repère local on écrit:

𝑥ҧ = 𝑥 cos 𝜃 + 𝑦 sin 𝜃
𝑦ത = 𝑦 cos 𝜃 − 𝑥 sin 𝜃
𝑧ҧ = 𝑧
𝑋ത cos 𝜃 sin 𝜃 0 𝑋
𝑌ത = −sin 𝜃 cos 𝜃 0 𝑌
𝑍ҧ 0 0 1 𝑍

𝑋ത 𝑋
𝑌ത = ℝ 𝑌
𝑍ҧ 𝑍

ℝ : Matrice de rotation

Aussi :

∆ത = ℝ ∆ et 𝑃ത = ℝ 𝑃
Dans le repère local, l’équilibre s’écrit :
ഥ ∆ത = 𝑃ത
𝐾
d’où:
ഥ ∆ത = ℝ 𝑃
𝐾
ഥ ℝ ∆ = ℝ 𝑃
𝐾
[ℝ]−1 𝐾 ഥ ℝ ∆ = 𝑃
⟹ 𝐾 = [ℝ]−1 𝐾 ഥ ℝ = [ℝ]𝑇 𝐾
ഥ ℝ

ℝ Étant une matrice orthogonale ⟹ [ℝ]−1 = [ℝ]𝑇 .


𝐾 Matrice de rigidité dans le repère global.

Remarque: 𝐴 𝐵 ≠ 𝐵 𝐴 , mais si 𝐴 est orthogonale


alors 𝐴 [𝐴]𝑇 = [𝐴]𝑇 𝐴 = [𝐼].
Pour un élément de treillis plan à deux (d.d.l.) par nœud:

cos 𝜃 sin 𝜃 0 0
− sin 𝜃 cos 𝜃 0 0
ℝ =
0 0 cos 𝜃 sin 𝜃
0 0 − sin 𝜃 cos 𝜃

Posons: 𝒄𝒐𝒔 𝜽 = 𝝀 et 𝒔𝒊𝒏 𝜽 = 𝝁

𝜆2 𝜆𝜇 −𝜆2 −𝜆𝜇
𝐸𝐴 𝜆𝜇 𝜇2 −𝜆𝜇 −𝜇2
𝑇
𝐾 = [ℝ] 𝐾ഥ ℝ =
𝐿 −𝜆2 −𝜆𝜇 𝜆2 𝜆𝜇
−𝜆𝜇 −𝜇2 𝜆𝜇 𝜇2
4.10 Calcul des efforts axiaux:
ഥ de la barre 𝑗𝑘. Par projection, on a:
Soit à calculer 𝑁

ഥ = 𝑁𝑥𝑘 cos 𝜃 + 𝑁𝑦𝑘 sin 𝜃


𝑁
𝑁𝑥𝑘
ഥ= 𝜆
𝑁 𝜇
𝑁𝑦𝑘

Or, on sait d’après l’équilibre que :

𝜆2 𝜆𝜇 −𝜆2 −𝜆𝜇 𝑢𝑗 𝑁𝑥𝑗


𝐸𝐴 𝜆𝜇 𝜇2 −𝜆𝜇 −𝜇2 𝑣𝑗 𝑁𝑦𝑗
𝐿 −𝜆2 −𝜆𝜇 𝜆2 𝜆𝜇 𝑢𝐾 = 𝑁𝑥𝑘
−𝜆𝜇 −𝜇2 𝜆𝜇 𝜇2 𝑣𝐾 𝑁𝑦𝑘
Par ailleurs :
𝑁𝑥𝑘 𝐸𝐴 𝜆2 𝑢𝐾 − 𝑢𝑗 + 𝜆𝜇 𝑣𝐾 − 𝑣𝑗
𝑁𝑦𝑘 = 𝐿 𝜆𝜇 𝑢𝐾 − 𝑢𝑗 + 𝜇2 𝑣𝐾 − 𝑣𝑗

𝑁𝑥𝑘
ഥ= 𝜆
𝑁 𝜇
𝑁𝑦𝑘

𝐸𝐴 𝜆2 𝑢𝐾 − 𝑢𝑗 + 𝜆𝜇 𝑣𝐾 − 𝑣𝑗
ഥ=
𝑁 𝜆 𝜇
𝐿 𝜆𝜇 𝑢𝐾 − 𝑢𝑗 + 𝜇2 𝑣𝐾 − 𝑣𝑗

𝐸𝐴 𝑢𝐾 − 𝑢𝑗
D’où 𝑁𝑖 = ( )𝑖 𝜆𝑖 𝜇𝑖 𝑣𝐾 − 𝑣𝑗
𝐿

𝑁𝑖 : Effort normal dans la barre numéro(𝑖).


4.11 Équilibre combiné dans le cas d’un appui incliné:

La relation d’équilibre s’écrit d’une manière générale


comme suit : 𝐾 ∆ = 𝑃
Avec : ∆ = < 𝑢1 𝑣1 𝑢2 𝑣2 … … >
ഥ2 = 0
𝑣
Or, les (C.A.L.) au nœud (2) sont : ഥ
𝑢2 : 𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒

{∆}𝑐 : < 𝑢1 𝑣1 𝑢ത 2 𝑣ҧ2 𝑢3 𝑣3 𝑢4 𝑣4 >


vecteur déplacements combinés

{𝑃}𝑐 : < . . . . . . . 0 𝑅ത2𝑦 . . . . . . . . . . . . >


vecteur forces combinées

On doit écrire l’équilibre combiné pour résoudre le


problème.
[𝐾]𝑐 {∆}𝑐 = {𝑃}𝑐
avec : [𝐾]𝑐 = [𝑇]𝑇 𝐾 [𝑇]
𝑇 : matrice de transformation

cos 𝛽 − sin 𝛽
𝑇 =
sin 𝛽 cos 𝛽

[𝐾]𝑐 : matrice de rigidité combinée

Pratiquement parlant, la sous matrice relative au nœud


(2), doit être réécrite sous la forme suivante:

cos 𝛽 sin 𝛽 𝛼1 𝛼2 cos 𝛽 − sin 𝛽


− sin 𝛽 cos 𝛽 𝛼3 𝛼4 sin 𝛽 cos 𝛽
4.12 Structures à élément de construction rigide:

ഥ :
5.12.1 Matrice de rigidité 𝑲

En ce qui concerne l’élément d’une construction rigide plane (poutre,


poteau etc …), les déplacements des extrémités sont au nombre de
trois pour chaque nœud (𝑢, 𝑣, 𝜃 ).

La relation d’équilibre local sous forme matricielle s’écrit :


𝑢𝑗 𝑁𝑗
𝑣𝑗 𝑇𝑗
ഥ 𝜃𝑗 𝑀𝑗 ഥ ∶ Matrice de rigidité dans le repère local.
𝐾 = , 𝐾
𝑢𝐾 𝑁𝐾
𝑣𝐾 𝑇𝐾
𝜃𝐾 𝑀𝐾
𝐸𝐴 𝐸𝐴
0 0 − 0 0
𝐿 𝐿
12 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼 12 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼
0 0 − 3
𝐿3 𝐿2 𝐿 𝐿2
6 𝐸𝐼 4 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼 2 𝐸𝐼
0 0 − 2
ഥ =
𝐾 𝐿2 𝐿 𝐿 𝐿
𝐸𝐴 𝐸𝐴
− 0 0 0 0
𝐿 𝐿
12 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼 12 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼
0 − 3 − 2 0 − 2
𝐿 𝐿 𝐿3 𝐿
6 𝐸𝐼 2 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼 4 𝐸𝐼
0 0 − 2
𝐿2 𝐿 𝐿 𝐿
4.12.2 Matrice de rotation:
Par analogie avec la matrice de rotation des structures en treillis,
la matrice de rotation pour les éléments de poutre en flexion
s’écrit :

𝜆 𝜇 0 0 0 0
−𝜇 𝜆 0 0 0 0
0 0 1 0 0 0 𝜆 = cos 𝜃
ℝ = , Avec
0 0 0 𝜆 𝜇 0 𝜇 = sin 𝜃
0 0 0 −𝜇 𝜆 0
0 0 0 0 0 1

En calculant la matrice de rotation ℝ et en posant:


𝐸𝐴 12 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼 2 𝐸𝐼
𝑎= , 𝑏= , 𝑐= , 𝑑=
𝐿 𝐿3 𝐿2 𝐿
Ainsi, la matrice de rigidité [K] dans le repère global s’écrit:
4.12.3 Matrice de rigidité d’une poutre munie d’une rotule
à mi-travée:

12 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼 12 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼
− 3
𝐿3 𝐿2 𝐿 𝐿2
6 𝐸𝐼 3 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼 3 𝐸𝐼
2
− 2

𝐾 = 𝐿 𝐿 𝐿 𝐿
12 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼 12 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼
− 3 − 2 − 2
𝐿 𝐿 𝐿3 𝐿
6 𝐸𝐼 3 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼 3 𝐸𝐼
− 2
𝐿2 𝐿 𝐿 𝐿

Avec ∆ = < 𝑣1 𝜃1 𝑣2 𝜃2 >


4.12.4 Matrice de rigidité des éléments rotulés à leur extrémité

Parler d’un déplacement rotatif associé à une articulation dans


un élément poutre n’a pas de sens. En effet, il existe alors deux
déplacements rotatifs différents de part et d’autre de
l’articulation.
3 𝐸𝐼 3 𝐸𝐼 3 𝐸𝐼
− 3 0
𝐿3 𝐿2 𝐿
3 𝐸𝐼 3 𝐸𝐼 3 𝐸𝐼
ഥ =
𝐾 − 2 0
𝐿2 𝐿 𝐿
3 𝐸𝐼 3 𝐸𝐼 3 𝐸𝐼
− 3 − 2 0
𝐿 𝐿 𝐿3
0 0 0 0
3 𝐸𝐼 3 𝐸𝐼 3 𝐸𝐼
0 − 3
𝐿3 𝐿 𝐿2
0 0 0 0
ഥ =
𝐾 3 𝐸𝐼 3 𝐸𝐼 3 𝐸𝐼
− 3 0 − 2
𝐿 𝐿3 𝐿
3 𝐸𝐼 3 𝐸𝐼 3 𝐸𝐼
0 − 2
𝐿2 𝐿 𝐿
4.12.5 Matrice de rigidité des éléments à sections épaisses:
L’effet de 𝑀𝑍 et celui de 𝑇𝑦 sont considérés dans cet élément:

12 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼 12 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼
− 3
𝐿3 (1+∅) 𝐿2 (1+∅) 𝐿 (1+∅) 𝐿2 (1+∅)
6 𝐸𝐼 (4+∅)𝐸𝐼 6 𝐸𝐼 (2−∅)𝐸𝐼
− 2
𝐿2 (1+∅) 𝐿(1+∅) 𝐿 (1+∅) 𝐿(1+∅)

[𝐾]= 12 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼 12 𝐸𝐼 6 𝐸𝐼
− 3 − 2 − 2
𝐿 (1+∅) 𝐿 (1+∅) 𝐿3 (1+∅) 𝐿 (1+∅)
6 𝐸𝐼 (2−∅)𝐸𝐼 6 𝐸𝐼 (4+∅)𝐸𝐼
− 2
𝐿2 (1+∅) 𝐿(1+∅) 𝐿 (1+∅) 𝐿(1+∅)

𝟏𝟐𝑬𝑰
∅=
𝑲𝑮𝑨𝑳𝟐
4.12.6 Matrice de rigidité d’un voile avec ouvertures:
L’analyse d’un voile avec ouvertures peut être faite en assimilant
ce dernier à un portique dont les éléments sont supposés être
concentrés dans les lignes moyennes des trumeaux (éléments
rigides) et des linteaux (éléments souples).

Trumeau

Elémént Linteau
rigide

A A’ B’ B
Elément
souple
dL cL bL

𝐸𝐼 𝟏𝟐𝑬𝑰
Soient : =𝛼 , ∅=
(1+∅) 𝑲𝑮𝑨(𝑪𝑳)𝟐

𝐴(1+∅)
𝐼.𝐶𝐿
12
0
𝐶 3 𝐿3
6 12𝑑𝐿 4+∅ 12𝑑𝐿 12(𝑑𝐿)2
0 + + +
𝐶 2 𝐿2 𝐶 3 𝐿3 𝐶𝐿 𝐶 2 𝐿2 𝐶 3 𝐿3

𝐾 𝐴𝐵 =α −𝐴(1+∅) 𝐴(1+∅)
0 0
𝐼.𝐶𝐿 𝐼.𝐶𝐿
−12 6 12𝑑𝐿 12
0 − + 0
𝐶 3 𝐿3 𝐶 2 𝐿2 𝐶 3 𝐿3 𝐶 3 𝐿3
6 12𝑏𝐿 2−∅ 6(𝑏+𝑑)𝐿 12𝑏𝑑(𝐿)2 6 12𝑏𝐿 4+∅ 12𝑏𝐿 12(𝑏𝐿)2
0 2 2 + 3 3 + + 0 − 2 2+ 3 3 + +
𝐶 𝐿 𝐶 𝐿 𝐶𝐿 𝐶 2 𝐿2 𝐶 3 𝐿3 𝐶 𝐿 𝐶 𝐿 𝐶𝐿 𝐶 2 𝐿2 𝐶 3 𝐿3
4.13 Transformation des charges en travées en
forces nodales équivalentes:
Charge répartie:

La relation d’équilibre 𝐾 ∆ = 𝑃 n’est valable que lorsque


les forces appliquées sont nodales. Un chargement en travée
doit être transformé en forces nodales équivalentes.

𝑞𝐿 𝑞𝐿2 𝑞𝐿 𝑞𝐿2
𝑃 =< − >
2 12 2 12

Remarque: Le signe de la charge (𝑞) doit être pris négatif.


𝑞𝐿 𝑞𝐿2 𝑞𝐿 𝑞𝐿2
𝑃 =< − >
2 12 2 12
Charge concentrée:
Le vecteur forces nodales équivalentes dans ce cas de
figure s’écrit comme indiqué ci-dessous:
𝑃𝑏 𝑃𝑎𝑏 2 𝑃𝑎 𝑃𝑎2 𝑏
𝑃 =< − >
𝐿 𝐿2 𝐿 𝐿2
Cas d’une poutre rotulée à mi-travée:

Dans ce cas de figure, le vecteur forces nodales est donné


par:
𝑃 𝑃𝐿 𝑃 𝑃𝐿
𝑃 =< − >
2 4 2 4
4.14 Superposition des états de déformations:

La relation d’équilibre 𝐾 ∆ = 𝑃 est applicable aux nœuds


(les forces appliquées sont nodales). Lorsque les charges sont
appliquées en travées, on doit procéder par superposition.
Il est évident que le calcul des déplacements et des
rotations concerne directement l’état N°2 du schéma ci-
dessus. Pour le calcul des réactions (équilibre global), il est
indispensable de superposer les effets des actions nodales
résultants des déplacements et rotations de l’état N°2, à
ceux de l’état N°3, c’est à dire: {𝑷}𝟐 + {𝑷}𝟑 .
𝐾𝑐𝑐 𝐾𝑐𝑖
Après le partitionnement de 𝐾 = , on peut écrire:
𝐾𝑖𝑐 𝐾𝑖𝑖

{𝑃}2 = 𝐾 ci {∆}𝑖
𝑞𝐿 𝑞𝐿2 𝑞𝐿 𝑞𝐿2
Avec: {𝑃}3 = < − − − + >
2 12 2 12
Au final: 𝑅 = 𝐾 ci ∆ 𝑖 + {−𝑃}é𝑞𝑢𝑖𝑣𝑎𝑙𝑒𝑛𝑡
{𝑅}: les réactions d’appuis dans le repère global.

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