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L’observation aide-soignante

Chez le même éditeur

Dans la collection « Formation et pratique de l’aide-soignant »


La personne âgée, rôle de l’aide-soignant en institution et à domicile par
M.-B. Beaulieu, 2001, 2e édition, 160 pages.
L’Animation des personnes âgées en institution, par P. Crône, 2009,
2e édition, 128 pages.
L’AS dans les services de soins, par M. O. Rioufol, 2005, 160 pages.
L’Accompagnement au quotidien, par M.-B. Beaulieu, 2007, 112 pages.

Hors collection
Guide d’anatomie-physiologie aides-soignants et auxiliaires de puéricul-
ture, par le Gé­racfas et J. Joubard, M.-T. Gourdon, B. Oller, M.-F. Boilland,
E. Sauvage, M.P. Retailleau, 2009, 160 pages.
Mémo-fiches AS, par J. Gassier, 2008, 256 pages.
VAE aide-soignant, module de formation obligatoire, par le Géracfas,
M.-O. Rioufol, C. Cordon, C. Ponte, E. Sauvage, 2005, 128 pages.
Modules AS. module 1, l’accompagnement d’une personne dans les
actes de la vie quotidienne, par le Géracfas, EE. SSauvage, M.H. Abeille,
M.-O. Rioufol, A. Blanchard, C. Cordon, C. Ponte, A. Vandaele, 2007, 160 pages.
Modules AS/AP. module 2, l’état clinique d’une personne, par le Géracfas,
le Ceepame, M.-O. Rioufol, C. Berte, C. Cordon, 2009, 160 pages.
Modules AS/AP. module 3, soins, par le Géracfas, M.H. Abeille, M.O. Rioufol,
C. Cordon, E. Creteur, F. Girard, A. Martocq, E. Sauvage, A. Vandaele, 2007,
272 pages.
Modules AS/AP. module 4, ergonomie, par le Géracfas, M. Bary, J. Courteaux,
2006, 144 pages.
Modules AS/AP. module 5, relation-communication, par le Géracfas,
la directrice et les formateurs de centre de formation des aides-soignants
militaires, 2007, 128 pages.
Modules AS/AP. module 6, hygiène, par le Géracfas, F. Bordet, A. Joly,
C. Larue, G. Loriette, 2006, 144 pages.
Modules AS/AP. module 7/8, transmission des informations et
organisation du travail par le Géracfas, F. De Ligondes, M. Dol, G. Loriette,
M.-F. Néau-Cottin, C. Ponte, M.-O. Rioufol, 2007, 96 pages.
Fiches de soins, la règle d’orr de l’aide-soignant, par M.-O. Rioufol, 2008,
4e édition, 352 pages.
Dirigée par Marie-Odile Rioufol

L’observation
aide-soignante
Une collaboration à la démarche de soins
et au diagnostic infirmier

Marie-Odile Rioufol

2e édition
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ISBN : 978-2-294-71106-0

Elsevier Masson SAS, 62, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex


www.elsevier-masson.fr
Partie I

La démarche
de soins et
l’observation
1 Généralités 3

2 Démarche de soins et diagnostic infirmier 7

3 Recueil de données 15

4 Cas concret : participation de l’aide-soignant


à la démarche de soins 23

5 Transmissions 29
Chapitre 1

Généralités
Au cours de ces dernières années, la médecine et la technologie ont subi
des transformations importantes et ont évolué à une vitesse accélérée. Des
impératifs politiques et économiques, le contexte psychosocial, ont modi-
fié les comportements humains, les mœurs, l’éducation. Pour prendre en
compte tous ces changements et pour mieux répondre aux besoins de san-
té de la personne soignée, la pratique des soins infirmiers a aussi évolué en
parallèle. L’utilisation de nouveaux outils tels que la démarche de soins et
le diagnostic infirmier sont des étapes fondamentales de ce «  nouvel art
de soigner ».

Concepts, théories et modèles


Pour organiser ses propres perceptions et ses connaissances, l’être humain uti-
lise le concept qui est une représentation mentale, une image, une idée que l’on
se fait, d’une opinion ou d’une chose. Il se construit à partir de notre éducation
familiale, notre modèle culturel et les différents milieux (professionnels, sociaux,
politiques etc.) auxquels on appartient.

Exemple
Je me fais une « image de la personne âgée » à partir des valeurs de ma famille et de
la manière dont la personne âgée est aimée et respectée, à partir des valeurs de mon
milieu professionnel (hôpital, long séjour, maison de retraite) et de la manière dont
la personne âgée est estimée, à partir des valeurs de la société et de mon pays (la
personne âgée n’est pas considérée et prise en charge de la même manière en Europe
et en Afrique…).

De nombreuses infirmières américaines, canadiennes et anglaises ont fait des


recherches pour clarifier et préciser les conceptions de l’homme, de son poten-
tiel de santé, de la maladie et de la nature des soins prodigués. Elles les ont dé-
veloppées et organisées et ont ainsi élaboré des théories (Virginia Henderson,
Dorothée Orem, Callista Roy, Nancy Roper, etc.) pour que tout soignant puisse
s’y référer et réfléchir sur le sens qu’il donne à la maladie et au soin. Elles ont
ensuite créé des modèles en soins infirmiers qui permettent de préciser leur
pensée et de faire les liens entre toutes ces notions.
À la suite de cela, des outils concrets et fiables (quelle que soit la théorie) ont
été élaborés pour relier la théorie à la pratique.
L’observation aide-soignante 3
© 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
La démarche de soins et l’observation

Ce sont principalement des grilles d’observation et des grilles d’évaluation


des besoins : ex. grille de dépendance, d’autonomie (qui ont inspiré entre autre
le géronte pour les personnes âgées) et bien d’autres grilles, qui sont le support
de la démarche de soins. Elles permettent :
♦ d’apprécier l’état de santé d’une personne, en repérant ses besoins, d’une
part ;
♦ et d’évaluer les soins qui ont été dispensés, d’autre part.

Le modèle de Virginia Henderson


Utilisé dans de nombreux pays, il est un modèle de référence en France pour
l’enseignement des soins infirmiers (infirmières et aides-soignants).
Virginia Henderson (1897-1996) est la première infirmière à avoir réalisé en 1955
un outil concret et facilement utilisable, à avoir établi une grille type ou grille
de dépendance qui, à partir de 14 besoins fondamentaux, recouvre tous les
aspects de la vie de l’être humain dans toutes ses dimensions (biologiques, psy-
chologiques et socioculturelles) et dans toutes ses activités. Cette grille permet
de recenser les manifestations de dépendance de la personne et d’évaluer ses
capacités.
Pour être en cohérence avec les soins que nous allons mettre en place selon
le modèle de Virginia Henderson (puisqu’il est le modèle majoritairement
choisi dans les établissements français) et avant de connaître sa théorie et
le sens qu’elle donne aux soins infirmiers, il est important de rappeler les
concepts fondamentaux et généraux de l’homme, de la santé et de la maladie
et du soin.

Rappel des différents concepts


Concepts fondamentaux et généraux de l’homme, de la santé et de la
maladie et du soin
L’HOMME • en perpétuel devenir
• un être unique • qui a des besoins biologiques, psychologiques, culturels et
• un TOUT indivisible sociaux en relation avec son
environnement qui change
• capable de s’adapter
LA SANTÉ • à trouver, à retrouver ou à maintenir
• un équilibre • influencée par un environnement
• une harmonie familial, professionnel, culturel
et social

4
Généralités

LA MALADIE Se traduisant par :


• une rupture de l’équilibre • une difficulté ou souffrance physique,
• un signal d’alarme psychologique, culturelle ou sociale
• une difficulté à s’adapter à une
situation nouvelle provisoire ou
définitive
LES SOINS INFIRMIERS • à maintenir ou recouvrer la santé
• une réponse à la rupture • à soutenir dans les derniers instants
d’équilibre de la vie
• une aide • à accomplir des tâches qu’il ne peut pas, qu’il ne sait pas
• à reconquérir une autonomie

– Poletti R., Les soins infirmiers, « Théories et concepts », Le Centurion, 1983.


– Grondin, Phaneuf, Riopelle, Soins infirmiers, «  Un modèle centré sur les besoins de la
personne », Mc Graw Hill, 1984.
– Guide du service infirmier, Bulletin officiel du ministère des Affaires sociales de la solidarité
nationale/Santé.

La théorie de Virginia Henderson


Sa théorie complète les concepts vus ci-dessus, par l’apport de nouvelles no-
tions d’indépendance et de dépendance.
L’être humain a des besoins fondamentaux biopsychosociaux à satisfaire, que
Virginia Henderson décrit au nombre de 14.
Un besoin fondamental est une nécessité et non un manque, c’est-à-dire tout
ce qui est essentiel à l’être humain pour se maintenir en vie et assurer son bien
être.
La santé est l’état où l’être humain satisfait tous ses besoins lui-même par des
moyens appropriés, il est indépendant. La satisfaction d’un besoin relève de
l’histoire de la personne, de ses habitudes de vie, de la manière dont elle s’impli-
que dans son environnement culturel et social.
Peuvent apparaître des sources de difficulté ou des raisons qui vont empêcher
une personne de satisfaire un ou plusieurs besoins : elle devient alors dépen-
dante. Des signes observables, permettant de repérer la non-satisfaction d’un
besoin, vont alors se manifester.
Les soins vont permettre de mettre en place des actions appropriées et com-
plémentaires à celles du patient pour l’aider à maintenir et recouvrer la santé et
pour l’aider à retrouver si possible son autonomie (ou une zone d’autonomie en
fonction du handicap).

5
La démarche de soins et l’observation

Liste des 14 besoins fondamentaux


Besoins Informations complémentaires
1. R espirer • Capter l’oxygène indispensable à la vie de la cellule et rejeter le gaz carbonique
2. Boire et manger • Ingérer en qualité et en quantité les aliments et les boissons pour assurer
la croissance, l’énergie et l’entretien des tissus
3. Éliminer • Rejeter les déchets par les voies naturelles : urines (reins), selles (intestins),
transpiration (peau), expiration pulmonaire, menstruation
4. Se mouvoir, maintenir • Être en mouvement et se mobiliser pour favoriser les fonctions
une bonne posture circulatoires et digestives ; marcher, s’asseoir, se coucher, changer de
positions, et maintenir une posture n’entraînant ni douleur ni pathologie
5. Dormir, se reposer • Prendre suffisamment de sommeil et de repos pour permettre à
l’organisme de retrouver son énergie et son bien être, et pouvoir réaliser ses
activités quotidiennes
6. Se vêtir, se dévêtir • Choisir des vêtements appropriés, propres et adaptés à la température ;
protéger son corps et respecter sa pudeur
7. Maintenir la température • Maintenir la température de son corps à un degré constant (entre
du corps dans les limites 36,5 °C et 37,5 °C) éprouver du bien-être, maintenir un équilibre entre la
de la normale production et la perte de chaleur (porter des vêtements adaptés, etc.)
8. Être propre, soigné, • Entretenir la propreté de son corps et son apparence ; protéger sa peau
protéger ses téguments des agressions externes et en conserver l’intégrité
9. Éviter les dangers • Se protéger contre les dangers que peut présenter l’environnement
et éviter d’être soi-même une source de danger pour les autres ; ne pas
éprouver de menaces psychologiques (angoisse, peur, abandon…) ; avoir
de la stabilité, la possibilité de prévoir, de l’ordre, des habitudes, des rites,
des repères temporo-spatiaux
10. Communiquer avec ses • Possibilités d’exprimer ses idées, ses sentiments (dont l’affection), ses
semblables expériences, ses besoins, ses émotions, ses craintes ; échanger avec les
autres, avoir des liens affectifs et exprimer sa sexualité
11. Agir selon ses • Nécessité pour l’individu de poser des gestes, des actes conformes à ses
croyances et ses valeurs convictions, ses valeurs et son idéal de vie (le bien, le mal, la justice…) ;
être en accord avec ses idées, ses croyances, sa religion, sa culture et
pouvoir les exprimer
12. S’occuper en vue de se • Accomplir des actes qui répondent à un idéal, qui permettent de satis-
réaliser faire ses aspirations, de se valoriser, de s’épanouir, être utile aux autres et
trouver un sens à sa vie
13. Se récréer • Choisir une activité agréable permettant de libérer ses tensions, de se
distraire et se détendre
14. Apprendre • Acquérir des connaissances, se renseigner, être informé, découvrir,
apprendre, satisfaire une curiosité naturelle et légitime en ce qui concerne
le devenir de son être et le développement de sa santé

6
Chapitre 2

Démarche de soins
et diagnostic infirmier
Les changements dans la profession amènent le soignant à revoir ses propres
valeurs professionnelles :
♦ la personne soignée n’est plus un « patient » qui attend : il est acteur, il a
un projet de vie ;
♦ le professionnel n’est plus « celui qui sait » : il devient un interlocuteur
dont le rôle est :
- d’aider la personne soignée à communiquer, à exprimer ce qu’elle res-
sent,
- l’aider à comprendre ce qui se passe pour elle,
- l’aider à faire des choix,
- l’aider à vivre dans les meilleures conditions possibles,
- de lui donner des soins adaptés en tenant compte de sa personnalité
et de ses besoins.
Les changements du rôle du soignant ont modifié ses rapports avec les autres
professionnels de santé :
♦ l’aide-soignant travaille en collaboration avec l’infirmière et l’équipe de
soins ;
♦ l’aide-soignant participe à des prises de décision.
Du fait de l’évolution de la conception des soins :
♦ les soignants se remettent en question dans leur pratique soignante :
- le soignant et la personne soignée sont des partenaires d’ un soin indi-
vidualisé,
- des non-professionnels intègrent l’entourage du patient dans les lieux
de soins (bénévoles…),
- les familles trouvent une place privilégiée de soutien et d’accompa-
gnement auprès de leur parent hospitalisé ;
♦ et utilisent de nouveaux outils.
Pour avoir une bonne connaissance de la personne malade ou dépendante et
repérer ce qui est susceptible de perturber sa santé, les soignants disposent
d’une méthode rigoureuse et scientifique : la démarche de soins.

L’observation aide-soignante 7
© 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
La démarche de soins et l’observation

L’utilisation de la démarche de soins entraîne une amélioration de la qualité


des soins, elle agit :
♦ au niveau de la personne soignée, car celle-ci est prise en compte
dans sa globalité, se voit proposer des soins individualisés et continus, et
est invitée à participer et à être « acteur » de ses propres soins, librement
acceptés ;
♦ au niveau des soignants, la démarche de soins renforce la reconnais-
sance professionnelle car elle :
- évite les habitudes systématiques, les soins routiniers,
- provoque la remise en cause, favorise l’évolution personnelle,
- entraîne la satisfaction au travail (satisfaction du besoin de se réaliser),
par la continuité et la cohérence dans les soins,
- apporte des connaissances nouvelles en psychologie, sociologie, an-
thropologie, de par son approche psychosocioculturelle,
- renforce le travail d’équipe à la fois par les réflexions communes
et les échanges, et par les transmissions plus complètes et plus élabo-
rées,
- permet de prendre conscience de ses propres limites et difficultés
dans certaines situations de soins et de pouvoir en discuter en équipe
pour améliorer la qualité des soins.

Qu’est-ce que la démarche de soins ?


Plusieurs définitions vont permettre de bien préciser les buts et la finalité de la
démarche de soins :
1. C’est une méthode scientifique dont le but est de solutionner les pro­
blèmes en soins infirmiers.
2. C’est un cheminement qui va permettre d’individualiser les soins en
fonction de chaque personne soignée.
3. C’est un processus intellectuel, composé de diverses étapes logique-
ment ordonnées ayant pour but le mieux-être de la personne.
4. C’est une démarche qui permet de prendre en compte pour un individu,
et à un moment donné, tous les éléments indispensables à la réalisation des
soins nécessités par cette personne.
Les caractères en gras de ces 4 définitions permettent de souligner les caracté-
ristiques de la démarche de soins :
♦ c’est un cheminement : on avance pas à pas ;
♦ c’est une méthode scientifique : rigoureuse et logique ;
♦ un processus intellectuel : qui fait appel à notre pensée, notre discernement,
notre jugement ;
♦ composée de diverses étapes : voir ci-après ;
8
Démarche de soins et diagnostic infirmier

♦ qui permet d’individualiser les soins pour un individu : pratiquer des soins
réfléchis, personnels, adaptés et continus à une personne unique ;
♦ à un moment donné : la démarche saisit un instant donné : c’est un instantané.
C’est une approche globale centrée sur la personne et sa situation, qui est
complémentaire de la démarche médicale centrée sur la maladie.

Les étapes de la démarche de soins ?


Observation et recueil de données
Le recueil des informations va permettre :
1. de connaître la personne en la situant dans son contexte de vie, par la
recherche de son identité et de ses habitudes de vie ;
2. de prendre connaissance du motif de l’hospitalisation et des antécédents
médicaux de la personne ;
3. de repérer au niveau de ses besoins — soit parce que la personne l’ex-
prime, soit parce que le soignant les observe — les signes et indices qui vont
permettre de comprendre la situation, de repérer les difficultés, pour réaliser
des soins personnalisés.

L’observation auprès du patient va permettre :


1. de repérer des signes qui expriment ses besoins spécifiques ;
2. de voir la satisfaction de ses besoins ou l’apparition de difficultés ;
3. de découvrir ses ressources et ses capacités.

L’ analyse de la situation
C’est une recherche du sens.
Elle va permettre de faire le lien entre la personne (physique et psycholo-
gique), son environnement et sa maladie, et entre ce qui rattache ces signes
entre eux.

Identification des 14 besoins fondamentaux de Virginia


Henderson
La liste des 14 besoins fondamentaux permet au soignant de vérifier que chaque
besoin de la personne a bien été observé et identifié en lien avec sa pathologie,
pour apporter son aide éventuelle en cas de difficultés.

Les sources de difficultés


Des difficultés peuvent perturber la satisfaction d’un ou de plusieurs besoins fon-
damentaux. Elles peuvent être d’ordre physique, psychologique, socioculturel.
9
La démarche de soins et l’observation

Exemples de sources de difficultés


D’ordre physique D’ordre psychologique D’ordre socioculturel
• Douleurs • État de conscience • Perturbations des relations
• Insuffisance qualitative ou ex. : confusion, coma… familiales
qualitative • Troubles de la mémoire • Perturbations des relations
ex : oxygénation (dyspnée), • Troubles de la pensée professionnelles
mobilisation (douleur) • État affectif • Coutumes
• Déficits sensoriels ex. : anxiété et problème de • Éducation
ex : visuel, auditif, troubles de la comportement • Croyances
parole… • Stress
• Phénomènes de déséquilibre • Situation de crise
ex : insuffisance, surcharge • Phases d’adaptation à la
(hydratation, élimination…) maladie

Elles sont généralement liées à ce que la personne :


♦ ne peut pas faire ;
♦ ne veut pas faire ;
♦ ou ne sait pas faire.
Si ces difficultés persistent dans le temps ou si plusieurs difficultés viennent se
surajouter, et que la personne ne puisse les résoudre, l’analyse de la situation et
des réactions de la personne va permettre de déduire un problème de santé lié
à la pratique des soins infirmiers.
Un problème de santé est la somme de plusieurs difficultés ou une difficulté
qui s’inscrit dans la durée, pour laquelle la personne n’a pas trouvé en
elle-même les ressources personnelles pour les résoudre, et/ou pour laquelle
les soins ponctuels mis en place n’ont pas été suffisamment pertinents ou
adaptés.
Identifier un problème de santé est une étape difficile qui nécessite souvent la
participation de l’équipe, qui demande du discernement et des réajustements
permanents au fur et à mesure que la situation évolue.

Les ressources de la personne


En lien avec sa pathologie ou son handicap, c’est ce que la personne est
capable de faire seule, soit pour satisfaire ses besoins, soit pour résoudre ses
difficultés.

Énoncé du diagnostic infirmier


Le diagnostic infirmier « est l’énoncé d’un jugement clinique sur les réactions
aux problèmes de santé actuels ou potentiels, aux processus de vie d’une per-
sonne, d’une famille ou d’une collectivité » (définition de l’ANADI [Association
nord-américaine des diagnostics infirmiers] adoptée internationalement).
10
Démarche de soins et diagnostic infirmier

Le diagnostic infirmier est lié au rôle propre de l’infirmière et s’établit en regard


des réactions de la personne à ses problèmes de santé et à sa maladie. Il décrit
une pratique clinique.
Il est différent du diagnostic médical réalisé par le médecin et qui s’établit en
regard de signes liés à une pathologie médicale.
Ils sont complémentaires.
Cette étape relève de la compétence de l’infirmière qui en rassemblant ses
propres données et celles rapportées par l’aide-soignant va lui permettre de
distinguer :
♦ les signes ou symptômes qui traduisent une pathologie et qui s’adressent
au médecin ;
♦ des signes qui relèvent d’une dimension biopsychosociale et qui vont lui
permettre de comprendre la personne et rechercher des actions à mettre en
place dans les limites de son rôle propre.
L’équipe de soins tout entière participe et émet des avis pour attester de la
pertinence de l’analyse par rapport à un problème de santé et du diagnostic
infirmier choisi. Elle dispose d’une classification de l’ANADI qui comprend à ce
jour plus de 120 intitulés.

Exemples

ÉCHANGES 1.3.1.3 Incontinence fécale


1.6.1.4 Risque de fausse route
1.6.2.1 Atteinte à l’intégrité des tissus
MOUVEMENT 6.1.1.1 Altération de la mobilité physique
6.5.1.1 Incapacité (partielle ou totale) d’avaler
PERCEPTIONS 7.1.1 Perturbation de l’image corporelle
7.1.2 Perturbation de l’estime de soi
COMMUNICATION 2.1.1.1 Altération de la communication verbale

Au niveau des transmissions ciblées, un diagnostic infirmier peut être utilisé en


termes de cible (voir chapitre 5, « Les transmissions ciblées »).

La résolution du problème
La résolution du problème est la dernière étape qui va mettre en place un
accompagnement et des soins adaptés ; elle concerne la personne elle-même
d’abord, son entourage et l’équipe tout entière qui prend habituellement en
charge cette personne. Elle va permettre :
♦ de définir des objectifs de soins en accord avec la personne soignée et
élaborer une stratégie de soins ;
11
La démarche de soins et l’observation

♦ de planifier des actions pertinentes : activités d’accompagnement, de


soins et d’écoute, pour aider le patient à satisfaire son besoin perturbé et
retrouver partiellement ou totalement l’indépendance de ses besoins ;
♦ d’évaluer les résultats et réajuster éventuellement les objectifs pour met-
tre en place de nouvelles actions.

Place et rôle de l’aide-soignant


Si la participation de l’aide-soignant est active à tous les niveaux de la
démarche de soins, sa collaboration est capitale et spécifique lors de la pre-
mière étape qui est celle du recueil de données (voir chapitre 3, « Le recueil de
données »).
Pendant qu’il pratique les soins relevant de sa compétence, principalement les
soins d’hygiène, de nursing (toilette, alimentation, élimination,  etc.), l’aide-
soignant recueille en permanence des informations ou des données.
Son rôle auprès de la personne soignée, lors de cette étape, se situe à plusieurs
niveaux.

Il observe
♦ L’existence de signes physiques.
♦ Des réactions face à la maladie, à l’hospitalisation, au placement… se tra-
duisant par un comportement verbal ou non verbal.

Il réfléchit et agit
♦ En cas de signes de l’ordre de l’urgence qu’il a appris à reconnaître (ex. :
saignement, difficultés à respirer, douleurs, etc.), il prévient immédiatement
l’infirmière.
♦ Il s’enquiert de contre-indications éventuelles (ex. : la personne doit rester
à jeun, est au repos strict au lit, etc.).
♦ En cas de difficulté ou d’inconfort de la personne, il l’aide par des ges-
tes, des attitudes, des paroles ou des soins relevant de sa compétence, pour
éviter qu’une difficulté passagère ne devienne un problème (ex. : en cas de
diminution de la mobilité, il pratique des changements de position et met en
place des mesures de prévention d’escarres ; en cas de régime, il en explique
la nécessité et permet à la personne de s’exprimer, etc.
♦ En cas de doute, il en réfère toujours à l’infirmière.

Il transmet
♦ Ce qu’il a observé au niveau de la personne : signes physiques, ce que la
personne a dit ou exprimé par son comportement.
♦ Ce qu’il a fait : soins, paroles, actes et comment la personne a réagi.
12
Démarche de soins et diagnostic infirmier

Dans les deuxième et troisième parties de ce livre, et au regard de chaque besoin


fondamental (selon les 14 besoins de Virginia Henderson) seront développés
principalement la place et le rôle de l’aide-soignant lors de cette première
étape de la démarche de soins : c’est-à-dire son rôle au niveau de l’observation
et les actions qu’il met en place en collaboration avec l’infirmière.
La transmission des observations de l’aide-soignant et des soins qu’il a pratiqué
donne la possibilité de dresser un « état des lieux » aussi complet que possible
sur la situation et permettre à l’infirmière d’accéder à la deuxième étape, qui est
celle de l’analyse de la situation et de l’énoncé de diagnostics infirmiers. Ceux-ci
sont évoqués à la fin de chaque chapitre.

13
Chapitre 3

Recueil de données
Il comporte deux étapes capitales :
1. le recueil d’informations ; le recueil de données et des informations est
une phase active qui va demander au soignant :
a. de recueillir les informations, rechercher les éléments et les renseigne-
ments concernant le patient,
b. d’observer ses besoins, ses sources de difficultés, ses ressources,
c. de rassembler ces informations et les regrouper dans le dossier de
soins,
d. de rapporter ces données à l’équipe par l’intermédiaire des transmis-
sions (voir chapitre 5) ;
2. l’observation ; en référence aux 14 besoins de Virginia Henderson, grâce à
l’observation et la qualité de relation que l’aide-soignant va instaurer avec
la personne, il va élaborer une démarche de soins en identifiant les besoins de
la personne, évaluer son état de santé et mettre en place des actions de soins.

L’information
Pour élaborer son recueil de données, l’aide-soignant va rechercher les informa-
tions auprès de la personne elle-même et sa famille, et des membres de l’équipe.
Sa dernière démarche sera d’aller lire les documents existants.

Exemple de modèle de recueil d’informations


Informations que l’AS apprend en parlant avec la personne
Habitudes de vie avant l’hospitalisation ou le placement
♦ Son habitat : type de logement, à étage ou non, présence d’escaliers…
♦ Son entourage : si elle vit seule ou non, si le conjoint est en difficulté de santé,
ou non, s’il y a la présence proche d’enfants, d’amis, de voisins…
♦ Son sommeil : ses habitudes d’endormissement, comprimés pour dormir…
♦ Son alimentation, son hydratation : le type d’appétit (gros mangeur ou non), des
aliments préférés, détestés ou qui se digèrent mal… ; ses boissons, la quantité…
♦ Son élimination urinaire avec présence ou non de difficulté… ; intestinale avec
le rythme d’élimination des selles (tous les jours, tous les 2 ou 3 jours…).
♦ Ses activités et loisirs, sa religion si elle a une incidence sur l’hospitalisation, ce
qui est important pour elle.

L’observation aide-soignante 15
© 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
La démarche de soins et l’observation

♦ Les éléments ayant marqué sa vie (deuil récent, accident de proches, sépara-
tions…).
Lorsque la personne ne peut s’exprimer sur ses habitudes de vie (enfant, personne
désorientée, dans l’impossibilité de parler), l’aide-soignant peut rencontrer un mem-
bre de sa famille qui pourra lui donner des informations complémentaires.
Étude des besoins (selon le modèle de Virginia Henderson)
Selon un modèle ou une grille qui sert de support, les 14 besoins sont passés en
revue pour compléter ce que l’observation n’a pas pu donner (voir chapitre 4, cas
concret, page).
La personne peut exprimer ce qu’elle ressent, ce qui la gêne, les difficultés qu’elle a à
satisfaire un besoin donné.
Informations que l’AS apprend en parlant avec l’équipe
En parlant avec les infirmières
L’aide-soignant prend connaissance :
♦ des prescriptions médicales : repos strict au lit, premier lever, lever avec appui,
régime, à jeun… ;
♦ des soins éventuels que l’infirmière demande à l’aide-soignant de pratiquer.
En parlant avec les autres aides-soignants
L’aide-soignant prend connaissance de :
♦ l’autonomie de la personne, de l’aide éventuelle qu’il faut lui apporter au niveau :
- de son installation,
- son alimentation,
- son hygiène ;
♦ la surveillance spécifique aide-soignant : pouls, diurèse, poids, selles, analyse
d’urines… ;
♦ informations diverses : relation, difficultés…

Informations que l’AS apprend en lisant des documents


♦ La feuille de température.
♦ Les fiches diverses souvent affichées dans la chambre : d’alimentation, d’élimi-
nation, de prévention d’escarres, d’autonomie, de régime…
♦ La fiche de la démarche de soins.
♦ Les fiches de transmission jour/nuit.
♦ Le dossier de soins.
♦ La planification murale.

L’observation
Qu’observe-t-on ?
La personne
C’est l’observation du jour : comment se présente la personne au jour du recueil
d’informations, à ce moment précis.
16
Recueil de données

Observation de la personne
1. Aspect 2. Langage 3. Orientation dans le 4. Humeur et
général de la temps et dans l’espace. comportement
personne Mémoire
– l’expression – aphasie (perte – orientation dans le – manifeste :
faciale est : totale ou partielle temps : la personne sait ou – de la gaieté
calme, tendue, de la capacité à non : – de la tristesse, de
stressée, éveillée, s’exprimer) – quelle heure il est l’abattement
endormie, ahurie – mutisme (absence – quel jour nous sommes, – de l’anxiété, la peur
– le visage : sa de communication le mois, l’année – de la colère
coloration verbale pendant un – depuis combien de
– le contact temps) temps elle est hospitalisée
visuel : yeux
ouverts, fermés,
regard fuyant, fixe
– l’apparence – débit de la parole : – orientation dans l’espace : – se montre plus ou
physique : corpu- lent, accéléré la personne sait : moins :
lence, malforma- – volume de la – où elle se trouve ? – ouverte, coopérative,
tions physiques, voix : grave, aigu, – dans quelle ville confiante, souriante
cicatrices intonations – retrouver sa chambre – apathique, en retrait,
– présence de évasive, perplexe, distante
prothèses (lu- – anxieuse, soumise,
nettes, appareil craintive, peureuse, triste
auditif, prothèse – impatiente, hostile,
dentaire…) arrogante, agressive

– la posture : – contenu du – mémoire des événements – exprime des sentiments


rigide, détendue langage : emploi de anciens : la personne sait la ou des émotions :
– le tonus : toni- mots et d’expression date de son mariage, de sa – d’appréhension, de
que, apathique, sans signification naissance, connaît son âge malaise, d’inquiétude, de
dynamique – oublis, répétition – mémoire des événements frustration
– les mouve- de mots récents : elle sait ce qu’elle – de désespoir, d’im-
ments : présence – discours « sans a mangé à son petit-déjeu- puissance, d’inutilité, de
de tics, spasmes, queue ni tête » ner, à son déjeuner, si elle culpabilité
mouvements – revient toujours a eu de la visite, ce qu’elle a – de colère, de rage
involontaires, à la même pensée regardé à la télévision – de joie, de bien-être
répétitifs (obsession)

L’environnement de la personne
♦ Accessoires de lit : potence, barrières, cales, sacs de sable.
♦ Vêtements personnels et accessoires d’hygiène.
♦ Objets personnels.
17
La démarche de soins et l’observation

Les besoins de la personne


L’observation de la présence ou l’absence d’appareillages et d’objets person-
nels va nous renseigner sur l’altération d’un ou de plusieurs besoins de la per-
sonne :
♦ besoin de respirer et d’une bonne circulation sanguine : intubation,
trachéotomie, oxygène, aérosol, crachoir ; perfusion, seringue électrique,
pansement anti-inflammatoire, drains de Redon, présence de matériel sous
la peau (repérable à la vue et au toucher) : pacemaker, chambre implanta-
ble ;
♦ besoin de boire et de manger : sonde gastrique, poches drip. Sur la
table de nuit : verre, carafe d’eau, boissons surprotéinées, nourriture (gâ-
teaux, bonbons…), présence de « fiche alimentaire », d’une « fiche de ré-
gime » ;
♦ besoin d’éliminer  : poche à urines, bocal à diurèse, bassin, pistolet,
chaise pot, paquet de protections, présence de «  fiche de rééducation
mictionnelle » ;
♦ besoin de se mouvoir et maintenir une bonne posture : canne, déam-
bulateur, fauteuil roulant, arceau de lit, plâtre, bandages, attelles, extension
continue, matériel d’ostéosynthèse (broches…), lit avec potence ;
♦ besoin de dormir, de se reposer : oreiller personnel, médicaments pour
dormir, présence d’objets personnels (nécessaires pour la personne pour fa-
voriser son sommeil) ;
♦ besoin de se vêtir et de se dévêtir : dans le placard présence de vête-
ments en nombre suffisants (chemise de nuit, pyjamas, culottes…), robe de
chambre, chaussons, présence de linge sale ;
♦ besoin de maintenir sa température dans les limites de la normale :
vessie de glace, couvertures, veste, châle ;
♦ besoin d’être propre et protéger ses téguments : nécessaire de toilette
(serviettes, gants, parfum, maquillage…), d’hygiène dentaire ; présence d’un
matelas ou d’un coussin prévention d’escarres, présence de « fiche de chan-
gement de positions », pansements ;
♦ besoin d’éviter les dangers : barrières de lit, attaches au lit ou au fau-
teuil, barrières d’appui, fenêtre verrouillée ; présence d’objets personnels
(qui donnent des repères sécurisants) : peluche, doudou, mouchoir, pen-
dule, calendrier… ;
♦ besoin de communiquer : téléphone, courrier, fleurs, cadeaux ;
♦ besoin d’agir selon ses croyances et ses valeurs : présence d’objets de
culte : statuette, médailles, croix, icônes, calotte, châle, ou de livres religieux
(Bible, missel, Coran…) ;
♦ besoin de s’occuper en vue de se réaliser : photos, livres ou objets qui
identifient la personne et reflètent sa personnalité, ses goûts, ses aspira-
tions… ;

18
Recueil de données

♦ besoin de se récréer : présence de livres, revues, jeux, mots croisés, mots


fléchés, tricot, couture, ordinateur (portable), jeux vidéo, participation aux
sorties et aux animations… ;
♦ besoin d’apprendre : livret d’accueil, livrets d’éducation sur la patholo-
gie (ex. : diabète, stomathérapie…) ou comment remplir son rôle (ex. : être
maman, ou l’enfant à l’hôpital), apprentissage d’une langue…

Les signes physiques, psychologiques et le comportement


de la personne
Ils sont les symptômes de la maladie et les difficultés de la personne  ; ils
expriment ce qu’elle éprouve et ses réactions (voir deuxième et troisième
parties).

Qui observe ?
Toute personne qui prend en charge le patient que ce soit au niveau de sa ma-
ladie ou au niveau de ses besoins, observe ce qui se passe. En fonction de sa
formation et de ses compétences elle va plus ou moins orienter son observa-
tion : ex. : le médecin sur la maladie, l’infirmière sur des signes liés à la maladie et
au comportement de la personne, l’aide-soignant sur la satisfaction des besoins
de la personne et l’apparition de signes montrant une difficulté, l’agent sur l’hô-
tellerie (hygiène de la chambre, alimentation…), la famille, les bénévoles sur des
modifications du comportement, etc.
Toute personne qui approche le malade est à même d’observer et plus l’obser-
vation sera fine et pertinente, plus le malade aura une chance d’accéder à des
soins adaptés et efficaces.

Quand observe-t-on ?
À tout moment, il est possible d’observer la personne : pendant son sommeil,
son repas, sa toilette, ses soins, ses visites, etc. Mais le moment lié au nursing
est certainement privilégié pour entrer en contact avec la personne : c’est un
moment « qui dure », qui permet d’instaurer une certaine intimité et une relation
de confiance.

Comment observer ?
L’observation est un phénomène complexe qui nécessite la mise en jeu de capa-
cités intellectuelles et sensorielles et de savoirs infirmiers, c’est un outil capital
pour l’aide-soignant de même que pour tout soignant.
Si la perception va permettre de saisir à travers nos sens les détails du monde
extérieur, l’observation va plus loin et fait appel à une activité mentale d’atten-
tion et de concentration. Procéder à une observation attentive ne se fait pas
spontanément, sans un acte volontaire qui met en alerte tous les mécanismes
nécessaires à l’observation.

19
La démarche de soins et l’observation

L’observation met en jeu tous nos sens


En regardant la personne, en la touchant et l’écoutant et en percevant des
odeurs, l’observation va permettre de prendre connaissance de la situation
d’une manière globale et en même temps de remarquer dans le détail les chan-
gements qui surviennent.
On observe la personne :
Observation par les sens
En regardant En entendant En touchant En sentant
– sa position : assis, debout, couché, immobile, – respiration : – chaleur, – odeur
paralysé, couché « en chien de fusil », en position bruyante, froid, présence d’urines,
fœtale, recroquevillé sifflements, d’œdème, selles, vo-
– son état de conscience : coma, somnolent, toux transpiration missements,
inconscient, somnolent, agité, prostré – plaintes, crispation, sang, pus,
– sa corpulence : grand, petit, maigre, obèse pleurs, gémis- raideur, transpi-
– son visage : pâle, cyanosé, coloré, fiévreux sements détente ration,
– rires mauvaise
– les traits : calmes, tirés, douloureux, souriants,
– paroles hygiène
larmes
lentes, incom- – parfum,
– l’état de la peau : rougeur, pâleur, ictère,
préhensible désinfec-
œdème, plaies, boutons, cicatrices, mauvaise
tant, odeur
hygiène
de renfermé,
– l’état de sa bouche : appareil dentaire, absence odeur
de dents, dents abîmées, lèvres sèches, langue alimentaire
sèche, rouge, blanche

L’observation est active


Elle implique non seulement nos sens mais aussi notre pensée, c’est une démar-
che intellectuelle qui fait appel à nos connaissances et notre bon sens. Quand
on observe une personne, plusieurs stimuli vont se présenter en même temps.
Aussi en fonction des connaissances que l’on a sur la personne, son âge, son état,
son mode de vie, et sur la maladie et ses conséquences, il faut savoir faire la part
des choses et repérer l’urgence et la priorité.

L’observation se fait dans un but précis


Pour l’aide-soignant, l’observation doit répondre aux 2  objectifs suivants qui
sont notifiés dans la circulaire du 19 janvier 1996 sur les rôles et missions des
aides-soignants et auxiliaires de puériculture :
♦ identifier des modifications de l’état et du comportement des patients ;
♦ identifier les besoins de la personne.
Cela demande un état d’esprit particulier de disponibilité (un temps que l’on
veut bien se donner !), d’attention et d’écoute pour repérer ce qui peut gêner la
personne, lui manquer ou la mettre en difficulté.
20
Recueil de données

L’observation doit être la plus objective possible


Être objectif, c’est être « sans a priori », être le plus neutre possible face à une
situation. Ceci est d’une grande difficulté car le soignant se situe lui aussi avec
sa sensibilité et sa propre capacité à percevoir plus ou moins ce que la personne
manifeste.
En fonction de son vécu et de son histoire personnelle, il est important de ne pas
déformer et de ne pas interpréter par la pensée ce que les sens renvoient.

L’observation doit être organisée


Pour être la plus complète possible et la plus objective possible, l’observation
doit se faire avec méthode.
Comme le pilote qui répond à une « check-list » pour être sûr qu’il n’a rien oublié
avant le départ de l’avion, il est intéressant pour le soignant d’avoir une grille
repère qui facilite l’observation et sa transmission.
Une grille d’observation s’élabore à partir d’un modèle (c’est le cadre conceptuel).
Un des modèles le plus souvent choisi en France est celui de Virginia Henderson,
qui englobe les 14 besoins fondamentaux. Une grille d’observation élaborée à
partir d’un cadre conceptuel est le support de la démarche de soins.
La grille peut être standard et utilisée telle quelle, ou elle peut être travaillée,
affinée par l’équipe pour s’adapter au plus près aux caractéristiques des malades
qu’elle prend en charge.

L’observation doit être transmise


S’il est primordial et vital d’observer, il est tout aussi important de transmettre ce
que l’on a observé, sinon l’observation perd son sens.
La transmission est la suite logique nécessaire et obligatoire de l’observation.
Elle demande des supports accessibles à tous les soignants (voir chapitre 5, « Les
transmissions »).

21
Chapitre 4

Cas concret : participation


de l’aide-soignant
à la démarche de soins
L’étude d’un cas concret va permettre de bien clarifier la place du recueil
de données et l’importance de l’observation. Cette observation de Mme  X.
Madeleine à J + 7 peut être réalisée par une élève AS ou une AS en poste. À
titre d’exemple, le document suivant permet de réunir un jour donné toutes
les observations et informations que l’AS a pu recueillir. L’exemple de l’analyse
des besoins de Mme X. Madeleine à J + 7 va permettre à l’AS de réaliser ce jour
des soins de sa compétence, en réponse aux besoins perturbés et transmettre
à l’infirmière les difficultés de la personne. À J +  8, l’analyse des besoins
de Mme X. Madeleine sera réajustée en fonction de l’évolution de la situation, de
même à J + 9, J + 10, etc.

Raison de l’hospitalisation
Mme X. Madeleine.
Entrée le : 6 mars 2009 (J + 7 : nous sommes le 13 mars 2009).
Pour : syndrome occlusif en chirurgie générale.
Âge : 75 ans.

Présentation de la personne
Identité
♦ Nationalité : française.
♦ Aspect physique : pâle, les traits tirés, paraît très fatiguée.
♦ Visage : ridé, yeux noisette, cheveux châtain foncé, tendance grisonnante.
♦ Corpulence : 1,60 m pour 57 kg.
♦ Dynamisme : tonique, mais exprime une souffrance.
♦ Prothèses/Handicaps visibles : nombreuses dents manquantes.

L’observation aide-soignante 23
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La démarche de soins et l’observation

Situation familiale
Veuve, 6 enfants (2 filles et 4 garçons), 12 petits-enfants.
♦ Habitat/entourage : maison au rez-de-chaussée à la campagne, son fils
et sa belle-fille sont près d’elle, est entourée par de nombreux voisins.
♦ Professionnelle  : retraitée, a travaillé dans les champs et a élevé ses
enfants.
♦ Sociale : est à la Sécurité sociale, inscrite à une mutuelle, paie le forfait
journalier.

Vie neuro-sensorielle
Est consciente.
♦ Vision : lunettes pour voir de près.
♦ Parole : s’exprime sans problème, sans difficulté, langage compréhensible.
♦ Orientation/Temps : se repère bien (jour, année…).
♦ Orientation/Espace : se repère bien (est à l’hôpital…).
♦ Mémoire : se rappelle de nombreux souvenirs d’enfance, bonne mémoire
des faits récents.
♦ Autres éléments marquant la vie du patient et sa religion (si incidence
sur l’hospitalisation) : transférée du service de médecine où elle était traitée
pour un déséquilibre de son diabète.

Habitudes de vie
♦ Mme X. Madeleine marche relativement bien, prend une canne lorsqu’elle
sort de chez elle.
♦ Elle a un régime diabétique, boit de l’eau minérale ; ne fume pas.
♦ Elle est assez souvent constipée et prend régulièrement des laxatifs.
♦ Elle se lève vers 7 h 30/8 heures, fait une sieste après le repas, dort avec un
seul oreiller et un traversin.
♦ Elle fait sa toilette seule, préfère les bains (met du savon sur son visage, a
de l’eau de toilette) ; se dit coquette.
♦ Elle est autonome pour se vêtir et choisir ses vêtements.
♦ Elle n’est pas frileuse, se chauffe chez elle au poêle à bois.
♦ Sa belle-fille s’occupe d’elle ainsi que son fils, elle a des amis, voisins.
♦ Elle sort souvent avec ses enfants.

24
Cas concret : participation de l’aide-soignant à la démarche de soins

♦ Elle occupe ses journées en jardinant, regardant la télévision ; elle tricote


pour ses petits-enfants.

Hospitalisation ou placement et histoire


de la maladie
Antécédents médicaux et chirurgicaux
♦ Mme  X. Madeleine est diabétique (non insulinodépendante) depuis
10 ans.
♦ Elle présente une éventration (connue depuis 2 ans).
♦ Elle a des hémorroïdes ; est allée aux urgences il y a 1 mois pour une rec-
torragie.
♦ Elle a été opérée d’une hystérectomie et cholécystectomie en 1992, et
d’un cancer du pancréas en juillet 1995 (mais ne le sait pas).

Motifs et circonstances de l’hospitalisation


Elle est entrée dans le service de chirurgie générale le 6 mars pour syndrome
occlusif.

Environnement de la personne
Mme X. Madeleine dispose d’un lit « tous soins ». Elle a une voisine de 52 ans qui
est à J + 10.

Traitement et dispositifs médicaux


♦ À jeun.
♦ Traitement pour son diabète.
♦ Traitement pour lutter contre la douleur (morphine).
♦ Ce jour, Mme X Madeleine est porteuse d’une sonde gastrique et d’une
perfusion.

Évolution de l’état de la personne depuis son entrée


♦ Mme X. Madeleine est à J + 7.
♦ A eu le 11 mars la pose d’une sonde gastrique en aspiration douce.
♦ Il est prévu pour le 14 mars (demain) une gastro-entéro-stomie.

25
La démarche de soins et l’observation

Tableau des besoins de ce jour


Tableau : besoins d’un jour

Besoins Ressources de la Difficultés-Problèmes Soins AS ce jour


prioritaires personne pour satisfaire ce besoin
Ses capacités
Surveillance des – surveiller le pouls matin et soir : ce jour 76 puls/min
constantes – prendre la T° matin et soir, l’inscrire sur la feuille de T°, ce matin 36,8 °C

Boire et manger – respecte bien – à jeun


la prescription
– a une sonde – observer la quantité de liquide
gastrique aspiré (quantité, couleur, odeur)
– noter la quantité : 1 400 cc
ce matin, et changer le sac
Éviter les – évalue et – les mouvements – évaluer la douleur par l’inter-
dangers transmet sa et les mobilisations médiaire des échelles (EVA) et
douleur réveillent la douleur grilles (Doloplus), transmettre à
l’IDE
– assurer sa sécurité lors des
soins, lui donner la sonnette
Se mouvoir, – est très fatiguée et – au lit, l’aider à se mobiliser,
maintenir une reste au lit presque lui faire bouger ses articulations
bonne posture toute la journée pour empêcher les ankyloses
– l’installer afin d’éviter les
attitudes vicieuses
– lui proposer un moment au
fauteuil selon son état de fatigue
Communiquer – a de bonnes – exprime une certaine – aller la voir lorsqu’elle est
avec ses sem- relations, on sent anxiété car ne comprend seule, vérifier qu’elle n’a besoin
blables qu’elle a besoin pas bien ce qu’on doit de rien
de parler, est lui faire – être à son écoute et la laisser
agréable – ne sait pas tout sur s’exprimer, la rassurer (dans les
son état de santé limites de ses actions AS)
– ne parle pas de son – transmettre à l’équipe l’an-
intervention prévue xiété et sa « non-connaissance »
pour demain sur ce qui se passe

26
Cas concret : participation de l’aide-soignant à la démarche de soins

Besoins Ressources de la Difficultés-Problèmes Soins AS ce jour


prioritaires personne pour satisfaire ce besoin
Ses capacités
Respiration – respiration – perfusion d’un B27 au – prévenir les complications
Circulation calme bras gauche liées à la perfusion
– surveiller la perfusion et
dépister : douleur, gonflement
du bras, fuites, arrêt et prévenir
IDE
Être propre, – est coquette et – a des difficultés à – lui proposer sa toilette au
soigné, protéger attentive à son faire sa toilette, car elle bord du lit, l’aider en la faisant
ses téguments hygiène est fatiguée et gênée participer au maximum
par la perfusion
– a un pansement – renouveler le pansement
alcoolisé sur la main alcoolisé dans 6 heures
droite
– a son talon droit – mettre en place le protocole
rouge de prévention des escarres ;
surveiller l’état de la peau
Éliminer : – demande le – a une diurèse – observer les urines (quantité,
urines/selles bassin, le prend couleur, odeur) noter la diurèse :
seule lorsqu’il 1 200 cc
est placé à côté
d’elle
– n’est pas allée à la – transmettre l’absence de selles
selle depuis son entrée
Se vêtir, se – est pudique – a des difficultés à se – l’aider à enfiler sa chemise
dévêtir vêtir, car elle est gênée avec la perfusion
par sa perfusion au bras
gauche
– se dit gênée par la – quand elle se lève, être attentif
chemise de l’hôpital qui à sa pudeur, fermer la chemise
s’ouvre dans le dos
Se récréer, se – est très – dit qu’elle est trop – prévenir les visites de la
divertir occupée par ses fatiguée pour tricoter et fatigue de Mme X
nombreuses lire ses revues
visites
– regarde un
peu la TV

27
Chapitre 5

Transmissions
Généralités sur les transmissions
Les transmissions sont la suite logique de l’observation aide-soignante, du re-
cueil d’informations et des soins pratiqués au malade.
Elles permettent la continuité des soins, en signalant les événements significa-
tifs survenus pour la personne sur le plan physique et psychologique.
Les transmissions sont toujours de deux types : orales et écrites.
De nombreux documents existent au sein d’un service ; la mise en place d’un
dossier de soins permet de les uniformiser. L’aide-soignant, après avoir recueilli
les informations avant, pendant et après un soin, doit les transmettre oralement
et les transcrire sur les fiches spécifiques ou dans le dossier de soins.
Les transmissions vont se situer à deux niveaux :

Les deux niveaux de bilan des transmissions


Bilan de l’évolution de la personne Bilan des actions
Ce qui s’est PASSÉ Ce qui a été FAIT, ce qui reste à FAIRE
• état physique, degré de dépendance • actions faites par la personne elle-même
• état psychologique • actions faites par le soignant, observations
• comportement, réactions face à la situation • ce qui n’a pu être fait, mais qui a été observé et
• relation avec l’équipe, la famille sera fait ensuite
• ce qui a été dit, exprimé (avis, impression…) • ce qui a été observé, qui n’a pas trait au soin
exécuté et demande un suivi

Pour que les transmissions soient utilisables, les informations :

Les exigences formelles des transmissions


Sont rassemblées avec EXACTITUDE Sont mises en forme avec SIMPLICITÉ
Elles sont : Elles sont :
• justes • claires
• objectives • concises
• précises • ordonnées

L’observation aide-soignante 29
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La démarche de soins et l’observation

Les transmissions orales


Elles ont lieu au cours de la « relève », temps de chevauchement entre deux
équipes :
♦ équipe de nuit et équipe du matin ;
♦ équipe du matin et équipe de l’après-midi ;
♦ équipe de l’après-midi et équipe de nuit.
La relève est un temps d’expression et d’échange d’informations qui se fait prin-
cipalement entre les infirmières et les aides-soignantes ; elle peut aussi inclure
tout autre professionnel participant aux soins de la personne (kinésithérapeute,
psychologue…).
Elle permet au niveau des soins infirmiers de :
♦ donner les informations prioritaires sur un malade particulier au niveau
de ses besoins (alimentation, élimination…), de son comportement, de ses
demandes, etc. ;
♦ faire le point pour les infirmières sur les prescriptions médicales ;
♦ débattre sur des situations spécifiques, et élaborer en commun des stra-
tégies de soins ;
♦ mettre en place des objectifs de soins pour ensuite les évaluer et les réa-
juster ;
♦ assurer la qualité et la sécurité des soins pour le malade.
Elle permet au niveau de l’équipe de :
♦ renforcer la cohésion et la dynamique des professionnels ;
♦ redéfinir et réactualiser les pratiques de soins ;
♦ élaborer en collaboration des protocoles de soins infirmiers ;
♦ organiser l’accueil des stagiaires et leur encadrement.

Les transmissions écrites


Selon le choix de l’établissement, la forme et la rédaction des transmissions écri-
tes peuvent varier.

Diversité des transmissions écrites


Forme des transmissions Rédaction des transmissions
• traditionnelles et narratives • manuscrites
• ou ciblées avec les mentions : • ou informatisées
– données
– actions
– résultats

30
Transmissions

Selon la démarche du processus de soins et à partir de l’observation du malade,


le recueil de données et son analyse, les informations doivent mettre en lien :
♦ les problèmes de santé ;
♦ les soins réalisés ou en cours ;
♦ l’évaluation des résultats.
Les transmissions sont :
♦ obligatoires :
- elles doivent permettre d’assurer la continuité des soins ;
- elles doivent permettre d’assurer la traçabilité, la date et la signature
en laissant des traces écrites permettent d’identifier qui a fait le soin et
quand ! C’est un document légal ;
♦ datées, voire même horodatées :
- sur les documents réservés à cet usage (dossier de soins ou dossier de
soins informatisé),
- elles respectent la chronologie du temps ;
♦ signées :
- elles identifient le soignant par sa qualification (AS, IDE, autre profes-
sionnel…),
- elles engagent la personne qui est responsable de ce qu’elle a fait et de
ce qu’elle écrit,
- l’écriture doit être lisible et les abréviations adoptées connues de tous.
Les transmissions ciblées répondent parfaitement à ces critères.

Les transmissions ciblées


Créées par une infirmière aux USA, elles ont été introduites en France en 1986
par Cécile Boisvert.
C’est une méthode d’organisation écrite des transmissions qui favorise l’amélio-
ration du contenu des notes des observations infirmières et aides-soignantes et
qui met la personne et/ou ses proches, au centre des préoccupations des soi-
gnants.
Elle permet :
♦ une saisie rapide des informations, d’éviter les retranscriptions, et un gain
de temps facilité par :
- l’utilisation d’un langage commun par une formulation de l’informa-
tion sous forme de CIBLE et en DAR (données, actions, résultats),
- une clarté et une lisibilité de l’activité de soins qui cible les événements
significatifs pour une personne et pour une période donnée (éléments
survenus, réactions, actions entreprises et leurs effets) ;
♦ une réelle continuité des soins pour une meilleure qualité des soins ;

31
La démarche de soins et l’observation

♦ la communication interdisciplinaire ;
♦ une valorisation du rôle propre infirmier et du rôle des aides-soignants.
Le principe des transmissions ciblées repose sur l’utilisation de 2 outils insépa-
rables :
♦ la fiche des transmissions ciblées ;
♦ le diagramme de soins.
Pour une cohérence et une utilisation optimale des transmissions ciblées ces
deux outils ne vont pas l’un sans l’autre.

Fiche des transmissions ciblées


La fiche des transmissions ciblées Exemple de fiche
Elle permet de repérer : Transmissions
• les événements significatifs pour la Date Cibles D (Donnée) A (Action) Signature
personne R (Résultat)
• l’existence de difficultés ou de D:
problèmes A:
R:

Diagramme de soins
Le diagramme Exemple de diagramme
de soins
Il permet : Étiquette Date 14 juin 15 juin 16 juin
• de visualiser les M S N M S N M S N
soins
– qui ont été faits Soins de Toilette, bain… ℑ ℑ ℜ
– ceux qui restent Base ………
à faire
Soins Pansement… © © ©
• une traçabilité
des soins (qui a techniques ………
fait le soin et Information… ℘
Soins
quand !)
relationnels ………
Signature IDE/AS : (initiales ℑ,
ℜ, ©, ℘)
Équipe : M (matin) / S (soir) / N (nuit)

32
Transmissions

La Cible
Qu’est ce qu’une cible ?
La cible est un énoncé concis :
♦ de ce qui arrive au malade ;
♦ de ses réactions au problème de santé.
La cible n’est jamais :
♦ un diagnostic médical (bronchite, infection urinaire…) ;
♦ un soin ou un protocole de soins, ou une tâche infirmière ou aide-
soignante (toilette, diurèse…) ;
♦ un jugement de valeur (malade infernal…).

La cible : exemples
Une préoccupation de la Un changement dans l’état Une réaction à la maladie ou
personne soignée. de santé, un symptôme ou un aux soins.
Exemples : changement de comportement. Exemples :
• anxiété Exemples : • douleur
• altération de l’autonomie • dyspnée • peur
• fuites urinaires • encombrement bronchique • fatigue
• modification de l’image • perte de poids • hyperthermie
corporelle • perte d’appétit • vomissements
• peur de connaître la vérité • fausse route • diarrhée
• modification du traitement • désorientation • constipation
• anxiété face au transfert • difficulté de communication • éruption cutanée
dans un autre service • lassitude • somnolence
• conflit relation/équipe • pleurs • difficulté à déglutir
• conflit relation/famille • agressivité • refus de soins
• troubles du sommeil
CIBLE
L’intervention d’un autre Un événement au cours Un diagnostic infirmier.
service ou professionnel de de l’épisode de soins. Exemples :
santé. Exemples : • altération de la mobilité
Exemples : • bilan à but diagnostic physique
• diététicienne • préparation pour examen • atteinte à l’intégrité de la
• psychologue • préparation pour bloc peau
• chirurgien opératoire • perturbation de l’estime de
• médecin spécialiste • retour du bloc opératoire soi
• service social • prévision de sortie • perte d’espoir
• deuil

33
La démarche de soins et l’observation

Le DAR (Données – Actions – Résultats)


Les données
Les données sont :
♦ des observations ;
♦ des informations ;
♦ des signes ;
♦ des faits précis.
Elles expliquent et aident à comprendre ce qui se passe, elles explicitent et va-
lident la cible.

Données : exemples
Cible fatigue • n’a pas voulu se lever pour sa toilette
• dit qu’elle se sent épuisée au réveil
• pâleur
Cible anxiété • a des difficultés à s’endormir
• sonne plusieurs fois
• demande s’il va falloir l’opérer de sa grosseur au sein
Cible douleur • dit qu’il a mal à sa jambe, grimace, est agité
en collaboration • pouls 120, échelle de douleur 8/10
AS • TA : 17/9
IDE

Les actions (ou interventions)


Ce sont les réponses apportées ou à apporter, en lien avec la situation, basées
sur l’analyse des données.
Elles précisent les interventions en soins :
♦ soins aides-soignants ;
♦ soins en collaboration IDE/AS ;
♦ soins infirmiers.
Elles sont centrées :
♦ sur la personne soignée en ce qui concerne le rôle propre :
- soins de confort et de maintien de l’autonomie,
- soins relationnels (communication, information),
- soins éducatifs ;
♦ sur la pathologie en ce qui concerne les soins sur prescription médicale
et réalisés par les infirmières (prévenir le médecin, exécuter les prescriptions,
mettre en place des protocoles, etc.)
34
Transmissions

Actions mises en place en fonction des données vues ci-dessus


Cible fatigue • proposer de décaler l’heure de la toilette plus tard dans la matinée
Cible anxiété • écouter ses préoccupations,
• faciliter l’expression
• l’informer de la visite du médecin qui passera après retour des examens en fin
de matinée
• proposer de repasser dans une heure
Cible douleur • appel de l’interne de garde : injection de morphine toutes les six heures
en collaboration • pose d’un arceau
AS IDE

Les résultats
Après la mise en place des actions, ils permettent d’évaluer les changements
éventuels dans l’état de santé de la personne :
♦ amélioration ;
♦ pas de changement ;
♦ aggravation.
Selon les résultats, la cible est fermée, réexaminée, ou une nouvelle cible est
ouverte.
Résultats en fonction des actions mises en place ci-dessus.
Cible fatigue • est satisfaite de sa toilette qui a eu lieu à 10 h 30
• se dit plus reposée
Cible anxiété • une heure plus tard, la personne est endormie
Cible douleur • une heure plus tard évaluation de la douleur à 3/10
• se dit soulagée

Exemple
Exemple de fiches de transmissions ciblées sur 3 malades
Mme X. Yvonne
Date Cibles Transmissions Signature
06/06/2004 Fatigue D (Donnée) : n’a pas voulu se lever pour sa toilette, Mme Dupont
8 h 00 dit qu’elle se sent épuisée au réveil, pâleur AS
11 h 00 A (Action) : proposer de décaler l’heure de la
toilette plus tard dans la matinée
R (Résultat) : est satisfaite de sa toilette qui a eu
lieu à 10 h 30, dit qu’elle est plus reposée

35
La démarche de soins et l’observation

Mme Y. Jeanne
Date Cibles Transmissions Signature
06/06/2004 Anxiété D (Donnée) : a des difficultés à s’endormir, sonne Mme Durand AS
22 h 00 plusieurs fois, demande s’il va falloir l’opérer de sa
23 h 00 grosseur au sein
A (Action) : écouter ses préoccupations, faciliter
l’expression, l’informer de la visite du médecin
qui passera après le retour des examens en fin
de matinée demain, proposer de repasser dans
une heure
R (Résultat) : est endormie

M. Z. René
Date Cibles Transmissions Signature
06/06/2004 Douleur D (Donnée) : dit qu’il a mal à sa jambe, souffre IDE
18 h 00 à 8/10 (sur l’échelle d’évaluation de la douleur), Mme Dublé IDE
19 h 00 grimace, est agité ; pouls 120, TA : 17/9
A (Action) : pose d’un arceau ; appel de l’interne
de garde : injection de morphine toutes les six
heures
R (Résultat) : évaluation de la douleur à 3/10, dit
qu’il est soulagé

Critères d’évaluation de la transmission


1. Les cibles sont :
a. écrites en langage clair et synthétique ;
b. centrées sur la personne soignée, et répondent à un changement dans
l’état physique, à une préoccupation de la personne soignée, à une réac-
tion à la maladie ou aux soins, à un événement au cours de l’épisode de
soins, à un diagnostic infirmier et à l’intervention d’un autre service ou
professionnel de santé ;
c. évoluent par rapport à l’état de santé de la personne.
2. Les données :
a. donnent les informations, signes et faits précis ;
b. explicitent et valident la cible.
3. Les actions :
a. sont en lien avec la cible et les données ;
36
Transmissions

b. se situent au niveau de différents champs de compétence dans le ca-


dre du rôle propre et en collaboration IDE/AS pour les aides-soignantes et
dans le cadre de la prescription médicale pour les infirmières.
4. Les résultats :
a. chaque action est suivie d’un résultat à plus ou moins long terme ;
b. en fonction de leur présence, ils permettent de fermer la cible, ou d’en
ouvrir éventuellement une autre.

Le diagramme de soins (ou diagramme d’actions)


Le diagramme de soins fait partie du dossier de soins. Il est le support complé-
mentaire et l’outil inséparable des transmissions ciblées.
Il se présente sous la forme d’un graphique et permet aux infirmières et aides-
soignantes de visualiser et valider les soins pratiqués auprès du malade.
C’est un outil synthétique qui contribue à assurer la continuité des soins et per-
met de gagner du temps dans la transmission écrite des soins répétitifs.
C’est un outil de validation des soins infirmiers par les IDE et les AS (éventuelle-
ment d’autres professionnels de santé).
C’est le tableau de bord du suivi de la personne soignée :
♦ il enregistre les activités de soins auprès de la personne soignée et de sa
famille ;
♦ il donne une vision globale de l’évolution de la demande en soins, et du
degré de dépendance de la personne soignée ;
- il valorise les actes relevant du rôle propre infirmier, spécialement les
soins relationnels et éducatifs qui apparaissent peu souvent dans les
transmissions,
- il assure la traçabilité des soins réalisés et peut servir de preuve au ni-
veau juridique et institutionnel (chaque acte étant daté et signé).

Élaboration du diagramme de soins

„„ Lister les soins du diagramme


Le diagramme de soins est structuré par les soignants qui vont l’utiliser. Ces der-
niers recensent les soins répétitifs systématiques et réguliers dans leur service.
Selon les services, les soins listés seront en lien avec les pathologies des malades.
Si dans les services, en général, on retrouve toujours les soins tels que la toilette,
le bain, les préventions d’escarres, etc. :
♦ un service de chirurgie fera aussi apparaître des soins spécifiques tels que
la surveillance de plâtre, la traction, la pose/surveillance, etc. ;
♦ alors que dans un service de gériatrie, on notera l’aide au repas, l’accom-
pagnement aux WC, la participation aux activités, etc.
Chaque diagramme est donc spécifique à une unité de soins.
37
La démarche de soins et l’observation

„„ Classer les soins listés


Les soins listés et reconnus comme les plus fréquents (ils sont dits prévalents)
dans le service sont alors classés en rubriques.
Plusieurs choix sont possibles dans l’intitulé des rubriques.

Rubriques du diagramme de soins


OU
• Soins de base • Soins du rôle propre
• Soins techniques • Soins de surveillance
• Soins relationnels et éducatifs • Soins sur prescription médicale

N.B. Des cases vierges sont prévues pour permettre de noter des soins non
répertoriés dans le diagramme du service, car non fréquents ou exception-
nels pour ce service.

Exemple
Un malade porteur d’une stomie depuis plusieurs années, est hospitalisé
en chirurgie orthopédique : le soin « changement de poche de stomie » va
apparaître ponctuellement sur le diagramme de soins.

Exemple de diagramme de soins dans un service de personnes âgées


Étiquette Date 15 juin 16 juin 17 juin 18 juin
M S N M S N M S N M S N
Toilette/bain/douche
Petits soins d’hygiène
(rasage, yeux)
Habillage/déshabillage
Soins de bouche
Prothèses dentaires/
auditives
Capiluve/pédiluve
Soins de base Installation repas
Aide au repas
Collation
Surveillance hydrique
Pose de bas de contention
Aide lever/coucher
Aide à la marche
Mise au fauteuil
Surveillance transit

38
Transmissions

Étiquette Date 15 juin 16 juin 17 juin 18 juin


M S N M S N M S N M S N
Pose bassin/urinal
Accompagnement WC
Soins stomie digestive
cicatrisée
Change/étui
pénien
Surveillance urines/
diurèse
Poche à urines/
surveillance/
Soins de base
vidange
Matelas mousse
Barrières de
sécurité
Prévention
d’escarres
Soins d’escarres
Changements de
position
Autres…
Prélèvements
sanguins
Médicaments
(préparation et prise)
Soins techniques
Pansements
Aérosols
Perfusion/
injection
Accueil
Information à la personne
soignée
Information à la
famille
Soins relationnels Éducation malade/
famille
Soutien
psychologique
Accompagnement fin
de vie
Signature IDE, AS

M : matin/S : soir/N : nuit

39
La démarche de soins et l’observation

Dans ce diagramme de soins, les soins de base et les soins relationnels sont de la
compétence des IDE et AS.
Les soins techniques ou sur prescription sont de la compétence des IDE.

Utilisation du diagramme
Pour être compris par tous, un guide d’utilisation peut faciliter l’usage du dia-
gramme. Il est construit par l’équipe et comporte les informations nécessaires
pour le rendre adapté, performant, sécuritaire et légal.
Il doit être réévalué pour être réactualisé après un temps d’utilisation.
♦ Pour une validation immédiate, le diagramme de soins doit être facile-
ment accessible. À la sortie du malade, il sera rangé dans le dossier de soins.
♦ Tous les soins réalisés doivent être validés ; si un soin n’existe pas dans le
diagramme, le noter et le valider dans la rubrique « autres ».
♦ Après chaque soin effectué, le soignant IDE, AS, doit le valider dans la case
correspondant aux soins, et au moment où il a été réalisé M (matin), S (soir),
N (nuit) :
- soit en cochant les cases et en signant en bas de la colonne ; ceci
est facilement réalisable dans les unités où la sectorisation est mise
en place, et où chaque colonne retrace les soins effectués par la même
personne,
- soit en inscrivant ses initiales dans la case concernée ; lorsque plusieurs
IDE ou AS interviennent auprès de la même personne ; chaque soin réa-
lisé devant être signé par la personne qui l’a pratiqué pour une meilleure
traçabilité des soins et l’engagement de responsabilité.
(Le cadre infirmier du service a au préalable élaboré un protocole de signatures
avec la liste des soignants avec leur signature et leurs initiales. Cette liste lui res-
tant confidentielle.)
♦ Tout soignant doit valider les soins qu’il a pratiqués : IDE, AS, étudiants en
soins infirmiers, élèves AS, personnel de remplacement, etc.
♦ Les cases servent uniquement à valider le soin, aucune autre information
ne doit apparaître (pouls, TA…).
♦ La couleur rouge (ou le surlignage en fluo) est réservée pour mettre en
évidence et de façon lisible la lettre T (transmissions), qui renvoie à une
transmission ciblée (donnée, action, résultat) dans le dossier de soins, qui
permet de décrire le problème du jour.

Critères d’évaluation du diagramme de soins


♦ Le diagramme est présent et facilement accessible au soignant.
♦ La référence à une cible, lorsqu’elle existe, est clairement identifiée.

40
Transmissions

♦ Les soins listés sont prévalents par rapport à la population soignée.


♦ Les soins sont validés par les soignants (croix et signature ou initiales).
En conclusion, la mise en place des transmissions ciblées est un travail exigeant
qui s’inscrit dans une démarche qualité et suppose une remise en question des
soignants :
♦ dans leur pratique professionnelle ;
♦ et dans leur organisation de travail.

41
Partie II

Les besoins
physiologiques

6 Besoin de respiration/circulation 45

7 Besoin de boire et de manger 51

8 Besoin d’éliminer 59

9 Besoin de se mouvoir/maintenir une bonne posture 67

10 Besoin d’être propre et protéger ses téguments 73

11 Besoin de se vêtir et de se dévêtir 79

12 Besoin de dormir et se reposer 85

13 Besoin de maintenir la température de son corps


dans les limites de la normale 91

14 Besoin d’éviter les dangers (sur le plan physique) 97


Les besoins physiologiques

L’aide-soignant, au cours des soins, va observer des signes ou des comporte-


ments qui expriment une difficulté ou plusieurs difficultés qui risquent d’évoluer
vers un problème. La deuxième partie de ce livre traite des besoins physiologi-
ques de la personne, la troisième de ses besoins psychosociaux selon le modèle
de Virginia Henderson.
Après un bref rappel des signes et comportements manifestant la satisfaction
du besoin aux différentes étapes de la vie, nous verrons tour à tour :
♦ La présentation de manifestations ou difficultés de la personne, que le
soignant peut observer au niveau de signes physiques ou par l’expression
de mots ou par un comportement non verbal (grâce à des mimiques, attitu-
des, gestes). La transmission à l’infirmière de ces signes ou comportements
observés permettra à celle-ci de juger et déterminer :
1) si elle les transmet directement au médecin, car liés à une pathologie
médicale ;
2) si elle peut mettre en place des actions dans le cadre de son rôle pro-
pre et avec la collaboration de l’aide-soignant.
♦ Les causes et facteurs favorisants entraînant des perturbations du besoin.
♦ Le rôle de l’aide-soignant face à ces signes et manifestations, pour éviter
qu’une difficulté passagère ne devienne un problème qui s’inscrit dans la
durée, et ceci dans les limites de sa fonction.
♦ L’énoncé d’un ou plusieurs diagnostics infirmiers liés à ce besoin.

44
Chapitre 6

Besoin de respiration/
circulation
Une respiration normale est calme, régulière, souple et silencieuse, elle est
libre et aisée au repos comme à l’effort et revient rapidement au calme lors
de périodes d’émotions, elle procure un sentiment de bien-être. La peau et les
muqueuses sont rosées.
La personne adopte spontanément des postures qui dégagent sa cage
thoracique.
Le système cardio-vasculaire règle le débit sanguin en fonction de l’effort et des
besoins de l’organisme.

Manifestations et particularités du besoin


Enfant Adolescent Jeune adulte Adulte retraité Personne
âgée
– 20 à 30 cycles/ – 18 à 20 mvts/ – 16 à 18 mvts/ – diminution – diminution
min resp/min resp/min de l’amplitude de la capacité
– peut tousser, – découvre la ci- – conduite respiratoire vitale
cracher, se garette et adopte tabagique – essouffle- – recherche la
moucher et est une conduite – chez la ment à l’effort position semi-
conscient de sa face au tabac femme enceinte, – modifications assise
respiration augmentation de du rythme – fragilité
– peut faire une la consommation cardiaque aux infections
inspiration forcée en oxygène respiratoires
– rythme cœur/ – compressions – ralentissement
puls/min : vasculaires du rythme
65/125 – rythme cœur : cardiaque
60/80 – fragilité
capillaire
– rythme cœur :
60/70

L’observation aide-soignante 45
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La démarche de soins et l’observation

Altération du besoin. Observation


de manifestations ou difficultés
L’altération du besoin de respirer peut se manifester par :
♦ une difficulté à respirer ;
♦ une difficulté pour la personne à libérer ses voies respiratoires.
Elle peut présenter un ou plusieurs des signes suivants.

Observation des signes physiques


♦ L’amplitude respiratoire devient courte, superficielle, profonde, exagérée
(ou hyperpnée) et les mouvements thoraciques se modifient.
♦ Le rythme devient irrégulier, la fréquence s’accélère (polypnée), diminue
(bradypnée) ou présente des pauses (apnée).
♦ Le malade « cherche » l’air ; les ailes du nez battent, le sternum, la clavicule
ou le creux épigastrique sont creusés (tirage) ; les lèvres sont pincées.
♦ Des signes de gêne respiratoire apparaissent : dyspnée à l’effort ou en
position couchée (dyspnée de décubitus).
♦ La respiration est bruyante : râles, gargouillements, sifflement.
♦ Modification de la couleur de la peau et des muqueuses ; peau froide et
moite ; présence de cyanose : les muqueuses (lèvres) et extrémités (ongles)
sont bleutées.
♦ Toux avec ou sans expectorations (crachats), présence de sang.
♦ Confusion, somnolence, agitation.
♦ Modification du pouls, tachycardie.
♦ Suffocation.
♦ Dyspnée avec agitation et toux.
♦ Apparition d’œdème, diminution de la diurèse.
♦ Engourdissements, picotements, crampes, douleur, rougeur, lourdeur au
niveau des jambes.

Observation du comportement de la personne

Comportement non verbal


La personne :
♦ se met spontanément en position assise, les mains sur les genoux,
penchée en avant ;
♦ s’agite, a un regard apeuré, transpire, son attention est concentrée sur sa
respiration.

46
Besoin de respiration/circulation

Comportement verbal
La personne :
♦ exprime une sensation de gêne respiratoire, une sensation de chaleur ;
♦ se plaint de fatigue, de douleur ;
♦ dit qu’elle a l’impression d’étouffer, de suffoquer ;
♦ demande ce qui se passe, a une voix inquiète, dit qu’elle est angoissée ou
qu’elle a peur.

Causes et facteurs favorisants


Les pathologies médicales et chirurgicales les plus fréquemment rencontrées
entraînant une perturbation du besoin de respirer et d’avoir une circulation
sanguine adéquate sont les broncho-pneumopathies, les cardiopathies, comas,
embolie pulmonaire, œdème aigu du poumon, accident vasculaire cérébral,
traumatisme thoracique, etc.
Outre ces pathologies, l’altération de ce besoin peut être liée à des facteurs bio­
logiques ou psychologiques :
♦ la présence de sécrétions ;
♦ le sevrage de la ventilation assistée ;
♦ la diminution des échanges gazeux : oxygène, gaz carbonique ;
♦ la douleur ;
♦ l’anxiété, la fatigue ;
♦ la diminution de la mobilité ;
♦ le vieillissement ;
♦ la méconnaissance de la personne pour dégager efficacement ses voies
respiratoires ou pour tousser efficacement.

Rôle de l’aide-soignant
Transmettre à l’infirmière ces manifestations. La prévenir d’urgence en cas
d’apparition brutale de ces signes.
Ceux-ci peuvent être les symptômes de certaines pathologies respiratoires qui
seront diagnostiquées par le médecin. L’infirmière exécute les soins sur prescription
et l’aide-soignant veille aux soins d’hygiène et de confort.
Pour éviter qu’une difficulté passagère ne devienne un problème qui s’inscrit dans
la durée, dans le cadre du rôle propre de l’infirmière et avec sa collaboration, les
interventions de l’aide-soignant et sa surveillance porteront sur tous ces points
d’observation.

47
La démarche de soins et l’observation

♦ Mesurer la fréquence respiratoire et observer le retour à la normale des


anomalies (couleur de la peau, dyspnée, anxiété…), mesurer la fréquence
cardiaque : le pouls, la tension artérielle.
♦ Procurer un environnement tranquille, avec une lumière douce.
♦ Mettre la personne en position semi-assise, installer correctement les
oreillers pour qu’ils favorisent l’expansion thoracique, ou surélever la tête
du lit.
♦ La stimuler à tousser, lui expliquer comment s’y prendre lors d’efforts de
toux et l’encourager pour être efficace et ramener des expectorations ; en
cas de zone douloureuse : douleur abdominale ou thoracique, soutenir cette
région devant la toux douloureuse.
♦ En présence d’œdème, surélever le membre et proposer des vêtements
amples.
♦ Aérer l’environnement et humidifier l’air.
♦ Pendant les périodes d’activité (toilette, marche, repas…), favoriser des
périodes de repos.

En cas de sécrétions
♦ Procurer des mouchoirs en papier et un crachoir.

En cas de douleur
♦ Se mettre à son écoute pour qu’elle exprime sa douleur, l’aider à trouver
une position antalgique et qui favorise la respiration et observer les
caractéristiques de la douleur et les facteurs qui l’augmentent ou qui la
diminuent.
♦ Évaluer la douleur par l’intermédiaire d’échelles d’évaluation et
de grilles adaptées.

En cas d’anxiété
♦ Permettre à la personne de l’exprimer et répondre à ses interrogations
lors des soins, lui expliquer clairement et simplement ce qu’on lui fait.

En cas de diminution de la mobilité (sauf contre-indication)


♦ L’aider à se mobiliser et selon la tolérance lui dire de se mouvoir le plus
possible, faire les changements de position à heures régulières, l’asseoir au
bord du lit, la mettre au fauteuil, l’aider à marcher (mettre à disposition :
canne, cadre de marche…).

Collaboration au diagnostic infirmier


Si des difficultés persistent malgré les interventions de l’infirmière dans le
cadre de son rôle propre avec la collaboration de l’aide-soignant, on parlera
48
Besoin de respiration/circulation

de problèmes qui peuvent faire référence aux diagnostics infirmiers suivants


(classification et définitions ANADI).
1.4.2.1.  Diminution du débit cardiaque
Quantité de sang pompé dans le cœur insuffisante pour assurer l’irrigation
­tissulaire.
1.5.1.1.  Perturbation des échanges gazeux
Diminution des échanges d’oxygène et/ou de gaz carbonique entre les alvéoles
­pulmonaires et le système vasculaire.
1.5.1.2.  Dégagement inefficace des voies respiratoires
Incapacité de libérer les voies respiratoires des obstructions qui entravent le libre
passage de l’air.
1.5.1.3.  Mode de respiration inefficace
Façon d’inspirer et/ou d’expirer ne permettant pas de remplir ou de vider correcte-
ment les poumons.
1.5.1.3.1.  Incapacité de maintenir une respiration spontanée
Diminution des réserves énergétiques rendant la personne incapable de mainte-
nir une respiration suffisante pour assurer ses besoins vitaux.
1.5.1.3.2.  Intolérance au sevrage de la ventilation assistée
Incapacité de s’adapter à une diminution de la ventilation mécanique, ce qui inter-
rompt et prolonge le processus de sevrage.
6.1.1.1.1.  Risque de dysfonctionnement neurovasculaire périphérique
Risque de trouble circulatoire, sensoriel ou moteur dans un membre.
Le diagnostic infirmier posé, l’infirmière, en collaboration avec l’aide-soignant
et l’équipe, mettra en place des objectifs de soins et une planification des
actions pour permettre à la personne de retrouver totalement ou partiellement
l’indépendance de ce besoin.

49
Chapitre 7

Besoin de boire et de manger


Une bonne hydratation peut s’évaluer à l’élasticité de la peau et à une certaine
humidité de la langue et des muqueuses. Une bonne nutrition s’évalue en fonc-
tion du rapport staturo-pondéral de la personne qui présente de même une
résistance à l’infection et une bonne cicatrisation. L’alimentation doit être variée,
l’hydratation suffisante, et l’apport calorique doit être en rapport avec l’âge et
l’énergie requise.
Manifestations et particularités du besoin
Enfant Adolescent Jeune adulte Adulte retraité Personne âgée
–chute des dents –a des besoins –équilibre son –tendance à –diminution de
de lait énergétiques im- apport calorique la surcharge la sensation de
–apprentissage portants, mange et les dépenses pondérale faim, altération
du contrôle de beaucoup énergétiques –digestion plus de la sensation
l’appétit –découvre –contrôle son lente, doit boire de soif
–connaît les l’alcool poids 1,5 l d’eau par –fonte de la
règles d’hygiène –risque de –chez la femme jour masse muscu-
liées aux repas conduites enceinte, néces- –diminution laire
–a des goûts alimentaires sité de l’augmen- des besoins –problèmes
de plus en plus fantaisistes et tation de l’apport caloriques dentaires et de
précis excessives : ano- en lait, eau, mastication
rexie, boulimie légumes –tendances à
l’hypocondrie

Altération du besoin. Observation


de manifestations ou difficultés
L’altération du besoin de s’alimenter et/ou de s’hydrater peut se manifester par
une difficulté à manger et/ou à boire, un amaigrissement, une obésité…
Elle peut présenter un ou plusieurs des signes suivants.

Observation des signes physiques


♦ Régurgitations, efforts pour vomir, nausées et/ou vomissements.
♦ Toux en mangeant ou en buvant.
♦ Gêne ou douleur à la déglutition.
L’observation aide-soignante 51
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Les besoins physiologiques

♦ Suffocation.
♦ Altération de la muqueuse buccale : douleur, lésions, plaque blanche,
langue saburrale (blanche et chargée), bouche sèche, ulcérations, inflamma-
tion, saignements.
♦ Dents brisées, cariées, manquantes, prothèse dentaire mal adaptée (trop
grande ou trop petite).
♦ Douleur abdominale, crampes, borborygmes, sensation de malaise au ni-
veau de l’estomac.
♦ Poids inférieur ou supérieur au poids idéal (rapport poids/taille/âge), em-
bonpoint, obésité ou maigreur.
♦ Perte de poids malgré une ration alimentaire adéquate.
♦ Manque de tonus musculaire, ongles cassants, pâleur des conjonctives et
des muqueuses, perte excessive des cheveux.
♦ Peau et muqueuses sèches, soif.
♦ Modifications des urines : urines concentrées (oligurie), ou diluées, aug-
mentation ou diminution de la diurèse.
♦ Modifications du transit intestinal : diarrhée, constipation.
♦ Asthénie.

Observation du comportement de la personne


Comportement non verbal
La personne :
♦ présente des difficultés pour mâcher ou pour avaler ;
♦ manifeste de l’anxiété au moment d’avaler, garde les aliments dans la
bouche ;
♦ ne mange pas assez, ou manque de nourriture par rapport à une ration
alimentaire équilibrée ;
♦ montre un désintérêt pour la nourriture ;
♦ manifeste un dégoût pour la nourriture ;
♦ ne boit pas assez (moins d’1 litre d’eau par jour) ;
♦ refuse de s’alimenter, s’hydrate très peu ;
♦ grignote toute la journée, a de mauvaises habitudes alimentaires : mange
en lisant, en regardant la télévision… ;
♦ mange ce qui lui plaît, ne suit pas son régime, se fait apporter des ali-
ments défendus par ses proches ;
♦ a du mal à mobiliser ses membres supérieurs, est maladroite dans ses
mouvements (tremblements, faiblesse, douleur articulaire, handicaps, appa-
reillage…) ce qui l’empêche de s’alimenter correctement (porter les aliments
à sa bouche, prendre des liquides…).

52
Besoin de boire et de manger

Comportement verbal
La personne dit/exprime :
♦ qu’elle n’a pas faim, qu’elle ne se sent pas capable de manger ;
♦ qu’elle n’a plus de goût pour les aliments, qu’elle n’éprouve pas de plaisir
à manger ;
♦ qu’elle a peur de s’étouffer en mangeant, ou « que cela ne va pas pas-
ser » ;
♦ que sa prothèse dentaire la gêne, lui fait mal ;
♦ qu’elle réduit sa boisson par crainte de l’incontinence ;
♦ ses difficultés à suivre un régime : « Ce n’est pas bon ; cela manque de
saveur ; j’ai faim entre les repas ; je n’aime pas ces aliments nouveaux ; je me
sens fatiguée ; cela ne sert à rien… » ;
♦ qu’elle mange tout le temps pour se réconforter ;
♦ un manque d’information ou des informations erronées ou des fausses
idées sur la ration alimentaire, les régimes ou l’équilibre alimentaire ;

Causes et facteurs favorisants


Les pathologies médicales et chirurgicales les plus fréquemment rencontrées
entraînant une perturbation du besoin de boire et manger sont : un état patho-
logique de la muqueuse buccale (traumatismes mécaniques), les pathologies
digestives, une infection, des maladies neurologiques (accident vasculaire cé-
rébral, maladie de Parkinson), musculaires ou squelettiques, une paralysie, une
baisse de la conscience, la dépression.
Outre ces pathologies, l’altération de ce besoin peut être liée à des facteurs
biologiques, psychologiques ou socioculturels :
♦ certaines pathologies entraînant des effets au niveau de la bouche —
déshydratation, respiration par la bouche — ou certains traitements (diète,
médicaments, chimiothérapie, irradiation…) ;
♦ la douleur ;
♦ la fatigue, la faiblesse ;
♦ l’anxiété, un état dépressif, la solitude ;
♦ le vieillissement ;
♦ la sédentarité ;
♦ de mauvaises habitudes alimentaires, un apport excessif ou insuffisant
d’aliments ;
♦ une mauvaise hygiène dentaire ;
♦ des difficultés économiques et/ou psychologiques ;
♦ un manque de connaissances, des fausses idées ou des informations erro-
nées sur l’alimentation ;

53
Les besoins physiologiques

♦ des habitudes culturelles différentes ;


♦ des interdits religieux par rapport à l’alimentation ;

Rôle de l’aide-soignant
Transmettre à l’infirmière ces manifestations. La prévenir d’urgence en cas d’appari-
tion brutale de ces signes.
Ceux-ci peuvent être les symptômes de certaines pathologies digestives qui seront
diagnostiquées par le médecin. L’infirmière exécute les soins sur prescription et
l’aide-soignant veille aux soins d’hygiène et de confort.
Pour éviter qu’une difficulté passagère ne devienne un problème qui s’inscrit dans
la durée, dans le cadre du rôle propre de l’infirmière et avec sa collaboration, les
interventions de l’aide-soignant et sa surveillance porteront sur tous ces points
d’observation.

♦ Peser la personne régulièrement ou en fonction des prescriptions.


♦ Lui demander de parler de ses habitudes alimentaires, de ses goûts et
préférences.
♦ Lui demander si elle a des restrictions alimentaires imposées par sa reli-
gion ou sa culture.
♦ Favoriser l’apport hydrique (sauf contre-indication), proposer souvent à
boire (surtout aux personnes âgées), vérifier que l’eau soit toujours en quan-
tité suffisante (changer les bouteilles d’eau, remplir les carafes), proposer des
liquides variés (jus de fruits, tisanes…).
♦ Noter les apports et les pertes quotidiennes de liquide.
♦ Aider la personne à choisir au menu des aliments à son goût.
♦ Vérifier l’état de la bouche et son intégrité.

Lors des repas


♦ Installer la personne dans une position confortable, en cas de douleur,
l’aider à trouver la position antalgique.
♦ Créer un environnement calme et agréable, vérifier que le plateau cor-
responde bien à celui de la personne, et que tous les couverts, verre, carafe
d’eau, serviette soient présents, les placer à portée.
♦ Soigner la présentation pour stimuler l’appétit et servir les aliments
chauds, ne pas tout mélanger dans l’assiette (sucré et salé), surtout si le repas
est mouliné.
♦ Aider la personne dépendante (fatigue, handicap, plâtre…) : ouvrir les
barquettes, les pots, rompre les sachets, couper les aliments, éplucher les
fruits, rompre le pain, etc.
♦ Inciter à boire souvent (sauf contre-indication), proposer des liquides va-
riés selon le goût de la personne.
54
Besoin de boire et de manger

♦ En cas de fatigue, proposer en début de repas les aliments les plus nutri-
tifs, et des aliments faciles à mastiquer, laisser manger seule au début, l’assis-
ter par la suite.
♦ Conseiller de manger lentement et de bien mastiquer, respecter le rythme
de la personne que l’on aide à manger, ne pas brusquer, laisser le temps
de « souffler » entre 2 cuillères, faire des pauses, proposer à boire entre les
bouchées.
♦ À la fin du repas, proposer une hygiène dentaire.
♦ Noter tout changement au niveau de la quantité des aliments ingérés, si
besoin établir une fiche repas.
♦ Encourager la personne dans ses efforts, la féliciter.

En cas de difficulté de déglutition


♦ Avant de nourrir la personne, s’assurer qu’elle peut avaler sa salive.
♦ L’installer le dos droit bien calé par des oreillers ; au fauteuil, les pieds sont
bien à plat ou sur un tabouret.
♦ Réduire les sources de distraction, éteindre la télévision ou la radio, assu-
rer l’intimité de la personne pour la faire manger.
♦ Veiller à ce qu’elle reste concentrée sur ce qu’elle fait en lui disant quoi
faire au besoin : « Mâchez bien, amenez la nourriture sur votre langue, ava-
lez. »
♦ Commencer par donner de petites portions, puis augmenter progressive-
ment.
♦ Commencer par des aliments froids ou de consistance molle, tremper les
aliments secs pour les ramollir.
♦ Procéder lentement, attendre que la bouchée précédente ait été avalée
avant d’en proposer une autre, en s’assurant que la nourriture ne reste pas
accumulée dans ses joues.

En cas de nausées et/ou vomissements


♦ Entre les nausées, faire prendre des respirations profondes.
♦ Rechercher avec la personne les aliments ou les odeurs provoquant les
nausées et/ou les vomissements (café, aliments épicés, etc.).
♦ Éviter les odeurs d’aliments (ouvrir les barquettes alimentaires à l’exté-
rieur de la pièce) ou toute odeur désagréable au moment des repas.
♦ Aider la personne pendant les vomissements (soutenir, procurer haricot
ou cuvette…).
♦ Lui redonner les éléments de confort : essuyer le visage, faire rincer la
bouche, faire laver les mains, changer le linge si nécessaire.
♦ Observer les vomissements et en noter les caractéristiques.
55
Les besoins physiologiques

En cas de régime
♦ Expliquer à la personne les aliments permis et défendus du régime.
♦ Lui permettre d’exprimer ses sentiments négatifs, ses craintes, sa colère
ou les causes de son refus face au régime.
♦ L’aider à modifier quelques habitudes alimentaires en proposant des
substituts qui respectent son régime et tiennent compte de sa culture.
♦ Les indiquer à sa famille et lui expliquer l’importance du régime pour
qu’elle évite d’apporter des aliments défendus.
♦ En servant les repas, s’assurer d’une présentation attrayante, vérifier qu’ils
correspondent au régime prescrit, et encourager la personne dans ses ef-
forts pour suivre son régime.

Collaboration au diagnostic infirmier


Si ces difficultés persistent malgré les soins sur prescription exécutés par l’infir-
mière et malgré ses interventions dans le cadre de son rôle propre avec la colla-
boration de l’aide-soignant, on parlera de problèmes qui peuvent faire référence
aux diagnostics infirmiers suivants (classification et définitions ANADI).

1.1.2.1.  Excès nutritionnel


Apport nutritionnel supérieur aux besoins métaboliques.
1.1.2.2.  Déficit nutritionnel
Apport nutritionnel inférieur aux besoins métaboliques.
1.1.2.3.  Risque d’excès nutritionnel
Apport nutritionnel risquant d’être supérieur aux besoins métaboliques.
1.4.1.2.1.  Excès de volume liquidien
Augmentation de la rétention d’eau accompagnée d’œdème.
1.4.1.2.2.1.  Déficit de volume liquidien
Déshydratation vasculaire, cellulaire ou intracellulaire.
1.4.1.2.2.2.  Risque de déficit de volume liquidien
Risque de déshydratation vasculaire, cellulaire ou intracellulaire.
1.6.2.1.1.  Atteinte à l’intégrité de la muqueuse buccale
Rupture des couches tissulaires de la cavité buccale.
1.6.1.4.  Risque de fausse route (d’aspiration)
Risque d’inhaler des sécrétions gastriques et/ou oropharyngées, des solides ou des
liquides dans la trachée et les bronches.
5.2.1.1.  Non-observance
Refus en toute connaissance de cause d’adhérer au traitement recommandé.
6.5.1.  Incapacité (partielle ou totale) de s’alimenter
Difficulté à s’alimenter.

56
Besoin de boire et de manger

6.5.1.1.  Incapacité (partielle ou totale) d’avaler


Diminution de la capacité de faire passer volontairement des liquides et/ou des soli-
des de la bouche à l’estomac.
Le diagnostic infirmier posé, l’infirmière, en collaboration avec l’aide-soignant
et l’équipe, mettra en place des objectifs de soins et une planification des ac-
tions pour permettre à la personne de retrouver totalement ou partiellement
l’indépendance de ce besoin.

57
Chapitre 8

Besoin d’éliminer
L’organisme doit se libérer des substances nuisibles résultant du métabolisme
de l’alimentation. L’élimination demande la mise en jeu de capacités sensorielles,
neurologiques et motrices et l’intégrité des organes et des voies d’élimination
spécifiques.
Les urines sont limpides et transparentes, légèrement acides, de couleur jaune
pâle (elles peuvent se colorer en fonction des aliments et des médicaments).
Leur émission est facile et complète en 4 à 6 mictions par jour, la diurèse est
d’environ 1 500 millilitres. La continence est diurne et nocturne.
Les selles de couleur brune (elles peuvent se colorer en fonction de l’alimentation)
sont d’émission facile régulière et rythmée (selon les individus de 1 à 3-4 jours)
L’éducation et l’apprentissage de la propreté ont une dimension psychologique
et sociale importante sur la conduite personnelle face à la satisfaction
de ce besoin.
Manifestations et particularités du besoin
Enfant Adolescent Jeune adulte Adulte retraité Personne âgée

– découverte – élimination – gère bien ses – diminution – diminution


du contrôle de intestinale rythmes d’éli­ de la capacité du tonus
l’élimination, perturbée par mination par vésicale, et du sphinctérien, et
acquisition de la les fantaisies des conduites tonus musculaire de la sensation de
propreté et de alimentaires diététiques et abdominal l’envie d’uriner ou
l’autonomie face (quantités l’activité et en – diminution du d’aller à la selle
à ce besoin ingérées, sautes fonction des péristaltisme – ralentissement
– nécessité de de repas, gour­ contraintes intestinal, des réflexes et
rappeler à l’ordre mandise, régime profession­ tendance à la des déplacements
pour uriner et pour maigrir…), nelles et sociales constipation pour aller aux WC
aller à la selle le stress et les – chez la
émotions – chez la femme, – incontinence
régulièrement femme enceinte, modification des accidentelle,
– énurésie – chez la fille, pollakiurie en menstruations, a peur de se
apparition de la début et fin de ménopause souiller, d’être
menstruation grossesse, constipé
constipation

L’observation aide-soignante 59
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La démarche de soins et l’observation

Altération du besoin. Observation


de manifestations ou difficultés
L’altération du besoin d’éliminer peut se manifester par des difficultés à éliminer
ses urines et/ou ses selles régulièrement, et par une incontinence.
Elle peut présenter un ou plusieurs des signes suivants.

Observation des signes physiques


♦ Diminution de l’appétit.
♦ Céphalées.
♦ Agitation.
♦ Hyperthermie.
♦ Nausées et vomissements.

Au niveau des urines et du besoin d’uriner


♦ Oligurie (urine peu), pollakiurie (urine fréquemment), anurie (absence
d’urine).
♦ Urines très diluées ou très concentrées, brouillées, de couleur brune,
floconneuse.
♦ Présence d’éléments anormaux  : albuminurie, glycosurie, acétonurie,
hématurie, pyurie.
♦ Odeur d’acétone, ammoniacale.
♦ Émission involontaire d’urines, incontinence, énurésie.
♦ Douleur à l’émission (dysurie).
♦ Pression, douleur dans le bas-ventre.

Au niveau des selles et du besoin de déféquer


♦ Selles diarrhéiques (selles molles, liquides, fréquence accrue).
♦ Selles constipées (selles dures, sèches, nombre inférieur à 3  par
semaine).
♦ Selles vertes, décolorées, hémorragiques  : noires (méléna), rouges
(rectorragie).
♦ Présence d’aliments non digérés, de pus, de glaires, de parasites.
♦ Odeur nauséabonde.
♦ Douleurs abdominales, crampes, coliques, bruits intestinaux,
gargouillements, flatulence, ballonnement.
♦ Efforts à la défécation.
♦ Défécation douloureuse, impossible.
60
Besoin d’éliminer

♦ Émission involontaire de selles, incontinence.


♦ Présence d’hémorroïdes, d’irritation au niveau de la région anale.

Observation du comportement de la personne


Comportement non verbal
♦ Au moment des repas, la personne néglige de manger des légumes ou des
fruits (riches en fibres) et ne boit pas assez, laisse une partie des aliments.
♦ Le lit est retrouvé humide ou trempé par l’urine, les vêtements sont
souillés par des matières fécales.
♦ Les protections (ou changes) sont retrouvées enlevées, déchirées.
♦ La personne pleure souvent au moment des soins.
♦ La personne manifeste une incapacité à :
- atteindre les toilettes ou la chaise percée,
- s’asseoir ou se lever des toilettes ou de la chaise percée,
- manipuler ses vêtements lors de l’élimination (se déshabiller, se
rhabiller…) : motricité réduite ou vêtements non adaptés,
- effectuer correctement les soins personnels d’hygiène aux toilettes.
♦ Elle a une démarche vacillante.

Comportement verbal
La personne dit/exprime qu’elle :
♦ a peur de se déplacer par peur de tomber ;
♦ ne peut pas utiliser un bassin de lit, elle exprime son manque d’intimité
au moment de la défécation ;
♦ a besoin de se forcer pour uriner, sent des brûlures en urinant ;
♦ ressent toujours le besoin d’uriner même après la miction ;
♦ ressent par moments des besoins d’uriner pressants et impérieux, et ne
peut pas se retenir ;
♦ sent une perte d’urine lorsqu’elle est debout ou au moment d’efforts, ou
lors de toux, de rires… ;
♦ a peur d’avoir des fuites et se sent gênée ;
♦ ses sentiments par rapport à ses difficultés d’élimination
(pertes d’urines, incontinence) : « Je suis foutu », « j’ai honte », « je ne veux
plus voir personne » ;
♦ n’a pas conscience du besoin d’éliminer ou du passage des urines ou
des selles ;
♦ utilise des laxatifs, des suppositoires ou des lavements sans avis médical,
pratique l’automédication ;
61
La démarche de soins et l’observation

♦ vit un stress important et des perturbations affectives, elle exprime son


anxiété ;
♦ un manque d’information ou des informations erronées ou des fausses
idées sur les habitudes d’élimination normale.

Observation de l’environnement
♦ Obstacles physiques gênant l’accès aux toilettes.
♦ Mauvais éclairage, plancher glissant, tapis et meubles déplacés,
chaussures mal adaptées.
♦ Lit trop haut, barrières.
♦ Toilettes trop éloignées, trop petites (fauteuil roulant, déambulateur),
siège trop bas ou trop haut, absence de barres d’appui…

Causes et facteurs favorisants


Les pathologies médicales et chirurgicales les plus fréquemment rencontrées
entraînant une perturbation du besoin d’éliminer sont : l’accident vasculaire
cérébral, la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, les maladies
neuromusculaires, les lésions de la moelle épinière, les pathologies et l’infection
des voies urinaires ou digestives, le diabète, les cancers de l’appareil urinaire ou
digestif, la dépression…
Outre ces pathologies, l’altération de ce besoin peut être liée à des facteurs
biologiques psychologiques ou sociaux ou peut être liée à l’environnement :
♦ la mise en place d’une sonde vésicale à demeure ;
♦ des traitements médicamenteux ou leurs effets secondaires ;
♦ une automédication (emploi systématique de médicaments, abus
de laxatifs…) ;
♦ une réduction de la mobilité, une immobilité ;
♦ la sédentarité : manque d’exercice, activité physique insuffisante ;
♦ une alimentation déséquilibrée (hydratation, apport de fibres
insuffisant…) ;
♦ un déficit sensoriel (mauvaise perception visuelle) ou cognitif
(désorientation) ;
♦ un déficit moteur  : mouvement et force des membres supérieurs et
inférieurs limités, une difficulté à marcher ;
♦ une inattention aux sensations liées au besoin d’uriner ;
♦ un affaiblissement, une grande fatigue ;
♦ l’hospitalisation, la grossesse et le vieillissement ;
♦ un manque d’intimité pour satisfaire son besoin d’éliminer ;
62
Besoin d’éliminer

♦ des obstacles physiques rendant l’accès aux toilettes difficile, une absence
d’installation sanitaire convenable ou adaptée, des perturbations affectives ;
♦ la douleur, le stress et l’anxiété ;
♦ un milieu étranger, des problèmes familiaux, professionnels ou financiers.

Rôle de l’aide-soignant
Transmettre à l’infirmière ces manifestations. La prévenir d’urgence en cas d’appari-
tion brutale de ces signes.
Ceux-ci peuvent être les symptômes de certaines pathologies urinaires et digestives
qui seront diagnostiquées par le médecin. L’infirmière exécute les soins sur prescrip-
tion et l’aide-soignant veille aux soins d’hygiène et de confort.
Pour éviter qu’une difficulté passagère ne devienne un problème qui s’inscrit dans la
durée, dans le cadre du rôle propre de l’infirmière et avec sa collaboration, les inter­
ventions de l’aide-soignant et sa surveillance porteront sur tous ces points d’ob­
servation.

♦ Surveiller la diurèse, noter l’aspect des urines, la couleur, l’odeur,


la présence d’anomalies : sang, pus, urines troubles…
♦ Surveiller le nombre de selles, noter l’aspect (molles ou liquides), la
couleur, l’odeur, la présence de glaires, de sang, de pus.
♦ Répondre avec tact et gentillesse à la demande de bassin, recouvrir
la personne et s’éloigner pendant la miction ou la défécation.
♦ Laisser près de son lit et facile d’accès, l’urinal ou le bassin, donner la
sonnette.
♦ Répondre sans tarder à la sonnette d’appel.
♦ Proposer un environnement qui respecte l’intimité de la personne lors de
l’élimination, sortir de la pièce, une fois la personne installée confortablement
(bassin, toilettes), veiller à sa sécurité (jeter un coup d’œil si la porte est
restée entrouverte, ou demander à travers la porte si tout va bien), en cas
de difficulté rester auprès d’elle en la maintenant pour éviter une chute et
envisager l’utilisation de la chaise percée.
♦ Ne pas la presser, ne pas l’oublier sur le siège…
♦ Assurer la sécurité de la personne pour se rendre aux toilettes, examiner
son environnement physique : éclairer le trajet et la pièce, veiller à ce que
les chaussures soient adaptées, vérifier que le sol ne soit pas glissant et qu’il
n’y ait pas d’objets qui traînent… Préparer éventuellement le déambulateur,
ou mettre une chaise entre le lit et les toilettes, accompagner la personne si
besoin, lui montrer la présence de barres d’appui.
♦ Vérifier que la personne soit capable de se déshabiller, de se rhabiller,
d’utiliser correctement le papier toilette, l’aider si nécessaire.
63
La démarche de soins et l’observation

♦ En cas de fuite, changer les vêtements ou la literie le plus vite possible.


♦ Si la personne est désorientée, lui rappeler d’aller aux toilettes ; utiliser
des repères fixes (par exemple avant la toilette, après le repas, avant d’aller
au lit, etc.), lui donner des directives simples.

En cas de diarrhée
♦ Garder les selles si des examens sont demandés et pour les montrer en
cas d’anomalies à l’infirmière ou au médecin.
♦ Transmettre les signes d’accompagnement (douleur, nausées,
vomissements).
♦ Prendre la température et la noter.
♦ Transmettre les sensations de soif ou de sécheresse de la bouche.
♦ Donner souvent à boire s’il n’y a pas de vomissements ou de
contre-indications.
♦ Laisser le bassin de lit ou la chaise percée à portée, répondre rapidement
à la sonnette.
♦ Donner les soins d’hygiène appropriés, nettoyer et sécher la région anale
après chaque selle, noter l’irritation de la peau à ce niveau, changer la literie
au besoin.
♦ Si la personne manifeste de l’anxiété, lui laisser l’exprimer, être à son
écoute et lui donner des explications claires et précises sur les soins qu’on lui
fait, proposer un massage de détente.
♦ Expliquer que pendant cet épisode il faut éviter de consommer
les aliments à base de lait et riches en fibres (fruits et légumes verts), le pain
frais et les viandes en sauce, et qu’il faut favoriser le pain rassis ou grillé,
biscottes ou biscuit, le jambon, les œufs, le poulet, la carotte cuite, la banane
bien mûre et les fromages à pâte cuite (gruyère, cantal).

En cas de constipation
♦ Établir une routine d’élimination pour la personne : lui donner le bassin
de lit, ou la mettre sur la chaise percée ou la conduire aux toilettes ou lui
suggérer d’aller aux toilettes à heures fixes, et lui laisser un temps suffisant.
♦ Au moment du repas, conseiller de consommer des légumes verts, des
légumes secs, des aliments à base de son (pain, gâteaux…) qui apportent
des fibres, lui en expliquer l’importance.
♦ Expliquer qu’une bonne mastication a un effet sur la digestion et le
péristaltisme.
♦ Proposer souvent à boire (sauf contre-indication) : au moins 1,5 à 2 litres
par jour.
♦ Proposer des petits moyens qui peuvent aider à déclencher le réflexe de
vouloir aller à la selle : prendre un grand verre d’eau fraîche ou de jus de fruit,
le matin au réveil (sauf contre-indication).
64
Besoin d’éliminer

♦ Pour la personne immobilisée, pratiquer une mobilisation passive ou


active des membres supérieurs et inférieurs pendant les soins d’hygiène,
pratiquer des changements de position.
♦ suggérer à la personne (sauf contre-indication) de se mobiliser dans le lit
ou de se lever et marcher quelques pas pour favoriser le péristaltisme, l’aider
à changer de position, s’asseoir, se lever, marcher.
♦ Renseigner la personne sur les effets bénéfiques des laxatifs naturels :
pruneaux, raisins, pommes, huiles végétales… et sur les effets nocifs
de l’abus de laxatifs.

En cas d’incontinence urinaire et/ou fécale


♦ Repérer les rythmes d’élimination urinaire et/ou fécale de la personne.
♦ Établir des habitudes d’élimination régulière : donner à la personne le
bassin de lit, ou la mettre sur la chaise percée ou la conduire aux toilettes à
heures fixes.
♦ Stimuler l’évacuation urinaire en faisant couler l’eau du robinet à heures
fixes.
♦ Répondre rapidement à la demande d’aide pour l’élimination.
♦ Favoriser le port de vêtements faciles à détacher et attacher (utilisation
de velcro…).
♦ Expliquer les aliments qui pourraient provoquer la diarrhée et les boissons
diurétiques telles que le café, l’alcool, les jus de fruits.
♦ Conseiller de ne pas boire de liquides 2 à 3 heures avant le coucher.
♦ Retirer la protection ou change à usage unique puis procéder à la toilette
génitale (ou petite toilette) en cas d’incontinence urinaire, et à la toilette du
siège en cas d’incontinence fécale, changer la literie si besoin.
♦ Vérifier l’intégrité de la peau et prévenir le risque d’escarres, laver,
essuyer et bien sécher la peau, noter et transmettre toute irritation, rougeur,
coupure.
♦ Permettre à la personne d’exprimer ses sentiments sur cette situation, trans­
mettre un comportement qui exprime une difficulté : pleurs, colère, déni…
♦ Parler de «  protection  », éviter de parler de couche ou d’avoir un
comportement qui assimile le changement de protection au change du bébé.
♦ Encourager la personne lorsqu’elle a été continente.

Collaboration au diagnostic infirmier


Si ces difficultés persistent malgré les soins sur prescription exécutés par
l’infirmière et malgré ses interventions dans le cadre de son rôle propre avec
la collaboration de l’aide-soignant, on parlera de problèmes qui peuvent faire
référence aux diagnostics infirmiers suivants (classification et définitions ANADI).
65
La démarche de soins et l’observation

1.3.1.1.  Constipation
Changement dans les habitudes d’élimination, caractérisé par la diminution de la
fréquence des selles et/ou l’émission de selles dures et sèches.
1.3.1.1.1.  Pseudo-constipation
Autodiagnostic de constipation et utilisation de laxatifs, de lavements et de sup-
positoires pour assurer une élimination intestinale quotidienne.
1.3.1.1.2.  Constipation colique
Émission de selles dures et sèches due à un ralentissement du passage des résidus
alimentaires.
1.3.1.2.  Diarrhée
Changement dans les habitudes d’élimination, caractérisé par l’émission fréquente
de selles molles, liquides et non formées.
1.3.1.3.  Incontinence fécale
Changement dans les habitudes d’élimination intestinale, caractérisée par l’émission
involontaire des selles.
1.3.2.   Altération de l’élimination urinaire
Perturbation dans l’élimination urinaire.
1.3.2.1.1.  Incontinence urinaire à l’effort
Écoulement d’urine de moins de 50 millilitres se produisant lorsque la pression
abdominale augmente.
1.3.2.1.2.  Incontinence urinaire réflexe
Écoulement involontaire d’urine se produisant à des intervalles relativement pré-
visibles quand la vessie atteint un volume déterminé.
1.3.2.1.3.  Incontinence urinaire par réduction du temps d’alerte
Écoulement involontaire d’urine peu après qu’une forte envie d’uriner s’est fait
sentir.
1.3.2.1.4.  Incontinence urinaire fonctionnelle
Écoulement involontaire et imprévisible d’urine.
1.3.2.1.5.  Incontinence urinaire complète (vraie)
Écoulement continu et imprévisible d’urine.
1.3.2.2.  Rétention urinaire
Évacuation incomplète de la vessie.
6.5.4.  Incapacité (partielle ou totale) d’utiliser les toilettes
Difficulté à utiliser des toilettes sans aide.
Le diagnostic infirmier posé, l’infirmière, en collaboration avec l’aide-soignant
et l’équipe, mettra en place des objectifs de soins et une planification des ac-
tions pour permettre à la personne de retrouver totalement ou partiellement
l’indépendance de ce besoin.

66
Chapitre 9

Besoin de se mouvoir/
maintenir une bonne posture
Le squelette est la charpente du corps, et avec la participation des muscles, il crée
le mouvement. Le système nerveux coordonne et contrôle l’activité musculaire
et le tonus.
La mobilité permet de maintenir la force musculaire, de favoriser la circulation
sanguine et d’accomplir des activités.
La posture doit permettre un alignement corporel correct et assurer un bon
soutien du squelette sans tension sur les articulations ou les muscles.
En fonction de sa personnalité, l’individu exprime par son corps, son
tempérament, sa tonicité et son énergie.

Manifestations et particularités du besoin


Enfant Adolescent Jeune adulte Adulte retraité Personne âgée
– développe- – croissance – maîtrise – diminution – diminution de
ment du rapide et inégale, de l’énergie, de la force la coordination,
squelette entraînant une des gestes et musculaire, de du contrôle, de
– apprentis- modification des postures, la souplesse, l’amplitude, de
sage de physique et souplesse des articulations la rapidité des
l’équilibre, de psychique du mouvements, plus raides mouvements
la coordination schéma corporel entretien du – pratique de – déminéralisa-
et de l’adresse (maladresses) corps, activités sports doux : tion des os
par les activités – mal dans physiques vélo, natation, – déformation
sportives son corps, – chez la marche du squelette,
– apprend à recherche un femme enceinte, postures inadé-
doser l’effort, développement modification de quates
et à maîtriser harmonieux : la posture, de la
ses activités pratique du sport démarche
motrices

L’observation aide-soignante 67
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Les besoins physiologiques

Altération du besoin. Observation


de manifestations ou difficultés
L’altération du besoin de se mouvoir et de maintenir une bonne posture peut se
manifester par des difficultés à garder un bon alignement corporel, à garder la
force et le tonus musculaire, à se mobiliser et accomplir des activités physiques.
Elle peut présenter un ou plusieurs des signes suivants.

Observation des signes physiques


♦ Modification de la couleur de la peau et des muqueuses, et du pouls.
♦ Dyspnée, agitation, sueurs.
♦ Lors d’un premier lever : sueurs, pâleur, tachycardie.
♦ Rougeur ou déformations au niveau des articulations.
♦ Présence d’appareillage : prothèse, plâtre, contention, extension conti-
nue, etc.
♦ En cas de plâtre ou d’appareil de contention : modifications de la couleur
et de la chaleur de la peau.

Observation du comportement de la personne

Comportement non verbal


♦ Après une mobilisation et un effort (ex. : la toilette), la personne présente
une modification anormale de son pouls, une dyspnée, un malaise.
♦ Au moment des manipulations et mobilisations, le corps se raidit, se
crispe, la personne gémit, devient pâle, a des sueurs.
♦ La personne manifeste une incapacité à :
- se mouvoir comme elle le veut, s’asseoir, se lever, se tourner,
- changer de position dans son lit, au fauteuil,
- marcher.
♦ Ses mouvements sont limités (au niveau de leur amplitude, ex. : lever les
bras, les écarter du corps…).
♦ Ses postures sont inadéquates  : le corps n’est pas dans l’alignement,
les attitudes sont vicieuses. Ex. : rotation interne ou externe de la jambe,
équinisme du pied (le pied qui tombe), affaissement de l’épaule…
♦ Elle a une démarche chancelante.
♦ Elle pleure souvent pendant les soins.

68
Besoin de se mouvoir/ maintenir une bonne posture

Comportement verbal
La personne dit qu’elle :
♦ a mal, se plaint de douleur lors de mouvements, au niveau des articulations
(dit qu’elles sont raides), des muscles, des os ;
♦ a peur de tomber, dit que sa tête tourne ;
♦ ne sait pas comment utiliser ses béquilles, son cadre de marche, son
fauteuil roulant ;
♦ ne veut pas participer aux activités physiques : exprime sa fatigue, ses
douleurs, son manque d’intérêt ;
♦ en cas de plâtre ou d’appareil de contention : se plaint de douleur, de
fourmillements, d’engourdissements.

Causes et facteurs favorisants


Les pathologies médicales et chirurgicales les plus fréquemment rencontrées
entraînant une perturbation du besoin de se mouvoir et maintenir une bonne
posture sont : l’accident vasculaire cérébral, l’hémiplégie, les paralysies, la ma-
ladie de Parkinson, la sclérose en plaque, les troubles de la coordination, de la
désorientation, les traitements restrictifs (repos strict au lit, immobilisation d’un
membre : plâtre, contention…), les interventions chirurgicales…
Outre ces pathologies, l’altération de ce besoin peut être liée à :
♦ une diminution de la mobilité pour quelque raison que ce soit ;
♦ la présence de matériel médical limitant les mouvements  : drains,
sondes, etc. ;
♦ un déficit sensoriel (mauvaise perception visuelle…) ;
♦ la douleur ;
♦ la fatigue, la faiblesse ;
♦ le vieillissement ;
♦ la sédentarité, le manque d’exercice ;
♦ l’anxiété, un état dépressif, la solitude.

Rôle de l’aide-soignant
Transmettre à l’infirmière ces manifestations. La prévenir d’urgence en cas d’appa-
rition brutale de ces signes (en cas de signes de malaise suite à un premier lever,
recoucher immédiatement le patient). Ceux-ci peuvent être les symptômes de certaines
pathologies de l’appareil locomoteur ou musculaire qui seront diagnostiquées par le
médecin.
L’infirmière exécute des soins sur prescription et l’aide-soignant veille aux soins d’hy-
giène et de confort.

69
Les besoins physiologiques

Pour éviter qu’une difficulté passagère ne devienne un problème qui s’inscrit dans
la durée, dans le cadre du rôle propre de l’infirmière et avec sa collaboration, les
interventions de l’aide-soignant et sa surveillance porteront sur tous ces points d’ob-
servation.

♦ Installer la personne en position de fonction : l’aide-soignant prend le


temps d’installer correctement le malade. Il observe la posture du malade
et place judicieusement des coussins et sacs de sable qui vont permettre de
maintenir en bonne position les parties du corps qui auraient tendance à
fléchir ou à prendre de mauvaises positions :
- le corps est dans l’alignement : bassin à plat, colonne droite, épaules
dans l’axe,
- les membres sont placés en position de fonction, légèrement fléchis :
jambes allongées, bras le long du corps,
- la tête repose sur l’oreiller et ne tombe pas en avant.
♦ Maintenir la souplesse des muscles et des articulations et prévenir les
ankyloses par une mobilisation passive (l’aide-soignant mobilise les articula-
tions de la personne) ou active (stimuler la personne à le faire elle-même).
♦ Aider la personne à changer fréquemment de positions, et prévenir le
risque d’escarres (voir chapitre 10).
♦ Apprécier la capacité de la personne à se tenir debout et à se déplacer
pour déterminer l’aide et l’équipement dont elle a besoin.
♦ Mettre les aides nécessaires à sa portée (béquilles, déambulateur, fauteuil
roulant…), expliquer comment les manier.
♦ Expliquer comment passer du lit au fauteuil et vice versa.
♦ Entendre et transmettre ses plaintes de faiblesse, de fatigue, de douleur,
d’insomnie, de difficulté à accomplir une tâche (se laver seul… aller aux
toilettes…).
♦ Évaluer et noter la douleur et ses caractéristiques (site, intensité, durée,
facteurs qui l’augmentent ou la diminuent) lors de mouvements ou déplace-
ments, aider la personne à trouver une position antalgique.
♦ Proposer des petits coussins pour améliorer le confort et soulager la douleur.
♦ Alterner des périodes d’activité (soins d’hygiène, repas…) et de repos
pour permettre la récupération et éviter la fatigue ou l’épuisement.
♦ Mesurer les signes vitaux (pouls, fréquence respiratoire) avant et après
l’activité ou l’effort afin d’évaluer la réaction à l’activité, transmettre les
modifications ainsi que les changements de couleur de la peau.
♦ Inciter la personne à participer à des activités physiques (toilette,
marche…), l’aider le cas échéant et éviter qu’elle ne s’épuise.
♦ L’encourager lors de ses efforts, mesurer la difficulté de sa situation et ses
capacités.

70
Besoin de se mouvoir/ maintenir une bonne posture

Prévenir les attitudes vicieuses


♦ Éviter la rétraction musculaire en allongeant les articulations du coude et
du genou (ils ne doivent pas être pliés). Une boule de coton, une compresse
ou une balle peuvent être placées dans la main de l’hémiplégique qui a ten-
dance à rétracter sa main.
♦ Éviter la rotation interne (éviter que le membre soit tourné à l’intérieur)
ou externe (tourné à l’extérieur) des membres (et spécialement de la jambe),
en les calant avec un sac de sable.
♦ Éviter l’affaissement du malade au niveau de l’épaule (il penche à droite
ou à gauche) : le caler avec un oreiller sous l’épaule et le bras.
♦ Éviter l’équinisme du pied ou le pied équin c’est-à-dire le pied qui chute
vers le bas (il pointe) : caler les pieds au fond du lit, à la perpendiculaire avec
un sac de sable ou une alèse roulée…, éviter le poids des couvertures sur les
pieds qui aurait tendance à les affaisser, mettre un arceau de lit, faire le pli
d’aisance.

Répondre aux besoins de la personne qui a une mobilité


réduite
♦ Besoin de se vêtir : préparer les vêtements d’avance, dans l’ordre (mettre
dessus celui qui sera mis en premier) ; un membre handicapé est déshabillé
en dernier, habillé en premier.
♦ Besoin d’hygiène : la toilette est faite au lit ou au lavabo, l’aide est totale
ou partielle en fonction du handicap ; préparer devant la personne tout ce
dont elle aura besoin, de préférence du côté du bras valide, préparer le gant
de toilette et l’adapter à sa main et l’encourager à laver une partie du corps ;
ne pas la laisser seule, la stimuler et intervenir en cas de besoin, laver les
parties qu’elle ne peut pas atteindre.
♦ Besoin de se nourrir : inciter la personne à couper la viande, ouvrir les
barquettes, verser l’eau, éplucher les fruits. Le faire si elle ne peut pas et la
faire manger si nécessaire.
♦ Besoin d’éliminer : mettre à portée de main de la personne bassin ou
urinal, si elle peut le prendre seule ; lui laisser la sonnette. Aider à aller aux
toilettes celles qui ne peuvent pas se déplacer seules, les aider à dégrafer
les vêtements, baisser la culotte ou le pantalon, préparer le papier toilette,
essuyer éventuellement.

Prévenir et lutter contre les effets néfastes de l’alitement


ou l’immobilisation prolongée
Voir chapitre 14, « Rôle de l’aide-soignant ».

71
Les besoins physiologiques

Collaboration au diagnostic infirmier


Si ces difficultés persistent malgré les soins sur prescription exécutés par
l’infirmière et malgré ses interventions dans le cadre de son rôle propre avec
la collaboration de l’aide-soignant, on parlera de problèmes qui peuvent faire
référence aux diagnostics infirmiers suivants (classification et définitions ANADI).

6.1.1.1.  Altération de la mobilité physique


Situation limitant la capacité de se mouvoir de façon autonome.
6.1.1.2.  Intolérance à l’activité
Manque d’énergie physique ou psychique qui empêche une personne de poursui-
vre ou de mener à bien les activités quotidiennes requises ou désirées.
6.1.1.3.  Risque d’intolérance à l’activité
Situation dans laquelle une personne risque de manquer d’énergie physique
ou psychologique pour poursuivre ou mener à bien les activités quotidiennes
requises ou désirées.
Le diagnostic infirmier posé, l’infirmière, en collaboration avec l’aide-soignant
et l’équipe, mettra en place des objectifs de soins et une planification des ac-
tions pour permettre à la personne de retrouver totalement ou partiellement
l’indépendance de ce besoin.

72
Chapitre 10

Besoin d’être propre


et protéger ses téguments
Une peau saine et normale est rosée, tiède, élastique, sans lésions. On peut noter
cependant la présence de cicatrices. La peau bien entretenue est propre et sans
odeur, l’apparence est soignée. La personne est capable d’assurer ses soins d’hy-
giène et de satisfaire ses besoins esthétiques.

Manifestations et particularités du besoin

Enfant Adolescent Jeune adulte Adulte retraité Personne âgée


– apprend – sécrétion – maîtrise les – la peau perd – la peau est très
les conduites des glandes règles d’hygiène son élasticité, fine, est sèche,
d’hygiène, lavage sébacées et et les produits se déshydrate, jaunit
des mains et des sudoripares, adaptés à son diminution – elle devient
dents apparition des mode de vie des sécrétions fragile ainsi que
– participe poils (pubis et – entretient son (sébum, sueur) les capillaires
peu à peu à sa axillaire) image (esthé- – apparition (hématomes)
propre toilette, – passe tique) de rides, perte – demande de
puis la prend en beaucoup de – chez la femme des cheveux, ou l’aide pour laver
charge seul (avec temps pour enceinte, appari- coloration grise certaines zones
contrôle) son hygiène et tion d’un masque – modification (pieds, dos)
– exprime ses son esthétique de grossesse, de de l’image – soins du coif-
goûts pour sa (maquillage, vergetures, d’une corporelle feur, du pédicure
coiffure épilation, pigmentation et
rasage) d’œdèmes
– recherche de
son image

Altération du besoin. Observation


de manifestations ou difficultés
L’altération du besoin peut se manifester par une hygiène défectueuse du corps,
des dents, une apparence non soignée et/ou la présence de lésions.
Elle peut présenter un ou plusieurs des signes suivants.

L’observation aide-soignante 73
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Les besoins physiologiques

Observation des signes physiques


♦ Modification de la couleur de la peau.
♦ Présence de rougeur, érythème, prurit, lésions de grattage, phlyctène, vési-
cule, ulcération, crevasse, croûtes, nécrose, plaie, écoulement, œdème, etc.
♦ Présence de coupures et de cisaillement de la peau au niveau des plis et
sous les seins chez la personne obèse ou âgée.
♦ Absence de soins d’hygiène ou mauvaise hygiène au niveau du corps,
traces suspectes (cheveux, ongles, pieds, creux ombilical, organes génitaux,
siège), au niveau des dents, de la bouche.
♦ Mauvaise odeur au niveau du corps ou de l’haleine ; odeur de transpiration.

Observation du comportement de la personne


Comportement non verbal
La personne :
♦ est indifférente envers ses soins d’hygiène personnelle ;
♦ n’accomplit pas ses soins d’hygiène ; ne se lave pas si on ne le lui rappelle
pas ;
♦ ne veut pas se retrouver nue, veut garder ses sous-vêtements ;
♦ est malhabile pour effectuer ses soins d’hygiène (tremblements, manque
de coordination) ;
♦ est gênée dans ses mouvements (diminution de la motricité des mem-
bres supérieurs) ;
♦ est confuse pendant sa toilette : se relave plusieurs fois les mêmes parties
du corps, oublie de s’essuyer, oublie de se laver certaines parties du corps,
n’utilise pas le savon, n’essore pas son gant et inonde la pièce, etc. ;
♦ est triste ou pleure pendant les soins d’hygiène ;
♦ refuse de se regarder dans le miroir, dit que « tout lui est égal » ;
♦ ne peut pas :
- se procurer de l’eau, régler la température ou le débit de l’eau,
- se laver en partie ou complètement : se laver le dos, les pieds, la tête,
les dents,
- nettoyer et couper ses ongles, se coiffer, se raser, se maquiller, préparer
le matériel pour son hygiène dentaire, nettoyer ses prothèses dentaires…

Comportement verbal
La personne :
♦ dit qu’elle a mal, au niveau de sa lésion ou lors de mouvements ;
♦ se plaint d’avoir froid pendant les soins ;
74
Besoin d’être propre et protéger ses téguments

♦ refuse de se laver ou de se laver seule ;


♦ refuse d’être lavée par un soignant de sexe opposé ;
♦ ne manifeste aucun plaisir ou satisfaction à être propre ;
♦ exprime une grande fatigue.

Causes et facteurs favorisants


Les pathologies médicales les plus fréquemment rencontrées entraînant une
perturbation du besoin de protéger ses téguments sont : les troubles circulatoires,
les troubles métaboliques, l’altération de l’état nutritionnel.
Par exemple  : l’obésité, la maigreur, l’accident vasculaire cérébral, l’hémi-
plégie, les brûlures, les cancers, le sida, les interventions chirurgicales, les
accidents…
La dépression, la démence, certaines pathologies mentales comme la ma-
ladie d’Alzheimer risquent d’entraîner une perturbation du besoin d’être
propre.
Outre ces pathologies :
♦ l’altération du besoin de protéger ses téguments peut être liée à/aux :
- une altération de la mobilité physique, une immobilisation,
- des facteurs mécaniques : force de pression, cisaillement, contention,
- des agents irritants : excrétions corporelles, sécrétions,
- l’humidité, l’incontinence urinaire,
- une hyperthermie,
- traitements anticancéreux : chimiothérapie, radiothérapie ;
♦ l’altération du besoin d’être propre peut être liée à/au :
- la douleur, la fatigue, une grande faiblesse,
- un état dépressif, une désorientation, l’anxiété, la solitude,
- vieillissement.

Rôle de l’aide-soignant
Transmettre à l’infirmière ces manifestations. La prévenir d’urgence en cas d’appari-
tion brutale de ces signes. Ceux-ci peuvent être les symptômes de certaines patholo-
gies médicales ou du comportement qui seront diagnostiquées par le médecin.
L’infirmière exécute des soins sur prescription et l’aide-soignant veille aux soins
d’hygiène et de confort.
Pour éviter qu’une difficulté passagère ne devienne un problème qui s’inscrit dans
la durée, dans le cadre du propre de l’infirmière et avec sa collaboration, les inter-
ventions de l’aide-soignant et sa surveillance porteront sur tous ces points d’obser-
vation.

75
Les besoins physiologiques

Pour les soins d’hygiène personnelle


♦ Lors de la toilette au lit, préparer la cuvette d’eau et mettre à portée le
nécessaire de toilette.
♦ Lors de la toilette au lavabo, amener et installer la personne près du la-
vabo et préparer le matériel si nécessaire.
♦ Penser à proposer le bain, la douche, le capiluve, le pédiluve.
♦ Tenir compte des habitudes d’hygiène de la personne.
♦ Être attentif aux éléments de confort : eau à bonne température, serviette
préalablement chauffée sur le radiateur. Essuyer la peau avec attention et
douceur ; éviter le refroidissement.
♦ Mobiliser avec douceur lors des mobilisations.
♦ Aider la personne et/ou la stimuler à se donner tous (ou une partie de) ses
soins d’hygiène : faire sa toilette complète ou en partie, se coiffer, se raser, se
brosser les dents, se nettoyer et se couper les ongles, se laver les pieds, se
laver la tête, etc.
♦ Aider la personne qui a une difficulté à mobiliser ses membres supérieurs
(mobilité réduite, port d’appareillage, plâtre…), ne pas la laisser souillée,
mouillée…
♦ Aider la personne fatiguée, être particulièrement attentif à son instal-
lation, prévoir de courtes périodes de repos pendant les soins d’hygiène ;
échelonner si nécessaire les soins d’hygiène au cours de la journée.
♦ Lui permettre d’être autonome pour tous ces soins ou une partie, faire
commencer la toilette, compléter au besoin.
♦ Stimuler au cours de la toilette et ajuster ses actions en fonction de la
difficulté : état dépressif, désorientation.
♦ Lui laisser suffisamment de temps, lui expliquer l’importance de ces soins.
♦ Soigner son image corporelle en lui proposant le maquillage, des bijoux
et ce qui pourrait favoriser l’esthétique.
♦ Respecter les demandes ou les refus ; lui demander de s’expliquer.
♦ Demander à la famille d’apporter des produits de toilette personnels :
savon, lotion, bijoux, parfum, miroir.
♦ Manifester du tact et de la gentillesse pour les soins intimes.
♦ Respecter sa pudeur, ne pas découvrir la personne sans son accord, ne
jamais la laisser nue.
♦ Lors de la petite toilette, lui proposer de la faire elle-même (préparer le
gant si nécessaire), respecter sa demande que sa petite toilette soit faite par
un soignant du même sexe qu’elle.
♦ Procéder à des changes fréquents pour les personnes incontinentes, pro-
céder auparavant à une petite toilette ou une toilette du siège.
♦ Lors de modifications sur schéma corporel (hémiplégie, amputation, etc.)
permettre à la personne d’exprimer sa colère, sa révolte, son chagrin.
76
Besoin d’être propre et protéger ses téguments

♦ Lui exprimer qu’on l’accepte comme elle est, éviter les comportements
non verbaux (froncements, signes de dégoût…) qui signifieraient un rejet
pour elle.
♦ Assurer une bonne hygiène de la peau : laver à l’eau et au savon, rincer
puis sécher attentivement.
♦ Assurer une bonne hygiène du lit : tirer les draps, éliminer les plis, les
corps étrangers, les miettes…

En cas de désorientation
♦ Évaluer le niveau de confusion pour savoir ce que l’on va demander à la
personne au niveau de sa participation.
♦ Respecter un horaire régulier pour la toilette, pour lui donner un point de
repère.
♦ Pendant les soins, la faire participer en lui demandant par exemple  :
« Donnez-moi le savon, le gant, la serviette » et/ou « Lavez-vous le visage,
essuyez-vous le bras ».
♦ Stimuler ses sens en lui demandant de s’exprimer sur la chaleur de l’eau,
l’odeur du savon, la douceur de la serviette, etc.
♦ Selon les capacités de la personne et ses progrès, lui demander d’en faire
chaque fois un peu plus elle-même, la féliciter lors de soins accomplis ou de
progrès.

En cas d’immobilisation : prévenir les escarres


L’alitement prolongé augmente les facteurs de risques. Prévenir les escarres évi-
tera au malade de souffrir. Il faut mettre en place la somme de plusieurs moyens
de prévention adaptés.
Pour cela, l’aide-soignant, au moment de la toilette, des changes, des réinstal-
lations :
♦ examine deux fois par jour la peau au niveau des zones à risque ;
♦ pratique des effleurages préventifs : à main nue, paume de la main au
contact de la peau du malade avec le produit préconisé par le protocole de
soins ;
♦ met en place un protecteur cutané transparent (ex. : Op-site) qui agit effi-
cacement contre le cisaillement et le frottement, évite la macération, permet
le massage et la surveillance de la peau ;
♦ supprime les points d’appui : éduque le malade à se mobiliser et à se
soulever, pratique les changements de position pour varier, soulager, lever
les points d’appui ; évite le frottement lors des retournements du malade ;
donne des aides (perroquet, barre d’appui) pour faciliter les soulèvements et
changements de position ;
♦ met en place une fiche de suivi des changements de position, un ma-
telas de décharge, en évitant les surépaisseurs ;
77
Les besoins physiologiques

♦ assure une bonne hygiène de la peau et du lit : ne laisse pas le malade


souillé ou mouillé, procède à des changes fréquents pour les malades incon-
tinents, tire les draps, élimine les plis, les corps étrangers, les miettes, évite le
poids de la literie sur les pieds en faisant un pli d’aisance, ou en installant un
arceau de lit ;
♦ assure une bonne hygiène alimentaire : favorise les aliments protéinés,
contrôle l’absorption de boissons, la sécheresse de la bouche, met en place
une fiche alimentaire, aide le malade à manger si nécessaire pour s’assurer
de l’apport de protéines, stimule l’appétit et propose souvent à boire.
L’aide-soignant prévient l’infirmière de toute apparition de douleur, érythème
ou rougeur.

Collaboration au diagnostic infirmier


Si ces difficultés persistent malgré les soins sur prescription exécutés par l’infir-
mière et malgré ses interventions dans le cadre de son rôle propre avec la colla-
boration de l’aide-soignant, on parlera de problèmes qui peuvent faire référence
aux diagnostics infirmiers suivants (classification et définitions ANADI).
1.6.2.1.  Atteinte à l’intégrité des tissus
Lésions des muqueuses, de la cornée, des téguments, ou des tissus sous-
­cutanés.
1.6.2.1.2.1.  Atteinte à l’intégrité de la peau
Lésion cutanée.
1.6.2.1.2.2.  Risque d’atteinte à l’intégrité de la peau
Risque de lésion ­cutanée.

6.5.2.  Incapacité (partielle ou totale) de se laver/d’effectuer ses soins


d’hygiène
Difficulté à se laver et à effectuer ses soins d’hygiène sans aide.
Le diagnostic infirmier posé, l’infirmière, en collaboration avec l’aide-soignant
et l’équipe, mettra en place des objectifs de soins et une planification des ac-
tions pour permettre à la personne de retrouver totalement ou partiellement
l’indépendance de ce besoin.

78
Chapitre 11

Besoin de se vêtir
et de se dévêtir
Le vêtement — tout en protégeant le corps des agressions telles que le chaud,
le froid, l’humidité, etc. — signe l’appartenance de la personne par rapport à son
âge, sa culture, son statut social.
Il est un moyen de communication non verbale, contribue au confort physique
et joue un rôle majeur dans l’état de bien-être psychologique de la personne.
De même, il exprime sa personnalité, son humeur, et permet de protéger sa
pudeur et son intimité sexuelle.
Se vêtir et se dévêtir demande une prise de décision pertinente dans le choix
des vêtements ainsi que coordination, dextérité, équilibre et amplitude des
mouvements pour les adapter sur le corps. Cela exige un apprentissage et
une intégrité des fonctions physiques, psychologiques ou mentales de la
personne.

Manifestations et particularités du besoin


Enfant Adolescent Jeune adulte Adulte retraité Personne âgée
– s’habille et se – choisit ses – a trouvé et – a des habitudes – recherche des
déshabille seul vêtements en adopte un style vestimentaires vêtements chauds
– choisit référence à un personnel et y tient et confortables
avec aide ses groupe – recherche – recherche la – est attachée à
vêtements en – provoque l’harmonie et qualité, et les des accessoires
fonction de ses par leur l’esthétique vêtements symboliques
activités fantaisie – chez la confortables (chargés affective-
– est sensible à – est très femme enceinte, – diminution ment, liés à
son apparence attaché à ses vêtements des ressources son passé)
– apprend à vêtements, en amples et financières – peut avoir des
soigner ses prend soin, les confortables difficultés pour se
habits entretient vêtir et dévêtir

L’observation aide-soignante 79
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Les besoins physiologiques

Altération du besoin. Observation


de manifestations ou difficultés
L’altération du besoin de se vêtir et de se dévêtir peut modifier la capacité à
choisir ou à mettre et enlever des vêtements adaptés. Elle peut se manifester
par une tenue inadaptée ou négligée et/ou un désintérêt pour celle-ci et des
difficultés pour la personne à s’habiller et se déshabiller.
Elle peut présenter un ou plusieurs signes suivants.

Observation des signes physiques


Dus au port de vêtements mal adaptés :
♦ rougeur de la peau, érythème ;
♦ peau froide et blanche ;
♦ œdème des membres ;
♦ gêne respiratoire ;
♦ frissons, tremblements, chair de poule ;
♦ peau chaude et rouge, transpiration.

Observation du comportement de la personne


Comportement non verbal
♦ Les vêtements choisis sont trop serrés (élastiques trop petits…).
♦ Ils ne sont pas adaptés (à la température, à l’activité…) ; la personne est
insuffisamment vêtue alors qu’il fait froid, ou bien elle a mis une accumula-
tion de sous-vêtements ou de vêtements, alors qu’il fait chaud.
♦ La tenue est négligée  : vêtements non ajustés qui pendent, qui sont
troués, boutons non boutonnés, arrachés, non recousus, fermeture Éclair
non fermée ; les chaussures ne sont pas lacées, le choix des vêtements entre
eux n’est pas harmonieux (couleur, texture…).
♦ Les vêtements sont plus ou moins propres, tâchés.
♦ La personne a des difficultés ou ne peut pas :
- mettre/enlever ses vêtements,
- les boutonner/déboutonner, les attacher,
- les prendre ou les ranger,
- mettre/enlever ses chaussures.

Comportement verbal
♦ La personne dit :
- qu’elle n’arrive pas à manipuler ses vêtements,
80
Besoin de se vêtir et de se dévêtir

- que ses doigts sont trop gros,


- qu’elle ne peut pas lever les bras,
- que c’est trop compliqué,
- qu’elle est maintenant handicapée.
♦ Elle exprime sa fatigue ou sa douleur à la mobilisation.
♦ Elle dit « qu’elle ne veut plaire à personne », « qu’elle est moche », « qu’elle
se fiche de tout cela ».

Causes et facteurs favorisants


Les pathologies médicales, chirurgicales, psychiatriques les plus fréquemment
rencontrées entraînant une perturbation de ce besoin de se vêtir et de se dévêtir
sont : l’accident vasculaire cérébral, la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkin-
son, les maladies rhumatismales, les traumatismes osseux, des troubles visuels
(cécité totale ou partielle) et certaines psychoses…
Outre ces pathologies, l’altération de ce besoin peut être liée à :
♦ la faiblesse, la fatigue ;
♦ une diminution de la mobilité, le port d’appareillages ;
♦ la douleur ;
♦ un état dépressif ;
♦ la confusion ;
♦ le vieillissement.

Rôle de l’aide-soignant
Transmettre à l’infirmière ces manifestations. La prévenir d’urgence en cas d’appa-
rition brutale de ces signes. Ceux-ci peuvent être les symptômes de pathologies
associées qui seront diagnostiquées par le médecin.
Pour éviter qu’une difficulté passagère ne devienne un problème qui s’inscrit dans
la durée, dans le cadre du rôle propre de l’infirmière et avec sa collaboration, les
interventions de l’aide-soignant et sa surveillance porteront sur tous ces points
d’observation.

♦ Stimuler la personne pour qu’elle s’habille tous les jours.


♦ Lui faire choisir des vêtements à son goût, sécuriser la personne en
respectant ses habitudes vestimentaires.
♦ S’assurer qu’ils soient adaptés à la température ambiante.
♦ Vérifier qu’ils soient à la taille, ni trop serrés ni trop petits, propres et en
bon état ; signaler les vêtements troués, déchirés, sans boutons…
♦ Vérifier qu’ils respectent la pudeur (une chemise d’hôpital ouverte dans
le dos doit être maintenue fermée au besoin avec un sparadrap, ou l’aide-
soignant doit proposer un slip ou une culotte).
81
Les besoins physiologiques

♦ Préférer les vêtements personnels à la chemise d’hôpital (chaque fois que


cela est possible et sans que cela ne gêne les soins), et des vêtements amples
et larges, s’ouvrant facilement.
♦ En cas de risque d’incontinence, proposer ou choisir des vêtements faciles
à manipuler.
♦ S’assurer que les vêtements soient placés à portée (du côté du bras valide
ou du côté où elle les voit bien), et facile d’accès.
♦ La faire commencer à s’habiller elle-même et continuer ensuite à sa place
si nécessaire.
♦ Lui proposer de ménager ses forces (s’asseoir au lieu de rester debout,
faire des temps de pauses…) ; respecter son rythme, lui laisser le temps, ne
pas « faire à la place » pour aller plus vite.
♦ Proposer de l’aider à se vêtir quand la personne présente une incapacité
physique (fracture, plâtre, paralysie, perfusion, grande fatigue, etc.) ou une
incapacité psychologique (désorientation, dépression…).
♦ Lorsqu’un membre est handicapé ou douloureux ou porteur d’une
perfusion, le déshabiller en dernier et l’habiller en premier.
♦ Respecter l’intimité de la personne pendant qu’elle s’habille ou se
déshabille (fermer la porte).
♦ Ajuster les vêtements pour qu’ils soient plaisants sur le corps  : ne pas
laisser les jupons dépasser, les bas tire-bouchonner, les braguettes mal
fermées, etc.
♦ Éviter le risque de chute en réajustant les vêtements trop longs et en
veillant à ce que les pieds soient bien maintenus dans les chaussures.
♦ La féliciter de ses efforts, et lorsque sa tenue est harmonieuse et donne
une bonne image d’elle-même.
♦ Suggérer à la famille d’apporter des vêtements faciles à mettre, avec des
attaches simples (type velcro, gros boutons…), des souliers sans laçage, etc.

En cas de confusion
♦ Réorienter la personne dans le temps et lui rappeler qu’il est l’heure de
s’habiller/déshabiller.
♦ Lui parler calmement, distinctement, ne pas la presser.
♦ Lors de l’habillage/déshabillage, lui expliquer au fur et à mesure les gestes
à faire, l’un après l’autre, avec des mots simples et précis, corriger les erreurs
avec patience et gentillesse.
♦ La guider dans le choix de ses vêtements, limiter à deux le nombre de
vêtements qu’on lui donne à choisir.
♦ Disposer les vêtements ou les présenter selon l’ordre dans lequel elle
les mettra, et, lors du déshabillage, faire placer les vêtements dans l’ordre
d’utilisation.

82
Besoin de se vêtir et de se dévêtir

♦ Pointer du doigt ou toucher la partie du corps sur laquelle le vêtement


doit être mis.
♦ Placer la chaussure droite à côté du pied droit, et la gauche à côté du pied
gauche.
♦ Lorsque la personne ne peut pas réaliser toutes ces étapes, lui laisser le
temps et l’encourager à réaliser l’étape finale puis la féliciter.

Collaboration au diagnostic infirmier


Si ces difficultés persistent malgré les interventions de l’infirmière dans le cadre
de son rôle propre avec la collaboration de l’aide-soignant, on parlera de problèmes
qui peuvent faire référence au diagnostic infirmier suivant (classification et
définitions ANADI).

6.5.3.  Incapacité (partielle ou totale) de se vêtir/soigner son apparence


Difficulté à se vêtir et soigner son apparence sans aide.
Le diagnostic infirmier posé, l’infirmière, en collaboration avec l’aide-soignant
et l’équipe, mettra en place des objectifs de soins et une planification des
actions pour permettre au malade de retrouver totalement ou partiellement
l’indépendance de ce besoin.

83
Chapitre 12

Besoin de dormir et se reposer


Le sommeil et le repos en quantité suffisante favorisent la récupération physique
et psychologique, ils libèrent l’individu de ses tensions et lui permettent de
retrouver l’énergie qui lui est nécessaire pour ses activités quotidiennes.
Les besoins de sommeil et de repos varient avec l’âge, sont favorisés par un envi-
ronnement physique agréable et adapté, comme par la présence de personnes at-
tentives et disponibles, qui permettent de calmer l’anxiété et réduire les tensions.

Manifestations et particularités du besoin


Enfant Adolescent Jeune adulte Adulte retraité Personne âgée
– 9 à 10 h de – a tendance – aménage son – respecte ses – diminution
sommeil à exagérer le temps de travail- besoins de du besoin de
– l’éduquer à se temps de repos repos- sommeil sommeil et de sommeil (6 h
discipliner pour allongé au lit – est souvent repos environ), réveils
trouver ses ryth- ou au contraire soumis à un – a besoin fréquents
mes de sommeil à se priver de rythme excessif d’un temps de – endormisse-
– lui rappeler sommeil de par ses récupération plus ment plus dif-
qu’il est l’heure – tendance à la activités, son long ficile en dehors
de se coucher rêverie travail – se crée des des routines
– a besoin d’ac- – sommeil – chez la femme habitudes pour – siestes
tivités calmes troublé par l’ap- enceinte, besoin faciliter l’endor- fréquentes,
avant le coucher parition d’une de sommeil et de missement somnole facile-
activité hormo- repos accrus en – siestes ment, s’endort
nale sexuelle début et fin de spontanément
grossesse sur son fauteuil

Altération du besoin. Observation


de manifestations ou difficultés
L’altération du besoin par une baisse de la qualité et/ou de la quantité du
sommeil ou du repos va entraîner des difficultés pour la personne à trouver un
sommeil réparateur et va se manifester par une grande fatigue et un stress.
Elle peut présenter un ou plusieurs signes suivants.

L’observation aide-soignante 85
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Les besoins physiologiques

Observation des signes physiques


♦ Visage fatigué, crispé, pâle.
♦ Paupière qui tombe (ptose).
♦ Cernes profondes sous les yeux.
♦ Bâillements fréquents.
♦ Apathie, somnolence.
♦ Modification anormale du pouls après une activité (toilette, lever…).
♦ Malaise ou dyspnée à l’effort.

Observation du comportement de la personne

Comportement non verbal


La personne :
♦ est irritable, pleure fréquemment ;
♦ se désintéresse de son entourage ;
♦ est agitée ou léthargique ;
♦ présente une diminution de l’attention, de la concentration ;
♦ manifeste de l’anxiété à l’approche du soir ;
♦ a du mal à s’endormir ;
♦ se réveille plus tôt qu’à l’ordinaire ;
♦ a des épisodes d’éveil pendant la nuit ;
♦ a un sommeil agité avec des cauchemars ;
♦ s’endort au cours d’une activité.

Comportement verbal
La personne :
♦ se plaint de difficultés pour s’endormir, de ne pas être reposée, d’avoir
sommeil ;
♦ dit qu’elle a des insomnies ;
♦ exprime sa grande faiblesse, son abattement, son découragement ;
♦ dit qu’elle se sent épuisée, qu’elle n’a plus de force, qu’elle manque d’énergie ;
♦ dit que sa tête lui tourne, qu’elle a des étourdissements ;
♦ dit qu’elle a des difficultés à se libérer de ses soucis, de ses tensions ;
♦ dit qu’elle a peur de l’annonce d’un résultat d’examen, d’un diagnostic,
d’une anesthésie, d’une intervention chirurgicale, de l’ablation d’un organe
et la mutilation qui va suivre ;

86
Besoin de dormir et se reposer

♦ se plaint de somatisations : maux de ventre, de tête, etc. ;


♦ exprime son anxiété par des demandes incessantes.

Causes et facteurs favorisants


Les pathologies médicales et chirurgicales les plus fréquemment rencontrées
entraînant une perturbation du besoin de dormir et se reposer de par les symp-
tômes qu’elles génèrent sont : les insuffisances cardiaques et/ou respiratoires,
les chirurgies de toute sorte, la dépression, les maladies évolutives telles le can-
cer ou le sida, l’AVC (accident vasculaire cérébral), la maladie d’Alzheimer…
Outre ces pathologies, l’altération du besoin de dormir et se reposer peut être
liée à :
♦ l’hospitalisation et les facteurs de stress qu’elle met en place ;
♦ un changement de l’environnement et la perte des repères ;
♦ des perturbations entraînées par les activités de soins (éclairage et bruit
la nuit) ;
♦ la douleur, la dyspnée, la toux ;
♦ un alitement, une immobilisation, une mauvaise installation ;
♦ des effets secondaires dus à la prise de médicaments ;
♦ l’anxiété, un stress psychologique ;
♦ des exigences émotionnelles écrasantes ;
♦ des pressions psychologiques, sociales (ex. : remplir un rôle), excessives ;
♦ le vieillissement.

Rôle de l’aide-soignant
Transmettre à l’infirmière ces manifestations. La prévenir d’urgence en cas
d’apparition brutale de ces signes. Ceux-ci peuvent être les symptômes de
pathologies associées qui seront diagnostiquées par le médecin.
Pour éviter qu’une difficulté passagère ne devienne un problème qui s’inscrit dans
la durée, dans le cadre du rôle propre de l’infirmière et avec sa collaboration, les
interventions de l’aide-soignant et sa surveillance porteront sur tous ces points
d’observation.

♦ Mesurer les signes vitaux (pouls, fréquence respiratoire) avant et après


l’effort afin d’évaluer la réaction à l’activité, transmettre les modifications
ainsi que les changements de couleur de la peau.
♦ Alterner des périodes d’activité (soins d’hygiène, repas…) et de repos
pour permettre la récupération et éviter la fatigue ou l’épuisement.

87
Les besoins physiologiques

♦ Encourager la personne lors de ses efforts, mesurer la difficulté de sa si-


tuation et ses capacités.
♦ L’inciter à participer aux activités, l’aider le cas échéant et éviter qu’elle ne
s’épuise.
♦ Procurer un environnement calme pour favoriser le repos ou la sieste, s’orga-
niser en équipe pour éviter de rentrer dans la chambre à tout bout de champ.
♦ Veiller au confort de la personne, vérifier son installation en étant attentif
aux mauvaises positions qui peuvent entraîner des douleurs (crampes,
ankyloses…).
♦ Refaire le lit lorsque cela est nécessaire : le « retaper » (draps tirés, sans
miettes, oreillers en nombre, placés à la demande).
♦ Faire un effleurage de la peau prévention d’escarres, procéder à une
friction de confort au niveau du dos, effectuer un changement de position si
nécessaire.
♦ Avoir une écoute attentive, laisser la personne s’exprimer, entendre sa
peur et sa souffrance sans les minimiser. Repérer ce qui se passe pour aider la
personne à se réassurer, canaliser son angoisse et ne pas se laisser déborder
par elle. Entendre les plaintes de faiblesse, de fatigue, de douleur, d’insomnie,
de difficulté à accomplir une tâche (se laver seul, aller aux toilettes…).

Pour favoriser le sommeil


♦ Proposer le bassin ou accompagner aux toilettes, procéder au change
pour les personnes incontinentes. Au cours de la nuit, donner le bassin ou
l’urinal à la demande et venir le chercher rapidement.
♦ Aider au déshabillage, proposer le brossage des dents, le lavage des
mains, de défaire les cheveux (barrettes, élastiques, peignes…), d’ôter l’ap-
pareil dentaire, et installer au lit.
♦ Repérer les habitudes et rites d’endormissement pour y répondre : heure
du coucher, positions pour dormir, donner un verre d’eau, une tisane, avoir
sur l’adaptable ou sur la table de nuit des objets sécurisants (réveil, mou-
choir, livre, nounours pour l’enfant).
♦ Vérifier la température de la chambre, l’aérer un moment, fermer les vo-
lets, demander à la personne si elle préfère la porte ouverte ou fermée, lui
donner la sonnette.
♦ Mettre les barrières selon la prescription médicale pour les personnes qui
sont agitées ou désorientées ou qui en ont l’habitude.
♦ Rassurer la personne en lui précisant que le personnel est présent toute la
nuit, qu’il fait des « tours » réguliers, qu’un médecin est de garde et joignable
à tout instant.
♦ Répondre rapidement aux sonnettes et aller voir en cas de bruit bizarre
(cris, chute…).

88
Besoin de dormir et se reposer

♦ Redonner les éléments de confort en cas de forte transpiration, de « fuites »


dans le lit, diarrhée ou vomissements.
♦ Transmettre à l’infirmière une douleur dont le malade se plaint ainsi que
toute autre anomalie, rester un moment auprès de lui, lui laisser exprimer ce
qu’il ressent.
♦ Trouver des petits moyens pour calmer une personne douloureuse, an-
xieuse ou énervée et qui ne dort pas : proposer une boisson chaude : tisane
ou lait (sauf contre-indication), ou un massage des mains, ou laisser la lumière
du cabinet de toilette allumée. Pour un enfant : raconter une histoire, faire un
câlin, raconter une comptine…
♦ Éviter de faire du bruit : ne pas faire claquer les portes, éviter de parler
fort avec es collègues ou de s’interpeller dans les couloirs. Fermer la porte
de la salle de repos en cas de détente bruyante : éclats de rire, événements
(naissance, mariage, etc.), fêtes.

Collaboration au diagnostic infirmier


Si ces difficultés persistent malgré les soins précoces et ponctuels exécutés par
l’infirmière et malgré les interventions dans le cadre de son rôle propre avec
la collaboration de l’aide-soignant, on parlera de problèmes qui peuvent faire
référence aux diagnostics infirmiers suivants (classification et définitions ANADI).
6.1.1.2.  Intolérance à l’activité
Manque d’énergie physique ou psychique qui empêche une personne de
poursuivre ou de mener à bien les activités quotidiennes requises ou désirées.
6.1.1.2.1.  Fatigue
Sensation accablante et prolongée d’épuisement réduisant la capacité de tra-
vail physique et mental.
6.1.1.3.  Risque d’intolérance à l’activité
Situation dans laquelle une personne risque de manquer d’énergie physique
ou psychologique pour poursuivre ou mener à bien les activités quotidiennes
requises ou désirées.
6.2.1.  Perturbation des habitudes de sommeil
Dérèglement des heures de sommeil qui incommode le patient ou l’empêche d’avoir
le mode de vie qu’il désire.
Le diagnostic infirmier posé, l’infirmière, en collaboration avec l’aide-soignant
et l’équipe, mettra en place des objectifs de soins et une planification des
actions pour permettre au malade de retrouver totalement ou partiellement
l’indépendance de ce besoin.

89
Chapitre 13

Besoin de maintenir
la température de son corps
dans les limites de la normale
La température est maintenue constante grâce à un système de thermorégulation.
Elle peut varier physiologiquement, en fonction de l’âge, du sexe, de la température
ambiante, au cours des émotions, d’activités physiques, de la digestion.
L’équilibre thermique est le résultat d’une harmonie entre la chaleur produite
par l’organisme grâce à l’activité cellulaire, l’apport alimentaire et l’activité
musculaire (thermogenèse) et la déperdition de chaleur faite par élimination
(thermolyse).
Pour maintenir cet équilibre, en fonction de ses activités, de l’environnement et du
climat, l’être humain apprend à mettre en place des comportements adaptés.
Pour une température corporelle normale, la peau est rosée et tiède et la
transpiration minime.

Manifestations et particularités du besoin


Enfant Adolescent Jeune adulte Adulte retraité Personne âgée
– T° 37 °C à – adapte son – T° 37 °C – plus sensible – T° 35,5 °C à
37,2 °C habillement en – adopte des aux températures 36,5 °C
– très actif, fonction des conduites adaptées extrêmes – frileux, se replie
transpire fluctuations de pour maîtriser sa – adaptation plus sur lui-même
facilement la température thermorégulation lente – craint les
– apprend – augmentation – chez la – apparition d’une courants d’air et la
à se couvrir de la sueur femme enceinte, T° certaine frilosité forte chaleur
et se décou- – variations 37,2 °C-37,5 °C ; – se couvre exagé-
vrir en liées aux supporte mal la rément car craint
fonctions émotions qui chaleur, étourdis- toujours d’avoir
de ses s’expriment for- sements froid
sensations tement (pleure, – tendance à
de chaud et rit, rougit l’hypothermie
froid facilement)

L’observation aide-soignante 91
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Les besoins physiologiques

Altération du besoin. Observation


de manifestations ou difficultés
Un déséquilibre de la thermorégulation, lié à des pathologies ou à des compor-
tements inadéquats d’un individu face au chaud ou au froid, va entraîner un cer-
tain nombre de difficultés. La personne devra lutter principalement contre les
effets d’une hyperthermie ou d’une hypothermie susceptibles de se manifester
par un ou plusieurs signes suivants.

Observation des signes physiques


Température rectale de 38 °C et plus
♦ Peau chaude, transpiration, tachycardie, accélération de la respiration.
♦ Frissons, contractions musculaires.
♦ Céphalées, déshydratation, convulsions.
♦ Nausées, vomissements.
♦ Bouche desséchée, lèvres sèches.

Température rectale au-dessous de 35,5 °C


♦ Peau froide et blanche, chair de poule, frissons, bradycardie, ralentissement
de la respiration.
♦ Cyanose au niveau des lèvres, ongles, oreilles.
♦ Démangeaisons, engourdissement.
♦ Présence d’éruptions cutanées, de brûlures, de gelures.
♦ Œdème.

Observation du comportement de la personne


Comportement non verbal
La personne :
♦ somnole et répond difficilement aux questions ;
♦ se recroqueville sur elle-même.

Comportement verbal
La personne :
♦ se plaint de douleurs, de crampes ;
♦ dit qu’elle a chaud ou, au contraire, froid ;
♦ a des paroles lentes, confuses ou incohérentes ;
♦ dit qu’elle ne sait plus où elle est, est désorientée ;
♦ dit qu’elle a envie de dormir, qu’elle ne voit pas bien (vue troublée).
92
Besoin de maintenir la température de son corps

Causes et facteurs favorisants


Les pathologies médicales et chirurgicales les plus fréquemment rencontrées en-
traînant une perturbation du besoin de maintenir la température de son corps
dans les limites de la normale sont : les infections et les interventions chirurgicales
de toute sorte, le coma, l’alcoolisme, la malnutrition, l’insuffisance thyroïdienne.
Outre ces pathologies, l’altération de ce besoin peut être liée à :
♦ la vieillesse ;
♦ une exposition prolongée en milieu froid et/ou humide ;
♦ une exposition prolongée en milieu chaud, une surexposition au soleil ;
♦ un effort violent et prolongé ;
♦ des vêtements inadéquats ;
♦ la consommation d’alcool ;
♦ certains médicaments ;
♦ un manque de connaissances sur les mesures de lutte contre le chaud ou
le froid ;
♦ un isolement social.

Rôle de l’aide-soignant
Transmettre à l’infirmière ces manifestations. La prévenir d’urgence en cas d’appari-
tion brutale de ces signes. Ceux-ci peuvent être les symptômes de pathologies médi-
cales ou chirurgicales qui seront diagnostiquées par le médecin.
Dans le cadre de son rôle prescrit, l’infirmière exécute des soins précoces et ponc-
tuels et elle intervient dans le cadre de son rôle propre avec la collaboration des
aides-soignants à la mise en place de soins d’hygiène et de confort.
Pour prévenir les complications et éviter qu’une difficulté passagère ne devienne un
problème qui s’inscrit dans la durée, les interventions de l’aide-soignant et la sur-
veillance porteront sur tous ces points d’observation (sauf contre-indications).

Aider à lutter préventivement contre le chaud


♦ Déterminer si la personne est correctement vêtue ou couverte compte
tenu de la température et de son âge (nouveau-né, personne âgée), enlever
les couvertures ou les vêtements qui sont de trop.
♦ Vérifier la température de la pièce, ouvrir la fenêtre si nécessaire (éviter le
courant d’air pour les jeunes enfants et les personnes âgées).
♦ Proposer si besoin un bain ou un pédiluve frais.
♦ Augmenter l’apport liquidien.
♦ Par fortes chaleurs, déconseiller l’exercice ainsi que l’alcool et les repas
lourds.
93
Les besoins physiologiques

En cas d’hyperthermie
♦ Prendre la température selon la prescription (matin et soir ; elle peut être
demandée toutes les 3 heures).
♦ Changer le linge du malade qui transpire ; rafraîchir le corps avec de l’eau
de toilette, sécher au fur et à mesure, frictionner.
♦ Donner à boire pour réhydrater. En cas de contre-indication, proposer un
soin de bouche.
♦ Lubrifier les lèvres.

Aider à lutter préventivement contre le froid


♦ S’assurer que la personne est suffisamment couverte, compte tenu de
la température et de son âge (nouveau-né, personne âgée) ou si elle est
désorientée ; rajouter les couvertures ou les vêtements nécessaires.
♦ Desserrer tout vêtement pouvant gêner la circulation sanguine.
♦ Fermer portes et fenêtres, éviter tout courant d’air.
♦ Pendant la toilette, éviter le refroidissement en découvrant seulement la
région du corps à laver.
♦ Veiller à la bonne température de l’eau pour la toilette, le bain, le shampooing,
le bain de pieds ; chauffer éventuellement sur le radiateur le linge propre.
♦ La température de la salle de bain doit être supérieure à celle de la cham-
bre : 20-22 °C pour la toilette ou le bain d’une personne âgée ou d’un jeune
enfant.
♦ Réchauffer la personne qui a froid :
- augmenter la chaleur de la pièce (vérifier la chaleur du radiateur, que la
fenêtre soit fermée, veiller à l’absence de courants d’air),
- augmenter les couvertures ou les vêtements,
- administrer des boissons chaudes (sauf contre-indication),
- proposer une friction douce, un bain de pied chaud,
- faire un massage des mains, les frictionner.

Collaboration au diagnostic infirmier


Si ces difficultés persistent malgré les soins précoces et ponctuels exécutés par
l’infirmière et malgré les interventions dans le cadre de son rôle propre avec la
collaboration de l’aide-soignant, on parlera de problèmes qui peuvent faire réfé-
rence aux diagnostics infirmiers suivants (classification et définitions ANADI).

1.2.2.1.  Risque d’altération de la température corporelle


Risque d’incapacité de maintenir sa température corporelle dans les limites de la
normale.
94
Besoin de maintenir la température de son corps

1.2.2.2.  Hypothermie
Réduction de la température corporelle au-dessous des limites de la normale.
1.2.2.3.  Hyperthermie
Élévation de la température corporelle au-dessus des limites de la normale.
1.2.2.4.  Thermorégulation inefficace
Fluctuations de la température corporelle entre hypothermie et hyperthermie.
Le diagnostic infirmier posé, l’infirmière, en collaboration avec l’aide-soignant
et l’équipe, mettra en place des objectifs de soins et une planification des
actions pour permettre au malade de retrouver totalement ou partiellement
l’indépendance de ce besoin.

95
Chapitre 14

Besoin d’éviter les dangers


(sur le plan physique)
L’individu tout au long de sa vie est assailli de stimuli venant de l’environnement
et de l’entourage. Il doit se protéger contre les agressions de toutes sortes,
qu’elles proviennent d’agents physiques, chimiques ou microbiens.
Pour se défendre, il possède de nombreux moyens naturels au niveau de son
organisme et apprend à mettre en place des mesures préventives pour conserver
son intégrité biologique.

Manifestations et particularités du besoin


Enfant Adolescent Jeune adulte Adulte retraité Personne âgée
– risque – minimise les – connaît les – se sert de – déficits senso-
d’accidents dangers, se met dangers son expérience riels, diminution
domestiques : à l’épreuve, va – risques pour prévenir les de la coordination
chute, noyade, au-delà de ses – d’accidents de dangers et de l’efficacité
inhalation ou limites, prend la route, du travail – diminution – a peur de la
ingestion de des risques et des maladies de la résistance maladie, de
corps étranger, – conduites sexuellement et des capacités l’agression, de
brûlures, in- excessives, transmissibles physiques, l’accident, de
toxications… provocations : ralentissement l’inconnu
– chez la femme
– apprend à tabac, drogue, enceinte, suivi de des réactions – a besoin d’un
identifier les automédication la grossesse et de suivi médical
dangers réels – risque signes graves régulier
et les règles d’atteinte ou de
de prudence : perte de l’audi-
voie publique, tion (walkman,
terrains de boîte de nuit)
jeux, bricolage – tentatives de
– acquiert des suicide
automatismes
de prévention

L’observation aide-soignante 97
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Les besoins physiologiques

Altération du besoin. Observation


de manifestations ou difficultés
Les facteurs de risques sont principalement au nombre de 4 :
♦ facteurs de risques liés à l’environnement : les règles de sécurité sont
quelquefois détournées ;
♦ facteurs de risques inhérents à la personne elle-même, liés à l’âge
ou à la pathologie : jeunes enfants, personnes âgées, personnes agitées,
démentes, agressives, dépressives ;
♦ facteurs de risques liés à des facteurs biologiques ou médicaux  :
réduction de la motricité, altération de la coordination motrice, troubles de
l’équilibre, diminution du niveau de conscience, déficits sensoriels… ;
♦ facteurs de risques liés aux pratiques de soins et au comportement
du soignant qui n’applique pas les règles de sécurité liées à chaque acte
ou soin, banalise une situation à risque car trop habituelle, ou manque de
jugement ou de perspicacité dans une situation nouvelle.
Ces risques potentiels vont se manifester par des comportements et/ou des
signes qui vont permettre de prévenir des accidents, de prévenir et lutter contre
l’infection, de lutter contre la douleur et les effets de l’alitement prolongé.

Observation des signes physiques 


Les facteurs de risques peuvent se manifester chez la personne par un ou
plusieurs signes suivants :
♦ une réduction de la mobilité ou immobilisation au lit (mécanique ou
prescrite) ;
♦ des limites sensori-motrices, une réduction de la motricité ;
♦ une paralysie (hémiplégie) ;
♦ des troubles de l’équilibre ;
♦ une baisse de la sensibilité thermique ou tactile ;
♦ des troubles de la coordination entre la main et les yeux ;
♦ une vue affaiblie ;
♦ une diminution du niveau de conscience ;
♦ une inhibition de la toux et du réflepharyngé liée à la présence d’une
trachéotomie ou d’une intubation ou d’un traumatisme au visage (bouche, cou) ;
♦ la présence de douleur, rougeur, chaleur au niveau de la peau ;
♦ une effraction cutanée (coupure, piqûre…), peau tendue, œdématiée,
brûlures ;
♦ le port d’une sonde, d’un drain (risque d’arrachement…).

98
Besoin d’éviter les dangers (sur le plan physique)

Observation du comportement de la personne 


Comportement non verbal
♦ La personne est agitée, confuse dans ses propos.
♦ Son niveau d’anxiété est très important, proche de la panique.
♦ Elle présente un état de faiblesse et de fatigue.
♦ Elle commet des imprudences, par exemple :
- marche trop vite et sans aide, alors qu’elle a des vertiges ou une perte
de l’équilibre,
- prend de trop grosses bouchées de nourriture, boit trop vite, alors
qu’elle présente des troubles de la déglutition.
♦ La personne ne peut pas (douleurs, contre-indication…) se mettre assise
ou demi-assise pour prendre son repas.
♦ Elle adopte des attitudes corporelles qui signifient qu’elle souffre : position
antalgique, repliée, immobile, qui économise les mouvements. Le visage est
pâle, avec des sueurs, présente des crispations, des grimaces ; la respiration
est modifiée.
♦ Elle ne dit plus rien, ne s’intéresse plus à rien, n’a plus envie de manger.

Comportement verbal
La personne :
♦ dit qu’elle est fatiguée, qu’elle a du mal à se lever ;
♦ se plaint, crie, pleure ;
♦ dit qu’elle a mal, qu’elle ne supporte plus le bruit, la lumière, son voisin, sa
famille, les visites : tout lui est insupportable ;
♦ dit qu’elle en a assez de souffrir, que cela fait trop longtemps, est
découragée ;
♦ dit qu’elle ne dort pas, a des insomnies.

Observation de l’environnement 
♦ Noter l’âge de la personne (très jeune enfant…), sa connaissance des
mesures de sécurité et sa capacité à les prendre en compte (personne
désorientée, confuse, déficience intellectuelle…).
♦ Repérer l’absence de moyens de prévention ou de moyens de sécurité
pouvant entraîner des risques (absence de barrières, objets dangereux ou
lourds placés trop près).

99
Les besoins physiologiques

Causes et facteurs favorisants


Toutes les pathologies médicales, chirurgicales et mentales peuvent entraîner
une perturbation dans la capacité à éviter les dangers sur le plan physique.
L’altération de ce besoin peut être liée à :
♦ l’âge de la personne et à sa capacité à connaître et prévenir le risque
(personnes âgées, très jeunes enfants) ;
♦ toute altération de la pensée et du jugement, et à la présence de troubles
confusionnels ;
♦ l’alitement prolongé avec les effets néfastes qu’il entraîne ;
♦ la douleur induite par toutes pathologies ;
♦ l’anxiété ;
♦ l’hospitalisation dans un milieu à fortes densités microbiennes (risque
d’infections nosocomiales).

Rôle de l’aide-soignant
L’aide-soignant, en prenant la personne en charge, doit assurer sa sécurité, et par sa
surveillance doit éviter que celle-ci ne se trouve dans une situation où elle risque de
souffrir ou de se blesser. Il va transmettre à l’infirmière toutes manifestations à risque
et la prévenir d’urgence en cas d’apparition brutale de signes graves.
De même, il va mettre en place, dans les limites de sa fonction, des actions préven­
tives pour éviter que la personne ne souffre des effets néfastes dus à l’hospitalisation
ou au placement et des complications dues à la maladie.
Il devra s’assurer, lors de visites, qu’elles ne soient pas trop nombreuses et ne fati-
guent pas le malade.

Prévenir les accidents


Prévention des risques les plus courants en institution

„„ Pour prévenir les chutes


♦ Placer en permanence les effets usuels à portée de main de la personne
qu’elle soit au lit ou au fauteuil ; s’assurer qu’elle ait ses lunettes, son appareil
auditif…
♦ Veiller à ce que les pieds de la personne soient bien maintenus dans les
chaussures, réajuster les vêtements trop longs.
♦ Maintenir toujours les moyens de sécurité : appareils de mobilisation à
portée (canne, béquille, cadre de marche…), barrières de sécurité du lit pour

100
Besoin d’éviter les dangers (sur le plan physique)

les enfants et adultes ou personnes âgées inconscients, agités ou désorientés.


Bloquer les roulettes des lits et fauteuils roulants, donner la sonnette.
♦ Ne pas laisser debout et seule une personne affaiblie ou qui présente des
troubles de l’équilibre ; si nécessaire les personnes agitées seront maintenues
au fauteuil au moyen d’un drap.
♦ Ne jamais laisser un jeune enfant seul sans surveillance.
♦ Garder les sols secs et non glissants, en ramassant et nettoyant les liquides
ou détritus tombés à terre, en ne laissant traîner aucun objet à terre sur les
lieux de passage (couloir ou chambre).

„„ Pour prévenir les brûlures


♦ Vérifier toujours la température de l’eau d’un bain, d’une douche, ainsi
que des aliments et des boissons des personnes que l’on fait manger.
♦ Ne jamais chauffer un biberon au micro-ondes (il chauffe à cœur : la paroi
du biberon reste tiède alors que le cœur du biberon est brûlant).
♦ S’assurer que les malades ne fument pas dans les chambres (risque d’in-
cendie).

„„ Pour prévenir les étouffements et fausses routes


♦ En cas de vomissements, coucher un enfant ou un adulte sur le côté pour
assurer la prévention des fausses routes.
♦ Ne pas laisser traîner de petits objets auprès d’un jeune enfant.
♦ Pour les personnes ayant des troubles de la déglutition : donner des petits
morceaux d’aliments, leur laisser le temps de bien mastiquer, leur donner à
boire lentement (voir chapitre 7, « Rôle de l’aide-soignant »).

„„ Pour prévenir les empoisonnements (enfants et personnes


désorientées)
♦ Stocker dans un lieu fermé à clé les produits d’hygiène et d’entretien.
♦ Ne pas laisser de médicaments, de solutions dangereuses ni d’allumettes
à portée de l’enfant ou de la personne désorientée ou confuse (attention aux
médicaments du voisin de lit).
♦ Prévenir l’infirmier si l’armoire à pharmacie n’est pas fermée à clé.

„„ Pour prévenir les noyades


♦ Toujours maintenir un enfant qui est dans son bain et ne jamais le laisser
seul.
♦ Ne pas laisser seule ou sans surveillance dans une baignoire, une personne
âgée, fatiguée ou désorientée. En cas de malaise, lui garder la tête hors de
l’eau, retirer la bonde de la baignoire pour la vider puis chercher du secours.

101
Les besoins physiologiques

„„ Pour prévenir les fugues


♦ S’assurer que les verrous de sécurité soient présents aux portes et aux
fenêtres.
♦ Accentuer la surveillance auprès des enfants et ainsi qu’auprès des
personnes désorientées ou suicidaires.

„„ Pour prévenir les coupures et blessures


Enlever couteaux ou objets coupants auprès des enfants et personnes
désorientées.

Prévention des risques liés à des soins spécifiques et auprès


de malades particuliers
Appliquer les consignes de sécurité prioritaires auprès de malades atteints de
symptômes précis et lors de soins spécifiques :

„„ Sur le plan de la mobilisation et de la posture


♦ Laisser toujours en position assise ou semi-assise les personnes présen-
tant des problèmes respiratoires.
♦ Laisser toujours couché le malade inconscient (coma, retour de bloc), en
position latérale de sécurité ou à plat sur le dos, tête sur le côté.
♦ Ne pas faire faire « le pont » (cambrer le dos) au malade qui doit rester
allongé, à plat strictement (ex. : opéré du dos).
♦ Lors d’un premier lever d’un malade, l’effectuer en présence de l’infirmière
et ne jamais laisser seule la personne pendant les 5 à 10 minutes pendant
lesquelles elle va se trouver au fauteuil.
♦ Un malade prémédiqué doit rester couché (risque de vertiges).
♦ Ne pas faire pratiquer de retournement avec risque de rotation interne
de la jambe, chez un opéré de la hanche, sans avoir pris les précautions de
mettre un coussin entre les cuisses et genoux (pour éviter la luxation).
♦ Au moment de changements de position, de transferts, ne pas tirer sur les
sondes, tubulures, vérifier que « tout suive bien ».
♦ Ne pas aller à l’encontre de règles de sécurité dans la mise en place d’élé-
ments de confort. Par exemple, ne pas mettre un coussin sous la tête d’un
malade qui doit rester strictement à plat (inconscient, post-anesthésie…) ;
ou ne pas mettre de coussin sous le genou d’un malade en position semi-
assise, ce qui favoriserait la rétraction musculaire ou la stase veineuse.

„„ Sur le plan de l’alimentation


♦ Ne jamais donner à boire à un patient ayant perdu ses réflexes de déglu-
tition ; ne pas faire se laver les dents ou rincer la bouche ; en cas de soin de
bouche, éliminer le surplus de liquide sur la compresse.

102
Besoin d’éviter les dangers (sur le plan physique)

♦ Lorsqu’un malade doit être à jeun, s’assurer qu’il ait compris l’importance
du jeûne, c’est-à-dire ni manger, ni boire, ni fumer au moins à partir de
6 heures avant l’intervention, voire depuis la veille.
♦ En cas de vomissements : mettre un enfant, un opéré, un comateux en
position latérale de sécurité.

„„ Sur le plan urinaire


♦ Ne jamais laisser un urinal dans le lit en contact prolongé avec les organes
génitaux (verge, bourses) car il y a risque d’infection urinaire, d’irritations
locales, d’escarres. La verge doit être recalottée après la toilette du gland.
♦ Lors de présence d’une sonde urinaire, ne jamais rompre « le système
clos » (ne jamais désadapter la sonde de la poche à urines).
♦ Toujours positionner une poche à urine plus bas que le niveau de la vessie
pour éviter une stase des urines et une infection urinaire.

„„ En cas d’oxygénothérapie
♦ Pour prévenir le risque d’explosion, ne pas mettre en contact l’oxygène
avec des corps gras inflammables (type vaseline), ne pas graisser la bouteille
d’oxygène au niveau du manodétendeur.
♦ Ne pas approcher une flamme ou une cigarette de toute source d’oxygène ;
s’assurer que le malade a compris ainsi que son entourage.

„„ Lors de la prise de température


♦ Tenir le thermomètre chez les enfants, les personnes agitées, confuses.
♦ Ne jamais introduire de thermomètre dans l’orifice d’un anus artificiel
(risque de migration due à l’absence de sphincters).

Prévenir et lutter contre les effets néfastes


   de l’alitement prolongé
Prévenir les escarres
♦ Mettre en place la somme de plusieurs moyens de prévention adaptés
(effleurages, changements de position,  etc.) dès qu’un facteur de risque
paraît important, avant même l’apparition d’une rougeur (voir chapitre 10,
« Rôle de l’aide-soignant »).

Prévenir les ankyloses et les attitudes vicieuses


♦ Mobiliser les articulations pour éviter qu’elles ne se raidissent et installer
correctement le malade pour éviter les mauvaises positions (voir chapitre 9,
« Rôle de l’aide-soignant »).

103
Les besoins physiologiques

Prévenir les troubles thromboemboliques


♦ Mobiliser le malade au lit ce qui permet d’activer la circulation sanguine
et de minimiser les effets de la stase veineuse ; l’aide-soignant prendra le
relais du kinésithérapeute.
♦ Observer (au cours de la toilette et au moment de vider le bassin) et
transmettre les effets indésirables du traitement anticoagulant : présence
d’hématomes (au niveau de la peau, au niveau de l’abdomen aux points
d’injections), de saignement au niveau du nez (épistaxis), des gencives
(gingivorragie), des urines (hématurie), des selles (méléna).

Prévenir l’encombrement bronchique


♦ Mettre le malade en position assise (sauf contre-indication) et le mobili-
ser pour éviter la présence d’une stase bronchique.
♦ Le stimuler à tousser pour évacuer les sécrétions.
♦ Lui donner un crachoir et pratiquer les aérosols qui peuvent être prescrits
pour humidifier les voies respiratoires.
♦ Prendre régulièrement la température.

Prévenir la constipation
♦ Une alimentation riche en fibres et en apport d’eau va permettre de lutter
contre la paresse intestinale due à l’immobilisation au lit… (voir chapitre 8,
« Rôle de l’aide-soignant »).

Prévenir les troubles urinaires


♦ Proposer souvent à boire : 1,5 à 2 litres de liquide par jour (sauf contre-
indication) pour diluer au maximum les urines et lutter contre la stase uri-
naire et une modification éventuelle du pH des urines.
♦ Être attentif aux urines et transmettre à l’infirmière si elles deviennent
troubles ou si le malade se plaint de douleurs en urinant.

Prévenir et lutter contre les infections


♦ Signaler toute douleur, rougeur, chaleur ou toute effraction cutanée au
niveau de la peau de la personne.
♦ Prendre régulièrement la température et faire la courbe.

Prévenir la contamination manuportée


L’aide-soignant doit respecter les règles d’hygiène et se laver régulièrement
les mains ou utiliser les solutions hydroalcooliques selon le protocole mis en
place :

104
Besoin d’éviter les dangers (sur le plan physique)

♦ à la prise du service, en le quittant, après tout geste de la vie courante


(se moucher, aller aux toilettes, fumer…), avant tout soin au malade, après
chaque geste contaminant (balais, poubelles, etc.) ;
♦ respecter la tenue préconisée : mains et avant-bras nus, ongles courts et
non vernis, absence de bijoux ;
♦ suivre la procédure de la désinfection des mains par la solution
hydroalcoolique et celle du lavage des mains (mains et poignets mouillés,
savonnés, rincés et séchés par tamponnement avec des essuie-mains à
usage unique) ;
♦ proscrire le savon en pain, la brosse, l’essuie-main en tissu.

Respecter les règles universelles d’hygiène et d’asepsie


de base
Ceci pour écarter les risques de contamination et éviter aux patients les infec-
tions nosocomiales.

„„ En prévention
♦ Lavage des mains, port de gants à usage unique pour protéger toute
lésion cutanée du soignant.
♦ Port de gants à usage unique pour toute manipulation de sang et des
sécrétions (urines, selles, vomissements, etc.).
♦ Port de surblouse et masque pour tout risque éventuel de projection de
sang ou de liquides biologiques.

„„ En action
Tout contact avec le sang et les sécrétions du malade et toute manipulation de
matériel souillé doivent amener le soignant :
♦ à jeter dans les sacs « à incinérer » le matériel à usage unique utilisé ;
♦ à décontaminer (mettre en contact avec un désinfectant) le matériel non
jetable avant de le laver et le stériliser ;
♦ à mettre dans les sacs « à décontaminer » le linge souillé par le sang ou
liquides biologiques ;
♦ à nettoyer et désinfecter avec un désinfectant (ex. : eau de Javel) toute
souillure sur la surface de travail ou sur le sol.

Respecter les mesures d’isolement


♦ Dans le cas de protection du malade où aucun germe ne doit entrer
dans la chambre : revêtir le matériel de protection et effectuer le lavage des
mains à chaque entrée ; désinfecter ou stériliser le matériel qui entre dans la
chambre.

105
Les besoins physiologiques

♦ Dans le cas d’un malade contagieux où aucun germe ne doit sortir de la


chambre : respecter les règles universelles d’hygiène.
♦ S’assurer que la famille est au courant des mesures mises en place et, si
les visites sont autorisées, que ces mesures sont appliquées (blouse, masque,
lavage des mains).

Lutter contre la douleur physique


Elle est un signe d’alarme : une fois la cause identifiée, elle devient inutile. Elle
doit être traitée et ramenée à un niveau que le malade définira comme suppor-
table. L’aide-soignant devra :
♦ permettre au malade de se plaindre et d’exprimer ce qu’il ressent. En
aucun cas, il ne faut le juger comme douillet, lui dire que ce n’est pas possible
qu’il souffre car on a augmenté les doses d’analgésiques, ou le comparer à un
autre malade qui a la même pathologie et qui ne se plaint pas ;
♦ procurer un environnement adéquat : tranquillité, lumière tamisée, obs-
curité, chaleur… ;
♦ lui proposer des moyens de détente : massages, musique, lecture… ;
♦ aider le malade dans ses activités quotidiennes : alimentation/hydra-
tation, hygiène, mobilisation, élimination… et le laisser faire progressive-
ment ;
♦ en cas de manque d’appétit, offrir des collations ou faire prendre de petits
repas fréquents ;
♦ identifier avec lui les mouvements et les événements qui déclenchent la
douleur ;
♦ demander au patient d’évaluer l’intensité de la douleur par rapport à
un ressenti et par l’intermédiaire d’échelle d’auto-évaluation (EVA…) et grilles
d’évaluation adaptées (Doloplus…), à un moment précis ou par rapport à un
mouvement donné. Noter et transmettre les résultats de l’évaluation de la
douleur ;
♦ transmettre et lutter contre les effets indésirables du traitement an-
talgique :
- lutter contre la constipation (spécialement chez les malades sous
morphine) en étant attentif à faire boire souvent la personne et à lui faire
manger des légumes, des fruits, des aliments riches en fibres : céréales,
pain au son, lentilles, pruneaux, figues…,
- transmettre des effets secondaires tels que les nausées, les vomisse-
ments, la somnolence et veiller alors au confort du malade ;
♦ lutter contrer contre les symptômes qui augmentent la douleur :
- en cas de diarrhées fréquentes, pratiquer les soins d’hygiène pour éviter
l’inflammation : toilette du siège, séchage par tamponnements,
- en cas d’incontinence, faire des changes fréquents : pour éviter -l’incon-
fort, la macération et l’irritation des tissus,
106
Besoin d’éviter les dangers (sur le plan physique)

- en cas de dyspnée, installer en position demi-assise, caler confortable-


ment par des oreillers,
- en cas d’insomnie, favoriser le repos du jour : ne pas réveiller la personne
quand elle dort et savoir retarder la distribution du petit-déjeuner ou la
toilette ; privilégier les moments de sieste dans la journée,
- en cas de bouche sèche, ulcérée, infectée, sale ou malodorante, pratiquer
souvent des soins de bouche (4 à 5 fois par jour) qui calment la douleur
et apportent un confort très appréciable. Entre ces soins, humidifier la
bouche par des pulvérisations d’eau avec un brumisateur,
- mettre en place toutes les mesures de prévention d’escarres (voir
chapitre 10).

Collaboration au diagnostic infirmier


Si ces difficultés persistent malgré les soins précoces et ponctuels exécutés par
l’infirmière et malgré les interventions dans le cadre de son rôle propre avec
la collaboration de l’aide-soignant, on parlera de problèmes qui peuvent faire
référence aux diagnostics infirmiers suivants (classification et définitions ANADI).

1.2.1.1.  Risque d’infection


Risque de contamination par des organismes pathogènes.
1.6.1.  Risque d’accident
Situation dans laquelle une personne risque de se blesser parce que les conditions
dans lesquelles elle se trouve dépassent ses capacités d’adaptation et de défense.
1.6.1.1.  Risque de suffocation
Danger de suffocation accidentelle (manque d’air).
1.6.1.2.  Risque d’intoxication
Risque d’entrer accidentellement en contact avec des substances dangereuses en
quantités suffisantes pour provoquer une intoxication.
1.6.1.3.  Risque de trauma
Risque accru de blessure accidentelle aux tissus (plaie, brûlure, fracture…).
1.6.1.4.  Risque de fausse route (d’aspiration)
Risque d’inhaler des sécrétions gastriques et/ou oropharyngées, des solides ou
des liquides dans la trachée et les bronches.
1.6.1.5.  Risque de syndrome d’immobilité
Risque de détérioration des fonctions organiques due à une inactivité musculo-
squelettique prescrite ou inévitable.
1.6.2.  Altération des mécanismes de protection
Baisse de l’aptitude à se protéger des menaces internes ou externes telles que la
maladie ou les accidents.
9.1.1.  Douleur
Sensation pénible sévère ou modérée exprimée par la personne.
9.1.1.1.  Douleur chronique
107
Les besoins physiologiques

Douleur persistant depuis plus de 6 mois.


Le diagnostic infirmier posé, l’infirmière, en collaboration avec l’aide-soignant
et l’équipe, mettra en place des objectifs de soins et une planification des
actions pour permettre au malade de retrouver totalement ou partiellement
l’indépendance de ce besoin.

108
Partie III

Les besoins
psychosociaux

15 Besoin d’éviter les dangers (sur le plan psychologique) 111

16 Besoin de communiquer avec ses semblables 119

17 Besoin d’agir selon ses croyances et ses valeurs 125

18 Besoin de s’occuper en vue de se réaliser 131

19 Besoin de se récréer 143

20 Besoin d’apprendre 147


Les besoins psychosociaux

Au niveau des besoins psychosociaux, il est plus difficile de déterminer les signes
significatifs et observables (en dehors de comportements déviants ou patholo-
giques manifestes) de la satisfaction du besoin. Ceux-ci, en effet, sont propres à
chaque individu et liés à sa personnalité, à son éducation ainsi qu’à son héritage
culturel dans sa manière d’exprimer ou de ne pas exprimer sa satisfaction.
Toutefois, certains signes vont permettre de repérer une difficulté, ceci d’autant
plus que l’on connaîtra la personne et ses réactions.

110
Chapitre 15

Besoin d’éviter les dangers


(sur le plan psychologique)
L’être humain est menacé au niveau de sa structure psychique et mentale, dans
l’intégrité de son « moi », par des stimuli qui viennent de son entourage ou de
l’environnement et de ses propres réactions.
Pour maintenir son intégrité psychologique et sociale et faire face aux événe-
ments de la vie et à l’anxiété et au stress qu’ils génèrent, il apprend à se connaître
et à utiliser ses mécanismes de défense qu’il élabore tout au long de sa vie.
Les mécanismes de défense sont des réponses le plus souvent inconscientes
élaborées par notre psychisme pour réduire l’angoisse et les conflits, en modifiant,
déformant voire rejetant la réalité. Il en existe de nombreux parmi lesquels :
♦ le déni, qui ignore un événement pénible, comme s’il n’existait pas : on
n’en parle pas, on le nie ;
♦ le refoulement, qui empêche les pensées pénibles de remonter au niveau
de la conscience : on évite d’en parler ;
♦ la rationalisation, qui justifie les comportements par une explication
logique : on en parle, on explique sans trop d’émotions ;
♦ la régression, qui se manifeste par un comportement correspondant à
un âge antérieur (plus jeune) ; par exemple, un comportement infantile.

Manifestations et particularités du besoin


Enfant Adolescent Jeune adulte Adulte retraité Personne âgée
– a besoin de – est en quête – adaptable, se – connaît ses – diminution des
la présence de lui-même, se sent responsable réactions émo- mécanismes de
rassurante de croit invulnéra- de ses conduites tionnelles défense, devient
ses parents ble – fonde une – peut se sentir fragile et vulnéra-
– découvre – veut tenter famille, recherche diminué et moins ble
l’autonomie toutes les expé- un emploi, un solide psychologi- – tout va trop vite,
– apprend à riences logement quement se sent bousculé
maîtriser ses – découverte de – confronté au – confronté au dé- – craint les nou-
peurs et ses l’amour et de la stress du couple, part des enfants, velles expériences
craintes sexualité des enfants, du à la solitude, à la
travail mort d’êtres aimés
L’observation aide-soignante 111
© 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Les besoins psychosociaux

Manifestations et particularités du besoin (suite)


Enfant Adolescent Jeune adulte Adulte retraité Personne âgée
– découvre – capable du – chez la femme
d’autres lieux passage à l’acte : enceinte, adapta-
de confiance : fugue, tentatives tion à cet état
école, clubs de suicide, arrêt
sportifs, de de la scolarité,
musique, etc. délinquance

Altération du besoin. Observation


de manifestations ou difficultés
En dehors de toute pathologie mentale, toute personne fragilisée psychique-
ment par des événements personnels surajoutés à la maladie, l’hospitalisation,
la perte de repères, la crainte d’un diagnostic, peut manifester des signes d’an-
xiété qui, s’ils ne sont pas pris en compte, peuvent s’intensifier et entraîner une
désorganisation comportementale.

Observation des signes physiques


♦ Faciès triste, bouche sèche, pâleur du visage, crispation.
♦ Yeux grand ouverts, écarquillés, larmoyants ou hagards.
♦ Mains froides et moites.
♦ Polyurie, mictions fréquentes, symptômes génito-urinaires.
♦ Tachycardie, palpitations, céphalées.
♦ Dyspnée, augmentation du rythme respiratoire.
♦ Transpiration, sueurs abondantes, tremblements.
♦ Vomissements, diarrhée.
♦ Modifications de l’appétit.
♦ Hallucinations, délires.
♦ Crise d’angoisse avec tremblements, douleurs thoraciques, sensation
d’étouffer, des palpitations, des étourdissements, une difficulté à avaler,
impression de boule dans la gorge…
♦ Symptômes physiques : gastro-intestinaux, tension musculaire ou osseuses.
♦ Marques d’automutilation.

Observation du comportement de la personne


Comportement non verbal
♦ La démarche est ralentie, traînante.
112
Besoin d’éviter les dangers (sur le plan psychologique)

♦ La personne est agitée, ses déplacements sont fréquents, elle bouge sans
arrêt ses jambes, ses pieds, ses bras et/ou ses mains, elle ronge ses ongles,
manifeste de l’impatience et de la nervosité, mordille ses lèvres…
♦ Elle sursaute souvent, est sensible au bruit, se méfie, manifeste de la
défiance, par des regards obliques et fuyants.
♦ Elle a une expression de peur, d’effroi.
♦ Elle a une humeur triste, dépressive avec des crises de larmes fréquentes,
ou au contraire est surexcitée, volubile, rit nerveusement, est bouleversée.
♦ Irritable, en colère, les poings serrés, le visage tendu, l’attitude rigide.
♦ Son comportement est provocateur, agressif, autodestructeur ou
menaçant.
♦ Elle se désintéresse de son hygiène personnelle, a une tenue débraillée.
♦ Elle a tendance à la passivité, à se complaire dans une dépendance
excessive.
♦ Elle diminue ses activités de la vie quotidienne et/ou les accomplit
difficilement.
♦ Elle s’ennuie, a une pensée ralentie, se replie sur elle, a des difficultés à se
concentrer.
♦ Elle refuse de communiquer.
♦ Elle recherche l’attention d’autrui, a un besoin excessif d’être rassurée.
♦ Elle a des troubles du sommeil : insomnie, cauchemars, cris, difficulté à
s’endormir.
♦ Elle a des troubles de l’appétit  : manque d’appétit, changement des
habitudes alimentaires, modifications de l’appétit ou du poids.
♦ Elle abuse ouvertement ou en cachette de l’alcool, tabac et/ou médica-
ments.

Comportement verbal
La personne :
♦ s’exprime d’une voix neutre, monotone ou tremblante, chevrotante ou
d’une voix forte, avec augmentation du timbre et du débit de la parole ;
♦ s’exprime avec de longues périodes de silence ; avec un léger bégaiement ;
♦ s’exprime avec colère : a des paroles agressives, tient des propos hostiles
et menaçants, manifeste sa rage ;
♦ a des paroles confuses ou son langage est inapproprié, incompréhensible ;
♦ a des idées pessimistes, dit « qu’elle en a assez de vivre, qu’elle veut mou-
rir » ;
♦ exprime un sentiment de désespoir, un sentiment d’impuissance ;
♦ fait part de ses doutes, de ses échecs, de ses regrets, de son incapacité à
surmonter les difficultés ;
113
Les besoins psychosociaux

♦ dit qu’elle éprouve de la haine vis-à-vis d’elle-même, qu’elle ne s’aime pas,


ne se sent pas aimée des autres ;
♦ s’autoaccuse : dit que c’est de sa faute, qu’elle est responsable, qu’elle est
incapable de se pardonner, qu’elle est déçue d’elle-même ;
♦ dit qu’elle ne vaut rien, qu’elle a honte, qu’elle est sale, qu’elle se dégoûte ;
♦ dit qu’elle a peur de changer sa manière de vivre, peur de chercher
de l’aide, qu’elle se sent paralysée, qu’elle a peur de ce qu’on va penser
d’elle ;
♦ dit qu’elle se sent de plus en plus anxieuse, qu’elle est incapable d’exprimer
ce qu’elle ressent ; elle exprime un sentiment de péril grave qu’elle ne peut
pas expliquer, une terreur extrême, soudaine, irraisonnée ;
♦ exprime sa peur et peut la nommer : peur de l’opération, du diagnostic,
de souffrir, de mourir, de son corps qui va changer, de ne plus pouvoir rentrer
chez elle ;
♦ manifeste une « panique » : la personne exprime une grande angoisse
avec une sensation de malaise et de mort imminente, et le sentiment de
devenir folle ou de perdre le contrôle d’elle-même ;
♦ se plaint de douleurs physiques vagues au niveau de la poitrine, du dos,
du cou, exprime sa fatigue, son manque d’énergie ;
♦ se plaint, rabâche, réclame sans cesse.

Causes et facteurs favorisants


Toutes les pathologies médicales et chirurgicales et mentales peuvent entraî-
ner une perturbation dans ce besoin de sécurité psychologique. Les personnes,
étant perturbées émotionnellement ou ayant des troubles de la personnalité,
sont plus vulnérables.
L’altération de ce besoin peut être liée à/aux :
♦ la douleur ;
♦ une situation de crise, des pertes, des séparations ;
♦ une perte de l’image corporelle ou perte de l’identité ;
♦ l’anxiété, le stress, la dépression ;
♦ alcoolisme, la drogue ;
♦ violences familiales (dysfonctionnement, maltraitance, carences affectives) ;
♦ des catastrophes naturelles ou accident dramatique (inondation, incendie,
agression, viol, attentat, torture, prise d’otage…) ;
♦ la maladie, l’approche de la mort.

114
Besoin d’éviter les dangers (sur le plan psychologique)

Rôle de l’aide-soignant
Transmettre à l’infirmière ces manifestations. La prévenir d’urgence en cas d’appari-
tion brutale de ces signes. Ces symptômes peuvent accompagner certaines patholo-
gies médicales ou mentales, qui seront diagnostiquées et traitées par le médecin et
prises en compte par le psychologue et l’équipe soignante.
Dans le cadre de son rôle prescrit, l’infirmière exécute des soins précoces et ponctuels
et elle intervient dans le cadre de son rôle propre avec la collaboration des aides-
soignants à la mise en place de soins sécurisants d’hygiène et de confort.
Pour prévenir les complications et éviter qu’une difficulté passagère ne devienne un
problème qui s’inscrirait dans la durée, les interventions de l’aide-soignant et la sur-
veillance porteront sur tous ces points d’observation.

♦ Accueillir la personne pour l’aider à s’adapter au nouveau milieu.


♦ Créer un climat de compréhension et donner des explications claires.
♦ Procurer un environnement sécurisant : donner des repères de temps et
de lieux, donner la sonnette, répondre rapidement à l’appel…
♦ Éviter les stimuli trop nombreux pour les personnes fatiguées ou
sensibles : bruits, lumière vive, visites nombreuses (gens qui parlent et rient
bruyamment), etc.
♦ Rassurer la personne par sa présence et son écoute attentive, garder une
attitude de non-jugement.
♦ Favoriser les propos valorisants et rassurants.
♦ Lorsque la personne nomme sa peur, l’écouter et la rassurer. Par exem-
ple, si c’est une peur liée à l’hospitalisation, insister sur les points forts de
l’établissement : ex. : la qualité de l’équipe médicale, la sécurité mise en
place, le traitement de la douleur, l’accompagnement fait par l’ensemble
de l’équipe, etc.
♦ Repérer et transmettre les effets indésirables des psychotropes (tranquil-
lisants, anxiolytiques, antidépresseurs, neuroleptiques…) qui exercent une
action apaisante sur l’anxiété, l’humeur, l’agitation, l’agressivité :
- surveiller le transit intestinal du patient et privilégier un apport de
fibres (légumes) au moment du repas pour lutter contre la constipation ;
- lui conseiller de boire en petites quantités pour calmer la sécheresse
de la bouche ;
- le rassurer lorsqu’il voit « flou » en lisant ou en regardant la télévision,
certains psychotropes entraînant des troubles de l’accommodation ;
- transmettre immédiatement à l’infirmière d’autres signes qui peuvent
apparaître tels que : céphalées, tachycardie, palpitations, nausées, dou-
leurs gastriques…

115
Les besoins psychosociaux

♦ Observer le comportement de la personne dans ses relations avec l’entou-


rage, observer si les visites ont un effet bénéfique ou non et le transmettre.
♦ Pendant les soins d’hygiène et de confort, stimuler le patient pour l’aider
à lutter contre la passivité et le repli sur soi.

En cas de comportement anxieux ou agité


♦ Procurer un environnement calme : diminuer les stimuli, baisser la radio
et la télévision de la personne ou de son voisin, baisser la lumière, veiller à ce
qu’il n’y ait pas trop de visiteurs en même temps…
♦ Respecter les silences et les pleurs.
♦ Faire participer la personne le plus possible à ses soins.
♦ Lui permettre d’exprimer ses sentiments par rapport à un deuil, les pertes
qu’elle vit ou la dépendance dans laquelle elle est, la difficulté qu’elle a à
accepter cette nouvelle image d’elle-même, ou à assumer un nouveau rôle
(de malade, d’handicapé, de parent…), etc.
♦ Laisser la personne progresser à son rythme par rapport à la prise
de conscience de ce qui lui arrive (Temps : laisser le à la colère, le déni, la
dépression…).

En cas de crise d’angoisse


♦ Rester auprès de la personne ou faire en sorte qu’elle ne reste pas seule.
♦ Ne pas céder à la panique, rester calme, parler pour rassurer, écouter pour
comprendre, lui tenir la main si elle le désire ou lui proposer de lui masser les
mains.
♦ Demander de l’aide si le soignant ne peut maîtriser l’angoisse.

En cas de comportement agressif et/ou violent


♦ Donner une limite au comportement agressif, lui dire de s’arrêter, lui par-
ler d’une voix calme et sereine.
♦ En cas de comportement violent : garder ses distances et ne pas toucher
la personne si elle exprime qu’elle ne supporte pas qu’on l’approche : « Ne
me touchez pas, éloignez-vous ».

En cas de risque suicidaire


♦ Instaurer un climat de confiance qui apaisera la culpabilité.
♦ Tenir des propos valorisants et rassurants pour permettre à la personne
d’exprimer ses sentiments.
♦ S’interdire tout jugement ou idée préconçue sur la personne elle-même
ou sur son acte, tels que : « c’est de la lâcheté », « il fait du chantage », « il a
tout pour être heureux », « il devrait se secouer »

116
Besoin d’éviter les dangers (sur le plan psychologique)

♦ Assurer une surveillance discrète mais constante et vigilante, pour réduire


les risques éventuels et assurer sa sécurité.
♦ Enlever de la chambre tout objet coupant ou pouvant être dangereux
(verre, rasoir, couteau…), tout ce qui pourrait entraîner une strangulation ou
un étouffement (liens, ceinture, sacs…) ; veiller à ce qu’il n’y ait pas d’accu-
mulation de médicaments.
♦ Bloquer les fenêtres lorsque la chambre se trouve à l’étage.

Collaboration au diagnostic infirmier


Si ces difficultés persistent malgré les soins précoces et ponctuels exécutés
par l’infirmière et malgré les interventions dans le cadre de son rôle propre
avec la collaboration de l’aide-soignant, on parlera de problèmes qui peuvent
faire référence aux diagnostics infirmiers suivants (classification et définitions
ANADI).

9.2.2.  Risque de violence envers soi ou envers les autres


Conduite susceptible de faire du tort à soi-même ou autrui.
9.2.2.1.  Risque d’automutilation
Risque de se blesser sans intention de se tuer, produisant des lésions tissulaires et
une sensation de soulagement.
9.2.3.  Réaction post-traumatique
Réaction pénible et prolongée à un malheur imprévu.
9.2.3.1.  Syndrome du traumatisme de viol
Ce syndrome se divise en trois éléments : traumatisme, réaction mixte et réaction
silencieuse. Chaque élément apparaît comme un diagnostic séparé.
9.2.3.1.1.  Syndrome du traumatisme de viol : réaction mixte
9.3.2.1.2.  Syndrome du traumatisme de viol : réaction silencieuse
Pénétration sexuelle violente faite sous contrainte et contre la volonté de la
victime. Le syndrome de traumatisme qui suit une agression sexuelle ou une
tentative d’agression comprend une phase aiguë de désorganisation du mode
de vie et un processus à long terme de réorganisation.
9.3.1.  Anxiété
Vague sentiment de malaise d’origine souvent indéterminée ou inconnue.
9.3.2.  Peur
Crainte reliée à une source identifiable que la personne peut confirmer.
Le diagnostic infirmier posé, l’infirmière, en collaboration avec l’aide-soignant
et l’équipe, mettra en place des objectifs de soins et une planification des
actions pour permettre au malade de retrouver totalement ou partiellement
l’indépendance de ce besoin.

117
Chapitre 16

Besoin de communiquer
avec ses semblables
La communication est une des principales fonctions humaines. Les organes senso-
riels permettent de capter des stimulations et de les transmettre au système ner-
veux pour les interpréter et donner une réponse. Le langage corporel (expression du
visage, gestes, postures…) révèle les états « d’être » de la personne (émotions, état
affectif…), le langage verbal précise et nuance ce qu’elle veut exprimer.
Par les échanges avec sa famille, son entourage, ses amis, qui peuvent être de
l’ordre du physique, émotionnel, affectif, intellectuel ou artistique, la personne
peut assurer la satisfaction de ce besoin fondamental.
Ces modes d’expression s’apprennent et se développent tout au long de la vie
et selon des critères propres à la culture, l’éducation, les valeurs familiales et la
personnalité.

Manifestations et particularités du besoin

Enfant Adolescent Jeune adulte Adulte retraité Personne âgée


– apprentissage – conduites origi­ – expression de – rupture avec la – déficits sen­
de la parole nales, excentriques sa personnalité vie professionnelle soriels
– exprime ses – appartenance – relations – départ des – dialogue
besoins, ses à un groupe, im­ amoureuses, enfants difficile, solitude,
émotions, son portance de la sexuelles, – redécouverte veuvage
affection et son musique amicales, pro­ d’une vie de couple – craint un excès
désir de plaire – engagement fessionnelles, – confrontation à de stimulations
– découvre dans l’amitié, sociales la mort (parents, (bruit, monde…)
les autres et l’amour, expérien­ – vie de couple, amis) – tendance au
partage ces sexuelles famille repli sur soi

Altération du besoin. Observation


de manifestations ou difficultés
Des problèmes de santé, un état physique ou un traitement médical peuvent
perturber la capacité de communiquer. De même les émotions ou états affectifs
(le stress, l’anxiété…) peuvent agir sur la communication.

L’observation aide-soignante 119


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Les besoins psychosociaux

Une perte (éloignement d’un environnement familier, privation de capacités


fonctionnelles, mort d’un parent…) ou une mauvaise estime de soi peuvent être
la cause d’un isolement familial ou social.
Dans sa difficulté à communiquer ou à socialiser avec son entourage, la per-
sonne peut ressentir un grand sentiment de solitude, de souffrance qu’elle peut
manifester par des modifications de son comportement.
La personne peut présenter un ou plusieurs des signes suivants.

Observation des signes physiques


♦ Agitation.
♦ Dyspnée, signes de suffocation (cherche l’air, main à la gorge…).
♦ Perturbation des habitudes alimentaires, estomac noué, dérangements
digestifs.
♦ Perturbation des habitudes de sommeil, insomnie, hypersomnie.
♦ Plaintes somatiques, céphalées, douleurs diffuses…
♦ La personne ne peut pas parler  : aphasie, dysphagie, présence de
trachéotomie…
♦ La personne ne peut pas s’exprimer par le corps (paralysie, plâtre contrai-
gnant…).

Observation du comportement de la personne


Comportement non verbal
♦ Mutisme, la personne ne parle pas ou ne veut pas parler.
♦ Pleurs fréquents.
♦ État d’ennui et de tristesse, soupirs.
♦ Regard fuyant, refus de communiquer avec l’entourage.
♦ Repli sur soi, le visage exprime la souffrance.
♦ Désorientation par rapport au temps (ne sait plus quel jour on est…), aux
personnes (ne reconnaît plus les visages familiers…), à l’espace (ne sait pas
qu’elle est à l’hôpital ou en institution, ne retrouve plus sa chambre…).
♦ La personne montre une attitude de malaise lorsqu’elle se trouve en
groupe (salle à manger, animations…).
♦ La personne manifeste de l’anxiété lorsque l’on s’approche trop près d’el-
le, rougit quand on lui parle.
♦ Diminution de la capacité à se concentrer.
♦ Préoccupée par ses pensées, la personne exécute des gestes répétitifs
dénués de sens.
♦ Elle montre de la méfiance vis-à-vis des personnes et des soins qu’on lui
prodigue.
120
Besoin de communiquer avec ses semblables

♦ Au cours des soins, elle recherche l’attention des soignants et leur appro-
bation, ou au contraire s’en désintéresse.
♦ Elle est indifférente aux stimulations touchant un seul côté de son corps
(ne regarde pas ce côté, laisse des aliments dans son assiette de ce côté).
♦ Elle régresse à un stade de développement psychologique antérieur.

Comportement verbal
La personne :
♦ est étrangère et ne connaît pas la langue dominante (par ex. : le français
en France) ;
♦ a des troubles de l’élocution : bégaiement, difficulté à former des mots ou
des phrases ;
♦ a une communication inefficace : langage incohérent, messages obscurs
et incomplets ;
♦ est agressive verbalement : cris, colère ;
♦ est hostile dans la voix ou irritable envers autrui, nerveuse ;
♦ refuse qu’on lui manifeste de l’intérêt ou de la sollicitude ;
♦ a de la difficulté à exprimer ses besoins, ses émotions, refoule ses senti-
ments ;
♦ dit qu’elle a l’impression d’étouffer ;
♦ dit qu’elle se sent mal à l’aise lorsqu’elle est avec d’autres personnes, choisit
de s’isoler ;
♦ ne communique pas avec les personnes qui l’entourent (voisins de table, au
cours de sorties…), ne montre pas d’intérêt ou de sollicitude pour les autres ;
♦ exprime un manque d’affection et d’amour de la part de ses proches ;
♦ exprime un sentiment de culpabilité ;
♦ ressent des inquiétudes concernant sa sexualité (craintes de limitations
futures dans les relations sexuelles, de la perte d’un attrait sexuel, peur d’être
rejetée…) ;
♦ manifeste son anxiété suite à une modification de son image corporelle.

Comportement de l’entourage
♦ La personne est rejetée, jugée par les autres (soignants, autres malades
ou résidents…) comme ayant un comportement inacceptable.
♦ Absence de visites, de soutien de la part de personnes considérées comme
importantes : famille, amis…

Causes et facteurs favorisants


Les pathologies médicales, chirurgicales et psychiatriques les plus fréquemment
rencontrées entraînant une perturbation du besoin de communiquer sont  :
121
Les besoins psychosociaux

l’accident vasculaire cérébral (AVC avec aphasie), les cancers du larynx, la mala-
die de Parkinson, la sclérose en plaques, la paralysie des cordes vocales, la tra-
chéotomie, les traumatismes crâniens, les comas, la dépression, les délires, la
schizophrénie…
Outre les pathologies médicales, chirurgicales ou psychiatriques, l’altération de
ce besoin de communiquer peut être liée à des facteurs biologiques psycholo-
giques, culturels ou sociaux :
♦ des déficits sensoriels (diminution ou atteinte d’un organe des sens) ;
♦ la mise en place de mesures d’isolement suite à une prescription médicale ;
♦ le vieillissement qui entraîne une moindre résistance au stress et une plus
grande difficulté à s’adapter ;
♦ une origine culturelle différente, une barrière linguistique ;
♦ un manque de connaissance des moyens efficaces de communiquer ;
♦ une crise existentielle ou situationnelle, d’origine physique (hospitalisa-
tion, maladie…), psychologique (éloignement, déménagement, déracine-
ment…), sociale (retraie, chômage…), etc. ;
♦ un deuil ou des perturbations dans les relations familiales ou sociales
(rupture, séparations, divorce…) ;
♦ une difficulté d’adaptation à une situation, une dépendance ;
♦ un manque de contrôle de l’anxiété ;
♦ une diminution de l’estime de soi.

Rôle de l’aide-soignant
Transmettre à l’infirmière ces manifestations. La prévenir en cas d’apparition soudaine
de ces signes.
Ceux-ci peuvent être les symptômes de certaines pathologies, ils peuvent aussi
accompagner d’autres pathologies et seront pris en compte par le médecin et/ou la
psychologue.
L’infirmière exécute les soins sur prescription médicale et l’aide-soignant veille aux
soins d’hygiène et de confort.
Pour favoriser une meilleure communication, prévenir des complications, et pour évi-
ter qu’une difficulté passagère ne devienne un problème qui s’inscrirait dans la durée,
dans le cadre du rôle propre de l’infirmière et avec sa collaboration, les interventions
de l’aide-soignant et sa surveillance porteront sur tous ces points d’observation.

♦ Avoir une attitude calme et positive et procurer un environnement calme


et sécurisant.
♦ Établir une relation de confiance et signifier à la personne qu’elle a de la
valeur.
♦ Montrer que pleurer est possible, par une attitude compréhensive et cha-
leureuse, respecter les larmes et utiliser le toucher.
122
Besoin de communiquer avec ses semblables

♦ L’inciter à prendre en charge ses soins personnels et l’aider à évaluer les


changements de comportements qui sont susceptibles d’améliorer ses rela-
tions avec les autres.
♦ Repérer les centres d’intérêt et suggérer des activités individuelles (de-
mander aux proches d’apporter des supports d’activité : jeux, livres, radio,
tricot, matériel manuel…).
♦ Stimuler les interactions sociales de la personne avec les autres en vue de
favoriser des relations, et les activités de groupe.
♦ Prodiguer des encouragements.
♦ La rassurer en lui disant qu’on trouvera un moyen de communiquer même
si c’est difficile.

En cas d’atteinte sensorielle

Déficit visuel Déficit auditif Aphasie Désorientation Non-perception


temporo-spatiale de l’hémicorps
– se nommer – toucher – fournir à la per­ – tous les matins, – (déficit de la
lorsque l’on la personne sonne des moyens orienter la personne perception de la
entre dans la lorsqu’on d’exprimer ses (où elle est, quand moitié du corps)
chambre l’aborde désirs : papier, sommes-nous : quel – lors du
– mettre les – parler du côté crayon, ardoise, jour, quelle heure, contact, se placer
objets à portée de la meilleure pictogrammes quelle saison…) du côté sain, y
de main, les oreille, ou se (dessins illustrant – la faire participer placer de même
nommer et lui mettre en face, tout ce dont elle à ses soins, faire sonnette, télé­
faire toucher articuler et par­ peut avoir besoin) nommer le maté­ phone, radio…
pour les ler lentement – demander d’ar­ riel, les parties du – l’aider à
identifier – en cas d’ap­ ticuler de façon corps reconnaître les
– les laisser pareil auditif, exagérée, pour lire – demander aux personnes, les
à la même ne pas crier, ni sur les lèvres proches d’apporter objets, les ali­
place dans la parler trop fort – observer la di­ des objets fami­ ments placés du
chambre – utiliser le rection du regard, liers : photos, bibe­ côté non perçu
mode écrit pour les signes de tête lots, faire s’exprimer
les messages pour deviner les la personne
plus complexes désirs

♦ Vérifier la mise en place des prothèses (auditives, lentilles, lunettes…), et


s’assurer de leur propreté, aider la personne à les mettre.
♦ Laisser du temps pour amorcer une communication et pour répondre.
♦ Donner des informations claires et concises, pendant les soins.
♦ Proposer à la famille d’apporter des appareils qui peuvent stimuler selon
le déficit : appareil radio, appareil de télévision avec décodeur, machine à
écrire, ardoise…
♦ Féliciter la personne de ses progrès.
123
Les besoins psychosociaux

♦ Suggérer aux proches d’apporter des objets familiers (matériel de toilette,


parfum, photos, bibelots, livre de référence…).
♦ Lui permettre de s’exprimer sur ses difficultés, les changements particu-
liers que sa maladie, son opération, ou son traitement ont entraînés, et res-
pecter le fait que la personne ne veuille pas voir immédiatement les modifi-
cations corporelles.
♦ Permettre à la personne d’exprimer ses inquiétudes face à sa sexualité,
sans jugement sur ses choix et/ou orientations sexuelles.

Collaboration au diagnostic infirmier


Si ces difficultés persistent malgré les soins sur prescription exécutés par l’infir-
mière et malgré ses interventions dans le cadre de son rôle propre avec la colla-
boration de l’aide-soignant, on parlera de problèmes qui peuvent faire référence
aux diagnostics infirmiers suivants (classification et définitions ANADI).

2.1.1.1.  Altération de la communication verbale


Inaptitude ou difficulté à utiliser ou à comprendre le langage dans les interactions
humaines.
3.1.1.  Perturbation des interactions sociales
Rapports sociaux insuffisants, excessifs ou inefficaces.
3.1.2.  Isolement social
Expérience de solitude que la personne considère comme imposée par autrui et
qu’elle perçoit comme négative ou menaçante.
3.1.3.  Risque de sentiment de solitude
État subjectif d’une personne exposée au risque d’éprouver une vague dysphorie.
3.2.1.2.1.  Dysfonctionnement sexuel. Changement dans le fonctionnement sexuel
perçu comme insatisfaisant, dévalorisant ou inadéquat.
3.3.  Perturbation de la sexualité
Expression d’inquiétude face à sa sexualité.
7.2.  Altération de la perception sensorielle
Préciser : auditive, gustative, kinesthésique, olfactive, tactile, visuelle.
Réaction diminuée, exagérée, anormale ou inadéquate à un changement dans la
qualité ou la nature des stimuli que reçoivent les sens.
7.2.1.1.  Négligence de l’hémicorps
État dans lequel une personne ne perçoit pas un côté de son corps ou n’y porte
pas attention.
Le diagnostic infirmier posé l’infirmière, en collaboration avec l’aide-soignant
et l’équipe, mettra en place des objectifs de soins et une planification des
actions pour permettre à la personne de retrouver totalement ou partiellement
l’indépendance de ce besoin.

124
Chapitre 17

Besoin d’agir
selon ses croyances
et ses valeurs
La dimension spirituelle est inhérente à la nature humaine, c’est un principe de vie,
elle ne se limite pas uniquement aux croyances et aux pratiques religieuses, elle
concerne tous les aspects de l’existence et permet de donner un sens à sa vie.
Le bien-être existentiel fait référence au sens et à l’agrément que l’on trouve à
la vie, le bien-être religieux fait référence à sa relation à Dieu, au sens de la vie
replacée dans une perspective d’éternité.
Des événements imprévus et bouleversants amènent toute personne à réfléchir
sur le sens de son existence, sa relation avec elle-même, avec les autres et avec
Dieu, à se poser des questions et parfois même à prendre une décision qui remet
en question son système de croyances et de valeurs.

Manifestations et particularités du besoin

Enfant Adolescent Jeune adulte Adulte retraité Personne âgée

– très attaché – remet en cause – choisit sa – confronté à la – fait son bilan


à ses parents, les normes, les profession, fonde fin de vie, à la personnel, se
découvre les valeurs, l’éduca- une famille, mort, au deuil, prépare à la mort
notions de bien, tion qu’on lui a donne un sens à prend du recul
– met de l’ordre,
de mal, de Dieu, inculquée, choisit sa vie par rapport aux
organise sa fin
de la mort… son idéal événements
– affirme ses va- de vie sur le
– s’identifie aux – peut s’engager leurs et s’engage – accède à une plan matériel,
valeurs familiales pour de grandes pour le maintien certaine sagesse familial (où finir
causes politiques de ses valeurs de réflexion et de ses jours ?) et
– très pudique,
ou religieuses morales, cultu- philosophie spirituel
apprend le
relles, politiques
respect de soi et – fragile, il défie – peut
et religieuses
d’autrui et joue avec la transmettre son
mort expérience

L’observation aide-soignante 125


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Les besoins psychosociaux

Le deuil
Un deuil, une perte (toute transformation physique, psychologique ou sociale
peut être ressentie comme une perte), entraînent une grande souffrance et de
la confusion dans ses sentiments.

Le processus normal de deuil


La mort d’un être cher, la séparation physique (déménagement), la rupture d’un
couple (divorce), la perte d’une fonction du corps ou d’un membre, une altéra-
tion de son image corporelle, le diagnostic de maladie incurable, la perte immi-
nente de sa propre vie, la disparition de son animal favori, d’un bien précieux,
d’un rôle social etc., sont considérés comme des pertes importantes.
Le docteur Kübler-Ross a mis en évidence les réactions psychologiques que les
individus mettent en place inconsciemment pour passer du « refus » de ce qui
leur arrive (ou du déni) à « l’acceptation ».
Chaque étape est propre à chaque individu dans son intensité et sa durée. Cha-
que étape est utile, prend du temps et permet à la personne de « digérer » la
nouvelle, de « faire son deuil » (travail de deuil).

Les étapes du deuil selon le docteur Kübler-Ross1


Ces étapes normales du deuil doivent être accomplies pour rétablir l’équilibre
de la personne.

Les cinq étapes du deuil

1 2 3 4 5
La négation Rage et Le marchandage La dépression L’acceptation
« non, pas colère « pourquoi « oui moi, « oui, moi »
moi » moi ? » mais… »
À l’annonce de ce Elle réagit au Elle accepte la Elle pleure, Son heure est
qui va provoquer fait que ce soit réalité de la pense à ce arrivée, elle est
la perte, la per- à elle que cela perte mais essaie qu’elle a fait ou prête ; ce stade
sonne exprime arrive plutôt qu’à d’échanger quel- pas fait, à ce n’est ni heureux
le choc produit un autre que chose pour qu’elle aurait ni malheureux,
par la prise de gagner du temps aimé faire si ce « il est »
conscience malheur ne lui
était pas arrivé

1 Élisabeth Kübler-Ross, médecin psychiatre d’origine suisse, est la première à avoir décrit le
travail de deuil, après une longue expérience dans l’accompagnement des mourants, dans les
années soixante-dix.

126
Besoin d’agir selon ses croyances et ses valeurs

Altération du besoin. Observation


de manifestations ou difficultés
Des difficultés dans ce besoin « d’agir selon ses valeurs et ses croyances » peu-
vent se manifester chez une personne qui — à cause de la maladie, de la
souffrance ou d’une mort imminente et d’une hospitalisation ou d’un placement
— ressent une remise en question de son système de valeurs et de ses croyances
ou est obligée de modifier son mode de vie suite à une maladie chronique.
La personne peut manifester des signes d’inquiétude, de désespoir ou de dé-
tresse spirituelle.

Observation des signes physiques


♦ Troubles somatiques : perturbations du sommeil (cauchemars, insomnies
ou hypersomnie), tensions musculaires, céphalées.
♦ Perte de l’appétit : « Je n’ai pas faim, rien ne me tente » ; perte de poids.

Observation du comportement de la personne


Comportement non verbal
♦ Traits tirés, yeux cernés, se réveille plusieurs fois par nuit, nervosité, agitation.
♦ Modifications du comportement ou de l’humeur : pleurs, colère, agressi-
vité, anxiété, repli sur soi.
♦ Indifférence manifeste, le patient se détourne de la personne qui parle,
yeux fermés, soupirs, haussements d’épaules.
♦ La personne devient passive, ne collabore plus aux soins, apparence
négligée.
♦ Elle est distraite, n’arrive plus à se concentrer.
♦ Elle ne peut pas ou ne veut pas effectuer ses pratiques religieuses habi-
tuelles.

Comportement verbal
La personne :
♦ dit mal dormir, se dit fatiguée et lasse ;
♦ exprime un sentiment de culpabilité, des remords et des regrets, dit que
sa maladie est une punition, s’excuse tout le temps ;
♦ se pose des questions sur des choix à faire, parle de ses doutes, est an-
goissée devant une décision à prendre ;
♦ s’interroge sur le sens de sa vie, son existence, la signification de sa souf-
france ;

127
Les besoins psychosociaux

♦ s’interroge sur les implications morales ou éthiques d’un traitement ou


d’une décision thérapeutique ;
♦ dit qu’elle se sent inutile, qu’elle n’est pas capable de faire face, exprime
son découragement, se dit « au bout du rouleau, dans une impasse » ;
♦ demande un soutien spirituel ;
♦ exprime difficilement son chagrin face à une perte récente, refuse d’en
parler ;
♦ recherche d’une manière incessante l’objet ou la personne perdu(e), en
parle tout le temps, revient toujours sur ce sujet, ou l’idéalise.

Causes et facteurs favorisants


L’accident, la maladie (et les pertes qu’elle peut entraîner), la souffrance, le deuil
bouleversent la vie dans sa totalité, obligent la personne à s’adapter, et l’amè-
nent à réfléchir sur le sens de sa vie. Des réactions de détresse ou de désespoir
peuvent lui sembler être pendant un temps la seule issue possible. Des patho-
logies graves telles que le cancer, le sida ou des paralysies et la dépression…
peuvent perturber gravement ce besoin.
Ces difficultés peuvent de plus être liées à :
♦ une impossibilité ou un empêchement à observer ses pratiques religieu-
ses ;
♦ un conflit entre se valeurs et une prescription thérapeutique ;
♦ une non-acceptation de la maladie et de certains traitements ;
♦ la maladie qui s’installe dans la chronicité ;
♦ une dégradation de l’état physique et/ou psychologique de la personne ;
♦ la vieillesse ;
♦ un sentiment d’isolement ;
♦ la peur de la mort.

Rôle de l’aide-soignant
Transmettre à l’infirmière ces manifestations. La prévenir d’urgence en cas d’appari-
tion brutale de ces signes. Ces symptômes peuvent accompagner certaines patholo-
gies et seront pris en compte par le médecin et/ou la psychologue.
Pour éviter qu’une difficulté passagère ne devienne un problème qui s’inscrit dans
la durée, dans le cadre du rôle propre de l’infirmière et avec sa collaboration, les
interventions de l’aide-soignant et sa surveillance porteront sur tous ces points d’ob-
servation.

128
Besoin d’agir selon ses croyances et ses valeurs

Du point de vue de la religion et des traditions culturelles


♦ Être à l’écoute de la personne et lui consacrer du temps pour lui permet-
tre d’exprimer ce qu’elle ressent.
♦ Faire preuve d’ouverture d’esprit par rapport à ses besoins spirituels.
♦ Lui laisser des temps d’intimité pour lui permette de se recueillir quand
elle le désire, veiller à ce qu’elle ne soit pas dérangée.
♦ L’informer des services religieux proposés par l’institution.
♦ Proposer à la personne de rencontrer une personne du culte de son choix.
♦ L’aider à se rendre au lieu de culte, s’il existe dans l’établissement, ou cher-
cher avec l’équipe des moyens pour qu’elle puisse y aller.
♦ Prendre les mesures nécessaires (organisation des soins) pour que la per-
sonne puisse suivre ses émissions religieuses à la télévision ou à la radio.
♦ Lui demander quels sont ses interdits culturels ou religieux.
♦ Respecter les pratiques alimentaires (demander conseil si elles risquent
de porter atteinte à sa santé).
♦ Lui laisser à portée de main les objets de culte, livres, symboles de sa re-
ligion, les respecter (veiller à ce qu’ils ne soient ni perdus, ni endommagés),
les laisser à la même place.

Du point de vue de l’intimité et de l’environnement


♦ S’assurer que les visites familiales puissent se passer dans l’intimité.
♦ Lui laisser exprimer le sens qu’elle donne à la vérité, à la douleur et à son
soulagement, à la mort.
♦ Créer un climat de gaieté et d’affection ; l’aider à trouver des choses qu’elle
prendra plaisir à faire.
♦ Expliquer à la personne qu’elle doit accepter qu’on l’aide au besoin.
♦ L’encourager à propos des efforts qu’elle déploie pour collaborer aux
soins ou pour soigner son apparence.

En cas de perte ou de deuil


♦ Permettre des périodes de silence et d’intimité et procurer un environne-
ment calme et sécurisant, ne pas déranger sans discernement (s’organiser
en équipe pour éviter des entrées et sorties de la chambre intempestives et
répétées).
♦ Respecter les larmes et les silences, sécuriser la personne en l’assurant de
notre présence.
♦ Il n’est pas toujours nécessaire de parler : être présent et savoir écouter
peut être plus réconfortant que des encouragements faciles du type : « Ne
vous en faites pas, ça va s’arranger, je comprends ! »

129
Les besoins psychosociaux

♦ Expliquer à la personne que toute perte demande une période d’adap-


tation, qui nécessite beaucoup d’énergie, et que toute période de crise pro-
cure d’abord un sentiment d’insécurité et de grande souffrance.
♦ Lui dire que toute personne confrontée à une perte passe par des étapes
normales psychologiques pour lui permettre de la surmonter.
♦ Montrer à la personne que l’on accepte ses réactions de refus, de colère,
de dépression.
♦ Accueillir la famille et l’aider à comprendre ce que vit la personne et les
réactions qu’elle manifeste.

Collaboration au diagnostic infirmier


Si ces difficultés persistent malgré les interventions de l’infirmière dans le cadre
de son rôle propre avec la collaboration de l’aide-soignant, on parlera de problèmes
qui peuvent faire référence aux diagnostics infirmiers suivants (classification et
définitions ANADI).

4.1.1.1.  Détresse spirituelle


Perturbation du principe de vie qui anime l’être entier d’une personne et qui intè-
gre et transcende sa nature biologique et psychosociale.
5.3.1.1.  Conflit décisionnel
Incertitude quant à la ligne de conduite à adopter lorsque le choix entre des actes
antagonistes implique un risque, une perte ou une remise en cause des valeurs
personnelles.
7.3.1.  Perte d’espoir
État subjectif dans lequel une personne ne voit que peu ou pas de solutions ou de
choix personnels valables et est incapable de mobiliser ses forces pour son propre
compte.
9.2.1.1.  Deuil (chagrin) dysfonctionnel
Utilisation de réponses intellectuelles ou émotionnelles excessives ou inadéquates
par lesquelles des personnes tentent d’accomplir le travail personnel permettant
de modifier le concept de soi fondé sur la perception qu’elles ont de la perte.
9.2.1.2.  Deuil (chagrin) par anticipation
Réponses et comportements d’ordre intellectuel et émotionnel par lesquels des
personnes accomplissent le travail personnel permettant de modifier le concept
de soi fondé sur la perception qu’elles ont de la perte potentille.
Le diagnostic infirmier posé, l’infirmière, en collaboration avec l’aide-soignant
et l’équipe, mettra en place des objectifs de soins et une planification des
actions pour permettre à la personne de retrouver totalement ou partiellement
l’indépendance de ce besoin.

130
Chapitre 18

Besoin de s’occuper
en vue de se réaliser
S’occuper en vue de se réaliser est une nécessité pour tout individu. Cela corres-
pond à des activités qui répondent à un idéal, qui lui permettent de satisfaire ses
aspirations ou d’être utile aux autres.
Apprendre à se connaître et à connaître les autres, accéder à son autonomie,
prendre des décisions et en accepter les conséquences ; accéder à l’indépen-
dance dans la satisfaction des besoins, accepter l’aide nécessaire, développer
son potentiel, mobiliser ses énergies, identifier ses motivations, s’investir dans
le présent, se projeter dans l’avenir ; s’impliquer et s’engager dans de nouveaux
rôles et nouvelles responsabilités, se réaliser : tel est le travail incessant de toute
une vie.
Le concept de soi évolue de la naissance à la mort, il est influencé par les rela-
tions interpersonnelles, le milieu socioculturel. Il englobe la façon dont on se
fait une représentation mentale de soi-même, une estime de soi-même : de sa
valeur, de ses capacités, de son pouvoir à aimer et à se faire aimer. Il intègre plu-
sieurs composantes :
♦ l’image corporelle (corps qui change et qui vieillit) est un jugement que
l’on porte sur son propre corps, sur son apparence, sur sa manière de le soi-
gner, de s’habiller, de se coiffer, de marcher, de parler… et la façon dont on
montre son corps aux yeux des autres ;
♦ l’identité personnelle est ce qui fait que la personne est unique et se
distingue des autres (« Je suis Mme, M. ou Mlle X. ») ; elle comprend l’idée
d’autonomie et la façon dont la personne veut gérer sa propre vie. Cette ca-
pacité à se réaliser est unique et propre à chaque individu ;
♦ l’estime de soi se construit dans l’amour et s’organise à partir des qualités
que la personne se prête et de la façon dont les autres la jugent. C’est une
comparaison entre « ce que je crois être » et « ce que je suis ». Il faut appren-
dre à se situer entre les critiques, la désapprobation d’autrui et la considéra-
tion ; certains individus ont plus besoin que d’autres d’être valorisés ;
♦ l’exercice d’un rôle peut être imposé par les groupes sociaux et/ou peut
être choisi et adopté de son plein gré. Il s’exerce en référence à un modèle
social et/ou culturel et familial, avec les obligations et responsabilités que
cela entraîne. En fonction de son âge et de sa croissance, l’individu apprend à
se développer, à se valoriser, à jouer plusieurs rôles selon ses goûts et prend
ainsi conscience de sa valeur et de ses capacités ;

L’observation aide-soignante 131


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Les besoins psychosociaux

♦ le concept de soi englobe les sentiments, les valeurs de la personne et


influe sur ses réactions en toutes circonstances.
Manifestations et particularités du besoin
Enfant Adolescent Jeune adulte Adulte retraité Personne âgée
– dépendant des – recherche – découvre – perte d’un rôle – perte des
adultes, il déve- son iden- l’intimité professionnel rôles familiaux,
loppe son sens tité personnelle – se réalise dans – a acquis sociaux
de l’initiative et (autonomie, des rôles diffé- une certaine – fait le bilan de
des responsabi- sexualité) rents : conju- confiance en soi sa vie, pense à la
lités – repère ses gaux, familiaux, et estime de soi mort avec crainte
– développe sa forces et ses fai- professionnels, – met son expé- – se centre sur
confiance en blesses, construit sociaux… rience au service elle-même, éla-
soi, apprend à le concept de soi – désir de des autres, béné- bore des projets
tolérer les petites – oscille entre la promotion, volat, créativité à sa mesure
frustrations confiance en soi ambition, – a le temps – baisse de
– s’intéresse au et la dévalorisa- développement pour s’inves- l’estime de
rôle de chacun tion de soi de la créativité tir dans de soi liée le plus
– élabore le – élabore son – prend ses nouveaux rôles souvent à une
concept de soi, propre système responsabilités, sociaux image négative
en référence aux de valeurs s’investit dans de la vieillesse
stimulations – veut réaliser ses projets
positives ou ses projets – chez la
négatives femme enceinte,
– apprend à préparation à
maîtriser ses un nouveau rôle
sphincters et à (avec le futur
aimer son corps père)

Altération du besoin. Observation


de manifestations ou difficultés
Chaque stade de développement donne à la personne la possibilité de développer
de nouvelles compétences. Des événements physiques ou psychiques, des expé-
riences sociales, des comportements éducatifs peuvent perturber l’acquisition de
ces compétences avec le risque de mettre en place des comportements inadaptés :
♦ le nourrisson, s’il ne peut apprendre la confiance en soi et l’autonomie,
risque de développer par la suite la méfiance et une perte de confiance en sa
propre valeur ;
♦ le jeune enfant, s’il ne peut apprendre l’initiative et la prise de responsabi-
lités, risque de développer un sentiment d’infériorité et de culpabilité ;
♦ l’adolescent, s’il ne peut trouver son identité, risque de se perdre dans une
confusion des rôles ;
132
Besoin de s’occuper en vue de se réaliser

♦ l’adulte continue à «  grandir  »  : s’il ne peut développer ses capacités


d’aimer, de construire et de produire, le danger est l’isolement et la stagna-
tion. Quant à la personne âgée, si elle ne trouve pas de sens à sa vie et à ses
pertes, elle risque de sombrer dans le désespoir.
L’hospitalisation, le placement vont réactiver chez la personne ce qui n’a pas été ré-
solu. Une observation du comportement de la personne et une écoute de ce qu’elle
exprime vont être révélatrices de difficultés induites par la maladie ou le handicap et
de l’impuissance de la personne à gérer ses difficultés d’adaptation à un nouvel état,
ou à assumer un nouveau rôle. De même la personne va exprimer des perturbations
dans son identité même, au niveau de son image : image de soi, image corporelle.
La famille en tant que soutien psychologique et affectif va elle aussi être confron-
tée à ces mêmes difficultés qu’elle va plus ou moins bien intégrer en fonction de
sa maturation personnelle et de son potentiel.

Observation des signes physiques


♦ Mise en place de matériel surtout au niveau du visage (sondes d’aspira-
tion, intubation, trachéotomie…) modifiant l’image de la personne.
♦ Dégradation de l’état physique : amaigrissement.
♦ Perte d’une partie du corps (amputation, ablation chirurgicale, etc.).

Observation du comportement de la personne


Comportement non verbal
La personne :
♦ néglige à accomplir les tâches demandées dans son rôle de « malade »
(par ex. : ne participe pas aux soins) ;
♦ ne respecte pas son traitement, son régime (médicaments ou aliments
interdits retrouvés dans le tiroir, aliments interdits apportés en cachette…) ;
♦ adopte un comportement agressif, ne reconnaît pas ses progrès ;
♦ pleure, rumine des idées tristes, a des périodes de grand silence, est apa-
thique ;
♦ manifeste de la colère, de l’agressivité, de l’irritabilité ;
♦ manifeste son découragement, son anxiété ;
♦ dissimule ou exhibe la partie du corps malade ou amputée ;
♦ a peu ou pas de visites ;
♦ abuse de l’alcool et/ou du tabac.

„„ À domicile
♦ Mauvais entretien : accumulation de poussière, de déchets alimentaires,
d’ordures, état de saleté des ustensiles de cuisine, du linge, désordre impor-
tant, température ambiante inadéquate, mauvaises odeurs, etc.
♦ Surmenage des membres de la famille : anxiété, épuisement.
133
Les besoins psychosociaux

Comportement verbal
La personne en institution ou à domicile :

„„ Par rapport au vécu de la maladie


♦ Exprime sa difficulté à accomplir un rôle et son ressentiment devant les
tâches à accomplir.
♦ Exprime qu’elle ne maîtrise plus les événements, qu’on décide tout pour
elle, qu’elle n’a plus son mot à dire, qu’elle ne comprend pas ce qui lui arrive,
ce qu’on lui fait…
♦ Dit qu’elle ne se sent pas capable de faire face aux événements.
♦ Hésite, a des difficultés ou ne peut pas prendre des décisions, a du mal à
faire des choix : « Faites comme vous voulez. »
♦ Exprime qu’elle ne supporte pas d’être malade : au niveau de son traite-
ment, son régime, des examens, etc.
♦ Dit qu’elle aimerait bien respecter son traitement, son régime… mais
qu’elle n’y arrive pas, que tout cela la perturbe trop dans son organisation,
dans ses habitudes, qu’elle ne se sent pas assez de volonté.
♦ Ne se projette pas dans l’avenir (suites liées à la maladie ou au handicap,
retour à la maison, etc.).
♦ Se plaint constamment de tout et de rien, n’est jamais satisfaite de ce
qu’on lui fait, du service, de l’organisation des soins, etc.
♦ Nie des problèmes évidents aux yeux des autres, donne toujours une ex-
plication.
♦ Rejette sur autrui la responsabilité de ses échecs.
♦ Abuse de l’alcool, nie son problème, ne tient pas ses promesses, dit qu’elle
est incapable de contrôler sa consommation d’alcool.
♦ Se plaint ou s’inquiète de l’attitude de son conjoint ou d’une personne
affectivement importante pour elle, face à sa maladie ou son handicap.
♦ Manifeste un état émotionnel (pleurs, tristesse ou joie, dynamisme…)
après la visite de la « personne importante pour elle » ou d’un membre de sa
famille.

„„ Par rapport à l’image corporelle


♦ Dit qu’elle n’accepte pas de ne plus avoir la maîtrise de son corps, d’avoir
perdu son autonomie et d’être dépendante de quelqu’un.
♦ Dit qu’elle a peur du regard des autres, de leur réaction ou d’un rejet, suite
à son intervention ou à son handicap.
♦ A des sentiments négatifs vis-à-vis de son corps, en a honte, le traite par
exemple « de pourriture », personnifie la partie malade ou manquante en lui
donnant un nom ou la dépersonnalise en l’appelant « cela », « la chose » ou
refuse d’en parler.
134
Besoin de s’occuper en vue de se réaliser

♦ Refuse de toucher ou regarder une partie de son corps, refuse de se regar-


der dans un miroir.

„„ Par rapport à l’estime de soi


♦ Se dévalorise dans ses propos, s’autodéprécie, a une piètre opinion d’el-
le-même : dit qu’elle ne fait jamais rien de bon, rate tout, qu’elle se sent inu-
tile…
♦ A besoin d’être rassurée en permanence.
♦ Dit qu’elle se sent seule, a le sentiment d’être abandonnée, de ne pas être
aimée.
♦ Est susceptible et hypersensible au manque d’égards et aux critiques.
♦ Rejette les compliments et les remarques positives à son égard ; amplifie
les remarques négatives, accentue ses défauts, s’excuse inutilement et sou-
vent, ne sait pas dire non quand il faut.
♦ Exprime sa honte ou sa culpabilité.

Observation du comportement des parents


Le parent (ou les parents) :
♦ exprime son anxiété face à son enfant malade et hospitalisé, a peur de ne
pas savoir faire ;
♦ a peur d’être incapable de pourvoir aux besoins physiques et émotion-
nels de son enfant pendant qu’il est hospitalisé ; manifeste sa difficulté ou
son incapacité à entrer en contact avec lui (peur de « tous ces tuyaux », peur
de lui faire mal) ;
♦ exprime qu’elle a l’impression de ne plus rien avoir à dire dans les déci-
sions touchant son enfant ;
♦ exprime des sentiments de culpabilité, de colère, ou de peur face aux ef-
fets que la maladie de l’enfant entraîne sur l’ensemble de la famille : désorga-
nisation pour les autres enfants, perturbations professionnelles, problèmes
financiers, etc.
♦ exprime ses réticences à participer aux activités usuelles de soins, même
avec des encouragements et du soutien ;
♦ marque de l’indifférence face aux besoins de son enfant, peut exprimer
du dégoût face à ses fonctions corporelles ;
♦ donne des soins inadaptés par rapport à l’alimentation, le sommeil, l’hy-
giène ;
♦ exerce sur son enfant une discipline inadaptée ou contradictoire ;
♦ ne montre pas son attachement à son enfant (baisers, caresses, manifes-
tations d’amour…) parce qu’elle n’ose pas, ne veut pas, ou par manque d’in-
timité ;

135
Les besoins psychosociaux

♦ exprime sa déception face à certaines caractéristiques de son enfant ;


identifie ses caractéristiques de façon négative, ou persiste à les interpréter
ainsi : « Il est moche, je n’aime pas les roux, il n’est pas vif » ;
♦ exprime du ressentiment envers son enfant : « C’est de sa faute si… » ;
♦ ne respecte pas les rendez-vous avec les professionnels de santé. 

Observation du comportement de l’entourage


Le réseau familial (conjoint, enfants, famille...) ou un de ses membres :
♦ dit qu’il ne comprend pas la situation, ce qui l’empêche d’aider ou de sou-
tenir la personne ;
♦ parle de ses réactions personnelles (anxiété, peur, chagrin, deuil…) face à la
maladie ou à l’invalidité de la personne ou d’une aggravation de son état ;
♦ dit ne pas supporter les changements physiques et/ou psychologiques
de la personne ;
♦ a du mal à s’adapter aux changements mis en place par la maladie, le han-
dicap ou le placement, et au fait que la personne est différente de ce qu’elle
était avant le début de la maladie ;
♦ ne sait pas ou ne peut pas répondre aux besoins de sécurité, aux besoins
physiques ou émotionnels ou spirituels de la personne, néglige ses besoins
fondamentaux ;
♦ manque de ressources (physiques, psychologiques, financières…) pour
dispenser les soins requis ;
♦ rejette la personne, l’abandonne, ne lui rend plus visite ;
♦ a mis en place un mode de communication perturbé (non-communication,
agressivité, culpabilisation, dévalorisation, etc.), a des relations tendues et
nerveuses avec la personne ;
♦ ne respecte pas ou n’entend pas les demandes de la personne ;
♦ ne respecte pas l’individualité ou l’autonomie de la personne, a tendance
à décider pour elle, veut tout faire pour elle ;
♦ nie l’existence, la gravité de la maladie ou des problèmes de santé, dé-
forme la réalité ;
♦ n’est pas d’accord sur les soins mis en place ou à donner, ce qui entraîne
des conflits familiaux ;
♦ prend des décisions (ou agit de manière) préjudiciables pour la personne ;
♦ est inquiet face à la santé physique et psychologique de la personne et à
son avenir :
- a peur d’être dans l’obligation de la placer dans un établissement de soin,
- se demande qui s’occupera d’elle si quelque chose lui arrivait ;
♦ manifeste de l’anxiété, un état dépressif, de l’agitation, de l’agressivité,
face à la personne ou au personnel de soins.

136
Besoin de s’occuper en vue de se réaliser

Causes et facteurs favorisants


Au niveau de la personne
Les pathologies médicales chirurgicales et mentales les plus fréquemment ren-
contrées entraînant une perturbation du besoin de se réaliser sont : l’AVC (acci-
dent vasculaire cérébral), la maladie d’Alzheimer, les paralysies, le cancer, le sida,
les cardiopathies, les déficits sensoriels, la dépression, l’alcoolisme, les troubles
mentaux, certaines interventions chirurgicales invalidantes entraînant une mo-
dification de l’image corporelle.
Outre ces pathologies, l’altération de ce besoin peut être liée à :
♦ la douleur chronique,
♦ la vieillesse,
♦ un manque de connaissances sur les fonctions inhérentes à un rôle,
♦ des relations familiales difficiles,
♦ une crise situationnelle,
♦ la perte d’un membre de la famille.

Au niveau de la famille
L’altération de ce besoin peut être liée à :
♦ la gravité de la maladie de la personne soignée : problèmes psychologi-
ques, problèmes cognitifs, confusionnels ;
♦ la longueur de la période de soins, une maladie chronique ;
♦ des problèmes de santé de l’aidant ;
♦ des responsabilités trop lourdes compte tenu de l’âge de l’aidant, une
inexpérience, un isolement, un manque de répit et de loisirs ;
♦ un handicap ;
♦ un retour à domicile (ou un projet de retour à domicile) d’une personne
nécessitant des soins importants, trop complexes ou trop nombreux.

Rôle de l’aide-soignant
Transmettre à l’infirmière ces manifestations. La prévenir d’urgence en cas d’apparition
brutale de ces signes. Ces symptômes peuvent accompagner certaines pathologies et
seront pris en compte par le médecin et/ou le psychologue.
Pour éviter qu’une difficulté passagère ne devienne un problème qui s’inscrirait
dans la durée, dans le cadre du rôle propre de l’infirmière et avec sa collaboration,
les interventions de l’aide-soignant et sa surveillance porteront sur tous ces points
d’observation.

137
Les besoins psychosociaux

Auprès de la personne
Par rapport à son image corporelle
♦ Faire participer la personne le plus possible à ses soins et aux décisions
qui la concernent, discuter avec elle de ses progrès, l’aider à contrôler la si-
tuation.
♦ Inciter la personne à effectuer ses soins personnels et les compléter si
besoin.
♦ Soulager les malaises physiques qui diminuent les réserves d’énergie et
être attentif au confort et à l’installation de la personne.
♦ Souligner l’importance de l’apparence soignée  : coiffure, maquillage,
barbe…
♦ Respecter le fait que la personne ne veuille pas voir immédiatement les
modifications corporelles (ne veut pas de miroir, ne veut pas se regarder, ne
veut pas se toucher).
♦ Maîtriser son expression faciale ou son comportement non verbal
(mouvement de répulsion…) auprès d’une personne qui a son apparence
fortement modifiée ; aller la voir souvent et lui montrer qu’elle est digne
d’intérêt.

Par rapport au vécu de la maladie


♦ Accueillir avec ouverture d’esprit les plaintes de la personne et ses
commentaires.
♦ Lui permettre de s’exprimer sur ses difficultés, sur les changements parti-
culiers que sa maladie ou le traitement ont entraînés.
♦ Respecter les silences et les larmes de la personne.
♦ Expliquer à la personne que des sentiments tels que la peur, la dépres-
sion, la frustration, la colère, etc. font partie de l’évolution de la maladie, qu’il
faut du temps.
♦ Faire s’exprimer la personne sur le sens qu’elle peut donner à la maladie,
au traitement, au régime en fonction de ses valeurs ou ses croyances, et du
sens qu’elle accorde à la perte ou au changement.
♦ Ne pas laisser la personne s’isoler, l’inciter à participer à des activités, à
garder contact avec la famille, les amis (téléphone, courrier…).
♦ Aider la personne à se projeter dans l’avenir (retour à la maison, aides
potentielles).

Par rapport à son besoin d’informations


et à son environnement
♦ Insister sur l’importance de bien comprendre les raisons d’un régime,
d’un repos strict au lit, de mesures d’isolement, et expliquer à la personne les
conséquences de ses actes ou de ses choix.
138
Besoin de s’occuper en vue de se réaliser

♦ Lui fournir des informations et lui demander de redire les directives ou


informations qu’elle a reçues, répondre à ses questions et lui expliquer ce
qu’on lui fait : les examens, le régime, les soins de prévention, etc.
♦ Lui permettre d’exprimer les éléments dans l’organisation des soins qui
posent problème, corriger les fausses perceptions, lui expliquer la logique et
les routines d’un service de soins.
♦ Prendre le temps de voir avec elle les questions qu’elle aimerait poser au
médecin ou à un professionnel de santé du service.
♦ Corriger les idées fausses (la maladie n’est pas une punition…).
♦ Procurer un environnement calme, le soir, pour favoriser le sommeil.
♦ Respecter le plus possible les mêmes rituels qu’à la maison (surtout pour
un enfant ou une personne âgée).

Auprès de la famille
♦ Accueillir le membre de la famille, lui permettre d’exprimer ses senti-
ments, ses difficultés.
♦ Créer un climat propice à l’épanouissement des relations et à la confiance :
accueil, écoute, maintien de la communication, donner de son temps…
♦ Respecter l’intimité lors des visites (éviter d’entrer dans la chambre trop
fréquemment).
♦ Reconnaître que la situation est difficile pour l’aidant et sa famille, com-
prendre la fatigue, le stress, l’anxiété.
♦ Expliquer qu’il est important (surtout en cas de maladie qui s’inscrit dans la
durée ou dans le cas d’un placement), que la famille poursuive les activités qui
lui permettent de s’épanouir et de garder son énergie, qu’elle prenne du repos.
♦ Ne pas juger un membre de la famille qui ne répond pas aux attentes du
malade, essayer de comprendre les difficultés et les bouleversements induits
par la maladie ou le placement.
♦ Ne pas juger les choix qui sont pris par rapport au malade ou la personne
handicapée ou âgée.
♦ En cas de conflit familial, par rapport aux soins ou au traitement de la per-
sonne soignée, ne pas prendre partie pour un membre ou un autre, renvoyer
les personnes au médecin ou à la surveillante.
♦ Soutenir la personne qui doit faire face elle aussi au processus de deuil : lui
laisser le temps d’exprimer ses sentiments et d’affronter la perte (enfant né avec
une infirmité, séquelles physiques ou psychologiques importantes suite à un ac-
cident, modification de l’image corporelle de la personne, pertes intellectuelles
ou cognitives dues au vieillissement ou à des pathologies dégénératives…).
♦ Soutenir les parents dans l’amorce du processus d’attachement avec le
bébé, proposer de participer aux soins, montrer comment le bébé répond
de façon positive aux stimulations verbales, tactiles, d’amour (il sourit, il se
calme, il se détend…).
139
Les besoins psychosociaux

Collaboration au diagnostic infirmier


Si ces difficultés persistent malgré les interventions de l’infirmière dans le cadre
de son rôle propre avec la collaboration de l’aide-soignant, on parlera de problè-
mes qui peuvent faire référence aux diagnostics infirmiers suivants (classification
et définitions ANADI).
3.2.1.  Perturbation dans l’exercice du rôle
Bouleversement dans la façon dont une personne perçoit l’exercice de son rôle.
3.2.1.1.1.  Perturbation dans l’exercice du rôle parental
Inaptitude d’un parent ou de son substitut à créer un environnement qui favorise
au maximum la croissance et le développement d’un autre être humain.
3.2.1.1.2.  Risque de perturbation dans l’exercice du rôle parental
Risque qu’un parent ou son substitut devienne incapable de créer un environne-
ment qui favorise au maximum la croissance et le développement d’un autre être
humain.
3.2.1.1.2.1.  Risque de perturbation de l’attachement parent-enfant
Risque de perturbation du processus interactif favorisant la création d’une re-
lation de protection et d’éducation entre un parent ou son substitut, et l’enfant.
3.2.2.  Perturbation de la dynamique familiale
Dysfonctionnement au sein d’une famille qui fonctionne efficacement la plupart
du temps.
3.2.2.1.  Défaillance dans l’exercice du rôle de l’aidant naturel
La personne qui s’occupe d’un malade éprouve des difficultés à exercer son rôle
de soignant.
3.2.2.2.  Risque de défaillance dans l’exercice du rôle de l’aidant naturel
La personne qui s’occupe d’un malade est susceptible d’éprouver des difficultés
à exercer son rôle de soignant.
3.2.2.3.1.  Perturbation de la dynamique familiale : alcoolisme
Dysfonctionnement psychosocial, spirituel ou physiologique chronique de la
cellule familiale caractérisé par des conflits, la dénégation des problèmes, la
résistance au changement, l’incapacité de résoudre efficacement les problèmes
et d’autres types de crises personnelles récurrentes.
3.2.3.1.  Conflit face au rôle parental
Situation de crise entraînant la confusion et des contradictions dans le rôle
parental.
5.2.1.  Prise en charge inefficace du programme thérapeutique
Façon d’organiser le programme thérapeutique d’une maladie ou des séquelles
d’une maladie et de l’intégrer à la vie quotidienne ne permettant pas d’atteindre
certains objectifs de santé.
5.2.1.1.  Non-observance (à préciser)
Refus, en toute connaissance de cause, d’adhérer au traitement recommandé.

140
Besoin de s’occuper en vue de se réaliser

5.2.2.  Prise en charge inefficace du programme thérapeutique par la famille


Façon d’organiser les modalités du traitement d’une maladie ou des séquelles
d’une maladie et de l’intégrer dans les habitudes familiales ne permettant pas
d’atteindre certains objectifs de santé.
5.2.3.  Prise en charge inefficace du programme thérapeutique par une
collectivité
Façon d’organiser les modalités du traitement d’une maladie ou des séquelles
d’une maladie et de l’intégrer dans les activités communautaires ne permettant
pas d’atteindre certains objectifs de santé.
6.4.1.1.  Incapacité (partielle ou totale) d’organiser et d’entretenir le domicile
Inaptitude à maintenir sans aide un milieu sûr et propice à la croissance
personnelle.
6.4.2.  Difficulté à se maintenir en santé
Incapacité d’identifier, gérer et/ou chercher de l’aide pour se maintenir en santé.
7.1.1.  Perturbation de l’image corporelle
Changement dans la façon dont une personne perçoit son image corporelle.
7.1.2.  Perturbation de l’estime de soi
Jugement défavorable de soi-même ou de ses capacités, pouvant s’exprimer
directement ou indirectement.
7.1.2.1.  Perturbation chronique de l’estime de soi
Dévalorisation de longue date et entretien de sentiments négatifs vis-à-vis de
soi-même ou de ses capacités.
7.1.2.2.  Perturbation situationnelle de l’estime de soi
Jugement défavorable de soi-même en réaction à une perte ou à un changement
chez une personne qui avait auparavant une image positive d’elle-même.
7.1.3.  Perturbation de l’identité personnelle
Incapacité de faire la distinction entre le moi et le non-moi.
7.3.2.  Sentiment d’impuissance
Impression que ses actes seront sans effet. Sentiment d’être désarmé devant une
situation courante ou un événement immédiat.
Le diagnostic infirmier posé, l’infirmière, en collaboration avec l’aide-soignant
et l’équipe, mettra en place des objectifs de soins et une planification des
actions pour permettre à la personne de retrouver totalement ou partiellement
l’indépendance de ce besoin.

141
Chapitre 19

Besoin de se récréer
Se récréer est une nécessité qui permet à toute personne d’obtenir une détente
physique et psychologique. Se distraire, jouer, se délasser, s’amuser permettent
de maintenir un équilibre intellectuel et affectif, de retrouver son énergie, d’en-
tretenir des sentiments positifs et de réduire les effets du stress. Le temps libre et
les loisirs rythment notre temps au même titre que le travail et le repos. La satis-
faction du besoin de se récréer et de se divertir doit apporter détente et plaisir.

Manifestations et particularités du besoin

Enfant Adolescent Jeune adulte Adulte retraité Personne âgée


– découvre les – pratique – apprécie les loi- – augmentation – dit que les
jeux libres et les les activités sirs avec des amis du temps de loisirs ne sont plus
jeux d’équipe ou sportives, veut ou en famille loisirs pour de son âge et reste
de société, n’aime tout découvrir ou – pratique un organiser ses en spectateur
pas perdre, essayer : la musi- sport ou un activités et loisirs – apprécie un
manifeste ses que, la danse, le hobby qui le selon son goût climat de détente
émotions pen- théâtre protège du stress – multiplie les – est distraite par
dant les jeux – autonome, et lui redonne de voyages, les spec- la télévision
– joue à faire il peut voyager l’énergie tacles en fonction – se replie sur son
semblant, imite et découvrir le – chez la femme de ses ressources passé et aime la
les adultes monde enceinte, pratique financières musique et les
– apprend la – peut s’isoler d’exercices de dé- – fait partie d’un films « de son
lecture dans la lecture tente et relaxation club du 3e âge époque »

Altération du besoin. Observation


de manifestations ou difficultés
La maladie, la fatigue, la douleur peuvent entraîner des difficultés pour la per-
sonne à pratiquer ses activités habituelles. De même, chez certaines personnes
hospitalisées ou placées, on peut observer un désintérêt, un ennui ou un état de
passivité voire même un déplaisir pour les activités récréatives et les loisirs.

Observation des signes physiques


♦ Air triste et abattu.
♦ Bâillements fréquents, inattention.
L’observation aide-soignante 143
© 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Les besoins psychosociaux

♦ Anorexie, perte de poids.


♦ Dyspnée lors des efforts.

Observation du comportement de la personne


Comportement non verbal
La personne :
♦ ne peut pas ou est inhabile à accomplir les activités récréatives qu’elle
aime ;
♦ ne participe à aucune activité ou est réticente pour participer ;
♦ reste dans son coin et ne participe pas ;
♦ ne veut pas sortir de sa chambre ;
♦ est triste, a une démarche ralentie, pleure souvent ;
♦ fait de nombreuses siestes pendant la journée (en apparence injustifiées).

Comportement verbal
La personne :
♦ au point de vue physique, dit qu’elle :
- ne peut pas adopter les postures qui lui conviennent à cause de son
immobilisation au lit,
- ne peut pas se servir de ses membres supérieurs et de ses mains (dou-
leur, handicaps, opération, plâtre, etc.),
- a un déficit sensoriel, voit mal, entend mal,
- est fatiguée, exprime son découragement,
- souffre trop, se plaint de douleurs ;
♦ dit qu’elle ne se sent pas d’énergie, « qu’elle se sent toute drôle », qu’elle
ne se reconnaît pas ;
♦ dit qu’elle s’ennuie, qu’elle n’a envie de rien ;
♦ manifeste son impression d’un temps qui passe lentement ;
♦ est hostile et irritable dans ses propos ;
♦ exprime sa difficulté à pratiquer ses activités récréatives, sent sa faiblesse
ou ses manques, a conscience de sa lenteur, a peur de ne pas réussir ;
♦ ne veut faire aucune activité, dit que cela ne l’intéresse pas ;
♦ exprime son anxiété à s’intégrer à un groupe.

Causes et facteurs favorisants


Les pathologies médicales, chirurgicales et mentales les plus fréquemment ren-
contrées entraînant une perturbation du besoin de se récréer sont : les handicaps
144
Besoin de se récréer

moteurs, les déficits sensoriels, la douleur, l’altération de la fonction cardio-


pulmonaire, un état dépressif. L’altération de ce besoin peut être associée à tou-
tes les maladies.
Outre ces pathologies, l’altération de ce besoin peut être liée particulièrement à :
♦ des traitements longs et fréquents,
♦ des séjours prolongés à l’hôpital,
♦ un surmenage,
♦ un événement malheureux.

Rôle de l’aide-soignant
Transmettre à l’infirmière ces manifestations. La prévenir d’urgence en cas d’apparition
brutale de ces signes. Ces symptômes peuvent accompagner certaines pathologies et
seront pris en compte par le médecin et/ou le psychologue.
Pour éviter qu’une difficulté passagère ne devienne un problème qui s’inscrirait
dans la durée, dans le cadre du rôle propre de l’infirmière et avec sa collaboration,
les interventions de l’aide-soignant et sa surveillance porteront sur tous ces points
d’observation.

♦ Installer la personne dyspnéique en position semi-assise, appuyée confor-


tablement sur des coussins.
♦ Noter et observer le moment de l’apparition de douleurs, de dyspnée et
de fatigue.
♦ Ne pas obliger la personne à poursuivre une activité si elle ne le peut plus
ou ne le veut plus.
♦ Permettre un temps de repos et de récupération.
♦ Encourager la personne en insistant sur ce qu’elle est capable de faire.
♦ Voir avec la personne les passe-temps qu’elle préfère.
♦ Lui placer à portée de main livres, journaux, jeux, etc., sans oublier ses
lunettes.
♦ Lui mettre à portée de main canne, béquille, fauteuil roulant pour lui per-
mettre de se déplacer et de se rendre au lieu d’activité, l’aider si besoin à s’y
rendre.
♦ Procurer des revues, signaler la présence d’une bibliothèque et les heures
de passage.
♦ La tenir au courant de toutes les activités qui sont pratiquées dans l’insti-
tution.

145
Les besoins psychosociaux

♦ Demander à la famille d’apporter à la personne de quoi se distraire en


fonction de ses goûts et ses possibilités : jeux, radio et cassettes, livres, tricot,
broderie, mots croisés, etc.
♦ Inciter la personne à participer aux activités, lui signaler les événements
ou fêtes et lui proposer de participer à la préparation.
♦ Lors d’activités de groupe, la laisser d’abord comme spectatrice, puis l’in-
tégrer aux activités ; par l’intermédiaire d’un tout petit groupe, lui indiquer la
place qu’elle peut prendre.
♦ En institution, faire participer la personne aux actes de la vie quotidienne :
l’encourager à prendre des responsabilités, par exemple à soigner les plantes,
à aider à la préparation du goûter, à accueillir les nouveaux résidents…
♦ Créer un environnement gai, demander à la famille d’y contribuer (fleurs,
photos, coussins, objets décoratifs, etc.).
♦ Installer la personne près de la fenêtre, ou là où il y a du passage et du
mouvement.

Collaboration au diagnostic infirmier


Si ces difficultés persistent malgré les interventions de l’infirmière dans le cadre
de son rôle propre avec la collaboration de l’aide-soignant, on parlera de problè-
mes qui peuvent faire référence aux diagnostics infirmiers suivants (classification
et définitions ANADI).

1.8.  Perturbation du champ énergétique


Modification du flux énergétique entourant la personne, génératrice d’une dyshar-
monie du corps, de la pensée et/ou de l’esprit.
6.3.1.1.  Manque de loisirs
Ennui résultant d’une baisse d’intérêt pour les activités de loisirs ou de l’impossibilité
d’en avoir.
Le diagnostic infirmier posé, l’infirmière, en collaboration avec l’aide-soignant
et l’équipe, mettra en place des objectifs de soins et une planification des ac-
tions pour permettre à la personne de retrouver totalement ou partiellement
l’indépendance de ce besoin.

146
Chapitre 20

Besoin d’apprendre
Apprendre est une nécessité pour l’être humain.
L’acquisition de nouvelles connaissances ou de nouveaux comportements va lui
permettre d’évoluer jusqu’à la fin de sa vie, d’acquérir de nouvelles expériences
pour appréhender le monde afin de satisfaire ses propres besoins.
La mise en jeu de ses fonctions cérébrales, la remise en cause de ses modes de
vie et de ses comportements, la mise à profit de ses expériences de vie, vont
lui permettre de trouver les attitudes les plus judicieuses pour mieux s’adapter
aux changements d’un environnement psychosocial en perpétuelle mutation et
pour se maintenir en bonne santé.

Manifestations et particularités du besoin

Enfant Adolescent Jeune adulte Adulte Personne âgée


retraité
– découvre les – accède au – exploite ses – transmet son – baisse des per-
notions de temps raisonnement connaissances expérience et formances, lenteur
et d’espace philosophique, intellectuelles son savoir des réponses,
– développe aime les – apprend des – continue à pertes sensorielles
sa curiosité, la conversations techniques nouvel- apprendre, – adaptation
pensée intuitive, – fait les, développe de découvre de difficile face à la
l’abstraction, la preuve de nouveaux talents, nouveaux cen- nouveauté
pensée logique et raisonnement, résout les problèmes tres d’intérêt – maintien des
le raisonnement d’analyse, – chez la femme – entraîne sa habitudes de vie
– âge des de réflexion, enceinte, apprend mémoire pour comme repères
« pourquoi » et de remise en les signes de la lutter contre sa – garde le souvenir
des « comment », question grossesse et de l’ac- perte et les trous des faits anciens,
observe, ques- – veut expéri- couchement pour se de mémoire ne se souvient pas
tionne menter maintenir en santé des faits récents

Altération du besoin. Observation


de manifestations ou difficultés
Un changement dans l’état de santé, une diminution ou une perte des fonctions
cérébrales, un manque de connaissances concernant la santé vont entraîner
chez la personne des modifications au niveau de son équilibre et altérer son
besoin d’apprendre et sa capacité à s’adapter.
L’observation aide-soignante 147
© 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Les besoins psychosociaux

La personne, seule ou avec l’aide de sa famille et des soignants, devra prendre


conscience des difficultés qu’elle rencontre et apprendre de nouveaux modes de
vie pour s’adapter à un nouvel environnement afin de retrouver partiellement
ou totalement l’indépendance de son besoin.

Observation des signes physiques


♦ Tremblements, contractions.
♦ Sommeil diffus, incertain, modification du cycle veille/sommeil (inversion).

Observation du comportement de la personne


Comportement non verbal
La personne :
♦ présente un retard ou une difficulté à faire ce que fait habituellement un en-
fant de son âge (motricité, socialisation, langage) propre à son groupe d’âge ;
♦ est incapable d’accomplir ses soins personnels (en fonction de son âge) ;
♦ ne suit pas les directives reçues, confond, se trompe, s’y prend mal ;
♦ est attachée à ses habitudes, traditions, pratiques, se sent inapte, trop
vieille pour changer ;
♦ ne cherche pas à apprendre, n’écoute pas ;
♦ n’accepte pas qu’on lui donne des conseils ;
♦ est sur la défensive, hostile ;
♦ est abattue, apathique, réagit lentement aux stimulations ;
♦ est agitée, nerveuse ;
♦ est désorientée dans les milieux connus et/ou inconnus, est confuse ;
♦ présente des modifications dans son activité physique (ralentissement,
excitation…).

Comportement verbal
La personne :
♦ exprime sa difficulté pour apprendre ;
♦ montre des connaissances erronées ;
♦ exprime son manque de connaissances par rapport à sa maladie, son régime,
son traitement, les soins et les examens qu’on lui fait et qu’on doit lui faire ;
♦ présente une altération de la pensée : incapacité à raisonner, à se concen-
trer, lenteur dans la réponse aux questions ;
♦ présente un déficit de la mémoire : exprime ses oublis (ou il est constaté), ne
sait pas dire si elle a accompli un acte précis (ex. : a fait sa toilette, a déjeuné…),

148
Besoin d’apprendre

ne retient pas les informations, ne sait plus faire des techniques qu’elle a déjà
apprises, oublie les événements qui viennent de se passer (si sa famille est ve-
nue lui rendre visite…) ;
♦ pose sans cesse les mêmes questions sur son bilan ;
♦ présente des épisodes de délires, d’hallucinations ;
♦ exprime son incapacité à faire face à la situation, à trouver des solutions,
dit qu’elle ne se sait pas affronter les événements ;
♦ demande de l’aide ;
♦ ne se tient pas au courant de ses problèmes de santé, dit que « ce qui lui
arrive lui est égal » ;
♦ ne pose pas de questions ;
♦ refuse ou nie un changement dans son état de santé, persiste dans la dé-
négation, minimise les symptômes ;
♦ nie des problèmes évidents aux yeux des autres, donne toujours une ex-
plication ;
♦ dit qu’elle n’accepte pas que les soins ou le traitement entraînent un chan-
gement dans son style de vie ou par rapport à ses croyances, ses valeurs ou
sa culture ;
♦ rejette sur autrui la responsabilité de ses échecs ;
♦ est susceptible et hypersensible au manque d’égards et aux critiques, a
besoin d’être rassurée en permanence ;
♦ n’envisage pas l’avenir ;
♦ ne collabore pas à ses soins, n’éprouve pas le besoin d’être autonome, se
laisse faire ;
♦ se plaint ou s’inquiète de l’attitude de la personne affectivement impor-
tante pour elle, par rapport à son problème de santé.

„„ Lors d’une hospitalisation, d’un placement


ou d’un changement de milieu
La personne :
♦ exprime son anxiété, son appréhension, son sentiment d’insécurité, ses
affaires qu’elle ne retrouve plus ;
♦ est confuse (surtout pour les personnes âgées), ne sait plus où elle est ni
quel jour nous sommes ;
♦ fait des comparaisons défavorables entre la nouvelle équipe de soins et
l’ancienne, est méfiante sur les soins qu’on lui fait ;
♦ est triste, pleure, se replie sur elle-même, dit qu’elle se sent seule ;
♦ est agitée, a des troubles du sommeil ;
♦ n’a pas faim, perd du poids.

149
Les besoins psychosociaux

„„ Observation du comportement de la famille


Le réseau familial ou un de ses membres :
♦ dit qu’il ne comprend pas la situation, ce qui l’empêche d’aider ou de sou-
tenir la personne ;
♦ parle de ses réactions personnelles (anxiété, peur, chagrin, deuil…)
face à la maladie ou à l’invalidité de la personne ou d’une aggravation de
son état ;
♦ a du mal à s’adapter aux changements mis en place par la maladie, le han-
dicap ou le placement, et au fait que la personne est différente de ce qu’elle
était avant le début de la maladie ;
♦ manifeste de l’anxiété, un état dépressif, de l’agitation, de l’agressivité,
face à la personne ou au personnel de soins ;
♦ ne sait pas répondre aux besoins de sécurité, aux besoins physiques
ou émotionnels ou spirituels de la personne, néglige ses besoins fondamen-
taux ;
♦ nie l’existence, la gravité de la maladie ou des problèmes de santé, dé-
forme la réalité ;
♦ rejette la personne, l’abandonne, ne lui rend plus visite ;
♦ a des relations tendues et nerveuses avec la personne.

Causes et facteurs favorisants


Les pathologies médicales, chirurgicales et mentales les plus fréquemment ren-
contrées entraînant une perturbation du besoin d’apprendre sont : la maladie
d’Alzheimer, l’accident vasculaire cérébral, les traumatismes crâniens, les dé-
mences (de toutes origines) la dépression, l’alcoolisme, l’abus d’alcool et/ou de
drogues, les délires et hallucinations, etc.
Outre ces pathologies, l’altération de ce besoin peut être liée à/au :
♦ un manque d’expérience ;
♦ une difficulté d’accès aux sources d’information ;
♦ une perturbation importante de la capacité à communiquer ;
♦ vieillissement,
♦ un handicap physique, une dépendance, une maladie qui s’installe dans
la chronicité ;
♦ une séparation brutale, sans préparation, d’avec les personnes importantes
affectivement (surtout pour les enfants et les personnes âgées) ;
♦ un réseau de soutien inadéquat, un milieu familial peu stimulant, une dé-
sorganisation familiale ;
♦ des problèmes personnels chez la personne affectivement importante
entraînant incompréhension, incapacité, manque de soutien ;

150
Besoin d’apprendre

♦ des sentiments de culpabilité, d’anxiété, d’hostilité, de désespoir, de la


part de la personne affectivement importante pour le patient ;
♦ des pertes passées, récentes, actuelles, des deuils inachevés.

Rôle de l’aide-soignant
Transmettre à l’infirmière ces manifestations. La prévenir d’urgence en cas d’apparition
brutale de ces signes. Ces symptômes peuvent accompagner certaines pathologies et
seront pris en compte par le médecin et/ou le psychologue.
Pour éviter qu’une difficulté passagère ne devienne un problème qui s’inscrit dans
la durée, dans le cadre du rôle propre de l’infirmière et avec sa collaboration, les
interventions de l’aide-soignant et sa surveillance porteront sur tous ces points
d’observation.

Auprès de la personne
♦ Comprendre ce que la personne sait sur sa maladie, ses soins.
♦ Lui laisser exprimer ses sentiments et émotions par rapport à sa maladie :
pleurs, colère, déni, refus.
♦ Adopter une attitude de non-jugement, se rappeler que ces étapes font
partie du processus normal d’adaptation à la maladie.
♦ Répondre à ses questions et expliquer calmement avec des mots simples
(éviter le jargon médical).
♦ La diriger vers l’infirmière ou le médecin en cas de manque d’informa-
tions en ce qui concerne le diagnostic de sa maladie, son traitement ou des
complications éventuelles.
♦ Lui expliquer les précautions particulières à prendre pour assurer sa sécu-
rité et éviter des complications et s’assurer qu’elle ait bien compris (ex. : lors
du lever, de la marche, positions à prendre, etc.).
♦ Lui expliquer comment utiliser les appareils de mobilisation : canne,
cadre de marche, fauteuil roulant.
♦ En cas de déficit auditif, se placer en face de la personne, parler lente-
ment, faire des gestes explicatifs, ou parler du côté de la meilleure oreille, en
cas d’appareil auditif, vérifier que la personne le porte, l’aider à le mettre au
besoin, ne pas crier.
♦ En cas de déficit visuel, vérifier que la personne porte ses lunettes (ou ses
lentilles), répéter les informations à plusieurs reprises.
♦ Lui permettre d’exprimer ses inquiétudes ou ses difficultés pour appren-
dre de nouvelles pratiques ou de nouveaux gestes, par rapport à ses soins
quotidiens.

151
Les besoins psychosociaux

♦ La diriger vers l’infirmière en cas d’apprentissage de pratiques de soins


liés à une pathologie donnée (diabète, stomie, soins spécifiques…).
♦ Lui signaler l’existence d’associations de personnes présentant la même
pathologie ou le même handicap qu’elle.

En cas de confusion ou d’altération de la pensée


ou de la mémoire
♦ Établir un contact visuel avec la personne : se mettre en face d’elle, se
mettre à sa hauteur ; établir de même un contact tactile : la toucher douce-
ment pour attirer l’attention la stimuler si on ne comprend pas ce qu’elle
veut dire, essayer de deviner par ses mimiques, l’expression de son visage.
♦ Orienter régulièrement la personne dans le temps ou dans l’espace, lui
donner des repères : laisser les objets personnels et usuels à leur place, les
ranger au même endroit, établir des horaires réguliers pour la toilette, les
repas, etc. ; créer des repères (panneaux, couleurs…) pour qu’elle retrouve
facilement sa chambre, les toilettes, la salle à manger, etc.
♦ Évaluer le niveau de confusion pour savoir ce qu’il est possible de deman-
der à la personne lors des soins et de sa participation (toilette, repas…).
♦ Avoir une attitude calme, douce et souriante.
♦ Lui expliquer avec patience et souplesse les gestes à faire et à refaire
lors de soins quotidiens d’hygiène, d’alimentation, d’élimination ou de
confort.
♦ Éviter les explications longues et compliquées, employer des mots simples
et des phrases courtes, parler avec calme, la rassurer.
♦ Si elle s’énerve ou se met en colère ou refuse de faire quelque chose, la
calmer, ne pas la raisonner, passer à autre chose, pour y revenir par la suite
éventuellement.
♦ Lui laisser autant d’autonomie que possible dans la satisfaction de ses
besoins d’hygiène, d’alimentation, d’élimination…
♦ La faire participer aux occupations quotidiennes, proposer des tâches
simples et répétitives (ex. : dans un long séjour, participer au ménage, faire
le lit, mettre le couvert…).
♦ Assurer la sécurité de la personne :
- en retirant les objets avec lesquels elle peut se brûler (allumettes…),
qu’elle peut ingérer (médicaments, produits de nettoyages…), qu’elle
peut casser,
- en la protégeant du risque de chute : sécurité au niveau des escaliers,
des fenêtres.
♦ Repérer les manifestations de son anxiété, son agitation, son humeur dé-
pressive.
♦ Expliquer aux proches les règles de sécurité concernant la personne et la
mise en place des points de repères.
152
Besoin d’apprendre

Lors de l’accueil pour une hospitalisation ou un placement


ou lors d’un changement de milieu
♦ Être particulièrement attentif à l’accueil de la personne, lui donner des re-
pères dans le temps et dans l’espace pour calmer l’anxiété et l’aider à s’adap-
ter à un nouvel environnement.
♦ Se présenter, donner sa fonction.
♦ Appeler la personne par son nom, la vouvoyer.
♦ L’amener dans sa chambre ; en cas de chambre à 2 lits lui présenter son
voisin.
♦ Si la personne est fatiguée, l’aider à s’installer dans son lit, lui procurer une
carafe d’eau et un verre (sauf contre-indication).
♦ Lui proposer de ranger ses affaires dans son placard.
♦ Lui expliquer l’organisation de la prise en charge du linge sale (pris en
charge par la maison, par un organisme, par la famille…).
♦ Lui montrer le cabinet de toilette, les WC.
♦ Lui expliquer le fonctionnement de la sonnette, du téléphone (comment
se procurer la ligne), la télévision (comment se procurer l’abonnement), ou
tout autre matériel.
♦ Lui expliquer l’organisation de la journée et lui donner les heures approxi-
matives :
- de visites des médecins, lui rappeler le nom du médecin qui s’occupe
d’elle ;
- des repas, des soins au réveil, du passage de l’équipe le soir pour la nuit ;
- de visites pour sa famille, lui expliquer la possibilité de faire partir du
courrier.
♦ Lui dire qu’il est possible de rencontrer une personne du culte de son choix.
♦ Lui signaler le passage de la bibliothèque, de l’existence de « l’école à l’hô-
pital » de différentes associations de bénévoles, de visiteuses, etc., qu’il est
possible de faire appel aux soins du coiffeur, du pédicure…
♦ Prendre le temps de répondre à ses questions, la laisser en s’assurant que
tout va bien pour le moment et qu’elle est momentanément rassurée.
♦ Lui donner le livret d’accueil de l’établissement.
♦ Vérifier si elle s’est bien présentée au bureau des entrées avec sa carte de
Sécurité sociale.
♦ Demander à l’infirmière les soins qu’il faut mettre en route (prise de tem-
pérature, bain en préopératoire…).

Auprès de la famille
♦ Aider la famille, impressionnée par les changements de la personne,
qui n’ose pas ou ne sait plus manifester sa présence et son affection. Lui
153
Les besoins psychosociaux

montrer et l’encourager comment accomplir des gestes de confort (ajuster


les oreillers, humidifier les lèvres, etc.).
♦ Lui permettre de participer à certaines aides dans la réalisation des be-
soins de base (hygiène, élimination, confort, alimentation…) s’il n’y a pas de
risques, lui apprendre si elle le désire.
♦ Soutenir les parents dans l’amorce du processus d’attachement avec le
bébé, proposer de participer aux soins, montrer comment faire, féliciter la
maman et l’encourager lors de ses efforts et de son savoir-faire auprès de son
bébé, encourager le parent, lui montrer si besoin à toucher l’enfant, à jouer
avec lui, à lui donner des soins adaptés à son âge.

Collaboration au diagnostic infirmier


Si ces difficultés persistent malgré, les interventions de l’infirmière dans le cadre
de son rôle propre avec la collaboration de l’aide-soignant, on parlera de problè-
mes qui peuvent faire référence aux diagnostics infirmiers suivants (classification
et définitions ANADI).

5.1.1.1.  Stratégies d’adaptation individuelle inefficaces


Difficulté à adopter des comportements adaptatifs et à utiliser des techniques de
résolution de problèmes pour répondre aux exigences de la vie et assumer ses rôles.
5.1.1.1.1.  Incapacité de s’adapter à un changement dans l’état de santé
Incapacité de modifier son mode de vie ou ses comportements en fonction d’un
changement dans l’état de santé.
5.1.1.1.2.  Stratégies d’adaptation défensives
Système d’autodéfense contre tout ce qui semble menacer une image positive de
soi se traduisant par une surestimation systématique de soi.
5.1.1.1.3.  Déni non constructif
Tentative consciente ou inconsciente de désavouer la connaissance ou la
signification d’un événement afin de réduire l’anxiété ou la peur, au détriment
de sa santé.
5.1.2.1.1.  Stratégies d’adaptation familiale inefficaces : absence de soutien
Détérioration de la relation entre le patient et une personne importante affective-
ment (ou autre) qui rend celle-ci et le patient incapables d’accomplir efficacement le
travail d’adaptation nécessaire face au problème de santé.
5.1.2.1.2.  Stratégies d’adaptation familiale inefficaces : soutien compromis
Le soutien, le réconfort, l’aide et l’encouragement que fournit habituellement une
personne affectivement importante (membre de la famille ou ami) sont compromis ou
inefficaces. Le patient n’a donc pas suffisamment de soutien pour prendre en charge le
travail d’adaptation qu’exige son problème de santé.
5.1.3.2.  Stratégies d’adaptation inefficaces d’une collectivité
Stratégies d’adaptation et de résolution de problèmes d’une collectivité ne répon-
dant pas à ses exigences et à ses besoins.

154
Besoin d’apprendre

6.6.  Perturbation de la croissance et du développement


Écarts par rapport aux normes établies pour le groupe d’âge de la personne.
6.7.  Syndrome d’inadaptation à un changement de milieu
Perturbations physiologiques et/ou psychosociales résultant d’un changement de
milieu.
8.1.1.  Manque de connaissances (à préciser)
Situation d’une personne qui manque d’informations, ou se montre incapable
d’expliquer ses connaissances sur un sujet donné.
8.2.1.  Syndrome d’interprétation erronée de l’environnement
Désorientation face aux personnes, aux lieux, au temps et aux circonstances depuis
plus de trois à six mois, nécessitant l’application de mesures de protection.
8.2.2.  Confusion aiguë
Apparition soudaine et transitoire d’un ensemble de changements comportemen-
taux accompagnés de perturbations touchant l’attention, la cognition, l’activité
psychomotrice, le niveau de conscience et/ou le cycle veille/sommeil.
8.2.3.  Confusion chronique
Détérioration irréversible, de longue date et/ou progressive de la capacité d’inter-
préter les stimuli du milieu et des processus intellectuels qui se manifeste par des
troubles de la mémoire, de l’orientation, et du comportement.
8.3.  Altération des opérations de pensée
Perturbations des opérations et des activités cognitives.
8.3.1.  Troubles de la mémoire
Oubli de bribes d’informations ou d’aptitudes acquises. Les troubles de la
mémoire peuvent avoir des causes physiopathologiques ou situationnelles et
être temporaires ou permanentes.
Le diagnostic infirmier posé, l’infirmière, en collaboration avec l’aide-soignant
et l’équipe, mettra en place des objectifs de soins et une planification des
actions pour permettre à la personne de retrouver totalement ou partiellement
l’indépendance de ce besoin.

155
Bibliographie
1. Amar B, Gueguen J-P. Soins infirmiers I. Concepts et théories, démarche de
soins. 3e édition. Paris : Masson ; 2003.
2. ANADI. Diagnostics infirmiers, définitions et classification 1995-1996. 7e
édition. Paris : Masson ; 2004.
3. Barrios C. Diagnostics infirmiers, Cas concrets. Tome 1. Paris : Maloine ; 1995.
4. Barrios C, Bouvier Ph. Diagnostics infirmiers. Cas concrets. Tome 2. Paris : Ma-
loine ; 1995.
5. Berger L, Mailloux-Poirier D. Personnes âgées  : une approche globale.
Démarche de soins par besoins. Paris : Maloine ; 1989.
6. Carpenito LJ. Diagnostics infirmiers. Applications cliniques. 5 e édition.
Paris : InterÉditions ; 1994.
7. Chalifour J. La Relation d’aide en soins infirmiers. Une perspective holistique
humaniste. Paris : Lamarre ; 1989.
8. Dancausse F, Chaumat E. Les Transmissions ciblées au service de la qualité de
soins. Guide méthodologique en soins généraux et en psychiatrie. 2e édition.
Paris : Masson ; 2003.
9. Doenges ME, Frances Moorhouse M. Diagnostics infirmiers : interventions et
bases rationnelles. 4e édition. Paris : InterÉditions ; 2002.
10. Grondin L, Phaneuf M, Riopelle L. Planification des soins infirmiers. Modèle
d’intervention autonome. Paris : Maloine ; 1994.
11. Harel-Biraud H. Manuel de psychologie à l’usage des soignants. 2e édition.
Paris : Masson ; 1997.
12. Leng M-Cl, Dusquene F. Stratégies de soins. Paris : Pradel, Masson Williams &
Wilkins ; 1995.
13. Marchal A, Psiuk Th. Le Diagnostic infirmier. Du raisonnement à la pratique.
Paris : Lamarre ; 1995.
14. McFarland GK, McFarlane EAM. Traité de diagnostics infirmiers. Paris : Inter­
Éditions ; 1995.
15. McFarland GK, Wasli EL, Kelchner-Gerety E. Santé mentale, démarche de
soins et diagnostics infirmiers. 2e édition. Paris : Masson ; 1999.
16. Riopelle L, Grondin M, Phaneuf L. Soins infirmiers. Un modèle centré sur les
besoins de la personne. Canada : MacGraw Hill ; 1984.
17. Travail des infirmières enseignantes du CHR de Bordeaux. La Démarche de
soins. Brive : Papyrus ; 1987.

157
Index
A Colère 113, 116, 121, 127, 130, 133,
Accès aux toilettes 63 138, 151, 152
Accidents 97, 100 Collaboration 7, 12, 13, 30, 34
Accueil 153 Communication 32, 34, 119, 121, 136,
Actions 34 139
Communiquer 113, 119, 123
Agitation 46, 60
Compétence 40
Agressivité 127, 136, 150
de l’infirmière 11
Alimentation 12, 15, 51
Comportement 12, 19, 20, 30, 44, 52,
Altération de la pensée 152 61, 77, 113, 127, 132, 135, 147
Analyse de la situation 9 agressif 133
Angoisse 47, 88, 112, 114, 116 agressif et/ou violent 116
Ankyloses 70, 103 anxieux ou agité 116
Anxiété 48, 52, 53, 62, 86, 87, 99, 111, Concepts 3
114, 120, 122, 127, 133, 135, 136, de soi 131
139, 144, 149, 150, 152
Confort 76, 88, 89, 102, 154
Aphasie 17, 120, 124
Confusion 46, 82, 152
Appareillages 18
Constipation 52, 64, 104, 106
Apprendre 19, 147
Contamination 104
Atteinte sensorielle 123 Crise d’angoisse 116
Attitudes vicieuses 71, 103 Croyances 18, 125, 138, 149
Autonomie 4, 6, 16, 34, 76, 134, 136, Culture 54, 56, 119, 122, 149
152
D
B Déficit
Bébé 65, 139, 154 auditif 124, 151
Besoins 3, 4, 9, 18, 20, 30, 71 sensoriel 122, 144
14 besoins 6, 15, 16, 21 visuel 124, 151
Bouche sèche 107 Déglutition 51, 55, 101, 102
Brûlures 101 Démarche 112
de soins 3, 7–9, 13, 21, 23
C qualité 41
Cas concret 23 Dépendance 4, 5, 37, 54
Changements 7, 35, 87, 124, 136, 138, Dépression 116, 130, 138, 150
149, 153 Désorientation 77, 82, 120
de position 77, 102 temporo-spatiale 124
Chute(s) 82, 100, 152 Deuil 116, 122, 129, 136, 139
Cible(s) 31, 33, 36, 40 Diagnostics infirmiers 3, 7, 10, 44

L’observation aide-soignante 159


© 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
L’observation aide-soignante

Diagramme 40 culturelles 54
de soins 32, 37, 38 d’élimination 65
Diarrhée 52, 64, 106 d’hygiène 76
Difficultés 6, 9, 44, 53, 60, 80 de sommeil 120
problèmes 27 de vie 9, 15
Diminution de la mobilité 48 vestimentaires 81
Diurèse 46, 59, 63 Humeur 79, 113, 127, 152
Données 34, 36 et comportement 17
Dossier de soins 15 Hydratation 15, 51
Douleur 47, 48, 51, 53, 60, 63, 69, 70, Hygiène 12
75, 81, 88, 89, 92, 98, 99, 106, 129, alimentaire 78
144, 145 de la peau et du lit 78
Dyspnée 46, 68, 107, 120, 145 personnelle 76, 113
E
Effleurages 77 I
Élimination 12 Identité personnelle 131
des selles 15 Image corporelle 76, 121, 131, 134,
138, 139
urinaire 15
de soi 133
Empoisonnements 101
Immobilisation 77
Encombrement bronchique 104
Incontinence 82, 106
Enfant 89, 101, 103, 135, 148
urinaire et/ou fécale 65
Équipe 16, 30, 40, 129, 153
Incontinent 76, 88
Escarres 70, 77, 88, 103
Indépendance 5
Estime de soi 122, 131, 135
Infections 104
Évaluation 40
Informations 16, 29, 31, 34, 53, 62,
Évaluer 12, 30
123, 138, 139, 151
F Insomnie 107
Famille 76, 82, 106, 119, 123, 130, Interdits religieux 54
133, 137, 139, 146, 150, 153 Intimité 61, 63, 76, 79, 82, 129, 135,
Fatigue 47, 53, 55, 69, 70, 75, 88, 99, 139
139, 145
Fausses routes 101 J
Fugues 102 Jeune enfant 101
G
Grilles K
d’évaluation 4 Kübler-Ross 126
d’observation 4
L
H Lavage des mains 104, 105
Habitudes 88 Lutter contre le chaud 93
alimentaires 52, 54, 56, 113, 120 contre le froid 94
160
Index

M Pratiques alimentaires 129


Mécanismes de défense 111 religieuses 125, 128
Mémoire 148, 152 Prévention d’escarres 107
Mesures d’isolement 105, 122, 138 Prothèses 17, 53, 68, 74, 123
Mobilisation 70, 81, 102, 151 Pudeur 76, 81
Mobilité 67, 98
réduite 71 Q
Mouvements 52, 74 Qualité 30
des soins 8, 31
N
Nausées 55, 60, 92 R
Nourriture 52 Recueil de données 12, 15, 31
Noyades 101 Régime 56, 133, 134, 138
Règles d’hygiène 105
O Relation 15
Objectifs 11 Religion 24, 54, 129
Observation 15, 21, 34 Repas 54
et recueil de données 9 Repères 115, 152
Observer 12, 19 Repos 85, 87, 138, 139, 145
Œdème 46, 92 Respiration 45, 46
Orientation dans le temps et dans Ressources de la personne 27
l’espace 17 Résultats 34, 35, 37
Espace 24 Risque 65, 97
Temps 24 suicidaire 116
Oxygénothérapie 103 Rites d’endormissement 88
Rythmes 65, 82, 116
P
Parents 135 S
Peau 73, 80, 91, 92 S’alimenter 51
Personnes âgées 24, 38, 100, 149 S’hydrater 51
agitées 88, 101 Sécrétions 48
désorientées 88, 92, 99, 101, 102 Sécurité 30, 63, 98–100, 102, 136,
suicidaires 102 150–152
Peur 47, 53, 61, 69, 86, 88, 113–115, Selles 59, 60, 63
128, 134–136, 138 Soin individualisé 7
Placement 15, 133, 139, 149, Soins AS 27
150, 153 Soins d’hygiène 74
Planifier des actions 12 Soins de bouche 94, 107
Plâtre 54, 68, 69, 76, 82, 120 Sommeil 15, 85, 86, 88, 139, 149
Pleurs 61, 68, 74, 86, 99, 116, 120,
127, 133, 134, 144, 149, 151 T
Postures 45, 67, 68, 70, 102, 144 Température 81, 91, 93, 94, 101, 103
161
L’observation aide-soignante

Temps U
laisser le 55, 76, 82, 83, 139 Urines 52, 59–61, 63, 104
prendre le 139
Théories 3 V
Thromboemboliques (troubles) 104 Valeurs 119, 125, 149
Toilette 12, 74, 76 Validation 37, 40
Toux 46, 51 Valider
Traçabilité 37, 40 la cible 34
Traditions culturelles 129 les soins 41
Transmettre 12 Vécu de la maladie 134, 138
Transmissions 15, 21, 44 Vêtements 61, 71, 79, 80, 94
ciblées 11, 35, 37, 40 Vieillissement 75, 122
écrites 30 Vomissements 55, 60, 92,
orales 30 101, 103

162

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