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Le patrimoine industriel occupe une place importante dans le paysage du quartier Hamma-
Belcourt. Il se situe principalement dans la partie « Hamma », plus tournée vers le port et le
chemin de fer au vu de sa vocation industrielle. Il se distingue particulièrement par ses
grandes emprises foncières, constituées principalement d'usines et d'entrepôts en fiches.
Analyse Urbaine
Lorsqu’on aborde la question du patrimoine industriel, nous avons pour la plupart d’entre
nous en tête des images mentales de paysages urbains arides, pollués, enfumés où la vie
n'est guère facile. Aujourd’hui, c’est hangars sont désertés, désaffectés et habités par le
vide. Des lieux abandonnés à la recherche d'une nouvelle vie et qui nécessitent des
investissements majeurs.
Dans la fabrication de ces hangars industriels, d’habitude on accorde peu d’attention aux
valeurs esthétiques et à l’architecture au profit d’une rationalité économique et d’une
fonctionnalité des espaces.
Cette fonctionnalité a fait naître un nouvel ordre esthétique marqué par une beauté
intérieure exprimée le plus souvent par des structures éphémères quasi nues et dénudées
de toute matière, une disparition de la matière qui renforce l’idée de légèreté. Des ossatures
faite le plus souvent de bois ou en métal et construites avec des éléments discontinus et
assemblés pour former un tout, à la manière d’un arbre constitué d’un tronc et des
branches, qui transmettent les efforts et les charges vers le sol.
Installation
Quand on dit hangars on pense directement à son ossature porteuse. Ceci est le trait de
caractère du patrimoine industriel. Notre installation peut être considérée comme
l’allégorie du patrimoine et de l’esthétique industriels. Cette installation fait l’éloge de
l’aspect matériel de la structure métallique par ces éléments discontinus : fiche, contrefiche,
arbalétrier, entrait.... Assemblés pour former un tout, la ferme. L’aspect immatériel
représenté par ce vide, cette absence de matière dans la ferme métallique renforce le
concept de légèreté créant par la suite une sorte de dentelle qui rend possible la pénétration
de la lumière et du regard.
La pénétration de la lumière et du regard est mise en valeur par cette mise en scène dans
l’installation. L’intention étant que la lumière puisse progresser en s’infiltrant dans
l’installation, produisant un effet de réfraction, qui, en se combinant, vont créer une
atmosphère, imprimant une poétique au lieu, similaire à celle qu’on trouve dans les
bâtiments industriels
La richesse matérielle quant à elle, est mise en valeur par l’utilisation des différents
matériaux dans notre installation : verre, miroir, tissu, bois, métal.
Projet
Il faut souligner qu’il existe diverses méthodes d’interventions pour mettre en valeur et faire
revivre le patrimoine. La plus courante est la reconversion.
Jean Nouvel par exemple, parle de mutation, alors que Pierre Colboc parle de récréation.
Marc Mawet, lui, évoque la réactivation d’un lieu, Patrick Bouchain utilise la notion
d’accompagnement et d’expérimentation et de façon plus métaphorique. Philippe Robert
compare son action à une transcription musicale. Ces différentes attitudes montrent des
approches singulières de l’existant et laissent entrevoir le large éventail de modes
d’intervention possibles.
Néanmoins, pour renforcer cette identité industrielle il ne suffit plus d’intervenir sur le
patrimoine lui-même, il paraît tout aussi important de construire de nouveaux bâtiments qui
se conjuguent et dialoguent avec lui, pour rendre au quartier de Belcourt son âme perdue et
garantir la continuité de son imaginaire urbain.
Pour cela nous nous sommes posées la problématique de comment mettre en valeur le
patrimoine industriel à travers ses éléments architectoniques dans un projet architectural ?
Parcelle :
Notre terrain est une dent creuse qui se situe à l’entrée du quartier. Ce terrain accueillait
dans le passé un cinéma très connu à l’échelle de la ville. Il s’agit du cinéma Alfred Musset.
Le terrain est d’une forme rectangulaire de 16.5*27.5m, il est orienté Nord-est/ sud-ouest. Il
est délimité par des immeubles de rapport de R+6 d’architecture classique côté boulevard et
moderne côté la rue Musset.
Programme : hôtel, usages, partition.
L’architecture modulaire
Nous nous sommes alors posé la question sur le choix du style architectural qui mettrait en
valeur ce patrimoine industriel. C’est pourquoi nous nous sommes référées à l’architecture
modulaire, en raison de la présence industrialo-portuaire.
Ce concept est matérialisé par des empilements, soustractions, additions ainsi qu’un
rapport plein/vide entre les volumes.
La genèse :
Pour la conception de notre hôtel, nous avons dans un premier temps extrudé la forme du
terrain avec un gabarit qui rejoint celui des bâtiments HBM situés à côté de la station Aissat
Idir. La deuxième étape que nous avons adoptée c’était la structuration modulaire du
volume avec une structure irrégulière basé sur un module d’une chambre standard qui fait
4*6,40 m.
Ensuite, nous avons effectué un évidement qui s’inscrit dans la logique compositionnelle des
bâtiments voisins et qui a pour objectif d’aérer et de laisser le passage de la lumière. Après,
plusieurs soustractions de module de base pour alléger la volumétrie du projet ont été
réalisées. Cette soustraction vise aussi à libérer le RDC urbain tout en accentuant l’image de
la légèreté et du plein et du vide.
La 5eme étape consiste à additionner des fragments de modules en porte à faux pour créer
une dynamique formelle d’éléments entrant sortant. La dernière étape consiste à introduire
des vides au niveau des volumes qui rendent possible le passage de la lumière, et surtout du
regard.
L’organisation spatiale :
Notre organisation spatiale suit une logique tramée avec 3 variantes de chambre : standard,
chambres double qui fait un module et demi et des suites qui font 2 modules de base. Des
parcelles en cascade enjambent le patio et relient les deux parties du projet, pour suivre la
logique compositionnelle des bâtiments limitrophes. Ces derniers, très présents au quartier,
se présentent les plus souvent fragmentés tel un îlot ouvert avec un patio intérieur
complètement ouvert et des passerelles qui relient les différents volumes du bâtiment.
Le RDC est consacré dans sa grande partie à l’urbain avec un restaurant-cafétéria et une
galerie d’art qui s'ouvrent sur le boulevard et la rue Musset. L’autre partie est dédiée à
l’accueil des publics et les surfaces de gestion hôtelière et administrative. Le 1er niveau est
aménagé en espace co-working pour faciliter au maximum la continuité du travail avec les
activités de service de la cité Belhaffaf. Les 6 niveaux supérieurs ont été consacrés à
l’hébergement avec les différentes variantes de chambre. La terrasse du projet a été
aménagée, quant à elle, en cafétéria d'affaires en plein air avec des vues cadrées sur la ville
et sa baie.
Façades
Au niveau des balcons et terrasses la végétation s’incruste pour limiter l’effet minéral du
projet et lui donner une dimension paysagère et écologique. Au niveau du terrasse toutes
les émergences ont été sculptées tel des cheminés pour rappeler le patrimoine industriel.
Pour la structure porteuse, nous avons décidé de la peindre en couleur de la rouille. Une
couleur qui contraste et qui renvoie à l’usure et à son esthétique. Elle veut attirer l’attention
aussi sur l’état vétuste et délabré du patrimoine industriel du quartier.