• 1/ les institutions : les institutions c’est le pouvoir politique, autrement dit, l’exécutif, le législatif et
le judiciaire.
• 2/ les normes : ce qu’on trouve dans les constitutions, ce sont des considérations relatives à ce
qu’on appelle la hiérarchie des normes, autrement dit, comment les règles de droit d’organisent
entre elles, comment la constitution, la loi, le décret s’articule, quelle est la norme la plus
importante, celle qu’on va respecter en premier, est-ce que la loi doit être conforme à la
constitution, ou bien est-ce que la loi a la même valeur.
• 3/ les libertés : ce qu’on va trouver dans une constitution, ce sont des règles sur nos différents
droits, libertés.
Est-ce que toutes les règles qui concernent les libertés, qui concernent les normes, qui concernent le
pouvoir, toutes ces règles sont-elles condensés exclusivement dans un document qu’on appelle la
constitution ? La réponse est non, car la constitution aurait alors une taille gigantesque et ce serait illisible,
et donc on perdrait l’objectif de visibilité.
Donc, selon cette définition, on a trouvé des règles constitutionnelles dans différents actes juridiques. Ces
actes juridiques sont appelés “sources du droit” (= actes juridiques qui créent des règles de droit).
La constitution au sens matérielle du terme implique donc de voir du droit constitutionnel un peu partout.
Aujourd'hui, l’élection des députés est règlementée par un code électoral, dans la loi on peut trouver du
droit constitutionnel matérielle. Autre exemple, un décret du président de la République qui convoque les
électeurs pour un référendum, on appelle ça un règlement, mais cela concerne le pouvoir, donc cela fait
partie du droit constitutionnel.
→ Dans le cas de l’adéquation entre les deux notions. Exemple : article 7 de la constitution : “Le
Président de la République est élu à la majorité absolue des suffrages exprimés. Si celle-ci n'est pas obtenue au
premier tour de scrutin, il est procédé, le quatorzième jour suivant, à un second tour. Seuls peuvent s'y
présenter les deux candidats qui, le cas échéant après retrait de candidats plus favorisés, se trouvent avoir
recueilli le plus grand nombre de suffrages au premier tour. Le scrutin est ouvert sur convocation du
Gouvernement […]”. L'article 7 nous dit justement à qui on va attribuer le pouvoir, on est dans une
règle constitutionnelle au sens matériel. Au niveau de la définition formelle, l’article 7 fait partie de
constitution qui a été adoptée selon une procédure qui a fait intervenir le peuple français au
référendum.
→ Deuxième cas de figure : le cas de norme constitutionnel au sens matériel mais pas au sens formel.
Exemple du traité sur l’UE : un des grands traités européens. Il va nous dire quelle est l’organisation
de l’UE, on va nous parler de la commission européenne, du conseil européen, du parlement
européen, on nous parle d’institutions. On va établir des organes politiques et des fonctions qui
leur sont attribuées. C’est constitutionnel au sens matériel car c’est relatif à l’organisation, mais pas
au sens formel car il n'y a pas de procédure constitutionnelle qui fait intervenir le pouvoir
constituant, c’est une procédure de type diplomatique pour adopter des conventions
internationales.
→ Troisième cas de figure : cas de normes constitutionnelles au sens formel, mais pas matériel.
Exemple de la constitution américaine : la constitution américaine en 1819 va interdire la vente
d’alcool aux États-Unis. Cela a engendré des trafics, marchés noirs. En 1933, on est revenus sur
cette interdiction à travers le 21ème amendement qui a abrogé le 18ème. Ce 18ème amendement
est constitutionnel au sens formel car on a adopté une procédure constitutionnelle pour instaurer
cette règle, mais ce n’est pas matériel car ça n’évoque pas de pouvoir de l’état ou de la hiérarchie
des normes, on ne garantit aucune loi.
→ Quatrième cas de figure : la Suisse. En 1893, on a introduit un article dans la constitution Suisse qui
était relatif à la façon d’abattre le bétail. On voit bien qu’il y a des dispositions qui ont une valeur
constitutionnelle, mais qui n’ont pas pour autant un contenu constitutionnel.
→ La question d’un droit constitutionnel matériel se pose aussi pour d’autres états, on peut évoquer
l’Israël. Pour certain, l’état d’Israël n’a pas de constitution au sens formel. En revanche, il y a des
lois fondamentales, CAD que régulièrement, on adopte des lois dites fondamentales qui portent sur
le pouvoir, les institutions, la hiérarchie des normes... donc, il n'y a pas une constitution au sens
d’un texte global.
→ La Nouvelle Zélande (autre exemple). Ce pays a adopté en 1986 une loi constitutionnelle mais c’est
un texte qui est insuffisant. Pour certains le droit constitutionnel néo-zélandais est fait de différents
textes (lois, traités, décrets, normes non écrites).
→ L'Arabie Saoudite : il y a une loi fondamentale en 1992, mais certains ajoutent d’autres normes
(religieuses) et différentes lois. Il y a de ce fait, des pays qui ont une loi constitutionnelle mais fait
de différents textes, différents éléments.
→ La jurisprudence = ensemble des décisions rendues par les tribunaux. Le conseil interprète les
textes, mais ne crée pas les textes.
Il y’a une première distinction à faire entre pouvoir constituant et pouvoirs constitués.
Le pouvoir constituant = pouvoir de poser la constitution d’un état. C’est celui qui fait, institue la
constitution. (Créateur)
Les pouvoirs constitués = pouvoir posés, institués par la constitution d’un état. (Créature)
Cette distinction nous vient des USA, notamment de Jefferson. Mais, aussi de l’abbé Sieyès (figure de la
Révolution française). Sieyès justement distinct le pouvoir constituant du pouvoir constitué.
Il dit qu’il y’a une forme de hiérarchie, les créatures ne peuvent pas changer la création, le pouvoir
constitué ne peut pas changer la pouvoir constituant.
Ceci étant, cette distinction a ses limites car ce n’est pas toujours le peuple qui révise la constitution.
Parfois, la constitution peut être révisée par les parlementaires, donc cette distinction est à relativiser.
Une seconde distinction à faire entre le pouvoir constituant originel et le pouvoir constituant dérivé.
Cette distinction entre pouvoir constituant originel et pouvoir constituant dérivé a été proposé par un
auteur français : Roger Bonnard en 1942.
Le pouvoir constituant originel serait le pouvoir de poser la première constitution. Alors que le pouvoir
constituant dérivé, c’est le pouvoir de réviser, modifier cette constitution.
C'est une distinction théorique, qui pose beaucoup de difficultés car certains disent que globalement c’est
la même chose, et d’autres disent que le pouvoir constituant originel et dérivé n’est pas la même chose.
Notre constitution de 1958 est la constitution de la 5ème République, et que donc, elle est différente de
celle de la 4ème République, en réalité notre constitution d’aujourd’hui a été conçue comme une révision
de la constitution de la 4ème République. Quand le Général de Gaulle est venu au pouvoir en 1958, on a
voté une loi pour dire que la constitution serait révisée.
La rédaction, (le rédacteur) c’est celui qui tient la plume, l’adoption, (celui qui adopte) = celui qui prend la
décision.
Le cas de la rédaction : souvent on se rend compte que dans notre histoire constitutionnelle française, la
rédaction n’a pas toujours été très démocratique, même en 1958 notre constitution n’a pas été rédigée
par le peuple. Il y’a eu différents groupes de travail (ministres) qui ont produit un texte, un groupe d’expert
juridiques, puis ça a été soumis à des parlementaires.
Le cas de l’adoption : des constitutions ont été adoptées par des modes, des voies autoritaires. En 1814, la
constitution s’appelait la charte qui a été octroyée par le roi qui était Louis 18. On parle de la charte
octroyée, c’est-à-dire que c’est le roi qui accorde une constitution à ses sujets. C’est un acte unilatéral, qui
vient d’un individu, donc ce n’est pas très démocratique.
Les constitutions, textes constitutionnels fixent des limites à la révision, des limites peuvent être
temporelles (la constitution interdit de réviser la constitution durant quelques périodes, par exemple, en
France l'article 89 de la constitution nous dit : “Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou
poursuivie lorsqu'il est porté atteinte à l'intégrité du territoire.”).
Souvent, c'est l'expérience qui apprend qu'il faut se méfier de certaines choses, en 1940, on avait déjà
modifié une constitution alors que le territoire français était envahi (défaire militaire) et dans ce contexte
de fragilité, l'opinion publique a été saisie et on a confié le pouvoir constitutionnel au maréchal Pétain, il
serait donc mieux d’éviter les révisions de la constitution dans de telles circonstances.
Autre exemple, l’article 7 de la constitution Française interdit de réviser la constitution durant la vacance
du président de la République, en raison des circonstances, le poste est vacant (période de fragilité).
D'autre part, la France a souvent été le théâtre de coup d’état (nous pouvons citer celui de Napoléon
Bonaparte) : on veut donc éviter de passer de la démocratie à la dictature.
Limite matérielle : en Allemagne, la Loi fondamentale (Grundgesetz), adoptée le 23 mai 1949, est la
Constitution de l'Allemagne fédérale. Elle contient une déclaration des droits fondamentaux. En principe,
la Loi fondamentale donne aux Länder une compétence de principe, limitant les pouvoirs de l'État à une
liste déterminée de compétences. La loi fondamentale interdit les révisions constitutions constitutionnelles
qui porteraient sur les droits fondamentaux, on les rend intangible.
Ça veut dire pour autant qu'il peut facilement ne pas tenir compte des limites ?
Théorie de Vedel : Vedel avait élaboré la théorie de la double révision, cela consiste à réviser en deux
étapes la constitution.
• 1/ Le pouvoir constituant dérivé respecte les conditions fixées pour réviser la constitution mais il va
réviser les dispositions sur la révision. Exemple, avec l’article 89 de la constitution : on peut
imaginer une loi qui vient réviser ce même article 89.
• 2/ Par une seconde loi : le pouvoir constituant dérivé modifie l'article comme il l'entend. On a déjà
eu des révisions de notre constitution qui portaient sur des révisions. On a déjà eu aussi des
révisions qui portaient sur des droits fondamentaux (droit d'asile ; suffrage universel).
Juridiquement, le pouvoir constituant est libre.
Toutefois, le juge français ne contrôle pas les révisions du pouvoir constituant dérivé, il ne veut pas se
placer comme étant un organe supérieur.
Pour Kelsen "une norme est dite supérieure à une autre si elle détermine le mode de production de cette
norme". Exemple: celui de la constitution. La constitution nous dit comment adopter les lois, autrement
dit la constitution nous dit comment on produit des lois.
Et donc, la constitution détermine le mode de production de la loi. Donc, la norme constitutionnelle est
supérieure à la norme législative (la norme suprême c'est donc la constitution).
Kelsen utilise l'image de la pyramide pour nous démontrer que l'ordre juridique est hiérarchisé.
Comment justifier la validité de la constitution ?
→ C'est là qu’intervient la limite du système de Kelsen.
Kelsen imagine une norme fondamentale : selon celle-ci on doit se conduire de la façon que la constitution
prescrit ou encore il faut observer les règles contenues dans la première constitution. Au-dessus de la
constitution, il existerait une norme qui dirait qu'il faut obéir à la constitution.
Pour d'autres auteurs, la hiérarchie des normes dépend de la hiérarchie des organes, c’est-à-dire qu’il
y'aurait dans les états un organe supérieur qui pourrait abroger l'acte d’un autre organe. Par exemple, la
loi peut faire échec à un règlement, car la loi > règlement. Le législateur (parlement) > autorité
réglementaire.
La valeur d'une norme va donc dépendre du rang de l'organe qui l'adopte. On raisonne donc en termes
d’organe.
D'autres auteurs vont mettre l'accent sur la procédure : en effet, ils disent qu'entre des normes édictées
par le même organe, il peut exister une hiérarchie selon l'utilisation. Tous les auteurs s'accordent sur le
principe de hiérarchie.
Dans notre constitution, on a des articles qui nous disent qui est-ce-qui ratifie les traités, comment les
traités peuvent s'articuler avec la loi... la constitution française détermine le mode d'insertion, de
production des traités dans l'ordre juridique.
L'article 54 de la constitution (“Si le Conseil constitutionnel, saisi par le Président de la République, par le Premier
ministre, par le président de l'une ou l'autre assemblée ou par soixante députés ou soixante sénateurs, a déclaré qu'un
engagement international comporte une clause contraire à la Constitution, l'autorisation de ratifier ou d'approuver
l'engagement international en cause ne peut intervenir qu'après la révision de la Constitution”) dit que le conseil
constitutionnel peut être amené à vérifier la constitutionnalité des traités.
Le conseil constitutionnel, la Cour de cassation : tous sont d'accord pour affirmer expressément la
suprématie de la norme constitutionnelle sur les traités.
La norme suprême au niveau international sont les traités ; tous les états sont placés sur un pied d'égalité.
Ce sont ces traités qui vont instituer l'ONU par exemple, l'OCDE ou encore l'UE (qui a son propre ordre
juridique, ordre juridique européen).
À chaque fois, les institutions internationales sont fondées sur des traités. Pour ces institutions, ces traités
font office de constitution.
La norme suprême pour les juges internationaux ce sont les traités fondateurs. La cour de justice de l’UE, a
posé un principe de primauté du droit de l'union européenne sur le droit des états membres.
Arrêt Costa contre ENEL de 1964 : la cour de justice nous dit que le droit de l'Union Européenne prime le
droit des états membres, par la suite on a précisé que c'est tout le droit de l'Union Européenne qui prime
tout le droit des états membres.
1/Le débat.
La légitime du juge constitutionnel est plurielle car le juge tire sa légitimité de la constitution. Le juge
constitutionnel c’est un pouvoir constitué (comme le parlement, le président de la République).
Ensuite, on peut dire que la légitimé du juge constitutionnel est fonctionnelle : il tire sa légitimité (le
bien-fondé d’une autorité qui apparaît comme juste) de ses fonctions, de ses missions (protection
des droits fondamentaux, le respect des dispositions constitutionnelles relatives à la séparation des
pouvoirs, le contrôle de la bonne répartition des compétences entre l’état fédéral et les états
fédérés, le contrôle de la juste expression du suffrage).
La légitimité du juge est procédurale : aujourd’hui il y’a plusieurs sources de légitimité, et certains
disent qu’un organe est légitime s’il rend des décisions après avoir utilisé une procédure qui
garantit son impartialité. La procédure utilisée par le juge constitutionnel garantit son impartialité ?
La réponse est positive, même si on peut nuancer selon les cas de figure, mais aujourd’hui le conseil
constitutionnel s’il rend une décision, il entend le gouvernement, il entend les parlementaires, les
partis en présence : il fait donc en sorte de donner la parole à chacun. Comme un autre juge, le juge
apparaît comme un tiers impartial. Ses décisions sont bonnes car il est impartial, il n’a pas de
préjugés.
Le contexte : on a d’abord une situation intellectuelle particulière. On a des courants de pensées qui
prônent l’idée d’un droit naturel supérieur au droit positif, l’idée qu’au-dessus des lois puissent exister des
normes supérieures.
Contexte pratique lié au colonialisme : le fait que les États-Unis soient issus des colonies anglaises et que
ces colonies anglaises ont fini par acquérir leur propre indépendance. Mais les Américains sont très
fortement marqués par le droit anglais. On trouve plusieurs éléments intéressants dans le droit anglais,
notamment le fait que la loi adoptée par le parlement peut être néfaste : les Américains de l’époque
trouvent que les règles fiscales adoptées la puissance coloniale britannique sont trop contraignantes. On a
déjà à l’esprit que la loi peut être une œuvre mauvaise. Nous, en France on a l’idée inverse, on est marqués
par Rousseau : la loi c’est la volonté de l’expression générale et la volonté générale est infaillible Donc le
législateur est infaillible.
Aux États-Unis on a vite compris que le législateur pouvait opprimer les libertés.
Autre élément de contexte qui tient de la constitution américaine elle-même. La constitution américaine a
été adoptée en 1787, et cette constitution est silencieuse sur le contrôle de constitutionnalité des lois : on
a un article qui nous dit que le pouvoir judiciaire appartient à la cour suprême, et on a un autre article qui
nous dit que la constitution c’est la loi suprême du pays. Mais pour autant, cette constitution ne nous dit
rien expressément sur le pouvoir de la cour suprême, de vérifier si les lois sont bien conformes à la
constitution. Ce qui semble se dégager de la constitution c’est plutôt que la constitution fédérale est
supérieure aux lois et aux constitutions fédérées.
Comment le juriste est censé interpréter des situations dans ce genre de cas, face au silence ?
• Comme la constitution ne dit rien, alors elle ne prévoit pas, rejette cette idée quelconque.
• Puisque le silence reviendrait à dire que la constitution ne l'interdit pas, alors c’est un droit.
Les pères fondateurs américains (Hamilton par exemple) vont au début de l’an 1787, écrire des lettres,
articles qui vont être réunis dans un ouvrage très connu aux États-Unis : le fédéralisme. Dans le
fédéralisme, il y’a un papier, une lettre rédigée par Hamilton : il développe la première argumentation
moderne en faveur du contrôle de constitutionnalité.
C’est dans ce triple contexte (donc contexte pratique, contexte intellectuel et juridique) qu’intervient la
décision la plus connue dans le monde : la règle de la cour suprême des États-Unis : Marbury VS Madison.
Marbury V. Madison (Voir la vidéo pour mieux comprendre !)
1. Le modèle américain.
- La justice constitutionnelle aux États-Unis s’agit d’un contrôle diffus car ce pouvoir de contrôle
n’appartient pas seulement à la cour suprême mais à n'importe quel juge de première instance.
- Ce contrôle est aussi a posteriori c’est-à-dire qu’il s'effectue une fois que la loi soit mise en vigueur,
soit promulguée.
- Le contrôle est aussi dit concret, c’est-à-dire que le contrôle s’effectue dans le cadre d’un procès
entre deux personnes (un conflit de voisinage par exemple). Le juge a devant lui des partis au
procès qui s’opposent sur un litige qui peut concerner n’importe quel sujet. Le juge voit les effets
concrets de ce litige sur les individus.
- Le contrôle s’effectue par voie d’exception : le juge a le pouvoir de laisser la voie inconstitutionnelle
et ne pas l’appliquer. La loi va continuer théoriquement à exister dans l’ordre juridique (elle existe
mais on ne l’applique pas). En raison de cette raison par exception d’inconstitutionnalité, les effets
de la décision du juge ne jouent qu’entre les partis. On dit que la décision produit des effets inter
partes (entre les partis).
- https://youtu.be/9pgRp2PGV4Q (Voir cette vidéo qui aide à mieux comprendre !)
2. Le modèle européen.
- Le contrôle ici n’est pas diffus, mais concentré dans la mesure où il est réservé à une juridiction
spéciale qu’on appelle une cour constitutionnelle. Ce modèle s’explique par des facteurs
historiques, culturels (l’influence du légicentrisme) et a amené les pays européens à ne vouloir
confier la remise en cause de la loi qu’à une juridiction particulière doté d’une compétence
exclusive avec des juges éminents. C'est pourquoi, dans le modèle européen on ne parle pas de
cour suprême mais de cour constitutionnelle.
- Le modèle est abstrait : la cour constitutionnelle ne juge pas une affaire entre deux particuliers ou
deux entreprises, elle ne se prononce pas dans le cas d’une affaire ordinaire. Le contrôle n’est pas
concret, mais abstrait (la cour constitutionnelle n’a pas un procès sous les yeux qui lui permettrait
de voir les effets).
- Le contrôle est a priori : avant l’entrée en vigueur de la loi. La loi a été votée, mais pas encore
promulguée. Le grand avantage de ce système c’est qu’une fois qu’on s’est assuré de la
constitutionnalité de la loi, qu’on va la mettre en vigueur (donc forcément les lois sont conformes à
la constitution).
- Le contrôle se fait par la voie d’action : si la loi est contraire à la constitution, il va pouvoir
supprimer la loi.
- La décision du juge produit des effets non pas seulement inter partes, mais erga omnes.
Le modèle américain s’est certes diffusé au continent américain, mais il est aussi allé au-delà, et des pays
européens ont adopter ce modèle. Ce sont les pays du nord majoritairement (la Norvège, le Danemark, la
Suède), c’est un modèle qui s’est également exporté en Asie ou en Océanie.
D'autre part, le modèle européen s’est lui aussi exporté au-delà de l'Europe, notamment dans les pays
influencés par une ancienne puissance coloniale (Algérie, Maroc, Tunisie, Bénin, Côte-D’Ivoire).
Le modèle européen est beaucoup plus varié et marqué par l’hétérogénéité (la diversité) car c’est
l’Autriche qui a ses débuts, puis la France qui répandait ce modèle européen appelé modèle autrichien ou
modèle Kelsenien. Le modèle européen se rapproche du modèle américain et vice-versa.
Des pays rentrent difficilement dans les cases car ils ont des systèmes mixtes, comme la Grèce ou le Brésil
(contrôle confus).