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LA CHASSE

DV RENARD

PASOVIN , DESCOVVERT
ET PRIS EN SA TANNIERE
du libelle diffamatoire faux .
marqué le Cathechiſme
des Ieſuites.
PAR

Le Sicur Fælix de la Grace genril.


bomme François , Seigneur 4
dudiet lieu .

1 Capite nobis vulpes paruulas , quæ


demoliuntur vincas. Cantic. 2 .

Prenes nous vn tus de Renardeaux , qui


rainent les vigues. Aux Canr, 2 .

Tinexte la copie imprimnee


VILL E -FRANCH -E ,
Chez Hubert le Pelletier à la rue de la
Veneric , enſeigne de la Leuriere , 1603 .
Awec approbation des Theologiens,
o permißion de Pordinaire.
‫ܢܝܕ‬ ‫܃ܽܪ‬
‫܃܃ ܃‬
AV LECTE VR .

AMI Lecteur, fidepuis api


prendre que ceſte Challe dws.
Renard Paſquin vous aye enſem
ble apporté profit de plaiſir , i'ay
Jon eſcorchement tout preſ pour
vous faire voir au premier jour.
lequel'mettra la fin à l'auure ens
tier , attendant une ſeconde do
plus ample edition du cas que la
choſe le demande. Vous prendres
le tout qui vous eſt offert de bon
exur. le prie Dieu de vous cono
feruer,
+ LA CHASSE
Du Renard Paſquin , deſcondert &
pris en la cannière du libelle diffa .
matoire , faux -marqaé , Lo
Catechiſme des Iefuitos,

P# le sieur Felix de la Grace , Gentil'boneme


Francois, Seigneur dudi& lieu .
LIVRE I.
Contenant pour principal fubicct , va
Tommaire brief du Catechiſme des Icſuites,
auecla premiere confutation d'iceluy, tant
au faict de la religion , que de PEftar.

CС НАР. І ,
L'arringe d'vn Theologien en lamai fon d'un
Seigneur dePoi &tos. L'heureux rencontre d'un
Maiſtre des Requeſtes en ce lieu . Les Diſcours
religieux des deux du Seigneur. L'arriuee
, .
des

2
Es iours pallos yn Theo .
logien de grande vertu &
do &trine apre maints tra
uaux fructueux & honora .
bles à l'Egliſe de Dieu ſoufferts es
quartiers d'Aquitaine , & Langue .
doc , s'acheminoit à Paris , pour
illce
2 L4 cha
silec prendre haleine de cet agrea .
ble leiour de la crcs.do te & tres
Saindte Sorbonne , parmy ſes com .
pagnó !,.comme auſsi pour ſalões à
la fois.vn grand nombre de ſes tres
bons Seigneurs cógregez à l'allem
biée du Clergé,au diodele deſquels
il auoit.preſché:mais ſur toutpour
yvoir ce novyel aftre heureuſemét
aſcendant ſur l'horiſon de la Fran .
ce, noftre Dauphin ,né de la Royale
conjona ion du Soleil Fráçoisauec
l'aſtre de la vierge Florencine , &
par ceſte vcuë redoubler la ferueus
de ſes plus grandes prieres , veus,
& facrifices offertsà Dicu en la fa
acur da pere , de la mere & du fils.
Pallant par le pays de Poiệtou ,ilſe
rendit en on.certain chateau à feps
lieures du matin chezvngrád Gen.
tilhomme Catholique Seigneur du
lieu , au feruice duquel i'ay touſ.
jours esté portant les armes ſoubs
luy , duquel commece Theologien .
estoit fort aimé, auſsifue-ilreceu
avec grande courtoilie , càr auſsi
toſt qu'il le vit entrer , arcourut à
luy & a bras ouueres Pembraſſant,
quel
ard afmik
Dxe Sen r .
l l
b y r
quo drodu'hu bon -hou , dic - il, ay -ic
ou s
muj icur r u ſoir rriu
, hie a n are
ſ n ſ i ſ t
Mon ftes mo Cou , mai des
q ue m ç l e r t u
R e õ
,ſhſe z e
d te l v e que
o u s
o g noi o u s 'auez uiuy
Y c ,& v l ſ
in cy t net
ce mat & le voiſer tou à poi o
u r s r a ſ thc o l
po vou emb .emLe enT .
n ua ost háb ilt
zie le fal f u e i l l , & lóuy
é
t l'ac c c m
de ſon ncoſ ave de .
r a tio e r a de oye y a nt on
{t d g i ,& a l'
l'autre raconté les cauſes & ad .
vantures de ſon voyage, tous deux
s'eliouyfoyent fort de ce que tene
dants à Paris ils adoyent fai & vn fi
heureuxrencócre. Mais le Thcolo .
gien quine vouloir perdre la ſaiſon
de ſon office, ie vous ſupplie dil- il,
au Seigneur que ie die la Meſleen
voſtre Chappelle, ce deuot lieu ou
ſont inhumes meſsicurs vos deuk .
ciers tous morts pour le feruice de
l'Eglife & de leurs Rois.Ceme ſera
vn grand hear & grád höneur, reſ.
pond le Seigneur : mais pois que il
vous plailt de nous honorer de la
celebracion de ce diuin feruice, ilóy
i
tac
* hor
en máfaueur & de mis domeſtias,
A 2
La Chape !
& de quelques Gentilshommiesde
mes ſubie & squi *'y trouveront, &
que de lõg'temps id travaille à tena
are Catholiques. 1'en ſuis content
pla
reſpond te Thcologien : Auſsipale
fant par Poietiers , eus - ié licence
de Monſeigneur de 'Poi & iers de PE
preſcher entout ſon diocefe. A pres
la MelTe & la Predrcation achçuće;
le Seigneut prend d'vne main le
Theologien , & de l'autre le Mailtre
des Requeſtes & les ayant fai@ en
tret au jardin les mçine aſſeoir en
vn cabinet richement élabouré de
toute forte d'arbriſTeaux & de
fleurs , ſur vn tertre, voiſin d'vne
fontaine qui produit le canal dyne
riucrote. Et tout rauy d'aiſe,Mera
ſieurs dit -il encore vn coup ,que ie
ſuis confölé de voo's auoit en ma
maiſon . Dieu en Toit lode. Voicy
vn beau ternaire, fi ie füis bon troi .
fieſme,l'Egliſe y eſt en la perſonne
d'vn Theologien , le tiers eſtat en
celle d'en Maiſtre des Requeſtes
car combien qu'il ſoie Gentilhom .
mede grand lieu , ſielt ce que pour
maintenant il repreſentera le tier's
eſtar ,
Du Renard Pafanin .
estat ; lequel meſme en l'aſſemblée
des Eſtats Generaux cire ſounent
fes dopatez des ordres de la igítice
ſouveraine , ila nobleſte y tiene la
place enmoy , idu de nobles pares,
bien que petit en mon particuliers
puiſque le ſort le veột ainſi , mais
qui ne veux leur cien coder ao zele
demareligion , que i'eſtime la plus
grande nobleſte . Qr:Monfigurno
Atre maiſtré vous vous avez mis la
devotion au coeur non ſeulement
par l'entremiſe de ceſte divine or
blation que venez de preſenter à
Dieu , Drais auſsi par voſtredocte
& picufeexhortacjop, le vous fup
plia que comme ou deux ou trois
ſe retrouvent aſſembles au nom de
Dica , il eft au mitan d'eux , de con
ſentir que nous pafsionsencore le
, a iuſques au diſner
tenips qu'il lys
à quelques devia ſpirituels ſurles
-affaires de la religion , & deuotion
deGaſcongne d'ou vous venez : 00
fera touſious aiguiſer l'appetiredes
chofes celeſtes pour venir plusſain
Stement à la table du corps. C'eſt
móp fouhait & ma viande qo'ouyt
A 3 & fai .
La challe
& faire tels deuis refpodle Theos
logicp . Mais dit le Maiſtre des Rea
queſtes en f¢ foofriát vous ne vous
prenez pas garde Monſieur vous gu
scut faire payer votre diſner'en le

parlant. Le Theolog.ce ſera donc


à petic prix . Or puis qu'il vous
plaiſt queic parte , le dis que c'eſt
grand merueille de voir comment
ſe porteen Gaſcongne cant le faie
de la foy , que celay de lapieté car
commençant du premier , je vous
diray , quaydant Dieu , l'hereſie
s'en va reduite à ſes derniers ab
bois és quartiers deſquels ir viens,
tous les jours s'y font novuelles
redu &tions & conqueftes des pau :
ures defuoyez , & nomméement
par l'entremife des Peres leluites.
Xaintonge cft toote esbranlée,
meſmes par les miracles qu'a faia
le chef de faina Eutrope transferè
ces jours paſſés de Bourdeaus à
Xaintes , deſquels comme ie cuide ,
vous aurez ouy parler. Le Bearn
eſt eſtiméfort infceté d'herefie , &
koutesfois nous avons appris de
bonne part, qu'ile £ à proportion
plus.
D # Reard Pafquis .
plus enrier que le reite de les voi .
fins. Monneios entre autres lieux
ayant vne paroiſſe compoſée de
quatorze cës feux, n'en a que tren.
te Huguenots , fi bico que nousef
perons que la paix ſera la guccre &
defai &te de l'Herefie, & que l'heu
scaſc naiſſance de Monſeigneur no
ftre tres -deſiré Dauphin par la le •
miere , fera eſuanoưyr tous les
brouillards & frimats contraire à 1

noftre Religion . Et pour parler de


la pieté , on neſçauroit d'eſcrire le
feu de deuotion allumé en - beau .

coup d'endroi&t's , ſpecialement à


Bourdeaus. Vous n'y voirriez que
confeſsions , communions, aumoſ .
nes , viſites des Egliſes, des Hoſpi
taux,priſons, edifices de conuents,
reformations Meſsieurs de laCour
de Parlement ont vne bõne part en
ceſte piecé publique . Monſeigneur
ke Mareſchal d'Ornano y conrri .
buëce qu'il peut'; & ce qu'il peur
eſt grand , d'affection , authorité ,
& moyens. Les Huguenors fumené
& appellent le tout bigotterie, di .
fant que ello à eftė premierement
A 4 appor
* La Chape
apportée par les lefuitcs , & auge
mentée depuis par le Cardinal de
Sourdis , qu'ils diſent l'auoir reſo
pandoē par fa Prouince , comme
la veritě il a porté & allumé ce
ſain &t feu de deuotion par tout , &
luy a fourny & amené le bois de teE
tous coſtez à ce que i'ay peu apo
prendre . Te Deum laudamas, en ſoit
chanté ont reparty le Seigneur &
Maiſtre des Requeſtes. Mais nous
ayos deux petites demádes à vous
fairs , dit le Seigneor Catholique .
1
L'vne eftõl debat y a - il eu à Bour .
deaus ces jours paſſes pour le faict:
de certaios Aurels : car les Hereci.
ques en font leur clouds gras,coma
me les mouſches ſe paiſſenc des
playes. L'autre eſt si vous n'auez
point ouy parler d'vn libelle diffa.
matoire compoſé contre les Peres
lefuites . Pour la premiere deman
de reſpond le Theologien , ſçachez
Meſsieurs , que ſelon que i'ay en
tendu paſſant à Bourdeaus , le ieu
ne vaut pas la chandelle , comme
l'on diet ;c'eſt une diuiſion petite
& facile à ioindre,etant les parties
Catho
Catholiques & craignant Dicucli
les font.dofia d'accord pour la plus
grande partie. C'est un debat tet
qu'arriue fouvent entre les Saises;
entre Abraham & Sara , Abraham
& Loth , S. Paul & Barnabé : Tou ?
Peso lesparties ont vnemeſme in :
tention de bien faire enco debat:
eftes nel lont en different que des
movens. Quand la queſtion eft re .
duite à ce poinct.ayſeoient elle ſe
yuide. Ecrouchantla ſeconde , vn
bruiat incertain dece livre ell venu
nos oreilles. Il ne nous à pas fort
iltonnez : Au contraire, nous ſeriös
eſmerueillez ſi le diable laiſſoit les
Ieſuites en paix : Pendant que ces
propos ſe cenoyent en ceſte ſorte,
vn påge'vint aduertir Monſéigneur
de l'arrivée d'un homme, venant de
Paris , duquel on ne pouuoit reco !
gnoiſtre la condición , cant il fémi's
Bloit auoir des marques de divers
eſtats. Faides le venir dit le Sei ?
gmor quiconque ſoit z'il nousdira
des noubelles, peut etre de ceijue
démandons, puis qu'il vient de Paz
risi Apres qu'il euſt pallé la porta
A 5 do
Lt Chafte :
du jardin alles elloingnée du cabiat
nec , il ſembla vn Aduocat auecen
grand reiftre ; yn peu plus prés en
porte panier du Palais,ayant com
me des Pacquets d'Almanacsi,
chanſons, & aucres pecits liorecs
ſous ſon aiſlelle : mais eſtanc cout
Prochie gil fut incontinent recognu
pour le bouffon Paſquin . Le Seia
gneur du logis l'advilant, dick .

CHAP. II, 1
1 Nome deſcription de Paſquin , Le difer
religieux & boneste de la com : aforo
pieces chef deſaint:
Europe, chantez en Ode.

Le Seigneur. Et bien Paſquin -ntas


cu rien de nouucau ,
que la precedente nuit ait fait cra
clore. Mais tu ſembles faire de l'ea
itonnéT
. e falches -tu point dequoy
je t'appelle Paſquin :
Paſquin. Vous verrez Mófeigneur
tancoit li je ſuis muet , & ao neſte
pourquoy me faſcherois ie, domon
nom fe l'ay pris å deſain long
temps y a , & auec permiſsion du
magnifigue Paſquin Romain à raia
fon .
Du Renard Pasquia .
son de la belle correſpondance que
ie note entre cetexceilent ſeigneur
mon parent & moy . Car celuy.la
comme vous fçaucz , ſert chaſque
matinée non ſeulement pour rece •
uoir les nouveaux cartels aux don
neurs de paſſe-temps pres de la
place Nauonne , mais aufsi pour
eſtaller les inuectiues , Saryres &
luires diffamatoires aux midisás;
Il ramaile tous les billets , memoi .
ICS , & paperors qu'on lay enuoye
de tous endroicts de l'Orient , Oc.
cident, Midy, Septentrion , & en a
fa tefte , ſon col , les eſpaules , fon
dos , & ſes coſtes fi charges', que
eftant mis hors d'haleine bien fou
uécit Temble'creuer deilous le fais :
Bref il eſt le porte -faixde toutes
nouveautés,charlatāneris ,bouffon
neries , & l'afne porteur des merdi
ſances & calonies , Autant en est
de moy.le recueille de toutes parts
nremoires & recherches à melmes
forts. l'enray tant, & ayt tant à diro
que i'eſclatte. Mõ æuure en eſt far .
cy, & bcuffy y ayant rangé cout ce
qu : i'ay peu trouuerou ' ce qu'eo
A6
La chafft
m'a fourny ça & la non
, ſeulement
en France , mais Eſcofle, Angleter
se & ailleurs. Paſquin le Romain
meraa iour ſes denrées en la place
Nauonne : Mais moy ic vens mes
contes au palais , aux courts , aux
cshuës , aux hales , & foires de la
France . Car entre luy & moy il y a
quelque difference en ce que luy
faiſant l'homme graue,ne bonge de
ſon lieu , & ſe faièt conſulter en ſon
ches foy, auſsi eſt. il compoſé d'en
ſtoffe plus folide & preſante: n'éſs
crit rien, mais porte ſeulement les
eſcrits d'autruy . Mais moy com .
mecſtát de materiaux plus legers ,
noury & efleue de vent , ie vois de
place en place, de table en cable de
maiſon en maiſon apprenát & por .
tant des nouvelles , que i'affaifon
ne de quelque peu de grauité , &
les mers en lumiereaux defpensde
mes ennemis .
Le Seigneur . Tu faiets donc eſtat
de diffamer tes ennemis , & l'én
vanger en celte façon...,
Paſquin . C est la vaillance des foi
bles en cette cailon ,
Le
De Resurd Pasquisti
Le Seigneur. Mais ce n'est pas laloy
des gens d'honneur. Or Palquin cu .
ſeras le bien venu à condition que
tu ne die pas mal de perſonne , &
1
ferõs ailes d'ouyr quelques joyeu :
ſes nouuelles ſi tu en portes, ayant:
cmployé ceſte macinée à l'audition
de choſes ſerieuſes & graues.Qu'en
ditesvous Mõleur noftremaitret
Le Theologien , le crois que noſtre
matinée s'eſt paſſée Chreſtienne
ment ches vousMonſieur , & qu'il:
ett bõ d'auoir en l'apreſdinée quel
que bonefte recreation des plaiſana
téries que nous attendons de Paf
}
quin ,s'il tient la condition que luy
auezmiſe,dequoy ie me doute fort
fçachant que parmy lesbouffonnat
ges fouuent on melle ou l'atheiſme
côme Rabelais , ou l'hereſia come
$
Mirot , ou la ſaleté come pluſieurs
Poëtes anciens & .modernes .
" Le Seigneur. Non non , në'craignés
rien de cela ,i ý mercray bon ordre ;
& Tiaducrtis derechef påfguin de
t'abſtenir de toute falecé & merdić
fance , "trie & tirede con pahniek
quelques pieces de gayeté fans me .
A 7 Aange
# La Chajte
fange de vice candis que nous al.
lons prendrele diſner.
Felix de la Grace. Ce dia ,le Máiſtre
d'hoftel vint:aduertir que le diſner
eſtoit.pret , & auſsi toft Monlei
gneur conduict res hoſtes a la calle
balle ou l'on commençoit a couurir
La table, & ayant laué les mains, &
le Theologienbeny la table au lieu
de l'aumornier , ce que Monſei.
gneur luy defera par honneur, cha
con s'aſsic ſelon fon rang . Tous les
propos qui ſe cindrenr dura at lo
diſner , furent de la ſanté du Roy ,
de la Royne , de Monſeigneur le
Dauphin , & des grandes faucurs
que Dieu , auoit departy à noſtre
Lainat Pere en fon Pontificat , &
anoſtce Roy, en ſon Règne. Oden
tremella auſsi parmyces diſcours
quelques pieces de muſique. En
tre autres voetres - rare a la Phry ,
gienne en laquelle eſtoyent chan .
tez les hauts faits d'armes du Roy
en la defenfe de la France contre
les eſtrangers, Le diſner parache.
de & graces dietes par Monticor
noltre Maiſtre, la pallete deMon
feia
De Repard Paiguin.
Seigneur chanca te Cancique Benot
dicite omnia opera Domoni , Domino, ' à fai .
ces nouuelles
lon
Geur noftre Máilt ce auoit appor.
té de l'amplification tant de la foy ,
que de la deuotion au pays de Cala
congne. Iceluy Cantique fut furuy
par yne belle Ods, compoſée, nie
ſe en mofique , chantée de voix &
de Luth , a'la Soufionienne, Chri
ftianiſée par Madamoifelte fille de .
Monſeigneur, extremement bien
pourrie , qui ces derniers jours e..
ftant alléeen vne terre de Xainton .
ge viſitei Madame fa Mere, anecſa
Damoiſelle gouvernante , eut ce
bon heur de fe rencontrer à Xain .
tes à l'arriuée du chefde ſainet Eu .
trope , le confeffer & reccuoir la :
Commouimion delamain de Monſein
gneur l'Illuftrifsime Cardinal de .
Sourdis. Voicy. Son Odcom

ODER ? zesiz

1. grievenx eftrener ce nocidotoda lånd'yxont :


De quelmac obiant pour MAK ,
Duquel feul ferira luy enuiant la gloire :
L'Huguenot fans cerneau .
11. Pafe .
La chaffe
paffes le chefde S.Eutrop
II Parantees jours
Par la ville de Ponts,
Sniuy debons Chreſtienis en innõbrabletroppe
Gens 4 bien faire prompts,
III il pleust a ce grand Sainct monstrer så
main puiſſante
Parmy ſes ennemis ,
Retirint du dangerd'yne armee infolente
Ses Adeles amis.
W mienos frapăt autrepart qu'il netire

Tiradusās d'un clers une fleur de martyre


: Par mn coup de fu main ..
Eutrope recueillant de cet balier faunage
Vre ref.dechoix
s'aduan:bbit pour rério ir d'on plus Ferály
viſage.
Son troupeau Xaintongepis. In
V Arrine, le falwätzla chefeestpar trop claire
Gens d'honneur l'ent cognu .
Par merugilleux portraia ; ſur leSaine
* ! Reliquaire
D'un pontife cena. 97,94011
VI Televonturabepoirienbonorant la pomper
Le Saing pour lear ſoulding
Le träpeur Huguenot,
dira que ie meirõpe
Je neme trompe pas .
, -
Si nos Sainets
Vous font voir malgre vous leur gloire
op Laut Puoifan fantasief : -ugriz .!
Ou pa beza Yous ks yeux . 90
CHA P.
1 ** Renard . Pafqui
CHAP III,
Les atroces iniures contre les PeresIefuites
Reduites en catechifme de Paſquin. Le ſtyle
de ce Catechiſme. De temps , lien, l'occaſion de
la naiſſance a impreſion d’iselny , s autres
circonſtances semblablese

Felix de la Crace. Paſquin ne s'eſtant


point trouué aux
graces , car il eſtoit allé bouffonner
à la cuiſine,Monſeigneurcomman .
da qu'on l'appellaft, & eſtadt yenu ,
il luy dia ſus done Paſquin , qu'as.
tü de nouueau ..
1
Paſquin , Monfeigneur i'ay la cho..
ſe la plus plaiſante & lamicux fai
&c qui fe puille trouuer , c'eſt le
Catechiſme des Ieſuites , ouie fay
parler crois braues perſonnages,
en leſuite ,vn Gentil'hommc, vn
Aduocat , & quelques autres que
Vous verrezi 3
Le Seigneur Voila vn Dialogue de
grancs perſonnages. le penſe bien
qu'en iceluy le Ieſuite explique les
cauſes de la foy Chreſtienne, & que
le Gentilhomme & l'Aduocat dere .
quels l'eſtat eſt noble & reſpecta
bleſót ſes audireurs en ceſte grade 1
La Chap
matiere. Mais Paſquin nous te de
mandions quelqae cholc non li
haute , ains facile & joyeuſe , & ta
nous donnes ce quiconcernele fait
de tame , le fai&t le plus ferieux
qui ſe priffe trouvera & qui n'eſt
pas de ton gibier.
Paſquin. Mõſeigneur ie vous ſup
plie ne le prendre pas ainſi. Il ne
traięte pas de la foy , comme por
e le ciltre : mais il contientles fi
neſſes, ſubtilitez , & captellés des
Ieſuites pour s'introniſer au mon .
de, pour tirer une confirmation du
Pape , pour: fo faire recevoir en
Brance , & en tous les autres eno
droicts , pour ſupplanter les Vni.
Uerſités , ſecouer l'obeyfſance des
Euelques & Curés , accumuler rio
cheſſes, deſpouiller les grádes mai ,
fons de leurs heredités , & les ad .
mener a leur meuſe ou matmiste,
defrober les enfans a l'eurs peres ,
plagiaires:qo'ils ſont : faire des ſea
ditios aux.viltes & Royaumes,ſou .
Neuer les peuples contre les prina
ces & Roys , & entreprendre ſur
leurperſonnes: bref il les depein &
per .
Dk Reward Paſquin
perturbateurs de toure police du
monde, & hierarchic de l'Egliſe ,
ennemis de toue droit tant humain
que divini Voila le Catechiſme des
leſoires. Si vous conſiderez pour
en parler au vray , Meſsieurs , la
matiere , ce n'eft fubie &t de farce,
ains de lamentable tragedie : mais
fi bien , ſi vous auées.efgarda la ru.
fe & façon de faire des tefoites ,
leur picté ſimolée , deſguiſée par
vne agraffè au manteau , & pous:
ainſi parler pieté agraffee , à leur
doux propos , aumiel de leur doc ...
trine : qui leur fertde trompette :
pour enfaber les cæurs a cesmere .
chancetés : Eten fin a leur Carechif .
me . Mais Meſsicurs prenéi la pei..
ne de lire lo liure , s'il vous plaift :
Vous y troquerés la verification de
tout ce que je dis, principallcment
de ce qui s'eſt parte és dernieres
guerres , 'en la mort dų defun & t
Roy , attentat contre ceſtoy.cy ,en
trepriſc contre le Prince Maurice,
& autres choſes femblables ,.tou .
tes ſorties de l'eſcole & Catechiſ
me des lefuites. Mais vous y aures
gona
Le Chaffen
nonobftát de la recreation par lair
plaiſant & gentile varieté derene
contres que ie donne à mon diſ .
cours car il eſt parſemévoire rem
ply de fonges gaillards; reluéries
plaiſantes, d'alloſions; illuſions, ri
maillerics :comme font Ieſuites;
fophiſtes :Ignacc deLoyola,Ignare
de Loyihola : Mafféc , Morphoés
Ribadeneira, Badinerie . Celtync
narration mellée de granicé es pro
bacions de tous les faits mis ſus
aux Icfuites , & de facetie en la.
i maniere de mon ſtyle. Meſsieurs
prenes ſeulement la peine de lire
Pour le diſcours vousaurez dequoy
sire & pleurerile isy er 5,761
. Le Seigneuri Paſquin ie t'entenst
C'eſt lans doubte le libelle compon
fe contre les Ieſuites , duquel ie
vous demandois nouvelles Mona
feur noftreMaiſtre,maisdy moyi,
Paſquin , cs - cu bien d'Autheur de
eeft euure :
Paſquini Monſeigneur ie ne vous
cele rien. Vous pouuez cognoiſtre
parce que j'ay diet querie le Cuis.
Boencorque ie pe luy ayemis mon
1 Hom
Dr Rotard Paquito
homien fact, a me vantaje en tous
$ e bonne compagnie delay auoir
donne lettre de tour : Et ceala
façon demon parent Paſquin Rom
car comme il porte toute
ſorte de placards, & parle par eux ,
aindi moy ayant receu deça & dela
diuers memoires de tous ceux qui
declame, compoſe,bra.
ont plaidé
uc & baue concre les lefuic es , i'ay
compilé & groſsi ce yolume : tout
y eft , & rien ne s'eft dit , ny ne ſe
dira , ny neſe peut dired'auantage
des Ieluites,laufquelque choſe que
je referuc & queie niesterayenlum
miere en ce dernier periode de ma
generable vicilterle , afin de feruis
comme d'une funebre vi& timeaux
eſprits , ennemis desleſvices , à ce
que d'eux ic puiſſe récéuoit doux
traictement
dia ſoit vray, Orque j'aye dluchtv
tout le pot aux'rofes des Ieſuites,
por aux
tenez le pour certain ſurma caus
tion , Car mefme parle propheti
que eſprqui
it remplie ma poiari ,
ſur le ſoir a lamanière des Mãe .
mades, i'ay deviné tout le futurdes
affai.
La Chafft
affaires Ieluitiques .Et Ac vode la
donnez li je compoſo tel liare , cielt
mon principalmeſtierde drapper.de
maplumeccax qucie penſe eltredo
mageables au public. Qcpuis-je a.
upir plusnoble fubie &t,queles Ielui
tes, que tous les gens debić,au moins
gaciccroy eſtre rels,haiffene! quand
Fauráy deſcrie vn li grand ordre, irad ?
ray trióphédo'mille particaliersqui
y font, que ie haisen gros & en detail,
& cu fay - ic en homme d'bonacur &
de conſcience pour le public .
Le Theologier .VoyezvousMonſieur
fiay-bien deuine,qu'iln'auroit rica
de bon , & qu'il netiendroit pas le
condition que luy aucz miſe!
28 Seigneur, Ic le vois bien & leiu .
ge comme vous , ‫ نمود‬:::
Paſquin .Monteigneurvous ne ſçauti
ricz iuger d'va procez faqs voirdco
picces du lac, ay dva liure fans t'a
uoir leu . 011011 )
Le Seig. Il eſt vray,maisſeras-ta.com
çent, queontciuge ſelon tes picçes?
Paſquin . Il le faudra bien .
Le Seigpedr. Monſieur noltre Mai.
Atre eftesvoo's d'aduis qu'on le pren
nc au mois
LE
Dhe Renard Paſquin .
Le Theologien . Du tout Monſieur,
Le Seigncur. Or permettez moy que
ic luy face quelques interrogats pour
cnirce. Ce ſera à vous apres de tirer
les graodscoups ſeló la luffiſance.de
voltre ſcauoir. Dis moy Paſquin ,
quand as-sa compoſé ce liure icy ?!
Paſquir . En yac faiſon fort propre
& en peu deteps. Car vou sentedrez
par la lecture d'iceluy, qu'il a cfté co
ceu en va ſoupper , quoy qi'ay apres
mis long tépså lay donner la forme .
Encefooper la me fut fourny la ma.
riere, en iceluy y auoit yn Ieſuite, &
vo Gentilhome , & i'y eſtois pour le
troifierme iouantmoroollet fouble
nom d'vn Aduocat feló les perſonna .
ges qui font le dialogac. Depuis i'ay
employé maintes heures touſiours
parmy lespots & les taſſes , à rediger
par eſcrit les proposa nousculm'cs.
Rabelaism'aapprins de travailler en
telle facon en caur genereux . Cari
tabletour s'entreprend, & quelqueso
fois executede vaillát & magnanime.
Alexádre y tuoit ſes amis , ayant biens
bou, & iyveux quermes enoemistes
Jeluites. Parmy les pintesicconçois,
cout à poinı ces diuins cuthouſialmes
& ces
La Chap
& ces proceſsions merởeilleures fer

de S. Pierre & des Apoſtres , des


Euelques , Abbés, Moines & Vni DC:
Ucilitez , eſquelles les lefuites ne ll
peuuent auoir place , que treuue
rès en mon vuure. I'y fais parler
les choſes inſenſibles , les pierres, FC
les morts , comme pous verrezen 10
la farce de Paſquin nion bifayeul;
de Marforio ſon Conſeiller d'Eftat,
de Maiſtre Pierre du Coignet qui
fut en ſon temps auſsi grand enne.
my de l'Eſtat Ecclefiaftique , que
moy duleſaiſtique, & du Ieuſneur
de l'Hospital de Paris . Tous ceux
cy font la clofture de ma fatyre ,
& libelle .
Le Seigneur. A quellefia as gu don .
Be ce liure au public..
Paſquino Ie l'ay ia dię Monſei.
gneur c'eſt pour le public Car cieſt.
pourle public que ic veux deſcrier:
les Ieſuitest 2.919062

Le Seigneur. Et quel public eno?


tens -tu . 19:54
Paffaim . Les gens d'honneur , &
amateurs des libertés de la Fráce .
Le Seigneur. Tu te feras hayraux
gens
De Renard Paſquin .
gens d'honneur d'entreprendre ceta,
& tu te deſcrieras toy -mcfme.
Le Theologien . Monſieur ne le preo
nes paspar la, il eſt deſia
allesdeſcrić,
& ſemble qu'il joue en deſeſperé n'a
yant plus rien que perdreen reputa .
rion. Ei ſoubsie mor de liberté dela
France , il catcnd en mauvais iargon
autre choſe queles bons François nie
voulentelre coieodu.Mais pourſuis
ucz à l'interroger Monleur.
Le Seigneur. Pourquoy cas- tu choiſi
ceſte ſaiſon de paix pour enfanter.co
liuco de querelles:
Paſquin . Le tempsd'enfanter eſtoit
ia viedo, i'en eſtois gros il y a plus de
trois ans, encorequ'carync foupée de
l'aye conçeu .
Le Seigneur. Qui eſt la fage fémme
qui la receu, & Pa appris à marcher :
ou l'as- tu faiet imprimer ?
Peſquin . Meſſieurs ie vous prie ne
vous en ſcandaliſer point, ie yous di
ray franchement. La Rochelle m'a
fait ce bon office , ou tout le monde
m'eſtamy, ſauf quelques bigots Ca
tholiques, quc ic hais autant qu'ils
me peuuent hair. Siguenot ?
Le seig . Er l'imprimeur eſt il Hu
B
Pas
26 La Chaſſe 3
Paſquin. Nien doutezpas , & auſsi
grand amydesIeſuites que moy .
Le Seigntent. Meffieurs ic croy que
c'eſt aſſez interrogé pour ma part;
vous catendez en gros le contenu du
Jiure & al interition de l'Autheur.Il eſt
queſtion files lcſuites irooblent la
Religion , & l’Eftat, comme cegentil
efcriuain veut faire accroire. Vous
n'aurez pas géand peine à lay fermer
la bouche ,vous Möbeur noftré Mais
ffre furlopoine dola Religion &
vous Monſieurmô Couga (ur celoy
del'Eſtat. Et ce faict , reftera le con
damacra l'amende , puiſqu'illeveut
ainfi. Monſieor noftre Maitre c'eſt
yoftrçraog parler s'il vousplailt.
CHAP. IIII.
La premiere confutation fur le champ de
ce qu'obiette Pasquin aux Iefuites touchant le
fait de Religion .

Le Theologien. Monſieur.iene ſcawa


rois.iuger de celi
ure que ic nc l'aye leu tout entier
auparauant.
Paſquin. C'eſt tres.biçą diet , &
parlé en homme ſage. ,
Le Theologien. Pour cette heare, ie
diray
Du Renard Peſquis. 27
diray qu'il y a deux choſes quigran
dement m'offcnfent, come coffi elles
offenſeront touthomme d'honneur ,
l'oncert quece Palquin intitule yn lia
belle diffamatoirs,(cartel ic le crois)
davo ſacré nom , l'appellantCatechiſ.
me ; & Catechiſme des Ieſuites, pour
mieux.piquer & pipper à la façon des
Huguenots que ac galand appelleges
d'honneur , leſquels vlerent de meſa
me terme pour hommer la do&rino
dcteurherelie. La ſecondechoſe qui
mcdeſplaiſt co cet homme, c'eſt qu'il
iniurie atrocement une lainctc cópa.
gnie, diſanc.Les Ieluites ſont pertura
bateurs de la hierarchic & deftruc
(eurs de l'Egliſe, l'ay cu l'honneur
d'eſtudier choz cox des mon icune
aage, Eły ayrappris yn Dicu , vne
Trinice , vn Mediateur Ieſus- Chriſt,
lept Sagremens
Thisher , l'obcyflance
principal noſtrefainadeuë
cu à
Pere
Is Pape , & loubsluy a Mellicurs les
Euelques & Curez . Ils font la guer
re immortelle tant de langue que de
plume à tous les Heretiques , Arri
cns, Lathericns, Caluiniltes, Ana .
baptiſtes, Puritains, & toute, forte de
{cctes,en Fráce, Allemagne,Pologne,
B 2. Tranſ
* La Chapter 37
Tranſſyluanie, Hongrie, Angleterre,
E { cofle, & autres quartiers du mona
de.' Ils conioignentà tout cela, voire
parvn quatrielme vau, qu'ils appel
lent d'obeyſſance au S! Pere és mild
fions,la conuerſion des Juifs,Arabes,
Idolatres. Eſt -ce ruiner , ainsn'eft .
te pas edifier PEgliſe a bonnes enſei
gnes ? Coſtefeconde iniure mecond
firme en l'opinion que i'ay quePaſs
quin cft Heretique, s'il n'a palléplus
auant. Car ceſtepropofition , Lesica
fuites ruinenr l'Eglife', & troublent
la hierarchie d'icelle , ne fe poudant
vérifier au fai& de noſtre Églite &
hierarchic, il faut'neceſairement que
ölle s'entende de quelque autre Eglie
fe & hierarchie , ou de Luther , ou
de Caluin , à laquelle apparticons.
Paſquin ,
Pasquin: Monſieur noftro Maiare
pardonnez moy , Vous faietes com
.me la populace, qui appelle fanstar
fon Heretique tout homme quilly
contredict .
Le Theologien . iç ne fais pas donc
comme la populace t'appellant Hea
retique auec des tres -iuftes raiſons.
l'entens bien , tu ne voudrois point
elre
Du Renard Pafguin .
eBreappelle Renard , encorque tu le
{ois , affin dapoir facile entrée aux
poulles, & les eſgorgerà plailir. Mais
nye patienes que i'appelle par ſon
Bom chaque choſe.
ou paſquin .Té neſuispoint heretique ,
be Theologiens, Ic ne parleray.pas å
toy maiagonang, Ic vous dis a vous
Molligurs,quçlanuia.nous fera voir
quel ſera Palquin , car pour Renard
qu'il ſoit,sy faadra -il qu'en quelque
endroit il fe cooppe, Voila ce quç iç
puis dire pour le prefens, Monſieur
leMaiſtec des Requeſtespourra tan .
dis yuider ſur le chample poinct de
fon eltats ::

CHAP. V.
pila premiere confutation a fur lo champ,
de ce quePaſquinmetjusaux lefuitesto
shant le fai& de l'Efat.

LeMaifre des Requeftes.M EMieurs i'ay


appris &
toufiours obſerad depoisque je fuis
en office de iudicature , deneiuger
le procés Túr l'ethiquete du fac. Voi
la pourquoy en ce qué Paſquin diet
qu'il a verifié les feſuites eftre per
curbatcursdepolice , & criminels de
B 3 leze
3,0 La Chaffe
Jeze Majefë; i'vferay de mefmedes
lay,qu’apris Mólicut noſtteMaiſtre,
& apporteray mefme prudenckau
faiade l'eſtat,qu'il a fait en celay de
Religion , !c puis feulemcat dire pour
lé preſent que ne donnant aucun ia .
gement ſur les verifications & proba .
tions de Paſquin que ie n'ay encores
Jeues; ic condamnc de faux que les
Icfuites ſoyent portarbateurs de po
licc, & criminels de lezeMajeſté. Car
cp quel endroict du monde? Ce n'eſt
pas es terres du Pape,car eſtosmer .
uçilleuſementattachez a fon autho
rité fpirituelle ; ils maiaticancntauto
fi acceſſoirementla temporetic és ter
ręs du patrimoine de fain & Pierre.
Ce n'eſt pas es terres d'Eſpagne, OR
les à veus bannis d'Anucrs de Ffan .
dres , & autres paysbas , pour n'a .
voir voulu igrer auec les Eſtats con .
tre le Roy d'Efpagné leur legitime
Scigneur. Etcombien que leur qua
trielme vou les altraigoc & arrache
d'vn lien fort & puiſſant à noftres,
Perele Paps, filtrce qu'ilsa'antiar
mais rien voulu remuéresterres que
luyoccupe leRoy d'Eſpagne, ou auſ,
quslles ledie S.Pece , a pretenſions,
com.
Dx Renard Paſquin .
commeNaples,Cicilc & autres. Ilsſe
contchreneu'y manier le ſpirituel, &
les droiAs du Ciel ,fans ſe meller du
temporel, & des droits dela terre.Ce
n'eſt pas au Royaume de Portugal,
Car au contraire les Roisés y ont res
ceusduoc tant d'affe & ion , que Palo
quin apres les Haguenotsattribue la
tranflation de la coronne, a la faucor
que leur firenr les Rois , & devotion
qu'ils europe en leur endroit, à quoy
Dicu prenoit deplaifir. Ce quei'ay
Jeu par accident en vaerpage de fon
libelle de la premiere ouverture que
i'en ay faia . Que le diable eſt meie
chant& marche toufiours for lesex
tremirez.- Car d'autres ont obie Ad
80 % Icfuites que pour moitre ec Roy .
aume en proye a l'Efpagnol par: la
generalle deſconfite de roure laNo :
bleffe,ils auoient poulſé leRoy Dom
Sebaſtien abufant de fon oreille , à la
guerre contre les Infidelles. S'il y a .
noit apparence , Paſquin ne l'euft ob
mis . CependantlesIeſuítes doyuent
recognoiſtre fa bonne foy à ne les
charger iniuſtement; & ſa grade pru .
dence à ne parler tarcontre la raiſon ,
Gar il n'cl aucunemér yray séblable ,
qu'ils
Le chefres :
qu'ils ayent machine da ruyae diva's
Roy & d'en Royaume, duquelilsa .
noient eftë plushonorez quede tous
autres Rois, ou Royaume da mon ...
de. Or combien qu'a l'exemple de
pluſieurs Religieux de diuersordres :
& Theologiens Portugais , les Iefuzir
tes pealent faire party contre le Roy.
d'Eſpagne à la conqueſte dePortu .
gal,eux principalement quideuoient
etre du cou affidez & gaignez aux
Rois de Portugal par la freſche me.
moire de tant de biens & recóllez de
L'amour des Caſtillans pour le peu
d'eſpérance qu'ils preuoyentd'entre .
couoir de ſemblables ; i elt - ce qu'ils
Se ſont les ſeuls conccnus coy en l'e :
xercice deleurs charges. Cerelt fix
nalement ayosferres de l'Empereur
ay de ÞEmpire , ny de Florence ,
Maatous , & d'autres Princes, ny de
Veniſe , Gennes & autres Republi.
ques. Car par tout là ils ſont aimez,
priſez, honorezžčateſſez Si Paſquin
dit , que ceſte tache leur conuicata.
raiſon du lappon , Angleterre , Ef
cole , & de France; la reſponſe eft.
préſte . Touchant le lappon , ils ne .
font eſtimez percurbateurs , cntakt
quc
Du Renard Paſquin .
que tcluires ; mais entant que Chre
Aicns , car ils ſont martyriſez , en ce
nom là auec les Cordeliers, Gentilse' .
hommesIapponois,& autres.En An .
gleterre de meſme, ou quelque An
glois que ce ſoit, eſt eſtimé criminel
deleze Majeſté pour eſtre trouud ſai
fi d'une ſeule medale , chappelet-, ou
grain benit. Ainli eft -i de l'Eſcolle,
bien que par la douceur du Roy , la
perfecution ny ſoit ſi enflambée :
Cʻeli dómage que ce Prince docte &
bon , aye huié le laict de l'hereſie de :
uant les ans de diſcretion . Dieu face
Ja grace à la Roine d'Angleterre , &
au Roy d'Eſcoffc de les conuertir
quelque iour , & auec eux tousleur's
Roiaumes, Reſte la France. C'eft le
-champ , auquel s'esbat l'Huguenot,
c'eſt le ſubiect , fur lequel il crie la
güeule ouuerte.Etc'eſt ouâ monad .
uis fe fera efgayé Paſquin aux deſpēs
de la verité, l'ay cinqaante ans. Des
l'aage de vingt ans par diſpenſe du
Roy, cóſiderez les feruices denoſtre
maifon , combien que fuít choſe diffi
lite , a obtenir en ce temps là , i'eus
ahonneur d'eſtre Officier au fainét
Temple de Juſtice, & Conſeiller en
B 5 ſon
Lt Chaffe
fön fàcré Conſiſtoire, le Senat & Para
lement de Paris, Roy des Senats , &
premier Parlement du mode: A tren
te ans i'eatray en la copagaic de Mef
ficurs les Maiſtres des Requeſtes,Se .
nat domeſtique. & plus particulier , &
commele pluspriuc oratoire de lu
ſtice qu'ayent les Rois, prelidé par
Monſeigneur le Chancellier , ſouue .
rajn Pontife de luſtice , & la bouche
denosRois . A trente cinq ic fus ap
pellé par le Roy.ca ſon Confeil d'É .
ftat , l'abbrogé & la creſmo de tous
les grands & illuftresperſonnages de
France, Cardinaux , Princes du ſang,
agtres Princes , Docs, Conneſtable ,
Chancelier, Mareſchaux , Euelques,
Preſidens des Cours ſouveraines ,
Cheualiers , Auquel Conſeil ſe trai
Atent & vuident les affaires du Roy
aumc, s'ordónentles guerres,ſe con
cluent lespaix , mariages desRois &
Princes,alliancesagec leseſtrangers,
bref
confederations , protections :
tous les affaires d'importance. Tous
ces licux & compagnies que i'ay dit,
ſont ceux & celles,eſquels & cfquel
les fontmiſesfurle bureau les affaires
d'Elta & du monde, le n'ay iamajs
appris

i
Du Renard Pafguin.
appris queles Ieſuites fuſſenttels, que
Paſquin nousles veut depeindre. I'y.
ay touſiours recognu au vray tout le
contraire. Si quelque fol Aduocata
voulu ouurir ſa bouche pour les noir
cir en celte ſorte , il n'en a ricn r'em
porté que voc generale moquerie. La
Cour de parlement , quipour l'ordi
naire a -cognu de leur cauſes , les a
embraffe , maintcgu , conſerué, pro
tegé,fauoriſé, aduancé en tout ce que
la Juſtice l'a permis , comme vtiles &
neceſſaires à la lcuneſſe, & Religion .
Les Rois en ont eu à leur ſeruice ,
particulierement le defunct Roye.
Itant encores Mórieur auoit auec luy
le Pere Emond Auger , l'affiftant de
ſes predications au camp de la Ro
chelle: Er depuis qu'il futRoy , il le
conferua touſiours prés de la Maje
Ate , duquel il fe feruoit és predicatiós
& en ſes deuotions . Qu'ils ayent eſte
participans de la mort , ļorie fables:
Autremée la Roine Blächedefuncte,
Dame, de ſignalee ſaineteté , n'euſt
failly en ce cas de pourſuiure la punie
dion des leluites, auſſi bieną deceux
des autres Ordres qui en ont eſte
ſoupçoncz, On leur a mis ſus l'arrétat
B6 a la
i 1 cbafte
à la perſonne du Roy A prefent re
gnant : mais fa Majeſté lesa iuftifica F
de la bouche . Les charlatans Hugue .
nots firentcourir va impriméa Pa .
ris , que les Jeſuites auoicnt artiloré
vn ioune homme pour meurtrir le
Prince Maurico , & en celt imprimé
eſtoitinlerce la formedu couteau qui
denoit faire le coup : mais le Roy
melmes apres en avoir faict faire af
feuree perquiſition, les a ciré de ſoup
çon. Ez apres tour cela ,ic neſcay qui
peut etre l'homme lideloaturé , ou
pluseffronté.qu'vne putain ſans verso
gongne, qui abbayant cótre la Lune,
cric effrontemer que les leſuites ſont
ennemis desEſtats , des Rois , & du
repos public Monſtrez Meſſieurs les
Huguenots , pour leſquels Paſquin
parle , monſtrez vn ſeal eſtat, auquel
voltre accufation puiſſe auoir fonde
ment. Si les Iefuites ont eſte de la
Ligue, ils ne l'ont eſte comme Icfui
( tesen leurparticulier, ains dedans le
gros: & reſte de la France, principale
ment de l'Egliſe. Cene ſonteux qui
y ont pouffé & conduit le gros , le
groslesy a traincs au contraire, ainſi
que le firmamcat meine auec ſoy &
dedans
Dl. Renard . Påſquini
dedans ſoy les cftoiles , & le total fe's ,
parties. Que voulez vous? la diſcor .
de.ciuile a cftévne maladie commu .
ne dla Fráce, & non particuliere aux
Ieſuites. C'a eſte vne coqueluche ,di
qui foutes les villespreſque, & com
pagnies de la Franceont donné palla
ge. La maladie à cu ſon cours : mais :
a elle auſſi pris la fin Les Iefuitesn'or
eſtény feuls ,ny les premiers à courir :
alà nouveauté d'vn party . Ceux qui
hantoient les Icfuites en conferion
& leçons, n'ontpuiſé chez eux ce fuc,
mais ailleurs,ou par hazard ils ſe font
trouuez en paſſant, & ou il eſtoit des
ia reſpandu . Les aucunsm'en pour
Tont dementir , fi mon dire ne con
tient verité. Ce venerable vicillard ,
autant noble de vertu , que d'extra
ction,autát Françoisd'affcction, que
de nation Vénitien , le Pere Laurent
Mage, ſcandaliſa pluſieurs François
de ce qu'il retenoiclesfiens, à ce que
Hsne feiffent ouuerture de leur mai .
ſon aux premierscommcacemens de
la Ligue , & de ce que voulant oſter
au Roy defandt toutſoupçon il en
voya à Vienne en Auſtriche , nó fan's
grand detriment de la claſſe de Theoa.
B7 logie,
Lu Chaffe
logie, ce tantvertueux & do &te pera
lonnage Alphonſe Carille Eſpagnol
de nation , & François d'ame & de
cæur. Mais puiſque nous ſommeslar
cc propos , ic nc paſſeray ſoubs filen .
cevac grande ignorance ou malice ,
quc i'ay remarqué au plaidoyé d'Aro
naud , mõadais vo des fourniſſeurs
d'eſtoffes a Paſquin ,lequel pour ren
dre les:Ieſuites odieux , & leur char
les faits de toutes autres fortes de
ger
perſonnes, & en fin les affaiſfer loubs
lcfardeau , leurimpoſe plofieurscho .
ſes faietes par vn ſecond Pere Mate
thieu. Ce Matthicueſtoit Eſpagnol &
Çordelier, & con Ieſuita , que nous
auons yeu en ſon Conuent des Cor
deliers, en Sorbone & ailleurs . Pogr.
quoy. donc.cet Aduocatie faict- il le
ſuite les lefuites ſont aſſez emper
chez à porter leurpacquet , fans qu'il
les faille ſurcharger de celuy de leurs
voiſins. Il n'eſt pas raiſonnable que
les Ieſuites ſoient rendus , la genice
du ſacrifice , devojice par le Grand
Preſtre , & ſur laquelle il charge les
pęchez de toutle peuple, puis meur
iric & ſacrifice pour tous. Et enfin
pour parler a toy Paſquin , pourquoy
auer
De Renard Paſquin .
auec tes ſemblables renouuelles.to
les playes de la France par les repro
ches de ces dernieres guerres: L'ou
blianceles a loudecs , & par ta haine
tyles yeux rafraiſchir . Tu ne peux
camenteuoir le faie des Ieſuites, qui
y ont contribué comme les autres,
& .non d'auantage, que, to ne rel
veilles les querelles & cfpeces ioten .
cionales d'icelles ià accoiſces dans le
creux profond de l'oubly .. Taistoy.
pour conclurre , crois certaine .
ment, que,ſi la nuiet ne me faietvoir
rien denouueau dans ton liure , ie te
renuoieray auec deſpens, & aux fins
denon rescuoir .
Le Seigneur . Meſſieurs je vous rem
mercie bisn humblement de vostres
deuotes , tres - prudentcs & tres
Chreſtienacs :harangucs. A demaia
degc le jugement du liare...

C HA P. V.
Plailarke eballe d'Yu Renard , Hieroglife
du Benard Pafquin .

ORMonſieurmon Coulin, n'eftát


que deux heures apres midy ,
pendant que le loupsr s'aprcfte , i'ay
cnuic de.yous dóner yn menu parle
icmps.
L & Chaffe
temps. Vousauez ,comme ſorty de
tres-noble ryge , elté cogliours ama .
ieur de la challe , l'ay yn licure dans
mon parc , apres lequel i'ay delia mis
lesleuriers pluſicars fois,mais il eſt fi“.
Accord , quc après les auoir bien ef
batus , ilfe fauuc touſiourspar main
tes gentiles rules , & s'en retourned
fon gifte ſans rien payer, Ieftime cela
a.beaucoup de commodité, car il fere
de paſſetemps a toutes les perſonnes
de qualité , qui me font l'honneur de
mo:voir. Mopſicur noſtre Maiſtre qui
ne voulez felon l'ordonnance desCa.
nons,aller à la challe ,nevous ennuy
ez point s'il vous plaift . Ce Gentil
homme mon Maiſtre d'hoſtel vous
entretiendra ,apres qu'aurez die Vos
htures, & vousdónera le paſſétemps
dela muſique enl'allec demon parg,
fituee ſur vne riviere couuerte de éyo,
gnes , pauce de truittes , & lardee de
dixmille poiſſons . Par dela laquelle
ilgame plaiſante prairie. Si vousy
menez la muſique des voix humai
nies 8c inltrumens , les rollignols
bordant de touscoſtez feront la leur,
deſployant a l'enuy leur douce voix ,
& enflant la petite.cornerale de leur
gofier,
Du Rendrid pafquir .
golier,ainli vous repailtrez & l'opeits
le & laveuc. Et encoresapres quele
licure ſera mené hors du bois à la cáo
pagae , vous pourrez ca prendre le
plaiſir du bout deceftc allee.
a Felixa de la Grace . La meute des
chiens appellce par le cor , mifedans
le parq", les Efpagaculs: faifanc leur ,
debuoir, & les gens de pied batcanele :
buillon ,voila du mcfme logisdu lié
urc,au lieu du lieure fc leuc vn grand
& vicit renard : Monfeigneur & nous
tous, fulmesfort cionnez de cela , ac
fcacha'nt fi c'eſtoit quel que forcier
metamorphoſe, comme il y en a affez
bon nombre en Poicou , les autres
fois colicure, & cete- cy en renard .
Quoy quecefeuft, Monſeigneur con
manda que on lafdhalt lesiegriers.a
preçluy, fuſt- ilſorcier;foc i renard
Le repard voyant les leuriers auoie ..
barre fur luy , fe mit à courir a bon
elcient,ſe ſentant las, & les chiens ac.
quçrantsfür -lay l'aduantage,il eſquis
ue dextrement & rebrouſſe d'autre .
cofté. Puis les leuriers eſtantpreſts ...
? le rapporter,apres que fouuenti cult
vre de ceſte rufe ,if arrouſe ſa queue :
deſon vriac , & la ictrant'íur lesnaro...
rings
La Chaffe it
rinesde cariers,les empunaifittelles
mcot, qu'ilsèn perdirent toucfenti
ment ſecouans la tefte au lieu de le
pourſuivre. De ce deſtourd des les
uriers , le renard ſe ſert pour gaigner l
pays: maisiceux leuriers.eftant.com
me raſsurez : & encouragez de nou .
UCAU & reprerans que te, voile le .
Senard preſt d'eſtre attrappé. Lors
doncillo muffe dás voe: de lestaanie
res . Onner les chiens terriers apres
wais tenant bon daás fon fort , il en
mordit va tellemão quelosautres.of.
povuànuz fincnt ferme, de nienteet
plusauant. Alors les gés de pied auce
le picu . & la belche feirent breche .
Mais morenard ſe fauue par vncpor !
je de derriere.Ella compagnie arire
Monſieur nokreMäiſtre nousfürpal,
foit en plaiſir ,car de lagaleric du pare
ilen prenoit trois enſemble , caurez
par lavcuë de cetesbat , celle dulica
jant amene , & louyé desairs mulie
caux tát humainsque Aériens.Com ,
menous pourlaiuops donnerlachaſ .
fea noltre renard , il a recours à la
2 premiere efcrime fuiant les dents des
chiens par la courſe, & y parant par
ſos detours,& derechef infectat l'air
& l'on
Du Renard Pifquir .
& Podorai des chiens par fon yring.
Toutesfois il neifçcut ſibié sufer,que
livnicioyzoant: corpså corps; ocluy
mift: la dentſur la peau , maisfeder
fendant en renard ,jllemordit ſidex ,
trement aux babincs , que le leurier
criane abandonne la priſe Derechef
yiuementpouduiuy , il s'aduile d'y
nic autce rules s'eſtãot muffe dans vn
buiſſon ,ilſe couleurine en tapinoisle
long de l'eau , & paffe la riucrote a la
nage , afin defaire perdre levent aux
chiens, kefquels lors vous euſſiez vca
ſe rompre & leperdre à la queſte de
ļour proye . Et apres auoir cherché:
çà & ld , l'vn des chiens le deſcouurant
dans vne nouuelle tapniere , par ſon :
abboy.appelle ſesi compagnons. lufr
qués icy ont forgy les rules au 06 .
nard . Carles veneurs ayant mis bons
filets a l'entour , & les chiegs l'ayáns :
faiæ abandoner fa terraſſe, il eſt con,
trainat à la ſortie s'encheueftrer foy .
molmeyou a grands equps de Jjuice
on penſoitl'aupir fai &t mourit, lore
qu'yn payſan du nombre des chal ,
feurs perçant loiarret & croiſant va
pjed dans l'autreau renard , le peod
a ya bafton , & le porte ſur l'efpaulo,
Onle
*** La Chaffe . 10
On le tentoit pour mort. Il ne l'effort
pas coarcsfois , tant lerenàrdalama
de 'trauens dans le ventre : Ettontain't
tre animatiquelescáard , de corit vies
n'en coſtpas fauvé l'vne: Tantauoit )
ilreceu de coups.Orle renard como
me refueillé du ſommeil , d'aprosa
uoir affez contrefaict te mort , failiz
mon pauure payſan aux feffes , & le:
faf & crier lesgrands -cris, Onnc fça .
voit que iuget de cethomme,tesvos
difoicneil eſt fól,les autres non,qacts
que vipere laura mordul Approchet
que l'on fut, orrtroque quede rond
Te tenoit au derriere ,& iamais ncluy .
/ peut- on faire lafcher -prife 'qaé- Jug
cooppant la teſte. Selon que la natu
ro de Homme eft pluſtoſt enolineaſe -
mocquer du mal.d'autruy , que desen
avoir cópalſton , chacun le pritarires
excepté le pauure payſan a qui le ieu ,
në plaiſoit gueres. Apreso pour deliz
urer le paylan & pour luy faicejuſtice:
de celuy qu'ibportoitzquipour payo. .
ment du pont Fauoit fi fort blelfd, or
eiti tranché lateſte au renard,onl'el
corche , & lapeau fut donnee au bon
home, quipour recópėſé de ſes plaiet
ca amalie des ceufs par la paroiſſes
CHAP.
Du Renard Pajguins

po CHA R V.hiros ;
Sospex Chrestien Giayeux . Sonces pour
Congratuler la Gwyenne de l'heurd'audir con
Jerne les Iefuites ) 22.a
Ela vn chacun s'eſtent rendu ah
DS grandſale du chafteau, Monſei.
goeurauectoute la compagnie fe mit
on table , lefouperle paſa a la manic
re du diſner : Rien ny interuint de
piduucais., finon quelque compagnie
de Batons & Gentilshommes feuda
faires de Monſeigneur qui abordoy
pour ſaluerMonſicarle
ent la partie
Maiſtre desRequekes ,partie pour
anticker at'iugement du Liure de Paris
quinti ,auquel le bruitauoitlaptora
dinee ete efpat pille ça & là . Pendant
It louper Monfeigneur faiet chanter
des chanſons & airs muſicaux & de
voix ;' & fur les inſtrument. Etque
fueries pifces Fürent- trouueesex
cellentes! lynę fur entre autres de la
chamei là Doriënt carils enſortoyer?
tout frerchement: ' L'autre de la vic
1
toire de l'Epante contre les Turcsa
la Lydienne. La troiſieſme des ex
ploists & faits déguarrédefeoMob
1
Seigneur de Mercure.cótrç les Turcs
ala
La chailes
A la Myxolydicnnc , auquel Monſejo
gacar deftinoit dedóner fon fils pour
batailler foubslay en voc tant faincto
quertMe . Incontinens apresſouper le
maiſtre de pſallec faiæ chanter vn
moteci par luy compoſé l'apreldince
qui commençait, Dominus irridebit eos,
o Doninus fubfannabit cos . On cogant
bien que c'eſtoitâ l'auantage des Ic .
Suices, leſquels il ayme, commeil cet
bomme do bien : &, au deſadqantage
de l'Autheur de ce merchant Catc
chiſme, digre de toute mocqucrica
Neofon cuure , comme vo malicicux
ou heretique bouffon. Monſieur nos
ItreMaiſtreen peu de paroles l'anfo
marqué poor geli Ynicung
fez page
auſſi de noblelieude bonnç & belle
cle comm
andem
ent
de Monſeigneur entre autres exerçi
ces,a laPoëlie Françoile, & mufigue,
tant devoix qued'imtsumens cita
ces-versa la ſoulmyxolydicáns , aulas
quels il avoit employé, tag elprit an
pres;diſoer, & dovoix & Fur la lirs,
laquelle pendant de ſon col, auec yne
belle eſcharpeazurec,luy sedoyblox
la graec. Sont sy les Atances, ai.
10911331
STAN
Du Renard Paſquin .
STANCES .

1. GiVyenneie te veutcongratuler det beur,


Heur, qui te reæd l'honneur des Prouiæces
de Frańce ,
Heur que ie puis Bömer de sa beaute la fleur,
De tá bonte lefruia ,de ses biens la femoce,
IT. r'entens l'beur que tu as d'auoir frem
maintenir ,
Cefte "Societe ,du ſair & nont Salutaire.
Tu t'eufles peu -iamais en tel temps retenir
Vu remede & sesmaux , plus prompt, plus
neceffaire.
HI. Peut etre qu'a longs traifts boirois- t #
le poifone, noi
Dontcbarme ſesamants Lherclic Paillarde
Mais ceſtetroupe- cy, par le contrepoifon
De ſa dočte vertu toufours te contregarde.
IV . Ole vice ignorant; o mal le plus malin,
Le poiſon Huguenot!quid xne double pointe
Onlire. aw . Saifit le cenr d'y aigre - deux
venin ,
Sitet autre antidore asoxt coup ne le pointe.
v . c'est pourquoy nos Lutins, les frerors de
Caluin
Fột meſme en plaine paix yne obflinee gmerre
Aceſte Compagnie, a ſon nom diuin,
De tout leurfoible effort, a par merom
par terre. 7
Vi. Ces nocturnes oiſeaux n'ofants parroiſtre
.24 iour
De leſquadron ardā: du Pere desluznicres
Au midy de leurnuift,gemiſfent tour a tour
D'eftre cbaffez par iný , dans leurs ſombres
taniensas ?
VII. Mais ils-one bcan corner leur chantmala
enfanireux ,
Le
Le chale
Lemenſonge impudent framage Calvinifte )
Qu'ils facent touſiours pis, je veux en defe
pit d'eux .
te vesex Vinre- mourir , umy des Iefuites .
17
CHAP và
Deſcription du Lion de corfe, Monſeigneter
ile Mareſcbat d'Ornano. Bellemeditation du
Theologien , tiree de la chaſſe du Renard . Proro
fur icelle ebalede la qualite de Pasquin .
Etique

A Le lence de table Monſeigneur

ipar la main l'interroger en ce te forte


Le Seigneur. Monſieur noftre Mai .
ftre a quoy aucz vous pris plaiſir ce
Tte aprefdince ? I'ay eſte bico marry
de vous fauſſer compagnie .
Le Theologicu . Monlicur deux cho .
fes m'ont apporté vn ſingulier con
tentement. Livne eſt la veuë de'voſtre
galerie , qui du commancement du
jardin mene en voſtre cabinet fitué à
Ja fin d'iceluy iardin & au commen .
cement de l'allee devoftre parq . Car
outre que ceſto galerie a vne voate
azurec & c toilee repreſentat leCiel ,
elle eſt ſupportçe ſur colomnes de
marbres,ou ſőt grauees les figures de
divers animaux , & à ſes parois ensi ,
chis de diverſes picces de la Coſmo
graphic,
Du Renard Yafquia.
Graphic , & depluſieurs batailles lie
biurées en France. I'ay pris particulier
plaids en celle du Lion de Corſe,Mó.
ſcignçur le Mareſchal d'Ornano def.
chirant en voc apreſdince en loppias
anccvoc petite trouppe de lióncaux ,
ceſte grádemulticode de quatre mil .
ic Ours farouſches, & de delmelarce
grandcar , 900 lesmontaignes herca
tiques de Sogyffe agoient iecté en la
campagne de Francepour rauaiger la
bergeric de Jeſus -Chriſt. Et qu'il y
faict beau voir ce Lion , d'vn grand
corſage, leger, & alaigre, d'vne taille
fort belle , deſcharge de graiſſe , mais
topterpegs, prompt, vis, expeditit,
d'ya ceil percé. & perçant ; la toſte
droicte & deliberec, ictçantle feu par
la bouche , par le nez , par les yeux ,
duquel la braue contenance parle on
toutes les parties de ſon corps & tela
moigne la fierté& grandeur de ſon
courags, fe ietrant lurcesQurs, les
fondant ferfaſſant , deſchirant de les
griffes , & en fin retournant victoria
cax du combat, coqucre de ſang , &
fans aucune bleſſure. Auſſi vne cer
Lainc damcqu'à ſa paſure on.jugeroit
eſtre dame des cæleftes armees, l'af
La chart
Gre a fon coſé, qui de luy detourné
tous les coups , & le couvre de ſon
manteau. L'autre et voſtre chaffe la
quelle i'ay regarder de loing , & par3
interualle ſeulement. ... ,
Le Seigneur. Monſieur noftre Maia
Itre qu'en dictes vous :
Le Theologien. Mopficur ie vous dia
ray.lc meditois en cet animal auquel
vous donniez la challe, & en les artis
nature & fineſſes de l'hereſie .
Car le Renard repreſente l'Heretid
cát.z. que, l'Eſcriture diſant prenez -nous
vn tas de renardeaux qui demobillent
les vignes. La vigne eſt l'hieroglyfe
Ind . de l'Egliſe , & le Renardde l'Heretia
Iso que.Les Heretiques ſontles Renards
de Sanſon, qui fe deſchirentavec les
denis , mais fontioincts par la qucuć
pour ſous voſtre reuerence, fianter &
bruſler les bleds.AufrlesHerctiques
fc mangent entre eux; differents ca la
teſte & ea opinion ?Mais s'accordéng
pour de leur qucuë & vilanie ſalir &
embraſer l'Egliſe .Vous avez veü có .
mccc Renard cantoft fuyoit , tantoſt
efquiuoit , tantoſt ſe cachoit dans la
taniere , tantoſt mordoit , räntoft cm
punailifoit ſes fergeants quile pour
laia
Du Reward Yelqnis.
Taivoyçat a dos, tanto å delroboit de
leur vepé , & eft VCBud ſe porter pour
mort , mordanttoutes-fois plus fort
par apres. Ainſi faia l'Herctique.
Et- il foible ? Il fait , il ſe mofle dans
ſes villes , chaſſe de l'vne , il lebog .
leparde en l'autre . Il mord s'il peut
en fc defendant. Il ſe cache, quand il
ac peor autrement, & fe deguiſepour
yn temps faignant le Catholicque ,
mais ayant touſiours quelque porte
de derriere , & quelque cſchappatoi .
se : Compiſſe la qucuë de ſon vrinc,
& empuantir l'air & le bon fairer des
gens de bien , qui le challent. Paid le
mort quelquefois le ventre contra
terre ſe diſant bon François , bon lor .
diteur de la Couronnc & des Roys,
mais c'eft pour micux mordre à l'ada
ucair. Eft -il le plus fort Il n'eſt plus
Renard, il dcuient Loup .
Le Seigxenr. Voyla vnc belle cono ,
çeprion & lainete. Ainſi yoos aucz
plus profile en noſtre chaſſe , q nous
meſmos. Car nous ny cherchons que
le plaiſir : vous en aucz eu le plaiſir ,
& enſemble l'vtilité de ceſte medita
tion; Ou vousnous rendez la pareil.
le auccl'vſurs Car nousvous auons
с 1 donné
La Chape
onne le contentement de la chance
de loing , & vous deprez nous doncz
.. celuy de la meditació . Grand mercy ;
Mais de grace, que fignifie , quc chera
chant vn licure en fon gifte ,noos yao
agons troude vn renard ? Ie ne fusia .
mais plus esbaby . Car depuis plu
fieurs ans yn licure auoit touſiours

habité la .
LeTheologien . Monſeigneur cela fid
gnifie ce que ie vous ay did .Souvent
1 vous penſez en la perſonne d'vn he.
retique trouuer vn lieure yn animal
fructueux à l'homme, & pour dire en
Yn mot.vn bon Catholique : appro
chez -vous de plus prez , & faites le
feuer de ſon liet , vous recognoiffes
que c'eft vn animaldónageable,pour
abreger que c'eſt yn Herctique
Le Seigneur . Mais Monſieur notre
Maidre i'ay bien penſé autre choſe
tant qu'à dure noſtre chaſſe. Que par
ce faie , dequoy & moy & mesGen >
tils hommes eftions fort eftonnez ,
Dicu nous a peut- eſtre donne acne
rendre ce qui ſe palle , que iugeant
auoit trouué en Paſquin yn licure
pour nous donner du paffetemps, le
fondant de prez nous ferons rencona
tre d've
D # Reward Pefquis .
fre d'en renard : Au lieu d'on bouf.
fon plaiſanteur , ſera ſubrogé vn
Heretique ou pire.
Le Tbeologies, Voltre penſée Non
heur n'eſt Tans raiſon . Quelquefois
par la chaſſe, & beſtes de vencrie,
Dieu a teſmoingne ou deſconuere
pluſieurs choſes: le corps de faina
Denis Areopagite : ſa preuovarce
& bonté enuers les predecelleurs
de S. Balle le grand: la protection
tutelaire desbons Anges , particu .
lierement divn. S. Michel en cere
tains lieux :la ſaindleté de S.Giles :
Quelques pns adiouftent la conuer.
Sion des Hubest : & autres ſecrets.
Quoy que ce ſoit la puiet nous fo
ra recognoiſtrela beſte dePaſquin
dedans ſon gifte, & demain matin
aydánt Dieu nous la leucrons.
Le Seigneur. Prénons donc henre .
Cardémain il clt leudy: La Melle
fe chante du $ . Eſprit en la chap
pelle deceans en muſique ſelon la
fondation de mes deuanciers . Cela
viendra a propos, afin quele ſainet
Bfprie vous afsifte , & ay de en l'e
samon de ce liuse . Vous y prefebe .
rez
LA Chaje
rez's'il vous plait, carvousvoyez
l'abord de la Nobleffc , en laquelle
quelque vns ſont Huguenots, qu'il
faut gagner ou au moins esbranler.
Dieu du mal de Paſquin en tirera
un grand bien . A conuaincre Par.
quin ,tantd'herefie s'il y en á en ſon
faiet qui eft voſtre taſche , que d'e
Are mauvais François, qui eft cello
de Monſieur le Maiſtre des Requc.
fes, mon Coubo, il faut du remps,
donnez donc l'heure Monſieur no .
ftre Mailtre , car vous y jouez te
plus laborieux perſonnage.
Le Thalegian , Si vous le trouuei
bon nous conuiendrons à voſtre
Chappelle à fepe heures du matin .
Cependát ie vais vaquer à la letnie
Be du liurc, & à mon brcuiaire.
CHAP. VIII.
Copie de la plaiſante
lettre de Pafgwin Seia
guerr Romain , contenant deſadneu dece que
Paſquin bouffon Parifien luy avoit impece se
targuant de fors authorite .

Felix dela Grace.Comme ces pro


pos fc tenoyent ,
arriga de Paris vn des lacquais de
Mong
Du Rouard Pafquis.
Monſeigneur auec pluſieurs pac
quets , entre leſquels eſtoit vne co .
pie de la lettre que Paſquin Seig .
neur Romain eſcriuoit à Maiſtro
Pierre du Coignet , & le leuſneur
de l'hoftel Dieu . On quitca toutes
les autres miſsiues , pour quyr la
le &ture de celle- cy . La fuperſcrip
tion eftoit. Ames Couſins & Licu .
tenans Generaux en France. Mai .
Are Pierre de Coignet , & le lour.
neur de l'hoſpical de Paris.Le con
tenu s'enſuyt. Mes Couſins, ie louo
la fidelicé & vigilance que vous ap .
portez à mon ſeruice me donnant
de prompts a duis de ce qui ſe par.
ſe en France. Ces jours derniers
i'ay recou de vous yn merchant eu.
Ore mis en lumiere intitulé le ' Ca.
techiſme des Ieſuites auec voftre
aducrtillemét , que l'Authcur prend
. & vſurpe le nom ſuperbe , magni.
fique, & -Aogafte de Paſquin. Que
dy -ic Auguſte? Voire plus que n'e .
Atoit anciennement le titre Augu
Ate des Empereurs Romains, qu'ils
communiquoyent auſsi bien que
celuy de Cæſar inferious à qui
bor
Le Challe
bon leur ſembloit . Le mien ne te
defere a- perſoone . Auſsi mon em.
pire à bien plus d'eſtéduë que l'ap :
cien des Romains, car il va jorques i
au lappon,aux lodes Oricntales it
Occidentales , bref iuſquesaux ex
tremitez de la terre . Or trois chou
fes me deſplaiſent en tout cecy .
L'ene que ſe maraud de Paris ,peo
cit compagnon, potec -pánier,vena
deur de fornettes , limple ragache,
& qui ne merite pas d'eſtre le val .
leton de mes lacquais , s'attribue
mon nom tant excellent & fublin ..
Et non ſeulement le prend-il pour :
ſoy de paroles,mais en fon eſcrit le
donneà vn certain Paſquier, faiſant
accroire que ic le troqueray bon ,
combien que ce Paſquier me ſoie .
hõme du tout à contre - coeur pour
pluſieårs grades raiſons. L'autre
choſe qui me falche me tueilleure
mét en ce faux Catechifinc,eft qu'il
me faiet auec vos bons aduis , por
ter iugement contre Meſsieursles
Ieſuites , commepertorbateurs de
1'Eglife & coupables de teze Masi
jefe des Roys en cous endroiếts:
Enquoy
Du Renard Paquit .
Enquoy mes beaux Coulins poft ré
honneur trempe avec le mien . Of
il a menty.Le tubic & eft crop graa
uc pour que nous nous en voulions
meller. Combien que mon Empire
ſoic incomparablement beaucoup
plus dilaté , quene fut iamais celuy
des Romains; fi oft -ce que pour ce
laiene me veux mefler des affaires
de l'Eſtar, & moins de la Religion.
ll ett ſeulement de toutes autres
nouuelles plaiſantes & facetieuſes.
Car quant estdes dcus points pro
poſez , ie garde le prouerbe Eſpa .
gnol,DelaReligion & duroy ,mot.
Toutesfois fi on m'en demáde mon
opinion particuliere, pourueu que
foit ſans m'arroger authorité judi .
ciaire , ie diray en homme de lon .
gue experience, qu'lln'en eft rich .
Les Teluices font gens d'honneur,
feruiteurs de Dieu & des Rois . Ce
n'eſt pas à Romé, que les pierres
innocentes font employées à la dif
famation des Ieſuites, comme on
me veut faire ferair à cer effeat :
Suffile que côtréleur volonté ( ſans
l'authorité de la Court,cependant,
CS mais
La Change
mais par la ſecrette entremiſe de
celles gens q pourroient eſtre l'Au .
thcur du Catechiſme, & autres qui
luy a tracé le chemin , elles ſoyens.
alleruics en France a cet vlage .I'ef.
pere que bien toſt par la bonté du
Roy , & {ageffe de la Court elles ſc .
sont affranchies dece joug , & ven .
diquées à leurancienne liberté . Lá
troiſieſme choſe qui me fait chole
ser & perdre du tour patience , eft
a ce Pſeudo Paſquin Pere du faux
Catechiſme , me fait avoit l'iorelli
gence ſecrette aucc Paſquier dePae
ris ,affermāt que par luy ic ſuis ay
dé de bons memoires en mes juge .
mens & ordonnances . Comment en
donneroit cet homme de bons,pois
qu'il en a de fi mauuais ? Mes chers
amis ie vous prie poiſer l'impor
1 sance du faict auec moy. Il y a long
temps que ic fuis menacé dedans
Rome , non ſeulement de perdre
mon eftat , mais iuſques à ma vie.
Tantoft on me veut iceter au Ty
bre , tantoſt on me doit enterrer ,
tantolt on ne doit fraqualer. Er
m'a l'on defia rompu les bras , &
alla .
Da Rikard Puquin .
arraché le nez. Sii'auois cette in.
telligence & correſpondence avec
Paſquier, que is ſuis accuſėd'avoir
part a ce for Catechiſme,ſeroit faie
du tout de moy.Car ce faiſant ie ſe .
rois coulpable d'aupir offenſé la
Sainêteté du Pape , & Majeſté des
Rois de France .Ec quipourroit re
Gfter à cette double & li forte puiſ
fance Voulés -vous voir comment :
Paſquier ne ſe peut excuſer d'eſtie
ennemy de ces deux tres grands
Princes . Il eſt coulpable de leze
Majefte Papale ,noſeulement en ce
gu'en ſes recerches il parle expreſ
Sement au de ſaduantage de l'Egli.
ſe & choſes ſainctes , deſarmancla
Chreſtienté contre les Turcs & In
fideles , & rendant la deuotion &
Religió cauſe de la ruine des eſtats :
Mais auſsi en ce qu'il entreprend
fur l'eftre du S. Pere , recognoiſ.
ſant avec les Heretiques vn Euer
que plus ancien que laina Pierre
en la premiere diſtribution Apo
ftolique , & aſsignant au Conci.
le de Nice pour compagnon du 1
fain & Siege, l'Euefque d'Alexãdrie.
с €
Il éit coulpable de leze Majefte .
Royale , non enuers yn Roy fealce .
ment, mais enuers le corps&la fas
mille des Rois , deſcrianc on Clovis .
come vn Machiaueliſte in pofteurs .
Charlemagne comme' vn Hypocri.
te ambitico * & agáré,lainet Louys
comme un inalencontreux Prince
& deſaſtré, cadſe de la roine de l'É )
gliſe , tant au fpirituel qu'autem .
porel. Apres rout cela que j'aye
traffic , & accointáce auec Paſquier ?
Je n'en attendois rien qu'ene corale .
ruine.Apres coue cela quePaſquice
reſpire encores l'air de la Francez
laquelle il a deſpouillée de tous ces
preſens du Ciel, entre autres du li's
non vrayement enuoyez de Dieu , à
fon corte ' mais feines d'eſtre en .
uoyez par l'inuention de Clouis ?
Apres tout cela que non ſeulement
ilhune l'air François ,mais encores -
qu'il aye vn des plus importants
grades en France , à ce que i'ay apa
pris ? Balançons le tout. Car com .
bienque ie n'ayé aucun pouvoir de
manier , & moins de decider les af .
faires d'Eltac comme i'ay diet , qui
font
De Reward Pajquisi
font réſerutz au ptiué Conſeil des
Souverains ; fieſt-ce que i'ay toute
authorité de fyndiquer les deffaurs
des particuliers , & taire cognoiltre
le danger qu'ils apportent.Entros
donc en ceſte conlideration . Com
me cet ancien Temple de Salomon
eſtoit la plusſaint ligu , & par con
fequent le plus alteurs azyle da
monde , ou l'on depoſitoit tout ce
qu'on auoit de plus precieux ,& en ...
tre autres choſes les genealogies .
pour mettre fin aux differens des
maiſons, voire de la Coronne , &
Sacerdoce & les threrors destite
tres & documents : Auſsien noſtre
Frânce le Temple gardien des ge
nealogies de nos Roys & de leur
fang Rayál, des monuments & til..
tres de la Coronne , eſt la chambre .
des Contes de Paris , le plus facré
azyle du monde , duquel les tres ...
fideles gårdes ſont Meſsieurs les -
Maiſtres des Contes. Par conſes
quents perſonne n'y doitavoir en.
trée quine ſoit du tout aſſeure at 1
Roy , à la Coronne , & à la France.
Ce qui ſe doit principalement pra
C7 alquer
k Chapter 63
aiquer envers les geps du Roy de
ceſte compagnie , les ordinaires
goulx & bouches des Rois en icel.
le , comme en toutes les autres du
Roiaume.Queli Paſquier eft fimal
affeAionné ainGi qu'il teſmoigne ,à
la memoire de nosRois., comment
luy peut - on commettre ce grand
threlor entre les mains comment
l'en peut -on rendre l'eil gardien , !
& la bouche conſervatrice ! Le ne
diray pas qu'il puille auoir la vo :
lonté d'y retrancherparle cautere ,
ou a diouſter par le ſtyle : le n'iray
fi auant, & d'ailleurs il y a par trop
de bons yeux pres de luyM . ais que
feroit - ce , fi cela arriuoit? Les an .
ciens Heretiques avec cet artifice
ont enfarinċ tous les bõs livres par
le meſláge de leurs erreurs, qui ont
cauſė maints ſoupçons mauuais, &
beaucoup couftéa reparger defauſ
ſeté . Qooy que ce ſoit, c'eft choſe
tres -indigne, de voir yo qui ſc dict
fils de l'Egliſe, quieft Erançois,qui
eft officier du Roy , duquel la char .
ge eſt fort honorable , bien que fa
plume, ſa bouche, la perſonne ſoit
ridi,
Bé Renard Pasquito
ridicule en plufieurs points,quieft
en fin eſcrivain , coucher en les efe
crits ces deshonneors de la France
auſsi impics que menfongers , VN
Roy Clouis Machiaveliſte impo .
Steur , vn Charlemagne hypocrite,
aware & ambitieux ,yn ſaina Loys
Prince mal- encontreux & deſaſtre ,
ba roine de la Religion & de l'Eſtat.
le ny ay point d'intereſt pour eftre
François, car ic fuis Romain ,mais
fo bien pour eſtre amy du François
& feruiteur de la Coronnede Brane
ce Sice
. Catholique (aumoins par
opinion , car it ne veux iuger da
fond ) ce François , cet officier de
Roy , cet eſeriuain cuſt veſcu il y a
cinq ceasans, que pourrions nous
juger auiourd'huy liſant fes me.
moires gliſſés en quelque coing d'va
ne Royale armoire , aumoins com
muniqués au public cóceus en ceſte
forte, Clouis eftoit vnimpoſteur, &
Charlemagne vn hypocrite ? Nous
ferions en grand danger de furpri .
fe. Qu'en jugera donc noftre po
Atcrite d'icy à cinq cens ans le
Sçay bon gré à l'eloquent & docte
fiear
L Chase
keur de la Fon , d'auoir confatelegi
crreurs dePaſquiorcanecontrel'E .
glife,que corre la Corone de Fráce;
premiere colomne de l'Egliſe.l'ado
ioulteray toutesfois yne petire rai .
l amplexnét citen .
fon à celles qu'ia
dačs. Tu dis Palquier , que le lis
François n'õrekte envoyées du ciel
à Clouis , mais que Glouis aucc ve
hermite appoite à ce badinage à in .
Denté deſte fable pour gaigner le
Cæur des Gaulois . Ta preuue prin
cipale fera queconé puis autremét
croirei oCrois -tu que les Roys , de
France,ainſi que teſmoigne l'expe
rience , journaliere , -guerifſent des
efcrouëlles.Sreale crois,il n'eſt pas
plusdifficile que Dieu aye dõne les
lis Royaux à la Coronno , car & le
preſent des lis , & celuy de donner
gueriſon à ceſte maladie , eft effect
de la bonté diuine pour ornement
de la Coronne . Si tu ne crois l'hi.
ftoire des lis ,ne crois doncno plus
cefte veétu d'apporter la medecine
à cefte maladie . Or reuenons à nos
premieres erres. Mes Couſins , ie
declare l'Aacheur du Catechifme
Jos
DR Renard Paſquid
des Ieſuites comme appartenant a
noſtre Empire pour ſe meſler des
nouuelles e
, ſtre coulpable de leze
Majeſté enuers moy,, pour avoir
pris & attribué a aueruymon nom
incommunicable de Palquin , pour
fanflement & malitieuſement auoir
fuppofé vo Ediet contre les lefui.
tes , comme venant de mes parts,
auquel ie n'ay iamais ſongé , & qui
n'est choſe de ma juriſdiâio :Com
me m'ayant faim apoir intelligence
& correſpondance auec Paſquier,
non ſans grand hazard de mon eftar ,
& perſonne. Je n'ay vould aſsebler
mes provinces du Sa,Eſt , Nord , &
Suelt ,pour fairele procéz à ce bea.
liſtre ,car il ne le vaut pas le vous
comme ceſte cauſe . Ne faillés de:
punir ce cocquin felon ſes crimes..
tres- enormes , & incontinent fai .
&tes le 'moý fçauoir , Dieu vous
donne longues& heureuſes années
mes beaux Coulins autant à l'ade
uenir qu'au paſſé. Voftre Prince, -7
& bon amy,Paſquin Empereurdce, 1
nouuelles
20090912 : ed . brie ' CHAP
Di Chaffe
CHAP. IX.
Beparts du Seigneur a Paſquin , Towerres
Refueries de Paſquis.

Le Seignew . ET bien Pafquin',as.


tu entendu le contc .
nu de cette letere Tu es bien trom .
pé plus que de moitié de iuſte prix .
Tu vois d'on costé le deraduco de
Paſquin ,lequel trouuc tres -eltran ,
ge & tc iuge criminel de leze Ma.
jefté , de ce que tu prens & pour
toy & poor aucruy ſon nom : De
ce que eu as fauſſement ſuppoſé
In arreft lien contre les lefuites :
de ce que tu le fais auoir fociere &
commoaication avec Paſquier. De
l'autre il commande à fes Lieute .
nants Generaux Maiſtre Pierre du
Coigner & le ſeuſneur de faire ju .
Atice de coy . C'eſt peut-eſtre ce
qui n'a fait prendre la fuite hors
Paris. Mais dis moy , ou as - tu ef
crit toutes les choſes, deſquelles il
Se plaint ?
Peſquin . Monfeigneur par eſcrit
ie ne meſuis pas cy deuant nommé
Paſquin ,mais de bouche ſeulemét,
Du Reward Pasawit
combien que par eſcrit i'aye defc .
sé à Monſieur Paſquier, ce tiltre
Palquio ; penſant luy faire hon .
neur . Touchant les autres chefs,
il eft vray qu'a la fin de mon liure
j'ay infesó se iugement duquel il
eſt queſtion , de Paſquin contre les
Ieſuites : & pour plus grand tole
moignage de l'honneur qui eft ju.
ftement deu a Monſieur Paſquingie
le faifois fournir pluſieurs memoi.
res à Paſquin. Le tour eftoit à la
bonac foy, penſant qu'il deuf eſtre
bien venu & receu .
Le Seigneur. Ainfi toutes - fois &
quantes que tu as calomnić te iu .
še , opprime l'innocent , attacque
l'Eglite, heurté l'horncur de Fran .
ce , blafonné les Roys aucc Paf .
voj
quier,le tour à eſte à la bonne,
et à la tres-bonne foy.Cela va bien .
Et li ta en es puny , fera auſsi de
bonne foy. le croy que quand one
as controwué ce jugement contre
les fefuites , tu penſois auoir quel
que blanc ligner dePafquin ,envoyé
par quelque Charlatán de Rome
con agent. Toutesfois tu te trouues
coug
1
La Chase
sout en un coup deferré de quatre
pieds , combien qué to ne ſois pas.
befte blanche , mais forç diverſe en
couleur :Noroagis point pour cela
contre tacouſtume, il n'eit pas co .
uenable que le proche voiſin des
trippieres du petit pont à Paris ,
nourry & cfleué parmy elles , & qui
1 a falê le premier apprentillage de
Rhetorique-fobs elles,change li fa
cilement decouleur. Quant eſt do
nom de Paſquin , quelque choſe que
ço eſcriue celuy de Rome,pois que
tár il te plailt , & qu'à quelque pris.
Que ce ſoit tu le veux conferuerg
garde le . Je ne veux que tu foisqy
en ma maiſon , ny en aucunc demes
terres moleftécn ſà poſſeſsion . Au
tár en fera-Móſieur Paſquier fi bon
luy ſemble , puis que tu le trollues
bon . Orilet nuiet cloſe lög temps
Hajrecirons nous .Allons Moliedr
mon Coolin , Monſieur noftre Mai.
Are; & Meſsicur's les Barons, que ie
- vous conduiſe en roschambres,
Felix de la Grace.Monſeigneur ayat
accompagné Meſsieurs , & Mona
tikar le Maittra d'hotel,Meſsicurs
les
Da Renard Paquile.
des Gentils-hommes chacun en la
chambre , ils ſe donnerent tous re
ciproquement le bó ſoir. On com .
mençoit à cligner Veil pour prédre
ſon repos, que voila vo tintamarre
parmy l'air de tonnerres accompa .
gnés d'horribles grefles comme fi
le Ciel euft voalu ſejoindre aucela
terre. Delog temps on n'auoit veu
vne telle tempefte en Poi& ou . Les
uns fongeoyent à patt cbx , que c'e .
Hoit quelque forcier qui auoit ex .
cité tel orage : Lesautres que les
diables prenoyent grand defplaiſir
à la chaude pourſuitte qu'on pre
påroit faire à Paſquin : Quelque bom
galand commença a dire , mais 6
eettoient vaiſſeaux d'or & d'arget,
& autres meubles tres precieux ,
que quelque compagnée nocturne
foit de forciers, ſoit d'eſprits, faia
fant Ion Sabbac en lamülecerie, ou
eſt couché l'alne Paſquin , fuft con
trainete de nou's abandonnerende .
ſlogeant , commeil arriva desdern
nieres années en'de meſme pays de
Poi &too ? o que le teut itoit bienti
Combien que le diable de'uft éma
porter
porter noftre aſne, les oreilles , &
les panniers , rien pour cela, pour
peu que cette meilleure deſpouille
nous en demeuraſt.Parmy tous ces
ofclats de tonnerre , le plaiſir ce .
pendant à efté toute la nuie d'ene
tendre les reſueries dePaſquinile .
quel nonobſtant lesmauuaiſes nou
Nelles y aypic beu d'autant à son
Coucher:Songeant,tantoft il mena.
çoit les Icfuites, & parfois les Sor .
boniſtes, tantoft il recitoit ſes rith .
mes & alluſions , tantoft ilplaidoir
contre eux , tantoft il rottoit ape .
toit & rendoit gorge ſous correc .
tion , iuſques a ce qu'on des mule .
ciers n'en pouuant plus endurer a .
Hec un gros pillot de bon pois a fait
paſſer la game à ce baudet. Lelen .
demain la Meſſe di&te , & la predi .
cariop fajce ,ſe font aſſemblés Mon.
ſeignçur , Monfieur le Maiſtre des
Requeſtes , Monſieur noſtre Mai .
Are, au cabinet du jardin , ou en la
preſence de Meſsicurs les Barons
& Gencils - hommes s'eſt faiat &
parfaiet heureuſement le procès
de Paſquin.
CHẢ P.
De Raard Pofgute

сил2. х .

Autre ebepe de Renard fefausant dextremely


* commefeifans le sbica

MEſsicato , qui liſesmes eſcrits


ne vous enviés fi devant que
d'entrer en matiere ſerieuſe conte .
hué au ſecond & troificlmc liare ,
je me ſuis arrefté en ce premier
faiſant les approchés aux autres ,
en quelque joyeuſetés.Outre lave
rite du fai &t , quimecontraind de
l'eſcrire , veft pour preparer vos
eſprits par tel plaiſit ace graue iu.
gement. Pour les y diſpoſer doncq
& rendre alaigres , voicy le dernier
traiet de gaillardiſe. De grand ma .
tin par le commandement de Mona
Seigneur, lesveneurs eſtoyent allé
prendre quelques leúraud's & las
pins pour traicter Ja compagnie :
Chargés de bonne proge ils s'enre:
tournoyent quand adoiles de l'ale
ſemblée aſsiſe au cabinet ils vou .
leyert en vre prairie faire leur der
nitre main.come les chiens alloiet
a la queſte , voila yn fécond renard
qui
Lachake
qui challoit aux ſauterelles, lequel
* 'ayant ouy lę ſon du cor ny aduifé
la meate,eſtant ſurpris, cnaironne
de chiens de tous coltes, ne s'en
pouuant deſdire , demeurois ført
empeſchie. Il commence doncg a
faire yne Feuedë en fa memoire , de
toutes lesfineſſes qu'il auoit en ſon
ſac . Il n'en troque aqcune plas à
propos quede contrefaite le chien
& challer auec les chiens ,Leschi.
ens n'y prenoyent pas gardeny les
chaffeurs meſmes , qui battoyent
l'herbe ça & la. Monſeigneur s'en
apperçeut le premier , & en ad
vertic la compagnie en ceſte forte ,
Meſsieurs le plas grand esbat que
Rous auons encores eu eſt certuy .
cy , qui ſe preſente . Regardés ie
vous prie les chafleurs & les chi .
ens bien empeſcheza faire Jeuer
quelque beſte, & au mitan d'eux
ont on renard, qui contrefaiſant
le chien chaſſe li dextrement qu'il
eft cenfé du nombre des autres ,
ộ quelles fineſſes & ruſes du Re.
nard , qui ſe feint eſtre chien afin
de fe fauuerhangve : &
Fællx
Di Reward Paſquin , 73
Felix de la Grace. Mais le renard's'eo
ftant peu a peu tiré de la preffe , &
mis au large , trouue vn lentier qui
mendit dans des haliers , par lequel
il faie ſa retraicte & fc loge en ſon
fort. Lors les vencurs & chiçrts ap
perccarent le renard , mais il n'eſtoit
plus temps, car il s'eſtoit deſia garan .
iy doroutdanger, Toute la compa
gnie fe mocqua des vencurs, leſquels
fort ſe deſpitoyent & maudiſſoyent
le renard auec les ruſes.Monſeigneur
ſe tournant vers Mopficur noftro
Maiſtre, luy diet.
Le Seigneur. Et bien que iugez vous
de tout cecy ? N'y a- il pas de
quoy rire?
Ee Theologien . Monſieur , c'eſt cc
que ic vous diſois hier. Les Heretia
ques contrefont les Catholiques , &
pour mieux tromper en nospremic
Tes troubles ſe meſloyent à leur ar
mees & aux aſſemblees de iuſtice, faia
fant ſemblant de courir ſus à leur
compagnons. Or ce n'eſtoit que ru .
fe & pipperie . En ce faict icy que .
nous auons entre mains Paſquin non
ſeulement jove en apparence le per
fonnage de Catholique , mais auff
D galop
74 La Chaſe
galoppé les Heretiques, attracqué
Lycher & Caluin; C'eſt pour trom
per. Autrement fondiure n'cuft pas
cfté le bien venu a La Rochelle :
Toutesfois Meſsieurs , noſtre Re.
nard Paſquin a beau faire , fi ne
* ſe faguera - il pa's comme a fait
ceſtuy- cy . ...
Le Seigneur Entrons donc en maa
tiere. Nous auons prou d'aduera
tiffemens par la chaffe d'hier & du
jourd'huy des fineſſes du Renard,
pour nous en donner degarde , &
ca venir au bour.

LIVRE

>
Du Reward Paſquillo

EXXXX

1. IVRE TI ..

CON TENANT
POVR SUBIECT , LE
Procés & condemnation de Par .
-quin , par le Theologien au faict
de la Religion ; Puis la probation
de l'inftitut, vous , & nom dela
focieté de Iclus.

CHA P. J.

. Diuifion de ce que difcoart le Theologien.


Premiere cenfure de Paſquin ,qui non ſeulement
eft yn bouffon , mais ve inligne calumniatour.
fcanoir ſi les lejuites Capacius fe pennent
appeller Peres. Paſquin Sufpe &t d’Herefie.

Eſsicurs , deflors
Le Theol, i'ay ietté la veuë
far les premieres
pages du livre de
Parquin , intitulé le Catechifme des
Ieſuites , il m'a falu faire vne bonne
prouiſion de patience , pour conti
nuer & paraclreuer tout le reſte, mais
en fin , graces à Dieu , i'en luis venu
au bout. Ileft semply we tantd'ima!
D 2 poſtu
76 La Chaffe
poftures , meſchancetez & erreurs
contre le nom , l'inſtitut , approba
rion , introduction , progrez de la
compagnie des Ieſuites, que pourles
reiecter & confuser par le menu, bee
foing ſeroit d'y employer pluſieurs
jours. Si ainſi-eſt qu'en vne ſeule pa
role on blefre la renomec d'vn hom .
mc, l'appellant ou vſurier ou adulic.
re , mais qu'on ne puiſſe qec par diſ
cours entiers monſtrer la calomnie,
comment pourroit on s'acquitter.ch
cet endroit , auquel chafque lieu de
ce liur et contient fon iniure & mel .
difance contre Melicurs lesIefuites.
La brefueté de la calonie qui ſe com
prend dans vn mot, donne beaucoup
d'aduantage au calomniatear contre
celuy qui la combat. l'endoieray ce
liure à vn grand Thcologien ſeculier
mon compagnon quei'ay laiſſé a To .
loſe afin de donner ſurles doigts plas
tloiGr fon Authcus ,outre que qucl.
que ame deuote de Sorbone le pour
ra confuter, & tout le grand corps de
celte faincte faculté peut- eſtre y ap
porteca ſaccoſure. Pour le prefentic
me contentcray de faire deux choſes:
L'vac pour l'acquit de ma promeſſe,
Icuer
DW Renard Pafquise. 77
Feuer la beſte de ſon gifte , apres que
toute la noiet mc la fait recognoiltre.
C'eft vn Renard , preparons nous à
dextrement luy donner la chaſſe , car
il-fçait bie rafer. La voſtrc d'hierm'a
appris que le Renard eſt vn acimal
extremement cauteleux . Et ie viens
à voſtre opinion,Monfieur que parce
que Dieu vous fit voir hier, il nous
enſeigne ce qu'il faut faire ce jour
d'hay. Paſquin doc eft vn renard qui
ſous l'accooſtrementde badin , eft yn
calomniateur à vingt-quatre carrats
fort ſuſpeat d herelie , ou Herctique,
ou bien pire.Ayant fai & voir au iour
la qualité, elle apportera quant & loy
la perte totale de credit & defoy qua
on pouuoit avoir accordé à ſon liure
par meſgarde, & ſeruira de iuftifica
sion aux Ieſuites , auſquels ne ſçau ;
roit arriuer plus de gloire,que d'eftre
blafme des ennemis de Dieu & ſon
Egliſe. L'autre choſe fera de diſcous
rir en paſſant des principaux poin & s
de l'inſtitut , approbation , & nom de
ceſte compagnie. Pour commancer
par la premiere partie de mon ſub
iect, ie vousſupplie Monſieur , com
mander qu'on face venir Paſquin afin
D3 qu'il
7-8 LaChagle
qu'il ſoit copuaincu en voftre prea
frnce , de Monſieur le Maiſtre des
Requeſtes, de Meſsicurs les Barons
& Gentils-hommes .
Le Seignent. Eſcayer amenez Para
quin , duquel vous ne vous eſtes def .
emparé depuis hier bouffonnát toula C
jours & foliant.
Le Theologies , Palquio tant à voſtre
ſemonce d'hier, que par le comman
dement deMóſieur,en la maiſon dan
quel nous ſommes, i'ay leu voſtreli
ure. Leiugement que i'en fay , eft que
outre la qualité de bouffon qui vous
etde tout acquifo & afleurce , vous
eftesvn Renard , animal malin louba
1
la peau d'vn bouffon animalpriué, &
domeſtiquc,qui difamez toutes for
tes de perſonnes honcſtes, voire rele
pádczlc venin d'heredie, ou bie mel,
me d'Atheiſmę. Vous ne nierez pas @
De foyez calomniateur, car voſtrelia
are nous en fournit par trop de preus
ucs, auquel vous ne vous cótentez pas
de bleſſer labönc renommee des Ree
yerends Peres Iefuitcs: mais auſſi en
faict concernant les cauſes Ecclefia .
ftiques ( car pour les téporelles vous
eſtes du tribunalde Monſieurle Mai:
Atce
Du Resterd Paſquin . 79
ſtre des Requeſtes ) entamez fore .
l'honneur des bons Peres Capucins.
Que vous ont faict ces fainetes ames ,
qui pour poſſeder tóot en Dieg ,'ne
poſledent rien hors delay , lorsque
vous formant ceſte incpite obiection ,
contre les Iefaites de ce qu'ils ſe font
appeller Peres , nom ſuperbe dictes
vous & appartenant aux Prelats : &
preuoiáe qa'on la peutrenuoier bien
loing parfallegatio de l'exemple des
Capucins quifontſemblablemét ap
pellez Peres,vousrefpondez à noſtre
reſolution en ces mots . La faute qui ,
fetrouue en cet endroict aux Capu- ,
cins ne doit ſéruir de garentaux le . ,
fuites. Explosbasvn bien peu . Iene ,
veux pas dire que foubs l'habit rape- ,
tallé de Capucin il n'y ait de l'ambi,
tion.Etbon Dieu quelle ambitió que
vn Seigneur deBouchage face cíchá .
ge desDuches ,des Eſtats de Mareſ.
chal Gouuerncur & Lieutenant do
Roy, & detout ce qui s'enfuit, auec la
capuche, leifac,les ſandales, la beſace
d'vn Capucin Mais pauure folap
prens que ny au fait des Capucins,ny
en celuy des feſuites il n'y a point
d'ambicion , Cenom de Pere en vertu 1
D4 de
%0 Le caffe
de l'ordre ſe peut donner toutPre
Atre , lequel en ſon ordination reçoit
la puiſſance ſpirituelle , d'engendrer ,
les.Chreſtiens par le Sacremeni du.
Bapreſme,lesrengendrer pour la ſc .
conde fois par celuy de penitence ,les
nourrir du laict de doctrine , & dela,
chair de Icſus -Chriſt lesfomenter &
couuer par bónesexhortations, toge
Ass ces actions ſont de Pere . Dela on :
viſe de ces termes Potc Confeſſeur,
Pere de Confeſſion. Pourquoy files .
Preſtres en fontappellez:n'en ſerong
auffi les Ieſuites & Capucins Prea .
ſtres? On víc du mot de Pere aux au
tres Religions.Parmy les Cordeliers.
de Pere Prouincial, Pere Cuftos,Pe.
se Gardien , Pere Vicairo , Peres de
finiteurs : parmy les Iacopios outro.
qu'il conuient aux Prieurs & Prom
uinciaux , fid'ailleurs eſtans Docteurs
ils ne prennent l'appellation de nos
Maiſtres,ilcítattribué à certains, que
ils appellent Peres du Conſeil. Tu
confeſſes toy -meſmes que les anciens
Anachoretes , bien qu'ils ne fuſſent
myPreſtrés,ny meſmes ſoubşdiacres,
fe ſurnommoient Peres. A combien
plus fosse raiſon les Capacins & Ic.
{qites.
Dx Renard Paſquix . 81
ſuites , qui font Preſtres , voire Prel
cheurs, & entendent les Confeſſions,
au moins de leur Religieux ?
Paſquin. Mais le commun des au
tres Religieux ne s'arroge pas vn ſi
grand grade d'honneur & ſe conten ,
grade infericur , qui eſt celuy
te d'vn
des freres .
Le Theologien. Paſquin ic louë le fait
des autres Religieux: mais ie neblaſ.
me pas pour cela celuy des Ieſuites
& Capucins. Ce mot de frere eſtoit
tant honorable en l'Eglife primitiue,
qu'il eſtoit donné non ſeulement aux
Chreſtiens ſimples, mais auſſi aux E
uelques comme il appert par les ef
crits de Iuſtin Martyr . Depuis il a Apolo.
commencé par la malice du peuple 2. ad
d'eſtre tourné en riſce , qui ne ſçait Anton.
faire de bons comptes,que des fre. pium .
res . Voila pourquoy par cy deuant
Jes Religieux fe cótentoyent du nom
de frere, & maintenantles leſuites &
Capucins prennent celay de Pere.
Tout ce qui appartient à l'Eglife,Re.
< ligion , & pietê, doit pour s'acquerir
reſpect & deuotion parmy le ſimple
peuple neceſſaire à celuy qui veute
difier , avoir en loy quelque choſe do
Dis Ma .
Li Chaffe
Majeſté . Quoy que loit , Paſquia
quand tu detracte des Capucins, ie
recognois fort en toy l'air herctique,
Car les Huguenots en veulent entre
tous les Saincts particulierement au
glorieux S. François , comme porte
croix du grand Archeueſque lelus
Chriſt, heritier de ſes playes, & aulli
de les iniurcs , tant en loy qu'en ſes
freres. C'eſt, ou de l'vn ic viendray
l'autre, qu'eſtant grád calomniarear,
tu es quant & quant fort fufpect d'ho
relic. Tune reſpondis rica hier a ma
raiſon que i'auois tiré de tes propos.
Je dis maintenant que par la lc @ ure
de ton Catechiſme ie te tiens du tout
pour tel.
Paſquin. Gentil Monſicur, quivous
di&tes Theologien , ie ne ſuis point
Heretique, ie ſuisbó Catholique au
tant quevous, & rcaoquevos propos
a iniate , au cas q poar les maintenir
youlicz planter-voſtre bourdon . Or
bicnie fuis ſatisfait en ce qui cócernc
faict des Capucins. Mais mettez
vous en deuoir de reſpondre fi vous
pouuez a Pootrecuidee fuperbe des
Ieſuites admettape en Portugal ſans
auçuos remords de coſcience & ver
goigne
Du Renard Paſquin . 83
goigne cetiltre ſuperlatif d'Apoſtres,
Puis vous reprendrez vos erres .

CHA P. II.
Du nom d'Apoftre attribue aux Ieſuites par les
Portugais. Cenfure de Paſquier.

Le Theologien. Si les Ieſuites ſe l’eſtor.


ent donné ou procure
ton obie &tion auroit lieu : Mais eſtant
tout au contraire , tu ne fais que pea
à peu manifeſter ton ineptie & dele
couurir ton ignorance. Viens ça. Les
Ieſuites ſçauroyent- ils te mettre vn
baillonen la gucale lors queſansau
cune railon tu les appelles Anabap
siftes , Machiaucliſtes, leur ſecte pire
que celle de Luther & Caluinnen .
ay . Sçauroyent -ils auſſi fermer la
bouche aux Portugais lors qu'Ruec
raiſons ilsles ſurnommént Apoftres,
fondee for leurs fainctes functions ,
par leſquelles ilsſerédent imitateurs
des Apoftres . Scache Paſquip la fi.
gnification de ce nom . En premier
-lieu ilconuient originairemét & lova
fuerainement noſtre Seigneur lelus .
Chriſt , comme enuoyé de ſon Pere,
cauffu Apoftre fonucrain non plus ne
moins que pour meſme caufe il eſt
D 6 ap
L chaja
appelleen l'EſcriptureSaia &te Ango
du Teſtament, à ſçauoir dunouycau .
Secondement par relief ileſt donné a ..
ces douze ou treize premiers choiſis
de noſtre Seigneur nourrisen ſa mai .
foo , eſeuez en ſon eſchole ,ſes priuez .
& familiers: Tout cecy n'admeet an :
cun doute. Ię dis que troiſieſmement
il n'eſt tellement propre à cesdouze,
que par quelque communicación il.
ne foit eſtendu à leur ſucceſſeurs , &
imitateurs de leur vie , appellez non
ſeulement viri Apoftolici, hommes Apo
De pre ſtoliques commeen Tertullien, mais:
Jcript.
aufli Apoſtres. S. Martial fans fcru
cap :32
Epift. pule s'intitule Apoftre , Martialis feruus
adBur- Dei, o Apoſtolus lefu Chrifti, Martial fer
deg. uiteur de Dieu, & Apoftrede leſuse
Chriſt. Le venerable Bedo donne à
S. Gregoire le grand oc magnifique
Epithete, A poftre d'Angleterre. Tay
melmes qualifie & :a bon droict ſainct
Marcin Apoſtre tutelaire de noſtre
France. Mais a quoy tántdu probaa
sions : le ſeulApoſtre terminera par
fon authorité ce differant , lorsqu'il
furnomme Epaphrodite Apoftre des.
lipp.2 . Philippiens. Les Portugais donc de
Ad Phi
ce qu'ils voyoient le bien -beureux.
Xavier

1
DR : Renard Pasquin .
Savier honneur de la Nauarre auec .
ſes compagnons imitans vne vie A.
poſtolique, viuans d'aqmoſne, ſoruás:
aux hoſpitaux, enſeignans aux gráds.
& aux petits la doctrine Chreſtiena.
ne, prefchans , allumans partout le
bralier de l'amour Diuin , & ſur tout
palſaastes mairs & s'en allansa da có
quefte des nouveaux mondes, ou ia .
mais auparavant n'auoit rententy lo
fon de l'Evangile , leur ont deferé ce
beau nom . La derniere raiſon que
iray touche de ſe ietter à corps per
du'entre les Barbares pour y pref
cher premierement la foy , n'eſt pas.
de petit poix .Car ce paſſage. In omnem PS.18 .
Letran exiuit fonus eorum , in fines orbis .
tetre verba eorum , leurſon à penctré par :
toute la terre, & leur parollesiuſques
aux finsde la rotunditéd'icelle, s'ena .
tendant des Apoſtres, ne ſe peut touhu
tesfois verifier accomply en leurpër. 7
Sonneny de leursłucceſſeurs iuſques. 1
# noſtre temps , qui ne tragçrferent
iamais en -l'autre hemiſphereque bie
peu, il fe doit doncmettroen exécu
tion par autres a quipar conſequent
compris foubs ce terme, corüm , heri..
teront par participation de nom , le
D : 7: tilcro
La Chapter
siltre d'Atiopofntres auſ ſi bien que pat
,
participa d'office ils ont herité le
droid de remblables fonctions: Prin . 2
d
cipalement de tropeter l'Euangile - és
lieux ou il n'a iamais retenty.S'ily en
d
aaucans quipuiflcntiouyr dell'hon
ncur de ce tiltre , auſſi bien qu'ils ſont 9
en poſſeſſion del'office, ſeront à mon
opinion plafieurs Religieux enuoicz
de Portugal, & entre autres les lelui.
tes , qui au Jappon , à la Chine , & ail
deurs ont premierement annoncé li
foy. Cette raiſon d'eſtre le premier
qui trompette l'Euangile en vn lies, 1
eſt à mon opinion entre pluſieurs la
principale , pour laquelle ce tiltre
d'Apoſtre deFrance conuient à ſaint
Martin . Car combien que devant luy
l'Euangile fult fortmultiplié en Fran
ce,il eſtoit toutesfois incognu en plu
fears coings & recoings d'icelle, lefo
quels Sainot Martin repurgea du par
ganiſme , & y planta le Chriſtianif .
me. Qge ft les Portugais.quec raiſon
oorbonoré les lefuitesde l'epithete
dra poſtres , auec quelle sailoh ,• Pale
quin comme vn fecretaire du Ciel,
interpreta de la volonté de Dieu ,
Coleillerde foa Cáleilpriué, ofes - tu
bica
Du Renard Paſquin .
bien aduanoer que la tranſlation de
la Coronne de Portugal, que la ruine
de la famille de les Roysprouient du
de plaiſir que Dieu y reccuoit : Tucs
auffi fortuné & aduiſé à rendre raiſon
des Conſeils de la divinité en ce fait,
que ce pauure Aduocatà prophoriſer
par prelages inſpirez de Dieu . Icsafe
faires & cóportemens des Ieſuites en
France.Les-Royaumes ſont de Dica .
Leur fia eft entre fes mains, auſfi bica
que leur naiſſance. Il les transfere og
finit quád bon luy femble:Mais nous
n'en (çaarionqrendre raiſon . Que,s'il
eſt loiſible de coniecturer en cc faict,
je te dis tout le contraire . Scaches
que comme il n'y a rien de perpetual 1
aux affaires humaines , auffi falloit - il
que la famille des Roys de Portugal
eaſt-fon periode. Mais le clorre par
yoe guerre Chreſtienne .contre les
infidelles , par. va noble martyre ,
(come on peut dire quefilt Dom Sex
baltien , pouré plus par leder d'am .
plifier la Religió , que fa puiſſance par
les guerelles Turquelques , & cn luy
la famille des Rois de Portugal ,) c'eſt
le haut degré d'honneur le puis
plus iuſtement donner cette gloire
au
Lx Chaiſe
au bel accueil que fićt le Portugal &
fes Rois aux leluites, que tu n'y attri
bues la perte . Pendant que ie m'at
reſte vn peu plus à ce nom d'Apoftre
& dictifier non tant la cauſe desler
ſuites a
me Chreſtien en ce qui touche ceſte
appellation ; vne queſtion ſecretce
hearte à la porte de mon ame. Com
mene Mönſicur Paſquier eſgalement
verſe en là Theologie, & en la Philo
fophie n'a remarqué,quele nom d'A
poſtre conuenoit anciennement aux
Eucfqucs, & celuy des Euelques aux
Apoſtres . De cet antecedentil euſt
auſſi veritablemét tiré ce cófequent,
donc entre les douze Apoſtres & les
autres Euelques il n'y auoit aucune
difference de degrez, ains parfaicte
equalité en tout,que de ceſtuy -cy les.
Euelques eſtoient appellez Preſtres,
.
& les Preſtres Euelques , il conclud :
lo fien doncil'n'y auoit aucune diffe
rence entre l'Euclque & le Preſtre.
o que c'eult cſté vnc piece forte pour
baitir l'anarchie & anbierarchie des
anciens & modernes heretiques,def
De pre
Script. critte par Téroullien , en laquelle cous
ſont aigaux , voire les fcculiers Ec.
clefia
D # Renard Pasquinta 892
eleſiaſtiques, & les Eccleſiaſtiques ſc .
culiers . A la verité cela cult tellemér
applany foutes les parties de l'Eglie
fe , qu'il ny ca reſteroit ny haute ny
ballo , Supericure ny infericare , le's
Preſtres eſtant autant aduancez en
honncur que les Euelques, & les E
uelques que les Apoſtres . Et pour
degrader le ſainctPere & le reduire :
au modele des autres,on pourroitad.
joulter les propos de Paſquin , com
me tres-favorables quand il di&t que
le Pape n'eſt pas Prince , mais ſeule .
mcot primerdes Egliſes:Exceux tres
exprez dumeſmePaſquierlors qu'en
bon fils de l'Egliſe , il recogaoiltva :
Euefque plusancien que S.Pierre eng.
tre les Apoftres , & donnc yn compa .
gnon au Pape. De tout cecy ſe feroit
yn beau ſalmigondis de bó gouft aux
palais desHeretiques.Monſieur Pala
quier feroit mieux de fe cótenir dans
Les limites de la vacation , ſans s'ad
yancer en celles d'agtray ,lequel i'ay:
dit eſtre egalementyerſe.cn Thcolo .
gie & philoſophie, parce qu'il et ega ..
lement ignorant de l'vne & de l'aug
tre . Il y a toujours eu diltination en
ircles Pesktres & Euelques telle que
apore
La chaffe
entre les fimples Gentilhommes, &
Jes Princes : Entre les Euelques & le
Sain &t Perejtelle qo'entre les Princes
& lc Roy : Entre les Eucſques & lcs
Apoſtres,telle qu'entre lesMagiſtrats
eſtablis pourla cófervation des Loix
ou police ,& les legiſlateurs ou poli
cours de la Republique,qui ont inftto
tué ces Magiſtrats. Les fuperieurs tou
tesfois en la hierarchie del'Egliſe OAD
bien pris le nom des inferiçurs , les
Apoſtres d'Euefques,le Pape d'Euefa
que, l'Euelque dě Preſtre ,parce que
les fuperieurs ont toute la puiſſance ic
& exercent toutes les functions des
infericurs, ſans preiudice de ce qu'ils
ont deplus. Les infericurs auſſifont
bien appellez du nom desſuperieurs ,
comme les - Preſtres d'Euclques, les
Euclqucs de Papes & d'A poſtres ,
pour quelque reſſemblance d'office,
ou participation : bref paremprunt
feulement Du nom d'Euclque & de
Preſtre , lifez les Commentaires de S /
Chryſoſtome. Mais ou ſuis -ic, & ou
Cap.E. m'a emporté le nom d'Apoftre ? Para
pif.ad donncz moy , fi comme diſcipleie me.
Philip. fuis mis à fuiure mes Maiſtres & les
Apoftres qui nous ſontenuoyez. Or
il est
Du Renard Paſquin . 9
Heſt teps que je retourne chez moy ,
que ie reuienne a ma belongne & *
declarer quel eft noftre Peſquin , ou
ſuſpect du coucherelic, ou melmen
ment heretique.
CHAP. III.
Que. les: Ieſuites s'alterent aucunement. La
bíerarchiel, cins qu'ils en fontdefenſeurs ,
de l'Egliſe.

I'Ay dinerſes raiſons pour le con


uaincre Paſquin ,mais reſpóds pre
miercmcorà celle q. i'ay propoſé
bice:
contre toy, puilee de tes diſcogrs.
Paſquin . Voltre argumét procedoit.
en ce te forte . Si les Iefuites aydent:
l'Egliſe Catholiquç come ils font con
tre toutes ſortes d'ingidelles , Idola
tres,Mahometains, luifs ,herctiques,
&que pour ceſte raiſon l'Egliſe rieles ,
tienne point pour ſes perturbateurs.
& canemis, ains certains appuis & a .
mis , il faut que, ma propoliţion que
ils ſont rels , quei'ay dict , se verife
au faiet de quelque autre Egliſe ,
fçauoir ou de Luther ou de Caluing
ou autre , à laquelle par conſequent
i appartienne ,la qualifiant du nom
de vraye Egliſe. Ic reſponds quc ia
n'ap
La Chaſſe
D'appelle pas les Icfuites pertorba
teurs & ennemis de l'Egliſe en ce que
ils ſouſtiénent noſtrefoy,contre tou .
tos fortes d'aduerfaires , Idolatres,
Juifs & c . Mais parce qu'ils oftent la
hierarchic & de faict & de doctrine,
diſans qu'ils peuuent confeſſer ſans
l'authorité des Euclques & Curez, &
Je práctiquant ainſi,
Le Theologien . Taregnardie ,erreur,
hereſie , Pafquin peu à peu ſe mani
felte tout a plain.Lesleluites ont leur
priuileges du Saig & Siege. Sont les
Saincts Peres liegeants en iceluy qui :
les ont eſtablis,pour cöfeffer en leurs
colleges & maifans, fans dependra .
aucunement des Euelques & Curez :
& ailleurs auſſi lans leur expreſſeli
cence , pourueu qu'ils n'y apportent
aucune repugnance . Ou tu nies gue :
les Papes leur. ayent . donné cette
puiſſance , ce qu'ils te verifierontpar
bónstiltres : où qu'iceux Sainéts Pe •
ses n'auoy.ontle poudoir de ce faire,
qui eft hereſie .
Pasquin. Monficut qui vous faictes G
appeller noftre Maiſtre, ie ſuis mieux
fondé en droia que vous , l'ay lo le
Chapitre : Omnis viriufque fexus pour
moyo,
Du Reward Pafgnir .
moy ', la ou il eſt commandé que vn line cia
chacun fe confeffe proprio facerdoti, & Later.
ſon propre Preſtre, ou avn autre quec Sub 1 %
206.
fa licence, Le Pape neſçauroit donca
quesau preiudice des Curcz donner
puiſſance aux leluites d'entendre los
confeſſions de leurs paroiſſiens.
1
Le Theologien . Voila le pouilleux ér .
reur de Ican de Pouilly condamné
non à Rome , mais à Auignon , par
Ican vingt-deuxieſme reſuſcite , le
quel tu tiens & renouuelles. Etpau- *
ure niais, neſçais -tu pas que par l'or
dinaire Confefleur , eſt entendu le
Curé, l'Eucſque, le Pape, le Pape en
Sovucraineté, & le Curé &Euclque
par relief? Ta raiſon prouueroit par
ce moyen que ic ne me pourroiscon.
feffer á mó Euerque,ny au Papemeſ
mes ſans licence de mon Curé, ficou
luy feul eft l'ordinaire. Si ie me puis
confeffer a cux , & qu'ils foient ordi .
naires & ſuperieurs au Cure,mc con
feffant par leur authorité , à qui ie
voudray , fere me confeſler aueclio
cence de mon ordinaire. Et de taiet
quand l'Eucſquc ordonne des Con .
felfeurs extraordinaires , ou a ta peo
nirence, ou à la viſite , ou aux mil.
fions,
La chaffe
fions, va- il demander le congé des
ddc le Papelera -il fet
Curcz pourquoy
contrainet d'eftraindre fa licenc à la at
permiſſion du Curd & de l'Eucſque . da
de
Abfoudro iuridiquement les pechez ,
& par conſcquent entendre les con les
feflions iudiciairoment en ce ſacré
tribunal de conſcience ,eſtacte de iu . le
riſdiction Ecclefiaftique , fondé Carla
puillance des clofs commiſes à notre G
Sain &t Pere ſoupcrainement , & par
relief aux autres . En ce qui eſt de
iuriſdiction non ſeglement le Monar.
que ſe peut reſerver la cognoiſſance
de certains affaires , mais enuoyer
nouucaax lages, Superintendans de
Iuſtice, chambres digerſes, ſanspour P
ce fairc aucun tort aux Magiftrats or.
dinaires . Pourquoy donc Paſquia
voux tu lier les mains a 'noftre Sainet
Rere , a ce que iloc luy ſoit loiſible , f
pour bopacs raiſons, & pour le bien . c
des ames, outre les Prelats ordinaires
departir ceſte paiſſance aux extraora
dinaires confeſſeurs tant qu'il iogera
neceſaire. Mais bien Paſquin ,que ie
te confere,par hypothole toutesfois,
car il eſt faux , que les Ieſuites alte
ralfentla hierarchie de l'Egliſe, pour
cela
Du Retard Palguin .
cela meritent-ils d'eftre appellez' he.
retiques ? leur Religion doibt elle
cſtre qualifice de toy fekte & lecte ela
cloſe on meſme temps auec la fecte
de-Luther & Caluin , & pire qaecot
le de Luther & Galuia . Enquoy eſt
elle ſecte ? Enquoy eſtelle pire ? . Les
lefuites reſpandant franchement leur
faog pour d'icelay& gner la Religion
Çatholigae , laquelle ils ont preſchce
de parolle,meriteront en fin par tous
endroits pour recompenſe d'eſtre
intitulez rectaires , & pires quelu
ther & Caluin -Vous ſerez de ce nom .
bre auec leCollegue de votre mare,
tyre , o bien - hearcax Pere Sales
premier martyr de cette compagnie
co France , mon ancien compagnon
aux oludes de Thcologie , mais.
maintenant plus heureux ; & inter
ceffeur pourmoy . la â Dieu ne plaie.
ſc de croire cele de vous & de ceux
qui en ceſte compagnie ont raay la
palme du martyre . Or Paſquin tu
donnes affezd cognoiſtre quecomes
le commun confentemêt de tou's do.
& tes, indo &tes, grands & petits eſt au
contraire, & qu'il n'y a aucune vraye
ſemblance que çoyant la Religion
Catho
96 L. Cbage
Catholique eſtre la viaye,on jugele's
Leluites herctiques ou fectaires pires
quc Lather & Caluin , les plusmer
chans qui ayent onques ofte, par con
ſequent tu crois en ton particulier la
do &trine des Icſuites oftre fauſſe &
herctique, celle de Luther & Caluin
cftre vraye. Faut quele limaçon qui
*cache ſon corps dans la voulte de fa
"coquille , feffe par fois paroiftre les
cornes.
Pafquis . Monſieur noftre Maiſtre
ne vous haſtez pas tát s'ilvous plaiſt.
Vous n'aurez pas fi bon marché de
cet argument que vous iugez.le per .
fifteen ce que j'ay adcufe Les Ieſuites
perturbateurs de l'hierarchic. Le fait
de l'Angleterre que i'ay couche fort
amplement à la fin de mon cuure ,
n'eſt que tropeuident. Reſpondez- y
fi-vous pouucz. Car c'eft ce qu'atteri .
tiucment i'atrends de vous.

:::FECHA P. IV .
Les tefuites purgez de cequ'on leur obie &te les
diuifions de l'Egliſe d'Angleterre.

Le Theol. E le feray Dieu aydant.


Ile ſeul recit de l'hiſtoire
iuftifiera le fait des Iefuites en An
glerer
ex Renard vaſquire . 97
gleterre. Ainſi qu'entre les Martyrs Ad
& Confeſſeurs detenuses priſonsdu mart ,
temps de Tertullien , ſe ſont mellez
quelques debats & contentions non
mortelles, mais venielles entre ceux
d'Angleterre, deſquelles les Saines
ne font du tout exempts. Le S. $ 1c
8 € pour y pourucoir a conſtitué va
Archipreſtre auec le conſentement
& election vniuerſelle de tous , au
quel tous les Preftres d'Angle[erre
doiuent rendre obeyſance . Lors de
1 ces premiers debats eſt eſclos qucl .
que eſpece de Schiſme , les vns le re.
cognoiſſans, les autres non . LePere
Perſonius qui ncgotie a Romepour
l'aduancement & progrez del'Egliſe
d'Angleterre a' ſoutenu le party de
l'Archipreſtre ,comme de celuy à qui
noftre Sainct Pere auoit commis la
charge. En cet affaire tous les Pre
ftres d'Angleterre ſont d'accord que
leslefuites ſont extremement necel
faires à l'Egliſe , & que particuliere.
. mér l'Angleterre leur doit beaucoup.
Mólicur Bishopehomme d'honneur
& ſçauant, quiy a particulier intereſt,
le plus mal receu de tous par le Pere
Perſonius, & qui m'eſt amy vnicques
E mepla
L. Chagot
ment, le teſmoigne co tousendroits.
Plus,recognoillent que le corpsde la
compagnie ne s'eſt mené de cet affai :
re : Mais le ſeul Pere Perſonius, á qui
il touche non comme Icluire , mais
comme Anglois , & negotiateur des
Anglois vers le Pape, & Monſeigneur
l'Illuſtriſſime Cardinal protecteur
d'Angleterre. Tout leur different eft
fi ledit Perſonius à bien fait en fa ma
niere de proceder, & s'il eſt expediét
que cet Archipredtre ſoit continué en
fa charge , que tous les Preſtres & de
l'vn & de l'autre coſté arteftent cftre
fort homme de bien . La fouacraine
deciſion du Sainct Siege apportera
fin à ce procez. Cependant enquoy
la compagnie de Jeſus à clle part en
cet affaire , qui ne s'y eſt en aucune
façon immiſcée? Enquoy donc altere
ellela hierarchie de l'Egliſe? E e quant
audie Perſonius , ſoit qu'il aye bien
faict, loit qu'il aye mal fai& , quoy
pour cela à la compagnie : C'ektron
faiet particulier. Autrement ſi Mon
ficurl'abbé de Ciſteaux le plus puiſ.
fant Seigneur de l'Egliſe apres le Pa .
pe , donne vn mauuais conſeil au
Roy ,eftant ſon Conſeiller d'Eltat , ce
qu'il
Dr Renard rafonis .
qu'il s'agarde de faire ; tout l'ordre
de Ciſteaux ſera cenſé pecher aucc
luyall y a plusd'apparence d'impeter
la coulpe de Monſieur de Ciſteaux à
ſon ordre, duquelil eſt chef, general,
& procureur , que celle du Perc Per
Sonius à la compagnie , de laquelle il
n'eſt qu yn membre, honorable à la
verite,mais non des principaux.Tou
tesfois li on veut ſçauoir l'opinion
que i'ay du Perc Perfonius, il y a plus
. d'apparence de ſon coſté. Car tant
s'en faut qu'il aye altere la hierar
chie , qu'au contraire illa fooſtieni,
voulant qu'on obeyſe à l'Archipres
Atre que le Sainct Siege à inſtitat. De
dire que le Pere Perſonius aye pro
curé l'election de l'Archipreſtre, c'eſt
luy faire honneur. Car tous les Pre .
Itres de l'vn & de l'autre party ren
deot teſmoingnage honorable de la
verta & bonne vie. Perſonius n'a
donc rien faict autre choſe, ſinon quc
d'auoir procuréceſte charge à vn hó
me de bien . D'adiouſter comme tu
fais, qu'en l'election de cet Archipre
Atre deuot aux Icfuites , il auoit pour
bat empiecer la domination de l'E
glife Anglicane, c'eſt parler gratis.
CA
foo La Chage
Car qu'ellesrentes & rcuenus,quels
honneurs & prerogatiues pouuoient
arriuer à Perſonius demeuranta Ro .
me , ou aux fiens par la iurifdiétio ſur
ceſte pauure & defolee Egliſe . Au
cótraire s'il auoit femblables preten .
tions, il les luy failloit abandoner par
la création d'vn Archiprcftrc . Sice
buy cy elt affectionné aux Iefuitcs,
demain il en ſuruiendra vn autre qui
leur ſera contraire. Finablement for
mer complainete que 'Bishope a efté
empriſonne & malmenéà Rome par
par Perſonius , exilé d'Angleterre,&
reduiet à la mendicite , gilt en preu
ue, lacuelle faiete les vnsexcuſeront,
les autres accuſeront Perfonids. At
tendons ſentence definitiue du Pape.
A moniugemértout ce griefnevient
que de la difficulté que les Preſtres
auparauant elgaux experimentent en
cux d'obeyr à vn fuperieur n'ague
res leur egal. Et en cecy aura lieu le
prouerbeEſpagnol , r'aduiſement de
l'Arragonois. L'Archiprettre cepen .
dant demeure bien appuyéiuſques à
vne reuocation faiete par le Siege A
poſtolique. Mais tais-toy en cetaffai.
re ( Paſquin ) Les Preſtres d'Ange
terro
Bu Renard Rafquin.
terre ſont li graue , ie m'aſſeure que
ils cuiderot bien leur different en
tre eux & ne permettront que ny
toy , ny, ceux de ta farine s'en més
Hent. Ils n'y auroient ny honneur,
py profict. Tupoudrois qu'il t'eust
cooftétous les Iefuites , & que les
Preſtres Anglois fuſſent en l'aucre
monde . Tu ne lę ceſmoignes que
i
trop , introduiſant la Royne d'Ao .
gleterre qui afferme n'en auoir fait
moprir aucun pour la Religio , mais
er
pour pecher contre les Loix .

CHAP : V.
Pasquin heraligae , an moins ſuſpe& d'hea
ľ refie , en'ce gu'il se marque de la Canonizao
tion des Säixats.
21
ES Il ſera maintenant temps que ic
te iecte vn autre coup & auquel
tu ne ſçaurois parer. Tu te moques
allés ouuertement de la Cononiza .
cion des Säinets , & authorité da
11 Sainąt Siege, à enregiſtrer dans le
1 Kalendrier de l'Egliſe ceux qui ay
ant eſté des toure eternité deſcrits >
1
dans le liure de Dieu , ſono main .
tenant enroollez en celuy de l'E .
sh E 3 glife
: La Challe
gliſe & inſerez au nõbre des biena
heoreux.Car tu dis que les Ieſuites
emporteront en fin par menſonges
& importunités, qui leur ſont pro
pres, quele bien -heureux Ignace &
Xauier queto affermes eſtre hypo
crites inſignes , foyent canoniſez ,
ainſi que teſmoigne Bocace , que
Chappeller du Prat ſuperlatif en
toutes ſortes de meſchancetés , fur
canonìzé par les ames idiotes au
Monastere des Cordeliers de Diz
jon. Donc à con dire noſtre S. Pere
peut errer en la canonization des
Saincts. Quc pourroit dire d'auan
tage vn formel & ouuert heretiques
Non non . Les Catholiques siegnés
que ce ſouuerain Pontife aſsis au
throſne de S.Pierre ,otprepointer
vn faict de fi grande importance .
Car que s'enſuiueroit il de la Qu'vn
homme damné & citoyen de l'En.
1
fer , feroit eſtimé de l'Egliſe bien
heureux & Citoyen du Ciel , ve .
neré & adoré d'un chacun . Que
le Diable auroit bien gain de cau:
fe, lors voyant porter chandelles à
en fien compagnon de damnation ,
Quand ,
Du Renard Paſquits. 103
Quand , il y a quelques années ,on
commença a reuoquer en doubiela
ſaincteté de Fælix premicremene
Pape ſchiſmatique, mais puis apres
legitime & martyr, (hiſtoire remar
cable s'il en fut onques ) Dieu cela
moigna par vn miraculeux hazard ,
combien il aſsiſte au S.Siege, au ju .
gement de la Saincte de les ferui.
teurs.Ceſte tienne do &trine croulle
& esbranle la veneration & honeur
de tous les Sainets.Car fi le S.Siege
elt crompé en celay.cy , il le ſera en
celuy - la , & au tiers & au qaart &
sien ne demeurera afleuré.
Pefquir . Ne voyes vous pas. To
exemple fourny par Bocaccia
Le Theologies, Vragement cu em
ployes un bon teſmoin , vn bouffon
comme toy , vn fale & vilain Sati
re tel qu'on diet que tu es , & qu'on
iccognoiſt cel par les vers impudie
ques que tu eſcris à ta femme.Mais
ainſi ſoit qu'a Bocace ſoit deu l'hős
Deur de toute croyance , comme à
vn Autheur de marque. Quoy pour
cela ? Il y a autant de differenc :,
entre ce qu'il dia & ce que tu dis,
Et
qu'en
Lá Challe
qu'entre la terre & le Ciel, entre
vn grain de millet & le premier
mobile. Tu parles d'vn qui ſeroit
canonizé par noſtre Sainct Pere:Ec
luy d'on qui le ſeroit ſeulement par
des ames idiotes . Les particuliers
Chreſtiens, voire meſmes les Egeſ .
ques , chacun à par foy , peut errer
aux choſes de la croyance Mais
non pas ce ſouaerain Pontife , au
quel noſtre Seigneur à diet en la
perſonne de S. Pierre Rogani pro to
Petre vf not deficiat kades t44. l'ay priė
pour toy afin que la foy ne deffail .
le. Pour ceſte raiſon appartient au
feul Pape priuatiuement de tout
autres d'ordonner le Symbole de la
Foy . De meſmes en ceſte deſcrip .
cion heureuſe qui ſe fait des faincts.
en la matricule des Citoyés du ciel ,
apres le premier enroollement és
cayers de l'Egliſe en leur Bapteri
me , ne peut eftre circonuenu ce
throſne de S. Pierre . Si bien pour
roit celuy de S. Iacques en Ieruſa
lem , deSainct lean en Epheſe , de
Saint Marc en Alexandrie , d'Euoa
dius en Antioche, de Sainet Denys
à Paris
Du Renard Pafquis .
à Paris,de 'S aina Irenée à Lyon . A
plus forte raiſon le Siege Bezean
au deſnombrement de ſes Saipats ,
Caluin ,Pierre Martyr & autres.Tu
es donc fort erronee Paſquin &
m'aflegre - ie du toutherériqie .
Paſquin. Cela eſt faux vous parle
résmisux , quand il vous plaira , ou
quand vous ſerez ſage, gentil Doc .
1 teur . Ces Meſsieurs icy ſoubs om .
bre qu'on leur a donné à la grande
fale de Monſieur de Paris vn bon
ner à quatre cheminées pour euda
porer le feu & fumée de leur cho .
lere , & qu'ils ont vn mitou a l'ene
tour du col , Ils veulent alleruir
tout le monde à leur Loix , & l'ar
fubie &tir à leur cenfure. Defquels
ilne le faut eftonner s'ils Courtien
nent les feſuites: Carils ont esté &
. Ceux - cy , & ceux -la, les boutefeux
de France , leſquels ſoubs pretexto
de youloir renuerfer l'Hérelie re
repaiſſent de la fumée des belles
promeſſes qu'on leur faiſoit , vou . i
İoyent baftir leur grádeur dans les
ruynes de cer eſtar.
Le Theologien , Meſsieurs voyla va
E 5 aut.e
LH Chaffe
autre tour de Renard . Apres se
ſtre deffendu , apres auoir fuy.,. ef
quiué & s'eſtre deſguilė, le Renard
pille, ſoubs voftre reuerence , & de
1a. queuč il reſpand l'rrine de fes,
iniores contre l'ordré ſacré de
Meſsieurs les Theologiens , dçr
quels ie ne ſuis que petit appren .
ty & tres -humble feruireur. Orga
pallons outre.

CH AP. VT.
Confutation de la calomnie ie &tee auxilea
Suites, d'etre Abailardiſtes. La malice ſecrete
te de Paſquin defcouueric.

ENquoy crouges- tu que les Ic


-ſuites ſont Heretiques ?
Paſquin. Ils ſont Abailardiſtes, ay
ans faict reviure en noftre France
l'erreur de Pierre Abailardus , qui
ne croyoit aux articles de la Foy
que ſoubs benefice d'inuentaire ,
Car tant qu'il en trouuoit, & qu'on
luy en poauoit prouuerpar raiſon
naturelle auſsi en tenoit-il, & non
point d'auantage. Ainli font les le .
fuites. Preque.Maldonar en fes le .
çõs le melois de traicter cette que.
ftion ,
Du Renard Paſquix . 107
Ation , an fit Deus, & la diſputoit, in
piramque partem par raiſons naturel .
les. N'eſt ce pas etre Abailarditte ?
Le Theologien. Paſquin tu n'es pas
Abailardiſte , mais tu es vn grand
babillard, & coy qui appelles René
de la Eon Maiſtre Tor , tu es biena .
uec Palquier yn Archi-Maitre for,
ſot par nature , par becare , par be
mol, for å la plus haute game , for à
Isiple ſemelle, for à double teintu .
re , & ceint en cramoifi , ſot en cou .
tes eſpeces de forcile. le ne dis pas
cela poort'iniurier,maiscompatiſ.
fant à ta miſere . Ne ſçais cu pas que
en noſtre foy il y a deux ſortes d'ar
ticles.Les vns ſont cognus & par la
Foy , & par la lumiere de nature,bié
que plus imparfai @lement , íels
font ceux -cy , qu'il y a vn Dieu , que
1
Dieu elt tour puiſſant, qu'il eft bon
& iufte , qu'il a prcuoyance de tous
tes choſes , & que par ſon infinie
ſagefle il les gouuerne, Saint Paul Ad
Heb .
le teſmoigne aſſés par ces propos . 7
Il faut que celuy qui s'achemine
à Dieu ( à ſçauoir par la Foy , qui
eſt la premiere pierre de notre
E a infti .
106 Lt Chaje :
iuftification ) croye au preallable
qu'il y a vn Dieu , & qu'iceluy elt
le guerdoneur , recompenſant ceux.
qui le cerchent . Les autres ne peu .
uint tomber en noſtre cognoillan
ce que par le ſeul moyen de la Foy ,
Tels que ſont ceux qui nous pro
poſent le myſtere de la Trinité, de
l'Incarnation , de l'Euchariſtie &
autres . Ec toutes fois combien que
ces derniers ne ſe paillent prouuer
euidemment par raiſon , li eſt - ce
qu'on peut monſtrer qu'ils ſont e .
uidemment croyables. Ceſte eui
dence conlilte en ce qu'on monitre
par raiſon , que non leulement ils
ne ſont point contre la raiſon,bien
qu'ils ſoyent par deſſus & qu'ils ne
contiennent en foy aucune abfur .
dire : Mais auſsi qu'ils ont tant de
bonnes & belles probations , que
l'homme ſelon la droi @te -reigle de
prudéce eſt obligé d'y preſter Foy .
1. Pet. Le Theologien qui comme enſei.
3*
gne l'Eſcricure doit eſtre touſiours
appreſté a rendre raiſon de la Foy
a quiconque la luy veur debarre ,
doit eſtre bien duict & dreté en ce
preo
De Rendri Paſquir . 10g
premier & ſecond genre d'articles;
afin de prouuer les yns euidément
par raiſon naturelle contre les In
fidelles , & rouſtenir les autres, les
illuſtrer , enrichir, expliquer. A cé 1.Cor.
propos dict l'Eſcriture , que outre 120
les miracles , quelques vns ont re
ceu la parolle de ſapience en ce que
par raiſons ſurnaturelles ils expli
quent la Foy, & les autres la parole
de ſcience , en ce que par raiſons
naturelles & priſes de la Philofo
phie ils contribuent à ſon explica .
cion, illuſtratio & defenſe . Abailar .
dus a eſté vn vray Heretique, car il
ne vouloit croire aucunsarticles de
noſtre Foy,qu'on ne luy monftraft
cvidemment par raiſon : le Pere
Maldonat lelaite n'eſt aucunement
Hererique , mais Catholique, car
croyant tous les articles de noftre
Foy , & par la foy , tant du premier
genre que du ſecond , il recherche
les raiſons paturelles qui prouuent:
Peaidence des premiers , &.. la cre
dibilité des ſeconds , non pour ſoy
ny pourſes eſcoliers auquels ſuffiſt
la Foy, come eltás tous Chreſtiens,
E T mais
La Chape
mais pour conuaincre les Athées ,
Idolatres , Mahometans & Juifs .
Paſquinne (çais-tu pas que l'Ache . 0
iſme, qui eſt le centre auquel abou .
tillent toutes les hereſies, comence 9
maintenant à pulluler ſur le declin d
de celle de Luther & de Caluin 1
Pourquoy veux - tu donc nous ar.
racher nos armes , par leſquelles
dous puiſsions terraſſer l'Atheiſ.
me? Pourquoy veux - tu que ce ſça
uant Docteur Maldonar , ne puille
nous forger & eſguiſer ces armes ,
prouvant par raiſons naturelles G
qu'il y a vn Dieu ?Et Meſsieurs que
l'impudence de l'orgueil & ignorá
ce eit grande ! Voicy vn gratepa .
pier , vn caureur , vn babillard , vne
grenouille de Paris , yn clabauld de
Cohuë , car onques, il ne merita ce
uoble tiltre d'Adoocat, qui n'aia
mais bien entendu la matiere de
Stillicidijs , ny de Vſucapionibus ,
qui veut entamer celles de Thcolo
gie , auſquelles il eſt du tout aueu .
gle . Il cenſure les Maiftres en leur
meitier, & veut apprendre à vn ge
11 : sa Id'armée de ranger fes batail
konse

1
Dr Renard Pasquini
lons ,luy qui ne vitiamais homme
armé qu'en peinture . Il coarne en
mocquerie du bien heureux Ignace
Pere & fondateur de la compagnie ,
qu'on le rire ſans liure marqué de
do & rine, & auec le chappellet pa
rure des femmelettes , & tefmoja
gnage de fon ignorance. Ce fainet
hõméeſt ainſi depeinctpour mon =;
Atrer,en quoy il excelloic plus. Car:
combien qu'il furt dodte & aboa .
damment verſé aux Sainctes let :
tres , & ſur tour au maniement des
conſciences, fi eft.ce que ſon prin .
cipal, come de tout Autheur d'or
dre Religieux , eſtoic la piecé. Le
chappeller qu'on luy donne entre
fes mains leuées au Cielaa pied du
Crucifix , n'eſt en luy ſigne d'igno .
rance, come impofe Paſquin, mais
de rare deuorion enuers lefus & la
Mere, I'vn & l'autre protecteur de
toute l'Egliſe ,& de tous les ordres
qui bataillent enricclle. Mais ie re.
torque cefte irriſion contre Pala
quin à meilleur droict , & dis que
pour peintre bien apris qui entre
prédra ſon portraia ,luy deniera ie
miaka
'
La Chape
mafleure & lechappellet, & le lir
ure , & la main melmes . Lechap .
pellet, parce qu'il n'a ancun refere PE
timent de deuotion , ce qu'il refa
moigne qualifiant le chappellet , la
parure des femmelettes & fymbo .
le d'ignorance, combien qu'il orne
de long temps le col , les mains, les CE
Goſtés des plus grands Docteurs de fit
P'Egliſe. Le liure, combien que tant
affe tioné de Paſquin, luy ſera tou
tesfois refuſé , parce qu'il eſt igno
rant en la Saincte Eſcriture , mara
quée par ce livre,Le peintre ſe gara
dera bié de la ley mettre en main ,
main tant prophane , de laquelle
elle eſt rant indignement maniée.
Finalement ne ſeront octroyées à 7
fon tableau les mains, non pour re • HE
preſenter en lay la ſincerite de la les
Loy Cincienne à n'admettre point
de preſants,mais le peu de pouuoir
qui eſt en luy, reſemblant au Soleil de
de Feurier quin'a ny force ny ver ni
tu . Rien ne luy refte que la langue, do
& vo peu de babil auec lequel ilme d
nace les Iefuites en cefte forte . Au m
demourant donnés ordre que les lo
voftras
Du Renard Paſquix
poftres n'eſcriuent plus ou s'ils er
criuent qu'ils ſoyentplus ſages ſur
peine de perdre voſtre ordre . Le
poauoir de nuire aux Jeſuites ne
luy faict prononcer ses parolles ,
mais la crainete de leur touche.Car
tel menace qui a grand paour . Vsay
eft quc fi i'eltois du conſeil des le .
ſuites , ie leur donncrois aduis de
meſpriſer les fornettes de ce bouf
fon. Et d'ailleurs comme les Ieſui.
des ne ſont fouls intereſſés par ce
galád ,mais toute l'eſcole de Theo
logie , laquelle il bar à flanc faiſant
ſemblant de bracquer ſes artillea
ries contre la lacieté de Icfus , ic
m'affeure que de ceſte efchole de
Theologie ſortiraquelque feculier
armé de zele & do & rine, qui bail.
lera auec le vol de la plume telle .
mene la challe à ce Renard, qu'il le
côtraindra ſe mufler dans le creux
de ſon ignorance , & d'vn ignomie
nieux filence . Mais ce que pourroit
deſirer ce Theologien qui ſe reno
droit defenſeur de la cauſe come
mune de toute l'eſchole de Theo .
logie , ſeroit que paſquin ne com
bacist
L# Chaft
batift plus ſoubs les armes d'au mo
truy & ſoubs vn nom emprunté . , to!
mais qu'il ſe miſt en campagne ,ap . he
poſait ſon nom à ſon ouurage. Lors
on voiroit ce Theologien armé de 94
toutes pieces de l'antiquité & pro
phane & ſacrée , venir fondre ſur 66
Paſquin comme le faucon ſur le ca tre
nard. Paſquin tu te veux faire bat .
99
tre en poche.Ne faut pas faire com PE
me les grimaulds de college qui fa .
uoriſés du benefice de la nui& , 00
be
de l'obſcurité d'un lieu , reicotent
& ruënt grommades incognus l'on de
à l'autre . Allons l'eſpéc blanche ety ri
main au pré aux Clercs,, c'elt a dire
en cecombat des lettres & de iafti
ce , ou la malice armée d'vn peu de
jargon attaque d'yn coſté, & liver.
tude l'autre equippée de ſciences
& d'eloquence defend la cauſe non
tant des Ieſuites , que de tous les for
Theologiens .
Paſquix. Meſsieurs, dire monoray
nom ie ne puis pour encores,le de .
fire eſſayer auparauant quel ſuccés
auramonæQure . Touchát le point
qui ſe craite pour le preſent , ie
VQUS
De Reward Paſquin ITS
vous confefferay ingenuement que
comme ma profeſsion eſt autre , ie
ne ſçay pas toutes les diftin & iong
de Thcologie : Toutesfois ie l'ay
quelque peu effleuree , & allespour
ma proviſion & vlage. Mais di& cs
ce qu'il vous plaira , ie ne ſçaurois
trouuer bon que on forme celte
queſtion. An fitDeus, qu'on la diſa
pute iw wramque patrem , & en fin que
onla decidepar raiſons naturelles ,
la foy qui ne peut contenir aucu
ne fauflete comme eftant emanée
de cette premiere & ſouueraine ve .
rité , nous doit plus que ſuffiſam .
ment ſuffire,
? Le Theologien , ôle traiet de Renard
qui veuc olter au Theologien fes
ármes contre fes ennemis , qui ne
battent le Chriſtianiſme que par
Philoſophie, vaine tromperie ,ainſi
L'appelle ſainet Paul. Quelle diffe- ad co
rence y a-il entre Paſquin deſro . lof.2.
bant au Tihcologien la raiſon natu
relle , & fulienl'Apoftat , qui fe- In In
lon la plainte quien forme Sainct lian .
Gregoire de Nazianze interdiſoit inued .
aux Chroíticas l'eſtude des lettres do
Lecuo
Le Chale
feculieres & humaines , afin d'en
venir bien toſt about? Et quand il
condamne le Pere Maldonat il
condamne en luy toute la venera
ble eſchole de Theologie ,qui pro,
6 : de demefme maniere : Partiva &
lierement ceſte grande lumiere &
cinquieſme Docteur del'Egliſe S.
Thomas d'Aquin, qui ne pred d'ails CU
leurs le commencement de la ſom , Q
me que de cet article , An fit Deus ,
afin que commeDieu relyit en tous ,
les frontiſpices descreatures,apſsi
face il en celuy de fon cuure . Pala P
quin qui en fon ame le mocque de
ce Saina Docteur & de tourelles
chole , n'olanttoutesfois les heure,
ter , chocque yo de cette ſaindle
profeſsion , afin que du iugement
qu'il fera deceluy - la , par tacite &
ſecrette ſentence tout bon Achée
Cd
face en la conſcience paller cona
damnation au reſte.Quine deſcoue
vriroit con artificePafquin .
Paſquix , le ſuis forc bon Cacholi .
que, car ic ſuis bon Papiſte ..

-13 1. CHAP
Da Renard Paſquin .

CHAP. VII .
Que les -Iefuites »ne font point Papelards,
comme lescalomnic Paſquin : Au contraire que
Palquin et pray Papelard.

Le Tbeợlogie”. TV te dis tel pour


mieux tromper en
Renard . Mais en effet tu n'es au
cunement Papifte , ains Papelard.
Que tu ne fois Papilte , il eſt allés
evident par tes paroles. Nous ada
uouõs; dis -to, le Pape Primat, mais
non Prince de toutes les Egliſesi
Pourqnoy n'eft il pas Prince ?
Paſquin . Par ce qu'il eſt ſous le
Concile .
Le Theologien. Belle raiſon. L'an .
cienne Sorbonne ne l'a jamais defi .
ny , la mitoyenne la creu , la nou .
uelle ne ſousfcrira jamais à cela
comme ie croy : Toute l'Allema .
gne , Italie , Eſpagne , Pologne ,&
ce peu qui refte d'Egliſes en An
gleterre, Eſcofle, & tous les sutres
endroiets de la Chreftiente , cien.
hent en tout & par tout le contrai.
re . Mais qu'ainſi ſoit , le Pape ne
la lle pas pour cela d'eſtre Prince .
Le
La Challen
Le Roy d'Aragon elt Prince & Roy ,
bien qu'il ayo pardeſſus luy , ie ne
diray pas les Eftats , mais vne for
te de Magiftrats foutenue en ene
ſeule perſonne , que les Aragonois
nommene luftice:
Basquir. Le Papen'a point de val .
Saux pour etre Prince. "
Le Thcologiex. Ce ne ſont pas les
vallaux qui font le Prince , mais les
fubieas: Autrement nous aurions
dix mille Princes en France , Au .
tremět ces Anciés Monarques n'au .
roient point eſté Princesgau temps
deſquels n'eſtoit encores cognu le
droict de vaſſelaige. Si les ſubie &ts
relevant d'un chef en ſouucraine .
té conſtituent & font le Prince ,
le Pape eſt vrayement Prince , le.
quel a des ſubiets en droict de fou .
veraineté és chores ſpirituelles . Il
eft d'apautage Monarche . Carſon
eftendue eft tout le monde . Il eſt
leMonarche hierarchique , & hic .
sarche Monarchique en ce ſainet
& ſacre Empire des ames , dugael
la Monarchie non ſeulement ſur .
palle toute autre en amplitude , en
de.
Di Resord Pafquis. 11
devoirs , & en police , car le touty
eft fpirituel : Mais en inftitution ,
originc , & neceſsité . Les autres
Monarchies ſont par ſoubmiſsion
des peuples à vn fouuerain : Mais
celle de S.Pierre de Dieu ,qui l'a de
fa bouche immediatemét inftituée.
Mais quand to attaches la qualité
de Prince au droit de paſſelage Para
quin , l'ay peur que tu te feras iuger
auſsi idiot en la juriſprudence que
ignorant en Theologie .Tu dis pour
eſtançonner ton errear, que Sainet
Pierre & Sainat Paul font mal ap
pellés par l'Egliſe Romaine,Prii
ces . Ne vois -tu pas que cet Epi .
there leur eſt donné auſsi bien en
la France , Eſpaigne , Allemaigne,
Pologne , qu'en la propre ville de
Rome . Tuen veux touſiours à ce .
Ate Egliſe. C'eſt pourquoy i'infeo :
re que tu es papelard & non pas
les Icſuites , que tu qualifie de ce
beau nom . Car ſi papelard ſelon
la definition que tu en dornes , elt
celuy qui fayſant brav femblant
d'obeyr å noftre Sainct Pere le
Pape , luy eſt du tout contraire,
les
Le Chable
Le Roy d'Aragon eſt Prince & Roy ,
bien qu'il aye pardeflus luy , ie ne
diray pas les Eſtats , mais vne ſor
te de Magiftrats ſouftenue en ene
ſeule perſonne , que les Aragonois
Bomment luftice:
Pesquis. LePape n'a point de val .
faux pour eftre Prince . !
Le Tbcologiex. Ce ne ſont pas les
vaſſaux qui font le Prince , mais les
fubie &ts : Autrement nous aurions
dix mille Princes en France , Au .
tremer ces Anciés Monarques n'au .
roient point efté Princesgau temps
deſquels n'eſtoit encores cognu le
droict de vaſtelaige. Si les ſubie &ts
relevant d'un chef en ſouucraine.
té conſtituent & font le Prince ,
le Pape eſt vrayement Prince , le
quel a des ſubiets en droict de lou
ueraineté és choſes ſpirituelles . Il
eft d'aqautage Monarche. Carſon
eftendue eft tout le monde . Il eſt
le Monarche hierarchique , & hica
şarche Monarchique en ce ſainet
& ſacre Empire des ames , duquel
la Monarchie non ſeulement ſur .
palle toute autre en amplitude , en
de
Dů Renard Paſquia . 110
deuoirs , & en police , car le touty
eft fpirituel : Mais en inſtitution ,
-originc , & neceſsité. Les autres
Monarchies ſont par ſoubmiſsion
des peuples à vn fouuerain : Mais
celle de S.Pierre , de Dieu , qui l'a de
fa bouche immediatemét inftituee.
Mais quand to attaches la qualité
de Prince au droit de paſſelage Pala
quin, l'ay peur que tu te feras iuger
auſsi idiot en la juriſprudence que
ignorant en Theologie . Tu dis pour
eſtançonner ton erreur, que Sainct
Pierre & Sainat Paul ſont mal apa
pellés par l'Egliſe Romaine,Prii
ces . Ne vois -tu pas que cet Epia
there leur eſt donné auſsi bien en
la France , Eſpaigne , Allemaigne ,
Pologne , qu'en la propre ville de
Rome . Tuen veux couſiours à ce .
Ate Egliſe. C'eſt pourquoy i'infeo :
re que tu es papelard & non pas
les jeſuites , que tu qualific de ce
beau nom . Car fi papelard ſelon
la definition que tu eu dornes , elt
celuy qui fayſant brav ſemblant
d'obeyr å noftre Sainct Pere le
Pape , luy eſt du tout contraire ,
les
# 20 La Chaſe
les lefaites ne ſont pas Papelards,
que cu recognois toy.meſme en ya
autre endroit auec manifeste con
tradi &tion ( quieſt la plus ordinai .
ré figure & Heur de rhetorique feo - F
mée par tout ton cuure ) tu reco
grois dis -ie non -ſeulemét ſubie& ts , to
mais vaiſtaux du Pape . Ceſt toy
doncques qui es le papelard , car te
diſant Papiſte , tu es vn grand en
Demy du Pape . Et tout ton faiet
n' q
pour vſer de ton terme, eſt ue
papelardie. Si tu parles peu digne
ment du Pape tu n'en fais pas
moins des Conciles , bien que tu
prenes , ce ſemble , l'affirmative
pour eux contre le Pape , logeant
le Concile au deflus du Pape. Or
qu'ainſi ſoit , voicy tes beaux pro
pos que tu tiens du Concile de
, Trente . Approuuer le Concile de
Trepte eſt faire breche tant à la
Majeſté de nos Roys , que aux li .
berrés de noftre Egliſe Gallicane.
Ce Concile a effévn des plus gráds
compoſé des plus ſignalés homes,
& auquel ont eſte definis agtant
d'articles importants, qu'autre qui
ongues
Date Renard Paſquall. 121
enques ayeefté. Et toutesfois voile
commetu en parles.Vn vray Catho
lique n'vſeroit iamais de ces termes ,
mais defircroit que il fuſt recen en
France . Cela n'empefcheroit pas que
fi le Roy ou l'Eglile de France deft
roit quelquemodification , diſpenſe,
priuilege ou grace, on ne peuſt auoir
recours au Sainat Siege, quipeor diſa
penſer furle Concile.le me luis laiſſé
dire, qu'vn SeigneurHuguenot de
1 ce Royaume, ayant faict lecture de ce
Concile, auoit teſmoigné en bon lieu
n'auoir jamais veu rien de fi. Sain &
apres les Sainctes Eſcritures. Il en
parle auec plas d'honocor que toy
Paſquin . Dieu luy odroye tant de
bien , qu'en recompenſe de ce beau
iugement donné en faveur du Sainct
Concile , & des charitables offices
qu'il faict à pluſicurs Religieux , ille
ramene au giron de l'Egliſe. Il eſt
moralement trop bon , pour mourir
.
Huguenot, ainſi que Sainet Gregoire defaire
de Nazianze parle de ſon Pere . Pour Pai.
ton regard Paſquin , tais- toy infigne
pippeur, renard , voiléd'vn faux man
teau de Catholique pour mieux tró .
per & deccuoir . Pour tout potage tu
F OS yn
L4 Chage
les lefaites ne ſont pas Papelards ,
que cu recognois toy.meſme en ya
autre endroit auec manifeſte con
tradiction ( qui eſt la plus ordinai .
ré figure & fleur de rhetorique fe
mée par tout ton cuure ) tu reco
grois dis-ie non ſeulemét ſubie &ts, 10:
mais vaiffaux du Pape . Ocft toy pr
doncques qui es le papelard , car te
diſant Papiſte, tu es vn grand en
pemy du Pape . Er tout ton fai & t
pour vfer de ton terme , n'eſt que
papelardie. Si tu parles peu digne
ment du Pape , tu n'en fais pas
moins des Conciles , bien que tu
prenes , ce ſemble , l'affirmative
pour eux contre le Pape , logeanc
le Concile au deſſus du Pape.. Or
quainfi ſoit , voicy tes beaux pro
pos que tu tiens du Concile de
, Trente . Approuuer le Concile de
Trente eſt faire breche tant à la
• Majeſté de nos Roys , que aux li.
bertés de noſtre Egliſe Gallicane.
Ce Concile a eltévn des plus gráds
compoſé des plus ſignalès homes ,
& auquel ont eſte definis agtant
d'articles importants , qu'autre qui
onques
Du Renand Paſqual 121
ma ques ayeefté. Ez toutesfois voila
comme tu en parles.Vnrray Catho
Jique m'vſeroit iamais de ces termes ,
mais delireroit que il fuſt recen en
France . Cela n'empefcheroit pas que
i le Roy ou l'Egliſe de France deft
roit quelquemodification ,diſpenſe ,
priuilege ou grace, on ne peuſt auoir
recours au Sainat Siege,quipeut diſ .
penſer ſur le Concilc. le me luis laifié
dire , qu'vn Seigneur Huguenot de
ce Royaume,ayant fai &t lecture de ce
Concile, auoit telmoigné en bon lieu
n'auoir iamais veu rien de fi Saina
apres les Sainctes Eſcritures. Il en
parle auec plas d'honocer que toy
Peſquin . Dieu luy octroye tant de
bien, qu'en recompenſe de ce beau
iugement donné en faueur du Sainct
Concile , & des charitables offices
qu'ilfaict à pluſicurs Religieux , ille
ramene au giron de l'Egliſe. Il eſt
moralement trop bon , pour mourir druk .
Huguenot, ainli que Saint Gregoire dofu.
de Nazianze parle de ſon Pere . Pour Pat.
ten regard Paſquin , tais -toy infigne
pippeur,renard ,voilé d'yn faux man
teau de Catholique pour mieux tró .
per & deccuoir . Pour toutpotage tu
F OS yn
122 La chake
os vn Renard , vabavard , babillard, Nic
papelard , & plus inſigne hypocrits pre
que ton Abailard. de
Paſquik. Vous cftes vn gentilMa. it
gifter nofter de Cornibus , ou Magifter de Cs
Magiftris , yn gentil Maiſtre Thibaut
argumentant en ceftc forte , fic habetur
pa
ire breuiario meo , ergo fic eff , & quand on qu
luy intere de cing nations cinq per pe
onnes in diuinis, & quacre de quatre Is
relarions , reſpondant , quid mihicum be
quinque nationibus,quid mihi cum quatuor Rent le
lationibus ? Tresfunt perſone ix diuinis, bac eft
fides mea ,diſputa contra. de
ME
Le Theologiex. Paſquin voila va nou
beau traiet derenard , Oril eft de ton lo
ercu. Ainſite moques tu de la faculté
le
de Theologie, de laquelle tu faiſois va
trophee cótre les Peres Ieſuites.leno
veux m'arcſterà tes bouffonnages, ie
pourſuyuray feulement les erres de be
top procez .
CH A P. VIII . po
Paſquin fonteift les msximes aux bereliquos ha
pour batere l'Egliſe. Les rufes ao artifices de P2
Salas de convertes au fait de Paſquin . Pi
E dis donc que tu es vn Herctique ME
1
couuert, & en ce faict ie produis
ROHuello preuue.Tufournisles argu. co
mens manifeftes & cuidens aux here
Te
tiques
Do Reward Pufquia.
siques de notre téps, pour combat
tre le Sain & Siege , & loger l'erreor
de la doctrine au tbrofne de S. Fier
re . N'eſt - ce pas du tout le renuet fer ?
Corpourquoy en faiſons nous figrad
eas ? Et - ce pource qu'il eſt encud Epi.ad
par deffus tous les autres thrones **:07 .
frat .
qui releuent de loy , & comme l'ap
pelle SaintCyprien , qu'il eſt ceſte
Egliſe vnc dịuiſee en pluſieurs mem -
bres par tout le mode, & vn Euaſche
reſpandu par vne concorde mulrita
de d'Euelques : Ce n'eſt pas ſeulea
ment pour cela . Mais c'eſt principa
lement parce que l'erreur nc fe peut
impatroniſer de ceSiege ; faut qu'el
le aille ſieger ailleurs . Car ce throſne
eftant celay de Sain &t Pierre,comme
a recognu touſiours l'antiquité , ila
berite en ſon lot & partage la pro
meſſe de noſtre Seigneur , l'ay prié
pour toy Pierre , afin q ta foy nede
faille, ces propos s'entendans princi.
palement de la foy publique de Sainct Epi.ed
Pierre logee dedans fon throlne. Le Cornel.
meſme S. Cyprien parlant des Ro. contr.
mains reprend Nouat, qui pèſoit cir- here
cóuenir les Romains, de ce qu'ilne ſe ticos.
reſouuenoit @ c'eſtoient ces Romains
2 dola
124 La Chape
deſquels la foy à elté louec par l'A .
poltre , & chez leſquels, dift.il , la
perfidie ne peutauoir entrée. Voyla
1
la raiſon pourquoy nous portonstát 10
d'honneur & de deuorion à ce Sainct HE
Siege. En l'ancien Teſtament Dicu
commandoit , qu'ès differens desiu .
gemens entre lepre & lepre, on eult
recours au Tribunal du grand Pre
ftro . Le Tribunal de la Synagogueeft C
pour le iourd'huỳ changé en celay
de l'Egliſe, & le throſne de Moyſe on
celuy de Sainct Pierre, tranſporte de
Ieruſalem en Rome , & pour micux
parler.de Ieruſalem la luifue en le
ruſalem la Chreftienne. Throfae S.
aux piedsduquel ne pouuant tousles
jours feſchir les genouils de mon
corps, au moinsieplić les genouils de
mon ame pour y baiſer, voire mettre
fur mon chef les ſacrez pieds de S.
Pierre , & de tous les ſucceſſeurs.
Rendre ce Throne du nombre des
autres, à fçauoir fautif, ſubiect à er .
reur & faufieté de doctrine , eft l'ar.
racher du tout : C'eſt luy oker l'eſe
prit & le fuc, & neluy laiſſer rien que
le corps & le marci car s'il n'eftoit
plus infaillible , bien qu'il demeuraft
gene .
Du Renard Paſquie. 12
general, ilac leroit plus throfne de .
SaintPierre.Or Paſquin tu le rends
sel , tu y fais afſcoir l'erreur , & par
conſeqaent ta ' le renverſes par terre,
tant que tu peux . Voyons comment,
voicy ta doctrine. En ces væus fim
plesle lefuite iouế trois perſonnages,
de Ieſuite , d'Herctique, de Machia- ,
welifte, pouvant apres l'emiſſion d'in
ceux etre releaé par les ſuperieurs
de la promeſſe , & remis en con pres ,
mier cftat : Voyres melmes le veu ,
fimple de pauureté , demeurant fur ,
pied , le Ieſuite peut auoir le domaine ,
de ces biens prefens & ſucceder aux ,
futurs. De dire que noſtre S. Pere ,
ayc approuué tels vous , eft mettre ,
la Papauté , en la plus belle butte que ,
om puiſſc enuers nosaduerſaires.' le
ne veux que ceſte ſeule piece en leur
| main pour en triompher , ſi elle eſtoie
vraye. Sur ceſte doctrine ricone , de
laquelle l'Heretique le ſeruira pour +
mayeure, il baſtira ſa mineure en ce .
ſte ſorte, atqui le Pape, voire les Pa .
pes ont approuué en tout & partout
tels yæus ſimplesdes Ieluices, en leur
nature, en toutes leurs qualitez , cis
confances, adiacens, dependans, te
F nans
1:20 k charte
aans & aboutiſans, De ta maicure &
de leur mincare ils circront par bóne ld
conſequence cette concluſion. Don .
ques la Papauté eſt en tresbelle batce 10
enuers ſesennemis, Ilspeuuéttriom. M
pher d'elle ,elle eſtmiſe & com-pro
mis & liurec en proye, comme ayant
approuud l'herefic & la Machiauelif
me. La maicure eſt rienne Paſquin .
Hleur ſera facile de prouuer leur mi :
neure premierement par toutes les
Bulles octroyees ron par vn Pape,
mais par plufieurs Papes a l'ordre
des Ieſuites. Secondement par la prae
atique de cet ordre receuè & confir
McC par tant d'annees.en la ville de
Rome , a la veuč-preſence de certains
fciance du Saina Siege, qui toutesfois
deuoit retrancher les abbus preten .
dus.de celsveus , au cas , que celles
Bulles ne fuflent emandes de luyi Si
à la Rorre le droict de quelque ſuce
cellion ſe debat entre quelque lelui
te conſtitué en ces vous ſimples , &
aarres heritiers , le iugement le don .
ne conformement a cesBulles.Troi .
fieſmement par le commun vrage de
toute la Chreſtienté , laquelle reçoit
la compagnie des ſeſuites auec tou .
tos ces
Du Renard Pafgain . 127
fes ees ſortes de vous, de profés , de
coadiateurs formés, & veus ſimples,
& ſelon iceox ræus fimples admet
auxfucceffions ceux qui les ont faia :
Mermes dela France, combien qu'on
y cſplache de plus prés toutes cho .
ſes , principalementou le gros à insea
reſt , comrae il ſemble avoir icy pour
l'entretien de toutes Cortes de famil .
les & maiſons , illuſtres, nobles, ro
turicres. Regarde Paſquin quel plai.
fir tu fais aux Hereticques. C'eſt la
raiſon pour laquelle ton fils Palqui.
noau portant tes cuores farcies de
ces belles Hereliquos maximes à la
Rochieile pour les imprimer , à cléle
bion venu . & receu auec plus d'ac .
cueil , que celuy qui premierement
les pourvèor de l'oftitution de Cal .
ain . Tu qualifies l'eſchole des lelui,
tes le cheualTroyan , duquel lestra
pagnols ont fait ſortir ceux qui ont
mis la France en combuſtion roubs
ombre de pieté : Ainsi que les Grecs
auoiét du leur tiré ceux qui ſoubsero
pece de veu auoient allumé le brager
de Troye .Mais à meilleure raiſon ion
liare ſera appellè lechevaldeTroye,
duquel ſoubs pretexte de vouloir
F 4 de
129 be chap
defendre l'Egliſe Catholique, & perce
ticulierement la Gallicane, tu fais eſa
dore ces mcfchátesmaximes paricio
quelles les Herctiques voudrontfape
per les fondemens & croufler les paa .
rois de l'Egliſe en general , & en peo
cial de l'Egliſe Françoiſe. Au com
mencoment de nos malheurs Eraſme
Lo mit à pondre les eufs , Luther &
Calain les couuerent & tirerontles
pouſſins: de mernae tu as pondu les
maximes, deſquellesles Miniſtrestis
seront non despouſſins,mais desſere
penteaux , qui fe formeront en dra .
gons ſi on ne leur eſcraſe la teſte. Ton
liureeſt vn arſenail, auqael.ca as fon
du , & duquet ea fais lortir de nou .
aelics machines & pieces de bacterio
contre la Religion : Et pour ronde.
ment l'appeller , c'eſt ceſte nouuelle
forge d'Ethna., laquelle les anciens
Peres appelloyent va ſoufpirailde
l'enfer, en laquelle comme vn Polya
theme infernal tu forges auec tes ge
ants Caluiniftes les bales. & les traicts
deſquels tu veux battre la Sainete Cie
té de Dieu , o inſigne hypocrite ! O
vieil renard ! o fenex inxeterare malorum
auec ces faux vieillards de Suſanne,
fanné
Du Rended Pufauit . 129
tanné toute ta vie dans le pleio , & re;
recuiet cant & fi long temps dans le
fourneau de calomnie, herefis , tant
que nous pouuons prefumer! Penfes
la que nous ſoyons aueuglesà dei
couurir tes meſchancetez ? Nous re
cognoiſſons en ton faict, que le dia .
ble vſe en diuers temps de diucrsar .
tifices , & faict cirer iuſques à la der.
niere piece , mais ſi eſt -il fort aiſé de
defcouurie res rules . Les nouuelles
ſont les anciennes , & les anciennes
font rendues nouuelles maintenant .
Les Saincts Peres nous les ont defe
couuertes. Toy & tes partiſans, qui
font les Catholiques fardez , auec les
Hereliques manifeſtes,gardez ce que
anciennement practiquoyent les Eu
febiens & Arriens, & que nous trou
vons eſcrit dedans Sainct Athanaſele
grand. Car non plus ny moins que Orat.
les Enſebiedsn'olans profeffer pa- tegen
bliquement l'herefie , detloubs main
par artifices fauoriſoyent & conſer .
uoyent les Arriens, & pource perſe
cutoyent Achanale,premier codomine
de la Foy en lon ſiecle : Ainſi toy &
les ſemblable: faux Catholiques crai.
gnans vous declarer Huguenots , les
F5 aydez
et chaffe
ay dez ſecrettement, gauchtfaat par
voies indirectes, leur fournillez maxi
nes, & en fin faites la guerre aux le
fuitesdefenſeаrs de l'Eglife.D'auan .
tage au procez des Ieſuites vous ne
vous delpartez aucunement de la fame
çon de proceder desMeletiás & Ele
40.2 ſebiés deſcrite par le meſmeAutheur ,
Comir, qui auoyent tellemententreeux par
Arriña
tagé les embuſches par pacte & con
uention , que les Meletiens accuſoient
Athagale , & les Euſebicns le iugeoy
ent Toutesfois ces deux ſortes d'ho .
mes eſtoyent ennemis iurez : Aingi
Jes Heretiques accuſent les Ieſuites,
vous Catholicques a faux viſages,
voulez vous rendre luges : & les yns
& les autres eſtes les plus grands ad
derfaires aux lefuites qui ſoyent.
Peſquin . Notre Maitre fi vous a
vez quelques nouueaux argumens
contre moy , propoſez les tout à la
fois is vous ſupplie .

19 CHAP. X.

Porquin le declare tel qu'il est , appellant lis


exercicesdepiete, o --Religion ,chimagrees phar .
taſques, o defirent que les eſcholiers des lefui
lfs joieni nourrisa la Religion.Ambienne.
Du Benard Palgirin . 131
Le Theologien . Palquin l'en ay tant,
& ton liore m'é four
nift tant , que je ne les ſçaurois pro
poſer en un coup . Ic t'en vois for
mer deus à ce coup icy. Tu dis que
Ieſuites pourrifTent leurs elcholiers
en chimagrees fantaſques, & non en
gaillardiſesd'Eſprit ,comme les au .
tres Colleges . Par chimagrees far
taſques, indubitablementiu entends
la confeſſion de mois en mois ata
moins par obligation des reigles, la
confeffion & Communion de quinze
en quinze jours ,ou de huit en huiet,
la priere le ſoir en ſe couchant & le
matin en le leuant . Car par deſſus les
autres Colleges celuy des leluites
n’adioufte rien , que cela ſeulement.
Leurs eſcholiers pour le reſte ont les
melmes exercices que ailleurs, voten
clafTe comme ailleurs , y entodent les
melmes bons Autheurs , y . rendent
compte de leurs leçons, compoſent,
declamét, ſont nourris -les aucuns à la
muſique, ionënt tragedies, comedies;
voire iuſques aux farces , honeſtcs
toutefois afin de reluciller les eſprits,
& entretenir celte gaillardiſe, no que
defires , mais celle qui eft vertucule.
E Baat
8. Chille
Et tant s'en faut , qu'ils ſoyent nout .
ris en feruitude , qu'ils n'y ſont point
battus,matinez ,mal.menez pour leur
engendrer vne hainedes lettres,cóm
me en quelques endroicts que i'ay
veu . Hors la claſſe les regens depo
fans la grauité declaffe , laquelle ore
claſſe meſmes ils affaifonnent d'vne
grande douceur, ſe rendent comme
compagnons de leurs eſcoliers , afin
que la tendre ieuneſſe n'eſtant vio
lentee ou contrainte, rende les fruits
de ſon bon gré tels quefa bonté l'in
cline. Tout ce que i'ay dit , n'a aucu
ne eſpece de Chimagree . Par deſlus.
cela n'apportent-ils , & adiouftent:
rien a l'inſtitution des autres Colle .
ges, quelvſage des Sacremés, & au
ires exercices de pieté que i'ay (pé
cifié. Faut donc que ſoit ce , que tu
appelles chimagrees phantaſtiques.
Parler ainſi, n'ott -ce pas eſtre Here .
tique, voire avoir paſſé quarriere , &
eſtre vn grand irriſeurde ces Sainets
Sacremés vaiſſeauxde la diuine gra
ce, & les plus excellens exercices de
la Religion Chreſtienne Tute coup
pesla gorge,quand tu deſires que les.
elcholiers des leíuises ſoient nourris
Du Renard Paſquin .
en noſtre Religion anciéneCar tou.
tes ces Sainctes adions n'appartien
nent -elles pas a noſtre Religion an
cienae ? Notre Religion ancicone c
ftoit de cómunier chaque iour , puis .
la Communion fut reduiche au hui .
Cieſme ioar, par apres au bout du ·
mois. Et non ſeulement frequenter la .
Confeſſion & Communion eſtoit en
recommandation - parmy les anciens ,
Chreſtiens, mais depuis ce premier
aage del'Egliſe, aux ſubſequents, elle:
fe practiquoit és Colleges & Vniuer .
fitez en leur premiere fondation , le
me ſuis laiſſe dire que les seigles dès.
Ieſuites qu'ils propoſent à leurs au .
diteursconcernátes ceſte haotiſe frc ..
.
guente desSaincts Sacremens, & au .
tres points depieté , ne ſont des le .
1
ſuites que par emprunt, qu'ils tien
en
ment da College de Montagut la
premiere origine. Ou en - es tu Paſ.
quin , qui veux reduire l'inſtitution .
de la icuneſſe au modele de la Reli .
gion ancienne ? Les Ieſuite's ne font
ils pas ce que fayloyent les anciens
· Principaux de Mót- aigur, & les peux
tu reprendre dequoy ils fontavioura
d'hay garder ces Sainctes Loix à la
TEL :
L4 Chaſe
jeuneſſe,afin devuider césamesten .
dres du péché , y loger la craincte de
Dicu , & par ce moyen la fapience, &
le-Saine EſpritAutheur de la ſapien
ec. Toutefois ta propoſition ava ſens
chcz toy & en l'arriere boutique de
ton ame auquelelle s'entend . Tude
fires queles enfans ſoyedt nourrison
la Religion ancienne . Par Religion
ancienne , tu entends le meſme que
nos Hereticques, qui appellentleur
Religion l'ancienne & tirée des Apo
** Atres. N'est - ce pas eſtre Hereticque ?
Voyla mon premier argument. Mon
fecond eft tel .

CHAP, X.

La rufe de Paſquis ,quipour ſe mocquer des


Miracles faits par les Sainats , aitacque ceux
des biex -beureux izracede Loyola c Xanier.
Enquoy Palquin costinuea ſe deſcouurir. con
futation de ce qu'il allegue contre-ces miracles ,

" V.temocques :des miracles faicts


TVE par les bien -heureux Ignace de
Loyola fondateur deceſte compa
gnie , & François Xauier ſon compa
gnon. Tulesappellesreſueries , de .
ceptions diaboliques , illufions, fein .
etes, hypocrifies. Autaca en diras.ca
de
Du kenard Paſquit .
de ceux de Sainet François , S.Domia
nique . S. Benoiſt & autres. Et à la ve
rité il eſt bien ayſe à vn homme pru .
dét de deſcouurir ta tramc, & demar .
quer les chaſſes. Tu n'oleste moquer
de ceux que je viens de nommer,non :
par faute de bóne volonté de laquela
le tu ne manqueras iamais à blaſphe.
mer les Saincts , mais de peur de le
deſcouurir tout à fait, & le mettre en
butte contre tout le gros des Catho .
licques, & particulierement desRe
ligieux , aux forces deſquels il teſco
roit impoſſible de reſiſter. Tur'ado
ufes d'attacquer l'honncur de deux,
Mais ce que tu dis de deux , le pour
ra facilementdeftonraer contre tous.
L'hereticque fe feruant des parolles
iniurieuſes que tu craches contre les
bien -houreux Ignace & Xavier , les
employera auſſi bien contre S. Fran .
çois & contre Sain & Dominicqu :
deſquels il ne croit non plus la Sain .
deré & miracles., & les appelle auſſi
bien ſonges , reſueries & deceptions
diaboliquesque
, ta fais à l'endroit
de ces deux.cy. En deux doc tu veux
combattre le gros . Si sa reſponds,
ecs deux.cy font nouueaux venus,
leurs
La Chaffe
leurs miracles font tous frais, & pour
vſer des termes qui te ſoyent propres
on tos gauſſeries, de nouuelle date,
Belle reſponſe. Il ne faut donc croire
ay ceax de S. François, ny des Peres
anciens,ny des Apoſtres,ny des Pro
phetés , bien que couchez dans l'El
criture Saincte . Que dis - ie : ny ceux
de noſtre Seigneur , Carils ont eſté
d'autres fois ieunes d'aage. Auflie .
Itoyent-ils lorscombatus, no moins
que tu combas ceux des bien -heu .
reux Ignace & Sauier . Lemeſme ef
"prit qui pouſſoit les hommes à blab
1 phemer ceux -là ,t'a ſouffé en la poi
& trine les calomnies- qae tu iectes có .
tre ceux- cy :L'eſpritmalin , Satan ,
le diable , c'eſt à dire calomniateur,
duquel comme l'Eſcritureteſmoigne
hobis. en la perſonne de Iob , le propre et
d'accuſer & denigrer les Saincts de.
vant Dieu , les iniurier deuant les
hommes; ainſi que lesbons Anges au
contraire les louangent & deuátDica
& devant les hommes. Auſſi de la ca.
Jomnie le diable a - il tire le nom de
diable, car c'eſt-ſon principal meſtier
& la piece en laquelle ilexcelle . Siru
reſpoаd en ſecond lieu que les mira .
eles
Du Renard Pasquin . ! 3.7
eles de Saint François & autres ſont
trop verifiez pour les reuocquer ea
doubte , & moings pour les aecofer,
& que ceux - cy ne tiennent pas ce rág
ld , c'eſt vne reſponſe d'vn idior. Car
ic te replique premiçrement que la
verification ne faiet pas les miracles,
feulement elle en cauſe la certitudo :
Mais le miracle ck cauſe de la verifi .
cation . Il faut donc qu'il præcedc, &
combien qu'il ne ſoit pas encores ve .
rifié , li ne laiſſera - il d'eſtre miracle,
moins degra - il eftre accufé . Fais tel
honneur aumiracle duquel tu doub .
tes, que tu ferois ávne jeune fille ia .
condē, de laquelleſi tu ne peux pors.
ter teſmoignage d'honneur,au moins
ne la dois -tu iuger maunaiſe. Ta rel .
ponſe tend ſeulement a cela , qu'on
verifie ces miracles, Ce qui est le faict
de l'Eglife , qui dreſſe de bons pro
cez verbaux des miracles , Noſtre S.
Pere en comet la charge à ces grands.
Princes du ſang de S. Pierre , pour:
ainfi parler, Melſeigneurs les Cardi .
naux, fils du Sainct șiege , & Princes:
en ce facré Empire de l'Egliſe. Sion
en vient à ce poinct , Dieu qui a telo
moigné la Sainctete deces deux ſer .
viscurs
La Chaffe
niteurs fiengparplaſieursmiracles,
par ſa prouidence fai & qu'on en age
bonnes preuves pour produire en
semaps & lieu à ce grand lage qui eft
le Pape, non'point à toy , qui comme
vn ſerpenteau ou crapaudeau tour.
nes le bon ſac en venin , & comme
bouche d'alpic par ta parolle infc & es
& empoiſonnes les choſes les plus
faiacs & ſaintes entant qu'en toy eft,
car en ſoy elles ne fontſubiectes å paa
wefaction ou corruption aucune. To
te dis lecondement que combien quo
Jes miracles de ces deux Saints n'ay
ené point encores la notorieté du
droict par la ſentence ſouveraine de
Pórife Romain , ils ac laiſſent pas d'ae
noir pour vne grande partie la noto .
rieté du faict Vat'en en GoaMetros
politaine des Indes , tu y voiras les
roolles des miracles faicts a la veu
d'un monde d'hommes , par le bien
heureux Xauier tant en la vie qu's .
pres la mort . Ta y apprendras les
morts iuſques à quatre reſalcitez, les
poſſedez par le Diable deliures , les
affligez de diverſes maladies gueris,
les nautonnieres- & voyageurs pre .
Eşruoz des naufrages:On ty moſtrera
се corp3
Du Reward Pasquio . 3-399
le corps lequel apres la mort à efte
victorieux de la mort , & qui par la
morta acquis domination for lamort
meſmes, demourát tout entier & ict.
tant du fang plufieurs mois apres ao
uoir eſté enleuely dásla chauds vine,
voire meſmes departant le benefice
d'incorruption a la robbe qui en la
ſepulture luy ſeruoit de chemiſe. Le
miracle eſt vn cuure furpaſſant les
nature & toute la puiſſance , qui de
pend de la ſeule vertu diuine, & Dieu .
en eſt l'Autheur , Par conſequentle
miracle eſt comme voe eruption &
faillie de la diuinité , comme l'effc &
de la caule , Tout ainſi donc que Dieu
à faiet tous les augres de la nature
poor teſmoigner quelã chole , à ſça
voir la grandeur, la bonté, ſa ſageile ,
& autres perfections, auſſiouure - il
quand il luy plaiſt fes miracles pour
cófirmer ce qu'ilveut, ſi bien que les
miracles font teſmoignagesdu Ciel ,
& probations d'enhaut . Premiere .
ment pour authoriſer la croyance de
la foy & Religion Chreſtiéne.Secona
dement pour faire cogaoilre tout a
plein la Saincteté de ſes ſerviteurs &
amis. Que li Dicu a fait nobre infiny
de
140 La Chaffe
demiracles a l'ingocation ou a l'at .
touchement du bien heureux Xauier mal
& bien -heareux Igoace , c'eſt pour
nous donner à entědre quels ils ſont, Hers
à ſçauoir ſes feruiteurs amis & citoy- lon
ens du Ciel . C'eſt pourquoy on les tore
1 qualificda titre de bien -heureux , ti
tre appartenant à ceux qui ne ſont PNC
encores Canoniſez , mais de la Sain poi
& teté deſquels nousadons de bonnes ma
probations. Ne dis pointPaſquin,que
les ſeuls lefuites les en honorét. Aaec
les Ieſuites ſont lespremiers de l'E
gliſe , & aucc eux tout le peuple . A PCI
Rome Cont les. Illuftrillimes Barque &
nius & autres deſquels la doctrine ac .
compagne la bonté de vie,quiles ap
pellet ainſi, qui vont s'agenouiller au
combeau du bien -heureux Ignace , y
offrent leurs prieres & tableaux vo
tifs , y reclament la miſericorde de
Dica par l'interceſſió d'iceluy. Apres
eux & auec eux font lemelmes cour
da Clergé & le peuple : Et i'en ay
faict autane gracesa noftre Seignear
à l'imitation detous l'annee dulubi
lé. Ce n'elt au: deçoudu Souuerain
Pontife, car ille voir : Ce n'eſt contre
favolonté , car il l'agrés. Cela n'eft
parti .
Dr Renard Palquius.
particulier au bien - heureux Ignace
ou au bien -heureux Xavier ſon com ,
pagnon. Autant en praétique- on er .
uers d'autres delquels le Souuerain
Pontife n'a prononcé arreft pour en
cores , comme on Auignon enuers le
bié- heureux Pierre de Luxembourg
vn des ornemés de la France , illuſtre
pour eſtre du ſang des Empereurs,
mais plus illuſtre par la Sainêteté,
multitude & grandeur de miracles.
Ceſſe doncq Palquin bouche infecte
de relpendre ta paantcur contre la
renómee de ces Saincts perſonnages,
& de porter tes mauuailes odeursíor
leur corps & reliques , ſorleſquelles
nous icttons nos ficars & nos pare
fums : Et ce non en vn recoing du
monde , mais en vn licu des plas eni
dens de Rome . Siles Sainas, les mi.
racles deſquelsta encrues ca la per
fonne de deux leursconcitoyens, par
la vertu de Dieu , l'honneur duqur !
tu blefſes en fes Saioats, comme ils
ont puiſſance de loger dedans & de
foger hors des corps poſſedez les
dzmons , auſtica coloquoyentchez
toy quelque puiſſant & fort, ou ferois
lors contrainet de recognoiſtre &
oon .
La Cave
confeffer la puiſſance des Sainéis, de
lequellera te mocques.
$ Paſquin. Ic Rc defire rien de fem
Blable Monfieor noftre Maitre.
· Le Theologiex. Si feroit - ce ten meil.
leur , afin que ton corps cftant touré
menté par cet eſprit avec cet incestue
cox Corinthien , cu retournalſes
tonbon elprit, & que ton eſprit fuft
farbe en ce jour eſpouyentable de
noſtre Seigneur .
Paſquin. Gardez- lc tout pour vous,
Car quant à moy, ie renoce voloriers
sce benefice icy en voftre faveur. Et
quant à vous , vous pourrez facile .
nent vous defaire de cet hofte , du .
quel vous me faires tantde feſte, lors
qu'il commencera de vous endayer:
Ét ce auec va ſeal ergo. Et telle paour
de vos gros mots à cuếr chiens le
pourra faiſir, qu'il ſera contrainet in.
continent de vous quitter , & s'en
fuyr nonpoint en ces deſeris deLy
bie, mais iuſques aux valtcs ſolitų .
des des eſpaces imaginaires ſur les
cieux , pour leſquels vousauez plus
de debat entre vous autres Thcolo .
giens, commei'appris vn iour en vne
tentatiue , que n'curent anciennemét
les
Dr Renard Palguita
los Neapolitains & Nolains pour leur
limites , & pour leſquels cultiace
voas fiancez plus d'imaginations &
phantafics , que nc firent iamais les
Babylonicos dedenierspour l'entree
tien de leurs iardins.
Le Tbeologien . Paſquia ta bouffon .
nes touſiours & par les tours de
paſſe paſſe de Renard , tu veox te lau.
uer des coups.
rien
CHAP , XL
Sentence contre Paſquin comme heretigne
ex flukeurs chefs. Interrogations fai& esa var.
quin anec ſes reſponſes fur la qualited' Arbeifle.
Confutation de ce que di & Pasquin que los
eſprits cames fertes jent capables.
L'Atbeiſnie.

Ais tous ces poin&s ramaTés er


yn, que tu temoques de la cano .
mization des Saines, de lcurs mira
eles , que tu fais la guerre au Sainet
Siege en pluſieurs manieres, princi .
palementle rendant ſabied å erreur
de doctrine, quc ta inges la compa
gnie de léſus pluscontraire à l'Egli.
Se que la fecte de Luther & Caluin , &
autres deduicts cy dcuant , me font
porter ſentence que veu & conſide
réton liure malignement intitulé , le
Cate
144 La Chape
Catechiſmo desIcſuites, ie te įuge *
tainet & conuainca d'hereſia ,
Paſquiet. lugez ce qui vousplaire,
Mais ie vous iureque je ne ſuis ny
Caluinifte , oy Lutherien , ny Zuige
glien ,nyAnabaptifte,ny d'autrele &te
ou moderne ou anciéne, & vous pou
vez tenir cela pooraffearé .
Le Theologien. Tun'espas aulli Ca.
tholique , qui es -tu doncq ? Ta dig
qu'on ne ſçaitou loger les Ieſuites ny
parmy les feculiers,nyparmy les res
guliers , ny en quel ordre de la pro .
bellion ils peruent avoir rang , & qu'il
font Hermaphrodites. l'ay grád peur
que tu ſois Hermaphrodite en Relie
gion , a tu ne fois ny chairny poiſſon,
mais d'vn troiſicſmegenre , & de ces
animaux amphi-ties qui viuent en
I'vn & l'autreelement , qu’auſſi plai .
fant Ic ſoit l'air de Geneue que de Pa ,
ris, & de Paris que de Gencuc . Mais
1dis nousen vomotquies -tu ?
Pasquin . Vous me preſſez fort de
prez , vous n'auez aucun beſoin de
ſçauoir , ny moy aucune obligation
de vous dire qui ie ſuis. le ſuis Ca
tholique cependant.
Le Theologien . Qu'entens-tu par C & a
tholio
Du Reward Yafquin.
tholique prens-tu ce mot de Catho
lique comme nous , pour vn qui face
profeſſion de la vraye Religion de
lefus-Chriſt ? Tu ne peux pour les
maximeshereriques que tu tiens. Tu
es donc Catholique en un autre ſens,
to es vniucrſelen Religion , n'en ayác
Aucune propre,& faiſant eſtat d'estre
de toutes, & de celle qui plus te ſer
vira à faire tes affaires . Telle eſt la fi
gnification du mot , quand tu te dis
Catholique. Mais de grace dis nou's
ouuertement, qui es - tu? 1
Paſquin . Mon liure monftre allez
qui ic fuis. Vous anez Preſque tor
ché au poinet; Mais non pas encores
du tout. Or deuinez ſi vous voulez ,
ou pouacz ; fi is fuis Catholique de
bouche,heretiquede bourſe,deiſte &
peu s'en faut Atheiſte de cœur.
. Le Theol. Explique nousces motsa
Paſquin. Catholique de bouche ſe .
ray - ic, fi pour aduancer plusmesaf
faires, ie me dis tel ; carautrement ie
n'curre cité tolere depuis quarante
ans , le ſeray heretique de bourſe, fi
ie reçois de l'argétdu party des Hur
gucnots pour les ayder foubs main
& goerroyerouuertemer leurs prina
cipaux
146 La Chapte
cipaux ennemis aucc quelque pre
texte emprunté. Mais pour cela fai.
Te le pourroit qu'en moni amc ic ne
férois ny Catholique ny Heretique:
Autant croyant ce que diſent les vos
que les autres. En mon ame ie pour .
rois eſtre deifte', confeſſantvo Dieu.
Et pea s'en faudroit que lors ie ne
fulle parfaictement Atheiſte. Carlie.
ftant delia au ſecond chef , en ce que
toutes Religions me feroient indiffc
rentes,appareillé d'embraſſer celle- la
du pays ou ie me trouue auſſi preſt au
Turban & à l'Alchoran , qu'à l'Evan
gile , pour peu lors je franchiroisle
fault & le ſerois au premier chef , fo
quelque veſtige de bicu reluilantes
creatures ne me retenoit.
Le Theologien . Vous ſçaucz bien les
distinctions d'Atheiſme.
Palguix . I'entensmicux les diuifos
& fubdigilions d'Atheiſme, quevous
de Thcologie , & pourrois auffi bien
faire leçon deceſte ſcience , que vous
de la veftre. L'Atheiſme s'cſt pour le
jourd'huy tourne en ari , mais il fe
traite ſecrettement & en cachettes.
Ce font lesplusgrands eſprits , & les
plusfortes amesqui en ſontcapables.
Mais
De Renard 14fquist. 117
Maisie fais esbahy que vous , qui
sferablezdtyn bó cſprit , n'ayezjamais
ouy parler des Religiøs ſecrettes que
produit noſtre ſecte , & qui s'enſei .
gnentsculement en l'oreille.
* Le Theologies. Tu dis que les beaux
eſprits feulssóc capables d'Atheiſme,
& les plus fortesámęs : Au contraire
font leseſprits legers, & les amèsplus
-Jaſchos . Parmy les Paychs entre les
Philofophes iamaisvn Platon ou ári .
. ſtore eſprits releucz par deſlus le có .
mun , jamais entre les guerriers va
Philippe de Macedone, vn Alexandre
ſon fils, vn Cæſan , ames courageuſes
nefirent profeſſion d'Atheiſme.Ouy
bico quelques vns de balle condition
du nombre des Philofophes & ſans
nom , comme Diagoras & Theodo
rus Atheus, comme ces Epicuriens
pluſtoſt pourchcaux que Philoſo
phes, eſprits lourds, grolliers, offuſa
qucz du ventre , & enierrez dans le
corps. Parmy les gaerriers ne s'eft
jamais rencontré yo parfait Atheiſte,
Que ſi en cec ordre nous en liſons
Iss aucunsmelpriſeurs de la diuinite
qui font les Couſins Germains des
Athees, tels homes eſtoyent couards
effe
La Charts
3 cffeminez & Jaſchtis ,comme yn Xer
is,vn Commode Empertar Quante
toy, i'ay grand paour', que tu fois
Atheiſté, & tel quenous donnesei deo
uiñer, Catholique de bouche, Here
tique de bourfe ,deifte & au premier
jour Atheilte de cour . Aullscs.tu
marqué do legereté d'efprit, & lafo
cheté d'amé qualitez propees de
Aiheifte.Tungusferois grand plai
Ar fi tu nous.oftois touto occalion
1 de dorbre .
Paſquin. Vous en demandez trop,
& n'eftes guçres bon chtendeur. Ic
vous laiſſeray pour ceffe raiſon chez
Guillot le fongeur.. !

CHA P. XII .
Multiplication de l' Atheiſme. Deploration
de sofre besle. Exortation 4 chaffer er forf
fer l'Abeiſme.

Le Theolog.Soistotel comme on
croira, ac lc fois-tu pas,
il y a long temps que i'ay ouy parler
de l'Atheiſme , & detous ces genres
qu'il contient. Maisie n'eufre lamais
creu q facileméton fe fult laillé aller
à ce precipice & abifre de malheur?
Pafqmis. Ne vous en elmerveillez
d'auan .
A Rensed Pregnin . 149
daa antagé. Tout homme quifera
arriue là , ne ſera ſeul , mais aura
des compagnons en bon nombre ,
& en tous les Eftats. Voltre Tera
tallien diſoit aux Paychs de ſom
téps queles Chreſtiens montoyens:
en yn nombre infiny , & qu'ils ac
noyenc semply les villes illes para
quers, les tribunaalx, les palais,les
armées , & eftoycot partout , 0 % .
osprédbexiTemples des Adoles. Les
deifter & Atheiſtes en ſecond chef ,
ne font arriuezà li grand nombres
Mais toutesfois ils s'eſparpillent
Peu à peu; & font davantage ô gęs:
anciens Obreſtiensa car ilss'intro ..
duiſeng en vos Egliſes & autels,
Lệ Thealogies : En quel malhoue
Sommes -nous venus!voila la fin de
therefic, laquelle apres auoir blaſ.
phemés.vn Dieu le faiſant Ancheur
du peché , le faiſant de fefperer en
la Croix , & endaréraux Enfers les
peines desdamaés,co fin degenere:
en l'Atheiſme pour le ricr du tout..
O fiecle de fer , celuy auquel nous
forgmesi ! fiecle de geants } fiecle.
danti-thées & Athées ! Dieu ſoit
G3 loué :
loué qui auec tant de paricnce ſup
porte l'iniquité & impieté des hõ .
mes , ſur leſquels ie m'eſtonne quo
ito'ellance ſés foudres, ou ne rados
mene vn & autrefois les eauxdu De
lange. A vousMeſſieurs, & a vous
particulierement Monſieur quieft
Yo ſingolier ornement de la Ioftia
oc , & Maiſtre des Réqueftės iad .
dreſſeray ma parolte . Qu'il ſeroit:
adeliver qué P Atheiſmo pollulanc
ſecrettement; li bien qu'on ne peues
remarquer ceux qui en fone pro
feſſion , au moins on apportait les
remedes contre ces ames ' impies ,
tromperces d'Atheiſmequi com .
poſent, imprimont, dioulguent ces
thefchans & abominables liures ,
afin d'empeſchier la perte & cora
raption de pluſieurs . Céta fe fe
roit ayfément , fiapres là cenſure .
des facoltes de Theologie , tes Of
ficiers de fuftice faifilföyene telslis !
ures, les fupprimoient; & faifoient
bruſler parmain de bourreau , cea !
noyent main forte qux Prelats , &
iteux Prelats confinogend les Au .
thieurs că prilon perpecuéllon our
tout
Da Renard peſquius. 13 .!!
fout moyen leur eltant retrenché
d'infcéter ſoit de voix , Tois parele
crit,ils fullenc cótraints paſſer leur
vie en penitéce & larmes pour l'ex .
piation d'poli'grand crime. Noosi.
auons yn Roy cres -Chreſtien pour :
l'ordóner; & Monſeigncur le Chan .
celier Catholique,Seigacur de rase
verto & ſagello pour le faire effe
auer. O pauure Gaule, qui ancien- :
nement eſtois ſeule exempre des
monſtres , commel'Angleterre de
loops, que tu en as porté & portes
deſpuis wagueres d'eſtrange & hor.
nbles. Le defunct Roy la ſageſſe
des Roys ,auoit fort heureuſement.
commencé d'en reparger la Fran .
ct , & euft'acheué long temps ya ,
frle Diable n'euft ſemė l'yuroye de
diſcorde en noſtre champ . Voicy
ſon ſucceſſeur qui fe leueapres luy
noftre Roy trés-Chreftien la vaila
lánce des Roys , & cep Hercule qui
yuidera & deliurera de monde de
tels monſtres , qui comme yo So
leil par les rayons de fa juſtice qui
font les Parlemens de France , &
par ſes feſches qui ſont les lances:
G4 & ele
La chaffe
& efpeces de la nobleſſe cxccutane
la volonté du Roy., meurtrira ce
grand Python & dragon d'Atheiſ.
me , que les croupiſſantes eaox da
deluge d'Herefie ons de leur cor.
ruption engendré. Or Meſsieurs ie
me ſais acquité de ma premiere
promelic , la beſte a eſte par moy
recognuë & lcuée c'eſ
, t un Renard
quiſous le manteau de bouffon ap
portoit en ſon ſein le poiſon d'he .
refie & Atheiſme . Ie luy ay donné
la chaſę, & ay par la grace de Dieu
fes roſes. le viens à
fait vois toutes
ma ſeconde promeſſe , qui eft de
trai&cr dc l'inAitorio des Iefuitos .

GHAP. XIII.

Diuifion des points que doit trailer le Theo


logien es fa ſeconde partie. La fin de la com
pagnie de 10/ . Exquoy elle conuient auec les
autres Religions, ele qu'elle a de propre a foy.

I reduiray toute ceſte matiere à


trois points principaux , l'on eft,
fi les Ieſuites ſe propoſant pour fin
f'ayde des ames à la conqueſte du
Paradis , peuuent embraſſer l'ad
miniftratio des Sacremens, la prce
dicas
Bu Renard Peſquin , 133
dication de la parole deDica , I'm
Aitution de la jeunette en la piece
& aux fciences ,Caritelles ſont leur
fun &tionsztelet leur inftitur. L'au .
tre poinât ſi les voeufs des Ieſuites
font lcgitimes & Saipats. Le der
nier , fi cetordre peurſans certure
d'orgueil & ambition prédre pour
hom , la fociccé.de I ESV S , & en
fon eſcuffon porter ce fainet nom
pour ſes armes. Amo opinion ſont
les trois poines , que ſans ordre
Paſquin heurte en tout ſon duure ,
lequel par importanc repetition il
boaffiit & enfe.de melmes injures ,
& auſquels trois poincts toutes ſes
calomnies & impoftures ſe rappor
tent , touchant le faiet de la Reli .
gion , Car pour celuy de l'eſtat , il
eft de la cognoiſſance de Monſieur
la Maiſtre des Requeſtes. le trai
eteray donc ces trois poin & s brief
ucment, vousrenvoyant Meſsieurs
pour yn plus ample diſcours à ca
qu'en ont laiſſé par eſcrit , le fieur
des Montaigues, le fieur de la Fon,
& la remõitrance des leruices pre
fentée au Roy . Pour entamer le
pre
| La Chaſe $
premier point, nous noteroris quo:
non plus oy moins qu'en chalque
homme outre la nature humaine
com nunc à luy & à tous lesautress
à fçauoie d'eftre animal raiſonna
ble il ya des particularités qui sóc:
propres à loys & mellées.cplemble
le ditingijent d'aueci.besijaucres :
Auſſi qu'entopt ordre de Religion ,
il y a la nacarequi l'aſſocie auec les
aucres ordresi, à fçauoir les veus,
de pauureté, chaitéré , obeyſſances
Plus il y a certains poinets à lugi
propres quidle ſeparent. & diuerfi .
fient d'auec les autres . Ces pro
priecés confiftent, ou en l'addicion .
de quelque quatriefme veu , com
me est en la Religion des Peres Min
nimes le vous de l'abſtinence q0A
drageſimale , ou en quelques- Itaa
tots , comme en la Religion des
Chartreux celuy de s'abſtenir per
petuellement de chair , Ou en vne
fin que s'eſt propoſé le fondatcur
de l'ordre , comme en la profefſion
des freres. Preſcheurs , la predica ..
tion de la parollo deDieu contre :
Iss Infideles, particulierement con ,
ore
Du Renard Pifqin . ISS
tre les Albigeois. Ce en quoy con
Giſte la nature de l'eſtac Religieux , .
qui eft ſon principal, ayant eu ſes
premiers traits de l'ancien Tefta . .
ment , à eſté conduiet à fa perfe
Aion en l'Euangile. Les premiers Rom.8
qui l'ont accomply apres noſtre
Stigneur , ont efté les A postres,
leſquels ayans les primices du S.
Eſprit di&t fainat Paul , ont par
conſequent eu , toute la do &trine
des articles de la Foy , à laquelle
pourront arriuer tous leurs fuca
cefleurs : & toute la fainêteté &
perfe & iõaulſs: de laquelle comme
vne grande piece, vn grand moyen,
vn grand entretien , la grande ofe
chole eſt l'eſtat Religieux: Auli en
ontils embracé laprofeflion: Britf
enla Sainete Eglife qui eſtelpour !
ventable commé vne armée rane .
gée & compoſée de diuers tíqua
drons, ils ſont les Colompels & ge.
néraux des Paſteurs des Docteurs,
des Predicateurs des Religieux:Co
qui elt en l'eftatReligieux acceffoi
relau principal,y eft accouple parla
prouidence & fage gouuernement
G6
L4 Chapte
du Saina Eſpric , qui de temps en
temps , & ſelon les lieux ,pour ceſte ?
raiſon à l'ocilicé del'Egliſe,ſuſcite.
ores vn Saint Auguſtin , ores vn S.,
Benoilt , ores vn S Brunon , vn S
Dominique, vn S. Françoislegrád ,
vn S. François de Paule . Damel.
mes en l'ordre des Ieſuites deux
choſes ont lieu ,d'eltre Religieux de
d'eſtre Religieux en telle & partie!
coliere maniere. Quant à eftre Re
ligieux qui eſt le premier , ils ont
les trois vous communs à toutes
ſortes de Religions , de pauureté,
chaſteté, obeyllance. Quant à eſtre
Religieux d'one façon ou d'autre,
qui eſt le ſecond, & qui les faia le
fuites , commele premier les rend
& .conftitue Religieux ,ils ont pour.
hin ay der les amesi a gaigner le Pa .
radis. Aceſte fin ils dreſſeor & ra
portent toutes leurs reigles, con
ſtitutions , modifications de veus .
C'eſt pourquoy ils főt vn quatrief
me vou demiſsion au 8. Pere , par
lequel ils s'obligent de feruir a ce ?
S. Siege, auquel il a eſté dia en la
perſonne de S. Pierre repais mes
brebis ,
De Renard Pafquite
brebis : Quelles brebis? preſentes,
ou futures ? Et preſentes qui eſtoy
ent lors'en petic nombre , & furg .
res qui dcuoyent infiniment multi.
plier.Seruir dis -ic à ce ſainct Siege
pour ay.der à tirer de la gueule du
loup infernal les ames qu'il avoit
defrobées à Dico en digers quara
tiers da monde , en l'Orient , en
l'Occident , au Midy , & au Sep
tentrion , & les r'admener à ſeſus .
Chrift. C'eſt pourquoy ils vaquent
a entendre les confeſsions,adminia
ftrent le Sacrement de la Sainete
Euchariſtie , employent leur vie a
enſeigner la jeuneſle. C'eſt pour
quoy ils n'ont yne obedience atra
chée à la stabilite d un lieu ou Mo.
naſtere, comme quelques ſortes de
Religieux ;mais yne obedience mo .
bile , fe remuant , s'acheminant de
place en place , ajoſi que le iuge à
propos le ſaina Pere , & fous luy le
Reverend Pere General ; foubs le
General les Prouinciaux , ſous les
Prouinciaux lesRcateurs : Bref yne
obeyſſance dependante da fignal ou
clein d'æil du ſuperieur. Les Phi
G7 lofo
La Chaft
loſophes diſent que la fineſt late
gle des moyens , & que les moyens
doiuent eſtre proporcionnez à la
fin. La compagnie de lelus ayant ;
pour ſa finayderles ames à la con 1
queſte du Ciel , elle à aing ordonné
les moyens. Sur le premier poinct :
à ſçagoir d'embraverilellence de
Religion qui cólike aux troisvæus,
les aduerſaires de ceſte compagnie
ne ſçauroyent l'oppugner par vne:
batterie à part , mais fealementen
gros avec toutes les autre's Reli
gions , qui comme plus anciennes
& y ayant toutes intereſt pendant
qu'elles deferont l'ennemy,lacom ..
pagnie de leſus ſera à l'abry. Sur
le ſecond qui eſt d'auoir certaia
nes choſes en fon inſtitut propres
à roy', non plus ſeauroit on-lem
peſcher- ,. on
fi ne veut pluſtolt que
ce faire paſſer ſur le ventre à tous
ces autres ordres que je vous ay dif :
auoir leur differences & certaines
bornes dans leſquelles ils compre ,
nent leur inttiruk . Tout ce qu'on !
peur intenter deprocés contre les
Ixfuites , efti.fi-fes fonctions qu'ils :
ema
De Reward Paldais .
embrafleoe , ſont conuenabtes
kmiticut Religieux , & fielles font:
toreà perſonne.

CHAP. XIIII .
Que la profesion des Lettres bumaines et
repugne, aixs.conuient fort a l'estat Religieux,
Opar conſequent aux lefuites ,

Velqu'vn eri ceſte iøſtance atás


Q deguera pour premier grief ,
que d'epreigner la jeuneſſe , n'est
d'un coſté propre aux Religieux ,
de l'autre eft nuifible aux Vniuerd
ficése l'affermele contraire , le dis
doncq en premier lieu ' qu'il n'y a
rien de fi propre aux Religieux ;
que l'education des jeunes homes
aux lectres humaines & feculieres,
afin que leur donnaps ceste bonne
teinture , on les face paſſer d'oni
mefme moyen par celle de la Reli..
gion & picté. Le deſir des ſciences :
appelle les enfans à leurs eſcholes
qui fouuent metteroyent autreméti
leur ame en oubly , & logeroyent:
le feruice de Dieu derriere la porte :
somme on dit , & qui pour Dieu:
niroientjamais chés les Religieux::
Qui
La chaffen
Quicependát appeliés de l'amour
des ſciences, entendent par mcfme!
moyen la do & trine Chreſtiene chafn
que ſemaine, ſe confetlent au moins
vne fois tous les mois , longent à
cux , tentrent en eux mofmes,aban
donnent dix millo vices,ſe rangent
à la vertu , & fouuent deviennent
de grands Saints. Les feſuites ont
en leur College deux Dames pour
loger l'enfant au Paradis , L'vne
fonnela cloche & t'appelle , qui eſt
la ſcience : L'autre le reçoit à la
porte, & luy donne paſſeport pour
Le Ciel, & c'eſt la pleré. l'appellea
rois badinerie qu'vn Iefuite , qu'vn
Religieox s'allait amuſer à enfei.
gner la croix de par Dieu, a appel
ler & aſſembler les lettres, a fouët- .
ter, comme on dir ,lé Pelifon , a ra . ?
contér les vaines fi &tions des Poëa
tes , s'ils n'auoit pour but devant Co
les yeux , par ce moyen gaigner ces de
icuncs ames à Dieu.Ceux qui ofene One
dire que l'inftitution de la jeunette ch
aux ſciences feculieres eſt contrai
Peaux Religieux ,douroyent ſe loua ht
wenir que non seulement lesancies
Peres
D # Renard Pafgutin 161
Peres tant Grecs que Latins ſe fer
uoyent de la literature Paycone
come d'vn baiton contre les Payés
iufques a la , quc S. Auguſtin l'ap . 2.de
pelle l'or d'Ægypte retiré des & Cbrif.
gyptiens c'eſt a dire desPayens in- cap.4 .
dignos poflefleurs, & mis entre les
maios des Hebrieux qui ſont les
Chreſtiens Seigneurs legitimes d'ia .
celle : Mais aufsique les premiere
Moines ont enſeigné les lettres &
ſciences humaines. Le premier or . "
dre quiaye Aory en Occident,a eſté
celuy de Saina Benoiftill en faiſoit
profeſsion & le &ture publique ,
comme nous ſçauós fi celebre, qu'a
Si Benoiſt- ſur le Loire iuſques a
quatre mille eſcholiers ſeculiers
frequétoyent ſes eſcoles,quipour
lendis annuel rendoyent quelque
livre eſcrit a la main , d'ou eſtoit
compoſée cette belle Bibliotheque
de mariuſcrits , que les guerres luy
ont savy. Pourquoy vois-je chers !
cher des exemples eſtrangers . con .
centons nous de ceux que l'Vniacs .
fire de Paris nousfournilt. Les Cae
pettes de Mont -äigue dansle cour
de
Le chaje
de l'Univerſité fone Religieux ; CE
nonobſtant ouvrant eſchole à tous
& faiſant partie l'Vniuerſité. Du
coſté de la cité , les Billettes Relia.
gieux auſſi & membres de la mel-,
me Vniuevfiré, ticnnent eſcholes.
publiques de jeu neff:. Nous auons
pluſieure ſortes de Religieux ; quis
embraſſent des actions bien plus
eſloignées de la profeſion Relia.
gieuſe que les lefuires , qui pour
cela ne laiſſent pas d'etre vrais Re .
ligieux. Combien en voyons nous.
à Rome & en l'Italic . Premiere .
ment il y a vne ſorte de Religion
nommée IGeſuiti ox fratti dell’aque,par .
ce qu'ils n'ont autre profellions
que de diſtiler des eaux pour les
malades , de la vendition deſquel
les ils fe nourriſſent. Le connun
les appelle Fratti Ignoranti, parce que
ils one bany d'entre eux tout eſtu .
de , & ſe ſeruétmefmes de Preſtres
feculiers en l'adminiſtration & re .
ception des Sacremens. o qu : Pale ,
quin defireroit que tous lesIeſuites
deuinſent Geluates , voire tous les)
Capucins,& autres qui fru & ucoſe ,
ment
D # Renard Palquin 163
ment travaillant en l'Egliſe font ya
ferme boulevard contre l'herefic ,.
afin que faiſant profeſſion d'igno
rance , bien -coſt onen vint à bout,
Secondement vne autre eſpece y
et pouuellementinſtituce de Minia.
wiftri dell' Infermi, qui font yn qua .
trieſme veu de ſeruir aux mala ,
des , fpecialement aux peftiferés:
Væs que fans veu accomplifſeng
auſli, les Leſuicés. A Paris, a Borse
deaus és contagions plus efchauf
fées nous les auons veure lecter les
yeux bandés & vrayement aveco ..
beillance & charité aveugle epleue
propre intereſt ,entre les troupes,
carapanes, & regimens de pauvres
pettifeces pour tour adminiitrer les
Sacremens. Ogrand, Auguſte, fa
cré,Religieux , Pieux , & juſte Senat
de Paris, la ſeule memoire de ces :
bons offices qu'ils sendoyent à vos
malades en vostre ville deſolle & er
deferre, ſuffira que ic eroy pour00-5
Urir vos entrailles de mifericora
de à ceſte pauure compagnie afHi
gée, afinquela togeant dans voſtre :
papernelle poiArinc & affe & ios .
vous
LA Challe
vous cooperies a la faire fleurie
plus que jamais au grand bien de la
Religion , de l'Estat , du ſeruice da
Roy , du poftre , au profit de yoltre
petite jeuneſſe , à l'aide & fecours.
de vos citoyens au cas qu'a l'adue- ,
nir Dieu les vifitaft par ſon ire..
Mais paſſons ees Religions, & con .
tentons -nous pour preuuc entiere.
d'alleguer Meſsieurs lesCheualiers
de Malte, Ils font Religieux , fono :
les trois væos de pauurece, chaftes;
té ; obeyſance , & toutes fois ils .
fortent l'eſpée & exercer l'art mi .
licaire par mer & par cerce ance
: , autant de vaillance : qus Gentils .
hommes , Seigneurs , Cbcualierend
Princes quipuillent eſtre. Mõlicar
leur grand Maiſtre ordinairement
de la nation Françoiſe (quitient le
deffus, en cefte cheualerie ſur les
autressations , comme l'or ſur lesd
"metaux ) etPrince fauncrain , & lei
plus grand Prince, oferay -io dire,
de la Chreſtienté ne portanttiltro
de Roy, & plus grand quepluſieurs
Rois,a commandement (outre ſom
oftac-foruccain.de Malte ; & tout
ce de
DN Renard Pafquis.
ce de l'Orient & Midy ou fe peut
eftendre fon cfpea , ) ca tous les
Royaumes de la Chreſtienté , & n'y
a maiſon illuftre & noble en icelle ,
de laquelle il necommande a quel.
qu'vn .Auectoute cefte ſouveraine .
te & malice conlfte la nature &
effence de Religion ſans y perdre
rien du ſien . Pourquoy doncq ne
pourra-elle s'accommoder & ma
rier agec l'inſtruction des lettres ,
wie douce, calme& accoiſée :Quand
Ses Meſsieurs de Malte ont couple
da Religion de l'hoſpitalité de s .
Ican en leroſalem ,aucé la chevale :
"Die de S.Gcorge , Quand à la pelle.
che queils portent pour babit a l'i .
miration de leur patron S.Ican,nos
Roys de France ont ſoradiousté le
colier, l'efpée ,la ceinture, les gan
telets & eſperons,Quaddu cloiſtre
& hoſpital ils lles ont premiere .
ment meré par les armées Chre .
Hiennes , & quand a la preſence &
veuč des Roysits ont fait de nota
bles ſervices à l'Egliſe contre les
Turco,leftar de Religion n'a point
pour cela perdu ou diminué les
droi & ts
droiets . Pourquoy doncq' l'Etat
Religieux des Ieſuites appelle aux b
eſcoles, Colleges, & Vniuerfitės, qt
ſera -il cenſé changer d'effence OL
Poor cõclure ceſte limilitude, Tou AU
ainli que ces Gentils - hommes &
Seigneurs Maltois ont deux prof.
feffios conioipetes , & poffedent
Cependant l'vne & l'autre en va
degre, parfaict , la Religion d'hof.
S
pitalité ( car ils vont chercher les
pelerins Chreſtiens,pourainſi par &
Jer, en tous lesports , & exercent PO
l'hoſpitalité ça leurs galeres & ſur la
la mer , auſſi bien que dans Małce :)
& la chcualeric Chreſtienne , car 1
ils ſont des plus vaillans que le So. au
leil regarde:)Demeſmes lesIeſui . no
tes logent en leur ordre parfaiete . en
ment l'eſtat de Religion ( car ils pli
font merueilleuſement ſtudieux de Ch
la perfe & ion Chreſtienne) & lava CE
cation des lettres ( car ils les com de
muniquent à la jeuneſſe auec vnc de
tres.prompre charité & diligence
exacte. ) . L'ay iuſques icy par trop Ui
fuffiſamment prouvé que la Reli fer
giofité & education de la ieuneſſe
De Renard Palgui . 107
ne ſont point choſes incompati.
bles. Maintenantie vois montrer
que les lefuites ne font aucun tort .
ou iniura en l'exercice des lettres
aux Vniuerfitez ,

CHAP . XV.
Que les lefuites ne font aucun tort 4XX
Vniuerſirez en enſeignast.

S ! faire Aorir les Vniverſitez en


pieté, en ſcience, en multitude
& abondance d'eſcholiers, eſt leur
preiudicier, & les endommager, à
la verité les Ieſuites ruinent de föd
en comble les Vniuerfitez. Si des
Vniuerfités reſpandre par lesRoy
aumes & Republiques vn grand
nombre d'illuſtres perſonnages , &
en vertu & en do &trine , & enrem .
plir tous les corps, les Parlemene ,
Chapitres; & autres,non ſeulement
ceſte compagnie fera-elle la perte
des Vniuerfiiés, mais auili la peſte
deſdits Roiaumes & Republiques ,
car elle faiet tout ce que ie viens de
dire , le m'aduire toutes fois d'yo
ſens , auquel les ennemys.des le .
fuites entendent cefte propoſition ,
qu'iceux
La chafe
qu'iceux Ieſuites ſerucat do defo ,
Jarion aux Voiuerficés , c'eſt que
comme les Vniuerfités ne peuuent
s'écretenir & ſubliſter que par leur
Magiftrats , Reeteurs, Procureurs,
& par leur ſupports, principaux &
Regens, Les Icſuites detournant
les eſcholiers des claffes , & par ce
moyen redeyſant a la beſace lef.
dicts Magiftrats & ſuppofts, s'en .
ſuyora par bonne conſequence que
ils cauſent la royne des Vmiucrfi .
tés.Choſe qui ſemble anoir vne era
pece de cruauté, de voir yn homme
accueilly de la vieilleſſe , apres que
il aura paffé ſes ieunes ans à l'ima
struction des enfans eftre reduit à
la mendicité . Cet argument aproit
lieu i l'expulfion des Ieſuitcs hors
I'Vniuerfiré de Paris , auoit enri .
chy les autres Colleges. Au con .
traire l'Vuiuerſité a depuis chanté
ſes Nænies & chants Lugubres , &
ſe liſent es faces de ſes Colleges les
Lamentatios de Ieremie . Non non ,
les Ieſuites ne diminuent point le
nombre des eſcholiers -aux autres .
Ily en a atlés poortous', voire ils
l'aug .
De Renard Palquiul, *169
Haugmétent. Voulez -vous voir com
"ment ? Iele vous ditay , ſelon le per
d'experience que i'ey par la haniile
du monde. Les leluites eſtant collo .
quez agx villes de ce Royaume de la
premiere dela feconde, de la troiſiel
me , de la quatricſme & cinquieſme
magnitudéztel faict eſtudier ſon en
tant quidedeftinoit au labourage. La
commodite preſente faret ouvrir les
yeux . Tekenfant qui deſtitué de pere
& mcre par la mort delibcroit ſe fai .
relacquais , voyant vn College en fa
ville & re fentant aydé par jour de
quelque quartier de pain a la porte
des Iefaites , fe iette à l'étude, men
diant le reſte de ſa vie ailleurs , ou
chez les Chartreux , ou chez les Ça .
pucins, ou és autresMonaſteres , &
maiſons particulieres de la ville . Te
diray ce quc i'ay veu à Verdan en
-Lorraine y paflant. Des pauures en
fans de Village nous demandoyent
l'aumoſne apres la claſſe pour réplir
leur ventre de pain , que fouucnt ils
enduroyent vuide, affin d'auoir l'en
tendement fourny . I'appris lorspar
nouuelle experience , ce que ſonuent
ľadois auparavant rumine , que la
H moitié
170 ndry, La Chane
moitié du monde ne ſçait côme l'ago
Terevit ; Eiparticuliercmeat combien
a de pouvoir le delir dela ſoicace.Il y
a cncores des Cleantes & Freanthles
Chreſtiens.Orces enfans apresauoir
poſé les premiers fondemens.des leto
tres chez les IeſuitesauxColleges in
fericurs, s'en vont aux Vniuerfitez ,
sly aduáfent, & parmeſme moyenles
rendent populeufes. Il ne fadt auffi
obiecter aux leſuites en cefai& ,qu'ils
deniêt au Recteur & aux autres Ma .
giſtrats des Vniuerſitez, l'obeyſfance
quc doiuent les membres aleur chef.
Car ils font reccus pour tels.cn plya
ſicurs ; & fànt les premiersa cxecuter
leur commádement, comme a Boun
deaus, Bourges & autres ;outrequ'on
quelques Vniuerfirez ils exercét eux
mefmes lesprincipales magiſtratures,
ainſi que nous voyos aa Poutamauf
fong & Tournon . Esquát à l'Vniuer
Siré de Paris mere de toutes les.au.
tres ils ſe ſont touſiours foubmis & fe
ſoubmettent pour le jourd'huy com
-mecnifans d'obeyBanccaux volontez
E
& ordonnances de Meffieurs les Ro .
ctomrs. Si on n'a voulu accepter leur
øbeyitance, ce n'a ette leur faute,mais
de
D # Retard Pafquis . tyr
de ceux quileurportoiét cnuie com
me de cesvieux pædans qui feroyent
Hlau bewaín de l'hercfic & du libertina .
ger faut eſperer maintènant q Mel
leursies Rcateurs aiát eu par le paſſé
meant debonnes pregues de la verto &
Ofuffiſance des Teluites , & des grands
fruias qu'ils apportent , lesreceurot
.bras deffusbras deſſous à ce grand &
illaftre corps de lVniuerfité & en la
focieté des doctes AthenesChreſtien .
nes. Autant en attédons nous de ceſte
Saincte faculté de Sorbonne de toute
antiquité da pepincrie des Athletes &
-Chevaliers de Iefus - Chriſt .Quant à
amoy, des à preſent ic leur donne ma
Voix & ý contribue mon fuffrage. Lo
griefdesVniuerſitez contre les Icfui.
tes reſtant Tenuoyé aux fins de non
Teceuoir , celuy qu'ó allegue de Mel
feigneursles Eucſques, & Curez ,ne
In'a pas plus de raiſon,
CHAP. XVI.
que les ieſxites ne font aucun tort« Meffei
gneurs les Enesques o curez en l'adminiſtra
tion des Sacremens,

Vel tort leurfait le Pape, s'illeor


fournilt & enuoye de bós coope .
H rateurs
173 La chage
rateurs & Miniſtres ſubſidiaires pour
les aider à cultiver la vigne ? Quel
tort faia le Roy à fon Licutenant fi
en guerre de grade importáce4 tout
l'ettat , comme eſt celle de l'herelice
l'eſtat de l'Egliſe , il lay enuoye dia
renfort & aydc pour combattrc auée
loy & ſoubslay, ainſi que les Icſuitos.
ducc les Curcz & ſoubs les Euerques.
Si le Pape fapprimoit les Garez &
Eueſques, & lubrogeoit en leur place
les Ielaites, lors ce grief auroitlieu :
Mais la hierarchic demeurant en ſon
entier entretenué par l'ordre des E
uclques & Carez , & les Ieſuites y..
nant pour cooperateurs fealement,
je conclas ſemblablementą ce grief
doit eſtre aufft bien que le precedent
renuoyé aux fins denon receuoir. Si
on remonſtre la nullité des priuileges
qu'ont les Icſuites à entendre les co
feſſions , l'ay coufuté cet argument
& obicction par cy deuant.Qu'on nc
face auſſi valoir ce qu'a inſinad Pal
quin qu'entendre les cófeſſions,prcí
cher & cxercer autres fondiós, n'eft
conuenable a l'eſtat Religieux. Car
Gcla eft manifeſtement faux. Icy les
Ieſuites n'ont aucun particulier inte
reſt,
D # Reward Pasquix. 171
! reft, mais commun auec les Iacobios,
Cordeliers , & auircs , qui excrcene
ſemblables fonctions . Et dire comme
dit Paſquin qo'en leur premier intia .
tot lesRcligicurn'ont point fait citat
de telles a &tions Ecclefiaftiques, et
du tout cötrele verité, & eft fc mon .
Atrer du tout ignorant de l'antiquim
té. Deuant les Benedictinspremiers
Mòincs- ca l'Occident , oni elté les
Chanoines Reguliers de S. dugokin
Religicox , leſquels non ſeulement
chantent les heures Canoniales au
ceur , mais adminiſtrent les Sacre .
mens , & preſchent, voire ontCures
en tikere. Bref files Apoftres onçeſté
Religieux, poarquoy les Religieux à
leur imitation ne pourront ils , &
moins par delegation entendre les
confeffions, donner le S.Viaticquc
du corps de Ieſus-Chrilt, preſcher,
Catechiſor > En ce fait duquel il cft
queſtion , la meilleure preuue queon
puiffc amener, eſt le ſervice que Mela
leurs les Prelats tirent des Ieſuites.
Car tanes'en faut qu'ils les iugent
blerier leur authorité, qu'au contrai.
reil n'y a preſque pas vn d'entr'eux
qui ne ſoit bien ayſede les employer
H 3 aux
* Ex Challe
aux predications, vifites,examens, & :
aurres fan & iösſemblables.Lesvosle
föt pour le zele de l'honcur deDieu ,
n'ayantgens ny plus entédos ny plus
entiers que les Ieſuites, für qui ils ſes
puiſſent deſcharger du fais de ces ot's
perations tant importantes:lesautres ,
pour le bon meſaage , par ce que les
lefuites n'admattent aucun-loger de
leur labeurs: Finaleméttesaucunste ?
foot poucl'vne & pour l'autreraifon )
Car nous lommes au Gecle ; auguel
touseltats-& d'Eglife ,& de Nobleſſe ,
& de luſtice viſent à l'argent & a ba
Itir maiſons , non tant au ciel, que en
zerre, Lepremier poinct quicócérne
les fonctions qu'eltreintl'inſtitut des
Ieſuites, eſtant vuidealour profit &
auecgain de cauſe: Venonsau ſecód,
auquel ſont examinez leşevçeus des
Ieſuites en commun, & en particnlier
les veus ſimples.

CHẠP XVI .
Confutation de Paſquix calomniantl'obeyfis .
Sauce aueugle des lefujtes.

PAlquin à gacule ouuerte& fena


due iuſques aux oreilles n'abbaye
preſque du tout ſon ouurage à rien
tant
Du Renard Paſquin .
tant qu'a l'obéiſſance des lefuices,qui
eft cómunc & aux profez , & aux co .
adiuteurs formos , & aux autres . Les
reigles des teluites postes quelesino
ferieurs obegrotaux fupericurepte .
micrement au ſoquerain Pontife qui
eſt le generaldetoute l'Egliſe ,genee
ral de chaſqueReligion, & particulier
sement general de ceftccópagnie qui
pource n'a beſoing d'un protecteur
Cardinal , Secondcmeneloubşle S .;
Pere au Pere general , aux Prouin. ,
ciaux , Recteurs & autres Supericurs,
obedientia caca aucé vnc obeyſlance, a
ucugle , non aucuglée comme ſorte .
ment tourne Paſquin. Ceſte obeytlan
cc luy excite le - bile & inconcineni
la vomit de feo eltomas contre alle ,
& beugle commeyn taureau.farou .
che contré ceſte obeyſſance aueugle.
A quoy bon , dit.il ceſte obeyfance ,
aueuglde: N'eſt-ce pas yn moyen par ,
lequel le general commande ablolu . ,
mcot à baguette & ſans contredict, ſe s
fera incontinent Roy , bouluerfera ,
les Elats , enuahira la Papauté , voi .
res melmes eſt defiavn ſecond P pe ,
dans Rome , & y a eſtably ſon throle ,
De à l'enuy de celuy de SaintPierre
H4 ol .
La challe
ele gros.rat! o pulſe dePafqain de ..
yenue grád Elephant ? lesreigles des,
Ieſuites entendent l'obeiflance aueu
gle ,nó parlaquellç leſapericur vucili
le comander à l'eſtourdy bon & mau.
nais , froid & chaud , verd & gris : &
& par laquelle l'inferieur ſoit obligé
d'obcyr au commandement du ſupe.
ricurigiaſtc , & cótrela Loy deDicu ,.
mais à ce quine contraricála Loy de.
Dieu & a la charité Chreſtienne. Et
cele exception eſt clairemét couchee
ay texte meſme, que Paſquin allegue
contre les Iefuites , & luy culteléfa .
cile de l'entendre s'il n'eaſteſté aucu .
glé & aucugle. Graces à Ieſus Chriſt ,
depuis que ceſte compagnie et en
nature , iamais les Generaux n'ont
encores commande aucune choſe ,ny
ne commideront à l'aduenir qui ſoit
relle. Et quád ilz le feroyent, ce n'eſt
pas l'intention des reigles dy altrein
dre la volonté des interieurs. Telle ..
obeyſſance ne feroit pasvraye obeiſa
* fance, mais deſobeyſtance , eſtant dia
rectement oppoſec à la volonté de
Dicu , qui eſt le premier & ſouucrain ..
obiect del'obeyſſance. Car ainſi que
par la foy on croit à Dicu pour fon .
anches
Du Renard Palguir . 177
authorité, & verité louneraine, & aux
hommes entant qu'ils ſont interpre
tes de Dieu : Par la charité on ayme
Dieu pour la bonté , & les hommes
entant qu'ils ont l'image de Dieu : de
mcſmcs par l'obeyſlance nousobeyi..
fons a Dieu pour la volonté & aux
hommes entant qu'ils lont meſſagers
de la volonté de Dieu . La reſolution
donc de la foy le faict en la verité , la
reſolution de la charité en la bonte, la
reſolution de l'obey (fance en la vo .
föré de Dieu , comme en ſon premier
principe . Qu'entendent doncq les
conftitutions des lefuites par ceſte
obeyſanceaveugle. Vncobeyſſance
par laquelle non aux choſes mauuai .
fes ( comme i'ay diet ) maisaux bon .
nes & indifferétes , le ſubiect obeylle
à fon Prolat ſans prendre cognoiſſan
ce de cauſe , ſans rechercher les raj .
fons motifs & intentions. C'eſt à fair
Te ad fuperieur de regarder la fin , &
A l'inferieur de ſonger à l'execution.
Il n'y a home de iugement qui puiſſa
calomnici ou denigrer ceſte maniere
d'obejr: Vosre ſansicelle, ie ne diray
pas ſeulemétles familles de Religion,
mais les eſtats des Republiques ne
H5 ſçau .
Li Chaffe
fçauroyent fubfifter . Car qui eſt le
Prince ou Roy qui ſe peuftlonguet C
ment entretenir , & fon peuple , s'il
luy falloit rendre conte de les Con
feils, deliberations, actions, guerres
& chores ſemblablesaleslicutendas ;
Gouuerneurs, Capitaines; Officiers,
& li iceux ne luy rendoyent tres .
prompte obeyſlance , fe remuant au
moindre de les commandemeas :
Tous luy doigentceſte manière d'or
beyſance aucugle , ſans s'enquerir
de les intentions non feglement és
chofes manifeftement bonnes & in
differentes,mais auxdoubteufesauf
fi. Car comme enſeignent les Caſui
ftes , l'obeyſance excuſe celuy qui
eft obligé , en cas doubreux s'il y a
peché ou non . Pour exemple vin ſole
dat & gaiges eft aftreint de porterles
armes en guerre , de la luſtice de la
quelle il doubte;pourueu qu'il n'aye
cognoiſſance cuident d'iniuftice. Si
toutes ces maximes ont licu on l'on
beyffance ciuile des Republicques ,
pourquoy ne l'auront elles.cn to
beylánce fpirituelle des Religions
Car combien que l'homme apres fa
naillance aye ( comme il cft animal
politic
Dx Regard Paſquin . 179
políticque, né pour viure en la la .
ciecé publicque & en eſtre yn mem .
bre ) obligation naturelle a ceſte oa
beyſſance politicgue, non point à la
Religieuſe: fi cft - ce qu'apres le vou ,
le droict humain , divin , & naturel
l'y attache , & bien plus eſtroicte .
ment qu'il n'eſtoit à la ciuilo. En la
ciuile il gardoit ſa liberté & voloné
té , le domaine des Princes & des
Roys eftantpoliticqué., & non point
deſpotique , Mais en la Religicule,
il perd toute liberté , & n'eit plus
maistre de la volonté , c'eſt le Prelar.
Si donc le fubic & auec pleine iou
yfrance, poffeffion & droiét de ſa voi
lonté & liberté qui eſt toute á luy
& non au Prince , luy doit cette o
beyllance aueugle , comment le Re
ligieux apres avoir aliené de ſoy , du
tout perdu ; & transferé entre les
mains du Superieur, le droi & , la
poſſeſſion , & parfaiete iovyſlance de
la volonté & liberté , ne ſera il atta
ché à ceſte obeyſance aveugle ? 0
paygre aueygle de Palguin , quies
doublemet aucugle , en ce que tu les 1
& toutesfois tu te crois clair yoyaon
tu n'a jamais entendu la Dature de
H6 l'obe .
18 : Li chaffe
l'obeyllance weugle , ſoit en fai &t de :
police , ſoit en celay de Religion
Comment l'entenderois -ta , que ta
n'entens pas les termes ? Tu le mon
ſtres affez gentil Grammairien , g¢ âm
til Latinizeur , tournant, obedientia cæca ,
obeyſlance aucuglee , en deux cens .
lieux de ton cuure . Tout aucuglé cít
bien aueugle, mais tout aucugle n'eſt
pas aucugle. Car il peut l'avoir eſte
des leiour de la naiſſance par le vice .
de la premiere conformation .

CHAP. XVIII.
Que les Iefuiles ne pechent point en feree
preſentant la perſonne de Iefus - chrift , prefene
se en celle du Superieur. Confutation de ce que
die Paſquin que le general des lejuites a eſta .
bly for throſie & Romea l'enny de celuy de
Stinct Pierre.
L'obeillance & foubmiſſion quo
les inferieurs rendent aux Su .
perieurs appartient ce que les cons
iticucions des teſuites commandent,
& ce que Paſquin ne peut aucunemét
goulter, tant il eſt amer, voiremorti.
fere felon ſon opinion : Aſçauoir que
l'inferieur ſe repreſentera en la per
fonneduSuperieur la perſonne Ieſus
Chrilt, afin de luy obeye auec plus
de
D# Renard. Paſquithe 18r
de deuotion . Icm'cltonnc quc Para
quin ſe comporte en cette accuſation
auec plus demodeſtie qu'a ſon ordi.
naire, Et qu'il n'obięête aux Ieluixes .
qu'ils ſontidolatres,adorane korsa.
pericur commc Ieſus Chriſt.Rien ne :
leur, reſtoit q ce dernier eitre d'hon -...
neur apres qu'il lesa ia qualifiez de
celuy d'heretiques, & Machiageliftes
Faut queles Ieluites confeſſent qu'au
moins en cet arcicle ils ont vne fingu .
liera obligation à Palquin, commeles
ayant fore eſpargncz. Mais voyons lii
lés : Iefaites ſont criminels ſelon le
sapport de Paſquin . Le Lieutenant :
de Roy , n'eſt pas le Roy., mais il re .
preſente le Roy , & en la perſonne da
Roy on peut recongnoſtre celle du :4
Roy preſente. De meſmes nous ne
diſons pas qu'en l'ordré des Ieſuites
Je Superieur-foit Isfus- Chriſt , mais
qu'au ſupport du Saperieur , linfe .
fieur doit conceuoir comme lefus .
Chriſt preſcat. Car comméenſeigne 2.Cat. :
l'Apoſtre, les Prelats exercentloftice s.
de Legation pour lefus. Chrift, & la Eph.6. ,
fouueraine verité nous enſeigne qu'il
eft preſent en la perſonne des Apo- Luce.
10 .
fures, Qui vousoitm'oitauilu: Voire
H7
.- La Chate
Mat. en lapersone des pauures, vous m'a .
2 . dezidonné a manger , Se ce que vous
ayez fait à l'un demes plus petisme
Eoloſ. bres, vousmel'auez faict. L'Apoſtre
veut que le ſerviteur n'obeyffc point
a fon Maiſtre temporel par maniere
d'acquit ,mais comme rendant celer.
uice à noftre Seigneur mefmes Siles
Roys temporels ſont les plusexpreſ
fes & viues imagesde Dieu entre les
hommes quant la temporalité iuſ.
Pfalo 6 guesala que l'Eſcriptor eles appelle
; peut- onpas en per.
foane recongaoifire commepreſente
celle deDieu :A.combien doncq plus
forte raiforr , en celle diyn Superieur
Ecclefiafticque , quicommandedela
part de Dieu , non pourle partagede
la terre , non pour les limites & bor.
nes de quelqueRoyauinç, mais pour
l'heritage du Cich pour loger & eſta
blir les ſubiects parmy les Saints
ondres de cette Hierarchic coeleiter
L'abbé, te Priear,le Gardico, & aue
tre Superieur quelque nom quevous
Juy vouliez donner corre Ses Religi.
eux ne leur exhibe al pas par repre
fentation pour vfer de ces termesen
de lefasChriſt,sou:
fa perſonne celle
uerain
Du Renard Paſquirt.
uerain Abbé, Prieur, Gardien, & Sus
perieur, parmy ſes Apoftres , en fa
compagnie & famille , le plus Sain &
Monaſtere quiaye onques eſté: Ainſi
que le Prelar & Eueſque Eccleſiaſti.
que parmy le peuple louſtientlaper
fonne du meſme Ieſus Chriſt , con
uerſant & preſchant aux grouppes &
allemblées ? En fin pour quelle rai
fonen l'ordre des Capucios , Fueil,
lentins & autres Reformez , ou l'hu
milice & obferuance des reiglesa ſon
lieu , les Religieux s'agenouillent- ils
ordinairement deuant les Superieurs
preſque en toutesactions, s'humiliant
deuant eux , ſe proſternaat à terrci
Ceſte ſainete ſoubmiſſion ne procede
elle de ceſte Religieuſe, conception
qui leur remiect Iefus -Chriſt comme
preſantdeuantles yeux en la perſon .
ne du Superieur , viquaire bien que
non ſonuerain , de Ieſus -Chrit le
me fache en moy-meſmes quand i
voy vo grate-papier , va ronge par
chemin , car ie-mcdonneray bien de
garde de l'honorer du titre d'Aduoz
cat comme par crop noble , decider
des affaires de l'eſtat Religieux &
luy quinefut iamais bon à la Cohue,
pren .
9 La Chaffe
prendre cognoiſſance des cloiftres:
Quád ie voy vn qui s'eſt nourry par :
myles Damoiſelles, entre leurs fufe .
aux & quenouilles , ſe conſtitueria .
ge des Moines & Religieux ; de leur
capuche & habit: Quand ie voy va
amoureux qui paſſoit ſon temps i
prendre les pulces au ſein des cours
tiſanes , tout a coup le vendiqueria -
cognoiſſance de la haire quelesReli .
gieux endofſent ſur leur peau . Ceſte
grande obeyſſance & fubmiſſion des
Ieſuites enuers lear General ſert à
Paſquin pour y fonder les pretéduës
pretenſions que ledict General con F
Eoit des couronnes , & dela Papauté
meſmes. Pour parler des couronnes ,
que Paſquin nous nomme les coron
nes, Royaumes, ou principautez qu'il
a cóquisioſques à ce jourd'huy.Que
fi la fortune luy cíté & a les prede.
ceffeurs ficótraire que leor deſleinge
n'ayent peu reüllirau
, moins de gra.
ce qu'il nous dile ſur quels eſtats les -
Generaux ou les Iefuites aient cu in
telligences , fait leur practiques &
mences . Car a la verire le premier
manque fouuent & preſque confiour's
aux ames ambicicules , parce ſ Dieu
art
DW Renard Pafquin .
ereceu ſous la protection & tatele
les compagnies des homes & la per .
foane ſacree des Rois, & deſcouare
les attentats des perfides & parrici.
des, les send inutiles , & les redui & :
en fumce. Mais le ſecond neleur der .
faut iamais. Combien donc files le
fuites lonttels , en a lon trouve paro .
my cux, ic pe diray pas convaincus,,
mais accafez, ic no diray pas accuſez ,
mais ſoubçonnez d'avoir procuré
quelque coronne a leur General en
tant d'annees , & en l'eftendue de
toute la terre ?.. Pour parler dela Pa..
pauto , quand Palguin nous affirme
quele Generala draffé & eftably for
throſac dedans Rome a l'enuy duis
throſne de S. Pierre , qu'il nousalli .
gne le lieu ou il elt , qu'il ſpecifiefon
eſtoffe, fa figure, la parurc. N'eſt -ce
point vn throſnc ſuperbe & fublin tel
que celuy de Salomon ? Pourquoyle :
Pape auec ce facré Synedrium de
Mefreigneurs les Illuftriffimes.Cara's
dinaux letolere - il & l'a - iltoleré tant
de temps : A la verité aul Catholique
ac le voit , mais le ſeul Paſquin auſſt:
oculé à aperceuoir ce chroſne inaifi .
ble , que les Hereriques ſes parens a
voir
La Chaffe
voir l'Egliſeinuifible pendant les laps
deplaſieurs ficclcs. Paſquin dit en ce . mo
qu'il preuoit ce qui doit arriper TOT
auec le temps, & pour ſa chariteit en
donne adais ao SaindzSiege.Grande: Que
prevoyance ! inca dita charité de ces
nouucau Prophete & Prenoſtiqueur : gic
affr heureux en ſes predictions, que
lereſueur Paſquier à fauflemét :preo
dire les affaires des Iefuitesia palfees de
l'eſpace de trente ans ! Omáis ce rea ,
plique: Paſquine; le Geacral fe faict
adorer & baiſeries mains le jour de
fon election affisen vne chiere.N'eft C
ce pasetre yn fecond Paper Gare
Mefficurs , Voicy le coup perilleur .
Le ne veux'm'arrefter a diſcourir am
plement du baiſer des pieds, de la
iambe, du genouil , de lacuiſſe ,de la PUL
robbe , de la main , & de la bouche
pra &tiqué rouſiours d'homeà l'hom uc
me ſelon la condition de l'honorant,
& honoré le me contente de dire
que Paſqain le monftre yn grand fot.
Qu'il apprenno qu'es Religions Ro .
formees non ſeulemeton s'agenouil .
le deuant le General le jour de fa
creació, & qu'esybes on lay baiſe les
mains,es autres on faict vae profona
de ia
LA . Chaffe :
prendre cognoiſſance des cloitres:
‫ܐ‬e
Quád ic voy vn qui s'eſt nourry par
myles Damoiſelles, entre leurs fufe lo
aux & quenouilles, ſe conſtituer ic . ‫ܬܐ‬
gedes Moines & Religieux , de leur... de
capuche & habit : Quand icvoy va
amoureux qui palloit ſon temps it lar
prendre les pulces au ſein des coura
tiſanes , tout a coup fe vendiquer la
cognoiſſance dela haire que lesReli?
gieux endoſſent ſur leur peau . Ceſte
grande obeyſſance & fubmiſſion des --
Ieluites envers leor General ſert A
Paſquin pour y fonder les pretéduës 10
pretenſions que ledia General con PE
Eoit descouronnes , & dela Papauté 9
meſmes. Pour parler des couronnes, ta
que Paſquin nous nomme les coron
nes,Royaumes,ou principautez qu'il
a cóquisiuſques à ce jourd'huy. Que
fi la fortune luyà eſté & a les predc . PC
ceſſeurs ficótraire que leor deſfeings
n'ayent peu rcüfſir , au moins de gra.
ce qu'il nous dile ſur quels eſtats les - MT
Generaux ou les Iefuites aient cu in
telligences's fai&t leur practiques & de
merces . Car a la veriré le premier DC
manque fouuent & preſque confiour's OC
auxamés ambicicules , parce 5 Dieu bl
are -
DW Renard Palanin
treceu ſous la protc & ion & tatele
les compagnies des homes & la per .
fonae ſacree des Rois, & deſcouure :
les attentats des perfides & parrici.
des, lesrend inutiles, & les redui& :
enfumce. Mais le ſecond neleurdem .
fant jamais . Combien donc files les
fuites loat tels , ena lon trouve pare,
my eux , ic pe diray pas convaincus,,
mais accoſez, ic no diray pas accuſez,
mais : loubconnez d'auoir procore
quelquc coronne a leur Gencral en
tant d'annces , & en l'eftendue de
toute la terre ? Pour parler dela Pe..
paule , quand Palquin nous affirme
qucle Gencrala dreffe & .eftably for
throfac dedans Rome a l'enuy di
throfne de S. Pierre , qu'il nous alli
gne le lieu ou il eſt , qu'il ſpecific ſon
eftoffe, la figure, la parurc . N'eſt -ce
point vn throſne ſuperbe & fublin tel
que celuy de Salomon : Pourquoyle ;
Pape. auec ce ſacré Synedrium de
Mefreigneurs les.Illuftrillimes-Cara:
dinaux le tolerc - il& l'a -il toleré tant
de temps . A la verité nul Catholique
nc le voit , mais le ſeul Palquin aullt
oculé à aperceuoir ce chroſne inaiſi .
ble , que les Hereriqucs. ſes parens à
voir.
La Chaffe
voir l'Eglife inuifible pendant leslaps
deplaſieurs ficcles. Paſquindit en ce
faict qu'il preuoit ca qui doit arriver
auec letemps, & pour ſa chariteiten : re
donne adois an ,Sainat Siege.Grande : fu
preuoyance ! inga dita charité de ce
nouueau Prophete & Pronoſtiqueur:
auffcheureux en les predi&tions, que
lereſueur Paſquier à faoſemét pre
dire les affaires des Iefuitesia palfece
l'elpace de trente ans ! O mais cores ,
plique: Paſquin ; le Geacral fe faiete
adorer & bailertes mains le iour de
fon election affis en vacchiere.N'eft
ce pas etre yn fecond Paper Gare
Mefficurs , Voicy le coup perilleur.
Ie ne veuxm'arrefter diſcouriram
plement du baiſer des pieds, de la
iambe , du genouil , de lacuiffè, de la
robbe , de la main, & de la bouche
practiqué touſioursd'home à l'hom
mc ſelon la condition de l'honoraat
& honoré , le me contente de dire
que Paſqain fo monftre vn grand fot.
Qu'il apprenno qu'es Religions Re :
formaces non ſeuleméton s'agenouil .
le deuant le General le jour de la
croatió, & qu'és.ybes on lay baiſe les
mains, es autres on faict vae profona
de in
Du Renard Pasquin . 1 $7
de inclination de telte juſques à la.
moidjé des caiſſes come ſi on les luy
vouloit baiſer , honneurmitoyen ca.
tre le baiſement des mains aux Euc .
ques, & des pieds à noltreSainet Pice
re , mais auſſi qu'en plafcursReli
gionsà l'arriucc d'un nouucao Pro
uincial tousles Religieux le recevant
a la porte s'agenouillent & lyy ren
deni l'honneur de ceſte inclination
que je viens de defçrirc. Cenonobs
ftant on a veu les generaux des Icluie
29s, particoliçecmentce grand Duc &
CapitaineBorgiasquand on cft yenu.
aceſte ceremonie rougir, & lorsque
on leur prenoit la main d'yn colté,
tourner la face del'autre,ainſi õli on
leur eult vouluouurir la vene. Mais
puiſque nous ſommesſur cespropose
je ſuis d'aduis d'admenervac proba.
uion cófirmatiue du dire de Paſquin ..
L'annec du (ubilè nousrencontrala 1
mes pluſiçurs Theologicns François
dedangla ville de Rome. Nous nous
trouualmes quelques vns en l'antia
chambre d'vn Cardinal, ou pour la
preſence comme d'yn Prince de l'E
gliſe,nouseſtiós la tafte deſcouuerte.
Arriva le PereGeneraldes lefuites,
qui
Cbage
quid'vne partſans fe repreſenterque
ke Cardinal eſtoit des plas pauuresi
des plus icunes , & qac il auoit de
grandes obligationsà la compagnie ,
particulierement-aodia General , &
de l'autre part mettant en oubly gue
iceluy General eſtoit illá de Princes ,
onclé d'vn Cardinal fort adgancéen
credit qu'il eſtoit refpe & able pour L
fa venerable vieilleſſequ'i
, leſtoie fi...
viablement chef a'vae di grandecomes
pagnie, demouroit debout le bondet i &
antre les mains aucc nous iaques
ce que le Cardinal tournant viſage
l'apperçeur & l'alla recueillir , Ren .
dre ces honncurs ie qe diray pas au 9
Pape , maisá yn ſien enfant , ie net
diray pas à cegrand throſne de fainatt
Pierre, mais i va de fes Scnateurs &
Affecurs,eſt - ce comme dia Paſquin , lp
baſtir & cftablir vn throſne dedans
Rome à l'endy de celay de S.Pierre RU
Mais puis qu'ca ces parolles il mon ? m
ftre qu'il n'a point de nez , achemia. he
aons nous à quelque choſe quiaya el
plus de rithmac & deraiſon . la
be
СНАР .
9
Dr Row word Tafquite.
CHAP. XIX .
fue les seus fimples des lefuites font legitia
i nas,odignes d're finguliere prudenie..

Pres l'obeyſſanee aucugle one


Adreſſo
! le fort de la batteric cóire
les veus
ſimples des Ieſuites, Deax
choſes pfférent Paſquio en ces vous.
L'yneeft que nonobftant loyau de
pauareté le Religieux puillo auoirle
domaine , non toutesfois l'admini
Gracion de ſes bienspreſens , & luce
ceder aux futurs. Il ſemble ce do
mains & proprieté combarte directe
ment la nature doveu, & par conſee
quent queles 'Icfuites ne le paillem
focuſer de transgreſſion & lacrilego
commis contre le veu . L'autre que
s'eft choſc citrange qu'vn Religieux
apres s'eſtre obligé à Dieu par prop
moſſe & par væn , puiſſe retourner
queolicécc du Superieur, ca ſon pre
mier eſtre iuſques à ſe marier fi bon
luy ſemble , au cas qu'il n'ayc point
eſte promcu aux Saincts Ordres. Ce
ſont ces deux choſes qui frappent &
l'amedes ſimples,& leur iettent quel
que fcrupule enla conſcience , hol
quelles la coufume qui a, yne mer
acido
La Chaffe 2
ueillealc force de perfuader , du tous t
V
contraire es autres Religions dogne
beaucoup d'affaire.Par.dellus fearai CC
fons propres pour elmouuoir les fim
ples, lesmalicieux en adioulter d'au tc
tres non moins ineptes que faulles. te
lo
Cóment diſent-ils , qu'vn Ieluite aye
Je dontaine de les biés puille recueil
fir todre forte d'heritages ; ment de
vonleir eftreindre en peu detepsiul 9
quesaux nobles familles & illuftres,
Dodaelles la Republique quiefticoma
poſee de la multitudo de telles famit
tes ? Netce pasrondre la maifon des
Iefuites la plus richde
e France, le da
Tay plus que danedorónes N'eſt -ce pas
Un moyen par lequel ils pourronten
finioindre la Monarchie à leur mal
fon ? Le Roy d'Eſpagne euſt pea oba bi
tenir plafieurs de ſes prætenſions ſur 06
la France & y conquerir beaucoup de BE
1 pays s'ilſe faſtaduif& d'éployer far PE
gent, duquel ilvouloit acheptar les
fuffrages des Seigneurs, qui lay önt mi
faict faux bon , enplaces & Seigneu
ties par l'entremiſe dequelques a
getis ſecrets. Mais leşlefuites ĝar . le
dentyn )bien plaswfacile moyen , qui
of fansfinance voir ölleursColleges
les
Da Renard Paſquin .
tes Baronaies,Vicomtez, & Comtez.
Voyla les argamens des malicieux,
entre leſquels le Coriphæc Paſquin
bralmát comme vo'alnc hors de tou .
te raiſon s'effance en ces propos. En
tels preus le feſuite iouë trois per- ,
-fonnages de telaite ,d'Hereticque,de »
Machiauoliſte.Venons à l'examen de
aces calónies. Vous ( paacz Meffieurs
qu'en dout contra & ilnya que ce que
on y met , en toute promeſſe il nya
aucune obligation que cele que on
veut ſubin . Non plus y on aura -il au
ou qui atvin facre contract & vne
fainete protaello,par laquelle l hom
medonnela foy & Dieu .Puiſque dóc
lc leſuiteen fon veu ſimple appoſe
ceſte condition , qu'il n'entend son
bliger tellement a la pauureté , qu'il
ne puifTe terenit la propriere de fes
biens & le droict d'horedite, Nya la
padareté, chaftere, obcyſlance, qu'il
*nºch -poiſſe catre releuépar ſon Supe
iflour-couresfois & quantes qu'illeiv>
gera à propos , pourquoy le veut -on
d'avantage Cela eſt contre
attacher'a
tqure raifon , tour droi& humain , din
tin & naturel , & contre la naturelle
libert : del'homme, de laquelleieſtant
vray
$ 92 14 chur
ray Maiſtre & poſſeſſeur,la pedtem .
gager s'ilveut, tant qa il veut & non le
d'auantage. En cela la coutume des
autres Religions ne peut preiudicior
aux Iefuites. Caràla bonneheureſoit
que les autres Religionssycattoates C
voulu embraffer En youfolemnel s .
spres leqacl elles ne puiſſent plus.rg 1
garder derriere elles. Pour cela n'ont
elle fermé la porteaux vaax fimples,
fi quelqu'vos en veulent faire pour YO
lesraiſons que deduirons tantołt . Et
ac penſez pas que le faict des Isfuites
foit li fingulier , qu'il n'aye encores
quelques cxéples ſemblables en cer
tainspoinets. Es autres Religions les Le
Donats s'obligent, mais ils peuucnt
enceftre acqaitez par lc Prelat. En
Flandres il y a Monaſteres ( par oay
dire )ou quelques Dames Religieuſes
viuent yn certain temps , pois elles
peuuens eftre tirecs & appelless au
Mariage . Il eſt bien pluscftrangetoute
tesfois qu'vne Religicule forte deſon
cloiſtre ., quitte levoile & ſoit joincte
par mariage à vn homme, queles le le
fuites ſoientr'enuoyez chez eux,qui
apres leur congé pour la plus partvi b.
funética l'eſtat de clericaturc. A Romi
vous
Du Renard Yafanik . 1999
voós aucz ceſte gráde compagnie de
la Vanicelle , autrement de l'oratoire
d'ou ſont ſortis de grandsCardinaux
& Euelques , entre autres cet ornc .
ment de noſtre fiecle l'Illuſtriſſimo
Cardinal Baronius. Pendant qu'ils y
font, ils viucnt en Religieux foubs
L'obeyſſance, en communauté & cha
ſtèré. En font-ils fortis,ils n'ontobli.
gation aucune quc de Preftriſc: Si
vous demandez les raiſons qui ont
eſmeu le bien - heurcax Ignace legi.
Aateur de ceſtecompagnic, d'aiaſi or .
donner des veus , ie vous diray que
m'eftant d'autras fois mis à y pena
fer; i'admirois & la grandeprudence
Chreſtienne de ce Šainet perfońna
ge en laquelle il a excellé autant que:
homme de fon déps , & cn icelle pru
dende fjénetinfinic lageffe dus. Ef
prit en la conduite de l'Egliſe Sites
lefuires n'eufſenteu après la porte doi
recepcion la poterne de congé pour:
renuoyer quand beſoin feroit deleurs
compagnie compofec de midle & milo
le beaux eſprits, gaillards , capables!
degrand bien & degrandmal,Goma
bien s'en fuffent debandez ed ?Apo
ftats lortans fans dimiſſion quieuf .
I font
194 La chaffe
fent eſtesreceosbras deflus, bras defe
loubs à larmce des Huguenots:Qúcl
enouy de voir parmy les Heretiques
tant deMoyncs deſerteurs, eſquels ic de
deploreray ce que laine Cyprica dea
ploroit aux laps, voir caos de troupe.
aux de pauureshommes meurtris du 01
glaiue de l'berefic,& tanțde recentcs. PC
fuines de nos anciens freres , amis &
compagnons ? Si l'ordre desIefuites
n'en ett en tout & partout exempty A
combien moinsleuft -il efte, Gilapor $
fc eſtoit eſtroictement bouchee , les
quelle par leur crupcion, & faillie ila

868
briſeroient.On y a aucunemét póut .
ucu en cette maniere deveus qui s'y
practiquent. Quelques vos font ils
infirmes & incapables d'y demeurer,
ne ſont-ils capables d'eſtre retcnus
par les ſainctes admonitions des S4
pericurs , exempleside jaots d'homa
mes. deuots & Saincts ; par lesprice
res qu'on fai&t pour eux ?1 Hsrecoin Suce
uent leur congé , & apres travaillent low

quiaux predicatione , quiaux con


feffions Quelqu'vns dentr'eux voy. c
ant apresque la vainc elperance du gu
módeles a trompez , ſupplient qu'on ob
leurriooure les portes de la copagoic . cl
ce qui
Du Reward rafquin . 195
es quicl
plus facile,gus aüls auoy.
franchy le fapt a l'herclie:Car peu
ent
en rguiennent , c'eſt un gouffre qui
deuore & engloatift ſans rendre ceux
qui y font naufrage. Il y a pluſieurs
autres raiſons que ceſte-cy ,comme
ou pour [eruir plus au public , ou
pour ſaristairea obligation de nato .
reen lafubuention des parens au cas
de neceſite , ou pour receuoir trai.
4ement plus tranquille en quelque
perpetuelle maladie : Mais je meſuis
contenté d'eſtendrela premiere, par
qu'eg icelle réluiſt la grande pro
uidence de ce S. perſonnage Igna .
co de Loyola ready sage par l'expe
rience des autres Religieux , & lafa .
leinfinie de Dieu au gouuerne
msot de foo Egliſe
250LCHA P. XX,
2014309136
Que leven ſimple deparurete auec droidde t
filcceßion eft legitime. Reſponſe atoutes les ca
Tómnies qu’on ietre contre cereu ,

ORcommeainſifoit que pluſieurs


ſainctes raiſons ont demandé
que les veus limples n'admenaffent
obligationcceffaire à perpetuité ,ains
ſelon que la prudence du Superieur
I 'και iuge .
Da Renard Paſquin .
tes Baronaies, Vicomtez , & Comtez .
Voyla les argamens des malicicux,
entre leſquels le Coriphæc Paſquin
bralmát commevo afne hors de tou
te raiſon s'effance en ces propos . En
tels vous le Ieſuite iouë trois per
sonnages de teluite d'Hercricque,de ,
-Machiquoliſte.Venons à l'examen de •
zces calónies. Vous foaacz Meffieurs
qu'en dout contra &til ny quc oe que
on y met , en toute promeſſe il nya
aucune obligation que telle que on
vcut ſubir . Non plusy on aura -ilau
peu qui otvn facre contract & vne
faincte proineſto, par laquelle 1 hom
medonnclafoy à Dicu . Puiſque dóc
lc Ieſuite en fonvau ſimple appoſe
scelte condition , qu'il n'entend son
bliger tellement a la pauureté , qu'il
me puifTe tetenit la proprieté de fes
biens & le droict d'horedite, Nya la
padarcté , chaſterd , obcyflance, qu'il
in'ch paiſſecttro releué par fon Super
itidur-toutesfois & quantes qu'ille iu
gera à propos, pourquoy lc veut-00
atischerad'avantage Cela eſt contre
irqure raifon , tour droi & humain , din
tin & naturel , & contre la naturelle
libert: del'homme, de laquelleieſtant
vray
*092 Ce chat
vpray Maiſtre & poffefeur, la pedt er .
Bager s'il veut , tant qo'il veut & non
d'auantage. En cela la coutume des
#utres Religions ne peutpreiudicior
aux leluites. Caràla bonne heure ſoit
que les autres Religions ayent toutes C
voulu embraffer yn you folemnel a.
* pres lequel elles ne puiſſent plus re Bo
garder derriereelles. Pour cela n'ons 1
elle fermé la porteaux vcax fimples, 8
fi quelqu'vos en veulent faire pour YE
les raiſons que deduirons tantoit. Et
tuc penſez pas que le faict des Icfuites
foit li ſingulier , qu'il n'aye encores
quelques exéples ſemblables en cer
tainspoincts. EsautresReligionsles
Donats s'obligent, mais ils peuvent
en eftre acquitez par le Prelat. En &C
Flandres il y a Monaſteres (par oay
dire)ou quelques DamesReligieuſes
viuent vn certain temps , puis elles
peuuens eftrc tirees & appelless au
Mariage.Il eſt bien pluscitrange tout.
tesfois qu'vne Religieuſe forte deſon TE
cloiſtre., quitte le voile & ſoit coincte
par mariage à vn homme, qaeles Ic ‫ܐ‬e
Suites ſoientr'envoyez chez eux, qoi
apres leur congé pour la plus partvi b
aétien l'eftat de clericature, A Romi
VOUS
Du Renard Yaſquin. 1919
vous auéz ceſte gráde compagnie de
la Vanicelle , autrement de l'oratoire
d'ou ſont ſortis degrands Cardinaux
& Euelques , entre autres cet orne .
ment de noſtre fiecle l'Illuftriffimo
Cardinal Baronius. Pendant qu'ils y
font , ils viucnt en Religicus loubs
Þobcyfrance ,en communauté & cha
fteté. En font- ils fortis; ils n'ont obli.
gation aucune que de Preftriſc: Si
vous demandez les raiſons qui ont
elmeu le bien - heurcax Ignace legi.
Alateur de ceſte compagnie, d'aiali ors
donner des vous , ie vous diray que
m'eftant d'autras fois mis à y pena
fer; i'admirois & la grande prudence
Chreſtienne de ce Šainct perfonae
ge en laquelle il a excellé autant que :
homme de fon déps , & cn icelle pru .
dence fiénet'infinic ſageffe dus.Ef
prit en la conduite de l'Egliſe - Siles
lefuires n'eufſenteu après la porte doi
receptioni la poterne de congé pour
renuoyer quand beſoin feroideleurst
compagniecompofecde mile & miles
le beaux eſprits, gaillards ,capables!
degrand bien & de grandmal;Goma
bien s'en fuſſerdt debandezed'Apor
ſtats fortans fans dimiſſions quicufa
I font
194 La Chaffe
fent eſtesreceas bras deflus,bras def .
loubs à larmce des Huguenots.Qùel
ennuyde voir parmy Jes Heretiques
tant dcMoynes deſerteurs, eſquels ic
deplorerayce que ſaine Cyprien dea
ploroit aux laps, voir tant de troupcar
aux de pauures hommesmeurtris du
glaiuc de l'herefic, & tantde recentes
cuines denos anciens freres , amis &
compagnons ? Si l'opdre des Iefuites
n'en eſt en tout & par tout cxcmpty
combien moinsleuit -il efte, Gilapor .
ec eſtoit eſtroictement bouchee , la.
quelle par leur cruption & faillic ils
briſeroient.On y a aucunemét pout.
ucu en ceſte maniere de vous qui s'y
practiquent. Quelques vas font ils
infirmes & incapables d'y demeurer,
ne ſont- ils capables d'eſtre retenus
par les ſainctes admonitions des Sur
pericurs , excmpleside jaots d'homa
mes: deuots & Şaiacts ; par les priori
res qu'on fai & pour cux :1 Hs recoin
uent leur congē , & apres travaillent
quiaux predications , quiaux con
feffions:Quelqu'vns dentr'eux voy:
ant apres que la vaing eſperance du
módeles a trompéz ,fupplient qu'on
leurrioaureles portes de la copagnic
1 ce qui
Du Revard requin . 195
ce quief, plus facile , gur s'ilsauoy .
ent franchyle laut a l'hereſie ;Car peu
en rguienncot , c'eſt vn gouffre qui
deuore & engloutiſt ſans rendre ceux
qui y font naufrage. Il y a plufieurs
autres raiſons que celte-cy ,comme
ou pour ferui: plys,au public , ou
pour Saristairca l obligation de natu .
rg an la fubuention des parens au cas
de neceſſité , ou pour receuoir trai
eement plus tranquille en quelque
perpetuelle maladie: Mais įc meſuis
contenté
d'eſtendre la premiere,para
& qu'epicelle reluiſt la grande pro
uidence de ce S. perſonnage Igna.
cedo Loyola rendy ſage par l'expe
riepce des autres
Religicux , & lafa .
le infinie deDieuau gouuerné .
msat de fon Egliſe:
ei 25:00 CHAP. xx.
on
Que le veu fimplede panurete auec droidde
ſucceſsion eft legitime. Reſponſe a toutes les
lúmnies qu'on jette contre ce P & u ,

Rcomme aiaſi foit quepluſieurs


ſainctes raiſons ont demandé
gye les veus limples n'admenaffent
obligatio ncceffaire à perpetuité ,ains
ſelon que la prudence du Superieur
II iuge .
5
La Chape
196 ,ilsaiſonnable
it
iugeero ; duſf ith noit
(
qu le væu ſimple de padureté pria
uart le Ieſuite des biens acquis, & de
la lucceffion des futurs : Autrement
dequoy fe pourroit-il luftenter au cas'
qu'it fuft renuoye de la compagnie ?
Etcertainement d'n'eſt raiſonnable
que l'homme pour avoir fehy Diedi
& s'eſtre mis au chemin de luy dear
dier tous les ans en la vie Religieuſe,
ſoit reduit à la mendicité . Souvent
Dieu (e contente de la volontà da te
our catrons ?
ſuite ne voulant pour
cognyés qu'il en viene aranea , Pok
qu'il eut aggrcable ta volonte SAU
braham a ſacrifier ſon fils," & 'celle de
Dauid à cdifier le Temple lang adbir
voulu permettre 'ğu'elle ſoit parede
l'action.Lesames ſimples qui ne font
aueuglees demalice,mais mences de
quelque craïque de Dieu , receuront
ie malteure cesmiennes rallons en
fatisfaction , & pour reſponſe de leurs
obiections, Principalement ſe remet
tant deuant les yeux , que le Sainet
Siege quihe peut être trompt & dc
ceu par l'erreari ny en fd definition
des choſes delaFoy ',ny'en l'appro
bation des Religions,a dcfon autho3
rite
D # Renard Palquim 197
rité ſoyuerainc approuué les trois
veus Simples des leloites , anili
bien que les autres . Car dise.ce que
Paſquinoſeaduáçer ,que les Bulles
des Jeſuites, obtenues du S. Siegs,
ſont ſubreptices & obrėptices, ceft
minuter yne opinion.contre tous,
& eftre hors du ſens commun : Par
conſequent auoir beſoin de naui.
ger à Anticyre poury chercher l'E.
Jebore apres ces beaux premiers
yoyages qu'il peuta
leurs. C'elt rendre Lant de Papes
qui les one données , confirmées ,
renouuellées,njés, Itolides, hebe
tes ſans aduis ,fans conſeil, fans
preugyace do futur. C'eſt faire tort
à ce grand Concile de Trente com
poſe des illuſtres Hommes du mon .
de, & en iceluy à toute l'Egliſe qui
yeltoit congregée . Car diſant ne
yogloir rien innouer aux veus Gm .
ples desIeſuites, il les tient doncq
pour valables . Grande merueille
qu'en ceſte aſſemblée generale du
Chriſtianiſme, entre tant de doctes
& fages Prelats aucun n'a propoſe
de reformer ces væus au modele
1 3 des
198 La Chålfe 4 * 0
des autres: Mais plus grande mer?
Meille que le Concile auquel prefie
doit le Sainet Eſprit , les approu
ue. L'examen scilicer en effoic re .
ferue par ſpeciale prouidence à la
fuffiſance dePaſquin , & il eſt celuy
qui a trouué' la febue au gaſteau.
Quant aux ame's malignes adeuglé .
es ou de l'enoicou de la haine con .
tre lesIeſuites, quelque caifon que
ic leur puilfe deduire ellesny vou .
dront iamais acquieſcer ; Telle eſt
la nature de la malice , autrement
elle ne ſeroit pas malice, & chan
geroit d'effence . I'y reſponderay
neantmoings afin d'empeſcher le
ſcandale des foibles & qui ſe laiſ
fent tranſporter par trop grande
facilité de nature bien ſouuent à ce
qui eſt du tout hors de raifon . Qu'
elle probabilité y a - il en ce qu'on
impropere aux Ieſuites, qu'ils def
poui!fent les legitimes hericiers
des maiſons illuſtres, nobles,moy
ennes, balles , de leur's ſucceſſions:
Et par conſequent qu'ils royne
ront bien -tort'les Royaumes , def
quels la grandeur conſiſte en ' la
grano
Du Renard Paſquin . 199
grandeur de celles familles : voire
que ioy gnantles Barõnics & Com .
sés à leurs Colleges & maiſons , ils
impieteront bien toft les Royau .
mes entiers ; Au moins deuien .
dront plus grands, riches , opulens;
& puitlans , que les Roys & Prin .
ces Sonucrains . Former ces obic .
ations, c'eſt n'entendre pas les rei .
gles des feſuites , ou pour mieux
parler leur donner malicieuſement
vne cref.mauvaiſe explication. Se .
lon le comandement de noſtre Sci
gneur qui ne veut pas que celuy qui
faict eſtat de le ſuyure , tel qu'eſt
le Religioux , donne fes biens à ſes
parens mais aux pauures ; ſelon la
pratique des Saincts qui à elté cela,
le, particulierementde ce grand &
admirable Sainct François , Les
regles des Ieſuites ordonnent que
les leurs ne delaillerõt leurs biens
aux parens , mais en feront les
pauures heritiers . Toutes - fois li
les parens ſont pauures , en ont be .
roin euidêt ou pour leur nourritu .
re ,ou pour l'entretien de leur eſtat;
ou pour fouſtenir 1 : ſplendeur &
1 4 die
200 Ld challe
dignité de leur famille ; elles veu
lent qu'ils ſoyent preferés à tous
pauures . Vousne ſçauriės rien de
mander de plus iuite. Car d'yne
pierre deux coups, comel'on diat.
Enſemblement elles aduiſent & à
l'entretien des familles , dont de.
pend l'appuy des Republiques , &
à la charité de l'aumoſnc, laquelle
confiite non ſeulement d'ayder les
mendiants & indigents à la porte,
mais le prochain, quelque neceſſité
qu'il puiſlę auoir , raiſonoable &
digne de pitié : Telles que ſont les
necelicespropoſées , cſquelles la
perſone court fortune de ſon eſtar ,
& la famille de la ſplendeur. Lors
que celles neceſſites cellent , à la
verité les reigles ont aduiſé qac les
Ieſuites inſtitueront par aumoſne
les pauures leurs heritiers. Mais
comment encores n'eſt - ce pas ric
à ric. Car ils compoſent auec leurs
parens , & auec celle amitié , que
bien ſouvent ils ſe contentent d'on
quart , d'vn fixieſme, d'vn dixier .
me. Lequel fai& encores n'eſt ſans
raiſon . C'eſt afin de ne rédre l'ordre
de
Du Renard P -Squix . 2011
de Religion odieux au monde, c'est
afin de n'en deſtourner les enfans ,
qui ont vne affection naturelleen .
uers les leur : C'est afin d'entretenir
vne amitié fraternelle entre le Re.
ligieux & ſes freres , c'eſt pour le
bien de la paix . Or de ceſte partie
qui arrive aux Religieux , qu'en fait
il? Les regles ne l'altreignent de la
donner à la maiſon , ou College :
Suffic qu'il en face de bonnes æu .
ures . Les hoftels Dieu , les priſons,
les pauures Congents des autres
ordres , les filles à marier , les ieu .
nes enfans qui defirent auec l'agde
3 d'autruy ſe pouſſer aux lettres , s'en
refentent. Si le Ieſuite teftanr de .
want ſa profeſſion & : væus folem .
pels , recognoiſt quelque necefTité
en la propre maiſon de la compan
gnie , il lay peut aumoſner de les
biens. Quel droi t y auroit - il gae
pour le receuoir auec les Gens &
dedans foy , la compagnie fuft ren
due de deterieure condition De
moy qui ne ſuisny lélvite ny d'au.
tre Religion , mais fore feruiteur
& des lefuites & de tous aurres , fi
15 l'eulle
202 La Chape
i'eulle 'eſté appelie au Conſeil de
ceux qui ont faict profeſion en ce
ſte compagnie depuis ſon expulſió
hors de France,.ic leor eule donné
aduis & auec grande inſtance les
culle pouſſé apres auoir compoſé
avec leur parens,dedelaiſfer ce qui
leur reſtoit en main à l'entretien
de ces payures membres de lelus .
Chriſt bannis hors da pays.le vous
diray ce qui me faiſoit faigner le
cæur lors que io le voyois . Il y a
quelques ans que ie me crouuay
pallant à Verdun en Lorraine au .
refectoir de leur College. Ce Col
lege eſt de fort pecite fondation ,
capable ſeulement d'en nourrir
vingt ou tant. I'y en trouue plus de
ſoixantc , tous pieces de leur náu
frage & bris en France. Les pau
urcs gens qui grands:Theologiens,
qui grands Predicateurs , qui de
grande maiſon ,qui aagés de quatre
vingts ans auplus, le contentoient
par neceſſité de biere d'vne petite
pottiõnecte dechair , briefa'auoy
ent que demi- vie.Ainfeſtoit- ildes.
autres Colleges,du Pot à Mouſſon ,
d'Auia
Du Renard Pesquin . 203
d'Auignon , & autres ou la tempe
ite de Práce auoit iecté ces pauores
Religieux. Apres tout cela vn bouf.
for Paſquin , & ceux qui ſe ſont ac .
commodés de leurs deſpouilles à
Paris & aux autres Colleges ,crient
contre les leſuites commeopulécs,
auaricieux , & c. Si vous les aviés
veu comme moy , ou vous pleare
ries la fostune de ces gens , quand
rien ne vous y contraindroir que la
commune profeſſion des lettres,
ou vous auriós le cæur plus dur
que pierre , & que ce Paſquin Roa
main . Mais dictes moy ou font les
Baronnies Vicomtés , Comtes, que
ceux qui ſe rangent à l'ordre des
Ieſuites,lcur ontencoresapportés :
ournommés en vne, ce que vous ne
ſçauriés, ou trouues bố qu'on vous
nommé de voſtre nom calomnia .
teurs & inſignes importeurs , ce
que vous deues ſubir. Quant à ce
que Paſquin furpaſfáttoute impu.
dence des plus eshontées & mefdi .
fátest ripieres du petit Pot à Paris !
fes voiſines , premieres nourrices , 1
& tutrices de laieuneſſe, s'aduance +
I 6 à pro
204 LA Change
à psoferer de fa bouche auſſi inique
& irreligieuſe, qu'iniuricuſe , Que
en les veus ſimples le leſuite iouë
trois perſonnages de Ieſuitc, d'He
recique & Machiagelifte,ila eſté cy
dellus par moy amplemét confure,
& recorqué côtre ſon Autheur ,qui
en ce poinct ne heurtát pas tant la
compagnie de lelus, que le S. Siege
& ſacre Concile de Trenre,leſquels
il taxe par ce moyen d'auoir con :
firma l'Herelie & Machiaueliſme;
fe monftre atlés ouuertement He .
recicque. le finirois icy ce Diſcours
des veus des Ieſuites , fi vne petite
queſtion ne reſtoit, à ſçauoir. Ainſi
foit comme il eit , & nous aués.am
plemét monftré, les veus ſimples
des Ieſuites foiét valables & ſaints ,
Il ſemble toutefois que les leluices
pouuant reſilir de leur pacte auec ..
Dicu , ne ſont vrais Religieux.

CHA .
P. XXI.
Que les lefuites sont vrais Religieux.

Str ont,Carqaa profésdes :


aux
quatre væus &nttes coadiuteurs
formés ,oer argumétne faiſant rien
du -
DeRegard Paſquir . 2e5
du tout contre eux , on ne leur de
bat aulli leur eſtat . Ec quant à ceux
qui nont aucune obligation que des
væus ſimples : ils ſont vrais Reli .
gieux,& n'en peut on doubcer ſans
crime apresla declaracion qu'en à
faict Gregoire 13.par ſa Bulle tres .
exprelle , en laquelle il les declare .
Religieux, & comme tels leur mai
riage nul, s'ils pretendoyent deuár
diſpenſe d'en contracter. Le Sainet
Concile de Trente n'approuve pas
ſeulemét l'inſtitut de la compagnie
qu'il honore dų tiltre de pieux ,
mais auſſi l'appelle Religion. Voil. seſſ.
cy fes mots . Perbec tamen fan &ta Synoduits 23. ad
nou intendit aliquid innouare , aut prohibere, regul.
e religioniericoruna societatis Jeſu iuxta mer
pium
approbatam Domino, & eius Ecclefie infervire cap.id
poßint. Par ces definicions & decret's
toures - fois le Sainat Synode n'en
tend point rien innduer ou emper.
cher quela Religion des Clercs de
la Sociere de Ieſus ne puiſſe felon
fon pieux inftitut approuué du S,
Siege Apoftolique ſervir a Dieu , &
à ſon: Eglife. Ou en eſt Paſqain :
voila l'inſtitut des Ieſuites pieux &
approu..
LA'Chaffe
approgué du S.Siege :Voila tes leo
fuites Religieux : Voila tous leur
vous legicimes & valables,auſquels Oy
le Concile ne veut toucher aucune . $
ment.Continuons à prouuer qu'ils
font Religieux . Ils ont les trois
veus de pauureté, chaſteté ,obeyſa la
ſance , leſquels les conſtituent Re . CE
ligieux , & l'eſtat Religieux ne re
çoit aucunempeſchemét, n'eft fuf. PE
pendu, differé, ou altere en ſon eſo
féce par la future ou no future dir .
penfe des Superieurs ſur ces veus.
Apres certe queſtion refoluë voicy
le petic appendix duquel Paſquin
faiệt ſon grand Achilles ſelon fa fa
çon ordinaire. Car il ſçait ſi bien
meſnager les puces des Damoiſel.
Tes, qu'aupremieriour à l'imitatio
de cet autre qui eſtoit ces dernie
res années àParis,itles feelfera, bri
dera ,enbarpachera, & y logera del.
fos des Cheualiers , qui par coups
de lance fagentgrand efforts & gai
gnent de grandes bacailles. Les
le ſuices n'ont ny habit, ny cloiſtre ,
ny coeur , nyieuſnes particuliers,
& nialliitent aux proceſſions , Ils
De Reward Paſquir . 207
mé ſont donc pas Religieux . Bel
argumenc. Noltre Seigncurn'auoit
ny habit extraordinaire , comme
Sainct lean Baptiste, ſe contentang
de l'habit de Nazaræan ordinaire
aux perſonnes deuotes en ce temps
la , comme l'habit de Preftre , du .
quel ſe ferezent les ſeſuites au no
ſtre , ny cloiſtre marchant parte
pays , ny cæor ſe fernant de mon .
tagnes en ſes prieres & oraiſons;
ny autres iculnes que les ordinai.
res des luif , & n'alloir point aux
procellions Noſtre Seigneur n'a
doncq pas efté Religieux. Paſquin
fera le fort bien vena je m'alleure
chés les Chartreux , Fucillantins ,
Capacins , Recollets & autres cis
rant čeſte concluſion , & par höneus
ſerá conduit au chapitre , ou n'em .
braſſant plus ſes Maiſtreſſes , itac
collera quelque groſſe gouge de
pierre, & colomne poury reces
voir les doux accueils , & chatouil
lemens dłyne bonne diſcipline.No
ftre Seigneur à efte vray Religi
eux principe & ſource de toute
VEgliſe & Hierarchie : duquel les
Par
20 $ La Chaiſley
Paſteurs ont leurs offices , comme
du Souuerain Paſteur , les Religi.
eux leur eſtat comme d'vn Souue
rain Abbé. Semblablement les A.
poſtres eſtoyét Rcligieux, reueſtus ga
toutesfois à la Galilcane & Iuifus ,
& hors de cloiſtre . De noſtre téps, les
Meſſieurs les Cheualiers de Malce
D'plent ordinairement d'autre ha .
bit que de Gentil - homme ou Sei
gneur : Erpour cela ne laiſſent d'e .
Itre vrais Religieux. Carquant à la
croix blanche , elle ne ſemble tanc
marque ou habit de Religion , quę
de Chevalerie, ainſi que l'argentée
auec lá colombe eſt la livrée de la
Cheualerie du S.Eſprit en France ,
la rouge de S.Iacques en Eſpagne,
de Chriſto en Portugal; de Sainct
Eſtienne en Tuſcane,la croix blan .
che & verte de S.Maurice & S.Lab
Zare eo Şauoye. Queles calomnia .
feurs des Ieſuices apprénentmain
tenát que tout ainſi que ſainct lean
menant vne vie retirée du monde .
avoir babic à part,habitatiã a part,
ieufnes à parc : Mais noſtre Sei
ght Ui: viuant parmy les hommes,
n'auois
Du Renard Pafquis 209.
n'auoit habit que le commun , ha .
bitation que la commune , & ievſ.
nes que les communs : De meſmes
epcre les Chreſtiens , les Religieux
qui vivent plus ſequeſtrés,onc tout
ce que je viens de dire , & non pas :
les Ieſuites , qui ſe definent enyer .
tu de leurinttirur à l'edification du :
prochain, & pource viuent au beau :
mitan des homes. Quant aux pro .
ceffions , bien qu'elles foyent tres.
fainetes & anciennes , ( deſquelles
l'ombsage à precedé en l'ancienne
Loy , à ſçauoir ces pieux pelerina,
ges en caravanes à la yille de Hic.
ruſalem trois fois l'année, & lacho.
ſe à cíté amenée à ſa perfection en
la nouuelle dés les premiers aagės
de l'Egliſe comme nous prouuons
par deux pallages de Tertulien .) 2, ad
Si eſt -ce que fain &tement on les vxo .
peut obmettre pour vacquerà quel cap. 4.
ques actions ou plus ſainctes , on depre
fcripta
plus neceſſaires- Ceſtla raiſon pour cap.43
laquelle le Sainet Cõcile de Trente seſsion
diſpenfe des proceſſions les Relj : .25.
gieox qui viuent ſoubs vne plus deReg.
@mo .
eftroiac cloſtore. Les Chartreux cap.13
ſont
10 La chante
font Religicux, & n'aſſiſtent point
aux proceſſions.LesCeleſtins ſont
Religieux & n'y aſſiſtent aucunc . D
ment. Les Fucillentios font Religi
cux & font eſtar de n'aſſiſter point
aux proceffions que fort peu . C'eſt
donc vne ſotte façon d'argumét ,les
Ieſuites ne ſot pas Rcligieux , parce
qu'ils ne søy trouuent point, Com
meG Weſfence dela Religion confi .
ftoit en cet exercice feulement ou
en dependoit. Lesfonations qu'ils
embrallent plus neceffaires les en
diſpenfent. Car comment on Pre.
dicateur qui doit monter en-chat
re , vn Regent qui prepare ſa leçon ,
en eſcholier qui vacque a la repe.
tition de ſes leçons, à la compo .
fition de fes themes ( qu'il doibo
rendre au lieu de tribut fur peine
d'avoir les ſergens à ſa queuë ) qui
faiệt prouiſion de quelque argu
ment pour diſputes vn, confeſſeur
qui colloque parcie de ſa vie à co
tendre les confeſſions, partie à e
ſtudier les caſuiſtes , vn Docteur
qui minute quelque beaucommen .
snire ſur la Biblcz.ſur les Peres,ſur
Saint
Du Renard Paſquin 211
Sainet Thomas, ſur Ariſtote, pour .
roit -il'aller aux proceflionsordi.
naires , qui n'a pas plus de temps
qu'illuy faut ; & bien fouucnt n'en
a pas tant que befoin ſeroit : Sion
exempce des proceſſions toutes ces
fortes de perſonnes ; qu'on en ex
cmpte toute la compagnie en fon
gros , lequel en eſt compoſé, & ea
elle n'y a que Predicateurs , Doc .
tours, Elcricains, Regents , Éſcho
liers, Confelleurs, Ettoutesfois ils
y vont quelques -fois comme para
ticulieres , ou lors qu'enfeignant le
Catechiſme , ils drellent des pro
ceffions d'enfan's en habit blanc ou
aatremêt pour les mouler à la pie .
tė , & fieſchir plus facilement la
bonte de Dieu par les fimples Re.
queſtes de ces peris imocens. Er
qu'on n'allegue point le Concile de
Trente contre les Teſuites. Car fon
intention n'eſtoit point de com
prendre ſoubs ſon decree l'ordre
des feſuites nouuellement efclos,
mais apporter reiglement à l'an
cien debat des Moyoes & Religi
eux ,quià raiſon deleur exemption
deni
in 14 Challe : yes
denioyent ſe trouuer aux proceſ:
fions comandées par les Eucſques.
L'intention du ſainet Cocile fe col.
lige afſés manifeſtement de fes pa
Seßio. Tolles. Exempti antem ommes tam clerici feo
25. de
Regul. culares, quam regulares quicumque, etiam mo Cet
me, nachi ad publicas,proceßiones pocati accedere
cap.z5 compellantur , iis tantum exceptis quiinftri ,
& iori claufurd perpetuo viuust. Que cous
les exempts , dit -il, tant Clercs fe .
culiers que reguliers quelcônques,
melmement Moines loyent cona
traincts eſtáns appellez d'aller aux:
proceſſions publiques, ceux là fant:
feulemet excepeés qui viuent per
petuellemét en plus eſtroicte clau
iture. Qui ne voit l'intention du s
Concile, lequel ne veur que puider
cet ancien different qu'apportoient
à l'Egliſe ſur le faiệt des procef.
föns les exemptions de certaines
fortes de gens . D'ailleurs il n'obli.
ge que ceux qui ſont appellés par
lcs Euelques, pocati dit -il.Ore!t il
que Meſſieurs les Euelques n'ont
jamais fommé ou eu volőté de con .
uier les Ieſuites à fournir leur pré .
fonce aux proceſſionsſçachans fort
bien
Du Reward Paſquin .
bien a :vnicolté Pintention du Con
cile, auquel ils auoyent eſté iugés ,
de l'autre l'inſtitutdes leſuites, qui
pour s'employer fructueufement à
l'Egliſe doivent eftre deliurès de
ces charges', ainſi que de la garde
plötieurs ſortes de Bourgeois priu ,
wilegies. Aafre les procellions , au
moins les ptleres quion fajet en af
ſemblées és lieux fainas , qui font
le terme des proceſſos, font corps
de garde , & pour coſte raiſon ſont
appeltecsde toute Paintiquité ftas
rions, alba gue les ftatibns parmy
les Romanis eftoyent les corpsde
garde qu'on faifoit aux villes, aux
ſieges , aux armées . Les Iefuites
font dôc vrais Religieux ' & ce beau
cipere d'honneur ne leur peuſteftré
difpute. Ceft aflez parle de ceſte
matiere & generalement des voeus
de ceſte compagnie. Venons à fa
banniere & à ſon eſtendare.' Elle à
poutarmes er fon Religieux efcora
fon le faina notffde Jeſus, Suile
quei PA arborèe la croix , affin que
come le peuple Hebrieu'ancienne
ment combatant contre Amalech
vair .
La challe .
vainquoit envertu du nom de leles
que portóit loſué , & de la coix ,
qu'en ſon corpsMoyfe arborait à
la montagne · Aulli ceſte petite
compagnie puike en sercu du nom
deIefus& de facroix combattre &
rnal & ſes
guerroyarlamalechinfe
cro upp es , le Dia ble , le Monde, la
chair . Quel mal trouue l'on tant
que cette compagnie is'appelle la TE
compagnie de lcſus, ou du nom de
Ieſus? Nous pouvons fournir deux
grandes preugepous r la judificar
cion des Icfuites en ce poine , Lyng
Ac que toute l'Egliſe Vajucifeller
legitimemet allemblée en ce grand
Concile æcomenique de Trente
y preldant le Saina Eſprit , leur
donne ce tiltre Religie clericords Socie
sen .
25. ad tatis Iefu. La Religion des Clercs de
regul. la Societé de Jeſus, L'autre que les Š
Nial. Papes en toutes leurs Bulles les
cap.16 en ont honnoré , leſquelles Bolles
doyuent fuffire à tous Chręſtigns
poprenţiere pregue , de tout ce
que nous auops dia de l'inſtitut,
& væds des lelujtes , & . ce que
maintenát pous entamons do nom
1 de
D#Renard Paſquin .
dc.celte compagnie,Touçesfois par
ce que Paſquin par meſlange de
quelques fauſſesés vuidables par
l'hiſtoire à voulo les eneruer , ie
ſupplie Mólieur le Maiſtre des Rc.
queltes de prendre l'affirmatiue de
ces Bulles , comme çftant enſem
blement grand Hiſtorien & cano ,
niſte. Et quant à noos , pallons oue
tre en noſtre mariere ,

CHAP. XXII.
Quefans irreverence ou ambition, l'ordre des
kſaites, s'appellela compagniede Iefus..

Es Mellieurs anti - Icfaites di


CES
ſent premiesemét ở ce nom de
Iefus eft fi plein de Majeſté , Sain
Acté , Religion, que nul homme ne
le doit prendre ſans crime d'irre .
ucrence , irreligion, & voir ſacrile
ge, Außn'y a -ibjamais depuis les
Apoftres eu parmy les Chretiens
aucun qui ſe foic cant hazarde iure
ques aux ſeuls leſuites , Seconde
mentque ,ores qu'il fuſt communis
cable, c'eſt toutesfois une ambition
aux Ieſuites de ſe l'approprier , &
s'intituler la compagnie de Iefus.
N'sit
216 La chane
N'eſt - ce pas toute l'Egliſe qui eſt
la compagnic de leſus. Que eles $
Tefüices penſent cluder ce coup , fe
y parer, en diſant que combien que
toute l'Egliſe des Chreſtiens foit la
compagnie de Iefus , toutesfois il y
ona de plus priuécs & ſecretoes ,
fçadoirles familles de Religion, ce
fera faire tørt au moings aux 10
tres ordres , d'ofúrper par deſſus
eux ce ſuperbe titre decompagnie
de feſus, qui ſe contentent de quel
gue'titre plus bas commed'ordre
famille, Religion de S. François , S .
Dôrninicque , S. Benoiſt & c les
erinemis des Iefuires croyent tri
ompher d'eux en ce poinct : Mais!
its ſont bieeſloignés de leurconte .
Gefte compagnie à & ſans ſacrilea
ge , & ſans ambition pris pour ſon!
'nom la compagnie de Tefusha fofue
& Ieſu Toledechont porté anciena
nement le propre nom de leſus, &
toutefois ſans ſacrilege,au contrai .
re auec grand miſtere, Depuis no .
stre Seigneur pour la ſinguliere re .
verence & Religion qui eſt en ce
nom , perſonnç ti'a eſté li cemeraire
de
Du Renard Paſquix . 217
de l'ofurper commel'on dia, ir rede,
s'appellant Jeſus,mais bien in obliquo,
ſe nommant Mere de leſus , Pere de
Ieſus, Frere de Icſus , Apoſtres de
Icfus, Diſciple de leſus, ſectateurs &
imitateurs de Iefus, mébres de Jeſus,
amis de Ieſus,Egliſes de Ieſus. Tous
ces noms & Epithetes ſont fort an
ciens nez auec l'Egliſe , & ipſerez tát
ês Sainctes Eſcritures , que es eſcrits
des Saincts Peres . En voulez vous
de plus icunes , anciens toutes- fois .
Vous auez en pluſicurs Egliſes des
Confraires appellees dunode Icſus.
Et quelques ansy à, qae ceſte Saincte
Dame, en laquelle à reuerdy le mont
de Carmel , en laquelle l'ordre des
Carmes comme vn Phenix touſiours
jeune & touſiours vieil s'eſt renou .
uelle & reſuſcité de ſes cendres, s'ap
pelloit Mere Tereſe de Ieſus.En tog .
tes ces appellations il n'y a eu aucun
facrilege ou irreuerence enuers le fa
cré nom de lefus. Il n'y en aura donc
non plus , ores que ceſte compagnie
Þemprunre. Si elle eſt exempte en ce
faict detout ſoupçon d'irreuerence,
elle le ſera non moins du dáger d'am
bition , le veux & accordf e ranche
K ment
S 21.8 La Chatte
ment quetoute l'Egliſe triomphan
te & auffi militante foit la compagnie
de Ieſus, I'vne par grace & gloire,
l'autre par grace ſeulemét:Cela n'em
peſche que les aſſemblees des Religió
eux qui touſiours vacquent à Iefus .
Chriſt, & luy tiennent fidele compa
gnie en les veilles nocturnes chan.
Tans les louanges de Dieu , & labeurs
ſpirituels s'employans à la conqueſte
du ciel, foyent particulierement &
par ſpecial priuilege compagnées de
Ieſus; Non plus ne moins que Iefus .
Chrift yiyant en ce mode auoit deux
ſortes de compagnies auec foy , l'vne
eſtoit la troupe & multitude du peu .
ple auquel il preſchoit, & 'a laquelle
correſpond l'Egliſe; l'autre la priuce
ſocieté des Apoftres , a laquelle cor
reſpond la Religion . Or ainſi ſoit
qu'outre la generalle compagnic de
Ielus qui eſt l'Egliſe , il y en aye vne
particuliere à ſcauoir la Religion ;par.
Tant outre, ie dis , que ceſte Religion
que nous appellons des lefuites,peut
fans cenſure d'ambition prédre pour
dom Societé de lelus à raiſon d'une
deuotion ſpeciale qu'elle porte à la
perſonne de Ieſus homme & Dieu ,
a raia
De Renard Pafquis. 219
raiſon de fon inſtitui , par lequel
elle veut fpecialement le conformer
tant qu'elle peut à ce qu'a faict noltre
Seigneur à la conqueſte des ames ,
allant annoncer la parolle en l'vn &
l'autre hemifphere : Enfin a raiſon
de la ſpeciale protection qu'elle at
tend de lefus. Nous ſommes tousRc.
figieux de la Trinité , tous Religieux
du Sainct Efprit, toutesfois pourrai.
fons particulieres , quelques ordres
s'appellent laReligion de la Trinité,
Religion du Sainct Efprit , qui ont
vne deuotion ſinguliere ou enuers
tout le corps de ceſte tres - Saincte
Trinité, ou enuers la troiſieme per
fonne d'icelle . Seruons nous d'vn e
xemple familier & que nous fourniſt
Ja France, Son priocipal ordre de
Cheualerie nommé l'ordre du Sainct
Eſprit, auquel ſontenroollez les plus
illuſtres & nobles , les plusvaillans
& genereux Seigneurs qu'aye iamais
porté la terre ſans en excepter au
cuns , faiet il tort aux autres ordres
de la Chreſtienté d'auoir pris pour
nom l'ordre du Sainet Eſprit , &
choiſi pour protecteur le Sainct El
pric: Tant s'en faut, qu'au contraire la
K2 Fran
220 La Chile
France s'en eſt fort bien trouuce . De
puis que le S. Eſprità eſte particulie
rement honoré & inuoqué en cet or
dre de Cheualiers, ilà pariceaxcon .
ferue la France & preferue de la dos
mination eſtrágere, laquelle ſembloid
indubitablement l'enuahir : Il a con .
verty le Roy , l'a auec l'amiſtance &
feruice de ces Cheualiers François
eſtably, lay a departy l'abſolution du
Souuerain Pontife, l'a renda tellemét
redoutable parmy les eſtrangers ſes
voiſins, qu'vn chacun à racerché paix
& alliance auec luy , lay a donné vne
genereuſe, deuore, fage & debonnaio
re Princeſſe pour Eſpouſe , à bien
heuré ſon mariage & toute la France
par la naiſſance de Monſeigneur le
Dauphin deuant l'an accomply. Sone
les traits & effects de voſtre bótéen ,
versle Roy, & enuers nous , o bien
heureux S. Eſprit, qui eſtes en voſtre
eſſence, & envoſtre proceſſion ,toute
bonté, tout amour, bonté dis- ie & a
mour non ſterile, mais foiſonnant ſur
nous, non oiſeux,mais touſiours effie
cace . Adiouſtez s'il vous plaiſt, o Ef .
prit Sainct,ainſiqu'au nom & pour le
bien de toute la France & du Roy ie
VOUS*
Die Berard Paſquin. 22 r
vous en fay tres - humble requelte , á
ces premieres faueurs celles qui nous
font du tout n'ecellaires, longues an .
nées à noſtre Roy , tout heur, l'ornea
ment de toutes les vertusChreſtien
hes , paix generale en so regne .Apres
luy ocroiez le meſmes à Moreigneur
le Dauphin noſtre naturel & legitime
Prince . Tout autant departez - en à
Madáme noſtre Royne eſpouſe du
Pere , Mere du fils : & donnez à cons
trois voſtre Paradis à la fin . Ceste fin
des væus & facrifices ie multiplie
pour le Pere mon Roy , pour l'efpou .
ſe ma Royne, & pour le fils mó Prin :
cf , apportera la fin a mon diſcours de
jinftitur, veus & nom de ceſte ſocie
té, quiſonrlestrois poinctsą ie m'é .
ftoispropolé: Tout ainſi quej'eſpere
qu'en action de graces à Dieu de la
naillance d'vn ſi grandPrince & Roy
futur,le Roy mó Souverain Seigneur
& la Roinema Souucraine Dame re
ftabliront ceſte petite compagnie qui
de lóg frappe à la porte de leur Roia
le böré par les treshūbles Requeſtes :
Ec laquelle petite copagnie aura pero
petuellemétengrauée enſamemoire,
en ſes autels, en les paroirs , en ſesli
K 3 ures
222 LA Chaſe
ures yn tel bien - faiế , & la naillance
d'vn tel fils , qui priera Dieu pour le
Pere , pour laMere , pour le fils, &
rendra à tous les trois fes tres hum
bles & tres- fideles ſeruices.
СС
Le Seigneur. Monſieur noftre Maiſtre
P
vous auez pris grande peine à nous
faire voir leRenard Paſquin auec tou le
tes les ruſes le tirant de la talnicre , &
ſçauoir ce faux Catechiſme des Ielui
tes, dans lequel il ſe muſſoit pour y
tenir Con fort, luy donnant la chaſſe à
toute bride , & lcliurant en proye :
Puis à expliquer l'inſtitut, les veus,
& le nom de la compagaic de lelus,
qui font les deux promeſſes, vous
nous auiez fai & t touchant le faiet de
la Religion , & deſquelles vous vous
eſtes tres dignement acquitté. Nous
vous en auons ync eſtroiste obliga .
tion . Reſte le fait de l'eſtat à vuider :
Monſieur mon Coulin c'eſt de voſtre
coguoiſſance ; vous nous ferez s'il
vous plaiſt ce bien d'en donner va
arreſt.

LIVRE
Du Renard Pafgain . 223

LIVRE III .

CONTENANT LE
PROCES DE PASQUIN
ſur le faict de l'Eſtat, & la condem
nation par Monſieurle Maiſtre des
Requeſtes auec vne pleniere abfo .
lution & iuſtification des Ieſuites.

C HA P. I...,

Paſquin grind calomniateur contre les 1!iu


Arißimes Cardinaux , Princes , srcheueſques,
Evejzues , os generalement conire toxie jeste
de performes.

Le' M. des Elieurs puiſque


Requeftes . Palguin s'eſt ſoub
mis à noſtre cen
ſure , je diray li .
brement ce que i'en pente. Se le irou •
ue par les pieces du procez, non au .
tres toutes fois que celles que nous
fourniſt lon liure , coupable premie .
sement de calónie & de libelle diffa
maroire contre toutes ſortes de pera
fonnes. Monſieur notre Maiſtre à ri .
chement montré & confuté fesin .
B 4 igres

.
724 La Chasſe
iures contre les Peres Capucins. En Relig
voicy vne inſigne qui offenſe fort a . entre
trocement Meſfeigneurs les Cardig Cardi
naux , Princes, Eucſques, Preſidens, de Va
Conſeillers & gens du Roy és cours: mort
Souucraines , Theologiens, Predica leCa
teurs , Gentils- hommes, leſquels ont fent
intereſt en ceſte cauſe, & doiuét con mais
ftituer Procureurs & choiſir Aduo . viano
cats , Monſieur le Procureur general enlo
du Roy comme ayant intereſt pour dem
tant demembres del’Eftat,fe ioignác de V
à la cauſe pour demander reparation , 10 ;
i d'iniure . Voicy les propresparolles Prin
de Paſquin. Les Enfans nourris par moi
les Ieſuites, promeus aux charges du . cien
Royaume , font d'humeur ſombre & lon
morne, & non aucunement affortable Tre
, au public, Aux autres Colleges en les Are
, nouriſſant no auec chimagrees phan ; l'A
o taſques , ains gaillardiſe d'eſprit en : gulf
, noſtre Religion ancienne , on les diſa ce,
2 -poſe à toutes charges tantpolitiques , da ?
que Eccleſiaſtiques . Donc d'humeur Pre
ſombre ſont ou ont eſté & non allor tes ,
table au public, non capables de chari t MO
ges politiques & Eccleſiaſtiques , co iug
me nourris en chimagrees phantal ciic
ques, non en gaillardiſe d'elprit en la uai
Reli .
Di Renard Påſquin . 235
Religion ancienne ; premieremeno
entre Meffeigneurs les lluftriffimes
Cardinaux ,Monſeigneur le Cardinal
de Vaudemont de rare pieté , que la
mort nous a tröpröſt rauy, Monieig.
le Cardinal de Lorraine viuant a pre
fent Prince doué de belles parties ,
mais que le Diable craignant & en
urant a par l'ouvrage des fiensaffligé
en ſon corps, comme un kob . Secon.
dement entre les Princes Móſeigneur
de Verdun Prelat plein de toute ver .
tu ; Monſeigneur le Dac de Guyſe
Prince par la vaillance & courage telo
moignant qu'il eſt du fang de cesana
ciens & derniers Godefroys de Buil .
lön iflus en la maiſon de Lorraine .
TroiGeſmement entre Meſſieurs les
Archeuelques & Euelques , Móſieur
l'Archeuelque d'Aix Prelat de fin
guliere pieté,zele, doctrine,eloquen
ce, prudence, & d'vne nature capable
da tout:Monſieur de Clairmont grad
Prelat en ce fiecle: Monſieur de Nane
* tes , tres docte, tres - fage , & tres - bon ;
Monſieur de Paris d'vn bon eſprit 36
t jugement , verſé aux lettres , & affe
ctionné à l'Ealiſe :Monſieur de Beau
uais Pair d . France , noſtre Didume
K -5 Fran
L4 Chaffe
François ,auquel la graceà abondam .
mentréparé par la yeuē ſpirituellele
defaut denature en la vepê corporele
le : Monſieur d'Acxs qui par lonia
gement & conduite donne allés à co .
gnoiltre qu'il eſt fils d'vn grand Pere
& illuftre ea noſtre fiecle:Móliear de
Vaates picur, lettré , & doax :Mon
ſieur de Marcon come minime d'or
dre, auſi pieux,docte & excellet Pre
dicateur , & à la verité.la grace & le
bien dire eſt domeſtique à la famille
de Meffieurs les Digets: Monſieur de
Seolis pieus docte & modeſte : Mon
fisur de Tarbes Religieux & verſé
aux lettres . Quatrieſmement ds Par
lemens vn nombre infiny de ſignalés
perſonnages, deſquels on ne ſçauroit
teoir conte : Entre autres ie nomme
ray Monſieur de Verdun maintenant
vn Soleil de juſtice au Languedoc,
qui auparauant eltoit vn de ſes pre
miers & plus nobles altres en France,
l'arriuec duqael orne à meraeille la
ville de Tolore , fpecialement le Pare
lement, oa il eſt pomyces Senateurs,
comme vn Apolon entre les mules,
tous Catholiques , tous fages, affec.
tionnez à lcur Roy & tres grands iu .
Aticiers:
Du Renard Paſquin . 227
ſticiers: Senathien accomply. Autant
en dirons- nous de celuy de Bour.ic.
aus , auquel auec vn bon nombre de
Melſicurs, tous lesgens du Roy ont
faict leurs eftudes aux Ieſuites. C'est
pourquoy en ces derniersteps ils ont
tellement accordé les baſſes & hautes
cordes, les Dorienges & Lydiennes,
la Religion & l'Eſtat au parfaict Sy
ſteme & Dyſdiapaſon de leurharmo .
nicuſe -muſique compoſé de la Relia
gion & Eſtat , qu'ils ont conſerué les
droits à l'Egliſe & a la Monarchie.
Nulle corde naeſté rompue , bien que
Jes Ieſuites qui font le tetracorde des
conioinctes , n'ayent rendu pour vn
? temps le ſon de leur muſique chro .
matique chantant les choſes ſpiritu
elles , lors que la Diatonicque nous
foonoit lesalarmes ; & l'harmorique
nous entonnoit les chants triſtes &
plaintifs des priſes & ſaccagemensde
villes , pilleries de Temples, viole .
mens de femmes & filles. Cinquieſ.
mement en l'eſcole de Theologie &
en la chiere des Predicateurs , qui pa
roiſſent ou ont paru auec honneur,
Meffreurs Seguin , Benoiſt le jeu
ne fleur que la mort à cueilly au
K 6 prine
Li Chaſſe
printemps de ſon sage;Gazil, du Val;
Bouchier leieane, Boulanger, Mar
tin , noſtre Maiſtre Cocqueau Augu
Itin , duquel l'Italie apres la France à
goulté & loué le ſçauoir, le Pere Ba
lile, le Pere Archange Capucins , le
Pere Humblot Minime , & autres
que i'ay ouyou veu en divers lieux .
Sixieſmement en l'art militaire plu .
ſieurs Gentils -hommes. Septielme.
ment en l'ordre honorable de l'addo .
cation , quimeplaiſt entre tous apres .
celuy des Predicateurs, pluſieurs do .
etes & eloquens Aduocats , qui en
leur maiſon ſont lesprudéts rendans.,
aux parties les oracles de leur reſpo .
fes touchant le droict , & au barreau
ſontles protecteurs du pauure , de la
veulue, de l'orphelin . Tous ces Sei- .
gneurs & Sieurs bien que grandes lu .
mieres , ſont au iugement de Paſquin
d'humeur ſombre non affortable au
public non propres aux dignicez po
liticqacs & Eccleſiaſticques comme
Dourris en chimagrees phantaſques
& non aucc gaillardiſe d'eſprit ,ny en ,
noltre ancienne Religion . En va mot
il font bigots , & les appelleroit tels
s'il oroit. Nos Roys ont grand tort
de les
Da Renard Paſquin. 229
de les auoir choiſis, pour Conſeillers.
d'Etat , pour ſes LieutenansesPro .
uinces , pour generaux d'armees,pour
Officiers de la Couronne : Les Rois
ſe ſont extremement fouruoyé les
noimint aux Euerchez , Archeuer
chez , Cardinalat ſupreſmedignité de
1»Egliſe apres la Papauté : & les.Sic
gea lourdement choppé les inſticuát
en cas grades . Paſquin apres celte
premiere iniure,ſurcharge lesefcho .
liers des Iefuites d'vne feconde , a
fçauoir quel'eſchole des leluites eſtát
vne eſchole de feditio ou fe baftiffene
les monopoles contre la France , &
d'ou ſortent les boute- feux, par con
ſequent les Seigneurs qui s'y font
nourris reſentent ce leuain , quitou
tes - fois ont faict & font de notables.
feruices aux Roys & à l'Eltar . Mais
Paſquin ne prend pas garde qu'il ſe
contredit ſo y mefmes , & que ceſte
ſeconde iniure repugne à la premie- .
re . Car fi les enfans ellenez par les
lefuites pour eſtre d'humeur ſombre:
& nona lortable au public, Continep
tes aux charges politiqnes, comment
peuvent - ils allumer le braſier en la
France, à quoy les plus fins & habi .
K.7 Ics
La Chafte
les
les ſe ſentent bien empeſchez. Faut
oftre extrememét accord & ruſe pour pre
gaigner les cours des peuples & les l'in
loulicuer à la reuolte. l'excuſe le peu 94
d'eſprit de Paſquin , Carva menteur CO
couſiours ſe coupe : mais ie n'excuſe 00
ſa bouchede vipere , qui pour guera do
royer les Ieſuites,fe propoſe decom de
: battreces Illuſtriſſimes perſonnages,
les altres & lumieres de l'Egliſe & du 02
Royaume: Even iceux le faict , le
Conſeit , l'election des Roys & des le
Papes tout enſemble. Par ceſte dog
ble iniurc de Paſquin contre les El
colliers des lefuites, les nous craion.
nantineptes & feditieux,ceſont fou .
lement blefiez-principalement iceux
Eſcoliers, mais auſſi les parens accef
ſoitement , tanten ce qu'il importe à
leur hóneur d'agoir des enfans lour.
daux & perturbateurs du public, que
aullpar ce qu'on leur pourra obic
&er d'auoir efté ou imprudêts à choi .
fir bonne nourriture au leur , ou mal
affectionnez n'ayant voulu la leur
donner. Si les parens ont bonne part
a celte double calomnie , comme ils
ont au vray , tous lesperſonnages il
luftres du Royaume, fort peu excep
tes , y
De Renard Paſquin . 231
tes, y ſeront engeloppez, ny en ayanr
prelque aucun gui n'aye commis
l'inſtruction des ſeſuites, qui ſon fils,
qui fon frere, qui fon nepucu , qui ſon
couſin, qui ſon allié .Rappellons chez
nous la doucememoire de ces annecs
dorees , eſquelles vo peo deuant nos
derniers troubles le Roy defunctay
ant comblé & le Royaume de biens
par la paix , & ſpecialement la ville de
Paris de richelies par ſa demeure, les
lettres auſi.y fiorilloyent, & eſtoient
montees iuſques à leur midy. Pour
ne parler d'un grand nombre de No.
blefre , comme de Meſſieurs de Vila
lars & Montpeſatſon frere,Monſieur
le Compte de Rochefoucaud , Mela
fieurs de Rotfec, Monſieur de Lanſac
le fils , Meſi:urs d'Aubeterre , & ad
tres , qui receuoyent la teinetarc de
la piecé & des lettres chez les lefui.
tes, pour ne parler auilide tous les
enfans de Mellieurs des Cours ſou .
, ueraines qui , rempliſſoyent les clalles
& chambres de ce College , ie me
contenteray d'en nommer quelques
vos des principaux . Monſieur de
Harlay premier Preſident du Parle
ment de Paris , d'ancienne nobleſſe ,
grand
23 2 ? La Chaſe
grand'iuſticier & fort prudét au mka
niement de l'Eſtat , auoit Monfiele
fon fils en cet Ecole ;& ſous la pe
dagogie de Monſieur Gazilínourri .
çon des leluites. Monſieur le Şeguier
Preſidêt àMortier pournourrirtrois
de Melfrears ſes enfans en la piece de
qui eſt hereditaire à leur illuſtre fa &
mille , les tenoit à leur peſion & ſous
" Jear pædagogie, Monſieur de Blanc .
menil Prefident á Mortier perfonna
ge d'excellente reputation en Reli
gion , vertu & ſageſſe leur en'aucit
donnétrois des liens en penſion , def
quels l'vn eſt cePrelat ieune de corps
& vieil d'ame,lequel dellorspromet
toit fort de ſoy parfon viſage & hono
neſte maintien . Monſieur de Thiou
Preſident à Mortier ſecodant en ver
tu & bonté Monſieur le premier Pre .
fident de Thoa ſon frere , tous deux
dignes rameaux de ce bon & beag
tige de la maiſon illuſtre de Thou , ka
noit agreable que Monfieur ſon nep
ucu y tiit fes eltudes.Pourquoy ces
quatre Seigneurs Preſidents , faiſoy .
ent - ils donner la trampe des lettres à
Meffi - urs leur enfans & nepueu de
Ja ma'n des lefuires;Neftoit ce point
comine .
DK Renard Paſquin . 233
comme ce calomniateur côçoit, pour
de ces enfans des premieres maiſons
da Royaume en la Iuſtice , tirer des
humeurs ſombres ineples à toutes ,
charges Eccleſiaſtiques & politiques,
& enfin en former des perturbateurs
d'Eſtat des Catilincs , des Albiniens
& Nigriens : Tais toy bouffon , tais.
toy menteur , tais toy calomniateur,
C'eſt par trop offenler les enfans &
les peres. Mais ie vous ſupplie Mel
ſieurspoiſons yn peu laſotte fuperbe
de Paſquin . Il eft ſeul clair voyant å
iuger comme il appartient de l'edu
cation des lefaites,en laquelle fetró
pe toute la France, ſe ſont touruoyez
ces quatre grandes lumieres du Pare
lement de Paris. C'eſt :rop griefue
ment blefler la ſage prudence au iu
gement des choſes , la fincere fidelité
enuersles Rois, la bonne volonté en .
uers le bien public du Royaume,
l'affection plus que paternelle enuers.
le repos du peuple,de cestres.nobles
Haalays, Seguiers ; Blancmenils, de
Thou , & generalement de cous les..
hommes illuſtres du Royaume, qui:
ont donné leur enfants a efleuer aux
Ieſuites. Vous Meſſieurs, qui auez
fuc
234 L'a'chaffe
fuccé le laiet de leur doctrinc, & vous
Meſſieurs quiauez voulu que vos en . 10E
fants le plus precieux threſor@ Dieu Te.
vousaye döné, preſlafient leurmam . lue
melles , c'eſt a voas , a qui ce tortelt 00
faict,c'eſt vous que Paſquin charbon
ne, & noirciſtdela plus vilaine ancre,
les vnseſtes lourdaus, ineptes a tout, 10
excepté qu'a troubler l'Eltat, les au ‫ܐܐ‬
tres impudents ou mal affectionnez
au public & à vos propres enfants à
fon dire . Faudrail qu'il ſoit permis
à un Aduocaceau de neffles , d'ainfi 16
iuger des premiers iuges du monde
& de tous les illuftres hommes de la
France , que ceſte ridicule.corneille
Bu babillarde pie donne da bec a ces
Royales Aigles, que cet oyron brides
& licentieuſement desbridé vueille
embouër , enuilainir & fouillerlabel
le blácheur & le net plumage des cy
gnes , entre leſquels ilne deuroit pas
comparoir. Sus, ſus, Meſſieurs c'eſt
trop parienté ,ſeruez vous de votre
credit , vlez devos authorisez pour
faire reprimender & impofer.frience
à ce baucur & bauafleur . Que Paſ.
quin aduiſe comme il pourra reparer
ces iniures. Je croy qu'il n'y a aucun
moyed ,
Du Remard Pafquis. 235
moyen , qu'eſtant mis en chemiſc , la
torche au poing, les genouilsen ter .
rę, la corde au col , & eftant a perpe .
tuité banny de France , & ſes biens
confiſquez au Roy , C'eſt la peinela
, puiſſe
Car la calomnie & libelles diffama ,
toires de ſoy meritent la mort Celoni
la sigusur des Loix.
US
C H A P. 1 :

Paſquin coulpable d'intelligence ſecretie.


duec le party des ennemis de la Religion is
1045 endroiis..

Secondemét ie dis quePaſquine &


indubitablement coulpable d'in
telligeace fecrette auec le party des
ennemis de la Religion en cous en .
dreiets. le ne dis pas ſeulement pour
faire gliſſer des maximes erronces ou
Heretiques, commeMonſieur noſtre
Maiſtre àfait voir , & qui eſt affaire -
de Religion :Mais pour aduancer par
artifices leurs affaires , & .ca.fin leur
faire obtenir le deffus , qui touche le
faict de l'Eſtat . C'eſt ce que ie vous
deſcouure maintenant, commeeftant
de merueilleure conſequence en la
temporalitè & en l'Etat. Comment
parles
230 La Chaffe
parlc - il des Huguenots de France
il couche la requeſte des Huguenots
en ces mots.Nousauons ſuiuy la fora
A
tune du feu Roy,& la voſtre pendant
aivos aduerſitez ;expoſé nos vies & nos
A
biens pour le fouſtenement de vos
2 Maieſtez contre la faction leſuite, qui
> appelloit l'eſtranger pour le rendre
H
Maiſtre & Seigneur de voſtre Roy .
de
o aume. Faut -il que pour vous avoir
o bien feruy , ne façions part de voſtre
, Republique: Etque les Iefuites pour
, auoir en touč & par tout defteruy ,.
> yoguent, regaent, & triomphent de .
, dans voſtre France ? Et apres qu'il a
forme leur Requefte en ces beaux
termes , it y atrache ſon appoinctes P
menten ceux - cy. Que poguoit faire
, vn ſage Roy afliegé d'une fiiulte im
11
, portunité, que ceſte -cy ? C'eſtoitde
> leur enteriner leur Requeſte , pour
, cuiter de deux maux le moindre , & fi
, ne rentrer dedans le Chaos , donte :
ſtions fraiſchement fortis. A ton dire
Paſquin la Requeſte des Haguenots li
eſt iuſte , elle contient qu'ils ſoyene.
parties de la Republique, Cela eſt déc
iuſte. Tu és un bon Aduocat pour
pux , ils ne demand.erent iamais d'a
uanta
Da Renard Palguin . 237
tantage, Et l'ont demádé pour auoir
moings. Ils ſe contentent doncq de
moings,& ruleursdonnes plus qu'ils
ne demandent, Que içaurois-tu plus
faire en leur faueur ? Tu iuges tout
cela iuſte . Qui eſt le bon François &
Catholique qui ole parler ainſi : Au
cótraire il te dira que la requeſtedes
Huguenots elt ires- mal fondee en
droict, Car l'Eſtat de la France et de
ſa nature tout Chreſtien & Catholic
qucen ſon chef & cn ſes membres Et
ce qu'ils alleguent d'auoir tant ſeruy .
leRoy defunct & ceſtay - cy , n'a aus ,
cunemiſe parmy nous.Caroutre qu'
ils ont cent fois plus demerite par le
paſſé qu'ils n'ont merité ou merite .
ront à l'aduenir , tellement que leur
merite ne merite d'entrer en ligne de
conte , Tout ce qu'ils ont rendu au
deffundt Roy & ceſtuy -cy, ils ne l'ót
faiet commeheretiques,mais comme
fubiects , qui y ſont attraints par le
droit que la nature à donné aux Rois
ſur eux. Ma conclufion doncq & de
tous les bons Catholiques François,
ſera je m'en alleure , que la requeſte
des Huguenots de faire partie de la
Republique, & par confequent eſtre
admis
238 La Claſſe
admis aux premiers offices de la cou?
ronne & iuſtice,eſt en foydu tout ina
iuſte & inique. Que fi le Roy la lear
appoincte ou au total ou en partie, ce
n'eſt pour iuſtice qui ſoit en elle, mais
poor le bien de la paix . Il les admor
non par approbation, ce qu'ils n'ont
jamais gaigné en France , maispar
fouffrance ſeulement.Nos Roys font
tres -Chreſtiens , Paſquin , tres-Ca
tholiques , tres bons enfans de l'E
gliſe, voire fils aiſnez d'icelle , iamais
ils n'approuverðria putain aucc'leur
mere legitime, l'hereſie auec l'Egliſe,
Bien l'ont- ils tolerée pour certaines
raiſons. Saches que fi de toutes les
teftes heretiques ou fautrices ne re
ftoit plus que la tienne, elle ſeroit au
premier jour couppee & retranchee .
En ton liure tu t'entremets de traió
cter de l'Eſtat , & tuy es encores fi
nouueau , que tu n'as peu mettre dif
ference entre approuuer les hereti
ques come iuftes , & les tolerer com
me autrement plus nuyfibles. Mere
ſicurs , noftre galand ne ſe contente
point de faire valoir la cauſe deshere il
tiques en France comme iufte , & de
les æqualer aux honneurs du Roian .
Da Renard Paſquin .
me auec les Catholiques:Mais il veut
que leur cauſe obtienne le deſſus ca
tous les quartiers du monde , & que
celle des Catholiques ſuccombe, que
la cauſe des heretiques ſoit laiufte, &
celle des Catholiques iniufte . Cela le
verifie particulierement au faict de
l'Angleterre. le veux rapporter les
propres paroles deſquelles il vſe ra .
contant l'hiſtoire du Docteur Patri
mis à mort en Angleterre ,Et eft vne ;
choſe dit- il, quimeſemble ne deuoir ,
eftre teue, qu'eſtant interrogé par ſes »
luges il recogaoiſt que lors que il ,
d'iſcouru premierement à la Royne >
les coniurations que les Catholiques :
fugitifs braſfoyent contre elle pour :
ſtre reintegrez dedans leur mai. ,
fons , elle lay auoit refpondu que
ſon opinion nauoit iamais efie de mal ,
traiter aucun pour Religion , finon ,
de tant que ſous ombre d'icelle ils ,
auoyent voulu attenter contre elle &
ſon Eftat. Et que pour l'aduenir nul ,
ne feroit en peine pour la primace »
du Pape , tant & fi longuement que a
il ſe comporteroit en bon & loyal ,
fubiect. Or notez s'il vous plaiſt »
d'vn coſté l'affection de Paſquin au
party
R40 La Chaffe
party heretique , & de l'autre fon ar
cifice, cauteleux à le deffendre , Et
c'eſt yne choſe quime ſemble nede .
le
aoir eſtrateuë, dict-il. Et pourquoya
qH
Comme eſtant fort propre pour don
ner gain de cauſe à la perſecution
Angloiſe contre l'Egliſe . A qui veut
vendre Paſquin ſes piperies , qui ſont
cognaēs par trop à ceux meſmes qui
ont la berlue ? Pour conclufion , a
fon dire , en France , en Angleterre,
fa
& ailleurs les Huguenots ont toutes
lesraiſonsque on Içauroit deſirer de fo
leur cofte, & les Catholiques en fonc le
en tout & par tout deftituez , o grand
fouſtien des Huguenots & preten
dus Reformez, qui veux les rempa. 8
ser à la veuë de tout l'vniuers de la
poſſeſſion de luſtice ! Mais o grand 9
deftructeur des Etats ! car la nature 92
de l'Herefie eftant de les renuerler ,
Paſquin l'y logeant ou la rendant ta
egale en prerogatiues & preéminen pr
ces à la Religion Catholique, il les
ruynera en brief temps de fond en: ge
comble . lu

СНА Р. MC
pr
Du Renierd yafquin 240
CHAP. III.
Paſquin coulpable de plufients atroces 64
Lomnies contre les Ieſuites . La premiere eft
qu'ils font perturbateurs d'Eftat. Les lefuites
purgez de diners attentats en Flandre, Angle
terre, Escofe.

Roifieſmement ic dis qu :ileſt


T
I coulpable de pluſieurs inligacs
calompies & atroces contre la com
pagnie de Icfus. La premiere & plus
falcheuſe calomnic de laquelle il s'ef.
force de noircir la renommee des lc .
fuites eſt , d'eftre perturbateurs d'E
ftat , & entreprendre ſur la vie des
Princes. Siainſi eſt, armonstoutes les
gents ,armons le mode vniuerſelpour
exterminer ceſte peſte des Republi
ques: Mais auſſis'il eſt faax , quc Paſ
quin ſubiſſe la peine de Talion , a
moings qu'on luy coupe la langus ,
Jangue maudite & meſdilante. Oric
prouué des hier apres diſner,à la pre
miere ouuerture daliurede Paſquia ,
que tout ce qu'on impoſoit aux Icm
ſuites citoic entierement faux.le pro.
mis toutesfois de lire fort attentive
ment ce liure , &examiner toutes les
probations & pieces nouvelles fi au
L C6BCS
242 La Chaffe
cunes y en auqit.l'en ay troqué qacl.
ques vpes. Il accuſe les Ieſuites de
double attentat furle deffunct Prince 11
d'Aurange , l'vn ſans effect entrepris
en Anuers , l'autre auec l'effet de la
mort enſuiuic par Baltazar Girard, II.
obiecte ſeulement , mais il ne prouue 1
rien . Orne fuis - je d'aduis de croire
Paſquin à ſa fimple parolle , Car ces
deux qualitez de bouffon , & de ca
Jóniateur ordinaire infirmient du tout
ſon telmoignage en iugemét.Au con
- craire nous auons deux argumés fort
puiſſants contrePaſquin.L'vn eft tire
des Catholiques eſcriuains , qui ont
compoſé les hiſtoires du Pays bas .
L'autre des eſcritainsheretiques qui
oni fai& .le meſme. Carny les vnsny
les autres ne font aucune métion des
Jeſuites en ceſte double entrepriſe
furle Prince d'Aurange,mais en rene
deacles EſpagnolsAuiheurs. Ettou .
tesfois ces derniers , c'eſt à dire les
Huguenotso'culſét eu garde de par
donner aux leſuites. C'eſt doncq va
menſonge inuété par Paſquin ,ou que
d'autres day bar tourny, duquel le
Diable s'eft aduiſé en ces jours pour
nuire aux lefuites, ne s'eltant aduiſé ,
ou
Du Renard vaſquin. 243
og n'ayant oſé pour l'cuidence du
faiet au contraire , le ſouffler à ce's
hiſtoricos contraires. En apres il ac
culele Pere Cricthon d'auoir folici .
të Robert de Bruſſe Gentil - homme
Eſcoffois à meurttir Merclan Chan
celier & premice Secretaire du Roy
d'eſcoffe . Pour probation totale il
die en augir de bons & fideles mee
moires . Noſtre bouffon & calom
niateur diet qu'il en 2 ; luy croyrons
nous . Et quand il en auroit , dequi
les à il, pour eſtre bons & fideles : Ie
m'affeure des Heretiques , auſquels
il croit plus qu'à l'Euangile . Aufſi
bien fe fcrúira -il de leur fimple rap
port en cecy & routes affaires d'im
portance , que il faict du çeſmoigna
ge de Beze pour enrooller ce grand
relucur & fat Poſtel au nombre des
Iefuires. Car combien qu'il le viſt in cap.
eſtre forty de leur Nouitiat , pro - 7.epift
ad Hea
feſſeur du Rôg en PVniuerſite ( grad brees .
de fort incompatible iuſquesà main .
tenant auec la profeſſion de Icſuite )
& demeurant à S.Martin des Cháps;
fi eſt - ce que pour teſmoigner la foy
qu'il a à Theodore de Beze, ou pour
luy faire plaiſir , il nous le rend én fa
L vie & C

.
244 La Challe
vie & en la mort lefuite. C'eſt en ve
moc vouloir charmer les oreilles &
les yeux de toute l'Vniuerſité,detou
te la ville de Paris , voire de coutlo
monde. En ceſte accuſation Paſquin
raconte vne choſe qui gaſte tout ſon
, potage. Brofre demande à Criahon
dit-il,fi cnſaing conſcience ilpouuoit
, conſentir à ceſte entrepriſe, ou s'il en
, pouuoitdiſpenſer. A quoy ke Ieſuite
diet que non : mais que le meurtre
, eſtant par luy faiæ & lc yenant con
, feffer a luy il l'en abfoudroit. Quielt
le ſot, ie ne diray pas Ieſuite , mais
autre Confeſſeur ,quel qui ſoit , qui
conſeille au penitent le peché ſoubs
eſperáce d'abſolution & pardon ? Ce
Pere Criahon n'eſtoit pas niez,Car
Paſquin l'admet auoir eſte Recteur
de Lyon, comme ila efté, & employé
à grandes affaires. Mais que voulez
vous?Pafguin eft aufli heureux a cir
conſtancier vn faict pour luy donner
couleur, qu'a le provuer. Or Mel
ſicurs voicy le poinct, celuy duquel il
eſt queſtion , & celuy qui s'enfuyura
xpres ſurleſquels partendois Paſquin
pour luy conuaincre les memoires 1
eftre faux & controuuez . Car quant
å l'at.
Du Renard Paſquin. 243
à l'attentat ſur Metelan , tant s'en
faut que le Pere Cricthon l'aye ia
mais conſeillé; qu'au contraire il
diſſuada celuy qu'entreprenoit Pa
trifur ta Royne d'Angleterte.com .
stie nous dirons incontinens,Etquit
La fourny cels,memoires Paſquin ,
eſquels ouere le principal cu mens
és acceſſoires Premierement en
ce que tufais 'Brúffe Gentilhomme
Eſcolfois ,Ifn'eſtoit Gentilhomme,
ny du coite de ſon ſere ny du'coſté
de la Mere:" Nous l'avons cogniu
en diuers lieux . Secondemene en
ce que tu dis que le Pere Criąhon
egit en la compagnie de l'Eael.
que du Dumbtain cnuoyé par
Pape Sixte au Roy d'Efcofle pour
hiyfaire offre de mariage de l'ina
cu >
ge
io & au
yg Sh ec .
2 ni ive
que du Dumblạia ftne parla iamais
de ce mariage, auquel Il n'y euft eu
aucune apparence, veu que le Roy
d'Eſpagne n'ayant gueres d'efpe
rance de la vie de fon fils lors ma.
kadif , reſerușit fi long temps ſa
L23 fille
240 2 3 Le Chaffe
ſa fille à vn de la maiſon d'Auſtria
che , comme en fin l'a il donné au
Cardinal d'Auſtriche,bien que lors
fon fils promettoit plus de ſa vie.
Cet Euelque fut ſeulement enuoye
par le Pape vers le Roy d'Eſcorte
pour l'aduertir de l'eminent dan .
ger que il couroit s'il ne remettoic
les Catholicques en l'exercice de
leur Religion , veu que lannée pro
chaine l'armée Eſpagnole dçuoit
faire voile en Angleterre , & auec
l'Angleterre pouuoit enuclopper
l'Eſcoffe. De ce danger le Pape ad
ucrtilloit le Roy pour l'affe & io que
il portoit à la mere la Royne d'Era
colie. Le Roy d'Eſcoſſe auoit ia fait
l'Edia de reftabliſſement de la Rea
figion Catholique ſans qu'on adui
fa dedemáder dix mille eſcus pour
le publier leſquels l'Eueſque ne lui
pouuant fournir fi promptement,
le coup fut rompu pour ceſtefois.
Vray,eſt que l'Euęſque aduança du
fien au Roy , que sil vouloit eſtre
Catholique , il luy feroit eſpouſer
vne Princeſſe de Florence qui luy
Porteróit grádes finances, laquelle
toutes
Du Renard: Paſquin . 247 ,
toutesfois la fingnliere prouídéce
de Dieu referuiroit à un plus grád:
Mais nul mot de l'Infante d'Eſpai.
gne. Le Roy d'eſcolle cuft elté fort
degoute , lors principalement que
la couronne ſembloit deuoir com.
ber à l'Infante, l'Enfant d'Eſpagne
ne donnant grande eſperance de
ſa vie. Metelan ne s'oppola doncq,
jamais à ce mariage , mais bien en
faueur du Roy de Dannemarch , &
de la fille , au mariage que on luy.
offroit d'ync Princellc en France .
S'il eſtoit loyfible de raualler les
plus grands de softre Royaume fi
bas , quede poster temoignage
contreilee fadelles de Paſquin
quelques; vns ditoyens bien quel
fur lors ce refus . L'hiſtoire doncg
cft cefte - cy . Bruſle hay & des yns
& des autres, des Catholicques &
Herecioques Elgollois , pour ſale
gereté & inconſtance eſeriuát tan .
toft contre ceux - 6 , taneoſt con .
tre ceux -la , meſmes contre la pere:
fonne du Roy d'Eſcole, eſtoic para
ciculierement ennemy de Mete
lan , & par tout , bien que poltron
L4 & ti.
248 La Chali
& cimide à executor, mais brauafi
che à menacer ſe vaptoit de le cuer.
Vne nuiet Metelan aduerty ou e.
ftoir Bruſſe le fiet aſſieger dans un
. logis pour l'attacher à vn gibet,
mais il ſe faqua par vne porte de
derriere . D'Ercoſſe il vint aux pays
bas. Il eſt veritable , qu'il fut mis
en priſon pour s'eftre referué gran :
de lommed'argent quele Prince de
Parme & autres Catholiques ena
woyoient à ceux d'Eſcofle affligés,
& ſans les prieres de Mõſieur l'As .
cheueſque de Glaſco & celles de
Monſieur l'Euelque de Rolle fuf
fragant de Rouen couroic fortune
de la corde. Lors comme it eftoie
homme eceruclé s'imaginant que le
Pere Cri thon luy auoit tendu ce
piege, ſema vn bruict par tout que
fedict Criahop l'auoit folicité à ce
meurtre, iuſques à ce que l'an paffé
il ſoit mort à Paris.Voyla Philtoi .
xe , de laquelle je ne veux autres
teſmoins, queMeſſieurs les Gentils.
hommes Eſcoffois des deux Relia
gions, & Monſieur l'Archeveſque
Garco Ambaſadeur d'Eſcolte vers
le
Du Renard Pafquis . 2499
le Roy. Puiſque la fauſſete de tes
memoires que tu affermes bons &
fideles, eſt tellement eluencée ; cu
merites n'eftre iamais creu à l'ada
Denir en cous ceux que tu pourras
alleguer . Il chargele Pere Richard
Vualpode de grande authorite d'ao
uoir tant chevale en Eſpagne , E.
douard Squirre Anglois , qu'en fin
il luy perſuada de faire mourir la
Royne d'Angleterre & ſon grand
Mareſchal le Côte d'Efıx par po .
ſon . Mais ce paoure ſor , bien que
Repard ailleurs , à oublié le lac de
les prepucs au fond du pot en ce
Jogpper , ou premierement il con
çeur ſon liure , Tellement que pour
le preſent il n'en peut fournir au
oune. Cependant nous diſons qu'il
a menty ſoubs voſtre correction,
Meſleurs. Car la ſeule façon de la
quelle il orde lefil de ſon hiſtoire
le dément, neftant croyable qu'un
homme d'encendement rela Vuale
pode lụy ayant conſeillé le meur
tre de la Royne d'Angleterre l'àyè
reuelé, à la Royne. Deux raiſons
l'euſſent:empeſche manifeſtement
L 5 de
La chage
de cefaite. L'vne que à l'aduenir
la Royne fcroit aduertie de ſe tenir
für ſes gardes. D'autre que ele fel
roit faire perquiſition de ce qui
vié droit àEſpagne .Ic laiſſe la prin .
cipale', qui eſt que n'ayant ouy au.
cunes nouuelles de Squirre,il pou .
uoit couliours attendre le coupi
l'eſperance ettoic fuffiſante a Par..
reiter de ceſte reuelation i Mais
Paſquin eft ainſi malheureux à ren.
contrer . Il met ſus au Pere Benea
detto Palmio , au Pere Hannibal
Coldreco, & autres teſuites d'auoir
confenry & confirmé Guillaume
Parry Anglois Docteur és droia's
au deſſeing que il auoir de tuër ta
Royne d'Angleterre Les Iefuites
doiuent vn grand mercy à Paſquin
de ce que il ne les faict Autheursi
mais approbareur's ſeulement &
confirmateurs de lentrepriſe. Oril
preuue merüeilleuſement bien ce
complot, à fçauoir par les archiucs
de la justice d'Angleterre : Forté
& authentique preuue!Páſquin non
ftré afne chante icy viktoites &
comme ûn baudet luipenſe audit
atteint
Du Renard Paſquix . 2:51
atteint fon bran , faucille auec ſon
balt, panniers , clilceles, & brame:
en cette forte . Maistre Anthoine
Arnaut par ſon plaidoyé.leur ob
iecte cet attentat , à quay Monta .
gnes qui à eſcrit contre loy, na tel.
Pondu, recognoillane pár lon bilen.
ce , que l'obiection estoitveritable .
Car en obie tions de moindre con .
fequence il ne leſpargne , luy rel
pondant. Celuy qui a faict la def
fenſe du College de Clairmone re
cognoiſt que Parri fat cxecute à
mort pour ceſte pretenduë trahi ,
fon : Mais que c'elt vne charice, qui
luy eſt preſtée par les ennemis ca.
pitaux des Ieſuites, qui eſt propre
Alent ſe d’yn
Cé procés eft aux regiſtres de la lu :
ſtice. ô grand baudet plus q ceux
d'Arcadie à bráſmer lô gaillard
Baudet plus propt& vifte au chant
de tes vi&toires que
, ceux de Pale
ftine à la courſe à laquelle ils egua .
lents les genets d'Eſpagne & cour
fiers de Naples ! Si Montaignes ne
t'y à reſpondu ,ce neſt pas pour n'a
uoir peu , mais pour nauoir voulu ,
ny
Es chaje:
ny iugé à propos . Par courtoilicic
te diray ce que il pouuoit refpon's
dre. Tu produis pour pieces de
preuue les regiſtres de la luſtice
d'Angleterre Fais lesnous voir ,ic
ce prie . Mais ſera à tes deſpens.cat
ce nett.pas à l'accuſé , ains à l'accuin
ſadeur de fournir preuues. Va le
uer copie du greffe d'Angleterre .
En attendant ta ne feras non plus
creu encefait pretendu , que aux
8 autres. Et quand bien le greffe le
roit chargé de tout ce que defluss .
as - cu bié li for de te perſuader, que
* on y adiouftalt plas de foy :ğ à con :
dire ? Quiſont les iuges qui ont
parfaict ce procés ? Chriſtofe Che .
ualier , & autres Seigneurs : mais .
$ tous heretiques, Quieſt le Greffiec
qui a recéu les depolitions de Pa .
tri, & ena dreſſiles actes . Vnhed
recicque. Ne ſçais -su pas , ce que
nous recognoiſtons tous , queles
luges & Greffiers hereciques n'ef
pargnerontiamais un trait de plu.
me en la faucur des Teluites ? Vrajea
ment tu'as bien occaſion de faire
Cant d'Eſtat de ces regiſtres , com
inc
De Renard Paſquirt 253
me s'ils eftoyent quelques celeftes
eſcritures. Ie croy que l'amitié des
heretiques Anglois envers les lc .
fuices ne les rend pas plus iuftes en
leurſentences & cloges , la craina
te fictice pauure luge Payen quice.
pendant contre la conſcience & la
verité cognuë declara noftre Sei
gneur convaincu de leze Majeſtéi
Iefus Nazarenus Rex Tudeorum . Mais que
ainſi ſoit , que en ces Regiſtres fe
trouuent couchées des depoſitions
de Patri contre les deſuites, & que:
fans preſt d'aucune charité aus les
fuites , les Iuges & le Greffier les
ayent inferé en leurs papiers aind :
que Patri le proferoic. Serontelles
auchentiques pour cela . Non cere .
tes, car ou vn tourd , ou la crainte
d'vn toard de gehennc pouvoitex
torquer de Patrice que en ſon amé
il ſçauoit eſtre faux, ou leſperance
d'etre plus doucementtraicté, ou
Japparence de la diminution de fa
coulpe, principalement veu que fa
foy & conſcience eſt tellement ren .
voquée en doubte par'les Catholia.
ques& heretiques Anglois, qu'elle
LT: meri .
ast L4 Chapte
mérite pour vn temps de tre miſe
en compromis . Mais puiſque Pafé
quin allegue les regiſtres d'Anglea
berrel, pour dreſſervne concrebac .
Ecriegie diş que lesIeſuites les paua
uét citer auec plus de verité luy,
& y tiennent plas honorable lieu
qu'il ne diet . Carelles contingent
l'hiſtoire que ie vois reciter . Lors
que on faiſoit le procés à Parry , le
Pere Cri & thon eſtoit priſonnier à:
Łódres. Parry interrogé li patlant
par Lyon ilauoic cófulté Criathon
Re& eur die College ſur l'attentad
en la perſonne de la Rayne ,çelpõd
quc ouy.Interrogé quel conſeil luy
auoit donné lediat Cri hon , rela
pond que il·luy auoitdit que il na
pouuoit faos óffenfer Diensenţre .
preodre ce meurtre . Et que Parry
luy replicquan : que quelques- vns
le trouuoyent bon , Crið hon re
paſcit , ils auront celle opinion que
il leur plaira, quant à moy ie ne le .
Say iamais de cet aduis, La Royne
d'Angleterre aducrtie de tout ce
cy. & failied'admiration : Ercom .
mena dic -elle ,on dic que Crichon
CUC
De Renard Pafquir . 235
veut entreprendre ſur ma vie en
Angleterre ; & en la France , ilis'en
rend protecteur. Ie'ne croy de ſon
lay mer fus, qu'on te deliure . Il fut
deliure qui autrement eſtoit eſcrit
au liure de mort . La Royne ne ſe
côtáta de le mettre en liberté,mais
fit imprimer toute cefte hiſtoire,
laquelle courur toute l'Angleterre
& Eſcoſſe . Le croy bien que la fin
de l'imprimé eſtoit tant la iuftifi .
cation des feſuites ,que la deteka .
tion à l'adaenir des entreprifes fur
la perſonne de la Royne , pois ĝ les
Ieſuites meſme les improuuoyens
Ce penpant de ce faict s'enſuyt la
juftification des Ieſuites , & parcia
culieremer du Perc Cricthon . Tou .
te l'Angleterre & Eſcoſſe peut ata
tefter cecy qui en à veu le manifea
ftes & les greffes d’Angleterre en
ſontchargés.Et cependant le Pere
Criathon à voulu faire meurtrir
Metelan au dire de Paſquin , lequel
eſtoit bien plus courtois enuers les
Catholiques que le Magiftrat d'Am .
gleterre fous ľauthorité de la Roy
ne ; & daquel il n'auoit iamais
rece u
236 La Chafle 9
receu aucāne iniure. Ie me ſuis D

bien pourmené par la Flandre &


Pays bas y Eſcoils & Angleterre,
Auſli Paſquin my contraignoit, le .
quel il my falloit pourſuyure com .
me vo larron , quis'y faguoit dela
rabaps & y emportant auec ſoy
l'honneur des lefuites. Reuenons
à la France .
C
CHAP. TIIT.

• Qxe les Ieſuites se fontAutheurs de la Ligue .


Akoir inuente la Ligueobiettionpourde temps
en temps rendre toutes ſortes de perſonnesodien ,
Jes. Les lejuites Gaile partyde la Ligue iuſti.
fies par le propre dire de Paſquin .

Es Ieſuites y ontinuentė la Li
" gue , & d'eux.en one eſte les
principales trompettes , dict Pal,
quin , pourla femer par les nations
eſtrangeres , le Pere Claude Ma.
thieuLorrain & Henric Sammier
de Luxembourg .Lepremier porta
la premiere nouuelle de la Ligue à
Rome, & lay donna-grád progres;
Le ſecond la reſpáditpar l'Alema,
gne, Italie , & Efpagne : & parſon
induſtrie elle y fut la bien receue.
Fale
Du Renard. Pafquir : 257
Paſquin dict que ce conſeil des leo ,
fuites commeça à enfanter, & pro- ,
duire les effets incontinent apres ,
lamort de Monteur frerc du def
funét Roỳ , Car auparavant il n'y
auoit point d'apparece de faire ces
entrepriſes ſur la France , lors que ,
les forces de ces deux freres vnies
eſtoyent baſtantes pour abyſmes.
eeux qui leur caffent voulu faire ,
selte . Grand merácillc , & prodige
monſtrueux , qu'vn enfant agille le
jour de ſa naiſſance ', & beaucoup
plus grand que de rire comme en
Zoroafter ou de parler , comme
on faiſoit coario le brui& ces dérz
niers iours du noiicau AnteChriſt
né en Babylone . Il n'eſt pas poſſible
que vne Ligue ſe conçoiue , naille,
& agiſſe , roise ietce ſesplains ef
förts tout en un temps, principa .
lemont Ligue baftié par de ſimples:
Religieux , auſquels font beſoin
plufieurs jours , mois , & années à
pourpēſer leur dellein, le ruminer
aduiſer aux moyens ; gaigner le
coeur des grands á leur cordelles ,
pratiquer , intelligencee fecretces
& des

1
Le chaffe
& dedans , & dehors le Royaume, ch
& toutes- fols ces deux Religieux
ont faiat tout cela en peu de temps
& à moins de tourner la main , de .
puis la fatale mort de Monſieur ,
auec lequel deuoit eſtre enſeuelié .. PE
la paix ,l'heur, & la ſplendeur de la , PE
France. Les Ieſuites doiuenticy vn .
fecond grand grand mercy, à Pafe
quin , de ce qoc pour venir au bout or
de leur deſfeing il ne fes charge & DE
feindt d'auoir moyenné l'empoyé. ic
fonnement ou lamort de Mõleur ,
qui feut feruoic de barriere à leur 1
fa &tion . Le jugement, que ie fayde
cette nonúelte accuſation ,et que
comme ferait une impudence crop &
mánifefte d'exempter les ſeuls leer
P
fuites de la Ligue entre tant de Reo N
higieux : "Auſſt eſt-ce une grande
merchanceté de les en faire Au ::
theurs. Ils y ont leur quotité au pro
rata , mais non le total in foliduim .
d
Paſquintoutesfois auec les autres , to
feur én attribue l'intention ,pour
feruir a la farce, les rendre odieux ,
& empeſcher leur reſtablillement,
& en fin part ynel/extraordinaire
cha .
Du Renard Paſquin 259
charitè & juſtice diftributive , en
laquelle il abonde , faire en ſorte
que les Ieſuites , qui ont eu part
ſeulement en ce mał, ayant le total
en la peine. Faudroit que Paſquin
prouuaſt ce qu'il aduance : Mais ne
produiſant que fauſſes accuſations
ſans aucun inftrument de lettres ,
ou autre genre de probation , con
tre toute apparence de verité , il
perdra fa cauſe , fera condamné a
tous les deſpens, dommages & ino
tereſts , & à l'amende honoraise caso
vers les feſuites . Car comment ces
deux Religieux cufſent-ils peu re
muer ce grand corps de France ,
& tous les Royaumes ou princi .
paucés eſtrangeres ? Tanta molis erat:
Nous accordons ſeulement que les
Princes , qui en leur cabinerauoy .
ent faict ce complot de Ligue , ſo
font feruis comme des autres or
dre's , aufft des Teröites , & entre
tous de cesdeux cy, leſquels ilsree
cognoiſfoyent zelés d'vn coſte , &
de l'autre d'authoritè & d'induftrie
Car de depeindre Sammier hom
me addonné aux femmes comme
faiet
260 L ! chants
fai &t Paſquin eſt mentir impudem
ment. Mais ce n'eſt pas choſe diffi , ci
cile à Paſquin , qui comme calom ai
niateur meſdic touſiours : Er come C
(ale & vilain , iuge des autres qu'ils le
ſopc cels . Tels que nous ſommes, P
tels nous croyons les autres, ainli
2
qu'vn vil imbu de la couleur bleuf , 8
uc par l'obiect & interpoſition de
quelque yoire bleuf, iuge bleuftou P
tes les choſesqu'il regarde, Lol . 9
dias Princes.ont d'autant plus fa
cilement rangèces Religieux aleur
party, qu'il auoit d'apparence de
Religion ,& que la Religion em
bloir courir fortune en France, Cas
la maiſon devalois premierebrang R
che du tige Royal pour lors eſtans L
reduite à la perſonne d'vn feul prie
ué de ſucceſſion , & celle de Boure
Bon preſte d'y ſucceder en la para
fonns d'vn qu’on craignoit & qu'on G
ayme maintenanc plus que oo na C
iamais redouté cy deuant ( toute la $
färcheuſe crainte s'eſtant tournee
en douls amour & reueréce filiale)
on-auoir martel en teſte, q deuien
dra l'Egliſe. Tout à coup les Prin .
ces
Du Renard Paſquit . 26
ces de Lorraine, ayant aſſocié auec
eux ceux de Saudye & de Mátovë,
qui auoyent grand credit parmy les
Catholiquesde France ,en laquel
le ils tenoyent des premiers sangs,
propoſent aux Jeſuites, auſſi bien
que aux autres Religieux , voire au
gros dés Catholiques yne Ligue à
vec deux conditions , l'onc d'em .
peſcher qu'vn Prince non Catholi
que paruipt'à la Couronne, affin de
conſeruer la Religion , l'autre de
recognoiſtre pour ſuccesſeur de la
couronne Monſeigneur le Cardinal
de Bourbon , Aing dyne pierre
deux coups , la manutention de la
Religion , & la ſucceſſion de ſainet
Loys. Tout ce qu'il y auoit d'alse
ration , eſtoit le reculement de la
perſonne de noſtre Roy , de laquel
le toutesfois Dieu auoit faict ele
Qion à la couronne , à l'Egliſe , &
côme nous eſperons & len prions,
au Paradis. Mais , Meſſieurs , ie
vous ſupplie d'ouurir les yeux auec
moy , & vous voyrés au plein l'ar
pifice desHoguenots. Deuant que
los I ſuires ſc fuffent par tant de
bota
26 % La Chape
notables ſeruices excite Penuic des
hereticques , la clianſon ordinaire ,
de ces Meffieurs les pretenduz e .
ſtoit que la maiſon de Guyſe auoits
des pretenGons ſur l'Eſtat , que la
elle dreſſoit à l'Abfalonique tous
les offices, qu'elle rendoit à la Fran
ce: Que ce grand Cardinal de Lor
raine Pere de la Rcligion & des Ice
tres , eſtoit vn infigne hypocrite i
bien manier ce ico . Non eft hypocrita
Jalis vt Dominus Cardinalis chantoyent
ils en leur rithme : Que le Prin.
ce de Conde ne s'eſtoit priué de la
bonne grace des Roys , que pour
s'armer cótre les entrepriſes Lór .
raines . Parce moyen les heretic
ques ſc vouloyent touſiours ven
diquer l'hõneur desbons François ,
de Patrõs, & prote &teurs du droit
de ſucceſſion , bien que ils fiſſent
la guerre à leur Roy à toure ou .
trance , à ſon Royaume , à l'Egli.
Ye : Au contraire declarer ceux qui
portoyent les armes pour ſon fer
uice , coupables de leze Majefté, &
& ennemis du ſang de S. Louys .
Or, maintenant leur' rage enuers
celte
D# Renard Paſquin . 263
cefte maiſon eſtant yo pou aſſou .
uie par la mort de feo Monſieur de
Guyſe, ils tournét leur mcſmc pic .
ce de batteric contre ceux qu'ils
croyent etre leur plus fort enne.
mis pour le preſens , à ſçauoir les
Ieſuites. Anciennement c'estoit la
maiſon de guiſe qui faiſoit la Li.
gue , car elle à eu ſon premier plan
longtemps y a , de pluſieurs années
fe couuoit, & meare apres elle
elle
à tout à coup eſclarté diſoyent-ils,
deuant la mort de ce Prince : Mais
maintenant c'eſt l'ordre des Ieſui
6 tes , qui a faiat la Ligue. Tellement
que parmy eux l'inuention de la Li .
gue eft vne chauſſure & vn fer à
tous pieds, vnc obie & ion fort pro
pre pourdetemps en temps de fai
Son en ſailon , rédre odicux yncha
cun à ſon tourd . Indubitablement
fi les Heretiques euſſent peu con
duire à fin leur deſſeing qui eſtoic
de chaſſer du tour hors de la Fran .
ce les Ieſuites , ils auroyent main
-tenantremué & appliqué leur bat
sterie aux murs des Capucins , pour
meſme, fin , les accuſant d'auoir
forgé
264 La challe
forgé la Ligue pource qu'ils l'ort
prelchée : & puis apres à ceux des
Chartreux, des Cæleftins, Bencdi.
Stins, & Bernardins , parce que ils
l'ont aydée d'argeot , ou de faueur .
ó que Paſquin crieroit que on fup
primi ces gents ; & que on rachete
de leur grands biens les terres en
gagees de la couronne , comme on
afaict anciennemét des Templiers ,
Et comme maintenant il clabaude
que on eſtoufe l'ordre des Iefuites
à l'exemple des humili's Religieux
d'Italie , & que de feur pofleffion }
on defengage le domaine du Roy .
Seroit bien le temps auquel Parc
quin hanniroit apres l'or de l'Egli.
fc , & eſquarquilleroit les yeux pour
voir s'il ny auroit poinct quelque
piece diheritage appartenant à ces
ordres , de laquelle par droit de
bien ſeance il ſe peult accommo
der. Mais quoy lespretenſions ſont
Teſculées ; & à luy & aux fiens par
Ja guerre qu'il leur faut premiere
ment liurer aux leſuites à la fron
tiere , teſquels ils iogenr les plus
mauuais garçons, & le regimét des
Dri .
Du Renard Palqnitt. 265
Dragonsde l'Egliſe. Ovous autres
ordresteaczpour certain , que la So
cieté de Iefusvous ſert de boulevart,
de Marqoiſat , & terre de frontiere
tontre lesHerctiques. Mais ny vous
nyles Iefaites n'aucz siena craindre
d'eux foubs la prote &tion du ſceptre
Royal, maaie maintenant de la main
de noftre Roy , & apres luy de celle
de Monſeigneur fe Dauphin, la naiſ
ſance duquel le Pape eſtrenera de fa
benediction & faueur Apoſtolique,
& le Roy de la remiſe des Iefuites,
Dieu dydant, à la pourſuite & con
folation de ce deuot , de ce fage, die
cet humble & doux Pere Laurent
Mage Gentil -homme Venitien ; Pver
des premiers & plus noblesmembres
de ceſte Cópagnic. Meſficors i'eſton
perois bien Paſquin , fi ie tirois la iv .
ftification des Ieſuites, & de tous ceux
de la Ligue de ces proprespropos .
Or eſt- il que je le feray. lc ne veux
icy me icrer à la iuftice ou iniudice
de ce party , lequel a cíté enfeucly as
ucc toutes les iniures depart ou d'au .
Tre , non feulement dans le tombeau
dyne eteroclle oubliance , mais dans
la Conuerſion du Roy ; de pou .
M uoic
266 Lt Chaſe
uoit auoir un plusmagnifiqueſeput
chre lemonſtreray ſeulement qu'ay
dire de Peſquin , les Ieſuites one forf
bien faict ausc tout le reſte de la Lię
gues quant à la fubſtance de celte cau ,
, : fe. Voicy ces propos.NosRois eſtang
Catholiques comme il faut neceſſai
9 sement qu'ils ſoyent s'ils veulentre
gner,je ne crains rien en noltre Fran .
rce de Huguenot , lequel bon gré mal
, gré ſera contraint avec le temps quit
, ter la place au S.Siege. Beauspropos
de Paſquin & fort contolatifs d'vn
corte, qui de premiere face augurent
la ruincide l'hereſie , & la victoire de
l'Egliſe en France,& de l'autre iuqi
fiçatifs de la Ligue , & en icelle des
Jeſuịços. Caris'il y a neceßité que les
Roys foyent Catholicques , ou ceſte
neceffité leur eſt impoſec de Dicu ,
qui le veu & ordon'ne ainſi, ou du
Pape , ou du Royaumç De quelque
colte qu'elle vienne, la Ligue donc &
les Iefuites en icellecommc membres
au corps , n'ont faict que le ranger,
cooperer, ſeruir a la Loy.de cellene .
ceffice. I'ay dit Mellicurs que depree
miere face , ces propos ſemblent rire
aux Catholiques , car li vous lesel
plu .
Du Renard Pafcuis . 267
pluchez de pres,ils aduancent le par
iy Huguenor.Paſquin ne craint point
rien de Huguenot er. Fratice , done
monis donc en alleurance, car l'ennci
my neft point à craindre , cependant
le -Huguenot veillera. ! ladiouſte le
Huguenot bon gré mal gré fera cop .
traint auec le temps quitter la place
au S. Siege , attendon's ce temps-là ,
cependant ils'en ſeruira pour le fora
rifier , principalement par les charges
publicques du Royaume, aurquelles
indifferemment l'admet Paſquin le
faiſantpartie de la Republique. Ainli
ceHua & Milan heretique veut en
dormir les mulots . Mais tu dis Pal
quin que tu ne crains rien du Hu
guendi en France , tunc dis jamais
plas grande verité , & r'en croyons
pourquoy crain
bien lans ſermét, car
drois-tu tes loyaux amis ; tes chers
freres , auſquelstu fournis defibela
les maximes & de Religion & d'Eftat:
pour les aduancer en l'vn & l'autre ?
pour leſquels tu prends l'affirmatiue
contre tous leurs ennemis , & parti
culierement contre les plus forts 86
puiſſansqu'ilsa és?Aulqueisnutéds
les mains& les bras , &ne viendra
M 2 iainais
26.8 . La chaffe
jamais alles toft á ton loghaia leiour
qui les introduira abx benefices &
offices principaux de la France ? Ce
que tu ne voiras iamais toutes -foisa
car Dicu fera que la prediction aura
lieu , & non passon fecret & malicia
cux artifice.

CHAP. V.
Que les Iefuites ne conſeillent poist
Paſaſinat des Roys.

PAlquin & ſes adherents penſea


royent avoir fait peu de choſe , &
indignede leurs forces & hauteur de
courage,s'ilsſe contentoyent d'auoir
rendales Icfuites coulpables de leze
Majeſté en la ſeule practique ,conſeil ,
lants ſelon les occurences les parri
cides des Roys . Ils paſſent donc ou .
tre à les accuſer enla Theorie , par ce
qu'ils ont inſecé en leursliures ime,
primez , qu'il eſt loiſible de depofer,
yoire de cuöryn tiran . Ils penſent icy
triompher des Ieſuites, & necouchét
dericn moios , ſinon qu'illes faut du
tout eſtouffer,commeennemis iurcz
des Etats, durcpos, & de la Societé.
humains , qui n'a à la gerité aucunes;
plus termes bailesque les puiſſances
& per
Du Renard Pasquin. 269
& perſonnes des Roys.Grand Achila
les de Paſquin & machine inexpu.
gnable ! A ce conte non ſeulement les
Ieſuites, mais tous les autres Theo .
logiens tant modernes , qu'anciens
font coupables enormement.delige
Majeſté. Paſquin & les conſorts ſont
fört mauuais diale & icieas, argumen
tans en ceſte forte . Les lefuites &
Theologiens diſent qu'il eſt licite do
tuer vn tyran : Ils ſontdoncq coupa :
bles de leze Majeftè & attcntar ſur les
Roys. A leurdire il ny a aucunedife
férence entre le Roy & lc Tyran . Lo
Koyabté eſt de Dieu , chole lain & e &
facne, & par conſequcat inuiolable ,
la tyrannie do Diable , & chofemau .
dite, La Royauté eſt le maintien de
la Societé humainezla tyrannie ſa de .
ſtruction . Le Roy.clt celuy qui tient
le ſceptre en main par voye iuſte co
me ou election , ou par guerre iufte,
ou par le droi & dc fucceſſion & here
dité & l'adminiſtre bien : Le Tyran
celuy qui iniuſtemét envahit la Cou .
ronne ou abuſe de ſon authorité . Car
il nous faut diſtinguer deux ſortes de
Tyrans ſelon la doctrine d'Ariſtote
& des Philoſophes.L'vne eft de ceux
M.3 gui
270 Le Chart
qui ont defaat de tiltre , & par malo
chantes voyes ont vſurpé la Courone
qui ne leurappartientpoint. L'autre
de ceux qui combien que ils l'ayent
legitimement , ce nonobftane ils rea
gnent auec iniuſtice. Or pour parler
de la queſtion ou nous ſommes,com
bien a roit va golfe fort dangereux
plein de rochers & d'abyfmes ,ou il
eft aile de faire naufrage; fi eſt ce que
ie diray en premierlieu , Sile Tyran
eſt du ſecond genre, à ſcauoir duquel
le droict ſoit bon, ſeulement qu'a la
perte & ruyne de quelques particu
liers, il vſe mal delon authorite, qu'il
neſt loiâble à vn particulier demet
ire la main fur-luy, Exemple. Voyla
vn Roy qui d'authorité abſolue préd
la maiſon , la vigne, le champ de fon
fubicct, fe l'approprie , le donne à ſes
ſeruiteurs domeſtiques;ie dis dauan
tage, violemment il tire la femmere
pugnante du colté de lon mary repu .
gnant & fouille la couche , viole le
Sainct Sacrementde mariage ; fedi.
Lay encores plus, a quelques Triſtans
couppe - iarets pour ſe defaire par
voycs obliques & iniques de quel
ques vns qu'il a à contre.cæur. Lé
Royau .
Du Renard 'Pafgkin . 271
Rogaumoéſtantcalmo & Auý rendai
obeyſancegupasertourdy Te teúcdu
mitandes hiplames, &oſe voulant ren
dre vangourdolakberté d'un chacun
enlanglance larmain du lang de fon
Princo U peche, s'eſt vn parricide.
Qui l'inſtitue lóge defon loud crain
Fugle Quizloy a mista todleauen
main pourtencurnino Dauidiaefis
pasainfo : Saatibiere que pourſuinya
morta cour outrance ; & queDieglo
luy eut mis deux fois entre lesmains.
la à Dieu neplaiſe que quelqu'vniet.
te les mains ainſi: furtoinct du Seja
gasor & luyriptante la dague dansle
corps. Iemaireurespue cellona iaa
mais efté ladoctrinede sa Enfecond
licu fule Tyran eft du premier genrex
s'il a deia conquis vn cftat , tout luy
eft paiſible bioas que le peuple &
Royaume Iny apporre auçubconiena
tement, vnchacun le colere , quelque
ecerudlie velut tirer le peuple de lera
uitude ; & entreprend lurfe vie, ex .
citc quelques vaşà reuolte , se nele
veux poinct excuferi Nasil y a des
cax aufqusts ieme orouvérois bien
empeldaré:szilsarrinoiohaa katreplu.
freursiteb popofchide siſeolemét.
M.4 L'un
272 &
L'yo eft , vogla va Roy ,legitime on
fon Royaunc . Qucigas Abfalon , 9
quelque Ieroborni qalgae Athalias . 91
quelques particuliers comme les Ea . m
nuches d'Afuergs repelez par Mán . y
dachee , entreprenent de regnes , &
pour ce deliberent de faire mourir le
Roy auec tous fes enfans , voire iale
qacs à ceux qaifootpedaisa la mam
melle , de leonpepidico , la choſc eft
prefte d'execuçer lors que ie la defe
counre , & aya moyen d'en aduertic
le Roy.Neo refte aucun que de tuer
ceTycan quiacente ſurl'Éltat & fur
la vie du Roy . Dicu mclcliacean .
ma paiſſance , ou paſſant yne riviere,
ou quelqdo faſcheux pas ou ilincs en
peat de dire . Que foray - ic ? Semble
qac en ce cas ie dois eltre garde du
ant
corps Royalagecaut d'obligacion
& fidelité que fiielteis l!yn de ſes
Capitaines & foldats qui en ſont có
ſtituez gárdiés comme de la choſe la
plus pretiçales & ſacree entre les hos
mes .Car combien qacien'ayela par .
ation
tičuliercoblig de l'office , i'ay le
gene ra le defu e &tzqui prêyaue par
bi
a
dellus toutesles.autros Semble que
ence .c as ie dois eſtr ath dsfon (out
og
Du Repard Paſquin . 273
& libcrateur del'Etat de mains d'vn
qui ny ayant aucun droict non plus
que'moy , le veat occuper & oppri
mer. Car combien qu'au Royaume il
yaye des Coneſtables , Mareſchaox,
Gonuerneurs , Lieutenans de Roy,
qui de particulier office oatre le de
voir de fobiect communa sous , doi.
uent par armes defendre l'Etat, fi eft
ce qu'en cas de néceſſité necefTitante ,
l'obligation generale de ſubiect nous
aſtraint a tout ce que les particulieres
de diuersoffices nous lient à l'ordi
naire cours des affaires. Ce que ie 1
viens de dire ſembler ( carie n'en de
finiray rien ) à grande apparéce. Veu
qu'a moindre raiſon ce Romain pour
empeſcher la ſedition & le deſordre
qu'aportoit la loy Agraire, trampa la
main dans le fang de l'autheur , & fut
Joué toutes fois. Eç s'il m'eft licite
poum la defence neceſſaireou de ma
vielou dema mailan , de tuër le vo .
leur ne nje fera il permis d'occire le
Tyran qoi proiecte la mort de mon
Prince ;& rda perteatet Etat ca cas de
derniérenceeffizés.Ce cas propofe eft
da styrins qui n'a encoresfobiugud.
le Royaume,mais qui eſt apres dele
M5 faire .

1
274 Et Chaffe
faire . L'autre cas eſt du Tyran quiche
ia poſledé . Voila (ce que deuát vedis
Dicumenuoyes'il luy plaiſt la mort ,
& memet en lieu de repos , Carles
troubles mécnuient trop .:) Vn Roy
en basage de trois quatre ou cinq ans
pendu encorcsarcol de la nourrice,
en braffieres , ou pour le plus.com
mancane à begaier , deſtiqué de Pere ,
fous la regencel de la mere bien em
peſchce à porter le poiſans fais del E.
itat , on dreffe vne partie contre luy,
on luy faict guerre. Lemalheur porte
que la Royne Mere regente perd la
batail ! e.Elle est contraincte de ſere
stirer avec le Roy ſon fils , & fort peu
" degentilshommes & officiers en yng
des liziercs du Royaume , attendant
quelque fecours eſtrangier. Le Tye
span pendant ne perd pascemps , car
none les villes;ou lesmenaffe : Ilen
prend les vnesz lesautres ſe réndens.
Touts lay preſtebit par contraincte
le ferment, ekceptéprou degents qui
esabfentcnti & laymasno mieuxſuyure
slazdefolee fótunesdeleur.Roy dla
gndado tqase bohaage, Quanta may
! dexttenrent i'eretiappe à l'occalion
de iurer: fidclice o Tyrao ,llsmec
garai
DuRh Pufquin .
garnilomite coutes les ficadelles
Sieltagtäinhalqure; il regne en paix,
jauyldes finances; & depart les offie
ces du Roiaumeaux fiés. le larmgye,
ie langlotte , ie trampe mon vin , ie
baigne mon paię , & ma: couche de
Jarmes,voyant mon Roy en ſi basage
affige , & le Tyran ( ſoit-il Turcq,
fait -il agtre eſtrangier , ſoit -il Fran .
çois Catholicque ou Hereticque )!ay
coccuper fon Royaume, & regner en
toute proſperite. Arriąg gue par ha
and te Tiran eſt mis en mopouuoir.
Gax allant a la chaſſe , eſquarce loing
deş fiens,ilſe retire dans vne caderne
scomme vn Saül, pour deſcharger na
turc. A l'entree ie trouue fon eſpce
deſpendue de ſon coſté, ſon piſtolei
toue bádé alarçon de la folle du chee
eual attaché à voe branche d'arbre. Le
paisentrer & l'occire de ſes propres
armes ,cuil ne le voira apres Dieu' &
fes Anges , que le mien conduyſaņo
la main & lecouſteau , en tous casiay
fon cheval preft pourmefauuer. Que
dois je faire le disqueſi c'eſtoit en
faction de guerre , e le ferois. . Si
la Royne regeote mc le comman .
doit eſtano preſente, ſemblablement.
M. 6 Quoy
quoy donc? En premier ligulë preu
{ eate le grand bien quis'enfaguroit,
par vn.coop roftituana la Couronné
à mon Princo ; &la liberté àmô pays:
Ea ſecond lieg ie confidere la voloni
té interpretatiue de la Royneregen
te, foaslaquelle ſemble qoe ie le puis .
faire. En troiſieliela guerrceſt do
darce entre le Roy legitime duquel
je ſuis ſubiect, & le Tyran . Queſtion
donceit de prendre reſolution en ce
fecond cas & du premier. Voulez .
vous la ſçavoir , Melheurs voulez
vous qie la đíc : Tramperay -iemon
couſteau dans le ſang du Tyran ; ou
ma main luy pardonnera - eller Que
ta dreſſes lesoreilles Paſquin pour
entendre fi je me foaruoitray , & quc
Tu eſquarquilles les yeux , pour voir
li je feray quelquepas de clerć. Ces
cas fonttrop chatouilleax & pardef
Tu's mes forces , qai ne ſuis pas verſé
maux'cas de conſcience, eftanc de pro
Fellion luriſconfulte. Içmien rappor
te à la confhlre qu'en pourroit faire
faire, & ad iagement qu'en pourroit
faire döner la Royne regente lorsen
fi grande perplexité d'affaires avec
Mefleurs de fon Conſeild'Eſtat. Si
Bodin
Dr Renard Peſquis .
Bodin François & officier du Rog:
eſtait appellé& admis au nóbre des
conſultans, il opinieroit qu'il eſt loi
ſible de cúër le fyran , au ſecond cas linrezi
chap.s
propoſé , ainſi qaiila des- ia cnſeigne in Piata
en la republique, & admoneroit pour blice
predue de fon direla loy Valeria ti. la ..
Tee de Platarqae . Cependant ie te
dis Paſquin quele docteur Sacatend :
fa propoſitió en l'on deces deaxcas ,
non poinct en toute l'amplitude que
eu veux faire accroire. De laquelle ne
s'edlait pas comme tu dis queles.Iée
folitos ſoyent deltrudeurs des Royne
alumits , & ennemis des Roys :: A :
contraire qu'ils en ſont les conſerua-
teurs & ſeraitears . Car pourquoy
eft - ce ou que la doctrine de Sa bou .
che l'entree du Royaumequ premier
cafau Tyran ; ou l'en degradead fem
condo Celt poor le perpetuer auvray.
Prince . Il guerroye doncq le Tyran
pour maintenir.le Roy , & renderſe
la cyrkonie poor cóſeruer la Royaua
&& Ton Concilene faict nypour ny.
contre , Caricellay refpond feals .
mencà la queſtion propofce,díçavoir
s'il eſt loiſible de taer vn Tyran re
gnant iniquement , il ne parle pas da :
M :7 pic :.
7. Lachage 1
premier comme Saz maisdu fèceria
genre de Tyran . Es choſes humaines
-morales & politiques ilne faut que te
moindre li;lemoindre ca,la plus pe
namas tiţe circonſtance pour changer cola
asd .. lement la nature d'yn faiat.Içne iuge
...en cette matiere eftce à propos de iu
ftifier les lefuites en ce que Paſquin
& fesfémblables les accufent d'ap
prouver leingemét de Gregoice troi
Lelme , qui transfera d'Empire des
Grocs béis - images aux Latins Car
tholiques, & deda maiſon de Coltan
tin fizieſmas grand perfecuseur des
sitaages apres fes Peres , en celle de
Charlemagne. Car l'offencé a pour
obie &t nonies Ieſuites ,mais premier
Coment la mémoire de ce Souueraia
Pontifę,qu'iltaxe d'injuſtice en cette
tranflation , Secondemenol Allamaie
gno en cierez, Carauiremente quel
tileretiéntelte. V'Empire iuſques à ce
iourd'huy, quelqués:yosn'admettant
ledcoia depreſcription auxlowuc
Taingiez, & fpecialementa l'Empire,
lequel quando bienoil y aúrgic licu ,
riafques au temps neceſſaire:ilapsef
cription efcoulé , de quelle conſcien
r ce l'a elle poffedé? Troizieſmement
Chafar
DA Renard Pafquir . 279
Gharlemagne, qui a donc eſté a feur
dire non legitimeEmpereur , mais
inique vfurpateur , & en la perſonne
de Charlemaigne eft entamél'hon .
neur de nos Roys & dela mailon de
France,luy erantchoſe fort gloricu .
ſe quele Sainct Siege n'ayelçeu a qui
micucliarer l'Empire. l'ayme mieux
deſiree & prief Dieu que noltre Roy
viuantlongues anneesioigne par vne
belle elegion l'Empire à ſon Roy :
aume, comme la Chreſtienie nepora .
te Prince approchát de ſes rares quae
Jitez propres a gouuernec. l'Empi
s , que de diſputer du tiltre de la
juſtice par lequel il a eſte transferé
d'Orient en Occident .

€ HA P. VI. I
Seconde iniure.contre les leſuises, a fanair
d'entre plagiaides , o de defrober lesenfans
axlavens, confrree . 674 170 Cum
‫نین‬12‫ تک‬5 ‫ م‬3! ‫ردهدوم و‬lry ‫به‬
A fecondeCalomaie de laquelle
nore je condamnt Pasquia.elt,d'apel
Jerjęs leluktes plagiaircs. Pardonnez
moy:Monlieue molteo Maiſto pac
mynda juriſprydencoje ſuis quelques :
o inconscainademeler la Theologie :
en ce poinct. Ie ne diray que ce que :
VOUS
La Chase
vous m'anez appris. Ce a eft & l'ordi
naire inlure,qu'on atoaſioursobiece RE
té aux Saincts perſonnages , qui ont de
de l'eſtar religieux &
faict profeſſion
monaſtique ; Particulierement nous lo
lifons de S. Bernard vn des grands fa
honneurs de la France , que les Peres GH
& Méres cachoient leurs enfans, de fe
peur qu'álliſtansà la predication ils re
ne fuſſentelmcusà fuyarenoſtre Sci
gneur, & porter la croix auec lay , Il
n'eſt icy befoing d'entrer plus auant
en matiere, & proceder a leur iuſtifi
gation . Car noſtre Seigneur y ſeroit
l'accuſé,legael appellant les hommes {
,
on abaodonne Peres , Meres , Freres
& Svars ; biens & honneurs pour
nudz l'accompaigner nud . Paſquin
faiſant le bon valet , & reģoardanta
fon ordinaire proiette qu'il a cveut
condamner en ce fait les autres Re .
ligieux, o l'hommede bien, & grand
amateur du Monachat Mais ši bien
les feuils Tefuites. Ec pourquoy ? Que
ont ils entre codige particulierement
demerite: Premiere nient,rolpendo ,
Sent ce qu'ils excitent' e faboratuites
1 ehfansa se ranger auecéux , Quand
aiali
Dx Renard Paſquinta
high feroit, qu'ils les y conojaſſent, il
ny agroit pas grandmal.Car lil'effat
de religieox eſt l'eſtat de perfc & ion ,
gil.cftleltat d'innocence ,s'ilefl'ho.
locauſte leplus agreable qo on puiſſe
faire à Dicu ,Pourquoy ne ſera illoy- .
fible d'y conuier le prochain, Ence
faiet ie m'aſſeure queles Ieſuites de
ſeront fans compagnons. Qu'vn amy
capable de l'eſtat religieux viſite yn
Chartreux , yn Capucin , lovucnt il
entendra ce langage prouenant à les
verité de la chariçe decos religieox ,
qui deliorez do naufrage du monde
font foucieux de leurs amis, qui y
font auec tant de perilleus bazards.
Mais.ic foultiens à Paſquin que les
Icfuitcs font entre tous les Religieux.
les plus excmpts de ſoliciter lesena
fants.Car leur legiſlateur le bienheu :
reux Ignace precogant que fi ſes Re,
ligieux le laillant coduire au deſir de
selte cbaritè ordinaire pouſſoient Ics .
Elcholiers à entrer en leur compai.
gaie, plufieurs ay viendroient li loy..
uent auec l'eſprit requis, & enfia en
recuielleroient vn repentir, Lordona
né:& faie reigleexprefle que lesIc .
fuites n'aient ſolicitcraucun enfant
ир d'en .
282 La chaffe
d'entrer en Religion . Secondemenr
noſtre Paſquin reſpondque les Iefuia
kes ne doident onfeigner la icunefſe
de pear a háátane lears Eſcholeselle
ne loit alaichee, & enfin prifé à la pipa
peo, ce danger n'ayantlieu aux autres
religions,qui n'ont aucun commerce &
auec la jeunelle . Pour celte occaſion
Meſſieurs les Cappucins ne preſchét
poin & deuant la iềuneſe, particulie
rement es Congregations compofees
des ſeuls icupes hommes . Er vous P
Melfieurs les Chartreux fermoz vos
Egliſes , vosCloiſtres , & cellules , a
ce quela jeuneſſe n'ayant aucune.com
gnoillance de vous à hansife suco
vous , ne ſe rendcà vous. Mis Pals
quin ca ceſte refpondenie prend pas
garde qu'il s'elquarte dela verite; car
puis que les autres ordres ont ancia
ennement enſeigné , & enſeignent en
cores pour le jourd'huy , voire la
Philoſophic & Theologie lors que
les enfants fontmieurs à ce que lare.
Higion tescueille & lesreçoiuc, il ny
4
moinsde dangerenleur faict qu'en
celuy des Iefaitesi Gert en ceſte ref
ponce de Palgoityou is remarque le
double artificesde diable , tant en ce
qu'il
D# Reward Paſquix . 287
qu'il veut empeſcher que la jeuneſſe
accoltant les Religieux embraſſe leur ,
inſtitut., que auſi en ce qacil yeur
rauir à la jeuneſſe le grand bien qu'
elle doit perceuoir par l'educatio des
leſuites . Carquoy qu'elle deuienne,
& a quelque eſtat qu'elle ſe vueille
retirer par apres, ſoitde religion, ſoit
de l'Egliſe en l'eſtat ſeculier , roit de
iuſtice , ſoit de Nobleflc , ſoit de Fi.
Aances, elle y apprend, & fai&t bonne
prouiſion de vertu. & pieté à l'adue .
nir. Cel ce que le diable cnuic a ces.
petites ames , leſquelles ayant fubiu .
guces des le ventre de la mere il vou .
droit maintenát recourſes par le ſang
de Iefus- Chriſt , ſubiuguer de nou
ucau incontinent au prin temps de
leur cage. En cecy ie retorque l'in .
iure de Plagiaire obiceté aux Iclui.
tes par Parquin , contreluy -meſmes,
& dis que c'eſt luy qui eſt Plagiaire,
qui rauiſt à Ieſus- Chriſt les petits
enfans & Tesames tendrelettes cona
tre l'expres commandement qu'il en
a faict, Permettez que les petits vien .
nent à moy . le dis d'auantage que
non ſeulement eſt - il Plagiaire , mais
infanticide,non parmort corporelle,
mais
284 La Chaffe
mais par la fpiritaelle beaucouppirc,
car empeſchant la religieuſe & pieu 9
fe nourriture desieunes énfás, illeur
ouure la porte au vice & lt chemin
de l'enfer Selon le dire de noſtre Sei .
gneur , il ſeroit plus expediant à Paf
gain , qu'vne meule feult atrachec 22. de
fon col, & qu'il fuſt ierté dans la ri d
uiere, que de ſcandalifer ces petitons d
& enfançons de Icſus- Chriſt , c'eſta
dire leur donner obſtacle au bien , & te
les faire chopper’au ſentier de la ver fa
tu . le ſuis petit nourriçon de l'Vnis 8
uerfite de Paris , il faut confeffer que
lors que les Ieſuites y mirét premie
rement le pied , il y auoit quelques le
s. fe
culté des Arts : Mais ie pois dire auec . ce
perité qucau reſte elle eſtoitfort cors
rompuè, Outre les mauuaiſes meurs, Š
qai comme humeurs viticuſe la ren . 91
doient fort malade, outre les hereſies
qaiy pulluloient , en plaſieurs maia
fres es Ars , Pedagogues , Regents, de
Profeſſeurs &. Principadxil fe trou lic
poit peu ou poinctde religion, ſinon lic
que dc Pyndare , Anacreon, Tibulle, pl
leſquels s'appelloyent de la Pynda R
ricas , Anacreonticas,Tibulliens, &
ainſi
DA Renard Paſquin . 28-5
ainfi des autres . Le me ſuis laille dire
que vne bande de Poétesapresavoir
biea banqueté ſacrifia vn bouca Bac .
chus dans yn bois touffu & vmbra .
geux. Voyla le Paganiſme. Que pou
uoit tirer de bonſucla perite.iconelle
de tellesperſonnes, qui faiſoient plus
d'eſtat outre,la peruerſité de la vie,
de l'hereſie, du libertinage, du Paga
niſme , & Atheiſme meſmos , que de la
religion Chreſtienne ? Les petits en
fants en ceſte ſterilite de picté , reli .
gion & bóncs meurs demandoiét du
pain comme ditl'Eſcripture, & per
lonne, ou peu fe trouuoycot pour le
leur rompre & diſtribuer. Or Gile
famine eftoit figrande dedans Paris,
elle n'eſtoit maindre aux autres Voi
verſicez ,qui s'alloient fournir de Re
gents à Paris . Iene veux alleguer ce
qu'a eſcrit le Sieur de la Fon, l'illy
ftriffime Cardinal de Tournon fut
contrainct de changer les Profeſſeurs
de lon Vniuerſité, à raiſon de l'here
ſic , & fubroger les Ieſuites en leur
licu , mais ie diray ce qui c'eſt faia
plusloing, à ſçauoir en Portugal. Le
Roy de Portugal affectionné à la na.
tion Françoiſe , auoit compoſé ſon
Vni
86 La Challe
Vniuerlité desProfesſeurs François
aux ſciéces profanes: Mais ilfüt cons
trainet de les renuoyer dans peu de
jours pour les iuger Luthericns, leſa
quels tous ſans la faueur du Roy qui
fa
ne vouloit deſplaire aux François ,
cuſtent courru fortune de leur vie'a
i)
tribunal del'Inquiſitio . Que Paſquin
neme reſponde a lVniuerſité d'au .
jourd'huy eſt bien avire à Paris. Iele PE
crois ainſi. Mais à quil'obligation a
pres Dieu? Aux lefuites, deſquels les
Eſcholiers ſontauiourd'huy les prin .
CE
cipaux ſupports de l'Vniuerfite. Que
filhuille defaut à la lampe , & que
plus long temps elle ceſſe d'y elre P
verſec par les-Veſuites , plus de tine.
bres quc iamais l'endcloperont. Mais
Melliears, ie ceſſe de m'esbayr,fi paro g
guin prend tant de plaiſir à la memois
re de ces anciens Profefleurs de Pa .
les
ris qu'il cite contraires aux lefuires.
+ H na garde d'inſerer en la liſte des
Picards, Charpentiers, Guillons, A.
quercu , d'Aurats & autres de bonne
vie : Mais deribleurs come luy , & ido
peu ou de nulle religion comcluy, en
L.
rout & par tout ſemblables à luy, ex
1 cepté vn ſeul poinct ; qu'ils sitoient
vero
De Renard Pafgain. 287
yerles aux lettres Latines & Greco
ques, & lugy cſt vn grand alne, com
me auſſi au fait des ſciéces, bien que
a ſon iugement il ( oit vn maiſtre palle
d'aliborum : Il a eſté prouué col au
faict de la Theologie , de laquelle ce
Çinge vouloit dire la rattelee: Telef
il auſſi en celuy de la juriſprudence:
Mais a Va aatre temps le ieu de cette
partie. Impoſons la fin à la confuta .
tign de cettefeconde Calamaie Pal
quinienac pourlaquelle clorre ie die
ray qu'il nelt beſoing que i’examine
ce.gue il impoſe aux leſuites ,à ſça
ugie que charque College a despa
piers & tabletres digiſces en pluſieurs
quarrcanx a la maniere des poin
Etes es Egliſes Collegialles , eſquels
quarreaux eft eſcrit en l'vn ingenium ,
en l'autre iudicium , plus esfubfequcos
MORES , doctrina , ad que Societatis officia de
lexium habeat : Puis qu'on enroolle & ;
diſtribue l'on les noms de chaſque,
enfant ſelon.cesclaſſes & cellules, cette
à dire , ces quarreaux , leſquels ainſi
inleres on enuoye d'an enao au Ge.
peral. Car tout prudent Auditeurog
Lcacur (caura bien luy ietter forg)
a propos va dementir ſur le nez
Eſt -il
288 L tlaje
Eft - il poſſible que le Pere General le
puiſſe tenir conte de deux millions, RE
d'Eſcholiers quiför leur eſtudes aux
(
Jeſuites en Italie, Fráce, Allemaigne;
Eſpaigne, Poloigne , aux Indes & au d
Iappon , & par apresordoner, practi tc
ques tel & tel pour eſtre de la Com ic
pagnie ? Chaſque Recteurdes Ielui
tes enuoye bien le nom de fes reli
gieux au General adec fa fuffisance,
afin que le General puille fournir les
ai
prouinces & Colleges , mais non pas
le nom des Eſcholiers. Avquel faiet
des Telgitesrelait vne grade prudena
ce, & font dignes en iceluy de louans
ge, non plus nc moings que ceft hona
neur au Roy le grand General de la
Nobleſſe cognoitrepar lemenutous
les 'vaillans Genrils -hommes de ſon
Royaume,& fçauoir ce qu'ils fçauent te
faire,& quelcourage ils ont: Pleoft il 2c
à Dieu que tous les Prelats du Roy. N
aume , chacun à fon dioceze s'eftus d
dialt, de fcauoir , quels font les Pre le
Itres & Clercs de fon dioceze , & de ni
les employer chacun ſelon ſon talent, L
les-rocompenſer & colloquer' ſelon
fon merite : les happelopins indignes
lorspromeus aux charges ;
pe ſeroiét
les
Du Renard refquin . 289
les capables& vertacux y feroyent
aduances : Et par ce moyen l'hercle
en brief ſeroit terracee , & le vice
challe.Meffieursles Prelats ,es mains
dolgúels ce liuret aura.l'honneur de
tomber, conſiderez yo peu ce poinct,
is vous ſupplie , je ne pealeray pas
auoir perdu ma peine , quand d'vn
ſeulbenefice fera reculé en ignorant,
& y poolle.va vertueux. Et i'eſpere
toutes- fois, aydant Dica , que cecy
artiuera en pluſieurs .

CHAP. VII.
La troiſieſme iniure contre les Iefuites, d'eftre
cauteleux ,confutee, & leurprudence leucé .
A croiſtelmc iniure pour laquelle

Pafquin doitſubir códemnation ,
eſt qu'iltaxe les Ieſuites d'eſtre cau
teleux, fins ſagesmondains. Il'faat
accorder qu'ils ſontfages & prudéts,
Mais non pas cauteleux . Il y a telle
difference entre la prodence & cau
ielle, qu'entrela force d'vn bó guer .
rier, & celle d'vn bandolier & pirate,
L'vne & lautre à meſmes armes,meſ
mes façosde guerroyer,meſmes ſtra
tagemes, l'vne & lautre faiet de meſa
mes exploits.Mais lapremiere a pour
N fin &
290 La Chaffe
fin & obie & le bien & laiufte defen
ce de la religion , du pays, du Prince: li
l'autre les vols,rapincs, brigandages. ac
La premiere ayantvn bon obiect , fe od
ferc des moyens legitimes & affortis d
a icelay: la ſeconde ayantvn respero de
nicieux obiect, fe fert auſſi des moyés
du tout meſchans, & ainſi entre l'ono M
& l'autre y agrandedifference . Semas in
blablement la prudence & callidite b=
conuiennçat en inuention , conſeil & ti
maniere d'executer , ontartificesco . le
muns ; mais la premiere ſe propoſe 06
touſiours deuánt les yeux la vertu , & 16
ne ſe depare iamais en les moyens de
l'honnciteté : la ſeconde vile au mal, 9
& mefle pour y atteindre des moyens
illegitimes , Etainſi combien qu'a
apparence elles conuiconent , fi'font
PE
ciles tort oppofecs & contraires, ainſi
92
guc l’or & lelaidon . La callidité et d
deffenduč aux religieux, voire à tout &
Chreſtien ,voire à tour homme : Mais
non la prudence ; laquelle commeco!
PE
ftant la guide , l'æil , le porte- fiam ,
beau , le Soleil de contes autres ver &
tus, noſtre Seigneur rousapprend, R
ſoyez fimples come Colombes, mais ! DO
prudents commeSerpcors. Faudroit
que
Du Renard Paſquir. 294
que Paſquin , pour preuve de la cal.
lidité des Ieſuites exhibaft quelques
a &tions leur , eſquelles ils current mis
comme l'on dićt l'honneur de Dieu
derriere la porte , & fe fuſſentaydes
de quelquesmoyésobliques, Ce que
il ne ſcauroit faire. Monſieur noſtre
Maiſtre à fort bien diſcouru de leur
introduction au monde, & de l'apro ,
bation qu'ils ont tiré de diuers Pon .
rifes : auſquels Paſquin veut pocher
les yeux ,diſant qu'ils ont eſté circon.
nenus, l'adiouſte que touchant leur
reception advancement & progrez
en France , ils y ont apporté tout ce
que pouuoyent faire des faiges hom
mes : mais rico dauantage. Les Sou
uerains Pontifcs devát auoir cogneu
par certaines experiéces le grád bien
que ceftc compagnie faiſoit au mon .
de , la retraignirent à peu nombre ,
& apres l'amplifierent,dilacereat,e8
alrerent , ainſiquand ceſte Cópagnie -
premierement parut en France , l'e
gliſe Gallicancaſſemblce & Poiſſy, &
To Parlement de Paris.cil droict du
Royaume , n'ayant encores toute la
notice d'icelle , que depuisilà cu , la ,
reaferma dans cettaines limites de
N 3 fun .
292 La Chaſſe
functions, & de tiltres que il luyaca
corda, non pour iuger de fon inſtitue
apresle Souuerain Pontife , car alay
ſeul appartient ce iugement : Mais
pour conſiderer en quoy fa reception
& l'exercice de les functions Ieroit
profitable en la France , & auſſi pour
de tourner de ces premiers qui s'e
ftoyent enregiſtrez en icelle , l'cnuic
de diners corps q leur pouuoit.cau .
fer en ſon origine le tiltre de Societé
du nom de lelus. Depuis que l'expe
Tience journaliere à faiet toucher au
doit le grand feruice, que cefte Com .
pagnie faict à l'Egliſe contre les he .
relies & les vices , l'Egliſe Gallicane
& lc Parlemét a celle de ſe formalifer
de fes.tiltres & functions: Au cótrai.
re la chairie & gratificc en tout ce q il
a peu . Faut cognoiſtre,porte le Prem
uerbe, deuantqu'aymer. Cependant
les Iefuites, comme vo Pere Ponce,
que Paſquin marque de la qualité de
grand negociateur, & autres , ſe ſont
Teruis des occaſions pour aduancer
leurs affaires : Mais auec toute iulti
ce , & honneur. Ils ont bien faiet en !
cela ; puis qils receuoyent la loy, & :
ne la faiſoient pas, ils prenoiétce qon 1
leur
Du Renard Pufquir. 293
leur conce doit . Ils n'auoient la pic .
ce de drap , & les fizeaux en leur
main pouren coupper comme bon
leur ſembloit . Ce leur eft honneur
d'auoir en fin par leur patience &
prudence obtenu ce qui leur eſtoic
deu , & q la France ayé par un con
fentement tacite auec certaine ſci
ence & notice routefois receu couts
les poinets de l'inſtitut, prerogati.
ues & priuileges que Rome auoic
accorde à ceſte Compagnie. Oho.
norable vieillard , Pere Ponce, pre ..
mier agent de cette Compagnie en
France , la plus belle orailon func
bre quoon pa ile faire en con hon
neur, & la plus belle colomne on
1
puille dreſſer à ca memoire , et le
selmoignage que Paſquin rend de
toy , s'il lortoit de la bouche d'vo
homme de bien , d'auoir fi dexire.
ment manié le gouvernail de ton
Nauire, que ſans iniure d'aucun par
ta prudence , to l'aye faict voguer
en France, comme à Rome , & qu'il
aye deſployd'ſes maiſtrelles voiles
en l'ene & l'autremer: Ce qui n'eſt
fans grande recommandation &
N 3 tiltre
394 Le Challe
cilore d'aprobacion que reçoit ceſte
Compaignie , qui anec patiéce ,pru .
dence,fimplicité,religioſité, predi. n
cations,leçons, cófeſſions, aſi ltan .
ces des pagures peftiferez lors que
la peſte deuoroit tout à Paris , à gai:
gné à Paris ce qu'elle obtenoit à
Rome , eſt autant grande en France
qu'en Italie; Bref à laquelle l'Egliſe
& l'Eſtat, la ſpiritualité & tempo .
ralité rendent teſmoignage d'hon.
neur . Paſquin ſçais- tu pourquoy
les Icfuites ontelté fi ſages & pru .
dens que tu dis ? Dieu la voulu ainſi
pour ſe preferuer de tes artifices,
& de ceux de tes ſemblables en ce
fiecle qui eſt plein non ſeulement
de Regnardeaux , mais viedls &
grands Regnards tels que toy .
Meſſieurs ie vous prie de faire auec
moy vne remarque que i'ay fait
! apres de grands perſonnages. En
diuers temps ſelon les ennemis qui
heurtent l'Egliſe , Dieu la pour
uoit d'armes contraires . En ces
premiers liecles eſquels les tyrans
& bourreaux excogitoyent & ex
erçoyent tous ſupplices & tour
mens
Du Renard Palguins. 299
mens contre elle ; Dieu luy a cn .
uoyé de tres- forts & tres-magoa
nimes athletes ces ſaincs Martyrs.
Apres ceſte perſecution, vint celle
des Arriens & autres Hereciques ,
lors notre Seigneur la muailt de
Docteurs, qui luy produyſoit l'O
rient , l'Occident , & le midy . En
troilielme licu ſuruint Mahomet ,
Dieu luy cótrepoineté Charlemai..
gne , Saina Louys & autres Prino
Ges . Comme Dieu honora tant S.
Louys , que luy Reny de France ,
uec le Roy de Naurre entreprint
la guérre ſaincte , auſſi qu'il face
quelque jour ceſte grace à Monrei
gneur I : Doulplin pesc fils de S.
Louys , Roy de France & de Nt .
Uarre tout enſemble de trauerfer
les mairs & .eſtre le Heau de Maho .
met & deſtructeur de ſon Empire.
S'il baftit ſur la fortune que le Roy
ſon Pere luy mettre en main au .
tant que ſon meſme Pere a faict
ſur celle qui luy fut laiſſée par le
ften , nous deuons eſperer ces be
aux exploiets Chreſtiens pour la
conquefte de toute la terre lainete ,
N4 ancien
290 La Chaffe
ancienne appartenance des Fran .
eois. Dieu luy en face la grace.
Maintenant que le monde eſt plus
sufé & malicieux qu'il n'a oncques
cité, ildöne à fes feruiteurs le con
trepoiſon de prudence. Cependant
Paſquin ne vois -tupas q en deſcri .
uant les Ieſuites liſages mondains ,
tu admets yne contradi & ion : Car
files icunes enfans ellevez en leur
Efchole ſopt à con dire d'humeur
fombre, & morne & no aſſorcables
au publicq , comme nourris en chi.
magrees phantaſques ;comment le
peut -il faire , que tirés de ceſte ef
nt s
chole
n ide éne
Societé mefmes ain à
es , dtout
Cou ldeui li fag mó ,

fins & accords , finon que la Come


pagnie abreuuant les hommes de la
boillón de Cicle, ayë le pouvoir de
transformer les habiles en idiots .
puis-les idiors en habiles, de chane
ger les hommes en bucords, & les
butords en hommes . La premiere
nourriture eſt de relle efficace &
vertu , que treſ difficilement & non
fans grande violence ſe peut-ello
affacer. Mais qu'ainfi ſoit ,ce que je
cou
Du Renard Paſquin . 204 "
couderay ſeulement par hypotele ;
que les leſuites apres auoir atrapa
leurs eſcholiers par mornes façons
& par crainte de l'Enferincontinet
& tout a coup leur ſecouent de l'as
me ceſte triſtelle , & Yengendrent
la gaillardiſe ( choſe toutes-fois à
mon iugement du tout impoſſible,
& par l'experiénce meſmes , tant
l'impreſſió de craintea de pouvoir
& violence ſur noz ames ) Tune
fçaurois pour cela Paſquin te deli
urer d'une autre manifeſte contra .
diction.Car ayė memoire ie te prie
en quels termes tu parles ailleurs
des Ieſuires , la ou ta mets grande
differece entre eux & celuy que tu
introduis en ton coure , enceğles
aufres Ieſuites qui n'eſtudient qu'en
leur chambre ſentěc le relens, fort
tes mots,celtoi cy qui voit le mon .
de a gráde aduácage ſur les autres.
Şi les autres lefuires ſentent le re.
clus , & ne ſe trouuequeceſtuy-cy
quifoir renda accord parla hantilo
du monde, commenteſt- ce que les
Ieſuites font ſi ſages mõdains ? Lero
qu: Is propos te couppent la gorge
du
NS
La chage
du couſteau d'vne troiſieme cona
tradiaion , en ce que tu renſerres
les Ieſuires icy dans le relens d've
ne cellule , ne les faiſant voir que
par le trou de leur feneſtre , ler .
quels ailleurs tu rends:grands voia.
geurs, qui rootde prouince en pro :
uince , de Royaume en Royau ne,
voired'hemiſphere en hemiſphe.
rc , & de mondeen monde, paroiſ
fant fur le theatre de l'vniuers par
leurs fun &tions publiques , aurang
que toute autre forte de gents.Ceſt
pourquoy n'agueres à bon droict
Monteur noitre. Maiſtre t'obiece
toit que la plus familiaire fleur &
figure de Rhetorique qui ſoit en
ton courage , eſt la contradi&tion ;
Aulli le menteur n'eſt jamais me.
moracis de ſon dire .. r:

CHAP. VIII .
Arriet donne par Monſieur le Maiſtre des:
Requeſtes cosire Paſquin ,

Toutes ces raiſons dedui & es en


ceſte ſorte & maniere, l'æuure
de Paſquin leo & attentiuement
coafideré a auons iugé & iugeons
hau .
Du Renard Pasquir . 299
leiatheur atraint & deuement con
uaioco de pluſieurs iniores atro
ces , & fauces calomnies controu
uées contre toutes ſortes de per.
lonnes , particulierement contre la
Compaignie des kluites. Plus d's .
ſtre treſ-mauvais François , & gee
neralement ennemy de tous Eſtats
Chreſtiens. D'abondant tres -per
nicieux à l'institucion de la petite
icuneſſe , laquelle melchamment il
veut pguer du lait de la do &trine
& pieré Chreſtienne , & de l'orve
ment des ſciences tant feculieres
que ſacrées. Finalement , diame .
traleméc oppoſé au bien des ames .
Pour tous leſquels maux amander
auons ordonné & ordonnons que
toutes ſes coppies luy ſeront ſai .
Ges par les officiers de la juſtice de
Monheur mon couſin Seigneur de
ceſte terre; & qu'en ſa preſence ele
les ſeront bruflécs en la grade pla .
ce de la hale par la main du bour
reau . Et quant à la perſonne de
Paſquin , elle ſera r'envoyee à ſon
juge crimimel , pour la punir & a.
Dander ainſi que de raiſon .
N 6 Le
good L # chage
Le Seigneur. Melfieurs ie vous ren
mercie humblement de la peine
que vous auez priſe , & vous &
moy rendons graces à Dicu dece ' .
qu'il a tout à plain faict recognoi-..
stre le mal & deſcoaurir le poiſon .
le vous diray que entre toutes les
challes,n'onttoujours pleu celles
du Loup & du Renard pour deffai
rele pays de ces animaux mal-fai
fants, particulierement celle - la du
Renard à raiſon de ſes rufes; fineſa
res , ſoubrefaurs & cours de paſſe
paſſe. Mais iamais aucune ne m'ap
porta telle ioye & plaiſir que celle
que vifuement & fans perdre téps ,,
vous avez donné à noitre Renard
Paſquin , vieil Renard , Renard
velu, Renard chenu , Renard gria
ſon, Renard pelé en pluſieurs par
ries de ſon corps , Renard puant &
quicompiſle tour de la puante vri .
ne. Or combien qu'il ſoit forthage
te heure, & que vous ayés ført tra
uaille , iuſques à ce qu'ayés pris
aſſommé, enträuéle Regard , si elt !
ce que pour cloſture du tout , ie
vous ſupplie inſtamment.de deux
chom
De Regard Paſquini
choſes . L'vae fera propre à vous
Monheur mon Coulin , car Mon.
ficur notre Maitre vous la defere ,
je croy bien que s'eſt partie par
honneur , partie pour prendre ha .
leine , Elle concerne les Bulles de
l'approbation des feſuites . A la .
quelle je vous prie d'adiouſter la.
côfuration des iniurés ie & tées con-.
tre le bien -heureux Ignace & Tes.
sæuf compaignons , deſquelles lai
ceſte du livre de Paſquin eſt rem
plie, comme celle del'Alpic & Vio
pere de ſon venin L'autre fera
commune à tous deux, à ſcauoir de :
faire iugement du ſtit de Paſquin .,
Car combieri a tout home de bien !
blaſme la matiere , fi eſt - ce a quel.
qu'vns priſent la forme & le ſtil,
mais tous gents du volgaire .
* Le M.DR. Puis qu'il vous plait
ainſ -Monſieur , & à Monſieur no .
Are Maiſtre, je le feray , bien que
ee poina luy appartienne pluitbt
quealmoy . Pour lequel vuider ie
me ſerairay des maxisnes de Theo
logie qu'ilm'a appris en la mariere:
des veus .
N7, CH'A PA
. La chapes o
CHAP 1x2.st
3 CHAP. IX.
LaCompagnie de lefusprincipalement comia
battur en fansiffance: ou en ce cowformed a fore !
chef lefus- Chrifts a l'Eglife. Abbregee des.
inistres qu'on iette contre ceſte fiennenaiſſance .
Apologie de la Saintete dit bienheureux Igna,
ce fundarear de la Compagnie

Comme ainſi ſoitMedieurs que


en tout toute æuure honneilte,
& pertueux le principal eſt tant le :
commencement que la fin, auſli en
yn cauure ſainet & deſtiné a l'hon
neur de Dieu le diable Lenuie prin
cipalement, & taſche de l'emper .
cher. Illanionitre manifeſtement
au deſſeing de Paſquin ſon intra
ment & va des plus propres oul.
tils qu'ilayé en aboutique de lene
ferpar lequel il s'efforce tant d'op ,
primer la Compaignie de Jefos en
la fin par ynęmort deshonneite &
honteuſe, que l'eſtouffer en facon .
ceprion & naiſſance. L'entrepriſe
de luy cauſer la fin & terminer vier
lainement ſon periode ſe ceſmoje,
gne affes par les proposde ce bra
ue gendarme quand ce fierabras &
trompette d'Enfer fonne yn allaug
De Renard Pafquiri
general contre elle , animant tano
qu'en foy eſt, par ſon funebre cri do
voix de Megære enraigėe non ſcu .
lement les familles du Royaume ,
deſquelles elle rauit les enfants, dis
il , non ſeulement les Vniuerſicės ,
kelquelles elle va deſertant , non
ſeulement les Curés & Eucſques,
deſquels ils s'vſurpent les droiets,
mais auſſi le ſceptre Royal , voire
meſmes la thyare Papale les deux
premieres puiſſances du monde, à
chaſſer, ſupprimer ,abolir .& .extera
miner totalement celt Compagnie
comme ennemie iurée du Royau .
mes , & tres- pernicieuſe a l'Egliſe,
voire plus que la re &te de Luther
& Caluin . Son proiect de lay ofter
le jour & la vie au premier jour de
la vie , voire d'empeſcher fa.cona
ception , ou incontinent apres la
faire auorter , se liet en ſon ouvrai .
ge , quand non ſeulement il oppu .
goe la premiere Bulle de la confira
mation cmance de Paultroiſieſme,
Bulle qui premièrement luy donna
le benefice de l'eftre & de lumie .
Ie , mais il nous deſcrit auſſi ceste
Com
- La Chaffen ..?
Compagnie.come conceuë & coma
poſée de perſonnes ſacrileges &
ambitieuſes, parties & pieces ſelon
fa deſcription du touc impropres
& contraires à la compoſition &
conception d'va ordre Religieux .
C'eft maintenant le temps , petite
Còmpaigoie de Iefus , auquel les
propos de Paſquin & de les fem .
blables de rempliffent & de gloire,
& de ioye fi cu le ſçais conliderer
comme tu ſçais . Car en tout & par
tout en faiet de la perſecution d'in .
jores & contamelies ils rendent ta
naiſſance & : ca fin conforme à celle
de Ieſus , duquel tu as les armes &
Apoc, le nom , contre la Natiuité duquel
I 2. ce rous dracon goettant le fruict de
la femme pour le deuorer à la for
tie du ventre de la mere , a vomy
mille calumnies & blaſphemes par
la bouche inique des Payens , luifs
& heretiques, & contre la mort &
Genes, la gloire d'icelle , auſſi ce ſerpent
3.
guerroiant la femme & dcaāteftre
eforale par fontaton , n'a ' ceffé de
faire le ſemblable par ces me ſmes
organes.Ce que le fusChriftà fouf.
fert
Dx Reward Paſquin 303
fert en ſon honneur, l'Egliſe reuc
Ituë de fes couleurs & liurées l'en .
dore apres luy, & eo fon berceau à
tout: outrance outragée ſous les
Empereurs Romains , & quilere .
1 ra d'auantage à la fin derniere ſous.
l» Antechriſt. Ce que l'Egliſe a paty
en ſon honneur en grand volume,la
Cőpagnie de Ieſus vn petic eſchan .
tillon & image de l'Egliſe l'endure:
en petite marge & ſelon ſa porcée
au ſien.Combien que l'Egliſe Chre
ftienne ayē courageuſement ſup ..
porté ces iniures , pardonné à les
ennemis qui la: chargeoyent d'op
Probres; li'eſt -ce que les Peres,pie
leurs,Docteurs & eſcrivains n'ont
eſpargné leur ftil pour les cõfater,
& cobattre les meſdifans. Demere
mes nonobſtant qu'avec toute ma.
gnanimité,voire confolation ſpirie
tuelle tu toleres-les iniures preſen ..
tant tes vous , & facrifices pour la
conuerfion de ceux quite ſurchar ..
geat de deshonneur,lieſt- ce que les
plumes, defquelles te S. Bfprit a
embelly & fortifié ton corps , ne
doivent demeurer oyſiues : Elles
doi
L4 Challe
doiuent avec leur vent au batteméć
de tes aiſles, ſecouër de ton pluma.
ge ceſte vilaine poulliere & boueu
ſe ordure , de laquelle on taſche le
ſalir , & liurer le combat à ſes noc
tornes oyſeaux , oyſeaux de tene .
bres & eſclos de l'abyſme des tein
nebres, ennemis de lumiere,quien
la nuiat de ce monde , monde ima
monde, monde charnel, monde en
nemy de l'efprit, huënt & affreuſe
ment ietcent contre tay leur cris :
mal- encontr'eux , & leur funeſtesi
chants . Pour mon particulier , com
me ſerviceur cien , i'entreprendray
de voler Paſquin non ſeulement
corbeau de Palais , mais hibou de
quelque infernale cohuë, en laquel
Le s'inuentent & forment les fauſes
accuſations contre les feruiteurs de
Dieu. Ceſtay - cy ſera ma proye,
duquel se feray magorge . Guindós
DOUS , leuonsnous en plein vol , &
gaignons lehaut ſur loy,pour venir
fondre fur luy , & luy donnant la
bouraſque l'atterrer tellemét , que
iamais ne s'en releue. En tout fon
diſcours contre la concepcion &
naillan
Du Reward Parque 307
naiſſance des lefuites , il fai & trois
choſes. Premierement il blaſme le
chef de ceſte Compaignie particu .
lierement , & le taxe d'auoir eſté vn
infigne hypocrite , qui pour fin de
ſon ordre ne ſe propoſoit riémoins
que l'honneur de Dieu & le ſalut
des ames ,mais la ſeule ambition
d'acquerir nom & honneur parmy
les hommes . Cefte calomnic eft
grande . Car fir le cæur de cette
Compagnie qui luy fouroiſt la cha .
leur , l'eſprit & la vie , eſt malade
& extrememens febricitant de la
fiebure d'ambicion fiebure & ma
ladie fort ayguë , quels pourront
eſtre ſes autres membres qui tous
reçoiuenc ſon inHuance? Seconde .
mene il rend & ce chef & tous les ;
autres neuf premiers membres de
celte Compaignie Sacrileges par
tranſgretlions & violemér de crois
væus.lignalés. L'vn eltoit de ſe fais
re Docteurs en Thcologie devant:
qu'entreprendre la conuerſion des
infideles , moyen neceſſaire à l'as
cheminement de leur entrepriſes
lequel il n'ont toutes - fois gardé .
.!
L'aus
L. Chaffe
L'autre d'aller en Paleſtine pour la
seduction des Turcs : lequel il onc
ſemblablement abãdonné. Le troi .
fieſme,ne s'eſtant tranſportés en
Paleſtine , d'aller aux autres pays
des infideles :ce qu'ils n'ont toutes.
fois execute.Ceſte calomnie eſt en .
cores plus grande que la premiere .
Car li le cour & les autres nobles ,
& principales parties , parties fe .
minales de celte Compaignie , de la
maſſe deſquelles l'eſprit d'icelle
come yne vertu formatrice a tema
peré, organiſé, & copoſé ce corps ,
ont eltéli alcerees,malades, gaftécs
viciéesg.corrompues , & infectees,
quel peut auoir eſte ce corps en la
premiere cõformario Quelles ont
peu , ou pourront par apres eſtreles
autres parties adiouſtées & apor
rées d'ailleurs à ces premieres &
feminales, pour l'accroiſſement &
accompliſſement de cecorps , veu
que les parties tirées du dehors &
ioinêtes a celles du dedans ſuyuenc
& pallenten leur temperament &
organizació elabourées & formées
går icelles & par la force de leur
cha.
Du Reward Paſquine, 30 g
chaleur ! Troilielmement il rend
ceſte Compaignic illegitime & ba.
Starde. Car la premiere Bulle dit- ib
de ſon approbation ,qui fur de'Paul
troiſieſme, & qui dóna la vie à cefte
Compagnie & l'ettre religieux , à
efté obrepticement obtenuë,ayanc
donné faux à entendre au Pape à
ſçauoir qu'Ignace & fes cõpagnons
eſtoyent maiſtres és Arts de Paris
fort verſes en Theologic, combien
a les aucans ne foſſeut ny maiſtres
és Arts du tout, ny verſés en icelle,
& quelques vns des autres feuilea
ment maitres és Arts des Vniuers
Gitez d'Efpaigne." Paſquin faiet vn
grand quamquam de cette troifieſme
obie &tion , & ne veut que cette ſeule
přece pour renuerſer les murs &
tout le corps de cefte Compagnie ,
Car ceſte Bulle eltant obreptice ,
toutes les autres ſubfequéres fon
dées ſur icelle , ne feruent de rien .
Le fondement eſtant porté'en bas, " .
il eſt neceſſaire que tout l'edifice
tombei Helas qui feront les lefuj.
res à ce coup ? quant à cela , voyła
leur'mort,Foyla ltur fin ,pöylă le or
toma
La Chaſe
Combeau. O pauures leſuites vous
eſtes tous au ſac , vous cftes pero
dus . Ou bien il faut que vous vui .
diés l'Europe, ou que vous allies
chercher nouuelles proviſions à
Rome. Ceſt con iugement Paſquin .
Mais de fol iuge briefue ſentence .
Venons doncques à l'examen de
tes obie & tions. En ce que tu dis ,
premierement que le bien - beu
reux Ignace chef de ceſte Compai.
gric a eſté vn inſigne hypocrite qui
pour toute fin de la religion qu'il >,
dreffoit , ne s'eſt mis deuant les
ieux que l'ambition ,comment oſes
tu faire ce iugement ſi cemeraire
en ton ame , & qui eſt beaucoup
plus l'expliquer & affermer par les
parolles. Autant en peut on dire &
en diſent les Hereticques de Sainct
François, de Sainą Dominique, &
dos autres , exceptés:quelques vns
d'entre ceux quidiſent qu'ils eſtoi..
ent des gensbien ſimples & niés de
trauailler tapt. Ainſi le Diable ya
touſiours aux extremites & faiata
les,fiens facent iugements, diuers
& du tour contraires d'ynmefmes ,
come
Du Renard Paſquin.
comme au fait propoſe cantoft que
il eſt extremement ambitieux cer
chanc l'honneur parmy l'ordure ,
Ja grandeur dans vnc haire, tantoft
qu'il eſt du tout ftolide macerant
fon corps & fe poenant hors de
propos. lugeant doncq & parlant
du Pere Ignacc non plus ny moins
a les Heretiques de tous les fainets
fondateurs des religions , tu don
nes appertement a cognoiſtre qui
tu es . Tout homme ettant en pos .
Sellion de la bonne renommee iure
goes à ce qu'on l'en puiffe priuen
par bóne & valable prevue , le bies
heureux Ignace fera eftimé hom .
me de bien , & toy Paſquin yn ca
lumniateur Gi ru ne nous fais voir
fon hypocriſie & ambitioo , ce que
tu ne ſçaurois iamais faire. Ce n'eſt
à moy de monttrer qo'sl n'a jamais
efté tel : c'eſt à toy à verifier que
ila eſte. Toutes fois pour en plain
midy defcouusir con impoſtures
& impudence , ic l'entreprendray
à ta confufion & à l'honneur de
ce: Sain&t perſonnage, ce quime fe
ra facile . Car premierement quelle
pro
312 La Challe
probabilité y a il qu'vn icone gene
til - homme de bop lieu , vaillant,
prudent , aduancé par reputation
chés l'Empereur,chery de luy ayáz
bonne part en ſes bonnes graces,ae
bandonne la fortune, qui luy rit &
qui luy eft aſſés certaine, fortune các
recherchée auant que l'auoir , &
priſée apres y eſtre arriué , pour
cercher la gloire en des peregrina ,
tions en Hieruſalem ,en la coqueſte
des infidelles à la foy , & en fin en
l'eftabliſſement dəyn ordre, doquel
il ne ſçait quelle ſera l'iſſue ? Car
toy meſmes confeſſes que lors que
s'en alla profterner au pieds du
Pötiſe pour obtenir de luy million
en la Paleſtine , il n'eſperoit rece:
uoir les deux cene & tant de ducat's
pour ſon viatique & de ſes neufs
compaignonso Quin'eftoyent pas
toutesfois choſe de grande citime
a raiſon de ce qu'il avortabádonne
au monde. Secondemér ces labeurs ,
en vray lyy eufſenteſté trop chair
vendus s'il nleuft eu autre fin qu'vn
perit vent & legiere fumée de gloi.
re ; ſe rendremendiant aux eftudes,
paſſer
D# Renard Palait .
paffer cant de regions, endorer froid
& chaud , aller annoncer l'Euangile
aux barbares avec vo'fi evident dan
ger de ſa vie . Troiſiefmoment la fain
teré & auſterité de la vie te dement,
loger parmy lespauures , ſervir aux
hoſpitaux, & pour deſtourner en de
ſes amours impudiques, s'aller en hi.
uer plóger iuſques au col en la rivic
re de Gentili glacce au licu par ou
ce
pauure homme cherchant ſes plaiſirs
deuoit paſſer,auquelarriuant il diſoit
o pauuremiſerable n'asta point co
paſſion de toy'meſmes & de ton ame
laquelle tu perds ainſi. Io ne ceferay
dem'affliger icy pour te rappeller du
mal & t'implorer de Dieu miſericor
de iuſques à ce que tu aye abandonné
ron vice . Ceux cy ſont traicts d'úne
vraie & ſincere,non point d'vne faufe
& maſquée charité & juſtice. Ceux
qui cerchent la gloire & lbóneur en
l'apparence & elcorfe exterieure'de
faincteté,outrcötouſiours ſont per .
ſonnes qui d'ailleurs ne ſe peuucot
baltir eſcheles å l'hôneur, ne demeu
rent longtemps coqueris du mátcau
de ceſte diffimulació & fcintile; Dieu
faiet voir leur hypocriſie , & met en
0 jour
314 LA .chulle
jour leur tenebres. Or en ce perfon .
nage rien de ſemblable, qui d'ailleurs
facilement pouuoit paruenis & s'ee
fpit ia bien ayantpouré à Phenncur,
& cn la vie duguelnul vice , ainstoute
vertu Chreſtienne & folide s'eſt toula
jours remarquee. Quatrielmemét les
miracles, que Monſieur notreMai
Atre à fort bien dict eſtre des diains &
celeſtes teſmoignages dela Saincteté
des ſeruiteurs de Dieu , te confurent
& font voir au monde la fincere &
naifue intention que le bien - heureux
Ignace apportoit en toutes les actios.
Pour preuue de la verta les diverſes
apparitions& viſions quiluyfonias
riuces de leſus-Chriſt, de la Vierge,
des cæleftes allemblees , les reuela
tions qui luyoni eſté faites des hauts
miſteres de noſtre ſaincte Foy,les be.
Defices de gueriſons donnces par luy
aux poſſedez du diable , aux malades
demal caduque & autres, les prophe .
ties des choſes futures , abſences &
occultes, fes diuerſes apparitions à
pluſieurs apres ſa mort,ſon corps del.
enſquely reſplandiſſant de diverſes
l'umieres , & les harmonies coeleftes
qui y ſont entéduës, nc ſone ce pas de
grands
Du Renard Paſquix . 31's
grands miracles? Paſquin ne croit pas
ces miracles, n'auſ ceux de S. Fran
çois,SaintBernard & 'autres ſaincts.
Mais Meilleurs quand quelque jour
te S. Siege en aura donné vn Arrett
Apoſtolique', quelle confuſionà Paf
quin, & à tous les Paſquinaux ſesdif .
ciples ? Cependant ils vous font co
gnoiſtre & à touiChreſtien de quelle
Sainctesé a eſté ce grand feruiteur &
amy de noftre Dicu ,mignon de lelus
Chriſt & de la Vierge, comme ils luy
ont montré par rant d'apparitions.
Finalement ſi ceſt homme en fon vi
vanta eſte vn fi cauteleux hypocrite
& ambitieux ; comment ſe peut il fai
re que Dieu tolere & permette qu'il
foie venere dedans Rome en lieu fi
public qu'eſt lEglife appellee de Ieſu,
maiſtreſſe Egliſe de toutes les Egli
ſes des- leſuiles : que toute la ville de
Rome, quedis - ie, la ville de Rome:
pour mieux parler góc toute l'Italie,
qyvnégranide partie de la Chreſtienté
aborde à lon tombeau pour honorer
ſon corps & implorer l'interceffion
de fon -ame heureuſe : Que les plus
fignalez hommes en doctrine & vere.
tu< y2 attachent leur tableaus votifs :
02 Que
316 Le Chate
Que perpetuellemét scuát son corps
luiſevnelápedarganțMóliegr noftro
inaiſtre dit l'avoir vey , & auoir vene.
reces offeméts & cendresiadistéple
dus, Eſprit par la grace, & qui leſe .
rót quelque iourpargloire à lafatare
reſurrection, Quagtà moy je defirois
auoir l'hôneur d'en faire autát ::Mais
eſtant empeſché par la diſtance des
lieux , i'offre au bien -heureux Ignace
toute ceſte mienne petite deffence a
iay entrepriſe de la Sainctere de ſon
ordre, deles freres & fucceffearspour
le meilleur tableau votif que ie luy
puiſſe preſenter. Și le bien -beureux
1
Ignace cult eſté yn ſi inſigge bipocria
te quele fait Palquin ;Dieu n'euſtpas
tellemét beny ſes labeurs,neuſt done
cel accroiſſement à ſon ordre & à ſes
deſſeins, & n'enft permis quepar ce
mojen ſon hipocriſie euft eſté exalcée
& Rome , en Italie , en France , Alle.
maigae, Eſpagne, Pologne, au lapon,
aux Indes Oricorales, Occidentales.
. bref en l'vn & lyutre monde, Onna
iamais ouy dire que Dicu ſe ſoit-pour
en parler aiofi , renda patron delema
blable hipocriſie. Orvenons a la ſe ..
conde obicction de Paſquin ,
СНАР.
Da Renard Pafquin . 317
C HOA P. A.
Qué ces dix premiers Peres ne ſont akikne
ment- infra& teurs de lafoy conneea Dieu par
le ven , ains. Lors obferuee de pone en foin &
aues grande religion y::. L11،

TV dis Pafquin que lapremiere


pierre de ceſte Compagnie aeſté
poſee & conſacree par troisſacrileges
& violations de veu . Es - ta bien f
meſchant de proferer telles parolles?
Tuſcais en ton ame'quelu àsmenty .
Car quant au premier vců, iamais ils
ne promirent à Dieu de ſe faire Do.
&tears en Theologić. Tu as cité les
propres termes de Mapphæe: implo
* 1!0 Eldriſsinia Virginis patrocinio 'cc fan &ti !
Dioxifii Arropagite,cuius in tutela Parihi funt ,
ix ade ſuburbana que maismartyrum dicitur: 9
fab confeßionis C Euchariſtic -miferia. Fefe
obftinxere finguli emēſis Theologie ſpariis, con
tinuo nuntium rebus mortalibus remittendi,ate '
quein paupertate perpetua feruiendiglorie di- ,
uink , ſalutique animorum , as novinarin ad.,
conftitutum diem Hiereſolo in eo confilio -
uigandi , vt in conuerfioneni infideliun toto
peštore incumberent, palmamque martyrii ftu
diofe captarent; Ayant imploré l'ayde der
la tresheureufe Vierge & de S.Denis »
Areopagite, en la ſauuegardeduquel
font les Pariſiens, en yne Eglife pres '
dala ville appellee Montmartre, so
0.3 : blia
318 .- La Chaffe
bligerent tous par les Sacremens de
cófeſſion , & de l'Euchariſtie, de quite
ter le monde incontinent apres auoir
parcouru les champsde Fheologic ;
& en perpetuelle pauvreté ſcruir à la
> gloire de Dieu & ad falut desames ,
& nómement de nauiger a iour doma
mé eg Hieruſalem , a ceſte intention
de tratailler de tout leur cæur à la
conuerfion des infidelles , & accepter,
auec touto affection la palme du marc
tyre. On eſt- il contenu.cn ces mors
qu'ils ſe deuoyent faire Docteurs
Quant à coy tu le trouve en ceux - cy.
Emenſis Theologie ſpatiis qui ſignifient,a
$ pres auoir paracheué leur courſes.es

champs de Theologie ,que tu tournes


2 après qu'ils auroient faict leurscours
en Theologie,& feroyent paffé Do.
etcars. O grand baudet , qui n'en
tenspas encorcs.le Latin . Tamais ces.
termes Emenfis Theologiæ fpatiis ayane
parcouru les champs & eſpaces de
Theologie, ayantacheué la courſe en
celte lice & ftade , rendirét- ils ce ſens
apres avoir paſſé Docteurs?. On peut
eſtudier en Theologie,ouyr les leços,
diſputer,argumenter , reſpondre, re
peter , s'eſcrimer CA ceſte lice fans,
prene
Du Renard Pafquix . 319
prendre aucun degré. On peutdire
d'vn Obſeruantin , d'vn Minime, Ca.
pacin , Fueillentin , Emenfis Theslogie
Spatiis Hierofolymam ad conditfumi diemi na
uigarunt, qu'ayát acheus desexercices
de Theologie, diour nommé ils ont
fait voile en Hieruſalem , mais no pas
pour cela qu'ils ſont Doftears , car
l'entrec à touts degreds eſt interdicte
ces Religieux. Vrayeméttú te mon .
ftres auſſi gros aſne à tourner ce peu
de mots que nagueresà la verſion de
des autres obedientia cæca . Situ replio
ques qu'au moins ils auoyent faict
yau d'achever leur cours on Theo .
logie auant qu'entreprendre le voya
ge de la terre lainde, iç te repars pre.
mierement que tu te monſtres en la
replique auſſi ignorant ou peu s'en '
faut qu'en l'obiection , Car qui voüe
faire quelque choſe par apres, ne vouë
pas ne la faire point deuant : Qui
vous faire vne ſeconde apres que il
aura taie la premiere , ne voue pas
pour cela faire la premiere. Exemple
ic vouë qu'ayant marié mes enfants
ic me feray Religieux , pour cela
ie ne vouë pas de marier mes en
fants . Ains m'eft il licite de faire
04 la
320 L # Chaffe
la ſeconde anticipant le temps de la
premiere. La premiere n'eſt appoſee
comme matiere de veu, mais comme
condition ſans laquelle iene ſuis obli.
gé.Ceſtcomme un qui promet payer
au bout durerme, s'iladuance la ſo .
Jurionjil ne fait pas mal pour cela,ains.
ſouuent choſe agreable au crediteur.
Ainſi eſt - il au cas propoſé acheuerles.
eſtades en Theologie deuantqu'aller
en Hicruſalem , n'eſt pas devæa des
Ieſuites, mais la codition ſans laquel
le aller en Hieruſalem qui eſt le vou.
ne ſera point obligatoire: laquelle co
dition par conſeqaent ils peugent &
font bien d'anticiper.l'adiouſte ſeco .
demeat quores q leur veu euft eſté
de paracheuerleur eſtudes auát ceſte
nauigation , ils ne ſont pas violateurs
de leur voo . Car ils ont acheué les
eſtudes qu'ils auroyét promis à Dieu
de faire. Leur veu dacheuer les eſtu .
des en Theologie ne comprenoit pas
ſous ſoy eſtudier.dix ans en l'Efcho .
Je, puis les dix & vingt ansa la lecture
des Peres Grecqs & Latins. Il eſtoit
de faire les eſtudos qu'ils auoient au
parauant le vou proiecté de faire, c .
itudes neceſſaires & proportionees à
leur
Du Reward Pufquin . 327
leur entrepriſe qui citoit la conucre
fion des Turcs: A quoy fuffiſoit auoir
mediocrement eſte imbu de la Philo .
ſophic, & de quelq abregé & traictez
de Theologie: Carles Turcs ne ſont
ces anciens Ægyptiens, Grecqs, Las
cins & autres peuples nourris & clc.
vez aux lettres : font gens grofliers,
fans eſtude des ſciences. Quand ces
premiers Peres fortirent deParis , il
ny en auoit aucun parmy eux qui ne
fult quepar trop.verſé pour cofondre
les Turcs au cas que fermat l'oreille a .
la defence de Mahommet interdiſant
toutes diſputes, ils leuffet voulu pre
ſter à leur arguments.Pour ne mettre
icy en ligne de conce leftude qu’apres
leur faillic hors de Paris ces Peres
pouuoient donner à la Thcologie , les
plus doctes comme vo Laynes & Fa .
ber par leur ductes conferáces & or .
dinaires colloques comuniquant leur
ſcience aux autres. Je fçay que par
my les Turcs: & en leur terre y a des
Chreſtiensreniez doctes parfois, des
ChreſtiensGrecs , des luifs qui ont
employé du teps a l'eſtude des ſcien
ces & des langues ; auec leſquels ces
premier's fleres pouuoiêt auoir affai
0.5
Lt Chaffe "
re. Mais à ceſte fortede guerre & da :
combat n'eſtoit neceffaire que tous
dix feuffent egalemear dreſſez: ſuffi
fois que les principaux d'entre eux
preſtaſſent le collet à ces plus rudes
& roides ennemis , peodant que les
autres de forces moyennes fe fuffene
cmployez à la coucrſion des ſimples.
Il ya de la difference entre les'eſtoil.
les , & toutes - fois cbafcune rend ſa
Jueur . En la Compaignie des Apo .
stres yn Sainct Pierre & Sainct Paul .
excelloyent & tenoyent le haut de
gred d'honneur, fpecialement en fait
de doctrine ceſte ame , ceſt cuil , &
celte langue da monde Sain & Paul
Quant au ſecond vou ,.ces premiers
Peres ne ſont en rien coulpables de
tranfgredió comme leur impofe Pal .
quin . Ils auoyent authentiquement
promis à Dicu , d'aller - en la terre :
fainctes pour les raifons ſuſdictes , &
auoyent confirmé leur promeſſe: par
de Sacrement de penitence & celuy
de l'Aurel . Il că vray . Mais aucc
quelle condition ? La voicy appoíce
immediatement apres lesparolles de
Mapphee cicces.cy deffus , inferees
dans les propres liures de Paſquim
id com a
D# Reward Paquin.
Id con filiúmfi qua in re imediretur anni cir
cumafto ſpatio denique Romam adirent, Juam
que operam fummo Pontifici Christi vicario ad
ſpirituale froximorī auxilium fine vlle premii
paétione, vel téporum ,aut locorã exceptiene de
ferrent. Si leur deſfeing d'aller en Hice ,
ruſalem eſtoit empeſché en quelque >
chofe, qu'au bout de lan ils s'en iroy- ,
ent à Rome, & prometteroyant tout ,
feruice au fouuerain Pontife Vicairel ,
de leſus- Chriſt pourle ſecours ſpirit ,
tuel de leur prochains, ſans aucune ,
paction d'argent , & ſans exception de ,
femps ou lieux. Voicy vne condition ,
& limitation de veu, q'en cas d'ofta
cle au bout den an il cefTeroit , Appo .
fee prudemment de peur que ſi le
temps de l'execució eſtoit indecis en
attendant longuesannees l'opporta .
nité de nauiger, ils fuſſent du tout,ou
au moingsvn grand temps-inutilesau
prochain. Cet obſtaclescu licu.Car
ban " qu'ilsont ſeiourné à Venize a
raiſon des guerres Turquelques, nul
Nauire nett forty du port pour faire
voile en Hierufalé. Ils neſtoient obli
gez de frecer yn Nauire tout expres
pour cox dayant lesmgiens,& moins
leftoyent ils à combattre les difficol .
tez de guerres, ou pour mhicas pares
06 s'alleri
2
1
24 Lt Chaſſe
s'aller faire indubitablement aftacher
a la cadene, & ce faisátpordre en tout
& par tout l'eſperáce de l'accompliſe
fement de leur veu. Paſquin repli
& quellsne laiſſent deftre traſgreſſeurs.
de leur væs, car la paix ſe practiquoit
entre la Republique de Venize, & les.
Turcs , & fedevoit bien toft cóclure ,
laquells euſtougcrt & alleuré le che.
min aux pelerins . Quetu es inepte en
ta replique Paſquin . Denant que ce .
fte paix ayë elté , lannee s'eſt eſcou .
lec , leur you cofroit,car ils l'auoyent
tellement limité qu'apres l'an reuolu
il ne lesaltraindroit aucunement. Ele
prit groſſier qui ne peutnoter la difa
ference entrevn veu perpetuel & cao
Juy qui ne doit obliger que pour yn
an en cas d'obſtacle . Sices dix pre
miers euſſent hõreuſement rompu la
foy doonià Dieu ,s'en retograant de
Venize à Rome ca coüards fans rien
faire apres auoir conſumdle viatique
donné parle $.Pere,tants'en faurque
Paul troilielme les eat careſſez aing
qu'il faict, qu'au contraire ilsles cult
chaſſez de les pieds & rcauoiez come
impies & ſacrileges. Carla verité eft :
996ce Rapetesregarda de bon oil &
leuc .
Du Renard Paſquin . 325
feur faict yn bel accueil. Ou ſeront
fondees maintenant les relueries de
Paſquin , finon que ſur la debilite da
cerucau vertigineux de ce radoteur
Car ſes vieux ans quand il imagine ce :
Pape aacc voe majeſté admirable &
venerable anciénetd ( lont ſes termcs ) :
tanſer aigremont les ieluites: Ceſtoit
lors le temps s'ilseullent eſte infrac
teurs de la foy.donnee à Dieu , de ce :
faire od iamais , ce qu'il n'a fait toue -
tesfois. Apart donclespoétiques ina
uentions, ou pluſtoſt les fablesde vie
eille , deſquelles Paſquin enfle ſon li .
ore . Quantan troiſicimevreu , moins
l'ont iltranſgreſſi que le ſecond. Cari
ils voúerentau S.Pere de s'acheminer
próprément ou il luy plairoit ordon
ner Sur ce le Roy de Portugal en de
manda fix dentre eux au $. Pere, pour
cultiuer & amplifier la icune vigne de
noſtre Seigneuraux Indes. Le S.Pe
recómit le P. Ignace pour en reſou
dre ce qu'il jugeroit à propos.Le P.
Igaacc en enuoya deux , ne iugeant
expedient de priuer l'Europe des au .
tres, qui à la verité y ontfait denota
bles feruices,li bie que lesPortugais
gouſtantle bon fruiết produit par ces
0.77 Peces,
126 LA Clapé
Peres, des deux qui eſtoyentdeſtinez
aux Indes en voulurēt au moins gar
der l'va . Les autres chacun ſelon fon
talent y ont fait pluſieurs actes nora
bles, come Laines yn des plus doctes 4
hommes,vn Salmeron des plus gráds
predicateurs de ſon temps. En tout
cecy quelle traſgreſſion de léar veu !
Si tu dis Paſquin en ce qu'ils ne font
tous allé aux indes ; & qu'il n'y a eu
que le ſeul Pere Xauier ; le Pape ne
l'auoit pas ainfi ordonae . Si tu dis en
ce que le Pere Ignace n'en a enuoyé 1
que deux & non tous , le Pape ne luy
auoit comandade ce faire :mais d'ad
uiſer à ce qui feroitle meilleur, ce q il
a fai & . Vouer au Pape de faire ce que
il voudra & le faire n'eſt pas outre .
pailer ,mais obferuerfon vrea.le me .
Itonne que tu es fi idiot à entendre ce
qui eſt en ſoy tant clair , ou fi malici
cuxa l'impugner. Si les parties prin .
cipales ;deſquelles-lé S. Eſprit par la
vertu formatrice de ceſte compagnie
à temperé; organilé, compore & for
me le corps d'icelle ont cité entieres
& propres à la baſtille & à l'ouurage
de ce grand architecte , ouvrage, ba
ftiment , machine & forcereſſe pro
jectee
DR Renard Palquir .
je &tce en l'idee de Dicu pour debeller
& terraferle Diable auec toutes ſes
æuures , l'Atheiſme, Paganiſme, lu .
daiſme, Mahomerilme, Herefie, & le
vice , auſſi la liaiſon d'icelles parties
eft bonne & legitime en vn corps , la
conception & generation de ce corps.
yalablcas
C H A P. XI.
Que la compagnie des lefuites eſt legitimement :
approuvee par les Saints Peres er :
diuerfes Bulles...
E - S.Efprit Pere de ceſte Compas
L
gnie ,auoit par la charité comme
par vne facultè generatiue & forme
irice de ceſte Compagnie de lóg téps
engendré le ſang & les eſprits , del
quels le corps de cette Compaignis
deuoit eſtre formé & cöpofé, du meil
leur aliment quiſoit , c'eſt a dire du .
corps de leſus -Chriſt , les auoit cuit,
elabouré, eſpuré par la chaleur vitalo
dans les lieux Saincts & Egliſes de
Montſarrar, Hierafalé, Paris,Veniſe,
comme dedas.des vaines & arteres de
deuotion ; Ceſtoient ces dix premiers
Peres. Rien ne rettoit ces materiaux
eſtant bica præparez qu'a procedur
conception de ce corps,
à la parfaicte
Es
3:23 : La Chape
Et poorce les ramaſſer tous en vn des
dans la viuifique'matrice de l'Egliſe
Romaino : Cela s'eſt graces à Dieu
heureuſement paracheaé ſous Paul
troilieſmc, qui come dernier & fuprc .
me organe du S.Efprit; a dóné l'eſtre
& l'amo de religion à ce corps, & par
fa bulle d'approbation luy a quant a
quant departy le beacfice de lumiere ,
& l'a faict efclorre au monde . C'ect
ceſte conception & generation que
nous debat principalement Paſquin ,
cómeillegitime & baſtarde,ſelon l'era
prit du diable qui le guide , & lequel
porte vne finguliere envie à tout com
mencement du bien . Deuant Paſquin
d'autres l'auoyent combattué , diſant
comme luy queles leluites d'eltoient
point vrayementreligieux. De quoy
ne le fautemerueiller. Car les faincts
& vertueux perſonnaiges ſont pour
pluſieurs raiſons appellez & cóparez
aux Cerfs & Bilches en l'Eſcriture:
Tellement que toutainli que les Biſe
ches de bichonnent & ne font leurs
petits fans qu'aucccónaires , a la mel
me maniere qu'en Drouence les nues
n'engendrent & n'enfantér leur plaie
qwwuec ces coups de Canon, auſfiles
laincts
Du Renard Paſquin . 329.
faincts ,ne peuuét ſepouſſer au mon
de par vac plaine & parfaicte nailano
ce , & la matrice fæconde de l'Egliſe
nc les y peot iecter qu'auec les tonais
res de la perfecutio , delaquelle la ca.
lomaie eſt la premiere piece de bat
terie. Or Paſquin amene pourtoute :
preuue de ſon dire å ſçauoir a ceſte
Compagnie neſt pas legitime, le faux ,
döner à cntendre au S. Pere d'Ignace
& de ſes compagnons. Carpremiere
ment ils ſe diſoyent maiſtres es arts
de Paris, choſe faufe vea quedes dix
Paſquin noº afferme & taſche de nous
prouuer par les regiftres de l'Vniuers
fire de Paris qu'il dit auoir fucillétez,
ny en avoir eu que les ſope , Pierrele
Febure & Erançois Xanier l'an 1529
Ignace l'an 1532. Claude l'aie & Sy
mon Roderic l'an 1534. Alphonſe
Salmeron & lcban Codare l'an 1535
Quant aux trois autres, les deux d'i .
ceux à ſçauoir Laines & Bonbadille
auoir eſte maiſtres es arts d'Eſpagne,
& le troiſieſme Paſquier Broet nela
uoir eſte ny de Paris , ny d'ailleurs.
Examinons ces propos de Paſquin .
Auquel ic dis en premier lieu ques'il
c.meat ag rapport des matricules
ds
930 L & Change
del'Vniuerſité de Paris à ſon ordinaio
se , il ſe peut deceuoir ou ayant mal
pris garde à fescayers, ownelesayát
toutes fueillecces, comme s'ila ſeule
ment parcouru les maiſtres de la naa
tion de France , il n'a eu garde d'y
trouuer le P.Paſquier Broer dela na
tion de Picardie , bieną les copiſtes
de Rome en la bulle de Paul troiſica.
-me ayent oublié de mentionner ſon
dioceſe. Ce qui me confirmez Pale
quin fe trompe en ſon calcul, eſt que
s'il nauoit leu les noms de fept enre
giſtrez aux roolles de l'vniuerfité, in.
dubitablemét il nousvoudroit faire à
croire par lesparoles de Ribadeneira
& de Maffee, quine rongerent iamais
rien moins qu'a cela, q il ny en audit'
que quatre mailtres es arts de Paris ,
trois d'Eſpaigne, & trois ſans aucun
degred. Tout ainſi qu'il ſe tróperoit
lors , agffi fe fouruoye il maintenant.
Le dis en fecondlica que les deux qil
veut, ayent eſte maiſtres en Efpagne,
la bulle pour celada Pape nc contiét
rien de faux les appellant maiſtreses
aris de Paris : car ils y peuvent auoir
efte immatriculez & par leur imma .
Bricoles ils ferontrendas maitres es
arts
D# Renard Pafquist
arts de Paris , commeyn ſimple pay
fan de France eſtantimmatriculec aux
nombre des citoyens & gentils hom
mes de Veniſc , ſe peut dire auec toute
verite citoyen & gentil - homme de
Veniſe , & anciennement citoyens e.
ftoyent de Rome non ſeulemét ceux
quiy auoyenteu leur naiſſance & t
faiſoyér leurdemeure, mais auſſi qui
quoyentle droit de citoiens bien que
ils fuſſent & d'extraction & dihabi
tation Aſiatiques. Quant au droicts
les mailtres es arts de Paris par gra
duation & par matriculation ou arta
option ſont tous ons & tous maiſtresu
es arts de Paris: mais quant au temps:
& aux ceremonies font differens. Les
premiers ſe font en Quareſme & les
feconds en toustemps Monſieur no
Are Maiſtreleſçait qui a cognu de ſon
temps feu Monſieur Benoiſt le icone
& Monſieur Martin a preſen : Thco .
logal à Bourdcaus Maiſtrcs 08.arts,
le premier de Bourges , le fecond
de Bourdeaus adoptez à Paris pour
y profeſſer la Philoſophie & rece.
voir les degreds de Theologie : &
cehors du tempsde Quareſme: Ceft :
ce qui peut auoir abuſé Paſquin ...
La Chaffe
Et quant au Pere Paichafe Broet, il
fueillette les maiftrifes de Picardie
auſſi bien qu'ila faict cellesde Frane
ce & mieux aufti le dis en troiſieme
licu .. Qu'ainſi ſoitque de dix les fept
ſeulement ayendelté malftrés és arcs
de Paris , parlant de dix en gros come
fait la Bulle, on les peut ce nonobftár
appeller maiſtres'esarts de Paris. On
diet que la denomination du tour le
peut faire ou de la plus grande ou de
la plus noblepartie : ley elle ſe fait &
de la plus grande, car feptſont plus
qué trois : & de la plus noble , carles
mailtres es afts del'aris font preferez
a ceux des autres Vniuerfitez,cóbien
que Paſquin ayêgrand core d'appelo
lér l'Vniuerſité deCóplåt, ou il veur
que les aucunsayent receu le bonnec
de maiſtres es arts , Vniuerſité boro
goez elle cet fort celebre, baltie a l'in .
ftar de celle de Paris, la ſecode d'El
pagne, & livne des nobles du monde .
Mais qu'ilsaicat eſté maiſtres es arts,
qu'ils ne l'ayent pas eftédu tout, que
fait cela à la Balle : En - icelle s'agilt de
l'approbation - d'vo - ordre religieux,
auquel pour premices veuleor entrer
dix hommes. Pour eftre religieux !
act
D# Renard Palguin .
seſt requis par-aucun droict ou diuin
ou humain d'altre maitre palle os
arts,Le poina de la Bullo neſt pas de
decider s'ils ſont maiſtres.cs arts ou
non , mais son leur doit confirmer
l'ordre qu'ils demádent. Orectil qe
qux Bulles & aux Concilesfautauoir
cſgard & ſe peut on fonder ſur ce que
ils.definiſſent ou ordónent , no point
a ce qui eſt hors du poinct principal
accidentairement inſeré, Commeet
en ceſte Bulle la qualité desmaiſtres
os arts de Paris . Car de dire que ceſte
qualité fuft chofe principale pourdó .
ner teſmoignagedé leur laffiſance to .
talement néceſſaire à ces grades mife
ſions qui ſont la fin deceſte religion ,
n'a aucune apparence. Comme files
ſeuls maiſtres es arts de Paris font
ſaffiſants, & ne s'en trouvent ailleurs
qui ne ſoyenç point dia tout maiſtres
os arcs auffi ſuffiſants.ou plus que les
mailtres es arts de Paris, tels que ces
doctes Miradoles. Comme ſi tous les
maiſtres es arts de Paris eſtoyér doce
tes , & parmy eux ne s'en rencotroiét
d'auſſi ignorants qu'ailleurs. Falloit
donc vne autre pierre de touche,
ſçauoir faire eſſay de leur doctrine
aip
334 La Chape
ainſi que ft le Papemecant-en difa
er
pute en la preſence ſurles poinesde
Theologie le P. Faber & le P. Lais
Dcs . Le Concile de Trente non plus er
n'a aucun eſgardia la collation des ori Se
dites ou benefices ſi on eft mailtre es lo
arts de Paris ou d'ailleurs:Seulement ch
il cxamine fion eft doce, & ſuffiſant. a
id
Mais icy meteray bien Palquin au
bout de fondatin Gie dis que la Bulle
le
neles a pas appellez tous dix maiſtres
6s arts de Paris ,nyabloluément mai
Itres es arts, ain's feulement ceux qui d
l'eftoyent d'entr'eux . Examinons 1
les qualiteż4 qu'elle leur donne.'s A.
pres agoir deněbré ces dix auec leur
Dioceſes , elle les qualific , in artibus
magiftri , in Vniuerfitate Parifienfi graduati,
e in Theologicis ftudiis per plures annos exa
ercitati. Maiftreses arts , gradues en
PVniuerſité de Paris & exercez
par pluſieurs annees eseſtudes de
, Theologic. le dis que cesmots ne
s'entendent poinct colle& tiue pour voi
fer des cerines de Logicien fignifiant
quctous ayent eu chacune des qua . "
Jitez mentiontiee's , mais diſtributiue
faiſant: coi lens les vos:maiſtres es
arts , quelques vasaulfi griadurez de
l'Vni .
I'Vniuerlice. de Paris , lesaucaosex
ercez es eltudes de Theologie.Com .
me liie dilois leRoy eſt venu de Gui:
enne accópagnes de plufieurs grands
Seigneurs de tous les quartiers de
fon Royaume , iceux Ducs , Macef
chaux, Contes, Barons, Cen'clt pas
a dire que chacun de ces Seigneurs
ſoit Duc , Mareſchal, Conte, Baron :
Mais qu'entre eux les vns ſont Docs
les autres Mareſchaux , les autres
Contes, & les autres Barons . Secon.
dement il fonde lefaux donner a en
tendre au S. Pere du P. Ignace & de
ſes compagnons ſur ce qu'ils ſe di
foyét auoir eſtudiétous par pluſieurs
ans en la faculté de Theologie , &
tous eftre inſpirez du S. Eſprit. Ex
treme beltile ou malice de Palquia
d'accuſer les lefuires de s'eſtre ſuper
bement.qualifiez , inſpirez du Sain &
Eſprit. Car c'eſt les iugement qu'en
faict le Pape & non vo titre que ces
dix fe foyent arrogé . Voicy les mots
de la Bite , Ix artibus Magiſtri, in Vnio!
nerfi:ate Pariſienſi graduati , in Theologicis
ftudiis per plures annos exercitati , spirits
Santo, pepie creditur, afflati. Maiſtres es
zaïts, gradues en lVniuerſité de Paris
& exer
L & Chefe
& exerces par pluſicurs ans es elta
des de Thcologie, inſpirez comcon
croit picuſement, du S.Eſprit. Le
Pape dit qon le croit pieuſemét, ceft
doncle iagemét des autres & le fien ,
& non point que ces dix s'attribuent
će magnifique epithete, De quel er .
prit es tu inſpiré toy Paſquin quand
tu donnes ces gloſſes de l'eſprit de
Sathan , qui enſemblement réplift ton
eſprit de tenebres & ta volote de ma
lice . Et quát a aqoir eſtudié pluſieurs
ansen Theologic ,la Bulle ne la porte
pas , mais de s'y eſtre exercé : entre
leſquelles deux manieres de parler il
ya dela difference , car la premiere
denote d'auoir hanté les eſcoles , &
pris leçon , la ſecondel'auoir diſputé
& cófere:Ce qui le peut faire hors de
lelcole chacun quec fonamy: voyons
maintenant G leur dire cótient verité ,
Ceſte Bulle parle ainſi l'an 1540. Ils
partirent de Paris l'anis 6 . Selon le
calcul de Paſquin meſmos le Pere
Faber & le P. Xauicr maiſtre es arts
l'an 1529. y auoyent eftodié , ans,
fept dedans Paris & quatre en eſtant
faillis: le P. Ignace maiſtre l'an 1532 .
huiet, quåtre dedans , quatre dehors
Paris :
Du Renard Paſquite.
Paris : Claude laius & Simon Rode .
rique maiſtres es arts l'an 1534. fis,
deux a Paris, quatre dehors: Alphon
fe Salmeron & Teba Codune taiftres
es arts l'an 1535. cinq ans, vn dedans,
& quatre hors Paris. Desautres trois
nous ne pouvons tirer le temps d'e
ftude. Bien pouvons nous dire qu'ils
yont eſtudić bónes annees deuát leur
Tortie deParis. Car Laine's & Bom
badillc demourerêt à Paris long téps
Quec le P. Ignace, & quand ils yvin
drent, ils eſtoyent bons Philoſophes.
S'enſuyt dece calcul que ces Peres ae
toyét cu aſſez de tempspour fe, ren
are experimetitez en Theologie .Uu
faut noter que ces qoatre ansdepuis
Pan 1936. qu'ils deſemparerent Paris
jufques a 154.0.que leurcépagnie fut
inferce & enregiſtree en la matricale
des religions,furentvrai sansde tu .
de,meſmemét lors qu'ils voyagoient
de Paris a Veniſe, & de Veniſe a koa
me . Car tout ce tempsvoire au chea
min s'employoit après le breuiaire &
fain & s Sacrifices a la meditation , au
diſcours des chofes ſaintes. Ces deux
qui eſtoyent les premiers es ſciences
lc Pere Faber & Lainesaidoyent les
P autres
Le Challe
autres quand beloin eſtoit. Ceux cy
yexcelloyét, fibien que le Pape Paul
prit vnmerueilleux plaiſir à la diſpu .
te qu'ils curent en la preſence , apres
laquelle illeur commaoda denſeigner
la Thcologic a la ſapicnce de Rome,
Faber y profeſſoit la poſitiue inter
prezant les mifteres & lens miſtericus
de l'eſcriture , Laincs liſoit la ſchola .
ficque expliquant les hauts poincts
de la fay : Faber eftantmort bien colt,
Laines crée general allilta au Conci.
lc de Trente ou il fut trouué vn des
plus ,do &teshommes.de ſon temps.
Qui n'eul proyfite ca piece ſous ce
Aambeau de denotion de bien -heu
reux.Ignace, & Thcologie ſous ceslý.
mieres quc iay di&t pour peu d'enu ce
qu'il cult a ceſte diuine fcience avant
que faillir de Paris : ou ſelon la cou .
Nume de l'Voiuerſité chaſque bachce
lier, liſant le maiſtre des ſentences, ils
pouuoyent l'auoir ouy comme yn
compendium de Theologie en va an .
D'avantage le cours de Philoſophie
ſelon la limplicité des eſprits lors
moins ſubtiliſez & eſgaillardis, duraç
en ce temps la cinq ans, on y melioic,
principalemcat parmy les morales,
les
Du Renard eafquit . 339
les: biargšde Calo , de Animaj & de
Metaphyfiquezyne grande partie de
la : Thcologie enfaveur de ceux qui
efteyent ( csocandidats . Finalement
pendane les cinq ansde leur cours, &
Lacilement les deux derniers d'ice .
kay ayant faia profit ep la Philoſo
phic ilspouuoyentprçadrequelque
egons & ouyr Kabbregé de Thcolo .
gicle maiſtre des feptences. Ce n'c .
losopas pour cela galocher comme
dia Pasquin , car ces hommes faicts
andyandle ingement pourdigerer &
conuertir en bon facinterieurce que
ils ojoyent exterieurement par les
avreilles. On en pra & icquc autant à
l'endroit dela tendrçicuneſſe laquela
be és claſſes de Rhetorique ou l'on la
taj & £ a plain fond , on ne laiſſe pas
d'initio fuperficiellement aux prin
cipes de la Diale &tique', pour luy en
ouurir & faciliter l'entrec. Aucc tou
te verité doncq non poind ces dix
premiers,mais le bien keurcux Igaa .
ce interroge par le SainsPere , &
comme il deuoit luy rendant cona
te de la bande deſiranttrauailler ſous
l'enſeigne de ſon obeyſance, & de
la capacité a elle pouuoit promettre,
P 2 loy
$ 40 sa shufe #
lüytoftifioit que ſes capaignoższe
ftoientmailtresgsarts & espriepesplat
plufieurs ans enl'eltade dolofuitate
Theologie . En tout reccy iln'yla cu
aucune ſurpriſe du Splexe cómsins
poſe Paſquin ; msible foól recindietá
nuo& fimple verioda ta Bulko dond
obtenu du Pape Paul troifetti eſtás
valable eſt par conſéquene légitime)
de bon éftoc, & d'aprouue atoy deite
compagnie efcloſe móde par cette
Bulle comme par une très heureole
natiuite . Cette Baltveft Hibondante
fortifice par toutes tosſabriquerres
emanees'preſque de toutkoppapeli
fiégeants depuis Paultroilicfmdiende
faucur & confirmárion des Ieſuites !
Mais Paſquin les fait tous aveugles
auecles . Concile de Tremie & deftis
tués dejugemet n'ayant pea toignois
Itre l'inſtitut des Iefuire S , & par copa
fequent des lourdauis & mál.auiſez
a approuuer ce qu'ils ne cognoſoiếc
pas bien . Partieulieremét il en veura
la memoire deTulestroiſic [molequel
it marque d'vn ingeniet bizérrezcielt
i mo opinion pour auoir favoriſe les
Ieſuites. Mais Paſquin auec grande
irrcucrence & auec grade malignité
1
parle
Du Renard Parkin .
padle ainſi de ce Papers Car la verité
eſtą celtoir yngrand Pape; de grand
iugement & do graode doctrine Paul
troiſieme, duquel cotre ſon ordinaja
ro :Parquin parke honncſtement , &
adueuzikorakmai pat la conteſtion
derfás qualitz,auoir skte digne de co
fouueca in grade, acl'cult autrement
jamais constituéſon premier tegat
& Prefideas co ec grand Concile de
Frétadous lamaderation & sodaite
sugustele sfant tambés lespremieres
Seffrós dikelayacaquelesil eft appellé
Isban Marie Cardinal de Monte, fuis
apresen cóſideration deſes rarespar .
tiek & pour en auoir donné selmoi
zmago astes le mendefurce public
bratrç de Grence blifuiençu Pape
Tartuolulesiojáris quis teorinuer le
- memeCócile :Gede sdt pas la destel
moigaagas d'øn efprigbizarre. Mais
que voulez vous la haine concouë
contre des defuites & da fareur dela
paffióemporte icne diraypasice ieu.
-De ipoulin mais ce vieiteftalon Pafos
quinzle fait ruën & mordre tous ceux
Iquipculent:& ont voulu -du bien aux
Jeſuites. Cependant toutesfois les le
fuites font biefondez & appuyez ſur
P3
plus
342
plaſieurs belles Bulles dediucrs Soo
ucrains Pórifes ,leſquelles ſeules dois
uent fuffire pour iuger & tenir les le .
fuites tels qu'ils font vrais & legiti
mes Religieux , neceffaires à la ico :
neffc & a tout le public .Te penfe auoir
fatisfait a voftre demando Monfiour .
Le Seig. Ouy Mólicur mon Coulint
dequoy ie vous rends tres-humbles
graces. Or fas au jugemét du ftile de
Parquin . C'eſt a vous & & Monſieur
noftre Maitre . Car yous emportez
tous deux la palme eo " Eloquence
Fráçoiſe. Vousrauillez & les aoreil.
les & les cours des auditeurs par vos
Atre bien dire . L'on y excelle
taates
parlemêts qu'aucoleild'Etat quand
il s'offre quelý digne ſubiect;&audi
tors qu'il eſt queſtió defaire quelque
ambaffade : L'autre en la chere , te
plus digae & prefque feul Theatre de
DEloquence Françoiſe pour lcioar
dohuy. Vous aucz auec toutcela for
ce bonnes lettres & Sciences. Daatz
donc vn iugement, puisvous patien
tcrez a prendre un mauvais diſner .
Le M. des Reg. Monfieur faut qu'un
chacun aye part au plaiſir , à la peine,
& au msrited'auoir fouſteau blang
CCACC
Dr Renard Pasquine.
cace & æquité desIcſuites.Sera main
fenant le tourà parler de Mólieur de
la Grace gentil-homme fort accoma
ply, & quientre autres belles parties
eft diferi & eloquent. Ce matin pre
nant la peine de nous donner le bon
jour , il nous commcoçoit a diſcourir
aucc force pertinence du poin &t que
vous demandez .
Le Seigneur. Vrayemeot c'eſt bien
aduiſe . Car ila practiqué ce qui de
uroit eſtre cómun à toute la nobleſc,
& à quoy la conuic ſon grand loilir,
demarier l'eſpec avec les lettres. Or
fus Monſieur de la Grace , à vous
dosc ceſte parsis.
CHA P. XII.
Jugement de filede Paſquin , per occafion
dhe celuy de Paſquier.,
Felix de la Grace.MEEfficars i'ay emo
ployé les deux
tiers de la nuiet & tout le temps
qui s'eft cfcoulé depuis qu'hier Pale
quia nousfi & t le premier preſent do
fon liure a la lecture d'icelluy .
Puis que vous m'honnorcz tant ,
que de trouuer bon que ic diſc mon
opinion de fon ſtile & maniere d'ele
crire , ie le feray . Mais le tout fera
P4 fous
344 La Chasket
tous correction de vos meilleursig ,
gements. On doit confiderer en yn
Efcrivain deux poioas. L'un eſt sed
luy des probations. L'autre celay de
la parole & oraiſon.Quátase premier
ilest tout voide decalsós,vain & flac,
foible, laſche, debile : S'il en allegue
par fois quelques vas,elles ſont min .
Tes & ineptes a afleacr aucun coup.Je
ne ſuis homme qui me plaiſe à deni.
grer perſonng : Mais puiső vous me
contraignez par leiugemét que vous
maucz deferé à dire la verité ,fautą
je laſche ceſte parolle , qu'en tout ſon
faict ilny a que menſonges & li clairs
A chacun , à toute une Vninerfité de
Paris,àtoute la ville, à toute la Fráce,
A coatel'Egliſe Catholique , entout
ce qu'il allegue contre les iciuites il
nefçauroit curter chez lesgés d'hons
neur la tres affcuree cenfure d'un ex
treme & effrontee impudence . Voila
cc quc ic puis dire pour le premier
poinct.Touchant le fecond, fautcon
feiler qu'en fon ſtile il ny a premiere
ment rien ou bien peu deBarbarie.
Secondemêt qu'il y a quelquc fluidi.
té. Mais troilieſmement is requiers
de l'Eloquence : Ulvae's'y ça tronue
du
Du Renard Paſquin . 345
du tout poind. Si quelques fois il fait
-eſtar.dy cn youlair menes ; il recombe
out ia coap daidonnedu nez a terre .
Bref fa plume eft:& foible d'un colte
ne pouuátatrácquer, chocquer,preſa
fer ſon ennemy:De l'autre baſſe,hum
oble , nę le pouuát cfleueren haut vol,
rampant.confiours & baluottant ſur
.terre Melfieurs co vos doctes & gra .
fues diſcours vous ne vous eſtes pas
-aaifé dyne faute allez groſſe que vous
auez commiſc .C'eſt qu'en rapportant
les obiections ou raiſons de Paſquia
vousne lesauez pas propoſecs auec
- fes propres termes,mais en avez lub
ftituez d'autres ſouucnt plus elegants
& ſignificatifs les liens & auez for
tifié beaucoup les arguments . l'ay
penſé a propos que la compagnee en
fut aduertic, a fin de ne iuger Palquin
plus eloquent qu'il n'eſt. Ie ne ſçay a
qui mieux comparer le ſtile de Par .
quin qu'a celuy de Maiſtre Etienne
Paſquier foit q on conſidere leur gen .
se de probations , ſoit qu'on aye eſa
gard a leur diction & orailon. Aufli
i'ay remarqué q Paſquin s'eſt beau .
coup Seruy des elcrits de Paſquier:
Plus il eft aylé a demonſtrar qu'ils
P5
{ym
346 La chajte
fymboliſent en pluſieurs points, non
feulement de do & rinie , ce qui eſt eui .
dent par ceq Mólicurinoftre Maiſtoe
a diſcoura, mais auli en autres,citie
en age teadans tous deux au decling
& ſur tout en legereté; l'vn & l'autre
eſtant fort inconſtant. • Palquier no
1 fcauroit effacer la tache delegereté ,
de laquelle ila chargé fa cenommee .
I me pardonnera fie le dis , car il est
vray. Et le luy prouuant neluy feray
aucun tort. Au cominancement que
la Compaignie de Icſus prit pied en
France & iecta les premieres racines
à Paris , il fue le premier calomnia
teur quitaſcha a la deſcrier., le pré
mier qui abbaya & clabauda contre
elle . Mais tout l'appoinctement de
foo babi ſe touroa finalement en no .
ant . Depuis Balaan & fon afnerte
parlant encore par diuine contrain .
etc à l'avantage de la verité, il a dict
& eſcrit beaucoup de bien de ceſte
compagnie, du Chef & desmembres
lia . I'. d'icelle , en yne de ſes Epiſtres , i'ad
de ses mencray ſes propres propos. Il dit
Epift: ils ont par leur ceremonies apporto
Epifre , reformació à l'Eſtat Eccleſiaſtique,
rela , que ceux qui sot frics Catholique
voyant
D # Renard Paquis . :
mne nouvelle facon & plus ſublimede
coucher par eſcrit. Quelles belles ſci .
ences nous a craidé en les quures çe
bon autheur : Les amoors , plalicurs
nobuelics de nouuelle impreſſió ,for
ce propoſitions ou Herctiquesou er.
codecs : vnc miliace de faules: iniures
aconteyn Soordee. Voilalesiçiences
squ'il nous promettoit avec la Rheto
? rique Francoiſe: Pauurt main danaq
qui doit eſtre emploicc à ces pavares
hubices, pendant qu'elle durerar. Le
peindre rougiſſant de honte pour
Palquier la couure en fon tableau . Il
eſtoit plus lage gac celuy quiluy dom
mádoit auec iaftáce le livre en mains
On ne doit trouuer eſtrange di nous
faiſons iugement auec telle liberté
d'vo qui cft Aduocat General de la
chambre des Contes. En cette qui
lité nous l'honnorons mais nous le
lindiquons en qualité d'eſcriuaio . Il
ne merite aucun pardon , puis qu'il a
eſcrit tant au delapantage de l'Egli.
le, de la France , & d'vn Sain &t ordre
de religion. Ce pendant Pafquier &
Paſquia feront auiſcz à l'auenir dene:
s'arroger plus impudemmeur l'hon .
Açur & louange de la langue & de la
plumc
Ea Chaffe
plume Fráçoiſe. Eto appartitnta au
tres qui en font los iultes poffefleurs ;
dufquels i vous cöparez ces detency ,
zils ne parviffentnon plus que deset
Crècerelles ou elmerillons entre des
aig!es. Pour parler deceux qui ont
* fait part au public doleurſciéce & clo
& quence entre lesBeclefialtiques nous
priſons vaMóficar d'Eureus noſtre
Mirandole François, qui a faiat vpoir
en nos iours combien de fciences &
langues peut loger l'home dans ſoy :
yn Pere Richomme, riche en ſon elo.
quence maflc ,ficheca belles concep .
tions,pieples inuenrions, & delicica .
feis remarques dela nature.Entre les
Illuſtres hommes en l'eſtat temporel,
Monſieur du Vair tout Alcury & fló
ride, quia faictmonter bien haur l'e
loquence Françoiſe : Nonficur de
Sponde fleur de bie dire eſcloſe par .
- my léstonces baſques : Monſicur de
Raymond qui s'elgayant auec ſa plo .
mepar le mode nous exhibera & fera
Voir au premier jour la naiffance de
thetelie Lutheriene& fes adioinetes
" hors des Enfers, ſon berceau , fon pro
grez & fon tombeau . Pournommer
quelques vos qui contiennent toute
leur
Dx Renard Paſquin .
fcor bibliotheque chez eux & en leur
poictrine, n'ayant encores par la plus
me,mais par la boucheſeulement com
munique leur threſor,en l'Egliſe face
parler de Monſieur d'Aix des plus
beaux & vfselprits quc ic cognoille,
En profeſſion de lụſtice la Fráce fait
grand eſtar deMóſieur Daffis la mefo
me ſcience , eloquence , ſagelle : de
Monſieur de Seguier Seigneur de
Vikiers , le ce - jour de dodrine , clair
quence, pieré ;de Monſieur de Naif
mond le fils ,chez lequel il eſt diffi
cile a diſcerner qui tient le velfus ou
te ſcauoir , ou le bien dire , ou la ſyn .
cerité en juſtice , ou la religion cac
tholique . Soni ceux -cy, a qui doit
eſtre defere le Laurier de l'eloquen
ce Francoiſe en leur tonnaires & ora
cles d'arreſts preſidentaux & karan
gues publiques. Qu'au nom de Dicu
& pour leur honncurſe caiſept & re
cachen : Paſquier & Paſquin , deſquels
pour concluſion de ce poinct sous
dirons ce que diſoit lePoëte Latin de
Bautus & Mauius ;
- Celuy aimePaſquier, quine hait Pasquitk
Le Seig.Mefleurs cófirmez vous le
iugemgat de Monficur de laGrace
La
934 La Chatte
Le M. des Requeſtes. Duy Monticur
en rout & par tour .
- Le Theol. Et toy ſemblablement.
Le Seig . Ic loud fort vos iugemēts;
Et y conforme le mien. Voila tour la
jugement accomply. Car touchant la
noble faculté de la Iuriſprudéce, Mó
ficur mon Coulin à fort bien di&t qao
Paſquia n'y eſt moinsignorant qu'en
la Thcologie,Philofophic, lettres huo
maines, langues, eloquence Francoiſe
kmatieres d'Edat : Toutes.fois il :
voulu remettre le ieu de ceſte partie
Avn autre iour , fc croy cependant
qu'il fera deliuré de celepeine , par .
ce que ie viens d'apprendre que va
brave cloric de la Guyennc, d'ancien .
be, illuſtre & riche nobleſſo, des pre
miers luriſconſultes & Canoniftes , &
des plus eloqucas Aduocats de Braga
ce , fort verlé es lettres humaines,
brief accomply de mille belles par
tics , entre en combat auec Paſquin ,
le collette & terrace ca ceſte arene &
ea ce champ de luriſprudence. Ce
qui eſt a regretter, & l'incgalité des
forces. Car ce noble perſonnage eftät
vn Lion , & Paſquia vn grosveau , ou
Pour misux parler, va buffe, il en
vica .
Du Renard Pafquin .
viendra fansreGſtance& pas trop faa
cilemét a bout. Ie ne fay aucun dou .
te que comme a dir Monſicor noſtre
Maiſtre.Pafquin ne ſoitbatcu dautres
encoross & indīle S.Eſpritpar mouuc .
ments fecrets armera & amepera les
gendarmes d'ordinancea ſcauoir les
gens de bicaca çous cftas furce Sao
trape du Royaume d'Enfer qui ques
l'horrible.cride la voix endiableepé,
foit conuoquer leben & arsierebar
des trouppes Sachaniques pour du
tout ruyner la maiſon des Icfuites,
l'vne des meilleures citadelles de la
ſain &te cité de Dieu . Que dira lors
Palquin ? Il n'aura plas a craindre la
douce touche des Icfuites , auſquels
ſo plaignant ilattribuelimprimé dy
Sicur desMonteigacs, & du sieur de
la Fon , ayant elprouué l'eſcrime de ..
perſonnes moings mifericordieuſes
que les Ieſuites , en fon endroi& .
Dieu luy facela grace qu'on ne per .
de la lexiuc a layer lastele d'yaafne
Ains quepar ces chaltiemens &cpr .
regions il rençre dedans toy & face
penitence du paſſé,& deuicane home
de bien à l'aducnir : Mais Mondicur
mon Coulin , depoisque vous avez
gio pro.com
Le Thalfes * C
prononcévoſtreavrelt, vae diffioulie
s'eft repreſence a mon ame. lay peur
qu'ilfoit plein de tropgrádedouceur
Alendroic de PalqainaCar vous alore
donnez querde les livresiArousae
puntffeztaperſonned'aucune prene:
ElDeModes skaquetes. Monheur cómo
Seigneur de celieu , fans voſtre per .
midiron rien ne sy peur vendre ou
eftalers À vous appartiene la police
Bealtoupplusdduez yupotaino pred
dregarde o pienses yapperne come
ethianten foy le poiſon & Afheilme,
Hærefio erreur; Nyaafa portát
judiceàla renommide & it'honpr neae.!
d'autruy : Tel qu'est le liurede Pari

?
me au fou . Quantata punition pérol
Hele de l'Autheur,nyxouchóspoint
Eſperós la du (uge Sowjerain. Móni .
feigneur le Chancelier, ainſi queme
fait-iuger fa religion & fagolie admi
rabic : & que le cognoisz- reprouvant
& trouuadttresimaituais beltouure
dePaſquinMo i nheur le Procure
Général du Roy , grand honneurde
fon ordre, pourra le faire partie &
conclurre a vn årreſt general de ce
facré Sonatcontre tous ceföre for
t s,
-999
afin
D Renard Palguin .
afin de leur fermicelá bouche a l'ad
gegir & couper les plames à tous lie
belles diffamatoires : Eccependant
pourferuir d'exemple faire lensir les
rigueurs de la juſticeau calumniaccur
Palqain Cela aura bica meilleure
grace . Tera bien plus authentique
Ghaffez foulement pourcette heura
maifon&de toutes voster
de Voltre
rès ce bouffon Bay faifarit donner en
celte le bonnet jau!ne plumaché de
gucué de coc, & la marote en maia . a
R Le Seishexrofera - Caiet ainfi de
Doina ea poing Cependant allots
prendre ya mauuais dilner , que je
ne vous donncray pas , car vousl'ar
ucz bien gaigne . Qu'on face diſner
Palguin ala fouillonnerie deuant qųe
i le licenciehonteuſement, afin qu'il
Ae puiſſe pas dire qu'il aye emporté
la fain demamaiſon 1* ****
*** 2522,178

FIN ...

Beatise !95 95 **** 8:05 19 il

care join ?** 9eb so'rasi 39


minden
ab . ' ..AUPASOVINO " ,
Squir, plufieurs personnet d'honcur'djang
accouru
2 :que vous eustes ces derniers iours inEC on
Maifire des Regustest on Daftar de Sarbon
Ne, je voyantfrinces de l'astente dy aßifter
par laclofture d'icelle m'onspriede rediger part
Seris, tear fatrevoir ow Whpublic rout ce que
etpafe, resultinez qui en minerantis
Ledtem AYOS mont facilementjudvid de
mettrela main alaplume.Car leLederren is
cueillera double profte.Premierementil ſera in
ſur les poisás qu'exes remnes aux lefutu
Arwid
ses a chofe efesimportanteen ceste faifon ,en
laquellel'Heretiquele faux catholique for
scura acondement ilter
cifraelit Leurfaid la guerra, meſlange
facetits quifont entrelacées pamay lesmatieres
Ferieures. Car combien que l'airibouffonnefque
quiredonde ex von den volle enure , m'sie
jamais beaucoup plex ; fieft- ce que ienemefuis
Poulu de tout departir dugenre de votre file ,
puisigde vous auies choiſi cefte forte parmesz
maisiete verlui ſeulemenetemperer be lumea?
niere de ceux qui preparent l'elehore.Pour votre
regard , deux commodites außi vous enpronien ..
dront. L'une est que comme vous eſtes fort vieil
fur le bord de voftre foſſe;lefcritque lemets
maintenant au iour,apresvoſtre mort tiendra la
place de la meilleure oraiſon funebre qu'õ puiſſe
faire en l'honneur de voſtre glorieuſememoire ,
parlequel chacun cognoiſtra qui vous aures efte.
L'ausre qu'en ce peu de temps qui vous refte &
viure,ilſera la confolation de votre venerable
derniere vieillefe. La Vous vous lires vous
memes,
359
mefmes, VOKS vous y voires, mireres, contema
pleres, comme plus au vif au naturel repre
fente que par une Pein & re idiot, außi anec plus
de conteniement. Si vous vous plaignez qu'ex
ce pourtrai & que i'aytire de vous,manquent
quelques trai & s; excuſes ke peu de temps,que
employs , n'ayant le loiſir que dy donner deux
mois.Mais fi vousme faides entendre que ie les
y adioufte, ie neferay aucune fante. Le receus
ses jours derniers de fort belles couleurs @fort
propres. Je les broieray a voſtre premieraduis,
ou deftramperay auec lemeilleur buifle decapo
eftam ,en voftre faueur,ou de bon cøur. Je vous
prie ſeulementdedeuxchojes. L'une des'atten .
dre les trois ans autant que vous aues conſume
& vostre Catecbifme, a me faire certain de voftre
intention . Car ſi vous mouries en ce temps, ie
perdrois l'occaſion non ſans grand regret , de
vous faire ſervice agreable. Lautre denoublier
pas vostre nom cefte fois ainfi que vous aues fait
au Catechiſme . Car combien que ces grands
yoyages y menfionnes & autres que iedelibere
defcrire ,vous ayext par pluſieurs maladies er
faſcheus catarres beaucoup debilite la memoire
o ceruelle : fi eft -ce qu'ils ne vous ont pas re
dui& auec ce Romaix a loubly de vostre nam.
le voy par vos propos que le nom de Paſquin
vous plairoit fort , s'il vous eſtoit confirme.
Quant a moy ie le vous confirme tant qu'en moy
ejt: Mais par ce que dantres y pourront preter .
are intereſt, je ſuis daduis que vous nex prenies
a laduenir dautre quele vostre ancien a ora
dinaire. Sur laffeurance que iay que vousmaca
corderes ce dont ie vous requiers ,ie fulueray yos
bonnes graces. A Dieu pas quis .
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