Vous êtes sur la page 1sur 7

LE SAUVEGARDE DES ENTREPRISES EN DIFFICULTE

Chapitre I : L’ouverture de la procédure de sauvegarde


Section I : Le déclenchement de la procédure de sauvegarde
Paragraphe I : Les critères du déclenchement de la procédure
A. Les critères subjectifs de déclenchement de la procédure de sauvegarde
a. Les personnes assujetties à la procédure de sauvegarde
La procédure de sauvegarde s’applique à tout commerçant, personne physique ou morale. Il ne peut
être ouvert une nouvelle procédure de sauvegarde à l’égard d’une personne déjà soumise à une telle
procédure de redressement judiciaire ou de liquidation n’a pas été clôturée.
b. Les personnes chargées de déclenchement de la procédure de sauvegarde
Seul le représentant légal de la personne morale est habilité à formuler une demande d’ouverture de
procédure de sauvegarde. C’est la raison pour laquelle la constitution d’un dossier s’avère nécessaire en
vue de permettre au tribunal de se faire une opinion sur le degré de gravité des difficultés rencontrées par
l’entreprise.
B. Les critères objectifs de déclenchement de la procédure de sauvegarde
a. Premier critère : l’absence de cessation des paiements
L’entreprise qui sollicite de bénéficier de la procédure de sauvegarde ne doit pas être en cessation des
paiements. S’il apparait, que le débiteur était déjà en cessation des paiements au moment du prononcé du
jugement d’ouverture, le tribunal constate et fixe la date de la cessation des paiements.
Si l’état de cessation des paiements est caractérisé en cours de sauvegarde, le tribunal convertir la
procédure en redressement ou en liquidation judiciaire, selon le cas.
b. Second critère : les difficultés susceptibles d’entrainer la cessation des paiements
Cette condition a finalement été inscrite, à l’alinéa 1 de l’article 561, comme l’obligation pour le débiteur
de justifier de difficultés, qu’il n’est pas en mesure de surmonter, de nature à le conduire à la cessation des
paiements.
Or, ce second critère est considéré comme une restriction qui consiste à réduire le domaine
d’application de la procédure de sauvegarde.

Paragraphe II : Le pouvoir d’investigation du tribunal


A. L’instruction de la demande d’ouverture de la procédure de sauvegarde
Le tribunal statue sur l’ouverture de la procédure, après avoir entendu ou dûment appelé en chambre
du conseil le débiteur dans un délai de 15 jours à compter de la date de dépôt de la demande.
Le tribunal peut, avant de statuer, obtenir communication des renseignements de nature à lui donner
une exacte information sur la situation financière, économique et sociale de l’entreprise. Il peut aussi se faire
assister de tout expert de son choix.
Et encore plus, le tribunal peut, d’office ou à la demande du ministère public, obtenir communication
des pièces et actes relatifs à la procédure du mandataire spécial ou à celle de la conciliation.
B. Le jugement d’ouverture de la procédure de sauvegarde
1. L’ouverture et la durée de la période d’observation
La période d’observation est la phase de la procédure pendant laquelle l’activité de l’entreprise est
poursuivie de plein droit et les causes des ses difficultés identifiées et, dans la mesure du possible, traités.
Cette période permet de déterminer si des perspectives de redressement sont envisageables, dans
l’affirmative, un plan sera établi.
Le jugement ouvre une période d’observation d’une durée maximale de 4 mois qui peut être renouvelée
une fois par le tribunal, pour une durée maximale de 4 mois, par décision motivée à la demande du syndic.
2. Les effets du jugement d’ouverture : les mesures de publicité et notification
Le jugement d’ouverture de la procédure de sauvegarde prend effet à partir de sa date. Il est mentionné
sans délai au registre de commerce.
Dans les huit jours de la date du jugement, un avis de la décision d’ouverture est publié dans un journal
d’annonces légales et au Bulletin Officiel.
Dans le même délai de huit jours, le jugement est notifié à l’entreprise et au syndic par les soins du
greffier.
Et encore plus, il est tenu de mentionner ce jugement sur le registre de conservation des hypothèques
et les registres relatifs au registre des navires ou des avions. Dans le cas ou la personne n’appartient à
aucune des catégories précédemment mentionnées, les mentions seront protées, selon le cas, sur un
registre ouvert à cet effet.
C. Les règles de la procédure
a. Le tribunal compétent
Le tribunal compétent pour connaitre la procédure de sauvegarde est le tribunal de commerce.
Le tribunal territorialement compétent pour connaître des procédures prévues par le livre V du code de
commerce est celui dans le ressort duquel le débiteur, personne morale, a son siège social ou le débiteur,
personne physique, a déclaré l’adresse de son entreprise ou de son activité. A défaut de siège en territoire
marocain, le tribunal compétent est celui dans le ressort duquel le débiteur a le centre principal de ses intérêts
au Maroc.
b. Le dépôt et contenu de la demande d’ouverture de la procédure de sauvegarde
La demande d’ouverture est déposée au greffe par le débiteur ou le représentant légal de la personne
morale. Au travers cette demande, le débiteur expose la nature des difficultés à compromettre la continuité
d’exploitation de l’entreprise et les raison pour lesquelles qu’il n’est pas en mesure de les surmonter.

Section II : Les organes de la procédure de sauvegarde


Paragraphe I : Les organes professionnelles
A. Le juge commissaire
Le juge-commissaire a pour mission principale de veiller au bon déroulement de la procédure et à la
protection des intérêts en présence.
Le juge-commissaire statue par ordonnance sur les demandes, contestations et revendications
relevant de sa compétence, ainsi que sur les réclamations formulées contre les actes du syndic.
B. Le syndic
Le syndic est chargé, contrôler l’exécution du plan de sauvegarde, et ce, notamment à partir du moment
du prononcé du jugement d’ouverture jusqu’à la clôture de la procédure. Il procède à la vérification des
créances sous le contrôle du juge-commissaire.
Dans sa mission, le syndic est tenu au respect des obligations légales et conventionnelles incombant
au chef d’entreprise.
Le syndic tient informé le juge-commissaire du déroulement de la procédure.
C. Les experts et techniciens
Le tribunal peut désigner dans le jugement d’ouverture un ou plusieurs experts en vue d’une mission
qu’il détermine.

Paragraphe II : Les organes représentants les partenaires de l’entreprises


A. Les contrôleurs
Les contrôleurs ont pour mission principale d’assister le syndic dans ses fonctions et le juge-
commissaire dans sa mission de surveillance de l’administration de l’entreprise. Ils peuvent prendre
connaissance de tous les documents transmis au Syndic. Ils rendent compte aux autres créanciers de
déroulement de leur mission à chaque étape de la procédure.
B. Les représentants des salariés
Le tribunal invite le comité d’entreprise ou, à défaut, les délégués du personnel à désigner un
représentant parmi les salariés de l’entreprise.
En l’absence du comité d’entreprise ou de délégués du personnel, les salariés élisent leur représentant.
Lorsqu’aucun représentant des salariés ne peut être désignés ou élu, un PV de carence est établi par
le chef d’entreprise.

Section III : Les effets d’ouverture de la procédure de sauvegarde


L’ouverture de la procédure de sauvegarde produit ici plusieurs effets de nature provisoire à savoir :

• La suspension provisoire des poursuites ;


• L’interdiction des paiements ;
• La cessation partielle de l’activité de l’entreprise ;
• La continuation des contrats en cours ;
• L’interdiction de l’inscription des sûretés.

Paragraphe I : La suspension provisoire des poursuites


Le jugement d’ouverture suspend ou interdit toute action en justice de la part de tous les créanciers
dont la créance a son origine antérieurement audit jugement et tendant ;

• A la condamnation du débiteur au paiement d’une somme d’argent ;


• A la résolution d’un contrat pour défaut de paiement d’une somme d’argent.
Il arrête ou interdit toutes voies d’exécution de la part de tous les créanciers tant sur les biens meubles
que sur les biens immeubles de l’entreprise.

Paragraphe II : L’interdiction des paiements


Le jugement ouvrant la procédure emporte, de plein droit, interdiction de payer toute créance née
antérieurement au jugement d’ouverture.

Paragraphe III : L’arrêt du cours des intérêts


Le jugement d’ouverture arrête le cours des intérêts légaux et conventionnels, ainsi que de tous intérêts
de retard et majorations. Les intérêts reprennent leur cours à la date du jugement arrêtant le plan de
sauvegarde.

Paragraphe IV : L’interdiction de l’inscription


Les hypothèques, nantissement et privilèges ne peuvent être inscrits postérieurement au jugement
d’ouverture. Cette interdiction s’applique également aux actes et aux décisions judiciaires translatifs ou
constitutifs de droits réels.
Chapitre II : Le déroulement de la procédure de sauvegarde
Section I : La gestion de l’entreprise
Paragraphe I : L’administration de l’entreprise par le dirigeant
Tout au long de déroulement de la procédure, le dirigeant n’est pas dessaisi de la gestion de
l’entreprise. Le débiteur continue à exercer sur son patrimoine les actes de disposition et de l’administration,
ainsi que les droits et actions qui ne sont pas compris dans la mission du syndic.
Toutefois, dès le jugement d’ouverture, le débiteur est tenu de signaler au Syndic, tous ses
établissements et d’en faciliter l’accès, de communiquer la liste du personnel ainsi que tous éléments
permettant de déterminer les salaires et indemnités à payer.

Paragraphe II : Le rôle du syndic


Le syndic est tenu de requérir du chef d’entreprise ou de faire lui-même tous les actes nécessaires à
la conservation des droits de l’entreprise contre les débiteurs de celle-ci et à la préservation des capacités
de production.

Paragraphe III : Le contrat de bail


Le bailleur n’a de privilège que pour les deux années de loyer précédant immédiatement le jugement
d’ouverture de la procédure.
Si le bail est résilié, le bailleur a, en outre, un privilège pour le loyer de l’année au cours de laquelle la
résiliation a eu lieu.
Si le bail n’est pas résilié, le bailleur ne peut exiger le paiement des loyers à échoir, sauf si la garantie
donnée lors de la conclusion du bail a été annulée.

Paragraphe IV : L’évaluation du patrimoine de l’entreprise


Dès l’ouverture de la procédure, il est dressé un inventaire du patrimoine du débiteur ainsi que des
garantis qui le grèvent. Cet inventaire est complété par la liste des biens détenus par le débiteur est
susceptibles d’être revendiqués par un tiers.
L’absence d’inventaire ne fait pas obstacle à l’exercice des actions en revendication ou en restitution.

Section II : La place du débiteur et des créanciers


Paragraphe I : La déclaration des créances
A. Les règles communes de la déclaration des créances
A partir de la publication du jugement au Bulletin officiel, tous les créanciers dont la créance née
antérieurement au jugement d’ouverture. A l’exception des salariés, adressent la déclaration de leurs
créances au syndic. Le syndic, dans un délai de 15 jours à compter du jugement d’ouverture, avertit les
créanciers connus ainsi que ceux inscrits sur la liste fournie par le débiteur, d’avoir à lui déclarer leurs
créances dans les deux mois à compter de la date de cet avertissement et pour les autres créanciers dans
les deux mois à compter de la date de la publication du jugement au bulletin officiel. Cette déclaration
concerne aussi les créances qui ne sont pas établies par un titre, ainsi que le créancier ayant demandé
l’ouverture de la procédure.
Le délai est augmenté de deux mois pour les créanciers domiciles hors du Royaume du Maroc.
La déclaration des créances peut être faite par le créancier ou par tout mandataire de son choix. La
déclaration porte le montant de la créance due au jour du jugement d’ouverture de la procédure. Cette
déclaration précise aussi la nature du privilège ou de la sûreté dont la créance est éventuellement assortie.
Et s’il s’agit de créances en monnaie étrangère, la conversion en dirhams marocains a lieu selon le cours de
change à la date du jugement d’ouverture de la procédure.
B. Les règles particulières de la déclaration des créances
a. Les créanciers particuliers
Les créanciers titulaires d’une sureté publiée ou liés au débiteur par un contrat de crédit-bail publié
sont avertis personnellement ou, s’il y a lieu, à domicile élu, par lettre recommandée avec demande d’avis
de réception. La déclaration à l’égard de ceux-ci doit être adressé dans un délai de deux mois à compter de
la notification de cet avertissement.
Les créances nées régulièrement après le jugement d’ouverture, autres que celles pour les besoins du
déroulement de la procédure ou de la période d’observation et les créances alimentaires, sont soumises à
cette déclaration. Les délais courts à compter de la date de l’exigibilité de la créance. A défaut, elles sont
payées par priorité à toutes autres créances assorties ou non du privilège ou de sûretés.
b. Les contrats à exécution successive
Pour les créances issues d’un contrat à exécution successive, la déclaration des créances porte pour
la totalité des sommes échues et à échoir sur la base d’une évaluation, dans un délai de deux mois à compter
de la publication du jugement d’ouverture au Bulletin Officiel.
Lorsque le contrat est conclu postérieurement à ce jugement d’ouverture de la procédure, les
créanciers déclarent leurs créances pour la totalité des sommes échues et à échoir, sur la base d’une
évaluation, dans un délai de deux mois à compter de la première échéance impayée, qu’elle ait été ou non
régularisée.
c. La forclusion
A défaut de déclaration dans les délais fixés, les créanciers ne sont pas admis dans les répartitions et
dividendes à moins que le juge commissaire ne les relève de leur forclusion s’ils établissent que leur
défaillance n’est pas due à leur fait. En ce cas, ils ne peuvent concourir que pour la distribution des
répartitions postérieures à leur demande.
Chapitre III : L’élaboration du plan de sauvegarde
Section I : Le bilan économique, financier et social
Paragraphe I : L’élaboration du bilan économique, financier et social
Le syndic, avec l’aide du débiteur et l’assistance éventuelle d’un ou plusieurs experts, est chargé de
dresser dans un rapport le bilan économique, financier et social de l’entreprise. Ce bilan tente de préciser
l’origine, l’importance et la nature des difficultés de l’entreprise.
Au vu de ce bilan, le syndic propose au tribunal :

• Soit l’approbation du projet du plan de sauvegarde ;


• Soit la régularisation de ce projet ;
• Soit le redressement ou liquidation judiciaire de l’entreprise.

Paragraphe II : L’élaboration d’une vision réaliste sur la situation de l’entreprise


Le syndic peut, nonobstant toute disposition législative contraire, obtenir communication par les
commissaires aux comptes, par les administrations et organismes publics ou par toute autre personne des
renseignements de nature à lui donner une exacte information sur la situation économique et financière de
l’entreprise. Il en rend compte au juge-commissaire.

Section II : Le contenu et l’exécution du plan de sauvetage


Paragraphe I : L’élaboration du projet de plan
A. Le contenu du plan
Le projet de plan détermine :

• Les perspectives de redressement en fonction des possibilités et des modalités d’activité ;


• De l’état du marché et des moyens de financement disponibles.
Le projet du plan définit plusieurs points essentiels pour le maintien de l’activité de l’entreprise, à
savoir :

• Les modalités de règlement du passif et les garanties éventuelles souscrites par toute personne
pour en assurer l’exécution ;
• Les modifications des statuts nécessaires à la réorganisation de l’entreprise ;
• Le niveau et les perspectives d’emploi ;
• Les conditions sociales envisagées pour assurer la poursuite de l’activité ;
• En cas de licenciement pour motif économique, les motifs déj intervenues et la définition des
actions à entreprendre pour faciliter le redressement et l’indemnisation des salariés concernés.
B. L’adoption du plan de sauvetage
L’adoption du plan est de la compétence du tribunal qui arrête les mesures économiques visant la
réorganisation de l’entreprise. Le tribunal peut subordonner l’adoption du plan de sauvegarde au
remplacement d’un ou plusieurs dirigeants.
Le jugement arrêtant ou rejetant le plan est notifié au débiteur et aux délégués du personnel et porté à
la connaissance du ministère public et des mandataires de justice par le greffier, dans huit jours de la date
du jugement.

Paragraphe II : Les modalités d’exécution du plan de sauvetage


A. La désignation des personnes chargées de l’exécution du plan
Le plan désigne les personnes tenues d’exécuter le plan et mentionne l’ensemble des engagements
qu’ont été souscrits et qui sont nécessaires à la sauvegarde de l’entreprise. Ces engagements portent sur :

• L’avenir de l’activité ;
• Les modalités du maintien et du financement de l’entreprise ;
• Le financement du règlement du passif né antérieurement au jugement d’ouverture ;
• Les garanties fournies pour assurer l’exécution ;
• Il expose et justifie le niveau et les perspectives d’emploi ainsi que les conditions sociales
envisagées pour la poursuite d’activité.
B. Les effets du plan de sauvegarde
Le plan de sauvetage met fin à la période d’observation et ne peut excéder cinq ans.
Le jugement arrêtant le plan rend les dispositions opposables à tous, à l’exception des personnes
morales, des coobligés et des personnes ayant consenti un cautionnement ou une garantie autonome.
L’arrêt du plan entraine aussi la levée de plein droit de toute interdiction d’émettre des chèques.

Section III : La clôture de la procédure de sauvetage


Paragraphe I : La résolution du plan de sauvetage pour défaut d’exécution
En cas d’inexécution par l’entreprise de ses engagements fixés dans le plan de sauvetage, le tribunal
peut statuer soit d’office, soit à la demande d’un des créanciers et après avoir entendu le chef d’entreprise
et le syndic. La résolution du plan de sauvetage

Paragraphe II : La conversion de la procédure de sauvetage en redressement ou en


liquidation judiciaire
En cas de conversion de la procédure de sauvetage en redressement judiciaire, les créanciers soumis
au plan de sauvetage déclarent l’intégralité de leurs créances et leurs garanties telles qu’elles sont prévues
dans le plan, déduction faite des sommes perçues. Le tribunal peut aussi procéder, et ce, en cas de
nécessité, à la prolongation du délai restant de la préparation de la solution.
En cas de conversion de la procédure de sauvetage en liquidation judiciaire, les créanciers soumis au
plan de sauvetage déclarent l’intégralité de leurs créances et de leurs garanties, telles qu’elles sont prévues
dans le plan, déduction faite des sommes perçues.
Dans le cas où le tribunal déciderait de prononcer la liquidation, il met fin à la période d’observation et
à la mission du syndic.

Vous aimerez peut-être aussi