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ESPACES TOPOLOGIQUES

Ouagnina HILI, Professeur Titulaire


Département de Mathématiques et Informatique
Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny de Yamoussoukro

1 Espaces topologiques
1.1 Définitions
Définition 1.1 : Soient E un ensemble, P (E) l’ensemble des parties de E et O ⊂
P (E). On dit que O est une topologie sur E si les conditions suivantes sont satis-
faites :
/ E ∈ O,
(i) 0,
(ii) Si A1 , ..., An ∈ O , alors ni=1 Ai ∈ O ,
T

(iii) Pour toute famille (Ai , i ∈ I) telle que Ai ∈ O , ∀i ∈ I, i∈I Ai ∈ O .


S

Les éléments de O sont appelés ouverts de E. Le couple (E, O ) est appelé espace
topologique (e.t.).

Exemples : 1. (E, P (E)) est un espace topologique appelé espace discret. On


parle dans ce cas de topologie discrète.
2. (E, O ), avec O = {0,
/ E}, est un espace topologique dit espace grossier. On parle
dans ce cas de topologie grossière.
3. Si E est un espace métrique, E est un espace topologique. La topologie consid-
érée est la topologie induite par la métrique définie sur E.

Définition 1.2 : Soit E un e.t., A une partie de E. On dit que A est fermé si
E − A est ouvert.

Théorème 1.1 : Soit E un e.t. Alors


(i) Les parties 0/ et E sont fermées.
(ii) Toute intersection de fermés est fermée.
(iii) Toute réunion finie de fermés est fermée.

Preuve : Par passage au complémentaire.

1
1.2 Voisinages
Définition 1.3 : Soient E un e.t. et x ∈ E. Une partie V de E est appelée voisinage
de x dans E s’il existe un ouvert U de E tel que x ∈ U ⊂ V .
On note Vx l’ensemble des voisinages de x.

Remarque : Un voisinage ouvert de x est un ouvert de E contenant x.

Exemples : E = R; soit A = [0, 1] et x ∈ R. Si 0 < x < 1, alors A est un voisi-


nage de x. Si x ≥ 1 ou x ≤ 0, alors A n’est pas un voisinage de x.

Théorème 1.2 : Soient E un e.t. et x ∈ E.


′ ′
(i) Si V,V ∈ Vx , alors V ∩V ∈ Vx .
(ii) Si V ∈ Vx et si V ⊂ W , alors W ∈ Vx .

Preuve : en exercice.

Théorème 1.3 : Soient E un e.t. et A ⊂ E. Alors sont équivalentes :


(i) A est ouvert.
(ii) A est voisinage de chacun de ses points.

Preuve : en exercice.

Définition 1.4 : Soient E un e.t. et x ∈ E. On appelle système fondamental de


voisinages (s.f.v.) de x toute famille (Vi , i ∈ I) de voisinages de x telle que pour tout
V ∈ Vx , il existe i ∈ I tel que Vi ⊂ V .

Exemples : 1. Soit E un espace métrique, (Bn )n∈N la suite de boules ouvertes


Bn de centre x et de rayon 1n . La suite (Bn ) est un s.f.v. de x.
En effet, soit V ∈ Vx . Alors il existe ε > 0 tel que B(x, ε) ⊂ V . Soit n ∈ N∗ tel que
1
n ≤ ε. Alors Bn ⊂ B(x, ε) ⊂ V .
2. Soit E un e.t. et x ∈ E. L’ensemble de tous les voisinages de x est un s.f.v. de x.

1.3 Intérieur, extérieur, frontière


Définition 1.5 : Soient E un e.t., A ⊂ E et x ∈ E. x est un point intérieur à A si
A ∈ Vx (c’est-à-dire qu’il existe U ouvert tel que x ∈ U ⊂ A).
L’ensemble des points intérieurs à A est appelé intérieur de A et il est noté Ao . On
a Ao ⊂ A.

Remarque : Ao est le plus grand ouvert contenu dans A. Preuve : en exercice.

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Théorème 1.4 : Soient E un e.t. et A ⊂ E. Alors sont équivalentes :
(i) A est ouvert.
(ii) A = Ao .

Preuve : en exercice.

Théorème 1.5 : Soient E un e.t. et A et B des parties de E. On a (A ∩ B)o =


Ao ∩ Bo .

Preuve : en exercice.

Remarque : (A ∪ B)o ̸= Ao ∪ Bo en général. En effet, si E = R, A = [0, 1],


B = [1, 2], on a A ∪ B = [0, 2], Ao =]0, 1[, Bo =]1, 2[, (A ∪ B)o =]0, 2[̸=]0, 1[∪]1, 2[=
Ao ∪ Bo .

Définition 1.6 : Soient E un e.t., A ⊂ E et x ∈ E. x est un point extérieur à A si


x ∈ (E − A)o .
L’ensemble ∂A = E −(Ao ∪(E −A)o ) est la frontière de A. C’est un ensemble fermé.
Un ensemble et son complémentaire ont même frontière.

Exemple : A = [0, 1], Ao =]0, 1[, (R − A)o =] − ∞, 0[∪]1, +∞[


et ∂A = {0} ∪ {1}.

1.4 Adhérence
Définition 1.7 : Soient E un e.t., A ⊂ E et x ∈ E. x est un point adhérent à A si pour
tout V ∈ Vx , V ∩ A ̸= 0.
/
L’ensemble des points adhérents à A est appelé adhérence de A et il est noté Ā. On
a A ⊂ Ā.

Exemple : A =]0, 1[, Ā = [0, 1].

Théorème 1.6 : Soient E un e.t. et A ⊂ E et B ⊂ E. Alors :


(i) Ā est le plus petit fermé contenant A.
(ii) A fermé si et seulement A = Ā.
(iii) A ∪ B = Ā ∪ B̄.

Preuve : en exercice.

Remarque : On a Ā = Ao ∪ ∂A; E − A = (E − A)o ∪ ∂A; ∂A = Ā ∩ E − A.

Définition 1.8 : Soient E un e.t. et A ⊂ E. A est dense dans E si l’une des

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conditions suivantes est vérifiée :
(i) Pour tout ouvert U, U ∩ A ̸= 0.
/
o
(ii) (E − A) = 0.
/
(iii) Ā = E.

Exemple : Q est dense dans R.

2 Limites et continuité
2.1 Limites
Définition 2.1 : Soient X et E deux e.t., f : X → E une application, x0 ∈ X et l ∈ E.
On dit que f tend vers l en x0 si ∀V ∈ Vl , ∃B ∈ Vx0 tel que f (B) ⊂ V . On note
limx→x0 f (x) = l.

Exemples : 1. X = N. Une application de N → E est une suite (an )n∈N de


points de E. Dire que cette suite tend vers l quand n → +∞ signifie que ∀V ∈ Vl ,
∃N entier tel que ∀n ≥ N, an ∈ V . On écrit limn→+∞ an = l.

2. Soient (X, d) et (E, d ) 2 espaces métriques, f : X → E une application, x0 ∈ X
et l ∈ E. f tend vers l en x0 si et seulement si ∀ε > 0, ∃η > 0 tel que d(x0 , x) < η

⇒ que d ( f (x0 ), f (x)) < ε. On note limx→x0 f (x) = l.

Théorème 2.1 : Soient X et E 2 e.t., f : X → E une application, x0 ∈ X et l ∈ E,


(Wi )i∈I un s.f.v. de x0 dans X et (V j ) j∈J un s.f.v. de l dans E. Alors sont équivalentes
:
(i) limx→x0 f (x) = l,
(ii) ∀ j ∈ J, ∃i ∈ I tel que f (Wi ) ⊂ V j .

Preuve : en exercice.

2.2 Applications continues


Définition 2.2 : Soient X et Y deux e.t., f : X → Y une application et x0 ∈ X. On dit
que f est continue en x0 si limx→x0 f (x) = f (x0 ). C’est-à-dire ∀W ∈ V f (x0 ) dans Y ,
∃V ∈ Vx0 dans X tel que f (V ) ⊂ W .
f est dite continue dans X si f est continue en tout point x0 ∈ X. On note C (X,Y )
l’ensemble des applications continues de X dans Y .

Exemples : X = Y = R, x0 ∈ R. f est continue en x0 signifie que ∀ε > 0, ∃η > 0


tel que x ∈]x0 − η, x0 + η[ ⇒ que f (x) ∈] f (x0 ) − ε, f (x0 ) + ε[.

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Remarque : Si X et Y sont des e.t. et si f ∈ C (X,Y ) et g ∈ C (Y, Z), alors
go f ∈ C (X, Z). Preuve : en exercice.

Théorème 2.2 (caractérisation des applications continues) : Soient X et Y 2 e.t.


et f : X → Y une application. Alors sont équivalentes :
(i) f est continue
(ii) Pour tout A ouvert dans Y , f −1 (A) est ouvert dans X
(iii) Pour tout A fermé dans Y , f −1 (A) est fermé dans X
(iv) Pour tout A ⊂ X, f (Ā) ⊂ f (A).

Preuve : en exercice. Indication : Montrer que (i) ⇒ (iv) ⇒ (iii) ⇒ (ii) ⇒ (i).
2
x2
Exemple : Soient a et b des réels > 0. L’application (x, y) → a2
− by2 − 1 est
2
x2
continue de R2 → R. [0, +∞[ est fermé dans R donc {(x, y) ∈ R2 : a2
− by2 − 1 ≥ 0}
2
x2
est fermé dans R2 . De même {(x, y) ∈ R2 : a2
− by2 − 1 = 0} est fermé dans R2 .

2.3 Homéomorphisme
Théorème 2.3 : Soient X et Y 2 e.t. et f : X → Y une application bijective. Alors
sont équivalentes :
(i) f et f −1 sont continues
(ii) A ouvert dans X si et seulement si f (A) ouvert dans Y
(iii) A fermé dans X si et seulement si f (A) fermé dans Y .

Preuve : en exercice.

Définition 2.3 : Une application f : X → Y qui vérifie l’une des conditions du


théorème 2.3 est appelée application bicontinue de X dans Y , ou un homéomor-
phisme de X dans Y (isomorphisme d’e.t.). On dit dans ce cas que X et Y sont
homéomorphes.

Exemples : une homothétie, une translation.

2.4 Valeurs d’adhérence


Définition 2.4 : Soient X et E deux e.t., f : X → E une application, x0 ∈ X et l ∈ E.
On dit que l est valeur d’adhérence de f en x0 si ∀V ∈ Vl dans E, ∀B ∈ Vx0 dans
X, f (B) ∩V ̸= 0.
/

5
Exemple : X = N, E est un e.t. et (an ) une suite de points de E. Dire que l ∈ E
est valeur d’adhérence de (an ) signifie que

(∗) ∀V ∈ Vl , ∀N ∈ N, ∃n ≥ N tel que an ∈ V.

Si E = (E, d), un espace métrique, (∗) devient ∀ε > 0, ∀N ∈ N, ∃n ≥ N tel que


d(an , l) < ε. En d’autres termes
\ \ [
l∈ B̄(an , ε)
ε>0 N>0 n≥N

avec B̄(an , ε) la boule fermée de centre an et de rayon ε.

D’où le théorème suivant :

Théorème 2.4 : Soient X et E deux e.t., f : X → E une application et x0 ∈ X.


T
Alors l’ensemble des valeurs d’adhérence de f en x0 est B∈Vx f (B).
0

Preuve : en exercice.

3 Classes usuelles d’espaces topologiques


3.1 Espaces séparés
Définition 3.1 : Un e.t. E est dit séparé si ∀ x, y ∈ E tels que x ̸= y, ∃U ∈ Vx ,
∃V ∈ Vy tels que U ∩V = 0./

Exemples : 1) (E, d), espace métrique, est séparé. En effet, soient x, y ∈ E tels
que x ̸= y. Posons ε = d(x, y) > 0, U = B(x, 2ε ) et V = B(y, 2ε ). Soit z ∈ U ∩V . On
a d(x, y) ≤ d(x, z) + d(y, z) < 2ε + 2ε = ε. Ce qui est absurde. Donc U ∩V = 0. /
2) Un espace topologique discret E est séparé. En effet, si x et y dans E sont tels
que x ̸= y, alors {x} ∩ {y} = 0.
/

Théorème 3.1 : Soit E un e.t. séparé, x ∈ E. Alors {x} est fermé.

Preuve : en exercice.

Théorème 3.2 : Soient X un e.t.,E un e.t. séparé, x0 ∈ X et f : X → E une


application. Si f admet une limite en x0 , alors cette limite est unique.

6
Preuve : en exercice.

3.2 Sous-espaces topologiques


Théorème 3.3 : Soient (E, O ) un e.t. et F ⊂ E. Soit T = {U ∩ F, U ∈ O }. Alors T
est une topologie sur F.

Preuve : en exercice.

Définition 3.2 : T est appelée topologie induite sur F par la topologie sur E.
(F, T ) est appelé sous-espace topologique (s.e.t.) de E.

Remarque : Soit A ⊂ F. Si A est ouvert dans E, A est ouvert dans F (car


A = A ∩ F). La reciproque est fausse !

Théorème 3.4 : Soient E un e.t. et F un s.e.t. de E. Si E est séparé, alors F est


séparé.

Preuve : en exercice.

Définition 3.3 : Soient E un e.t., A ⊂ E et x ∈ E. x est un point isolé de A s’il


existe V ∈ Vx dans E tel que V ∩ A = {x}.

Théorème 3.4 : Soient E un e.t. et F ⊂ E. Alors sont équivalentes :


(i) L’e.t. F est discret
(ii) Tout point de F est isolé.

Preuve : en exercice.

Exemple : E = R, F = Z. Si n ∈ Z, on a {n} = Z∩]n − 12 , n + 12 [. Donc n est


isolé par conséquent Z est discret.

3.3 Produits d’espace topologiques


a) Produits finis d’espaces topologiques

Soient E1 , ..., En n e.t. On définit une topologie naturelle sur E = ∏ni=1 Ei =


EI × E2 × ... × En .

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On appelle ouvert élémentaire de E une partie de E de la forme U1 ×U2 × ... ×
Un où Ui est un ouvert de Ei . On appelle ouvert de E une réunion d’ouverts élémen-
taires de E. La famille O d’ouverts de E est une topologie sur E.

Définition 3.4 : O est la topologie produit des topologies sur E1 , E2 , ...., En .


O = ∏ni=1 Oi avec Oi une topologie sur Ei . (E, O ) est l’e.t. produit des e.t. E1 , ..., En .

Exemple : Produit d’espaces métriques.

E = E1 × ... × En , x = (x1 , ..., xn ) ∈ E, y = (y1 , ..., yn ) ∈ E.


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d(x, y) = di (x1 , y1 )2 + ... + dn (xn , yn )2 .
(E, d) est un espace métrique et la topologie induite par d sur E est la topologie
produit des topologies induites les distances di sur les Ei .

Théorème 3.5 : Soit E = E1 × ... × En un produit d’e.t. Si Ei est séparé pour


tout i = 1, ..., n, alors E est séparé.

Preuve : en exercice.

Théorème 3.6 : Soient X un e.t., E = E1 × ... × En un produit d’e.t., x0 ∈ X


et l = (l1 , ..., ln ) ∈ E. Soit f : X → E une application, avec f = ( f1 , ..., fn ) où
fi : X → Ei est une application. Alors sont équivalentes :

(i) f tend vers l en x0


(ii) Pour tout i = 1, ..., n, fi tend vers li en x0 .

Preuve : en exercice.

Théorème 3.7 : Soient T un e.t., E = E1 × ... × En un produit d’e.t. Soit


f : T → E une application, f = ( f1 , ..., fn ) avec fi : T → Ei une application. Alors
sont équivalentes :
(i) f est continue
(ii) Pour tout i = 1, ..., n, fi est continue.

Preuve : en exercice.

Théorème 3.8 : Soit X un e.t. séparé, ∆ la diagonale de X × X (c’est-à-dire


∆ = {(x, x), x ∈ X}). Alors ∆ est fermée dans X × X.

Preuve : Soit (x, y) ∈ X × X. (x, y) ̸∈ ∆ ⇒ x ̸= y. X étant séparé, ∃V ∈ Vx dans


X, ∃W ∈ Vy dans X tels que V ∩ W = 0. / On a alors V × W ∈ V(x,y) dans X × X

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et (V ×W ) ∩ ∆ = 0.
/ Donc V ×W ⊂ (X × X) − ∆. Par conséquent (X × X) − ∆ est
ouvert. Ce qui implique que ∆ est fermée.

b) Produits infinis d’espaces topologiques

Soit (Ei )i∈I une famille d’e.t. et E = ∏i∈I Ei . On appelle partie ouverte élémen-
taire de E une partie de la forme ∏i∈I Ui , où Ui est un ouvert de Ei et Ui = Ei sauf
pour un nombre fini d’indices.
Un ouvert de E est une réunion d’ouverts élémentaires de E.

Définition 3.5 : (E, O ) est un e.t. appelé espace produit des e.t. Ei . O = ∏i∈I Oi ,
avec Oi une topologie définie sur Ei .

Remarque : Les propriétés dans les produits finis d’e.t. s’étendent aisément
aux produits infinis.

3.4 Espaces compacts


a) Définitions

Définition 3.6 : Soient E un e.t. et A ⊂ E. Soit (Ai )i∈I une famille d’ouverts de
E. La famille (Ai ) est un recouvrement ouvert de A (ou recouvre A) si A ⊂ i∈I Ai .
S

Théorème 3.9 Soit E un e.t. Alors sont équivalentes :


(i) Si une famille d’ouverts de E recouvre E, on peut en extraire une sous-famille
finie qui recouvre encore E.
(ii) Si une famille de fermés de E a une intersection vide, on peut en extraire une
sous-famille finie dont l’intersection est encore vide.

Preuve : en exercice.

Définition 3.7 : E est un espace compact si E est séparé et vérifie l’une des
conditions du théorème 3.9. Une partie A ⊂ E est compacte si l’e.t. A est compact.

Théorème 3.10 : Soit E un e.t. et A une partie séparée de E. Alors sont équiv-
alentes :
(i) A est compact
(ii) De toute famille d’ouverts de E recouvrant A, on peut en extraire une sous-
famille finie qui recouvre A.

9
Preuve : en exercice.

Théorème 3.11 (Théorème de Borel-Lebesgue) : Soient a et b deux réels tels


que a ≤ b. Alors [a, b] est compact.

Preuve : [a, b] est séparé (preuve en exercice).


Soient (Ui )i∈I une famille d’ouverts de R tels que [a, b] ⊂ i∈I Ui . Soit A l’ensemble
S

des x ∈ [a, b] tels que [a, x] soit recouvert par un nombre fini de parties Ui (c’est-à-
dire [
A = {x ∈ [a, b] : ∃J ⊂ I, fini, et [a, x] ⊂ Ui }).
i∈J
a ∈ A. Donc A ̸= 0. / A ⊂ [a, b], donc A est majoré. Soit m sa borne supérieure; on a
a ≤ m ≤ b. Donc il existe j ∈ I tel que m ∈ U j . U j étant ouvert dans R, il existe ε > 0
tel que [m − ε, m + ε] ⊂ U j . m borne supérieure implique qu’il existe x ∈ A tel que
m − ε < x ≤ m. Alors il existe J ⊂ I, fini, tel que [a, x] ⊂ i∈J Ui et [x, m + ε] ⊂ U j .
S

Donc [a, m + ε] ⊂ i∈J∪{ j} Ui (c’est-à-dire [a, m + ε] est recouvert par un nombre


S

fini de Ui ). Si m < b, en choisissant ε > 0 tel que m + ε ∈ [a, b], on a m + ε ∈ A. Ce


qui contredit la définition de la borne sup. Donc m = b et [a, b] ⊂ i∈J∪{ j} Ui . On
S

applique ensuite le théorème 3.10.

b) Propriétés des espaces compacts

Théorème 3.12 : Soient X un e.t., x0 ∈ X, E un espace compact et f : X → E


une application. Alors f admet au moins une valeur d’adhérence au voisinage de
x0 .

Preuve : Soit la famille ( f (B), B ∈ Vx0 ). Pour tout B ∈ Vx0 ), f (B) est fermé
/ il existe B1 , ..., Bn ∈ V x0 tels que
T
dans E. Posons A = B∈Vx f (B). Si A = 0,
0
Tn
f (A) = 0/ (car E est compact). Or il existe B0 ∈ V x0 tel que B0 ⊂ ni=1 Bi ,
T
i=1
d’où f (B0 ) ⊂ ni=1 f (Bi ). Donc ni=1 f (Bi ) ̸= 0.
T T
/ Cette contradiction prouve que
A ̸= 0.
/

Corollaire : Dans un espace compact, toute suite de points admet au moins une
valeur d’adhérence.

Théorème 3.13 : Soient E un espace compact et F ⊂ E. Alors F compact ⇔ F


fermé.

Preuve : Supposons F fermé. E compact ⇒ E séparé ⇒ F séparé.


/ F fermé ⇒ les Fi sont
T
Soit (Fi )i∈I une famille de fermés de F telle que i∈I Fi = 0.
fermés dans E qui est compact; donc ∃J ⊂ I, fini, tel que i∈J Fi = 0.
T
/ Donc F est
compact.

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Reciproquement, supposons F compact. Soit x0 ∈ E − F. Alors ∀y ∈ F, ∃Vy ∈ Vx0
dans E, ∃Wy ∈ Vy ouvert dans E tels que Vy ∩ Wy = 0/ (car E est séparé). On a
F ⊂ y∈F Wy . F étant compact, il existe y1 , ..., yn ∈ F tels que F ⊂ ni=1 Wyi . Soit
S S
Tn
V = i=1 Vyi . On a V ∈ Vx0 et V ∩ F = 0./ Donc V ⊂ E − F. Ce qui montre que
E − F est ouvert. Donc F est fermé.

Corollaire : Dans R, les compacts sont les intervalles fermés et bornés.

Preuve : en exercice.

Théorème 3.14 : Soient E un espace compact, F un espace séparé et f : E → F


une application continue. Alors f (E) est compact.

Preuve : en exercice.

Théorème 3.15 : Le produit d’un nombre fini d’espaces compacts est compact.

Preuve : Il suffit de montrer que si X et Y sont compacts, alors X × Y est


compact.
X et Y compacts ⇒ X et Y séparés ⇒ X ×Y séparé.
Soit (Ui )i∈I ) un recouvrement ouvert de X ×Y . Soit m = (x, y) ∈ X ×Y , ∃i(m) ∈ I
tel que m ∈ Ui(m) . Ui(m) étant ouvert, ∃Vm ∈ Vx , ouvert dans X, ∃Wm ∈ Vy , ouvert
dans Y , tels que Vm ×Wm ⊂ Ui(m) . Posons Pm = Vm ×Wm . Soit x0 ∈ X fixé. {x0 } ×Y
est homéomorphe à Y qui est compact, donc {x0 } ×Y est compact. Les parties Pm ,
avec m ∈ {x0 } × Y , sont des ouverts dans X × Y et {x0 } × Y ⊂ m∈{x0 }×Y Pm ⇒
S

{x0 } ×Y ⊂ nk=1 Pmk (car {x0 } ×Y est compact). Posons Ax0 = Vm1 ∩ ... ∩Vmn ∈ Vx0
S

et est ouvert dans X. Si (x, y) ∈ Ax0 × Y , ∃k tel que (x0 , y) ∈ Pm = Vm × Wm , d’où


y ∈ Wmk et (x, y) ∈ Ax0 ×Wmk ⊂ Pmk . Ainsi
n
[ n
[
Ax0 ×Y ⊂ Pmk ⊂ Uk .
k=1 k=1

Si x0 ∈ X, X ⊂ x0 ∈X Ax0 ⇒ ∃x1 , ..., xn ∈ X tels que X = np=1 Ax p (car X est com-


S S

pact). Ax p ×Y est recouvert par un nombre fini de Ui donc X ×Y est recouvert par
un nombre fini de Ui . Donc X ×Y est compact.

Remarque : La droite achevée. R = R ∪ {−∞, +∞}. f : [− π2 , π2 ] → R telle que


f (x) = tan x si − π2 < x < π2 et f (− π2 ) = −∞ et f ( π2 ) = +∞ est un homéomorphisme.
Comme [− π2 , π2 ] est compact, R est compact.

c) Espaces localement compacts

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Définition 3.8 : Un e.t. E est dit localement compact si E est séparé et vérifie
l’une des conditions suivantes :
(i) Tout point de E admet un voisinage compact.
(ii) Tout point de E admet un s.f.v. compacts.

Exemples : 1. Tout espace compact est localement compact.


2. Rn est localement compact (mais non compact).

Théorème 3.16 : Soit X un espace localement compact, Y une partie ouverte


ou fermée de X. Alors Y est localement compact.

Preuve : Y est séparé (car X est séparé). Soit y ∈ Y . E étant localement compact,
il existe V ∈ Vy dans X, compact. De plus, V ∩Y ∈ Vy dans Y . Si Y est fermé, dans
X, V ∩Y est fermé dans V qui est compact. Donc V ∩Y est compact. Par suite Y est
localement compact. Si Y est ouvert, dans X, on peut supposer que V ⊂ Y (car X
est localement compact) donc V = V ∩Y . Par conséquent Y est localement compact.

Remarque : Un produit fini d’espaces localement compacts est localement


compact. Preuve : en exercice.

3.5 Espaces connexes


a) Définitions

Théorème 3.17 : Soit E un e.t. Alors sont équivalentes :


(i) ∃A ⊂ E, A ̸= E, A ̸= 0/ tel que A = Ā et A = Ao .
/ A = Ao et B = Bo .
(ii) ∃A, B ⊂ E, non vides, tels que A ∪ B = E, A ∩ B = 0,
(iii) ∃A, B ⊂ E, non vides, tels que A ∪ B = E, A ∩ B = 0,
/ A = Ā et B = B̄.

Preuve : A ouvert et fermé ⇔ A et E − A ouverts ⇔ A et E − A fermés.

Définition 3.9 : Si l’e.t. E vérifie l’une des conditions du théorème 3.17, il est
dit non connexe. Si non, il est dit connexe.

Théorème 3.18 : R est connexe.

Preuve : Soit A ⊂ R, ouvert et fermé. Supposons A ̸= 0/ et R − A ̸= 0./ Soit


x ∈ R − A. Alors A ∩ [x, +∞[̸= 0/ ou A∩] − ∞, x] ̸= 0.
/
Supposons que B = A ∩ [x, +∞[̸= 0. / Alors B est fermé. Par ailleurs, [x, +∞[=
{x}∪]x, +∞[. Donc
B = A ∩ ({x}∪]x, +∞[) = (A ∩ {x}) ∪ (A∩]x, +∞[) = 0/ ∪ (A∩]x, +∞[) = A∩]x, +∞[.

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Donc B est ouvert. B étant fermé, non vide, et minoré (car B ⊂ [x, +∞[), il admet
un plus petit élément b ∈ B. B étant ouvert, ∃ε > 0 tel que ]b − ε, b + ε[⊂ B. b n’est
donc pas le plus petit élément de B. D’où contradiction. Donc A ̸= 0/ ou R − A = 0. /

Remarque : R − {x} n’est pas connexe. En effet, R − {x}] − ∞, o[∩]0, +∞[.

Définition 3.10 : Soit E un e.t. et A ⊂ E. A est connexe si l’e.t. A est connexe.

Théorème 3.19 : Soient X et Y deux e.t. et f : X → Y une application continue.


Si X est connexe, alors f (X) est connexe.

Preuve : en exercice.

b) Connexité par arcs

Définition 3.11 : Soient X un e.t. et a, b ∈ X. Une application continue


f : [0, 1] → X telle que f (0) = a et f (1) = b est un arc continu d’origine a et
d’extrémité b dans X.
Si deux points quelconque de X sont origine et extrémité d’un arc continu, on dit
que X est connexe par arcs (c’est-à-dire ∀a, b ∈ X, ∃ f : [0, 1] → X continue telle
que f (0) = a et f (1) = b).

Exemples : 1) (E, ∥.∥), un espace normé, est connexe par arc. (Preuve en exer-
cice).
2) Rn est connexe par arcs.

Théorème 3.20 : Soit X est e.t. connexe par arcs. Alors X est connexe.

Preuve : Soit x0 ∈ X. Pour tout x ∈ X, soit fx : [0, 1] → X un arc continu


d’origine x0 et d’extrémité x. [0, 1] étant connexe dans R, Ax = fx ([0, 1]) est con-
nexe dans X. Or X = x∈X Ax , donc x0 ∈ Ax et x0 ∈ Ay ⇒ Ax ∩ Ay ̸= 0.
S
/ Si X est
non connexe, il existe U1 ,U2 ouverts dans X tels que X = U1 ∪ U2 et U1 ∩ U2 ̸= 0. /
Pour x ∈ X, U1 ∩ Ax et U2 ∩ Ax sont ouverts dans Ax et forment une partition de Ax
qui est connexe. Donc U1 ∩ Ax = 0/ ou U2 ∩ Ax = 0./ Soit I1 (resp. I2 ) l’ensemble des
x ∈ X tels que Ax ⊂ U1 (resp. Ax ⊂ U2 ). Alors U1 = x∈I1 Ax (resp. U2 = x∈I2 Ax ).
S S

Soient x ∈ U1 et y ∈ U2 . Comme U1 ∩U2 = 0, / Ax ∩ Ay = 0.


/ Ce qui contredit le fait
que Ax ∩ Ay ̸= 0.
/ Donc X est connexe.

c) Composantes connexes

Définition 3.12 : Soit X un e.t. et x ∈ X. On appelle composante connexe de x


dans X le plus grand connexe de X contenant x.

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Théorème 3.21 : Soit X un e.t. Alors
(i) Toute composante connexe dans X est fermée.
(ii) Deux composantes connexes distinctes dans X sont disjoinctes.
En d’autres termes, les composantes connexex dans X forment une partition de X.

Preuve : (i) Ax composante connexe de x dans X ⇒ Ax connexe (cf. Travaux


Dirigés). Donc Ax = Ax car Ax est le plus grand connexe de X contenant x. Donc
Ax est fermé.
(ii) Soient Ax et Ay deux composantes connexes telles que Ax ∩Ay ̸= 0.
/ Alors Ax ∪Ay
est connexe (cf. Travaux Dirigés). Comme x ∈ Ax ∪ Ay , on a Ax ∪ Ay ⊂ Ax . Alors
Ay ⊂ Ax . De même Ax ⊂ Ay . Donc Ax = Ay .

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